THE LIBRARY
The Ontario Institute
for Studies in Education
Toronto, Canada
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DEVOIRS
D'ÉCOLIERS AMÉRICAINS
L ! B R A R Y
APR 1 1 1969
TH5 ONTARIO iNSTITUTE
FCR STUDiZS !N EDUCATION
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DEVOIRS
n'ÉCOLIERS AMÉRICAINS
KECÎEILLIS
A L'EXPOSITION DE PHILADELPHIE (1876)
F. BU ISSON
Agrégé île rL'nivci-silé. ancien iiispeitoui' de rinslructiou primaire
Président do la commission scolaire déléguée à Philadelphie par le Ministèi
de rinstniction publique
ET T n A l) l- I T s
PAR A. LE GRAND
Chargé i\c cour» d'anglais au Lycée Fontanes
avec figures el plancher
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE et C^^
.'-.OULEVAriD SAIN T-GERMAIi\, 71)
187 7
ÏDus droits réservés.
PRÉFACE
Ce volume n'est pas un livre sur les écoles des États-Unis,
c'est un livre écrit par ces écoles elles-ïnèmes.
Les divers États de lUnion américaine, ceux du moins qui
prenaient part aux fêtes du Centenaire, avaient envoyé à Phila-
delphie, avec les plans d'écoles et les documents officiels, de
nombreuses collections de travaux d'élèves de tous les degrés.
Dérogeant par exception à leurs habitudes d'indépendance
absolue, ils avaient consenti à accepter pour cette exposition
de devoirs scolaires une certaine uniformité de programme. Ils
s'étaient plies à quelques règles communes judicieusement
proposées par le Bureau national d'éducation de Washington
et par les Surintendants de plusieurs États. On était con-
venu, par exemple, que l'instituteur ou l'institutrice, exposant
les travaux manuscrits de ses élèves, remplirait un formulaire
imprimé en tète du cahier. Ce formulaire indiquait le nombre
total d'élèves qui composent la classe, leur âge moyen, le
temps qu'ils y ont passé; si l'on ne produisait pas les copies
de tous les élèves, le cahier portait le titre : copies choisies,
et une note en gros caractères sur la première page, prév<î-
liant tout malentendu, disait combien d'élèves pour cent étaient
représentés dans ce choix. Enfin chaque copie portait avec sa
date le nom et l'âge de l'élève, la mention du temps employé
M rRKFACE.
à ce devoir et l'atlestatioii signée par reiifanl, contre-signée
par le maître ou la maîtresse, que cette composition d'exanu'i»
avait été faite et copiée eu classe par l'élève seul, sans aucun
secours et sans correction.
Si nous relevons ces diverses précautions prises pour assurci'
l'authenticité des travaux exposés et l'équité des comparaisons,
ce n'est pas que nous nous en exagérions l'efficacité, c'est pour
faire connaître en quelle forme et dans quelles conditions
chaque État entendait mettre sous les yeux du public ces
milliers de cahiers émanant de ses Conimon Schools. A i\r.
prendre que l'ensemble, et abstraction faite des inexactitudes
et des infidélités de détail, on nous donnait bien là le travail
normal et moyen de l'école américaine, pris sur le vif, non trié,
non paré, vu par grandes masses et non pas seulement dans
une élite.
Le dépouillement de cette volumineuse colleclion de manu-
scrits faisait évidenmient partie de la mission coniiéc par h;
Ministère de l'Instruction publique de notre pays aux délégués
qu'il envoyait, conformément au vote des Chambres, à l'expo-
sition de Philadelphie. C'est en nous livrant à celte étude que
nous avons eu l'idée d'extraire de ces innombrables cahiers
quelques centaines de devoirs, représentant le type ordinaire
des principaux genres d'exercices de tous les degrés. 11 nous
a semblé qu'en plaçant sous les yeux des lecteurs français ce
dossier de témoignages irrécusables, on les mettrait en mesure
de se former à eux-mêmes une opinion, de contrôler, de réfor-
mer peut-être plus d'un jugement tout fait sur l'éducation
américaine et d'en mieux apprécier les qualités et les défauts
propres.
L'idée même dans laquelle ce recueil a été conçu détermi-
nait d'avance la manière dont se ferait le choix des morceaux.
Tout parti pris d'éloge ou de blâme en est également absent.
La seule ambition qu'on ait eue est de réunir des documents
vraiment caractéristiques, exprimant bien l'état des choses el
l'état des esprits, la direction généralement suivie et la
moyenne des résultats atteints.
Aussi ne irouvera-t-on ici ni appréciations ni conclusions.
Les notes mêmes se borneront aux explications nécessaires
PREFACE. YII
(jour l'intelligence du texte. Le lecteur est laissé à ses propres
impressions, et nous ne serons point surpris si elles sont très-
contradictoires, s'il est tour à tour charmé et offusqué par
tout ce qui passera sous ses yeux : nous n'avons fait aucun
etïort pour lui épargner ces alternatives de sentiments divers.
Nous imitons les Américains eux-mêmes en laissant dans ce
livre, comme eux dans leur exposition, chaque école, chaque
enfant, parler lihrement son langage et se peindre d'après
nature.
Ce n'est pas du reste pour nous réfugier dans un facile scep-
ticisme que nous nous ahstenons dans ce volume de tout juge-
ment. 11 n'appartient pas à l'auteur de présenter ici en son
nom personnel les conclusions de l'enquête à laquelle il a pris
part. On les trouvera dans une publication d'une autre nature
faite sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique,
]e Rapport de Ui Commission scolaire déléguée à PhiladelijJiie.
(!•' recueil n'est, pour ainsi dire, qu'une annexe de ce Rapport,
une collection de pièces justificatives, ou mieux encore, de
matériaux pour servir à l'étude d'un système scolaire qu'on ne
saurait examiner de trop près, puisqu'il a entre tous le privi-
lège de provoquer et les plus vives admirations et les plus
ardentes critiques.
La traduction a été faite dans le même esprit. On s'est ap-
pliqué à reproduire le texte de l'élève jusque dans les négli-
gences de la rédaction. Ce travail délicat a été confié à un
homme qui, ayant par ses fonctions dans l'enseignement l'ex-
périence des enfants, de leur langage et de leur esprit, s'est
efforcé de conserver, autant que possible, aux écoliers améri-
cains de tout âge et de tout sexe leurs allures originales de
pensée et de style, leur spontanéité, leur franc parler, leur.>
hardiesses.
Celui qui prendra la peine de parcourir ces pages, rassem-
blées de tous les points de l'I'nion, pourra s'imaginer à bon
droit qu'il fait une sorte de voyage d'inspection rapide à
travers ces fameuses écoles des États-Unis ; il les voit ici, à
certains égards, plus exactement qu'il ne lui serait donné de
le faire en les visitant : il assiste à la marche ordinaire de la
classe, il y surprend le secret des méthodes dans leur appli-
vin l'IlEFACK.
cation quotidienne, il feuillette librement les cahiers des élèves,
il écoute leurs conlidences sur le va-et-vient de la vie scolaire,
et peut-être apprendra-t-il de leur bouche plus d'un détail ({u'il
ignorait sur l'état vrai de l'école, de la famille et môme de la
société américaine.
DEVOIRS
D'ÉCOLIERS AMÉRICAINS
RECUEILLIS A L'EXPOSITION DE PHILADELPHIE (1876).
PRIMARY SCHOOLS
(Correspondant à nos salles d'asile et à la classe élémentaire
de nos écoles primaires.)
Age'moyen : de six à neuf ans.
I« — Leçons de choses (1).
1.— ESQUISSE d'une LEÇON SUR LES PROPRIÉTÉS DU PAIN.
Plan :
1° Introduction :
Présentez le pain et faites dire à quoi il sert et pourquoi il
est bon à manger.
La maîtresse présente le pain et fait dire par les élèves que
c'est du pain. Elle demande ce qu'on en fait.
Les enfants (en riant) : On le mange.
La maîtresse : Comment appelle-t-on les choses que nous
mangeons?
(1) Pour ne pas omettre ce premier mode d'enseignement, dont
l'éducation américaine fait un si grand usage, nous empruntons à
l'Exposition des écoles normales quelques leçons de choses rédigées
par les élèves-maîtresses à l'imitation de celles qui se font tous les
jours dans les jardins d'enfants et dans les primary schools.
1
2 PRIMARY SCHOOLS.
Les enfants répondent (ou on, leur di'ra) qu'on les appelle
des aliments.
La maîtresse demande pourquoi nous mangeons le pain
(pourquoi il est bon à servir de nourriture ou à^aliment)\ les
enfants répondent que c'est parce qu'il a bon goût, qu'il nous
fait grandir, qu'il nous rend forts, etc.
2° Exercices sur les propriétés du pain :
Faites dire les propriétés connues : 1<* par la vue, 2° par
l'odorat, 3" par le goût, i"" par le toucher, 5° par le moyen
d'expériences.
Développement :
La maîtresse. — Sarah, comment savez-vous que ceci est du
pain ?
Sarah. — Parce que je le vois.
La maîtresse. — Vous le savez donc par la vue. Qu'est-ce
<iue vous savez encore par la vue?
Anna. — Je sais qu'il est blanc.
La maîtresse. — John, en savez-vous autre chose par la
vue?
John. — Ce pain est plein de petits trous.
La maltresse. — De quel autre mot nous servons-nous pour
désigner des petits trous?
John répond, ou bien on lui désigne le mot pores.
La maîtresse. — Vous dites donc que ce pain est...
John. — Plein de pores.
La maîtresse. — Ou poreux.
Elle fait répéter aux différents élèves que le pain est poreux.
La maîtresse. — James, de quelle autre manière pouvons-
nous apprendre quelque chose de ce pain ?
James. — Nous pouvons apprendre quelque chose de ce pain
par l'odeur.
La maîtresse. — Laura, quelle espèce d'odeur a ce pain?
Laura. — Ce pain a une odeur agréable.
La maîtresse pourra faire distinguer l'odeur du pain chaud
de celle du pain rassis, etc.
Même travail pour le sens du goût. — La maîtresse fait dire
que le pain a bon goût, a une saveur agréable, qu'il est
agréable au goût, etc. A titre d'exercice sur ces mots, elle leur
fait nommer d'autres choses qui ont les mêmes qualités ou les
qualités contraires ; elle leur fait ensuite apprendre le sens
des mo's sapide et insipide par de nombreux exemples.
LEÇONS DE CHOSES. 3
Même travail pour les qualités du toucher : rugueux et
mou.
La maîtresse fait ensuite devant les enfants quelques expé-
riences : — Freddy, je vais mettre ce pain dans l'eau : que
va-t-il arriver?
Freddy.— 11 va boire l'eau.
La maîtresse montre que le pain s'imbibe d'eau, absorbe
l'eau, parce qu'il est spongieux.
Autres expériences analogues.
En terminant, on fait répéter par les enfants tous les mots
qu'ils ont appris dans la leçon, en leur faisant indiquer par
des exemples la signification de chacun d'eux.
Nellie U.
École normale d'Indianapolis (Indiana).
2. — ESQUISSE D'UNE LEÇON SUR L'ÉPONGE.
(Pour la petite classe, première année d'école.)
Introduction :
La maîtresse. — Ue quoi vous servez-vous à l'école ?
Les enfants. — D'une ardoise.
M. (1) — De quoi encore?
E. (2j — D'un livre.
3/. — Qui se sert d'autre chose? Levez la main.
E. — Je me sers d'une éponge.
M. — A quel usage employez-vous l'éponge?
E. — Pour essuyer mon ardoise.
M. — C'est bien. Combien parmi vous ont des éponges ?
Les enfants lèvent la main.
M. — C'est bien.
On épelle et on écrit le mot éponge.
(1) Abréviation pour : La maîtresse.
(2) Abréviation pour : Un élevé ou les élèves.
4 PRIMARY SCHOOLS.
Matière :
I. L'éponge est pleine de trous. — II. L'éponge s'imbibe d'eau. —
III. Nous pouvons rapetisser l'éponge en la pressant. — IV. L'éponge
est légère. — V. L'éponge est brune. — • VI. L'éponge est résis-
tante. — VII. L'éponge dure longtemps. — VIII. Ou se sert de
l'éponge pour les objets.
Développement :
I. — La maîtresse. (Elle place devant les enfants une éponge
et une pierre de la même grosseur.) — Quelle est la différence
entre ces deux objets?
Les enfants. — L'éponge a des trous, la pierre n'en a pas.
M. — C'est bien. Combien l'éponge a-t-elle de trous? Comp-
tez-les.
E. — Il y en a tant que nous ne })Ouvons pas les compter.
M. — Alors que pouvons-nous dire de l'éponge?
E. — Que l'éponge est pleine de trous,
M. — C'est bien.
On écrit cette phrase au tableau, et on la fait lire par plu-
sieurs élèves individuellement, puis collectivement.
II. — M. — (Il y a un peu d'eau dans une soucoupe, elle y
met l'éponge et laisse les enfants regarder ce qui se passe.)
— Qu'est devenue l'eau ?
Les enfants. — Elle est dans l'éponge.
;y. — Comment est-elle entrée dans l'éponge ?
E. — L'éponge l'a bue (absorbée).
M. — C'est bien. Alors que pouvons-nous dire que fait
l'éponge?
E- — L'éponge absorbe l'eau.
Même exercice au tableau noir.
III. — M. — Qui peut faire sortir l'eau de l'éponge? Levez
la main.
Un enfant serre l'éponge et en fait sortir l'eau.
M. — Qu'est-ce qu'il a fait à l'éponge ?
E. — 11 l'a serrée.
M. — Qu'avez-vous remarqué quand il l'a serrée ?
E. — Elle est devenue plus petite.
M. — C'est bien. Alors (}ue pouvons-nous dire de l'éponge?
E. — Que nous pouvons rendre l'éponge plus petite en la
pressant.
M. — C'est bien. Et qu'est-ce qui s'est produit lorsqu'il a
lâché l'éponge?
LEÇONS DE CHOSES. 5
E. — Elle est redevenue aussi grosse qu'avant.
M. — Bien. Écrivez au tableau ce que vous avez vu.
IV. — M. (Elle appelle un enfant et lui met la pierre dans
une main et l'éponge dans l'autre.) — Que pouvez-vous dire
de la pierre ?
L'enfant. — La pierre est lourde.
M. — C'est bien. L'éponge est-elle lourde aussi?
E. — Non, elle est légère.
M. — C'est bien. Qu'est-ce que nous venons de découvrir au
sujet de l'éponge ?
E. — Que l'éponge est légère.
V. — M. — Elle leur montre un ruban rouge, une feuille
verte et une fleur bleue, et fait nommer les différentes cou-
leurs.) — A laquelle de ces couleurs ressemble la couleur de
l'éponge ?
E. — A aucune.
M. — Est-elle blanche? noire? grise? brune?...
E. — L'éponge est brune.
VL — M. — (Elle appelle un enfant et lui fait déchirer un
morceau de papier. Elle lui donne ensuite un morceau d'épongé
et lui dit de le déchirer. L'enfant ne peut pas.) — Qu'est-ce
que vous pouvez me dire du papier ?
E. — Qu'il se déchire facilement.
M. — C'est bien. Qu'est-ce que vous pouvez me dire de
l'éponge?
E. — Qu'elle ne se déchire pas facilement.
M. — Puisqu'elle ne peut pas se déchirer facilement, que
disons-nous qu'elle est?
Personne ne répond.
M. — Nous disons qu'elle est résistante. Que disons-nous
qu'elle est?
E. — Ptésistante.
M. — Dites-moi cela, vous.
E. — L'éponge est résistante.
Exercice au tableau.
VIL — M. — Quels sont ceux qui se servent d'épongé à
l'école ?
Ceux qui se servent d'épongé lèvent la main.
M. — Quels sont ceux qui se servent de chiffons?
Ceux qui se servent de chiffons lèvent la main.
M. — Qu'est-ce qui dure le plus longtemps, les éponges ou
les chiffons ?
b PRIMARY SCHOOLS.
E. — Les éponges.
M. — Combien durent les éponges?
E. — Elles durent si longtemps que nous n'en savons rien.
M. — C'est bien. Qu'est-ce que nous venons de découvrir au
sujet de l'éponge ?
E. — Que l'éponge dure longtemps.
Exercice au tableau.
VIII. — M. — A quel usage employez-vous l'éponge?
E. — Pour essuyer mon ardoise.
M. — C'est bien. Pour quel autre usage employez-vous une
éponge ?
E. — Pour me laver.
M. — C'est bien. Qui sait à quels autres usages on peut
employer les éponges ?
E. — Pour laver les voitures.
M. — G'esl bien. A quoi donc servent les éponges?
E. — Les éponges servent à laver les objets.
M. — C'est bien.
On relit, toutes les phrases écrites au tableau, puis on en
redemande une de mémoire à chaque élève. Les enfants
doivent les écrire sur leurs ardoises pendant l'après-midi.
Maggie s.
École normale municipale de Dayton (Ohioj.
3. — ESQUISSE d'une LEÇON SUR LA FUSIBILITÉ.
(Pour la classe la plus avancée de laprimary school, 3* année d'école.)
But de la leçon :
1. Cultiver chez l'enfant les sens, la mémoire, le jugement;
lui apprendre à s'exprimer; encourager l'esprit d'observation.
2. Donner une idée de la fusibilité et faire apprendre le mot
fuùhle.
Matière :
Les choses qui fondent par la chaleur sont dites fusibles.
Plan :
1. Ordre î\ suivre :
a. Présentez l'objet (un petit morceau de beurre) et
faites-en dire le nom.
LEÇONS DE CHOSES. 7
b. Tenez le beurre au-dessus d'une bougie allumée et
faites-le fondre.
C. Faites dire aux enfants quelle différence il y a entre
l'état actuel du beurre et celui dans lequel il était
auparavant.
d. Faites dire aux enfants que cette différence est le
résultat de la chaleur de la flamme.
e. Appliquez à d'autres objets l'idée de fusion par la
chaleur.
f. Faites remarquer aux enfants et faites-leur constater
que cet attribut est commun à tous ces objets.
g. Faites exposer par les enfants la matière comme nous
l'avons donnée plus haut, et faites employer le mot
fusible.
I. Exercice.
a. Lorsque les enfants ont l'idée de fusibilité, exercez-les
en leur faisant nommer beaucoup de choses fu-
sibles.
b. Exercez-les sur le mot en leur faisant dire que cer-
taines choses sont fusibles.
C. Exercez-les par de fréquentes récitations individuelles
et générales.
. Révision.
a. Le maître donne le mot, les enfants donnent l'idée.
b. Le maître donne l'idée, les enfants donnent le mot.
c. Faites nommer par les enfants beaucoup de choses
fusibles et faites-leur dire pourquoi chacune d'elles
est dite fusible.
Kellie V.
École normale d'Indianapolis (Indiana).
4. — ESQUISSE D UNE LEÇON SUR LA COMPARAISON D UN ANIMAL
ET d'une plante.
(Pour la classe la plus avancée, 3* année d'école.)
But de la leçon :
Développer les facultés de conception, de raisonnement et
d'expression, en prenant pour objet d'étude la recherche des
ressemblances et des différences entre deux classes d'êtres
organisés.
8 PRIMARY SCHOOLS.
Introduction :
La maîtresse. — Je demande que les enfants me disent ce
qu'ils ont vu sur leur chemin, hier soir, en retournant chez
eux après l'école.
Un élevé. — J'ai vu un gros chien.
Un autre élève. — J'ai vu un petit chat.
Un autre élève. — J'ai vu un cheval.
M' — Qui peut me dire comment nous appelons les chiens,
les chats et les chevaux ?
E. — Des animaux.
M. — C'est bien. Quelquefois, en retournant chez vous,
vous passez devant une maison qui a une jolie cour tout
ornée de plates-bandes, et... de quoi? Qu'y a-t-il dans les
plates-bandes ?
E. — Des fleurs.
M. — Et comment appelle-t-on encore les fleurs?
E. — Des plantes.
M. — C'est bien. Quels sont ceux qui voudraient dire
quelque chose sur une plante et sur un animal? Levez la
main.
Tous les enfants lèvent la main.
Matière :
l. Un animal éprouve de la douleur, une plante n'en éprouve pas. —
II, — Un animal peut changer de place, une plante ne le peut pas.
— III. La plante et l'animal vivent, grandissent et meurent. —
IV. L'animal prend sa nourriture par la bouche, la plante la prend
par ses racines et par ses feuilles. — V. L'animal respire au moyen
de ses poumons.
Développement :
I. — M. — Quels sont ceux d'entre vous qui ont vu un ani-
mal blessé? Levez la main.
Quelques enfants lèvent la main.
M. — Quel animal avez-vous vu ?
E. — Un chien qui avait la patte cassée.
M — Comment savez- vous qu'il était blessé?
E. — Parce qu'il poussait des cris aff^reux.
M. — Et pourquoi ces cris ?
E. — Parce qu'il avait mal.
M. — Il éprouvait de la douleur. Quels sont ceux qui
pensent qu'un arbre éprouve de la douleur lorsqu'on l'abat?
E. — Personne.
LEÇONS DE CHOSES. 9
3/. — Et qu'est-ce qu'un chien ?
E. — Un animal.
M. — Alors, lorsqu'un animal est blessé, il éprouve... quoi ?
E. — De la douleur.
M. — Et qu'est-ce qu'un arbre?
E. : — Une plante.
M. — Alors une plante n'éprouve pas de...?
E. — Douleur.
M. ■ — C'est bien. Ainsi la différence entre un animal et une
plante, c'est que... ?
E. — Un animal éprouve de la douleur et une plante n'en
éprouve pas.
M. — C'est bien.
La maîtresse écrit au tableau noir cette phrase, la fait lire
individuellement, puis simultanément par tous les élèves, et
en fait épeler tous les mots.
II. — M. — Avez-vous jamais passé près d'un pâturage où
il y avait des chevaux?
E. — Oui.
M. — Qu'est-ce qu'ils faisaient?
E. — Ils mangeaient de l'herbe.
E. — Ils couraient.
M. — Lorsqu'un cheval est dans un enclos et qu'il voit un
petit endroit bien vert de l'autre côté de la barrière, qu'est-ce
que vous croyez qu'il voudrait faire ?
E. — 11 voudrait y aller.
M. — Combien y a-t-il d'élèves qui pensent ainsi ? Levez la
main.
Tous les enfants lèvent la main.
M. — Et lorsqu'il a mangé toute cette herbe, qu'est-ce qu'il
voudrait faire ?
E. — Aller à un autre endroit.
M. — Il peut donc aller ainsi d'un endroit à un autre ?
E. — 11 peut aller d'un endroit à un autre.
M. — Oui ; en d'autres termes, il peut se mouvoir. Est-ce
que l'arbre peut se mouvoir?
E. — L'arbre ne peut pas se mouvoir.
M. — Pourquoi ?
E. — Parce qu'il est attaché au sol.
M. — Oui, il est fixé dans la terre. Qu'avez-vous dit qu'était
un cheval ?
E. — Un animal.
iO PRIMARY SGHOOLS.
M. — Et l'arbre?
E. — Une plante.
M. — Quelle différence y a-t-il donc entre un animal et une
plante ?
E. — Un animal peut changer de place et une plante est
fixée dans la terre.
M. — C'est bien.
Lecture individuelle et collective de cette seconde phrase
écrite au tableau.
III. — M. — Lorsqu'un animal et une plante meurent, en
quoi diffèrent-ils de ce qu'ils étaient avant?
E. — Us étaient vivants.
M. — Oui, ils avaient la vie. L'animal et la plante sont tous
deux des êtres vivants. Et que dit-on de tous les deux quand
ils cessent de vivre?
E. — On dit qu'ils sont morts.
M. — Qu'ont-ils donc de commun, tous deux...?
E. — Tous deux vivent.
E. — Tous deux grandissent.
E. — Tous deux meurent.
M. — Maintenant, dites-moi tout cela en une seule phrase.
E. — Un animal et une plante vivent, grandissent et meu-
rent.
M. — C'est bien.
Récitation individuelle et collective de cette phrase écrite au
tableau. On épelle les mots.
IV. — M. — Combien d'entre vous ont vu un cheval manger
du blé?
Quelques enfants lèvent la main.
M. — Et qu'était le blé pour le cheval?
E. — De la nourriture.
M. — Où. mettons-nous notre nourriture?
E. — Dans notre bouche.
M. — Et qu'est le cheval ?
E. — Un animal.
M. — Par où donc un animal prend-il sa nourriture?
E. — Par la bouche.
M. — Quel petit garçon ou quelle petite fdle peut me dire
comment une plante prend sa nourriture ?
Pas de réponse.
M. — Lorsque nous mettons de l'eau sur les racines d'une
plante, oîi va-t-elle?
LEÇONS DE CHOSES. il
E — Dans les racines de^a plante.
M. — Oui. Quel bien y fait-elle?
E. — Elle fait pousser la plante.
M. — Et quel bien nous fait notre nourriture?
E. — Elle nous fait grandir.
M. — Si l'eau que la plante prend par les racines la fait
pousser, qu'est-elle donc pour la plante?
E. — Elle est sa nourriture.
M. — C'est bien. Qui peut me dire de quelle autre manière
la plante prend sa nourriture ? Personne ? Alors je vais vous le
dire : par ses feuilles. Quelqu'un peut-il me dire quelle espèce
de nourriture elle prend par ses feuilles?
E. — L'air.
E. — L'eau.
La maîtresse donne quelques détails sur la nutrition des
plantes et fait trouver, puis écrire et apprendre, la phrase :
Un animal prend sa nourriture par la bouche, et une plante
par les racines et par les feuilles.
V. — M. — Combien y a-t-il d'élèves qui puissent me dire
comment nous respirons ?
Quelques enfants lèvent la main.
M. — Comment?
E. — Au moyen de nos poumons.
M. — C'est bien. Et le cheval, le bœuf, le chien, comment
respirent-ils?
E. — Aussi au moyen de leurs poumons.
M. — Maintenant, combien y en a-t-il qui pensent qu'une
phnte respire?
Quelques enfants pensent que Oi^/, d'autres que non.
M. — Oui, les plantes respirent. Qui peut me dire comment
elles respirent ?
Personne ne le sait.
M. — Eh bien, je vais vous le dire : elles respirent par leurs
feuilles.
Exercices de répétition et de développement de ce thème,
qu'on écrit au tableau : Un animal respire au moyen de ses
poumons, et une plante par ses feuilles.
Récapitulation :
La maîtresse fait lire au tableau les cinq phrases, chacune
par un enfant. Elle les fait ensuite lire collectivement l'une
après l'autre, en ayant bien soin que chaque enfant lise exac-
12 PRI.MARY SCHOOLS.
temeiit ce qui est écrit au tableau. Puis elle efface tout et envoie
différents élèves écrire, de mémoire, chacun une phrase ; on
en fait encore une récitation collective, et la leçon est finie.
L'après-midi, les enfants doivent écrire sur leurs ardoises,
et de mémoire, la matière de la leçon du matin.
Clara B.
École normale de Dayton (Ohio).
5. — LEÇON DE LECTURE (COMBINÉE AVEC LA LEÇON DE CHOSES.)
(Pour la petite classe; durée de la leçon : 20 minutes au plus.)
But de la leçon de lecture : Mettre les enfants en état de
prononcer, à première vue, une certaine classe de mots (les mots
qui contiennent le son de o long devant la terminaison Id).
Plan :Ceiie lecture est rattachée à une im.age qui se trouve
dans le livre de lecture, mais que la maîtresse devra repro-
duire au tableau noir. Cette image représente un petit garçon
qui s'en va chantant des noëls dans les rues par un affreux
temps de neige. Il est nu-pieds et ses habits sont en lambeaux.
Les phrases à faire lire sont les suivantes, qu'on inscrira
successivement au tableau dans le cours de la leçon :
Tony is out in the cold (1).
He was told to go.
His hat is very old.
I hope he has sold a song.
Tell him to hold out his hand,
AVe will give him gold.
Développement :
Conversation sur l'image montrée aux enfants. Servez-vous
de l'image comme d'un moyen pour suggérer aux enfants et
leur faire dire d'eux-mêmes les phrases que vous avez l'inten-
tion d'écrire sur le tableau.
(1) Tony est dehors par le froid.
On lui a dit de sortir.
Son chapeau est très-vieux.
J'espère qu'il a vendu une chanson.
Dites-lui de tendre la main,
Nous lui donnerons de l'or.
LEÇONS DE CHOSES. 13
La maîtresse dit aux enfants que ce petit garçon s'appelait
Tony.
La maîtresse. — Où est-il ? Quel temps fait-il ?
Les enfants répondent à la première question : Tony est
dehors par le froid {cold). La maîtresse écrit la réponse sur le
tableau noir.
M. — Pourquoi est-il sorti par le froid ?
E. — Pour vendre des journaux.
M. — Oui; mais pourquoi est-il allé vendre des journaux?
(Hésitation des enfants.) Voyons, lorsque vous avez été chez
l'épicier, ce matin, vous y avez été pour acheter du sucre ; mais
pourquoi avez- vous été acheter du sucre?
E. — On m'a dit {told) d'y aller.
M. — C'est ce qui a eu lieu pour Tony. Maintenant, dites-
moi pourquoi Tony est sorti par le froid ?
Les enfants font la réponse : On lui a dit de sortir.
La maîtresse écrit cette réponse au tableau.
Elle obtient les autres réponses de la même manière, en fai-
sant causer les enfants sur le chapeau du petit garçon, sur les
chansons qu'il a à la main, pourquoi il les vend, pourquoi il
tend la main, ce qu'on lui donne, etc. La maîtresse écrit les
réponses au tableau (chacune d'elles, comme on le voit plus
haut, contenant un mot avec la terminaison old).
Elle demande ensuite à quelques élèves de prononcer les sons
de 1'/ et du d. Elle écrit Id sur le tableau. Tous les enfants
donnent les sons (1). La maîtresse fait donner par les enfants
le son long de o. Elle écrit o-ld sur le tableau. Elle dit aux
enfants que toutes les fois que les lettres o l d sont écrites
ensemble, on les prononce old, précisément comme si old était
un seul son.
La maîtresse fait indiquer par les enfants les mots de la
phrase qui se terminent en old. Elle écrit en imprimé et en
écriture ordinaire ces mots à mesure qu'ils sont prononcés, en
les plaçant sous Id et old, comme suit :
(t) On voit que cette leçon est fondée sur la méthode phonétique
pure, généralement employée aux États-Unis. Dans l'exemple ci-
dessus, les enfants n'épellent pas g, o, l, d : on les exerce à pronon-
cer le son g (à peu près comme dans la première syllabe du mot
guenon), puis le son old sans le décomposer en lettres. On n'a plus
qu'à rapprocher l'un de l'autre, par une prononciation de plus en plus
rapide, les deux sons g et old, g-oid, gold, comme chez nous dans la
méthode de Lafîore et dans celles qui en sont dérivées.
14 PRIMARY SCHOOLS.
old
old
gold
gold
cold
cold
hold
hold
sold
sold
told
told
Les enfants donnent individuellement et collectivement les
sons que contiennent ces mots et prononcent les mots rapide-
ment. Les enfants lisent ensuite les phrases.
A la fin de la même leçon, ou, s'il le faut, dans la leçon sui-
vante, la maîtresse écrit rapidement les mots et les phrases qui
suivent ; les enfant sprononcent les mots et lisent les phrases.
hold hold-er bold-est bold-ly
cold cold-er cold-est cold-ly
old old-er old-est, etc.
fold fold-ing, etc.
Tony is a bold boy to go ont in the cold (1).
He will fold his papers as he was told.
An old man gave him gold.
The gold is round, it had been put in a mold.
Les enfants écrivent sous la dictée les mots du modèle,
comme pour une leçon d'orthographe. La inaîtresse examine
et note les ardoises, puis, se mettant au tableau, elle appelle
l'attention sur les fautes généralement faites.
CÉCILIA B.
École normale de Cincinnati (Oliio).
II. — I.aiig;ae maternelle.
6. — EXERCICE DE GRAMMAIRE.
(2* année d'école.)
1. Lesquels, parmi les mots suivants, désignent plus d'un
objet : maison, cœur, homme, œufs, école, étables, abeille,
pieds, hache, oies, yeux ?
2. Écrivez cinq noms dont chacun désigne un seul objet.
(1) Tony est un hardi garçon pour sortir par le froid.
Il pliera ses journaux comme on lui a dit de le faire.
Un vieillard lui a donné de l'or.
Cet or est rond, on l'avait mis dans un moule.
LANGUE MATERNELLE. 15
3. Soulignez les noms dans cette phrase : Les bons enfants
viennent à l'école avec des habits, le visage et les mains propres.
A. Changez les mots suivants de façon à leur faire désigner
plusieurs objets au lieu d'un seul : Renard, pouce, porte,
chaise, œil, dent.
5. Finissez les phrases suivantes :
J'ai vu un aujourd'hui.
Jean a un neuf.
Le chat a tué
6-10. Petites phrases avec des fautes d'orthographe ou des
locutions vicieuses à corriger.
LiNDA E.
Age : sept ans.
Cincinnati (Ohio), école du 2^ district.
7. — EXERCICE DE GRAMMAIRE.
(3^ année d'école.)
Quest. 1 . — Écrivez une phrase interrogative avec un nom
au singulier et un nom au pluriel.
Rép. — Les filles ont-elles chanté ?
Quest. 2. — Ecrivez une phrase affirmative.
Rép. — Vous allez à l'école.
Quest. 3. — Écrivez une phrase impérative.
Rép. — Allez à l'école.
Quest. i. — Écrivez une phrase qui contienne ce et cette.
Rép. — Ce garçon est sage; cette fille est sage.
Quest, 5. — Écrivez une phrase qui contienne trois adjectifs
et deux noms.
Rép. — Les ÉLÈVES paresseux et négligents ne réussissent
jamais dans un examen difficile.
Quest. 6 — Écrivez deux phrases contenant chacune un
article et un adjectif.
Rép. — Le garçon est bon. Les fleurs sont belles.
Quest. 7. — Mettez la phrase suivante au singulier : Ces en-
fants ont fait de la musique.
Rép. — Cet enfant a fait de la musique.
Quest. 8. — Écrivez la phrase suivante de trois manières
différentes sans en changer le sens : Le fer est le plus utile
des métaux.
Charles K.
Age : neuf ans.
Cincinnati (Ohio), école du i* district.
16 PKIMARY SCIIOOLS.
8. — EXERCICE DE GRAMMAIRE.
(3* année d'école.)
Qtiest. 1. — Écrivez une phrase affirmative sur votre école.
Rép. — J'aime à, aller à l'école.
Quest. 2. — Écrivez mie phrase interrogative sur les oiseaux.
Rép. — Avez-vous tué les petits oiseaux?
Qnest. 3. — Écrivez une histoire sur un petit garçon à qui
son })ère apporte un petit chien. Décrivez le chien et dites ce
qu'il a fait.
Rép. — Willie avait un gros chien. Ln jour qu'il jouait avec
son chien, il l'a mordu au bras. WiUie a couru en pleurant à la
maison, puis il est sorti et il a battu le chien.
Quest. 4. — Écrivez une phrase contenant les mots école,
maîtresse, livres, dîner, jouer, étude.
Rép. — Je vais à Vécole et j'emporte mon dîner. J'emporte
mes livres chez moi le soir et ma maîtresse m'apprend à lire
Je joue pendant la récréation, et lorsque la cloche sonne, je
rentre pour me mettre à Vétude.
Quest. 5. — Soulignez tous les noms propres et communs
dans la phrase suivante :
Rép. — Le maître a puni John et James pour leur conduite
en classe.
Quest. G. — Dressez une liste des adjectifs contenus dans les
phrases suivantes : J'étais assis près d'un petit ruisseau. La
journée était très-chaude. Là, je voyais le ciel bleu et clair et
les nuages blancs. Je voyais une grosse touffe de joncs verts
garnis de pointes noires.
Rép. — Petit, chaude, clair, bleu, blancs, grosse, verts, noires.
Quest. 7. — Écrivez trois phrases dans lesquelles vous direz ce
que font les chevaux, et soulignez les mots qui indiquent l'action:
Rép. — Un cheval peut ruer.
Un cheval peut sauter.
Un cheval peut mordre.
Quest. 8. — Écrivez trois phrases dans lesquelles vous direz
ce que font les charpentiers. Soulignez les noms et les mots qui
indiquent l'action.
Rép. — Un charpentier peut bâtir une maison.
Ihi charpentier peut faire un toit, un escalier.
Un charpentier peut fabriquer des bibliothèques,
des armoires.
Charles B.
Corry (Pensylvanie). Age: neuf ans.
LANGUE MATERNELLE. 17
9. — ANALYSE.
Phrases à analyser, avec diagramme explicatif (1) :
i. Washington était brave. — 2. Marie souriait.— 3. Un maître
aime les figures joyeuses. — i. Un maître vraiment bon
regarde avec plaisir les figures joyeuses et souriantes.
(SUJET :) (VERBE ET ATTRIBUT :) (SUJET :] (VERBE ET ATTRIBUT :)
Washiniîloa
était
brave
?>larie
souriait
maître
(complément
DIRECT :)
les
joyeuses
re2:arde
+
+
+
Un
i
1
bon
avec
-+-
vraiment
plaisir
1
figures
+ +
les
joyeuses
fl) C'est par centaines que se trouvaient à l'Exposition les spéci-
mens de devoirs d'élèves analogues à celui que nous donnons ici.
Nous reproduisons un des plus courts et des plus simples, en ren-
voyant pour l'explication détaillée de ces diagrammes grammaticaux
au petit manuel illustré d'analyse logique et grammaticale (Parser
and analyser) de M. Francis Marsh (Harper, éditeur à New-York)
pour le degré élémentaire, et aux grammaires avec diagrammes de
M. Clark (Barnes, éditeur à New- York) pour le cours complet.
18
PRIMARY SCnOOLS.
10. — ANALYSE.
Phrase à analyser :
La dame a invité ses amies. Elle est très-aimable pour moi.
ANALYSE LOGIQUE.
Sujet
Verbe et prédicat. .
Complément direct.
Sujet
(Verbe)
Prédicat
Complément indirect.
La
dame
a invité
ses
amies.
Elle
est
très
aimable
pour
moi.
ANALYSE GUAMMATICALE.
art. f. S.
nom comm. f. s.
V. ind. passé indéf. 3* p.
adj. poss. 3" p. f. pi.
nom comm. f. s.
pron. pers. 3« p. f. s.
V. être, ind. pr. 3* p. s.
adv.
adj. qualif. f. s.
piépos.
pr. pars., 1" p. s.
Jessie B.
Age : neuf ans.
École annexe de l'école normale de Whitewater (Wisconsin).
11. — ORTHOGRAPHE (1).
(S* année.)
1.
Philadclphia.
9,
vanishing.
17.
preparing.
2.
indigo.
10.
soliloquize.
18.
Esquimaux.
3.
petroleum.
11.
reindeer.
19.
courage.
L
qumme.
i±
avalanches.
20.
assistance.
5.
heroes.
13.
indignant.
21.
fledgeling.
6.
imagine.
14.
wherever.
22.
frozen.
7.
puzzled.
15.
cunning.
23.
Mediterranean
8.
vélocipède.
16.
cheerfully.
24.
trimmed.
(1) La dictée ne se fait pas généralement, dans les écoles améri-
caines, sous la forme d'un texte continu comme cliez nous; on
dicte ordinairement de longues listes de mots isolés, dont les diffi-
cultés, graduées, correspondent au degré d'instruction des élèves. Des
exercices d'épellation se font tous les jours, aussi sur des mots
isolés. Toutes les Expositions scolaires contenaient d'innombrables
collections de ces exercices de spelling, que le spécimen ci-dessus
peut suflire à faire apprécier. Souvent on demande à l'élève d'ajouter
à chaque mot de la liste une courte définition du sens de ce mot.
LANGUE MATERNELLE. 19
25. minueiid. 3i. luimbiig. 4-3. seized.
26. quitting. 35. Calcutta. 4-i. meriiiians.
27. description. 36. abominable. -45. hurricane.
28. hemisjihere. 37. medicine. 46. différence.
29. conversation. 38. horizontal. 47. possible.
30. multiplier. 39. evaporate. 48. Commerce.
31. characler. 40. quantity. 49. island
32. intimate. 41. saturate. 50. remainder.
33. liandsomely. 42. roceive.
Écoles rurales de New-Jersev. . -
12. — EXERCICE d'observation ET D'EXPRESSION.
(Pour les trois classes élémentaires.)
Nommez dix objets que vous avez vus en venant à l'école;
— dix jouets que vous aimez ; — dix animaux que vous con-
naissez; — dix de vos camarades; — dix espèces d'arbres;
— dix noms de fleurs ; — dix objets que vous distinguez dans
telle image.
Dites plusieurs choses que peut faire un cheval, — un chien,
— un bœuf, — une vache, — un oiseau; — dites plusieurs
choses qu'on peut faire avec un marteau, — une scie, —
une brouette, — une voiture, — un bateau, — une échelle, etc.
Ecrivez tous les jours de congé que vous connaissez dans
l'année; — les noms des quatre saisons, en commençant par
la plus froide; — les noms des jours de la semaine ; — les
noms des mois; — en quelle année sommes-nous, quel mois,
quel jour ?
Nommez dix objets du règne animal ; — du règne végétal ;
— du régne minéral ; — plusieurs animaux dont la peau ou le
poil nous fournit de quoi nous vêtir, — nous chausser ; —
plusieurs plantes que nous mangeons, etc.
Dites quel livre amusant vous avez lu ; — quelle histoire
vous a le plus intéressés; — quelles étrennes vous voudriez
recevoir; quels cadeaux de Saint-Nicolas.
Nommez dix personnages bibliques ; — dix noms d'Améri-
cains illustres ; — dix bonnes choses à votre choix ; — dix
mauvaises choses, etc. (1).
Écoles de New-Jersey, de Pensylvanie, de Massachussets, etc.
(1) Pour ne donner autant que possible qu'un seul spécimen du
chaque genre d'exercice, nous résumons dans celui-ci plusieurs de-
20 PRIMARY SCHOOLS.
13. — EXERCICE DE DESCRIPTION.
(2% 3% 4-" et 5' année d'école.)
1. Le maître ou la maîtresse donne à chaque enfant une
feuille d'arbre ou de plante en lui en disant le nom. Il n'est
pas nécessaire que toutes soient de la même espèce. Chaque
enfant devra décrire la sienne au point de vue de la grandeur,
— de la couleur, — de la forme des bords, — des parties, —
des veines, etc.
Les maîtres pourront, ou bien écrire des phrases en laissant
des blancs à remplir, ou bien faire des questions orales. Ils
préviendront les élèves de disposer leur travail sur i'ardoise
ou sur le papier de manière qu'il se lise facilement.
2. iMème exercice sur une fleur. En la donnant au.x élèves,
la maîtresse leur dicte quelques questions :
Décrivez la tige de cette fleur, indiquez-en la dimension, la
couleur, l'apparence et l'odeur.
Indiquez-en les parties, leur nombre, leur forme, etc.
Quelle partie de la fleur est à l'extérieur, quelle partie est
au centre de la fleur V
On ne demande aux enfants le nom de la fleur que si c'est
un nom très-simple et connu des enfants.
Si un élève peut dessiner la forme d'une racine ou d'une
feuille, ou s'il peut esquisser une feuille et y tracer les veines,
on lui tiendra compte de ce travail.
Cleveland (Oliio), examens scmeslvïeh des Primary schools.
14. — DESCRIPTION D'UNE IMAGE DU LIVRE DE LECTURE.
(3* année d'école.)
Les petits oiseaux.
Il y a quatre jolis petits oiseaux dans cette image; ils volent
de l'arbre sur le sol.
Voyez le petit garçon et les deux petites filles : ils essayent
d'attraper les oiseaux.
voirs d'élèves sans donner les réponses. — La plupart des questions
sont extraites ou imitées du charmant petit livre intitulé : Literature
for little folks, par Elisabeth Lloyd, qui contient des leçons de lec-
ture, d'orthographe, de récitation et de composition empruntées aux
meilleurs auteurs et ingénieusement appropriées à l'usage de l'ensei-
gnement le plus élémentaire (Sower Potts, éditeur à Philadelphie).
LANGUE MATERNELLE.
21
Oh! vovez le petit garçon : il a une assiette à la main.
Le petit garçon donne des miettes aux oiseaux qui viennent
les prendre.
Il y a aussi une maison dans l'image.
Les petites filles regardent les oiseaux.
Le petit garçon a un chapeau sur la tête.
Les petits oiseaux (1).
11 y a des arbres et des buissons dans l'image.
La maison a des portes et des fenêtres.
Il y a un oiseau par terre, il mange.
Deux oiseaux sont sur un arbre,
Et l'autre oiseau vole vers le sol.
Dayton (Ohio), école du 5' district.
Dlna s.
Age : dix ans.
15. — DESCRIPTION DE LA MÊME IMAGE.
Il y a trois petits enfants dans l'image : un petit garçon et
deux petites filles. Le petit garçon a une assiette à la main.
Il y a un grand arbre tout près : sur l'arbre il y a deux petits
oiseaux. Deux petits oiseaux sont sur le sol et le petit garçon
leur donne des miettes. Je crois qu'on est en été, parce que les
(1) Cette figure est extraite du 3' Reader de Mac Guffey,
leçon XXIX, p. 80 (Wilson, Hinckle, éditeurs, à Cincinnati).
22 PRIMARY SCHOOLS. •
fleurs sont épanouies et les arbres sont frais et verts. Derrière
les buissons il y a une maison où demeurent les petites filles
et le petit garçon, je crois. Et je suppose que l'endroit où ils
sont maintenant est leur cour de récréation; ils s'amusent
comme des bienheureux, ils jouent au papa et à la maman.
Le petit garçon fait le papa, l'aînée des filles fait la maman;
l'autre petite fille est l'enfant gâté. Ils sont tous sous le porche
et ils regardent les beaux oiseaux. L'une des petites filles vou-
drait bien avoir un des petits oiseaux, mais son papa et sa
maman lui ont dit que non. Alors elle s'est mise à pleurer. Sa
mère lui a dit que, si elle restait bien tranquille, elle lui rap-
porterait quelque chose de joli la première fois qu'elle irait en
ville. Sa mère a promis cela pour la faire rester tranquille,
parce qu'on fait toujours tout ce qu'elle veut : c'est le petit
enfant gâté de la famille.
Addie D.
Dayton (Ohio), école du 3" district. Age : dix ans.
16. — DESCRIPTION D'UNE AUTRE IM.VGE.
La petite fille et les poulets.
L'image représente une petite fille qui donne à manger à
ses poulets. On lui permet d'avoir trois poulets. Il y a cinq
gros poulets et six petits. Il y en a deux qui sont perchés sur
la barrière.
Le petit garçon a un panier à la main. La petite fille est
bien gentille. Les petits poulets sont allés dans le champ pour
chercher des vers à manger.
La petite fille les appelle : Petits! Petits! et quand ils en-
tendent la petite fille crier : Petits! Petits! ils viennent tous
en courant, parce qu'ils ont faim.
Olla s.
Age : six ans.
Cleveland (Ohio), Walton-School.
17. — EXERCICE DE CONSTRUCTION.
Faites une seule phrase avec les éléments suivants :
1. Shakespeare naquit à Stratford-sur-Avon.
LANGUE MATERNELLE. 23
2. Shakespeare est un poëte.
3. Shakespeare est ua poëte anglais.
4. Shakespeare est né sous le règne d'Elisabeth ;
5. Shakespeare est un grand poëte.
6. Shakespeare naquit en 156-i.
7. Stralford-sur-Avon est dans le comté de Warwick.
8. Stralford-sur-Avon est une petite ville.
Rép. — En Tan 1564, sous le règne d'Elisabeth, le grand
poëte anglais Shakespeare naquit à Stratford-sur-Avon, petite
ville du comté de Warwick (1).
Écoles de New- Jersey.
18. — NOTRE ÉCOLE (2).
(3^ année d'école.)
A l'école nous avons une maîtresse pour nous apprendre
nos leçons. Nous allons à l'école pour apprendre à lire,
à écrire, à chanter et à mettre l'orthographe. Les tout petits
enfants ne vont pas à l'école. C'est très-bon d'aller à l'école.
La salle d'école est très-jolie. Les enfants qui vont à l'école
feront beaucoup de progrès s'ils travaillent ferme. Il y a des
petites filles qui n'aiment pas à aller à l'école. Les bons en-
fants aiment bien à aller à l'école, et ils aiment bien leur
maîtresse. A l'école il faut apprendre et il ne faut pas bavar-
der. L'école est très-grande. 11 y a sept salles de classe. Il y
{Ij Ce devoir, ou plulùt ce fragment de devoir, est tiré d'un recueil
d'exercices de grammaire et de rédaction très-répandu dans les
écoles américaines et tout à fait digne de la réputation de l'auteur,
M. Swinton, dont les ouvrages ont eu, en ces dernières années, la
plus heureuse el la plus décisive influence sur l'enseignement gi-am-
matical aux États-Unis. Le titre de ce recueil est : School composi-
tions (Harper, éditeur à New-York).
{'Ij Nous croyons bon de reproduire littéralement (sauf les fautes
d'orthographe et de ponctuation) les quatre compositions suivantes.
Nous les avons prises au hasard parmi une centaine de copies analo-
gues, envoyées par les classes élémentaires des « écoles de district »
de la ville de Cincinnati. Ces devoirs provenant, non-seulement de
la même école, mais de la même classe (dont tous les élèves sans
exception avaient envoyé une copie), permettront au lecteur, à la
fois par leur uniformité et par leur diversité, de se rendre compte par
lui-même de ce procédé d'enseignement.
24 PRIMARY SCHOOLS.
a des tableaux pendus aux murs. A l'école il y a un pupitre,
une table, des tableaux noirs et beaucoup de petites filles. Il y
a deux portes, trois fenêtres, un poêle, une armoire et trois
chaises. L'école est le meilleur endroit pour les petits enfants,
parce qu'ils font trop de tapage chez eux. Nous n'allons pas à
l'école les samedis ni les dimanches.
Cincinnati (Ohio), école du 11" district.
Salue L.
Age : sept ans.
19. — NOTRE ÉCOLE.
Nous venons à l'école pour apprendre. Lorsque nous venons
à l'école, il faut que nous soyons bien tranquilles et bien sages,
que nous apprenions bien nos leçons et que nous écoutions
notre maîtresse. A l'école, nous apprenons à lire, à écrire, à
mettre l'orthographe, à faire des problèmes et des exercices
de grammaire. Il y a des garçons et des filles qui aiment leur
maîtresse ; il y en a d'autres qui ne l'aiment pas. Les mé-
chanles filles et les méchants garçons pensent que leur maî-
tresse est très-dure, parce qu'ils sont eux-mêmes méchants ;
les bonnes filles et les bons garçons pensent que leur maî-
tresse est très-bonne et très-aimable, parce qu'ils sont eux-
mêmes bons. Il y a des filles et des garçons qui sont petits,
d'autres qui sont déjà grands. 11 y a différents livres de lec-
ture : il y a l'a 6 c et le premier, le second, le troisième, le
quatrième, le cinquième et le sixième livre de lecture. 11 y a
des petites filles et des petils garçons qui sont très-propres
et très-bien arrangés lorsqu'ils viennent à l'école, et d'autres
qui sont très-sales et qui ont les cheveux en désordre. En
été, il y a des petites filles et des petits garçons qui viennent
à l'école pieds nus à cause de la chaleur, d'autres ne viennent
jamais pieds nus. Il y a des pupitres et des poêles ; il y a aussi
des maîtresses, des petits garçons, des petites filles. Les maî-
tresses apprennent aux petites filles et aux petits garçons à
faire des exercices de grammaire et des problèmes. Il y a aussi
des estrades, des tableaux noirs, des chaises dans les salles
de l'école. Les maîtresses s'assoient sur les chaises. Quelque-
fois on y fait asseoir les méchantes filles et les méchants gar-
çons, parce qu'ils ont fait quelque chose de mal ou qu'ils ont
désobéi. Il y a des garçons et des filles qu'il faut fouetter et
LANGUE MATERNELLE. 25
gronder; mais il y en a qu'on n'est jamais obligé de fouetter.
11 y a des filles et des garçons qui étudient, d'autres qui n'é-
tudient pas : ceux qui étudient savent quelque chose, ceux qui
n'étudient pas ne savent rien. On a des ardoises, des crayons
et des livres.
Cincinnati (Ohîo), école du 11* district.
Gracie G.
Age : sept ans.
20. — NOTRE ÉCOLE.
Aussitôt que je me lève le matin, dès que j'ai déjeuné et
que je me suis bien lavée et habillée, la première chose que je
fais, c'est de regarder si mes livres sont bien en ordre. Puis je
vais à l'école aussi vite que je peux. Quelquefois j'arrive la
première, mais pas toujours. Alors les filles causent ensemble
pendant très-longtemps, ou bien elles descendent les escaliers
et jouent jusqu'à ce que la cloche sonne. Alors les fdles qui
étaient en bas se mettent en rang, montent l'escalier et viennent
s'asseoir à leurs places. Ensuite la maîtresse entre, et nous
faisons nos devoirs, ou bien nous récitons nos leçons. Puis
vient la récréation. Les filles descendent pour jouer ou restent
en haut et mangent leur goûter dans la classe. Ensuite une
autre cloche sonne, et nous remontons. La maîtresse fait l'ap-
pel, et ensuite nous finissons nos devoirs ou nous finissons de
réciter nos leçons. Il y a différents livres de lecture : Va h c,
le premier livre de lecture, le second, le troisième, le qua-
trième, le cinquième, le sixième et le septième. Nous appre-
nons à lire, à écrire, à mettre l'orthographe, à chanter, et
nous éludions beaucoup d'autres choses. Dans certaines villes
il y a beaucoup d'écoles. Il y a des enfants qui aiment à aller
à l'école, d'autres n'aiment pas à y aller. Il y a beaucoup de
maîtres et de maîtresses dans le même bcàtiment : les écoles
sont de très-grands bâtiments. Dans quelques salles, il y a
beaucoup de pupitres ; les pupitres ont des encriers et ils sont
vernis. Les petites filles qui étudient bien font beaucoup de
progrès.
Belle G.
Age : huit ans.
Cincinnati (Ohio), école du il" district.
26 PRIMARY SCHOOLS.
21. — NOTRE ÉCOLE.
La maison d'école est un très-grand bâtiment. Nous allons
à l'école pour apprendre. Nous apprenons beaucoup de choses
à l'école. 11 faut que nous y allions lous les jours. Elle com-
mence à neuf heures du matin. Nous avons récréation à onze
heures moins un quart. L'école linit à midi. L'après-midi elle
commence à une heure et demie. Nous avons récréation, l'après-
midi, cà trois heures moins un quart, et l'école finit à quatre
heures. Nous avons une grande cour de récréation ; c'est très-
commode, nous pouvons courir et jouer dans la cour de l'école.
La cour de l'école est faite pour qu'on y joue. Nous allons en
classe pour apprendre à écrire, à mettre l'orthographe, à lire,
à calculer, à chanter. Nous avons une maîtresse pour nous
enseigner, nous devons apprendre et faire des progrès. Après
la classe, nous avons des récréations et nous jouons dans la
cour. Il y a des enfants qui aiment à aller à l'école, d'autres
qui n'aiment pas à y aller. Nous devons tous aimer à aller à
l'école, et apprendre autant que nous pouvons, car, lorsque
nous serons des dames et des hommes, si nous ne sommes pas
instruits, nous regretterons alors de n'avoir pas été à l'école.
La semaine dernière nous avons fait des pages d'écriture pour
le Centenaire. Notre maîtresse est très-bonne.
Isa C.
Age : neuf ans.
Cincinnati (Ohio), école du lie district
22. — LETTRE.
Ma chère Dulcie,
J'ai reçu votre lettre il y a quelques semaines, et j'ai été
très-contente d'avoir de vos nouvelles ; mais comme je vais à
l'école tous les jours, je n'ai pas eu le temps de vous répondre.
Nous avons une très-bonne maîtresse ; je crois qu'elle essaye
de nous plaire, nous essayons aussi de lui plaire. Elle va donner
vingt-cinq cents {\) à l'élève dont le cahier sera le plus propre.
L'école va encore durer deux ou trois jours, puis nous aurons
(1) Un cent est la centième partie du dollar, sait uu sou, à peu près.
LANGUE MATERNELLE. 27
quelques semaines de vacances, ^ous avons appris jiresque
toute l'Afrique dans notre Géographie, et, dans notre Arithmé-
tique, nous en sommes à la Division. Nous nous amusons avec
des boules de neige quand la neige n'est pas trop dure ; mais
un jour, la neige était dure, et j'ai été blessée, mais pas dan-
gereusement. Je m'assieds quelquefois sur l'un des derniers
bancs quand il fait froid. La maîtresse permet à quelques tilles
de s'asseoir du côté des garçons. Je crois qu'elle est réellement
pleine de bonté. J'essaierai de lui plaire en faisant bien mes
devoirs et en étant bien sage. La maîtresse veut que j'écrive
une lettre pour le Centenaire, et je le ferai de mon mieux.
Je n'ai aucune nouvelle à vous annoncer pour le moment,
ainsi donc je vais terminer ma lettre. Adieu.
Votre fidèle amie,
Myra E.
Age : neuf ans.
Littleton (New-Hampshire), classe intermédiaire (entre la primary
et la Grammar School).
23. — LE PAPIER.
Le papier se fait avec des chiffons. On s'en sert au magasin
et à la maison. Nous ne pourrions pas avoir de nouvelles de
nos amis, si nous n'avions pas de papier pour écrire.
Nous ne pourrions pas avoir les beaux livres que nous
lisons, dans lesquels nous ap})renons l'orthographe et le calcul,
ni les cahiers dans lesquels nous écrivons, s'il n'y avait pas
de papier.
Nous ne pourrions pas lire la Bible ; nous ne pourrions
pas chanter, si nous n'avions pas de papier pour écrire les
paroles.
Nous ne pourrions pas lire les journaux, s'il n'y avait pas de
papier pour imprimer les lettres.
Les stores des fenêtres sont faits en papier. Beaucoup
d'autres objets de fantaisie sont aussi faits de papier, par
exemple les cartes, les images.
Le papier procure de l'occupation à beaucoup de personnes.
Il y a même des petits garçons employés dans les moulins à
papier.
On fait aussi des cols en papier, La fabrication des cols en
28 PRI.MARY SCHOOLS.
papier occupe beaucoup de monde. On taille aussi en papier les
patrons de vêtements pour les dames et pour les messieurs.
Je ne sais pas ce que nous deviendrions s'il n'y avait pas de
papier. Les demoiselles ne recevraient plus de lettres d'amour
ni de Valentins.
Etlie R.
Age : neuf ans.
Comté de Morris (New-Jersey), école du district n° 2.
24. — LETTRE d'une PETITE FILLE INDIENNE (1).
Wyandott, 2 janvier 1875.
Je vais à l'école et j'aime à aller à l'école. Je suis contente
que vous m'envoyiez des joujoux. Je lis dans le troisième livre
de lecture. J'ai une jolie poupée ; nous faisons des robes à nos
poupées et nous les habillons. Nous avons un petit baquet et
une planche à laver, et nous leur faisons la lessive. Une des
petites filles a laissé tomber sa poupée, elle a roulé dans la
rivière. Nellie lui a donné une autre poupée lorsqu'elle est
revenue à l'école. Je suis bien contente que vous nous ayez
envoyé (|uelque chose; la poupée est très-jolie, je l'aime bien,
et je vous aime bien aussi.
Votre petite amie,
Sallie D.
25. — FRAGMENT DE LETTRE.
....Toutes les petites filles sont fort occupées; les unes tri-
cotent, les autres cousent des mouchoirs pour les petits gar-
çons. La salle dans laquelle nous sommes est très-commode.
Chaque petite tille a un clou où. elle pend son sac à ouvrage et
sa brosse à dents. La plupart des petites filles ont des ceintures
à boucles qu'on nous a envoyées. Les petites filles prennent
beaucoup de plaisir à faire des robes et des tabliers pour
(1) La Société des Missions, qui a entrepris l'éducalion des enfants
indiens dans l'extrême Ouest, a établi une sorte de correspondance
entre ces enfants et les familles de leurs bienfaiteurs dans l'Est.
Quelques-unes de ces lettres, d'un vif intérêt, figuraient à l'Exposition,
malheureusement dans une vitrine fermée : nous n'avons pu en
copier que les fragments ci-dessus.
CALCUL. 29
leurs poupées. Nous avons des réunions religieuses le mercredi
et le samedi soir, le dimanche malin nous avons les écoles du
dimanche, et dans l'après-midi des réunions religieuses...
26. — LETTRE d'un PETIT INDIEN.
Mes chers amis,
Je vais vous dire ce que nous devenons. Quelques-uns
d'entre nous sont très-malades, il y en a bien peu qui se
portent' bien. Mais nous faisons beaucoup de progrès. Un
soir nous avons eu un grand orage. Je voudrais bien que vous
m'envoyiez un couteau, s'il vous plaît. On médit que l'endroit
où vous êtes est une grande ville, et je serai bien content si
vous m'envoyez de jolies choses. Je vous prie de me procurer
une balle élastique solide, et je demande que quelques-uns
d'entre vous viennent nous voir. Nous ramassons tous des
noix, et je lâche toujours d'être un bon garçon.
Henry S.
École de la Société des Missions, station de Wyandott (Kansas),
III. — Calcul oral et écrit.
27. — CALCUL ÉLÉMENTAIRE (l).
(2^ et 3» année.)
1-9. Divers nombres ne dépassant pas la centaine, à écrire :
1° En chiffres arabes;
2° En chiffres romains ;
3» En lettres.
10. Ajoutez 8 à 6 et dites comment vous faites?
11. Écrivez en chiffres et en signes: huit et quatre font
douze ; dix moins six font quatre.
(Ij Dans ces devoirs et dans plusieurs de ceux qui suivent, nous ne
croyons pas nécessaire de donner les réponses des élèves, qui sont
généralement d'un extrême laconisme, sans indication du raisonne-
ment suivi en arithmétique, sans aucun détail explicatif en géographie.
30 PRIMARY SCIIOOLS.
l!2. Si VOUS aviez 9 pommes à donner à 3 petites filles,
fombien pourriez-vous en donner à chacune , de manière
qu'elles en eussent toutes la même quantité?
13. Indiquez deux manières d'obtenir 9 en retranchant un
nombre d'un autre.
14. John avait six cents; son frère lui en a donné quatre fois
autant, combien de cents cela lui a-t-il fait?
15. Jacques a acheté 8 oranges qu'il a payées quatre cents
pièce. Il a donné au marchand 50 cents, combien lui a-t-on
rendu ?
16. Question orale (la dire lentement, mais ne pas la répéter:
De 13 ôtez 8, multipliez par 6, ajoutez 6, divisez par 9,
multipliez par 8, ajoutez -i, divisez par 6, retranchez 6; quel
est le résultat?
Clevcland (Ohio).
28. — PROBLÈMES d'arithmétique.
1. En 1870 la population de Cincinnati était de 216 239;
celle de Gleveland de 92 829 ; celle de Toledo de 23 584 ; celle
de Columbus de 31 27i ; celle de Dayton de 30-473; celle de
Sandusky de 13 000; celle de Hamilton de 11 031 ; celle de
Portsmouth de 10 592; celle de Zanesville de 10 001, celle de
Akron de 10 006; quelle était la population de ces dix villes
de rOhio ?
2. De combien le nombre des habitants de Cincinnati était-il
supérieur à celui des habitants de Cleveland ?
3. De combien le nombre des habitants de Cleveland et de
Cincinnati réunis était-il supérieur à celui des habitants de
toutes les autres villes?
4. Un homme a payé 25 dollars pour une vache, et 56 dol-
lars de plus pour un cheval que pour une vache ; combien
a-t-il payé ces deux animaux ensemble ?
5. Une dame a payé 200 dollars pour un piano; 37 dollars
pour un canapé, et 20 dollars pour un fauteuil ; combien
a-t-elle })avé en tout, et combien lui reste-t-il sur un billet de
500 dollars?
6. Quel est le produit de 68 753 par 297 ?
Divisez 68 753 dollars entre 7 personnes.
7. Quelle est la différence entre trois millions quatre mille
cent-sept, et huit cent neuf mille six cent soixante-dix-neuf?
8. Un épicier a acheté 355 caisses de fruits pour 3 575 dol-
GÉOGRAPHIE. 31
Jars, et il les a vendues 13 dollars la caisse; quel est son
bénéfice ?
9. Lequel est le plus grand d'un quart ou d'un cinquième?
Comment le savez-vous ? Combien y a-t-il de quarts dans 20 ?
Combien y a-t-il de cinquièmes dans 12 3/5 '^
10. Qu'entendez- vous par le multiplicateur? Qu'entendez-
vous par minuend (i)?
Clcvclaml (Ohio).
IV. — Géograpliie.
29. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE.
(3' année.)
1. Quel point cardinal est opposé au Nord ?
Quel est le point moyen entre l'Est et le Sud?
2. Dessinez le plan de votre salle d'école, indiquez les portes
et les fenêtres. Indiquez la position de l'estrade du maître et
de votre pupitre.
3. Quel est le meilleur moyen de trouver le Nord ?
i. Dessinez une carte de la cour de l'école avec les rues
voisines.
5. Vers quel point cardinal se dirige la rue qui passe devant
votre maison d'école?
Cleveland (Ohio).
30. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE.
(4* année.)
1. Qu'est-ce qu'une île? Une presqu'île? Dessinez la carte
d'une île ou d'une presqu'île.
2. Définissez un détroit, un fleuve, et faites une carte oij
vous les représenterez.
3. Nommez les deux plus grandes villes de l'Ohio, et indi-
quez-en la position.
(1) Le 7ninue7id est le plus grand nombre d'une soustraction, celui
dont on doit soustraire un autre nombre. {Note du Traducteur.)
32 PRDIARY SCHOOLS.
4. Indiquez quelques-uns des principaux minéraux que
produit rOiiio ; quelles espèces de grains y cultivent les fer-
miers ?
5. Quel est l'Etat situé au Sud de la rivière d'Oliio?
6. Quel est celui des États-Unis qui est le plus à l'Est?
Quels sont les deux qui s'avancent le plus au Sud? Lequel
s'étend le plus à l'Ouest?
7. Quels sont les pays'et les Océans qui entourent les États-
Unis ?
8. Dans quelle direction la Géorgie est-elle située par rapport
à l'Ohio ? Dans quelle direction la Géorgie est-elle située par
rapport à la Louisiane?
9. Quelles sont les deux grandes chaînes de montagnes des
États-Unis? Quelle est leur direction ? Comment appelez-vous
le pays situé entre elles ?
10. Décrivez le fleuve Mississippi et dites où se jette chacun
des cours d'eau suivants : l'Ohio, le Connecticut, le Rio-Grande.
Cieveland (Ohio).
31. — AUTRES QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE.
(4* année.)
i. Faites la carte d'une île. Si la terre était de l'eau et si
l'eau était de la terre, que deviendrait cette île ?
2. Quelle différence y a-t-il entre une presqu'île et une
baie? entre une presqu'île et un cap?
3. Entre quel lac et quel fleuve l'État de l'Ohio est-il situé?
4. Quelles sont les cinq plus grandes villes de l'Ohio ?
5. Quelles sont les cinq plus grandes villes des États-Unis?
Oii sont-elles situées ?
6. Oîi se jettent les fleuves suivants : le Connecticut, le Rio-
Grande, le Danuhe, le Nil, l'Amazone?
7. Où peut-on trouver des mines de fer dans les États-Unis?
Des mines de plomb ? Des mines de cuivre? Des mines de
charbon? Des mines d'or?
8. Quels sont les noms des cinq grands Océans? Lequel de
ces Océans baigne l'Amérique du Nord à l'Est? à l'Ouest?
9. Où sont situés Montréal, Paris, Rome, Yedo, Saint-
Pétersbourg?
10. Quelles sont les bornes occidentales de la France, du
Chili, de la Norvège, de l'Ecosse, du Mexique?
Cieveland (Ohio).
GÉOGRAPHIE. 33
3:2. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE ET DE TOPOGRAPHIE.
iH"' et o"- année. j
Nommez cinq rues de la ville dans la direction du nord au sud ?
Où est située la Maison de Ville ?
Où se trouve le Parc public ?
Dites où est la gare centrale.
Qu'est-ce qu'une montagne, une colline?
Qu'est-ce qu'une vallée, une plaine ?
Différence entre un ruisseau, une rivière, un torrent.
Définition des mots : lac, baie, cap, île.
Dayton (Ohio).
33. — EXAMEN TRIMESTRIEL DE GÉOGRAPHIE.
(îî* année.)
1 . Qu'est-ce que la Géographie ?
2. Quelle est la forme du globe ?
3. De quoi se compose la surface du globe ?
A. Quelle partie de la surface du globe est formée déterre?
■ 5. ?sommez les divisions naturelles des eaux.
6. Nommez un fleuve, une baie, une mer et un océan, indi-
quez-en la situation.
7. Qu'est-ce qu'un isthme? Donnez un exemple et dites ce
qu'il relie.
8. Nommez les États de la Nouvelle-Angleterre, et donnez
les limites de l'État dans lequel vous demeurez,
Newport (Rhode-Island).
MÊME EXAMEN.
(3' année.)
1. Définissez un fleuve, nommez-en un.
2. Nommez trois espèces de plaines.
3. Combien la terre a-t-elle de mouvements ? Nommez-les et
dites ce qu'ils produisent ?
-i. Qu'entendons-nous par le climat?
5. Nommez les races de l'humanité. Indiquez les différentes
subdivisions.
6. Nommez les occupations principales de notre pavs.
7. Qu'est-ce que le commerce ?
3
'SU PRIMARY SCFIOOLS.
8. Donnez les bornes du Rlioile-Island, nommez les capitales
et indiquez-en la position.
Ncwport (Rliodc-Island).
\. — Dessin.
31. — DESSIN LLN'ÉAIRE.
(Examen trimestriel de toutes les Primary scJiools.)
Degré inférieur :
1. Qu'est-ce qu'un point?
2. Définissez et tirez une ligne.
3. Qu'appelle-t-on une ligne droite ?
-4. Qu'est-ce qu'un angle ?
5. Combien y a-t-il d'espèces d'angles ?
6. Tracez les différentes espèces d'angles et donnez-en les
noms.
7. Donnez des exemples de bgnes parallèles.
8. Donnez des exemples de lignes obliques ; de lignes hori-
zontales.
Degré supérieur :
Questions analogues, et de plus :
1. Définissez la ligne verticale, horizontale et oblique.
2. Tracez des lignes perpendiculaires l'une à l'autre, et
dites ce qu'elles forment.
3. Définissez le triangle et tracez un triangle à angles aigus.
4. Dessinez un carré et divisez-le en huit triangles rec-
tangles.
Newport (Rhode-Island).
35. — DESSIN A MAIN LEVÉE.
(3«, i" et 5* année.)
Les élèves n'ont jamais ni vu ni fait ce travail avant le
moment où ils l'ont exécuté eux-mêmes d'après la description
verbale donnée en ces termes :
Marquez un point au centre de votre papier. Marquez un
autre point exactement au-dessus du centre, à un demi-pouce
du haut de votre papier ; un autre au-dessous du centre, à
un demi-pouce du bas de votre papier ; un autre à gauche du
DESSIN. 35
centre, à un demi-pouce du bord de votre papier ; un autre à
droite, à un demi-pouce du bord de votre papier. Marquez un
point au milieu de la distance du centre au point supérieur; un
Devoir fait par tous les élèves de la classe :
Age moyen, sept ans et demi.
autre au milieu de la distance du centre au point inférieur ;
un autre au milieu de la distance du centre aux points de
gauche et de droite.
Joignez le point d'en haut par une ligne droite au point
intermédiaire, entre le centre et le point d'extrême gauche, et
par une autre ligne droite au point intermédiaire entre l'ex-
trême droite et le centre. Joignez ensuite de la même manière
le point inférieur aux deux points intermédiaires de droite et
de gauche afin d'obtenir un losange.
Joignez par une ligne droite le point de gauche au point
intermédiaire entre le centre et le point supérieur ; joignez-le
par une autre ligne au point intermédiaire entre le centre et le
point inférieur. Joignez ensuite le point de droite aux deux
points les plus proches au-dessus et au-dessous du centre,
alin de compléter le losange horizontal.
Sandusky (Ohio).
36
PRDIARY SCIIOOLS.
AUTRE DESSIN A MAIN LEVEE.
Même procédé de dictée.
Même classe.
Sandusky (Ohio).
Nous donnons ci-contre trois planches de dessin, pris au
hasard dans un des nombreux albums exposés par les écoles
élémentaires de Milwankee. Il faut noter que ces dessins sont
faits sur des tableaux, des ardoises ou des feuilles de papier,
sans aucun quadrillage. Le premier exercice des élèves est de
poser eux-mêmes au tableau noir les points de repère dont ils
se serviront pour construire des figures symétriques ; ils joi-
gnent ensuite ces points par des lignes droites, puis ils divisent
ces lignes en parties égales et joignent, suivant diverses com-
binaisons, ces points d'intersection sans le secours d'aucun
instrument. En visitant les écoles de Milwankee, j'ai fait re-
faire, sous mes yeux et à l'improviste, les exercices de dessin
dont on trouvera ci-contre le résumé dans plusieurs classes
d'enfants de 6 à 9 ans, partout avec le même succès.
\J. — musique.
(Voyez à la fin des Grammar Schools.
GRAMMAR SCHOOLS
{Correspondant au cours intermédiaire et au cours supérieur
de nos écoles primaires.)
Age moyen : de dix à quatorze ans.
I. — Iiang:ae maternelle.
1 . — EXERCICE DE GRAMMAIRE ET DE RÉDACTION.
(i^ année.)
Quest. 1 . — Écrivez cinq phrases au nombre singulier.
Rép. — Le cheval est dans la grange, où il mange son foin.
Ce garçon joue à la balle.
La petite fille va demain à Saginaw pour s'acheter
un chapeau neuf.
L'aigle porte un agneau à son nid.
Le tableau suspendu au mur est très-beau.
Quest. 2. — Faites une composition de cinq phrases au
moins sur l'abeille.
Rép. — L'abeille est un très-petit insecte. L'été, elle vole
de fleur en fleur pour en extraire son miel. Puis elle porte le
miel à sa ruche, où elle le met en réserve pour l'hiver. On le
lui enlève pour le vendre. Mais il faut leur (sic) donner à man-
ger, sans cela elles mourraient. Elles bâtissent quelquefois de
petits nids dans des arbres creux.
Quest. 3. — Écrivez à votre professeur une lettre où vous
décrirez la rivière Saginaw.
Bay-City (Michigan), 14 février 1876.
Mon cher professeur,
Je vais vous parler de la rivière Saginaw. Elle a environ
38 GRAMMAR SCIIOOLS-
quaire-vingt-dix milles de long. Elle coule au nord et se dé-
verse dans la baie de Saginaw. Celte rivière est étroite et pro-
fonde. Bay-City est situé sur cette rivière. Il y a dans cette
rivière beaucoup de poissons. I.es lioninies et les enfants y vont
pêcher. Beaucoup de bateaux à voiles grands et petits remon-
tent et descendent la rivière. Des hommes et des enfants s'y
baignent. Il y a un ferry-boat (1) qui vous conduit à Banks.
Votre tout dévoué
Eddy Carney.
Quest. i. — Écrivez dix noms, dix verbes.
Ih'p. — Dix noms : Cheval, maison, chat, tableaux, plumes,
crayons, vase, orgue, pupitre et encriers.
Dix verbes : Courir, marcher, parler, rire, frapper, ruer,
rouler, jouer, (il) secoue et (il) souffle.
Qiic'st. 5. — Mettez au pluriel la i)hrase suivante :
Le vase est sur l'étagère.
Rép. — Les vases sont sur les étagères.
Quest. 6. — Écrivez une phrase qui contienne « box » (boite)
pris comme nom, et une autre qui contiemie « box » (boxer)
pris comme verbe.
Qui'st. 7. — Soulignez les noms dans la phrase suivante :
Les abeilles bourdonnaient parmi les fleurs, et les oiseaux
chantaient dans hîs arbres et dans les buissons.
Quest. 8. — Développez celte phrase : « Le cheval court. »
Rép. — Ce grand cheval gris court très-vite en remontant
la rue.
Quest. 9. — Écrivez deux phrases qui contiennent chacune
deux pronoms.
Rép. — ^ Deux garçons sortaient de la ville et ils virent un
cheval qui s^^nfuyait.
Deux oiseaux étaient dans leur cage et les petites filles les
nourrissaient.
Quest. 10. — Faites une phrase avec les mots : « Livre,
écolier, bon. »
Rép. — Le bon écolier lit son livre.
Quest. 11. — La neige, comi)osilion.
Rép. — La neige tombe très-vite. Elle est très-blanche. Ouand
(1) Large bateau à vapeur d'une forme particulière qui sert de bac.
Ces batciiux, n'ayant pas de bordage ni à l'avant, ni à Tarrière,
peuvent s'accoter au quai sans solutioa de continuité.
LANGUE MATERNELLE. 39
il y a de la neige, les garçons se lancent des boules de neige.
Nous nous amusons beaucoup dans la neige quand il y en a.
Quand il fait bon aller en Iraineau, nous faisons des courses en
« cutter > (traîneau rapide). Quand la rivière est gelée, les gar-
çons vont patiner. La neige esl très-belle.
Quest. 12. — Écrivez cinq phrases énonçant des faits au
nombre pluriel, et en employant le verbe aller dans chacune
d'elles.
Rep. — Les fdles vont à la ville.
Les vaches vont au pâturage.
Les cochons allèrent à leur étable.
Les garçons iront à leurs places.
Les hommes allaient travailler à la ville.
Quest 13. — Écrivez à votre mère une lettre sur votre salle
d'école.
Bay-City (Michigan), 1-i février 1876.
Ma chère mère,
Je vais te parler de notre salle d'école. Elle est très-grande.
Vn thermomètre est suspendu sur le tableau noir. Il y a un
orgue dans notre classe. 11 y a treize tableaux noirs pendus à
la muraille. 11 y a des dessins sur les tableaux : il y a un ba-
teau, une boîte, une cheminée, un serpent, une scie et une
échelle. 11 y a une devise inscrite sur la muraille au-dessus de
la porte. Dans un coin de la salle il y a un grand pupitre sur
lequel sont un dictionnaire, un vase et une boîte de craie. Il y
a cinq rangées de pupitres qui ont des encriers.
Ton fils dévoué,
Eddy Carney.
' Age : dix ans.
Bay-City (Michigan). École primaire annexée à la High School.
(Temps employé, 3 heures 15 minutes.)
12. — grammaire.
(7« année.)
Quest. 1. — Quels sont les différents éléments de la pensée?
— Quels sont les éléments correspondants de la phrase? —
Quelle est la fonction de la phrase?
40 GRAMMAR SCHOOLS.
Hép. — Les différents élémenls d'une pensée sont :
Le sujet, le prédicat et la copule.
Le sujet de la pensée correspond au sujet de la phrase, le
prédicat de la pensée correspond à l'attribut de la phrase, et la
copule de la pensée correspond à la copule de la phrase.
La fonction de la phrase est d'exprimer la pensée par des
mots.
Quest. 2. — Qu'est-ce qu'un attribut? En quoi un attribut
diffère-t-il d'une partie d'un objet?
Rép. — Un attribut est un mot qui vient à l'esprit en pensant
à un objet, considéré comme ce qu'il est à une certaine époque,
sans rapport avec aucun autre objet.
Une partie d'un objet est une matière qu'on peut en enlever;
un attribut est immatériel et ne peut être enlevé de l'objet.
Quest. 3. — Quelles sont les classes d'attributs? — Écrivez
une phrase qui les contienne.
Rép. — Les différentes classes d'attributs sont :
Qualité, condition, relation et action.
Le chien noir boiteux du coin traversa une place publique en
courant.
Le mot boiteux exprime un attribut de qualité, les mots du
coin expriment un attribut de relation, le mot traversa exprime
un attribut d'action.
Frank M.
Age : treize ans.
Indianapolis (Indiana).
3. — GRAMMAIRE.
(6^ année.)
Quest. \. — Écrivez une phrase qui contienne quatre noms
et soulignez-les.
Rép. — Jean alla à la ville sur le cheval et acheta des œufs.
Quest. 2. — Écrivez une phrase dont vous soulignerez le
sujet et le prédicat.
Rép. — Le chien courut après le chat.
Quest. 3. — Définissez une préposition et dites ce que c'est
qu'une proposition.
Rép. — Une préposition est un mot qui montre le rapport
entre le mot qu'elle régit et quelque autre mot.
Une proposition est une pensée exprimée par des mots.
LANGUE MATERNELLE. 41
Quest. i. — Construisez une phrase qui contienne un membre
relatif et soulignez ce membre,
Rép. — Le garçon étant malade resta chez lui.
Quest. 5. — Écrivez une phrase dans laquelle le mot dîner
sera employé comme nom, et une autre phrase dans laquelle le
même mol sera employé comme verbe.
Rép. — Le dîner est prêt. — Vous viendrez dîner.
Quest. 6. — Écrivez le féminin de : Un monsieur, — un fils,
— un neveu, — il, — Monsieur.
Rép. — Une dame, — une fille, — une nièce, — elle, —
Madame ou Mademoiselle.
Quest. 7. — (ju'est-ce qu'un pronom interrogatif?
Rép. — On emploie un pronom interrogatif pour faire des
questions comme : Qui? quoi ? lequel?
Quest. 8. — Écrivez deux phrases dont l'une contiendra un
verbe intransitif, et l'autre un verbe transitif.
Rép. — Les chevaux courent.
Le petit Charles a frappé Jacques.
Quest. 0, — Que faut-il dire pour analyser un nom?
Rép. — 1. 11 faut dire que c'est un nom et pourquoi.
2. Si c'est un nom commun ou un nom propre et
pourquoi.
3. A quelle personne et de quel nombre.
•4. A quel cas et pourquoi.
5. La règle de construction.
RiLLA W.
Age : douze ans.
West des Moines (lowa).
•4. — EXERCICE DE RÉDACTION.
Quest. 1. — Écrivez une lettre pour demander un emploi.
Rép. —
Madame H. S. Davis.
Fitchburgh, 19 février 1876.
Chère Madame,
Je désirerais un emploi de demoiselle de magasin chez vous
si la vacance n'a pas été remplie. J'ai déjà été dans les affaires.
Votre toute dévouée,
Ella Whitney.
42 GRAMMAR SCIIOOLS.
Qiiefit. 2. — Écrivez un petit article pour un journal quo-
tidien.
Rcp. — 11 y a eu un éboulenient de neige sur l'Hôtel d'Amé-
rique ce matin, mais personne n'a été sérieusement blessé, si
ce n'est un vieux monsieur qui a eu le bras cassé. Le docteur
Jollson lui a donné ses soins.
Que^t. 3. — Morceau de poésie à mettre en prose. Cinquième
livre de lecture de Monroe (page ^^TT). (Edimbourg après la
bataille de Flodden, par W. E. Aytoun.)
Qucst. A. — Nommez les noms, les pronoms et les verbes
de la première stropbe.
Quesf. 5. — Écrivez une lettre dans laquelle vous rendrez
compte de votre dernier examen.
Fitchburgh, 17 février 1876.
Monsieur J.-G. Edgeily.
Cher Monsieur,
Le jour de l'examen est revenu, et on nous impose, à nous
autres, pauvres écolières, la tache formidable d'écrire une
composition sous la forme d'une lettre qui vous est adressée.
Je crois que les examens font beaucoup de bien, car ils ont
pour but de nous faire étudier et de nous faire gagner une
bonne place dans notre classe.
On ne nous a pas fait de questions très-difiîciles le mois
dernier, et je me suis très-bien tirée de toutes mes études,
excepté de la géographie, où j'ai été très-faible. Je préfère les
examens écrits aux examens oraux, car il est beaucoup plus
facile d'écrire que de parler devant toute une école, devant les
inspecteurs, le comité et le professeur. Il faut que je termine
ici ma lettre jiour avoir du temps pour mes autres questions.
Votre toute dévouée,
Ella Wiiitney.
Quest. G. — Corrigez les phrases suivantes :
] . Il va bien pour un nouveau commençant.
:2. Le garçon il s'en alla la semaine dernière.
3. 11 s'en trouvait beaucoup d'absents hier.
A. Ces espèces de livres n'ont pas beaucoup de valeur.
5. Lequel est plus grand de ces deux chiens?
LANGUE MATERNELLE. 43
Rép. — I. Il va bien pour un commençant.
2. Le garçon s'en alla la semaine dernière.
3. Il y avait beaucoup d'absents hier.
4-. Cette espèce de livres n'a pas beaucoup de valeur.
5. Quel est le plus grand de ces deux chiens?
Ella W.
Fitchbiirsli (Massachussets). École de Dav street.
o. — COMPOSITION.
M. Bagbee (i) nous a donné pour notre composition habi-
tuelle, qui dure vingt minutes, les mots suivants à faire entrer
dans une histoire de notre invention :
Célibat, bande, faux pas, bureau, chaperon, clique (2).
Voici comment j'en ai fait des phrases :
On demandait à une dame dont je me garderai bien de dire
l'âge (qu'il suffise de savoir qu'elle avait résolu de garder le
célibat) si elle avait un chaperon. « Oh ! oui, répondit-elle, mais
un jour j'eus le malheur de le prier de me pendre un tableau
représentant une bande de vieux garçons pleins d'entrain qui
s'amusaient aux dépens d'une clique de vieux maris désolés de
leur sort. Ce spectacle le fit tant rire qu'il recula pour mieux
voir, fit un faux pas et tomba sur mon bureau. La première
fois qu'on le revit, il quittait précipitamment la ville, et, ajoutâ-
t-elle en soupirant, je ne l'ai jamais vu depuis. »
PdLLA B.
Comté de Gloucester (New-Jersev». École rurale du district n'' 57.
G. — HISTOIRE d'une FAMILLE.
J'ai eu dernièrement l'avantage de faire la connaissance
d'une famille dont je me propose de vous raconter l'histoire.
Mes souvenirs me rappellent l'harmonie qui régnait dans
cette maison.
Tout le monde y était gouverné par certaines règles dont on
rie s'écartait jamais.
(1) Directeur de l'école.
(2) En anglais celibacy, corps, faux pas, bureau, chaperon, clique.
AA GRAMMAR SCHOOLS.
Cette famille se composait de dix membres : M. Nom^
jyjme Verbe sa femme, et leurs huit enfants.
Le père, M. Nom, était un vieux bourru despotique et rempli
d'amour-propre; il gouvernait toujours sa femme, qui était obli-
gée de s'accorder avec lui dans toutes les choses personnelles.
Parfois il devenait si terrible, qu'il agissait dans une indé-
pendance complète à l'égard de toute la famille; alors sa
femme s'écartait généralement de lui.
Quoiqu'il fût quelquefois propre, sa famille le tenait en
général pour un vieux bonhomme commun.
Pronom, son fils amé, était d'une intelligence remarquable ;
son père avait beaucoup de confiance en lui, et il l'autorisait à
traiter les affaires à sa place.
Il était égoïste : Moi, toujours, le premier en tête.
Il parlait soit relativement aux idées de son père, soit pour
en démontrer le sens, mais qucilquefois il était un peu per-
sonnel dans ses remarques.
Peut-être n'apprit-il jamais le cinquième commandement,
car il ne respectait pas sa mère comme il aurait dû la respec-
ter, il la brusquait souvent comme le faisait son père. Lui et
son père s'accordaient généralement à merveille.
De temps en temps M™^ Verbe se mettait à la voix active, et
déclarait que Pronom et son père étaient tous les deux ses
sujets. Souvent aussi le mari et le fils passaient à l'état de
simple complément.
Quand elle se mettait dans un de ses modes impéîYitifs, elle
donnait ses oj-dres avec beaucoup de décision.
Elle avait en général beaucoup d'ordre et de régularité pour
tout ce qui lui appartenait, quoiqu'elle laisscàt quelquefois les
choses aller d'une manière irrégulière et défective.
Elle avait le tempérament nerveux, et quelquefois elle avait
un si joyeux entrain, qu'elle paraissait ne vivre que pour le
présent; puis elle s'assombrissait et s'attristait, et disait qu'elle
était un pauvre être imparfait ; mixis bientôt elle s'imaginait
qu'elle était parfaite, et si vous discutiez avec elle, elle vous
renvoyait au futur.
Article et Adjectif étaient les deux garçons qui venaient après
Pronom. Ils sautillaient devant leur père.
Article essayait de restreindre le pouvoir de son père, mais
son influence était souvent indéfinie.
Adjectif décrivait toujours son père, dont il s'efforçait de
faire une personne de qualité.
LANGUE MATERNELLE. 45
La jeune Participe était la fille ainée, elle ressemblait à sa
mère. Son caractère avait beaucoup de rapport avec celui de
son frère Adjectif.
Adverbe, la seconde fille, était une demoiselle très-imperti-
nente, critiquant les manières de sa mère, et disant le temps
et le lieu où l'on devait mettre les choses.
Celle qui venait après dans la famille était la petite Conjonc-
tion; elle n'était pas aussi intelligente que les autres, mais elle
était très-utile dans certains cas.
Préposition était le fils cadet, il courait autour de son père,
et, comme il lui ressemblait un peu, il voulait quelquefois le
gouverner.
Interjection était la dernière née, c'était aussi l'enfant gâté
de la famille, et, par conséquent, elle faisait tout ce qu'elle
voulait. C'était un petit être volontaire et délicat qui jetait les
hauts cris si quelque chose ne lui convenait pas.
Si quelques-unes de mes amies voulaient avoir d'autres détails
sur cette famille, elles peuvent se les procurer en s'adressant
à. . . la Grammaire..
Marilla a.
Age : seize ans.
Comté de Middlesex (New-Jersey). École du district n^ 53.
/. — REDACTION AU TABLEAU NOIR.
(5^ année.)
Note du Directeur de l'école :
« Ce qui suit est le résultat d'un exercice qui a pour but d'exercer
les enfants à la fois à la rédaction, à forthographe et à l'écriture.
Pendant quelque temps cet examen tient lieu de rédaction origiuale
faite par ctiaque élève.
') Le but du professeur est de ne fournir aucune idée, aucune expres-
sion, et cependant de faire exprimer par les élèves de la classe toutes
les idées qu'ils peuvent avoir, dans le meilleur langage possible. Le
sujet choisi est simple et familier à tous les élèves, car ce qu'on veut
ce n'est pas que le sujet instruise par lui-même, mais qu'il apprenne
à exprimer ce que Ton sait déjà.
» On écrit le sujet sur le tableau noir, et tout élève qui a quelque
chose à dire sur ce sujet doit lever la main. Lorsque tous les élèves
46 GRAMMAR SCHOOLS.
(ieiuaiKlcnt à parler, ou eu cuteud autant que riicuro le permet.
Lorsqu'ils se sout ainsi fait une idée générale de ce qu'ils désirent
écrire, on leur demande de dire laquelle de toutes les phrases qu'ils
ont entendues est la plus convenable i)0ur commencer la composition.
Le professeur explique alors pourquoi il repousse une phrase proposée
pour commencer la composition. On écrit ensuite sur le tableau trois
ou quatre ])hrases à mesure qu'elles sont dictées par diftërents élèves;
on n'y met ni lettres majuscules ni ponctuation. On laisse même
l'élève écrire avec des fautes d'orthoLi;raphe. On corrige ensuite ces
phrases.
» On décide d'abord où doit se terminer chaque phrase, on indique
la ponctuation nécessaire, puis on commence chaque phrase par une
lettre majuscule, et on y place les autres majuscules qui sont néces-
saires. Les élèves doivent alors changer tous les mots qui sont répé-
tés, on leur enseigne à éviter la répétition des mots ou des idées; on
leur enseigne aussi à remplacer un mot par un autre plus court ou à
exprimer une idée en meilleur langage. C'est l'orthographe qu'on
corrige en dernier lieu. On donne la i-aison de tous les changements
que l'on fait, jusqu'à ce qu'elle soit bien comprise par toute la classe.
On copie sur du papier ou sur l'ardoise le travail ainsi corrigé. A la
leçon suivante on ajoute de nouvelles phrases. On continue de tra-
vailler sur le même sujet jusqu'à ce qu'en le copiant on obtienne une
composition de la longueur désirée.
M Ce qui suit est un des exercices de ce genre faits au tableau^noir
en janvier dernier, sans que l'on sût qu'ils devaient être exposés à
l'occasion du Centenaire. »
LES VACANCES.
Nos dernières vacances ont commencé le 25 décembre 1875
et ont duré jusqu'au 3 janvier 1876. Nous nous somnies beau-
coup amusées pendant ces jours de congé. Le monde entier
célèbre plus ou moins cette semaine. C'est pour cela qu'on
appelle ce temps « les fêtes de Noël » . On se prépare active-
ment à cet événement plusieurs semaines d'avance. C'est la
coutume d'orner à cette époque avec des rameaux verts les
églises, les maisons et les magasins. On coupe dans les forets
de petits cèdres, de petits pins ou de petits sapins noirs et
on les apporte aux marchés de la ville. On les place de ma-
nière à les faire tenir droits et on les appelle des arbres de
Noël. C'est aussi l'usage de se faire des présents entre
amis. Les commerçants comptent sur la vente de beaucoup de
marchandises. Ils font de magnifiques étalages qu'il est très-
agréable de visiter, même lorsqu'on n'achète rien. Souvent on
fait les cadeaux la veille de Noël : alors « on pend soigneuse-
LANGUE MATEn>'ELLE. 4i
ment les bas près de la cheminée, dans l'espérance que saint
Nicolas ne tardera pas à arriver. »
^YILLIE W.
Age : treize ans.
Boston (Massachussets). Lincoln School.
8. — MAUD MULLER (1).
(7* année.)
Un beau jom- d'été, Maud Muller râtelait du foin dans la
prairie. Elle chantait joyeusement tout en travaillant, et l'oi-
seau moqueur perché sur son arbre lui répondait. Ses regards
se tournèrent vers la ville lointaine, et une vague inquiétude
remplit son cœur; son doux chant cessa.
Pendant qu'elle se livrait à ses pensées, un juge passa à
cheval dans le sentier ; il arrêta son cheval et demanda une
gorgée d'eau du ruisseau dont on entendait le murmure. Elle
se baissa et remplit son gobelet d'étain. Le juge la remercia et
se dit qu'elle était bien belle. Il parla ensuite du temps et de
la fenaison. Et Maud oublia ses vêtements déchirés et ses pieds
nus, et écouta le juge, charmée et surprise en sentant que les
yeux du juge étudiaient son visage. Enfin il s'en alla.
Maud le suivit des yeux en soupirant. « Oh! mon Dieu, comme
je voudrais bien être sa fiancée ! Il me donnerait de beaux vête-
ments de soie, et papa, maman et mon frère ne manqueraient
de rien, et le bébé aurait beaucoup de joujoux pour s'amuser.
Je nourrirais et j'habillerais les pauvres, je les entendrais me
bénir en quittant ma porte. »
Tels étaient ses projets; mais sa destinée fut tout autre.
Elle épousa un rustre qui ne voulut rien faire pour son entre-
tien, et qui se contentait de boire de la bière et de s'étendre
nonchalamment au coin du feu. Le juge épousa une femme
riche et distinguée, mais jamais il ne fut aussi heureux qu'il
l'aurait été avec Maud. Que Dieu ait pitié d'eux, car lorsqu'ils
(1) Cette reproduction en prose de la célèbre idylle de Whittier a
été donnée comme sujet, dit la première feuille du volume exposé
par la Gaston School, « aux élèves de 7* année, après 30 minutes de
» conversation sur le sujet : il était accordé une heure et demie pour
)) la rédaction en classe, sous l'œil du professeur. -8 élèves sur 33
" ont remis une copie. » La plupart étaient très-analogues à celle-ci.
48 GRAMMAR SCIIOOLS.
se rappellent les jours de leur jeunesse, ils sont mécontents l'un
et l'autre, et chacun d'eux se dit la chose la plus triste qu'on
puisse se dire ici-bas : « Hélas ! cela aurait pu être pourtant ! »
Katie m.
Age : quatorze ans.
Boston (Massachussets). Gaston grammar School.
II. — ncscriptious d'objets et d'Imagées.
9. — EXERCICES ÉLÉMENTAIRES.
(5° année.)
I. — Description de mon pupitre.
Mon pupitre a des pieds, un encrier, une rainure, une
tablette et des côtés.
Il est fait de bois, de vernis, d'huile et de fer.
Il y a le haut et le bas, l'intérieur et l'extérieur.
Il forme un corps solide dont le sommet est oblong.
Il a environ quatre pouces de long, trois de large et quatre
de haut.
Il est dans la troisième rangée à partir du nord et forme la
quatrième place sur le devant.
En le regardant je vois qu'il est dur, épais, jaunâtre et lourd.
En le touchant, je sens qu'il est dur et rugueux.
Je sais, par l'ouïe, qu'il est lourd et dur.
Je sais, par l'odorat, qu'il est inodore.
Je sais, par le goût, qu'il est insipide et qu'il n'est pas bon
à manger.
II. — Les parties d'une maison.
Les parties dont se compose une maison, au point de vue de
l'usage, sont :
Les fondements, les murs, le plafond, le plancher, les
portes et les fenêtres.
Les parties dont se compose une maison, au point de vue
des matériaux, sont :
l.e bois, le vernis, la peinture et le plâtre.
DESCRIPTIOXS d'objets ET d'iMAGES. -49
Les parties d'une maison, au point de vue de leur position
relative, sont : l'intérieur et l'extérieur, le haut et le bas.
(J'ai mis une heure dix minutes à faire cette rédaction.)
Alice C.
Age : douze ans.
IndianapoUs (hidiana).
10. — LA VENDANGE (1).
Cette image représente une scène qui est très-commune en
France : « la cueillette du raisin. » Comme elle est belle, cette
vigne avec ses longues rangées de ceps chargés de verdure, et
soutenus par des échalas, avec le ciel bleu au-dessus, et les
belles grappes rouges qui paraissent çà et là au milieu des
feuilles!
Il y a une joyeuse troupe d'hommes, de femmes et d'enfants
qui cueillent le raisin. Il y a deux séries de vendangeurs : les
uns vont les premiers et ramassent les grappes les plus grosses,
les plus belles et les plus parfaites pour les vendre, pendant
que les autres les suivent et ramassent celles qui restent, pour
faire du vin. Immédiatement derrière la vigne est un vieux
château où demeure le propriétaire, où ont demeuré et où
sont morts ses ancêtres pendant plusieurs générations. Le
château est peut-être une habitation très-agréable, mais il a
l'air triste ; son aspect même semble dire : « J'ai peur des
voleurs et des brigands. » Je me demande s'il existe de si
méchantes gens dans un endroit aussi charmant. En bas, dans
la vallée, est une jolie petite église où toutes les bonnes
gens vont le dimanche pour voir leurs voisins et pour mon-
trer leurs beaux habits. Dans la route , près de la vigne ,
est un chariot avec deux cuves dans lesquelles les hommes
versent leur raisin.
Perché sur le haut de ce chariot, on voit un jeune gars très-
drôle, qui tient dans ses mains un instrument pour écraser le
raisin, il le lève comme s'il allait en donner un terrible coup.
Les pauvres chevaux paraissent assez fatigués et assez endor-
mis ; quel dommage qu'ils ne puissent pas manger du raisin
(1) Voyez la figure, page 51. Elle est extraite du plus élémentaire
des Atlas scolaires de Guyot, dont les cartes sont accompagnées d'un
excellent texte illustré. (Editeurs, Scribner et Armstrong. New-York, l
4
50 GRAMMAR SCIIOOLS.
pour passer le temps, comme font les vendangeurs! Comme
ceux qui ramassent le raisin ont l'air joyeux et heureux ! La
plupart d'entre eux travaillent pour tout de bon, mais il y a,
comme d'habitude, quelques paresseux avec eux. Voyez celui
qui est sur la barrière et qui élève les mains comme s'il avait
la colique ou comme s'il allait faire un discours. Une jeune et
jolie Française franchit en sautillant les marches de pierre ;
elle a le cœur léger, et sans doute elle chante une joyeuse
chanson ; un homme lui montre un oiseau dans le ciel et semble
lui dire : « Voilà votre rival, charmante chanteuse. »
Je me demande si ces gens sont aussi heureux qu'ils le
paraissent. Je me demande si le pauvre petit paysan français
peut être aussi heureux que le petit Américain, né libre, qui
peut, un jour ou l'autre, devenir président des États-Unis, ou
que la petite écolière qui fera peut-être un jour les honneurs
de la Maison-Blanche (1).
Alice AV.
Age : douze ans.
Avondale, Comté de Hamilton (Ohio).
11. — MÊME SUJET.
(3^ année )
Je vois dans cette image une église, une maison, des femmes
et des hommes qui ramassent du raisin, des hommes qui
vident le raisin dans de grands tonneaux et un homme qui
apporte le raisin aux autres. Je vois des femmes qui ra-
massent du raisin et qui ont des mouchoirs sur leurs têtes.
En France, les femmes portent leur raisin dans un panier sur
leurs bras, et les hommes le portent sur leur dos. Je vois un
homme avec des raisins sur le dos, et il a un bâton à la main;
peut-être que, pendant qu'il ramassait le raisin, le bâton lui a
seryi à s'appuyer. L'église que je vois est surmontée d'un
très-haut clocher. Le raisin est très-utile, il sert à faire du
vin, de la gelée et beaucoup d'autres choses. Le pays dont je
vous ai parlé est le pays de France,
Kettie t.
Age : dix ans.
Cincinnati (Ohio), école du district de l'Ouest pour les enfants
de couleur.
(1) Palais de la Présidence, à Washington,
52 GRAMMAR SCIIOOLS.
12, — MÊME SUJET.
(3* année.)
Je vois dans ma Géographie, à la page 71, des hommes et
des femmes qui ramassent du raisin.
Un chariot altelé de deux chevaux est sur le devant, et il y
a deux grands tonneaux dans lesquels un homme met le raisin
qu'un autre écrase ; on le leur apporte dans une espèce de hotte.
Les hommes ne portent pas leur raisin comme les femmes : les
hommes le portent sur leur dos, et les femmes sur leurs hras.
Je vois deux tours du côté où sont les gens, et une au fond,
du côté où ils ne sont pas.
Il y a une maison, des arhres et des buissons et aussi une
église surmontée d'un clocher.
Ces gens ramassent le raisin pour en faire du vin.
Les uns ramassent le raisin en étant debout, les autres le
ramassent en étant assis.
11 y a un homme qui descend les marches avec un petit
baril (hotte) de raisin sur le dos, il a un bâton à la main.
11 y a beaucoup de femmes et d'hommes qui ramassent du
raisin.
Les femmes portent des mouchoirs sur la tète, et les
hommes ont des chapeaux. Je vois un cheval blanc et un noir,
attachés au chariot.
RosA IL
Age : treize ans.
Cincinnati (Ohio), école du district de l'Ouest pour les enfants de
couleur.
(Temps employé à faire ce travail : 1 heure 10 minutes.)
13. — LES CHARPENTIERS.
Je vois, dans l'image qui est devant moi, des charpentiers
qui construisent une maison : l'un perce un trou dans une
]danche, un autre scie une planche, et d'autres ajustent des
planches. Il y a une maison presque terminée, et une autre qui
ne l'est pas. C'est vraiment un joli endroit; comme l'herbe et
les arbres sont verts! Je crois que c'est un village, car je ne
vois pas de trottoirs. J'aimerais à demeurer dans la maison à
DESCRIPTIONS d'OBJETS ET d'iMAGES. 53
trois étages, car c'est la plus jolie. Je m'imagine que ces
hommes seront contents quand ils auront fini, car c'est un dur
travail de construire une maison.
Emma B.
Age : onze ans.
Mihvaukee (Wisconsin), école du 5^ district.
U. — DEUX VIGNETTES HISTORIQUES.
1° L'image que je vais essayer de décrire représente un
jeune homme qui est armé chevalier.
Dans un appartement bien meublé se tient debout un jeune
homme revêtu pour la première fois d'un uniforme de che-
valier.
C'est probablement le fils aîné de la famille, il a l'air noble
et élégant.
Sa mère, qui porte des vêtements de veuve, vient, semble-
t-il, d'entrer dans la chambre, elle pose avec amour sa main
sur l'épaule du jeune homme et le regarde avec émotion.
Nous voyons qu'il a deux sœurs et un jeune frère. Ils
regardent tous l'armurier qui adapte la cotte de mailles au
corps du jeune homme. Sa sœur aînée vient de préparer son
baudrier, et elle est à genoux à côté de lui.
Le plus jeune membre de la famille, un beau petit garçon,
a pris le casque de son frère, il le tient dans ses mains et
attend que celui qui doit le porter soit prêt à le recevoir.
2'' L'image que j'essayerai ensuite de décrire représente la
Justice du roi.
L'image et l'histoire se rapportent à un événement du régne
des premiers rois d'Ecosse.
Deux des nobles encore barbares ayant eu une discussion,
l'un d'eux frappa son adversaire en présence du roi, crime
({ui était puni par la loi.
Le coupable fut aussitôt condamné à perdre la main sur-le-
champ. La sentence fut prononcée par le roi, qui olirit sa
propre épée pour l'exécuter. Mais, sur les instances de la
reine et des amis du coupable, son crime lui fut pardonné.
Le coupable est assis à la table, il a le bras droit nu, en
face de lui se tient debout le roi, il a son épée à la main et
il la présente au bourreau qui hésite à la prendre, caria reine
intercède pour le coupable ; un prêtre de l'Église pose sa
54 GRAMMATl SCHOOLS.
main sur l'épaule du roi pour appuyer les prières de la reine;
un vieux seigneur qui est de l'autre côté de la table se joint
à lui.
Les autres personnes qui sont dans l'appartement sont des
gardes et des nobles de la cour.
CORA C.
Age : treize ans.
Boston (Massachusscts), ShurllcfT Grammar School.
15. — LES ÉGLISES DE NOTRE VILLE.
Un des spectacles attrayants de la ville d'York (1), c'est la vue
de ses belles églises. Elles sont principalement situées dans la
partie centrale de la ville, et elles ne manquent jamais d'at-
tirer l'attention des étrangers. Elles forment sans exception de
beaux et ricbes édifices. Elles sont au nombre de vingt-trois,
sans compter diverses petites cbapelles ou petits bâtiments des
missions.
Parmi les principaux de ces édifices, il y en a cinq qui ap-
partiennent à la congrégation des Lutbériens, Nous allons les
passer en revue.
La première église luthérienne, église du Chrisi, est située
dans Georges-street (sud), près du square central. On lui a
récemment donné une nouvelle forme; elle fait un très-bel
effet. Son clocber n'est pas seulement un des plus hauts, mais
aussi un des plus beaux de l'État. •
La seconde église luthérienne est construite dans Duke-street
(sud); c'est une église simple, gentille et bien finie; elle a une
salle de réunion très-commode qui a été agrandie, il y a quel-
ques années.
L'église de Saint-Paul est située au coin de King-streel et de
Bearer-street ; c'est un des plus imposants et des plus somptueux
édifices du bourg. Tous ses aménagements sont terminés à
l'intérieur et à l'extérieur; le tout est très-élégant. Du côté de
King-streel, un clocher rattache le corps principal de l'église
à la chapelle, qui contient une grande école du dimanche et
une salle de lecture.
L'église luthérienne de l'Union est située dans la rue du
Marché (ouest et, quoiqu'elle ne forme pas un bâtiment aussi
(1) York est une ville de 11 000 habitants.
DESCRIPTIONS D OBJETS ET D IMAGES. 00
grand, son aspect attire cependant l'attention; elle est bien
aménagée. L'église luthérienne allemande de Saint-Jean est
située dans King-street, près de l'eau ; elle n'est terminée que
depuis quelques mois. La salle des meetings est entourée d'une
galerie sur trois côtés, d'un beau style.
La congrégation des réformés possède trois églises, dont la
première, ou la plus ancienne, est située dans West-Market et
près de Bearer-street. Celte église n'a rien en elle-même de
particulièrement intéressant, car elle est l'une des plus an-
ciennes églises de la ville ; cependant elle a une assez belle
apparence et sa position élevée ne peut pas manquer de la
faire remarquer.
Celle qui vient après est l'église réformée de la Trinité, qui
€st située dans la même rue, près du square central. C'est un
grand bâtiment en style moderne, surmonté d'une haute flèche;
la construction en a coûté très-cher. Son clocher renferme un
carillon qui se fait entendre tous les dimanches et quelquefois
dans la semaine. A ce monument est joint un corps de bâtiment
qui renferme une salle de lecture et une école du dimanche.
La troisième a été souvent appelée « la petite église du
€oin ». Elle est située dans Duke-street (nordy ; c'est un bâti-
ment petit, mais convenable.
La congrégation des .Méthodistes et des Frères-Unis, et l'Asso-
ciation évangélique ont chacune deux églises.
Ce sont assurément les Presbytériens qui ont la plus belle
église d'York. Elle est située dans la rue du Marché (est),
elle a un aspect grandiose, pas tant à cause de la beauté de
5a structure qu'à cause de ses abords et de son entourage. Dans
le même block (1), faisant façade sur Queen-street, ou construit
une chapelle qui, dit-on, est une des plus belles du genre.
L'église Morave, dans Duke-strest (nord), l'église Anabaptiste,
dans Georges-street (sud), et l'église Épiscopale dans Bearer-
street (nord), quoiqu'elles ne soient ni aussi grandes, ni aussi
-somptueuses, occupent un rang distingué.
Outre les églises dont nous venons de parler, il y a deux
églises catholiques et deux églises épiscopales Méthodistes, et
aussi une salle de réunion des Quakers, qui sont toutes situées
dans des rues élevées du bourg. Si nous devions juger des
mœurs du peuple d'York d'après le nombre et la qualité de
(1) Block, pâté ou îlot de maisons qui forment toujours un carré,
■ou un rectangle, les rues se coupant toutes à angle droit-
56 GRAMMAR SCHOOLS.
ses églises, nous pourrions supposer que les enfants d'York
forment un peuple bien religieux.
LiLLIE K.
Age : treize ans.
York (Pennsylvanie), Grammar School de filles.
16. — NOTRE VILLE, SES RUES ET SES ÉDIFICES.
(A^ année.)
Indianapolis (Indiana), :20 mars 1876.
Ma chère Eslher,
Je vais vous parler d'Indianapolis. Je m'y plais beaucoup.
C'est un charmant endroit. Il y a un Palais de Justice dans la
rue de ^Yashington. Le Palais de Justice est très-joli et très-
élevé. Il y a des pierres de marbre sur la façade. Il occupe
tout un square.
11 y a un Palais du Gouvernement et il est très-agréable de
jouer dans la cour qui l'entoure. J'y vais jouer quand le temps
est très-beau, [^e Palais du Gouvernement n'est pas très-joli.
J'y entre quelquefois avec quelques-unes de mes amies et je
regarde les tableaux et les oiseaux. Ils ressemblent vraiment
à de véritables oiseaux. Pendant l'été je joue quelquefois le
soir avec mes compagnes jusqu'à ce qu'il soit tard. Nous jouons
à cache-cache, à l'école, et à plusieurs autres jeux, jusqu'à ce
que nous soyons bien fatiguées. Les rues d'Indianapolis sont
belles et larges, elles vont toutes régulièrement au nord
ou au sud, à l'est ou à l'ouest. Je demeure dans la rue du
Maryland (ouest), qui est la première j-ue au sud de la rue
\Yashington.
Tout à vous,
ReBECCA 3rCLEAN.
Age : onze ans.
17. — LE « COMMON » DE BOSTON.
(3* classe.)
Le Common (terrain communal) est un vaste et magnifique
jardin public avec de grandes pelouses et de beaux arbres^
DESCRIPTIONS D OBJETS ET D IMAGES. bi
siliié au milieu de la ville de Boston. 11 était autrefois la pro-
priété d'un homme nommé William Blaxton. Celui-ci quitta le
Massachussets et vendit le champ à la ville moyennant trente
livres.
Dans l'ancien temps, le Comnion était connu comme le
champ de manœuvres, et, les jours d'exercice, des troupes s'y
rendaient de toutes les parties du Massachussets. Lors du mi-
centenaire en 1830, quelques personnes essayèrent de changer
le nom de Common en celui de Jardins de Washington, mais
elles ne réussirent pas.
Un jour, au mois de mai, le vent renversa un vieil orme qui
avait cent trente-quatre ans. Pendant la plus grande partie du
siècle il n'y eut que deux rangées d'arhres sur le champ com-
munal, et la plupart de ces arbres étaient des ormes. En 1836,
on mit pour la première fois une clôture en fer autour du
Common, et en 1863 on entoura d'une clôture la partie où est à
présent le parc aux cerfs.
Le Common contient maintenant environ treize cents arbres.
Près du centre se dresse le vieil arbre qui donne de l'ombre
depuis tant d'années. Le 29 juin 1860, le vent abattit une
grande branche, et il fallut plusieurs charretées de terre pour
boucher le trou.
William S.
Boston (Massachussets), Warren gramrnar School.
(Temps : 50 minutes.
18. — L'EXPOSITION DE CINCINNATI.
Nous avons chaque automne à Cincinnati ce qu'on appelle
une exposition. Elle se tient dans un grand bâtiment construit
exprès, et qui peut contenir des milliers de personnes. On y
voit toute espèce de choses et toute espèce de monde : de
charmantes Ùeurs et de charmantes plantes, d'agréables fon-
taines qui lancent de l'eau, de très-beaux tableaux, de belles
gravures et de magnitiques statues.
On lavait des draps, dans des machines à laver d'une inven-
tion récente. 11 y avait toute espèce de machines à coudre.
Des dames les faisaient tourner bruyamment pendant qu'elles
en faisaient l'éloge à leurs amies. Ces machines faisaient un
bruit terrible.
.]'ai vu toutes sortes de poupées, celle qui m'a le mieux plu
58 GRAMMAR SCHOOLS.
pouvait parler. Jo voulais l'acheter, mais on ne vend pas les
jolies choses qui sont exposées. Il y avait tant de choses à
voir que j'en ai presque perdu la tête, et je me suis égarée
deux ou trois fois dans la foule.
J'ai vu la plus belle boîte de bonbons arrangée d'une ma-
nière si tentante que j'aurais voulu acheter le tout.
Quelques oursons dînaient, et leur gardien faisait semblant
de leur apprendre de jolis petits tours. Naturellement tous les
enfants allaient voir les ours.
Cette exposition de Cincinnati a lieu chaque automne et elle
attire ici des milliers de personnes qui viennent de toutes les
parties du pays. Elle dure généralement trois ou quatre
semaines. Le but qu'on se propose est de mettre sous les yeux
de tout le monde les produits, les manufactures et les marchan-
dises des habitants de la vallée de l'Ohio. On peut y voir
toutes les inventions, depuis celle d'une machine à faire les
souliers jusqu'à celle d'un piano à queue. Il n'y a pas de danger
de mourir de faim, car on y trouve la farine de l'exposition, le
levain de l'exposition, les fours de l'exposition, et les boulan-
gers de l'exposition qui retournent les biscuits par milliers, et
vous ririez de voiries petits garçons de la ville tout barbouillés
les fourrer dans leurs longs paniers.
Lena X.
Age : douze ans.
Avondale, comté de tiamilton (Ohio).
19. — DESCRIPTION d'un INCENDIE.
(G* année.)
Un incendie est une chose très-dangereuse, surtout s'il a
fait beaucoup de progrès avant l'arrivée des pompes. Il y a
quelques années, il y eut ici un très-grand incendie près
de la fabrique de gaz, et beaucoup de maisons furent dé-
truites. C'était précisément au moment où je sortais de l'église
avec papa et avec maman qu'on donna TaUrme. Je })riai bien
gentiment maman de me laisser aller avec papa pour voir l'in-
cendie; enfin maman y consentit, et nous nous y rendîmes.
Lorsque nous arrivâmes, il y avait tant de monde que nous
eûmes beaucoup de peine à nous frayer un chemin à travers
la foule. Cependant nous n'y restâmes pas longtemps parce
qu'il faisait trop chaud. En retournant à la maison nous ren-
DESCRIPTIONS d'OBJETS ET d'iMAGES. 59
contrâmes un monsieur de nos amis avec son petit garçon qui
demeuraient dans la maison voisine de la nôtre. Il demanda à
papa s'il retournait chez lui, papa lui répondit affirmativement,
et il pria papa de reconduire Ermy son petit garçon, parce
qu'il voulait rester un peu plus longtemps à l'incendie et qu'il
ne voulait pas garder Ermv avec lui. Lorsque nous arrivâmes
chez nous, la mère d'Ermy était inquiète de son petit garçon,
parce qu'elle ne savait pas que son père l'avait conduit avec lui.
Maintenant je vais laisser là cette histoire, et raconter celle
qui est arrivée chez nous. Un jour j'étais à l'école, et les fenê-
tres de la salle de classe donnaient directement sur notre
maison. Je n'avais pas entendu les cloches qui donnaient
l'alarme, et je vis tout à coup la fumée qui commençait à s'éle-
ver. Je ne savais pas à ce moment qu'elle venait de notre
maison ; mais un petit garçon de l'école se leva avant que la
maîtresse pût l'en empêcher, et dit que c'était la fumée de
notre maison. Je fus hien effrayée, et pendant la récréation la
maîtresse me permit d'aller voir chez nous ce qu'il y avait de
brûlé. J'allai donc chez nous pour voir, et lé plafond de notre
mansarde de derrière était presque entièrement brûlé. Quel-
ques-unes de mes affaires brûlaient ainsi qu'un bois de lit, et
je pensai qu'il n'y avait que cela de brûlé. Mais il faut que je
vous dise quelque chose de drôle. Le monsieur qui demeurait
porte à porte avec nous fut le premier qui découvrit l'incendie.
Il alla dans son cabinet pour prendre quelque chose et il faillit
être étouffé par la fumée; il descendit l'escalier pour prévenir
et rencontra le propriétaire de la maison qui montait avec un
seau d'eau. Il le prit, monta vite sur le toit de la maison, et
cria à l'autre homme d'aller tourner le signal d'alarme (1).
Celui-ci descendit en courant dans la cour et chercha de tous
côtés, sans trouver, si bien qu'il finit par revenir appeler
l'homme qui était sur le toit pour lui demander où était ce
signal, qu'il ne pouvait trouver. Et il fallut que l'homme qui
était sur le toit descendît pour aller lui-même à la gare de
Plum-street tourner le signal.
Edith H.
Age : douze ans.
Cincinnati (Ohio), École intermédiaire, 2"- classe.
(1) Il y a dans toutes les villes d'Amérique, aux gares et au coin
des principales rues, des signaux d'alarme télégraphiques pour le
feu, qu'il suffit de toucher comme une sonnerie électrique pour faire
arriver, en moins de cinq minutes, les pompes du quartier.
60 GRAMMAR SCHOOLS.
-20. — SILOAM.
Dans le comté de Moiimouth (New- Jersey), à liuit milles (1)
environ à l'ouest de Freehold, dans un beau lit de sable blanc
entouré de pins, est Siloam, autrefois appelé le coin de Mac
Enteri. Lorsque j'étais petit et que j'allais à l'école, cet endroit
avait l'air charmant. 11 n'y avait que très-peu de maisons, qui
étaient très-vieilles. La maison d'école était un vieux bâtiment
très-pelit; c'était le seul qui existât dans cet endroit pour tenir
des assemblées, ce qui avait lieu très-rarement. Toutes les
personnes religieuses allaient à l'église à Perrineville et à
Freehold. Lorsque l'assemblée se tenait dans la maison d'école,
les assistants étaient fort peu nombreux.
Il y a environ cinq ans on changea le nom de cet endroit en
celui de Siloam et les habitants firent beaucoup d'embellisse-
ments. Vers cette époque le révérend John Boswell vint à
Siloam et il tint des revival meetings dans la vieille maison
d'école, et les auditeurs furent si nombreux que la maison ne
put les contenir tous. Alors on démolit la vieille maison pour en
construire une nouvelle, mais celle-ci n'était pas assez grande :
alors on bâtit une église et l'on continua d'y tenir les réunions
de prières pendant quelque temps. Mais, lorsque M. Boswell
fut appelé ailleurs, les habitants n'eurent plus d'ecclésias-
tique peur leur faire des sermons, et pendant nombre d'années
les portes de l'église ne s'ouvrirent pas pour le culte ; cette
église était un mentor muet pour les habitants, à qui elle rap-
pelait leur devoir. Cet automne, un jeune prédicateur est venu
à Siloam, il y a tenu des assemblées pendant deux ou trois di-
manches, et il y a environ douze semaines l'église fut ouverte
par M. Beaisled, prédicateur méthodiste qui vint à Siloam et
qui ouvrit l'église pour le culte.
Ces assemblées sont dirigées par le révérend Deaisted, aidé
du révérend Richard Partur. Depuis que ces assemblées ont
commencé, l'église n'est pas assez grande pour contenir tous
les fidèles. Il y a eu 150 conversions pendant les douze der-
nières semaines, et il est tout probable qu'il y en aura encore
autant. Il y a en moyenne cinq ou six personnes chaque soir
qui se lèvent pour demander qu'on prie pour elles. Les habi-
(1) Le mille anglais vaut 1609 mètres.
DESCRIPTIONS D'OBJETS ET d'iMAGES. 61
tants vont à l'église dans des voitures découvertes ou dans de
grandes carrioles qui contiennent beaucoup de monde. Beau-
coup viennent de trois ou quatre milles de loin. J'aime à m'y
rendre à pied moi-même, si je suis en bonne société. C'est une
charmante promenade quand il fait clair de lune. On pourrait
rendre cet endroit (qui est si éloigné du centre des affaires)
très-agréable pour ceux qui cherchent un endroit tranquille
à la campagne pendant la saison chaude. C'est un site très-sain,
et les poitrinaires pourraient trouver dans l'odeur embaumée
de ses pins la meilleure des médecines. Quelques personnes
ont acheté des fermes dans cette partie du pays et ont quitté
les villes, pensant que la vie ici serait plus économique ; mais
comme ils sont éloignés du chemin de fer, ils trouvent que c'est
incommode. Ils espèrent qu'un chemin de fer traversera bien-
tôt leur petit village.
John S.
Age : seize ans.
Comté de Monmouth (New-Jersey). District n° 12.
21. — MON EXCURSION DANS L'OUEST.
Je crois qu'en vous racontant l'excursion que j'ai faite un
jour dans la Prairie, je pourrai modifier les idées de ceux
d'entre vous qui n'ont jamais visité cet endroit et leur faire
voir que ce pays a des charmes qu'on ignore.
Je commencerai par vous parler de la petite ville appelée
Mishawaka, où je fis une petite station. Elle est située sur les
deux rives du fleuve Saint-Joseph, à 90 milles au Sud-Est de
Chicago. Elle n'a pas de trottoirs, parce que le sol y est très-
dur. La plupart des maisons y sont entourées d'un acre de ter-
rain, et ont de magnifiques jardins sur le devant. Il n'y a pas de
maison qui ait plus de deux étages.
11 y a deux collines à environ un mille de la ville, et natu-
rellement elles sont fréquentées par les habitants de la ville qui
s'y rendent en grand nombre, car il n'y a pas d'autres collines
à plusieurs milles.
Dans les Prairies, les collines sont une grande curiosité
presque pour tout le monde. Il y a des personnes qui n'ont
jamais vu d'élévation ayant plus de cent pieds de haut. Je
m'arrêtai assez longtemps dans cette ville, puis je remontai le
fleuve dans un navire à voiles par un magnifique clair de lune.
62 GRAMMAR SCHOOLS.
liG fleuve contient une grande quantité de petites îles. Nous
nous arrêtâmes dans l'une d'elles appelée l'île de Hon, pour
nous reposer après avoir ramé pendant trois milles pour re-
monter le fleuve. Je passai le reste de mon temps très-agréa-
blement dans la ville.
Ensuite je me rendis à La Porte, à douze milles au sud du
lac Michigan, où je séjournai quelque temps. Cet endroit est
entouré de sept petits lacs; toutes les rues sont larges, et elles
ont toutes, je dis toutes, et non pas seulement une ou deux,
une rangée d'érables de chaque côté. La plupart de ces arbres
sont très-gros, et donnent par conséquent un ombrage magni-
fique pendant une chaude journée d'été. C'est un véritable
plaisir de se promener dans les avenues (il y a des avenues à
La Porte comme dans une ville) et il y a sur les lacs un steamer
appelé Viola.
Nous dressâmes notre tente hors de la ville sur une île dans
l'un des lacs : notre société se composait de 40 personnes.
Nous partîmes de bonne heure le matin dans une grande
voiture de déménagement, munis de nos grands chapeaux de
paille, de nos vêtements de toile et de nos grosses bottes. Vers
sept heures nous arrivions au lac et montions dans des barques
qu'un petit garçon nous avait préparées. Nous traversâmes le lac
en ramant jusqu'à l'île des Pins (c'est ainsi qu'elle s'appelle).
En débarquant nous étions de très-bonne humeur, les messieurs
dressèrent les tentes ; les plus grands garçons et les plus
grandes filles allèrent se promener à la rame sur le lac pen-
dant que les enfants couraient pour voir ce qu'ils pourraient
trouver. Ils furent absents pendant un bon moment, et lors-
qu'ils revinrent, ils présentaient le spectacle le plus drôle du
monde : ils étaient tout retroussés ; ils étaient trempés. Ils
nous dirent qu'ils venaient de barbotter et qu'ils avaient essayé
de prendre de petits poissons. Nous passâmes le reste de la
semaine à pêcher, à ramer, et à nous amuser de mille ma-
nières. Nous revînmes ensuite à la ville pour y passer une
autre semaine.
De là nous sommes allés à Michigan-City, ville située sur
le lac Michigan. Nous y avons passé deux semaines. Un jour
une société de nos amis partit pour Hoosier et Yankee Slides,
comme on les appelle. Ce sont de hautes collines où il n'y a
que du sable, elles sont très-escarpées. Lorsque le vent du lac
souffle très-fort, il fait voler le sable de ces collines, de sorte
que les maisons voisines ont souvent été ensevelies. Les en-
DESCRIPTIONS D OBJETS ET D IMAGES. 63
fants résolurent de monter au sommet de la montée Hoosier ;
ils y arrivèrent après de pénibles efforts. Environ six d'entre
eux se mirent sur une rangée en se tenant par la main, et ils
s'élancèrent pour descendre la pente en courant. Quelques-uns
s'embarrassaient les pieds dans le sable, et faisaient la culbute.
D'autres avaient les pieds si bien pris qu'ils ne pouvaient plus
remuer; un autre perdait l'équilibre et roulait jusqu'au bas.
Nous passâmes une journée charmante, et nous fûmes bien
fâchés quand vint le temps de partir, mais il fallut se résigner.
Nous employâmes ensuite une journée à visiter la prison
des Etats, et il faut beaucoup de temps pour la visiter. Nous
partîmes de bonne heure le matin, en emportant notre dîner
que nous voulions manger dans la prison. L'inspecteur nous
en lit faire le tour. Il y avait iO femmes et des centaines
d'hommes. Sept de ces hommes étaient condamnés à vie, ils
étaient jeunes pour la plupart. Ils ont toute espèce de métiers
dans cette prison, et chaque homme a sa besogne particulière.
A l'heure du dîner nous sortîmes pour les voir entrer au réfec-
toire. Ils marchent l'un derrière l'autre, chacun ayant la main
droite sur l'épaule de l'homme qui le précède.
Nous allâmes ensuite passer quelque temps à Niles Michigan.
Je ne vous ai pas parlé des paysages que j'ai traversés en
allant d'un endroit à un autre, parce qu'ils n'offrent rien d'in-
téressant : on peut voyager pendant des centaines de milles
sans voir autre chose que des arbres et de vastes prairies.
Je suis allée ensuite à South Bend, où j'ai visité deux des plus
grands pensionnats qui existent dans cette partie de l'Ouest,
Notre-Dame et Sainte-Marie. Ce sont de très-belles écoles ;
Notre-Dame a l'un des plus beaux carillons qui existent aux
États-Unis.
Nous partîmes ensuite pour la grande ville de l'Ouest,
Chicago, où nous passâmes trois semaines. L'Exposition y était
ouverte à ce moment; nous l'avons visitée pendant trois jours.
Elle avait lieu dans un très-grand bcàtiment situé sur le bord
du lac, et si vous vouliez voir la ville, vous n'aviez qu'à monter
au sommet du bcàtiment : vous pouviez alors voir autour de
vous à plusieurs milles et sur le lac : il y avait dans ce bâti-
ment tout ce que vous pouviez imaginer. Chaque jour nous
voyions quelque chose de nouveau; et il nous arriva rarement
de voir deux fois la même chose. Le soir, aussitôt après le
coucher du soleil, nous nous promenions à pied et en voiture
dans les parcs.
64- GUAMMAR SCHOOLS.
Nous quittâmes Chicago pour nous rendre à Davenporl
(lowa), sur le Mississippi. Cette ville est très-belle. Les pre-
miers jours qui suivirent notre arrivée se passèrent en visites.
Nous voulûmes visiter Rock-Island, sur le fleuve, précisément
en face de Davenport. Nous partîmes de bonne heure le matin,
et, après avoir traversé la rivière en voiture sur le ferry,
nous fîmes une agréable promenade en voiture dans l'île pour
nous rendre au palais du gouverneur. Si je me fais une idée
exacte de la signification du mot guerrier, je crois qu'on
peut l'appliquer à l'aspect de l'île : les canons étaient tous
tournés du côté du fleuve, les sentinelles se promenaient sur
les rives.
Notre excursion a été charmante, et j'espère que vous pour-
rez quelque jour en faire une semblable.
Fannie T.
Boston (Massachussets). Everelt grammar School.
(Temps employé à faire ce travail : 1 lieure 10 minutes.)
III. — Exercices de style : H'arratious.
22. — UNE PROMENADE EN STREET-CAR (1).
Le Street-Car (2) ou, comme on l'appelle généralement, le
Horse-Car, parce qu'il est traîné par des chevaux, est une
invention moderne très-précieuse pour les habitants d'une
grande ville. Car, s'il faut marcher très-loin pour se rendre à
son travail, on sera fatigué en arrivant et le travail sera beau-
coup plus pénible que si l'on était frais et vigoureux. Puis,
lorsqu'on a fini son travail, il faut encore parcourir la même
distance, et lorsqu'on arrive à la maison, on est tellement fati-
gué qu'on n'a plus faim et qu'on ne demande qu'à se coucher.
Je ne parle pas du repas de midi pour lequel il faut se con-
(1) Ici, comme dans le degré inférieur (p. 23j, nous donnerons,
par exception, })lusieurs copies traitant du même sujet et provenant
de la même école, afin de permettre d'apprécier non-seulement le
travail de relève, mais la méthode suivie dans ce genre d'exercices.
{2j C'est le nom américain de nos tramwaijs. On dit street-car ou
horse-car pour distinguer ces voitures des wagons de chemin de fer
qu'on nomme cars tout court.
NARRATIO.XS. 65
tenter Je viande froiile au lieu de viande chaude. Or tout le
monde sait que cela suffit pour ruiner la meilleure santé.
On peut maintenant éviter tous ces inconvénients en pre-
nant les Street-Cars ; il faudra la moitié moins de temps
qu'on nrn mettrait pour parcourir la même distance à pied, et
l'on sera à l'abri de la pluie et de la neige pendant tout le
trajet, et tout cela pour une somme si modique, que le plus
pauvre journalier peut employer ce moyen de transport.
Xew-York, Chicago et d'autres grandes villes l'ont posséilé
longtemps avant nous. Le principal attrait d'un Street-Car de
Chicago, ce sont les journaux comiques placés sur les côtés du
Car pour qu'on puisse les lire : on entend ainsi mille plaisan-
îeries, les uns critiquant tel journal, les autres tel autre.
Le soir les petits marchands de journaux feront peut-être
leur apparition en criant : « Les journaux du soir î » Quelque-
fois, par un temps de pluie, les Street-Cars sont si encombrés
de voyageurs que la plate-forme est surchargée d'ouvriers qui
retournent au logis; ils portent suspendues au bras leurs
gamelles d'étain. Tout près de là une demoiselle à la toiletti'
élégante peut avoir le plaisir de voir se balancer sur sa robe
ce petit seau d'étain. Cela l'ennuie peut-être beaucoup, mais
elle attend que le propriétaire de cet objet incommode l'en
débarrasse en descendant du Car. Sa voisine s'est déjà eiidormie.
elle attend que le conducteur crie le nom de State Street.
Par une belle après-midi de dimanche, cet hiver, pendant
que le soleil, brillant de tout son éclat, faisait fondre la neige
et rendait les passages et certains endroits des trottoirs presque
impraticables , ma mère et moi nous prîmes les Horse-Cars
pour aller dans le quartier du sud voir ma tante. Lorsque
nous montâmes dans le Car, il n'y avait qu'un petit nombre de
personnes : un vieil Irlandais et deux Allemands ; bientôt le
Car se remplit. A Spring Street une troupe de joyeuses jeunes
illles montèrent dans le Car, les deux jeunes gens se levèrent
et permirent à deux jeunes filles de s'asseoir, mais le vieil
Irlandais ne céda pas sa place aux jeunes filles ; il dit : (c Vous
êtes plus jeunes que moi, mes filles, vous pouvez bien rester
debout ! J-) Cela fit rire les jeunes filles, qui lui répondirent
qu'elles n'étaient pas fatiguées. A un autre passage un jeune
homme monta avec une vieille dame. A ce moment le Car
était tellement rempli de voyageurs, que la vieille dame dut se
tenir debout.
La vieille dame avait un collet en fourrure de loutre et de
60 GRAMMAR SCIIOOLS.
grands ganls de la même fourrure, mais sa robe et son clia-
peaii paraissaient usés, sa ligure était très-maigre et elle
paraissait avoir beaucoup soutïérl. Le jeune homme, je crois
que c'était son fils, portait un paletot de peau de piioque
et un bonnet de même étoffe, un petit pantalon de demi-
saison; sa veste de peau de phoque avait des boutons de même
étoffe attachés avec des pattes de fourrure allant d'un côté à
l'autre, mais une seule de ces pattes pouvait servir: les autres
boutons et pattes étaient déchirés et ne pouvaient être d'au-
cune utilité ; le dos de sa veste était à moitié déchiré,
l'une des manches était à moitié usée, ce qui lui donnait uu
grand air de négligence. Jl avait le visage haut en couleur et
il chiquait du tabac. Les joyeuses jeunes fdles se mirent alors
à rire et à se moquer de ce singulier voyageur qui sourit aussi
et qui, pendant un temps assez long, n'ouvrit qu'une fois la
porte pour cracher. Ce fut un très-grand plaisir pour moi de
les observer, car le Car dut s'arrêter à Elisabeth Street pour
laisser passer un grand enterrement. Les jeunes filles et le
vieil Irlandais dont j'ai déjà parlé ne tardèrent pas à se moquer
de riiabit du jeune homme. Mais il fut impossible de le faire
répondre. Peut-être était-il Français et ne les comprenait-il pas.
Peut-être encore était-il trop lier pour faire la moindre atten-
tion à elles. Il se contentait de rire et de cracher dehors le
jus de son tabac. Enfin, le défilé de l'enterrement se termina
et nous arrivâmes bientôt où nous voulions aller.
Adeline p.
Age : quatorze ans.
Mihvaukee (Wisconsin). École du 2" district.
23. — MÊME SUJET,
Comme une promenade en Street-Car est un événement de
chaque jour, presque tous les citoyens de Mihvaukee, depuis le
petit enfant d'une ricbe famille jusqu'au vieux mendiant en
cheveux blancs, sont supposés savoir ce que c'est.
A la sixième avenue, côté du sud, le Car s'arrête j)ar une
brillante matinée, vers sept heures et demie ; comme c'est un
jour où il y a beaucoup d'animation, le Car est plein avant
d'avoir dépassé trois « blocks ». Dans un coin du Car, vous
voyez trois petits garçons au visage brillant et heureux. Ils
vont tous au travail. Leurs vêlements propres, leurs figures
NARRATIONS. 67
animées et pleines d'intelligence, montrent qu'ils sont employés
aux commissions ou à la caisse dans quelque magasin. En face
d'eux sont trois commerçants à l'air soucieux et inquiet, et
deux journaliers portant à la main le vase qui contient leur
dîner. Ils ont cet air satisfait, que l'on trouve souvent chez les
bons Allemands ignorants. Le Car s'arrête tout à coup pour
prendre une troupe d'écolières qui courent après la voiture
depuis deux blocks. Elles se précipitent dans la voiture en
riant, elles me marchent presque sur les pieds, mes voisins ont
le même sort, et elles s'assoient après cinq minutes environ
de remue-ménage. Connue le Car est plein, le conducteur
lance ses chevaux, mais il est hélé près deReed Street par une
femme à l'air paie et maladif; elle porte un bébé dans ses
bras et trois autres s'accrochent à sa robe. Après beaucoup de
confusion, après s'être attiré beaucoup de froncements de
sourcils, elle peut trouver un siège. Nous approchons deSpring
Street, oîi je dois m'arrèter. Je me prépare à descendre, en
pensant à la dilïérence qu'il y a entre certaines personnes, à
tout ce que notre monde contient de misère, de richesse et de
pauvreté, et combien nous sommes ingrats quand nous
devrions remercier Dieu de nous avoir donné la santé, la force
et la liberté.
Mary O'K.
Age : seize ans.
Milwaukee (Wisconsini. École du 8^ district.
!24. — MEME SUJET.
(3^ degré.)
Il y a quelque temps je me suis promenée dans un Street-
Car, et je vais maintenant vous dire ce que j'ai vu. Je m'étais
à peine installée qu'une Irlandaise monta dans le Car et s'assit.
Lorsque le conducteur sonna la cloche pour l'avertir de mettre
ses cinq sous dans le tronc (1), elle ne l'entendit pas, ou bien
(ij Dans certains omnibus américains, il n'y a pas de conducteur à
l'arrière. Chaque voyageur met lui-même le prix- de la place dans
une petite boîte vitrée, d'où la pièce tombe dans une petite caisse
fermée, dont le cocher n'a pas la clef. Chaque voyageur ne doit donc
mettre que le montant juste de sa place. S'il a besoin de monnaie, il
doit en demander au conducteur avant de rien mettre dans le tronc.
68 GRAMMAR SCHOOLS.
elle ne voulut pas làclun- son argent, car elle ne fil pas attention
à cet appel. Enlin, le conducteur sonna si fort qu'elle demanda
à l'un des voyageurs s'il y avait un incendie quelque part.
Lorsque ce voyageur lui répondit qu'on lui demandait le
prix de sa place, elle éprouva un grand soulagement, et elle
mit dans le tronc un billet de banque d'un dollar, puis elle
attendit sa monnaie; mais lorsqu'elle s'ajierçut ({ue le conduc-
teur n'avait pas l'intention de la lui donner, elle se retourna
vers l'un des voyageurs et lui demanda s'il ne pourrait pas la
lui faire rendre.
Ce voyageur dil qu'il la lui ferait rendre et, s'appi'ochant
de la portière, il raconta l'allaire au conducteur, qui lui
répondit ({u'il fallait attendre qu'on fût arrivé à la station du
Street-Car, parce qu'il n'avait pas la clef du tronc. Cette
réponse effraya tellement la pauvre femme (car elle croyait
qu'on allait la conduire au bureau de police), qu'elle se mit à
invoquer tous les saints pour leur demander leur bénédiction
et leur protection.
Nous arrivâmes bientôt au bureau, et le conducteur lui
rendit son argent. Elle se jeta à genoux, lui prit la main et
la baisa en priant les saints de le bénir.
Dans la môme voiture il y avait un liomme qui avait le plus
grand mépris pour la race noire, et qui était bien connu pour
cela dans la ville.
11 n'était pas assis depuis cinq minutes, qu'une femme de
couleur monta dans le Car; mais, avant qu'elle eût pu arriver à
sa place, le Car oscilla, et elle tomba dans les bras de cet
liomme, ce qui ne manqua pas de faire rire tous les voyageurs,
et il prit un air si dégoûté qu'il les lit rire encore davantage.
Enfin le rire devint si général, qu'il descendit du Car.
LiLIAN R.
Age : quatorze ans.
Milwaukee. École du 5^ district.
— MEME SUJET.
(3"= degré.)
Un jour que j'allais en ville, je montai dans un Slreet-Car.
En entrant je vis un bomnie très-pauvre qui ne pouvait pas
payer sa place; je la payai pour lui et il fut bien content.
NARRATIONS. 69
J'agis ainsi, parce que le conducteur allait le faire des-
cendre. Puis le conducteur arrêta le Car et une demoiselle
très-élégante monta. Elle tenait à la .main un bouquet et
un livre. Elle s'assit et se mit à lire. Le conducteur lui
demanda si elle n'allait pas payer sa place. Elle s'excusa en
disant qu'elle l'avait oublié ; elle la paya, puis elle se remit n
lire. Un jeune monsieur monta alors dans le Car, il paya sa
place et se mit à lire un livre qu'il avait ; puis il passa son
livre à la demoiselle, qui à son tour lui passa le sien; ils se
mirent tous les deux à lire et parurent absorbés dans leur lec-
ture. Alors une vieille femme monta dans le Car avec un bébé;
ses vêtements étaient crottés, sa robe était déchirée, le bébé
était enveloppé dans un chàle sale, il avait les pieds nus. Puis
le monsieur sonna, et la demoiselle et le jeune homme descen-
dirent et allèrent à leur école.
Je continuai ma route pendant quelque temps, puis je m'a-
perçus que j'avais été trop loin ; alors j'allai jusqu'à la station,
et je revins quand le Car retourna à l'endroit où je devais
descendre. Le conducteur cria : Spring Street ! Je descendis,
j'allai iaire mes affaires, puis j'attendis un autre Car, et j'allais
y monter, lorsque les traits se brisèrent et la voiture se ren-
versa presque; on remit tout en ordre, j'y montai et je retour-
nai chez moi de cette manière ; j'étais à trois « blocks » de
chez moi et ce fut la fin de la. promenade.
MOLLIE B.
Asre : treize ans.
Milwaukee fWisconsini. École du 8^ district.
26. — MÊME SL'JET.
L'n samedi après-midi, au mois de mars, je montai dans un
Street-Car pour aller à Fiilton Ferry. Comme la distance était
longue, je m'installai aussi commodément que cela me fut pos-
sible (c'est-à-dire d'une manière très-incommode, pour ne rien
dire de plus), et je m'amusai à observer les voyageurs. En face
de moi était un monsieur assez âgé, à sa droite était une jeune
femme et à sa gauche un siège inoccupé. Le Car s'arrêta tout à
coup et une vieille dame monta. Son air agité témoignait claire-
ment qu'elle n'avait pas l'habitude de voyager. Après avoir roulé
pendant dix minutes, elle songea au prix de sa place. Elle tira
de sa poche un portefeuille qui avait l'air d'avoir appartenu à
70 GRAMMAR SCHOOLS.
Noé,etelIe y prit un billet de dix dollars. Le conducteur, après
avoir compté et recompté sa monnaie, vit qu'il ne pouvait pas
changer ce billet. Le yieux monsieur dont j'ai, parlé, qui était
à droite de la dame, essaya inutilement de le changer, puis il
lui ofirit poliment un billet de Car (1). La dignité de la vieille
dame fut ofïensée d'une telle offre, elle se leva et ordonna au
conducteur d'arrêter la voiture et de la descendre. Lorsiju'elle
fut partie, le vieux monsieur se tourna vers la jeune femme
qui était à sa droite et lui dit assez haut pour être entendu :
« Voilà bien la femme qui a le plus mauvais caractère du
monde! »
Vn peu plus loin un jeune monsieur (du moins il se regardait
comme tel) monta dans le Car, et prit le siège laissé libre par
la « femme du plus mauvais caractère » et s'amusa à dessiner
la carte de l'Afrique avec sa canne. Apercevant à l'autre bout
du Car une dame habillée à la dernière mode, il arrêta un petit
marchand de Heurs qui circulait dans le Car, et je l'entendis
dire à cet enfant : « Portez ces Heurs avec mes compliments à
cette dame, » et en disant ces mots il mit un billet de banque
dans la main de l'enfant. Celui-ci alla à l'autre bout du Car et
fit sa commission. La dame salua, prit froidement les Heurs et,
ouvrant une fenêtre près d'elle, elle jeta dans la rue le con-
tenu du panier. Tous les voyageurs se mirent à rire, et je crois
que le jeune monsieur (ou plutôt le jeune fat) n'eut que ce
qu'il méritait.
Mary S.
Age : seize ans
Milwaukec (Wisconsin). École du 1" district.
î27. — MÊME SUJET.
Nous étions parties de chez nous avec la pensée de passer
une matinée très-agréable; mais par où commencer? c'était là
la question qui nous inquiétait. Assurément il y avait la visite
des magasins que nous pouvions prolonger indéllniment, car
mon amie était venue à la ville pour acheter son trousseau.
Mais c'est une chose si ennuyeuse, à moins d'avoir carte
blanche pour acheter tout ce qui est «. parfaitement charmant»,
(1) Billets d'abonnement qu'on peut acheter à l'avance et qui
peuvent servir dans tous les omnibus.
NARRATIONS. 71
-et tout ce qui a convient particulièrement à votre genre de
beauté », que nous résolûmes de remettre cette visite à plus
tard. Comme nous descendions la ville en Street-Car, j'eus une
très-heureuse idée : je proposai à mon amie de continuer notre
promenade jusqu'au bout delà ligne, ce qu'elle accepta aussitôt.
Alors nous nous installâmes bien à notre aise dans un coin et nous
nous disposâmes à nous amuser de tout et de rien. Pendant
une distance de deux ou trois « blocks » nous eûmes le Car à
nous toutes seules. C'est alors qu'entra en scène le plus vieux
spécimen de l'humanité que j'aie jamais eu le plaisir de voir.
Je crois qu'elle aurait pu être Ja véritable vieille dame « à la
grosse boîte, à la petite boîte, à la boite à chapeaux et au pa-
•|uet ». Comme ses nombreux paquets paraissaient l'embar-
rasser, nous offrîmes poliment de lui aider, mais elle ne parais-
sait pas être le moins du monde disposée à se séparer d'aucun
de ses précieux fardeaux. Mais enfin elle vit qu'il lui était de
toute impossibilité de monter dans la voiture sans notre
secours, et elle nous laissa prendre ses paquets avec beaucoup
de répugnance. Quand nous les lui rendîmes, elle les cojnpta
pour bien s'assurer qu'ils étaient tous là. Enfin elle fut con-
vaincue qu'il n'y manciuail rien et elle s'installa pour jouir de
sa promenade en Car.
Lorsque nous arrivâmes à Broadway, le Car s'arrêta de nou-
veau, et, après nous avoir fait attendre au point d'épuiser
notre patience , un jeune monsieur monta nonchalamment
et s'assit dans le Car. Il était très-bien mis, sa cravate était
sans défaut, sa canne irréprochable, ses gants d'une blancheur
déUcate, et son lorgnon d'or était suspendu à sa chaîne. Après
avoir regardé autour de lui pendant quelques minutes, il prit
son lorgnon et nous examina froidement de la tête aux pieds.
Décidant évidemment que nous ne valions pas la peine qu'il se
mît en frais pour nous fasciner, il se rejeta au fond de son
siège, et quoique, à son propre point de vue, il fût un si grand
])ersonnage, il se plongea dans le néant complet à notre égard.
•le sais bien que cela va paraître absurde aux personnes
qui n'étaient pas intéressées dans l'affaire, mais je vous assure
^jue cette petite comédie nous avait bien anmsées.
LiLLIAN T.
Age : seize ans.
Mihvaukee (Wisconsin). École du 1-' district.
tZ Gl'.AMMAR SCHOOLS.
28. — LA NEIGE (1).
(Composition en anglais) (i).
(4* année.)
Quand l'iiiver commence, il neige. Dans certains pays, lu
neige tombe en si grande abondance (jue toutes les routes sont
obstruées; quel({uefois les habitants sont gelés et meurent de
(1) Nous donnons, anx n°' tî8 et "IH bis, deux petites compositions
rédigées par la même élève, la première en anglais, la seconde en
allemand, toutes deux faites en classe, sans aucun secours étranger.
Les élèves d'un certain nombre d'écoles primaires de Cincinnati a}i-
])rennent simultanément les deux langues : la classe du malin est
faite en anglais, par une inslitiitricc américaine ; celle du soir est faite
en allemand, par uno institutrice allemande.
(2) Voici le texte anglais de ce devoir :
A Sxow Storm.
^Vhen winter commences it snows. In some countries tlie snow
falls so deep that people can not walk athrough and sometimes freeze
and starve to detli. Tlie snow is a fine si)ort for children. Wlien the
snow lias fallen tlie boys and girls corne with tlieir skates and sieds
and ride merrily down the hills. Wben they fall in tlie snow they do
not care but get up again and go forth plaving with the othcr boys.
On higli mountains the snow keeps laying the whole ycar. No animal
or people can live tliere or no plants can grow tliere. Some ]ieople
bave large sleighs with horscs and when they pass to bave some sport,
the children throw snowballs at them. Often liorses fall and break
tlieir legs. The snow is a fine sport for children. Sometimes when the
Sun sliines the snow melts and it is very dirty. When the gutters
freeze the children come with shawls to keep them warni and tliea
make sleightentracks and slide. The snow storm is very windy, and
when it snows , sorne people love to go out. When the snow falls
deep some people takc suffels and suffel the snow of the pavement,
so that people can walk on again. When it snows it does not tiiun-
der and lighten like hy the rain. On some places the snow falls five-
to seven fcet high. The snow is very uscful for plants, it keeps them
warm. When it is very cold the snow does not fall lliick but very fine,
but when it is not so cold the snow falls very thick. When the boys-
or girls fall at their i)lay they do not care, but stand up again and }tlay
forth with the otiier children. In our country in the temperate zone
tliere is not much snow and the snow does not fall so thick, but
when the snow falls and the sun comes the snow ail melts again.
It is not so cold hère. No birds sing like in summer, everything is-
while and covcrcd with snow. In the frigid zone some men ride-
NARRATIONS. 73
froid. La neige est un grand plaisir pour les enfants. Lorsqu'il
est tombé de la neige, les petits garçons et les petites filles
prennent leurs patins et leurs traîneaux et glissent joyeuse-
ment le long des collines. Lorsqu'ils tombent, cela ne leur
fait rien,' ils se relèvent et courent rattraper leurs compagnons
de jeu. Sur les hautes montagnes la neige séjourne pendant
toute l'année, .\ucun animal, aucun homme ne peut y vivre; il
n'y pousse pas de plantes.
Ceux qui ont de grands traîneaux avec des chevaux vont se
promener sur la neige : les enfants leur jettent des boules de
neige en passant. Il arrive souvent que les chevaux tombent et
se cassent les jambes. La neige est un grand plaisir pour les
enfants. Quelquefois, lorsque le soleil brille, la neige fond, et
alors il y a beaucoup de i)0ue. Lorsque les ruisseaux gèlent,
les enfants s'enveloppent avec des châles pour n'avoir pas froid
et font des gUssades pour s'amuser.
Une tempête de neige est accompagnée de beaucoup de vent,
et certaines personnes aiment à sortir lorsqu'il tombe de la
neige. Dans les villes, quand la neige tombe en abondance, il y a
des gens qui prennent des pelles et qui l'enlèvent des trottoirs,
de sorte que l'on peut marcher comme avant. Quand il neige, il
n'y a ni tonnerre ni éclairs, comme lorsqu'il fait de la pluie.
Dans certains endroits la neige atteint cinq ou sept pieds de
hauteur. La neige est très-utile pour les plantes, elle les em-
pêche de geler. Quand il fait très-froid, la neige n'est pas épaisse,
elle est très-tine ; mais lorsqu'il ne fait pas froid, elle tombe en
flocons très-épais. (Juand les garçons ou les filles tond^ent en
jouant, cela ne leur fait rien : ils se relèvent et continuent de
jouer avec les autres enfants. Dans notre pays, situé dans la
zone tempérée, il n'y a pas beaucoup de neige, et elle ne
tombe pas en flocons très-épais. Lorsqu'il tombe de la neige
et que le soleil paraît, toute la neige fond et disparaît. Il ne
fait pas très-froid ici. Les oiseaux ne chantent pas comme
pendant l'été : tout est blanc et couvert de neige. Dans la zone
glaciale, on voyage dans des traîneaux attelés de renards et de
lennes. La rafale de neige produit un bruit qui ressemble à un
sloigh witli foxen and raindeers. The snow storm makes a liowling
noise. Sometimes ia winler it is not so very cokl. Not many poopl&
are out, every thing is still on Ihe streets.
Time 40 min.
Copving 50 min.
Feb. 18, 1876.
74 GRAMMAR SCIIOOLS.
hurlement. Quelquefois il ne fait pas trés-lVoid pendant i'Iiiver.
Il n'y a pas beaucoup de monde deliors, tout est silencieux dans
les rues.
LiSETTA II.
Cincinnati (Oliio), lî'r district.
iO minutes ponr la composition. 50 minutes pour la recopier.
28 bis. — LE SAPIN.
(Composition en allemand) (1).
Le sapin, haut et élancé, est un arbre forestier et un coni-
fère. Sa racine ligneuse pénétrant peu avant dans la terre, s'y
étend beaucoup. Sa tige haute et forte s'élève perpendiculai-
rement, elle est recouverte d'une écorce rugueuse, d'un blanc
grisâtre. Un suc épais, qu'on appelle résine, s'écoule de l'écorce.
De cette résine on retire de la térébenthine, du goudron, de
la poix, de la colophane. Les branches s'étendent presque hori-
zontalement et sont verticillées autour de la tige; elles sont
longues en bas et deviennent plus courtes vers le haut, de façon
à se terminer en pointe et à donner à la cime toujours verte
la forme d'une pyramide. Les feuilles du sapin sont des ai-
guilles longues, dures, raides, crénelées et attachées à la
branche comme les dents d'an peigne. Les fleurs sont des cha-
tons d'un pouce de long qui se changent, au bout de quelque
temps, en cônes pendants d'environ 6 ou 8 pouces : ces cônes
renferment la graine. La couleur du sapin est d'un vert sombre.
Les sapins peuvent atteindre une hauteur de 10(1 à 1.50 pieds.
De leurs troncs, quand ils sont grands et droits, on fait des
mais de vaisseaux ; ou dans les scieries on les débite en poutres,
madriers, planches et lattes. Les sapins donnent le meilleur
bois pour les constructions navales. On les plante souvent
<:omme ornement dans les jardins. Le sapin est employé de
préférence comme arbre de Noël, parce que c'est l'arbre dont
la forme est la plus belle et la plus élégante.
LiSETTA H.
Age : neuf ans.
i5 minutes pour la composition. Une heure pour la recopier.
(1) Voici le texte allemand :
Xk hof)c, fd)(anfe Tauue i^cl)ovt yi tcn {sic) 'ï'ùciMwmn, nnb ift aitd)
4?in 9îatv:ll)el^baum. 5)ie in tcv (S'vtc ntd^t ticf cinn-tiu]cnbc l)L'*lyi^c
NARRATFOXS. 75
"29. — LES FEUILLES.
Les feuilles sont la parure des arbres, et sans elles il n'y
aurait pas de fruit. Elles ont toutes les dimensions et toutes les
formes depuis la feuille de la fougère jusqu'à la feuille du
palmier. Au centre de la feuille il y a un tube ou une côte qui
va d'une extrémité à l'autre et d'où partent beaucoup de petits
tubes. Ces petits tubes forment la charpente de la feuille, et
ils lui sont aussi utiles que les veines dans le corps humain.
Ces côtes sont de différentes dimensions selon la grandeur de
la feuille ; la côte centrale de la feuille de palmier est si
grande que les naturels s'en servent comme d'une rame.
Les nègres d'Afrique emploient les feuilles de palmier pour
se faire des chapeaux et pour couvrir leurs maisons. En au-
tomne les feuilles de certains arbres perdent leur couleur
verte et deviennent rouges et jaunes, alors les forêts ressem-
blent à des océans de vert et d'or. Il y a une plante nommée
népenthe dont la feuille enroulée a la forme d'une cruche
^itamnnvur^cl ï»ercreitet jïc^ feftr in berfetben. (i'tn bîrfer, f)ef)er
-itamm erbebt nrf» axi^ ber -Stammunir^et, ter fenfrcrf^t in bie ^§o^e
y-5ct)t, ter mit eîner ivciBgvauon, rifnoicu ))linic berccft ift. î^er 9tint:
entquiUt ein rtrfiiiiifnc(er San, ren luau S^àï\ nennt. 3(uê riefem
Ôar^e [ircrrcn] ier;''eutin, îbecv, '^'■cd} nnr (ioUn^ÎHMitum beveitct.
î)te 3(eùe ftnt fait iragercd)t au^^^cfivecft; ik ûedeu auirlformio[um un
itamm ; untcn finb tte 3(efte Kin^^cr, ncd> (sic) obcu îvcrten fie fiir^ere
îo taç eé tu cine Svi^c cntiç\t, unr faç rie immerç\riuie 33aum!ron,
cîner iNi^ramire interdit. Tic ^-Blatter ber Xaxuu fine lancée, ^arte,
fteife aué^erantete Divtreln, rie fammformîv-^ an fen Swma, geveibt
nnb. rie ^^liitfien finb ^oIlKiuo[e Jlàg.cl^en, rie îid} ncidj einic|er 3eit
in 6—8 3oit Kino(e fiam^enre ^anneu^apfen i\*riranreln. 3n nqcn
3apfen ii^t rer iame. Tie Xvinnenfarbe ift rmife^nin. î!îe
Xanuen fonnen eine ^ôfic \\m 100 bU 150 y^uç erveirfHni. 5(uê ben
atten, i"d»lanfen Xvinnenftammcn marf^t man Srfnifêmaùen. Tk Stant;
men {sic) wcxtcn andj in rer Sagemiit^e ^u Satten, '-ÎJretter, ^fc^fien
nnb ^Bvilfen ;ievfrfntitten. Tic Xannen geben une aud} baê i^or^i:.;;
lidM'te 2dnfr>KiufH'»(^ £jt irirr ber Xannenbaum clU 3ierre in
©avteu gevflvin^t. I^ie Xanne nnvr am liebften aU (ibriftbânmcèen
i^enugt, vocil ik rie frf^onfte nnb ^teriid:)fte ^i^aumform f)at.
^vîiffetta ôaucf.
3eit : 45 iOtiuuten.
'^(bfdn'ift : dnc Sniure.
23. ^^-ebvuav 1876.
76 GRAMMAR SCHOOLS.
avec un couvercle qui est presque fermé parce que la plante
est toujours pleine d'eau. On appelle souvent cette plante la
coupe du singe, parce que les singes lèvent quelquefois le cou-
vercle pour boire l'eau. Il y a très-peu de népenthes aux États-
Unis, mais ils sont très-communs dans l'ile de Ceylan.
"Les feuilles d'un nénuphar d'Amérique ont presque la forme
d'un cœur, et certains nénuphars qui croissent dans les tropi-
ques ont la forme de canots.
On cultive le mûrier à cause de ses feuilles qui nourrissent le
ver à soie.
A l'époque de la Révolution, lorsque la nourriture était rare,
les colons de la frontière faisaient bouillir les feuilles du hêtre
et les mangeaient.
Les feuilles sont d'une grande utilité pour les soldats en
temps de guerre : ils en font des lits.
Robert K.
Age : onze ans.
Boston (Massachussets). Harvard grammar Scliool.
30. — LES FLEURS.
Les fleurs poussent dans toutes les parties de la terre
excepté dans l'extrême nord, mais il y a une grande difTérence
dans leur couleur, dans leur parfum et dans l'époque à laquelle
elles s'épanouissent.
Dans la zone torride, elles ont des couleurs très-brillantes,
mais elles u'ont pas de parfum, et elles s'épanouissent toute
l'année.
Dans la zone tempérée leurs couleurs ne sont pas si bril-
lantes, uiais elles ont plus de parfum; elles ne s'épanouissent
pas pendant toute l'année, mais seulement au printemps, à
l'été et à l'automne.
Dans la zone glaciale c'est à peine s'il va des fleurs, et celles
qui y sont ne durent que très-peu de temps
Ce que nous venons de dire s'applique aux fleurs qui pous-
sent en liberté dans les différentes zones ; mais maintenant
nous avons dans nos jardins beaucoup de fleurs qui autrefois
ne poussaient pas naturellement dans notre pays. On les a
apportées ici des pays étrangers et elles se sont faites à notre
climat. Quoique nous n'ayons pas ici de fleurs pendant l'hiver,
NARRATIONS. / /
elles lie nous font pas cependant défaut, car nous avons de
grandes serres où nous pouvons entretenir une température
tempérée convenable à toutes les fleurs.
L'une des plus belles fleurs est la rose. On la trouve par
toute la terre, comme fleur sauvage et comme fleur de jardin.
11 y a environ quatre-vingt-huit espèces de roses. Leurs cou-
leurs varient depuis le blanc sans tache jusqu'au rouge le plus
foncé, et elles présentent les différentes nuances de l'écarlate
et du jaune. Le parfum de la rose est très-recherché en
Turquie, oii il y a des champs entiers plantés de roses. On
extrait des feuilles de ces roses une huile dont une goutte,
apportée ici, coûte un dollar.
L'œillet est bien connu. 11 a à peu près la même couleur que
la rose. Mais son parfum diffère entièrement de celui de la
rose.
Les violettes, le lilas, le lis et les boutons d'or sont à peu
près les premières fleurs qui s'épanouissent au printemps.
Il y a des fleurs qui ne s'épanouissent pas la première année
après qu'elles ont été plantées, d'autres qui ne s'épanouissent
qu'une fois en cent ans.
Rosalie R.
Age : treize ans.
Mihvaukee (Wisconsin). H^ district.
31. — LES POCHES.
Les poches sont très-utiles. 11 y a beaucoup d'espèces de
poches que je n'aime pas autant qu'une poche dans une robe.
Un jour, à une petite représentation scolaire, je jouais avec
mon frère dans un Dialogue où il était aussi question d'une
poche. Ce dialogue s'appelait : « Le Trou dans la Poche ; » c'était
un petit Qiivrage très-comique. Voici le sujet : « Je parie que
vous ne devinez pas ce que j'ai dans ma poche. » Et il disait
que j'avais une balle ou quelque chose de cette espèce. — « Non,
ce n'est pas cela. » — « Alors je ne peux pas deviner. » — « Eh
bien, petit niais que vous êtes, il n'y a pas autre chose dans ma
poche qu'un grand trou, et il faut que j'ailb le faire raccommoder
par maman. »
Il y en a donc de plusieurs espèces. Les unes sont de petits
sacs qu'on appelle des poches et dont on se sert pour mettre les
petits paquets qu'on achète sur son chemin.
78 GRAMMAU SGHOOLS.
Les poclies que je préfère sont les poches qui sont dans les
manteaux, dans les tabliers et dans les robes, parce que lorsque
vous avez quelque chose que vous ne voulez pas qu'on voie,
vous pouvez aussitôt le mettre dans votre })oche. Et lorsque
nous voulons porter quelque chose à l'école, nous pouvons le
mettre dans notre poche; ainsi c'est notre poche qui le portera
et non pas nous.
Elles sont si utiles que vous pouvez y porter n'importe quoi,
à moins que l'objet ne soit trop gros pour y entrer.
Tenez, si vous voulez porter une pomme à l'école, mettez-la
dans votre poche et emportez -la avec vous.
Je ne sais pas ce que je deviendrais si je n'avais pas une
poche à ma robe. Je suis sûre que les personnes qui n'en ont
pas sont bien ennuyées de porter dans leurs mains ce qu'elles
ont à mettre dans leurs poches. Je vous assure que je ne
voudrais pas y être obligée.
Cette année, tout est au Centenaire, et je suis sûre qu'il y
aura des poches-centenaire, il y a bien des bonnets-cente-
naire !
Les garçons ont des poches à leurs jaquettes, à leurs vestes
et à leurs pantalons ; ils les remplissent toujours de quantité
de saletés, de fer, de cuir, de pierres et de bien d'autres choses
qu'on ne peut pas imaginer. Je ne sais comment ils peuvent
porter toutes ces saletés dans leurs poches. Je ne le pourrais
pas, moi.
Je voudrais bien voir un garçon passer une journée sans ses
poches; ma foi! il ne saurait pas oîi mettre le fer, le cuir, les
pierres et tout le reste. Je ne vois donc pas comment un garçon
pourrait se passer d'une ou de plusieurs poches.
Il y a beaucoup d'autres espèces de poches dont je ne puis
pas parler ou que je ne puis pas imaginer et qui ont de très-
drôles de noms.
Mary ^
Age : douze ans.
Newark, comte d'Essex (New Jersey).
32. — LES CHEMINS DE FER.
Les chemins de fer, qui sont maintenant le plus utile de
tous les moyens de transport, furent inventés par George
NARRATIONS. 79
Stephenson, le pionnier des chemins de fer. C'est l'une des plus
grandes inventions que le monde ait jamais produites.
Avant l'invention des chemins de fer et des locomotives, on
voyageait dans les ennuyeuses diligences et autres véhicules
de cette espèce. Mais maintenant, depuis l'invention des che-
mins de fer et des locomotives, on n'emploie presque plus les
diligences, si ce n'est en attendant que les chemins de fer soient
construits.
Les premiers chemins de fer qui furent construits, il v a
près de cent ans, étaient déjà un grand progrès sur la dili-
gence, mais ils n'étaient rien si on les compare à ceux que
nous avons maintenant. C'étaient simplement des voies ferrées
sur lesquelles on faisait de trois à quatre milles à l'heure ; et
personne n'osait y monter.
Les voitures que nous avons maintenant sont elles-mêmes
un plus grand progrès sur celles des premiers chemins de
fer que celles-ci ne l'étaient sur la diligence. Les routes que
nous avons maintenant diffèrent de la voie ferrée d'autrefois,
non-seulement pour la vitesse, mais aussi pour les différents
usages, par exemple : l'ancienne voie ferrée n'était pas appro-
priée au transport des voyageurs, tandis qu'aujourd'hui, non-
seulement nos trains sont composés de voitures appropriées
au transport des voyageurs, mais ils offrent encore tout le
luxe qui peut augmenter le bien-être des voyageurs ; ainsi on
a des voitures destinées à servir de chambre à coucher, des'
voitures où l'on peut manger et appelées wagons-hôtels ; on y
a du feu, de la lumière et beaucoup d'autres choses que les
anciennes voitures n'avaient pas.
Lue autre chose bien merveilleuse, c'est l'extension des
chemins de fer, depuis le chemin de fer de Baltimore à TOhio
jusqu'au grand chemin de fer du Pacifique, fjui a trois mille
six cents milles de long, tandis que le premier n'avait que
cent trente-cinq milles.
Howard G.
Age : douze ans.
Mihvaukee (Wisconsin). École du 9® district.
33. — LES LIVRES.
Les livres sont très-utiles. H y a les livres allemands et
anglais. 11 y a aussi des livres qui ne sont pas utiles et que
80 GllAMM\R SCIIOOLS.
i"oti [)L'Ul se procurer chez les libraires })Our cinq ou dis. cenls;
ou les appelle des romaus. Il y a des garçons qui vont dans la
i)ibliotliè(jue et qui prennent des livres lorsqu'ils ont fini de
lire les leurs. Une bibliothèque est un recueil de livres, .l'ai
entendu dire une histoire qu'on nous a donnée à écrire en
rédaction aussi.
Il s'agissait d'un garçon qui avait un bateau. H le mit à l'abri
dans un hangar. Comme il n'y avait pas d'école le lendemain, on
devait lancer le bateau. Il invita donc quelques-uns de ses
camarades à venir lancer le bateau. Le matin du jour où le
bateau devait être lancé, un garçon passa par là avec un panier
plein d'œufs et un chaudron plein de fromage. Il allait au
marché vendre le froniage et les œufs qu'il portait. Or il aper-
çut le bateau et se dit : « Je vais rendre Charles Benton
furieux, » et il brisa les mats du bateau. Charles se leva de
bonne heure le matin pour voir si son bateau était encore où
il l'avait nus. Il avait fait ses devoirs la veille afin de pouvoir
s'amuser toute la journée à le lancer. Eu arrivant, il vit qu'on
avait écarté la grosse pierre qui fermait la porte et qu'on avait
brisé le bateau; il devina aussitôt qui avait fait le coup. Il
courut chez lui et dit à son cousin que Fritz Brown avait
brisé son bateau : « Mais je lui rendrai la monnaie de sa
pièce; lors([u'il ira au marché demain, je placerai une corde
en travers du sentier, il tombera dessus, il cassera tous
Jes œufs qu'il aura dans son panier, et il abîmera tous ses
habits avec les œufs. » Son cousin lui dit que cela ne serait pas
bien, « mais, ajouta-t-il, je vais vous dire le tour qu'il faut lui
jouer. S'il revient demain avec ses œufs, demandez-lui s'il ne
voudrait pas lire un de vos livres. » Le lendemain donc, lors-
qu'il passa, Charles lui demanda s'il ne voudrait pas lire un de
ses livres. « Oh ! bien sûr, dit-il, j'en aurai grand soin, » Charles
lui dit: «Si je vous le prête, il ne faudra pas le détruire comme
vous avez détruit mon bateau. » A ces mots, Fritz devint rouge
comme du feu. C'est la manière de savoir si les garçons ou
les {illes ont commis quelque faute. Charles donna le livre à
Fritz et s'en alla chez lui.
Franz V.
Age : douze ans.
.Miiwaukce (Wisconsui). G' district.
NAR HATIONS.
31. — LES JOURNAUX.
Il n'y a peut-être rien dont on se soucie aussi peu que d'un
vieux journal. Beaucoup de personnes pensent que lorsqu'on en
a lu les colonnes, il est complètement inutile, et qu'il n'est plus
bon qu'à jeter. D'autres, au contraire, l'estiment beaucoup
plus, et le ramassent comme un avare ramasse son or. La pre-
mière de ces deux classes de lecteurs est de beaucoup la plus
nombreuse : ils jettent négligemment les yeux sur le journal,
lisent les, décès, les mariages, les incendies et les accidents ;
peut-être cherchent-ils le dernier scandale, et, à moins qu'ils
ne trouvent en grande abondance cette espèce de nouvelles
dont ils sont friands, ils repoussent le journal avec dégoût et
le jettent au panier... et peut-être ailleurs.
Pour l'homme qui pense, le journal est un visiteur très-bien
venu, il est aussi nécessaire à son esprit que la nourriture
qu'il mange l'est à son corps, et il a d'autant plus de valeur
pour lui qu'il y trouve moins de ces nouvelles dont nous par-
lons plus haut. Le journal devrait se trouver dans chaque
famille, les opinions qu'il émet devraient être judicieusement
pesées, et on devrait le ramasser soigneusement pour pouvoir
le consulter plus tard ; car c'est un fait bien établi que l'on
peut glaner dans les colonnes d'un journal bien rédigé plus de
renseignements pratiques, scientifiques et généraux que ne
nous en fournissent mille volumes.
Prenez n'importe quel journal de premier ordre, quelle
înine de richesses s'ouvre devant vous! Ici une critique sur les
beaux-arts, là le compte rendu d'un livre que nous voudrions
bien posséder, mais que nous sommes trop pauvre pour ache-
ter ; ici le canevas d'un cours public presque aussi complet que
le cours lui-même ; une perle poétique, une belle pensée pré-
sentée dans un beau langage, une opinion émise avec beau-
coup de soin ; tout cela mis à la portée des plus pauvres et des
derniers d'entre nous afin que nous puissions y méditer et v
réfléchir pour notre avantage et pour celui de nos semblables.
Une presse sans entraves est et doit être la gloire de tout
peuple libre, et nos pères, en formant notre gouvernement,
tirent bien de l'entourer de ses garanties constitutionnelles.
Aucun peuple n'a à craindre la perte de ses libertés tant
(ju'il existe une presse indépendante. C'est un ami sur lequel
jious pouvons compter. Bien qu'il puisse arriver que nous
82 GRAMMAR SCHOOLS.
n'adiiietlions pas toujours les opinions de la presse, (iemaiii
elle peut toucher une corde populaire; alors nous oublions
notre rancune et nous éprouvons pour elle ce sentiment qu'é-
prouvent l'un pour l'autre de vieux amis qui font la paix après
une longue brouille.
Noire progrès comme nation, progrès dont nous sommes
tiers de parler à l'épocjue du Centenaire, est du autant, sinon
plus, à l'influence exercée par nos journaux qu'à toute autre
cause. Les journaux sont des moyens d'instruction plus puis-
sants que les livres, que les écoles ; et leur inluence est
incommensurable, illimitée. Avec la Bible que tout le monde
peut ouvrir, avec une presse libre, et avec notre système natio-
nal d'éducation, nous n'aurons jamais à craindre une chute
nationale ou un déshonneur national.
Avec la Bible qui enseigne aux hommes la grande leçon de
l'amour de Dieu et de la a paix sur la terre », avec la presse
pour donner l'alarme, sonner le tocsin et nous avertir de tout
empiétement sur nos droits, avec les écoles publiques pour
instruire la jeunesse et lui apprendre à user convenablement
de ses privilèges, on ne dira jamais que notre pays a eu le sort
de ces Étals qui ne sont que trop connus dans l'histoire. Leur
carrière doit nous servir d'exemple et nou5 faire éviter ce
gouffre dans lequel ils ont été engloutis et les écueils sur les-
quels ils ont terminé leur existence.
Charles S.
Age : seize ans.
Comté d'Hudson (New Jersey). District n° 11.
ôo, — LA MALN.
Que la main humaine est petite, et cependant quel merveil-
leux et puissant organe î On ne fait que trop souvent servir ce
merveilleux organe à de mauvais desseins! La première fois
qu'on s'en servit, pour ainsi ilire, elle s'étendit pour commettre
un acte de désobéissance en prenant le fruit défendu dans le
Jardin de l'Eden ; et peu de temps après, lorsque Caïn tua son
frère Abel, ce fut la main qui commit le crime ! Ce fut la main
qui tressa la couronne d'épines et qui la mit sur la lèle de
notre Sauveur, qui ensuite le crucifia et lui perça le coté. Tous
NARRATIONS. 83
les vols, tous les meurtres dont nous lisons le récit chaque
jour sont commis par la main, quoiqu'elle puisse avoir des
instruments pour l'aider.
La main fait beaucoup plus de bien que de mal. L'aspect
actuel du monde est bien différent de ce qu'il était à l'époque
de la création, et c'est ce petit membre, la main, qui a été
l'instrument au moyen duquel celte transformation s'est opérée.
Il est vrai qu'elle est dirigée par l'esprit, mais la direction
serait inutile si la main n'accomplissait pas le travail. Les
grandes pyramides d'Egypte, dont l'une recouvre 11 acres (1)
de terrain, la grande muraille de la Chine, les aqueducs romains
et l'horloge merveilleuse de la cathédrale de Strasbourg attestent
la puissance et l'habileté de la main.
Voyez les grands changements et les grands progrès qui ont
été accomplis par la main dans notre pays pendant les der-niers
cent ans : le canal de l'Erié, le pont suspendu sur le lleuve
Niagai'a, des chemins de fer qui s'étendent de l'Atlantique au
Pacifique, qui sillonnent le pays en tous sens et qui unissent
beaucoup de grandes villes. Les nombreux navires qui tra-
versent l'Océan, portant des marchandises travaillées par la
main, ont été construits par la main. C'est la main qui a tra-
duit la Ijible en différentes langues. C'est la main qui construit
des écoles, des collèges et des églises pour l'éducation et pour
la sanctification du peuple. C'est la main qui, après avoir écrit
des livres, fait des machines pour les imprimer.
Avec de la pratique, on peut faire faire à la main tout ce
qu'on veut. On peut converser au moyen de la main, et il est
vraiment étonnant devoir avec quelle rapidité on peut le faire.
On peut arriver, par l'exercice, à faire courir ses doigts sur
les touches d'un piano de manière à ne frapper que les touches
qu'on veut frapper, et alors se fait entendre la plus belle mu-
sique. Les ouvrages manufacturés sont ainsi appelés parce
qu'ils furent faits d'abord avec la main, manus signifiant main;
plus tard la main fit des machines pour l'aider dans son tra-
vail, et ces ouvrages furent faits par des machines, mais on
les appela toujours manufacturés. Au moyen de la trigonomé-
trie, la main, guidée par l'esprit, peut mesurer la distance
d'une planète à une autre quand même il y aurait des millions
de milles. Par la main nous pouvons exprimer nos pensées sur
le papier et les envoyer à nos amis absents. C'est la main qui
(I) L'acre anglaise vaut un pea plus de iO ares.
84 GRAMMAR SCIIOOLS.
construit toutes les lignes télégraphiques au moyen desquelles
elle peut envoyer un message à des milliers de milles à travers
l'Océan, en quelques minutes.
Ce fut la main de Thomas .lefferson, de la Virginie, qui écri-
vit la déclaration d'Indépendance (1). Ce fut la main puissante
de l'homme qui prit Tépée pour obtenir cette indépendance;
et cette main est toujours prête à défendre notre pays et à
en maintenir la glorieuse indépendance. Ce fut la main de
Washington qui déroula pour la première fois notre beau dra-
peau rayé et semé d'étoiles.
Pendant cette année, qui est la centième de notre Répu-
blique, il y aura à IMiiladelphie une exposition des meilleurs
produits des manufactures à laquelle prendront part toutes les
nations.
Nous ne pouvons aller nulle part sans voir beaucoup de
belles choses très-utiles faites par la main ; et nous sommes
assurément obligés de reconnaître que la main qui a fait un si
merveilleux instrument est divine.
Mary H.
Age : dix-sept ans.
Comté de Monmouth (New Jersey). District n° 4-9.
36. — LA SIESTE DE L'APRÈS-MIDI.
Dans un charmant petit endroit bien situé sur la rive gauche
du fleuve Saco, au milieu des collines, s'élevait une petite ferme
brune.
On était au mois d'août; le fermier était assis dans son fau-
teuil, fumant sa pipe; sa femme, vieille dame à l'air agréable,
était occupée à nettoyer la table oii l'on avait diné. Sa petite-
fille, qui était très-gentille, était assise sur le plancher où elle
s'amusait avec sa poupée ; elle la quitta pour grimper sur les
genoux de son grand-père, et, pendant que celui-ci fumait, elle
s'amusait à attraper des mouches.
Le vieillard posa ses mains sur la tête de la petite fille et
des larmes coulèrent de ses yeux lorsqu'il pensa que bien sou-
vent la mère de cette enfant, qui était morte, s'était assise à
la même place, et la petite fille, le voyant pleurer, pensa que
(1) Adoptée le i juillet 1776 par le Congrès, qui siégeait alors à
Philadelphie.
NARRATIONS. 85
c'était le tabac qui en était cause ; elle lui dit : « Ne fumez
pas, grand-papa, voyez comme cela vous fait pleurer ! » Sa
femme était occupée à filer au rouet, et la vieille horloge de
cuivre qui était sur la cheminée avait sonné trois heures ; mais
le fermier resta dans son fauteuil. La petite fille s'appuya contre
sa poitrine; la tête du vieillard s'inclina sur la tête blonde de
l'enfant, et ils s'endormirent tous les deux profondément pen-
dant cette belle après-midi d'été.
Maggie B.
Age : douze ans.
Boston (Massachussets). Shurtleff grammar Scliool.
37. — HISTOIRE D'UN PETIT MARCHAND DE JOURNAUX (i).
Lundi matin je pris mes journaux comme d'habitude et
j'allai dans la rue pour les vendre. J'avais le. Daily Neivs, la
Tribune, le Morning Paper et beaucoup d'autres. J'en avais
vendu environ six quand un grand cri me fit tressaillir; je me
retournai pour voir ce que cela signifiait. Quelle fut ma sur-
prise et mon horreur en voyant une vieille femme battre un
petit garçon qui pleurait amèrement ! Je courus à elle et lui
donnai un coup sur la tête, elle tomba parterre. Ensuite je
pris le petit garçon par la main et nous nous en allâmes.
Lorsque nous fûmes loin de la vieille femme, je lui demandai
si elle était sa mère. Il me dit qu'elle n'était pas sa mère, que
c'était un vieillard qui l'avait vendu à cette femme. Je lui dis
qu'il n'avait plus besoin d'aller la retrouver et qu'il devait
rester avec moi. J'avais dix sous dans ma poche, je les lui
donnai pour acheter des journaux. Je demandai à l'enfant quel
était son nom, il me dit qu'il s'appelait Henriot.
Comme il était midi, j'entrai chez un boulanger oîi j'achetai
des gâteaux, puis nous nous en allâmes en mangeant ; nous
eûmes bientôt fini. Nous prîmes nos journaux et nous nous
mîmes à les vendre. Comme nous marchions sur la jetée,
j'aperçus un enfant qui jetait des bâtons dans l'eau. Tout à
coup le pied lui manque, il tombe dans l'eau. Aussitôt j'ôte
ma veste et je plonge après l'enfant dont la tète avait dis-
(i) Ce sujet était donné aux élèves sans aucune indication; la ma-
nière de le traiter était entièrement laissée à leur imagination
[Noie du directeur de VEcoleS
86 GUAMMAR SCHOOLS.
paru sous les vagues. Bientôt il revient à la surface et je nage
vigoureusement vers lui. On avait approché un bateau dans
lequel il y avait trois hommes, dont l'un rtalt Je père du petit
garçon. Ils s'approchent de moi en ramant, le père prend son
lils qu'il met dans le bateau, oîi il m'aide à entrer. « Noble
garçon, me dit-il, vous avez sauvé mon fils unique, à partir
d'aujourd'hui vous ne manquerez de rien. » Oh ! comme j'étais
content d'avoir sauvé le petit garçon! iNous arrivâmes bientôt à
la jetée. Xous sortîmes tous du bateau et nous suivîmes l'homme
chez lui. C'était une très-grande maison de pierre; il me con-
duisit j^lans une chambre et me donna mille dollars. Vous pouvez
penser que je ine regardais comme très-riche, et, en effet,
c'était vrai, car mille dollars étaient pour moi une très-grosse
somme d'argent. De plus l'homme, qui s'appelait M. Rockwell,
me dit qu'il me prendrait dans son magasin et qu'il me donne-
rait di.\ dollars par semaine.
Le lendemain matin je me rendis donc au magasin de
M. Rockwell qui était situé dans Pearl Street. C'était un très-
grand magasin d'épicerie qui avait quatre étages. M. Rockwell
me présenta à ses employés, il me dit ensuite de me conformer
aux instructions du premier commis. C'était un homme cà l'air
très-agréable avec de longs favoris ; il avait environ six pieds
de haut. M. Rockwell s'en alla, et l'homme sous les ordres
duquel j'étais me dit de porter des lettres à la poste.
Ouand je revins, il me dit d'aller trouver M. Rockwell et de
lui dire qu'il y avait au magasin un homme qui voulait le voir,
.l'allaidonc à la maison de M. Rockwell, et un domestique me
lit traverser la grande salle et moiiter un grand escalier. Au
premier palier il s'arrêta, ouvrit une porte et je me trouvai en
présence de M. et M™*' Rockwell qui étaient assis sur un sofa.
Dès qu'il me vit, il se leva et vint au-devant de moi en me ten-
dant la main, puis il me conduisit à une chaise. Je lui fis ma
commission et nous partîmes ensemble pour aller au magasin.
En nous y rendant, nous rencontrâmes Henriot qui avait beau-
coup de journaux sous le bras. Je lui donnai trois dollars et
nous continuâmes notre chemin.
Je pris pension chez M"'« Rockwell et un jour elle m'appela
dans le salon et me donna une magnifique montre d'or. Je la
remerciai et je partis pour le magasin. Ce soir-là je fus invité à
une soirée chez une demoiselle et je m'amusai beaucoup. Le
lendemain matin après déjeuner, M. Rockwell me fit venir dans
le salon pour voir le petit garçon que j'avais sauvé. J'allai donc
.XARRATIOXS. 87
au salon où élait assis un charmant petit garçon qui s'amusait.
î.ors({u'il me vit, il sauta sur ses jambes et me dit qu'il voulait
embrasser le garçon qui l'avait sauvé; je l'enlevai dans mes
bras et je l'embrassai.
Il arriva un triste accident à M. Rockwell, pendant qu'il des-
cendait l'escalier : il s'embarrassa le pied et tomba. Je courus
à lui et je m'aperçus qu'il s'était cassé le cou. M. Rockwell
avait fait un testament par lequel il me laissait le magasin.
Comme j'étais un très-bon garçon, je pris Henriot dans le ma-
gasin et j'en fis un de mes commis.
Une nuit des souris prirent des allumettes dans une boîte et,
en marchant, elles en enflammèrent une qui mit le fetf-à des
papiers. (Juand j'arrivai au magasin le matin, il était brûlé à ras
du sol. Henriot était près des ruines, il pleurait et j'avais bien
envie de pleurer aussi.
Quelques jours après, j'épousai IdaMaynard, et un jour qu'elle
revenait du magasin, elle fit un faux pas et tomba dans le canal.
J'essayai de la saisir pour la sauver, mais je ne pus pas et
♦îlle se noya. Je pleurai beaucoup d'abord, mais je ne tardai
pas à me consoler et je fus aussi heureux qu'auparavant.
George E.
Age : onze ans.
Comté de Monmouth (New Jersey). District n"" 7.
38. — HISTOIRE ET AVENTCRES D'lW VIEUX: LIVRE (1).
{'"- année.)
C'est honteux de m'avoir déchiré en petits morceaux, disait
tristement un vieux livre. J'avais l'air si joli quand j'étais neuf,
et maintenant je suis si laid et si déguenillé ! 3Ia propriétaire
-est une vieille dame qui m'estimait beaucoup, mais je vais vous
raconter comment je vins en sa possession.
Jadis il y avait dans un magasin une pile de vieux chilfons
parmi lesquels je faisais très-bonne figure; un jour, en parlant
à un de mes compagnons, le maître du magasin me prit avec
(1) Même observation qu'au précédent devoir. — Nous rap{)roclions
à dessein, ici comme plus haut (p. 48i, les devoirs d'enfants blancs
et d'enfants nègres sur le même sujet.
88 GHAMMAll SCIIOOLS.
(juchiues autres; il se mit à nous peser, mais je no sais pas
combien nous pesions ; il nous jeta ensuite dans un panier (^ue
l'on porta à un nioulin; là on nous transforma en papier et on
nous découpa en feuilles pour faire un livre. Ensuite on im-
prima sur nos pages tant de lettres que je ne pus pas les
compter; on nous mit la plus belle reliure et on nous })laça sur
une étagère dans un grand magasin. Tous mes camarades
furent vendus. Un jour un vieillard entra dans le magasin et
demanda à me voir. Le libraire me descendit et le vieillard
m'acheta aussitôt. On m'enveloppa dans un journal et le vieil-
lard sortit du magasin en m'emportant sous son bras. Je fus
bien surpris quand je le vis entrer dans une maison élégante ;.
il me fit monter un étage et frappa à une porte en disant r
(( Petite fille, puis-je entrer un instant? » : « Oh oui, cher papa,,
je suis si contente que vous veniez me voir, » dit-elle. — « Papa
apporte un joli livre, je crois qu'il vous plaira. » — « Merci, cher
papa. » 11 sortit ensuite en laissant Bertie toute seule. Elle
m'embrassa en disant : « Comme mon cher papa a été bon î »•
Au bout de ([uelque temps Bertie fut guérie, mais elle m'estima
beaucoup jusque dans sa vieillesse : c'est une de ses filles (jui
a déchiré mes pages. Adieu d.
Laura s.
Age : treize ans.
Cincinnati (Ohio). 2*= district.
39. — MÊME SUJET.
(7^ année.)
Jadis j'étais un livre tout neuf sortant de l'imprimerie; on
me porta chez un libraire. Un jour une petite fille vint au ma-
gasin et m'acheta pour 80 ce7its. Elle me porta à l'école,
écrivit son nom sur toutes les leçons qu'elle avait à apprendre,
sans prendre 1<^ moindre soin de moi. Elle avait un mauvais
caractère. Lorsqu'elle se mettait en colère, elle me jetait loin
d'elle et déchirait toutes mes pages. Je m'appelais l'Arithmé-
tique de May. Elle me portait chez elle pour copier des pro-
blèmes, et lorsqu'elle ne pouvait pas les faire, elle se mettait en
colère et disait : « Je voudrais qu'il n'existât pas d'Arithmé-
tique, » puis elle me jetait à terre et me laissait mettre en^
pièces par ses petites sœurs. J'entendis un jour une petite fille
>ARRATIO>'S. 89
ijLii lui cli>ait : « Pourquoi déchirez- vous vos livres comme cela? »
Elle répondit : «' Cela m'ennuio, tous ces vieux livres, je vou-
drais bien ne plus aller à l'école. » Aussi l'année suivante
elle n'alla }»lus à l'école, et elle me vendit 20 cents à un vieux
marchand de livres, qui gratta son nom sur la couverture, et
me vendit à une autre petite fdie. Celle-ci m'estima autant que
si j'avais été neuf. Vn jour ma maîtresse me perdit en allant à
l'école.
ESTHEK S.
Age : treize ans.
Cincinnati (Ohio). 2^ district.
École pour les enfants de couleur.
iO. — .VUTOBIOGHAPHIE D'UN VIEUX FUSIL.
(8^ année.)
J'ai vu beaucoup plus de choses que vous n'en avez vu, vous
autres enfants. Écoutez-moi, je vais vous raconter mon histoire.
Il y a environ un siècle et demi, quand ce pays formait une
forêt sauvage oii la hache n'avait jamais pénétré, et qui était
remplie d'Indiens, j'étais suspendu sur la cheminée d'un hardi
pionnier. C'était un bon vieillard qui avait bien soin de me
tenir propre et brillant. Lorsque ce vieillard allait à la chasse, il
me prenait et me caressait en disant : « Allons, mon vieux, il
faut bien te conduire aujourd'hui, nous verrons combien de
pièces de gibier nous pourrons rapporter à la maison. » Là-
dessus il me chargeait et entrait dans la forêt en trottinant, me
portant sur son épaule, et suivi de son chien fidèle.
Nous marchions pendant assez longtemps et enfin le chien
donnait de la voix. Le pionnier le suivait, et bientôt le chien
indiquait par un regard et par un glapissement que le gibier
était en avant. Il ne se trompait pas, car devant nous, dans
une petite plaine, paissait un troupeau de daims. Le vieillard
me prenait et m'épaulait avec la rapidité de l'éclair, et pan! je
partais. Aussitôt le noble daim agitait la tête et tombait mort
sur sa piste, et ses compagnons décampaient.
Mon maître s'approchait du daim, tirait son couteau de chasse,
enlevait le meilleur de la chair, qu'il chargeait sur ses épaules,
et partait pour retourner chez lui. Il y arrivait environ une
heure après.
90 GHAM.MAR SCIIOOLS.
Certain soir un voisin vint à cheval au-devant Je nous et
nous dit que les Indiens avaient attaqué sa cabane et qu'ils
l'avaient complètement brûlée. Les Indiens vinrent à notre
cabane ce soir-là, mais nous les repoussâmes. Nous apprîmes
la semaine suivante que ces mêmes Indiens avaient fait une
incursion sur la frontière.
Le vieillard dit qu'il ne pouvait pas supporter leurs folies.
Aussi partit-il le lendemain pour la frontière. Il y arriva le
jour suivant et se joignit au détachement qu'on avait organisé
pour combattre les Indiens. Il fut tué dans une bataille et je
tombai entre les mains d'un Indien. 11 m'échangeaensuite pour
de l'eau de feu (1). Je restai longtemps dans la boutique de
mon nouvenu possesseur, où un jour un.\nglais vint m'acheter.
Il me garda longtemps et me porta avec lui pendant les
guerres de la lîévolution. Il combattait bravement dans une
bataille lorsqu'une balle le frappa en pleine poitrine, et je fus
tout couvert de son sang.
Je pourrais en dire beaucoup plus long sur les batailles aux-
quelles j'ai assisté. Les fusils de 187G sont d'une plus belle
<{ualité que moi, mais j'ai fait beaucoup plus de service et j'ai
vu beaucoup de batailles meurtrières.
Henry S.
Age : quinze ans.
Cincinnati (Ohio). A" district.
École pour les enfants do couleur.
i[. — HISTOIRE ET AVENTURES D'UN VIEUX FUSIL.
(8'^ année.)
Feu ! pan ! pan ! à la bonne heure ! je vois que je peux
encore faire du bruit, quoique j'aie plus de cent ans. Oui,
je suis vieux, mais j'ai été très-utile dans ma jeunesse. Pendant
la paix je restais à la maison, oi!i l'on me suspendait sur des
courroies de cuir à la muraille. Mais lorsque la guerre de la
Révolution commença, on m'enleva précipitamment pour me
conduire à la guerre. Je fus pris un jour par les Anglais, mais
(1) Eau-dc-vie. Los Anglais expriment la même idée par le mot
branchj ito hraml, marquer d'un for chaud) et les Espagnols par le
mot aguardiente {agua ardiente, eau ardente). {Note du traducteur.)
NARRATIONS. 91
je ne restai pas longtemps en leur possession, et je m'échappai
pendant une nuit sombre. J'ai combattu avec Washington et je
lui ai sauvé la vie bien des fois. A la bataille de Brandywine
Creep, je combattis ferme pour sauver nos hommes ; et lorsque
Lafayetle tomba, je vis l'homme qui avait tiré sur lui et je lui
eus bientôt envoyé une balle.
Une fois, j'étais de garde par une nuit très-obscure, lorsque
nos troupes étaient dans une situation fort critique : je mar-
chais près de la tente de Washington, lorsque je vis un homme
à l'air très-suspect qui regardait derrière les tentes. Je pensai
qu'il allait commettre quelque mauvaise action et je le sur-
veillai de très-près. Aussitôt il épaula son fusil et visa
Washington, qui était assis dans sa tente. \\i moment où il
épaulait son fusil, je tirai sur lui et il tomba par terre. Il était
mortellement blessé, et, avant de mourir, il avoua qu'il avait
eu l'intention de tuer Washington.
Après la guerre de la Révolution, je restai longtemps à la
maison. Mais lorsque la guerre civile commença, je fus conduit
à la guerre par un jeune homme, et j'aidai à tuer les rebelles.
Depuis la fin de la guerre on m'a conservé précieusement
comme une vieille relique. On doit m'envoyer à l'Exposition du
Centenaire, et on me torturera au point de me faire mourir, je
le crains bien, par les nombreuses questions que l'on m'adres-
sera.
Mary A.
Age : quinze ans.
Cincinnati lOhio).
École pour les enfants de couleur.
V2. — HISTOIRE D UX VIEUX FUSIL RACONTEE PAR LUI-MEME.
(8* année.)
Eu 1339, j'étais dans les Flandres et on m'envoya en
France. En route je fus pris par un des vaisseaux de guerre du
roi Edouard. L'Angleterre était en guerre avec la France et
l'on m'envoya à l'armée du roi Edouard.
Cette armée battit les Français dans deux grands combats,
(rétait.... attendez.... oui, c'était à Crécy et à Poitiers. Lorsque
la guerre fut terminée, on m'emporta en Angleterre, et l'on me
9:2 GRAMMAK SCUOOLS.
plaça dans la Tour de Londres, parmi des armes, des machines
de guerre, et des haches de bourreau.
Je fus bien tranquille, et je fus employé par lord Monteagle
lorsqu'il fouilla les caves du Parlement, où je trouvai Guy
Fauk avec sa lanterne.
Dans une bataille avec les Français je fus pris, et l'on m'en-
voya à Paris. Sous Charles P'', on me renvoya en Angleterre
pour aider les iloyalistes à fouailier les Tètes Rondes.
Sous Olivier Gromwell, ou le Protecteur, comme on l'appe-
lait, on me porta en France et l'on me mit dans une maison
particulière à Paris. Je ne fus pas employé avant la Piévolution
française ; alors les Jacobins se servirent de moi contre la
garde suisse en donnant l'assaut à la Bastille.
Bonaparte me porta en Egypte et se servit de moi contre les
Mameluks. Je fis toutes les campagnes de Bonaparte, et, à la
bataille de Waterloo, je fus pris par Bliicher, qui m'emporta
en Prusse.
On m'envoya aux États-Unis, et aussitôt la guerre éclata
entre les États-Unis et le Mexique. On m'envoya au général
Taylor, qui était à Port Brown, sur le Bio Grande.
J'étais aux batailles de Palo Alto, de Cerro Gordo et à
l'assaul de Chumbusco. Mais, hélas! maintenant je suis trop
vieux et trop infirme pour faire le coup de feu; c'est pourquoi
je suis couvert de poussière, de rouille, et il faut que je reste
dans ce musée.
William C.
Age : (iiiatorze ans.
Cincinnati (Ohio). "l'I" district.
École du degré intermédiaire pour les enfants de couleur.
43. — AUTOBIOGRAPHIE D'uN VIEUX. FUSIL.
{S" année.)
J'étais couché dans les Montagnes de Fer au sud de la
ville de Saint-Uouis, dans le Missouri. J'y fus trouvé par des
mineurs qui m'en firent sortir et me portèrent à l'usine métal-
lurgique, puis à la fonderie où l'on travaille le fer brut pour
en faire des objets d'utilité. G.omme mon métal était très-bon,
on résolut de faire de moi un fusil. On me façonna en forme
de long cylindre, et on perça un trou dans le sens de ma lon-
gueur. Je fus alors un canon de fusil, puis on me fixa sur un
morceau de bois de rose, ensuite on me brunit et on vernit ma
NARRATIONS. 93
monture. Puis on me porta dans un magasin de fusils, où l'on
me laissa.
Je n'y restai pas longtemps : j'étais si beau, que j'attirai
bientôt l'attention d'un marchand dont la famille habitait le
pays. Il m'acheta pour son fils aîné, et on m'emporta de la
ville pour me faire vivre à la campagne. On m'employa surtout
à la chasse, pour tirer les perdrix, et je me conduisis tou-
jours convenablement. Je fus si fidèle à mon propriétaire qu'il
eut bientôt toutes les perdrix. Les voisins de mon propriétaire
furent jaloux de moi, et un jour un de leurs chevaux piétina
sur moi. Je fus grandement effrayé parce que je croyais que je
serais hors d'usage pour le reste de mes jours, mais heureuse-
ment je ne fus pas blessé. Peu de temps après on me mena à
la guerre pour rendre de grands services à mon pays. Je fus
heureux dans toutes les batailles où je combattis. Mon bonheur
me valut le surnom de « champion des batailles ». J'assistai
aux batailles les plus fameuses de la guerre de la Révolution.
A mon retour on me conserva plutôt comme une relique de la
guerre que comme un o])jet d'utilité.
Un matin j'entendis parler du Centenaire. J'étais bien
curieux de savoir ce que tout cela signifiait. Il arriva que
ceux qui causaient ainsi me virent ; aussitôt ils décidèrent qu'on
me présenterait comme une des reliques de la guerre de la
Révolution. On m'empaqueta avec quelques autres reliques et
on m'envoya à Philadelphie par le chemin de fer. J'arrivai sain
et sauf au bâtiment de l'Exposition et l'on me plaça dans un
des principaux quartiers, pour me faire admirer par les visi-
teurs. Tout le monde prit beaucoup de plaisir à me regarder,
car, malgré ma vieillesse, je ne suis pas trop cassé. Qu'est-ce
que je deviendrai en quittant ce bâtiment ?
Math.da B.
Age : quinze ans.
Cincinnati (Ohio).
École du degré intermédiaire pour les enfants de couleur.
LE travail.
Travailler, c'est employer sa force. Dieu nous a mis dans ce
monde pour travailler et non pas pour flâner, les mains dans
les poches, en fumant ou en chiquant du tabac, comme nous
voyons que certaines personnes font tous les jours. On regarde
la jeunesse comme le temps de la vie où il faut semer ; c'est
94 GIIAMMAR SCnOOLS.
pourquoi il faut donner aux iionuues, dès leur jeunesse, des
leçons de travail. Si un petit garçon ou une petite fille a quelque
travail à faire, il faut le faire joyeusement.
L'homme qui a la force de travailler doit pourvoir aux
besoins de ceux qui comptent sur lui pour vivre. Tous n'onl
pas le même travail à faire. Les uns jieuvent avoir un travail
très-facile, tandis que les autres en auront un très-difficile.
Les petits garçons et les petites filles ont à travailler ferme
pour faire leur éducation : c'est un travail très-difficile. Le
travail est une noble qualité, et l'homme qui a cette qualité sera
respecté pendant toute sa vie. Il y a des gens qui sont trop
paresseux pour travailler; ils vont mendier, voler, et ils font
toute espèce de mal à leurs voisins.
Il ne faut pas travailler dans le dessein de s'enrichir au
détriment de son àme. Les personnes qui sont riches n'ont pas
besoin de travailler pour gagner leur vie, mais elles peuvent
aider, encourager ceux qui travaillent. On est porté, par
suite d'une fausse interprétation, à mépriser le travail, mais
si nous nous reportons à cent ans dans notre histoire, nous
verrons que nos pères ne le méprisaient pas. S'ils l'a-
vaient méprisé, oii en serions-nous maintenant? Pouvez-vous
le demander? Eh bien, nous serions restés les sujets de la
Grande-Bretagne. 11 faut toujours travailler avec bonne
volonté, car la Bible dit : a Quelle que soit la chose que ta
main trouve à faire, il faut t'y employer. »
Parmi les hommes éminents qui ont travaillé avec énergie, il
faut citer Georges \Yashington, le Père de son pays. Il travailla
pour la liberté de son pays et il réussit : maintenant son nom
est cher à tous les Américains. \ l'Exposition du Centenaire
on verra le travail de cent ans.
John Q.
Age : seize ans.
Leipcrville, comté de Delaware d^ensylvanie).
■i5. — LES BONNES MANIÈRES (1).
(9* année.)
Les manières sont une certaine façon de faire les choses;
elles sont aussi l'expression d'un bon cœur ; ceux qui ont
(1) Écrit sans notes en classe le lendemain d'un jour où avait eu
lieu une conversation de quarante minutes, dirigée par le maître. —
NARRATIONS. 95
le cœur bon ne parleront jamais de façon à froisser les senti-
ments d'un autre.
Les manières font, aident ou détruisent les mœurs. Elles
sont supérieures à la simple beauté personnelle et durent plus
longtemps qu'elle. Un refus exprimé poliment est bien plus
agréable qu'une faveur accordée avec rudesse.
Une propreté générale dans la personne, dans les vète-
iuents et dans tout ce qui nous entoure est, avec la convenance
tlans les paroles, une des qualités essentielles des bonnes
manières. Apprenez de bonne heure à compter sur vous, faites
chaque chose avec aisance et régularité ; soyez poli, sin-
cère, juste, et n'oubliez jamais qu'on soutient bien mieux
sa dignité par la douceur et la grâce que par la dureté et la
grossièreté.
On peut retirer un certain avantage moral du bon goût
dans les vêtements. Efforcez-vous de vous habiller de manière
que, tout en disant que vous êtes bien mis, on ne puisse
pas dire ce que vous portez. Que votre corps, vos dents, vos
cheveux soient toujours d'une propreté parfaite, n'ayez jamais
les ongles sales. Lorsque vous vous asseyez, faites-le tout à
fait, et que vous soyez assis ou debout, ne vous balancez
jamais.
Parlez avec expression, d'un ton bas et distinct. Apprenez à
bien converser, et surtout à bien écouter, car l'inattention est
la marque d'un esprit petit et faible. Parlez pour dire quelque
chose, soyez bref, rejetez les expressions d'argot et ne parlez
pas de vous. Efforcez-vous de plaire aux autres; parlez en dia-
logues, ne faites pas" de monologues. Gardez- vous de raconter
des nouvelles désagréables. Acceptez toujours votre situation
gracieusement, joyeusement si vous le pouvez.
L'impolitesse n'existerait pas si tout le monde se conformait
à la Piègle Dorée (1), car quelle est la personne qui aime à
être traitée avec impolitesse? N'ayez jamais recours à la mé-
chanceté, à la bassesse, ni aux expressions vulgaires. Parlez
Sur 30 élèves, 28 ont présenté des copies analogues à celle-ci. (Xote de
M. Curtis, maître de la P* classe.)
il) Be you to oihers kind andtrue
And never do nor saij to men
Whate'er you luould not tal:e again.
Soyez bienveillant et sincère envers les autres, et ne leur faites ni
ne leur dites ce que vous ne voudriez pas accepter de leur part.
iXote du traducteur.)
96 (iRA.MMAK SCHOOLS.
géuéreusenieiit des absents. Souvenez-vous que : « l.a poli-
tesse consiste à dire ou à faire les choses les plus agréables
de la manière la plus agréable. »
Nannie m.
Age : seize ans.
Boston (Massachusscts). Gaston grammar Scliool.
46. — LA DISTINCTION.
La distinction est la politesse des manières. Les personnes
qui sont assises dans leur salon, habillées comme pour rece-
voir de la compagnie, et qui lisent un roman ou quelque autre
livre futile passent, pour des personnes distinguées. Mais ceux
qui doivent travailler pour gagner leur vie et qui ont de
grosses mains calleuses passent pour des personnes fort peu
distinguées. Si une dame riche croisait dans la rue une petite
meunière, elle serrerait sa robe presque au point de ne plus
pouvoir marcher, afm de ne pas toucher celle de la petite lille.
Si un monsieur à la mode, ayant les mains bien blanches,
allait dans un salon à la mode et demandait du vin de Cham-
pagne, la maîtresse de la maison lui en ferait servir du meil-
leur. Mais si un homme pauvre faisait la même demande, elle
lui en donnerait probablement du plus mauvais, et s'il s'eni-
vrait, on ne dirait pas qu'il est un homme distingué.
Nous n'avons pas été mis dans ce monde pour nous asseoir
dans un salon et y recevoir de la compagnie, ni pour avoir des
mains bien blanches, pour aller aux bals ou aux réunions,
mais pour faire avec toute notre ardeur « ce que nos mains
trouvent à faire ».
Y a-t-il un homme plus illustre que Abraham Lincoln, et
certes celui-là n'a jamais méprisé le travail ; par son mérite il
est devenu Président des États-Unis. 11 fut toujours honnête et
loyal. C'est lui qui donna la liberté aux esclaves.
Parmi les femmes illustres, Florence Nightingale quitta sa
demeure pour aller au chevet des soldats mourants ; de même
Dorothée Dix alla dans les prisons soigner les prisonniers.
Si tous les hommes étaient trop distingués pour travailler, le
monde périrait. L'Exposition du Centenaire est le résultat du
travail des nations pendant plusieurs années. S'il n'y avait per-
sonne pour travailler, nous n'aurions pas de chemins de fer,
NARRATIONS. 97
de voitures, de wagons , de chevaux, ni beaucoup d'autres
choses. La nature entière nous donne des leçons d'activité.
LizziE S.
Age : treize ans.
Leiperville, comté de Delaware (Pensylvanie).
i/. — L INTEMPERANCE.
L'intempérance est l'habitude de boire, ou de se laisser
dominer par les liqueurs spiritueuses.
Je crois que l'intempérance est un des plus grands maux qui
existent. Je ne sais pas s'il y a quelque chose qui soit pire,
quoique j'aie souvent entendu dire que l'argent était la source
de tout le mal. Je pense que sans l'argent on ne pourrait pas
se procurer du whisky (1) pour boire. Il y a des hommes qui
peuvent boire un grand nombre de verres de liqueurs fortes
sans que cela leur produise aucun effet, tandis que cela produit
de l'effet tout de suite sur d'autres. Lorsqu'une personne se
met ainsi sous l'empire d'une liqueur forte, elle perd la raison,
chancelle, roule, ne peut plus se tenir.
L'ivresse rend certaines personnes stupides, d'autres sont
gaies, d'autres sont tristes, d'autres furieuses. L'habitude de
l'intempérance prive les hommes et quelquefois aussi les
femmes de leur raison, de leur argent, de leur demeure, de
leur santé, et enfin de leurs pauvres âmes. Pensez seulemenl
aux milliers de pauvres âmes qui sont perdues par l'habitude
de l'intempérance !
Lorsque certaines personnes sont ivres, leur esprit est si
troublé que, si on ne les surveille pas de très-près, elles font
beaucoup de mal, et souvent mettent en danger la vie des
autres. Combien de fois, lorsque nous entendons parler d'acci-
dents et que nous demandons comment ils sont arrivés, ne nous
répond-on pas que les personnes étaient ivres et qu'elles ne
savaient pas ce qu'elles faisaient! Oh! je crois que les mar-
chands de rhum auront beaucoup de comptes à rendre dans le
ciel au jour du jugement. La Bible dit « que nous ne devons pas
regarder le vin lorsqu'il' est rouge ni lorsqu'il colore la coupe,
parce qu'alors il mord comme un serpent, et pique comme une
vipère, d
(l) Sorte d'eau-de-vie. {Xote du traducteur.)
98 GRAMMÂR SCIIOOLS.
Quelquefois, eu traversant en voiture un village ou une ville,
vous voyez des hommes à l'air fort et robuste qui se tiennent
«levant le comptoir et qui vident la coupe redoutable. Il y a des
hommes qui vendent la liqueur brûlante aux pauvres ivrognes
jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus un sou; ils ne songent pas
qu'ils perdent leur âme et celle des autres. Lorsque ces ivrognes
ont dépensé tout leur argent et qu'il ne leur reste plus rien
pour payer leur liqueur, ils enlèvent leur n)obilier pièce à
i>ièce jusqu'à ce (ju'il ne reste plus rien chez eux. Alors, leur
pauvre femme toute maigrie, elle qui jadis était si gaie et si
Joyeuse, et qui maintenant meurt presque de chagrin, prend
ses petits enfants et va mendier son pain. Dieu souvent elle n'a
à leur donner qu'une croule sèche, assez pour les empêcher
lie mourir de faim, et tout cela est la conséquence d'une habi-
tude d'intempérance. Comme ces pauvres familles doivent
::raindre d'entendre le bruit lourd des pas redoutés, et de voir
i-ntrer en chancelant leur père bien-aimé ou un frère, ou un
!ils ! Comme il doit être dur d'entendre les injures et de rece-
voir les coups cruels qui leur sont si libéralement infligés par
ceux qu'elles regardent comme leurs protecteurs et qui, dans
I .'ur accès d'ivresse, les traitent avec tant de cruauté ! Je ne sais
pas conuïient des hommes et des femmes peuvent avoir la
conscience de vendre la liqueur empoisonnée, lorsqu'ils savent
([u'eile cause tant de chagrin et tant de mauvais traitements.
II y a tant de choses à dire sur ce qu'il y a d'affreux dans Tin-
tempérance ! Elle a brisé bien des cœurs !
Grâce H.
Age : seize ans.
Comté de Harren (New Jersey). District n° G. École rurale (1).
48. — PLAISIRS DE LA LECTURE.
De toutes les différentes manières d'employer son temps
;)endant les heures de récréation, je crois que la meilleure est
ia lecture. Il est très-agréable de s'asseoir et de lire un bon
roman lorsqu'on a terminé ses devoirs domestiques (si l'on
en a), et surtout de lire les œuvres de quelque bon auteur.
(i) Il n'y a dans cette école que deux enfants qui ont moins de trois
f;uarts de mille à faire pour venir en classe. Le plus grand nombre des
('■ièves demeurent à un mille ou plus de la maison d'école.
{Xote de l' instituteur. )
NARRATIONS. 99
Il y a (ies personnes (celles qui apparlienneut à la secte
orthodoxe), qui pensent que c'est un grand péché de lire des
romans et qui s'étonnent que vous puissiez lire de telles
€ futilités > (c'est le terme poli dont elles se servent), tandis
({ue vous, de votre côté, vous ne pouvez trouver aucun plaisir
dans les livres qu'elles lisent, par exemple la Vie de Melchisédec
ou la vie de quelque ancien Patriarche contemporain du
déluge. Je ne parle pas des romans à dix cents que lisent les
enfants, mais seulement de ces charmantes et intéressantes
histoires par M™* Holmes, M"^^ Southworth, >r'^ Evans et beau-
coup d'autres auteurs populaires.
Les garçons lisent tout ce qu'ils trouvent. 3Iais les filles ne
s'aviseraient jamais de lire des romans à dix cents! Elles
lisent des histoires, et je dois dire que je crois ces livres-là
plus utiles que les livres de fiction. L'histoire nous enseigne
tous les événements qui se sont passés dans notre pays, la vie
des grands hommes, des femmes populaires, et beaucoup de
faits utiles, que nous ne connaîtrions pas autrement.
Mais je pense vraiment que c'est une honte d'être répriman-
dée au sujet de la lecture des romans (comme quelques-unes de
vos grand'mères , de vos tantes ou autres personnes sem-
jjlables aiment à vous réprimander), quand il ne s'agit que
d'une récréation innocente. Je me demande si ces vénérables
personnes n'ont jamais lu de romans quand elles étaient
petites filles et qu'elles allaient à l'école. Je suis sûre qu'elles en
lisaient alors, et beaucoup plus que nous n'en lisons. Elles
veulent se faire passer pour pieuses, sans cela j'imagine
qu'elles liraient encore des romans.
LOTTIE J.
Age : quatorze ans.
Mihvaukee iWisconsini. District n' 1.
49. — LES ENFANTS d'AUJOURD'HUI.
On ne professe pas toujours la même opinion à l'égard des
enfants. Lorsqu'ils ont environ deux ans, tout le monde les
trouve charmants, ce sont vraiment de délicieuses petites
créatures, dit-on. A sept ans ils sont bien incommodes. A
douze ans ce sont de petits tapageurs. A seize ans ce sont des
freluquets, et à vingt ans ce sont des jeunes gens qui ne
connaissent rien de la vie. Ils restent dans cet état jusqu'au
moment oii ils se marient.
100 GRAMMAR SCHOOLS.
On peut diviser les enfants en une demi-douzaine de classes
environ. Peut-être la plus nombreuse de ces classes est-elle
celle du bon petit garçon. Il semble qu'il ne soit pas possible
qu'il existe un bon garçon dans la littérature de l'École du
dimanche ; peut-être qu'un spécijnen si phénoménal de quin-
tessence de bonté ne dépasse jamais l'âge de dix ans, époque
à laquelle il meurt de quelque maladie de langueur, entouré
de tous côtés des présidents, des majors généraux, dos nègres
et de tous les autres qu'il a arrachés à leur mauvais genre
de vie.
Le bon petit garçon est ordinairement un jeune petit être
qui a le bonheur de porter le nom de Ébénezer, Matthieu ou
William. Il porte ordinairement un col de piccadilly, une
cravate bleue et a toujours les oreilles propres. Il emploie la
plus grande partie de son temps à lire le Repos des Saints, de
Baxter, ou à parcourir un recueil d'hymnes. F^e spectacle d'en-
fants que l'on fouette est presque la seule distraction dont il
jouisse, si Ton en excepte celle de chiquer du tabac.
Une autre division de notre sujet contient le favori des
dames. C'est ordinairement un petit individu qui a bonne
mine ; il a les cheveux blonds, la peau blanche, les yeux bleus
et un visage régulier. Ses cheveux, toujours proprement pei-
gnés, encadrent sa tète, et il connaît la plupart des petites
lilles à plusieurs milles à la ronde. Il est ordinairement
« tendre », et il aimerait mieux se promener avec Bella dans
la Grande-Rue que de jouer à la balle avec ses camarades.
.Neuf fois sur dix vous verrez qu'il s'appelle Charles, Auguste
ou Henri.
Celui qui vient immédiatement après lui est l'enfant timide,
pour qui la vie est une série continuelle de circonstances em-
barrassantes. C'est lui qui court contre des vieilles dames,
qui s'excuse auprès des réverbères, qui appelle une demoi-
selle Monsieur, et un vieux monsieur Mademoiselle.
Celui qui lui est directement opposé est le jeune effronté. Ce
spécimen de l'humanité ne se soucie de rien. Il causerait familiè-
rement avec l'ombre d'Élie et l'appellerait « vieux bonhomme ».
11 a la plus grande confiance dans son incapacité et entre-
prend avec ardeur toutes les besognes, depuis celle qui
consiste à imprimer des cartes de visite jusqu'à celle qui
consiste à gouverner un royaume. En un mot, c'est un individu
qu'on ne peut pas démonter et qui se redresse comme ces
NARRATIONS. 101
diables qu'un ressort fait mouvoir dans une boîte, sous les
rebuffades les plus dures.
Ensuite vient ie mauvais garnement. S'il y a quelque
cliose que j'aime au monde, c'est le mauvais garnement. Je
n'entends pas par là un petit être bas, vil, sournois, qui
attache une casserole à la queue des chiens et qui fait cent
tours semblables; mais je veux parler d'un enfant franc et
généreux qui est ordinairement méchant, non pas parce qu'il
veut l'être, mais seulement à cause de l'exubérance du sang,
qui le pousse toujours h faire une chose ou l'autre ; un enfant
qui fait toujours quelque malice, redressant par exemple une
épingle courbée et la mettant sur le siège de Chariot, non pas
fju'il veuille faire du mal au susdit Chariot, mais seulement
pour le voir faire des bonds désespérés et l'entendre pousser
une série de cris affreux lorsqu'il viendra s'asseoir.
Aucun des grands hommes dont le monde entier reconnaît
la haute valeur intellectuelle n'a été une poule mouillée :
Shakespeare était un mauvais garnement ; il en était de même
de Goldsmith, de Napoléon et du général Putnam.
William \V.
Age : seize ans.
Comté de Gloucester (New Jersey). District n" 1.
50. — l'amour.
H'" année.)
Comme la vie serait triste si nous n'avions pas un cœur
pour aimer !
L'amour ressemble au soleil d'été; celui qui n'a personne
pour s'intéresser à lui ressemble à quelqu'un qui est en-
fermé sous terre, dans un sombre cachot où le soleil ne peut
pas entrer. Mais il nous est impossible de dire que jamais
personne ne s'est intéressé à nous, car le cœur de toute mère
s'attache à son enfant, de même que les racines des ileurs s'at-
tachent au sol dans lequel elles sont plantées. Avec quelle
ardeur les absents songent d'avance au moment où ils seront
auprès des personnes qu'ils aiment et vers lesquelles volent
toutes leurs pensées î
Que ce monde serait froid et égoïste si l'amour ne régnait
pas dans tous les cœurs comme il le fait ! Voyez la poule
102 GÎIAMMAR SCIIOOLS.
rassembler sa jeune couvée sous ses ailes ! Lorsqu'un de ses
}>etits esf blessé, quels tendres soins elle lui donne, tant elle
les aime ! Et c'est là e.i général l'amour que les animaux d'un
ordre inférieur se témoignent l'un à l'autre.
Peu importent les peines et les malheurs qu'une personne
peut avoir, l'amour n'est jamais complètement banni de son
cœur, il y reste toujours une tendre pensée pour quelqu'un.
Nous autres enfants, aimons donc et chérissons les tendres
êtres qui nous entourent, et que nos cœurs débordent d'amour
pour notre divin Créateur.
AUGUSTA J.
Age : quinze ans.
^«'ouvelle-Orléans (Louisiancj. Webster School.
51. — MON ÉTÉ A HILLSBOROUGH FARM.
A la fin d'une belle journée je me trouvai au petit village
de Hillsborough ; c'était au mois d'août, et la chaleur était très-
forte. J'avais voyagé toute la journée, et, lorsque la vieille
diligence délabrée qui desservait quotidiennement la gare me
déposa à la grille d'une charmante ferme, je compris que
j'étais au bout de mon voyage.
La maison était située loin de la route, des arbres ombra-
geaient les deux côtés de la large avenue qui y conduit. Il y
avait des arbres tout autour de la maison, et derrière la maison
un joli petit lac. C'était la résidence de M. Horton, farmer(i)
aisé. La famille se composait de 3L Horton, de sa femme
et d'une fille nommée Ida. Elle était charmante avec ses che-
veux bruns bouclés et ses yeux noirs ; nous étions à peu près
du même âge. On attendait dans quelques jours un fils qui était
au collège. M. Horton avait environ cinquante ans, il était
grand, de bonne mine, plein d'animation et d'entrain.
M"* Horton, bonne maman de quarante-six ans, vint au-devant
de moi et me souhaita la bienvenue à Hillsborough Farm. Une
amitié ne tarda pas à s'établir entre Ida et moi. Elle me dit
qu'ils attendaient sous peu de jours beaucoup de personnes
qui viendraient s'installer chez eux, entre autres une demoi-
(1) On sait que le farmer américain n'est pas un fermier, mais un
propriétaire qui cultive lui-même ses domaines, et qui peut être fort
riche.
NARRATIONS. 103
selle nommée Lillie Raymond, qui, disait-on, était mie grande
beauté et une grande coquette. Était-ce la Lillie Raymond que
j'avais connue à l'école ?
Trois jours après moi arriva Henri Horton avec son camarade
de collège, Walter Robinson, qui était grand et fort. Henri
ressemblait à son père. Après leur arrivée on me laissa m'amu-
ser ou me promener avec Henri Horton dans la propriété, qui
était très-bien tenue, pendant que M. Robinson et Ida lisaien!
quelque livre amusant ou se promenaient sur le lac. Nou^
fûmes très-tranquilles pendant une semaine, puis tout changea.
Un matin que j'étais assise dans le salon et que je causais
avec M. Horton, j'entendis quelqu'un crier dans la salle :
« Rersie Dean est-elle ici ? » Au même moment la porte
s'ouvrit brusquement et, en levant les yeux, j'aperçus Lillie
Raymond, encore plus belle qu'elle n'était lorsque nous nous
étions quittées à l'école, deux ans auparavant. Elle s'élança
joyeusement dans mes bras en s'écriant : « Qu'ètes-vous deve-
nue depuis si longtemps, si longtemps? Oh ! je suis si contente
de me retrouver avec vous. Mais j'ai oublié de vous dire que
mon frère Frank est avec moi et il faut que je vous le présente,
venez! > Elle n'avait pas aperçu mon compagnon, qui n'avait
pas quitté l'appartement, et lorsque je le lui présentai, elle
prit un air de reine.
Oh ! quels heureux moments nous passâmes ensuite. Un joui-
nous nous promenions en bateau, le lendemain nous montions
à cheval; nous faisions des pique-niques ; nos soirées se pas-
saient loujours très-agréablement. Nous faisions des parties de
croquet au clair de lune. Lillie était toujours radieuse et très-
belle; elle allait se promener dans la propriété avec Henri
Horton ou avec son frère, et elle m'emmenait toujours avec
eux. Les jours s'écoulaient ainsi.
Le mois d'août se passa et septembre vint. Un jour nous
allâmes faire une partie de putting (I). Ida et Walter Robinson
allèrent seuls de leur côté, quelques-uns des invités étaient
restés en groupes un peu plus loin à faire une partie. Enfin
nous nous disposâmes à rentrer. Frank portait mon panier,
laissant Lillie et Henri seuls. La lune se levait en ce moment,
et sa lumière, tamisée par les branches des arbres, répandait
une grande beauté sur le paysage. Au moment où, sortant de
sous les arbres, nous fûmes éclairés par la lune, je me relour-
(1) Jeu écossais.
104 GRAMMAR SCHOOLS.
liai pour regarder Lillie. Elle marchait la tête inclinée pen-
dant que son compag-non se baissait pour lui parler. A ce mo-
ment elle releva la tète : elle était toute rouge, son compagnon
baissa un peu plus la tête et, si je ne me trompe, déposa un
baiser sur ses lèvres.
Ce soir-là Lillie vint me trouver dans ma chambre et me
dit qu'elle avait un secret à me confier : elle était fiancée
à Henri Ilorton et ils devaient se marier aux roses pro-
chaines. J'avais aussi un secret à lui confier, car, en reve-
nant à la maison, j'avais promis d'être M'"'' Frank Raymond.
Lillie fut ravie de penser que nous serions sœurs pour
tout de bon, et ce coquin de Frank ne lui avait jamais
parlé de cela. Le lendemain matin nous consultâmes Ida
et ^Valter, et nous convînmes qu'aux prochaines roses nous
nous réunirions tous à Ilillsborough Farm, oîi nous avions
été si heureux, et que là, dans la vieille ferme, nous nous ma-
rierions tranquillement. D'abord Lillie hésita; comme elle
était une héritière, elle pensait qu'il serait plus convenable de
faire une grande cérémonie ; mais comme nous étions toutes
les deux orphelines et que la bonne M""^ Horton insista beau-
coup, nous consentîmes à venir faire la noce chez elle.
Le lendemain nous dîmes adieu à Hillsborough Farm jus-
qu'au mois de juin prochain. Lillie retourna chez elle dans le
Sud. Moi je retournai à mon école. Henri Horton nous con-
duisit tous trois au chemin de fer dans la voiture. Nous
versâmes des larmes en nous quittant; mais comme nous
savions qu'il ne s'écoulerait que peu de mois jusqu'à notre pro-
chaine réunion et que nous ne serions pas séparées jusqu'à la
mort, nous nous dîmes au revoir. Je restai sur la plate-forme,
à l'arrière du wagon, d'où je regardai le train qui s'éloignait ;
Lillie et Frank agitèrent leurs mouchoirs jusqu'au moment où
nous ne pûmes plus nous voir.
Ainsi je me retrouvai seule, mais seulement pour quelques
mois, et j'étais bien heureuse.
Fannie A.
Age : dix-sept ans.
Comté de Middlesex (New Jersey). District n" 71.
LETTRES. 105
IV. — KTi.erclces de sifjle : I.etircs.
52. — A UNE COUSINE.
(■i" année.)
Indianapolis (Indiana), 29 mars 1876.
Ma chère cousine,
En allant en ville, samedi dernier, pour acheter une robe
neuve, j'ai vu un ivrogne qui était tombé sur une dame dans
la rue. Un agent de police le saisit et le conduisit en prison.
En retournant à la maison je pensais que c'était bien fait pour
lui; il ne devait pas tant boire. Lorsque j'arrivai chez nous,
maman m.e demanda oîi j'avais été si longtemps et je lui racon-
tai tout. Elle me dit qu'il ne fallait plus rester dans ces endroits
et elle me gronda pour y être restée si longtemps. Elle me
dit qu'on était venu pour me voir pendant que j'étais sortie,
.l'ai ])ien regretté de n'avoir pas été à la maison quand elle
me dit qui j'avais manqué, car c'était une de mes amies.
Votre amie,
Dora Alday.
Age : douze ans.
53. — A UNE TANTE.
Ma chère tante,
Comme on nous a donné une lettre à écrire, je vais répondre
à la dernière que vous m'avez adressée. Il y a quelque temps,
les écoles d'Indianapohs ont fait une exposition au profit des
enfants. On choisit tous les meilleurs chanteurs, que l'on plaça
sur l'estrade pour les faire chanter. Comme je chantais assez
bien, on me choisit. Il y avait cent petits garçons et petites
tilles. On nous appelait petites tilles fleuries, parce que nous
«levions porter des fleurs en passant devant \Yashinglon. Il
portait un bel habit noir, mais cet habit n'était pas très-long,,
de jolis pantalons noirs, un chapeau à l'ancienne mode.
100 GRAMMAll SCHOOLS.
«Washington » passe devant noire maison plusieurs fois i)ar
semaine. J'espère que vous répondrez à celle lellre aussitôt
que vous le pourrez.
Votre nièce affectionnée,
Cairie B.
Age : douze ans.
Boston (Massactiussets).
5i. — A UNE AMIE.
(i" année.)
Boston, 24 janvier 1876.
Ma chère Katie,
J'ai reçu mardi dernier votre lettre, que je n'attendais pas.
Je suis très-fàchée que vous soyez partie de chez M'"*" Torroy,
parce que je crois qu'il vous sera bien difficile de trouver une
autre place. Votre père vous attendait à la maison samedi, et
il a été bien désappointé en ne vous voyant pas venir.
Votre tante va un peu mieux maintenant, mais elle ne peut
pas encore se lever. Abbey reste à la maison pendant que
voire tante est malade, et Nellie a beaucoup d'ouvrage à faire.
Elle dit qu elle voudrait l)ien que vous fussiez ici pour l'aider.
Mary, Katie et moi nous avons été au spectacle vendredi
soir avec mon cousin George pour voir les Deux Orphelines;
le spectacle était très-amusant, nous avons bien regretté que
vous ne fussiez pas là pour venir avec nous, car il avait un
billet pour vous. C'est demain qu'on baptisera le bébé de ma
tante, on le nommera Mary. Comme vous avez reçu une invi-
tation, nous espérons que vous viendrez.
Nellie Sullivan a été au bal des domestiques, jeudi soir, avec
son frère Waller, elle s'y est bien amusée. La salle était pleine
et le bal a duré jusqu'à cinq heures vendredi matin.
Je suppose que vous avez reçu beaucoup d'étrennes; j'en ai
reçu aussi, mais pas autant que je m'y attendais. Ma tante m'a
donné un portefeuille, une demi-douzaine de mouchoirs et une
tasse avec une soucoupe. Ma mère m'a donné une paire de
boucles d'oreilles et une paire de patins, et ma sœur m'a
donné un foulard de soie.
LETTRES. 107
Je mets de l'argent de côté pour acheter des Valentines, le
mois prochain, pour envoyer à mes amies. J'en enverrai une
gentille à maman, mais ne lui en parlez pas, je vous en prie,
parce que je ne veux pas qu'elle le sache.
Ma tante a une angine. Elle fut prise samedi dernier, et elle
a été très-malade. Elle n'était pas mieux hier soir quand papa
et maman ont été la voir.
Katie Mouarty travaille dans la rue de ^Vashington. Elle fait
des robes et elle ne reviendra plus à l'école. Elle s'intéresse
à son travail et elle l'aime beaucoup.
Votre amie affectionnée,
Barbara H.
Aiîe : douze ans.
Boston. Shurtleff grammar School.
OO. — A UNE AMIE.
Clarence, comté de Cedar flowa), 20 février 1876.
Ma chère Florence,
Je ne sais plus laquelle de nous deux a écrit la dernière ; il
y a si longtemps qu'aucune de nous n'a écrit. Je pense que
vous êtes toujours à Riverside Institute, et que vous faites
beaucoup de progrès dans vos études. Prenez-vous encore des
leçons de musique ? J'en ai pris cet hiver.
Ida Taylor demeure-t-elle toujours chez vous? Que devient
Nellie Sanborn? Je pense que, si vous étiez près de moi main-
tenant, vous me diriez de ne pas vous faire tant de questions
à la fois ; mais j'ai un grand fonds de curiosité et je veux
que vous répondiez à toutes.
Ma sœur S'ellie est partie pour Belle Plaine, où elle va recom-
mencer à enseigner ; elle a soixante élèves ; elle dit que ses élèves
paraissent l'aimer beaucoup. Notre école est plus nond)reuse
cet hiver qu'elle ne l'a jamais été. Je n'aime pas à voir notre
école si nombreuse cet hiver, car il semble que nous serons bien
diiférentes l'hiver prochain de ce que nous sommes mainte-
nant. La plupart de mes compagnes auront alors fait leur pre-
mier semestre en qualité d'institutrices, elles ressembleront
plutôt à des femmes qu'aux joyeuses écolières qu'elles sont
cet hiver.
108 GRAMMAR SCHOOLS.
Je voudrais bien que vous pussiez venir ici cet été. Comme
nous nous amuserions! nous mangerions des fraises et de la
crème, et nous irions folâtrer dans les charmilles en cherchant
des fleurs!... Il se peut (jue j'aille où vous êtes à l'automne
prochain ; c'est pourquoi il ne faudra pas vous étonner si vous
me voyez arriver au moment où vous vous y attendrez le
moins, par quelque belle journée d'automne. Mais il faut que
je m'arrête, sans cela vous serez fatiguée avant d'avoir lu la
moitié de cette lettre.
F'ailes mes amitiés à tout le monde, et n'oubliez pas d'écrire
souvent, je vous prie.
De la part de votre amie,
Mary B.
Age : quatorze ans.
Clarence, comté de Cedar (lowa). Classe supérieure (rhétorique).
56. — A UNE COUSINE.
(4® année.)
Ma chère cousine,
Je vais vous parler, d'un magnilique cadeau que l'on m'a
fait pour ma fête. Il a été trouvé dans un grand arbre dans
les bois, mon oncle Jean l'a pris et me l'a donné. C'est un
bel écureuil gris, avec deux yeux ronds et brillants, un petit
nez, deux oreilles, une bouche et un cou, un gros corps dodu,
quatre pattes, et une queue soyeuse. Il a dix-huit ou vingt
pouces (1) de long et de quatre à six de haut. Il est petit et
trapu, il me mord le -doigt, et quelquefois il aboie après moi;
il mange, il boit, il court. II est apprivoisé maintenant, mais il
est très-turbulent. Il me cause beaucoup de plaisir. Il mange
des gâteaux, du pain et des châtaignes. Maman lui achète
une livre de châtaignes tous les jours. Quand je l'appelle, il
accourt rapide comme l'éclair. Nous l'appelons Georgia. J'aime
beaucoup Georgia. Ne croyez-vous pas que vous l'aimeriez?
Dites-le-moi dans votre lettre.
Votre fidèle amie,
Lena P.
Indianapolis (Indiana).
(1) Le pouce anglais vaut : 0'^,0!25
LETTRES. 109
— A UNE AMIE.
(4^ année.)
Indianapolis (Indiana) 29 mars 1876.
Ma chère amie.
Dimanche dernier, en allant à l'école du dimanche, j'ai ren-
contré deux tout petits garçons qui se battaient, et je leur ai dit
qu'il ne faisaient pas bien, qu'ils devaient cesser de se cha-
mailler et venir avec moi à l'école du dimanche. Là-dessus
l'un d'eux, qui était un peu plus petit que l'autre, s'en vint
avec moi et je le conduisis à l'inspecteur, qui le mit dans un
groupe. En m'en retournant à la maison, il me dit le sujet de
sa querelle : l'autre petit garçon lui avait pris son canif. Là-
dessus je l'emmenai avec moi pour voir si nous pouvions décou-
vrir le petit garçon. >'ous le rencontrâmes, il retournait chez
lui en pleurant et il était très-fàché de ce qu'il avait fait. Je
l'arrêtai donc et lui dis qu'il devait rendre le canif. 11 le rendit
et dit qu'il était fâché et demanda pardon. Le petit Freddie lui
pardonna, et ils s'en allèrent tous les deux chez eux très-contents.
Freddie m'a dit qu'il allait à l'école du dimanche et qu'il était
dans une charmante classe. Comme je n'ai plus rien à vous
dire, je termine ma lettre.
De la part d'une très-sincère amie,
Florence L.
Age : douze ans.
58. — A UNE AMIE.
(4* année.)
Indianapolis (Indiana), 29 mars 1876.
Ma chère amie.
J'ai reçu avec plaisir votre aimable lettre, et j'ai appris
avec joie que Carrie allait à Chicago.
J'ai été à une réunion qui avait lieu à l'occasion de la fête
de quelqu'un et j'ai joué à une petite fille un bon tour. J'avais
110 GRAMMAR SCHOOLS.
un miroir que je couvr.ais avec une serviette et je lui ai
(Ismandé quelle espèce de bète elle voulait voir. Elle voulut
voir uu singe : je levai la serviette et elle s'y vit.
On nous fait écrire des lettres pour le Centenaire. Miss Fay,
ma maîtresse, a dit : « Je ne crois pas que les autres lettres
soient admises, ï> mais qu'elle pensait que celles-ci le seraient.
J'ai un petit oiseau favori qui est bien apprivoisé. Ce matin,
au déjeuner, j'ai ouvert la porte de la cage, il a volé sur la
table, puis il s'est jeté dans le sucrier, ce qui nous a fait tant
rire que j'ai été obligée de le remettre dans sa cage.
Répondez-moi promptement et vous obligerez votre amie,
Jessië t.
Age : onze ans.
59. — A UN PÈRE.
{i° année.)
Indianapolis l'Indiana), 29 mars 1876.
Mon cher père,
Nous avons reçu avec plaisir votre bonne lettre la semaine
dernière. Vous nous faites bien défaut. Maman a été malade
pendant près de deux semaines, mais elle est rétablie mainte-
nant. Samedi dernier, la maison était pleine de monde. Le
soir nous^avons tous été nous promener, et quand nous sommes
rentrés, le bébé était très-malade. Il n'est pas encore tout ù
fait guéri. Nous avons eu un orage affreux la semaine dernière
et il fait très-froid maintenant. Tous les ruisseaux sont gelés.
Le soir, lorsque j'ai fini mon travail, je vais quelquefois pati-
ner. Je voudrais bien vous parler de l'école. Nous apprenons
la petite division (1). Je l'aime beaucoup mieux que la multi-
plication et la soustraction. Nous désirons tous vous voir reve-
nir bientôt. Nous sommes bien tristes sans vous. Nous n'avons
plus personne pour nous raconter des histoires. Nous ne
sommes pas heureux quand vous n'êtes pas là.
Votre fille affectionnée,
Matilda N.
Age : douze ans.
i) Division avec un ou deux chiffres au diviseur.
LETTRES. lll
60. — A UNE AMIE.
(i" année.)
Indianapolis (Indiaiia), 29 mars 1876.
Ma clière amie,
J'ai voulu vous écrire pour vous dire combien je me suis
amusée à la fête de Wasliiugtoa (1). Comme il n'y avait pas
d'école, nous avons passé la journée à notre guise. Le matin,
après déjeuner, j'ai été chez ma sœur Kate, où j'ai joué un
instant avec le bébé. J'ai passé le reste de la matinée à me
préparer à aller dans l'après-midi voir jouer le Hoosier School-
master par les élèves de High School. C'était splendide ! J'ai
pensé à vous plus d'une fois, vous vous seriez bien amusée.
Après le spectacle, j'ai été prendre le thé avec une de mes
amies. Après le thé nous sommes allées à une soirée où nous
nous sommes bien amusées. Nous avons joué des tours et nous
avons fait beaucoup d'autres jeux charmants. Après cette réu-
nion, je suis rentrée à la maison. Vous pouvez vous imaginer
si j'étais fatiguée. Maintenant que je vous ai raconté toutes les
nouvelles, je terminerai ma lettre en vous disant de m'écrira
bientôt.
Toute à vous,
Lelia K.
Age : treize ans.
61. — A UN COUSIN.
(•i^ année.)
Indianapolis (Indiana), 29 mars 1876.
Cousin George,
Samedi dernier je me suis levé à six heures ; j'ai fait ma toi-
lette et j'ai déjeuné. Comme maman faisait la cuisine le malin,
il fallut couper du bois et aller plusieurs fois chez l'épicier. J'ai
dîné, puis, malgré la pluie qui a duré presque toute l'après-
(l) Anniversaire de la naissance de Washington, 22 février.
112 GUAMMAU SCIIOOLS.
midi, j'ai été voir les Haverly's Minstrels (1). Il n'y avait pas
beaucoup de monde à l'Académie à cause du temps humide.
C'était très-amusant. Avant de rentrer à la maison je me suis
promené dans la rue du Méridien (côté du Sud) jusqu'à l'en-
droit où travaille mon père. Je crois qu'il était environ cinq
heures et demie quand je suis arrivé à la maison. Ensuite j'ai
coupé du bois et préparé le feu pour faire le souper. Le souper
prêt, nous nous sommes mis à table ; après cela, j'ai étudié
mes leçons pour lundi, et puis j'ai été me coucher.
Votre cousin,
Oscar M.
l^ge : douze ans.
62. — A UNE AMIE.
(6'' année.)
Dayton (Ohio), 11 février 1876.
Ma chère amie,
Je ne puis pas venir, ainsi ne m'attendez pas. C'est bien
ennuyeux. Mon oncle m'a envoyé chercher et naturellement il
faut que j'y aille, mais j'aimerais mieux aller chez vous. J'en ai
été si vexée! Mon oncle n'en fait jamais d'autre : il m'envoie
toujours chercher les jours où j'ai envie d'aller ailleurs. Je vais
vous dire (juelque chose, mais il ne faut pas en parler. Vous
viendrez, votre maman a dit que vous le pouviez. Cela sera
plus agréable, n'est-ce pas? Je viens de l'apprendre à l'instant,
c'est maman qui est venue me le dire. Vous viendrez demain,
et je serai à la gare. Nous nous amuserons beaucoup, c'est à
dix milles dans la campagne, mais c'est bien triste lorsqu'on y
va toute seule.
Toute à vous,
Garrie R.
Age : treize ans.
2* district.
(1) Les représentations des Minstrels sont les plus originales, sinon
les seules originales, du théâtre américain. Les Minstrels sont une
troupe d'acteurs, dont deu.K nègres (faux nègres), et qui, assis en
demi-cercle sur la scène, causent ensemble sur les événements du
jour, les célébrités politiques, les questions d'iutérôt local. C'est la
forme américaine de la Parabase d'Aristophane.
LETTRES. 113
63. — A UNE AMIE.
(6^ année.)
Dayton (Ohio), 11 février 1876.
Ma chère ami
e,
J'ai reçu avec plaisir votre aimable lettre, il y a quelques
jours. J'ai été heureuse d'apprendre que vos fleurs n'ont pas
souffert, car tela aurait été une grande perle pour vous. J'aime
beaucoup ma nouvelle école, cependant je ne l'aime pas autant
que notre ancienne école de campagne. J'espère aller à Louis-
ville cet été, car je désire beaucoup vous revoir, Avez-vous
reçu les livres que je vous ai envoyés? Vous plaisent-ils? J'ai
pensé qu'ils seraient de votre goût. Qui est ce J. B. dont vous
parlez, et qui est venu demeurer dans la maison voisine de la
vôtre? Le temps est si triste que je suis triste aussi.
Votre amie sincère,
Nellle s.
Dayton (Ohio). École du 2« district.
Age : onze ans.
64. — A UN COUSIN.
Mon cher cousin Jacques,
Votre lettre du 24 février m'est parvenue samedi dernier.
Vous ne sauriez croire combien j'ai été content de recevoir de
vos nouvelles. Je commençais à croire que vous ne m'écririez
plus. La nouvelle de la maladie de mon oncle David m'a fait
beaucoup de peine. Ce n'est pas dangereux, n'est-ce pas? Je
ne crois pas que je puisse jamais l'oublier, parce qu'il était
plein de bontés pour moi quand j'étais tout petit. Espérons
qu'il se rétablira bientôt et qu'il vivra encore de nombreuses
années pour nous rendre tous heureux. Je suis content
d'apprendre que vous vous portez bien et que vous allez à
8
114 GRAMMAR SCHOOLS.
l'école. Vous voulez savoir si j'y vais aussi, ce que j'étudie et
à quoi je vais travailler cette année. Eh bien, je m'en vais
vous le dire.
J'ai commencé d'aller à l'école vers le l^"" décembre, et je ne
l'ai pas manquée plus de deux ou trois jours. Dans l'histoire
des Etats-Unis nous étudions les causes de la Révolution amé-
ricaine. C'est très-intéressant maintenant. Le peuple souffrit
beaucoup. Il eut beaucoup de courage. Si quelqu'un de ces
soldats, qui combattirent si courageusement, était au Cente-
naire, je pense qu'on le traiterait avec beaucoup de respect.
Dans la Tenue de livres nous étudions la partie double. C'est
assez difficile. C'est quelquefois si difficile de dire si les effets
reçus et les effets payés sont au (lébit ou au crédit. Nous avons
cependant une règle qui nous aide un peu. Voici celte règle :
le débit est ce que coûte la valeur en magasin, et le crédit est
ce que produit la valeur.
J'ai terminé mon Arithmétique il y a déjà quelque temps.
J'ai travaillé aux Problèmes du Centenaire. Quelques-uns de
ces problèmes ont été ratés, comme nous disons quelquefois.
Il y en avait de si difficiles que je n'ai pas pu les faire. Il faut
que nous expliquions les problèmes après les avoir résolus, et
cela est quelquefois assez difficile à faire. Mais je pense qu'il
est très-utile de nous forcer à donner la raison de ce que nous
avons fait lorsque nous avons trouvé la réponse : cela nous
apprend à penser.
Nous nous servons du livre d'Orthographe analytique, et je
crois que c'est un très-bon livre; nous venons de le terminer, et
nous allons le recommencer. Nous faisons une espèce de recueil
des mots difficiles que nous trouvons n'importe où dans nos
leçons de lecture. Notre maître nous donne aussi beaucoup de
mots difficiles que nous mettons dans ce recueil, je vais en
citer quelques-uns : indélébile, médullaire, infranchissable,
impassible, Champagne, campagne, jarret.
Je ne suis pas aussi avancé dans la Grammaire que je vou-
drais l'être, mais je travaille assez bien. On nous donne beau-
coup de phrases à écrire, c'est un très-bon exercice, parce que
cela nous habitue à mettre nos pensées sur le papier. Mes
autres études sont l'Algèbre et la Géographie. En somme, je
crois que je travaille assez bien. J'espère aller bientôt à
New York pour travailler dans une manufacture de tapis. Je
pense, Jacques, que vous ne tarderez pas à répondre à cette
lettre et que vous me direz ce que vous étudiez. Présentez mes
LETTRES. 115
respects à votre père, à votre mère et faites mes amitiés à
votre petit frère.
Tout à vous,
Edward M.
Age : dix-sept ans.
Perrinevilie, comté de Monmouth (New Jersey). District n° 27.
65. — A UNE AMIE.
Ma chère amie.
J'ai promis de vous raconter ma visite à New York aussitôt
mon retour, et je vais essayer de le faire. Le train quitta
Boston à dix heures ; j'y fus bientôt installée commodément et
emportée au loin avec rapidité. On s'arrêta à Springfield à une
heure, et tout le monde se précipita au buffet pour le déjeuner.
Le train arriva à New York à cinq heures ; j'allai immédiate-
ment à Sturtevant House, enchantée de trouver le repos.
Le lendemain matin je me réveillai de bonne heure au bruit
des grelots des omnibus et du roulement des charrettes. Les hôtels
ont une coutume charmante : celle de donner des fruits aux
hôtes pendant qu'ils attendent leur déjeuner.
Les bruits des rues, c'est-à-dire les cris du laitier et des
marchands de fruits, sont tout à fait différents ici de ceux que
nous entendons dans les États de notre Nouvelle-Angleterre.
Les rues ne sont pas semblables aux rues biscornues de Boston;
les avenues sont du nord au sud, tandis que les rues forment
des angles droits de l'est à l'ouest. Elles sont numérotées dans
la nouvelle partie de la cité au lieu de porter un nom parti-
culier.
Les éghses y sont très-élégantes, surtout à l'intérieur. Dans
une de celles que j'ai visitées, les douze apôtres étaient peints
sur les panneaux des murs, et sur la plate-forme il y avait
l'image de Jésus sur la croix. Il y a de splendides bâtiments en
marbre, entre autres la résidence privée de Stewart, ornée de
dorures, les grands magasins et une nouvelle cathédrale catho-
lique, qui, dit-on, pourra rivaliser avec celles de l'Europe.
Si jamais vous allez à New York, n'oubliez pas de visiter le
Parc central. En hiver les étangs sont couverts de patineurs et
entourés d'une foule immense qui y vient tous les jours. Les
116 GRAMMAR SCHOOLS.
dames ont bon goût et s'habillent à la mode française. Presque
à chaque détour d'une rue on est arrêté par un mendiant qui
demande l'aumône. Il ne faut pas que j'oublie de vous parler
des chiffonniers ; ils tiennent dans leurs mains les limons d'une
charrette auxquels sont attachés deux chiens qui traînent tout
Je fardeau. Des sonnettes de toutes les dimensions et de tous
les ions sont fixées à deux perches qui sont dans la charrette.
A chaque mouvement ces sonnettes s'agitent et font un bruit
-extraordinaire.
Il faut que je termine ma lettre, car vous devez être fatiguée
de lire tout cela. J'espère recevoir bientôt de vos nouvelles et
suis
Votre amie affectionnée,
Ida Ch.
Age : treize ans.
Boston (Charlestown). Harvard grammar School.
66. — au président grant.
A Son Excellence le Président de cette glorieuse
et ancienne Union.
Mon cher Monsieur,
Comme vous n'avez jamais entendu parler de moi, j'espère
que vous pardonnerez à un inconnu la liberté qu'il prend de
vous écrire, et que vous lui permettrez de se présenter. Je suis
né dans le petit État que les Philadelphiens appellent quelque-
fois l'Espagne. Nous cultivons beaucoup de pommes de terre
douces et nous nous sentons à peu près aussi indépendants que
les autres États de l'Union. Il n'y a que des patriotes ici, et si
notre petit État est sablonneux, il a toujours joué son rôle dans
la glorieuse Union. Vive New Jersey ! vive Grant ! vivent les
États-Unis ! et vive moi !
Je suppose que vous voyez avec plaisir s'approcher le Cente-
naire et que vous souhaitez que le moment de le commencer
soit déjà arrivé. Les bâtiments sont très-convenables, mais ils
ne sont pas aussi jolis qu'ils le paraissent sur les gravures. J'ai
été les voir et je crois qu'ils seront très-beaux quand ils
seront terminés, car ils auront alors un grand air de propreté.
Naturellement Votre Excellence assistera à cette fête et peut-
LETTRES. 117
être serez- vous un peu surpris ou amusé en voyant qu'un
écolier a écrit une lettre à vous dont il ne sait rien, si ce n'est
ce qu'il a lu dans les livres et dans les journaux. Ce que j'en ai
appris de cette manière est bien peu de chose, cependant c'est
plus que d'autres n'en savent, car j'aime à lire. Les tours des
bcàtiraents du Centenaire sont très-hautes, et en y montant on
peut voir la ville et le parc qui l'entoure. Je pense que moyen-
nant une légère dépense vous pouvez voir autant de curiosités
et autant d'étrangers que si vous voyagiez dans tout le monde
en exjjosant inutilement votre vie.
Peut-être avez-vous beaucoup voyagé et vu beaucoup d'é-
tranges spectacles ; mais j'imagine que, lorsque vous aurez
visité tous les bâtiments du Centenaire, vous les regarderez
comme un des plus magnifiques spectacles que vous ayez
jamais vus.
11 y aura des têtes couronnées qui viendront de l'autre côté
de l'Océan, et je pense que toutes voudront voir l'homme qui
préside aux destinées des États-Unis, ce pays qui est encore
dans l'enfance.
Je vous loue pour la conduite héroïque que vous avez tenue
pendant la dernière révolte, en combattant pour votre dra-
peau, pour votre pays et pour la bonne cause. On entendit
beaucoup d'exclamations de surprise, lorsqu'on apprit dans le
>'ord les exploits hardis et audacieux que vous aviez accomplis
dans le Sud et le zèle avec lequel vous commandiez vos troupes
pendant ces quatre années de luttes et de soutfrances, qui pri-
vèrent tant de familles de leur soutien et de leur foyer.
Vous êtes à votre place à la Présidence, et, si c'était l'habi-
tude des États-Unis, vous mériteriez d'être élu une troisième
fois; mais comme ce n'est pas la coutume, j'imagine que vous
ne voudrez pas violer les lois du pays.
Je répète : Vive Grant! vive l'Union ! vive le monde entier!
Je demeure votre admirateur et votre humble ami,
AV. BuRR H. St.
Age : quatorze ans.
Au Président Grant.
Glendale, comté de Camden (New Jersey). District n^ '26.
118 GRAMMAR SCHOOLS.
V. — Excreîces de style : la vîe doiiiesiique.
67. — MA PREMIÈRE EXPÉRIENCE DE MÉNAGE.
C'est la première fois que j'essaye de tenir une maison toute
seule, et j'espère que je réussirai à bien faire.
C'est aujourd'hui jeudi matin, et maman s'en va à sept heures
et demie. Papa la conduit à la gare, puis elle s'en va toute
seule chez grand'maman ; elle reviendra d'aujourd'hui en quinze,
s'il ne survient rien.
Mais il ne faut pas que je reste assise ici à écrire, car j'ai
mon lit à faire, maman a fait le sien avant de partir.
Là! j'ai fait proprement mon lit; maintenant il faut que je
repasse mes leçons. Je ne les sais pas très-bien, et quand je
les saurai, il faudra que je me prépare pour la classe. Je fais
ainsi deux choses à la fois : je tiens le ménage et je vais à
l'école.
Je suis prête maintenant, et je crois que je vais partir.
J.'arrive à la maison, je reviens de l'école. 11 fait très-froid
dehors et je commence à avoir mal à la tète : c'est le temps
froid qui en est cause. Je vais me faire une compresse de rhum.
Maintenant c'est tout à fait passé et je vais écrire un peu.
Il est maintenant cinq heures, et il faut que je fasse le feu,
car papa ne va pas tarder à rentrer. Je me demande ce que
nous aurons pour le thé. Papa voudrait des pommes de terre
frites; je les aime beaucoup et papa aussi.
Oh! le voilà; il a froid aussi, comme moi quand je suis ren-
trée, et il ne fait pas très-chaud dans la salle ;i manger. Allons,
je vais préparer le thé. Je veux m'asseoir à la place de maman
et faire comme si j'étais elle, Nous avons terminé notre souper
et papa va m'aider à desservir. Maintenant c'est lini, et je
vais dans le salon étudier mes leçons. Lorsque j'aurai lini, je me
remettrai à écrire. Allons, j'ai écrit assez pour un jour, je vais
lire un chapitre de la Bible, j'embrasserai papa et j'irai me
coucher.
Vendredi 1-i.
Ce matin j'ai été éveillée par papa, qui m'a dit de me lever.
La matinée était très-froide ; je me suis habillée et je suis des-
LA VIE DOMESTIQUE. 119
cenilue. C'est la première fois que je déjeune sans manaan.
Nous avons fini de déjeuner et j'ai lavé la vaisselle. Je vais
repasser un peu mes leçons. Maintenant je vais me préparer
pour aller à l'école.
Je suis revenue de très-bonne heure de l'école. Aujourd'hui
j'ai à balayer. J'ai bien envie de remettre à demain une partie
du balayage. 11 faudra que je balaye la chambre à coucher de
maman, le salon et ensuite j'irai m'asseoir pour écrire. Il est
temps de faire le feu et de préparer le souper. Je crois que c'est
l'heure où papa doit rentrer. Je voudrais qu'il rentrât. Oh! le
voici. Allons, je vais préparer le thé. Je crois. que nous allons
manger. Je suppose que papa va me laver la vaisselle, je passe
dans l'autre chambre. J'ai bien sommeil, si je me couchais?
Samedi matin.
J'ai terminé mon balayage, j'ai bien épousseté, puis j'ai
arrosé les fleurs. Il faut que je prépare le dîner de bonne
heure, parce que papa et moi nous allons aile* nous promener
en voiture.
Ah! nous voilà revenus, après nous être bien promenés en
voiture.
Je suppose qu'il nous faut encore souper. 11 me semble que
nous ne faisons que manger. J'ai souvent entendu dire à maman
que tout son temps se passait à préparer les repas, et je com-
mence à croire que c'est vrai.
Dimanche après-midi.
Papa et moi nous allons à l'école du dimanche dont il est
inspecteur.
A la bonne heure, c'est aujourd'hui jeudi et maman sera ici
aujourd'hui. Je suis bien contente, parce que c'est la même chose
tous les jours. Je n'aime pas îi tenir le ménage, j'aime mieux allei-
à l'école. Je voudrais qu'ils fussent arrivés. Je vais voir quelle
heure il est. Mais il fait bien de la boue, et puis le pauvre
Chariot est un peu malade et il faudra que la voiture aille len-
tement. Il me semble que j'entends venir une voiture, je vais
courir voir. Oh ! oui, la voihà; ils viennent, je crois que je ne
vais pas m'ennuyer plus longtemps à écrire cette composition,
ainsi : adieu.
Ella L.
Age : douze ans.
Comté de Bergen (New Jersey). District n" 38.
120 GRAMMAR SCHOOLS.
68. — LE MÉNAGE.
I.'une des plus grandes sources d'embarras, lorsqu'on est
mariée, c'est l'ignorance des devoirs et des responsabilités qui
incombent à la femme dans le ménage. De nos jours il y a cent
dames qui savent tapoter sur le piano, pour une qui sait faire
une miche de bon pain. Lorsqu'elles sont jeunes fdles, la pensée
qu'elles deviendront bientôt maîtresses de maison ne se pré-
sente que bien rarement, ou même ne se présente presque
jamais, à leur esprit. Il est vrai qu'elles songent au mariage^
mais elles oublient que le mariage et le ménage sont insépa-
rables. Oh! non, leur temps est trop bien pris par la musique,
le français et les autres arts d'agrément pour qu'elles puissent
perdre même une heure et s'abaisser à faire ce qu'elles appellent
!e travail d'une .servante. Ou bien elles se figurent peut-être
([u'elles pourront plus facilement apprendre à tenir un ménage
quand il leur faudra s'occuper d'une maison, qu'elles ne le
peuvent lorsqu'elles sont demoiselles et qu'elles vont à
l'école.
Qu'il est malheureux pour une jeune fille de grandir et de
devenir femme avec de telles idées dans l'esprit, et d'ignorer que
tout le bien-être et tout le bonheur domestique dépendent de
la maîtresse de maison! Combien de dames très-riches qui sont
obligées de s'en remettre à d'indignes domestiques et à des
mercenaires pour tenir leur ménage, afin d'avoir le temps de
l'aire des visites, d'en recevoir et de ne pas être ennuyées par
les affaires du ménage! Mais la richesse s'en va quelquefois
plus vite qu'elle n'est venue, et les domestiques la suivent natu-
rellement ; alors plus d'une dame est obligée de faire son travail,
et elle fait triste figure dans son ménage. Elle verra alors la
difterence qu'il y a entre une bonne et une mauvaise ménagère.
Ses idées se modifieront complètement, elle ne pensera plus
comme elle pensait quand elle était demoiselle et qu'elle allait
à l'école, ou qu'elle vivait dans le beau monde avant son mariage;
car alors elle se figurait qu'elle aurait bien assez d'argent pen-
dant toute sa vie pour payer des domestiques qui tiendraient sa
maison.
H y a un vieux proverbe qui dit : « Si une jeune fille veut
être aimée et respectée par son mari, il faut qu'elle apprenne
LA VIE DOMESTIQUE. 121
à faire du pain léger, car son pain léger rendra le cœur de son
mari léger et exempt de soucis. >
Mary L.
Age : quatorze ans.
Avondale, comté de Hamilton (Ohio).
69. — JE VAIS A LA MAISON.
(Jueile émotion, quelle joie, quel plaisir remplit le cœur de
l'écolière ! quelle espérance, quelle animation, se lit sur son
visage ! quels beaux rêves elle fait lorsipie la session tire à sa
lin et qu'elle s'écrie joyeusement : « Je vais à la maison! »
Elle peut avoir passé bien des jours heureux avec ses maî-
tresses bien-aimées et avec ses charmantes camarades ; cepen-
dant après une longue absence, après beaucoup de fatigue et
de travail, elle ne peut s'empêcher de se réjouir en pensant
qu'elle retourne chez elle, où elle retrouvera ces êtres aimés et
chéris qui l'attendent avec tant d'impatience.
« Je vais à la maison » est une pensée bien douce à tous les
cœurs qui ont la moindre parcelle d'affection humaine.
Le pauvre laboureur est charmé par cette pensée : « Je vais à
la maison, d lorsque le jour se termine et que le grand dispen-
sateur delà lumière et de la chaleur disparait derrière l'horizon.
Le petit écolier est enchanté lorsqu'il s'élance en bondissant
et en chantant joyeusement, lorsqu'il quitte la vieille petite
maison d'école et que, son petit sac et son ardoise à la main, il
dirige ses pas vers sa maison.
Le matelot, après avoir été ballotté sur les flots inconstants
de l'Océan, pousse des cris de joie lorsqu'il entend ce cri :
« En partance pour le pays ! » et il pense qu'il va revoir ce
petit coin de terre tant aimé et si sacré, son foyer domestique.
Lorsque les soldats étaient bien loin de leurs foyers, ardem-
ment occupés à réprimer cette affreuse révolte, quelle joie,
quelle gaieté ne remplit pas leurs cœurs lorsqu'ils entendirent
retentir ce cri : «. Nous retournons à la maison ! »
Il y a une njaison dont nous ne pouvons qu'en partie nous
figurer les gloires; nous savons qu'il y règne une paix, une joie
parfaite, que jamais les nuages du chagrin ne voilent la lumière
de sa joie parfaite, que jamais les ombres n'obscurcissent
l'éclat d'un endroit si brillant.
Lorsque la nuit de la terre sera passée, lorsque nous aurons
122 GRÂMMAR SCHOOLS.
terminé notre voyage de retour, lorsque nous n'aurons plus à
lutter avec la vie', lorsque nous aurons conduit notre petite
barque saine et sauve près de la terre promise et en vue du
Port du Repos, nous pourrons chanter avec notre dernier sou-
pir : « Je vais à la maison. »
Carrie g.
Age : quinze ans.
Comté de Middlcsex (New Jersey).
70. — LES PETITES FILLES SONT LA JOIE DE LA MAISON.
Petites filles, j'ai souvent remarqué avec quelle patience et
avec quelle fidélité nous travaillons pour Noël lorsqu'il s'ap-
proche.
Nous faisons appel à nos mains et à nos intelligences pour
trouver d'ingénieux moyens de rendre heureux nos amis et ceux
qui sont chez nous, à l'époque de cette grande fête. Puisque
nous pouvons nous donner tant de mal pour avoir le plaisir do
voir nos parents et nos amis heureux pendant un seul jour, ne
serions-nous pas bien payées des petits sacrifices que nous
ferions pour les voir heureux pendant toute l'année ?
Je crains bien, petites filles, que nous ne fassions pas tous
nos efforts pour faire régner le bonheur dans la maison ; et
pourquoi cela ? Je vous demande si nous ne devrions pas être
aussi désireuses de rendre ceux qui nous entourent heureux
pendant toute l'année, que nous le sommes de les rendre heu-
reux pendant un seul jour? Ne serions-nous pas payées de nos
peines? Je crois que nous le serions. Quoi qu'il en soil,je veux
essayer.
Pour cela il ne faudra ni porte-montres ornés de perles, m
pantoulles brodées, ni belles devises brodées en soie ou en
iaine, ni rien de ce genre, mais il faudra de la patience.
Les petites filles qui ont d'assez grands trésors de cette
vertu trouveront peu de difficulté, mais celles qui ont un tem-
pérament volcanique (comme moi, par exemple) seront obli-
gées de se surveiller et de travailler ferme.
Lorsque vous retournez chez vous après l'école, et que vous
êtes fatiguées et peut-être épuisées par les études de la journée
(la fatigue contribue rarement à calmer les nerfs}, vous trouvez
quelquefois qu'il y a quelque chose qui va mal, maman est
à moitié malade, et, de plus, elle est de mauvaise humeur.
LA VIE DOMESTIQUE, 123
C'est ce qui arrive ordinairement les jours de lessive. Je ne
sais pas comment cela se fait, mais il est rare que tout ne
s'obstine pas à aller de travers ce jour-là.
Peut-être trouverez-vous le bébé occupé à s'amuser au grand
détriment de votre boîte de couleurs, ou à faire quelque autre
mauvais coup. Alors vous voudrez gronder : mais ne le faites
pas, petites filles, car cela ne rendrait personne heureux, et
cela ne ferait qu'aigrir tout le monde.
Vous pouvez avoir à employer la douceur et la persuasion
pour engager bébé à renoncer à ces jolis joujoux avec lesquels
il s'est tout barbouillé, mais ne grondez pas : jetez-vous au
plus fort de la bagarre, comme disent les garçons, et aidez
maman ; alors vous ne tarderez pas à voir sa mauvaise humeur
se dissiper.
Direz-vous que vous êtes fatiguée et que vous n'avez pas le
cœur au travail '* Maman n'est-elle pas fatiguée aussi ? Et
croyez-vous qu'elle ait le cœur au travail plus que vous?
Maintenant, parlons des garçons.
Faut-il vous étonner qu'ils prennent leurs chapeaux aussitôt
après le thé et qu'ils s'en aillent, si maman et les sœurs sont
de mauvaise humeur et si tout est en confusion? Petites filles,
ne croyez-vous pas que nos frères seraient plus disposés à pas-
ser leurs soirées à la maison si nous savions la leur rendre plus
agréable et si nous ne les ennuyions pas ?
Car, petites filles, si les garçons ne trouvent pas le plaisir et
le bonheur à la maison, ils le chercheront ailleurs. Alors ils
commencent à croire que les personnes de la maison ne se
soucient pas d'eux, puis ils en sont sûrs ; puis ils se disent
que si personne ne se soucie d'eux, ils seraient bien bons de
se soucier des autres et d'eux-mêmes.
Petites filles, vous connaissez toutes les conséquences de ce
raisonnement, je n'ai pas besoin de vous les décrire; du reste,
je n'aurais pas assez de talent pour faire un tel portrait.
Mais, d'un autre côté, si les garçons sont trop prompts à
trouver que maman et les sœurs sont de mauvaise huuieur
quelquefois, se disent-ils qu'ils en sont la cause? Ils ne veulent
pas admettre que nous sommes les plus fortes, oh ! non ;
mais si nous ne sommes pas les plus fortes physiquement,
pourquoi le serions-nous intellectuellement ?
S'imaginent-ils que nous n'avons rien qui nous ennuie ou
nous irrite? Qu'ils prennent notre place et qu'ils soient sujets
à tous les petits ennuis qu'on ne peut pas éviter dans un mé-
124 GRAMMAR SCHOOLS.
liage, et nous verrons s'ils ne sont pas quelquefois de mauvaise
humeur.
C'est naturellement noire faute, disent-ils ; nous ne devrions
pas nous laisser abattre par de telles bagatelles, et nous ne
devrions pas nous abandonner à notre humeur. Cependant nous
sommes des êtres humains et nous ne pouvons pas résister à
tout; si la maison est désagréable pour les garçons, s'il faut
absolument qu'ils la quittent pour aller chercher du plaisir
ailleurs, pourquoi n'en ferions-nous pas autant?
Les garçons supposent-ils que nous ne ferions pas de nou-
veaux efforts pour leur rendre la maison agréable, s'ils nous
encourageaient un peu ou s'ils témoignaient qu'ils prennent
quelque plaisir dans notre société ? Qu'ils essayent, et ils
verront.
Sarah F.
Age ; treize ans.
Comté de Cumberland (New Jersey). District i\° 4-1.
71. — LA COMMÈRE.
Les commères sont des personnes qui vont de tous côtés
raconter ce qu'elles voient et ce qu'elles entendent dire sur
leurs voisins. Les personnes qui sont toujours oisives ne
manquent pas d'être les plus grandes commères. On ne les
trouve que bien rarement chez elles. Le matin, avant de termi-
ner leur ouvrage, elles vont cancaner chez leurs voisines.
Il y en a qui balayent le devant de leur porte tous les matins;
tout en faisant cette besogne, elles s'appuient sur le manche de
leur balai et causent avec leurs voisines.
Il en est de même des écoliers et des écolières. Lorsqu'ils
arrivent à l'école, au lieu de s'asseoir et d'étudier leurs leçons,
ils vont d'un banc à l'autre et racontent à leurs camarades ce
qui s'est passé la veille.
Les cancans et les commérages ruinent la réputation de
beaucoup d'honnêtes gens. On peut comparer le commérage à
une boule de neige. Si nous la roulons dans la neige , elle
deviendra très-grosse, car, àmesureque nous la faisons tourner,
la neige s'y attache. Lorsque nous avons fini de la rouler, elle
est si grosse que nous ne croirions jamais que c'est la même.
Ainsi font les commères. Lorsqu'elles voient ou qu'elles
LA VIE DOMESTIQUE. 125
apprennent le moindre défaut chez leurs voisins, elles ne
manquent pas de Je colporter de tous côtés, et chaque fois
qu'elles en parlent, elles y ajoutent quelque chose ; enlin,
lorsque l'histoire arrive aux oreilles de la personne intéressée,
elle est tellement augmentée, qu'elle n'est plus reconnaissable.
C'est pour cela que les commères ont tant d'ennemis. Si, au
lieu de courir de tous côtés comme elles font, elles restaient
chez elles et faisaient leur travail comme il doit être fait, et si
au lieu d'essayer de ternir la réputation des autres, elles son-
geaient à conserver la leur, elles auraient plus d'amis, et s'expo-
seraient à beaucoup moins d'avanies. Il faut éviter de telles
personnes si nous tenons à notre tranquillité. S'il n'y avait pas
tant de commères dans ce monde, on serait bien plus heureux.
Mary K.
Age : treize ans.
York (Pensylvanie).
72. — l'exemple vaut mieux que le précepte.
L'exemple vaut mieux que le précepte : c'est ce que peut
voir quiconque a du bon sens. Les petits garçons disent géné-
ralement : (( Je ferai comme papa, car papa est un homme et
il sait se conduire en homme; et si je fais comme lui, je serai
bientôt un homme aussi. » Et les petites filles disent : « Je ferai
comme maman, car maman est une femme et elle sait se con-
duire en femme ; et si je fais comme elle, je serai bientôt une
femme aussi. » Les parents ne savent pas avec quelle attention
leurs enfants épient et imitent leurs moindres mouvements. Je
crois que lorsque les parents conduisent leurs enfants partout
où ils vont, dans les bons et dans les mauvais endroits, ils
devraient veiller soigneusement sur leur propre conduite.
Vous pouvez juger les parents assez exactement d'après leurs
enfants. Les parents peuvent dire à leurs enfants ce qui est
bien et les punir s'ils font mal ; mais cela sera inutile à moins
qu'ils ne leur donnent l'exemple. Combien de fois n'arrive-t-il
pas qu'un père jure devant son enfant et le punit ensuite s'il
répète ces jurements? L'enfant pourrait bien lui dire : « Mais,
mon père, je ne sais pas pourquoi vous grondez ainsi votre
petit enfant, puisque tous les vilains mots que je dis, vous les
prononcez devant moi chaque jour, b
126 GRAMMAR SCHOOLS.
Les personnes qui ont assez de jugement pour prendre soin
d'un enfant doivent en avoir assez pour savoir se conduire
comme elles veulent que l'enfant se conduise.
L'opinion générale semble être que si on fouette un enfant
toutes les fois qu'il fait mal, c'est tout ce que les parents
peuvent faire. Rien ne me paraît plus absurde (jue de voir un
homme tirer de sa poche une chique de tabac ou sa pipe
devant ses fils, et leur dire ensuite : « Si jamais je vous prends
à faire usage de tabac, je vous secouerai d'importance : le tabac
ne vaut rien pour les enfants. » (S'il ne vaut rien pour les enfants,
pour qui est-il bon? les enfants sont-ils tenus d'être plus
propres que les hommes?) Et ces parents agiront de même pour
les boissons enivrantes, (jui sont bien plus mauvaises que le
tabac. Cependant un animal, privé de la parole, estimerait ces
deux choses bien au-dessous de lui. 11 y a des hommes qui
disent : « Les enfants ne sont pas assez âgés pour savoir faire
usage des liqueurs ; » mais je ne crois pas qui! y ait beaucoup de
personnes qui sachent en faire usage, sans cela on n'en verrait
pas une goutte dans les États-Unis.
J'ai entendu un jour un prédicateur dire que « alcool signifie
le démon ou le malin esprit 'J). C'est un très-bon nom, je crois.
Dans les Proverbes, au chapitre XX, verset 1, vous trouverez
ces paroles : « Le vin est un railleur, les liqueurs fortes
exercent des ravages, et quiconque se laisse tromper par ces
choses n'est pas sage. »
Mais jurer, chiquer et boire ne sont que trois des choses que
les pères font devant leurs enfants, tout en essayant de les en
dissuader. Beaucoup de personnes disent : « Eh bien, si mes
enfants ne tournent pas bien, je ne saurai qu'y faire ; j*ai fait
tout ce que j'ai pu : je leur ai toujours dit ce qui était bien et je
les ai fouettés qjiand ils ne l'ont pas fait. »
iMais je crois qu'on fouette trop dans ce monde ; il me semble
vraiment qu'il n'y a pas un enfant sur douze qui ne pourrait
pas être élevé sans être fouetté. Si les parents étaient patients,
bons, tendres, s'ils ne s'emportaient jamais et s'ils faisaient
sentir à leurs enfants qu'ils les aiment et qu'ils veulent qu'ils
deviennent des hommes et des femmes honnêtes et utiles ; en
un mot, s'ils se servaient de leur esprit de la meilleure manière
et non de la plus mauvaise comme beaucoup de personnes
semblent faire, pour leur donner le bon extmiple, ils auraient
de meilleurs enfants qu'on n'en a généralement.
L'exemple vaut mieux que le précepte, à tous les points de
L.V VIE DOMESTIQUE. 127
vue. Vous savez que jusqu'au xvi^ siècle il eu coûtait la vie
pour prononcer le nom du Christ, mais maintenant tout le
monde est libre d'adorer Dieu selonl'inspirationde sa conscience;
l't pourquoi cela? Je crois que c'est parce que les nobles mar-
tyrs nous ont donné un si grand exemple en souffrant les plus
horribles tortures plutôt que de désavouer le nom du Christ. Sup-
posez que ces martyrs aient dit que nous n'aurons jamais honte
de proclamer le nom du Christ, quelles qu'en pussent être les
conséquences, et qu'ils ne nous eussent pas donné ces exemples,
quel bien aurait été fait? Aucun, au contraire.
x\manda m.
Age : quatorze ans.
Comté de Burlington (New Jersey). District n^ 87.
tô. — LA MODE.
Je vais vous dire ce qu'était la mode il y a plusieurs années,
et ce qu'elle est à présent.
Il n'y a pas très-longtemps, on ne connaissait pas les enve-
loppes. Alors on enfermait la lettre que l'on voulait envoyer
dans une feuille de papier pliée soigneusement, et on en ca-
chetait une des extrémités avec de la cire.
On se servait de plumes d'oie, et, à l'école, les maîtres
étaient obligés de les tailler, ce qui demandait beaucoup
d'habileté. Les élèves tâchaient de se procurer des plumes
d'oie de Hollande, qui étaient meilleures que toutes les autres.
Mais comme ces plumes coûtaient très-cher, ils étaient souvent
obligés de s'en passer. Lorsqu'un élève avait réussi à s'en
procurer une, tous ses camarades l'entouraient et vendaient
leurs toupies et leurs couteaux pour Tacheter.
11 n'y a pas encore bien longtemps, on ne connaissait pas
les bottines à boutons. On portait des bottines à lacet et des
guêtres. Mais aujourd'hui on ne veut plus porter d'autres
bottines que les bottines françaises en chevreau et surmontées
de nœuds de rubans.
En Chine, on porte les cheveux tombants sur le dos, ce qui
est assurément une manière très-commode de se coiffer. Mais
ici, les femmes se surchargent le front d'une si grande quantité
de crêpés et de frisures, qu'elles en sont presque aveuglées.
La façon des robes diffère aussi beaucoup aujourd'hui de ce
qu'elle était jadis. Alors on portait des robes toutes simples;
128 GRAMMAR SCHOOLS.
maintenant, elles sont presque entièrement couvertes de gar-
nitures.
On raconte qu'une femme qui avait laissé tomber son porte-
feuille ne put pas se baisser pour le ramasser, parce que sa
jupe de dessus était trop serrée, et elle aurait été obligée de
prier quelqu'un de le ramasser, si elle n'avait pas eu une
ombrelle à manche recourbé.
l.es modes de 1770 sont bien différentes de celles de 187G.
Au Centenaire, on fera une exposition de diverses modes de
1776. On y verra aussi quelques-unes des choses qu'on avait il
y a cent ans. A Philadelphie, on prépare des hôtels pour rece-
voir les personnes qui se proposent d'aller voir les modes
d'autrefois.
Beaucoup de personnes passent plus de temps à lire leur
journal de modes qu'à lire leur Bible. Elles ont tort, car la
mode de ce monde n'a qu'un temps.
Mattie B.
Age : quatorze ans.
Newport (Rhode Island).
74. — LA MODE.
On peut affirmer que la civilisation d'un pays est propor-
tionnée à l'intluence que la mode y exerce.
Le principal caractère auquel on peut reconnaître un état
de barbarie, c'est le soin trop minutieux avec lequel on con-
serve les coutumes anciennes.
Le mot « mode » s'applique à différentes choses : aux vête-
ments, à l'architecture, à la manière de vivre, à la table, aux
voitures, etc.
C'est ordinairement une personne ou des personnes de haut
rang qui déterminent la mode.
Avant la chute de l'empire français, presque tout le monde
civilisé suivait les modes de l'impératrice Eugénie et de la
princesse de Metternich. Mais depuis la guerre franco-prus-
sienne, la princesse héritière de Prusse a pris leur place.
A une certaine époque, il était de bon ton de n'avoir chez
soi que des choses neuves. Aujourd'hui c'est tout le contraire,
et il faut avoir beaucoup de vieux meubles, beaucoup de vieille
faïence, parce que c'est la mode.
LA VIE DOMESTIQUE. 129
Autrefois on se servait de chandelles au lieu de gaz, on avait
de grandes cheminées au lieu de poêles. C'est en 1816 qu'on
apporta de New-York les premiers poêles à Newport.
Pendant le règne de l'un des premiers rois ou de l'une des
premières reines d'Angleterre, il était de mauvais ton de se
servir de son mouchoir en compagnie ou même de le montrer.
Mais, un peu plus tard, le trône fut occupé par une reine qui
eût été très-belle si elle n'avait eu une vilaine bouche. Pour
cacher ce défaut, elle avait l'habitude de porter un mouchoir,
et, depuis cette époque, il n'y a pas eu de toilette complète,
quelque élégante qu'elle fût, sans un mouchoir.
La mode change très-promptement.
A une certaine époque on pouvait manger avec le couteau;
mais aujourd'hui si l'on mangeait avec son couteau, on serait
considéré comme une personne fort mal élevée. A Paris, dans
les maisons à la mode, c'est à peine si l'on voit paraître le
couteau sur la table. Dans la même ville, on sert les glaces
avec une fourchette et non pas avec une cuiller.
Je pourrais m'étendre plus longuement sur ce sujet si j'en
avais le tem})s ou le désir, ou si j'avais les connaissances
nécessaires.
Effie W.
Age : seize ans.
Newport (Kliode Islandj,
/O. -^ LA .MODE.
On dit généralement que .ce sont les femmes qui connaissent
le mieux ce qui regarde la mode. Il vaudrait autant pour une
femme n'être plus de ce monde que de porter une robe ou un
chapeau qui ne fût plus de mode.
Plus d'un homme a été ruiné par sa femme. Il faut à Madame
ses « épingles » (J), comme elle dit. Vous savez qu'il est d'usage
que le mari lui alloue tant par an pour sa toilette. Une épingle,
ce n'est pas grand'chose, mais la quantité d'argent qui passe
en « épingles y> est énorme f2).
Dans le bon vieux temps, on se contentait d'une robe de
(1) Pin-moneij. ,
(2) A pin a da\j is a gront a ijear (Proverbe). (Note du Traducteur.)
9
130 GRAMMAR SCHOOLS.
calicot pour aller à l'église; maintenant une femme ne saurait
sortir sans avoir une robe faite de la plus belle soie. Mais les
fenunes ne sont pas seules à suivre la mode.
Jadis les bonunes portaient des culoltes courtes, des souliers
})lats surmontés de boucles d'argent, et ils fumaient ordinaire-
ment la pipe. Maintenant ils ont des pantalons faits du drap le
plus fin, des bottes eu veau, et ils fument des cigares du meil-
leur tabac. Les enfants eux-mêmes veulent suivre la mode et
fument des cigares. S'ils ne peuvent pas se procurer des cigares
entiers, ils ramassent les bouts qui sont jetés i)ar d'autres.
Ls riches luttent entre eux à qui aura les plus beaux che-
vaux ou les plus belles voitures. Un tel a une jolie voiture qui
est plus belle que celle de son voisin : celui-ci, (jui ne veut pas
se laisser battre, en achète une plus belle.
La mode, comme on le voit, fournit de l'occupation aux cou-
turières, aux tailleurs, aux cordonniers, aux carrossiers, aux
marchands de chevaux, etc.
George K.
Age : quinze ans.
Newport (Hhodc hland).
Vt. — Exercices de style : la vie de l'école
décrite par les écoliers.
76. — l'école.
j'aiméasse:i recelé, j'aime tout, excepté l'orthographe qui est
la première chose que nous faisons le matin. L'école dont je
parle est dans le dix-neuvième district de l'avenue Woodburn,
entre l'avenue Dilbrit et les rues Chapple. Nous avons une jolie
cour oîi nous jouons, mais il n'y a pas de gazon comme dans
la cour des filles.
Quelquefois cela m'ennuie beaucoup d'étudier, par exemple,
lorsqu'on nous examine pour le Centenaire. Nous entrons
aussitôt que la maîtresse entre, et nous ne sortons pas avant
midi. Nous rentrons aussitôt que notre maîtresse vient, puis
nous ne sortons plus avant quatre heures, et quelquefois quatre
heures et demie. Mais c'est aujourd'hui le dernier jour, je crois,
excepté l'écriture qui reste à faire et quon fera probablement
LA VIE DE l'école DÉCRITE PAR LES ÉCOLIERS. 131
lundi ; et si ce n'est pas mon écriture (jui est admise au Cente-
naire, je n'aurai rien qui y aille.
Frank iM.
Age : dix ans.
Cincinnati (Ohio).
//. — NOTRE ECOLE.
Cher Monsieur,
On nous demande ce matin d'écrire quelque chose sur notre
école. C'est une construction en briques qui contient dix salles
et une Hall (1 ); cependant on ne se sert que de huit classes. On
l'a bâtie en 1869 ; l'ancienne fut incendiée, ce qui causa bien du
dérangement. >'ous étudions maintenant l'histoire, la gram-
maire, l'arithmétique mentale et écrite, l'histoire naturelle,
l'écriture et l'orthographe. L'histoire est mon étude favorite,
j'exècre la granmiaire et je ne l'étudierais pas si je n'y étais
forcé. Je n'en écrirai pas plus long aujourd'hui.
Tout à vous,
• Ernest B.
Age : treize ans.
Rochelle, comté d*Ogle (lllinoisj.
78. — NOTRE ÉCOLE.
Il y a une école à Elkader, j'y vais. J'aime à y aller, parce
i{ue nous avons un maître charmant. 11 y a cinq maîtres, cinq
classes et aussi une grande Hall. Elle a deux étages. L'école
est sur la rue du fleuve Turkey, qui traverse la ville. Dans la
division d'allemand nous apprenons à parjer et à lire l'allemand.
Dans l'autre division nous apprenons l'anglais.
Dans ma salle on nous apprend la lecture, l'écriture, l'ortho-
graphe, le calcul et la gymnastique, et presque tous les vendredis
nous avons une leçon de choses qui est très-intéressante. J'étudie
quatre livres : le quatrième recueil, la seconde partie de l'arith-
(l) Grande salle oii se font les assemblées de l'école, les examens,
les fêtes et les cérémonies de fin d année.
13:2 GRAMMAK SCHOOLS.
inétique de Ray, le livre d'orthographe et la géographie. En tout
il y a plus de deux cents élèves allant à l'école. La maison d'école
a été bâtie en 18G8.C'estleS. Rollin quia posé la première pierre.
Elle est bâtie de briques, elle s'élève sur des rochers, elle a
beaucoup de fenêtres. Dans l'école nous avons des chaises, des
bancs pour la récitation, des tableaux noirs, de la craie ou des
crayons, des éponges pour effacer, des cartes, un grand poêle
surmonté d"un tambour, des rideaux, une jolie boîte en bois
et beaucoup de jolis pupitres. Nous avons aussi un cours
d'études. 11 y a une grande cour autour de la maison d'école.
EVALINE S.
Age : onze ans.
Elkader (lowa)..
79. — NOTRE ÉCOLE.
Notre école occupe le numéro :27 et est connue sous le nom de
Su'cetman's Lane School. Elle fut ainsi appelée parce qu'une
famille nommée Sivectman jiossédait toute la terre qui est
autour de la maison d'école-. Les vieillards des environs disent
que le plus vieux membre de cette famille avait l'habitude de
s'enivrer et quelquefois, lorsqu'il était ivre, il faisait courir ses
chevaux çà et là sur les routes, et c'est pour ce motif qu'on a
appelé la route Siceetman's lane (1).
Notre maison d'école est à environ sept milles au sud-ouest
de Freehold, chef-lieu du comté, et à neuf milles au sud-est de
High-Town. Elle n'est pas très-éloignée du champ de bataille
de Monmoulh. On dit souvent que dans cet endroit nous sommes
au centre du monde; je ne sais pas jusqu'à quel point cela est
vrai, mais je sais bien que nous ne sommes pas loin d'une colline
qu'on appelle l'épine dorsale du monde.
La plupart des gens du voisinage sont des farmei s. Quelques-
unes des fermes sont très-fertiles et les fanuers font de bonnes
récoltes. La terre était très -pauvre autrefois, mais on a
fait un grand usage de marne, ce qui a bonifié la terre, qui
est maintenant si riche que, si l'on y sème du blé, il se forme
en gland avant d'avoir un j)ied de haut. La punaise des pommes
(I) Lane, ruelle, sentier.
LA VIE DE l'école DÉCRITE PAR LES ÉCOLIERS. 133
lie terre (1) nous ennuie beaucoup. L'un des fanners demande
pourquoi Noé a pris cette punaise dans son arche.
Notre maison d'école a environ vingt pieds de large et trente
de long, elle n'a qu'un étage. Elle a vu de meilleurs jours. Il
y a quarante ans qu'on l'a hàlie. Dans le plancher et dans les
murs il y a de grands trous qui laissent entrer beaucoup d'air
frais. Nous avons beaucoup de mal à nous garantir du froid
en hiver. L'une des portes intérieures est démolie et l'autre le
sera bientôt. La porte extérieure est brisée et ne peut pas se
fermer complètement. Il y a longtemps que nous avons besoin
d'une autre maison d'école, mais je suppose qu'on a voulu que
celle-ci vécût assez pour voir le Centenaire.
Notre cour de récréation est très-grande, il y a quatre arbres
qui nous doiment beaucoup d'ombre l'été. Les garçons jouent
au jeu de paume dans un des champs voisins de l'école. Nous
apprenons la géographie, la grammaire, la tenue de livres, l'a-
rithmétique, l'arithmétique mentale, l'algèbre, l'histoire des
États-Unis, la lecture, l'écriture, l'orthographe et la composi-
tion. Il y a des élèves qui sont fort avancés en calcul pour leur
âge.
Il y a des élèves qui quelquefois font de très-drôles d'erreurs.
L'autre jour un élève lisait un passage où il était question d'un
homme qui allait dans la terre de Chanaan, et au lieu de dire
Chanaan, il dit : Canada. Cela nous fit tous rire.
Notre école est grande pendant l'hiver, mais elle est petite
pour le reste de l'année. La moyenne des élèves de cette année
sera environ vingt-huit. Notre maître semble désireux de nous
voir apprendre et nous l'aimons beaucoup. Nous avons une jolie
bibliothèque d'école, elle contient des livres très-intéressants.
Presque tous les élèves étudient bien. Nous avons pour la
plupart à travailler le matin avant d'aller à l'école. Nous ne
pouvons pas nous lever à huit heures, comme si nous n'avions
qu'à déjeuner et aller à l'école : il faut que nous nous levions
pour traire les vaches et faire l'ouvrage avant d'aller en classe.
L'éducation est une chose que personne ne peut nous enlever.
Notre maison d'école n'est pas la meilleure du monde, mais si
nos pupitres sont à la vieille mode, nous pouvons étudier et
apprendre beaucoup de choses. Nous aimons qu'on vienne
visiter notre école et nous tâchons toujours de traiter de notre
(1) Insecte destructeur de la pomme de terre, sorte de coccinelle
très-redoutée aux États-Unis.
434 GRAMMAU SCHOOLS.
mieux les visiteurs. Nous leur montrons ce que nous étudions
et nous aimons qu'ils nous fassent des questions, si ces ({ues-
tions ne sont pas trop difliciles.
Mary G.
Age : treize ans.
Comté de Monmouth (New Jersey). —District n" 27.
80. — COMPTE RENDU DU DERNIER EXAMEN,
Cher Monsieur,
Comme on nous demande de rendre compte de notre dernier
examen, je vais essayer de vous raconter tout ce que je pourrai
me rappeler sur ce sujet.
Le matin du jour de notre examen, il fit, dès l'aurore, un
orage qui donnait vrai^nent aux objets un aspect charmant.
Nous commençâmes dans la matinée notre travail, qui était un
examen sur l'arithmétique ; et, plus j'étudie cette science, plus
je suis mal placée à la lin du mois. Lors(iue vient le moment
de l'examen, les garçons pensent qu'ils voudraient bien faire
l'école buissonnière ; les filles voudraient bien aussi, mais il
ne peut en être question, car il y a un truant officer (1) aux
environs.
Comme le temps qui m'a été donné pour écrire cette lettre
est expiré, je termine.
Toute à vous,
Agnès H.
Age : quinze ans.
Fitchburgh (Massachusetts). — École de Day Street.
81. — LES COMPOSITIONS.
De toutes les choses que redoutent les jeunes écolières, les
compositions leur paraissent les plus terribles, et ordinairement
elles ne se mettent à écrire qu'à la dernière minute. Nous
prenons notre ardoise et notre crayon et nous commençons une
douzaine de sujets; mais nous n'écrivons pas plus d'une demi-
(1) Truant offwer, officier municipal chargé de ramener à l'école
des enfants vasrabonds ou faisant l'école buissonnière.
LA VIE 1)1] i; ÉDILE DÉCRITE PAU LE.S ÉCOLIERS. 135
douzaine de lignes sur chacun; cela doit suffire et nous allons
demander un sujet à quelqu'un. Lorsqu'on nous en a donné un,
nous sommes très-contentes. Mais nous ne pouvons pas écrire
assez sur ce sujet et il faut qu'on nous aide un peu, et, après
avoir reçu un sommaire du sujet ou quelques avis, nous écrivons
précipitamment en faisant beaucoup de fautes, et naturellement
nous n'obtenons pas de très-bonnes notes. Nous n'osons pas
nous en plaindre, car nous savons parfaitement bien que nous
les avons méritées. Quelquefois nous regrettons de n'avoir pas
été plus soigneuses.
La meilleure manière, je crois, est de commencer une
semaine d'avance, et d'écrire un peu chaque jour. Alors notre
composition serait meilleure et nous serions mieux notées.
Je crois que ce qui rend les compositions si ennuyeuses pour
nous, c'est qu'on ne nous en a pas fait écrire quand nous
étions plus jeunes, mais maintenant on apprend à les écrire
dans les classes inférieures, et lorsque ces écolières seront
dans les classes du degré supérieur, les compositions ne leur
paraîtront pas si difficiles qu'elles nous paraissent.
Si nous voulions suivre les conseils de notre maîtresse et ne
pas remettre à. la dernière minute à écrire nos compositions,
nous pourrions les faire plus longues et plus intéressantes que
nous ne les faisons
Je pense que nous devrions essayer de plaire à notre maî-
tresse en les lui remettant à l'époque qu'elle a fixée, car elle
nous donne deux semaines pour les préparer avec autre chose,
de manière que nous ayons grandement le temps de les
corriger, et, s'il y a trop de fautes dans nos compositions, nous
avons bien assez de temps pour les écrire de nouveau.
Mary D.
Age .• treize ans.
York fPennsvlvaniei
82. — ENCORE LES COMPOSITIONS.
Dans les écoles de chaque cité, de chaque ville, et de chaque
État, les élèves doivent écrire par semestre deux ou trois com-
positions, et peut-être davantage. Mais dans l'école que je
fréquente, nous devons en écrire à peu près quatre par semestre.
Pendant l'époque actuelle, qui est consacrée au Centenaire, on
nous en a fait écrire une douzaine, plus ou moins, et Dieu sait
combien on nous en fera encore écrire avant d'être à la fin.
136 GRAMMAR SCHOOLS.
Or, le l)ut principal que l'on se propose en faisant taire ces
compositions, est de voir quel parti les élèves peuvent tirer
d'une petite histoire ou de quelque vérité générale. Les uns
copient dans leurs livres ou dans des journaux, les autres
mettent dans ces devoirs tout ce qu'ils ont logé dans leur petite
tôle pendant le cours de leurs études.
Dans cette école-ci, il faut que nous ayons assez de cervelle
pour nous mettre k la besogne aussitôt après que le sujet a été
donné, ou pour choisir nous-mêmes notre sujet et rédiger une
bonne composition. Mais c'est ce que nous ne faisons pas.
Certains élèves attendent jus([u'au dernier moment (c'est ce
que j"ai fait), puis ils disent à la maîtresse : « Je ne puis pas
écrire de composition. » — « Eh bien, répond-elle, vous pouvez
rester jusqu'à cinq heures, vous verrez alors si vous pouvez en
écrire une; si vous ne pouvez pas encore l'écrire, nous aurons
recours tous les jours au même procédé jusqu'à ce que vous
l'ayez faite. »
Mais cette punitionne produit plus d'elfet, etles élèves disent:
(( Je ne peux pas écrire de composition, ainsi vous devriez me
permettre de m'en aller. »
Enfin il faut remettre les devoirs, et le moment approche
pour les élèves de s'en aller ou de rester, selon qu'ils ont fait
ou n'ont pas fait leur composition. Alors la maîtresse dit :
(( Annie, où est votre composition ?» — « J'en ai une partie
à la maison, je l'apporterai demain matin. Je dois aller chez le
ministre ce soir, et je ne pourrai pas la finir avant demain. »
— « Restez jusqu'à cinq heures. » — ■ « Johnnie, ouest votre
composition? » — « Je n'en ai pas. J'ai passé la soirée en ville
hier, et je n'ai pas pu l'écrire. » — « Vous pouvez rester jusqu'à
cinq heures. »
Telle est l'amende qu'on a toujours infligée aux élèves.
T. E. C.
Ago : quinze ans,
Newport (Rhode Island).
83. — CRITIQUE DES COMPOSITIONS.
Ma maîtresse veut (|ue j'écrive une composition, elle dit qu'on
l'enverra au Centenaire et qu'on la comparera avec ce que les
jeunes filles écrivaient il y a cent ans.
Or, je ne crois pas qu'il y a cent ans les enfants eussent à
faire rien de pareil, nous ne sommes pas d'un iota plus intelli-
LA VIE DE l'école DÉCRITE PAR LES ÉCOLIERS. 137
gents qu'ils n'étaient et nous avons à faire presque dix fois autant
qu'eux. Ils n'étudiaient que deux ou trois sciences, et on pensait
que si un garçon (ou une fille) savait bien l'orthographe, savait
lire la Bible, écrire convenablement une lettre et compter com-
bien il lui fallait de dollars pour son entretien pendant une
année, il en savait assez.
Je suis de cet avis, moi aussi : je ne vois pas l'utilité de
toutes ces histoires, de tous ces examens, et, tenez, je crois
qu'après que nous nous serons donné beaucoup de mal et que
nous nous serons cassé la tète pendant une semaine, on jettera
au feu la moitié de ce que nous aurons écrit sans jamais l'en-
voyer au Centenaire. Et si on l'y envoie, qui est-ce qui ira le
voir? Personne. Les grandes personnes ne feront pas attention
à des enfants!
Cela me met tout cà fait hors de moi : sous prétexte que
nous sommes des enfants, on nous impose et on nous fait
faire des choses que nous ne savons pas faire. Et ma maî-
tresse aussi. Elle dit que je puis écrire une composition, et je
sais bien que je ne le puis pas ; cela me révolte au dernier
point, et je vais écrire d'une manière révoltante aussi, car elle
m'a dit que je pourrais écrire tout ce que je voudrais et dire
aux gens ma façon de penser si je le voulais. Eh bien, ma façon
de penser, la voici : on ne pourra pas trouver une composition
écrite il y a cent ans pour la comparer avec les nôtres, parce
que, il y a cent ans, on avait trop de bon sens pour demander
aux enfants d'écrire des compositions. Je sais ce qu'on en fera
(si Ton ne s'en sert pas pour allumer le feuj : on les comparera
avec quelques-uns des écrits de ces braves gens d'il y a cent
ans qui savaient écrire des choses sensées, et ce sera du propre !
Je voudrais que quelques-uns de ces braves gens existassent
maintenant. Je veux dire des gens comme Thomas Jefferson,
Richard Henry Lee, Patrick Henri, John Adams et Henry Clay, et
d'autres comme eux; ils ne demanderaient pas à de petites éco-
lières^de douze ans d'écrire des compositions pour le Centenaire !
Ûhî c'est affreux! on nous surmène, nous mourrons à la
peine! Environ douze récitations (1) par jour, et il faut ensuite
s'occuper des affaires de la maison, lire les journaux, suivre la
mode, regarder des manifestations (:2) et cent autres choses que
(1) Ce mot ne se prend pas seulement dans le sens de récitation
des leçons apprises par cœur, mais en général de toute interrogation,
révision on examen sur les matières de renseignement.
(2) Processions politiques, fréquentes surtout à l'époque des élections.
138 (.RAMMAl'i SUIIOOLS.
les enfants d'il y a cent ans n'avaient pas à faire. Comment pou-
vons-nous écrire des compositions et nous occuper de tout cela?
Et dire que nous sommes ici dans la salle de classe et que c'est
aujourd'hui le lendemain du Mardi-Gras! Je me demande quel
est l'enfant qui, il y a cent ans, aurait pu écrire une composi-
tion ou songer à rien de semblable penclant une semaine, après
avoir vu Moïse et les roseaux comme nous les avons vus hier
soir. Je suis trop occupée à penser à toutes ces choses pour en
écrire plus long; et, si quelqu'un pouvait écrire une composition
le lendemain du Jour où il a vu ce spectacle, il y aune personne
qui ne le pourrait pas, et cette personne, c'est
JuM.v K.
Age : douze ans.
Nouvelle-Orléans (Louisiane). — École de M'Donogli, rue Lauvel.
8i. — LA VIE d'une ÉCOLIÈRE.
Je pense qu'on s'attend à ce que j'écrive une excellente com-
position sur un pareil sujet, puisque je suis écolière moi-
môme. Lorsque j'ai des leçons bien difficiles à apprendre, et
surtout lorsque je veux me promener ou aller voir quelqu'une
de mes amies, je souhaite presque de n'avoir pas à aller à
l'école ou d'avoir terminé mes études. Je ne sais pas comment
celles qui ont terminé leurs études peuvent dire que le temps
où elles allaient à l'école était le meilleur temps de leur vie.
Quand on va à l'école, on n'a jamais fini d'étudier. Il faut que
j'étudie ferme si je veux savoir mes leçons. Ce n'est pas très-
agréable d'être assise toute laprès-midi dans la maison, occupée
à étudier, pendant que le soleil luit avec tant d'éclat ou que vos
amies sautent à la corde ou jouent à quelque autre jeu; alors
il vous prend envie de laisser vos leçons pour le soir. Quelque-
fois vous avez de la compagnie et vous n'êtes pas disposée à
étudier, alors vous dites : Je puis faire cela demain matin ;
vous les remettez à demain, et le lendemain vous ne les étudiez
pas du tout, ce qui a pour conséquence de vous faire perdre vos
bons points.
La vie d'une écolière est un souci continuel, à cause des
études, car il y en a tant ! Je crois que tous les eufants sont
contents de voir arriver les vacances ; s'ils ne le sont pas, ils
ne me ressemblent })as.
Ella C.
Age : douze ans.
Nouvelle-Orléans (Louisiane). — Webster-School.
I.A VIE DE l'école DÉCRITE PAR LES ÉCOLIERS. 139
85. — NOTRE PIQUE-NIQUE SCOLAIRE.
Notre école a ordinairement un pique-nique tous les ans.
C'est au mois de juin que nous le faisons. Nous nous réunissons
d'abord à notre école, et ensuite nous prenons chacun un cama-
rade avec lequel nous marchons. Nous sommes rangés par
degrés : le degré inférieur marche en tète deux à deux, puis
vient le degré immédiatement supérieur, et ainsi de suite.
Chaque degré a une bannière blanche ornée de rameaux verts
et de quelques fleurs, et le nom de chaque degré est imprimé
sur les bannières en lettres faites de rameaux verts. Les deux
premiers élèves de chaque degré portent cette bannière, et
nous avons aussi quelques drapeaux.
Nous nous rendons dans cet ordre à l'endroit où doit avoir
lieu le pique-nique. Nous le faisons quelquefois aux Charmilles
de Beringer, quelquefois au Parc du Sud. Chacun de nous
emporte son dîner. En partant, nous chantons les chansons que
nous savons, et à l'endroit où se tient le pique-nique, ordinai-
rement pendant l'après-midi, chaque degré chante un ou deux
morceaux. Nous nous balançons et nous jouons à différents
jeux. 11 y a toujours beaucoup de glaces, de soda-water, et de
limonade que l'on peut acheter ([).
Ensuite vers six heures et demie ou sept heures nous sou-
pons et nous restons aussi longtemps que nous voulons. Nous
ne rentrons pas en rangs, parce que nous ne retournons pas
chez nous tous à la même heure et que nous ne pourrions pas
nous réunir pour revenir en rangs. Il y a un service d'omnibus
pendant tout le temps, et ceux qui veulent peuvent les prendre.
Ainsi, somme toute, nous nous amusons beaucoup.
Franges S.
Age : douze ans.
Milwaukee fWisconsin).
86. — NOTRE PIQUE-NIQUE SCOLAIRE.
Notre dernier pique-nique scolaire a eu heu le 7 juillet 1875
la ferme de Leudermann. Il faisait très-chaud ce jour-là. On
(1) Aussi plusieurs copies d'élèves sont-elles remplies du récit des
indispositions, maux d'estomac et autres suites de ce régime alimen-
tiire.
140 GRAMMAR SCHOOLS.
avait loué des omnibus pour emmener les enfants, chacun d'eux
payait dix cents, moyennant quoi il avait un billet pour se faire
reconduire chez lui.
Nous sommes parties de bonne heure le matin, vers neuf
heures, par des omnibus qui défilaient les uns après les
autres. Nous nous sommes bien amusées dans l'omnibus, car il
y avait loin. En arrivant au rendez-vous, nous avions toutes
bien chaud et nous étions bien fatiguées. Nous avons joué à
toute es|)èce de jeux et chanté des cantiques et des chansons.
Il est venu un homme qui nous apportait un jeu de croquet et
d'autres jolis jeux. On a dansé aussi. Deux petits Italiens
étaient venus avec des harpes et des violons. Le plancher où
l'on dansait étant très-vieux, il faillit se défoncer. Il était envi-
ron onze heures, ou plus tard, lorsque nous vîmes arriver une
voiture apportant une provision de bonbons et d'autres choses
à manger. Dans l'après-midi il vint d'autres personnes, qui
toutes parurent s'amuser beaucoup. C'est dans l'après-midi que
l'on vit un gros ballon s'élever dans les airs, et un instant
après tout le monde courut à travers l'herbe haute pour le voir;
il paraissait y avoir dans la nacelle des hommes qui agitaient
leurs chapeaux; il franchit le lac et nous le perdîmes de vue
longtemps après.
Il faisait presque nuit quand les omnibus vinrent nous
prendre pour nous ramener chez nous ; mais il n'y avait pas
assez de place pour tout le monde, et quelques personnes
étaient obligées de se tenir debout. Il y en eut beaucoup qui,
ne voulant pas se tenir debout, refusèrent de prendre les omni-
bus, mais les conducteurs leur dirent qu'il n'en viendrait pas
d'autres. Tout finit par s'arranger, et nous rentrcàmes chez nous
sains et saufs.
RosA R.
Ago : quatorze ans.
Milwaukee (Wisconsiii).
87. — COMPTE RENDU D'UXE CONFÉRENCE PUBLIQUE
FAITE PAR l'instituteur.
Nous sommes fiers de nos écoles publiques. Nous avons fait
de rapides progrès pendant le siècle qui vient de s'écouler.
Mais, parmi les éludes que nous faisons à l'école, nous négli-
geons la plus importante, celle de nous-mêmes. Nous appre-
LA VIE DE l'école DÉCRITE PAR LES ÉCOLIERS. 141
nous aux enfants à suivre le cours des fleuves de l'Afrique et de
riude avec beaucoup d'exactitude, mais ils ne connaissent rien
des fleuves de la vie. La mode a trop de part à nos études.
Tous les plaisirs qu'on permet à un petit garçon, on défend à
une petite fllle de les partager avec lui lorsqu'elle a douze ans.
Ou'elle devienne une dame et qu'elle soit à la mode ! telle est
la prière que toutes les mères font tout bas. Dès que la classe
est terminée, le frère peut crier et sauter comme il lui plaît,
mais il faut que sa sœur retourne à la maison en marchant avec
une roideur pleine d'aflectation, et quand elle arrive, il lui faut
s'asseoir avec l'air sérieux d'un vieux propriétaire.
Le matin, lorsque le garçon s'amuse dans la cour derrière la
maison, sous les rayons du soleil, avec sa raquette et sa balle,
il faut que sa sœur aille au salon se percher sur le tabouret de
piano pour étudier et pour essayer de jouer quelque nouveau
morceau de musique qui est à la mode, non pas parce qu'elle a
du talent ou du goût pour la musique, mais parce que c'est à la
mode. La mère désire qu'elle ait l'épine du dos faible, qu'elle
ait la taille fine, parce que si elle est vigoureuse, elle lui trouve
un air vulgaire. Faut-il s'étonner qu'elle paraisse triste et
sombre, la pauvre enfant !
John 0.
Age : dix-huit ans.
LeiperviUe, comté de Delaware (Pennsylvanie).
88. — LES ÉCOLES d'autrefois (1).
A l'Exposition il y aura un bâtiment valant trente mille dollars,
pour montrer ce que peuvent faire les écoliers du Massachusetts.
Notre État est le premier qui ait ouvert des écoles libres, et
ce sont les meilleures du pays
Nellie m
(1) La directrice de h 5* classe de l'école Prescott avait demandé
aux jeunes filles de la classe de s'enquérir chacune auprès de sa
mère de quelques détails sur les écoles d'autrefois. Les réponses des
élèves, sans classement ni révision, ont été inscrites à la suite les
unes des autres dans un cahier dont nous reproduisons la plus
grande partie.
144 GRÂMMAll SCHOOLS.
Nous avons chez nous un livre qui dit que les archives de la
ville, à la date du 13 avril 1635, il y a plus de deux cent cin-
quante ans, contiennent cette phrase : « Délihéré que notre
frère Philémon Purniont sera supplié de se faire maître d'école
pour instruire et élever nos enfants. »
Les écoles n'étaient pas seulement pour les enfants des
colons, mais on permettait aussi aux enfants des Indiens de les
fréquenter.
Alice xM.
Je m'imagine que les écoles ne sont pas aujourd'hui ce
qu'elles étaient il y a cent ans. Lorsque mon père était tout
petit, il était obligé de faire un mille et quart à pied pour
aller à l'école, et quelquefois il lui fallait faire le feu. Il m'a
dit que, })lus d'une fois, lorsqu'il faisait bien froid, il a été
dans les bois chercher de quoi faire du feu.
Nellie m.
Eu Irlande on brûlait de la tourbe, et si les petits garçons
et les petites fdles n'en apportaient pas, le maître ne les laissait
pas s'ap})rocher du feu.
Annie M.
Quelquefois il n'y avait que douze semaines, et au plus six
mois d'école par an. Le temps était précieux, on étudiait ferme
et on apprenait beaucoup de choses.
Martha N.
Mon père m'a dit que, pour se procurer une plume, il était
obligé d'attraper une oie et de lui en arracher une.
Nellie M.
La vieille maison d'école où ma grand'mère allait à l'école
n'avait qu'une salle qui contenait un long pupitre derrière
lequel était un long banc. Les écolières ne s'y asseyaient que
pour écrire. Il y avait d'aulres bancs où deux ou trois élèves
pouvaient s'asseoir pour étudier. Les deux livres dont elles se
servaient étaient la Grammaire de Murray et YEnglish Reader.
Elles n'avaient pas de cahiers comme les nôtres, mais elles
faisaient les leurs avec une main de papier. Chaque élève four-
nissait son encre.
Sarah L.
Je connais une femme qui ditquelorsqu'elle était en Irlande,
LA VIE DE l'École décrite par les écoliers. Ii3
elle faisait elle-même ses crayons avec de l'argile dm'cie et
qu'elle les taillait sur la pierre à repasser.
Sarah M'A.
Lorsque ma grand'mère était jeune, on voyait beaucoup de
maisons d'école en planches brutes (log-houses).
Clara M.
Quelquefois les maisons d'école étaient des cabanes faites de
troncs d'arbres, et les petites fdles étaient obligées de s'enve-
lopper de leurs châles pour n'avoir pas froid.
Julia 317.
Peut-être les hautes fenêtres étaient-elles destinées à empê-
cher les enfants de regarder dehors.
Jessie D.
Les maitres croyaient avoir beaucoup d'élèves s'ils en
avaient cinq ou six. Quelques enfants étaient obligés de faire
un ou deux milles à pied, et les maîtres passaient successive-
ment une semaine dans toutes les maisons jusqu'à ce qu'ils
eussent ainsi parcouru tout le district. 11 était rare que deux
élèves étudiassent le même livre, car chacun d'eux prenait le
livre qu'il avait chez lui, quel f(u'il fût.
Clara M.
La plupart de leurs livres venaient d'Angleterre : ils coû-
taient très'cher et on s'en procurait difticilement.
Emily D.
Lorsque les enfants savaient mettre l'orthographe, hre et
faire des problèmes d'arithmétique , on disait qu'ils étaient
très-savants
Clara M.
Les maîtres punissaient les garçons en leur faisant tendre un
bras ou une jambe, et si un élève n'obéissait pas, ils avaien
une longue règle avec laquelle ils les frappaient.
Sarah L.
Si les filles babillaient, le maître leur attachait leur tablier
sur la figure avec des épingles.
Emma L.
144 GRAMMAR SCHOOLS*
Quelquefois on leur faisait tenir un bâton entre leurs dénis.
Emily D.
l.e maître n'osait pas fouetter les filles, parce que, s'ill'avait
fait, les grands garçons l'auraient fouetté à son tour après la
classe.
Jllia P,.
Les enfants n'étudiaient pas leurs leçons k l'école : ils empor-
taient leurs livres chez eux, et c'était là qu'ils les apprenaient.
Saraii L.
Us n'avaient pas de cour pour jouer pendant les récréations,
ils allaient sur la grande route, dans les champs, dans les
bois.
Mary B.
Quelquefois les salles d'école étaient en pente, de sorte que
les grands sièges étaient derrière et les petits devant le pupitre
du maître.
Martha N.
Le pu})itre du maître ressemblait à une chaire.
JULIA B.
Les différents cours, d'études se faisaient dons la même salle.
Margaret h. •
Songez un peu à notre charmante école de Prescott, et com-
parez-la à ces masures d'autrefois.
JlLlA B.
Je m'imagine qu'on devait mener une vie bien agréable
autrefois, d'après ce que j'ai entendu dire. On avait alors de
grandes cheminées qui chauffaient à blanc les salles d'école.
Maintenant on les chauffe à la vapeur. En hiver les écoliers se
mettaient sous les pieds quelque chose qu'on appelait des
poêles pour les pieds. Je ne sais pas quelle en était la forme
exacte, mais je suppose qu'ils étaient gentils et chauds.
Sadie a.
C'était une boîte d'étain percée de trous. Il y avait une porte
et une poignée semblable à l'anse d'un seau. Lorsque les
LA VIE I)K l'kcOLE DÉCRITE PAU LES ÉCOLIERS. 145
vieilles dames sortent en voiture, elles mettent du charbon
allumé dans un seau ou un vase d'étain qu'elles placent dans
la boîte : la chaleur passe par les trous et leur tient les pieds
chauds.
• Clara M.
Les écolières avaient des bassinoires pour chauffer leurs lits.
Hattie s.
Elles avaient naturellement froid aux doigts en hiver; alors
elles faisaient chauffer des briques qu'elles enveloppaient dans
du drap et qu'elles portaient sur leurs genoux lorsqu'elles
allaient en voiture.
Ida B.
Il n'y avait pas de feu dans les églises à cette époque-là; aussi ^
emportaient-elles leurs briques et leurs chaufferettes.
Flora M' L.
S'il y avait une école du dimanche, elle se tenait dans la
maison d'école, et les élèves y apprenaient leurs leçons dans
le Livre fV Heur es anglais. Quelques-unes des questions étaient :
a Quel fut le premier homme? Quelle fut la première femme?
Quel fut l'homme qui vécut le plus longtemps? Qui tenta Eve
et lui fit manger la pomme? »
Clara M.
On employait alors dans les églises divers instruments de
cuivre au lieu des orgues dont nous nous servons.
Margaret h
On avait une basse-viole, un violon et un diapason pour
entonner les chants.
.lESSlE I).
Dans un ancien chœur il y avait deux ou trois personnes qui
conduisaient le rhant; l'assemblée se joignait à elles, et les
entraînait.
SURIE D.
Grand'maman chantait dans le choeur quand elle était jeune.
Hattie S.
Lorsque la Nouvelle-Angleterre fut colonisée, les hommes
10
140 GRAMMAR SCHDOLS.
étaient obligés d'emporter leurs fusils à l'église, pour se défendre
si les Indiens venaient les attaquer. Lorsque les voitures étaient
rares, on allait à l'église à cheval ^ les femmes montaient en
croupe. Les enfants n'avaient en général qu'une paire de sou-
liers, et ils devaient les faire durer longtemps. Les petites
filles étaient obligées de marcher pieds nus.
Mame L.
Lorsqu'ils allaient à pied à l'église, ils portaient leurs chaus-
sures à la main et ne les mettaient à leurs pieds qu'au moment
d'entrer à l'église.
LizziE IS.
On voyait rarement des étrangers dans les petites villes, et
on apprenait aux enfants à les saluer respectueusement s'ils les
^rencontraient sur la route. Les vieilles gens conservent cette
habitude encore maintenant, et maman dit qu'à Sydney on dit
aux enfants de le faire, et que ceux qui ne le font pas sont
regardés comme des enfants mal élevés,
SusiE D.
Ils étaient plus polis dans ce temps-là que nous ne le sommes
aujourd'hui.
Emily L.
Les vieilles gens disaient alors : « Les murs ont des
oreilles. »
Mary B.
Et maintenant les vieilles gens disent : «, 11 faut que l'on voie
les enfants et qu'on ne les entende pas. ))
Maugie h.
Chaque [armer contluisait à son tour à l'école ses enfants et
ceux de ses voisins. Lorsqu'il avait fait une grande tempête de
neige et que les routes étaient obstruées, il prenait un grand
traîneau, y attelait ses bœufs et allait de maison en maison
jusqu'à ce qu'il eut chargé son traîneau.
Ida B.
Le traîneau était couvert de l)ri(jues chauffées pour leur
tenir les pieds chauds.
Sara H L.
LA VIE DE l'École décritî-: par les écoliers. 147
Je me figure qu'ils devaient Lien s'amuser en se rendant
ainsi à l'école !
Jeannie C.
Ils emportaient des dîners composés de pain, de fromag-e et
de pommes, et s'ils avaient un morceau de pâté par semaine,
c'était un grand régal.
Clara M.
Pour les grands garçons et les grandes filles qui avaient à
travailler pendant le jour, il y avait des cours d'écriture et des
écoles du soir. Ils portaient leur encre, leur plume d'oie et
leur chandelle. S'ils n'avaient pas de chandelier, ils faisaient
quelquefois dans une pomme de terre un trou assez gros pour
tenir leur chandelle, et ils s'éclairaient de cette façon.
JULL\ M. J,
Les horloges dont on se servait à cette époque étaient très-
drôles. Le maître avait dans son pupitre un sahlier marquant
une demi-heure, et quand le sable était tout à fait écoulé, les
écoliers criaient : « Le verre est fini. » Alors on le retournait
et ainsi de suite jusqu'à midi.
Jessie D.
Lorsque grand'maman était petite, elle demeurait à Fayal et
on faisait la classe dans la maison de quelques personnes qu'on
voyait à leur aise.
Un homme tenait une classe de garçons dans une maison, et
une femme, une classe de filles dans une autre. Le mercredi
et le samedi après-midi les filles cousaient et faisaient toute
sorte de jolis travaux.
Mary S.
Les carreaux de vitres employés dans les maisons étaient
très-petits. On n'avait pas de tapis sur le plancher, on y répan-
dait quelquefois du sable sur lequel on traçait dès chiffres avec
un balai de sapin.
Martha.
Certaines personnes n'avaient pas le moyen d'acheter du
verre qui coûtait très-cher; alors on clouait des morceaux de
drap blanc sur les fenêtres pour remplacer les carreaux.
Anna G.
148 GRAMMAH SCHOOLS.
Lorsqu'on voulait faire bouillir une chaudronnée d'eau, une
crémaillère en fer fixée sur Tun des côtés de la cheminée se
balançait au-dessus du feu.
Sarah g.
Il y a cent ans, beaucoup d'endroits où s'élèvent des villes
aujourd'hui étaient couverts de bois ; il n'y avait pas de routes;
on ne voyait que des sentiers et il fallait faire des marques sur
les arbres pour trouver sa route.
Hattik t.
Les pianos s'appelaient alors des épinetles.
Jl'Lia II.
On avait alors des chaises à dossier haut et droit et des
escabeaux de bois.
Flora M' ï..
On n'avait pas alors de tapisseries comme nous en avons
dans nos maisons.
Margie h.
On se servait de vaisselle d'étain et de bois.
Emma L. .
Ma mère demeurait à Sydney Mines (cap Breton). Elle n'avait
pas tous les avantages dont je jouis aujourd'hui. D'abord elle
n'avait pas de si bons habits. Si elle avait une robe neuve en
calicot, elle se trouvait très-bien habillée, car c'était une étoffe
très-rare. Les écoliers écrivaient sur l'écorce des arbres pour
économiser le papier.
SusiE D.
Maman dit qu'on ne s'habillait pas aussi bien que maintenant
lorsqu'elle élait jeune. On portait alors des vêtements fabri-
qués à la maison et des pantalons de calicot rouge, et lorsqu'on
avait une robe de laine écossaisse et des pantalons blancs, on
se crevait vêtue avec élégance.
Emma D.
Lorsque ma grand'mère était petite lîlle, ses parents étaient
farmers et elle allait à l'école pendant l'hiver.
LlLLlE B.
LA. VIE DE l'ÉCULE DÉCRITE i'AU LES ÉCOLIEHS. UO
11 y a cent ans, il n'y avait presf[ue que des farmers.
Annie G.
Ma mère a demeuré en Irlande jusqu'à l'âge de seize ans ;
c'est pourquoi elle n'a pu rien me dire sur ce qui se passait
ici il y a cent ans.
LizziE ^V.
Les portefeuilles dont on se servait alors étaient faits de
peau de mouton ou de gros cuir, on les cousait avec du fil de
cordonnier. Ils avaient la forme d'une bouteille.
Nellie g.
Les dames portaient des bourses tricotées et on avait son
argent en numéraire.
Gertrude K.
Les messieurs portaient des jabots sur le devant de la che-
mise, et leurs grands cols droits s'appelaient des chemisettes.
Cor A C.
Les fusils dont on se servait alors s'appelaient des fusils à
pierre, et ils avaient des baguettes de bois.
Ellnett J.
Les enfants n'avaient pas autant de récréation qu'aujourd'hui.
Les garçons travaillaient aux champs, les filles dans la maison.
Annie G.
Quelques-unes des filles avaient à faire des blanchissages,
outre le déjeuner de la famille qu'il leur fallait préparer
chaque jour avant d'aller à l'école.
Martha N.
On n'avait pas alors les espèces de jeux qu'on a aujourd'hui.
Annie G.
Les filles n'avaient pas alors de jolies poupées pour s'amuser,
elles n'avaient que des bébés faits de chiffons.
LiLLIE B.
On n'avait pas beaucoup de distractions : de loin en loin un
cirque venait donner dos représentations.
Emilv I).
150 GRAMMAR SCHOOLS.
Les enfants devaient aller de ferme en ferme éplucher le
maïs et peler les pommes, et lorsqu'ils avaient terminé leur
besogne, on leur donnait un souper chaud, puis ils jouaient.
Ma mère y a souvent été. On appelait ces réunions « paring
bées » et « husking bées » (1). Quel([uefois ils trouvaient des
épis de blé rouges et alors ils devaient donner des gages.
Ida B.
Il n'y a que vingt-sept ans que ma mère est en Amérique et
je n'ai pas pu découvrir ce que l'on faisait ici dans les temps
anciens.
Mary M' C.
Gracie Wecks sait quelque chose de ce qui se passait à Boston
il y a cent ans.
Sylyia L.
Les habitants de Boston demeurèrent d'abord à l'exl rémité
septentrionale deCopp'sHill. Tonte l'aristocratie allait à l'église
du Christ dans la rue Salem ; cette église est encore debout,
c'est celle qui a le carillon. Le roi George a donné à cette
église un service de communion en argent, et une grande Bible
de forme ancienne. On a précieusement conservé ces relivques-
On suspendit des lanternes dans le clocher pour faire savoir
à Paul Bevere, qui faisait le guet de l'autre côté de Charlestown,
si les Anglais partaient par terre ou par mer (2).
Devant Fawnil Hall, à l'endroit oîi s'élève le marché de
Quincy, les Anglais et les Américains eurent une querelle dans
laquelle deux de nos concitoyens de Boston furent tués.
Un jour, le général La Fayette vint à Boston rendre visite au
général Hancock. M™^ Hancock, qui n'avait pas assez de lait
j)our son pudding et pour son café, dit à une de ses servantes
d'aller sur le domaine communal et de traire les vaches qu'elle
y trouverait.
Les vêtements des dames consistaient en jupons de satin
piqué et en corsages massifs garnis de dentelle par devant et
par derrière.
(1) To husk, éplucher (du maïs) ; to pare, peler (des fruits). Bee,
américanisme. D'après le Dictionnaire de ^Vebstcr, on appelle ainsi
au Canada et aux États-Unis une réunion de plusieurs personnes pour
faire gratuilement quelque travail ou pour aider un de leurs voisins.
(:2) Voir Longfellow, « The Landlord's taie, I^aul Revere's ride. »
(Notefi du Traducteur.)
LA VIE DE l'École décuite par les écoliers. 151
Elles portaient des gants de peau, sur le dos desquels était
imprimé le portrait du général La Fayette, qui, lorsqu'il prenait
congé d'une dame en lui baisant la main, baisait ainsi son
propre portrait.
Gracie W.
Il y a cent ans l'armée anglaise était à Boston, et on souffrait
beaucoup du froid et de la faim. On fut obligé de brûler les
maisons inoccupées et les bancs de l'église, parce qu'on n'avait
pas de bois.
RÉSÉDA S.
Benjamin Francklin naquit à Boston en l'an 1706. Il y a cent
ans, il avait soixante-dix ans; et il y a cent ans, Washington
avait quarante-quatre ans.
EvA L.
Benjamin Franklin mourut en l'an 1790, à l'âge de quatre-
vingt-quatre ans. La chère vieille cousine de graud'maman, qui
demeure maintenant à Situate et qui a quatre-vingt-trois ans,
raconte une histoire très-intéressante qui lui arriva, à elle et à
ses sœurs, pendant la guerre de 1812.
Son père était gardien d'un phare au port de Situate. Elle
était avec ses sœurs au sommet du phare, d'où elles regar-
daient la mer, lorsqu'elles aperçurent des vaisseaux anglais qui
entraient dans le port. En regardant plus attentivement, elles
s'aperçurent que les marins anglais se disposaient à incendier
les navires des habitants. Lorsque deux navires eurent été
incendiés, elle et ses sœurs ne purent pas supporter ce spectacle
plus longtemps et elles résolurent de faire quelque chose pour
arrêter l'incendie, car son père et ses frères n'étaient pas à la
maison.
Après une courte discussion, elles résolurent de prendre le
fifre et le tambour et d'essayer d'effrayer les Anglais. Aussitôt
fait que dit : ilebecca prit le fifre et sa sœur le tambour, et elles
allèrent se cacher derrière la colline, hors de vue, et se mirent
à jouer de toutes leurs forces « Doodle Yankee », en avançant
et en reculant sur le rivage. Les Anglais les entendirent et
interrompirent leur œuvre de destruction. Ils s'imaginèrent
qu'il y avait tout près d'eux une troupe de soldats, ils montèrent
dans leurs bar({ues et regagnèrent leurs vaisseaux, qui ne tar-
dèrent pas à disparaître. Alors les petites filles s'assirent sur
le rivage et rirent aux larmes.
15-i GRAMMAK SCllUOLS.
Ces deux vieilles dames demeurent mainlenanl au porl de
Situale ; elles ne sont pas très-riches, mais ce sont des per-
sonnes tout à fait dignes et respectables.
JosiE L.
La guerre de 1815 fut la dernière avec l'Angletei-re. Mais
nous eu avons eu une autre appelée la Grande Rébellion entre
le Nord et le Sud.*
Maggie h.
Boston (Massachusetts. j — Prescott (Graminar School).
VU. — Exercices de style : A propos
du Cenfenaire.
89. — LE CENTENAIRE.
Presque tout le monde parle du Centenaire. Vous ne pouvez
pas aller dans une seule maison sans qu'on vous montre une
tasse à thé, une cuiller ou quelque autre chose qui a été
apporté ici dans le Flcur-de-Mai. Il y a des personnes ({ui
achètent très-cher tous les objets faits à l'ancienne mode,
pour les envoyer au Centenaire. Tout objet qui a cent ans
d'existence passe pour une merveille. Quelques personnes vont
même jusqu'à acheter de vieilles fenêtres avec des petits car-
reaux de verre grossier. On vous demande presque toutes les
semaines si vous irez au Centenaire. On n'entend parler que
de soirées du Centenaire, mascarades du Centenaire. A Provi-
dence (1), on a établi un Musée du Centenaire, destiné à rece-
voir tous les objets qui sont ou très-vieux ou très-curieux.
Les Dames du comité de ce Musée portent des robes-centenaire.
La plupart des touristes qui sont ici viennent de Philadelphie.
Ileaucoup d'entre eux se proposent de passer la saison ici et de
louer leurs maisons de Philadelphie aux personnes qui vou-
dront aller au Centenaire.
Ada C.
Age : treize ans.
Newport (Rhodc Islandj.
(I) La seconde capitale (hi Rliode Island. [Note du Traducteur.
A IMIUFOS DU CENTENAIllE. 153
90. — OFFRANDE POUR LE CENTENAIRE.
Parmi les divers ouvrages d'élèves que vous voyez, voici une
petite ode faite par moi : quoique ce soit une poésie très-
simple, c'est ce que j'ai fait de mieux jusqu'ici.
Mais, si je vis et deviens plus vieille, je pourrai peut-être
présenter quelque chose de meilleur. C'est pourquoi j'espère
qu'en passant près de mon œuvre, vous ne la regarderez pas
d'un œil de critique.
Vous sourirez plutôt à ces vers, œuvre d'une petite fdle de
Hunterdon, qui n'a guère que douze anS;, mais qui estime la
science plus que l'or.
J'aime toujours à aller à l'école, et quand j'y suis, j'obéis à
toutes les règles : j'aime à étudier, et à jouer, et à apprendre
un peu tous les jours.
L'époque où nous vivons réclame toute notre reconnaissance
Texte anglais :
A CENTENMAL OFFERING.
Ainong tlie various works you sec
Hère is a little ode by me :
Although it is a simple rhyme,
It is my best just at this time.
But, if I live to older grow,
I tlien may make a better show.
Therefore I hope, as you pass by,
You'll not view this with a critic's eye.
But will admire this which has corne
From a little girl in Hunterdon,
Who's not much over twelve ycars old,
But prizes knowledge more than gold.
I always love to go to school,
And, when l'm there, obey each rule :
I love to study and to play
And learn a little every day.
The présent âge in which we live
Claims ail the gratitude we give
To God, from whom ail blessinp;s flow,
And nnr sires Ono Hundred vears a^o
154 GRAMMAR SCIIOOLS.
pour Dieu, d'où découlent tous ces bienfaits, et pour nos pères
d'il y a Cent ans.
LizziE S.
Age : douze ans.
Comté de Hunterdon (New Jersey). — District n° 56.
i)i. — LES PREMIERS CENT AXS DE NOTRE HISTOIRE.
Notre nation, comme tout le monde le sait, aura cent ans
le l juillet 187(). L'anniversaire de sa naissance sera célébré à
Philadelphie et commencera en mai pour finir en novembre ;
il durera six grands mois, plus longtemps que la plupart des
naissances que nous célébrons. Ce sera l'un des plus grands
événements dans l'histoire du monde. Quarante puissances
étrangères ont déjà promis de prendre part à cette célébration.
Depuis le commencement de son histoire, cette nation s'est
accrue en population, en industrie, en richesse. Notre pays
peut réclamer beaucoup des plus grandes inventions, entre
autres la machine à coudre, le paratonnerre, les bateaux à
vapeur et le télégraphe.
L'Amérique peut à bon droit être fière de son génie. Nous
nous souvenons tous de Washington, je pense, qui, par sa
ferme volonté et son habile tactique, délivra notre pays de l'es-
clavage tyrannique de l'Angleterre.
Nous nous souvenons aussi d'Abraham Lincoln qui, dans sou
genre, fut aussi grand et aussi bon que AVashington. Le pre-
mier jour de janvier 1863, il publia sa proclamation d'émanci-
pation qui délivrait de nouveau le peuple de l'esclavage.
Le peuple, de « l'Atlantique au Pacifique » attend le « Cente-
naire ))...., mais non pas pour regarder ces cahiers d'école.
Les élèves ont fait des eftorts héroïques pour dissuader les
maîtres de les envoyer à Philadelphie, mais en vain. D'abord,
qui est-ce qui les regardera? L'écho répond : qui? Les maîtres
ne sont pas d'accord avec l'écho, et ils disent : tout le monde.
Alors je plains ce tout le monde. Je prédis que dans deux ans
d'ici nos cahiers nous reviendront aussi exempts de toute
marque de doigt qu'ils le sont aujourd'hui et aussi couverts de
poussière que... le plancher de notre école.
CORA M' G.
Age : quatorze ans.
Milwaukee (Wisconsin). — District ii'' 1.
A PROPOS DU CENTENAIRE. 155
9-2. — PROGRÈS DE CE PAYS EN CENT ANS.
11 y a cent ans, ce pays était très-peu avancé, il n'y avait pas
de chemins de fer, il n'y avait que peu d'objets sortant des
manufactures et il n'y avait pas de machines à vapeur.
Ce pays était alors soumis au gouvernement anglais. L'Angle-
terre semble s'être proposé pour objet de tirer des colons tout
ce qu'elle en pouvait tirer et de les tenir complètement sous sa
dépendance. Elle ne voulait pas qu'ils achetassent ou qu'ils
vendissent à d'autres nations ou qu'ils fissent du commerce
entre eux.
Elle voulait leur faire payer le prix le plus élevé pour les
objets dont ils avaient besoin, et elle les frappait de lourds
impôts pour soutenir le gouvernement anglais.
5lais les colons résistèrent; ils combattirent pendant huit
ans et gagnèrent leur indépendance. Depuis cette époque, ce
pays s'est accru très-rapidement en étendue et en population;
ses treize colonies primitives se sont changées en trente-neuf
États auxquels se sont joints de vastes territoires.
Les Américains manufacturent des marchandises pour eux-
mêmes et ont des chemins de fer par tout le pays, et ils ont des
relations commerciales presque avec tous les pays du monde.
Los .américains ont inventé beaucoup d'objets dont les autres
nations se servent; le télégraphe et la machine à coudre furent
inventés par les Américains.
On a aussi fait de grands progrès dans l'éducation. 11 y a
moins de cent ans, une classe de demoiselles fit de l'analyse
pour la première fois à Philadelphie, et l'on considérait cet
événement comme si étonnant , que nombre de personnes
allèrent les entendre : on regardait comme une chose très-
surprenante que des filles fussent assez savantes pour faire de
l'analyse.
Maintenant, il y a des écoles et des collèges pour les jeunes
filles par tout le pays.
Beaucoup de grandes villes sont nées pendant le siècle qui
vient de s'é ouler ; les plus importantes sont: >'ew York,
Philadelphie, Boston, Chicago et Cincinnatti. New York est la
capitale de l'Amérique.
Philadelph e est la ville la plus célèbre de l'Union. C'est
dans cette ville que fut signée la Déclaration d'Indépendance et
c'est là que résida le premier Président : le Grand, le Bon
^Yashin?ton.
156 GRAMMAR SCHOOLS.
Pendant l'année actuelle, on célébrera à Philadelphie le cen-
tième anniversaire de notre Indépendance,
Mary D.
Age : quatorze ans,
Leipervillc (Pennsylvanio).
93. — JADIS ET aujourd'hui.
S'il est une chose dont je puisse me vanler avec orgueil,
c'est d'être Américaine et de pouvoir jouir pleinement du
Centenaire qui aura lieu cette année.
Cette grande époque arrive au moment où nos esprits, com-
plètement développés, peuvent recevoir la plus profonde im-
pression et conserver le plus vif souvenir des grandes choses
qui auront probablement lieu à cette grande Exposition. Je la
visiterai certainement si le ciel me conserve la santé, comme
toutes les écolières doivent le faire.
Nous pourrons alors voir tout à notre aise la variété de
costumes dont notre petite ville nous a donné déjà une idée à
nous autres, petites filles, et a excité notre curiosité avec les
bateaux de plaisir pour le Centenaire.
Nous avons vu représenter le général Washington et lady
^Yashington par des gens qui feraient honte au généra! et à sa
mère, s'ils pouvaient être là.
Beaucoup peuvent en porter l'habit, mais combien peu en
ont le caractère! Comme je l'ai entendu dire à l'un de nos
savants pasteurs : « 11 ne pousse plus de tels hommes main-
tenant. »
Cependant nous avons des hommes intelligents en 1876,
comme il y en avait en 1776, et des femmes intelligentes, mais
un peu dégénérées.
Il semble qu'il y eût plus d'unité alors qu'il n'y en a aujour-
d'hui ; on croyait alors que le bonheur dépendait des affections
([u'on pouvait inspirer, chose que nous n'admettons })lus géné-
ralement.
Les générations actuelles sont plus dures, plus froides, et
le principal objet est de chercher à se procurer de l'argent (je
regrette de le dire). Consultez les journaux quotidiens, et vous
trouverez des colonnes pleines de meurtres et de vices de toute
espèce, le tout principalement en vue, de l'argent.
Je me demiuide si nous pourrions supporter les privations
A PROPOS DL' CENTENAIRE. 157
que les hommes et les femmes supportaient jadis, et si nous
avons un général qui ressemble au général Putnam et qui
puisse, en quittant la charrue, prendre le commandement des
troupes comme il le fit.
Y a-t-il parmi nous des mères et des sœurs qui éveilleraient
leurs fils et leurs frères à minuit pour les envoyer combattre
pour l'Indépendance ?
La lecture de quelques-uns des exploits audacieux accomplis
à cette époque fait courir dans mes veines un frisson patriotique.
Nous sommes un peuple intelligent, oui, mais sommes-nous
aussi honnêtes qu'intelligents ?
J'arrive maintenant à la fin de cette composition qui,
m'a-t-on dit, a été donnée à l'occasion du Centenaire. J'espère
qu'on ne la critiquera pas trop sévèrement, car elle est due à
la plume d'une écolière.
Je puis répondre de l'originalité de ce travail ; quant à ses
mérites, je me soumettrai au jugement de meilleurs juges.
Laura D.
Age : dix ans.
Patterson, comté de Passaïc (New Jersey).
District n** 5. — École rurale.
9i. — DANS CENT ANS.
Si notre pays prospère autant pendant le siècle prochain
qu'il l'a fait dans le siècle passé, qui peut prédire l'avenir de
l'Amérique? 11 serait certes très-intéressant de savoir exacte-
ment comment il sera. Voyons en imagination les États-Unis
dans cent ans d'ici.
Il fait un jour charmant et beaucoup de personnes se pro-
mènent en goûtant la fraîcheur de l'air. Les demoiselles, au
lieu de porter les robes-fourreaux si étroites qu'elles peuvent
à peine marcher à leur aise, et d'immenses paniers, et des
bottines à hauts talons (avec des bas zébrés) et des chapeaux
sur le derrière de la tète, marchent avec des chaussures qui
ont la forme de leurs pieds. Elles ont des vêtements assez amples
pour leur permettre de faire des pas ordinaires, et mettent
leurs chapeaux où il faut. Elles s'avancent gracieusement jus-
qu'à une fraîche retraite où elles s'assoient; là elles écou-
158 GRAMMAR SCHOOLS.
tent une agréable musique qui se fait entendre dès qu'on
pousse un ressort.
Elles ne sont pas forcées de se tenir assises droites trois
heures par jour pendant cin(| ans pour apprendre à jouer un
peu, si peu, qu'elles ont toujours « perdu l'habitude! » Nous
remarquons aussi })eaucoup de petites filles parmi les autres,
qui paraissent toutes bien heureuses, et je pense que cela
tient à ce qu'on ne leur fait pas laver la vaisselle comme les
petites fdles faisaient autrefois. Au lieu d'avoir cela à faire
après un repas, il suflit simplement de mettre la vaisselle dans
une machine d'où elle sort lavée et séchée, le tout en deux ou
trois minutes. Tous les lég^umes pour le dîner sont préparés de
la même manière, prompte et facile.
Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est la manière de voyager.
En 1876, on regardait comme une chose merveilleuse les
Pullman Palace Cars (1) qui marchaient avec une vitesse de
quarante milles à l'heure. Maintenant nous pouvons aller en
Europe en trois jours, non pas par terre ou par eau, mais par
les airs, en ballon. Il y a des stations de ballons dans tous les
endroits importants ; des lignes de ballons partent des villes
toutes les heures.
Ce mode de voyager est maintenant préféré par presque tout
le monde, car il est plus prompt, et cause moins d'accidents
qu'il n'en arrive sur terre ou sur mer.
Au lieu d'envoyer les lettres par les chemins de fer qui vont
si lentement, on ne se sert que • des pigeons voyageurs ; les
ballons et les pigeons répandent beaucoup d'animation dans
l'air. Les navires font voile sous l'eau et on les emploie
beaucoup à la place des anciens navires qui allaient si lente-
ment. Ils ont de grandes fenêtres en verre, près desquelles on
peut rester assis toute la journée et contempler les curieux
habitants de la mer, les belles herbes marines et les milliers
de coquillages.
11 n'est pas probable qu'aucun de nous soit vivant dans cent
ans d'ici, et naturellement nous ne pourrons pas jouir de ces
perfectionnements, mais nous espérons que les personnes qui
assisteront au pi'ochain Centenaire vivront dans un charmant
confort et verront tous leurs souhaits réalisés par les ma-
chines.
Et cependant, malgré tous ces progrès du vingtième siècle,
(1) Système américain de wagons-lits, wagons-salons, etc.
HISTOIRE. 159
nous préférons vivre au dix-neuvième, et particulièrement à
l'époque actuelle.
Maggie s.
Age : douze ans.
Comté de Mercie (New Jersey). — District n" 5.
VIII.— HUtoirc.
95. — CHRISTOPHE COLOMB.
Un enfant qui n'avait que douze ans, nommé Christophe
Colomb, voulait être marin; son père était un pauvre journalier
de Gênes. L'étude favorite de Colomb était la Géographie, et
cette étude lui donna l'idée que la terre était ronde et que si
l'on traversait l'Atlantique en ligne droite, on atteindrait les
Indes-Orientales.
11 grandit donc et devint homme avec cette idée que la terre
était ronde. Il voulait faire cette expérience et traverser
l'Océan : c'est ce qu'il fit. Il demanda au roi de Portugal de lui
donner des vaisseaux et des hommes pour l'accompagner; mais
le roi refusa, et Colomb s'adressa au roi et à la reine d'Espagne.
Plein de ses espérances, il alla trouver le roi Ferdinand et la
reine Isabelle, et leur demanda ce qu'il avait demandé au roi
de Portugal. Ils le lui accordèrent. Il quitta Palos le 3 août de
l'année 1-19:2, avec trois vaisseaux et quatre-vingt-dix hommes.
Après un pénible voyage ils touchèrent terre, et Colomb pensa
qu'il avait atteint les Indes-Orientales, Mais ce n'était qu'une
des îles Lucayes, et il la nomma San Salvador.
Après ce premier voyage, il en fit trois autres ; puis il mourut
en Espagne, le 20 mai. Ses restes furent transportés à Séville,
et en 1756 ils furent transportés dans la cathédrale de la
Havane où ils sont maintenant.
Bertha K.
Age : quatorze ans.
Mihvaukee (Wisconsin). — District n" 9.
160 GKA.MMAU SGHOOLS.
9G. — MÊME SUJET.
Il y a environ quatre cents ans, vivait à Gênes, en Italie, un
homme nommé Colomb, qui faisait le métier de cardeur de
laine. Il avait un fils nommé Christophe, qui travailla pendant
quelque temps pour son père; mais ensuite il s'emi)arqua et
devint un bon et brave marin. A cette époque on ne connais-
sait pas la forme de la terre ni l'étendue des grands océans.
Christophe Colomb avait fait beaucoup de voyages, et il en était
arrivé à CQtte conclusion que la terre était ronde, et qu'en tra-
versant l'Atlantique en naviguant à l'Ouest, on pouvait trouver
le continent de l'Asie. Colomb était tellement persuadé de la
vérité de ces choses qu'il résolut d'obtenir des vaisseaux pour
faire quelques voyages en traversant l'Atlantique. Il était
pauvre, par conséquent il ne pouvait pas acheter les vaisseaux
dont il avait besoin.
Il alla trouver le roi et la reine d'Espagne, qui lui donnèrent
une petite flotte. Il mit à la voile à Palos, port de mer de
l'Espagne, le 3 août. Sur le pont d'un de ces vaisseaux, nommé
la Scmta Maria, se tenait debout un homme de cinquante-six
ans. ('et homme s'appelait Christophe Colomb ; il fit un prodi-
gieux voyage et découvrit le Nouveau-Monde, appelé x\mérique.
Pendant que Colomb faisait ce prodigieux voyage, il ne se
doutait pas de l'existence du continent américain. La décou-
verte de l'Amérique fut un accident.
La raison pour laquelle il voulait trouver un passage par
mer d'Italie aux Indes était que les commerçants d'Italie fai-
saient un grand commerce avec l'Inde, qu'il leur fallait aller par
la mer Méditerranée et par la mer Rouge, puis par terre en cara-
vanes, ce qui était un voyage très-pénible et très-dispendieux.
On avait grand besoin d'une route qui coûtât moins cher et
qui fût plus facile.
On peut se demander pourquoi il ne contourna pas l'Afrique
pour atteindre ainsi Flnde. La réponse est qu'aucun vaisseau
n'avait encore doublé le cap de Bonne-Espérance ; la forme de
l'Afrique n'était pas connue, et on ne croyait pas qu'il fût
possible de doubler le cap de Bonne-Espérance.
Colomb était né dans la ville maritime de (lênes, en Italie,
et avait été marin depuis son enfance. A l'càge d'environ qua-
rante ans, il arriva à cette conclusion que l'opinion d'après
laquelle la terre était plate était erronée.
HISTOIRE. 161
Le vaisseau qui portait Colomb était le plus grand, les Jeux
autres étaient petits. Le plus grand était à peu près aussi
grand que les sloops qui portent du beurre et du fromage
au marché. Les deux autres n'avaient pas de pont, ils
s'appelaient Pinta et Xina, et étaient commandés par deux
frères, nommés Pinzon. Dans la nuit du 11 octobre on vit des
lumières qui allaient d'un endroit à l'autre, et le matin on
entendit le cri de « Terre ! » poussé par l'équipage des vais-
seaux. La terre, ainsi découverte, était celle des îles Lucayes,
que les naturels appelaient Guanahani : Colomb la nomma
San Salvador. C'était une belle île, couverte de jolies fleurs aux
couleurs éclatantes. Elle était habitée par une race de sau-
vages, presque nus, qui avaient la peau d'un brun rougeàtre.
En regardant autour d'eux, les Espagnols trouvèrent beaucoup
d'arbres et de plantes qu'ils n'avaient jamais vus et dont le
parfum embaumait l'air. L'un de ses vaisseaux fit naufrage le
trente-cinquième jour, quelques hommes de ré([uipage coloni-
sèrent Hispaniola, et Colomb retourna à Palos, où il arriva le
15 mars 1503. Il avait été absent sept mois et demi.
KermAxN K.
Age : treize ans.
Milvvaukee (Wiscousiu;. — District ir 1.
97. — FERDINAND DE SOTO.
Ferdinand de Soto naquit en Espagne en 1500. Ses parents
étaient pauvres, mais appartenaient à la noblesse espagnole.
tl reçut une bonne éducation et fut envoyé au collège par un
ami de sa famille. Quand il eut atteint sa dix -neuvième année,
il alla avec le gouverneur à Darien. Son but en y allant était
de trouver une route directe de l'océan Atlantique à l'océan
Pacifique. Pendant son séjour à Darien il rencontra un homme
appelé Pizarre, qui allait conquérir le Pérou. Pizarre offrit à
de Soto, s'il voulait l'accompagner, la moitié des bénéfices
dans le cas où leur entreprise serait heureuse. De Soto y
consentit. Ils conquirent le pays et l'Inca fut fait prisonnier.
L'inca était très-riche et promit à Pizarre de remplir d'or
une chambre s'il voulait lui rendre la liberté. Pizarre y con-
sentit. L'Inca ordonna à ses hommes de remplir d'or la
chambre; mais lorsque la chose fut faite, Pizarre ne tint pas.
sa promesse, il tua le prisonnier.
il
162 r.RAMMAK SCHOOLS.
De Soto, indigné de celle action, annonça à l'izarre (ju'il ne
resterail plus auprès de lui. Il pril sa part de rargent, qui
monta à cinq cent mille dollars, et repartit pour l'Espagne.
Là il fut reçu avec de grands honneurs et présenté à la cour.
Il épousa une jeune iUIe très-riche, qui appartenait à la
noblesse d'Espagne.
Il considérait la Floride comme un pays riche et eut le désir de
s'y reixlre. Il alla vers le roi pour lui en demander la permission,
et peu de temps après il mit à la voile avec six cents nobles,
dont quehjues-uns emmenèrent femmes et enfants, et des pro-
visions en c[uantilé. Lorsqu'ils arrivèrent dans le pays, les
Indiens leur apprirent que dans l'intérieur ils trouveraient de
l'or. Ils laissèrent leurs femmes à la Havane et partirent pour
le nord le 5 juin 1511 ; ils découvrirent un grand fleuve qu'ils
nommèrent le Mississippi. En 1542, de Soto prit la fièvre et
mourut. On l'enterra dans une fosse, mais les Espagnols,
craignant que les Indiens ne trouvassent le corps, le transpor-
tèrent une nuit dans les eaux du Mississippi,
Ouand la femme de de Soto apprit la mort de son mari, elle
eut un tel chagrin (qu'elle mourut au bout de trois jours.
Katie s.
Age : treize ans.
Harvard Grainmar School, à Boston.
98. — QUESTIONS D'HISTOIRE.
(8° année.)
Qiiest. 1. — Nommez les trois premiers navigateurs qui par-
coururent la côte de l'Amérique du Nord, et diles quelle était
la nationalité de chacun d'eux.
Rép. — John Cabol, d'Angleterre;
Jacques Cartier, de France ;
Ponce de Léon, d'Espagne.
QueM. 2, — Quelle étendue de terre les Anglais récla-
maient-ils dans ce pays, et sur (|uoi fondaient-ils leur récla-
mation?
Bép. — La terre depuis Terre-Neuve jusqu'à la baie de
Chesapeake. Ils fondaient leurs prétentions sur la découverte
de Cabot.
Quest. 3. — Quelles furent les principales causes de la
guerre de 1812 ?
HISTOIRE. 163
hép. — Le droit de visite, le traité de Jay, la destruction
du commerce, la levée forcée des marias américains , l'acte
d'embargo.
Quest. i. — Indiquez les causes immédiates de la guerre
Franco-Indienne.
Rep. — L'établissement des Français sur le territoire du
comté de l'Ohio, et la capture des Anglais.
Quest. 5. — Ou'esf-ce que c'était que le compromis du
Missouri ? Sous l'administration de qui cet acte fut-il passé ?
Rép. — C'était une loi adoptée par le Congrès pendant l'ad-
ministration de Monroë, et qui faisait entrer le Missouri dans
l'Union comme État esclavagiste.
WiLLIE D.
Age : treize ans,
indianapolis (Indiana). — École n" 11.
99. — QUESTIONS d'histoire.
Examen de l''" classe.
1. De quelle partie de la terre Colomb partit-il pour aller
découvrir l'Amérique ? S'attendait-il à trouver un nouveau
monde ?
2. A quelle épo({ue et par qui Jamestown fut-elle colonisée ?
3. Quand les Puritains débarquèrent-ils à Plymouth ? Quelle
position occupait John Carver ? Décrivez les souffrances des
Puritains.
X. Quelles sont les divisions politiques dos États-Unis ?
Depuis combien de temps existent-elles? Nommez les treize
colonies primitives,
5. Citez toutes les victoires des Américains pendant l'an-
née 1776, et les victoires des Anglais pendant l'année 1775.
6. Qui était roi d'Angleterre pendant la guerre de la Piévo-
lution ? Quand et par qui ^Yashington fut-il nommé comman-
dant des armées américaines? Quel âge avait-il alors ?
7. Qui découvrit le premier le fleuve Mississippi, et que
savez-vous de ceux qui l'ont exploré ensuite? Par qui la
Louisiane fut-elle ainsi nommée, et en l'honneur de qui?
8. Faites brièvement l'historique du principal personnage
de l'histoire primitive de la Virginie ? Quand et où se rassem-
bla le premier corps politique qui se soit jamais formé en
Amérique''* Comment était-il organisé ?
164 GKAMMAR SCHOOLS.
9. Ouello lut la cause de la guerre de la reine Anne ? De la
guerre Franco-Indienne? Quels furent les effets de cette der-
nière?
10. Quels faits pouvez-vous citer au sujet des premiers
efforts faits pour introduire l'éducation dans les colonies orien-
tales ? Dans les colonies du centre? Dans les colonies méridio-
nales ? Que pensait le gouverneur Berkley sur les écoles et
les journaux?
11. Qu'était-ce que les ordonnances de secours? Qu'était-ce
que l'acte du timbre? Quelle résolution prirent les Américains
lorsqu'on essaya de le mettre en vigueur?
12. Quand et oîi se rassend3la le premier Congrès conti-
nental? Quelle résolution prit-il?
i3. Quand et où se rassembla le second Congrès continental
et quelle résolution prit-il ? Quand et oii fut livrée la première
balaille de la Révolution ? Quelle forteresse fut prise bientôt
après et par qui ?
14. Quelle importante décision fut prise le i juillet 1776?
Quels étaient les membres du Comité cbargé de rédiger la
Déclaration d'Indépendance ?
15. Que savez-vous sur la trabison d'Arnold?
16. Qui commandait les deux armées lorsque les Anglais se
rendirent déiinitivement. Oii eut lieu cette reddition? Nommez
un événement iniportant de l'administration de Jefferson.
Citez les événements importants de l'administration de Madison .
>'ouvelle-0rléans (Louisiane).
100. -- QUESTIONS D'tXAMEN.
1. Comment se fait-il que ce pays ait été appelé Amérique?
2. A quelle époque accorda-t-on la troisième cbarte à la
Virginie ? Que pouvez-vous dire en faveur de cette charte ?
3. Faites l'historique de la charte du Coimecticut.
A. Quelles colonies le roi Guillaume réunit-il par une charte
royale ?
5. Quelle découverte fut faite par Henry Hudson, et que
cherchait-il lorsqu'il fit cette découverte ?
6. William Penn et son influence.
District de Columbia.
HISTOIRE. 16i
101. — QUESTIONS d'histoire.
(7* année.)
Qfiest. 1. — On eut lieu le premier établissement de colons
en Amérique. A quelle époque ?
Rép. — Le premier établissement de colons eut lieu à Saint-
Augustin en 1565.
Quest. :2. — Racontez la révolte de Bacon.
Rép. — Contrairement aux ordres de Berkley, Bacon, sur les
vives instances des colons, leva une troupe d'environ 300 ou
4-00 hommes et, se présentant à Jamestown, il demanda des
forces pour repousser les Indiens, ce que Berkley ne pouvait
pas refuser. Mais Bacon était à peine parti que Berkley envoya
des troupes pour le combattre. Bacon fit avec succès une incur-
sion chez les Indiens. Jamestown fut brûlé par ses hommes.
Jamestown ne fut pas reconstruit, mais le siège du gouverne-
ment fut transporté à Williamsburg. Des changements radicaux
auraient pu avoir lieu si Bacon n'était pas mort subitement ;
beaucoup des partisans de Bacon furent pendus.
Quest. 3. — Qu'est-ce que le mot Fleur-de-.Mai vous rap-
pelle dans l'histoire des États-Unis ?
Rép. — Fleur-de->Iai est le nom du vaisseau qui amena ici
les premiers colons.
Quest. i. — Washington était-il soldat avant la Révolution?
S'il était soldat, quel grade avait-il ?
Rép. — Washington était soldat avant la Révolution. II partit
comme simple soldat, mais lorsque le commandant en chef
tomba, Washington prit le commandement.
Quest . o. — Quel fait historique vous rappellent les mots
King Philip ?
Rép. — King Philip était un célèbre chef indien dont les
Blancs se défiaient beaucoup. Enfin il fit ouvertement la guerre
aux colons ; une lutte terrible s'ensuivit, dans laquelle les deux
partis eurent beaucoup à souffrir. King Philip fut tué d'un
coup de fusil par un Indien traître, qui était de sa propre
tribu.
Quest. 6. — ^ Racontez la prise de Québec en 1760. Nommez
les conmiandants et rappelez leurs dernières paroles.
Rép. — Le général J. Wolfe s'embarqua avec de grandes
forces sur de petits bateaux ; quand il fut près de Québec, une
166 GRAM>FAR SCHOOLS.
Sentinelle cria : « Qui vive ! » On lui répondit aussitôt en
français ; elle laissa aborder les bateaux et elle fut prise. On
rangea les troupes dans les plaines d'Abraham. Les Français
essayèrent de les repousser, mais ils échouèrent. Le général
Wolfe, commandant en chef les Anglais, « mourut sur le champ
de la victoire. » Montcalm mourut aussi et ses dernières pa-
l'oles furent : « Grâce à Dieu, moi vivant, Québec ne s'est pas
rendu (1). »
Qiicst. 7. — Racontez l'anecdote du général Gage et des
Boston Boys.
Rép. — La populace entourait une partie de la garde urbaine
sous les ordres du capitaine Preston. Les soldats furent exas-
pérés au point de faire feu, et ils tuèrent trois citoyens et en
blessèrent plusieurs. Le général Gage, qui était alors gouver-
neur, leur promit que justice serait faite dans la matinée. Le
6 mars, deux soldats de la garde urbaine furent condamnés,
les autres furent acquittés.
Quest. 8. — Que pouvez-vous dire sur Benjamin Franklin?
Rép. — lîenjamin Franklin était un homme éminent qui fit
des discours et qui prépara le peuple à la Révolution.
Quest. 9. — Classez les causes de la Révolution.
Rép. — Acte de navigation, 1650.
Ordonnances de secours.
Droit de visite pour les marchandises de contre-
bande.
Légion coloniale.
Église de la Nouvelle-Angleterre, établie par la loi.
Acte du Timbre passé en 1760. Rapporté en 1766.
Impôts sur le verre, le thé, les effets de commerce, etc.
Loi sur la fermeture du port de Boston. Massacre de
Boston.
Tolérance des pirates.
Katie s.
Age : quinze ans.
West des Moines (towa).
(1) Montcalm, blessé à mort, criait encore à ses soldats : « En
avant, et gardons le champ de bataille. » —Le général anglais Wolfe,
atteint aussi de trois coups de feu, entendit dans l'agonie de la mort
crier par les siens : « Ils fuient ! » Il se releva uu instant et dit :
(( Je meurs content. » (Victor DuRUV, Histoire de VEurope.)
{Note du Traducteur.)
HISTOIRE. 167
101 bis.' — SUR FRANKLIN.
Réponses à la 8' question du devoir précédent, données par les
différents élèves de la môme classe.
Franklin était un grand écrivain qui fit de merveilleuses
découvertes sur l'électricité. Il fut un des signataires de la
Déclaration d'Indépendance.
Benjamin Franklin prépara le peuple à la Révolution. C'était
un bon écrivain. On fut surpris en Angleterre à l'afiparition de
ses écrits.
Franklin travailla beaucoup pour l'Amérique pendant la
guerre, et il découvrit l'électricité et d'autres sciences pour le
bien de l'Amérique.
Franklin fut le premier qui inventa une presse à imprimer.
Franklin lit sur l'électricité des découvertes qui valurent à
l'Amérique les applaudissements du monde entier. Il contribua
aussi à préparer le peuple à la Révolution.
Franklin fut l'un des plus grands orateurs du siècle dans
lequel il vécut. Il fut aussi chargé d'une mission en Angleterre.
Franklin fut le meilleur écrivain de l'époque de la Révolu-
tion et il fut aussi un homme de bien.
Ce fut un grand homme d'État américain.
Franklin construisit la première presse à imprimer qui ait
existé en Amérique. Il fit plusieurs discours avant la Révolution.
Franklin fut un des hommes qui exercèrent le pouvoir dans
la colonie.
Franklin fît des découvertes sur l'électricité et écrivit beau-
coup. Il fut un des hommes qui préparèrent le peuple à la
Révolution.
Ce fut un grand homme d'État à l'époque de la Révolution.
Il inventa le paratonnerre et les presses à imprimer.
Franklin contribua à préparer le peuple à la Révolution et
fut un homme en vue pendant toute la Révolution.
Franklin était un célèbre homme d'État d'Amérique et il
alla en Angleterre plaider la cause du peuple. Il parut devant
168 GRAMMAR SCHOOLS.
10 ParliMiient pendant que Pitt élail membre de cette assemblée.
Franklin, James Otis et Patrick Henry signèrent un acte
d'après le(iuel tout le peuple pourrait prendre part à la Piévo-
lution.
Ce fut le premier qui employa les presses à imprimer.
Franklin était l'un des membres du comité de la Paix qui
allèrent en Angleterre, l'un des signataires de la Déclaration
«l'Indépendance, membre du premier Congrès et du Congrès
continental. Il fit des découvertes sur l'électricité.
Ce fut un grand orateur et un homme dévoué à la cause de
son pays.
Franklin naquit à Boston de parents pauvres. Il écrivit beau-
coup de bons livres et mourut à l'âge de soixante-douze ans.
Franklin fut l'un des signataires de la Déclaration d'Indépen-
dance ; il fut aussi membre du Congrès.
Franklin était un célèbre orateur et explorateur américain,
11 mourut dans les régions arctiques (1),
Franklin fut envoyé en Angleterre pour plaider la cause des
habitants des colonies.
Franklin fut un grand homme et un homme d'esprit ; il fit
beaucoup pour son pays. Il fit beaucoup d'inventions ; il décou-
vrit l'électricité et écrivit beaucoup de livres. Lorsqu'il alla en
Angleterre, les Anglais disaient qu'ils ne croyaient pas qu'un
homme si spirituel put venir d'Amérique.
Franklin fut un grand politique. Ce fnt un grand écrivain
dans la littérature et dans les sciences. Il fut aussi membre du
Congrès.
West des 3Ioines (lowa), 1" classe.
102. — GEORGE WASHINGTON.
1" Son enfance.
George Washington naquit le 22 février 1732. Il ne mentit
jamais. Il honora et respecta sa mère. A l'âge de six ans sa
famille lui fit présent d'une petite hache avec laquelle il hachait
(1) Confusion entre Benjamin Franklin (mort le 11 avril 1790) et
le voyageur sir .Tohn Franklin, mort le 11 juin 1847.
HISTOIRE. 169
tout ce qu'il trouvait sur son chemin. Un jour il alla essayer sa
petite hache sur un beau cerisier anglais dans le jardin et il
l'abîma tellement qu'il fut complètement perdu. Le lendemain
matin son père demanda qui avait détruit le cerisier. Personne
ne put lui répondre. Mais bientôt arriva George à qui
M. "Washington demanda s'il savait qui avait détruit le cerisier
dans le jardin. Le moment était critique. George s'écria : « Je
ne puis mentir, c'est moi qui ai fait cela avec ma petite hache.
— Cela ne fait rien, mon enfant, vous m'avez payé au cen-
tuple.
L'école qu'il fréquentait était située dans un champ. C'était
une vieille hutte bâtie avec des troncs d'arbres. Lorsqu'il eut
dix ans, son père mourut. Mais dans la suite il fut toujours bon
pour sa mère. Tout le monde l'aimait et le respectait.
tî" Sa jeunesse.
George Washington ne connaissait pas le repos. C'était le
meilleur tireur et le plus solide cavalier de Virginie. Il pouvait
dompter le cheval le plus vicieux Si le général Braddock avait
écouté George Washington, il aurait sauvé ses soldats et il
n'aurait pas perdu la. vie.
3° Son âge mûr.
Lorsque George ^Yashington eut atteint l'âge mûr, on lu
demanda de prendre le commandement en chef de l'armée
américaine. Il accepta ce poste, mais quelle armée! Les soldats
étaient à peine vêtus et nourris. La plupart étaient des fermiers,
des forgerons et des ouvriers. Tandis que de l'autre côté de la
rivière il y avait onze mille hommes de bonnes troupes anglaises.
Ils marchaient dans la neige ayant à peine des chaussures aux
pieds. Cette guerre dura sept ans. Ensuite il retourna chez lui
à Mount-Vernon, et jamais il ne fut aussi heureux.
Il mourut à l'âge de soixante-sept ans. Son nom est placé
avant tous les autres. On l'appelle le père de son pays.
WiLLIE M.
Age : dix ans,
Cleveland (Ohio). — Ea<?le School.
170 GRAMMAR SCHOOLS,
103. — MÊME SUJET.
1° Son enfance.
Lorsque George Washington était tout petit, on l'envoya à
l'école. C'était le meilleur élève pour le calcul. Son maître
s'appelait Hobby. Au moment de partir pour l'école il deman-
dait à sa mère si elle n'avait pas quelque commission à lui
donner. Il ôtait son chapeau quand il lui parlait, et si .{uelqu'un
causait avec sa mère, il attendait qu'elle eût fini pour lui
adresser la parole.
"i" Sa jeunesse.
Georges Washington fut nommé arpenteur à l'âge de seize
ans, et il remplit ces fonctions pendant trois ans, puis à l'âge
de vingt ans sa science du calcul le lit nommer commandant.
3*^ Son âge mûr.
Il y avait eu une guerre entre les colonies et les Anglais,
elle dura plus d'une année ; tout le monde avait recours à lui,
et on lui demanda s'il voulait prendre le commandement en
chef de l'armée.
George Washington naquit le 22 février 1732, il mourut à
l'âge de soixante-sept ans.
Jennie s.
Age ; douze ans,
Cleveland (Ohioj, — Eagle Scliool.
104. — MÊME SUJET.
1° Son enfance.
1. George Washington allait à l'école de M. Hobby. Il jouait
au soldat avec ses camarades qui le choisissaient toujours pour
capitaine.
2. Sa mère le destinait à la profession d'arpenteur, il passa
trois ans dans les Bois Noirs. Il lui fallut traverser des rivières
à gué, gravir des montagnes et coucher sur la terre nue ; il fut
en danger d'être pris par des Indiens sauvages, et bien souvent
il n'eut pour dîner qu'un pain sec.
HISTOIRE. 171
2" Sa jeunesse.
o. Il courait plus vite que tous les autres jeunes gens du
village, et il pouvait dompter le cheval le plus vicieux.
i. Il fut nommé commandant en chef de l'armée américaine.
Il lui fallut faire six cents milles pour porter une lettre. C'était
un terrible voyage, il faillit se noyer dans la rivière Alleghany;
il porta la lettre et revint sain et sauf. Quelques personnes
allèrent chez George ^Yashington et le prièrent de prendre la
direction de l'armée américaine ; il répondit qu'il n'en était
pas capable, mais qu'il essayerait et qu'il ferait de son mieux.
11 alla à Cambridge. Quelle armée il trouva! Elle était com-
posée de fermiers et d'ouvriers qui étaient à peine nourris, et
pendant l'hiver ils marchaient dans la neige pieds nus.
Il mourut à l'âge de soixante-sept ans. Tous les ans nous
célébrons sa fête, on tire le canon et ou hisse des drapeaux.
\yiLLIE F.
Age : dix ans.
Cleveland (Ohio). — Eagle School.
105. — MÊME SUJET.
1" Son enfance.
George Washington naquit le 2-2 février 1732. C'était l'enfant
le plus sincère et le plus honnête qui eût jamais existé. Il
aimait et il honorait sa mère plus que toute autre personne.
Lorsqu'il était tout petit, il allait à une petite école de cam-
pagne dont le maître s'appelait M. Hobby. Il y apprit le calcul,
l'orthographe et la lecture ; on lui faisait copier sa leçon de
calcul dans des cahiers qu'il ne barbouillait jamais. On peut les
voir dans sa bibliothèque à Mount-Vernon où ils ont été con-
servés. Le père de George Washington mourut quand son fils
avait dix ans. Il avait' de si grandes aptitudes pour le calcul
que sa mère songea à faire de lui un arpenteur.
S*" Sa jeunesse.
A l'càge de seize ans, sa mère l'envoya dans une forêt pour
arpenter. Il y resta irois ans pendant lesquels il eut à subir
beaucoup de fatigues et de privations, entre autres : coucher en
172 GlUMMAR SCHOOLS.
plein air, passer à gué des rivières, gravir des montagnes, el
quelquefois n'ayant pour toute nourriture qu'un morceau de
pain sec. Mais ce fut ce genre de vie qui fit de George
Washington un homme. \ l'âge de vingt ans, on le nomma
commandant et il lui fallut faire six cents milles pour porter
une lettre pendant l'hiver. Il faillit perdre la vie dans la
rivière Alleghany, mais il fit un radeau avec des arbres e| la
traversa sain et sauf.
3" Son âge mur.
Lorsque la guerre de la Révolution éclata entre les colonies
et la Grande-Bretagne, on eut besoin de lui pour commander
en chef l'armée américaine. Il dit : « Je ne crois pas être
capable d'occuper un si grand poste, mais je ferai de mon
mieux. » Ainsi, il n'alla pas à Mount-Vernon comme il l'avait
résolu, mais il se rendit à cheval à Cambridge et de là à
l'armée. Quelle armée il trouva ! Parmi les soldats il y avait
des ouvriers et des fermiers à peine vêtus et nourris, et quel-
ques-uns étaient malades. Mais il ne se découragea pas, il prit
le commandement de l'armée et vit la fin de la guerre. Après
cela il se retira dans sa maison de Mount-Vernon où il demeura
pendant six ans.
Mais on ne voulut pas le laisser jcuir du repos ; il était trop
utile pour n'être qu'un simple citoyen : il appartenait au monde.
On voulut le faire président des États-Unis, et il lui fallut
quitter de nouveau sa belle demeure. Il occupa ce poste pen-
dant huit ans. Puis il retourna dans sa maison qu'il ne devait
plus quitter. Il mourut à l'âge de soixante-sept ans, tout le
peuple pleura sur ses cendres.
Mabel J.
Age : treize ans.
Cleveland (01iio\ — Eagle School.
106. — MÊME SUJET.
Comme ils sont peu nombreux les hommes qui n'ont pas vécu
seulement pour eux-mêmes, mais pour leur pays et pour toute
la race humaine! Le fameux George Washington nous olfre
un modèle de ce genre. Il naquit à P)ridges Creeck, dans le comté
de Westmoreland, en Virginie, le 22 février 1732. C'est à
HlSTUUlE. 173
peine s'il a existé un homme vraiment grand dont le caractère
ait été plus admiré pendant sa vie. 11 était Virginien de nais-
sance et il n'avait pas reçu d'autre éducation que celle de la
famille et de l'école commune. Son esprit paraît s'être tourné
complètement vers les mathématiques et il devint de honne
heure arpenteur. Ses passions étaient violentes, à la vérité,
mais il s'efforça de les gouverner et de les dompter. Il sur-
passa par son caractère, par sa vertu et par sa bonté tous les
grands hommes qui ont jamais vécu.
Washington se distingua par sa sincérité, par son esprit viril
et par son énergie. A seize ans il était bon arpenteur. A dix-neuf
ans il était adjudant dans la milice d'un district de Virginie et il
avait le rang de commandant. En 1775 il fut nommé commandant
en chef de l'armée américaine. Mais comme il n'était pas toujours
heureux dans les batailles qu'il livrait, le Congrès proposa de lui
retirer son commandement pendant qu'il était dans ses quartiers
d'hiver (1777-1778). C'est ce qu'on appela la cabale de Conway.
Quand le peuple entendit parler de cette cabale, il s'indigna à
tel point que ceux qui avaient fait, cette proposition se conten-
tèrent de garder le silence.
En 1789 il fut nommé président des États-Unis. Il fut élu
par tous les partis. Il exerça deux présidences, et il aurait
été élu une troisième fois s'il n'avait pas refusé. Pendant
son administration, trois États furent admis dans l'Union,
savoir : Vermont en 1791, Kentucky en 1792 et Tennessee
en 1796. Le cabinet de Washington était composé de la ma-
nière suivante : Alexandre Hamilton, secrétaire des finances ;
Thomas Jefferson, secrétaire d'État; Henri de Knox, secré-
taire de la guerre, et Edouard Randolph, avocat général.
Au commencement de la seconde présidence de Washington
e pays fut agité par la Révolution française (1). Beaucoup
d'Américains désiraient secourir la France dans la lutte qu'elle
soutenait contre l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande, mais
Washington savait que le parti le plus sage pour les États-
Unis était de garder la neutralité.
Si Washington avait eu autant d'ambition que Napoléon,
(1) En 1793, la Convention envoya en Amérique un ambassadeur
nommé Genêt. Il fut d'abord très-bien reçu ; mais il voulut lever des
soldats et armer des corsaires contre les Anglais. Il ne tint pas
compte des observationà de Washington, qni^ demanda et obtint son
rappel en 1794. (Note du Traducteur.^
174- GRAMMAR SCHOOLS.
il aurait pu être dictateur à vie aussi bien que lui. Comme chef
de la République, jamais on ne le surpassa en jugement ou en
patriotisme.
Tout jeune, c'était lui que le g-ouverneur Dinwiddie avait
choisi pour une expédition qui était difficile et dangereuse.
Plusieurs jeunes gens à qui cette commission avait été offerte
l'avaient refusée, ne se sentant pas assez de courage; mais
Washington était né pour sauver son pays et non pas pour
chercher uniquement ses aises.
j^a retraite de Washington eut lieu à la fin de sa seconde
administration qui se termina le 4 mars 1797. Il publia son
discours d'adieu, oii respire la plus haute sagesse politique et
le plus pur patriotisme. A la fin de sa présidence il se retira à
Mount-Vcrnon. Il y mourut dans sa soixante-huitième année, le
14 décembre 1799. Tous les Américains prirent le deuil pour
témoigner leur douleur sincère.
Quoiqu'il y ait longtemps que Washington est mort, tout le
monde honore et admire son nom, et les petits enfants mêmes
connaissent son génie. Dans un vote par lequel le Congrès
déplorait sa mort, il est appelé « le premier dans la guerre,
le premier dans la paix et le premier dans le cœur de ses con-
citoyens. »
Sophie B.
Age : onze ans.
Milwaukee (Wisconsinj. — District n" ±
107. — LAFAYETTE.
Lafayette était général pendant la Révolution d'Amérique.
C'était un homme d'État français. Il naquit le 6 septembre 1757
et mourut le 19 mai 1834. Sa famille était l'une des plus
anciennes et des plus distinguées de la noblesse française. Son
père, le marquis de Lafayette, était officier de l'armée, il fut tué
dans une bataille en Allemagne à l'âge de vingt-cinq ans. Sa
mère mourut bientôt après et il resta héritier d'une immense
fortune. On l'envoya de bonne heure au collège à Paris, et il
épousa, à seize ans, une demoiselle qui était encore plus jeune
que lui et qui était fille du comte d'Ayen. Il entra dans l'armée
comme officier des gardes, et en 1776 il était en garnison à
Metz avec son régiment de dragons. A un dîner donné par le
HISTOIRE. 175
commandant de la garnison au duc de Gloucester, frère du roi
d'Angleterre, Lafayette entendit dire que les colonies améri-
caines avaient déclaré leur indépendance, et il résolut de
tirer l'épée pour la cause de la Liberté américaine. Il alla à
Paris où il rencontra Franklin, Deane et Lee, et leur dit qu'il
partait pour l'Amérique. Il fit secrètement équiper un vaisseau
à Bordeaux. Il mit à la voile avec ses compagnons pour l'Amé-
rique le 12 avril 1777. Il arriva à Georgetown, dans la Caroline
du Sud le 24 avril 1777 {sic). Il entra dans l'armée comme volon-
taire, mais il fut nommé ensuite major général. Il rencontra
Washington pour la première fois à un dîner à Philadelphie.
Le jeune major général était de service à la bataille de Bran-
dywine, il se lança au fort de la mêlée et fut grièvement
blessé.
A la bataille de Monmouth il commanda une partie du corps
d'armée de Lee. Il repoussait les Anglais du champ de bataille
lorsqu'on ordonna la retraite. Quelques semaines plus tard on
l'envoya aider le général Sullivan à chasser les Anglais
de Rhode Island; il alla à Boston pour faire venir la flotte
française à >'ewport ; pendant son absence un combat eut lieu ;
dès qu'il en fut informé, il parcourut achevai les 70 milles qui
séparent Boston de Rhode Island, en six heures et demie, et il
arriva assez tôt pour prendre le commandement des Améri-
cains qui battaient en retraite.
Comme son pays était alors en guerre, il retourna en France.
Pendant qu'il était à l'armée, on envoya de Paris des commis-
saires pour l'arrêter ; il en fut informé, et il allait passer la fron-
tière pour se rendre en Hollande lorsqu'il fut arrêté par les
Autrichiens qui le remirent aux Prussiens. Ils l'emprisonnèrent
pendant quelque temps, puis ils le rendirent aux Autrichiens
qui l'emprisonnèrent dans un cachot sale et obscur, où il
resta jusqu'au 15 août 1797. Après avoir passé en prison cin(j
ans, il retourna à Paris, où il mourut le 19 mai 1834.
James P.
Age : treize ans.
Boston (Massachusetts). — Stoughton Grammar School.
7b GUAMMAU SClfOULS.
108. — LA CHEVAUCHÉE DE 1»AUL REVERE (1).
Le 18 avril 1775, Paul Révère dit à un ami : <s. Si les Anglais
quittent lîoston ce soir par terre, suspends une lanterne dans
la tour de la vieille église du Nord ; mais s'ils le quittent par
mer, suspends deux lanternes. Je serai prêt de l'autre côté à
aller réveiller et laire armer les gens des fermes et des villages
du comté de Middlesex. » Puis il dit : « bonne nuit », et ensuite
il traversa prudemment et silencieusement la rivière (Charles
River) et arriva à Charlestown au moment où la lune se levait
sur le port.
Un grand navire de guerre anglais appelé « le Somerset »
était à l'ancre dans la baie. Il ressendjlait à un navire fantôme,
tous ses mais et ses agrès éclairés par la lune projetaient une
ombre qui ressemblait à des barreaux de prison.
Pendant ce temps son ami se promenait dans les rues et
dans les allées, prêtant l'oreille au moindre bruit. Enfin il
entendit rassembler les soldats aux portes des quartiers, il
entendit le bruit des pas et des armes et la marche cadencée
des soldats anglais qui se rendaient au rivage oîi étaient leurs
bateaux.
Alors il marcha vers l'église, gravit à la dérobée l'escalier de
bois qui conduisait à la chambre du betfroi. Les pigeons effrayés
s'envolèrent des poutres sombres qui leur servaient de per-
choir et qui répandaient autour de lui leur ombre épaisse que
la lune faisait mouvoir en poursuivant sa carrière.
Il grimpa jusqu'à la plus haute fenêtre du mur au moyen de
la grande échelle inclinée, et là il s'arrêta [»our écouter et
pour regarder les toits des maisons qui étaient au-dessous de
lui et sur lesquels la lune répandait ses rayons. A ses pieds
gisaient \âs morts dans leur cimetière sur la colline. Le silence
était si accablant que le vent semblait être une sentinelle par-
courant en rampant les tentes et disant tout bas : « Tout va
bien. »
Peiulant un instant, mais un seul instant, le temps, le lieu,
le beffroi et les morts, lui firent peur. Car aussitôt son attention
(?st attirée par quelque chose qui est dans le lointain à l'endroit
oîi le Charles River s'élargit et entre dans la baie de Massa-
(1) Vou' Longfellow : The Landiord's taie, Paul Révères ride.
(Taies of a Wayside inn.) (Note du Tratluctenr.)
HISTOIRE. 17 i
chusetts. Ce qu'il voit, c'est une ligne noire qui Hotte et qui
s'incline sur les Ilots comme un pont de bateaux.
De l'autre côté delà rivière, Paul Révère se promenait, atten-
dant avec impatience le moment de monter à cheval et de
partir. Il caresse d'abord les flancs de son cheval, puis il
regarde le paysage qui l'entoure et qui s'étend au loin. 11
frappe fortement la terre du pied, puis il se retourne pour
serrer les sangles de la selle de son cheval.
La plupart du temps il regarde attentivement la tour de la
vieille église du Nord qui se dresse comme un spectre sur la
colline. Pendant qu'il la regarde, il voit une lueur faible et
indécise qui devient bientôt une lumière fixe.
Il s'élance sur son cheval et prend la bride dans sa main ;
mais il s'arrête et regarde encore; enfin il voit briller une
seconde lampe dans le beffroi. Dans les rues du village on
entend un cheval passer au grand galop. Le cheval marche si
vile qu'il fait jaillir des étincelles lorsque ses pieds touchent
les pierres de la rue. C'est tout.
Paul Pievere quitte le village et va sur le pont. Sous ses
pieds s'étend la large et tranquille Mystic River qui coule vers
l'Océan. On entend les pas de son coursier retentir bruyam-
ment sur le bord rocailleux, puis fouler le sable avec un bruit
assourdi.
Les horloges du village sonnaient minuit lorsqu'il traversa
le pont qui conduisait à Medford. Il entendit chanter les coqs
et aboyer les chiens de ferme. Il sentit l'humidité du brouil-
lard qui s'élève de la rivière après le coucher- du soleil. Les
horloges sonnaient une heure lorsqu'il entra en galopant à
Lexington.
Il vit l'église des dissidents avec ses sombres fenêtres qui le
regardaient 'fixement, et il vit la girouette baignée par la
lumière de la lune pendant qu'il passait. Il était deux heures
lorsqu'il franchit au galop le pont qui conduisait à la ville de
Concord et il entendit bêler les brebis.
Il entendit chanter les oiseaux, et il se sentit rafraîchi par la
douce brise du matin qui soufflait sur les prairies.
Et celui qui devait mourir le premier le lendemain dormait
tranquillement pendant que Paul Révère passait. Tout le monde
connaît le reste.
Les fermiers américains couchés derrière les haies tirèrent
sur les Anglais pendant qu'ils se retiraient, .\insi chevaucha
12
178 GKAMMAR SCHOOLS.
Paul Révère pendant la nuit, en poussant un cri d'alarme ferme
et plein de défi.
Maria C.
Age ; treize ans.
Boston (Massachusetts). — Sliurtletî Grammar School,
109. — HENRI WILSON.
Henri Wilson naquit à Farmington (New Hampshire) le
IG février 1812. Ses parents étaient pauvres et honnêtes. C'é-
tait un enfant intelligent qui aimait beaucoup la lecture. A
l'âge de- huit ans, pendant qu'il jouait dehors, une dame l'appela
chez elle et lui demanda s'il savait lire. Il répondit aflu^iiative-
ment. Elle lui dit alors qu'elle avait l'intention de donner un
Ancien Testament à certain petit garçon qui, elle le croyait, en
ferait bon usage. Alors elle lui tendit le livre et le pria d'y lire
un chapitre, ce qu'il lit. Lorsqu'il eut fini de lire, elle lui dit
d'emporter le livre chez lui et de le lire; et lorsqu'il l'aurait
lu tout entier, le livre lui appartiendrait. Au bout d'une
semaine il revint et dit à la dame qu'il avait lu le livre ; mais
comme elle doutait de la vérité de ce qu'il disait, elle lui fit
des questions et enfin elle fut pleinement convaincue qu'il avait
fait ce qu'il disait. C'était le premier livre qu'il eût jamais
possédé.
A l'âge de dix ans il fut placé chez un fermier, pour le servir
jusqu'à l'âge .de vingt et un ans. Pendant ce temps on devait
l'envoyer à l'école un mois tous les ans, et lui donner à la fin
de son service six moutons et un attelage de bœufs. Il s'acquitta
toujours bien de son travail, mais il tirait profit du temps qu'il
avait de libre. Souvent il lisait toute la nuit à la lueur du feu,
étant trop pauvre pour acheter de Thuile.
En 1833, ayant vingt et un ans, on lui donna les moutons et les
bœufs, qu'il vendit quatre-vingt-quatre dollars. Jusqu'à cette
époque il n'avait jamais possédé deux dollars, et un dollar
aurait suffi pour payei* tout ce qu'il avait dépensé.
Alors il changea son nom de Jérémie Jones Colbath pour
celui de Henri Wilson. Il travailla quelque temps dans le New
Hampshire; mais comme il n'était pas très-heureux, il résolut
de venir dans le Massachusetts, et, entendant parler du prix
élevé qu'on payait à Natick pour faire des chaussures, il s'y
rendit pour essayer un nouveau commerce.
HISTOIRE. 179
A Natick il travailla beaucoup en qualité de cordonnier pen-
dant dix ans, et pendant ce temps il augmenta grandement ses
connaissances littéraires, sinon sa fortune.
Il entra dans la vie politique en 18il. Il fut d'abord membre
de la Chambre des représentants, d'où il passa au Sénat et il
continua ainsi, si bien qu'à sa mort il occupait presque la plus
haute position dans les États-Unis.
Il mourut le 22 novembre 1875, à Washington, dans l;i
soixante-quatrième année de son âge. Quoique M. Wilson fût
né dans le New Hampshire, son domicile était dans le Massa-
chusetts, et nous sommes bien certain que cet État ne peut
pas pleurer la perte d'un homme meilleur et plus fidèle que
lui. Ce n'est pas seulement une perte pour l'État, c'est une
perte pour la nation, car son nom est connu et aimé dans tous
les États-Unis.
Partout où il se trouva, il fut l'un des chefs. Ce fut un héros
pendant la paix et pendant la guerre. Ce dont il fut chargé,
il s'en acquitta avec plaisir et convenablement. Sa vie nous
montre que les travailleurs parviennent toujours.
Ada L.
Age : quinze ans.
Boston (Massachusetts), — Winthrop Grammar School (Charlestown).
110, —ABRAHAM LINCOLN.
Il naquit dans le Kenîucky en 1809, et fut assassiné par
.John ^Yilkes Booth dans un théâtre à Washington, en 1865.
Son père ne savait ni lire ni écrire, c'est pourquoi le soin qu'il
prit de l'éducation de ses enfants fut nul ou presque nul. En
eÛet Abraham n'alla à l'école que pendant un an ; le reste de
son éducation se fît peu à peu pendant les heures où il n'avait
rien à faire, et ces heures étaient peu nombreuses et fort
espacées. A l'càge de dix ans il se transporta avec le reste de
sa famille dans l'indiana ; au bout de quelque temps ils allèrent
vivre dans l'Illinois, A dix-huit ans il loua ses services sur un
bateau plat pour dix dollars par mois. Il fut tour à tour
ouvrier sur un bateau plat, volontaire dans la guerre du Black
Hawk, directeur d'un bureau de poste, épicier.
Il étudia la loi en empruntant des livres au cabinet d'un
liomme de loi avant la fermeture du bureau le soir, et il l(\s
lendait le lendemain matin avant l'heure à laquelle commen-
180 GRAMMAR SCffOOLS.
raient les affaires. Il se distingua rapidement après avoir été
admis au barreau.
Il fut envoyé à l'Assemblée législative et il en fut trois fois élu
membre. Ensuite il alla au Congrès. En 1858, il se présenta
comme député au Congrès contre Stephen S. Douglass, mais il
échoua parce que le parti qui le portait était en minorité. Après
avoir été admis à la Présidence, il se dévoua à son pays.
Il était grand, maigre ; il était peu au courant des manières
de la bonne société, mais il était doué d'un grand bon sens, et
c'est pour cela qu'on l'appelait quelquefois « l'honnête Ab ».
Son corps voûté indiquait les soucis et les chagrins que lui
causait la condition de son pays. Ce n'était que de loin en loin
({ue son visage s'éclairait d'un bon sourire humoristique
lorsqu'il racontait quelque mot spirituel qui faisait se tordre
de rire ses auditeurs, ou (juelques-unes de ces « histoires
d'Abraham », qui devenaient bientôt familières dans tout le
pays.
Alice G.
Age : quinze ans et demi.
MilNvaukce (Wisconsin). — District n" 1.
111. — UN CHAPITRE SUR NAPOLÉON.
(( La guerre, dit ÎNapoléon, est la science des barbares. »
Cet infortuné a raison; c'est la science de la barbarie, et
Napoléon, d'après sa propre théorie, fut un barbare parce
qu'il mit en feu le continent de l'Europe, uniquement pour
satisfaire son insatiable ambition.
il voulait agrandir le royaume de France et il l'agrandissait
sans s'inquiéter du prix que cela pouvait coûter. Des milliers
d'honimes se rassemblèrent sous sa bannière, mais quel fut le
résultat? Gagna-t-il quelque chose à la lin? Non : toutes les
provinces qu'il avait annexées à la France retournèrent, après
la bataille de Waterloo, aux pays d'où il les avait arrachées.
il disait qu'il aimait la France, mais son amour pour ce
})ays n'égalait pas son ambition, sans cela il n'aurait pas fait
nipandre tant de sang. 11 aurait dû déposer la couronne s'il
avait aimé la France et il n'aurait pas dû hésiter à devenir
simple citoyen pour le bien de ce pays. Mais non, il voulait
porter une couronne, fût-elle acquise par la mort delà France,
HISTOIRE. 181
11 n'était même pas légitimement empereur de France, il se
couronna lui même en prenant la couronne des mains du Pape
et en se la plaçant sur la tête : se couronnant ainsi au lieu d'être
couronné empereur des Français. Mais son ambition ne s'ar-
rêta pas là. Non content d'avoir dérobé la couronne de France,
il paraît bientôt dans la lice en Italie, oii il se fait proclamer roi
d'Italie à Milan, et place sur sa tête la fameuse couronne de fer
des rois lombards.
De plus, son divorce montre son véritable caractère. Jamais
certainement femme n'eut plus d'amour pour un homme que
Joséphine n'en eut pour Napoléon, mais il s'en sépara pour le
(T bien de la France », disait-il. Il lui dit qu'il l'aimait, peu de
temps a[)rès le divorce, et qu'elle occuperait la première place
dans son cœur après la France. Malgré cette protestation, il
épousa Marie-Louise d'Autriche, et pourquoi? Parce que, par
son mariage avec cette dernière, il s'alliait à l'une des plus
grandes puissances du globe et que son beau-père lui viendrait
assurément eu aide dans les guerres où il était engagé.
Je termine par cette déclaration : Napoléon fut assurément
un grand génie, mais ce fut un très-mauvais génie.
Edgard L.
Age : quatorze ans.
Comté de Monmouth (New Jersev). — District n'' 45, école rurale.
112. —QUESTIONS SUR L'HISTOIRE D'AXGLETERRE.
Quest. 1. — Qui a conquis l'Angleterre?
Rép. — Les Romains, les Saxons, les Danois et les Normands.
Quest. 2. — Dites la date et le lieu de la dernière bataille
livrée sur le sol de la Grande-Bretagne, de l'Angleterre.
Rép. — 17i6, Cullûden ; 1651, Worcester.
Quest. 3. — Quelle famille luttait pour la suprématie dans
chacune de ces batailles, et pourquoi était-elle obligée de dis-
puter le trône ?
Rép. — La famille des Stuarts. A la bataille de Worcester,
parce que Charles I^^ avait violé la Grande Charte et avait été
exécuté; alors Cromwell fut nommé Protecteur, c'est pourquoi,
lorsque Charles II fut reconnu roi par l'Ecosse à la condition de
consentir à signer le Covenant, Cromwell prit les armes contre
les Ecossais.
18"2 GRAMMAR SCHUOLS.
A la bataille de Culloden, parce que, d'après les lois de la
Grande Charte, un catholique romain ne pouvait })as occuj)er
](; trône d'Angleterre.
Qicest. 4. — Qui commença la séparation de TAngleterre de
l'Église romaine, et pour quel motif?
Rép. — Henri VllI. il ne voulait pas faire une Réforme. 11
n'avait d'auli-e motif ([ue d'obtenir le divorce d'avec sa femme
Catherine d'Aragon, et comme le Pape le refusait, Henri
assembla un concile présidé par Cranmer et obtint ainsi ce qu'il
désirait.
QiU'st. 5. — Nommez les princes de la maison de Lancastre,
et dites pourquoi ils étaient des usurpateurs.
Hép. — Henri IV, Henri V, et Henri VI. Ils descendaient du
(juatrième fils d'Edouard III, tandis que les princes de la mai-
son d'York descendaient de son troisième fils.
Qiiesi. G. — Nonmiez six événements du règne de la reine
Victoria.
Rép. — La révolte des Cipayes, la guerre de Crimée, la loi
votée sur la poste cà un penny, les Corn Laws rapportées, le
lancement du premier vaisseau cuirassé anglais, la découverte
d'un passage au Nord-Ouest.
. Quest. 7. — Qui était Elisabeth, et quelles étaient ses trois
grandes maximes ?
Rép. — La fille de Henri VIII.
Obtenir l'amour de ses sujets;
Etre économe de ses trésors ;
Exciter la désunion parmi ses ennemis.
Quest. 8. — Par qui et comment la flotte anglaise fut-elle
commencée ?
Rép. — Par Henri VII, qui construisit un navire appelé le
Great Harnj (le Grand Henri). »
Quest. 9. — Fiacontez en quelques mots riiisloire de la
Grande Charte.
Rép. — Langtou et les barons demandèrent à Jean de rati-
lier une charte tpii reconnaissait leurs privilèges, et il fut enfin
obligé d'y consentir le 15 juin l'215.
Quest. 10. — Quand fut établie la Chambre des Communes ?
Sous quel règne?
Rép. — 126.5, sous le règne de Henri III.
MiNNIE W.
Boston (Massachusetts). — Evcrett Grammar School.
HISTOIRE. 183
113. — ESQUISSES BIOGRAPHIQUES DE QUELQUES VOYAGEURS
CÉLÈBRES.
L'idée de voyager se présente d'elle-même aux esprits
éclairés, comme mi moyen d'augmenter leurs connaissances.
Les hommes qui ne connaissent que leur pays sont portés à
avoir des vues égoïstes et fanatiques, les voyages modiiient ces
vues, développent notre intelligence et augmentent notre con-
naissance des hommes et des choses; ils nous montrent la
nature et l'art sous ditférents aspects, nous rendent moins vains
et plus charitables. Les uns voyagent par curiosité, d'autres
pour leur plaisir, et d'autres pour perfectionner leurs connais-
sances en histoire naturelle.
Hérodote, le père de l'histoire, l'un des premiers voyageurs,
était un Grec d'Halicarnasse, ville dorique de la Carie. 11 naquit
-iSi ans avant Jésus-Christ. 11 résida pendant quelque temps à
Samos, et il y avait à peine une ville en Grèce ou sur la côte
de l'Asie Mineure qu'il ne connût pas. En Asie il visita les villes
de Babylone, d'Ecbatane et de Suze. C'est en voyageant et en fai-
sant de laborieuses recherches qu'il recueillit les matériaux
(|ui lui servirent à composer ses ouvrages.
Pythagore de Samos naquit 580 ans avant Jésus-Christ. 11
Toyagea beaucoup en Orient; il était célèbre par ses connais-
sances en géométrie et en arithmétique.
Solon, l'un des Sages de la Grèce, était fils de Exécestidès.
En voyageant dans plusieurs pays de l'Asie et de la Grèce, il
connut les hommes les plus illustres de son temps.
Marco Polo, d'une noble famille, originaire de Dalmatie,
naquit à Venise vers 1250 de notre ère. iNicolo Polo, son père,
et Matteo Polo, son onde, étaient des marchands cdèbres. Us
emmenèrent Marco avec eux, en 1271, à la cour de Kublai
Khan où ils arrivèrent en 1275. Le Khan l'employa dans beau-
coup de missions auprès des souverains voisins, et il se mit
promptement au courant des mœurs et des coutumes.
A son retour il écrivit un récit de ses voyages ; son ouvrage
nous fait connaître l'état de l'Asie centrale et orientale à cette
époque. Sa première mission fut à la cour d'Annam et de
Tonquin (1277) sur laquelle il nous donne des renseignements,
du Thibet, du Yunnan, du Bengale et du sud de la Chine.
Ensuite il dressa un inventaire des archives qui appartenaient
à la cour de la dynastie Song, et bientôt après il fut nommé
18-4 (JRAMMAU SCIIOOLS.
gouverneur de Yang-Tcliou. Il passa dix-sept ans au service du
Khan mongol, et visita les principales villes et les principaux
pays de l'Asie orientale, ce qu'aucun autre Européen n'avait
fait. En 1-291, les trois Polo traversèrent la Chine et firent
voile sur la mer de Chine et sur l'Océan, ils arrivèrent à
Venise eji 1295. En 1296 il prit part à la hataille de Curzola,
où les Vénitiens furent battus. Marco fut fait j)risonnier et mis
dans un cachot à Gènes. Lorsqu'on le mit en liberté, il retourna
à Venise, où il fut nommé membre du Grand Conseil. Il mou-
rut en 1323.
Christophe Colomb, de Gênes, naquit en 1435 de notre ère.
Dans sa jeunesse il avait visité presque toutes les parties du
monde connu. Son esprit pratique le conduisit bientôt à médi-
ter un voyage à l'ouest qui, d'après ce qu'il supposait, lui
permettrait d'atteindre l'Inde. Après beaucoup d'ellorts infruc-
tueux il réussit à se procurer trois petits navires : la Santa
Maria, le Pinto et VAnna. Cette petite flotte quitta le port de
Palos, en Espagne, le 3 août 1492 au matin. Ils eurent beau-
coup à souffrir du mauvais temps, et comme les vents alizés
les emportaient dans une direction qui les éloignait de leur
pays, les matelots furent plusieurs fois sur le point de se révol-
ter. Enfin ils commencèrent à découvrir la terre, et le 12 octobre
ils longèrent une belle île verte qui était, comme ils le décou-
vrirent plus tard, une des îles avancées du Nouveau-3Ionde.
11 fil quatre voyages, mais pendant le dernier on le ramena
enchaîné dans son pays, et après avoir langui pendant quelque
temps dans l'obscurité, il mourut à Valladolid, en Espagne, le
20 mai 1506.
En 1513, Nunez de Bilbao, gouverneur espagnol de Darien,
partit pour une expédition d'exploration à travers l'isthme et,
ayant gravi une colline, il aperçut les côtes orientales de
l'océan Pacifique, qu'il appela 3Ier du Sud.
Quelle grande découverte que celle de cet océan , le plus
vaste du globe, dont il occupe le quart!
liichard-Kobert Madden, docteur en médecine, naquit en
Irlande. Il voyagea beaucoup et publia beaucoup de livres de
voyages et d'histoire.
Austin Henri Layard D. C. L. na(|uit à Paris. C'est l'un des
plus célèbres voyageurs de ce siècle. M. Layard a rempli plu-
sieurs fonctions sous le gouvernement anglais, et il a été nom-
mé en 1869 ambassadeur en Espagne. C'est lui qui découvrit
les ruines de Ninive, qui étaient enfouies sous terre.
HISTOIRE. 185
Richard-Francis Burton a acquis beaucoup de célébrité par
ses relations de voyages. Il entra dans l'armée de l'Inde
en 18i2. Il a beaucoup voyagé eu Arabie et dans les régions
inexplorées de l'Afrique et de rAméri({ue du >'ord.
John Hamining Speke était officier de l'armée anglaise, il
servit dans la guerre de Crimée. Il a voyagé avec le capitaine
Burton et a remonté le Nil jusqu'au lac Xyanza.
David Livingstone, docteur en médecine, fut le plus remar-
quable des voyageurs modernes. Il était Écossais, et en 1840
il fut envoyé en mission dans l'Afrique méridionale. Ses décou-
vertes et ses aventures dans ce pays ont rendu son nom célèbre.
C'est à lui que nous devons la plupart de nos connaissances
géographiques sur l'Afrique centrale. Sa mort est une perte
publique, car sa vie fut consacrée à la science et au bien de
ses concitoyens.
Bayard Taylor, célèbre voyageur américain, a visité presque
tous les pays du globe et a écrit beaucoup de relations inté-
ressantes de ses voyages, qui ont été reçues avec reconnais-
sance par le public. Pendant l'été .de 1873, il assista au mil-
lième anniversaire de la fondation de la colonie d'Islande, et
écrivit à ]â Neu-York Tribune des esquisses accompagnées de
\'ues de cet intéressant pays.
?sous devons beaucoup à ces hommes, qui ont tant contribué
à nous faire connaître les différentes parties du monde. Ils ont
matériellement augmenté l'ensemble de nos connaissances, et
nous les en remercions.
Allie H.
Age : dix-sopt ans.
Comté du Cap May (New Jersey). — District n" i.
lli. — MOUND BUILDEfiS (1).
Lorsqu'on eut tué le dernier mammouth, il est probable
qu'il se passa plusieurs siècles avant la prise de possession par
les Mound Builders du sol qui avait été occupé par ces animaux.
Nous pouvons affirmer que les Mound Builders furent une
race d'hommes qui ne virent jamais le mammouth; sans cela
ils nous en auraient transmis la forme en sculpture ou en pein-
(1) Littéralement : constructeurs de levées de terre.
486 GRAMMAR SCHOOLS.
ture, comme ils ont fait pour les oiseaux et les autres ani-
maux.
Mais s'ils ont peint les oiseaux et les animaux, ils ne se sont
pas peints eux-mêmes : nous ne pouvons donc pas savoir
quel air ils avaient. Ils n'ont écrit aucun livre : nous igno-
rons donc quelle langue ils parlaient. Tout ce que nous con-
naissons de ces hommes, ce sont les merveilleux travaux
qui leur ont survécu et les grands ouvrages en terre (l ) qu'ils
ont construits. Ce sont ces grands ouvrages qui leur ont valu
leur nom.
On peut voir un de ces grands ouvrages en terre dans le
comté d'Adam (Ohio). Il a la forme d'un gigantesque serpent
de mille pieds de long sur cinq pieds de large : il est couché
sur un morne (2) qui domine un fleuve. Il tient dans sa gueule
ouverte (|uel(]ue chose qui ressemble à un œuf. Cet ouvrage de
terre en forme d'œuf a cent soixante pieds de long.
Dans d'autres endroits il y a des ouvrages en terre d'un
seul morceau, qui ont de soixante à quatre-vingt-dix pieds de
haut.
11 est certain que ces Mound Builders avaient une civilisation
fort avancée. Tous leurs ouvrages témoignent de leur habileté.
Ces ouvrages affectent la forme du carré, de l'octogone, de
l'ellipse ou du cercle.
Dans ces ouvrages en terre on a trouvé des outils et des
ornements faits de cuivre, d'argent et de pierres précieuses.
Les Mound Builders savaient faire beaucoup d'objets en
argile, par exemple des oiseaux et des figures humaines. Ils
cultivaient la terre, quoiqu'ils n'eussent pas d'animaux pour
s'aider : ils n'avaient ni bœufs, ni chevaux, ni voitures.
Ils creusèrent des mines pour l'extraction du cuivre et du
plomb près du lac Supérieur. Dans l'une de ces mines, une
masse de cuivre qui pèse environ soixante tonneaux (3) s'élève
en partie au-dessus du sol et est appuyée par des blocs de bois.
A ([ucUe époque a vécu cette ancienne race des Mouiid
Builders ? On n'a pu découvrir aucune trace de leurs écrits, et
la tradition ne nous apprend rien de précis cà leur sujet.
Il est très-naturel de se demander si ces 3Iound Builders ne
furent pas les ancêtres des Indiens actuels. Cela n'est pas pro
(i) Great moiinds of earth, littéralenionl : grandes levées de terre.
(2) Dlu/f, nom donné en Amérique à une petite montagne.
(3) Ton, tonneau, vaut "20 quintaux ou 1015 kilogrammes.
INSTRUCTION CIVIQUE. 187
bable, car il y a une gr^ande différence entre les habitudes des
deux races. Dans la plupart des tribus indiennes, on ne trouve
ni l'habileté ni la persévérance nécessaires pour construire ces
irrands ouvrasres de terre.
Peut-être vinrent-ils d'Asie, ou peut-être descendaient-ils
d'Asiatiques jetés sur les côtes d'Amérique.
J. Anderson.
Age : treize ans.
Newport (Rhode Island).
IX. — lustriicf iou civique.
115. — LE PATRIOTISME.
Ou'est-ce que c'est que le patriotisme? Il y a des personnes
qui n'ont qu'une vague idée de ce sentiment, moi toute la
première. Quelquefois je nie dis : Ne serait-ce pas charmant
d'être une patriote ? Mais je m'imagine que c'est aimer et
recevoir en retour des châtiments. Et qui plus est (comme
disent les bonnes gens), je crois que certaines personnes ont
sur le patriotisme des idées encore moins précises que les
miennes. J'ai entendu parler dernièrement d'hommes qui
disent aimer leur pays, mais combien? je n'en sais rien, tout un
boisseau, je suppose, comme disent les petits enfants. Il ne
faut pas croire que je parle de vous, qui que vous soyez, mais
voici ce que je dis : Celui qui se sent morveux, qu'il se
mouche ! Et dire qu'ils s'appellent des politiques ! Ce sont des
hypocrites à qui on manquerait de respect en toute occasion
si on apprenait à les connaître. C'est pour cela qu'ils se com-
portent comme le font la plupart des lâches. Ces patriotes (je
regrette de le dire) ressemblent beaucoup aux électeurs pen-
dant une élection : si vous leur demandez pour qui ils votent,
ils vous répondront : Pour celui qui nous traite le mieux, ou
bien pour celui qui nous donne le plus d'argent. Est-ce cela
qu'on appelle du patriotisme ? Si c'est cela, je crois que, dans
tous les cas, mon opinion sur le patriotisme est plus juste qne
celle que l'on s'en fait généralement.
Félicitez-vous que le Bill en faveur des droits des femmes
n'ait pas passé, car je suis positivement certaine que les femmes
voteraient mieux que cela, même pour la première fo^. Mais
ainsi va le monde !
188 GRAMMAR SCIIOOLS.
D'après toutes mes idées, je puis me former une opinion sur
le patriotisme. C'est une affection pure et véritajjle pour notre
pays, sans aucun désir égoïste de gain. Il y a beaucoup de
patriotes qui vivent maintenant, et il y en a d'autres qui ont
vécu avant nous, nous les aimons encore, et ils sont aimés par
tous les hommes et jamais on ne les oubliera.
Washington fut un véritable patriote pour son pays, l'Amé-
rique, pour laquelle il aurait répandu tout son sang. 11 mou-
rut en 1799 après huit longues années de fatigues et de tra-
vaux qui furent très-utiles, passées dans le poste de Président.
Nous célébrons sa fête le 2^2, février, parce qu'il fut le père de
notre pays.
Le général Lee fut aussi un patriote, mais non pas pour son
pays, car il ne défendit que l'Etat de Virginie, dans lequel il
était né.
Guillaume Tell, dont on parle si souvent, était un Suisse
qui fut décapité pour avoir aimé son pays.
Voilà ce qu'on peut appeler le vrai patriotisme.
Theresa B.
Age : quatorze ans.
Mihvaukee (Visconsin). — District ii" 6.
116. — ÉTUDE DE LA CONSTITUTION.
( Classe supérieure des Grammar Scliools. )
1. Quelles conditions faut-il remplir pour être Président des
États-Unis ?
2. Quelle est la clause de la Constitution qui organise le
district de Columbia ?
3. Quels sont les actes qui sont qualifiés trahison contre les
États-Unis? Quels sont les moyens de punir cette trahison qui
sont interdits ?
4.. Quels sont les projets de loi ((ui doivent être présentés
par la Chambre des Heprésentants?
5. Quels sont les pouvoirs du Président pour nommer aux
charges et pour remplir les vacances ?
District de Columbia.
INSTRUCTION CIVIQUE. 189
117. — QUESTIONS SUR LA CONSTITUTION.
{S" année.)
1. Nommez les trois départements généraux du gouverne-
ment et définissez brièvement chacun d'eux.
2. Comment remplit-on les vacances dans chacun de ces dépar-
tements ?
3. Comment choisit-on les sénateurs des États-Unis? Pour
combien de temps ? Comment et pour combien de temps choisit-on
les Représentants?
4. Qu'est-ce qui amena la seconde guerre avec l'Angleterre ?
Nommez deux ou trois batailles en disant quelle armée fut
victorieuse dans chacune d'elles. Quel fut le résultat de la
guerre ?
5. Dans quel engagement le commodore (1) Perry se distin-
gua-t-il ?
6. Qu'est-ce qui amena la guerre avec le Mexique ? Dans
quel pays se livrèrent les batailles et quel fut le résultat de
cette guerre? Qui était Président à cette époque? Qui com-
mandait les troupes américaines ?
7. Qu'est-ce qui a amené le « Compromis du Missouri? (1) »
8. Qu'est-ce qui amena la rapide colonisation de la
Californie ?
9. Quand TOhio fut-il admis dans l'Union?
10. De quel gouvernement étran-ger a-t-on obtenu de grands
domaines? Comment les a-t-on obtenus?
Cleveland (Ohioj.
(I) Un commodore est un chef d'escadre. La statue du commodore
Perry et les canons qu'il prit aux Anglais en 1813, sur les bords du
lac Erié, décorent la principale place de la ville où ce devoir a été
donné.
ii) En 1818-19 le Missouri demanda à entrer dans l'Union. Les
représentants exigèrent, avant de l'admettre, qu'il introduisît dans sa
constitution une clause interdisant l'esclavage. Le Missouri refusa.
L'année suivante il renouvela sa demande : on lui posa la même con-
dition qu'il refusa encore d'accepter. Enfin le Sénat proposa de l'ad-
mettre dans l'Union comme État esclavagiste à condition que l'escla-
vage serait désormais interdit au nord du parallèle .30" 30'. Ce com~
promis fut voté à la majorité. (Note du Traducteur.)
190 GlUMMAR SCHOOLS.
118. — QUESTIONS D'niSTÛiaE CONTEMPORAINE.'
(Examen semestriel de l''" classe.)
Qui a succédé à M. Lincoln comme Président ? — Quel est
aujourd'hui le Président des États-Unis? — Quels sont ses
appointements? — Quand prête-t-il serment? — Quel est le
gouverneur actuel de la Pennsylvanie? — Quoi était le Prési-
dent des États confédérés pendant la dernière révolte? — A
qui le général Lee s'est-il rendu ?
Somerset Borough (Pensylvanie).
119. — COUP d'œil sur l'histoire nationale.
Quest. 1. — Dites brièvement quelques faits relatifs à la
condition des colonies en 1776.
Réf. (littéralement reproduite par tous les élèves). — Indé-
pendance déclarée le 4 juillet; colonies soumises à l'Angle-
terre; guerre de la Piévolution; on voyageait à cheval, on
n'avait pas de télégraphe, pas de câble Iransatlantique, pas de
chemin de fer du Pacifique, pas de bateaux à vapeur, pas de
président; population, trois millions; treize colonies.
Quest. 2. — Dites brièvement quelques faits relatifs à la
condition des États-Unis en 1876.
R('p. (littéralement reproduite par tous les élèves). — Nous
avons un gouvernement libre, nommons nos gouvernants,
voyageons en chemin de fer, envoyons des dépêches par télé-
graphe, nos eaux sont sillonnées de bateaux à vapeur ; notre
population est de quarante millions, nous avons trente-sept
États, et sommes en paix avec le monde entier.
Ville de Lancaster (Pennsylvanie). — École secondaire de garçons,
X. — Géog^rapliic.
120. — qt'estions de géographie mathématique.
Qnest. 1. — Expliquez comment varient les degrés de lati-
tude.
Quest. 2. — Expli(juez comment varient les degrés de lon-
gitude.
GÉOGRAPHIE. 191
Quest. 3. — Pourquoi les tropiques sont-ils à 23° 1/2 au
nord et au sud de l'Equateur?
Quest. i. — Pourquoi les cercles polaires sont-ils placés
où ils sont?
Quest. 5. — Combien y a-t-il de degrés du tropique du
Cancer au pôle sud ?
Quest. G. — Quel est notre plus lon!4' jour? Où est le soleil
à ce moment ?
Quest. 7. — Quel est notre jour le plus court ? Où est le soleil
à ce moment?
Quest. 8. — Quand on est au mois de mars à Chicago, à
quel mois est-on en Patagonie ?
Quest. 9. — Quand on est en hiver à Chicago, dans quelle
saison est-on en Europe?
Quest. 10. — Définissez la géographie mathématique.
Chicago (lUinois). — Lincoln School.
121. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
« -
1. Faites un exposé de l'âge carbonifère.
2. Dites comment se forment les îles de corail.
3. Quelle est l'utilité des montagnes ?
4. Quelles sont les circonstances qui accompagnent une
éruption volcanique.
5. >'oramez quelques-unes des causes qui produisent les
courants de l'Océan.
6. Nommez les Basses Plaines de l'Amérique septentrionale,
et indiquez-en la situation.
7. Quel est l'effet de l'altitude sur la température.
8. Décrivez deux systèmes de circulation dans les plantes.
9. Nommez et définissez les principales classes d'animaux.
10. Où trouve-t-on les gisements de fer les plus considé-
rables ?
District de Columbia.
122. — QUESTIONS DE GÉOGPtAPHIE ÉCONOMIQUE.
1. Dans quelle partie des États-Unis trouve-t-on le plus de
charbon ?
2. Dans quelles parties se livre-t-on surtout à l'agriculture?
192 GRAMMAR SCHOOLS.
Dans quelles parties se livre-t-on surtout au travail des ma-
nufactures ?
3. De quoi dépend le climat d'un pays ?
4. Quelle partie du monde possède la végétation la plus
riche ?
5. Dites où l'on cultive en grand les produits suivants : le
froment, le riz, le coton, le tabac, la canne à sucre.
6. Nommez le principal système fluvial des États-Unis.
7. Nommez une ville commerçante, une ville célèbre par ses
manufactures, une autre célèbre par ses pêcheries, et une
autre célèbre comme résidence d'été ; indiquez la situation de
chacune de ces villes?
8. Quelles sont les divisions physiques des États-Unis,
qu'est-ce qui les détermine ?
Newport (Rhode Island).
123. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE.
(6'' année).
i . De quoi s'occupe la Géographie mathématique ?
2. Donnez trois preuves de la rotondité de la terre.
3. Nommez les divisions naturelles des eaux. Qu'est-ce que
la source d'un fleuve? De quoi dépend le cours d'un fleuve?
-4. Par quels moyens les hommes rendent-ils les divers cli-
mats habitables ? En quoi difl'ère la nourriture des hommes
dans les différentes zones?
5. Quelles sont les trois sections distinctes formées à la sur-
face de l'Amérique septentrionale pai- les monts Rocheux et les
monts Alleghanys ? Décrivez chacune d elles.
6. Indiquez les bornes du Massachusetts.
7. Indiquez le cours du Missouri depuis sa source jusqu'à
son embouchure, en nommant les États qu'il traverse.
8. Pourquoi l'intérieur de l'Afrique est-il si peu connu?
9. Animaux de l'Afrique.
10. Pourquoi la traversée pour se rendre en Europe en
partant des ports des États-Unis situés sur l'Atlantique est-elle
plus courte que la traversée pour retourner aux Etats-Unis?
Saint-Louis (Missouri j.
GÉOGRAPHIE. 193
124. — AUTRES QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE.
(8^ année.)
1. De quoi s'occupe la Géographie physique? •
2. Prouvez que la terre est sphérique.
3. Décrivez l'âge azoïque et dites en quoi les roches de cet
âge diffèrent des roches des périodes suivantes.
-4. Donnez une esquisse générale des rehefs de l'Amérique
méridionale.
5. Décrivez les îles de corail.
6. Décrivez les geysers d'Islande.
7. Comment se forment les sources? Qu'est-ce que les
sources minérales ?
8. Quels sont les signes précurseurs et sûrs d'une éruption
volcanique?
9. Où est la grande plaine de l'Europe, quels pays ren-
ferme-t-elle?
10. Où sont les grandes plaines de l'Amérique septentrio-
nale?
Saint-Louis (Missouri).
1-25. — QUESTIONS DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
(8« année.)
1. Faites une description de la condition primitive de la
terre, et expliquez comment elle s'est solidifiée.
2. Citez quelques-uns des effets de l'atmosphère sur la croûte
terrestre.
3. Donnez une esquisse générale des reliefs de l'Amérique
septentrionale.
4. Expliquez l'origine des volcans et des tremblements de
terre.
5. Décrivez le versant de l'Amérique entre l'océan Atlan-
tique et l'océan Pacifique.
6. Pourquoi les lacs qui n'ont pas d'écoulement sont-ils
ordinairement salés? Pourquoi ceux qui ont un écoulement ne
sont-ils pas salés?
7. Donnez la théorie de Newton sur les marées.
13
194- GRAMMAU SCHOOLS.
8. Expliquez les phénomènes des courants constants dc-
rOcéan. Quelle influence ont-ils sur le climat?
9. Dites brièvement ce que vous savez sur la pression
atmosphérique.
10. Indiquez la route que doit suivre un na\ire à voiles
pour se rendre des États-Unis en Chine.
Saint-Louis (Missouri;.
126. — QUESTIONS SUU LA GÉOGRAPHIE DE l'EUROPE.
Quest. 1 . — Nommez les pays de l'Europe dans l'ordre de
leur importance comme étendue de territoire.
Réf. — Les pays de l'Europe nommés dans l'ordre de
leur importance comme étendue de territoire sont : la Paissie.
l'Autriche, l'empire d'Allemagne, la France, la Turquie,
l'Espagne, la Suède, la Norvège, l'Italie, l'Angleterre, le
Portugal, l'Irlande, l'Ecosse, la Grèce, la Suisse, le Danemark,
la Hollande, la Belgique et le pays de Galles.
Quest. 2. — Dessinez une carte représentant le nord de la
France et le sud de l'Angleterre avec la mer qui les sépare.
Quest. 3. — Décrivez les principales chaînes de montagnes
de l'Europe.
Rép. Les chaînes de montagnes de l'Europe sont : les monts
Ourals, qui s'étendent entre la Russie et la Sibérie ; les monts
Gaucasiques, qui s'étendent entre l'Asie Mineure et la Russie ^
les monts Carpathes, qui traversent l'Autriche de l'est à l'ouest;
les monts Balkans, qui traversent la Turquie de l'est à l'ouest;
les Apennins, qui s'étendent du nord au sud en Italie ; les mon-
tagnes de la Forêt-Noire, qui s'étendent dans la partie méri-
dionale de l'empire allemand ; les Alpes, qui bornent la Suisse
au sud ; les monts du Jura, qui s'étendent entre la France et
la Suisse; les Gévennes, qui s'étendent dans la partie orientale
de la France; les monts Pyrénées, qui s'étendent entre la
France et l'Espagne; les monts des Asturies, qui sont dans la
partie septentrionale de l'Espagne ; la Sierra Morena, qui est
dans la partie centrale de l'Espagne; la Sierra Nevada, qui est
dans la partie méridionale de l'Espagne ; les monts Kitelen,
qui sont entre la Suède et la Norvège, et les monts Dover-
field (1), qui sont dans la partie méridionale de la Norvège.
(1) Monts Dofrines ou Alpes Scandinaves.
GÉOGRAPHIE. 195
Quest. l. — Indiquez le cours des cinq plus grands lleuves
d'Europe.
Rép. — Les cinq plus grands fleuves d'Europe sont : le
Volga, qui prend sa source près des collines Valdaï, dans la
partie centrale de la Russie, et qui coule ensuite au sud pour
se jeter dans la mer Caspienne ; l'Oural, qui prend sa source
dans les monts Durais et coule au sud, à l'ouest, puis au sud
et se jette dans la mer Caspienne; le Danube, qui prend sa
source dans la partie méridionale de l'Allemagne et coule à
l'est, puis se jette dans la mer Noire ; le Dnieper, qui prend
sa source dans la partie centrale de la Paissie, il coule au
sud-est, puis au sud-ouest, et se jette dans la mer Noire; le
Don, qui prend sa source dans le sud de la partie méridionale
de la Russie et coule au sud-est, puis au sud-ouest, et se jette
dans la mer d'Azof.
Quest. 5. — Indiquez la position du plus haut pic de l'Eu-
rope.
Rép. — Le plus haut pic de l'Europe est celui du mont
Blanc ; il est situé dans les Alpes, qui sont entre la Suisse et
l'Italie.
Quest. 6. — De quel côté de Berne sont situées les capitales
de chacun des autres États d'Europe ?
Rép. — Berne, capitale de la Suisse, est située presque au
centre de ce pays. Berlin, capitale de l'Allemagne; Vienne,
capitale de l'Autriche; Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie;
Copenhague, capitale du Danemark; Stockholm, capitale de la
Suède ; et Christiania, capitale de la Norvège, sont toutes au
nord-est de Berne. Londres, capitale de l'Angleterre ; Edim-
bourg, capitale de l'Ecosse ; Dublin, capitale de l'Irlande;
Paris, capitale de la France ; la Haye, capitale de la Hollande,
et Bruxelles, capitale de la Belgique, sont au nord-ouest de
Berne. Rome, capitale de l'Italie; Athènes, capitale de la
Grèce, et Constantinople, capitale de la Turquie, sont au sud-
est de Berne. Madrid, capitale de l'Espagne, et Lisbonne,
capitale du Portugal, sont au sud-ouest de Berne.
Quest. 7. — Indiquez le cours des trois plus grands fleuves
de l'Amérique du Sud.
Rép. — Les trois plus grands fleuves de l'Amérique du Sud
sont : l'Amazone, qui prend sa source dans le Pérou, et coule à
l'est pour se jeter dans l'océan Atlantique ; l'Orénoque, qui
prend sa source dans la partie méridionale occidentale du
Venezuela ; il coule au nord-ouest et au nord-est, et se jette
19G GRAMMAR SCHOOLS.
dans l'océan Atlantique; le Rio de la Plata, qui est formé par
la réunion du Parana et du Paraguay, ((ui prennent leur source
dans le Brésil, le Parana coulant, au sud-ouest et le Paraguay
coulant au sud et se jetant dans le Rio de la Plata, qui coule
alors au sud-est et se jette dans l'océan Atlantique.
Quest. 8. — Décrivez la vallée de l'Amazone.
Rép. — La vallée de l'Amazone est située dans la partie
septentrionale de l'Amérique du Sud ; c'est un des endroits les
plus fertiles du monde. Cette vallée est arrosée par l'Amazone
et ses tributaires, et elle est bornée au nord par les monts
Parime, à l'est par l'océan Atlantique et les Andes brésiliennes,
au sud par les monts Gérai et à louest par les Andes. Le
climat y est très-chaud et les vents brûlants de l'Atlantique,
chargés d'humidité, qui y soufflent constamment, y rendent la
végétation très-abondante.
Quest. 9. — Indiquez la position des cinq plus hauts pics de
l'Amérique du Sud.
Rép. — Les cinq plus hauts pics de l'Amérique du Snd sont :
l'Aconcagua, qui est dans le Chili; le Chimborazo et le Guala-
tieri, qui sont dans l'Equateur ; et l'Illimani et le Sorata, dans
la Bolivie.
Quest. 10. — Décrivez les colonies de la Guyane.
Rép. — Les colonies de la Guyane sont bornées au nord
et à l'est par l'océan Atlantique, au sud par le Rio-Negro et le
fleuve des Amazones, et à l'ouest par le Venezuela. Ces colonies
appartiennent à l'Angleterre, à la France, à la Hollande; elles
portent les noms de Guyane française, Guyane hollandaise,
Guyane anglaise. La capitale de la Guyane française est Cayenne,
celle de la Guyane anglaise est Georgetown, et celle de la
Guyane hollandaise est Paramaribo. Le climat y est chaud et
insalubre, les habitants sont des blancs, des Indiens et des
nègres. Les productions sont : des épices, des céréales et des
fruits des tropiques.
Quest. il. — Indiquez la position de Berne, de Cordova, de
Lyon, de Santiago, de Trieste, de Quito, des îles Raléares, du
golfe de Finlande, du cap Gallinas.
Rép. — Berne est située dans la partie centrale de la Suisse.
Cordova est dans la partie centrale de la Confédération argen-
tine. Lyon est dans la partie sud-est de la France, sur le
Rhône. Santiago est dans la partie occidentale du Chili.
Trieste est dans la partie sud-ouest de l'Autriche, elle com-
mande la mer Adriatique . Quito est dans la partie nord-ouest
GÉOGRAPHIE. . 197
de l'Equateur. Les îles Baléares sont à l'est de l'Espagne. Le
golfe de Finlande est dans la partie occidentale de la Russie,
et il est tributaire de la mer Baltique. Le cap Gallinas est dans
la partie la plus septentrionale de l'Amérique du Sud.
Quest. 12. — Indiquez la route par mer pour se rendre
d'Aspinwall à Stockholm.
Rép. — Pour se rendre par mer d'Aspinwall (Nouvelle-
Grenade) à Stockholm, on part d'Aspinwall, puis on navigue à
l'est en traversant la mer des Caraïbes pour entrer dans
l'océan Atlantique; ensuite on navigue au nord est en traver-
sant l'océan Atlantique ; ensuite on navigue au nord-est jusqu'à
la Manche, que l'on traverse ainsi que le détroit du Pas-de-
Calais pour entrer dans la mer du >'ord. On navigue ensuite à
l'est pour entrer dans le Skager Rack; on franchit le Cattégat
et le Sund pour entrer dans la mer Baltique, puis on remonte
la mer Baltique jusqu'à Stockholm, port de destination.
Ellénor W,
Age : quatorze ans.
Bay-City (Michigan), — District n^ 1.
127. — QUESTIONS SUR LA GÉOGRAPHIE DE l'aMÉRIQUE.
Quest. 1. — Dessinez une carte de l'Amérique du Nord. —
Lidiquez comment vous la construisez sans la calquer.
Rép. (1) — Pour construire la carte de l'Amérique du Nord,
je commence par faire un cadre rectangulaire que je partage
en sept divisions égales dans le sens le plus long (AB et GH),
et cinq dans l'autre sens (AG et BH). Chacune de ces divisions
représente une longueur de 600 milles.
Commençant en A, au point 1 au nord de A, je dessine l'île
d'Haïti ; au point 5, l'île de Terre-Neuve et le détroit de Belle-
Isle ; entre 6 et 7, j'esquisse la côte du Groenland.
Me reportant à la ligne AG, je joins par une ligne droite le
point '1 (que j'appellerai C) au point 5 de la ligne AB (que
([) Pour l'intelligence de la réponse de l'élève, nous empruntons à
l'un des plus beaux atlas américains, celui de Monteith {Imlependent
Course, comprehensive Georjrapliy, Barnes, éditeur à New York), la
carte ci-contre et les instructions qui l'accompagnent (page 17 de
l'Atlas), dont l'auteur est M. Jérôme Allen, professeur à l'école noi-
male de l'État de New York, à Geneseo.
198
GRÂMMAR SCHOOLS.
j'appellerai D), et je divise la ligne CD eu cinq parties égales :
la première (point 1 de la ligne CD) marque l'extrémité nord
de la presqu'île du Yucatan, d'où tirant vers l'ouest une ligne
de même longueur parallèle à AG, je détermine la position du
golfe du Mexique. Au point 2, je marque la presqu'île de Flo-
Carle de l'Amérique du Nord (Atlas de Monteilli).
ride ; au point 3, le cap Ilatteras ; un peu au-dessous du i, le
cap Cod, et un peu au-dessus, rembouchure du Saint-Laurent
et la Nouvelle-Ecosse.
Sur la ligne GH, au point 3, se trouve San Francisco ; de 3
GÉOGRAPHIE. 199
à 5, la côte s'infléchit un peu vers l'est, accidentée par le cap
Mendocino un peu au-dessus de San Francisco; par l'île Van-
couver, en face de i ; par l'île de la Reine Charlotte, au point 5;
à l'extrémité nord (point H), passe la côte d'Alaska.
Je trace la ligne FE, que suit à peu près la côte de Cali-
fornie ; le golfe et la presqu'île conmiencent en face du point i2
de GF; le cap Saint-Lucas arrive à la hauteur de 1.
La ligne IJ donne la position de l'embouchure du Saint-Lau-
rent, du fond de la haie d'Hudsou, du lac de l'Esclave et du
ileuve Mackenzie; et la ligne D-3, la position des principales
îles de la mer de Baffm.
Je place ensuite approximativement les fleuves et les mon-
tagnes. La coupe du milieu indique la hauteur comparée des
Alleghanys (am), des Montagnes Rocheuses (RM), de la Sierra
Nevada (SN^, et de la ligne côtière (CR).
Quest. 2, —Écrivez ce que vous savez sur la partie orientale,
centrale et occidentale des Etats-Unis, sur leurs productions,
et sur les occupations des habitants.
Rép. — Dans la partie orientale des États-Unis on se livre
davantage aux manufactures. Les productions de Test sont les
-cerises, le raisin, les pommes, les prunes, les pèches et les
marchandises manufacturées. Dans la partie centrale on se
livre à l'exploitation et à la culture du sol dans les riches val-
lées. Dans la partie occidentale on se livre aux travaux des
mines. On y trouve de riches mines d'or, d'argent, de cuivre,
•le plomb et de fer.
Quest. 3. — Écrivez ce que vous savez sur le bassin d'un
fleuve et dessinez la carte des trois grands fleuves de l'Amé-
ri({ue du Nord avec leurs affluents.
Réj). — Le bassin d'un fleuve est le pays arrosé par ce
fleuve et ses affluents.
Un fleuve avec ses affluents s'appelle un système fluvial.
Les plus importants systèmes fluviaux de l'Amérique du Nord
sont : le système du Mississipi, le système du Saint-Laurent,
le système du 3Lackenzie et le système delà baie d'Hudson.
Quest. 4. — Dites en quoi consiste le travail des mines. Indi-
quez la place des trois principaux districts miniers.
Rép. — Le travail des mines consiste à creuser la terre
pour y chercher des minéraux. Les trois districts miniers les
plus importants de l'Amérique du Nord sont : la Californie, le
3Iissouri et le Colorado
200 GRAMMAR SCHOOLS.
Quesl. 5. — Traitez à fond la question des différentes
régions naturelles des États-Unis,
Rép. — Les grandes chaînes de montagnes de l'Amérique
du Nord sont : les Monts Rocheux et les montagnes de la
Sierra Nevada. Les Monts Uocheux sont dans la partie occi-
dentale de l'Amérique du Nord. Les montagnes de l'Amérique
du Nord la divisent en trois parties a))pclécs : le versant du
Pacifique, le versant de l'Atlantique et la chaiiie centrale.
Les Monts Uocheux déterminent le grand versant occidental.
Les montagnes de la Sierra Nevada partent de la baie de
Californie et s'étendent presque parallèlement àla côte pendant
environ deux cents milles.
Qiiest. G. — Parlez des pays de l'Amérique du Nord et de
ses habitants.
Rép. — Les différents pays de l'Amérique du Nord sont :
l'Amérique anglaise , les États-Unis, le Mexique et l'Amé-
rique centrale.
L'Amérique anglaise est située dans la partie septentrionale
de l'Amérique du Nord. Les États-Unis sont situés dans la
partie centrale de l'Amérique du Nord. L'Amérique centrale
ôst située dans la partie méridionale de l'Amérique septen-
trionale.
Les habitants de l'Amérique anglaise sont les Esquimaux (1).
l^es blancs habitent les Étais-Unis. Les blancs et les Indiens
habitent le Mexique. Les blancs habitent l'Amérique centrale.
Quest. 7. — De la faune et de la flore des États-Unis,
Rép. — C'est en Californie qu'on trouve les plus grandes
forêts de rAméri({ue du Nord, et une grande ceinture boisé-e
s'étend à travers la partie septentrionale des Étals-Unis et la
partie méridionale de l'Amérique anglaise, contenant le pin, le
chêne, le hêtre. C'est dans la partie orientale des États-Unis
que l'on trouve la végétation la plus abondante. Les deux pays
où il y a à peine de la végétation sont l'Amérique anglaise et le
Groenland.
Qiicst. 8, — Lidiquez la place de cinq îles de l'Amérique du
Nord, et décrivez-les complètement.
Rép. — Le Groenland est situé au nord-est de l'Amérique
du Nord et ses pêcheries de baleines et de phoques sont très-
riches.
(1) L'élève oublie le Canada, sans parler des autres omissions que
le lecteur relèvera sans peine.
GÉOGRAPHIE. 201
L'Islande est située à l'est du Groenland ; ses geysers sont
célèbres.
Cuba est une grande île située au sud de la Floride dans le
golfe de Mexique.
Terre-Neuve est située à l'est de la N'ouvelle-Écosse, dans
l'océan Atlantique.
Sitka est située à l'ouest de l'Amérique du Nord, dans
l'océan Pacifique.
Quest. 9. — Du climat de l'Amérique du Nord.
Rép. — Le climat des États-Unis, surtout, est tempéré. Le
climat de l'Amérique anglaise est très-froid dans la partie
septentrionale. Le climat des États méridionaux est très-
chaud et très-humide. Le climat occidental des plateaux du
Pacifique est cliaud et humide.
Quest. 10. — Les Grands Lacs des États-Unis.
Rép. — Les Grands Lacs sont : le lac Érié, le lac Huron, le
lac Ontario, le lac Michigan, le lac Supérieur. Ils appartiennent
au système du Saint-Laurent. Ils sont très-utiles aux États
qu'ils arrosent. Le lac Supérieur est le plus grand. Les villes
importantes situées sur leur rivage sont : Buffalo, Mihvaukee
et Cleveland.
Sadie M'G.
Age : onze ans.
Sparta (Wisconsin).
128. — QUESTIONS SUR LA GÉOGRAPHIE DES ÉTATS-UNIS.
(G^ année.)
Quest. 1. — Oi^i sont les monts Adirondac et les montagnes
Blanches?
Rép. — Les monts Adirondac sont dans la partie nord-est
de l'État de New-York. Les montagnes Blanches sont dans la
partie septentrionale du New Hampshire.
Quest. 2. — Nommez deux villes où vous enverriez un vais-
seau chercher une cargaison de coton, dites où elles sont si-
tuées. Nommez deux villes où vous enverriez une cargaison de
coton pour la faire manufacturer, dites où elles sont situées.
Rép. — Charlestown et la Nouvelle-Orléans sont les deux
villes où vous enverriez un vaisseau chercher une cars^aison
202
GRAMMAR SCIIOOLS.
de coton. Mobile et Savannah sont les deux villes où vous en-
verriez le coton pour le faire manufacturer.
Charlestown est située dans la partie sud-est de la Caroline
du Sud. La Nouvelle-Orléans est située dans la partie sud-est
de la Louisiane, mais à 100 milles de l'embouchure du Missouri.
Mobile est située dans la partie sud-ouest de l'Alabama, sur la
baie de Mobile. Savannah est située dans la partie sud-ouest de
Ja Géorgie, sur le fleuve Savannah.
Quest. 3. — Quelle ville est située sur le Genessee? Quelle
■ville est située à l'embouchure du fleuve Savannah? Quelle
ville est en face de Cincinnati?
Rép. — Rochester est située sur le fleuve Genessee. Savan-
nah est à l'embouchure du fleuve Savannah. Covington est en
face de Cincinnati,
Quest. i. — Indiquez la route la plus courte pour se rendre
de New York à Chicago ?
Rép. — Pour aller par la plus courte route par eau de New
York à Chicago, vous remonteriez l'Hudson jusqu'au lac Erié;
vous iriez, par le canal Erié, du lac Erié au lac Huron, puis
du lac Michigan à Chicago.
Quest. 5. — Quelles mines y a-t-il près de Pittsbourg; dans
le New Jersey?
Rép. — 11 y a des mines de charbon près de Pittsbourg (Pen-
sylvanie). Il y a des mines de charbon dans le New Jersey.
Florence K.
Age : treize ans.
Indianapolis (Indiana). — École n" 13.
129. — QUESTIONS D'EXAMEN.
(6* année.)
Quest. 1. — Quel est le nombre de degrés de longitude qui
correspond à une heure, et pourquoi?
Rép. — Quinze degrés, parce que la terre, dans sa révolu-
tion, fait trois cent soixante degrés en vingt-quatre heures.
Quest. 2. — Laquelle de Boston ou de Chicago est la plus
élevée au-dessus du niveau de l'Océan? Donnez la raison de
votre opinion.
Rép. — Chicago est la plus élevée, car les eaux du lac
GÉOGRAPHIE. 203
Michigan passent par plusieurs chutes avant d'atteindre l'Océan.
Qiiest. 3. — A quelle cause l'Egypte doit-elle sa fertilité?
Rép. — Cette fertilité est due aux débordements annuels du
fleuve le Nil.
Quest. i. — Combien y a-t-il de races primitives d'hommes,
quelles sont-elles ?
Rép. — Il y a trois races primitives : la race caucasique ou
blanche, la race mongohque ou jaune, la race éthiopienne ou
noire.
Quest. 5. — Jusqu'où les explorations géographiques se sont-
elles étendues dans le nord?
Rép. — Elles se sont étendues jusqu'à S^'SO', qui est le
point le plus éloigné atteint par le D"" Kane.
Quest. 6. — Définissez les llanos, les silvas, les pampas.
Rép. — On appelle llanos l'herbe abondante de l'Orénoque,
on appelle silvas les plaines de l'Amazone couvertes de forêts,
on appelle pampas les plaines de la Plata couvertes d'une
herbe grossière.
Patrick J.
Age : douze ans.
Boston (Massachusetts). — Eliot Grammar School.
130. — AUTRES QUESTIONS D^EXAMEN.
(9' année.)
Quest. 1. — Distribution de la richesse minérale dans
l'Amérique du Nord.
Rép. — Dans la partie orientale, nous trouvons du fer, du
charbon, du plomb et du cuivre. Le charbon et le fer se trou-
vent en Pennsylvanie, le plomb dans l'Illinois et le cuivre dans
le Michigan. Dans les sections occidentales, nous trouvons l'or,
l'argent et le mercure. On tire beaucoup d'or de la Californie,
et on trouve l'argent dans le Nevada.
Quest. 2. —Principales productions des Etats-Unis; villes
011 se fait principalement le commerce étranger.
Rép. — Les principales productions des États de l'est et du
centre sont le froment, le seigle, l'avoine, l'orge, les ardoises,
le sucre, le coton, le riz et le tabac, qui forment les principaux
objets d'exportation. Les États de l'ouest nous fournissent des
fruits. Les villes où se fait principalement le commerce étran-
204- GRAMMAR SCHOOLS.
ger sont New York, Philadelphie, Bosloii, Baltimore, Charles-
town, Savannah, Mobile, la S'ouvelle-Orléans.
Quest. 3. — Productions de l'Amérique russe; comment
l'appelle-t-on maintenant? Quelle est sa surface comparée avec
celle de notre État et dites à quelle nation elle appartient?
Rép. — L'Amérique russe, appelée maintenant Alaska, fut
achetée au gouvernement russe par les Etats-Unis, en 1867.
Elle est environ 7i fois aussi grande que le Massachusetts.
Elle produit principalement des fourrures et du bois.
Quest. ï. — Décrivez la route suivie par un navire se ren-
dant de Canton à Liverpool, par le canal de Suez.
Rép. — Ce navire traverserait la mer de la Chine, le détroit
de Malacca, la baie du Bengale, la mer d'Arabie, le golfe
d'Aden, le détroit de Bab-el-Mandeb, le détroit de 'Gibraltar,
l'océan Atlantique, le canal Saint-George, la Mersey de Li-
verpool.
JosiE C.
Age : quatorze ans.
Boston (Massachusetts). — Lowell Grammar School.
131. — RÉVISION DE LA GÉOGRAPHIE.
(l'* classe.)
Qu'est-ce que l'axe de la terre? — En combien d'espèces
sont divisés les cercles de la terre? — En combien de degrés
chaque cercle est-il divisé? — Comment compte-t-on la lati-
tude?— A quelle distance les cercles polaires sont-ils du pôle?
— Quelle est la largeur de chaque zone tempérée? — Com-
ment représente-t-on les méridiens?
Qu'est-ce qu'un continent? — Nommez les grandes division?
du continent oriental? — Qu'est-ce qu'une péninsule? —
Nommez les cinq océans.
Nommez une presqu'île dans la partie sud-est de l'Amérique
anglaise. — Un golfe dans la partie occidentale du Mexique.
— Une île à l'est de Haïti. — Un pays au sud des Etats-Unis?
— Où est le cap 3Iejidocino?
Quel détroit unit la baie de Baflîn à l'océan Atlantique? —
Oii est le Labrador?
Nonnnez les deux plus grands lle'uves des Etats-Unis. —
GÉOGRAPHIE. 205
Quelle mer est au nord de rAmérique méridionale? — Quelle
est la capitale du Brésil? — Où est la Pâtagonie?
Quelles îles sont au nord de la France? — Quel pays est à
l'ouest de TEspagne? — Où est la baie de Biscaye? — Dans
quelle mer se déverse le Danube ? — Nommez les principaux
pays de l'Europe ? — Quelle mer est entre la Suède et la
Russie ?
Quel est le pays le plus septentrional de l'Asie? — Où sont
les îles du Japo'n? — Nommez les principaux fleuves de l'em-
pire cbinois. — Quel est le cap le plus septentrional de l'Asie?
— • Quels déserts sont dans l'empire cbinois? — Quelle île est
au sud de l'Hindoustan? — Quel groupe d'îles est à l'est de la
presqu'île indienne?
Indiquez les bornes de l'Afrique. — Nommez un pays au sud
du grand désert. — Nommez les pays baignés par la mer
Rouge en Afrique. — Où le Niger se jette-t-il?
Où est la Terre de Van Diémen? — Nommez les principales
îles de l'Australie. — Dans quelle division de l'Océanie sont
les îles Sandwich?
Indiquez les bornes de la Pennsylvanie. — Quelle est la capi-
tale de la Pennsylvanie, et où est-elle située?
Quelles sont les deux rivières qui forment le fleuve Obio? —
Quels sont les deux États traversés par le fleuve Conriecticul?
— Quel est celui des Grands Lacs qui est entièrement enclavé
dans les États-Unis? — Quels sont les États baignés par le golfe
du Mexique?
Indiquez les bornes du comté de Somerset.
Somerset Borough (Pennsylvanie).
132. — RICHES EN ROCHERS.
Un monsieur qui parlait de la richesse de l'Amérique disait
que nous sommes « riches en rochers ». Cette expression, qui
paraît étrange, est cependant vraie.
Parlons d'abord des mines d'or de Isf Californie. C'est dans
le lit des fleuves sinueux qu'on trouve la précieuse poussière.
On la recueille, on la lave, puis on l'envoie aux villes de
l'Atlantique où elle est durcie et où une partie est empor-
tée... j'allais dire mise en circulation; mais le temps, où on
pouvait dire cela est passé.
On l'envoie dans les pays étrangers ou bien on la vend à
206 GRAMMAR SCHOOLS.
l'orfèvre, (jui on fait des montres, des bijoux, des bagnes, des
pendants d'oreilles, des épingles, des boutons, des chaînes,
des bracelets, des médaillons, des crayons et d'autres objets
de fantaisie ; l'or sert aussi à couvrir des cadres de tableaux
et alors on l'appelle dorure.
Après l'or, le métal le plus précieux est l'argent, qui se
trouve surtout dans l'Amérique du Sud, bien qu'il en existe
des mines dans quelques Territoires (1) de l'ouest. Ce métal
est frappé à la Monnaie des Etats-Unis, et on en envoie la
plus grande partie hors du pays.
L'argent sert, comme alliage, à durcir l'or; on l'emploie
pour faire des services à thé, des fourchettes, des cuillers,
des gobelets et beaucoup d'autres ol>jets.
Maintenant parlons du fer, le plus utile de tous les minéraux,
que l'on trouve dans tous les États du centre et de l'ouest.
Il y a de grandes mines de fer dans le NewYork, la Pennsyl-
vanie, rOhio, leMichigan, le Tennessee, le Maryland, la Virgi-
nie et la Caroline du Nord. Il y a à peine un objet de première
utilité dans la composition duquel le fer n'entre pas.
Les vêtements que nous portons, notre nourriture, les mai-
sons qui nous abritent, tout est préparé avec l'aide du fer.
Le fer sert à faire des clôtures, des poêles et des ustensiles
de cuisine. Il sert aussi à donner la mort, car on en fait des
armes de guerre. C'est avec le fer qu'on fait les gros canons
et les boulets qu'ils lancent.
L'acier se fait en durcissant le fer; on en fait des lames si
tranchantes et si solides qu'on s'en sert pour détruire les
hommes dans les batailles. La plus grande partie de la cara-
bine et du pistolet se compose d'acier. On fait avec l'acier
beaucoup d'instruments tranchants; on l'aimante et on le fait
servir à beaucoup d'autres usages.
On trouve le granit dans les collines du Massachusetts et du
New Hampshire, on l'extrait des carrières et on l'envoie dans
les villes, où il sert à construire beaucoup de magnifiques édi-
fices.
On trouve le marbre dans la Nouvelle-Angleterre, d'où on
l'envoie dans toutes les parties du pays où on s'en sert pour
construire de grands et beaux bâtiments.
(I) Nofn donné aux nouvelles provinces acquises par achat, cession
ou conquête. Ils n'envoient au Congrès que des délégués sans droit
de vote. {Noie du Traducteur.)
NOTIONS d'histoire NATURELLE ET DE PHYSIQUE. ^07
On en fait aussi de belles statues qui coûtent très-cher, et
(les monuments qui ornent 3Iount Auburn, Firest Hill et autres
cimetières.
Puis vient le plomb, dont on fait des balles meurtrières. On
fait aussi avec le plomb des tuyaux de conduite pour l'eau.
C'est un minéral très-lourd et on le trouve dans les États
d'IUinois, de Wisconsin, de Massachusetts et d'Iowa.
Quelques personnes regardent le charbon comme un végétal
parce qu'il se compose d'arbres qui sont sous la surface du sol
depuis des siècles.
On trouve le charbon partout dans les États-Unis, mais sur-
tout dans la Pennsylvanie.
Il y a deux espèces de charbon ; l'anthracite, qui se trouve
entre les fleuves Delaware et Susquehanna ; et le charbon bi-
tumineux, qui se trouve dans la partie occidentale de notre État.
Le sel est un des minéraux les plus utiles. Il sert à assai-
sonner et à conserver notre nourriture. On le trouve mêlé à la
terre dans les grandes plaines. Ces plaines s'appellent des
(( sait licks )) (l), parce que le bétail est très-friand du sel
qu'elles contiennent. On trouve le sel dans la Virginie et dans
l'Ouest.
Parmi nos autres minéraux sont le cuivre, le zinc, l'étain,
le mercure, le platine, le grès, la pierre à chaux et la pierre
de savon, et enfin de grandes couches d'émeri qui ont été dé-
couvertes dernièrement dans le Massachusetts et qui ne sont
pas les moins importantes.
J.-L. DU.NCAN.
Boston (Massachusetts). — Brimmer Grammar School.
XI. — Xotions d'histoire iiatnrelle
et de physique.
133. — EXAMEN d'histoire NATURELLE.
1. Qu'est-ce qu'un squelette? Indiquez le nombre total des
os dont il se compose et nommez ses divisions distinctes.
2. Décrivez les muscles et les tendons, et indiquez leurs
fonctions respectives.
3. Exposez brièvement la circulation du sang.
(1) sait, sel; to lick, lécher.
208 GRAMMAR SCHOOLS.
ï. Ecrivez ce (jae vous savez sur les deux systèmes de
nerfs.
5. Différentes espèces d'articulations; où se trouvent-elles?
Washington (district de Columbia).
134. — QUESTIONS DE PHYSIQUE.
(6^ degré.)
1. Définissez la force de gravité. Définissez la verticale.
2. Décrivez le paratonnerre, expliquez-en le principe et
l'action.
3. Nommez un corps adhérent, un corps ductile, un corps
malléable, un corps élastique, et un corps fragile.
4. Quels sont les trois points importants d'un levier? Indi-
quez dans quel ordre ils sont placés dans un levier de seconde
classe.
5. Indiquez le principe de la pompe commune.
(7^ degré.)
1. Qu'est-ce qui produit le son? Indiquez-en la rapidité.
2. Définissez l'évaporation. Qu'est-ce que la gelée?
3. Qu'entend-on par les corps conducteurs de la chaleur?
Nommez les mauvais conducteurs de la chaleur.
A. Qu'entend-on par la vapeur à haute pression? Nommez
les parties principales de la locomotive.
5. Dessinez une lentille convexe, expliquez les effets de
cette lentille sur les objets. Pour quels usages s'en sert-on?
(8« degré )
1. Nommez les différents genres de mouvement, et exposez
brièvement chacun d'eux.
2. Donnez les lois des oscillations du pendule.
3. Expliquez la différence entre l'équilibre des solides et
l'équilibre des liquides.
A. Expliquez l'ébullition.
5. Qu'est-ce qui cause la formation des brouillards et des
nuages ?
Washington. Examen des Grammar Schools.
NOTIONS d'histoire NATURELLE ET DE PHYSIQUE. :209
135. — FORMES DES FEUILLES.
(6*^ année )
La figure ci-contre (fig. A) représente une feuille de rose,
FiG. A.
qui est si belle lorsqu'on Tient de la cueillir. Les bords en sont
FiG. B. FiG. C.
dentelés, et elle est couverte de petites veines qui partent de
la veine principale.
14
:210 GRAMMAR SCHOOLS.
La figure ci-conlrc (lig. B) représente une feuille de lierre.
Elle n'a pas la niC^me forme qye la feuille de rose. Voyez comme
les petites veines circulent gracieusement en partant de la veine
principale.
La figure ci-contre (fig. C) représente une autre feuille qui
difîère beaucoup de la feuille de lierre par sa forme. C'est la
feuille de houx. Les bords en sont armés de piquants.
John N.
Age : douze ans.
Boston (Massachusetts).
ioi). — RACINES, TRONCS ET ARRRES.
JXous avons étudié les racines des plantes et les troncs des
arbres. Il y a deux classes de racines : la racine à pivot et la
racine à fibres. Les espèces sont les racines coniques, la racine
à pivot et la racine fusiforme.
Les espèces de troncs sont les troncs définis et les troncs
indéfinis. Le tronc défini est celui d'un arbre qui, peu après
être sorti de terre, pousse des branches : l'érable a un tronc
défini. Un tronc indéfini est celui qui s'élève jusqu'au sommet
de l'arbre sans branches : le peuplier blanc a un tronc indé-
fini.
Les feuilles sont très-utiles à l'arbre ou au buisson, elles
servent à absorber Tair frais ; et, en hiver, lorsque les feuilles
tombent, c'est parce que la sève est employée à entretenir les
racines. Les semences des plantes tombent quelquefois des
fleurs, et quelquefois elles tombent de la partie inférieure des
feuilles : si elles tombent dans un terrain favorable, elles
donnent naissance à une autre plante.
Sue L.
Age : douze ans.
Columbus (Ohio).
137. — QUESTIONS DE PHYSIQUE.
(7e année.)
Quest. 1. — Si une bille était placée en haut et dans l'angle
gauche du papier, et si elle était poussée par deux forces égales.
NOTIONS d'histoire NATURELLE ET DE PHYSIQUE. 211
l'une ({Lii la dirigerait vers Tangle de droite en haut du papier,
et l'autre vers l'angle de gauche en bas, vers quel endroit irait-
elle •?
Quest. 2. — "Définissez le momentuni.
Quest. 3. — Pourquoi, si l'on tire avec une carabine sur un
mouchoir de soie suspendu, la balle ne le traversera-t-elle
pas?
Quest. i. — Deux hommes tirent aux deux extrémités d'une
corde avec une force de 50 livres chacun. Combien de livres
la corde supportera-t-elle? •
Quest. 5. — Lorsque vous frappez un œuf sur la table, pour-
quoi se brise-t-il ?
Sandusky(Ohio).
138. — QUESTIONS SUR LES CLIMATS.
(IQe année.)
Quest. 1 . — Quelle est la composition de l'air atmosphérique ?
Quelles en sont les propriétés ?
Quest. 2. — De quelle source la terre reçoit-elle la lumière,
et qu'est-ce qui fait varier la température? Qu'appelle-t-on
lignes isothermes ?
Quest. 3. — >'ommez les courants atmosphériques. Quelle
est l'origine de ces courants ? Quels avantages procurent-ils et
comment les utilise-t-on?
Quest. i. — D'où l'atmosphère tire-t-elle son humidité?
Expliquez les différents résultats de l'humidité.
Quest. 5. — Qu'entend-on par la vie organique? Sous quels
titres en traite-t-on? Définissez chacun d'eux.
Quest. 6. — Qu'est-ce qui donne naissance aux différentes
régions végétales? Ces régions sont-elles limitées d'une ma-
nière définie?
Quest. 7. — Nommez et décrivez six des plantes les plus im-
portantes; dites où elles se trouvent.
Quest. 8. — Donnez, sous forme de tableau, l'analyse du
règne animal.
Ella M.
Age : quatorze ans.
Burhngton (lowa).
212 GRAMMAR SCHOOLS.
139. — QUESTIONS DE PHYSIOLOGIE.
Quest. 1. — Définissez l'anatomie et la physiologie.
Eép. — L'anatomie est la description des organes ou des
parties du corps. La physiologie est la description des fonctions
d'un organe.
Quest. "2. — Décrivez les os.
Rép. — Les os sont fermes et durs, d'un blanc mat. Dans la
classe inférieure des animaux ils sont à l'extérieur, mais dans
les classes supérieures, comme l'homme, ils sont à l'intérieur.
Ils sont recouverts d'une membrane mince appelée périoste.
Quest. 3. — Nommez les os des extrémités supérieures.
Rép. — 11 y a soixante-quatre os dans les extrémités supé-
rieures, l'omoplate, la clavicule, le bras, l'avant-bras, le poi-
gnet et la main.
Quest. 4. — Que sont les muscles?
jlgp^ — Un muscle est composé de beaucoup de petits lilets,
appelés fibres. Ils mettent les os en mouvement. Ils sont d^
deux espèces, les uns qui se meuvent à notre volonté, les autres
sans son concours.
Quest. 5. — Nommez les organes de la digestion.
Rép. — Les organes de la digestion sont : la bouche, les
dents, les glandes salivaires, le pharynx, l'œsophage, l'esto-
mac, les intestins, les vaisseaux lactés, le foie, le conduit tho-
racique et le pancréas.
Quest. 6. — Décrivez l'estomac.
jlép, — L'estomac est dans le côté gauche sous les poumons
et sous le cœur. 11 a trois enveloppes : l'enveloppe séreuse,
l'enveloppe musculaire et l'enveloppe muqueuse ; toutes sont
minces et lisses.
Quest. 7. ■ — Décrivez le phénomène de la digestion.
jlép, — La nourriture est reçue dans la bouche, où elle est
humectée par la salive et mâchée par les dents ; elle passe en-
suite par le pharynx dans l'œsophage, qui la porte dans l'esto-
mac, où elle est triturée et mêlée au suc gastrique ; elle passe
ensuite dans le duodénum, où elle se mêle au suc pancréatique
et à la bile pour se changer en chyle; les vaisseaux lactés
attirent le chyle et le portent au conduit thoracique, et de Là
dans la circulation.
Quest. 8. — Nommez les organes de la circulation.
ARITHMÉTIQUE. 213
Rép. — Les organes de la circulation sont : le cœur, les
artères, les veines et les vaisseaux capillaires.
Quest. 9. — Quelle différence y a-t-il entre le sang artériel
et le sang veineux ?
Rép. — Le sang artériel est pur, tandis que le sang veineux
est du sang devenu impur.
Quest. 10. — Nommez les organes de la respiration?
Rép. — Les organes de la respiration sont : les poumons, la
trachée, les bronches, les pores, le diaphragme et divers
muscles.
Lola G.
Age : treize ans.
Mihvaukee (Wisconsin). — District n° 9.
XII. — Arithmétique.
UO. — CALCUL MENTAL.
^ (Degré moyen.)
1. Combien est-ce que je gagne pour iOO en achetant des
gants à 75 cents la paire et en les vendant 1 dollar la paire?
2. 50 rapportent 30, combien rapportent-ils pour 100 ?
3. En achetant du drap à i dollars le mètre, et en le ven-
dant à 3 dollars le mètre, je perds 6 dollars. Pour combien en
ai-je acheté?
ï. Si 3 hommes construisent - de verge (1) d'un mur
8
en 1 heure, combien de verges 4 hommes construiront-ils
en 6 heures ?
5. A peut faire un certain ouvrage en 2 heures, B peut faire
le même ouvrage en 1 heure. Combien de temps mettront-ils
à faire l'ouvrage à eux deux ?
2
6. Ln homme a mis à la banque les ■;= de son argent, il en a
3
prêté à son frère ■=, et il lui restait 60 dollars. Quelle somme
d'argent avait-il d'abord?
Newport (Rhode Island).
(1) La verge {rocl) vaut 5 mètres 29 cent.
214 GRAMMAR SCHOOLS.
141. — CALCUL MENTAL.
Examen trimestriel ulegrc inférieur).
1. Lorsque les prunelles coûtent 9 cents le quart et les
mûres 12 cents, combien 8 (|uarls de mûres coûteront-ils de
plus que 8 quarts de prunelles?
"2. J'ai acheté 3 charrues à 12 dollars chacune, et j'ai donné
en paiement ï billets de 10 dollars. Combien m'a-t-on rendu?
3. Si 8 mètres de drap coûtent 40 dollars, que coûteront
3 mètres du même drap ?
4. A 10 dollars le baril, combien de barils de farine peut-on
acheter pour 85 dollars?
5. Si 5 hommes peuvent faire un certain ouvrage en
6 jours, combien 3 hommes mettront-ils à faire le même ou-
vrage ?
6. Georges avait 50 cents, il a acheté une balle 10 cents,
une plume 5 cents, un crayon 3 cents, un morceau de gomme
8 cents et 4 ponnnes à ^cents la pièce. Combien lui est-il resté?
7. Un homme a acheté 10 mètres de drap à 4 dollars le
mètre, il a payé ce drap avec des pommes à 5 dollars le ba •
ril. Combien lui a-t-il fallu de barils?
8. Un homme a acheté 6 mètres de drap pour :24 dollars, il
l'a revendu 6 dollars le mètre. Qu'est-ce (ju'il a gagné à ce
marché ?
Newport (Rhode Island).
142. — FRACTIONS ET PROBLÈMES.
(Classe supérieure.)
I . Réduisez à sa plus simple expression
1x1-1
2. Nommez les facteurs premiers qui forment le plus petit
multiple commun, et ceux qui forment le plus grand commun
diviseur enlrv3 5(3, 294 et 260.
3. Pour quelle somme une traite à 90 jours doit-elle être
ARITHMETIQUE. :2l0
tirée pour donner 166 dollars 80, escomptée en banque à
9 pour 100?
4. Quel capit'il placé à 5 pour 100 donnera en -2 ans
9 mois 551 dollars 10 d'intérêt?
5. Un homme est entré dans les affaires avec 8000 dollars ;
la première année il a gagné 12 ^ pour 100, qu'il a ajoutés à
son capital; la seconde année il a augmenté son capital de
8 pour 100; et la troisième année il a perdu 7 ^ pour 100.
tj
Qu'est-ce qu'il avait de plus que lorsqu'il est entré dans les
affaires? Qu'est-ce qu'il a gagné en moyenne pour 100?
6. Combien faut-il payer pour faire enduire de plâtre un
mur de 15 pieds (1) i pouces de long sur 11 pieds 2 pouces de
haut, à 50 cents le mètre carré, en déduisant une porte de
6 pieds 8 pouces sur 3 pieds 4 pouces?
7. Un percepteur reçoit 845 dollars 10 pour percevoir des
impôts à 2 y pour 100. Quels étaient les imprjts, et quelle était
la somme reçue par le percepteur?
8. Aujourd'hui je dois 150 dollars à 30 jours, 200 dollars
à 60 jours, et 250 dollars à 90 jours. Si je fais mon billet pour
la somme totale payable à un nombre de jours moyen, quand
mon billet sera-t-il dû?
9. Si 16 hommes peuvent creuser une cave de 50 pieds de
long, 36 pieds de large et 8 pieds de profondeur, en 10 jours
de 8 heures chacun, en combien de jours de 10 heures chacun
6 hommes pourront-ils creuser une cave de 45 pieds de long,
25 pieds de large et 6 pieds de profondeur?
2
10. La surface entière des six côtés d'un cube est 130 J pouces
o
carrés. Combien y a-t-il de pouces cubiques dans ce cube?
Cleveland (Ohio).
(1) Le pied, mesure anglaise {foot), vaut 0'^,305.
216 GRAMMAR SCHOOLS.
113. — QUESTIONS.
{1" année.)
1. Qu'est-ce que la monnaie légale ? D'où (lérive7}ercmf(l)?
que signifie celte expression?
"2. Le tunnel de Saint-Louis a 296 verges 5 mètres et
1 pied de long; combien un homme ferait-il de pas pour le
traverser, en supposant que la longueur moyenne de chacun
de ses pas fût de 2 pieds l pouces?
3. Combien v a-t-il de pieds carrés dans un block (2) qui a
1 ^ 1
607 - pieds de long et 236 ^ pieds de large ?
4-. Un marchand de Saint-Louis achète du porc à 20 dol-
lars 50 le baril, et il paye 50 cenU par baril pour l'embarquer
pour la Nouvelle-Orléans. Que lui coùtera-t-il, rendu dans cette
ville ?
o
5. Réduisez =■ de 43 quintaux (3) en nombres entiers des
divisions inférieures.
6. Réduisez 0,659 d'une semaine en nombres entiers des
divisions inférieures.
7. Saint-Louis est à 90° 15' et Philadelphie à 75° 10' de lon-
gitude Ouest. Quelle est la différence des heures?
8. Quel est le nombre qui, si on l'augmente de 1 i pour 100,
donne U25?
9. Si j'achète de la farine à Saint-Louis à 4 dollars 50 le
baril, et si je paye 1 dollar 30 de fût par baril pour l'expédier
à Union Springs, que dois-je la vendre à cet endroit pour ga-
gner 20 pour 100 sur mon placement?
10. Si je vends 350 balles de coton pesant chacune 580 livres,
à 13 cenU la livre, et que je reçoive une commission de
1
3 -^ pour 100, quelle est ma commission?
Saint-Louis (xMissouri).
(1) Abréviation américaine pour : 0/0, i>our cent.
(2) Voir la note au bas de la page 55 de ce volume.
(3) Le quintal vaut 50 kil., 796.
ARITHMÉTIQUE. 217
144, — QUESTIONS.
(7^ année.)
1. Réduisez 0,645 d'un jour en nombres entiers des divi-
sions inférieures.
2. La distance de Saint-Louis à Ouincy est de 168 milles;
3
si j'ai fait la moitié des f de cette distance, combien de chemin
me reste-t-il encore à faire pour compléter mon voyage ?
3. Que coûteront 62 750 barriques à 8 dollars 75 cents le
mille?
4. Que coûterait le papier pour tapisser un appartement de
16 pieds 6poucesde long sur 13 pieds 3 pouces de large, et de
11 pieds 4 pouces de haut, en supposant qu'un rouleau de
papier de 8 mètres de long sur - de mètre de large coûte
0 dollar 54?
5. Un négociant a acheté 5600 livres de coton à Saint-Louis,
à 11 cents la livre, et il les a expédiées à New York. Il a payé
0 dollar 76 par 100 livres pour le transport, et il les a vendues
à 0 dollar 12 7 la livre. Combien a-t-il gagné pour 100 sur le
premier prix?
6. J'ai envoyé à mon agent à Saint-Charles 988 dollars pour
qu'il m'achète du blé à 0 dollar 38 le boisseau, après avoir
déduit sa commission de 4 pour 100. Combien de boisseaux
peut-il acheter?
7. Si, en vendant du drap à 4 dollars le mètre, je perds
:20 pour 100, combien dois-je le vendre le mètre pour gagner
20 pour 100?
8. A quel taux faut-il placer 500 dollars pendant 3 ans
pour retirer 45 dollars d'intérêt ?
9. Quel est l'escompte et quel est le produit d'un billet de
375 dollars, à 90 jours, escompté en banque à 10 pour 100?
10. Extraire la racine carrée de 126549.
Saint-Louis (Missouri).
218 GRAMMAR SCHOOLS.
J45. — QUESTIONS.
(8"^ année.)
1. Définissez les revenus iiilérieurs, une police d'assurance,
un certificat de dépôt de titres.
2. Qu'est-ce qu'un droit de patente? Une facture? La valeur
nette des marchandises ?
3. Un homme paye à l'État un impôt de 2 pour 100; à la
ville et au comté un impôt de 3 pour 100 sur une propriété
imposée à 10 000 dollars. Quelle est la somme totale de ses
impôts ?
i. J'ai pris 96 actions dans une usine à 2 pour 100 d'es-
compte, et je les ai vendues à 9 ;;^ pour 100 d'escompte.
Comhien ai-je perdu?
5. Comhien un agent peut-il acheter de terre à 35 dollars
l'arpent, avec 3126 dollars 20, après en avoir déduit sa com-
mission de 1 ^ pour 100?
LiLIÂN F.
Age : quinze ans.
Indianapolis (Indiana). — École n" 6.
146. — PROBLÈMES.
(3"= année.)
1-3. Qu'est-ce qu'un nombre concret ? Vn nombre complexe?
Un nombre premier? Deux nombres premiers entre eux?
A. Écrire en chiffres cent mille quatre-vingt-deux centièmes
de millionième.
5. Quelle est la valeur de 0,00125 X "^ ,35 : 0,05?
6. Un épicier a acheté un lot de thé sur lequel il perd
16 pour 100 en le revendant 4200 dollars. Combien aurait-il
dû le revendre pour gagner 12 pour 100?
7-9. Problèmes d'intérêt et d'escompte.
10. Racine carrée de 8649 ; racine cubique de 39 304.
Memphis (Tennessee) et la Nouvelle-Orléans (Louisiane).
ARITHMÉTIQUE. 219
U7. — PROBLÈMES SUR LA RÈGLE d'INTÉRÊT.
(8- et 9^ année.)
1 . Dire la différence entre l'intérêt simple et l'intérêt com-
posé de 375 dollars placés à 7 pour 100 pendant 2 ans 8 mois.
:2. Différence entre l'escompte en dedans et l'escompte en
dehors sur 375 dollars payables à 60 jours, à 5 pour 100.
3. Un billet de 300 dollars est souscrit le 1" juillet 1861,
avec condition de paiement d'intérêt à 6 pour 100. Il a été payé
à compte, le 1" janvier 1863, 15 dollars; le 1" juillet 1865,
150 dollars. Que reste-t-il du le l^»- mai 1866?
Hartford (Connecticut).
148. — PROBLÈMES.
(8*= année.)
1. Va homme a acheté 250 moutons pour 907 dollars 10;
6 pour 100 sont morts, à combien doit-il vendre le reste pour
ne pas perdre?
2. J'ai acheté des marchandises pour 168 dollars, je les ai
revendues pour 538 dollars 20. Combien pour lOOai-je gagné?
3. Un homme a vendu 2 maisons, 4500 dollars chacune. Sur
l'une il a gagné 25 pour 100, sur l'autre il a perdu 25 pour 100.
Quelle est sa perte ou quel est son gain?
4. Un marchand a vendu 480 mètres de drap pour 1080 dol-
lars, à 10 pour 100 de perte; à combien le mètre aurait-il dû
le vendre pour gagner 15 pour 100?
Cincinnati (Ohio).
149. — PROBLÈMES.
(3^ degré.)
1. Les bâtiments d'une compagnie manufacturière sont assu-
rés à New Haven pour la somme de 20000 dollars, qui est les
GRAMMAR SCHOOLS.
^ do l'assurance àProvidence, et lamoitié de l'assurance à Spring-
3
field; la somme assurée dans les trois villes est les - de l'as-
surance à Hartford; et l'assurance à la ville de New York
i
i - fois toutes les autres. Quelle est la somme totale de l'as-
o
surance ?
3 1.34 3
2. De =r de 365 -j jours et '= de 5 ^r semaines, retranchez =
de 8 ^ minutes et exprimez le résultat à 1 jour près.
3. On a un jardin de 6 verges de long et de 5 verges de
large ; il est entouré d'un fossé large de 5 pieds et profond de
6 -^ pieds dont la terre a été répandue sur le jardin en une
couche d'épaisseur uniforme. De combien a-t-on ainsi exhaussé
la surface du jardin?
4. A et R ont observé une éclipse de lune : A l'a vue com-
mencer à 9 heures 10 minutes du soir; B à 1 heure 15 minutes
du matin le lendemain. Quelle était la longitude de B par rap-
port à celle de A?
5. De la somme de quarante-neuf unités trois dixièmes
quatre centièmes et trois millionièmes, retranchez deux cent
quarante-six unités trois millièmes ; multipliez le reste par
cinq mille, et divisez-le par quatre dix-millièmes.
0. Un homme a retiré 30 pour 100 des fonds qu'il a déposés
à la banque, et il a dépensé 25 pour 100 de ces intérêts pour
acheter un cheval qui lui a coûté 97 dollars 50. Quelle somme
avait-il à la banque?
7. A vend à B avec un gain de 12 ^ pour 100 des marchan-
dises qui avaient coûté 800 dollars. B les vend à C et gagne
11 -7 pour 100 de ce qu'il avait payé. Combien A aurait-il
gagné pour 100 s'il avait vendu ses marchandises à C au prix
reçu par B ?
8. Un homme a engagé dans les affaires un capital de
1
21 840 dollars, qui lui rapporte 12 ^ pour 100 ; il se retire des
MUSIQUE. 221
3
affaires et prête son argent à 7 - pour 100. Combien perd-il
4
en 2 ans, 5 mois et 10 jours?
2
9. Si les ^ d'une somme d'argent font 220 dollars, combien
3
font les — de cette même somme?
11
10. Les actions d'une compagnie de chemin de fer font
1 " 1
prime à 34 5 pour 100 et le prix de courtage est 1 ^ pour 100.
■Que rapportera un capital placé dans ces fonds si la compa-
1
gnie paye un dividende de 8 ^^ pour 100 par an?
District de Columbia.
150. — DESSIN GÉOMÉTRIQUE.
1. Dessinez deux figures pour expliquer une surface et un
solide.
2. Définissez une surface courbe.
3. Donnez des exemples de courbes abstraites et inverses.
4. Dessinez un octogone.
5. Combien un pentagone a-t-il d'axes symétriques?
6. Définissez le cube. Expliquez par une figure.
7. Qu'est-ce que le sommet d'un angle? De quoi dépend la
grandeur d'un angle?
8. Définissez le prisme, la sphère, l'ovale, l'ellipse.
Newport (Rhode Island;.
X.1II. — Musique.
151. — EXERCICE DE SOLFÈGE.
6* classe.
1. Qu'est-ce qu'une portée?
2. Sur quelle ligne place-t-on la clef de sol?
3. A quoi servent les barres ?
222 GRAMMAR SCHOOLS.
h. Pourquoi bat-on la mesure?
5. Oa'est-ce (ju'une mesure?
G. Comment bat-on la mesure à ;?
7. Cojnbien y a-t-il de mesures dans l'exercice suivant?
(Exercice en do, à deux temps.)
8. Quel est le nom du premier silence? du second?
9 Nommez les notes par leurs syllabes (i).
10. Nommez les notes par leurs lettres (2).
5*= classe.
1. Tracez une croche et une double croche.
2. Qu'est-ce qu'un silence? Tracez un demi-soupir.
3. Quel est le mot formé par les leltres qui se trouvent
enlre les lignes de la portée? (3)
k. Pourquoi nomme-t-on so/ la note placée sur la seconde
ligne?
5. Qu'est-ce qu'une mesure?
G. Comment bat-on la mesure à \ ?
7. Dans quel ton est l'exercice suivant? (Exercice en so/
à deux temps.)
8. Quelle est la clef indiquée?
9. Nommez chaque note.
(1) Ut (do) ré mi fa sol la si.
(2) Les Anglais et les Allemands se servent encore, pour indiquer
les notes, des lettres c d e f g a b. Les syllabes sont tirées des pa-
roles d'une bymne en l'honneur de saint Jean (strophe saphique) :
Ijt queant Iaxis /îesonare fibris
.1/tra gestorum jPamuli tuorum,
iSo/ve polluti Labii reatum,
Sancte Joannes.
Dans le chant de celte hymne les six premières syllabes se trou-
vent placées sous les six premiers sons de notre gamme et elles
servent à les désigner.
Le septième son de la gamme n'avait pas de nom particulier, et
ce ne fut que cinq siècles plus tard que la syllabe si fut ajoutée aux
six autres.
Cette méthode est attribuée à Guido d'Arezzo, moine bénédictin
du XI* siècle ; avant lui les notes étaient désignées par les caractères
alphabétiques.
(3) Face (visage).
MUSIQUE. 223
4^ classe.
1. Qu'est-ce qu'une note? Qu'est-ce qu'un silence?
2. Combien la croche pointée vaut-elle de doubles croches?
3. A quoi sert la portée?
4. Pourquoi nomme-t-on sol la note placée sur la seconde
ligne?
5. Quelle est la clef qui se trouve sur la quatrième ligne?
6. Quels sont les intervalles dans la gamme diatonique?
7. Quelle est la note la plus élevée : le do naturel ou le
do dièse?
8. Dans quel ton est l'exercice suivant ? (Exercice en ré"' à
quatre temps.)
9. Quelle est la clef indiquée?
10. Nommez les notes.
3^ et 2* classe.
1. Quelle différence y a-t-il entre une note et un silence?
2. Que signifient les lettres p, f, 7nf, pp?
3. Qu'est-ce qu'une clef? Faites une portée et tracez une
clef de fa.
4. Qu'est-ce qu'une gamme?
5. Qu'est-ce qu'une gamme diatonique ?
6. Dans quel ton est l'exercice suivant ? (Exercice en do à
deux temps.)
7. Nommez chaque note.
8. Dans quel ton est l'exercice suivant?
9. Nommez chaque note.
10. Écrivez sur une portée la gamme en re' à trois temps.
Cambridge (Massachusetts).
15'2. — MÊME EXERCICE.
Oe
degré.
1. Dans quel cas commence-t-on à battre la mesure sur un
autre temps que le premier?
2i. Quel est l'effet du point placé sur une note?
3. Écrivez la gamme en do.
i. Comment indique-t-on la durée de chaque temps?
224- GRAMMAR SCIIOOLS.
5. Que signifient les lettres p, f, mf'l
6. Combien y a-t-il de sons dans une gamme diatonique V
7. Écrivez quatre mesures en ';.
¥ degré.
1. Qu'entend-on par la transposition?
2-> Que doit-on faire pour transposer d'un ton dans un
[, autre ?
3. Tracez une clef de sol. Sur quelle ligne de la portée
est-elle placée?
4.. Qu'est-ce qu'un lié? Qu'est-ce qu'une liaison?
5. Définissez : andante, — legato.
6. Quel est l'effet du point placé après une note ?
7. Nommez les notes de la gamme en sol. — De la gamme
en do.
8. Quel est le premier degré de la gamme en sol ? en do ?
9. Qu'est-ce que la gamme diatonique ?
10. Dans la mesure à ], que dénote le premier chiffre? le
second?
11. Écrivez quelques mesures en sol.
5^ degré.
1. Quelle est la différence entre un lié et une liaison?
2. Tracez des dièses, des bémols, des bécarres?
3. Définissez les mots : solo, — chorus, — adagio.
i. Faites une portée, tracez la clef de sol et divisez en
mesures,
5. Tracez une clef de fa.
6. Qu'est-ce qu'un intervalle? Quels sont, dans la gamme,
les intervalles longs? les intervalles courts?
7. Quelle est la note diésée dans la gamme en sol?
8. Comment place-t-on le dièse sur la portée?
9. Qu'est-ce que les signes d'altération accidentels ?
10. Combien de temps leur action se prolonge-t-elle ?
11. Comment peut-on en détruire l'effet ?
12. Combien y a-t-il de sons dans la gamme ? Où sont placés
les demi-tons dans la gamme en sol ?
13. Entre quelles notes ne peut-il y avoir ni dièse, ni
bémol?
6« degré.
1. Quel est le degré de la gamme en do qui devient pre-
mier si on le transporte en fa?
MUSIQUE. 225
2. Quelles sont, en transposant, les altérations nécessaires
ponr conserver les tons et les demi-tons de la
gamme ?
3. Ecrivez la ranime en fa.
i. Gomment bat-on la mesure à ; ?
5. Définissez les mots : Solo, — chorus, et indiquez les
significations de rit. — p, — sf.
6. Qu'est-ce que les signes d'altération accidentels, et
qu'indiquent-ils en général ?
7. Écrivez deux octaves de la gamme en si bémol.
7^ Degré.
1. Définissez la gamme chromatique.
2. Tracez la gamme chromatique ascend mte en sol.
'S. Qu'est-ce qu'un accord?
i. -Qu'est-ce qu'une triade?
o. Donnez des accords majeurs, des accords mineurs.
C). Comment se compose la tierce majeure? la tierce mi-
neure ?
7. Tracez les signes de toutes les clefs.
8. Écrivez trois octaves de la gamme en do.
9. Marquez les trois positions des accords parfaits en do^
Newport (Pthode Islandj.
-153. — EXERCICE DE MUSIQUE.
Degré élémentaire,
1. Qu est-ce que la mesure?
2. Écrivez six mesures et remplissez-les de croches et de
doubles croches.
3. Écrivez la seconde gamme en croches.
4. Nommez les différentes gammes.
ô. De quel mot se sert-on pour indiquer que le chant doit
être fort ?
1" Degré intermédiaire.
1. Quel est le nom du 5^ degré dans la gamme en do?
2. Quelle valeur le point ajoute-t-il à la note?
15
226 GRxVMMAR SCHOOLS.
3. Combien faut-il de doubles croches pointées pour neuf
triples croches?
4.. Combien de degrés y a-t-il dans la gamme?
5. Combien y a-t-il de demi-tons dans la gamme?
6. Écrivez la gamme en sol et dites pourquoi on prend fa
dièze pour le 7^ degré.
2® Degré intcrmédiairo.
1. Quel est le l^ degré de la ganmie en fa?
2. Quel est le 2^ degré de la gamme en la bémol ?
?). Si une triple croche vaut un temps, quelle sera la valeur
d'une double croche }iointée ?
A. Écrivez la gamme chromatique ascendante et descen-
dante, et dites quel est le ton le plus élevé : do dièzi'
ou ré bémol ?
5. Donnez les noms des abréviations : )ii, f, ff, l),pp,crcs.
Degré supérieur.
1. Qu'est-ce que la modulation?
2. Entre quels tons de la gamme ne peut-il y avoir de ton
chromatique ? Pourquoi ?
3. Comment chaque degré de la portée peut-il avoir plu-
sieurs noms? Donnez des exemples.
4. Écrivez deux mesures composées à trois temps, à quatre
temps.
5. Définissez les termes suivants : mezzo, — crescendo, —
sforzando, — a tempo, — cantabile.
Nasliville (Tennessee).
Les quatre exercices suivants (154-157) sont des compositions
originales d'élèves des Grammar Schools (n''^ 2 et 10) d'Indianopolis
(d'après la déclaration du Directeur inscrite en tête du cahier qui
contient ces devoirs, et un a;rand nomlire d'autres semblables).
MUSIQUE.
151. — MÉLODIE COMPOSÉE PAR UN ÉLEVÉ.
('S'' année.)
-22'
^
4=^
HiDg- loud the bells! Rin^ loud the belk!
(for I ' I r l^^-^^^l r N h g
While freedom uo-w
her tri
-UIDph t
ells. Let
e\ei>
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w f
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y< „ '
JgU ^ — 1
L_r_i-S^ ,
pa.triot héar the straiij iiom eas.terD sea U
m
— ^
, — ' —
wes-iei-n main! From pine to palm a . fai- aud
m
neap \\e greet the Iud^ ex . pec.ted year.
Frank S.
Age : quatorze ans.
155. — MÉLODIE COMPOSÉE PAR UN ÉLÈVE.
(8'^ année.)
Ring ont the old liu^ in the uew mh^
hap-py beh's a-cic^ss the ^uo\a The >ear* is g^o . ing
let him go; MDg out the false.i-iDg in the îjup.
Ring in the vahant and the free
The laiger heait.the kiiidlier hand
Ring out the dai-kness of th»^ lafid,
Ring in the Christ ihat rs to he.
Mary W.
A^e : treize ans.
228
GRAMMAR SCIIOOLS.
15G. — MÉLODIE COMPOSÉE PAR UN ÉLÈVE.
{(j" année.)
^
■7-a-
-^— P^-
I
— ^
I
ff
^
—-!r-
#— ^
UJ '
•
Do ijot slight the lit-tle actions if it
1
t
J--0-
brealhes a lo_\iijg thought Sume times by d
kiii-dlv uhisper Deedsof wocder havebeenwi-ought.
Heai'ts (hat in the vexing tumult
Of the woi-ld bave hardened grovyn
Fponi a single uord hâve galliereH
Precious bopes before unknoun.
>(ELLIE Th.
Age : douze ans.
157. — MÉLODIE COMPOSÉE PAR UN ÉLÈVE.
(5" année.)
4^r I I I j J I n I I ! I
:^?=it
L>o iiot slight {he ii( .tle chiidren, Keeble
i
«:
though thev be and femall, Give them woi-ds (/f
i
5
tender counsel Teacb them God is o.Yer ail.
In the far off glorious future
Tbey among that host tnay be;
\Tho uill sbine as stars in beauty
Througb the long eternity.
John J. W.
Age : dix ans.
TRAVAIL DES ENFANTS CHINOIS. 229
XIY. — Travail Aen eiifaiitfi» cliiuois (1)
élevés aux Étatis-llnis.
158. — MA VILLE NATALE.
Le nom de la ville est Puan-Yen. Elle fait partie des comtés
de Kwong-Tong. Kwong-Tong est divisé en dix-huit parties,
c'est quelque chose comme des comtés. La ville est sur la rive
gauche de la rivière de Canton, elle est à environ 100 ou
200 milles de la mer de Chine. On la regarde comme une très-
grande ville.
La population, évaluée à 36900 habitants, est principale-
ment d'origine mongolique, y compris plusieurs habitants qui
appartiennent à la famille tartare. Pour protéger la ville
contre la Tartarie, la grande muraille fut construite il y a
environ 2000 ans. Pour nous rendre d'un endroit à un autre
nous n'allons ni en voiture, ni à cheval ; on va à pied ou bien
on a des domestiques qui vous portent. Nous ne quittons pas
souvent notre ville, parce que nous n'avons pas de chemins de
fer, ni de navires à voiles, ni de bateaux à vapeur pour nous
transporter. Je ne puis rien vous dire des rues, de l'air qu'elles
avaient, de leurs noms, parce que je m'en suis allé lorsque
j'étais tout petit ; je n'avais que cinq ou six ans, je ne savais
pas lire alors, et personne ne m'en avait dit les noms.
Pl'an Ming Cring.
Age : treize ans.
West Haven (Connecticut). 4" année de séjour.
159. — MON VOYAGE DE CHINE EN AMÉRIQUE.
Au mois d'août, je quittai l'École préparatoire de Shang-Haï
pour l'Amérique, afin d'y venir faire mon éducation. Nous nous
(l) Ces enfants, dont le premier « détachement» est arrivé il y a
quatre ans, font toute leur éducation aux États-Unis, où ils sont
placés dans des familles et suivent les écoles publiques ; ils sont
principalement répartis dans la Nouvelle-Angleterre, surtout dans le
Connecticut et le Massachusetts.
:230 GRAMMAK SCHOOLS.
.'nibarqiuinu^s sur le steamer le malin, el le leiidemaiii matin
le steamer partit pour le Japon. Après une demi-journée de
traversée, nous ne pouvions plus voir aucune terre. J'ai vu
des poissons volants et des baleines à la surface de l'eau.
Il nous fallut sept jours pour aller au premiei'port du Japon.
Pendant que nous étions dans ce port, nous allâmes à terre
dîner chez un riche marchand chinois de cette ville, et l'après-
midi nous visitâmes un temple japonais qui nous intéressa
beaucoup.
Le lendemain nous fîmes voile ))our le second port du Jajton,
qui est .Nagasaki. Le commandant d'un navire de guerre des
Etats-Unis nous invita à lui faire une visite. Nous nous amusâ-
mes beaucoup, et nous revînmes dans notre navire qui mit à
la voile le lendemain.
Arrivés au troisième port du Japon, qui est Gobi, nous
((uittàmes notre steamer pour en prendre -un plus grand, qui
nous conduisit à San Francisco en traversant l'immense Océan.
Nous jouâmes à plusieurs jeux américains que nous apprirent
des passagers étrangers.
Nous arrivâmes sains et saufs à San Francisco, après un
voyage de vingt-quatre jours. Tout ce que nous vîmes dans
cette ville nous donna une idée de l'Amérique.
Nous descendîuîes à Occidental Hôtel. Le maître de l'hôtel
nous reçut avec bonté et nous invita à visiter le Jardin Zoolo-
gique. Nous vîmes beaucoup d'animaux et d'oiseaux étranges,
et on nous promena à dos de chameau. Après cela, noiis en-
trâmes dans un établissement oij nous vîmes des acteurs et des
dames qui patinaient sur des patins à roulettes. Le soir nous
revînmes à l'Hôtel. Après y avoir passé trois jours nous tra-
versâmes la baie et nous fîmes le reste de notre voyage en
voiture.
En arrivant à Springfield, sept jours après, nous descen-
dîmes à Hayni's Hôtel, d'où l'on nous envoya dans différentes
parties du Massachusetts et du Connecticul pour notre future
éducation. On m.'envoya à New Ilaven, où l'on me mit en
pension chez M. Pearl. J'y restai environ trois mois, puis
j'allai à Hartford et je restai chez M. David E. Dartiett, où
j'ai toujours été depuis.
Woo Yang Tsang.
Age : quatorze ans.
Hartford (Coiinecticut). École moyenno, district de l'ouest, l""" dé-
tachement.
RAVAIL DES ENFANTS CHINOIS. 231
160. — LA CHINE.
La Chine est un pays très-ancien, très-peuplé et très-riche ;
probablement le plus ancien, le plus peuplé et le plus riche
qui existe au monde. Elle se divise en 18 provinces, qui sont
arrosées par les grands fleuves Yang-tse-Kiang et Hoang-Ho
ou Jaune ; le. premier est le quatrième des plus grands fleuves
du monde.
La Chine produit du thé et du riz en grande abondance ; le riz
est hi principale nourriture des habitants, et elle fournit du tlié
au monde entier; la partie méridionale produit d'excellents
fruits.
A Torigini;, la civilisation de ce pays fut très-avancée : ce sont
des Chinois qui inventèrent les premiers la boussole long-
temps avant 1303. C'est aussi en Chine que la soie, la poudre
et la porcelaine furent faites pour la première fois. Mais beau-
coup d'arts merveilleux se sont perdus, entre autres celui de
faire le verre plus clair, plus mince et plus fort qu'on ne le
fait nulle part maintenant. Le pont sur lequel on traverse le
fleuve Min est construit de pierres si grandes et si fortes,
qu'il n'y a pas de machine qui puisse les soulever aujourd'hui,
et on suppose que ce pont a plus de mille ans d'existence.
Il est encore si sobde que les grandes crues du fleuve ne le
font pas bouger, quoiqu'il soit quelquefois couvert par les
courants rapides.
Le bas peuple de la Chine est très-laborieux, surtout les fer-
uîiers dans le sud, car ils font deux récoltes par an. L'usage
de l'opium est le plus grand mal, le gouvernement a essayé d'en
arrêter l'importation, mais l'Angleterre l'a forcé méchamment
à la tolérer, grâce à la supériorité de ses armes.
Les Chinois s'efforcent de conformer leur vie aux maximes
de Confiicius (le grand philosophe), qu'ils regardent comme
un homme parfait. Il vécut environ 500 ans avant Jésus-Christ
et fut très-sage et très-bon. Après sa mort vint Mincius qui
enseigna la même doctrine que son prédécesseur, mais on ne
le regarda que comme un sage, tandis que Confucius passa
pour un saint.
La vie de ces deux sages, qui est écrite en cinq livres
(iïoii on tire des sujets de composition) avec leurs écrits et
leurs poésies, est étudiée par les étudiants chinois. Celui
qui lit la meilleure composition sur un sujet donné, lors
^32 GRAM3IAR SCHOOLS.
d'un concours ouvert à Pékin, olHicnl un certain rang; il y
en a sept en tout qui doivent être obtenus les uns après les
autres. I/examen a lieu une fois tous les trois ans, et les étu-
diants s'y rendent par milliers.
Il y a plusieurs siècles que la Chine est en décadence.
L'Angleterre et la France, qui voudraient régner sur le monde
entier, ont aussi troublé notre tranquillité. Mais c'est une loi
de la nature (jue les pays doivent s'élever et tomber, comme
nous l'apprend l'histoire. Lorsque la Perse, la première grande
nation, parvint à son apogée, elle tond)a. La Grèce s'éleva en-
suite, et elle eut le même sort, la puissance a passé successi-
vement à toutes les nations, et maintenant elle appartient aux
États-Unis, dont les citoyens vont célébrer le Centenaire cette
année même, en souvenir du grand événement qui a eu lieu
il y a cent ans, lorsqu'ils ont rejeté le joug des tyrans. La
Chine ne pourra-t-elle pas se relever à son tour, comme l'ont
fait d'autres nations ? Assurément les lois de la nature existe-
ront jusqu'à la lin.
TsoY Ceun Chiang.
Age : dix-sept ans.
^Vashington (Connecticut). — -i*^ année de séjour.
161. — LES OISEAUX.
Les oiseaux sont des espèces d'animaux qui volent. Ils ont
deux jambes. Presque tous les animaux ont quatre jambes.
Mais les oiseaux ont deux jambes, deux ailes et un bec. Ils
appartiennent à la même famille que les poules et les poulets.
Et ils leur ressemblent aussi. Les poules ne peuvent pas voler
dans l'air. Elles volent quelquefois un peu lorsque quelque
chose les effraye. Elles ne le font pas souvent. Mais les oiseaux
peuvent voler dans l'air à une grande distance et assez vite.
S'ils sont fatigués, ils se perchent souvent sur les arbres.
La plupart des oiseaux sont petits. Mais quelques-uns sont très-
gros. Les petits oiseaux sont toujours inolïensifs. Ils volent par
tout le pays. Ils n'ont pas peur des hommes. Quelques oiseaux
sont très-petits et très-jolis. Ces espèces d'oiseaux ne sont pas
très-communes. Quelquefois ils paraissent une ou deux fois
[)endant l'été. Us ne viennent que })Our ramasser le suc des
fleurs. Si on peut les tuer à coups de fusil, on les empaille et
TPxAVAIL DES ENFANTS CHINOIS. 235
on les place dans les appartements comme mi ornement, tant
ils sont jolis.
Il y a un casier (vitrine) tout plein d'oiseaux empaillés dans
la biblioliièque de cette ville. On les a mis là afin qu'ils
puissent être vus par ceux qui vont y chercher des livres.
C'est une collection magnifique à voir. Le casier est en verre,
de sorte qu'on peut regarder au travers. Des oiseaux qu'il con-
tient, les uns sont petits, les autres sont gros. Les gros oiseaux
du casier sont une caille, un pigeon, deux canards sauvages,
une poule des prairies et quelques autres espèces de gros
oiseaux. La caille et la poule des prairies sont d'une couleur
sombre et brune. Le pigeon est blanc comme la neige. Il a les
jambes et les pattes toutes couvertes de phmies. Mais son bec
est noir. C'est tout à fait un gros pigeon. Je ne crois pas
qu'il soit très-commun. Il y a aussi un canard sauvage dans le
casier. Il est très-joli. Je n'ai jamais vu ailleurs d'aussi joli
canard. Il a le corps de différentes couleurs.
Les petits oiseaux de la bibliothèque sont presque tous
très-jolis. Les colibris qui font partie de la collection sont
très-petits et très-jolis. Leurs becs sont très-longs, de sorte
qu'ils peuvent très-facilement atteindre le suc des fleurs. Ils
sont si petits qu'on peut à peine les voir quand ils volent ;
alors ils ressemblent à des abeilles tant ils volent rapidement.
Il y a une histoire dans un livre. Elle dit que le colibri est
l'mi des plus beaux oiseaux et qu'il est aussi l'un des plus pe-
tits. Son bec a environ un pouce de long, quelquefois davan-
tage.
Quelques-uns des oiseaux de la bibliothèque ont les ailes
étendues. L'un d'eux tient un poisson dans son bec. Je crois
qu'il" va le porter" à ses petits dans son nid.
J'ai vu un nid où il y avait des petits oiseaux. Ces petits
oiseaux ouvraient leurs becs, parce qu'ils voyaient venir leur
mère avec un poisson dans son bec.
On a beaucoup d'espèces d'oiseaux dans la bibliothèque.
Us ont tous l'air d'être en vie. On les a perchés sur un arbre.
Ils sont vraiment très-jolis.
KwANG KiXG Gany.
Age : treize ans.
East Hampton (Massachusetts). 3^ détachement.
Un an et un mois de séjour.
:23-i GUAMMAU SCHOOLS.
16:2. — i/iiivEU.
(!et hiver nous n'avons pas beaucoup patiné, nous n'avons
pas l)eaucoup glissé le long de la colline. Il ne faisait pas assez
froid pour qu'on pût faire de bonnes glissades. Quelquefois les
daines et les garçons vont patiner. Très-souvent ils se blessent,
et quelquefois ils tombent sur la glace. Alors l'eau paraît très-
froide.
L'hiver dernier il y avait des « ice-boats » (1) sur la rivière.
Ils allaient très-vite. Ils avaient des voiles sur leurs mâts el
lorsque le vent soufflait nous avions de la peine à les suivre
en patinant.
L'hiver dernier nous avons fait en traîneau une charmante
promenade d'environ 21 milles. La neige était si dure et il y
avait tant de monde dans le traîneau que le palonnier s'est
brisé trois fois. Xous nous sommes arrêtés chez un monsieur,
(jui nous a donné un fort bon dîner et nous avons joué à beau-
coup de jeux. Quand nous sommes rentrés, il faisait tout à fait
nuit, et nous ne voyions rien eu traversant les bois. Nous ne
voyions que les arbres défiler, car le traîueau allait très-vite.
Les chevaux ont descendu au grand galop une colline d'envi-
ron un demi-mille de long. IVous avons chanté pendant toute la
route en retournant chez nous, et nous faisions un tel tapage
que les gens se mettaient aux fenêtres pour voir ce qu'il y
avait.
Cet hiver nous n'avons pas fait beaucoup de forts ni beaucoup
de cabanes de neige ; mais quand il y a beaucoup de neige
nous faisons de très-jolis forts. Ensuite nous ramassons des
balles de neige très-dures et nous nous les lançons d'un fort à
l'autre. Lorsque nous touchons un de nos adversaires dans le fort
opposé, nous le mettons de notre côté, et nous continuons
jusqu'à ce que tous les adversaires soient pris.
Kong Kang Ling.
Age ; treize ans.
Stratford (Conncclicut). — 3'^^ délaclicmcnt.
Un an et trois mois de séjour.
(1) Bateaux munis d'un devant en fer q\u leur permet de fendre
la iilace.
TRAVAIL DES E>'FANTS CHINOIS.
235
163.
XV. — Dessin.
ÉLÉMENTS DE PERSPECTIVE d'APRÉS LA MÉTHODE
DE CLEVELAND.
(2^ année.)
Qiiest. 1. — Uue représente la ligure 1 ?
Rép. — La figure 1 représente un carré vu de face.
Qaest. 2. — Qu'est-ce qui vous fait croire que ce carré est
vu de face?
Rép. — L'égalité des lignes.
Quest. 3. — A quoi ressemble la figure 2.
Rép. — Elle ressemble à un carré tourné à gauche.
FiG. 1.
Qaest. l. — Dans quelle position représente-t-elle l'objet?
Rép. — Elle le représente placé très-haut.
Quest. 5. — Qu'est-ce qui lui donne l'air d'être tourné ?
Rép. — Ce qui lui donne l'air d'être tourné, c'est qu'il est
étroit.
LizziE V.
Cleveland (Ohio). Brownell SchooL
-236
GRAMMAR SCHOOLS.
(3*^ année.)
Dessinez une croix placée très-haut et tournée à 2:auclje.
^
F==J
tj
Joseph S.
Asre : onze ans
Cleveland (Ohio). Clark School.
164. — DESSIN DICTÉ.
{■i'' année.)
i. Représentez une croix dans une position verticale, placée
haut et tournée à droite ; avec le grand carré pendu au hras le
plus proche de la croix et non tourné (fig, 1).
2. Représentez une croix dans une position verticale, placée
TRAVAIL DES ENFANTS CHINOIS.
237
haut, et un peu tournée à gauche ; avec le grand carré pendu
au bras le plus éloigné de la croix et tourné (fig. 2).
Henry G.
Age : onze an'«.
Cleveland (Ohio). Outwait School.
b
Fig. I.
FiG. -2.
165. — DESSIN.
(5* année.)
Qiiesi. 1. — Dites si cette image (voir la figure à la p?ge
précédente) représente une croix placée haut ou placée bas, et
donnez la raison de votre opinion.
Rép. — Cette image représente une croix placée haut parce
({ue la ligne supérieure est en biais.
Qiiest. 2. — Dans quelle position serait la croix représentée
par cette image tournée le haut en bas?
Rép. — Elle serait placée bas.
Qiiest. 3. — Dites si cette image représente une croix tour-
née à droite ou à gauche, et donnez la raison de votre opinion.
Rép. — Cette image représente une croix tournée à gauche,
parce qu'elle est placée haut, et si elle est placée haut, la ligne
supérieure sera inclinée vers la gauche et sera la plus inclinée.
238
GHAMMAR SCIIOOL?
Quest. i. — Dites si celte image représente une croix tour-
née un peu ou ])eaucoup, et donnez la raison de votre opinion.
Bép. — Cette image représente ime croix tournée beaucoup,
parce que les lignes sont beaucoup inclinées.
Quest. 5. — Quelle diflerence y a-l-il entre l'image d'un
carré placé haut et tourné à gauche, et l'image d'un carré
placé bas et tourné à gauche ?
R('p.— Dans la première les lignes descendent vers la gauche,
et dans la seconde elles montent vers la gauche.
U
Bell 1).
Age : onze ans.
Cleveland (Ohioi. Rockwell School.
1()6. — DESSIN d'objets.
(6' année).
Avis au maître sur la manière de placer les modèles:
Placez le support au milieu de la salle, en face des'élèves.
TUAVAIL DES ENFANTS CHINOIS. 239
Mêliez la croix sur le support en la penchant en avant, sus-
pendez-y les deux carrés de telle sorte que leur diagonale soit
verticale.
Représentez ce groupe d'objets.
William B.
Age : onze ans.
Cleveland (Ohio). Kentucky School.
Bien que l'Exposition contînt de très-nombreux dessins d'élèves
d'après la méthode actuellement la plus répandue aux États-Unis et
une des meilleures qui existent, celle de Walter Smith, directeur de
l'école normale d'art à Boston, nous n'essayons pas d'en reproduire
ici la série, qui, pour être comprise, demanderait un trop grand
développement. Nous nous bornons à renvoyer à l'excellent Manuel
pour renseignement du Dessin, qui comprend un volume et des cahiers
(t'excrcices pour tous les degrés. fPransf, éditeur à Boston.)
HIGH SCHOOLS
(Écoles supérieures pour les deux sexes, analoijucs aux
écoles primaires supérieures de Paris et aux établissements
d'enseignement secondaire spécial.)
r-^ SECTION. —COMPOSITIONS LITTERAIRES.
I. — Récits scolaires.
1. — LE JOUR DE JUIN.
— Filles, si nous faisions un pique-nique? dit Carne, à
la première récréation, pendant que nous étions réunies en
groupes dans la grande salle.
— Oh! cela serait magnifique, oui, mais cela ne se peut pas!
répondirent toutes les filles en chœur.
— Je ne vois pas ce qui nous en empêcherait, dit Carrie.
— Mais est-ce que nous avons un a. Jour de Juin d ? de-
manda Kate, d'un air songeur.
— Mais oui, nous en avons tous les ans, nous en avions
encore un l'année dernière.
— Mais je sais que, d'après le nouveau règlement, on ne
nous donne plus le « premier juin )>, dit Mary.
— C'est par trop fort ! Alors que ferons-nous ? dit Emma.
— Envoyons une pétition au Comité, dit Carrie, qui ne
lâchait pas son idée.
— Mais oui, Carrie a raison, dit Lena. Ne vous souvenez -
vous pas que l'année dernière les garçons ont eu le « Jour »,
en envoyant une pétition? Pourquoi ne l'aurions-nous pas comme
eux?
— Que toutes celles qui veulent qu'on envoie un pétition au
Comité disent : « moi ! », dit Carrie.
Toutes les lèvres prononcèrent en même temps le mot
« moi ;).
16
242 HIGII SCIIOOLS.
La cloche sonna et nous abandonnâmes notre intéressant
pique-nique pour aller réciter nos leçons <le français et de
botanique. Le lendemain la pétition fut rédigée, et toutes les
filles la signèrent. Dans l'après-midi cinq d'entre nous la por-
tèrent au Président du Comité. En arrivant à la porte de la
rue, nous eûmes un moment d'hésitation : laquelle présenterait
la pétition ?
Nous fûmes toutes d'avis que ce devait être Carrie et nous
lui promîmes de répondre à toutes les questions qu'on pourrait
faire. Après l'avoir enfin engagée à dire oui, nous continuâmes
notre chemin jusqu'à la seconde })orte, où nous nous arrêtâmes
pour rappeler tout notre courage avant d'entrer.
Nous frappons et on nous reçoit avec beaucoup de cordialité.
Le monsieur lit notre pétition. Après nous avoir demandé quelles
étaient les raisons qui nous avaient engagées à la présenter, il
dit qu'il croit que ce pique-nique sera très-agréable, qu'il est
parfaitement disposé à nous accorder ce que nous demandons,
et qu'il consultera à ce sujet les autres membres du Comité.
Le lendemain il vint à l'école et, après nous avoir adressé
quelques bonnes paroles et quelques encouragements, il nous
annonça une décision favorable. Samedi les filles se réunirent
dans la salle de récitation et nommèrent des comités chargés
de se procurer des nappes et de dresser les tables. Il fut décidé
que chaque fille apporterait deux citrons et assez de sucre
pour les sucrer, une cuiller à pot et un hamac si elle en avait.
On résolut aussi d'adresser une invitation écrite aux jeunes
messieurs, car ils étaient très-cérémonieux et ils ne seraient
pas venus sans cela. Ensuite on agita la question de savoir où
on irait.
Après avoir consciencieusement passé en revue les nombreux
endroits charmants qui entourent Portsmouth, on décida en
dernier lieu que le bois de Wendall, dans la baie de Sagamore,
était l'endroit le plus près et le plus agréable où nous pussions
aller. Nous prîmes rendez-vous à l'école à 8 heures, ou au bas
de l'avenue de Uichard, à 9 heures. Tous nos arrangements
ainsi faits, nous n'eûmes plus qu'un sujet d'inquiétude : le
temps serait-il beau? La journée de lundi fut charmante, il
n'y avait pas un nuage au ciel ; mais, vers le soir, il s'éleva un
épais brouillard et tout annonça un orage pour le lendemain.
J'allai me coucher ce soir-là le cœur plein de tristesse. Le
lendemain matin le cœur me manqua lorsque j'ouvris la fenêtre :
toute l'atmosphère formait un nuage immense. Ce matin-là
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. 243
j'allai bien souvent à la fenêtre, regardant tantôt d'un côté, tan-
tôt d'un autre et essayant de me persuader que le temps
s'éclaircissait un peu. Mais je ne pus pas décider s'il allait ou
non pleuvoir, et ce fut au milieu de celte indécision que je
partis pour l'école, où je trouvai les élèves rassemblées. Quel-
ques-unes avaient des paniers, mais la plupart n'en avaient
pas.
— Va-t-il faire beau? demandai-je.
— Oui, je crois que oui, le vent a changé un peu, dit l'une.
— Le baromètre monte, dit une autre.
— Eh bien! faisons-nous le pique-nique? demandai-je.
Personne ne répondit à ma question, car personne ne savait.
.Juste à ce moment une fente bleue parut au ciel, comme pour
me répondre. >'ous acceptâmes le présage et celles qui n'avaient
pas leurs paniers coururent aussitôt les chercher.
Enfin quatre ou cinq d'entre nous qui étaient revenues avec
leurs paniers, partirent pour le pique-nique. Nous n'avions
encore fait que quelques pas lorsque Gertie s'écria :
— Le vinaigre s'échappe de la bouteille de pickles et coule
sur toute ma robe.
Dans sa précipitation, elle avait porté la bouteille le haut
en bas et le vinaigre avait très-naturellement obéi à la loi de
la gravitation.
Nous nous moquâmes toutes de son étourderie.
— Viens chez moi laver ta robe, lui dit Carrie.
Elles entrèrent toutes les deux chez Carrie et nous les atten-
dîmes dix minutes, qui nous parurent dix siècles.
Nous nous remîmes en route et bientôt nous fûmes sur le
chemin qui conduit à l'avenue de Richard. C'est alors que
nous rejoignîmes une demoiselle qui portait avec beaucoup de
peine un panier presque aussi grand qu'elle. Nous l'aidâmes
naturellement et nous arrivâmes bientôt à notre rendez-vous.
Un petit nombre de nos camarades seulement nous attendaient,
les autres étaient parties pour le bois. Alors nous nous mîmes
en marche sans nous presser. Le soleil brillait, les oiseaux
gazouillaient, la nature était en fête. Nous n'étions pas très-
loin lorsque nous rencontrâmes deux des garçons qui s'en
allaient chercher les bagages à l'école avec la voiture. Toutes
les tilles poussèrent des cris de joie et demandèrent à monter
dans la voiture.
Le jeune monsieur nous dit, avec beaucoup de galanterie, de
nous y « empiler 5. Elles s'y « empilèrent », les unes devant.
"2-44 niGii sciiooLS.
les autres derrière, quelques-unes sur les cotés, enfin elles
firent si bien que, d'une façon ou d'une autre, elles s'y mii-ent
toutes. Je fus la seule qui n'y montai pas.
I.e cheval se mit à ruer, et je cherchais un moyen de me
procurer une place lorsque vint à passer un monsieur avec un
"^mOD (sorte de cabriolet à quatre roues) contenant deux demoi-
selles qui allaient au pi(jue-nique ; il dit qu'il y avait encore de
la place pour une. Je profitai avec plaisir de celte invitation, et
nous partîmes en causant et en riant, pendant que de l'autre
voiture s'élevaient des voix qui remplissaient l'air d'une musi-
que digne d'un pique-nique. A l'entrée du bois, nous descen-
dîmes et nous nous mîmes en devoir de trouver le reste de
notre société.
Le bois était splendide. Des anémones, des violettes, des
fleurs de fraisier et des plumes de pigeon d'un rouge éclatant
jonchaient le gazon ; les touffes de mûres et de prunelles étaient
en fleurs et les rayons étincelants du soleil passaient à travers
le feuillage des grands pins.
Enfin, nous aperçûmes aune petite distance quelques paniers
et un jeu de croquet, et quelques minutes ajtrès nous rejoignîmes
huit de nos camarades. Elles avaient l'air très-animé. Les
unes étaient assises sur l'herbe , où elles ramassaient les
plumes de pigeon pour en orner leurs chapeaux; les autres,
réunies en groupes, se tenaient debout et regardaient les gar-
çons qui étaient montés jusqu'au haut des arbres pour atta-
cher les escarpolettes. Quelques-unes cherchaient des arbres
pour y suspendre les hamacs. Deux des garçons suspendirent
un hamac, etNellie et moi nous les balançâmes pour les remer-
cier de leur complaisance.
Nous prîmes ensuite leurs places et nous nous balançâmes
jusqu'à ce que les petites cordes de l'une des extrémités se
cassèrent. Alors nous pensâmes que cela ne serait pas bien de
garder le hamac plus longtemps quand tant d'autres de nos
camarades voulaient se balancer.
Nous ramassâmes des plumes de pigeon et nous nous assîmes
pour les arranger autour de nos chapeaux, pendant qu'une de
nos camarades nous mettait dans les cheveux de jolies petites
branches.
Lorsque nous nous fûmes bien parées, nous allâmes aux
escarpolett<;s et nous nous fîmes lancer dans l'air, en décri-
vant des courbes dont le mouvement était délicieux. Après
nous être balancées, nous allâmes nous promener.
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. 245
Le bois allait en pente d'nn côté jusqu'à la baie de Saganiore et
nous pouvions voir l'eau scintiller à travers les arbres. Nous des-
cendîmes sur le rivage espérant trouver un bateau pour nous;
mais au moment même oîi nous arrivions, le bateau partait avec
quelques promeneuses. Nous nous assîmes pour voir voguer
le bateau et pour en attendre le retour. Il glissait lentement
à la surface de l'eau et bientôt nous ne pûmes plus le voir.
Xous nous promenâmes sur le rivage, puis, remontant sur la
rive, nous nous assîmes et nous attendîmes longtemps.
Enfin le bateau revient, nous y montons et nous nous prome-
nons dans la baie et sous le pont. La beauté de l'eau, la verdure
([ui couvrait les rivages tout autour de nous, l'éclat du soleil
et l'azur du ciel nous charmaient.
Nous fendîmes les flots jusqu'au moment oh nous ne pûmes
j»lus voir le pont. Je pensais que nous allions bien loin et que
nous nous amuserions bien en revenant, lorsque à. ma grande
surprise je vis la tête du pont.
— Est-ce que nous avons tourné ? demaiidai-je.
— Tiens, tu ne t'es donc pas aperçue que nous avons fait le
lour de cette petite île.
— Non, ma foi ! je ne savais même pas qu'il y eût une île
ici !
Je crois que j'avais dû rêver, car en me retournant je vis
distinctement la petite île.
Lorsque nous eûmes passé sous le pont, Nellie et moi nous
voulûmes ramer. Nous changeâmes de places et nous prî-
mes chacune une rame. Je plongeai d'abord la mienne dans
l'eau, puis elle en lit autant. Nous ne pouvions pas aller en
mesure. Enfin nous nous décidâmes à compter et nous fîmes
un peu mieux, mais nos rames persistaient à tourner à la surface
de l'eau. Notre batelier nous dit que nous « péchions des
écrevisses ». Ensuite nous allâmes assez bien en mesure et
nous ne péchâmes plus d'écrevisses, excepté de temps en temps ;
mais noire bateau commença à adopter un singulier mouve-
ment de rotation. Nous descendions le courant, mais la « fée
des eaux » semblait s'amuser à nos dépens, en nous faisant
décrire un cercle. C'était bien singulier.
La fée capricieuse nous porta enfin au rivage. Nous trou-
vâmes toutes nos camarades qui faisaient de la limonade et
qui dressaient la table pour le dîner. Nous étions convenues
de dresser nos tables par classes. La troisième et la quatrième
classes réunies préparaient les leurs près de l'eau, dans un
246 IIIGII SCHOOLS.
endroit où le soleil et l'oiubrc se mêlaient agréablement, au-
dessous de deuY grands j)iiis. La première et la seconde classe
étaient occupées à étendre sur leurs tables séparées des yàleaux,
des sandwichs, des citrons et du sucre. Nous avions un baquet
qui nous servait de réservoir commun pour la limonade, car
nous pensions qu'il valait mieux la faire toutes ensemble.
Lorsqu'on demanda de l'eau, nous nous aperçûmes avec sur-
prise que la seconde classe s'était approprié nos seaux.
— Pourquoi donc ne faites-vous pas votre limonade avec tout
le monde? demanda quelqu'un.
— Le baquet est neuf et on a le goût de la peinture, répon-
dirent-elles, et elles continuèrent à presser leurs citrons.
Nous nous procurâmes d'autres seaux pour apporter de l'eau,
et je surveillai la confection de la limonade avec le plus grand
intérêt. On mit d'abord dans le baquet la glace, puis l'eau; on
y vida ensuite tous les petits paquets de sucre que l'on put
trouver. Alors un des garçons coupa les citrons et un autre
les pressa avec un instrument fait exprès, dans un seau d'où
l'on versa le jus glacé dans le baquet. On agita vigoureusement
ce mélange avec les couteaux qui avaient servi à couper les
citrons.
Comme cette boisson avait bonne mine! Il y avait seulement
une infinité de petits points noirs qui flottaient à la surface et
dont nous ne pûmes pas d'abord expliquer la présence, mais
quelqu'un dit que c'était la coutume de relever ainsi le goûl
de la limonade dans tous les pique-niques. Cette déclaration
bannit tous nos scrupules et nous remplîmes nos verres. C'était
exquis ! De ma vie je n'ai bu de meilleure limonade!
On annonça alors le dîner. Au centre de la table était un
charmant bouquet de fleurs dans un verre de limonade, car on
avait employé toute l'eau. La nappe était abondamment cou-
verte de bonnes choses, que le grand air et l'exercice nous
avaient mises en état d'apprécier.
Pendant que tout le monde babillait joyeusement autour de
la table, deux garçons de la seconde classe, qui étaient trop
timides pour venir s'asseoir avec nous, jouaient au croquet.
J'aime beaucoup le croquet, mais pas assez pour en dîner.
Après dîner nous nous amusâmes comme auparavant. Nous
nous balançâmes, nous nous promenâmes, nous fîmes des par-
ties de croquet ; et Carrie, Nellie et moi nous fîmes une autre
promenade délicieuse sur l'eau. Lorsque nous revînmes au
rivage, toutes nos camarades couraient de tous côtés pour
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. "247
chercher les serviettes, les assiettes et divers objets dont elles
étaient responsables.
■ — Quelqu'un a-t-il un couteau qui ne lui appartient pas?
disait l'une d'elles.
— Où est ma timbale? Quelqu'un a-t-il vu mon assiette?
criait une aulre.
— Je ne puis retrouver qu'une de mes serviettes, vociférait
une troisième.
Enfin tout se retrouva et le panier contint un mélange confus
de cordes à panier et de jeux de croquet.
Voulant cueillir quelques fleurs sauvages, je restai un peu en
arrière avec une de mes camarades, et nous fîmes un charmant
bouquet de jolies fleurs. Le soleil couchant dorait de ses rayons
tout le bois, qui avait été si beau pendant la journée que nous
aurions presque désiré y rester pour toujours. Mais les moments
les plus agréables ne peuvent pas toujours durer et, comme la
Toixdenoscojnpagnes se perdait déplus en plus dans le lointain,
nous quittâmes à regret l'ombre des pins, oîi nous avions passé
l'une de nos plus agréables journées. Nous rejoignîmes bien-
tôt nos compagnes et nous regagnâmes lentement nos demeures
aux derniers rayons de « ce jour, qui périssait silencieusement
de sa propre beauté. »
JosiE P.
Portsmouth (New Hampshire).
2. — LE .JOUR d'examen.
Le 7 février nous avons commencé nos examens pour le Cen-
tenaire. C'est un jour redouté, très-diflicile pour ceux qui ne
savent rien.
Le jour était magnifique, le ciel était pur et tout le monde
était très-heureux. Avant d'écrire notre composition sur le
Centenaire, nous primes nos ardoises ou notre papier, et nous
commençâmes par la composer, afin de ne pas faire de fautes.
La maîtresse était assise dans sa « tribune rostrale », d'où
elle regardait les devoirs que nous écrivions sur a le livre »,
sujet très-intéressant. 11 y avait quelques élèves qui avaient
envie de rire et de jouer, ce qui l'ennuyait beaucoup. Elle dé-
248 HIGH SCHOOLS.
couvrit un élève qui so cachait dans sou pupitre et (jui déran-
geait ses voisins ; elle le fit chan,iier de place.
1/après-midi s'écoula très-vite et les élèves étaient très-con-
tents [-arce qu'ils étaient très-fatigués.
ISADOR (i.
Age : quinze ans.
Aurora (Illinois).
o. — LES ECOLIERES.
l.es écolières sont des conglojnérats d'une structure bien
écailleuse : lés unes ressemblent au mica, elles sont décidé-
ment minces ; les autres ressemblent au talc et sont terrible-
ment douces ; il y en a qui sont tout à fait comme le gneiss, ce
sont celles qu'on a destinées à être maîtresses d'école, mais
qui, au lieu de servir à paver le chemin de la science, ne
seraient guères bonnes qu'à meurtrir ceux qui y passent (1).
Je crois bien, d'après la Bible, qu'elles ont été formées d'ar-
gile, mais ce devait être une argile bien défectueuse ["2)....
Maintenant donnons un petit coup sur la joue des écolières.
N'allez pas croire que je vais eu embrasser une, je veux seule-
ment faire quelques observations sur une de leurs qualités,
celle-là même que possèdent, dit-on, à un très-haut degré, les
agents d'assurance. L'une d'elles se précipite sur vous avant
(jue vous ayez pu l'éviter : « Oh ! avez-vous des bonbons ? j>
s'écrie-t-elle en fouillant dans votre poche. Mais au lieu de
bonbons elle ne trouve que votre mouchoir de poche, et, fu-
rieuse de n'avoir pas de « nanan» (3), elle agrippe votre mou-
choir, et vous enlèveriez à un avare son or plutôt qu'à ce petit
démon votre propriété.
lue autre qualité principale de ces conglomérats est bien
désagréable : s'il vous arrive d'être assis à côté de l'une d'elles
à l'école, elle vous donnera des coups de pied, vous tirera les
cheveux, marchera sur vos cors; et si vous vous plaignez, elle
(1) Jeu de mots dans le texte sur flagging (paver de dalles) et
pogging (fouetter).
{'2\ Autres jeux de mots intraduisibles.
(oj Texte : goodies.
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. 249
VOUS J)attra comme plâtre, en vous souriant juste assez pour
vous empêcher d'éclater.
Elles ont aussi un grand fonds de sentiment, et elles disent
en soupirant qu'elles ne sont jamais plus tristes que lorsqu'elles
chantent ; c'est précisément le cas de leurs auditeurs.
xMais, jeune homme, j'espère qu'il viendra un moment oij
l'on cessera de se jouer de toi de cette façon, et où tu leur
rendras toutes leurs impertinences.
Charles S.
Age : seize ans.
Littleton (New Hampshire).
4. — NOS ECOLES PUBLIQUES.
Le système de nos écoles communales est tel que tout en-
fant peut les suivre et qu'il a le droit de profiter de l'éducation
qu'on y donne, qu'il ait ou non de l'argent pour payer la ré-
tribution scolaire.
(les écoles permettent d'instruire le peuple et empêchent
notre nation de se laisser gouverner par la superstition et par
le fanatisme.
Elles nous débarrassent du bûcher, et donnent aux hqmmes
la liberté de parler selon leur croyance.
<rest g-râce à elles que nous n'employons pas les expressions
lie « Votre Majesté » et de « Mon Seigneur ».
Sans ce système, qui répand les maisons d'école dans tout
notre pays, la masse des habitants ressemblerait à des trou-
peaux de bêtes brutes, conduites, persuadées et trompées par
des démagogues, par des voleurs, par des coquins, jusqu'à ce
<jue notre gouvernement républicain se fût changé en monar-
chie.
Alors, comme autrefois, nous entendrions parler d'excommu-
nications et de sentences de mort pour désobéissance aux lois
de religions établies. Alors des centaines et des milliers de
personnes seraient jetées au feu ou conduites à l'échafaud à
cause de leur foi religieuse.
Celui-là seul (jui ne craindrait pas la mort oserait exprimer
une pensée contraire à la croyance établie. On verrait se re-
nouveler ces voyages vers les rives lointaines, où l'on irait
braver les dangers, et vivre dans la terreur des sauvages pour
pouvoir adorer le Seigneur en liberté.
1250 HIGH SCIIOOLS.
11 n'y a rioii de si dangereux pour la liberté que r«Uablisse-
ment d'une Église nationale, qui ne peut subsister que par
l'ignorance du peuple. Cet e:tablissenient est dangereux; car, à
moins que le monde ne devînt meilleur, aucune Église existante
ne tolérerait longtemps que l'on fît de l'opposition à ses
croyances si elle avait le pouvoir de l'empêcher. Or, pour obte-
nir ce pouvoir, elle emploierait tous les moyens de renverser
notre gouvernement.
Si l'on peut juger de l'avenir par le passé, sans nos écoles,
et sans l'instruction qui est généralement répandue dans notre
peuple, il arriverait que certains hommes feraient tout leur
possible pour devenir très-populaires, et alors ils se déclare-
raient les chefs de cette nation, et traîneraient dans la poussière
le drapeau rayé et semé d'étoiles.
Sans nos écoles, la sagesse serait le partage d un bien petiî
nombre, et l'ignorance serait la condition de la grande majo-
rité : on verrait partout le vice; l'anarchie et le désordre
régneraient dans notre pays.
Si la masse du peuple était ignorante, comme il serait facile
aux tyrans de détruire ce droit sacré de vote, droit cher au
citoyen et qui doit être protégé comme tous ceux qui lui sont
chers, et sans lequel il ressemble à la paille'emportée et brisée
par le vent.
D'un autre côté, grâce à nos écoles, d'un pauvre enfant
tout déguenillé on fait un grand homme d'État, d'un écolier '
aux mains sales on fait un grand orateur ; et, au lieu d'un pays
plein de pauvres êtres vivant dans la dépendance, nous avons
une nation dont chaque membre peut dire et dit en effet : « .Je
ne reconnais pas de supérieur. » Au lieu d'une armée faible
contre les envahisseurs étrangers, nous pouvons nous vantei'
d'avoir une armée dont chaque soldat est un habile général,
une armée capable de résister aux forces du monde réunies,
une armée qui, à l'abri du cher vieux drapeau, marcherait à
la mort plutôt que d'accepter l'autorité d'un monarque ou
d'une foi religieuse.
Mes amis, aujourd'hui on fait des efforts désespérés pour
détruire ce système, et un jour pourra venir oîi cette question :
(( Écoles publiques ou non », sera posée devant le peuple. Si ce
jour arrive jamais, rendons par nos votes ce système si fort
que, lorsque le brillant soleil se lèvera pour la dernière fois
<lans l'Orient et accomplira sa carrière pour aller se jeter dans
le lit doré de l'Occident, les plis de soie de notre bannière
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. :251
constellée puissent tlotter sur « le foyer des braves et la terre
des libres institutions ».
Il est vrai, personne n'en peut douter, que notre système
d'écoles communes est la base sur laquelle repose notre
(Gouvernement actuel, et il est également vrai que, si cette base
n'était pas maintenue, le Gouvernement tomberait. Mais j'espère
que vous vous lèverez tous avec moi pour soutenir cette liberté
et que l'on verra les générations à venir soutenir également
les écoles communes ainsi que tous nos autres droits et
notre drapeau rayé et constellé d'étoiles, et j'espère :
« Que la gloire de ces étoiles augmentera jusqu'à l'accom-
plissement des temps, jusqu'à ce que le monde ait terminé sa
mission sublime et que toutes les nations de la terre soient
réunies en une seule. »
M. Henry.
Age : quinze ans.
West des Moines (lowa).
O. — LES ECOLES FRANÇAISES.
C'est tout récemment qu'un système d'écoles tolérable s'est
établi en France. Sous l'ancienne monarchie, l'éducation était
à ce point négligée que bien peu de Français savaient lire ou
écrire.
Pendant la première moitié de ce siècle l'éducation, loin de
progresser, a plutôt décliné.
En 1789, quand éclata la première révolution, il y avait plus
de 7:2 000 élèves dans les écoles, tandis qu'en 1848, avec une
population beaucoup plus nombreuse, le nombre des élèves
des écoles de France p'était que de 69 000.
Au moment actuel, 30 pour 100 des Français ne savent ni
lire, ni écrire.
Dernièrement encore il y avait beaucoup de districts dans la
campagne qui ne possédaient aucune école.
Les enfants de parents riches avaient des précepteurs qui les
instruisaient chez eux, tandis que les enfants des pauvres rece-
vaient des prêtres une instruction fort négligée, ou n'en rece-
vaient pas du tout.
La somme d'ignorance qui existe en France est surprenante.
.]'ai entendu parler d'une Française qui s'imaginait que tous
les Américams étaient des nègres. Une autre Française, appar-
^255 IIIGII SCIIOOLS.
tenant à la haute classe de la société, était fort étonnée que les-
Américains parlassent anglais; elle se ligurait que nous avions
une langue particulière. Une Française très-élégante était per-
suadée que les États-Unis étaient dans le Brésil ; une autre
croyait qu'ils faisaient partie de l'Angleterre.
Telles sont, nous disent les voyageurs, les idées absurdes
que se font les Français; elles prouvent (ju'ils n'ont pas reçu
une instruction convenal)le.
Cependant depuis la grande guerre avec la Prusse les hommes
d'État français ont vu de quelle importance il était d'avoir de
bonnes écoles, et on a établi un nouveau système d'écoles qui
permet à chaque petit Français de recevoir l'instruction.
Leurs écoles ne sont pas gratuites comme les nôtres; les
parents qui ont le moyen de payer la rétribution scolaire pour
leurs enfants la payent, mais ceux qui n'ont pas le moyen de
la payer peuvent envoyer leurs enfants à l'école sans frais.
Les écoles ne sont plus, comme elles l'étaient autrefois, dans
la main des prêtres catholiques.
Dans toutes les écoles françaises oii les fdles et les garçons
fréquentent la même classé, l'enseignement ne peut être donné
que par des institutrices âgées de vingt et un ans au moins
et ayant prouvé leur capacité. Les écoles sont sous la surveil-
lance d'un comité composé du maire du village et de ses con-
seillers, du prêtre catholique et du ministre protestant.
Outre les écoles publi({ues, il y. a en France des écoles fon-
dées par des personnes bienfaisantes, et où les enfants de leur
secte reçoivent gratuitement l'instruction.
Le gouvernement a aussi établi un grand nombre d'écoles du
dimanche (I). Ces écoles du dimanche n'ont pas pour but de
donner l'instruction religieuse aux élèves; elles sont destinées
aux jeunes ouvriers sans instruction et que leurs occupations
empêchent de suivre les classes ordinaires qui se font dans les
écoles pendant la semaine.
Carrie il
Age : quinze ans.
Sandiisky (Ohio).
(I) Cours d'adultes et classes d'apprentis,
COMPOSITIONS LITTÉRAIRES. 253
2« SECTION : LITTÉRATURE.
0. — l'esprit et l'humour.
I . L'esprit :
Qui rabaisse les choses élevées : deux exemples.
Qui élève les choses basses : un exemple.
Qui présente les choses au moyen d'images par-
ticulières : quatre manières.
Qui joue sur les mots : les énigmes, les rébus
et les quolibets.
L'esprit est ce qui surprend l'àme par son caractère parti-
culier. 11 ressemble à un éclair qui disparaît dans les ténèbres
aussitôt qu'on l'a aperçu. L'esprit contient quatre divisions
que nous indiquons ici :
1" Celui qui rabaisse les choses élevées ;
'^'^ Celui qui élève les choses basses ;
3° Celui qui présente les choses au moyen d'images parti-
culières;
i" Celui qui joue sur les mots.
La première de ces quatre espèces d'esprit a pour but de
changer brusquement les pensées d'une personne, et de les
faire passer du sublime au ridicule. Ainsi se trouve vérilié ce
proverbe : « Il n'y a qu'un pas du sublime au ridicule. » Par
exemple on comparera la voix majestueuse de la tempête au
bruit fait par un enfant à qui l'on donne le fouet. Autre
exemple : Une personne qui. passait dans les rues de Londres
vit un homme creuser ce qu'elle supposait être une tombe.
Elle demanda à qui cette tombe était destinée, et le terrassier
lui répondit : « Nous posons un tuyau de gaz. »
A la seconde espèce d'esprit se rapporte l'exemple d'une
dame comparée à une prêtresse, parce que sa table de toilette
représentait une cérémonie religieuse.
La troisième espèce d'esprit peut se manifester de quatre
manières. D'abord par un rapprochement de choses qui parais-
sent être opposées. Par exemple, Fioger de Coverley (1) dit
qu'il aurait donné à sa veuve «une mine de houille pour qu'elle
put avoir du linge blanc et qu'il aurait fait étinceler à ses
mains cent de ses plus riches arpents » (:2).
(1) Personnage fictif, inventé par Addison dans le Spedator, où il
est le type du gentilhomme campagnard. Voir Tlie Spectator, n° 2,
2 mars'l710-I7ll. {Note du traducteur.)
(2j I remember my friend sir PiOger de Coverley told me some time
254 inc.H SCHOOLS.
11 semblerait qu'une mine de houille, qui est noire et sale,
serait loin de lui procurer du iinge blanc.
Deuxièmement en représentant les choses de telle sorte
(|u'elles ne tardent pas à paraître ridicules ; ainsi on croyait
que les chevaliers de l'ancien temps pouvaient lire dans l'âme
de ceux qu'ils regardaient.
Troisièmement en attribuant à certaines personnes des ver-
tus qu'elles ne peuvent pas posséder. Par exemple, lorsqu'on
dit que les malades ne se plaignent pas, après leur mort, des
remèdes que leur médecin leur a donnés.
Quatrièmement, lorsque l'on présente comme merveilleux
quelque chose de très-ordinaire. Par exemple cette conversa-
tion sur le mariage que Béatrix termine en disant à Léonato :
(( J'ai de bons yeux, mon oncle : je puis voir une église en plein
La quatrième espèce d'esprit contient les jeux de mots. C'est
depuis longtemps le genre d'esprit qui a le plus de vogue.
Cette quatrième division pourrait fournir un grand nombre
d'exemples.
(( Sous cette pierre gît mon épouse, elle se repose mainte-
nant... et moi aussi, » etc.
2. L'humour :
Définition.
Le pathétique.
Le pathétique mis en contact avec l'humour.
since, that upon his courting the perverse widow, hc had disposed ol
an hundred acres in a diamond ring which he would hâve prcsented
her with, had she thought fit to accept il : and that upon her wed-
ding-day she should hâve carried on her head fifty of the tallest
oaks upon his estaté. He further infonncd me, that he would havc
given her a coal-pit to keep her in clean linen, that he would
hâve allowed her the profits of a wind-mill for her fans, and hâve
prcsented her once in three years, with the shearing of his sheep
for her under petticoats. {The Spectator; n°29o, 7 février 1711-1712.
(Note du traducteur.)
(1) Béatrice For hcar me, Hcro; wooing, wedding, and
repenting, is as a Scotch jig, a mcasure, and a cinque pace.
Leonato. — Cousin, you apprehend passing shrewdly.
Béatrice. — I hâve a good eye, uncle; I can sec a church by
daylight.
(Shakspcarc, Much ado about nothing, Acte II, Scène i.)
{Note du traducteur )
COMPOSITIONS LITTERAIRES. ZOD
L'humour et l'esprit.
Comment on emploie l'humour, et quand on
admit pour la première fois sur le théâtre
les expressions et les actions singulières.
A quoi sert l'humour ?
Quel est le but du ridicule ?
L'humour est le plus souvent une représentation comique des
pensées et des actions des personnes. Il présente tout sous
un jour ridicule.
Si une personne a réellement du chagrin, si la douleur lui
fait verser des larmes, ce n'est plus de l'humour; on appelle
ordinairement cet état le pathétique : il est exactement opposé
à l'humour.
Si ces deux genres sont mis en contraste, ils augmentent
beaucoup l'effet d'une production littéraire, et la plupart des
écrivains ont recours à ce moyen. C'est ce qui donne tant de
*harmes aux romans de Dickens.
L'humour n'est pas, comme l'esprit, une étincelle qu'on aper-
çoit un instant et qui disparaît dans les ténèbres, mais il
peut durer pendant tout un ouvrage. Buckingham dit : « L'hu-
mour est tout, on ne devrait employer l'esprit que pour rehaus-
ser quelque belle pensée. »
L'humour forme la base de toute littérature comique. Shakes-
peare s'en sert à chaque instant et avec beaucoup d'effet dans
toutes ses pièces.
On a regretté que l'humour mis sur la scène ne soit pas
d'un caractère très-pur. Ce défaut ne peut pas être attribué à
un manque do délicatesse chez les auteurs dramatiques. Mais,
lorsqu'on mit pour la première fois l'humour sur la scène, il y
a plusieurs siècles, beaucoup de choses qui nous révoltent
maintenant étaient parfaitement convenables. Les écrivains de
nos jours, pensant qu'ils devaient suivre l'exemple de leur pré-
décesseur, l'ont imité sur ce point comme sur les autres.
L'humour n'a pas d'autre but que de faire rire.
Lorsque l'humour se change en un mépris piquant, il de-
vient du ridicule. Le but du ridicule est de mettre au jour les
défauts d'une personne.
3IATTIE P.
Age : quinze aas.
Rochelle, comté d'Ogle (Illinois).
:25G HiGH scnooLS.
/. — DU STYLE.
Donnez cinq règles pour former le style.
Réj). — 1. Méditez soigneusement, sérieusement et avec pa-
tience. 2. Composez souvent, o. Composez lentement et soigneu-
sement, i. Relisez-vous avec soin. 5. Evitez les affectations cjui
vous empêcheraient de traiter convenablement votre sujet.
MiCHAEL }{.
Age : seize an.^
Rochelle, comté d'Ogle (Illinois).
X. — ÉTUDES LINGUISTD.:>UES.
Quest. — Nommez les groupes de langues qui appartiennent
à la famille aryenne.
Rép. — La langue aryenne forme les groupes suivants : hin-
dou, iranien, celtique, italique ou romanique, hellénique ou
grec, teutonique, letlique ou slavonique.
Quest. 2. — Faites le tableau des langues teutoniques.
Rép. —
/ , Anglais.
Bas allemand. . ^ Flamand.
f Hollandais.
Langues ) i >'orvégien.
TEUTONIQUES : 1 c^„«.7;««.,/p*i ' Suédois.
Scandinavien.
Danois.
Irlandais.
, Haut allemand. \ Allemand moderne.
Quest. 3. — Faites brièvement l'historique des différentes
manières par lesquelles les éléments celtiques sont entrés dans
l'anglais.
Rép. — Les habitants primitifs de l'Angleterre étaient les
tribus celtiques, qui fournirent beaucoup de mots à la langue
anglaise. Le pays fut conquis à diverses époques par des
peuples d'origine celtique qui apportèrent avec eux et y intro-
duisirent beaucoup de leurs mots.
GRAMMAIUE ET RHÉTORIQUE. 257
Quest. l. — Faites un court exposé des acquisitions latines
et de leur nature.
Rép. — On peut diviser les acquisitions latines en quatre
périodes :
jre Période. — L'Angleterre fut conquise par les Ilomains,
qui la conservèrent de -i3 à 126 après Jésus-Christ. Les ha-
bitants de l'Angleterre furent complètement romanisés. La
plupart des mots latins adoptés par les Anglais pendant, cette
période furent des noms de lieux, comme castra, un camp;
strata, une rue.
i^, Période. — Le latin de cette période est dû à l'introduc-
tion du christianisme, en 596, par saint Augustin. La plupart
des mots introduits pendant cette période se rapportaient à
l'églf^e et à ses lois, comme service, évêque, baptême.
3« Période. — Le latin de cette période est dû à la conquête
franco-normande, en 1066.
Pendant cette période, le franco-normand fut la langue de la
haute classe ; on s'en servit dans les écoles, dans les tribu-
naux, etc. Les mots latins de cette époque furent adoptés len-
tement de 1066 à 1151. Au milieu du xiv"" siècle, le franco-nor-
mand était à son apogée (1).
4^ Période. — Le latin de cette période est dû à la llenais-
sance des sciences pendant le xvi'' siècle. On adopta alors
beaucoup de mots scientifiques.
Quest. 5. — Quelle fut Tinlluence du franco normand sur la
grammaire anglaise et sur le vocabulaire anglais?
Rép. — L'influence du franco-normand sur la grammaire an-
glaise se manifesta par une tendance à supprimer toutes les
inflexions et à faire de l'anglais une langue analytique ; les in-
tonations gutturales furent adoucies.
L'influence du franco-normand sur le vocabulaire anglais se
manifesta par la tendance à faire disparaître les mots anglo-
saxons, et à leur substituer des mots latins. Les traductions de
la littérature franco-normande, les sciences, le commerce intro-
duisirent aussi des mots nouveaux.
Quest. 5. — Nommez les principaux dialectes du xiv* siècle.
Dites comment on les distinguait les uns des autres. Citez des
exemples de chacun d'eux.
(1; En 13G2, le roi d'Angleterre Edouard III substitua dans les actes
publics et devant les tribunaux la langue anglaise à la langue franco-
normande. (Aofe du Traducteur.)
17
258 HIGII SCHOOLS.
Rép. — Les principaux dialectes du xiv* si«''cle étaient :
Le Lowland, parlé au sud de la Tamise; la terminaison de
la première personne du pluriel était cth, comme ivc habbeth^
pour îve hâve (nous avons).
Le Midland, parlé entre la Tamise et l'IIumber; la termi-
naison de la première personne du pluriel était en, comme
ice habben pour ive hâve.
Le Highland, parlé entre l'Humber et l'embouchure du
Forth ; la première personne plurielle se terminait en es ou
bien n'avait pas de flexion, comme ice hâves ou wc hâve pour
ive hâve.
Quest. 0. — Quelles sont les raisons qui font attribuer à l'an-
glo-saxon les mots suivants: r/ood (bon), old (vieux), quicken
(hâter), knock (coup), fathcr (père), goose (oie), sun (soleil),
three (trois), fourth (quatrième)?
Rép. — Good et old sont anglo-saxons, parce que les mots
qui expriment des qualités sont anglo-saxons. Father, parce
que les premiers mots employés dans Tenfance sont anglo-
saxons. Goose, parce que beaucoup de noms de volailles et
d'animaux sont anglo-saxons. Sun, parce que les noms des ob-
jets naturels sont anglo-saxons. Three et fourth, parce que
tous les nombres, excepté second (second), million (million) et
billion (billion), sont anglo-saxons.
Quesi. 8. — Divisez les mots suivants en simples, composés,
primitifs ou dérivés : may (pouvoir), weaken (affaiblin, snow
(neige), domestic (domestique, adj.), northern (septentrional),
free-niKSon (franc-maçon), mine (mine), island (île), whiloni
(jadis), manly (viril), prépare (préparer), mankind (l'huma-
nité).
Primitifs : may, snow.
Simple : mine.
Dérivés: weaken, domestic, northern, island, manly, prépare.
Dérivés composés : free-mason, whilom, mankind.
Quest. 10. — Quelle est l'étymologie de ///, ed (1); s, et eth
de la o" personne singulier des verbes?
Rép. — Ly vient de l'anglo-saxon like (comme, semblable).
Ed vient de l'anglo-saxon did (lit).
(1) Ly est un suffixe qui sert à former les adverbes de manière,
correspondant au français meut.
Ed sert ù former le participe passé et le prétéri!. des verbes régu-
liers. (Note du Traducteur.)
GRAMMAIRE ET RHÉTORIQUE. 259
S vient de l'iing-lo-saxon sa ou se.
Eth vient de l'anglo-saxon.
Quest. II. — Analysez les mots suivants et indiquez l'étymo-
logie des éléments qui les composent : unanimous, (unanime),
insulate (isoler), affluence (affluencei, transient (éphémère),
dejed (?ih^{\.v^), propel (pousser), sustain (soutenir), bcnefactor
(bienfaiteur), extraction (extraction).
Rép. — Transient, dérivé; composé du préfixe latin trans
et de la racine latine, sient (1).
Affluence, dérivé; composé du préfixe latin ab, signifiant
hors de, et de la racine \^\'mtflii (verbe fluo, couler); ence si-
gnifie l'action de.
Deject, d'^rivé; composé de de qui signifie en bas; la racine
eslject, du latin /ac/o, lancer.
Propel, dérivé; formé du préfixe j;ro, latin, qui signifie en
avant, la racine esl pel, du \siim pello, pousser (ïl).
Sustain, dérivé; composé de sus, latin, sous, sur, et de la
racine tain (3), du latin teneo, tentum, tenir.
Benefactor, dérivé; formé du préUxe bene, bien, et delà
racine fac de facto, factum, agir ou faire : le suffixe or désigne
celui qui.
Extraction, dérivé; composé de ex, hors de, et de la racine
tract de traho, tirer; ion vient du latin et signifie état de.
Louise K.
Age : dix-sept ans.
Milwaiikee lAVisconsin).
9. — QUESTIONS SUR L.\ PONCTUATION.
1. Ponctuez les phrases suivantes et indiquez les règles que
vous appliquez :
Les livres qui sont les dépôts de la science sont une partie
indispensable du mobilier d'une maison.
Il y a de la barbarie à insulter les hommes qui nous ont
témoiç^né de la bienveillance.
(1) Sic.
(2) L'élève écrit : pelo, pelsum.
(3) Sic.
260 HIGH SCHOOLS.
Rép. — Je ponctue ainsi ces phrases :
Les livres, qui sont les dépôls de la science, sont une partie
indispensable du mobilier d'une maison.
« Qui sont les dépôts de la science » est mis entre deux
virgules parce qu'elle est une proposition relative, non restric-
tive.
Il y a de la barbarie à insulter les hommes qui nous ont
témoigné de la bienveillance.
La proposition relative dans cette phrase est restrictive, et
ne doit pas être placée entre deux virgules.
Voici la règle des propositions relatives : Il faut placer entre
deux virgules toute proposition commençant par un pronom
relatif si elle n'est pas restrictive.
2. Donnez trois règles pour le point-virgule, et appuyez
chacune d'elles par un exemple.
Rép. — Lorsqu'une phrase se compose de deux membres,
et que l'un de ces membres ou tous les deux sont subdivisés,
la plus longue division doit être marquée d'un point-virgule.
Ex. : Soyez diligent; car vous serez amplement récompensé.
Lorsque })lusieurs phrases sont de suite, qu'elles n'ont entre
elles aucun rapport grammatical et qu'elles ne sont unies que
par le sens, elles doivent être séparées par des points-virgules.
Ex. : Les pierres poussent; les végétaux poussent et vivent; et
les êtres animés poussent, vivent et sentent.
3. Donnez pour les deux points deux règles appuyées sur des
exemples.
Rép. — Lorsque le titre d'un livre est suivi d'un sous-titre
alternatif ou explicatif, si ces deux litres sont réunis par la
conjonction ou, il faut mettre deux points avant ou, et une
virgule après; mais s'il n'y a pas de conjonction, il faut séparer
les deux titres par deux points. Ex. : La rhétorique : science
qui traite de l'art de bien dire.
11 faut employer les deux points avant une citation directe.
Ex. : Lowell dit : -x Y a-t-il rien de comparable à un jour de
juin (1)? »
(1) There is no pricc set on llic lavish summer,
And Jiine may lie liad by llic poorest conier.
And what is so rare as a daij in June ?
Then, if cver, come pcrfcct days.
James RusscU Lowell, vol. I. Tlie- vision of sir Launfal, prélude.
{yole du Traducteur.)
GRAMMAIRE ET RHÉTORIQUE. 261
6. Donner la division des phrases au point de vue de la rhé-
torique,
Eep. — La rhétorique divise les phrases en : périodiques,
décousues, symétriques, courtes et longues.
7. Ou'est-ce qu'une phrase décousue? L'ne phrase de ce
genre est-elle toujours défectueuse?
Rép. — Une phrase décousue n'est pas toujours défectueuse
quoiqu'elle le soit le plus souvent. Une phrase décousue est
celle qui peut se terminer à deux ou à plusieurs endroits.
Sophie .1.
Age : seize ans.
Bay City (Michigan).
10. — ORIGINE DES LOCUTIONS d'ARGOT.
Les lettres sont des clefs qui enferment dans des mots les
curiosités de l'histoire. Rien, en effet, ne pourrait donner une
idée de la richesse de signification contenue dans les mots. Ils
ont en eux wn charme indéfinissable qui nous engage à en
rechercher l'origine. >»os recherches ne nous satisfont qu'autant
qu'elles ont fait luire la lumière de la raison sur un mot, et
qu'elles nous en ont ainsi découvert la racine.
L'étude des mots ne nous permet pas seulement de suivre la
formation et le développement de la langue, elle nous permet
aussi d'assister au développement des pensées et des habitudes
du peuple. Nous voyons qu'il nous manque beaucoup de mots
pour exprimer nos idées. Cette pauvreté de la langue se fait
sentir non-seulement aux enfants et aux peuples naissants, mais
encore aux hommes faits et aux nations qui ont acquis tout
leur développement. Les premiers ont recours aux comparai-
sons, aux métaphores et aux aiftres figures du discours; les
autres les reçoivent toutes faites et les emploient parce qu'elles
leur paraissent très-commodes pour tenir lieu de ce qui leur
manque, ou bien simplement parce qu'ils aiment à se servir du
style figuré.
C'est donc d'abord la pauvfeté de la langue qui force les
hommes à employer la même expression pour désigner des
objets ou des actes complètement différents. F*lus tard, ils veu-
lent s'épargner la peine d'inventer un nombre infini de mots
et de se les rappeler. Un mot qui a été inventé pour exprimer
•262 IIIGII SCHOOLS.
une idée ou une chose particulière, sera employé pour expri-
mer une autre idée ou une autre chose à laquelle on suppose
<|uelque ressemhlance avec la première. Il arrive cependant
quelquefois que ces métaphores et ces comparaisons sont trop
obscures. Lorsque ces ligures tombent dans le burlesque ou
dans le vulgaire, nous les appelons de Vargot.
En examinant une expression figurée de ce genre, par
exemple l'expression He lias passed in hls checks (1), nous
voyons qu'elle ressemble un peu aux figures qu'on emploie à
l'origine d'une langue. Cette expression tire probablement son
origine de la vivacité avec laquelle certaines personnes sentent
et apprécient la relation du concret à l'abstrait. Elles ont
comparé l'iiomme qui, à la fin d'un voyage, remet ses bulle-
tins et acquitte ainsi la Compagnie du chemin de fer de toute
obligation envers lui, à un homme qui a été libéré de tout ce
qu'il devait à la vie, et qui a donné quittance à la vie de tout
ce qu'elle lui devait. Cette expression contient une compa-
raison ou une métaphore abrégée.
Une loi curieuse force les mots à faire un certain stage avant
de recevoir l'empreinte qui leur donne cours légal. Tout mot
reste pendant quelque temps à l'état d'embryon avant d'avoir
droit de cité dans la langue. Pendant un demi-siècle peut-être,
il ne trouvera place dans aucun Dictionnaire. L'introduction
dans le Dictionnaire est la grande épreuve, et lorsqu'un mot
l'a passée, il peut compter sur une existence plus ou moins
longue.
H y a des milliers de mots qui sont nés dans l'argot et (|ui,
plus tard, ont été adoptés par la bonne société. Il est curieux
d'observer un grand nombre de nos plus nobles expressions
qui reposent sur quelque terme libre et populaire, sur quelque
réplique qui a passé de bouche en bouche, ou dont la création
spontanée répondait à quelque nécessité du moment.
>'ous avons aussi dans notne langue des mots qui, à l'origine,
désignaient des choses ou des qualités grandes et nobles, et
qui, emportés par le courant irréguher des pensées humaines,
(1) « Il a remis ses bulletins de voyage, » c'est-à-dire il a rendu le
dernier coupon du livret employé en Amérique, comme il l'est chez
nous dans les voyages circulaires. Des auteurs exidiquent cette locu-
tion, qui signifie qu'un homme est mort, en donnant au mot cliecks
le sens qu'il a dans l'argot des joueurs dans les États du Pacifique :
Counters used in games at cards, jetons pour compter les points aux
jeux de cartes. {Note du Traducteur.)
GRAMMAIRE ET RHÉTORIQUE. :263
se sont singulièrement corrompus. Imp il) est un des mots qui
ont eu à souffrir de cette injustice. Dans les ouvrages de
Shakespeare il signifie toujours fils. Sa signification étymolo-
gique est pousse ou rejeton. Il en est de môme de heldame,
qui, au lieu de signifier une vieille sorcière (2), devrait signi-
fier une belle dame ou au moins une grand'mère.
C'est au théâtre que nous devons beaucoup des répliques et
des expressions bizarres qui frappent nos oreilles à tout instant.
Bien souvent aussi ces mots et ces expressions que nous avons
tous les jours à Ja bouche ont une force pittoresque que des
synonymes plus élégants seraient bien loin d'avoir.
Quelle énergie et quelle clarté dans les expressions suivantes,
par exeniiile : close fisted, bamboozle, rich stories, mealy-
mouthed{o).
De même, on dit de quelqu'un qu'il a cheek{i), brass ou tin.
On dit qu'une personne est dans un pickle. Nous nous écrions :
Ginger, ou Go tell tlie news to Hannat. C'est aux comédies
dites de société que nous devons toutes ces expressions.
Nous pourrions feuilleter notre Dictionnaire bien longtemps
(1) Imp, diablotin.
(2) Ou porc.
(3) Close fisted : serré, dur à la détente.
Bamboozle : ce mot, passé du bohémien moderne dans l'anglais,
signifie: duper, se jouer de quelqu'un.
Rich stories : des histoires trop absurdes pour qu'on y ajoute foi ;
des contes à dormir debout. Même sens que riche dans notre argot.
ifileahj-mouthed : trompeur, beau parleur, bouche enfarinée.
{■i) C heek, ioue, et en argot front, impudence.
Brass : cuivre, bronze; en argot, figure de bronze, c'est-cà-dire
impudence. En 1803, des artilleurs de Norwich reçurent l'ordre
d'essayer des canons en cuivre (brass) qui appartenaient à la ville.
Le rapport fait sur les résultats de ce tir contenait cette phrase :
« Il est d'usai,'e de donner au caporal le métal des pièces qui ont
éclaté. » La municipalité répondit : « ...The corporal does not want
brass, le caporal n'a pas besoin de cuivre, ou : « Le caporal ne man-
que pas d'impudence. »
Tin : étain , en argot, de l'argent.
Pickle : saumure; en argot, position malheureuse ou comique
comme être dans le pétrin).
Ginger : terme dont on se sert pour déprécier fextérieur d'une
personne.
To be ail the rage : faire rage.
Blue stocking : bas bleu.
Dead letter : lettre mise au rebut. [Notes du Traducteur.)
264 niGii sciiooLS.
avant de trouver des expressions aussi énergiques que les sui-
vantes pour exprimer la même idée : ail the rage, hlue stoc-
king ou clend letter. C'est la poste aux lettres qui nous a donné
cette dernière.
Il serait difficile de découvrir ou d'imaginer l'origine de
quelques-unes de nos expressions populaires, par exemple de
celle-ci : To sow one's tvild oats (1). Pourquoi a-t-on choisi
l'avoine, parmi toutes les autres espèces de blé, pour caracté-
riser les désordres de la jeunesse?
L'expression populaire By hookor hfj crook {^) a une étymo-
logie très-curieuse. D'après les am'iennos coutumes forestières,
les personnes qui avaient le droit de ramasser dans les forêts
royales du bois pour se chauffer, ne pouvaient prei^re que le
bois mort, ou les branches d'arbre qui avaient a cast, a hook
and crook (3).
En recherchant l'étymologie et la signification des mots,
nous voyons qu'il n'en est pas un qui n'ait sa logique et son
bon sens, mais logique bien libre et bon sens parfois bien
original.
Georgiana r>.
Age : vingt ans.
Mihvaukee (Wisconsin).
III. — IVarratioiis et Fictions.
li. — ENTREVUE DU SOLEIL ET DE LA LUXE.
(2* année.)
A la fin d'une année le Soleil et la Lune se réunirent et
chacun d'eux se mit à parler des belles choses qu'il avait vues
pendant l'année qui venait de s'écouler. Chacun d'eux pensait
qu'il avait eu plus de plaisir que l'autre, qu'il avait fait plus
(1) Littéralement : semer son avoine sauvage. Nous disons en fran-
çais : jeter sa gourme.
(2) Littéralement : par crochet ou par croc, d'une manière ou d'une
autre.
(3) Non franches, ayant un crochet et un croc.
{Notes du Traducteur.)
NARRATIONS ET FICTIONS. 265
de bien, et ils en vinrent ainsi à se quereller ; car quoique le
Soleil et la Lune soient tous les deux de magnifiques choses,
ils aiment à disputer comme tout le monde.
Entin ils décidèrent que le Soleil raconterait le jour le plus
agréable qu'il avait passé, et la Lune la nuit la plus charmante
qu'elle avait eue, et qu'ils décideraient ensuite, d'après ce récit,
lequel des deux s'était le plus amusé et avait fait le plus de
bien.
Le Soleil commença son récit en ces termes :
a C'est dans le beau mois de juin que j'ai passé ma plus agréable
journée. Lorsque je me levai, le ciel était si pur que je vis bien
aussitôt (juej'aurais une belle journée pour surveiller les habi-
tants du monde, et que je n'aurais pas à livrer bataille aux
nuages comme cela arrive presque tous les jours.
» La première chose que je remarquai fut une jolie maison
brune, et en m'approchant je pus facilement regarder dans l'une
des chambres. Il y avait dans cette chambre un petit garçon pro-
fondément endormi dans son petit lit. Il avait l'air si gentil que
je pensai d'abord à ne pas le réveiller; mais enfin je me décidai
à lui envoyer ma fille, l'un des plus jolis rayons de soleil qu'on
ait jamais vus, pour le réveiller. Au moment où mon rayon de
soleil entra dans la chambre qu'il illumina de son éclat, le petit
se mit à se frotter les yeux, et bientôt il fut complètement
réveillé. J'aurais bien voulu entendre ce qu'il dit à ma petite
fille, mais sachant qu'on avait besoin de moi ailleurs que dans
la petite maison brune, je m'empressai de continuer ma route.
» Je rencontrai une petite iille qui était occupée à arranger son
jardin. On voyait bien qu'elle n'était qu'apprentie jardinière,
car la veille elle avait planté à l'ombre une pensée qui aime le
soleil; cette pauvre pensée était fanée et s'inclinait vers la
terre. Je lui envoyai un autre de mes rayons de soleil pour
la consoler, et en un instant elle reprit un éclat merveilleux.
La petite fille parut enchantée, et je crois qu'elle remercia mon
rayon de soleil ; mais je ne pus pas rester pour m'en assurer.
» Je me remettais en route lorsque, à ma grande surprise, je
vis un gros nuage s'élever de l'occident. Je n'avais compté sur
aucune bataille pour ce jour-là, et j'en voyais une qui se pré-
parait. Néanmoins je résolus de vaincre, et, après une lutte
très-vive, car le nuage voulait absolument m'éclipser, je fus
victorieux.
> Une société composée de plusieurs enfants paraissait avoir
pris le plus grand intérêt à la lutte, car, en baissant les yeux,
266 HIGH SCHOOLS.
je vis tout ce petit monde ({ui l)attait joyeusement des mains
pour me féliciter de ma victoire : ils allaient faire un pique-
niquti et ils avaient craint qu'il ne vînt de la })luie.
» Je les vis partir pour les bois ; mais, après leur longue
marche, ils avaient chaud et ils étaient fatigués: ils cherchèrent
les parties les plus épaisses du bois où mes plus petits rayons
Jie pouvaient pas pénétrer.
» J'entrai ensuite dans une petite école où deux méchants
garçons mangeaient des pistaches de terre sous leurs pupitres
pendant que leur maître leur faisait une démonstration. J'en-
voyai un de mes petits rayons de soleil sur le pupitre, mais je
me repentis de l'avoir fait lorsque je vis l'un de ces garçons
prendre un morceau de verre (|u'il avait dans sa poche, le
mettre dans le rayon de soleil et envoyer la lumière dans les
yeux du pauvre maître qui, pen<lant un moment, en fut tout
ébloui. Irrité de voir qu'ils faisaient un tel usage de mon rayon
de soleil, je me hâtai de poursuivre ma route.
)) L'après-midi était avancée et j'avais presque achevé ma
carrière quotidienne, lorsque je rencontrai l'un des })lus char-
mants spectacles que j'eusse jamais vus. Deux })etitesliiles jouaient
avec leurs poupées sous un arbre toulï'u. Elles étaient si gentilles
en berçant leurs poupons que je fus fâché de les quitter.
»Au moment où j'allais disparaître derrière quelques hautes
montagnes, je vis la joyeuse société d'enfants revenir de leur
pique-nique. J'entendis l'un d'eux qui s'écriait : « Oh ! quel joli
coucher de soleil! » — « Oui, dit un autre, il a fait une journée
charmante. »
» Moi aussi je pensai qu'il avait fait une journée charmante,
et je souhaitais qu'elle put durer plus longtemps; mais sachant
qu'il était impossible de la prolonger d'un instant, je lançai les
plus brillants de mes rayons sur le groupe enfantin qui s'était
arrêté pour me regarder, et, leur disant adieu, je disparus. »
l^e Soleil ayant ainsi terminé son récit, la Lune commença le
sien en ces termes :
« C'est au mois de décembre que j'ai passé la nuit la plus
délicieuse. Lorsque je me levai, la neige couvrait la terre, et
mes petites amies les étoiles lançaient tous leurs feux : le
nmnde me parut vraiment magnifique. La première chose que
j'entendis fut des battements de mains et de joyeuses excla-
mations sendjlables à celles que vous entendîtes après votre
victoire sur le nuage ; et peut-être étaient-elles poussées
par la même société joyeuse, car ils avaient craint que la nuit
NARRATIO.XS ET FICTIONS. ^67
ne fût obscure, et ils se réjouissaient en me voyant briller
avec tant d'éclat. C'était une réunion de joyeux compagnons,
et leur divertissement me plaisait beaucoup; mais je ne
pouvais pas perdre mon temps : je continuai donc ma route.
» Je m'avançais lentement, regardant tous les objets sans qu'au-
cun attirât mon attention, lorsque j'aperçus un petit marchand de
journaux qui cherchait de l'argent qu'il avait perdu. Le pauvre
petit grelottait de froid, j'en eus pitié et je résolus de l'aider.
Je lançai donc un de mes rayons sur l'argent, qui étincela
aussitôt sous cette lumière. Le petit garçon l'aperçut, il s'en
saisit et s'enfuit.
)) 11 devait y avoir bal dans une certaine maison cette nuit-là
et je m'amusai beaucoup à regarder entrer les invités. Je vis
beaucoup de belles personnes, et j'aurais bien voulu les suivre
dans la maison ; mais il y avait tant de lumières que mes
rayons les plus éclatants furent obscurcis, et cela me fut tout
à fait impossible.
» Plus tard, lorsque le bal fut terminé, je les vis sortir et
regagner leurs demeures. Chaque jolie dame, donnant le bras
à un beau cavalier, avait l'air si heureuse que je pensai... je
pensai beaucoup de choses. Dans ces circonstances, voyez-
vous, mon cher Soleil, j'ai décidément l'avantage sur vous, car
le clair de Lune prête beaucoup plus aux scènes romanesques.
» J'allais reprendre ma course, lorsque je remarquai deux
hommes à mine suspecte, qui rôdaient autour d'une maison.
Les scènes de ce genre me sont familières, et, en les voyant
agir, je m'aperçus tout de suite que c'étaient des voleurs.
Aussitôt, je laissai tomber ma lumière sur eux pour attirer
l'attention de la police de nuit ; ils furent découverts en un in-
stant, et, sachant bien que tout se passerait convenablement,
je repris ma route.
» il était si tard alors qu'il n'y avait plus rien à voir; mais
la terre me parut charmante dans son repos, et je pris plaisir
à la contempler. Le jour approchait rapidement, je souhaitai
donc le bonsoir à mes petites amies les étoiles et j'allai me
reposer. »
La Lune termina ainsi son récit.
11 restait à prononcer la décision, lis n'étaient pas plus avan-
cés qu'auparavant ; cependant leurs récits les avaient tellement
divertis qu'ils résolurent de se réunira la fin d'une autre année
pour se faire encore le récit de leur plus agréable journée et de
leur meilleure nuit. Ils se promirent donc de travailler encore
268 IIIGII SCHOOLS.
plus au l)onlieur des habitants de la terre pendant Tanné»
suivante; et, terminant en paix une entrevue qui avait me-
nacé d'être orageuse, ils se dirent un tendre adieu et se sépa-
rèrent.
Mary W.
Age : quatorze ans.
Grccnfiekl fMassacliusctls).
12. — A l'homme dans la lune.
(ji"- année.)
Cher homme dans la Lune,
Beaucoup de personnes m'ont raconté de merveilleuses his-
toires sur votre compte, et tous ces récits sont différents. Les
unes vous font errer dans des royaumes de lumière ; d'autres
vous suivent dans des voyag-es fort peu romanesques sur du
fromage vert, elles vous accoutrent d'habits montés en graine (I)
et vous couronnent d'un chou.
Mais comme aucune de ces histoires ne satisfait pleinement
mon esprit, je m'aventure à vous écrire une lettre, que je confie
aux vents et aux esprits bienveillants de l'air. J'espère (ju'elle
vous parviendra sûrement et que vous l'accueillerez avec cette
bonté dont votre altesse seule est capable.
Mes espérances sont ambitieuses, mais qui a ja-mais vu une
petite écolière qui ne désirât pas des choses impossibles? Oui
a jamais entendu parler d'un tel phénomène ?
J'ai songé à tant de questions que je devais vous faire que
je sais à peine par où commencer. Mais, tout bien consi-
déré, je crois que je ferai mieux de ne rien vous demander
et de vous laisser entièrement libre de me donner dans votre
lettre, sur laquelle je compte, tous les renseignements sur
vous-même que vous croirez devoir me donner,
J"ai vu votre aimable visage se pencher pour regarder notre
ville et, si je puis en juger par l'expression de votre physiono-
mie, je serais portée à croire que ce spectacle ne vous déplai-
sait pas. Je ne m'étonne pas que vous admiriez notre beau lac
(1) Jeu de mots sur seedij qui signifie grenu, plein de graines, et,
en parlant des vêtements, râpé.
NARRATIONS ET FICTIONS. 269
Michigan, notre jolie ville, et le calme et la paix qui régnent
partout aux environs.
Avez-vous là-haut des écoles où les élèves étudient la biolo-
ofie et la oféométrie, et écrivent des essais? Ou bien cultivez-
vous convenablement dans vos jardins des arbres de science et
permettez-vous à tout le monde de manger des poires, ou des
pèches, ou des oranges, au lieu d'avoir les yeux fixés pendant
des années entières sur des débris fossiles et sur les systèmes
philosophiques.
.)e crois qu'une telle manière de s'instruire serait très-
agréable, et je ne vois pas pourquoi, dans un siècle aussi sa-
vant que le nôtre, tant d'hommes habiles dans les sciences ne
pourraient pas inventer un système d'éducation de ce genre.
D'un autre côté, vous n'avez peut-être jamais eu le malheur
d'avoir un Adam et une Eve qui aient commis une première
faute, et tout le monde, chez vous, vit peut-être encore heureux
dans un vaste jardin d'Éden. Js crois alors que votre royaume
doit être charmant, et je voudrais bien pouvoir aller le visiter
au lieu de vous écrire ces quelques lignes.
Dans l'espoir que cette lettre ne tardera pas à vous parvenir
et qu'elle vous trouvera au milieu des plaisirs de toute sorte, je
demeure
Votre humble amie,
LOTTIE C.
Age : seize ans.
Milwaukee (Wisconsin).
13. — LES PARAPLUIES.
Le sujet nous est familier et n'a guère besoin d'être défini.
Le mot parapluie ne manque jamais d'évoquef devant nous des
visions de contre-allées boueuses, de torrents de pluie, de
passants qui courent dans les rues presque désertes, de per-
sonnes à l'air lugubre, qui ont perdu ou oublié leur parapluie,
et d'autres personnes qui pressent le pas, heureuses de se sen-
tir commodément à l'abri.
Est-il nécessaire maintenant de transcrire la définition qu'en
donne notre Webster (Ij, et de dire qu'un para})luie est un dais
(I) Le Dictionnaire de Webster, qui a la plus grande autorité aux
États-Unis.
270 HIGH SCHOOLS.
que l'on peut porter avec soi, qui s'ouvre et se ferme, et que
l'on porte à la main pour se garantir de la pluie, de la neige
ou des rayons du soleil? Le nom vient du mot latin umbra (1),
qui signifie ombre.
Lors de l'invention des parapluies, on se moqua beaucoup
des personnes qui en portaient. On dit que le premier homme
qui eut le courage d'en porter un dans les rues de Londres
fut Jonas Hanway (i2), et jjeaucoup de personnes se mirent sur
leurs portes et à leurs fenêtres pour le voir passer et pour se
moquer de lui. Cette invention, comme la plupart des inven-
tions qui sont devenues très-utiles plus tard, fut d'abord trait»;e
d'absurde. Mais nous n'en aurons pas moins une reconnais-
sance éternelle à l'inventeur du parapluie.
De nos jours, les parapluies sont très-répandus. On dit que
les parapluies dont se servent les Indiens sont si larges qu'un
seul suffit pour abriter un Indien, sa aquaw et ses petits pap-
pooses (3).
Les parapluies que l'on fait maintenant réunissent, à un
haut degré, la beauté et l'utilité. En Europe et en Amérique,
on fait les manches en ivoire ou en bois dur et léger ; ils sont
quelquefois ornés d'argent, et la monture est recouverte de
soie, d'alpaga, etc. En Orient, ils sont faits de bambou et on les
recouvre de papier verni. On nous représente les princes
d'Arabie revenant du spectacle avec une nombreuse escorte de
soldats et de courtisans ; à côté de chacun d'eux on portait un
grand parapluie; quelques-uns de ces parapluies étaient si
grands qu'il fallait plusieurs personnes pour en porter un.
D'a])ord les parapluies ne paraissaient que dans les vesti-
bules des maisons des grands personnages ; on les tenait au-
dessus de leur tète lorsqu'ils montaient en voiture.
N'est-ce pas charmant de penser que si nous sommes for-
cées de sortir paf un temps de pluie, nous pouvons nous abri-
ter sous un parapluie. Si nous avons oublié d'en prendre un,
(1) Parapluie se dit en anglais umbreUa.
(2) Jonas Hanway, philanthrope, né à Portsmouth , 17Î--1786.
Fondateur de la Société de marine anglaise, des Écoles du Dimanche,
d'une Maison de refuge pour les fdles repenties, des Assurances
îontre les incendies. {Xole du Traducteur.)
(3) Squaw et pappoose, mots employés par les Indiens de l'Amé-
rique septentrionale pour désigner leur- femme et leur enfant.
{Note du Traducteur )
NÂRRATiONS ET FICTIONS. 271
({uelqu'un de nos amis nous offrira galamment de partager le
sien.
Nous trouvons quelquefois que le parapluie est un grand
embarras ; par exemple lorsque nous partons pour l'école le
matin et (|ue le ciel est couvert de nuages qui annoncent
la pluie, maman nous dit : « N'oublie pas ton parapluie » ;
nous nous hâtons d'aller étudier, et nous oublions les nuages
jusqu'au moment où il est l'heure de retourner à la maison;
alors nous voyons que le soleil brille dans tout son éclat.
Nous saisissons avec impatience le parapluie « ce vieux
meuble inutile » et nous n'avons plus aucune reconnaissance
pour celui qui l'a inventé.
Les parapluies disparaissent quelquefois de l'endroit où on
les met, et rien ne nous irrite plus que de ne pas trouver
notre parapluie lorsque nous allons le chercher dans un pres-
sant besoin. On se souviendra toujours des reproches faits par
M'"^ Candie à son mari, qui avait prêté son parapluie à un de
ses amis ; et beaucoup d'autres maîtresses de maison se sont
trouvées dans le même cas.
11 y a des hommes qui sont renommés pour perdre leur para-
pluie ou bien pour échanger leur vieux parapluie tout disloqué
contre un neuf. C'est assez pour vous faire perdre patience, quel-
que aimable que l'on soit, de voir son mari sortir le matin avec un
parapluie en soie ou en alpaga tout neuf, et de le voir revenir
à nnd'i ou le soir avec un vieux parapluie de coton dont toutes
les baleines sont brisées, et de l'entendre s'excuser en disant :
< J'en suis bien fâché, ma chère amie, mais j'avais laissé mon
parapluie dans le coin, et lorsque j'ai voulu le reprendre voilà
tout ce que j'ai trouvé. x>
Fannie E.
York (Pennsylvanie).
14. — LE JOUR DE DÉMÉNAGEMENT.
(l'* année.)
Oh î qui dira les ennuis du jour de déménagement? Beaucoup
de personnes ont essayé de les décrire, mais il y en a bien peu
qui leur aient fait ample justice.
Le jour de déménagement commence à se faire sentir dès le
1" avril. Ce n'est pas la fête qui commence ce jour-là, mais on
272 HIGH SCHOOLS.
commence à faire les préparatifs pom' la célébrer. Les enfants
sont ordinairement les premiers qui s'aperçoivent de l'approche
du grand jour ; car lorsqu'ils reviennent de l'école fatigués et
affamés, la servante les gronde et leur dit que maman est allée
à la recherche d'une maison.
Depuis ce jour jusqu'au moment oîi on a trouvé une maison,
le désordre règne dans la famille. Les repas sont mal préparés
et mal servis, les enfants sont déguenillés et de mauvaise hu-
meur, et la famille n"est rien moins que « Home ! home, s\veet
home » (1).
Lorsqu'on a trouvé une maison, tout va bien jusqu'au départ
des (( anciens locataires ». Alors commence le nettoyage. Peu
importe le nombre de maisons qu'une femme ait nettoyées
dans sa vie, elle estime toujours que chacune d'elles est « la
plus sale qu'elle ait jamais vue ».
Enfin arrive le 1^'' mai. Le ciel sait que c'est le jour de dé-
ménagement et cette pensée lui donne un air de tristesse et lui
fait verser d'abondantes larmes. Les enfants sont obligés de se
lever de grand matin; on déjeune quatre à quatre; les enfants,
à leur grande joie, sont envoyés à l'école vers 7 heures, et
c'est alors que commence la fête.
Les bois de lits sont démontés brusquement, les lapis sont
levés, et tous les objets sont dérangés le plus possible.
Les hommes de corvée promettent toujours d'arriver avant
7 heures et demie, et ils narrivent jamais qu'après 9 heures.
A ce moment, tout le monde dans la maison a dépensé toute
sa patience, les paroles vives et les querelles sont à Tordre du
jour.
Lorsque les hommes de corvée arrivent, il faut que tout
parte. Ils chargent sur la charrette le canapé du salon à côté
du poêle de la cuisine et d'un baril plein de vaisselle. Les bois
de lils et le bois pour le poêle sont chargés sur un camion, et
on les laisse tomber deux ou trois fois dans la boue avant d'tu^-
river à destination. « Tout se fait avec ordre, célérité et pro-
preté. » Les hommes de corvée sont connus pour leur « pro-
preté ».
Pendant quarante jours et quarante nuits, la famille vit de
peu ou de rien, et dort sur le plancher. Il n'y a qu'une brosse
et qu'un lit pour tout le monde, et chacun n'a qu'un vêtement.
A la lin de cette période Tordre commence à sortir du chaos,
{{) Voir plus loin la note du devoir 33.
NARRATIONS ET FICTIONS. 273
et chaque chose reprend sa place. On peut dire à quelle époque
commence le jour de déménagement, mais il semble qu'il n'ait
jamais de fin.
Plusieurs années après cette époque mémorable, nous regret-
tons encore le charmant vase qui a été cassé ou bien les livres
de prix qui ont été perdus.
RosA C.
Age : seize ans.
Mihvaukee (Wisconsin).
15. — LE JOUR DE DÉMÉNAGEMENT.
(F* année.)
Le jour de déménagement est un événement de la saison.
Vous en avez connaissance tout à coup, de grand malin, le
1" mai ou vers cette époque. Si vous ne devez pas aider, on
vous expédie sans déjeuner ; si vous devez aider, idem.
Tout contribue à augmenter votre confusion; on vous dit de
faire ceci, cela et le reste. Le « chef » de la maison, qui est
ordinairement une femme, donne une demi-douzaine d'ordres
à la fois.
Vous finissez par saisir une glace et, après avoir renversé
deux ou trois chaises sur le tapis, vous la remettez au camion-
neur, qui a l'air d'un individu endormi.
Aussitôt, vous recevez l'ordre d'enlever le tapis. Vous prenez
un marteau et vous enlevez tranquillement le premier clou.
Vous pensez qu'il y a des gens qui en font toute une affaire.
Vous enlevez un second clou très-facilement pensez-vous, et au
bout d'une demi-heure vous avez enlevé douze ou treize clous.
Alors vous vous mettez à travailler plus vite. Mais si vous
voulez aller plus vite, les clous ne sont pas de cet avis et vous
vous mettez à frapper, à pousser et à tirer avec une vigueur
dont vous êtes le premier à vous étonner.
Les clous vous exaspèrent et vous essayez de les arracher
sans l'aide du marteau. Au bout du compte, après avoir dé-
chiré le tapis en maints endroits et vous être écorché les doigts,
vous l'abandonnez en éprouvant le plus profond dégoût pour
toute l'affaire.
Vous vous glissez dans un petit coin où vous passez le reste
18
^Ih IIIGII SCHOOLS.
de la journée. Le lendemain ressemble beaucoup au jour qui
Ta précédé. C'est la même confusion, le môme bruit. Vous vous
réveillez avec un appétit vorace. Vous jetez d'abord autour de
vous des regards égarés, puis tout à coup la mémoire vous re-
vient. Votre nouvel appartement exbale une odeur de peinture
qui vous donne mal à la tète.
Vous voulez aller faire une promenade, vous cherchez votre
chapeau el, au moment où vous désespériez de le trouver,
vous l'apercevez dans un baril de farine, dans un piteux état.
Mais vous ne vous laissez pas abattre.
Vous voulez prendre votre pardessus et, après de longues
recherches, vous le trouvez empaqueté avec des tuyaux de
poêle et du charbon.
Nous ne voulons pas parler des événements de ces deux
jours mémorables. Nous nous contenterons de dire que si, du
temps de Job, on avait connu le jour du déménagement, la pa-
tience du saint homme n'y aurait pas résisté.
Gevret D.
Age : quinze ans.
Mihvaukce (Wisconsin).
10. — LE MARCHÉ.
(3'' année.)
Aller au marché, c'est généralement aller dans une machine
qui écrase les pieds et les mains. Il est donc très-important de
ne pas se mettre à la portée du coude des personnes trop
vives. Il est aussi de la dernière utilité d'avoir les muscles du
bras très-solides, surtout lorsqu'il s'agit de porter un panier.
C'est dans ce grand forum de l'agriculture que nous pouvons le
mieux pratiquer toutes les vertus chrétiennes dont sont doués
les êtres spirituels. Par exemple, la vertu de patience, lorsque
la vieille dame de l'étalage ne voit pas très-clair, et qu'elle
nous fait attendre jusqu'à ce que le cœur même du chou que
nous achetons palpite d'impatience.
Puis vient la vertu de charité, que nous avons occasion dp
pratiquer lorsque le monsieur au nez crochu et en tablier blanc
nous fait payer des navets dix sous de plus que notre fruitier
ordinaire, sous prétexte que nous pouvons trouver des navets
NARRATIONS ET FICTIONS. 275
partout, mais que nous ne trouverons jamais une aussi bonne
occasion.
Puis vient la vertu d'amour, lorsque le cher petit garçon de
dix ans, avec un cigare à la bouche, marche sur la traîne de
votre robe, et fait décrire à votre colonne vertébrale une courbe
qui ressemble à l'arc-en-ciel. Un peu plus, et votre chignon
serait mis désagréablement en contact avec la tête du méchant
garnement.
Enfin vient la vertu de contentement, qu'il est très-difficile
de pratiquer dans un pareil lieu et dans un moment aussi cri-
tique. Il faudrait être de bonne composition pour éprouver du
contentement dans une place située au nord-ouest de la ville
et exposée à tous les vents, lorsqu'une forte brise souffle de ce
côté. On a beaucoup de peine à résister à la tentation de suivre
l'exemple des autres personnes qui se trouvent dans le même
embarras, et qui marchent à grands pas comme si elles étaient
les seules qui eussent à faire leur marché.
Dans ce lieu, il faut se soumettre à des épreuves qui vous
déchirent le cœur : voir rudoyer votre panier par le panier des
autres qui est plus grand que le vôtre, et qui, par conséquent,
abuse de sa force ; voir les œufs, dont chaque douzaine a
allégé notre bourse de dix sous, courir le plus grand danger,
sans que nous puissions leur porter secours. Vous vous aper-
cevez tout à coup que votre unique bouteille s'est débouchée,
et que le liquide qu'elle contenait sert à abattre la poussière,
remplaçant ainsi la voiture d'arrosage qui est absente.
Cependant on peut naturellement espérer qu'avant l'arrivée
du règne millénaire il nous sera possible d'installer dans notre
pays le marché d'Utopia. Alors chaque boutique aura une belle
salle de réception, où les acheteurs seront en sûreté et pourront
tranquillement attendre leur tour. Ils auront à leur disposition
les avantages réunis de la gare et du salon. Alors cessera l'in-
solence insupportable des pick-pockets. Chaque personne sera
escortée par un agent qui la protégera contre les bêtes féroces
de l'humanité. On n'aura plus à craindre le vent du nord-
ouest ni les coups de coude, car devant chaque personne mar-
chera un crieur qui criera le nom de quelque maladie conta-
gieuse, et qui engagera ainsi tout le monde à laisser la place
libre.
Quelques recommandations adressées à une personne qui
part pour le marché ne sont jamais hors de propos, surtout
lorsqu'elles lui sont adressées par sa mère ou par quelqu'un
276 HIGH SCHOOLS.
qui a autorité pour le faire. Quoiqu'elles nous soient très-fami-
lières, il ne serait pas inutile de les inscrire dans le livre de
compositions, qui est notre fidèle compagnon.
Ayez donc bien soin, lorsque vous allez au marché, d'emporter
deux grands paniers bien lourds. Ainsi nmnie de deux roues d'un
nouveau genre, vous pourrez fendre les flots de la foule comme
le steamer fend les flots de l'Océan. Lorsque vous serez arrivée
au marché, choisissez l'endroit où il y a le plus de monde.
Déposez à terre le panier quicontient le pain, les gâteaux et
les friandises, alin que quelqu'un marche dedans : il faut que
nous mangions tous un peu d'ordure^ dit-on. Placez le panier
contenant les pommes de terre et les autres fruits qui peuvent
rouler facilement, de telle sorte qu'il soit renversé par une
brouette, et alors vous aurez une occasion de montrer aux
spectateurs toutes vos connaissances en gymnastique calli-
sthénique (1).
Nous pourrions ajouter diverses autres recommandations.
Par exemple, lorsque vous arrivez dans une boutique qui est
déjà pleine d'acheteurs, plaignez-vous d'être obligée d'attendre
et allez-vous-en. Cela efl'rayera sans doute le marchand, et
vous lui apprendrez ainsi qu'il vaudrait mieux pour lui avoir
quelqu'un pour l'aider que de s'exposer à perdre ses meilleures
pratiques. Lorsque vous aurez parcouru le marché, si vous ne
trouvez pas ce que vous cherchez, vous reviendrez à. la pre-
mière boutique où vous attendrez avec tous les autres. Vous
ferez preuve par là de beaucoup de condescendance et d'une
grande magnanimité.
Mais je m'arrête, car il me faudrait plusieurs pages pour
exposer tous les conseils qui sont utiles aux personnes qui vont
au marché. Contentons-nous, en guise de consolation, de faire
la réflexion suivante : Il faut absolument que nous allions au
marché, il vaut donc mieux y aller de bonne grâce, car il faut
faire une chose bien ou ne pas s'en mêler.
LiLLiE Van A.
« Age : quinze ans.
Baltimore (Maryland). Eastern Female School.
(1) Genre de gymnastique en usage dans les écoles de filles, et qui
consiste principalement en mouvements gracieux.
(Note du Traducteur.)
NARUATIONS ET FICTIONS. 277
17. — JULIA BRUCE.
(9'^ année.)
La ville de Hartford (Connecticut; contient, entre autres
institutions intéressantes, un asile oîi l'on élève les sourds-
muets. Les bâtiments de cet asile sont spacieux et commo-
des; ils sont situés sur une hauteur, ce qui leur donne une
belle apparence. Parmi les pensionnaires de cet établissement,
il y en a une qui attire particulièrement l'attention des étran-
gers.
Elle est complètement sourde, muette et aveugle : elle s'ap-
pelle Julia Bruce, et elle est née aux environs de Lasile.
Ses parents, qui sont très-pauvres, avaient plusieurs enfants
plus jeunes qu'elle, et Julia leur rendait tous les petits services
que son malheureux état lui permettait de leur rendre.
Lorsqu'on entrait dans la mauvaise saison, elle s'agenouillait
de temps en temps sur le plancher de leur pauvre demeure
pour s'assurer que les autres enfants de la famille avaient des
bas et des souliers, tandis qu'elle n'en avait pas; et ce contraste
lui causait du chagrin.
Assise sur son petit billot, elle s'amusait à tresser de petites
bandes d'écorce avec les morceaux de cuir et de fil que son
père, qui était cordonnier, rejetait comme inutiles, et elle en
faisait des chapeaux et des collets pour son chat.
Sa mère confiait quelquefois les plus jeunes enfants à ses
soins. Une fois elle, s'aperçut que sa sœur avait brisé une
assiette, et voulant imiter ce qu'elle croyait que sa mère aurait
fait en pareille circonstance, elle frappa la coupable. Mais en
mettant sa main sur les yeux de l'enfant elle s'aperçut qu'elle
pleurait : alors elle la prit dans ses bras, et par ses douces
caresses elle parvint à la consoler. Enlin quelques personnes
charitables débarrassèrent ses parents du fardeau de son en-
tretien, et payèrent sa pension chez une vieille femme qui
tenait une école pour les petits enfants.
La principale occupation de Julia consistait à coudre et à
tricoter; elle avaiL appris à faire ces travaux lorsqu'elle était
toute jeune. Pour acheter sa garde-robe, elle vendit bien des
couvre-pieds de calicot très-bien faits et qui étaient l'ouvrage
de ses mains.
Les messieurs que la compassion ou la curiosité poussait à
278 mon sciiools.
aller la voir, s'amusaient quelquefois à lui donner leurs mon-
tres et à se faire rendre par elle chacun la leur. Chacun d'eux
changeait de place et essayait de prendre la montre qui ne lui
appartenait pas; mais quoiqu'elle en eût alors deux ou trois
dans la main, aucun d'eux ne pouvait, ni par ruse, ni par per-
suasion, lui faire donner une de ces montres à une personne
autre que celle de qui elle l'avait reçue.
Elle attira de plus en plus l'attention du puhlic, et elle entra
à l'asile dans l'été de 1825. Elle n'y fnt pas plutôt admise
(ju'elle s'occupa à explorer tranquillement la dimension des
appartements et la hauteur des escaliers; et maintenant elle ne
fait jamais un faux pas dans les escaliers, elle ne se trompe
jamais de porte, et elle prend toujours à tahle la place qui lui
est réservée.
Ialra K.
Age : quinze ans.
Sandusky (Ohio).
18. — MON RÊVE.
Sous l'influence sublime et solennelle du repos, pendant que
mon esprit gravissait en pleine liberté les hauts sommets de la
perambulation, il me sembla que je m'habillais pour paraître
pour la première fois sur l'estrade de Couller Opéra House,
et comme gradué de la High School d'Aurora.
Le premier contre-temps que j'éprouvai, ce fut de voir que
mon pantalon était de trois pouces trop long, que les faux plis
se voyaient, que je ne pouvais pas cirer mes bottes qui étaient
neuves , que je ne pouvais pas lisser mes cheveux, que les
manches de mon habit, qui étaient trop longues, cachaient mes
manchettes, et que rien n'allait bien. Si le respect pour le
Maître ne m'avait pas retenu, j'aurais tout abandonné.
Lorsque les autres élèves m'appelèrent, je les lis attendre
près de quinze minutes, de sorte que lorsque nous fûmes tous
prêts, nous étions d'une demi-heure en retard. Comme nous
étions tous assis sur l'estrade, il semblait que le succès de
toute l'alTaire dépendit entièrement de moi. J'avais travaillé
beaucoup pour écrire et pour apprendre mon Essai, et je pen-
sais que si je pouvais seulement lé débiter bien, j'emporterais
le ruban bleu. Mais il faisait si froid! Dans mon empressement
à m'habiller, j'avais laissé mon manuscrit à la maison, et je
NARRATIONS ET FICTIONS. ' 279
n'y pensai qu'au moment où on annonça : « Frank Thatcher,
Déclamation sur VImmigration » (I).
La pensée de l'avoir ouhlié me perça comme une flèche.
J'étais là, et il n'y avait pas moyen d'en sortir. Je me levai
donc à contre-cœur, je fis mon plus beau salut et je restai
muet, cherchant mon commencement. Je regardai l'assemblée,
je regardai le plafond, je mis mes mains dans mes poches, je
me touchai le front, mais je ne pus pas trouver ce commence-
ment. Je me disposais à quitter l'estrade, lorsque j'ouvris tout
à fait les yeux, et je vis maman qui, une cuiller à pot pleine
d'eau d'une main, et me secouant de l'autre, me demandait si
j'allais me lever.
0 vous tous t{ui voulez prendre vos grades, que ceci vous
serve de leçon!
Frank T.
Age : seize ans.
Aurora nilinoi:»
19. — MON RÊVE.
Par une chaude journée du mois d'août, j'étais assis dans un
jardin et je lisais. Je levai par hasard les yeux, et devinez qui
je vis... un homme qui avait environ dix pouces de haut. Je le
regardai, il me regarda, et dit : « Mon fils, veux-tu voir ce que
jamais homme n'a encore vu avant sa mort?» — « Je crois
bien! » répondis-je.
11 ne prononça que ce seul mot : « Suis-moi. i> Il leva une
pierre et découvrit une ouverture à peu près aussi grosse que
votre tête. Je me levai et j'entrai dans ce trou : je me sentis
tomber au milieu de ténèbres insondables. L'homme, ((ui di-
sait se nommer Rik, se tenait tout près de moi. Enfin, nous
atteignîmes une ouverture dans le cylindre le long duquel nous
avions glissé rapidement; je jetai les yeux autour de moi, et je
vis une lumière ardente. Mon guide fit entendre un bruit par-
ticulier, et aussitôt apparut une voiture traînée par quatre
dragons. Rik me dit de monter dans cette voiture : j'obéis, et
il me suivit. Prenant les rênes, il dirigea la voiture vers la
lumière. En approchant de l'endroit qui avait attiré notre
(1) Voyez plus loin deux dissertations sur le thème auquel il est
fait allusion ici.
i80 IIIGH SCHOOLS.
attention, jo vis que c'était un trou plein de feu et de gens qui
avaient jadis vécu sur la terre. J'y vis mitonner, bouillir, se
débattre et se tordre des personnes que je connaissais : le pré-
dicateur II. -W. Beecher, Théodore Stilton, 31. Story, et un
homme qui avait été mon maître d'école autrefois. Je ne l'eus
pas plus tôt reconnu, que je devinai que nous étions dans l'Enfer.
On m'avait dit que le centre de la terre était creax, mais je
voyais maintenant que c'était une erreur. Je demandai à Rik
ce qu'il y avait encore à voir. Il me répondit : « Regarde ceci
pendant quinze minutes et ensuite lu descendras, tu verras, et
tu toucheras ce que tu voudras. Nul homme n'est retourné sur
terre après avoir vu ce spectacle, et tu n'y retourneras pas
non plus. » Quelques minutes s'écoulèrent, je pensai à tout le
mal que j'avais jamais fait, mais je résolus de mourh' eu brave.
J'attendis une occasion favorable. []n des dragons se cabra,
mon guide se pencha pour assurer les rênes : c'était le moment
favorable.
Saisissant Rik autour de la taille, je le lançai loin de la
voiture, je pris les rêiies et je remontai. Quoiqu'il n'eût pas
d'ailes, il me suivit, et il se jeta sur moi au moment môme où
j'atteignais l'air extérieur.
Je m'éveillai, et je m'aperçus que ce n'était qu'un rêve :
c'était Cruiser, mon chien favori, qui m'avait réveillé en se
jetant sur moi.
Otis C.
Age : quinze ans.
Aiirora (Illinois).
20. — MON RÊVE.
Par une douce soirée d'été, j'étais assise dans le jardin; je
m'endormis et je lis le rêve suivant :
Je revis les circonstances de notre vie d'école, et il me
sembla que je recommençais cette vie. Il me semblait que
les mêmes maîtres et les mêmes élèves étaient à leurs places
ordinaires. Les objets de la salle occupent d'abord la place
qu'ils avaient l'habitude d'occuper. Voilà dans le coin le vieux
poêle tout rouillé et tout délabré ; on en a étayé la porte avec
le tisonnier. Derrière lui est le bûcher que les garçons rem-
plissaient à tour de rôle. La tribune, le pupitre du maître
LITTÉRATURE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. 281
derrière lequel il s'asseyait grave et solennel, et le maître
lui-même tel qu'il était : les rangées de pupitres tous taillés
•;t abîmés par les mains des petits êtres destructeurs, qui
jouaient de si bons tours au maître qui ne se doutait de rien.
Ce maître, qui était myope et un peu sourd, n'était pas si
prom[)t que ceux qui l'ont remplacé à découvrir les petits lutins.
11 me semblait les voir tous assis comme nous l'étions un jour
lorsque, au moment où le silence \enait de s'établir dans la
salle, quelqu'un poussa du dehors le cri de : « au feu! » Le
maitre n'entendant pas ce cri, frappe du pied et se met en
colère en voyant le tumulte causé par les élèves qui se préci-
pitent tous vers la porte.
Enfin, quelqu'un lui apprend que le feu est à la maison.
Alors, au comble de la frayeur, il se met à emporter les livres
t't les papiers, pendant que les élèves se tordent de rire. Enfin
après avoir emporté tout ce qui avait quelque valeur, il de-
mande avec le plus grand calme oîi est le feu, et un écolier
lui répond innocemment qu'il n'en sait rien, qu'il n'y a pas
de feu. Le pauvre homme! il s'aperçoit alors qu'il s'est donné
beaucoup de mal pour rien, car tout cela était un coup monté
pour avoir congé l'après-midi. Mais lorsqu'il découvrit le tour,
il nous força tous à remettre les choses en place. Si nous
eûmes congé cette après-midi, nous n'en eûmes pas moins une
forte besogne à faire.
Je m'éveillai juste au moment où l'on finissait de remettre
tout en ordre. Mon rêve était un souvenir d'un temps qui est
bien loin, et je me rendormis en pensant à mes jours d'enfance.
Jessie L.
Age : quinze ans.
Aurora ( Illinois i.
IV. — Littérature et liistoirc littéraire.
1. — DE LA L1TTÉR.\TURE AMÉRICAINE.
1. Définissez la littérature américaine.
Rép. — La littérature américaine est cette littérature écrite-
en anglais sur le sol américain.
282 mon sciiools.
2. Quel était le caractère de cette littérature avant la Révo-
lution ?
Hép. — La littérature antérieure à la Révolution n'était pas
aussi purement américaine que celle qui l'a suivie. Les écri-
vains avaient reçu leur éducation en Europe, et leurs écrits
ressentaient l'influence de leur éducation.
On envoyait les écrits en Angleterre pour les faire imprimer.
La première presse à imprimer fut installée chez le })résident
de Harvard Collège, Cambridge, en 1639. Le premier livre
imprimé en Amérique fut le Bat/ Psalm Hook,m 1640.
Quelques-uns des principaux écrivains de cette époque
furent Colton Malher et le président Edward, dont l'ouvrage
Sur la Volonté n'a jamais été surpassé.
3. Faites un court exposé de la vie et des écrits de AVasliington
Irving.
Rép. — Washington Irving naquit à New York en 1783 et
mourut en 1851.
Son nom est un des plus chers et des plus illustres dans les
annales de la littérature américaine. 11 s'est illustré comme
historien, comme auteur de contes et d'esquisses. Il étudia le
droit, mais il l'abandonna pour entrer dans les affaires avec
son frère. Il voyagea en Europe. A son retour il publia la vie de
Washington, la vie de Goldsmith et Bracebridge Hall. C'est un
des auteurs les plus populaires d'Amérique. Son style plaît et
captive. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, c'est d'être
quelquefois trop ditfus.
4-. Longfellow.
Rép. — Henry W. Longfellow naquit à Portland dans le
Maine en 1807.
Les savants et les ignorants, le critique et le lecteur qui ne
lit que pour son plaisir, s'accordent à reconnaître Longfellow
comme le plus grand poëte de l'Amérique. Il serait notre
<( poète lauréat (1) américain » si celte noble fonction existait.
Il prit ses grades universitaires à Harvard Collège en 1825. Il
fut nommé professeur de langues modernes à ce collège. Avant
d'occuper cette place, il voyagea en Europe. Depuis 1854, il a
consacré tout son temps à la littérature. Son premier grand
poème (ai EvangeUne, suivi de Coartskip of Miles Standish et
de Hiaivatha.
(I) Titre du poiHc officiel de la cour en Angleterre. Cette place
est occupée actuellement par Alfred Teiinyson. {Xote du Traducteur.)
LITTÉRATURE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. 283
Dans ses écrits, Longfellow traite des sujets qui tiennent le
milieu entre la vie ordinaire et les hauteurs de l'idéal. Il s'y
montre plaintif et résigné. Le seul reproche qu'on pourrait
leur faire, c'est qu'il ne s'y trouve pas assez de véritahles
« passions en action ». Les grands poëmes de Longfellow sont
d'un mérite très-inégal, et tout le monde pense que la postérité
admirera surtout ses petits poëmes d'une beauté exquise et
qui parlent à tous les cœurs. Le professeur Longfellow est
aussi célèbre comme traducteur. Ses traductions de l'espagnol,
du français et de l'italien sont aussi parfaites que le permet le
génie de la langue anglaise.
5. Whittier.
Bép. — J.-G. ^Vhittier naquit à Ilaverhill (Massachusetts) en
1808. C'est notre plus grand poëte lyrique, c'est aussi, à l'excep-
tion de Bryant, celui qui est le plus complètement .\méricain
dans tous ses écrits. On l'a souvent appelé notre poëte quaker,
parce qu'il vit avec les Amis (1). Les quakers lui ont commu-
niqué leur amour pour la liberté. Beaucoup de ses poëmes
ont été écrits pendant la guerre contre l'Esclavage. Il est du
petit nombre de ceux qui oi^ vécu assez longtemps pour
voir l'accomplissement de leurs désirs sans cependant perdre
le sentiment de la reconnaissance. Ses écrits sont purement
américains, et tout le monde les lit avec plaisir.
6. Bavard Taylor.
Rép. — Bayard Taylor naquit en 1825 à Kennet square,
comté de Chester (Pensylvanie). Il s'est illustré comme voya-
geur, auteur de récits de voyages, poëte et traducteur en vers.
C'est en Europe qu'il fit ses premiers voyages. Il voyageait à
pied, la bourse aussi légère que le cœur. Son premier livre fut.
appelé « Euris à pied ». Ce sont ses poëmes qui feront passer
son nom à la postérité. C'est surtout sa traduction du Faust de
Gœthe qui lui a valu sa réputation de traducteur en vers. Il
faut bien connaître l'original pour apprécier toute la difficulté
d'une pareillle entreprise. La traduction a pleinement satisfait
les .\méricains, les Anglais et les Allemands.
7. Harriet Beecher Stowe.
Bép. — Harriet Beecher Stowe naquit en 1812. C'est le
membre le plus illustre de la famille Beecher, et c'est le plus
grand des romanciers vivants. Son grand ouvrage « Uncle
(1) Les quakers s'appellent « la Société des Amis ».
{yote du Traducteur.)
284 IIIGII SCHOOLS.
Tom's Cabin » (1) parut en 185^. Les annales de la littérature
ne fournissent pas d'exemple d'un ouvrage qui ait eu autant
de succès. On en vendit plus de neuf millions d'exemplaires en
neuf mois. Il a été traduit dans toutes les langues modernes, et
même dans celles de la Chine et du Japon. Ce livre ne doit pas
seulement son succès au plaidoyer qu'il contient en faveur de
l'abolition de l'esclavage, car cette qualité qui plairait aux uns
déplairait aux autres. Madame Beecher Stowe est une femme
de génie. Aucun conteur ne l'a surpassée. Elle est célèbre pour
son talent descriptif. Dans ses œuvres, les caractères ressortent
comme les contours dans les tableaux de maîtres.
8. Dans quelle partie de la littérature Lowell est-il supérieur?
Rép. — Lowell est supérieur comme poëtc, comme essayist
et comme critique. Comme poète il a écrit Vnder the irillows (:2).
Comme essayist il est l'auteur de Among mij books et de My
study ivindow (3). Il est très-illustre comme critique : on
trouve chez lui une érudition profonde et variée unie à beau-
coup de synq)athie pour l'auteur et pour le livre qu'il critique.
9. Que peut-on dire du journalisme aux États-Unis'/
Rép. — L'Amérique est la patrie du journalisme. M. Bennettlui
a donné une nouvelle impulsion, en y introduisant des change-
ments importants et en y faisant de nouvelles additions. Grâce
à lui, le principal but de la presse fut de se procurer des nou-
velles. Elle eut des correspondants en Europe, et publia ce
qu'on appelle « money-articles ».
10. — Comparez Prescott et lîancroft comme historiens.
Rép. — Prescott (i) est le plus grand historien d'Amérique
qui ait écrit sur l'histoire des pays étrangers.
Bancroft (5) est le plus grand historien (juiait écrit sur notre
histoire d'Amérique.
Ella 15.
Lewisburg, comté tle l'Union (i»ennsylvuniei.
(1) La Case de V oncle Tom. On sait que le héros de cet émouvant
récit vient de parcourir l'Angleterre sous le nom de Ilévérend Josiah
Henson. (Xote du Traducteur.)
(2) Sous les saules.
(3) Au milieu de mes livres; la Fenêtre de mon cabinet.
(4) Auteur d'ouvrages sur la conquête du Mexique et du Pérou, sur
le règne de Ferdinand et d'Isabelle d'Espagne.
(5) Auteur d'une Histoire générale des Colonies anglaises d'Amé-
rique, et d'une Histoire de la guerre de l'Indépendance.
{Notes du Traducteur.)
LITTÉRATURE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. :285
2. — LES SCIEN'CES CONTRE LES CLASSIQUES.
Plan de la dissertation : Introduction. — Progrès de la civilisation.
Discussion :
Mérite comparatif des classiques et des sciences.
Par rapport aux classes laborieuses.
Par rapport au progrès général.
Besoin d'un nouveau système d'éducation.
Besoins du siècle actuel.
Conchision :
Par rapport à la culture intellectuelle.
Par rapport à la religion.
Par rapport à la superstition.
(Développement.)
Les sciences sont les interprètes de la nature. L'étude des
sciences a pour objet de prouver que la nature n'est que la
« pensée de Dieu » ; que les opérations des lois naturelles ne
sont que les opérations d'une main divine ; le plan d'un Père
sage et bon pour satisfaire les besoins de la famille humaine.
Les révélations des sciences ont conduit à des recherches dont
on peut voir le résultat dans la civilisation du siècle actuel.
1^'ignorance et la superstition disparaissent. Le développement
intellectuel s'est répandu si rapidement, que les masses elles-
mêmes sont familiarisées avec des lois scientifiques qui, il y a
cent ans, n'étaient connues que d'un petit nombre de per-
sonnes.
Grâce à leurs institutions scientifiques, les États-Unis se
sont placés à la tète de toutes les nations amies du progrès.
Mais si le peuple des États-Unis veut continuer à progresser, il
faut qu'il maintienne ce système d'éducation qui l'a fait ce
qu'il est, et qu'il ne laisse pas déraciner et supplanter l'étude
des sciences par l'étude des classiques.
L'étude des sciences n'implique pas la négligence de la
langue. Nous devons beaucoup aux études classiques, qui nous
ont révélé l'histoire des siècles passés et nous ont donné tant
de chefs-d'œuvre en poésie, en sculpture et en peinture.
Mais la langue n'est que l'image de la pensée, l'ombre du
i286 niGH SCHOOLS.
réel, la persoiinilicalion de l'ânie. Quand même toutes les
langues seraient anéanties, les sciences nous parleraient encore
par la voix de l'orage, par les soupirs du puissant océan, par
l'harmonie des sphères, par le silence majestueux de la crois-
sance et de la décadence.
La science traite des faits et non des formes. Les sciences
sont aujourd'hui ce qu'elles étaient hier et ce qu'elles seront
demain; la langue change avec les occupations et les habitudes
de l'homme. Quoique la correction de la langue soit nécessaire
pour exprimer la pensée, elle ne sert que de marche-pied pour
atteindre quelque chose de plus élevé. Il ne faut pas se rendre
esclave de la forme.
Cette question a une très-grande importance pour les classes
laborieuses, car le pain quotidien de l'ouvrier dépend de ses
connaissances scientifiques.
Le travailleur paye ses impôts avec .joie pour que son enfant
reçoive l'instruction dont il a besoin pour pouvoir gagner sa
vie par le travail. 11 sait qu'ignorance est synonyme de pau-
vreté, tandis que science est synonyme de bien-être.
Mais si l'enfant, après avoir perdu son temps à étudier les
classiques, ignore la vie pratique de notre siècle, ce sacrifice
de temps et d'argent devient inutile.
Puisque nous vivons dans un siècle de sciences et d'inven-
tions, l'étude des classiques doit nécessairement cesser. Ce
qui est vieux doit toujours faire place à ce qui est nouveau.
Le latin et le grec servent à nommer les éléments scienti-
fiques; mais leur mission s'arrête là. Les écrits d'Horace,
d'Homère et de Virgile ne construiront jamais un chemin de
fer et ne perceront jamais une montagne. Ils ne nourriront
jamais ceux qui ont faim, ils ne donneront jamais d'ouvrage à
ceux qui en demandent.
Les classiques sont limités, tandis que les sciences sont
illimitées. A chaque instant de nouvelles découvertes révè-
lent de nouvelles sources de richesse que Thonnue peut em-
ployer pour économiser ses efforts ou pour faciliter le travail
des machines.
Si, grâce aux sciences, nous avons pu enchaîner la foudre et
lui faire porter nos messages, si nous avons pu utiliser la force
et la puissance de la vapeur et la transformer en un coursier
docile qui transporte nos marchandises, si nous avons pu forcer
la terre à nous fournir la chaleur et la lumière dont nous avons
LITTÉRATURE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. ^87
})esoin pour notre bien-être, qui peut prévoir les futures décou-
vertes des sciences?
La classe laborieuse forme la majeure partie de notre po-
pulation et c'est surtout en vue de lui être utile que nos écoles
publiques ont été instituées. Les membres de cette classe ont
besoin d'une éducation libérale et scientifique pour chasser la
superstition, pour pouvoir comprendre les œuvres qui les en-
tourent et y prendre part, pour se rapprocher davantage des
classes supérieures. L'éducation classique est inutile à un
homme qui gagne sa vie en travaillant à un métier.
C'est la physique et la connaissance intime des lois de la
mécanique qui a donné au monde le télégraphe. >»'i l'élégante
simplicité des Odes d'Horace, ni les vers sublimes de VOdyssée
d'Homère n'auraient pu sonder l'océan pour 3Iorse, et tracer
un chemin de fer pour Stephenson.
Sur douze élèves qui suivent la même classe, il n'y en a pas
plus d'un qui embrassera une profession libérale; presque tous
seront forcés d'adopter la vie pratique des affaires. C'est donc
à l'éducation scientifique qu'il faut donner la préférence.
D'un autre côté, on a prétendu que l'éducation classique
était nécessaire au développement de la culture intellectuelle.
Si l'étude de l'œuvre d'un homme développe l'intelligence,
l'étude des œuvres bien plus sublimes et bien plus belles du
Créateur ne doit-elle pas produire ce résultat d'une manière
indniment plus sûre. Puisque l'art n'est que l'imitation de la
nature, comment peut-il se faire qu'une œuvre d'art, quelle
qu'elle soit, soit aussi digne d'admiration et d'étude que son
original?
On prétend aussi que les sciences sont en conflit avec ia re-
ligion. L'étude des sciences conduit infailliblement à cette
conviction qu'il y a un Être suprême (1). La chimie et l'astro-
nomie nous enseignent que la môme main qui rassemble les
atomes, guide et dirige les mouvements des planètes. Si les
sciences sont en conflit avec la religion, c'est la religion qui
est coupable et qui se met en conflit avec Dieu.
Les sciences sont les plus grandes ennemies de la supersti-
tion. L'ignorance des sciences faisait que les anciens regar-
daient les planètes avec une crainte superstitieuse; le moindre
([) « It is triie, tliat a little philosophy inclinelh man's mind to
atheism; but depth in philosophy bringeth men's minds about to
religion, u Bacon's Essays (Of Atheismi. (Xote du Traducteur.)
288 HIGII SCIIOOLS.
phénomène naturel était pour eux un bon ou un mauvais pré-
sage. Ils regardaient une éclipse comme un signe de la colère
de Dieu et ils croyaient que la lune rendait lunatiques ceux qui
erraient sous ses rayons. Cette croyance subsisterait encore,
au grand détriment des jeunes amants, si la science n'avait
pas expliqué les mouvements des planètes et rendu compte de
tous les changewKMîts naturels.
Partout où lleurissent les sciences, la superstition disparaît.
Les sciences ouvrent à tous le livre de la nature, et de la na-
ture elles élèvent l'àme au Dieu de la nature.
AViLLIE P.
Auroru (Illinois).
3. — QUESTION SUR LA LITTÉRATURE ANGLAISE.
Comparez notre littérature anglaise à un jardin de fleurs,
et dites quel poète serait représenté par la sensitive.
Portsnioutli (Ohio).
E^^ercices oratoires co public.
I . — LA VAPEUR ET SON UTILITE.
La vapeur, qui est indubitablement la plus importante de
toutes les forces motrices, est, d'après la physique, de l'eau
sous une forme gazeuse. On la produit très-simplement en
chauffant de l'eau jusqu'à un certain degré, qu'on appelle le
degré d'ébullition. Le gaz ainsi produit est doué d'une grande
élasticité, il occupe dix-sept cents fois l'espace de l'eau et il
est capable de déplacer l'atmosphère. Voilà ce que l'on connaît
sous le nom de vapeur. Lorsque l'on fait bouillir de l'eau dans
un vase découvert, la température de l'eau, ni celle de la va-
peur qui se forme ainsi, ne dépassent jamais le degré d'ébulli-
tion, quelle que soit la chaleur du feu. Mais il n'en est pas de
même lorsque la vapeur n'est plus en contact avec l'eau, car
alors on peut la chauffer indéfiniment; aussi il est extrêmement
EXERCICES ORATOIRES EN PUBLIC. 289
dangereux de continuer de chauffer un vase d'où la vapeur ne
peut pas s'échapper; caria force d'expansion devient bientôt telle
qu'aucun vase ne peut y résister.
Le premier qui découvrit la force de la vapeur et l'appliqua
à différents objets fut James Watt, ce grand savant qui s'est
fait un nom en inventant la machine à vapeur, dont l'usage
est si répandu aujourd'hui. Dès son enfance, il témoigna beau-
coup de goût pour les inventions mécaniques. C'est en réflé-
chissant sur la bouilloire à thé et en comptant les gouttes d'eau
formées par la vapeur qui se condensait en sortant du tuyau,
qu'il conçut la grande idée d'employer la vapeur comme force
motrice. Ainsi donc ce n'est pas sans justice que la voix popu-
laire l'a proclamé « l'inventeur de la machine à vapeur » ; et
les honneurs rendus à sa mémoire semblent avoir été mérités
par les avantages immenses que son esprit inventif a procurés
à la race humaine.
Comme la vapeur est devenue la plus importante des forces
motrices, les propriétés sur lesquelles repose son action de-
mandent à être considérées avec soin, car les différents objets
auxquels on l'applique sont très-nombreux. Comme force ini-
tiale, elle e^t bien supérieure au vent et à l'eau ; car, comme
elle est indépendante de la tempéralure, on peut s'en servir
en tout lieu.
Une des premières applications que l'on ait faites de la vapeur,
ce fut de l'employer à la locomotion. On projeta d'abord de
faire circuler sur les routes ordinaires des voitures à vapeur,
dont chacune recevrait des voyageurs et porterait avec elle la
vapeur nécessaire pour la faire marcher. On exécuta en partie
ce projet, mais le succès ne répondit pas à l'attente, et on finit
par l'abandonner. Mais aujourd'hui, dans toutes les parties du
monde civilisé, la vapeur est employée comme moyen de loco-
motion, et nous voyons journellement de grandes machines
traîner d'immenses convois de bagages et de marchandises, et
transporter les voyageurs en tous lieux, non pas sur les routes
ordinaires, mais sur des routes construites spécialement à cet
effet.
D'un autre côté, c'est à l'aide de la vapeur qu'on fait mou-
voir le marteau de forge, qui a contribué indubitablement plus
que toute autre invention mécanique au développement des res-
sources merveilleuses du commerce du fer, et dont l'usage est
fort répandu dans nos forges. Allez visiter quelque grand éta-
blissement manufacturier et vous verrez ces marteaux im-
19
290 IIIGII SCIIOOLS.
meiises, dont le poids est de plusieurs tonnes (1), s'élever et
s'abaisser régulièrement, et aplatir le fer sous leurs coups
formidables. 11 paraît à peine possible qu'on puisse les faire
agir avec une si petite quanlité de vapeur; mais les masses de
fer travaillé que nous voyons à nos pieds en sont une preuve
irrécusable.
Lorsque la vapeur fut connue comme force motrice, on ne
tarda pas à l'appliquer à la navigation, et on s'en sert aujour-
d'hui pour faire naviguer les steam-boats (2) sur les mers,
sur les lacs, et sur les fleuves navigables.
C'est à Robert Fulton, dont le génie a fait nailre ces flottes
mues par la vapeur que nous voyons aujourd'hui, que revient
l'honneur d'avoir le premier démontré l'utilité pratique de la
va})eur ainsi employée. 11 a modifié tout le système de la navi-
gation, et c'est grâce à lui que les marins peuvent se jouer des
vents et des flots. De bonne heure, il songea à employer la va-
peur comme force motrice pour les vaisseaux ; c'est lui qui fit
construire, à ]New York le premier steam-boat, appelé le Cler-
mont, et qui fit véritablement la première traversée heureuse
de New York à Albany sur le fleuve Hudson : son navire fit
110 milles en vingt-quatre heures, en remontant le courant
avec le vent contraire. Cet exploit excita une admiration uni-
verselle et, à partir de ce moment, les steam-boats se sont ra-
pidement multipliés dans les eaux des États-Unis et dans tout
le monde civilisé.
L'invention de Fulton est partout en usage, et aujourd'hui
des vaisseaux bien plus grands et bien plus forts que ceux
d'autrefois se rendent dans toutes les parties du monde au
moyen de la vapeur. Cet agent puissant est devenu aujour-
d'hui d'une application presque universelle; et le travail le
plus délicat, qui exige le taraud le plus fin ou la vis la plus
puissante, et pour lequel les cyclopes dont parle la fable n'au-
raient pas eu trop de toute leur force, peut être exécuté par
l'homme ingénieux aidé de cet agent simple et merveilleux.
Songeons un instant à la force (|ui, d'un vase, contenant à
peine assez d'eau pour étancher notre soif dans un jour d'été,
fait un agent capable de mettre en mouvement le navire de
guerre le plus puissant, et nous ne pourrons manquer de nous
(1) La tonne américaine (ton) vaut 20 quintaux ou 1015 kilogr
(2) Liltér.ilement : bateaux à vapeur.
EXERCICES ORATOIRES EN PUBLIC. 291
sentir saisis d'admiration et de respect pour l'Être tout-puissant
qui permet que de telles choses existent.
John M. G.
Rcadiiisr (Pennsylvanie).
:2. — LES VIEILLES CHOSES ONT PASSÉ.
Tout ce qui existe a éprouvé quelque changement. Au point
de vue physique, aucun ohjet n'est exactement aujourd'hui ce
qu'il était hier. La terre immense sur sa hase adamantine
éprouve transformation sur transformation. Ni mon esprit, ni le
vôtre, mes chers auditeurs, ne peuvent comprendre ces trans-
formations, mais nous ne pouvons douter qu'elles ne s'opèrent
d'une manière constante.
Les forces puissantes de la nature ne cessent jamais d'agir,
elles sont toujours en travail ; quelquefois leurs efforts sont
convulsifs et instantanés, le plus souvent ils sont silencieux et
invisibles. Le volcan et le tremblement de terre élèvent ou sub-
mergent un continent en un instant, l'insecte qui forme le corail
et l'Océan produisent le même elTet dans l'espace d'une période
géologique. Cette terre que nous foulons sous nos pieds était
jadis une masse en fusion : aujourd'hui elle est propre à servir
d'habitation à l'homme. Pendant la période de transition, des
oiseaux immenses trempaient leurs ailes dans sa fange et de
monstrueux serpents se cachaient dans l'ombre de ses forêts
préadamites. Les restes fossiles qui subsistent encore prouvent
cette vérité et nous montrent que la transformation perpé-
tuelle est la loi de la nature. Qui osera parler des transitions
qui s'opèrent dans les myriades de mondes qui nous entourent?
Sous entendons souvent parler de météores ayant l'apparence
de pierres qui descendent sur notre terre, et nous voyons de
temps en temps des étoiles filantes traverser les régions sans
bornes de l'espace. D'où viennent-elles? ^se prouvent-elles pas
qu'il s'opère des transformations ailleurs que sur la terre? En
un mot tout ce à quoi nous [louvons penser ne prouve-t-il pas
le plus clairement possible que « les vieilles choses ont passé »,
nou-seulement sur la terre, mais dans tout l'espace. Supposer
le contraire serait vraiment aller contre la nature des choses,
cartons ces corps sont l'œuvre du même Être Suprême, ils
^292 HIGH SCHOOLS.
sont donc indubitablement soumis aux mêmes lois et par con-
séquent aux mêmes transformations.
Mais revenons à notre planète. A ne considérer la terre que
pendant sa période historique, que de transformations n'a-t-elle
pas éprouvées? Ne sont-elles pas bien marquées et bien signi-
licatives? Où est le fier Égyptien ({ui se vantait d'être le père
de la science et des arts? Où sont ces Mèdes et ces Perses
arrogants dont les décrets n'étaient jamais modifiés? Disparus,
avec tout leur orgueil et toute leur folie! Disparus, avec tout
leur mérite et toute leur faiblesse! Elles endroits qui les ont
connus jadis ne les connaîtront plus jamais. Le Grec versatile
et le Romain superbe eux-mêmes, dont les actes et les paroles
semblent si bien être d'hier, ne vivent plus que dans les écrits de
leurs hommes de génie.
Et même sans sortir de notre pays, où est le chasseur rouge
que nos pères ont vu parcourir fièrement les champs où s'élèvent
aujourd'hui de nobles cités, et qui, le soir, dans son sauvage
wigwam (1), au milieu de sa famille, écoutait ou faisait des
récits farouches de guerre et de sang? Disparu. Tout cela a
disparu : les puissants échos de la forêt ne retentissent plus
du cri de guerre des Indiens; on ne voit plus maintenant cir-
culer le calumet (2) annonçant que la guerre est finie et que la
paix triomphe.
Hélas non! on n'entend }dus retentir les pas de l'Honnne
Rouge; il a disparu, et une autre race cultive aujourd'hui les
champs paisibles ou i-emplit les villes connnerçantes où l'on
entend le bruit confus de mille industries. 11 est bien vrai que
(( les vieilles choses ont passé ».
Etle changement n'est-il pas une condition de notre boidieur?
Assurément. Ne modifions-nous pas, presque journellement,
notre genre de vie, la forme de nos vêtements et même nos
plaisirs? Ne marchons-nous pas à grands pas vers les change-
ments mêmes dont nous avons une crainte vague, mais certaine?
On dit que notre race dégénère à vue d'œil ; que nos mœurs,
nos coutumes n'ont aucune stal)ilité, et qu'en tout, même en
intelligence, nous sommes inférieurs à nos ancêtres. Assuré-
ment nos bons vieux ancêtres seraient révoltés, s'ils pouvaient
nous voir aujoiu-d'hui accablés sous le poids de tous ces vains
(1) La huile ou la cabane d'un Imlieii d Amérique.
(2) Mot qui a probablemeul une origine indienne, et qui désigi
une grande pipe pour fumer du tabac. ( Notes du Traducteur.)
EXERCICES ORATOIRES EN PUBLIC. 293
ornements de toilette qui nous forcent à marcher avec affectation
pour ne pas salir nos vêtements. Nous pouvons nous figurer leurs
regards de dédain et leurs exclamations d'ëtonnement : il n'est
pas difficile de deviner les comparaisons fort peu à notre avan-
tage qu'ils feraient, et nous pouvons nous les représenter nous
accusant de décadence; en se moquant des fils dégénérés d'une
noble race. Ce n'est pas notre faute s'il en est ainsi ; nous ne
sommes pas dégénérés, nous ne sommes pas inféi'ieurs; « les
vieilles choses ont passé, î et ceux qui ont passé avec elles ne
peuvent pas se faire une idée du changement : voilà tout. Nos
ancêtres avaient leurs modes et leurs faiblesses, qui étaient
aussi amusantes et plus absurdes que les nôtres; ils étaient,
comme nous, les esclaves de l'opinion et de l'apparence, et ils
étaient loin d'avoir notre énergie et notre esprit d'invention.
((. Les vieilles choses ont passé : » c'est ce que montrent bien
la commodité avec laquelle nous voyageons et toutes les autres
inventions de la science. Nous avons réduit les éléments à être
nos serviteurs, et ce n'est pour nous qu'un jeu de rendre
docile à notre volonté le nuage qui porte la foudre. Nous pou-
vons traverser le globe en dix fois moins de temps que nos
ancêtres ; et il ne nous faut qu'un instant pour communiquer
en esprit avec nos antipodes. On peut donc réellement dire que
pour nous « les vieilles choses ont changé »,
Les triomphes éclatants des arts et des sciences prouvent que
noffs ne sommes pas dégénérés, mais que nous sommes réelle-
ment plus avancés que nos ancêtres, au point de vue physique, au
point de vue social, au point de vue intellectuel. Néanmoins nous
changeons ; et, d'après la loi commune, il viendra un moment où,
nous aussi, nous serons oubliés et mis au rang des «: vieilles choses
qui ont passé ». Hier encore, nous étions élèves de la Reading
H'ujh School; ce soir nous éprouvons un changement, et nous ne
sommes plus enrôlées parmi les soldats de cette armée scien-
tifique. Nous allons voguer sur un nouveau fleuve de la vie, et
pendant que nous descendrons le courant, nous subirons inévi-
tablement beaucoup de modifications. Mais c'est le cœur plein
d'espérance et de courage que nous nous embarquons et, en
regardant derrière nous, nous pensons que nous pourrons nous
écrier joyeusement : « Oui, les vieilles choses ont heureusement
passé! ))
Clara M.
Reading ("Pennsylvanie).
294 HIGH SCHOOLS.
3. ~ ADIEUX DES aînées.
Le temps a fui d'une aile rapide, et trois fois se sout épa-
nouies ces fleurs d'été qui portent les fruits que nous cueillons
aujourd'hui. Uien n'arrête les progrès du temps.
11 construit pour nous un pont fragile, s'étendant sur un
fleuve aux eaux rapides et réunissant le passé évanoui au pré-
sent plein de vie. Dans notre ardeur, nous nous empressons d'y
marcher, sans remarquer qu'il chancelle et se courhe sous
notre poids. Les rives sont couvertes de fleurs et entourées de
haies de verdure. Derrière nous, sont les heures ensoleillées
d'autrefois, et la réflexion nous apporte celte triste pensée
qu'elles sont passées pour toujours.
Que de choses contenues dans ce seul mot : « passées ! » >Jc
vaut-il pas à lui seul plusieurs volumes? Nous voyons que l'en-
fance avec ses joies innocentes s'est enfuie en nous laissant au
seuil d'une nouvelle existence. Prenons donc la résolution de
faire de notre vie ce que devrait être la vie de toutes les
femmes : une nohle vie. Marchons revêtues de l'armure de
Dieu, faisant sagement et bien ce qu'il faut faire.
La scène change : le passé s'enveloppe des brouillards du
Léthé, le présent disparaît proniptement et se fond dans le
passé; chaque moment qui s'approche se transforme en futur.
C'est à nous que ces années ont été confiées et maintenant
encore la voix de la conscience nous pose celte question :
(( Avez-vous employé ces années convenablement? »
Leseftorts denotre mémoire évoquentune infinité de moments
perdus dans l'oisiveté et qui ont disparu pour jamais dans les
gouff'res inférieurs.
C'est avec plaisir que nous nous souvenons ce soir de nos
anciennes heures d'étude, de la généreuse rivalité qui s'éta-
blissait entre nous pour atteindre le même but. Mais hélas ! il
nous est échappé bien des négligences, des paroles sans
réflexion, de petits mouvements d'emportement qu'il serait bon
de pardonner et d'oublier. Cr; sont là des taches noires qui
ternissent l'éclat de ce beau jour.
11 est bien naturel que nos cœurs bondissent à la pensée de
la liberté, à la pensée d'être affranchies de l'esclavage imposé
à celles qui veulent sérieusement s'instruire. Mais il ne faut
pas oublier que ce n'est pas en se croisant les bras dans une
« sublime indolence » qu'on acquiert la gloire et l'honncnir;
EXERCICES ORATOIRES EN PUBLIC. 295
c'est pourquoi ne nous empressons pas de jeter nos Jiens, mais
cherchons toujours à éclairer nos esprits.
L'oisiveté est stérile. Les merveilleuses découvertes dans les
sciences et dans les arts n'ont pas été faites par des hommes qui
regardaient la vie comme un jour de congé pendant le({uel ils
pouvaient rester oisifs.
Si vous vouiez acquérir de la gloire, si vous voulez occuper
une place dans la société et en faire l'ornement, si vous voulez
conserver le respect de vous-même, souvenez-vous iju'il faut
encore travailler, encore étudier.
Aucune de celles qui, lorsque leurs années d'école sont ter-
minées, s'appliquent à augmenter leurs connaissances, n'a sujet
de se décourager : tout ce qu'elle acquiert ainsi est un trésor
réel que rien ne peut lui enlever.
Mes chères camarades, la vie est courte, nos années sont si
morcelées qu'elles ne suffisent pas pour nous procurer la moitié
des choses nécessaires. Mais tout en nous occupant ainsi de dé-
velopper notre esprit, il ne faut pas négliger ces vertus et ces
alTections morales qui donnent à la femme un charme sans nom
et qui répandent, pour ainsi dire, un rayon de soleil sur le
foyer domestique.
Les charmes extérieurs peuvent captiver les yeux, mais
lorsque nous considérons leur naiiye périssable, nous nous
surprenons à soupirer après ces beautés del'àme, qui nous sont
dispensées par la Providence, qui n'ont pas de bornes et qui
sont éternelles.
Ce soir, lorsque nous franchirons le seuil de cette salle, nous
nous embarquerons sur l'océan inconnu de l'avenir, oîi nous
n'avons pas encore navigué. Nos cœurs heureux palpitent. De-
puis longtemps nous attendons ^ec amour celte soirée, parta-
gées entre le doute et la crainte; nos espérances ont failli faire
naufrage, mais nous nous sommes fermement accrochées au
bon navire et nous sommes enlin entrées dans le port saines et
sauves. Notre vie s'est écoulée agréablement pendant ces an-
nées, mais nous avons eu aussi des moments de chagrin; et ce
chagrin nous paraissait si violent que nos cœurs saignaient.
Mais, avec l'élasticité de la jeunesse, nous reprenions vite cou-
rage. Je me plais à me reporter, ce soir, en imagination, à
l'époque oîi nous avons franchi pour la première fois les portes
de cette salle. Les années ont fui si rapidement, que je suis sur-
prise de me trouver ce soir au milieu de vous, vous adressant,
d'une faible voix, mes tendres adieux. Chères camarades,
296 HIGH SCHOOLS.
tendres amies de mon enfance, adieu, adieu! Mon cœur est
trop plein pour que je puisse exprimer tout ce que je voudrais
vous dire, avant notre séparation ; mais mon amitié et mes
meilleurs souhaits vous accompagnent, et je vous dis à toutes :
Dieu vous aide ! Adieu !
Et vous, chères camarades de première et de deuxième an-
née, je dis adieu à chacune de vous. En laissant nos places
vides, nous espérons qu'elles seront remplies plus dignement
qu'elles ne l'étaient. Hélas! chères compagnes, il y a parmi
vous une place vide; celle qui l'occupait était notre amie et
nous la voyions avec plaisir tous les jours, mais nous ne la
verrons plus. Elle entend maintenant des accents plus doux que
les nôtres et elle habite dans des régions plus belles.
Nous devons dire à notre directrice que nous la prions
d'exercer en notre faveur la divine vertu du pardon. Si nous
ne nous sommes pas toujours conduites à son égard comme
nous devions nous conduire ; si nous n'avons pas toujours obéi
à ses moindres ordres, et si, par notre conduite, nous avons
rendu sa tâche plus pénible, nous espérons qu'elle iious par-
donnera, et nous la prions seulement, lorsqu'elle pensera à
nous dans l'avenir, de ne pas nous en vouloir, et de se rappe-
ler que nous avons fait mal sans le savoir.
Nous devons adresser la même prière à nos autres mai-
tresses. Elles sont venues parmi nous ignorant que nos cœurs
saignaient encore de nos pertes récentes, et nous ne pouvions
pas effacer si promptement les images que nous y avions pré-
cieusement conservées pendant des années. Le temps n'aurait
pas tardé à montrer combien nous désirions rendre justice à
leurs nobles efforts.
Nous prions notre digne surintendant et les membres du
Comité de recevoir nos remerciements pour les marques de
bonté et d'intérêt qu'ils nous ont constamment données.
Et maintenant nous demandons à nos parents, qui nous en-
tourent, s'il n'y a pas de place au milieu d'eux pour recevoir
notre jeune troupe. Ne nous recevront-ils pas avec bonté pour
nous aider et nous guider d;uis notre nouvelle vie?
Camarades, maîtresses, amies, je vous dis maintenant à toutes
un tendre adieu, espérant que nous pourrons nous retrouver
plus tard dans quelqu'un des sentiers de la vie.
Ada V>.
Nouvell(î-Orlc;tns ^Louisiane). Érole supérieure de filles.
EXERCICES ORATOIRES EN PUBLIC. 297
4. — ADIEUX DES JEUNES.
Choisie par mes compagnes pour vous faire leurs adieux, je
sens, au moment où je parais devant vous, combien je suis in-
capable d'exprimer par des paroles les profonds sentiments qui
remplissent mon cœur. Ces sentiments sont un mélange confus
de joie et de chagrin ; c'est avec joie que nous vous voyons
libres des devoirs de l'école, c'est avec joie que nous vous
voyons recueillir enlin la récompense de trois années de travail.
Mais c'est avec chagrin que nous nous séparons de vous, qui
avez été nos compagnes pendant les deux années qui viennent
de s'écouler, années d'innocence, de joie et de gaieté. Vous
avez fidèlement rempli votre tâche, comme doivent le faire tous
ceux qui veulent s'abreuver aux eaux vives de la science ; quel-
ques-unes ont cédé trop tôt à la fatigue, oubliant que la science
ne se donne qu'à ceux qui la recherchent avec ardeur el per-
sévérance. Elles ont franchi trop tôt hélas ! les bornes de l'en-
fance et sont entrées dans l'école du monde, bien plus grande
que celle-ci, où préside la plus sévère de toutes les maîtresses,
l'expérience. Son enseignement est souvent bien amer.
Chères aînées, notre éducation ne fait que commencer, nos
esprits, enfin mûrs et disciplinés, sont prêts à entrer dans les
champs plus fertiles de la littérature et des connaissances utiles.
Laissez de côté les plaisirs du moment, ayez un objet en vue,
proposez-vous un but à atteindre, et disposez vos esprits de
telle sorte que tous vos actes, tous vos mouvements tendent
vers ce but. Perfectionnez votre intelhgence, voire caractère,
vos vertus, vos affections.
Rappelez-vous que la sphère de la femme n'est pas limitée
aux devoirs du foyer ; son influence est sans bornes, et elle peut
s'en servir pour le bien ou poui* le mal. 11 serait superflu,
chères amies, de vous engager à poursuivre toujours le bien,
et à tâcher d'atténuer le mal que d'autres font. Soyez fidèles à
vous-mêmes et n'abandonnez pas vos plus chers intérêts.
Vous ne suivrez pas toutes la même route dans la vie, mais
nous espérons que vous n'oublierez jamais les premiers ensei-
gnements que vos maîtres vous ont donnés et les excellents
exemples qu'ils vous ont présentés. Que ce soit le mérite moral
qui dirige toutes vos actions.
Le mérite n'est pas une ^ertu éclatante, mais c'est cette
vertu qui vous fera accomplir votre devoir sans hésiter; c'est
298 HIGII SCIIOOLS.
par elle que vous serez fidèles à vos amies, généreuses envers
vos ennemies, bonnes et pleines de compassion pour les pauvres.
C'est une vertu modeste qui brille humblement, mais elle cou-
ronne tout ce qui est bon.
La société s'ouvre devant vous avec tous ses plaisirs ; les sa-
lons dorés, les accents enivrants de la musique vous feront
oublier le temps qui fuil, et en cherchant les plaisirs de la vie
vous serez portées à en oublier les devoirs plus austères.
Je vous le recommande, chères aînées, soyez (idèles à vous-
mêmes et soyez modérées dans la recherche des plaisirs.
Malgré tous les charmes du monde, arrêtez-vous et suivez
toujours le parti le plus conforme à vos véritables intérêts.
Ce soir, vous ne pensez pas au passé et, en quittant cette salle,
vous ne vous direz pas que vous laissez derrière vous la plus
belle partie de votre vie. Mais plus lard vous jetterez un long
regard en arrière et vous souhaiterez de revivre ces années
que vous avez passées ici.
L'heure s'avance et je dois maintenant vous prier d'accueillir
nos conseils avec bonté et de ne pas les trouver déplacés.
Souvenez-vous qu'en prenant congé de vous, chères aînées,
mon cœur est rempli pour vous d'une alfection qui durera
éternellement.
>'ous nous séparons ce soir, mais nous pourrons nous re-
voir, et nous espérons que cette séparation ne brisera pas nos
amitiés.
Au nom de toutes mes compagnes, je vous souhaite plaisir
et bonheur dans l'avenir ; puissent les bénédictions du ciel
vous accompagner partout, et nous vous disons pour la der-
nière fois un tendre « Adieu ».
Allie P,.
Nouvelle-Orléans (Louisiane). École supérieure de filles.
2« SECTION : COMPOSITIONS MORALES ET PHILOSOPHIQUES.
\^I. — Dissertations.
1. — AMUSEMENTS INNOCENTS.
(( Les opinions sont différentes » et les amusements que les
uns considèrent comme innocents peuvent être regardés par
DISSERTATIONS. ^99
d'aiitres comme des pièges affreux, invenlés tout exprès pom'
tromper les jeunes gens.
Nommons quelques-uns des amusements sur la nature des-
quels on n'est pas d'accord : la danse et le jeu de billard sont
les principaux.
Occupons-nous de la danse. Eh bien, c'est un bon exercice
qui fait circuler le sang, qui colore les joues et qui donne de
l'animation aux yeux. « C'est bien, lorsqu'il ne s'agit que de
quadrilles, disent certains personnages ; mais lorsqu'il s'agit
de danses tournantes? » Oui, il n'y a rien à dire contre les
quadrilles. Un quadrille est une danse très-grave et qui, selon
moi, convient admirablement aux vieilles personnes, dont les
membres sont engourdis et dont les forces soiit restreintes.
Presque toute cette danse consiste à se tenir debout, à causer,
à marcher et à se donner des poignées de mains.
Mais quant aux danses tournantes, il y a des pères et des
mères qui disent : « Nous ne voulons pas que tous les danseurs
du bal mettent leurs bras autour de la taille de nos lîlles. »
Mais beaucoup de dames fort respectables se laissent mettre
les bras autour de la taille pour la valse et pour la scottish.
Eh bien, si cela est immodeste, pourquoi le font-elles? C'est
l'habitude, et l'habitude des personnes respectables, dans le
monde entier. Dira-t-on que le monde approuverait une chose
qui ne serait pas parfaitement convenable ?
Reportons- nous aux siècles de Chaucer et de Spencer. Nous
savons, par leurs écrits, qu'il était d'usage qu'un monsieur
prît une dame dans ses bras et qu'il l'embrassât pour la sa-
luer. Nous n'en faisons pas un reproche à nos ancêtres, parce
que c'était Vumije. La bienséance ne fait elle-même ni ses
règles, ni ses lois. Elle est entièrement gouvernée par l'usage,
et il en sera toujours ainsi.
Maintenant parlons du jeu de caries. La seule critique que
j'aie entendu formuler à ce sujet, c'est qu'en jouant aux cartes
on se passionne insensiblement pour le jeu.
Je crois que c'est l'absence des amusements domestiques,
parmi lesquels les cartes tiennent le premier rang, qui engage
surtout les jeunes gens à quitter la maison. Ils voient des per-
sonnes jouer aux cartes, s'y intéresser et s'y amuser, ils ren-
trent chez eux le soir, fatigués et ennuyés, on leur offre une
brochure religieuse pour se reposer et pour se fortifier l'esprit
(ce qu'ils font, nous n'en douions pas). Et quel est le résultat?
Les jeunes o-ens fuient les brochures religieuses, connue ils
300 HIGH SCHOOLS.
fuiraient du poison, et ils courent au preniier endroit de di-
vertissement (qui est trop souvent une maison de jeu). Us pas-
sent la soirée hors de la maison paternelle et en mauvaise
compagnie. Comme on pourrait facilement prévenir tous ces
maux en mêlant judicieusement les cartes et la religion!
Il en est de même du billard. Si vous n'avez pas le moyen
d'avoir un billard, il ne faut pas permettre à votre fils d'ap-
prendre ce jeu. (Je ne parle pas des filles, car tout le momie
sait que les (illes sont parfaites, ou peu s'en faut.) Rendez votre
foyer domestique agréable, introduisez-y d'autres amusements,
et votre fils ne leur préférera pas le billard.
II y a une chose dont je n'ai pas encore parlé. C'est la mu-
sique. Quelques personnes se rappellent encore la vertueuse
indignation avec laquelle les vieillards voyaient autrefois intro-
duire des orgues dans les églises, et maintenant nous avons à
peine une église qui n'ait pas un orgue grand ou petit, coû-
tant de 50 à 100000 dollars.
Et lorsqu'un homme, fatigué par les heurts et les cahots de
la vie quotidienne, entend retentir dans l'église les notes ma-
jestueuses et sublimes de l'orgue, et les voix claires et vi-
brantes du chœur, son âme ne s'élève-l-elle pas plus directe-
ment vers son Créateur?
Il y a des personnes qui mcUtent une telle rigidité à s'abste-
nir de musique le dimanche, qu'elles ne veulent ni écouter,
ni jouer une valse ou un air de danse ce jour-là. Mais comme je
sais que l'une des hymnes favorites de l'église anglaise était
chantée autrefois sur une mesure très-rapide et d'après les
paroles du « vieux gentilhomme campagnard », je me conten-
terai de dire que si « une rose a toujours son parfum, de
quelque nom qu'on la nomme », l'air d'une hymne est aussi
criminel sous un nom que sous un autre.
Maintenant, j'espère avoir démontré ce que j'avais à démon-
trer; et j'y tiens, car je joue au billard, je joue aux cartes, je
danse et je joue l'air du « vieux gentilhomme campagnard ».
Ce sont, je pense, des raisons suffisantes pour désirer que ma
démonstration soit faite en bonne et due forme.
Katie p.
Age : quinze ans.
Milwaiikee (Wisconsinj.
DISSERTATIONS. 301
AMUSEMENTS INNOCENTS,
(3* année.)
(( Les amusements sont les rayons de soleil qui contiennent
en eux les principes nécessaires à notre existence, » disait
un jour un homme sage, à qui l'on demandait son opinion sur
la manière d'élever et d'instruire les enfants. « Donnez-leur,
dans leur bas âge, ajoutait-il, tous les amusements imaginables,
alîn qu'ils arrivent à l'âge mûr sans connaître ni les habitudes
vicieuses, ni les mauvais désirs. » Celui qui parlait ainsi était
un homme instruit, qui avait fait une étude toute particulière
du caractère des enfants et de la manière de les élever. 11 sa-
vait bien d'où venaient les bonnes et les mauvaises qualités
que l'on trouve chez les jeunes gens et chez les jeunes fdles ;
il savait bien à quoi il fallait attribuer leur bonne ou leur mau-
vaise constitution.
Pou)' ajouter quelque chose au sujet des amusements, j'ai
essayé de tracer une faible esquisse, qui pourra intéresser ou
ne pas intéresser le lecteur, mais dans laquelle je me propose
formellement pour but de plaider la cause des amusements
simples et innocents.
Lorsqu'un bébé bien fort grandit, tout le monde peut voir
quel vif désir il manifeste pour le jeu. Il détourne ses regards
et son attention des actions sérieuses et iî n'a d'yeux que pour
ce qui peut le faire rire et l'amuser. Avec quel plaisir et avec
quelle complaisance nous regardons un enfant se livrer à ses
jeux ! Le temps vole, sans que nous y fassions attention, lorsque
nous voyons foLàtrer ce petit être humain. Son charmant visage
se contracte et ne devient que plus charmant sous les convul-
sions du rire. Les éclats de sa joie nous font oublier toute
pensée sérieuse, et nous nous employons à augmenter son
plaisir.
Ne serions-nous pas injustes, bien plus, ne serions-nous pas
criminels d'aller réprimer les manifestations de la joie de ce
petit enfant?
Les personnes dépourvues de sympathie et qui n'ont pas de
cœur sont les seules qui ne se sentent pas heureuses pendant
les heures de récréation d'un enfant.
Laissons maintenant ce petit enfant et occupons-nous d'un
30:2 IIIGH SCHOOLS.
petit gaiTOii ou d'une i>etile lille d'environ se^d ans. Il y a des
personnes qui sont d'avis qu'il ne convient pas de laisser jouer
un enfant d'un âge aussi avancé ; elles pensent que c'est une
faiblesse qui gâte l'enfant.
Ces personnes auraient raison à un poiid de vue, mais elles
seraient grandement coupables cà un autre point de vue si elles
empècbaient ce petit garçon ou cetle petite fdle de se livrer à
des anmsements simples et innocents.
Voyons à quel point de vue elles auraient raison.
Elles ont parfaitement raison de dire qu'on gâte un enfant
en le laissant jouer continuellement. C'est un fait bien connu
qu'un enfant qui jouerait constamment finirait par devenir
niais. I.e jeu ainsi entendu émousserait la pointe de la science
et en ferait radicalement un idiot.
D'après les paroles mêmes de ces personnes, il nous est facile
de voir qu'elles veulent, par leur maxime, aiguiser les facultés
de l'enfant et les conduire vers la sagesse et la science. Non-
seulement nous supposons que telle est l'intention de ces per-
sonnes, mais nous leur ferions même un reproche de ne pas
défendre à cet enfant, d'une manière absolue, de se livrer à
tout jeu immoral ou inconvenant.
Le père et la mère ne doivent jamais oublier que c'est un
devoir sacré pour eux de surveiller d'un œil attentif la vie quo-
tidienne de leurs enfants. Ils doivent les avertir des mauvais
elTets de ces jeux, qui pourraient souiller les pages innnaculées
de la vie d'un enfant. Ils doivent les faire tour à tour travailler,
jouer et étudier, en leur montrant les bons effets de chacun
de ces exercices. Enfin c'est à eux de veiller sur leurs enfants
pour que les êtres, qui tiennent d'eux leur sang, leur chair,
leur constitution et leur caractère moral, ne fré(iuentent pas les
mauvaises sociétés.
Mais, d'un autre côté, pourquoi ces enfants maladifs, dé-
biles, décharnés, au visage pâle? Neuf fois sur dix ce n'est
pas parce qu'ils sont d'un naturel maladif, mais parce qu'ils
sont restés dans la maison assis toute la journée auprès du feu,
sans jamais respirer l'air pur du dehors, le plus grand don que
la nature nous ait fait. Au contraire, ils ont respiré les gaz
délétères et les vapeurs du fourneau de la cuisine, qui se ré-
pandent toujours dans les appartements d'une maison mal
aérée.
Quel service ces êtres rachitiques peuvent-ils rendre au
monde? «. Aucun; il vaudrait mieux qu'ils fussent morts; »
DISSERTATIONS. 303
telle e>t la réponse unanime. Ces enfants grandissent, en sup-
posant que de tels êtres grandissent , et deviennent des
hommes phthisiques, dont la vue est un fléau et un danger
pour ceux qui sont en bonne santé.
Et ces'pauvres êtres iront-ils contracter les obligations et les
responsabilités du mariage '? Que Dieu nous en préserve !
D'après les lois qui régissent la transmission du sang, leurs
descendants auraient en général la même constitution. -
L'ancienne coutume des Spartiates de tuer, aussitôt après
leur naissance, tous les enfants faibles ou difformes était hu-
maine et bienfaisante, quoique au premier abord elle puisse pa-
raître cruelle. Tous ces Grecs illustres étaient forts, bien
portants, beaux, et ils parvenaient tous à un âge très-avancé.
Pourquoi? Parce qu'ils avaient bien soin de ne pas élever
d'enfants estropiés, parce qu'ils ne troublaient pas la tête
de leurs enfants lorsqu'ils étaient jeunes , parce qu'ils ne
les élevaient pas mollement, et enfin, c'est là la principale rai-
son, parce que, non-seulement ils les laissaient jouer aussi
longtemps qu'ils le désiraient, mais ils instituaient des jeux
auxquels les jeunes gens étaient forcés de s'exercer.
Le jeu produit, en général, la gaieté et le rire; or nous
savons tous que rien n'est plus salutaire que le rire ; nous de-
vons donc encourager les jeunes gens à sq livrer aux anmse-
ments simples et innocents.
Bruno F.
Age : seize ans.
Milwaukee fWisconsin).
Plan
DE -L'EXTENSION DES CONGES AUX ETATS-UNIS.
Introduction.
Différentes espèces de congés :
Fêtes nationales.
>'aissances.
Anniversaires.
Divers.
Effets des congés :
Meilleure santé.
Plus d'entrain.
Sanctification du dimanche.
304 HIGH SCHOOLS.
Exemples de ces bons effets :
Allemands.
Anglais.
Écossais.
Développement :
Les Américains ont la réputation de poursuivre la richesse
avec tant d'empressement qu'ils sacrifient tout pour l'acquérir.
On sait que la dyspepsie est très-commune aux États-Unis. La
raison en est que les habitants ne s'y livrent pas assez à un
exercice salutaire. Ils s'appliquent trop exclusivement aux
all'aires, ou bien ils tombent dans l'exlréme opposé et se livrent
à la dissipation. Les honmies d'allaires ne se donnent pas le
temps suCfisant ou ne choisissent pas le temps convenable pour
prendre leurs repas et, par là, ils se font mai à l'estomac. Leur
esprit est accablé par des travaux et des préoccupations conti-
nuelles; c'est pour cela que leurs nerfs s'irritent et qu'ils vieil-
lissent avant le temps.
Les habitants des États-Unis sont assurément en retard sur
les autres nations par rapport au nombre des fêtes qu'ils ob-
servent. Nous ne savons pas même bien employer celles que
nous avons, et peut-être faudrait-il commencer par là avant
d'en établir d'autres. Prenez, })ar exemple, le 4 juillet, jour
dont les Américains devraient être excessivement fiers et qui
devrait être une des plus grandes fêtes. C'est à peine si ce jour
est célébré autrement que par les enfants qui tirent des pétards,
à la terreur des passants. Peut-être y a-t-il un marché de che-
vaux, où se rendent en foule les acheteurs. Les marchands. tien-
nent leurs boutiques ouvertes, parce que c'est un bon jour
pour la vente.
Lorsque les hommes ne songent qu'aux affaires, ils travail-
lent péniblement d'un bout de l'année à l'autre, sans jamais se
débarrasser de leurs soucis, même pour un seul jour. La con-
séquence est qu'ils deviennent moroses et qu'ils n'ont aucune
idée sur tout sujet qui ne touche pas aux affaires.
Les uns, au lieu de passer une agréable soirée avec leur
famille, rentrent chez eux et se mettent à lire leur journal ;
toute conversation cesse dès qu'ils entrent. D'autres, voulant
s'oublier eux-mêmes, se plongent avec frénésie dans le tour-
billon du monde, ou bien vont noyer leurs soucis dans le vin.
11 semble qu'on pourrait éviter quelques-uns de ces excès.
Si les hommes d'affaires voulaient prendre un jour ou deux de
simple récréation, ils éprouveraient un grand soulagement au
DISSERTATIONS. 305
moral el au physique. Leur esprit serait reposé, de sorte qu'en
retournant au travail ils ne commettraient pas les bévues <|u'ils
commettent et ils s'épargneraient ainsi beaucoup d'ennuis.
Mais les hommes d'affaires ne sont pas les seuls à souffrir du
manque de récréation. Les maîtres qui essayent de faire entrer
le latin et les mathématiques dans l'esprit obtus des élèves au-
raient peut-être plus de patience si on leur accordait plus de
congés. Les ménagères, qui passent toute leur journée dans la
cuisine et toute leur soirée penchées sur la corbeille cà lino-e,
verraient sans peine un peu de changement dans leur existence.
11 y a bien des moyens de passer un jour d'une manière pro-
fitable et agréable. On peut faire des repas champêtres, des
parties de bateau, des promenades. Chaque famille pourrait
avoir sa série de petites fêtes en célébrant les naissances et les
anniversaires des mariages. Ces attentions ont une influence
bienfaisante et fournissent des sujets de pensées agréables
pour l'avenir.
Si nous voulons voir l'influence qu'un peu plus de récréation
exerce sur la santé, considérons les Allemands, Ce peuple est
connu pour le grand nombre de fêtes qu'il célèbre. Ils jouissent
de la vie presque aussi bien que n'importe quelle nation, ils
sont de bonne humeur, bien portants et vivent longtemps. Les
Ecossais et les Anglais sont aussi très-vigoureux. Ces peuples
prennent beaucoup d'exercice au grand air, ils se livrent à la
chasse et à beaucoup d'autres jeux.
Un plus grand nombre de jours de congé, s'ils étaient conve-
nablement employés, conduiraient les hommes à penser un peu
plus aux autres et un peu moins à eux-mêmes. Cn autre effet
de cette innovation serait de placer le pauvre sur un pied
d'égalité avec le riche. Le riche et le pauvre sont séparés par
une trop grande distance. Beaucoup d'hommes se perdent faute
de sympathie de la part de leurs semblables. Si on leur ren-
dait la vie plus agréable, on pourrait peut-être les amener à se
conduire autrement. Un autre effet qui pourrait résulter de
l'augmentation des jours de congé, ce serait la meilleure sanc-
tification du dimanche. Dans les grandes villes surtout, le
dimanche est regardé par beaucoup de gens comme un jour
où l'on peut se livrer à toutes sortes de plaisirs plutôt que
comme un jour de repos. On n'a pas d'autre jour d'amusement,
alors on prend le dimanche,
Jennie B.
Age : dix-sopt ans.
Aiirora (Illinois).
' 20
306 HIGH SCirOOLS.
4. — L'ÉCOLE BUISSONNIÈRE.
(3' année.)
Quel garçon que notre petit Robert ! 0 mon Dieu ! je crois
qu'il ne sera jamais sage! Quelles espiègleries il nous fait!
Tenez, laissez-moi vous dire ce qui lui est arrivé la semaine
dernière : nous ne nous en sommes aperçus qu'après.
Mardi matin il partit pour l'école comme d'habitude, seule-
ment il ne savait pas sa géographie. 11 s'en allait en pensant à
ces abominables leçons, lorsque au détour de la rue il entendit une
petite fille dire à une autre : « Eh bien, alors, au revoir, Nell,
je suis fâchée que tu sois obligée d'aller à l'école, moi je suis
en vacances.» — « Holà ! dit notre petit Robert, cela me donne une
idée : si je me mettais en vacances aussi, moi! Je puis me
mettre n'importe où et des vacances sont aussi bonnes que
n'importe quoi. Gela vaut toujours mieux que d'aller à l'école
sans savoir ses leçons. Et d'ailleurs nous devons avoir des
vacances à Noël, qui n'aura lieu que dans trois semaines. » Il
faut vous dire que si Robert était méchant, ou, comme on dit,
malicieux, il n'avait encore jamais fait l'école buissonnière.
Il regarda donc d'abord de tous côtés pour bien s'assurer
qu'on ne le voyait pas; puis, prenant ses jambes à son cou, il
descendit la rue en courant. Au bout de quelques instants il
s'arrêta tout court. « Eh bien, que vais-je faire maintenant ? pensa
Robert; c'est la première fois que je viens par ici, cela c'est
certain; qu'est-ce que ces garçons peuvent bien faire là-bas?»
En songeant ainsi il s'approcha d'un groupe de petits garçons
qui se tenaient debout de l'autre côté de la rue. « Dites donc,
qu'est-ce que c'est que cela? » s'écria Robert en voyant un
o-arçon se baisser et appliquer son œil au trou d'une boîte
tenue par un de ses camarades. — « C'est une optique, répondit
l'un des garçons, cela coûte trois épingles pour...,» un autre
o-arçon l'interrompit pour lui parler à l'oreille. W reprit aussi-
tôt : « Je me trompe, nous prenons trois épingles à nos amis
et deux sous aux étrangers ; mais comme ton air nous plaît,
nous ne te prendrons qu'un sou ou bien quelque chose qui vaille
un sou. )) — <i Bon, je vous donnerai mon crayon d'ardoise», dit
Robert en lui présentant son crayon tout neuf. — «Ton crayon !
dit l'un d'eux; mais, pour un sou, j'en aurais six pareils. »
DISSERTATIONS. 307
-«Ah! j'ai bien un sou, mais voilà une semaine que je le garde,
et je veux acheter quelque chose avec. » — « Dame! choisis:
donne-nous ton sou, ou bien tu ne regarderas pas. » — « Tenez,
le voilà dit llobert, après l'avoir couvé des yeux pendant un
instant ; maintenant îaissez-moi voir ». Et, se baissant, il appli-
qua son œil à la boîte. 11 regarda pendant environ dix secondes,
puis, faisant un saut en arriére, il s'écria : « Par ma foi il n'v
a là dedans que de vilaines images, j'en ai de plus jolies à la
maison. ;) Puis se tournant vers le caissier : «. Dis donc, si tu
me rendais mon sou, hein? » — ce Tu plaisantes! » répondit le
caissier. Après avoir longlemps parlementé, on décida que
Piobert et le caissier feraient un assaut de boxe (J), et que le
vainqueur gagnerait le sou, mais qu'il régalerait la société. En
un clin d'œii les vestes furent ôtées, et le résultat fut que
Robert gagna le sou et, par-dessus le marché, il eut un œil
poché. Le sou passa en caramel et chacun en mordit un petit
morceau.
Les garçons proposèrent ensuite d'aller chercher des noix :
ils connaissaient un « bon endroit », et Robert les accompagna
sans hésiter (ses livres avaient disparu depuis longtemps sans
que personne sût oîi ils étaient). Après avoir marché pendant
environ trois heures dans la boue et dans l'eau, ils arrivèrent
enfin à l'endroit. Chacun d'eux eut à choisir un compagnon,
puis tous se dispersèrent dans différentes directions.
Robert et son compagnon prirent la route du milieu et, après
avoir marché pendant quelque temps, ils arrivèrent à un noyer.
Le compagnon de Robert monta sur l'arbre, en secoua les bran-
ches pour faire tomber les noix, que Robert ramassait et mettait
dans un sac qu'on s'était procuré. Lorsqu'il furent fatigués, ils
changèrent de place. Ils avaient déjà fait plusieurs fois ce
manège lorsqu'ils s'aperçurent qu'ils avaient faim (quoiqu'ils
n'eussent pas cessé dese bourrer de noix). — «Tiens, je crois qu'il
se fait tard, dit Robert,je voudrais bien être à la maison. » — « Ne
vas-tu pas pleurer, pauvre petit! Attends, je vais descendre et
nous nous en irons chez nous. » Alors on se disputa pour
savoir de quel côté il fallait aller. Robert prétendait qu'il
fallait prendre à droite, mais son camarade était sûr qu'il
fallait prendre à gauche. Enfin ils se mirent en route, et, après
avoir marché pendant quelque temps, ils se retrouvèrent pré-
(1) Should hâve a round, correspond ici à notre expression popu-
laire ; se donneraient une peignée. {Note du Traducteur.)
308 HIGH SCHOOLS.
ciséiiient à l'endroit d'où ils étaient partis, lis prirent alors
l'autre route, mais ils avaient à peine fait quelques pas que la
nuit les surprit. Robert pleura à chaudes larmes. Enfin ils
aperçurent une lumière dans le lointain et ils s'enapprochèieiit
en rampant; ils s'assirent tous les deux par terre au pied de la
fenêtre, et se mirent à pleurer. Heureusement que la fermière
était compatissante : elle les lit entrer.
Le lendemain matin on les conduisit à la ville et de là au
bureau de police où on était déjà venu déclarer la disparition
de llobert. Dieu que les deux petits coquins fussent terriblement
elïrayés, car ils s'imaginaient qu'on les conduisait à la police
parce qu'ils avaient fait « l'école buissonnière y>, comme disait
llobert, cela leur servit de leçon. Je ne crois pas qu'il arrive
jamais à Robert de prendre volontairement des vacances sans
permission.
Mautiia F.
Age : quinze ans.
Baltimore (Marvland). Easlern female Scliool.
5. — PROPOS DE TABLE.
Je dois écrire une composition sur ce sujet; mais dans quel
sens dois-je le prendre ? C'est ce que je ne puis dire.
Il y a deux grandes classes de propos de table : d'abord ceux
que i'on tient à table, et ensuite ceux que l'on devrait y tenir.
Parlons des premiers et prenons pour exemple notre propre
table. Nous commencerons par la table du déjeuner. La con-
versation alors roule, en général, sur les rêves de la nuit et sur
les amusements de la veille : comme ces choses remplissent
encore notre esprit, il est naturel qu'elles fournissent le sujet
de notre conversation.
Passons ensuite à nos tables du dîner et du souper. La con-
versation alors n'est, en général, qu'un commérage amical, puis
nous discutons les principaux événements de la journée. Mes
sœurs parlent de la dernière mode de se coiffer, de la manière
dont elles doivent agrafer leurs chemisettes pour ne rien perdre
de leurs avantages; elles se demandent si l'on portera cet été
les chapeaux sur le front ou en arrière. Grand-papa et papa
discutent politique. Grand'maman et maman parlent de nos
nouveaux voisins : elles se demandent s'ils sont riches ou
DISSERTATIONS. 300
pauvres, s'ils ont une voiture à deux chevaux, s'ils sont très-
liers, et si elles ne feraient pas bien de leur faire une visite
dès maintenant ou d'attendre une semaine, tandis que moi
qui ne puis parler qu'à ces personnes, et qui ne suis que médio-
crement intéressée par ces sujets de conversation, je suis obligée
de manger en silence tout ce qui est sous ma main, car je n'ose
l'ien demander. Jaimerais beaucoup que l'on appliquât le pré-
cepte : « Il faut que l'on voie les enfants et qu'on ne les entende
pas. » Il y a des familles où ces sujets de conversation sont
traités même le dimanche.
Les propos de table pendant la semaine devraient rouler sur
les discussions politiques amicales, sur les événements princi-
paux de la journée, sur les livres qui viennent de paraître;
mais le dimanche ils devraient être tout autres. Ils devraient
consister en conversation amicale sur le sermon et sur les
choses semblables, mais il faudrait mettre tous nos soins à ne
pas les rendre tristes.
On devrait parler beaucoup à table, mais il faudrait s'fippli-
quer à rendre la conver!ïalion gaie et amicale. Alors, quelque
frugal que soit le repas, il paraîtra bien meilleur qu'un grand
repas fait en silence. Quiconque dit quelque chose de désa-
gréable qui blesse l'une des personnes qui sont à table peut
être appelé un « ennemi domestique ».
SussiE P.
Age : dix-sept ans.
New Brunswick, comté de Middlesex (New Jersey).
0. — Faites régner le BONHErn au foyer domestique.
Pour faire régner le bonheur au foyer domestique nous de-
vons essayer d'avoir un air joyeux dans toutes les circon-
stances, voir toujours le beau côté de tout ce qui arrive, et
nous rappeler que, si telle est la volonté de Dieu, nous devons
nous y soumettre.
Une mère est la principale personne qui fait régner le bon-
heur au foyer domestique ; c'est l'amie la plus sincère et la
plus chère que nous ayons. Lorsque nous avons de grandes
peines, lorsque l'adversité remplace la prospérité, lorsque les
amis nous al)andonnent, lorsque nous sommes soumis à de ter-
310 HIGH SCHOOLS.
ribles épreuves, elle reste toujours avec nous, nous encoura-
geant de ses conseils.
Les charmes de la musique, d'innocents jeux et l'aimable
conversation sont encore des moyens de faire ré.ifner le bon-
heur au foyer domestique. Qui n'aime pas la nuisique? Elle
peut, par ses charmes, adoucir les bêtes sauvages elles-mêmes.
Nous pouvons ainsi passer bien des heures heureuses. Ces
anuisements peuvent retenir les jeunes gens à la maison et
les préserver de plusieurs habitudes ruineuses. La fdle aînée
a une merveilleuse influence sur la famille. C'est elle que les
petits frères et les petites sœurs se proposent comme exemple
en toute chose. Le père et la mère complent aussi sur elle.
Le mot « home » suggère une infinité de pensées joyeuses
et heureuses. Les Français n'ont pas de mot pour traduire
home. Payne, l'auteur de « Home, sweet home (1) », n'avait pas
de « home ». « H n'est rien de tel que le foyer domestique,
quelque pauvre qu'il soit. » Hélas, combien de maisons n'ont
pas de foyer domestique! Combien de maisons n'ont que des
visages tristes et des sourcils froncés!
Faisons du foyer domestique un lieu autour duquel puissent
toujours se grouper nos plus chers souvenirs, jusqu'à ce que
nous allions rejoindre nos pères dans le séjour céleste. .Je ne
connais pas de paroles qui soient plus expressives que celles
({ue l'on lit sur la tombe de M""^ Wilson : (( Elle fit régner le
bonheur au foyer domestique. » Oh! qui pourra ranimer cette
main qui est froide et faire parler cette voix qui est muette!
Bertha s.
York (Pennsylvanie).
7. — L'AUGMENTATION DE LA RICHESSE l'RODLlT-ELLE
UN BON EFFET SUR NOS MŒURS?
Pourrais-je mieux répondre à cette question qu'en compa-
(1) Home, home!
Sweet home !
Tliere's no place like iiome,
There's no place like home.
Payne (Joliii Howard), né à New York, 1792-185:2.
{Note (lu traducteur.)
DISSERTATIONS. 311
rant les mœurs d'aujourd'hui à celles qui existaient il y a cent
ans, à celles auxquelles croyaient nos intrépides ancêtres et
qu'ils pratiquaient fidèlement, se confiant entièrement à leur
foi tranquille et inébranlable. Mes amis, arrêtons-nous un mo-
ment et considérons le genre de vie effrayant que nous menons.
Jetons les yeux sur nos ancêtres d'il y a cent ans dans l'his-
toire de notre pays ; nous les voyons travailler bien péniblement
pour se procurer les choses indispensables à la vie. Malgré
toute leur diligence, ils ne pouvaient tirer leurs ressources que
de leurs fermes sans culture, et c'était là, je le répète, le seul
moyen qu'ils eussent de gagner leur vie. Dans ce temps-là on
ne voyait pas la moitié des habitants exploiter, pour vivre,
l'autre moitié, en soignant inutilement des corps malades ou,
ce qui est pis, des esprits malades. Non, ils étaient trop fiers,
ils avaient des principes moraux trop élevés pour accepter de
l'argent lorsqu'ils n'avaient rien fait pour mériter une récom-
pense.
Nous apprenons qu'en 1770 l'armée du Nord traversa le pays
de Land East (New Hampshire), à Northfield, (Massachusetts);
ce fléau détruisit la plupart des récoltes et causa, par consé-
quent, de grands inconvénients aux nouveaux colons. Les an-
ciens colons, dont les gains ou les pertes pour une seule année
étaient relativement peu considérables, profitèrent-ils de cet
('"vénement pour mettre quelques dollars dans leur poche? Ils
ne le firent pas; au contraire, ils montrèrent leur humanité en
secourant leurs frères et en partageant avec eux.
Nous autres, qui vivons aujourd'hui, en ferions-nous autant?
Ah non! nous préférons être assis bien à notre aise dans un
bureau, et causer de l'échec de nos. malheureux frères qui ont
fait banqueroute. Ils ont été réduits à cet état non pas par
leur propre dissipation, par exemple des dépenses de club, de
courses, de cigares et de vins fins, etc., mais par les extrava-
gances de leurs femmes et de leurs filles, qui dépensent si fol-
lement leur argent. Elles achètent de la soie, de belles den-
telles et de riches bijoux pour se donner plus d'attraits. 3Iais
je suis sûre que si elles sont plus belles, elles ne sont pas aussi
heureuses que nos grand'méres, avec leurs vêtements simples,
filés et cousus de leurs blanches mains.
Voyez la fiancée de l'année 1800. Elle mettait son orgueil à
faire elle-même son trousseau, elle eût été jalouse qu'une autre
aiguille que la sienne en eût cousu un seul point. Hélas ! la
fiancée de l'année 1876 est trop insouciante, trop indolente
315 IIIGH SCHOOLS.
pour s'occuper de la composilion de son trousseau. Elle se
contente d'informer la couturière qu'elle ait à lui fournir tout
ce dont elle a besoin, en lui recommandant de faire venir tout
de l'étranger et de veiller à ce que chaque article soit élégant.
On enverra, dit-elle, la note... à papa.
Alice G.
Age : dix-huit ans.
Littlctoii (New llampshire).
8. — DANS CENT ANS d'ICI.
Nous vivons véritablement dans un siècle de merveilles.
Comme nous avons perfectionné de'puis quelques années toutes
les inventions qui ont pour but l'amélioration de notre condi-
tion terrestre!
Les bateaux à vapeur, les locomotives, les machines pour le
coton, le télégraphe électrique, les machines à coudre et à tri-
coter, la photographie, le gaz, l'emploi du charbon, les four-
neaux, les poêles ont changé l'aspect de la vie humaine.
On peut dire que la science moderne n'existe presque que
depuis cent ans, et qu'on a mis moins de la moitié de cette
période à en faire l'application.
Partout autour de nous nous voyons le progrès et les grandes
réformes sociales. Ce progrès ne peut pas s'ai'rèter, il conti-
nuera et prendra chaque année plus d'importance.
Écartons le voile qui nous cache l'avenir, et voyons quelques-
unes des choses qui sont réservées à l'homme.
D'aujourd'hui en cent ans, les rues de nos grandes villes
seront pavées en fer et les camions et les chariots seront traî-
nés par la vapeur. Personne ne s'opposera à cette innovation,
sous prétexte que ces machines effrayeraient les chevaux, car
il n'y aura plus de chevaux à effrayer.
Le fariner labourera son champ, sèmera et coupera son blé,
le battra elle portera au marché à l'aide de la vapeur; il
économisera ainsi 50 pour iOO de travail et de temps.
Le voyageur qui se rendra de Chicago à New York, ou à
r)OSton,'montera dans un ballon et non plus dans une voiture de
cJiemin de fer. S'il a une distance moins grande à parcourir, il
attachera sur ses épaules sa machine volante, et, ouvrant ses
DISSERTATIONS. 313
ailes, il partira comme Darius Green; mais il desceiulra plus
heureusement que cet infortuné imitateur d'Icare.
La correspondance ne sera plus expédiée par le chemin de
fer, car ce mode de transport sera beaucoup trop lent pour
l'époque. Déjà, à Londres, on se sert, pour les petits paquets,
de chariots miniatures que l'on pousse à travers des tubes exac-
tement comme le boulet lancé par un canon.
Lorsque ces petits chariots seront devenus d'un usage géné-
ral, il est bien probable qu'on en fera de plus grands qui seront
organisés pour le transport des voyageurs.
C'est un fait bien connu que le son se communique à tra-
vers les tubes. D'après ce principe, les villes seront approvi-
sionnées de musique comme elles sont approvisionnées de gaz.
L'orgue, ou tout autre instrument, sera placé dans la ville ou
près de la ville, et des tuyaux le mettront en communication
avec toutes les maisons où l'on voudra avoir de la musique.
Puis on mettra l'orgue en mouvement et quand on voudra
entendre un air de musique, on n'aura qu'à tourner un
robinet (V.
On pourra ainsi assister, à New York ou à Boston, à un con-
cert donné à Paris.
Quoique nous soyons déjà familiarisés avec l'extérieur des
planètes, cependant nous levons vers le ciel des regards ar-
dents. >'ous avons un vague pressentiment que le lirmament
qui s'étend sur nos tètes contient quelque chose de plus que
des corps non habités. Et nous croirions volontiers que ces
corps célestes peuvent être le séjour d'une race d'êtres sem-
Idables à nous.
Pourquoi n'auraient-ils pas des habitants qui, grâce à une
vue plus perçante ou à des lunettes plus fortes, nous observent
pendant que, occupés de nos progrès, nous attendons impa-
tiemment le moment où nos instruments perfectionnés nous
permettront de répondre à leurs signaux?
Puisque la même lumière tombe sur eux et sur nous, et que
les rayons en sont réfléchis d'une planète à l'autre, qui sait si
notre monde ne pourra pas alors communiquer avec les pla-
(1) On peut lire dans les journaux américains de ces derniers temps
la description d'un appareil qui prétend réaliser ces espérances, le
téléphone, expérimenté le 'H.O février 1877 entre Boston et Salem, villes
du Massachusetts (environ 30 kilomètres) par le professeur Bell.
{Note du Traducteur.)
3U HIGH SCHOOLS.
nètes voisines et celles qui sont plus éloignées? Alors l'échange
de la pensée se ferait avec la rapidité de l'éclair dans tous les
mondes éclairés par le soleil.
Le passé a vu de brillants succès en médecine, cependant il
nous est permis d'espérer qu'il viendra un temps où une con-
naissance plus complète de la médecine et des maladies, de
meilleures habitudes et une vie plus pare, permettront aux
hommes de vivre aussi longtemps qu'avant le déluge.
Et puisque la science jointe à l'art a su remplacer par des
parties artificielles presque toutes les parties du corps, telles
que les jambes, les bras, les dents, le nez, les yeux, les
oreilles et les cheveux, est-il déraisonnable de supposer que
l'on pourra rendre à l'homme cassé par l'âge sa première
jeunesse?
Les exigences de la société deviennent de jour en jour si
impérieuses que dans cent ans nos dames seront obligées de
passer tout leur temps à s'habiller, à faire des visites et à
s'acquitter des devoirs de leur profession.
Afin de leur permettre d'employer ainsi leur temps, on inven-
tera sans doute une machine pour faire les travaux de ménage.
L'homme de ménage, en se levant le matin, n'aura qu'à toucher
un bouton, et une étincelle électrique allumera le gaz du four-
neau. Alors 1 homme de ménage (car alors il n'y aura plus de
femmes de ménage) passera une ceinture, et un être au cœur
et aux mains de fer servira le café, battra les œufs, fera cuire
la viande et griller le pain. L'homme de ménage passe une
autre ceinture et les assiettes sortent bruyanuiient du buffet:
la table est mise.
Le repas terminé, une autre roue tourne, les assiettes sont
lavées, l'appartement est balayé et aéré, les meubles sont
époussetés et mis en ordre : le travail du matin est terminé.
La dame peut sortir pour aller voter, visiter un malade, ou
plaider un procès.
Dans la soirée, l'homme de ménage passe une autre ceinture
et l'on voit s'avancer une machine munie de plusieurs bras.
Elle prend les enfants l'un après l'autre, les met dans un
baquet oh elle les lave vigoureusement pendant dix ou quinze
minutes, puis elle les lance dans leur lit.
Le travail de la journée est ainsi terminé : on a économisé
du temps et personne ne s'est mis en colère.
Cette machine n'aura pas de faiblesses à satisfaire : elle
n'aura besoin ni de passer les dimanches dehors, ni de rece-
DISSERTATIONS. 315
voir ses cousins à la maison. Elle n'aura pas de parents pauvres
faisant toujours les yeux doux au beurre, au sucre el à la farine.
Et maintenant, lecteurs bienveillants, laissez-moi vous
souhaiter de vivre encore cent ans pour que vous puissiez voir
le glorieux accomplissement de toutes ces choses.
COURTNEY s.
Aurora (Illinois
9. — BIENFAITS DE L'ÉDUCATION.
L'éducation est une chose que tout homme devrait acquérir
au moins dans la mesure qu'il faut pour avoir quelque con-
naissance des affaires, et pour réussir dans le monde. Or il est
bien vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui n'ont, pour ainsi
dire, aucun degré d'instruction, mais aussi elles mènent une
vie à peine supportable :.on en trouve des exemples dans tout
le pays.
A Chicago, des ouvriers qui ont travaillé pendant huit ou dix
ans pour le même patron sont renvoyés un matin, et ils ne
savent pas comment ils gagneront leur dîner. Ils se disent que
celui qui est instruit n'est jamais sans place. Hélas! je connais
des hommes qui ont pris leurs grades universitaires et qui
maintenant demandent l'aumône. Il y a des hommes, et beau-
coup, qui ne savent pas seulement écrire leur nom et qui sont
si riches qu'ils ne connaissent pas le chiffre de leur fortune. Je
connais deux hommes dont l'un a un demi-million et l'autre
un million, et qui ne savent pas écrire leur nom. Et à côté de
cela il y a des gens instruits qui demandent l'aumône et ne
trouvent rien à faire. J'en connais un, P.-L. Smith, qui a pris
ses grades à Dartmouth Collège et qui est aujourd'hui à l'hos-
pice des pauvres. Il avait pris conseil d'Horace Greeley, qui
lui dit : « Allez dans l'Ouest. » Il réussit jusqu'au moment où
la passion du whisky s'empara de lui.
Si l'on veut devenir maître d'école ou quelque chose de ce
genre, on fera bien d'étudier toutes ces choses-là (1); sinon,
je ne crois pas qu'on doive passer tout son temps à l'école, car
toutes ces études ne servent pas à un homme d'affaires ; et tout
(1) Texte : AU thèse things.
316 HIGH SCHOOLS.
ce qui est nécessaire à un homme d'affaires, c'est de savoir
l'arithmétique, car c'est là la [trincipale étude.
AUTLN K.
Age : dix-liuit ans.
Mihviuikcc (Wisconsin).
10. — LAISSEZ ENTIŒR LE SOLEIL.
(3ui, hxissez entrer les rayons de soleil dans nos maisons et
dans nos cœurs. Laissez entrer la lumière à flots dans nos
maisons, quand même les tapis en souffriraient un peu. Il vaut
heaucoup mieux avoir des tapis défraîchis que des constitutions
maladives.
La plupart des ménagères craignent de voir les mouches
salir leurs meuhles et leurs murs, et pour celte raison elles
ferment leurs appartements et empêchent la lumière d'y péné-
trer.
Presque tout le monde a lu que « le soleil est la véritahle
source de la vie », et il n'y a pas d'appartement où on le laisse
pénétrer librement qui n'en soit rendu plus sain.
Les malades enfermés dans des chambres où le soleil ne
pénètre pas ont moins de chances de guérir que ceux qui
jouissent des bienfaits de ce merveilleux agent de Dieu. Dans
une rue, c'est toujours le côté qui ne reçoit pas le soleil qui est
le plus malsain.
Quoique beaucoup de personnes aient écrit sur le soleil, com-
bien n'y en a-t-il pas encore à la ville et à la campagne qui
continuent à fermer les volets, à clore les persiennes et à se
garantir par tous les moyens en leur pouvoir, h l'aide de
stores de toile, de dentelle et de damas, de l'éclat du brillant
soleil?
Le soleil a plus d'influence sur notre santé que nous ne le
pensons. Nous avons autant besoin de lumière que les plantes.
Les rayons du soleil sont un tonique très-agréable.
L'œil, l'organe du corps humain le plus sensible à l'action
de la lumière, s'affaiblit s'il est longtemps dans l'obscurité, et
un passage trop brusque de cet état à une lumière très-vive
est dangereux.
L'éclat de la neige est. très-dangereux pour l'œil, et il faut
aussi éviter la réflexion des murs blancs dans une chambre
DISSERTATIONS. 317
éclairée par le soleil. Comme les objets ont un aspect différent
lorsqu'ils sont éclairés par le soleil ou lorsqu'ils sont dans
l'ombre ! et quelle similitude on peut établir entre les rayons
de soleil qui éclairent la terre et les rayons de soleil qui
éclairent l'àme humaine!
Comme ils sont brillants, comme ils sont beaux les rayons
dorés ({ui traversent les nuages pour éclairer le monde après
une série de jours sombres et orageux !
Pendant noire court séjour ici-bas nous devrions faire tout
ce qui dépend de nous pour faire luire le soleil sur tous ceux
qui nous entourent, alin que ceux qui resteront après nous
puissent dire quelque bonne parole en notre faveur, lorsque
notre corps aura été placé dans la tombe froide et silencieuse.
Comme elles sont pacifiques ces paroles d'espérance qui
touchent le cœur et remplissent l'àme de joie après une longue
période de chagrin !
Il n'y a personne dans le monde entier qui n'ait pas un peu
ou beaucoup d'influence sur le bonheur des autres.
La conscience de contribuer au plaisir des autres augmente
notre propre bonheur.
L'abnégation, la charité chrétienne, la tendresse et l'affec-
tion devraient être les rayons de soleil de nos âmes.
Ella M.
Age : dix-sept ans.
New Brunswick, comté de Middlesex (New Jersey).
il. — LA BEAUTÉ.
1. Ceux qui ont essayé de délînir la beauté n'ont pas ma-
quéde mots pour dire oii on peut la trouver, mais ils n'en ont
trouvé aucun pour dire ce que c'est. Dans la nature, les fleurs
et les fruits, les rochers et les bois, les ruisseaux et les océans
semblent être remplis de beauté ; et, dans l'art, la statuaire,
la peinture et l'architecture en sont pleines. Cependant on de-
mande toujours : « Pourquoi est-ce beau? En quoi consiste la
beauté de ces objets? » Depuis des siècles la philosophie tra-
vaille à résoudre ces questions. En quoi consistent le bon, le
vrai et le beau ? Platon préfère dans la beauté l'idée à la mani-
festation. Aristote pensa d'abord que la beauté et l'utilité
318 HIGH SCHOOLS.
étaient identiques, mais plus tard il attribua la beauté à la vé-
rité.
Ainsi, taudis que la théorie de Platon admet comme beau ce
qui satisfait la nature morale, la théorie d'Aristote n'admet de
beauté que dans ce qui satisfait l'intelligence. Les uns trouvent
la beauté dans le mélange harmonieux de l'idée et de la forme,
et veulent que les objets ne deviennent beaux qu'autant qu'ils
deviennent pour nous, par l'association des idées, des sources
d'émotions agréables,
2. a. La beauté dépend autant de l'esprit de l'observateur
que de la condition de l'objet observé. Puisque les définitions
philosophiques semblent faire une abstraction de cette idée de
ijeauté, étudions- la dans quelques-unes de ses formes et
de ses manifestations, pour en connaître les effets, sinon les
causes.
Nos yeux s'arrêtent sur la campagne, le matin, lorsque les
premiers rayons du soleil donnent de nouveaux charmes au
paysage, aux fleurs, au gazon, aux nuages qu'ils colorent d'une
teinte délicate ; et nous disons que tout cela est beau. Nous re-
gardons les chutes du Niagara, l'arc-en-ciel formé parla vapeur
qui s'échappe de ses eaux écumantes, et nous disons que c'est
beau. Mais si on nous demande pourquoi, nous nous taisons.
Nous contemplons encore la beauté du corps humain, la limpi-
dité du regard, le front classique, la chevelure ondulée, la
teinte rosée qui indique la santé et nous nous écrions : « C'est
beau! » Mais si on nous demande pourquoi, la seule raison
que nous puissions donner est : « Parce que c'est beau. » C'est
peut-être là une raison de femme, mais les hommes de bien et
les sages n'en ont pas trouvé de meilleure. Comme nous l'avons
dit plus haut, la beauté de ces choses ne dépend pas seulement
(le la condition des objets, elle dépend aussi de l'esprit de
l'observateur. Lorsque nous sommes entourés, de choses qni
nous plaisent, tout nous paraît agréable et beau. Mais si nous
sommes frappés par le chagrin ou par la peine, si nous
sommes accablés par l'inquiétude ou par les soucis, le même
rayon de soleil, les mêmes fleurs semblent avoir perdu toute
leur beauté. C'est en vain que brillent les gouttes de rosée, en
vain que l'eau scintille.
b. Platon était tellement persuadé de l'influence que notre
esprit exerce sur la manière dont nous apprécions le beau, qu'il
disait un jour : « L'esprit seul est beau et, en aimant le beau,
il ne fait qu'aimer l'ombre de lui-même. ^) Sans accepter une
DISSERTATIONS. 319
vue aussi radicale du sujet, nous pensons tous cependant qu'il
n'y a rien de si grand, de si noble que la beauté intellectuelle.
Cette beauté ne ressemble pas à la beauté physique, elle ne se
fane pas avec l'âge, mais elle dure aussi longtemps que la mé-
moire. L'ancienne maxime : a. La beauté sans ornements n'en est
que plus ornée, » peut être vraie pour la beauté physique, mais
elle ne l'est pas pour la beauté intellectuelle, car c'est par ses
ornements qu'elle est beauté. La beauté physique toute seule
ne peut rendre personne beau. Celle-ci ne peut jamais rempla-
cer celle-là. Le plus beau visage perd la moitié de ses charmes,
sinon tous ses charmes, lorsqu'on sait qu'il n'est qu'un masque
cachant sous son extérieur rougissant un caractère terni par
le crime ou un cœur dépourvu de sympathie. Au contraire,
une personne dépourvue de beauté physique peut devenir ra-
dieuse sous l'éclat de la beauté intellectuelle qui émane de son
âme.
3. Les personnes d'un esprit pratique sont sujettes à penser
qu'il est inutile de perdre son temps et sa mémoire à embellir
les objets ; mais la beauté rehausse l'utilité. Une salle d'école
ornée de tableaux et de statues est réellement plus utile que si
elle n'avait pas ces ornements artistiques ; au lieu de la fuir,
l'élève y court, parce que la présence des tableaux, des fleurs,
•les statues et de la musique change ses devoirs en plaisirs.
Ces objets ouvrent des horizons à son imagination. Le foyer
domestique, qui est toujours agréable, acquiert des charmes
encore plus puissants lorsque les fenêtres ensoleillées, les
oiseaux au doux ramage, la musique et la peinture y répandent
leur beauté pour retenir dans ses murs sacrés ceux qui, sans
cela, pourraient aller chercher des distractions ailleurs. La
cathédrale de Saint-Paul est-elle un sanctuaire moins estimable
parce que les bancs sont garnis de coussins et que les fenêtres
sont très-étroites ? La lumière du soleil artistement tamisée et
les doux sons de l'orgue ne sont pas sans utilité. Ils calment
les passions et répandent la paix dans l'âme agitée, en la rem-
plissant de pensées nobles et saintes. La pêche est-elle moins
agréable parce qu'elle est recouverte d'un duvet velouté ? Le
raisin est-il moins exquis parce qu'il est recouvert d'un royal
manteau de pourpre ? La rose est-elle moins parfumée parce
que ses feuilles ont de belles teintes rouges?
Kettie g.
Age : seize ans.
Aurora (Illinois).
3^0 HIGH SCHOOLS.
H. — DEVOIRS ET DROITS.
(3° année.)
J. l)oiin(3z l)rièveinent une classification des devoirs qui
naissent de la loi de réciprocité.
f(pp^ — y,a réciprocité comprend trois classes de devoirs :
Classk I. — Devoir envers l'homme en tant qu'homme.
Celte classe se subdivise en deux parties :
Chapitre 4. — Justice par rapport à la liberté.
— 2. — • — — propriété.
— 3. — — — réputation.
— i. — — au caractère.
Chapitre 1. — Véracité par rapport au passé et au présent.
— 2. — Véracité par rapport au futur.
Cl.\sse II. — Devoirs résultant de la constitution
des sexes.
Chapitre 1 . — La loi de la charité.
— 2. — La loi du mariage.
— 3. — Devoirs des parents.
— i. — Devoirs des enfants.
Classe IlL — Devoirs résultant de la constitution
de la société.
Chapitre 1. — Comment la société se forme et se gouverne.
— 2. — Devoirs des magistrats.
— 3. — Devoirs des fonctionnaires dans la société.
— i. — Devoirs des citoyens.
2. Discutez, d'une manière générale, la nature de la liberté
personnelle.
Rép. — Tout homme sur la terre a sur lui-même un droit
qu'on ne peut pas légalement lui enlever, à moins qu'il ne de-
vienne dangereux pour la société. Dans ce cas, c'est le devoir
de la société de se débarrasser de lui en le séquestrant. Ainsi
donc, pourvu que les droits d'une personne ne nuisent pas aux
droits des autres, elle est parfaitement libre de les exercer.
i
DISSERTATIONS. 321
Cependant l'histoire nous parle d'actes de cruauté qui furent
tout à fait illégaux. Je ne connais pas de plus grand exemple
de la violation de la liberté que l'esclavage. De pauvres noirs,
qui n'avaient fait de mal à personne, étaient arrachés de leur
foyer, on brûlait leurs maisons, on massacrait cruellement
leurs enfants et leurs vieux parents, et on les vendait comme
esclaves. Comme une telle conduite était opposée au grand,
au sage précepte de notre Créateur : « Faites aux autres ce que
vous voudriez qu'ils vous fiss-ent » !
3. Sur quoi repose le droit de propriété ? Comment ce droit
peut-il être violé?
Rép. — Le droit de propriété est fondé sur cette maxime :
« Tout homme a droit sur lui-même. » S'il a droit sur lui-
môme, il peut exercer ce droit à son profit et à son plus grand
profit, pourvu qu'en agissant ainsi il ne nuise pas au droit des
autres. Il a droit à la propriété qu'il a acquise par l'un des
moyens suivants :
1° Par le travail de ses mains ; ^^ par don ; 3° par héritage;
4° par dernière volonté ou testament; 5° par possession ; 6*^ par
achat.
On peut violer le droit de propriété en se faisant donner un
titre, constatant que l'objet que l'on possède n'est sujet à au-
cune revendication, lorsqu'il n'en est pas ainsi. Par vol sans
violence. En employant la violence pour se faire mettre en pos-
session. En volant à main armée.
l. Jusqu'à quel point est-il de notre devoir de révéler les
mauvaises actions des autres?
Rép. — 11 n'est de notre devoir de révéler les méfaits de
nos semblables qu'autant qu'il s'agit du bien de la société. Et,
dans ce cas, nous ne devons pas le faire par malice ou par
haine, mais pour le bien commun. Si nous ne révélons pas les
actions qui causent un grave préjudice à la société, je crois
que nos semblables doivent nous considérer comme complice
de ces actions ; car celui qui n'empêche pas le mal qu"il peut
empêcher est aussi coupable que celui qui le commet. Si nous
révélons les mauvaises actions des autres, nous les empêche-
rons par là de commettre de nouveau ces mauvaises actions ;
nous préviendrons donc ainsi le retour des maux que nous con-
naissons, ce qui est notre devoir.
5. Quelles sont les promesses qui ne nous engagent pas ?
Rép. — Nous ne sommes pas tenus d'accomplir les promesses
qui sont contraires à la loi de Dieu ou des hommes. Dans ce
-21
322 HIGH SCHOOLS.
cas elles sont illégales, el ce qui est illégal ne saurait nous
lier. Lorsque la maladie ou des malheurs imprévus nous acca-
blent, nous sommes incapables d'accomplir nos promesses, qui
alors ne peuvent plus nous lier. Car une promesse n'est obli-
gatoire qu'au sens oi^i celui qui la fait suppose que celui à qui
il la fait, la reçoit. Or il n'est personne assez téméraire pour
s'engager à accomplir sa promesse si la maladie l'en empêche;
donc, dans ce cas, la promesse n'est pas obligatoire.
6. Discutez la bienveillance témoignée aux méchants et aux
malheureux.
Rép. — Nous avons tous le devoir d'être bienveillants envers
les malheureux; nous devons essayer d'adoucir leurs peines
par nos bontés. La Bible a dit : « Le bien que vous avez fait
aux plus petits d'entre eux, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Comme ces quelques paroles sont belles ! Qui voudrait .perdre
une occasion de rendre plus uni le sentier que foulent les mal-
heureux !
Souvent un peu de bienveillance témoignée aux méchants les
rend meilleurs. Il n'y a pas d'animal si sauvage cju'il résiste à
des caresses continuelles. En agissant ainsi, non-seulement
nous venons au secours des méchants, mais nous nous faisons un
cœur bon et aimant. Quoique la méchanceté soit dans le cœur
de nos semblables, nous ne devons pas les mépriser; il faut
essayer de les ramener dans la bonne voie en leur tendant une
main amie, et en agissant avec eux en vrais chrétiens.
FiDELIA A.
Age : dix-sept ans.
Burlington (lowa).
13. — PEUT-ON JAMAIS JUSTIFIER UN MENSONGE V
('i'^ année.)
Non, jamais! Jamais on ne peut justilier un mensonge. Dites
toujours la vérité; quand même ce serait une question de vie
ou de mort, dites toujours la vérité.
L'expérience m'a démontré que le vieux proverbe : « L'hon-
nêteté est la meilleure politique (1), » est bon et vrai, et je
(1) Honestij is the hest poUcij.
DISSERTATIONS. 3^3
conseillerais à tous ceux qui ont quelque doute ù ce sujet,
jeunes ou vieux, riches ou pauvres, de le suivre fidèlement.
Si vous allez passer la soirée quelque part et que vous ne
teniez pas à ce que vos parents sachent où vous avez été, il ne
faut pas, en revenant chez vous, vous mettre aussitôt à en
parler et dire où vous avez été, avec qui vous f avez été, tout
ce que vous avez fait : l'honnêteté n'exige pas cela de vous.
Mais si votre père vous demande où vous avez été, il faut le lui
dire, lui dire tout sans rien cacher.
Si vous avez accepté un présent pour faire quelque chose que
vous ne deviez pas faire, avouez-le franchement lors(ju'on vous
accuse, comme l'a faitM"'* B. (1), sans vous inquiéter de ce qu'on
pourra dire ; vous savez bien qu'il faut toujours que le monde
cause.
S'il y a eu quelques malversations dans un service public
dont vous étiez chargé (2), avouez-le et supportez-en les consé-
quences, ne forcez pas le gouvernement à faire des dépenses
inutiles pour payer des jurés qui devront siéger et entendre les
témoins qui viendront vous accuser. Puisque vous savez que
vous êtes coupable, avouez-le, et tout s'arrangera beaucoup
plus facilement.
Si vous avez coupé le cerisier de votre père avec votre
hachette toute neuve (3), avouez-le, et alors vous pourrez
regarder le monde en face sans trembler, mais autrement vous
ne pourrez pas regarder un chien en face sans rougir.
Voyez à quelle haute position s'est élevé George AVashington.
Peut-être la haute estime qu'on a maintenant pour son nom
est-elle due principalement à ce fait, qu'il ne pouvait pas
mentir.
Frédéric B.
Age • quinze ans.
Milwaukee (Viscoiisiii).
1 i. — HONNEUR AUX MAINS CALLEUSES.
Les palais en marbre de Venise, avec leurs sculptures éla-
borées et leurs riches mosaïques, se dressent comme un rêve
{1 et 2j Allusions à de célèbres procès de ces derniers temps.
(3) Allusion à une aventure célèbre de l'enfance de Washington (voir
ci-dessus, page 168. i
324 mon scHOOLS.
de beauté sous les yeux du touriste ; mais qui peuse aux forêts
majestueuses qui leur ont servi de foudeiucnts?
Dans la société, nous portons toute notre attention sur la
splendeui- des g-rands monuments et nous oublions ce que nous
devons au trav.iil des mains du pauvre. Nous ne songeons pas
qu'il y a dans l'univers des millions de travailleurs qui sont nos
bienfaiteurs personnels.
Je m'assieds dans mon petit salon et je me demande à qui je
dois le bien-être et les sinqdes ornements dont je suis entouré.
Celte plume dont je me sers pour écrire, c'est du minerai de
quelque mine profonde qu'une main singulièrement habile
l'a tirée. C'est encore de ces sondjres cavernes qu'on a extrait
tous les petits clous, toutes les vis et même les cordes du
piano, et la planche sur laquelle on a gravé ma douce madone.
Le charbon qui répand dans la maison la température de l'été
nous a été donné par des hommes qui demeurent dans les
ténèbres pour que d'autres puissent avoir de la lumière et de
la chaleur. Honneur au mineur qui, avec une énergie héroïque,
tire delà terre des trésors cachés pour enrichir ses semblables!
Sa vie se passe souvent au milieu des scènes les plus sublimes!
Les montagnes sont sa patrie; elles ont toujours une sublime
beauté, sous l'éclat du soleil, ou pendant l'orage, lorsqu'elles
semblent se faire signe l'une à l'autre, tandis que leurs rochers
répercutent les roulements de la foudre. Des scènes sublimes
ne peuvent manquer de faire aimer la nature et adorer le
Créateur.
Le plâtre qui recouvre le mur a subi bien des modifications
depuis le moment où il gisait dans la carrière de pierre à
chaux. Le verre de la fenêtre était jadis du sable que le vent
faisait voler çà et là. Le miroir fut inventé il y a bien long-
tenq)S dans une ville entourée par la mer. Il a fallu les soins
d'un berger, d'un fdeur et d'un teinturier pour confectionner
le tapis qui recouvre mon plancher.
Reconnaissons ce que nous devons à tous les hommes qui
transforment les matériaux bruts fournis par la nature, et qui
les rendent propres à nos usages ([uotidiens.
Paruji les bienfaiteurs du monde n'oublions pas les « tailleurs
de bois ni les tireurs d'eau ». Pour que le charpentier bâtisse
une maison, il faut que le bûcheron coupe le bois dans la forêt.
Il faut que ce bois soit adapté aux différentes parties de l'édi-
fice. La vue du bois qui vient d'être coupé et celle de la char-
pente d'une maison ont beaucoup de charmes» L'ouvrage
DISSERTATIONS. 325
devient de plus en plus compliqué jusqu'à ce qu'on le termine
en creusant le puits ou en construisant Taqueduc.
La vie du fei'mier est pleine de poésie. Les champs suggèrent
de nobles pensées. Pendant que Robert Burns (l) labourait un
matin, à l'aube, sa charrue coupa tout à coup une pâquerette
qui aussitôt refleurit dans un poème.
« Petite fleur uiodeste, aux pétales teintés de rouge, tu m'as
rencontré dans une heure fatale; il m'a fallu écraser dans la
poussière ta tige élancée : t'épargner, maintenant n'est plus
en mon pouvoir, ô la perle desfleurs!... Nos jardins fournissent
les fleurs superbes qui ne peuvent croître que sous les dômes
de verdure ou près des hautes murailles; mais toi, solitaire et
cachée sous l'abri que t'ofl"re d'aventure la n)olte de terre ou
la pierre, tu ornes le champ où le moissonneur n'a laissé que
les chaumes (2). »
Hawthorne dit de son jardin :
« C'était un des plus beaux spectacles qu'il y eût au monde
de voir une petite colline de fèves repousser le sol, ou une
rangée de pois précoces qui sortaient de terre assez pour former
une ligne d'un vert tendre. »
Les domesti([ues qui lavent notre vaisselle, qui font nos
chand)res et qui préparent nos aliments, sont dignes de notre
respect s'ils font bien leur travail. Ce qui est utile est toujours
honorable, et l'humble travailleur est souvent encouragé par
la pensée que c'est Dieu qui distribue toutes les tâches , et
(1) Poëte écossais, vécut de 1759 à 1796. Il a écrit en écossais des
poëmes, des chansons et des lettres. (Note du Traducteur.)
(2) Wec, modest, crimson-tipped flow'r,
Thou's met me in an evil hoiir ;
For I maun crush among the stoiire
Thy slender stem :
To spare tliee now is past my pow'r,
Thon bon aie 2;em.
The llaimting flow'rs our gardons yield,
High shell'ring woods and wa's maun sliield;
^ But ttiou, lieneath Ihe random bield
O'clod or stanc,
Adorns tlie histie stibble-field,
Unseen, alane,
(Stanzas to a Mountain Daisy).
{Texte rétabli par le Traducteur.)
3:26 HIGH SCHOOLS.
qu'il tient compte de tous les efforts que l'on fait fidèlement.
Beaucoup de sottes personnes pensent cju'il y a de la honte à
travailler, et quelques mères sont fières de dire que leurs
filles ne savent faire que des ouvrages de fantaisie. Une femme
qui avait deux lilles les avait élevées dans cette fausse idée
pendant (ju'elle travaillait durement })our les entretenir. Enfin
l'aînée se maria et alla vivre chez elle. Elle écrivit à sa mère que
si elle voulait faire une dame de Ahby, il était temps de com-
mencer. La petite fille avait treize ans et, en disant d'en faire
une dame, sa sœur voulait dire de Thahiller à la mode et de la
laisser s'asseoira la fenêtre du salon.
E.-II. Chapin, dans le sermon qu'il lit ici l'hiver dernier, dit
que les travailleurs forment la véritable noblesse, et que les
oisifs forment les classes inférieures. C'est peut-être à deux
lois que la Russie doit sa supériorité intellectuelle : l'une de
ces lois exige que chaque enfant reçoive de l'instruction, la
seconde force chaque homme à apprendre un métier. Le Prince
héritier est imprimeur. L'oisiveté est la mère du crime, et
tous ceux (|ui aiment le bon ordre voient avec plaisir que
notre assemblée législative vient de faire une loi pour proléger
la société contre les mendiants, qui sont devenus si nombreux
et si dangereux dans toutes les parties de ce pays.
Lorsqu'un homme travaille sérieusement, il est comparative-
ment à l'abri des maux qui l'entourent. Les mauvaises pensées ne
trouvent pas de place dans son cœur, son unique préoccupa-
tion est de rendre sa famille heureuse. Après son travail, il
jouira des simples amusements du foyer domestique, qui sont
très-nécessaires pour entretenir sa bonne humeur.
Sir Thomas More, dans son Utopia, dit qu'il voudrait passer
la moitié du jour au travail et le reste en une honnête ré-
création. Aristote dit : « Le but du travail c'est de jouir du
loisir. » Toujours travailler sans jamais jouer est presque aussi
mauvais que de toujours jouer sans jamais travailler. Jl y a
des personnes qui croient (ju'elles seules doivent prendre de
la récréation et que leurs inférieurs n'en ont pas besoin.
La gouvernante de 1' « Old curiosity shop » pensait que les
enfants de l'aristocratie devaient seuls aller au spectacle.
Elle soutenait que les vers du docteur Watts : « Que mes
premières années se passent au milieu des livres, au travail,
ou dans des jeux salutaires, » ne s'appliquaient qu'aux enfants
de bonne famille , mais que, pour les enfants pauvres, ils
devaient être :
DISSKUTATIONS. 3:27
« Ouenips premières années se passent au travail, au travail,
au travail, toujours au travail, pour qu'à la lin je puisse rendre
bon compte de chaque jour. »
La récréation est surtout goûtée p;ir ceux (jui l'ont d'abord
gagnée par le travail.
La sagesse de Dieu, qui se^ voit partout, est manifeste dans
le fait du travail. Il a voulu que ses enfants fussent dans une
dépendance mutuelle les uns à l'égard des autres. Chacun doit
à la société tout ce qu'il peut lui donner.
Le Créateur les a pourvus des matériaux dont ils ont besoin
et les a doués de facultés qui se développent par l'usage. Le
travail est une loi divine et, en s'y conformant, l'homme trouve
>on bonheur et son plus grand bien.
Beaucoup d'hommes, qui ont vécu du travail de leurs mains,
ont acquis pendant leurs heures de loisir une haute culture in-
tellectuelle. Hugli Miller passa quinze ans dans une carrière
et fut ensuite commis dans une banque; et, pendant tout ce
temps, il employa ses soirées à composer et à écrire ses
importants ouvrages sur la géologie.
ElihuBurrett, surnommé le savant forgeron, savait cinquante
langues. Robert Collier, de Chicago, est aussi habile à ferrer
un cheval ({u'à composer un sermon. Le jeune sculpteur, plein
d'avenir, S (1), apprit sa grammaire latine pendant que
ses mains poussaient la navette sur le métier. M""'' Emily
C. Judson ( 2j, cet écrivain élégant et ce missionnaire dévoué, était
ouvrière de fabrique à douze ans; après avoir, par de patients
efforts, acquis une bonne instruction, elle tint une école à
soixante-quinze cents par semaine.
>'otre pays pourrait fournir un grand nombre d exemples
d'hommes qui ont obéi aux plus nobles impulsions de leur être
pendant qu'ils étaient obligés de se livrer au travail manuel,
pour subvenir à leurs besoins de chaque jour.
-Nous honorons spécialement dans notre école ceux qui, tout
en s'entretenant par leur travail, prennent place aux premiers
rangs. Nous sommes sûrs que le monde leur réserve des posi-
tions d'honneur et de confiance, et que les fardeaux qu'ils sup-
(l) Nom illisiblt'.
f2j 1 81 7-1 85 i, pins connue sous le nom de Fanny Forester, sous
lequel parurent la plupart de ses Poëmes et de ses Nouvelles.
328 HIGII SCHOOLS.
portent actuellement ne font que les préparer à la responsabi-
lité dont on les chargera plus tard.
Katie m.
Portsmouth (New Hampsliirc).
3c SECTION : COMPOSITIONS HISTORIQUES ET POLITIQUES.
%II. — Histoire.
1. — ÉTUDE DE l'histoire.
L'histoire est une élude qui ne saurait manquer d'intéres-
ser et le professeur et l'élève, lorsqu'elle est faite convenable-
ment.
On ne peut pas espérer que l'élève qui se contente d'ap-
prendre les faits et les dates qu'il trouve dans son manuel,
éprouve beaucoup de plaisir à faire une étude aussi incomplète.
Mais, qu'il lise l'histoire d'une nation écrite par différents au-
teurs ; qu'il se rende compte des opinions de chacun de ces
auteurs sur les causes et les résultats des divers événements ;
qu'il juge lui-même laquelle est la meilleure ; qu'il voie cette
nation croître et se développer: alors l'histoire ne tardera pas
à devenir pour lui une étude pleine d'intérêt.
D'un autre côté, chaque nation n'a-t-elle pas ses traditions
qui, sans être rigoureusement vraies, ne laisseront pas de pro-
curer du plaisir à celui qui les lira, et de lui faire connaître
le caractère du peuple?
Nous entendons souvent des élèves dire : « Je n'aime pas
l'histoire, je ne peux pas retenir les dates. » Ceux qui font
entendre cette plainte sont presque toujours des élèves qui
essayent d'apprendre les dates dans des tableaux chronolo-
giques, où elles ne sont reliées par aucune idée historique. Et
il vous diront qu'ils se servent de ces tableaux « pour apprendre
leurs leçons le plus vite possible ». Faut-il donc s'étonner qu'ils
ne réussissent pas?
Si on étudie en même temps la géographie et Thistoire d'un
pays, on verra pourquoi certaines, parties de ce pays ont été
plus tut colonisées et plus vite civilisées.
Considérons un instant l'histoire de notre pays, en l'étudiant
d'abord à un point de vue pratique.
HISTOIRE. 329
Nous apprendrions d'abord sa découverte, sa colonisation
dans différentes parties, ensuite les principales causes de la
Révolution, et ainsi de suite. Mais une étude ainsi faite nous
intéresserait-elle autant que si nous en avions étudié tous les
détails et les aventures audacieuses de nos ancêtres, en nous
rendant compte de leurs pénibles travaux, dont nous pourrions
ainsi apprécier tout le mérite ? Je crois bien que non.
Lorsque nous entreprenons une étude, commençons-la donc
de la bonne manière : nos jours d'école nous paraîtront ainsi
plus agréables.
Nellie K.
Age : dix-sept ans.
Mihvaukee (Wisconsin).
''l. — HISTOIRE ANCIENNE.
1. Indiquez le caractère des deux principales races de la
Grèce.
Rép. — Les Grecs formaient une pure race aryenne. A une
époque très-ancienne, ils émigrèrent vers l'ouest et chassèrent
ou soumirent les tribus barbares qui habitaient ce pays. Ils
n'eurent pas le même caractère dans toutes les générations.
Dans les premiers siècles ils formaient un peuple hardi, vigou-
reux et ambitieux.
Les principaux peuples furent les Athéniens, les Spartiates
et ensuite les Thébains. Les Athéniens étaient inconstants; ils
aimaient le luxe. Ils eurent d'abord beaucoup d'esprit public, et
ils cultivèrent les beaux-arts. Les arts, la poésie, la sculpture
et la musique atteignirent une grande perfection.
Les Spartiates, au contraire, regardaient la musique et la
poésie comme des arts indignes des hommes; le bien-être et
le luxe, comme une honte. C'était une race acariâtre, cruelle
et jalouse. Ils ne se proposaient d'autre objet que la guerre.
Les Thébains ne restèrent au pouvoir que fort peu de temps.
Mais ils montrèrent dans la guerre un caractère vindicatif et
une cruauté impitoyable.
t. Éducation des Spartiates. Ses résultats.
Rép. — Le gouvernement était chargé de l'éducation du
jeune Spartiate. L'État le prenait à sept ans et l'employait jus-
qu'à soixante ans. Ils mangeaient tous à la même table, afin
que les jeunes gens pussent entendre la conversation de leurs
330 HIGH SCHOOLS.
supérieurs et en profiter. On leur enseignait le mensonge, le
vol et toute espèce de ruse. Ils se livraient aussi aux jeux athlé-
tiques pour forlilier leurs muscles. I^es femmes Spartiates
étaient obligées de s'exercer de la même manière ([ue les
hommes; mais leur éducation se faisait à part.
Cette éducation avait pour résultat de former une race vi-
goureuse, une race de guerriers. Quoique les Spartiates eussent
beaucoup d'influence au temps de leur puissance, ils n'ont pas,
comme les Athéniens, produit des œuvres qui ont été utiles au
monde entier. Nous pouvons lire leur histoire et admirer leurs
bonnes qualités, mais ils n'ont rien fait pour propager et pour
dévelop|)er la civilisation.
o. Indiquez les expéditions des Perses et les généraux qui
les dirigèrent. Donnez le plan de Marathon.
ï. Écrivez dix lignes sur Péridès.
5. Écrivez dix lignes sur Alexandre.
6. Écrivez vingt dates en ordre.
7. Nommez, par ordre, les divinités de l'Olympe. Écrivez au
moins une phrase sur chacune d'elles.
8. Nommez un auteur épique, un auteur élégiaque, trois
auteurs lyriques, trois auteurs dramatiques, deux orateurs,
trois historiens et neuf philosophes.
9. Décrivez les mœurs grecques.
Rép. — La différence entre les deux sexes était peu mar-
quée dans les vêtements. On ne portait pas de chaussures dans
les maisons; dehors on portait des sandales. On faisait trois
repas par jour, et l'on mangeait couché. On se servait des
doigts, qui existaient avant les fourchettes, et on se lavait les
mains et la figure. Les personnes de la classe riche vivaient
très-somptueusement. La femme était considérée comme étant
presque» l'égale de l'esclave. C'est à ce fait qu'il faut attribner
beaucoup de vices dont nous parle l'histoire grecque.
10. Ostracisme. — Écrivez quinze lignes sur trois honnucs
qui furent contemporains et qui exercèrent une grande in-
fluence.
Rép. — L'ostracisme était le moyen employé par les Athé-
niens pour se débarrasser des chefs politiques qui leur étaient
odieux. Ce moyen consistait à écrire sur une coquille le nom
de l'homme, que l'on voulait faire exiler ou bannir par l'ostra-
cisme. Si l'on parvenait à réunir ainsi six mille votes sur le
nom d'un homme, cet homme était banni par l'ostracisme ou
exilé.
HISTOIRE. 331
ïhémislocle, Aristide et AleibiaJe <[) furent à peu près eon^
temporains. Thémistocle avait beaucoup d'égoïsme et était
très-rusé. Il voulait concentrer à Athènes tout le pouvoir de
la Grèce, pour s'en donner la gloire. Aristide était l'opposé de
Thémistocle. Jamais il ne se laissa diriger par des considéra-
tions d'intérêt personnel. On lui décerna le nom de « Aristide
le Juste ». Alcibiade était parent de Périclès, mais il ne res-
semblait à son parent que par sa merveilleuse habileté. 11 fut
obligé de s'exiler d'Athènes plusieurs fois.
D. ^YILUAM P..
Age : dix-sept ans.
Rochello, comté d'Oajle /'Illinois).
o. — HISTOIRE MODERNE.
(3^ année.)
1. Faites un sommaire du régne de Charlemagne et du pas-
sage de la dynastie mérovingienne à la dynastie carlovingienne.
2. SonuTiaire du règne de François P"".
3. Souverains delà maison de Bourbon, sommaire de l'admi-
nistration du cardinal de Piichelieu. Quelques-uns des contem-
porains de Piichelieu.
•4. Sous quel règne eut lieu la guerre de la Succession d'Au-
triche? Quels sont les souverains qui prirent part à cette
guerre ?
Sous quel règne eut lieu la guerre de Sept .\ns? Quels sont
les souverains qui y prirent part?
5. Sous quel règne eut lieu la Kévolutron française? Quelles
furent les principales causes de cette Révolution?
6. La Révolution française eut lieu pendant le règne de
Louis XVL Principales causes : L'armée française revenait
d'aider les Américains à conquérir leur indépendance; elle
avait répandu dans tout le pays un esprit de libeité. Depuis
cent ans on dépensait avec prodigalité les fonds du Trésor, et
la part que les Français avaient prise à la Révolution améri-
caine avait réduit la France à une condition fort embarrassée,
A cette époque les ouvrages des auteurs impies étaient fort
répandus et l'athéisme était partout. Une longue oppression,
{[)Sic.
332 HiGn scHOOLS.
le mépris de la loi divine et de la religion avaient rendu le
peuple rebelle et intraitable. Beaucoup de protestants qui
étaient restés en P>ance après la Révocation de î'édit de Xantes
et qui ne voulaient pas se conformer à la religion catbolique
roniaine, étaient retombés dans l'incrédulité. Telles sont les
causes qui, jointes à d'autres, donnèrent naissance à la lutte
sanglante dont l'Europe entière ressentit le contre-couj).
7. Comment les monarques d'Europe considérèrent-ils la
Révolution française? Quelles coalitions se formèrent contre! la
France? Principales batailles de cette lutte.
Rép. — Les monarques d'Europe tremblèrent en voyant les
extravagances de la Révolution française, et ils commencèrent
à craindre pour la sûreté de leui's propres couronnes. Ensuite
ils s'unirent et formèrent contre la France de grandes alliances
appelées les Coalitions. 11 y eut cinq coalitions. Les nations
qui se mirent à la tête de ces coalitions furent l'Angleterre,
l'Autriche, la Russie, la Hollande et l'Espagne. La Prusse et
plusieurs autres y entrèrent aussi.
Principales batailles : combat naval d'Aboukir, batailles de
Marengo, de lïohenlinden, d'Llm, d'Auslerlitz; combat naval
du capTrafalgar; batailles d'iéna, d'Auerstœdt, de Ratisbonne,
de Wagram, de Bautzen, de Leipsick et de Waterloo.
LlLLlE VAN A.
Age : quinze ans.
Baltimore (Maryland;.
A. — HISTOIRE DE FRANCE.
1. Faites un expos* de la chute de la dynastie mérovingienne
et de l'avènement des Carlovingiens. Quand et par qui fut fondé
le nouvel empire d'Occident? Quels pays renfermait-il? Quand
l'empire fut-il démembré? Quelle province en conserva le titre
et la puissance?
2. Nommez les souverains français du XYI*" siècle ; règne de
François P''. Contemporains illustres.
Rép. — Louis Xll, François P"", Henri 11, François 11,
Charles IX, Henri 111, Henri IV.
3. Quelques détails sur Henri de Xavarre. Sonuuaire de son
règne.
Henri de Navarre était l'un des chefs des Huguenots. Pen-
dant le règne de Henri 111 il devint l'un des trois Henri qui
HISTOIRE. 333
prétendaient au Irône. Le roi Henri III, aidé des Ligueurs,
remporta ([uehjues avantages sur les Huguenots. Mécontent de
son union avec ies Guises, il les fit assassiner. Cet acte amena
une insurrection dans laquelle le roi succomba. Henri de Navarre
ou Henri IV de France monta sur le trône. Les Catholiques
essayèrent de le renverser, mais il les défit à la bataille
d'Ivry (1590). Comme on lui résistait encore, il voulut satisfaire
le parti dominant et sauver la France de l'anarchie : il em-
brassa la religion catholique. Il accorda l'Édit de Nantes, qui
satisfit les Huguenots. Il s'occupa ensuite du bien-être intérieur
de la France, il construisit des routes, des canaux; il encouragea
les travaux des mines, le commerce, etc., et il protégea les
arts et la littérature. Dans la dernière partie de son règne, il
forma le projet d'abaisser la Maison d'Autriche, et d'établir une
association capable d'équilibrer le pouvoir en Europe. Quel-
ques-uns des princes allemands avaient pris les armes contre
l'Empereur, et Henri allait partir pour commencer la guerre
lorsqu'il fut assassiné dans les rues de Paris par un fanatique
insensé. Sa mort fut un deuil public en France.
i. Les principales guerres du règne de Louis XIV. Effets
de ces guerres sur la France?
Rép. — La guerre de Trente Ans; la guerre civile de la
Fronde; la guerre avec la Hollande; la guerre causée par la
fuite de Jacques II d'Angleterre qui se réfugia en France,
guerre dans laquelle Louis eut à tenir tète aux forces combi-
nées de l'Europe ; guerre de la Succession d'Espagne.
Personnages illustres : cardinal Mazarin, cardinal de Pietz ,
maréchal Turenne, prince de Condé, Vaubau , Colbert, Lou-
vois, M'^'^ de Maintenon. ^
Contemporains anglais : Charles P'', Cromwell, Charles II,
Jacques II, Guillaume et Marie, Anne, George I", Marlborough.
Autres contemporains : prince Eugène, Guillaume d'Orange,
de \Vilt.
Vers la fin de son règne il mécontenta son peuple. Pendant
un règne de 7:2 ans il avait, grâce à ses extravagances, endetté
son pays de 84 millions. Il maintint jusqu'à la fin le cérémo-
nial extravagant de sa cour, quoique la mort lui eût enlevé son
fils le Dauphin, l'aîné de ses petits-fils et plusieurs de ses
parents. Les batailles de Malplaquet, de Piamillies et de Blen-
heim détruisirent entièrement la puissance militaire de la
France. Louis obtint une paix plus favorable à la France qu'il
n'avait raison de l'espérer. H laissa la France endettée et
334 HIGH SCHOOLS.
souffrante. Il mourut au milieu des murmures à peine répri-
més de ses sujets.
5. Sommaire de l'administration de Louis-Napoléon. Court
exposé de la guerre franco-prussienne. Effet de cette guerre
sur la France, sur la Prusse et sur l'Italie.
Rép. — Après la fuite de Louis-Philippe en 184S, on pro-
clama la Piépublique, et Louis-Napoléon fut choisi pour en être
le premier président. C'était le neveu de Napoléon I". Il était
fils d'Hurtense, fille de Joséphine, et de Louis-fjonaparte. P(M1-
dant la première année de sa présidence un mouvement insur-
rectionnel dirigé par Garibaldi éclata en Italie. Louis-Napoléon
envoya des troupes, chassa Garibaldi et ramena le Pape. L'un
des principaux objets de son règne fut de maintenir la supré-
matie du Pape. C'est pour cela qu'il entretint une armée per-
manente en Italie. Napoléon s'unit avec l'Angleterre pour faire
la guene de Crimée, et il eut la gloire de prendre d'assaut
Sébastopol. Lorsque la guerre éclata entre l'Italie et l'Autriche,
Napoléon prit parti pour la première; il remporta les victoires
de Magenta et de Solférino.
Napoléon, au commencement de son administration, désirant
augmenter son pouvoir, eut recours à un honteux stratagème.
Il emprisonna les députés sur le silence desquels il ne pouvait
pas comjtler, supprima les journaux, et se lit proclamer Empe-
reur de France.
En 187U, Louis-Napoléon déclara la guerre à l'Allemagne,
et deux armées sous les ordres de Mac-Mahon et de Bazaine
furent envoyées sur les bords du Fihin. Mais les États du Nord
et du Sud de l'Allemagne unirent leurs forces sous le comman-
dement de Guillaume de Prusse, et des armées magnifiquement
équipées furent aussi envoyées sur le Rhin. Là eut lieu une
bataille : Mac-Mahon, chassé de ses positions, fut forcé de se
retirer sur Sedan, et se rendit le l*"' septembre. Bazaine était
alors enfermé dans Metz et il rendit son armée prisonnière de
guerre, lorsqu'il ne semblait pas y être contraint par la néces-
sité.
En 1871, les troupes allemandes occupèrent Paris. La paix
fut signée. Napoléon était prisonnier. On proclama la Uépu*
blique avec Thiers pour président. Bientôt après eut lieu l'in-
surrection de la Commune qui dura plusieurs mois, mais on
finit par en triompher. La France est maintenant en République
avec Mac-Mahon pour président.
Le territoire du Pape avait été protégé par Napoléon. Pendant
HISTOIRE. 335
la guerre de 1870, les troupes françaises furent rappelées pour
la défense de Paris; Garibaldi entra à Rome, et l'Italie devint
un royaume avec Rome pour capitale et Victor-Emmanuel pour
roi.
Il y a six ans, on demandait laquelle de l'Autriche ou de la
Prusse était la plus grande ; mais pendant la dernière guerre
tous les États allemands se sont unis sous les ordres de Guil-
laume de Prusse, et l'Empire allemand a été reconstitué.
Grâce à ses armées bien disciplinées, cet empire a remporté
des victoires si éclatantes que, non-seulement il a complète-
ment éclipsé l'Autriche, mais qu'il menace de surpasser en
gloire la France et l'Angleterre.
Emma Y.
Age : seize ans.
Balliiiiure (Marvland).
O. — JEANNE D'ARC.
(3'^ année.) ^
•leanne d'Arc était la fille d'un pauvre paysan, qui vivait en
France au xv' siècle. Vers cette époque, la France et l'Angle-
terre étaient en guerre, et presque toute la France était tombée
au pouvoir des Anglais. On peut attribuer les visions de Jeanne
d'Arc à son enthousiasme et à ses habitudes de méditations
solitaires. Pendant que ses compagnes jouaient, elle chantait et
dansait toute seule ; elle tressait des guirlandes pour la sainte
Vierge. A quinze ans, elle prétendit que saint Michel lui appa-
raissait entouré de feu et qu'il lui ordonnait d'aller faire lever
le siège d'Orléans, et faire sacrer le roi à Reims. Elle se rappe-
lait une prophétie d'après laquelle une vierge devait sauver la
France et elle pensait qu'elle était celle que Dieu avait dési-
gnée. Lorsqu'elle fit part de ses projets à son père, il entra
dans une grande colère, et lui dit qu'il la noierait avant qu'elle
les accomplît. Elle lui répondit qu'elle aimerait beaucoup
mieux rester as.sise auprès de sa mère et filer ; mais elle avait
une mission à remplir et il lui fallait aller trouver le roi.
Le roi crut d'abord qu'elle était possédée du démon, et ne
voulut pas l'entendre. Mais, après plusieurs épreuves, on lui
confia le commandement des armées. Elle fut blessée deux ou
trois fois, mais elle ne tua jamais personne, ni ne versa jamais
336 iiiGîi sciiooLS.
lo sang de ses propres mains. Partout où elle allait elle était
victorieuse, et Charles entra enlin en triomphe à Reims. Pen-
dant la cérémonie du couronnement Jeanne se tint auprès du
roi, armée de pied en cap. Elle lit roflîce de connétable; c'est
elle ({ui tint l'épée sur la tète du monar(|ue. Après le couron-
nement, elle pensa que sa mission était remplie, et elle voulut
retourner chez elle, mais le roi ne voulut pas la laisser par-
tir. Sa famille reçut un tilre de noblesse, elle eut pour armes
deux lys dorés et une épée, dont la pointe, tournée en haut,
supportait une couronne. Jeanne fut faite prisonnière le 15 mai
1131. Quand elle apprit qu'on allait la livrer aux Anglais, elle
sauta par la fenêtre du château et se blessa grièvement.
Après quatre mois d'emprisonnement, elle fut brûlée atta-
chée à un poteau, et ses cendres furent jetées dans la Seine.
Le dernier mot qu'elle prononça fut : « Jésus, )) et l'un des
Anglais s'écria : « Nous sommes perdus, nous sommes perdus,
nous avons brûlé une sainte. » Une tradition dit que lorsqu'elle
expira, une colombe blanche s'envola du bûcher. On a élevé
des monuments à sa mémoire; et, sur la place du Marché à
Houen, où elle fut brûlée, on lui a élevé une statue avec l'in-
scription qui est sur son écusson : « L'épée de la vierge protège
la couronne royale. Sous l'épée de la vierge les lys fleurissent
en sûreté. »
Sarah K.
Age : seize ans.
Sandusky (Oliio).
G. — l'homme sans patrie.
(9'= année.)
Il y a environ GO ans, Aron Burr fit sa première excursion
en descendant le Mississippi. Pendant ce voyage, il fit, en un
certain lieu, la connaissance d'un jeune homme nommé Philip
Nolan. C'était un jeune et brillant officier, et Burr avait tout ce
qu'il fallait pour lui plaire. Après s'être promenés, avoir causé,
et avoir fait ensemble une excursion sur le fleuve, il avait com-
plètement captivé Nolan. Bientôt après, ce dernier fut jugé
comme coupable de trahison envers sa patrie. Lorsque, à la lin
de la séance, on lui demanda « s'il voulait dire quelque chose
pour lui ou pour sa patrie i», il répondit : « Au diable les États-
HISTOIRE. 337
Unis! Je demande à ne plus entendre prononcer le nom des
Étals-Unis ! » Peut-être ignorait-il quels sentiments d'horreur
ces paroles devaient soulever dans le cœur des juges.
Le plus profond silence régnait lorsqu'on apporta le verdict.
La sentence était ainsi conçue : « Que le prisonnier n'entende
plus prononcer le nom des États-Unis ! » Le lendemain on le
conduisit à la Nouvelle-Orléans et on l'embarqua sur un navire
qui partait pour un long voyage.
Le mode de traitement adopté à l'égard de l'Homme sans Pa-
trie fut mis à exécution aussitôt après son embarquement. On
ne lui permettait de parler aux hommes de l'équipage qu'en
présence d'un officier. Quelquefois il mangeait à la table com-
mune, mais dans toutes les autres circonstances il mangeait
tout seul dans sa chambre. Il portait volontairement l'uniforme
de l'armée, sans en porter les boutons, car sur ces boutons
étaient les armes du pays qu'il avait désavoué. On ne le laissait
jamais aller à terre, même lorsque le navire passait des mois
entiers dans le port. Il lisait beaucoup, mais quelqu'un parcou-
rait toujours le journal ou le livre et avait soin d'enlever tout
ce qui faisait allusion, même de la manière la plus éloignée,
aux États-Unis. Un jour un homme de l'équipage emprunta
des livres, parmi lesquels se trouvait le Lai du dernier Mé-
nestrel {[). Personne à bord n'avait jamais vu cet ouvrage et
personne ne songea à y chercher des allusions aux États-Unis.
Nolan lut pendant quelque temps tout haut ; il pâlit, puis il
continua et enfin il fut obligé de s'arrêter à demi suffoqué. Il
tressaillit en lisant ces mots : « Existe-t-il un homme assez dé-
pourvu d'càme pour ne s'être jamais dit : Voilà ma patrie, ma
terre natale? (^) » 11 jeta le livre dans la mer et ne sortit pas
de chez lui pendant plusieurs mois.
Philip Nolan vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans. Il a dû
parcourir toutes les mers, mais jamais il n'a mis le pied sur la
terre. Le jour de sa mort, il fit venir près de lui le capitaine
du navire et lui dit qu'il n'avait plus longtemps à vivre, et
tl) Le premier et le plus célèbre ouvrage poétique de \V. Scott;
il parut en 1805. (yotè du Traducteur.)
C5) t; Breathes there the man with soûl so dearl,
Who never to himself hath said,
This is my own, my native land ! »
(Canto Sixth, i.)
{Xote du Traducteur.)
22
338 IIIGH SCHOOLS.
qu'il le priait de lui raconter tout ce qu'il savait sur les Etats-
Unis. Le capitaine satisfit son désir et ensuite il le quitta, ne
voulant pas le fatiguer. Lorsîju'il revint, l'IIoinnie sans Patrie
était mort. Sur sa Bible il avait écrit : « Ensevelissez-moi dans
la mer, elle a été ma patrie et je l'aime. »
Alice B.
Age : quinze ans.
Sandusky (Ohio).
7. — IL Y A CENT ANS.
Comme ce temps nous paraît long, à nous autres enfants!
Une seule semaine nous semble tout un mois; et, lorsque
nous pensons à un siècle et à quelques-uns des événements re-
marquables qui ont eu lieu pendant cette période, nous croyons
rêver.
Combien parmi ces vétérans, qui sont tombés dans la cause
de leur pays, ont disparu. Songez à leur courage indomptable
et à leur véritable intrépidité, aux périls qu'ils ont bravés sur
terre et sur mer, à toutes les privations qu'ils ont souffertes
pour la glorieuse cause de la liberté. Comme nous devrions
être reconnaissants des bienfaits dont nous jouissons! comme
nous devrions remercier Dieu de nous avoir épargné les
épreuves et les sacrifices qu'il a imposés à nos ancêtres !
A l'époque où les troupes anglaises s'emparèrent de New
York, mes grands parents, qui habitaient dans la basse ville,
furent obligés d'abandonner leur demeure et tout ce qu'elle
contenait, et de fuir pour sauver leur vie.
Ils emportèrent avec eux leurs petits-enfants, dont l'un avait
deux ans et dont l'autre, mon grand'papa, était tout petit. Ils
traversèrent l'IIudson sur un petit bateau, et marchèrent pen-
dant 30 nulles sans s'arrêter. Il faisait très-chaud ce jour-là,
et ma grand'mère fut sur le point de s'évanouir de fatigue et
de besoin.
Son mari put se procurer un peu d'eau à une source sur le
bord du chemin II lui en fit boire et lui mouilla les tempes ; il
parvint ainsi à la ranimer. Ils se cachèrent derrière des buis-
sons pour se reposer un peu, après ce long et pénible voyage.
Ils entendirent tout à coup remuer quelque chose dans le bois,
HISTOIRE. 339
et au même instant douze vestes rouges (1) passèrent à un pied
d'eux et touchèrent presque les buissons derrière lesquels ils
étaient cacliés.
Ma grand'mère disait qu'il n'y avait pas de paroles pour
exprimer l'angoisse qu'elle éprouva pendant ce terrible moment.
Elle serra contre sou sein son petit enfant, a(in qu'aucun cri
ne s'échappât de ses lèvres et ne trahît leur présence. Ils restè-
rent étendus en retenant leur haleine, jusqu'à ce que les soldats
fussent passés ; puis ils tombèrent à genoux et remercièrent Dieu
d'avoir bien voulu les délivrer à l'heure affreuse du danger.
Lorsqu'ils revinrent à New York, ils trouvèrent leur maison
presque complètement brûlée. Ils vécurent plus de quatre-
vingt-dix ans, et jamais ce jour affreux ne s'effaça de leur
mémoire.
Ce n'est là qu'un des nombreux événements terribles qui
eurent lieu pendant notre lutte pour l'Indépendance. Je me dé-
ni ande quelquefois ce que j'aurais fait au milieu des dangers
d'il y a cent ans. Je crains bien que mon courage et mon pa-
triotisme ne fussent restés bien au-dessous de ceux de mes an-
cêtres. Mais je sais que Dieu a soutenu ces âmes braves, et
il m'aurait peut-être soutenue aussi si j'avais mis toute ma
conliance en lui.
C'étaient là des temps qui mettaient à l'épreuve les âmes des
hommes. La mémoire de ceux qui ont versé leur sang pendant
la Révolution ne devra jamais être oubliée. Songez à notre
Paul Révère ! Le sort de notre nation dépendit de sa volonté
indomptable pour le bien. Quelle renommée immortelle il a
gagnée par cette chevauchée, que son patriotisme lui fil entre-
prendre pendant cette nuit terrible! On se souviendra éternel-
lement de la dernière recommandation qu'il fit à son ami
Robert Xewmann de suspendre une lanterne dans la tour de
la vieille église du nord :
(L Une si les Anglais ijuittentla ville par terre, et deux s'ils la
quittent par mer ('2) ».
(^ornme il sauta vite à cheval et comme il traversa le Middle-
sex ! C'était par une belle nuit d'avril; la lune répandait sa
{■[) Les soldais anglais portent une veste rouge et des pantalons
bleus. (Note du Traducteur.)
(2j « One, if by land, and two, if by sea. »
Longfellow (Ta/es o/" rt ivaijside inn), The Landlord's taie, Va\\\
Revere's ridej. (lYo/e du Traducteur.)
340 HIGH SCHOOLS.
lumière sur tout le paysage. L'hiver avait été exception-
nellement doux, et le printemps avait commencé de bonne
heure. On voyait onduler sur la plaine les premiers blés,
et l'air était chargé de doux parfums. Les rouges-goi'ges sif-
llaient, les merles chantaient et la jiuix, la douce paix, régnait
partout. Paul Révère chevauchait, l'apide comme l'éclair, dans
les villages, il éveillait ceux qui dormaient et leur annonçait h'
danger. 11 était une heure du matin lorsqu'il entra dans Lexing-
ton, évitant partout les patrouilles ({ue les Anglais avaient en-
voyées pour intercepter la nouvelle. Intercepter la nouvelle !
11 eût été aussi facile d'arrêter le soleil. Et, de même qu'il y u
bien longtemps les chœurs des anges murmurèrent : « Gloire
à Dieu au plus haut des cieux, car le Christ est né! », d-^
même aussi dans cette nuit terrible les anges inspirèrent au bon
peuple ce cri d'allégresse : «Paix aux hommes, l'Amérique est
née ! » Que de cœurs furent brisés pendant cette nuit-là ! Que de
fovers virent répandre des larmes! Combien de nos fidèles an-
cêtres se dirent alors un dernier adieu et ne se revirent plus
sur la terre ! Mais nous espérons que, sur ces rivages étern<'ls
oîi la douleur de la séparation est inconnue et où les batailles
de la vie sont terminées, ils recevront de riches récompenses
pour toutes leurs souffrances.
Dieu soit loué, nous sommes tous en paix, tous libres! Je
crois que la bénédiction de Dieu était avec nous dans ces temps
de troubles et de fatigues. Je crois vraiment que c'est lui qui a
inspiré ces nobles cœurs, La Fayette et Kosciuszko et qui leur a
fait quitter leurs demeures et leurs foyers, pour aller secourir
leurs frères sur un sol étranger. Ils s'enrôlèrent sous notre
bannière à l'heure la plus sombre de notre Révolution .
(U ils furent véritablement des anges d'espérance pour
^Vashington, au moment où l'abattement se lisait sur le front
de plus d'un soldat américain. Lorsque nos nobles guerriers
étaient épuisés par les fatigues de toute espèce, ils vinrent
leur inspirer de nouvelles espérances et les soulager. De tous
les noms illustres qui sont inscrits sur le livre de gloire de
notre pays, celui de La Fayette est le premier après celui de
\Vashington.
Qui d'entre nous n'apprécie pas les progrès que nous avons faits
pendant les cent ans qui viennent de s'écouler? Les perfection-
nements remarquables apportés dans les moyens de transport,
les nombreuses et importantes inventions qui ont vu le jour
pendant celte période ?
IIISTOIIŒ. 3ii
On se rendait alors d'un endroit à Taulre dans des dili-
gences, et on passait des jours entiers en voyage, tandis qu'au-
jourd'hui la locomotive nous fait parcourir des centaines de
milles en quelques heures. On voyageait aussi beaucoup à
cheval. On traversait les fleuves dans de petits bateaux, traînés
par des chevaux. Maintenant nos beaux fleuves portent des
palais flottants, qui glissent à leur surface comme des cygnes.
On se servait autrefois de sloops (1), et lorsque le courant
était contraire, on mettait toute une semaine à remonter l'Hud-
son jusqu'à Albany.
Je pense que l'invention la plus importante a été celle du té-
légraphe électrique. Lorsque l'on plaça les poteaux et que nous
vîmes la communication par terre si rapide et si complète,
nous pensions que c'était la plus remarquable découverte qui
eût jamais été faite. Mais, mainteuant qu'il s'étend presque sur
le monde entier, et qu'il porte des messages d'amour et d'ami-
tié dans les pays éloignés, combien ne devons-nous pas louer
Dieu d'avoir suggéré cette invention aux hommes de bien de
cette terre bénie !
Que penseraient de nous nos bons vieux grands-pères et nos
bonnes vieilles grand'mères s'ils nous voyaient maintenant?
J'aime à entendre parler du bon vieux temps, oii le rouet occu-
pait le principal coin de la chambre et était la principale occu-
pation de nos grand'mères. J'aime à entendre parler de ces
vieux costumes, simples mais élégants, et des petites tasses de
porcelaine dans lesquelles nos grands-pères buvaient. J'aime à
entendre parler du véritable bonheur qui régnait à leur foyer
« il y a cent ans ».
Marmie h.
Age : treize ans.
Orange, comté d'Essex (New Jersey).
8. — LES (' DÉTECTIVES )) DE l'HISTOIRE.
Les prétendus « détectives » de l'histoire dépouillent les lé-
gendes traditionnelles de toute apparence de réalité, et nous
privent ainsi d'un de nos plaisirs les plus vifs.
Un village a-t-il précieusement conservé le souvenir de
(i) Petit bâtiment à un seul màt.
342 HIGH SCHOOLS.
quelque illustre exploit, [>our le transmellre aux génératious
futures comme un exemple ('datant (h; courage et de lidélité,
un de ces « détectives » viendra j)rouver que cet exploit
fameux n'est qu'un mythe.
Avec (|uelle tristesse les Suisses n'ont-il pas dû entendre an-
noncer qu'Arnold de \Vinkelried (1), ce héros dont ils célèhrent
les exploits, n'était qu'un personnage légendaire, qui se re-
trouve dans les traditions de tous les pays!
A peine remis de cette émotion, ils entendent ce cri, qui les
glace d'effroi : « Quel est ce Guillaume Tell, dont vous êtes si
fiers? Moi, le Professeur X, je puis vous prouver, au moyen
de pamphlets que j'ai en ma possession, qu'il n'a jamais
existé! »
Les hahitants du petit village de Domréiny, patrie de Jeanne
d'Arc, ne furent pas peu surpris, au milieu des fêtes qu'ils
faisaient comme d'habitude en l'honneur de l'héroïne, lors-
qu'ils apprirent que cette Jeanne d'Arc qui avait sauvé la
France et qui était morte sur un bûcher, n'avait jamais existé
que dans leur fertile imagination.
Un mythe aussi, Pocahonlas, cette charmante Indienne dont
nos livres classiques nous racontent l'histoire comme un évé-
nement véritable, histoire que les écoliers lisent toujours avec
un nouveau plaisir !
On commence maintenant à révoquer en doute l'existence
d'Homère et d'Ossian, ces noms qui ont été pour nous la source
de tant de joies intimes et sur l'authenticité desquels tout le
monde était d'accord.
Mais ce qu'il y a de plus triste, et ce qui tend le plus à
nous faire perdre toute croyance dans les événements rapj)or-
lés par la tradition, c'est l'opinion de quelques personnes sur
les pièces de Shakespeare ; ces pièces, dit-on, ne sont pas de
Shakespeare, elles furent écrites par François P)acon (;2).
(1) Héros suisse du xiv^ siècle. A la bataille de Sempach, 6 juil-
let 1386, les chevaliers autrichiens formant ime phalange impMiétrablc,
il saisit une quantité de lances qui le blessèrent mortellement; mais
en les entraînant dans sa chute, il ouvrit une brèche à ses compa-
gnons cl leur procura la victoire. On lui a élevé une statue qui le
représente au moment où il accomplit cet exploit.
. (Xote du Traducteur).
(2) Cette opinion paradoxale l'ut émise au commencement de ce
siècle par Smilh, littérateur anglais peu connu.
{Note du Traducteur).
COMPOSITIONS POLITIQUES. 343
Pendant longtemps, on a discuté très-vivement la question
de savoir comment Shakespeare, qui n'avait aucune instruction
scientifique, avait pu écrire des ouvrages que le monde savant
admire encore pour les vastes connaissances qu'ils révèlent
chez l'auteur. Ouel qu'ait été son génie, disait-on, il n'a pu
aller jusque-là. On pense maintenant avoir trouvé le mot de
cette ém'gme. L'auteur de ces pièces, disent les « détectives »,
c'est François Bacon, qui vivait à l'époque de Shakespeare,
et qui avait assez de génie et assez de science pour écrire de
pareils ouvrages.
Cependant, comme la question n'est pas encore décidée, il
faut espérer qu'en 1976 quelque savant américain pourra, par
un etfort de génie, éclaicir ce point douteux.
Elizabeth t.
Age : dix-huit ans.
Mihvaukee (Wisconsin).
Vllf. — Conipo.«»itioiis politiques^.
1. — CONSTITUTION DES ÉTATS-UNIS (1).
(l""' année.)
1. Quel ohjet se sont proposé les habitants des États-Unis
en établissant leur Constitution?
Rép. — Ils ont voulu former une union plus parfaite, éta-
blir la justice, assurer leur tranquillité domestique, pourvoir à
leur défense commune, favoriser le bien-être général, et se
réserver pour eux et pour leurs descendants les bienfaits de la
liberté.
2. En combien de départements se divise le gouvernement?
Quelles sont les attributions de chaque département?
Rép. — En trois départements, savoir : législatif, exécutif
et judiciaire. Le département législatif fait les lois; le dépar-
tement exécutif fait exécuter ces lois ; le département judi-
(]) Ce devoir contient 80 questions; nous supprimons celles aux-
quelles l'élève n'a pu répondre et quelques autres relatives à de
détails et qui exigeraient de longs éclaircissements.
344 lllGH SCHOOLS.
ciairc décido si ces lois sont coiislifutioniielles, et il les inler-
prèle,
3. De quoi s'occupe le premier article d > la Constitution?
Rép. — Du département législatif.
i. Citez la première section de l'article premier.
Rép. — Tout le pouvoir législatif donné par la présente ré-
sidera dans un Sénat et dans une Chambre des représentants.
5. Quel est l'avantage d'avoir deux Chambres dans le Con-
grès?
Rép. — L'une peut servir à modérer l'autre.
6. Quand élit-on les représentants?
Rép. — Une fois tous les deux ans ; les années paires, comme
1874, 7-2, etc.
7. Quel est le Congrès qui siège maintenant et quaml ses
pouvoirs expirent-ils ?
Rép. — C'est le quarante-quatrième Congrès, e( ses pouvoirs
expireront en 1877,
8. Quelles sont les conditions que doit rciuplir un rej)résen-
tant?
Rép. — Il doit avoir vingt-cinq ans, résider dans l'Élat <jui
le choisit, et être citoyen des États-L'nis depuis sept ans.
9. Comment remplit-on les vacances dans la Chambre?
Rép. — Le gouverneur convoque les électeurs de l'État dans
lequel la vacance s'est produite.
10. Les fonctionnaires de la Chambre sont-ils élus ou nom-
més ? Par qui ?
Réj). — Ils sont élus par la Chambre.
41. Quelles sont les personnes qui composent le Sénat"'
Rép. — Des hommes; chaque État en fournit dix.
12. Par qui sont-ils élus, et pour combien de temps?
Rép. — Par le Congrès; pour six ans.
13. Que dit la Constitution sur les sénateurs sortants et sur
les vacances?
Rép. — Les sénateurs se divisent en trois classes : l'une de
ces classes sort de charge tous les trois ans. En cas de vacance,
le gouverneur de l'État, oi!i elle se produit, désigne un séna-
teur qui remplit cette vacance jusqu'à la prochaine réunion du
Congrès. Si le Congrès est réuni au moment on la vacance se
produit, il élit immédiatement un sénateur.
11. Quelles sont les conditions exigées pour être sénateur?
Rép. — 11 faut être âgé de trente ans, être depuis dix ans
citoven des États-Unis, et résider dans l'État où l'on est choisi
COMPOSITIONS POLITIQUES. 345
15. (Jui est président du Sénat?
Rép. — Le vice-président des États-Unis.
16. <}ue dit la Constitution sur l'accusation pul)liquo?
Rép. — La Chambre a le droit de présenter un acte d'accu-
sation publique, et le Sénat a le droit d'instruire le procès.
Tout grand fonctionnaire du g-ouvernement peut être ainsi ac-
cusé. Lorsque le Sénat instruit un procès de ce genre, toutes
les affirmations doivent être faites sous la foi du serment, et
on exige la présence des deux tiers des sénateurs pour pronon-
cer une condamnation. Lorsque le président des Etats-Unis
est mis en accusation, c'est le Grand Juge des Etats-Unis qui
préside. Personne ne peut faire grâce au fonctionnaire qui a
été condamné.
17. Que dit la Consliiulion sur les élections?
Rép. — Chaque État a le pouvoir de fixer l'époque des élec-
tions pour le Congrès, mais le Congrès peut changer cette
époque s'il le juge convenable. Les États fixent le jour pour
l'élection des sénateurs des États-Unis.
18. Combien de fois le Congrès doit-il se rassembler, et quel
jour?
Rép. — Au moins une fois par an, le premier lundi de dé-
cembre.
19. Que dit la Constitution sur la vérification des pouvoirs
des députés? Quel nombre de députés faut-il pour former un
quorum (1) dans chaque Chambre.
Rép. — Chaque Chambre vérilie elle-même les pouvoirs de
ses membres, La majorité des membres de chaque Chambre
forme un quorum.
'20. Que dit la Constitution sur le journal (2)?
Rép. — Chaque Chambre tient un journal, où sont inscrits
les procès-verbaux de ses séances. Elle le publie de temps
en temps, à l'exception des parties qui ne doivent pas être
divulguées.
21. Le président peut-il ajourner la seisson du Congrès?
Rép. — -Non, à moins que les deux Chambres ne puissent pas
s'entendre pour fixer le jour oîi elles s'ajourneront.
22. Que dit la Constitution sur les appointements des
(ij Quorum : nombre de députés suffisants pour que la Clumibn
puisse délibérer légalement. {Note du TraducLeur.)
('2j Compte rendu des séances. (Xote du Traducteur.)
346 iiiGii sciiooLS.
mLMiil)res du Conj^a'ès, sur leur inviolabilité, sur racceptalion
d'autres fonctions?
lîep. — - Les membres du Congrès sont payés sur les fonds
du trésor des Etats-Unis. On ne })eut les arrêter lorsqu'ils sont
en séance, lorsqu'ils se rendent aux séances ou qu'ils en re-
viennent, que dans le cas de crime capital, de trahison et d'at-
tentat contre l'oi'dre public. Ils sont exempts de toute autre
fonction pendant la durée de leur mandat.
^3. PouiMjuoi a-t-ou donné au Congrès le droit d'assembler
la milice des États-Unis?
Rc'p. — Pour qu'il puisse repousser les invasions ou ré})ri-
mer les insurrections.
24. A quelle époque a été abolie la Traite des Noirs?
Rép. — En 1808.
25. Qu'enlend-on par une ordonnance dliabcas corpus (V)'!
Qu'en dit la Constitution?
Rép. — Ces deux mots signilient que tu aies le corps. La
force de cette ordonnance ne peut être suspendue (|ue dans
les cas d'insurrection, lorsque cette mesure est absolument
nécessaire pour l'intérêt public.
26. Ou'est-ce qu'un biU of attaincJer? Qu'est-ce que c'est
qu'une loi ex post facto?
Rép. — - Une loi ex post facto est une loi faite après qu'un
crime a été commis, pour punir ce crime (2).
(1) Celte loi, une des plus grandes conquêtes faites par les Anglais
sur le despotisme, se trouvait dans la Grande Charte; mais elle
avait été éludée par l'adresse des hommes de procédure et par les
mesures oppressives du gouvernement. Elle fut remise en vigueur
par un Bill voté par la Chambre des Communes d'Angleterre en 1679.
En vertu de ce bill, le juge ne peut refuser, à quelque prisonnier
que ce soit, dans les vingt-quatre premières heures de son arresta-
tion, l'ordre dliabeas corpus, qui oblige le geôlier à le produire
devant la cour que cet ordre désignera, et où sera vérifiée la cause
de son emprisonnement; si la cour le fait élargir, on ne peut le
remettre en prison pour le même sujet.
Victor Duruy (Histoire de VEurope, depuis 1610 jusqu'à 1789,
page 167). [Noie du Traducteur.)
(2j Pas de réponse à la première partie de la question.
Un bill d'attainder est une loi votée contre un particulier. En
Angleterre, pour condamner un accusé, il Aiut, non-seulement que
les juges soient convaincus de sa culpabilité, mais qu'il y ait une
preuve légale que deux témoins au moins déposent contre l'accusé.
Or, pour atteindre un homme présumé coupable de haute trahison
COMPOSITIONS POLITIQUES. SU
"11. Que dit la Constitution au sujet des droits de douane sur
Jes objets exportés?
Rép. — Elle dit que les objets exportés ne seront soumis à
aucun droit de douane.
28. Quelle est la seule manière dont on puisse disposer des
fonds du trésor?
Rép. — Par allocation du Congrès.
29. Que dit-on des titres de noblesse, et de l'acceptation de
présents?
Rép. — Un citoyen ne recevra aucun titre de noblesse. Per-
sonne n'a le droit d'accepter un présent d'aucun État ou d'aucun
royaume étranger à moins que le Congrès ne le permette.
30. Indiquez quelques-unes des cboses qu'un État n*a pas le
droit de faire.
Rép. — Un État n'a pas le droit de frapper monnaie, de lever
ou d'entretenir une armée sur son territoire, excepté dans les
cas de nécessité absolue, par exemple pour repousser une inva-
sion, etc. Il ne peut pas délivrer des lettres de marque ou de
représailles (1).
31. De quoi traite l'article 2?
Rép. — Du Président, de ses devoirs, de la manière dont il
est élu, et aussi du Vice-Président.
32. Quel est le nombre d'électeurs assigné à chaque État?
Rép. — Un nombre égal au total des sénateurs et des repré-
sentants.
33. De quelle manière le Président et le Vice-Président sont-
ils élus?
Rep. — On désigne et on élit les électeurs. Les électeurs qui
ont reçu le plus de suffrages se rassemblent dans la capitale de
leurs États respectifs. Là ils votent pour leur candidat à la prési-
dence et à la vice-présidence. Ces votes sont cachetés et on les
transmet au président du Sénat. Ce dernier les ouvre en pré-
el qu'il ne serait pas possiljie de faire condamner par la loi, on
porte contre lui un bill d'atlainder, qui est discuté dans les Cham-
bres comme une loi générale.
Victor Duruy [Histoire de l'Europe, depuis IGIO jusqu'à 178^,
page 61). [Note du Traducteur. )
(1) On appelle ainsi des actes du gouvernement qui autorise, en
temps de guerre, un particulier à armer et équiper un navire pour
courir sus aux ennemis. Ce sont ces lettres qui distinguent le Cor-
saire du Pirate. {Note du Traducteur.)
348 HiGH scnooLs.
sence des doux cluuiibrcs du Congrès, et proclame le nom de
l'élu.
3i. Si le Président el io Vice-Président étaient écartés de
leur charge ou venaient à mourir, par qui seraient rem{)lies les
fonctions de président?
Rép. — Par le président de la Chambre des re})résentants
sil n'y avait pas de président intérimaire du Sénat,
30. Quelles sont les conditions que doit remplir le Présideiit?
Rép. — Il doit être âgé de trente-cinq ans. Il doit être né
citoyen et avoir résidé pendant quatorze ans aux États-Unis.
37. Quels senties appointements du Président des Etats-Unis?
Rép. — Il reçoit cinquante mille dollars par an.
38. Que doit faire le Président avant d'entrer en fonctions?
Rép. — 11 doit jurer solennellement de metli'e tous ses soins
à maintenir la Constitution des États-Unis.
39. Comment est composé le cabinet qui aide le Président
à s'acquitter de ses fonctions.
Rép. — Il se compose du secrétaire d'État, des secrétaires
de la Guerre, de la .Marine, des Finances, de l'Intérieur, de
l'Avocat général el du Directeur général des Postes.
10. Indiquez quelques-uns des devoirs du Président dont la
Constitution fait menlion.
Rép. — Il doit veiller à la fidèle exécution des lois. C'est lui
(jui commissionne les oi'iiciiM's des États-Unis, reçoit les am-
bassadeurs, les ministres étrangers, etc., etc.
41. Comment le Président el le Vice-Président peuvent-ils
être écartés de leur charge ?
Rép. — Par la mort ou par la mise en accusation.
42. De quoi traite l'article 3?
Rép. — Du département de la Justice.
43. Les juges de la Cour suprême sont-ils nommés ou élus?
Par qui?
Rép. — Ils sont nommés par le Président.
il. Comment tous les crimes doivent-ils être jugés?
Rép. — Par le jury.
45. Que dit la loi au sujet de l'admission de nouveaux États?
Rép. — De nouveaux Etats peuvent être admis dans l'Union
moyennant le consentement du Congrès des États-Unis, du
Président et de l'Assemblée des États qui en font la demande.
46. Qui fait les lois pour les Territoires (1)?
(1) Voir la note de la page :2()G.
COMPOSITIONS POLITIQUES. 349
Rép. — Le Congrès.
il. Qu'est-ce que la Constitution garantit à chaque État?
Rép. — Vn gouvernement républicain, et la protection contre
l'invasion.
48. Comment peut-on modifier la Constitution?
Rép. — En faisant adopter des modilications par une majo-
rité des deux tiers des membres du Congrès. Il faut aussi que
ces modifications soient adoptées par les trois quarts des Étals.
19. Quelle est la loi suprême du pays?
Rép. — La Constitution.
50. Que dit la Constitution au sujet d'une religion établie?
Rép. — Elle dit que le Congrès ne fera aucune loi à ce sujet.
51 . Quel esl l'article do l'amendement qui interdit l'esclavage ?
Rép. — L'article 13.
52. Que dit la Constitution d'un sénateur ou d'un représen-
tant qui a violé son serment?
Rép. — Le sénateur ou le représentant qui a violé son ser-
ment ne peut plus remplir aux États-Unis aucun emploi hono-
rifuiue ou rétribué, à moins que le Congrès ne le relève de son
incapacité.
53. Quel est l'article 15 de l'amenaement?
Rép. — Cet article dit que ni les considérations de race ou
de couleur, ni un état antérieur de servitude ne pourront enlever
aux citoyens leur droit de vote.
51. Combien la Constitution contient-elle d'articles? Com-
bien y en a-t-il dans l'Amendement?
Rép. — La Constitution contient sept articles. 11 y en a quinze
dans l'Amendement.
55. Quand la Constitution est-elle entrée en vigueur?
Rep. — Le i mars 1789.
Edward J.
Ago : quinze ans.
Groal B'^ml i Ponnsvivanio).
LE SYSTEME DU JURY.
En traitant ce sujet je m'étendrai sur l'histoire et sur l'ori-
gine du jury. Ensuite j'essayerai d'en faire voir quelques-uns des
abus. Enfin j'indiquerai quelques modifications à apporter à ce
système tel qu'il existe maintenant.
350 HIGll SCHOOLS.
Le systètne du jury est d'une origine si ancienne, il est si
inliniemenl lié aux institutions politi(iues et légales de plusieurs
nations, (ju'il est dillicile et presijue impossible d'iudiipier la
première oi'igine du système actuel. Il semble cependant cer-
tain (|ue différentes nations et ditlérents systèmes ont essen-
tiellement contribué à la formation du système actuel dans
lequel le jury se compose de douze bonnnes.
La première trace du jury (jue nous trouvions dans Tliistoire
remonte à l'époque des Grecs. C'est Solon (jui , dans sa
constitution, institua le jugement par un jury. Ce jury ne
jugeait pas en première instance, mais seulement dans les cas
d'appel d'un autre tribunal. Ce système fut ensuite cliangé et
modilié par Clistbènes. Les driastes, comme on les appelait, for-
mèrent un grand corps de plusieurs milliers d'hommes. On en
choisissait un plus petit nombre pour juger le procès qui était
porté devant leur juridiction. Après le procès, les driastes
déposaient leurs votes dans des urnes, et la majorité décidait de
la sentence. En leur adressant la parole on se servait d'un titre
correspondant à celui de « Messieurs les Jurés ».
Nous trouvons aussi dans les judices (1) des lîomains un
corps qui se rapprochait beaucoup de notre jury. Le nombre
des Judices ne nous est pas conim. Quelquefois il était très-
grand, quelquefois il était moindre, car nous savons que l'un
des plaidoyers de Cicéron fut prononcé devant un seul judex
assisté d'un seul consilium. C'est un fait bien connu que les
Romains, lorsqu'ils s'emparaient d'une province, y établissaient
leurs lois et leurs institutions. Pourquoi n'en conclurions-nous
pas que le système du jury tel qu'il existe en Grande-Bretagne,
et d'oîi nous avons tiré le nôtre, dérive des Romains qui l'y
auraient établi lors de la première conquête des Bretons par
Jules César? Mais d'un autre côté les Saxons introduisirent en
Angleterre le jugement par compurgators (:2). Quoi((ue l'on
connaisse bien peu de chose sur ces compurgators, toujours
{[) A Uonie, les plaideurs se rendaient d'abord devant le Préteur,
qui leur délivrait la Fonnule, c'est-à-dire l'indication des points de
fait que les judices avaient à examiner. Celle formule indiquait aux
judices la sentence qu'ils devaient prononcer.
{"1) On appelait ainsi ceux qui témoignaient par serment de la
véracité ou de l'innocence d'un accusé.. I/liistorien Gilbert Burnet
(1043-1710) dit: <( Lord Russel defended liimself by many compurga-
tors, who... » {^'otes du Traducteur.
COMPOSITIONS POLITIQUES. 351
e>t-il qu'ils ont, en quelque mesure, formé notre système acluel ;
ne serait-ce qu'en fixant le nombre du petit jury à douze
hommes au lieu du grand nombre de jurés qui siégeaient chez
les Grecs et chez les Romains. D'ailleurs des travaux modernes
ont prouvé qu'il existait de toute antiquité chez les Normands,
et chez les peuples Teutons et Scandinaves des modes de juger
qui se rapprochaient beaucoup de notre système acluel. Il
serait très-inléressant et très-instructif de remonter jusqu'à
la formation des gouvernements, et de voir qu'à l'origine
de toutes les nations, même des plus barbares, il y avait
quelque chose qui se rapprochait du système du jury. Les diffé-
rentes nations ont modifié et changé ce système. Ainsi nous
trouvons peu de ressemblance entre le jury de nos jours et celui
des Grecs. Cependant, malgré cette différence, nous voyons que
le même principe domine dans ces deux systèmes : le jugement
d'un homme, non-seulement par ses pairs, mais encore par
des hommes, qui, en prêtant serment, jurent de juger loyale-
ment, et de décider d'après les témoignages tous les cas qui
leur seront soumis. On ne saurait nier qu'il est impossible de
supprimer le système du jury. Mais il est possible de le changer
et de le modifier dans le siècle avancé oîi nous vivons, et il est
probable qu'il en sera ainsi.
La Constitution donne à tout le monde le droit d'être jugé
par un jury. C'est là une des franchises du peuple américain.
Mais lors({ue des hommes se font presque un revenu de ce
jugement par des égaux ou par des pairs, je crois que c'est là
la preuve qu'il existe un vice dans cette institution. Pour traiter
convenablement ce sujet il faut mettre de côté tout fanatisme,
et alors nous pourrons peut-être voir quelques défauts sur les-
quels nous avons eu jusqu'ici les yeux fermés. D'abord le jury
se compose-t-il en général d'hommes complètement désinté-
ressés dans la question qu'ils ont à juger? Je crois que non,
en règle générale. Dans la plupart des cas cela est impossible.
Par exemple, supposons un de ces procès qui agitent vivement
l'esprit public et dans lequel chacun prend parti avec passion
pour ou contre. Oii pourra-t-on trouver un jury dont les
membres n'aient exprimé aucune opinion sur les accusés, ou
n'aient pas eu connaissance des faits qui leur sont imputés ?
Dans les anciens temps, lorsqu'on ne voyageait pas aussi vite
que maintenant, on pouvait facilement trouver un jury honnête
et intelligent. Mais aujourd'hui les sots et les coquins prennent
la place des gens raisonnables, et le jury de Mark Twain, qui
352 HIGH SCHOOLS.
pensait ({ue l'inceste el Yarson (1) étaient une seule et même
chose, n'est que le portrait exagéré du jury américain. Nous
}»ayons des escrocs et des hommes qui ne lisent pas les jour-
naux, pour exclure l'intelligence du banc du jury. Dans le
procès du plus grand ecclésiastique d'Amérique, qui a eu lieu
tout dernièrement, on employa des jours entiers à composer
un jury ({ui n'eût pas exprimé son opinion sur le procès, et
l'on parvint enfin à trouver douze hommes dont l'un n'avait
nuMue pas entendu parler du fait. 11 serait absurde de dire que
cet ecclésiastique fut jngé par ses pairs ; du reste on aurait eu
beaucoup de peine à trouver aux États-Unis douze liommes qui
lui ressemblassent. Je crois cependant que l'on pourrait com-
poser des jurys intelligents qui, malgré leur opinion préconçue
sur le fait, pourraient juger honnêtement un procès en ne
tenant compte que des témoignages, et qui seraient plus
capables de rendre d'honnêtes verdicts que la plupart des
jurés que nous voyons aujourd'hui. Trop souvent les jurés ne
sont pas aptes à remplir ces fonctions. Ils appartiennent à des
professions ditîérentes, ils n'ont pas l'habitude de penser aux
choses intellectuelles. Leur esprit se laisse facilement enflam-
mer par l'éloquence de l'avocat. Ils sont incapables de recon-
naître un faux témoignage. On en a même vu rendre un ver-
dict en faveur du demandeur, croyant le rendre en faveur du
défendeur. Et voilà les hommes de qui nous devons attendre
des sentences justes et légales ! Mais cela esi de toute impos-
sibilité. Les jiH'ys rendent si souvent des verdicts faux, que la
plupart des hommes regardent le verdict du jury comme le
tirage d'une loterie. Les jurys devraient être soumis à un
examen rigoureux par une assemblée d'hommes compétents
qui passeraient au crible, pour ainsi dire, les jurés, et exclu-
raient tous ceux qui sont incapables de remplir ces fonctions.
D'un autre côté, parmi les hommes probes et libres, nous en
trouvons au moins un sur douze auquel il y a quelque chose à
reprocher. Parmi les douze Apôtres il y avait un Judas ; de
même dans le banc du jury nous sommes bien sûrs de trouver
(1) Arson: incendie. Vieux mot français. Voir C. Hippeaii, Dic-
tiomiaire de la langue française au xn' et au xnr siècle. Voir aussi
V^tienne Boileau, Etablissement des métiers, titre LXXXI, intitulé
« (les Bourreliers de Paris ». « ...Nul bourrelier ne peut faire colior
(le mouton ou de bazane, et s'il le fait, le colier est ars.... »
(Xote du traducteur.)
COMPOSITIONS POLITIQUES. 353
quelque caractère l)izarre et original qui ne manquera pas de
n'être jamais de la même opinion que les autres. Or, suppo-
sons qu'un jury se compose de onze hommes d'une intelligence
et d'une pénétration extraordinaires ; cependant cet homme, à
lui seul, peut les tenir tous en échec; ii peut empêcher la jus-
tice d'atteindre ses fins, et c'est ordinairement ce qu'il fait.
A mon avis, le grand défaut de notre système actuel consiste
en ce que nous exigeons l'unanimité sur le hanc du jury, tandis
que partout ailleurs nous nous contentons d'une simple majo-
rité. La raison la plus prohahle de cette anomalie est que, à
l'origine, les jurys se composaient de plus de douze hommes,
mais qu'on exigeait un ensemhle de douze voix pour acquitter
ou pour condamner. Lorsque le nomhre des jurés fut abaissé
à douze, on continua d'exiger cet ensemble de douze suffrages
qui forma alors l'unanimité. Cependant, dans certains cas, ce
mode de procéder parait fort juste. Par exemple, lorsqu'un
homme est accusé de meurtre et que sa vie est en jeu, il
semble important que le jury soit unanime à décider s'il doit
vivre ou mourir. Mais ce motif sauve la vie à plus de meur-
triers que tous les autres motifs réunis. Nous voyons bien
rarement un jury être unanime pour condamner un homme à
être pendu, lorsque neuf fois sur dix cet homme mérite la
corde. En Ecosse il suffit des suffrages des trois quarts (i) du
jury pour rendre un verdict, et le système du jury est plus
pur aujourd'hui en Ecosse qu'en Angleterre. Lorsque le jurv
ne peut pas se mettre d'accord, les frais et les ennuis du pro-
cès sont tellement augmentés pour les deux parties, que ce
désaccord du jury semble être un mal auquel on devrait remé-
dier en n'exigeant pour rendre un verdict que les trois quarts
des suffrages des jurés.
J'admets que le système du jury est un moyen d'éducation
pour le peuple, que la justice est mieux rendue par plusieurs
que par un seul, que le grand principe fondamental de ce sys-
tème est le droit. Cependant on reconnaîtra, je crois, que dans
cette année du centenaire de la République, malgré les pro-
grès et les perfectionnements du passé, on en préparerait
d'autres très-grands pour l'avenir en introduisant quelques
{[) En Ecosse il suffit de la majorité des suffrages du jury pour
rendre un verdict. Voy. Tlie Expédition of Humphrey Cliuker, bvTobias
Smollett, page 402, note, édition de New York , Stringer et Towne-
send, 1853. (Note du Traducteur.)
23
354 HIGII SCIIOOLS.
cliangeinents et quelques motlilîcalioiis dans le système du
jury. 11 serait alors plus facile qu'il ne l'est aujourd'hui de Sf>
faire rendre justice dans les procès jugés par le jury.
Fr. Cil
Age : dix-sepl ans.
Grecnfield (Massachusetts).
50. — NOS PRESIDENTS.
La Présidence des États-Unis est la plus haute charge à
laquelle un Américain puisse prétendre. On peut être fier
d'être Yhomine choisi entre quarante millions de citoyens.
Aucun étranger n'est éligihle : le Président doit être né en
Amérique.
AVashington fut notre premier Président, et il donna un si
grand exemple de proJsité et de vertu virile que bien peu l'ont
égalé et que personne ne l'a surpassé. 11 fut brave, bon soldat,
et il rendit de grands services à la nation dans sa lutte pour
l'indépendance.
Il résista hardiment et bravement à toute l'armée anglaise.
Sa bonté et sa simplicité firent honte aux grands seigneurs et
aux nobles d'Angleterre.
John Adams fut un vieillard sublime. 11 rendit; comme Pré-
sident, des services inappréciables. Mais la lutte des partis
priva le pays de son iniluence au moment oi!i on avait le plus
grand besoin de ses sages conseils.
Thomas Jefferson, à qui nous devons la Déclaration d'Indé-
pendance, fut un homme noble et excellent. Le mot échec lui
était incomiu.
Madison et Monroe s'acquittèrent convenablement de leurs
fonctions en conservant l'honneur et l'intégrité de la nation.
John Quincy Adams fut le Président le plus élégant et le
plus instruit ({ue nous ayons eu. Mais il eut le sort de son
père, et la lutte des partis empêcha sa réélection : il n'exerça
qu'une présidence.
Andrew Jackson, surnonmié le vieux Noyer (i), fut un ferme
démocrate et un excellent Président. 11 ne ressembla à aucun
des hommes de son parti qui lui ont succédé.
(Ij OU Ilickonj.
COMPOSITIONS POLITIQUES. 355
La présidence de Martin Van Diiren se réduisit à rien. Le
peuple ne tarda pas à se fatiguer de lui, et il le lui lit savoir.
Harrison fut un vieillard honnête. 11 dut son élection au
parti \vhig. Il serait sans doute devenu mi bon Président si,
par une cause inconnue, il n'était mort un mois après son
installation.
John Tyler, le Vice-Président qui lui succéda, fut un méchant
homme. Tout le monde vit avec joie expirer le terme de sa
présidence.
Polk de Tennessee, qui fut Président pendant la guerre du
Mexique, était un petit avocat obscur. Il passa sans laisser un
nom.
Le général Taylor, qui lui succéda, était un bon soldat et
un honnête homme. 11 était même trop honnête pour le parti
qui avait été au pouvoir. Il eut bientôt le sort de Harrison : il
laissa sa place à Fillmore, qui trahit le parti qui l'avait porté
à la Présidence et sortit déshonoré de la Maison-Blanche.
Franklin Pierce, du iNew Hanipshire, autre petit avocat, ne
fit que passer et fut bientôt oublié.
Buchanan, qui lui succéda, ne lui ressembla pas. C'était un
politique distingué de l'école démocratique. Il fut l'instrument
de son parti qu'il servit bien. Mais il a laissé une réputation
qu'aucun honnête homme n'envie.
Nous arrivons maintenant à la présidence d'Abraham Lincoln,
surnommé le Bon, qui fit plus pour son pays qu'aucun autre
homme. Il a laissé un nom et une réputation qui passeront à
la postérité avec ceux de Washington chez nous, et ceux des
grands hommes et des hommes de bien des autres nations.
Johnson, qui le suivit, est indigne du nom de Président. Le
mieux que nous puissions faire c'est de n'en pas parler.
Grant, le titulaire aetueJ, était un bon soldat, et, je crois,
très-honnête homme. Mais il n'est pas instruit et ses manières
n'ont rien de distingué. On n'aurait jamais dû le nommer Pré-
sident. Ce sera une grande gloire pour la nation si son succes-
seur honore sa place au lieu de tirer d'elle tout son lustre. Ne
perdons pas l'espoir, quoi qu'il arrive.
William J.
Avondale, comté d'Hamilton (Ohio).
:35G IIIGH SCHOOLS.
51. — TOUT ENFANT AMÉRICAIN ESPÈRE ÊTRE PRÉSIDENT.
L'ambition de tout enfant devrait être, non pas d'être Prési-
dent, mais de se mettre en état de remplir loiiles les charges
que l'on pourrait lui confier, môme la plus élevée de ce pays,
la Présidence. Pour arrivera cet état, il faudrait cultiver toutes
les facultés, celles de l'esprit, celles du corps, et celles du
cœur. 11 faut en etl'et être aussi prudent que le serpent et aussi
innocent que la colombe. 11 semblerait que les motifs les plus
nobles et les plus purs dussent seuls engager une personne à
accepter la responsabilité d'une pareille position. Car personne
n'est parfait, et le meilleur de nous est sujet à l'erreur; or si le
Président, qui est le plus en vue, vient à commettre ur.e erreur,
il ne manque pas de personnes toutes prêtes à relever cette
erreur, à lui donner l'apparenctî d'un crime terrible, et à la
présenter sous ce jour au public.
Je crois que la vie de Président est très-pénible et très-fati-
gante, et qu'en aucune façon elle n'est digne d'envie.
Peut-être y a-t-il quelque petite lille qui espère être Prési-
dente. Et j'espère qu'elle le sera lorsque la majorité du peuple
des États-Unis aura trouvé une femme plus digne que toute
autre personne d'exercer cette charge. Celte idée ne doit pas
paraître absurde, puisque l'Angleterre est gouvernée depuis
si longtemps par une femme. L'Amérique doit assurément pou-
voir produire des femmes capables de rivaliser avec toutes
celles des autres pays. Nous voyons que dans la plus haute
expression de la famille l'homme et la femme gouvernent en-
semble; il est donc évident que dans cette grande famille natio-
nale, où il faut prendre en considération les intérêts de tous, de
la femme et de l'homme, ils devraient être représentés tous les
deux. Quant à moi, je crois que la question de savoir si nous au-
rons jamais une Présidente est fort peu importante, mais je pense
qu'il faut donner aux femmes le droit de choisir le Président et les
législateurs ; c'est, je crois, ce qui ne tardera pas à avoir lieu.
Lorsqu'il en sera ainsi, je suis certain que nous aurons de
meilleures lois, car alors du moins notre gouvei'nement ne
sera pas une vraie ombre, comme il l'est maintenant. Le prin-
cipe de notre gouvernement n'est-il pas que les lois doivent
être faites par ceux qui sont forcés d'y obéir? Combien de fois
ne voyez-vous pas la devise : « Pas d'impositions sans repré-
COMPOSITIONS POLITIQUES. 357
seiUalion? » et cependant si une femme possède sous son nom,
elle est obligée de payer les impôts sans avoir élu de repré-
sentant. Vous n'avez pas le droit de forcer les femmes à obéir
aux lois avant de leur avoir permis de voter. La politique qui
devrait être l'une des choses les plus pures de la terre, qui est
l'une des plus nobles sciences (!a science du gouvernement du
peuple par le peuple), s'est corrompue, parce que les hommes
de bien l'ont abandonnée, jusqu'à un certain point, au pouvoir
des politiques de bas étage qui ne songent qu'à mettre de l'ar-
gent dans leurs poches. Je crois que la politique changera,
qu'elle s'épurera lorsque les femmes pourront y prendre part.
J'espère que tout enfant américain qui désire réellement être
Président se préparera sérieusement à exercer cette charge,
et que, s'il est élu, il fera tousses efforts pour s'acquitter conve-
nablement de sa mission. Mais si son espoir venait à être
trompé, j'aime à croire qu'il ne suivra pas l'exemple de Greely,
mais qu'il fera tout son possible pour bien s'acquitter de l'em-
ploi qui lui aura été confié, quel qu'il soif.
Hattie J.
Avondale, comté d'ttamilton fOliio).
oïl. — NOTRE PREMIERE PRESIDENTE.
(i^ année.)
Notre première Présidente! Oh! quelle grandeur et quelle
majesté dans ce mot ! Quel monde d'idées heureuses suggère la
pensée, oui, la seule pensée qu'à une époque qui n'est pas très-
éloignée, notre nation, les Etats-Unis, sera gouvernée par cet
être noble, ambitieux, au cœur fidèle, innocent : la femme. Une
femme siégera comme Présidente des Etats-Unis!
Je la vois vêtue comme la plupart des autres femmes ! Elle
n'aura pas ces toilettes extravagantes que portent quelques-unes
de celles qui font partie de la société des « Women's Piights » (1).
Celles-ci s'imaginent qu'on ne croirait pas qu'elles mettent leurs
maximes en pratique, ni qu'elles soient capables d'exercer les
professions que s'attribue l'autre sexe, si elles ne portaient pas
des vêtements qui ressemblent tellement à ceux des hommes,
(1; Société pour la rovendication des droits des femmes.
358 iiiGii sciiooLS.
que même les personnes qui les connaissent intimement les
prennent à première vue pour des })rètres, lorsqu'elles les voient
(le loin. Oh non! notre première Présidente n'aura pas cet air-
là, du moins si je puis l'en empêcher. Elle n'aura pas honte de
porter les vêtements de son sexe, non! non! non!
l.orsqu'elle sera à notre tête, notre pays ne sera plus troublé
par les affaires véreuses du whisky, par toutes ces fraudes,
ces paniques, ces banqueroutes, ces accusations dirigées contre
les fonctionnaires publics et toutes les choses de ce genre qui
viennent toujours de la négligence, défaut que l'on trouve plus
souvent chez les hommes que chez les femmes.
Xoti'e première Présidente sera mère d'une nombreuse
famille, et, en cela, elle suivra l'exemple de notre Président
actuel et de ses prédécesseurs, qui ont tous eu beaucoup d'en-
fants. Ses enfants seront fiers de leur mère et ils l'aimeront
autant, sinon plus, que les autres enfants aiment leurs mères
qui ne sont pas Présidentes et qui ne passent pas toutes leurs
journées à la Maison-Blanche ()i, occupées de la grandeur et de
la gloire de cette nalion dans laquelle doivent vivre et mourir
leurs enfants et leurs petits-enfants.
Lorsqu'elle quittera les affaires de l'État pour rentrer chez
elle, ses enfants s'assembleront autour d'elle pour écouter ce
qu'elle aura à dire sur ses travaux de la journée. Ils seront
aussi intéressés par ces récils que les autres enfants le sont
lorsque leurs mères leur racontent les visites qu'elles ont faites
aux dames de leur connaissance, ou une belle promenade en
voiture qui a duré toute l'après-midi.
Elle aimera tendrement son mari, qui, de son côté, l'aimera
de tout son cœur.
C'est ainsi que je vois le personnage de la première Prési-
dente des États-Unis.
J'espère que pour le prochain Centenaire on donnera aux
élèves de la High School de Mihvankeeà traiter ce sujet : « De
rinlluence de la première Présidente sur notre pays. »
LiZZIE 1).
Age : dix-sept ans.
Milwaukec (Wisconsin).
(1) Siège du gouvernement à Wasliington.
COMPOSITIONS POLITIorES. o59
53. — LE SUFFRAGE ÉTEXDU AUX FEMMES.
Le suffrage étendu aux femmes est un des sujets les plus
engageants de notre temps. Le moment est venu où on ne peut
plus écarter cette question. Ce qu'elle renferme de raisonnable
et de juste saute aux yeux. C'est une question qui s'impose à
notre attention malgré tous ceux qui la combattent.
Faire payer les impôts sans donner droit à la représenta-
tion, c'est une tyrannie. >'ous, citoyens de la République des
États-L'nis, qui voulons des droits égaux pour tous, nous qui,
au moment de commencer un second siècle, faisons avec tant
d'enthousiasme l'exposition de nos talents et de nos ressources,
tout cela en l'honneur de ces principes pour lesquels nos pères
ont combattu et sont morts, irons-nous conserver cette relique
de la barbarie : le suffrage restreint aux hommes?
Considérez l'immense quantité de valeurs possédées par des
femmes de notre pays. Elles payent leur part d'impôts sans
avoir le droit de prendre part à la confection des lois qui
règlent nos intérêts financiers. Est-ce juste?
L'argument qu'on a présenté tant de fois et qui consiste à
dire que les femmes n'entendent rien à la politique et qu'elles
ne pourraient pas voter d'une manière intelligente, n'a aucune
force. Est-il un homme raisonnable qui pense que ces femmes
riches et instruites dont les impôts servent à soutenir notre
gouvernement ne sont pas bien plus capables de voter que les
classes ignorantes de notre pays et de.-^ pays étrangers qui
votent par droit de sexe? Bien souvent leurs patrons achètent
leurs votes ou se les procurent par intimidation. Souvent encore
les partis politiques emploient les mêmes moyens pour" les
gagner à leurs intérêts particuliers.
i^es personnes instruites des deux sexes sont capables de se
former une saine opinion politique, et le vote d'une femme
ignorante ne peut pas faire plus de mal que celui d'un honnue
ignorant.
On accorde que l'on peut se fier plus sûrement aux iustiucts
d'une femme loyale qu'.» la raison d'un homme.
Une autre objection que l'on fait consiste à dire que cette
innovation tendrait à jeter le trouble dans les familles. Mais on
pourrait faire cette objection pour la religion et pour toutes les
îiulres questions importantes de la vie. Si une famille a envie
;JG0 IIIGII SHOOLS.
de se (juereller, elle ne manquera jamais de prélcxtes pour
satisfaire celte malheureuse envie. Mais une personne qui fait
son élude de connaîlre et de comprendre ses grandes respon-
sabilités, et qui désire s'en ac(juiller d'une manière intelligente
et honnête, pourra s'entretenir de questions politiques aussi
paisiblement que de toute autre.
Je le sais, il y a des personnes qui disent qu'il ne convient
pas qu'une femme paraisse dans une assemblée d'hommes aussi
nombreuse que celle qui a lieu pour les élections. Mais jadis
on disait aussi qu'il ne convenait pas à mie femme de parler en
public, ni d'exercei' aucun connnerce hors de chez elle. Au-
jourd'hui nous reconnaissons sans hésiter que les meilleurs
avocats et les meilleurs prédicateurs se trouvent parmi les
femmes de notre temps.
>'ous avons aussi des courtières de commerce et des teneuses
de livres (jui sont d'aussi honnêtes femmes, et connues pour
telles, que n'importe quelle autre femme de notre pays. Cette
raison ne devrait-elle pas engager à les employer aussi dans
les maisons de banque?
Lorsqu'elles auront obtenu le droit de voter, ce qui arrivera
un jour ou l'autre, les lieux de vote seront naturellement des
endroits convejiables oîi elles pourront s'assembler, les hommes
leur témoigneront du respect et seront plus réservés, ce qui
constituera un grand pas vers le perfectionnement de notre race.
On le voit, les arguments employés pour refuser aux femmes
le droit de vote et leur part dans les emplois publics reposent
sur des opinions préconçues qui sont en contradiction avec les
faits, ou bien sur des circonstances qui ne larderont pas à être
modifiées par notre génération amie du progrès.
Espérons que notre Etat qui, pour beaucoup de choses, tient
déjà le premier rang, sera aussi un des premiers à rendre celte
justice tardive aux mères et aux filles de noire pays ami de la
hberlé.
Alfred L.
Age : seize ans.
Filchburglî (Massacliusetts).
COMPOSITIONS POLITIQUES. 361
LA SEULE VRAIE REPUBLIQUE.
La République des États-Unis est la seule vraie République
({ui existe. Oue sa croissance et ses progrès ont été grands et
merveilleux pendant les cent années qui viennent de s'écouler!
11 nous serait complètement impossible de mentionner tous les
ouvrages qui ont contribué à faire ce pays ce qu'il est mainte-
nant : l'un des plus grands du monde. Mais avant d'aller plus
loin, jetons les yeux sur d'autres pays. •
Voilà d'abord l'Angleterre, notre mère patrie, qui a surpassé
tous les autres en accumulant des richesses, et qui, depuis le
jour où elle a eu un gouvernement chrétien, n'a cessé d'aug-
menter sa puissance et sa grandeur, jusqu'au moment oîi elle
a possédé le superbe titre de maîtresse de la mer.
Voilà maintenant la France, le pays des Charlemagne, des
Louis, des Napoléon et de tant d'autres qui ont rendu son nom
si illustre; la France d'aujourd'hui, la France républicaine, qui
se dresse dans sa robe rouge et qui élève si haut le bonnet
écarlate de la liberté ! Autour d'elles sont des colonnes brisées
et les monuments ruinés du passé, qui ont sans doute pour
mission de la protéger, comme les statues presque parlantes de
ses anciens héros !
Et la Russie, terre de neige et de glace, l'empire des tsars,
l'amie fidèle de notre nation en Europe pendant la dernière
guerre civile ! C'est la Russie qui a produit un des grands
législateurs modernes, un homme du peuple qui fonda son
pays, Pierre le Grand, qui a donné au peuple un exemple dont
les législateurs modernes feraient bien de profiter.
Puis, de l'autre côté des Alpes recouvertes de leur man-
teau de neige, voilà l'Italie, l'Italie avec sa ceinture de mon-
tagnes ! C'est là que Rome, sa capitale, Rome, jadis la maî-
tresse du monde, est située. Lorsque Rome est tombée, l'Ralie
l'a suivie, et les pays dont elle était la maîtresse sont devenus
ses maîtres. Enlin lorsque toutes les formes de gouvernement
eurent échoué, le pape monta dans sa chaire épiscopale sur-
montée d'une croix, saisit d'une main les rênes de l'Etat et de
l'autre les clefs sacrées de saint Pierre. 3Iais les Etats du pape
sont passés un à un de son sceptre à celui du roi d'Ralie, et on
l'a forcé à se contenter du gouvernement de l'Église.
Voici venir maintenant l'Espagne, la terre des Maures ; c'est
:36^ mon schools.
la même Espagne toujours révoltée, toujours mécontente : rien
ne sam\ait la satisfaire. T.e monarque, recouvert de ses vête-
ments (le satin et d'or, est promptement chassé du pays, suivi
j»ar la populace tumultueuse des brigands espagnols; on élève
bien haut le bonnet rouge de la liberté. Le moment d'après,
nous le voyons ti'aîné sous les pieds de la foule, et le monarque
rentre en Espagne précédé d'un héraut et vêtu de ses plus
l'iches ornements. Mais l'Espagne d'aujourd'hui n'est plus l'Es-
pagne des siècles passés. Alors un ))rince brave et d'une intel-
ligence merveilleuse lui faisait acquérir le premier rang intel-
lectuel parmi toutes les nations voisines. Aujourd'hui elle dresse
l'étendard orné de tours, l'étendard illustré par Charles V, Phi-
lippe 11 et l'illustre Colomb, qui le porta dans le chemm de la
gloire et de la renommée.
Nous pouvons nous représenter l'Afrique montée sur les
« vaisseaux du désert », nous la voyons s'avancer du sud au
nord sous l'ardeur brûlante de son soleil ; de tous côtés reten-
tissent les sifflements des serpents. Nous voyons ses esclaves
ramasser ses trésors d'ivoire et d'or au milieu des rugissements
des lions, à l'ombre de ses anciennes ruines : et pendant que
les « vaisseaux du désert » s'avancent sur les sables jaunes et
pénètrent dans la terre des Pharaons, au milieu des Pyramides,
pendant qu'ils côtoient les rives du Nil, et qu'ils foulent le sol
oi!i Livingstone est mort abandonné, nous sommes plongés dans
l'étonnement.
Mais lors(jue nous apercevons l'Amérique fraîche, forte et
l)leine de jeunesse, l'Afrique disparaît à nos yeux. D'un côté
sont les tropiques, avec leurs forêts de fleurs aux couleurs écla-
tantes ; au sud, est notre voisine, la Piépublique du Mexique,
cette Espagne des Américains ; au nord s'étend la région arc-
tique, avec ses amas de neige, plaines solitaires et glacées,
vaste désert blanc. Mais oii donc y a-t-il dans tout le monde un
pays qui offre un tel champ pour la science ! 11 n'y a pas un
arbre, pas une ffeur, pas un être vivant. Mais comme tout ce
monde glacial est beau avec ses promesses d'une mer arctique,
avec ses tristes souvenirs de Franklin, de Hall et de Kane.
Cependant lud œil humain n'a encore vu ce merveilleux pôle
caché sous des neiges et sous des glaces éternelles.
Nous arrivons maintenant aux Etats-Unis, à notre Piépu-
blique.
(Juelle n'a pas été sa prospérité pendant les cent années (jui
viennent de s'écouler ! Il y a cent ans, elle se composait de
COMPOSITIONS POLITIQUES. 363
treize États, petits iDais braves ; cMe comptait alors trois mil-
lions d'habitants qui bataillaient pour leur droit, qui luttaient
pour leur liberté et pour leur indépendance. La liberté fut
proclamée dans tout le pays, et depuis le jour oîi ces braves
et vaillants patriotes ont triomphé, nous avons fait des progrès
rapides dans les sciences, dans l'agriculture et dans le com-
merce. Notre industrie et notre richesse se sont accrues au delà
de ce qu'aurait osé rêver le patriote le plus exalté. A cette
époque on n'avait pas encore découvert nos merveilleuses mines
de charbon ni nos puits do pétrole ; on ne soupçonnait pas
encore les trésors cachés à l'Est ou à l'Ouest des monts Alle-
ghanys. On n'avait pas encore trouvé les merveilleux gisements
de charbon ni de fer, ni les mines de cuivre du Nord. On n'avait
pas encore trouvé sur le sommet des monts Rocheux jusqu'au
Pacifique les plus grands trésors d'or et d'argent, richesses des
siècles.
Mais il ne faut pas oublier nos écoles publiques, car c'est là
la grande base de notre pays. Elles ont été instituées par les
puritains de la Nouvelle-Angleterre et les Hollandais de New
York, il y a deux cent cinquante ans. Elles se sont développées
graduellement, lentement mais sûrement, et elles sont aujour-
d'hui l'une des plus glorieuses et des plus brillantes étoiles de
notre premier Centenaire. Il y a cinquante ans, l'iowa, « le
jardin de l'Ouest », n'avait ni richesse, ni population, il n'y avait
pas d'écoles alors. Aujourd'hui vous pouvez voir la belle maison
d'école blanche s'élever dans la prairie et au milieu des forêts,
et plus loin, dans l'Ouest, au delà des monts Rocheux, au
milieu des pics aurifères de l'Arizona, on voit se dresser l'école
libre qui, là comme partout, est la sentinelle de la civilisation.
Considérons encore les progrès de ce pays. Il y a quelques
années, vous l'auriez pris pour un désert stérile et inhabité;
aujourd'hui vous voyez s'élever partout de belles et riches
fermes. Elles gémissen^ is le poids de leurs productions et
des riches dons que 1' -^ur a faits à l'homme. Le pays est
parsemé de villes qui . poussé au milieu de la prairie
comme des fleurs.
Puisse le second anniversaire de l'indépendance de notre nation
■être aussi heureux que le premier ! Puisse notre pays toujours
voir s'étendre d'un Océan à l'autre les fils du télégraphe, la
plus grande invention américaine. Puissent toujours les che-
vaux de fer faire entendre leur galop précipité de l'Atlantique
au PaciliquelEt puisse notre nation, alors comme aujourd'hui,
o04 HIGII SCHOOLS.
être l'égale dos plus ancie]ine*> et des plus fortes ! O^ie pendant
le siècle prochain le sombre nuage de la guerre n'obscurcisse
jamais son brillant horizon; mais s'il en est autrement, et
qu'il faille avoir recours à la force, qu'elle puisse dire et qu'elle
soit lière de dire qu'elle n'a jamais été vaincue ! que l'éten-
dard rayé et semé d'étoiles flotte comme aujourd'hui sur trente-
huit États et sur (juarante millions d'habitants l Puisse-t-il
flotter sur cent États et couvrir de ses plis cent millions d'ha-
bitants prêts à protéger et à défendre cette bannière sacrée !
Et puisse alors le nom de citoyen américain, pour employer
les expressions de Benton (L), « jouir du privilège accordé au
nom romain pendant la glorieuse période de la république et
de l'empire, et servir de passe-port dans le monde entier à
tous ceux qui le porteront. »
G.-B. HiPPEE.
Age : seize ans.
West des Moines (lowa).
55. — 1/ IMMIGRATION.
Est-il (le l'intérêt des États-Unis de décourager V immigration?
Négative.
i'' Introduction.
2" Discussion dès arguments en faveur de l'afflrmative.
1 . On produit la discorde.
t. Classes d'immigrants.
o. La Bible enlevée des écoles publiques.
\. L'intempérance.
5. Fraudes au sujet de la naturalisation.
(). Éducation des étrangers.
7. Crimes.
(1) Thomas Hiirt Benton, sénateur américain, né dans la Caroline
du Nord en 178:î, mort en 1858. Outre divers discours politiques, fl
a écrit : .4 lhiii\i ijearn View, or a ■ Ilislonj of the American go-
vernmenl for tliirly gears from 18:20 to 1850, et An Abridgment of
the debales of Congress from 17813 lo 1856.
{Note du Traducteur.)
COMPOSITIONS POLITIQUES. 365
3° Arguments en faveur de la négative :
1 . Augmentation du commerce et du revenu.
2. La Chine.
3. Colonisation du pays,
l. Capital et travail.
5. Règlement de l'immigration.
i° Conclusion.
Thèse : Le bien-être des Etats-Unis ne demande pas qu'on
décourage l'immigration.
1" Introduction.
La négative de celte question n'implique pas absolument
([u'il faille encourager l'immigration. L'encourager et la décou-
rager sont les deux points extrêmes entre lesquels on peut
trouver beaucoup de remèdes contre le mal croissant, mal
réel ou imaginaire de l'immigration.
Ces milliers de gens venant de toutes les parties du monde
ont formé l'une des nations les plus invincibles et les plus
populeuses.
2° Discussion des arguments en faveur de Vaffirmative.
1. Le principal argument de ceux qui soutiennent l'affir-
mative dans cette question consiste à dire que le mélange de
tant de nationalités différentes produit nécessairement la dis-
corde.
Or, en théorie, cet argument est assez plausible. Car il y a
entre les diverses nations tant de différences dans les mœurs,
dans les coutumes, etc., que l'on pourrait s'attendre à voir
naître la discorde. Mais la pratique donne un démenti à cet
argument ; c'est ce dont nous pouvons nous convaincre en jetant
les yeux sur les différents pays où la discorde existe. Au Mexi-
que, où il y a tous les jours de nouvelles insurrections, la
population est entièrement mexicaine. Les instigateurs de la
sécession chez nous appartiennent tous à la nationalité amé-
ricaine. La France, où existent tant de partis et tant de fac-
tions, est uniquement peuplée de Français. L'Espagne, où la
discorde est à l'ordre du jour, où même la guerre civile existe
actuellement, a une population composée d'une seule nationa-
lité. La paix intérieure des États-Unis, comparée à celle de
36G iiiGii sciiooLS.
tous ces pays, ressemble à un lac des montagnes par un ])ean
jour d'été comparé à l'Océan pendant une tempête.
Il y a soixante-dix-huit ans on découvrit de l'or en Californie.
Alors, de toutes les parties de la terre, des gens mus, pour
ainsi dire, par un pouvoir magique, se dirigèrent vers l'El-
dorado. Alors on vit chaque jour des meurtres et des troubles.
Mais la Californie d'aujourd'hui est l'un des plus beaux des
Etats-Unis. La paix et la trancjuillité y régnent, et cependant
il y a des étrangers ! Il y a des riches et des pauvres, des
grands et des petits, des heureux et des malheureux. Eh bien,
ils ont formé un État qui ne ser;i inférieur à aucun de ceux
qui composent cette Union. Est-ce donc là un exemple de cette
prétendue discorde produite par l'immigration? C'est plutôt
un exemple du contraire.
"2. On a dit que c'étaient les opprimés et les malheureux
qui venaient dans ce pays. Mais ce sont précisément les classes
dont nous avons besoin. Ces opprimés, ces malheureux sont
ceux qui ont le plus vivement senti le manque de liberté, et,
venant dans un pays libre, ils font les meilleurs citoyens.
3. On prétend que les catholiques, qui sont presque tous
étrangers, enlèvent la Bible de nos écoles publiques. Admet-
tons ceci par hypothèse, la question se réduit à savoir si cette
affaire de la Bible a assez d'importance pour contrebalancer
l'immigration. Comme nous ne sommes pour ainsi dire plus
aux jours du fanatisme orthodoxe et des anabaptistes, nous
pouvons envisager cette question au point de vue rationnel.
Notre gouvernement tolère toutes les religions, il ne peut
légalement donner la préférence à aucune, il ne peut pas non
plus en favoriser quatre au détriment d'une cinquième. Les
écoles publiques sont entretenues par le peuple, et chaque
citoyen, qu'il soit chrétien, juif, athée, méthodiste ou catho-
lique, contribue également à leur entretien, en proportion de
ce qu'il possède. On doit respecter les droits de tous ces
citoyens. C'est grâce à cette exclusion de la Bible que nous
pourrons réellement appeler nos écoles des écoles publiques et
non pas des écoles de sectaires. Et, ne serait-ce que pour ce
motif, nous devrions être reconnaissants aux catholiques qui
apportent dans notre système scolaire cette réforme dont le
besoin se fait vivement sentir.
4. On a dit que l'Allemand vient ici établir des restaurants
et des jardins-brasseries. C'est là l'opinion d'un ecclésiastique
populaire. L'Allemand s'assied et mange son pain avec sa sau-
CO.MPOSITIO.XS POLITIQUES. 307
cisse, et il boit son verre de bière. Or, c'est là de la tempé-
rance. Chaque verre de bière que l'on boit est taxé; ainsi donc
non-seulernenf l'Allemand qui boit sa bière s'approvisionne lui-
même, mais il ajoute encore au Trésor des États-Unis quelques
sous dont l'ensemble forme des millions. L'habitude de boire
ne produit pas parmi les étrangers les terribles résultats qu'elle
})roduit en Amérique. Cette habitude ne peut pas être attribuée
à une nation plutôt qu'à une autre. Les Anglais, les Irlandais,
les Français, en un mot tous ceux qui ont contribué à peupler
les Etals-Unis, ont aussi contribué à y introduire l'habitude de
boire qu'on y remarqua. Dans ce pays on en fait un abus bon-
teux; et, qui a produit cet abus, si ce ne sont les Américains
eux-mêmes?
5. On a fait valoir comme un argument en faveur de l'affirma-
tive ce fait, que de grandes fraudes sont pratiquées dans l'ob-
tention des lettres de naturalisation. Mais ce fait tend-il à
prouver qu'il ne faille pas encourager l'immigration? >'on ! Il
montre que les lois qui s'appliquent à cette question sont
défectueuses et qu'elles ont besoin d'être revues ou complétées.
S'il y a un vice de construction dans le toit d'un bâtiment, ren-
verse-t-on tout le bâtiment? Non! On répare ce vice de con-
struction. Eh bien, il en est de même des lois sur la naturalisation.
6. Dans presque tous les pays européens il existe un système
d'éducation obligatoire, et cependant l'opposition crie toujours
contre les étrangers qui ne sont pas instruits. Il va de soi
que dans tous les pays il y a des ignorants. Le pays des écoles
libres ne fait pas exception à celte règle générale. 3Iais faut-il
juger d'un peuple par les ignorants qui y sont toujours en mi-
norité! Faudra-t-il exclure la masse parce qu'il s'y trouve quel-
ques personnes illettrées.
7. On a encore dit que beaucoup des étrangers qui viennent
aux États-Unis sont des criminels. Peut-être ceux qui soutiennent
l'affirmative n'ont-ils jamais entendu parler des lois d'extradi-
tion qui existent entre les États-Unis et la plupart des nations
d'Europe. Vu criminel qui s'échappe de sa patrie peut être
saisi dans tous les pays où ces lois existent. Mais admettons
qu'un criminel étranger sera plus en sûreté aux États-Unis :
un criminel d'Amérique ne trouvera-t-il pas la même sûreté en
pays étranger? Ainsi donc, si toutes les nations interdisaient
l'immigration, le nombre des criminels qui resteraient chez
nous serait bien supérieur à celui des criminels qu'y introduit
l'immigration.
368 HIGH SCHOOLS.
3° Arguments ai faveur de la négative.
1. Une augmentation dans notre population amène une aug-
mentation proportionnelle dans notre commerce et dans notre
revenu. En eflet, plus il y a d'habitants dans notre pays, plus
il faut importer de marchandises pour subvenir à leurs besoins.
De là une augmentation dans nos droits de douane, et comme
une grande partie des productions de ce pays va sur les marchés
étrangers, notre commerce d'exportation se trouve aussi aug-
inenlé.
2. La Chine est de deux mille ans en retard sur nous, et
pourquoi? Parce qu'elle s'est enfermée chez elle, se séparant
du reste du monde, et qu'elle a interdit aux étrangers la rési-
dence sur son territoire. Ainsi elle n'a pas pu profiter des pro-
grès faits par des nations plus civilisées et plus avancées.
Pourquoi la Chine fait-elle maintenant des progrès rapides?
C'est parce qu'elle a annulé la plupart de ces restrictions qui
nuisaient à ses relations avec les étrangers. Aujourd'imi elle
adopte presque toutes les coutumes et tous les perfectionne-
ments des nations qui lui sont supérieures. Sans cela elle
aurait pu rester plongée dans son sommeil léthargique pendant
deux mille ans encore.
L'absence d'encouragement est le premier pas vers l'exclu-
sion, et c'est là qu'elle aboutit. Or, avec l'exemple de la Chine
sous les yeux, cesserons-nous d'encourager l'immigration des
étrangers dans notre pays, ou en d'autres termes les re[»ousse-
rons-nous? Poser la question, c'est la résoudre.
3. Voyez les milliers d'arpents qui composent nos prairies
de l'Ouest; sur qui comptons-nous pour coloniser ce- vaste
territoire? Principalement sur l'élément étranger. Par qui les
pays de l'Ouest sont-ils déjà colonisés, peuplés? Principalement
par des étrangers; et ces pays qui, avant leur arrivée, étaient
une charge pour le gouvernement, sont maintenant une source
de riches revenus sous la forme d'impôts.
J'avance que tout citoyen américain qui estime un homme
d'après le pays oi!i il est né n'a pas plus de principes que celui
(jui laisse influencer son jugement par des considérations reli-
gieuses dans un pavs où l'on n'exigera jamais le serment du
test{\).
(1) Allusion à l'histoire d'Angleterre le I^arleiiient de 167^2 décrétn
que tout oflicier public devrait jurer qu'il ne croyait pas à la trans-
COMPOSITIONS POLITIQUES. 369
i. La plupart de nos ouvriers et de nos travailleurs sont étran-
gers. Le travail aboutit au capital, et le capital est d'une im-
portance vitale pour la promulgation des nouvelles entreprises
et pour le soutien de celles qui existent déjà. Et quoique ce
capital soit dans les mains des résidents étrangers, il n'en est
pas moins dan^; les mains des citoyens américains. Je ne parle
pas tant pour le capital en lui-même que pour les bienfaits
produits par le capital. C'est le capital qui construit nos
écoles au moyen desquelles nous répandons l'instruction dans
le pays. C'est le capital qui entretient nos bibliothèques pu-
bliques et toutes nos institutions charitables.
5. Je n'hésite pas un instant à penser qu'il faudrait régle-
menter l'immigration. On sait qu'un homme qui se noie s'ac-
crocherait à des pailles. Mes adversaires s'accrochent à une
paille bien mince lorsqu'ils disent que par réglementer on
entend ne pas encourager. Dans nos écoles publiques tout est
réglementé : l'tàge auquel les élèves peuvent y entrer, les lois
auxquelles ils sont soumis, le cours d'études qu'ils doivent suivre,
l'époque et la durée des sessions, les appointements des pro-
fesseurs, enfin tout. Cependant nous sommes loin de ne pas
encourager nos enfants à fréquenter nos écoles. Les règles
auxquelles nous soumettons les professeurs ne signiiîent pas
que nous ne les encourageons pas à faire leur devoir. Et c'est
ce que nous ferions si réglementer était synonyme de ne pas
encourager.
On peut demander exactement le contraire, c'est-à-dire que
l'immigration soit encouragée par des règlements convenables,
et assurément nos honoraliles législateurs du Congrès sauront
trouver les moyens de le faire de telle sorte que la quantité
des immigrants qui seront repoussés par ces règlements soit
amplement compensée par la qualité de ceux qui seront encou-
rasfés à venir chez nous.
4." Conclusion.
Puisque dans le cas actuel tout ce dont on a besoin est un
substantiation. Celte loi qui interdisait les emplois publics aux catho-
liques, est connue dans l'histoire sous le nom de Bill du test. Test
signifie épreuve.
{Xole du Traducteur.)
24
370 niGH sciiooLS.
règlement judicieux, il ne s'agit plus de savoir si on doit décou-
rager l'immigration; c'est un point établi négativement.
Samuel S.
\se : seize ans.
Aurora (Tllinois).
56. — l'immigration.
Est-il (le VhUéri't des États-U)ns (Je décourager rimnwjration ?
Affirmative.
1° Introduction.
2" Arguments en faveur de l'afllrmative.
1. Elle corrompt la langue. Elle introduit beaucoup de
coutumes (jui sont adoptées par les .Vméricains el
qui sont préjudicial)les au pays.
2. Elle apporte le trouble dans le Gouvernement et dans
les relations sociales et religieuses.
3. Elle profane les jours qui devraient être sacrés.
3<* Arguments en faveur de la négative.
1. Elle augmente les revenus du pays.
2. Elle fournit de bons ouvriers.
3. Elle fortifie le Gouvernement.
i. Elle peuple et embellit le pays.
4." Conclusion.
Thèse : Le bien-être des États-Unis demande qu'on décourage
l'immigration.
1° Introduction.
Les États-Unis augmentent rapidement en richesse, en puis-
sance et en population. Si leur prospérité future répond à leur
prospérité passée, ils ne tarderont pas à occuper le premier
rang parmi les nations.
Mais nous ferons bien de nous arrêter et de nous demander
si l'on fait tout ce que l'on peut faire pour le pays et si tout ce
que l'on fait tend à son bien. En d'autres termes, pour aborder
notre sujet, est-il nécessaire de décourager l'immigration pour
que notre pays puisse prospérer?
Nous reconnaîtrons que l'immigration a fait beaucoup pour
le pays. C'est elle qui a contribué à le mettre dans la condition
où il est actuellement. Mais elle a assez fait et nous déclarons
COMPOSITIONS POLITIQUES. 371
(jue le l)ieii-èlre des Étals-Unis exige qu'on décourage l'immi-
gralion.
2° Arguments en faveur de V affirmative.
1. A aucune époque de notre histoire la dépravation n'a été
aussi accentuée qu'elle l'est actuellement. Elle paraît dans nos
conversations aussi bien que dans nos actions. Et l'immigration
n'a-t-elle pas puissamment contribué à corrompre notre langue?
Les deux tiers de ceux qui viennent ici n'ont jamais fréquenté
une- école d'aucune espèce. Comm^ l'éducation n'est pas forcée
ici, ils n'essayent pas de rien apprendre en fréquentant une école.
Us ne comptent que sur ce qu'ils apprendront des autres. Us
saisissent certaines phrases de notre langue qu'ils ne com-
prennent pas, ils les contournent à leur façon et dénaturent
ainsi la phrase primitive qui n'a plus de sens. C'est ainsi que
nous devons aux étrangers ignorants nos expressions bizarres.
C'est ainsi que notre langue et notre style familier ont beaucoup
à souffrir de leur part.
Voilà pourquoi beaucoup de nos habitudes sont si honteuses.
Ceux qui viennent aux Etats-Unis apportent leurs coutumes
avec eux. Ces coutumes sont adoptées par les classes inférieures
de ce pays qu'ils fréquentent, et celles-ci les introduisent dans
la nation. Voyez, par exemple, la coutume de servir au dîner
des liqueurs spiritueuses, qui est si répandue et qui est la source
de tant de maux. Nous savons que c'est la coutume chez les
peuples plus vieux que nous, et principalement chez les Alle-
mans et chez les Irlandais. Nos restaurateurs ne sont-ils pas
tous des Allemands ou des Irlandais?
Nous avons assez de mauvaises habitudes nationales sans
que les immigrants viennent nous en apporter d'autres.
2. D'un autre côté, l'immigration est la cause de beaucoup de
troubles dans notre gouvernement, dans nos relations sociales
et dans nos écoles.
Les étrangers ont beaucoup entendu parler de notre système
de gouvernement, et peut-être pensent-ils qu'il y aura de grands
avantages pour eux àvivre dans un pays oùil y a plus de liberté.
Nous savons bien qu'il leur faudra habiter six ans ici avant
d'avoir les droits de citoyen. Mais môme après ce séjour ils
connaissent bien peu nos lois et ils votent en aveugles. Voilà
pourquoi il y a dans les emplois publics tant d'hommes qui ne
sont pas à leur place.
372 HIGII SCHOOLS.
D\in autre côté considérons la question qui est actuellement
soumise au peuple : « Faut-il retirer la Bible de nos écoles? »
Ce motif de trouble n'a-t-il pas été imaginé par les étran-
gers ignorants et superstitieux? S'ils réussissent et s'ils par-
viennent à faire ce premier pas, à quoi s'attaqueront-ils ensuite?
3. C'est l'immigration qui a établi les tirs et les jardins-
brasseries dans les faubourgs de nos belles cités.
Ces endroits sont principalement fréquentés le dimaiiclie par
les étrangers vulgaires et par quelques Américains des basses
classes. Ainsi non-seulement ils profanent le jour du sabbat,
mais encore ils portent préjudice au caractère du pays.
Mais les étrangers sont ici ; nous avons adopté jusqu'à un
certain point leurs coutumes et leur genre de vie; notre langue
a été modifiée : on ne peut pas revenir sur ce qui a été fait.
Si nous voulons sauvegarder la réputation et la moralité des
États-Unis, ij ne faut pas encourager l'immigration.
3° Arguments en faveur de la négative.
1. On nous dit que l'immigration augmente la ricbesse
nationale et qu'en l'interdisant nous priverons la caisse de
l'État d'une somme considérable.
Les statistiques prouvent que le gouvernement, depuis son
origine, a reçu de ce côté sept milliards de dollars, ^''oublions
pas qu'il faut défalquer de cette somme ce qu'on a été ol)ligé
de paver pour l'entretien des étrangers dans les liospices, dans
les prisons et dans les bôpilaux. Ce cbapitre du budget exige
un revenu assez considérable.
2. On dit que l'innnigration nous fournit nos meilleurs
ouvriers, que nos fabriques de voitures et nos autres manufac-
tures sont remplies de gens de cette classe.
Nous admettons qu'ils forment une classe de bons ouvriers.
Mais la plupart d'entre eux ne le deviennent qu'après avoir été
instruits et exercés par les Américains. Ils possèdent le talent,
mais il faut que ce talent soit développé par l'éducation.
Quelques personnes prétendent que l'immigration fortifie le
gouvernement. Elles disent que les immigrants, venant d'un
pays 3Ù il y a un abîme entre les hautes classes de la société
et le peuple, et voyant qu'ici tout le monde a les mêmes droits,
s'éprennent d'affection pour notre système de gouvernement,
et font tous leurs efforts pour le soutenir.
Cela peut être vrai. Mais il y a beaucoup de lois qu'ils s'ob-
COMPOSITIONS POLITIQUES. 373
slinent à violer, et ils ne manquent pas de le faire lorsqu'ils
peuvent, par un moyen quelconque, échapper au châtiment.
Puis on dit que nos lois ne sont pas assez sévères !
3. Beaucoup de personnes pensent que l'immigration est
un bienfait pour le pays parce qu'elle contribue à le peupler
et à Tembellir. Nous savons qu'il ne s'écoule pas beaucoup de
temps avant que les plus Agés des immigrants s'établissent
dans quelque ville, où ils obtiennent une petite maison et peut-
être un petit champ de terre. Tous les ans ils augmentent leur
propriété et finissent par voir le luxe s'établir à leur foyer.
Une telle conduite ne contribue pas seulement à la richesse de
la ville, elle contribue aussi à son embellissement.
Nous savons que le pays est grand et que c'est une belle
chost; de le peupler entièrement, mais encore est-ce bien
nécessaire"? Et faut-il sacrifier la réputation de notre pays à sa
l'ichesse, à sa puissance et à sa beauté ?
l" Conclusion.
Dans ce siècle, où l'on n'a d'amour que pour l'argent, où le
vice se montre sous toutes ses formes, nous devrions arrêter
sur nos frontières, toutes les fois que cela est possible, tout ce
qui tend à causer un préjudice à notre pays.
isous ne disons pas qu'il faut interdire l'immigration, car
cela est impossible ; mais nous déclarons que, vu la déprava-
tion des États-Unis, le bien-être futur de ce pays exige que
l'immigration soit découragée.
C.
Age : seize ans.
Aurora (IHinoisi.
O/. — ACTUALITES.
Quest. 1 . — Comment se propose-t-on de célébrer le cen
tième anniversaire de notre indépendance nationale, et quels
préparatifs a-t-on déjà faits en vue de cet événement ?
Rép. — Le centième anniversaire de notre indépendance
nationale sera célébré par une grande Exposition qui aura lieu
à Philadelphie cet été et cet automne. Un grand nombre des
bcàtimenls sont déjtà terminés et l'on y a transporté beaucoup
des ohjets qui doivent être exposés.
37i TIIGH SCHOOÎ.S.
Quest. ^. — Nommez ()ua(rc des j)lus émiiients candiclals
pour la prochaine éleclion présidentielle. Indiquez leur tilre
officiel actuel et diles dans quels Etals ils demeurent.
Ri')). — Uoscoe Cenkling, sénateur pour New York ; Blaine,
meml)re de la Chambre des repi'ésentants pour le Maine ; le
général Ilendricks, d'iiuliaua, et G. H. Curlis, rédacteur en
chef du llarpcrs Weehiy, et qui est aussi un grand orateur,
sont candidats à la l*résidence,
Quesit. 3. — Nommez deux personnages distingués morts
récemment.
Rép. — Charlotte Cushman et lîeverdy Johnson.
Quest. i. — Quelles sont les fraudes et les opérations délic-
tueuses dont les Rings (1) politiques se sout rendus coupables
dans ces derniers temps ?
Rép. — On peut citer l'association pour la fraude du whisky,
la iMine Eunna, et les concussions de Belknap sur les marchés
passés avec les fournisseurs de l'Etaî.
Qnest. 5. — Noiumez quatre membres du cabinet du Prési-
dent Grant. Diles quel changement a eu lieu récenuuent et
pourquoi ?
Rép. — Secrétaire d'Etat : Ilamillou Fisli ;
Secrétaire de rinlérieur : Chaiuller ;
Secrétaire de la Guerre : .Vlphonse Saft.
Secrétaire de la 3Iarine : Robesen.
Belknap, le dernier ministre de la Guerre, étant accusé de
malversations, a donné sa démission; Saft a été élu à sa place.
Quest. G. — Nommez quatre grands journalisles du jour et
dites dans quels journaux ils écrivent.
Rép. — George \Villiam Curtis, rédacteur en chef du Har-
per's Weeklij;\s"\\\lvim Bryant, rédacteur eu chef du Xen^ York
Post ; Whitelan lîeed, rédacteur en chef de la Tribune, et
Jones, l'édacteur en chef du Times.
Quest. 7. — Nommez quatre grands poêles américains et
trois grands prosateurs.
Rép. — Longfellow, Whittier, Bryant et M'"^ Downing sont
d'illustres poêles américains; C. L. Clemeus, Georges Bancroft
et .... {"2) sont d'illustres prosateurs.
(1) On appelle ainsi en Aniériipie des associations de spéculateurs
qui enipIoieiU tous les moyens pour se rendre maîtres du marché.
(Xote du Traducteur.)
(2) Le troisième nom est illisible.
COMPOSITIONS POLITIQUES. 375
Qucst. 8. — Nommez quatre ecclésiastiques éminents et deux
jurisconsultes célèbres.
Rép. — Dick Stows, Charles Hodge, l'évêque Simpson et
l'évêque Cox sont des ecclésiastiques éminents.
Dudlay Fields et Evarts sont des jurisconsultes célèbres.
Qnest. 9. — Nommez six membres du Sénat des États-Unis,
-et dites par quels P^tats ils ont été nommés.
Quest. 10. — Citez deux accidents épouvantables (jui ont
eu lieu dernièrement.
Rép. — L'incendie de Brooklyn, à Thospice des Vieillards ;
la collision des bateaux à vapeur dans la Manche ; le cyclone,
■dans le Wisconsin, sont des désastres récents.
Gertrude C.
Age : quinze ans.
Corrv (Pennsylvanie).
58. — LES ÉLECTIONS EX FRANCE.
(Fragment d'un devoir donné aux élèves des trois classes.)
Nous nous bornerons à extraire d'un long devoir intitulé :
yonielles courantes, l'avant-dernière. des 15 questions qui le
composent. Les autres ont trait aux discussions politiques des
États-Unis à l'occasion des élections présidentielles et à divers
événements célèbres de l'année précédente.
Qxest. U. — En faveur de qui a été le résultat des dernières
élections en France ?
Voici les réponses de la classe supérieure (^5 élèves, âge
moyen : 16-18 ans) :
1. En faveur des carlistes;
2. — des conservateurs ;
3. — des communards ;
-l. — des républicains;
5. — des communistes ;
6. — des démocrates ;
7. — du gouvernement républicain;
•8. — du parti républicain ;
9. — des royalistes ;
lu. — du parti qui élit des sénateurs à vie ;
Jl. — du parti de Tinstructioa gratuite et obliga-
toire (free school);
376 HIGH SCHOOLS.
12. Eu faveur des républicains;
13. — des impérialistes;
14.. — du parti conservateur ;
15. — du parti conservateur qui est le inème que le
parti républicain.
10 élèves n'ont pu répondre.
Dans les classes inférieures, presque tous les élèves (filles et
g-arçons) ont déclaré ne pouvoir répondre. Un d'entre eux
(onze ans) trouve la question trop difficile.
Plymouth (Iiidiuna). Iligli school pour les deux sexes (1).
4'^ SECTION : COMPOSITIONS LATINES.
\i, — Vendions cl ThèsBie.*» latins.
59. — VERSIOiNS ET EXERCICES.
1. Faites la traduction littérale et en bon anglais du [tassage
suivant de César :
(( Palus erat nonmagna inter nostrum atcpie liostiuni exei'citum.
Ilanc si nostri transirent, liostes expectabant ; noslri auteni, si
ab illis initium transeundi fieret, ut impeditos aggrederentur,
parati in arniis erant. Intérim pradio equeslri inter duas acies
contendebalur. Ubi nostri transeundi initium faciunt, secun-
diore equituni prœlio nostris Ca3sar suos in castra reduxit.
Hostes protinus ex eo loco ad flumen Axonam conlenderunt,
quod esse post nostra castra denionstratum est. Ibi, vadis
repertis, partem suarum copiarum transducere conati sunt, eo
consilio, ut, si possent, castellum, cui prœerat Quintus Titurius
legatus, expugnarent, pontemque interscinderent ; si minus
potuisselit, agros Remorum popularentur, qui magno nobis
(1) Ce devoir se trouve dans le uièuie caliier que les exercices de
traduction latine, où les élèves les plus avancés (dix-huit ans) ont
pour version :
Aniuliii.s, nt regnum fmnisslme possideret, Xuniiloris filium per
hmdlas interemit.
Et à cette occasion ils déclinent ants (dont ils font au pluriel aves).
et maier (génitif pluriel, matrium).
VERSIONS ET THÈMES LATLXS. 377
usui ad belluni gerendum erant commeatuque nostros prohi-
bèrent. »
2. Indiquez tous les verbes du passage précédent qui sont
au subjonctif, et dites pourquoi on a employé ce mode.
3. Nommez aussi les noms qui sont à l'ablatif et dites pour-
quoi on a employé ce cas.
i. Analysez transeundi dans la seconde phrase.
5. Nommez tous les verbes composés, et dites comment ils
sont composés.
6. Oîi est la rivière Axona?
7. Qu'étaient les Rémi?
8. Quelles troupes les Romains avaienl-ils à combattre à
l'époque dont parle ce récit"?
9. .Analysez gerendum dans la dernière phrase.
10. Corrigez les fautes de construction, s'il y en a, dans les
phrases suivantes, et donnez les raisons de vos corrections.
Homo magnos habet adjumenta ad obtinendum sapientiam.
Is labor utilis est qua? auctorem laudem fert. alios utilitatem.
Quid dicere nescio.
Stellarum tantus multitude est ut numerari non possunt.
Vereor, ut labores tuos augeam.
11. Traduisez en latin les phrases suivantes :
(f. To live well is to live honorably. »
« Lycurgus appeared the defender of his country. »
« We assist him with delight who bas assisted us. »
« We live not merely for ourselves,but also for our country
and other men. »
« The laws we obey, not froni fear, but we follow them
because we judge this is most salutary. »
12. Indiquez dans le passage suivant les mots dérivés du
latin, et donnez pour chacun d'eux la racine latine.
« "Where an individual is the sovereign, there is room for an
appeal to magnanimity, to benevolence, to the love of glory;
where the privilège of self-government is enjoyed, a permanent
interest is sure to gaia the ultimate ascendency; but corpo-
rate ambition is deaf to mercy and insensible to shame (1). »
(1) Traduction : « Lorsque la souveraineté est confiée à un monar-
que, on peut faire appel à sa magnanimité, à sa bienveillance, à son
amour de la gloire ; lorsque l'on jouit d'un self-government, un
intérêt permanent ne manquera pas de prendre en dernier lieu le
premier rang; mais l'ambition de parti est sourde à la pitié et insen-
sible à la honte. »
oib IIIGH SCHOOLS.
13. Dans le passage précédent, remplacez chaque mot d'ori-
gine latine par un autre mot anglais ayant la même racine latine.
14. Traduisez le passage suivant de Cicéron :
« Nunc, Patres conscripti, ego mea video quid intersit. Si eritis
secuti sentcntiam C. C;esaris, quoniam iianc is in re publica
viam, quaî popularis habetur, secntus est, fortasse minus erunt
hoc auctore et cognitore hujusce sententiaî milii populares im-
petus pertimescendi : sin illam alteram, nescio, an amplius
milii negotii conlrahalur. Sed tameu meoruni periculorum
rationes utilitas rei publiciie vincat...
» Etenim qua^ro, si quis pater-familias, liberis suis a servo
interl'ectis, uxore occisa, incensa domo supplicium de servis
({uam acerbissimum sumpserit, utrum is clemens ac misericors,
an inhumanissimus et crudelissimus esse videatur? Mihi vero
importunus ac ferreus, (jui non dolore ac cruciatn nocenlis
suum dolorem cruciatumque lenierit. »
15. Dans quelles circonstances les paroles ci-dessus lurent-
elles prononcées ?
16. Quelle était « l'opinion de César » à laquelle il est fait
allusion?
i". Indiquez tous les ablatifs absolus du passage oi-dessus.
18. Traduire et scander dix vers de Virgile [Enéide, u,
557-5G6).
San-Francisco (Californie). Hi-ih scliool.
60. — EXAMEN DE LATIN.
(Degré inférieur.)
1. Traduisez : Non omnis ager qui seritur fort fruges.
Alii me laudabant, alii culpabant.
2. Analysez tous les mots de la première phrase.
3. Donnez les temps principaux de siiin, possnm, fero,
volo, nolo, malo, fio, eo.
•i. Conjuguez le présent et le fntur dt» Tindicatif de snm,
fero, eo, volo.
5. Traduisez : I am able to read, but not to write. The boys
were cast into the Tiber (1)
Clevelund (Oliioi.
(Ij Je sais lire, mais non écrire. Les garçons furent jetés dans le
Tibre.
VERSIONS ET THÈMES LATINS. 379
01. — A5-TRE EXAMEN.
''-i* année.;
1. InJitjuez sominaii'enient le sujet du premier et du second
livre de VÉnéide.
2. Traduisez les vers 627-636 du premier livre de VÉnéide.
3. Donnez les temps principaux de tous les verbes de ce
passage, et indiquez les dérivés anglais de dix mots.
i. Faites l'analyse logique depuis le vers 628 jusquau
vers 632.
5. Traduisez les vers 62i-r)31 du dixième livre. Indiquez
toutes les ligures de rhétorique qui s'y trouvent.
6. Analysez verii, onuim, coinam, vertice, jugis.
7. Marquez la ({uanlité, indiquez les syllabes et les pieds
des cinq premiers vers de ce passage.
8. (Question particulière au cours classique.) Traduisez le
passage d'Ovide, mort de Phaéton : Ut vero sunuiio despexit
ab œthere terras, et les cinq vers qui suivent.
Traduisez les vers 606-617 du dixième livre de VÉnéide.
« CtCsar singulis legionibus singulos legatos et quœstorem
prœfecit, uti eos testes su» ([uisque virtutis haberet. Ipse a
dextro cornu, quod eam partem minime firmani hostium esse
animadverterat, prœlimn commisit. Jla nostri acriter in hostes,
sigiio dalo, impetum fecerunt ; itaque hostes repente celeri-
terque procurrerunt, ut spatinm pila in hostes conjiciendi
non daretur. Kejeclis pilis, cominus gladiis pugnatum est; at
Germani celeriter ex consuetudine sua phalange facta, impetus
gladiorum exceperunt. Reperti sunt complures nostri milites
qui in phalangas insilirent, et scuta manibus revellerent, et
desuper vulnerarent. » (Ciesar, De bello gallico, liv. I, eh. m.)
Faire, sur ce passage de César, le travail suivant :
Vous placerez le régime direct des verbes et le complément
des prépositions à droite des mots qui les régissent. Vous
placerez tous les autres mots modiiiés au-dessus des mots qui
les modifient.
Cleveland (Ohio). High school.
380 HIGH SCIFOOLS.
&2. — EXAMi:.\ ÉCRIT.
({" année.)
1. Traduisez eu anglais les phrases suivantes et analysez les
mois qui sont eu itali(iue.
1. Pueri boni parentes sxos amant.
5. Rex magnum auri pondus habuerat.
3. Tullusbellum indixit.
ï. Legatio bénigne audita est.
2. Traduisez eu latin les phrases suivantes :
1. Thèse books delighted us (1).
!2. Do you uot goveru your mind?
3. You will bave true friends.
i. Ilanuibal led the army into Italy.
Washingi^on (District de Columbia). High scliool.
63. — GREC.
(Cours de 3^ degré.)
1. Traduisez : 'Axo-jcravreç os taOTa, ot atpc-îo^ h.vxyyi'iXo'jni. toi;
crToaTitoTai:- xoî; oï 'jT^o'h'.y. [xàv y-jV oxi aY£i T^po? ^ao-OvIa oij.w;Ôs k'ooxec
sTcsaOai. jrpoTa'.ToOo-'. oï [xtfxOov 6os KOpo? -jTTKT'/vsÎTat Yj[j.i6Atov 7:a<n
Ôcûcreiv ou TrpoTspov sçepov àvt\ ôapsiv.oO 03 £7r\ |3a(T'.).£a ayot, oOoe Tp-'a
r,[ji,ioap£'.y.à ToO iJ.r,voç tcT) o-ipaTuoTr/ oï'. svxaOOa r,xovi7Sv oùostç cVVcTÔ)
Traduction : « Ayant entendu ces choses, les ambassadeurs les
annoncent aux soldats; quelques-uns soupçonnaient bien qu'il
les conduirait contre le roi, mais ils croyaient cependant devoir
le suivre, seulement ils demandent un supplément de paie.
Cyrus promet qu'il leur donnera moitié plus qu'ils n'avaient
(1) 1. Ces livres nous charmèrent.
2. IS'êtes-vons pas maître de vos désirs.
3. Vous aurez des amis fidèles.
•4. Annibal conduisit l'armée en Italie.
Washington (District de Columbia). Wgh Schooh.
TRADUCTION EN FORME DE DRAME. 381
jamais reçu, au lieu d'une darique, trois et demie par mois et
par tète. Mais personne ne lui entendit dire même alors, du
moins ouvertement, qu'il les mènerait contre le roi. »
:2. Analysez tous les verbes de ce morceau.
3. Traduisez les deux phrases suivantes :
^Yhat is a greater blessing to men than self-control.
Ti £<7T'. [izi^ov ayaOov àvOpwTio'.: TWçpoT-jvr,;-
The stone which we call magnet draws iron.
'H a;'6o; r,v ^'x^rr^'-çj y.aAoO;j.£v ays', tov (7''or,pov.
Helex W.
Age : quinze ans.
Sliclby\ille (Tennessee), lligli school et collège.
VII. — Tradtietiou libre.
61. — LE i" LIVRE DE L'Éuéldi' DE VIRGILE TRADUIT EX FORME
DE DRAME ANGLAIS, EX TROIS ACTES (1).
PERSONNAGES :
DiDON Reine de Carthage.
AxxA Sœur de Didon.
ÉxÉE Chef des Troyens.
lARBAS Amant malheureux de Didon.
Barcé Nourrice de Sichée.
.Jupiter , Roi des dieux.
Juxox Reine des dieux.
VÉNUS Déesse de l'amour.
Mercure Messager des dieux.
Isis Messagère de Jimon.
il) L'ouvrage suivant est le résultat d'examens passés conformé-
ment à la méthode régulière suivie dans cette école.
Les traductions suivantes sont un travail complètement individuel,
et l'honneur en revient aux élèves dont les noms sont écrits sur la
page de titre,
(A. W. Thompsox, directeur de la High School.)
38:2 HIGH SCHOOLS.
ACTE P15EMIE[{.
(Cartha2;e. Les premières heures du matin. Didon et Anna dans un
appartement [larticulier du palais.)
SCÈNE l'IlKMlP.RE.
DIDON, se levant de la couche où elle )ia pu trouver
le souiuieil.
Ma sœur Anna, quels rêves troublent mon esprit ag-ité ! (Jur
penses-tu de l'hôte illustre qui est venu nous demander l'hos-
})ilalité. Que ses traits sont nobles! Quelle bravoure! Quels
exploits! Je crois vrainient qu'il est de la race des dieux.
La crainte trahit les âmes vulgaires. Hélas! quels malheurs
il a traversés. De quelles terribles guerres il parle ! Si je
n'avais pas pris la résolution de renoncer au mariage depuis
que mon premier mari m'a abandonnée en mourant, si je n'étais
pas fatiguée de la vie conjugale et des torches de l'hymen, je
pourrais peut-être me laisser entraîner i\ commettre cette
faute. Anna, j'avouerai que, depuis la triste fin de mon malheu-
reux époux Sichée , depuis le jour oii nos pénates ont été
ensanglantés par la main d'un frère, cet homme seul a eu de
l'influence sur mon esprit et a fait battre mon faible cœur. Je
sens revivre mon ancienne passion. Mais souhaitons plutôt que
la terre s'entr'ouvre jusqu'à ses dernières profondeurs, ou que
le Père tout-puissant me frappe de ses foudres et me précipite
dans les ombres, dans les ombres pâles de l'Erèbe et dans la
nuit éternelle, avant que je te viole, ô chasteté, ou que je
m'afl'ranchisse de tes lois. Celui cà (jui je fus unie pour la pre-
mière fois a mon affection, (ju'il la conserve jusque dans la
tombe. {Elle pleure.)
ANNA {elle l'embrasse).
0 ma sœur, toi qui m'es plus chère que la vie, veux-tu lan-
guir dans un chagrin éternel et l'enoncer pour toujours aux
douces caresses des enfants et aux faveurs de Vénus? Penses-
tu que les cendres de Sichée ou que ses nicànes dans leur tom-
beau se soucient de ces sacrifices ?. Je veux bien qu'aucun des
amants de Libye, qu'aucun de ceux qui se sont présentés au-
paravant dans Tyr n'ait pu toucher ton triste cœur ; je veux
TRADUCTION EX FORME DE DRAME. 383
bien que tu aies dédaigné larbas et d'autres chefs que nourrit
la belliqueuse Afrique ; mais repousseras-tu aussi un amour
qui te plaît? Considère dans quel pays tu t'es établie. D'un
côté tu es entourée par les villes des Gétules, race indomp-
table dans la guerre, par les cruels Numides et les Syrtes in-
hospitaliers. De l'autre côté est un désert brûlant et le Barcéen,
qui répand au loin ses ravages.
Ai-je besoin de parler des guerres qui se préparent dans
Tyr et des menaces de ton frère? Je crois, en vérité, que c'est
sous les auspices des dieux et avec la protection de Junon que
les vaisseaux troyens ont navigué jusqu'ici. Gomme tu rendras
celte ville illustre, ma sœur, quel grand royaume tu fonderas
avec un tel époux ! Quels exploits les Carthaginois accompliront
s'ils s'unissent aux Troyens ! Gagne la faveur des dieux en
offrant un sacrifice, puis fais tous tes efforts pour plaire à cet
étranger et cherche des prétextes pour le retenir jusqu'à ce
que l'humide Orion obscurcisse le ciel et que les tempêtes fa-
tales aux vaisseaux soient déchaînées sur la mer.
SCÈNE II.
{Les cieux. Junon, s'apercevant de la passion de Didon, aborde Vénus
et lui adresse dos paroles perfides.)
JUNON.
En vérité, vous et votre fils, vous méritez de grands éloges
et de nobles récompenses. Votre divinité sera grande et illustre
si une mortelle est vaincue par le stratagème des dieux. Je le
vois bien, vous avez craint nos murailles et vous avez regardé
d'un œil jaloux les murs de la superbe Carthage. Mais quand
cessera votre méfiance? Quel autre but voulez-vous atteindre?
Célébrons plutôt un mariage et signons un traité de paix éter-
nelle. Vous avez obtenu ce que vous désiriez de tout votre
cœur, l^a passion brûlante s'est emparée de la tendre Didon et
la consume tout entière. Partageons-nous donc l'empire sur
cette nation; que Didon obéisse aux lois d'un époux Phrygien,
et qu'elle vous donne en dot l'empire de ïyr.
VÉNUS, à pari.
Ha! ha! elle ne sait pas que je m'aperçois de son artifice.
(Haut.) Serais-je assez insensée pour rejeter vos propositions
et pour vouloir prolonger la guerre avec vous? En vérité.
384 iiiGii sciiooLS.
votre projet inei»l<iîl, si seulement la fortune sourit à vos plans.
Mais je doute (jue Ju}»iter désire voir les Tyrienset les Troyens
habiter dans la même ville, ou qu'il approuve l'union et l'al-
liance des deux nations. Vous êtes son épouse. C'est à vous
qu'il convient de fixer sa volonté par vos prières. Allez, je
vous suivrai.
JUXON.
Ce soin me regarde. Maintenant écoutez-moi et je vous dirai
en peu de mots comment nous pouvons accomplii' notre projet.
Enée et l'infortunée Didon se préparent à aller chasser dans la
forêt aussitôt que le soleil de demain éclairera la terre de ses
rayons. Pendant que les chasseurs à cheval courrojit çà et là
en couvrant le bois de leurs fdets, je ferai fondre sur eux un
violent orage de pluie et de grêle et j'ébranlerai le ciel par le
bruit du tonnerre. Leurs compagnons se disperseront de tous
côtés, les ténèbres envelopperont la terre. Didon et le chef
Troyen iront se réfugier dans la même grotte. Je serai là, et,
avec votre permission, je les unirai par un lien indissoluble et
je la déclarerai son épouse. f^'IIymen sera aussi présent.
SCÈNE m.
(En >'umidie. Le temple de Jupiter. La Renommée aux mille yeux
toujours ouverts, aux mille oreilles toujours attentives et aux
mille langues toujours parlantes, a fait connaître à larbas l'union
d'Éuée et de Diilon.)
lARBAS {il lève les mains au ciel).
0 Jupiter tout-puissant, toi à qui la race mauritanienne offre
maintenant des sacrifices et fait des libations de vin, vois-tu
ces choses? Ou bien est-ce en vain que nous tremblons lorsque
tu lances tes foudres, ô mon père ? Est-ce en vain que les
éclairs sillonnent la nue, et ne produisent-ils que des foudres
impuissantes. Cette femme, jadis errante sur mes rivages, qui,
pour une petite somme d'argent, s'y est bâti une ville, à qui
nous avons donné une partie de notre frontière pour la cultiver,
et qui n'a pu s'y établir qu'en acceptant les conditions que
nous lui avons imposées, cette femme a osé repousser nos pro-
positions de mariage et elle a reçu dans son royaume Enée
pour époux. Et maintenant ce Paris, avec sa suite efféminée et
sa coiffure de 3Iéonie, sa mitre attachée sous le menton et ses
TRADUCTION EN' FORME DE DRAME. 385
cheveux parfumés, a pris possession de sa proie ; pendant que
nous , nous offrons tous les jours des sacrifices dans ton
temple, et nous entretenons une piété Lien inutile, parbleu!
(Il embrasse les autels.)
SCÈNE IV.
L'Olympe. Jupiter sur son trône royal. Touché des plaintes amères
de larbas, il appelle Mercure. Mercure entre.
JUPITER.
Hàte-toi, mon fils, appelle les zéphyrs, descends sur la terre
de toute la rapidité de tes ailes et porte ce message au chef
Dardanien, qui s'arrête dans Carthage la Tyrienne et qui ne
songe pas aux villes que les destins lui ont données. La belle
Vénus, sa mère, nous promettait mieux de lui, et ce n'est pas
dans ce dessein qu'elle l'a sauvé deux fois des armes des Grecs.
Elle croyait qu'il serait le héros qui devait gouverner l'Italie,
féconde en empires et ardente à la guerre, perpétuer la race
issue du noble sang deTeucer, et mettre l'univers sous son joug.
Si la gloire des grands exploits ne le touche pas, s'il ne veut
rien entreprendre pour son propre renom, ira-t-il priver son
fils Ascagne des citadelles romaines? Que fait-il? Dans quel
espoir séjourne-t-il au milieu d'un peuple hostile, oubliant le
royaume d'Ausonie et les champs de Lavinium? Qu'il mette à
la voile : tels sont mes ordres; que cela soit notre message.
SCÈNE V.
Faubourgs de Carthage. — Enée est occupé à agrandir la ville.
Entre Mercure.
MERCURE.
Te voilà donc occupé à poser les fondements de la superbe
Carthage, et ton afi'ection pour ton épouse est donc assez
aveugle pour t'engager à lui bâtir une splendide cité? Et tu
oublies, hélas! ton propre royaume et la condition de tes con-
citoyens! Le roi des dieux lui-même, qui, par sa toute-puis-
sance meut les cieux et la terre, m'a ordonné de descendre des
hauteurs de l'Olympe pour porter promptement ce message à
travers les airs. Que fais-tu ici? Pourquoi perds-tu ton temps
386 HIGH SCHOOLS.
Jans les champs Libyens? Si la renommée des grands exploits
ne l'émeut pas, et si tu ne veux rien entreprendre pour toi-
même, ne ?ongeras-tu pas au jeune Ascagne, à qui les destins
réservent le royaume d'Italie et les champs romains?
(Mercure sort.)
ACTE IL
SCÈNE PREMIÈRE.
CarUiage. Un appartement dans le palais. Énée, troublé et interdit,
songe au moyen d'informer la reine de la résolution qu'il a prise
de partir. Didon entre.
DIDON.
Espérais-ta donc, ô perfide, me cacher ta noire trahison et
quitter secrètement mon royaume? Ni notre amour, ni la foi
que nous avons échangée, ni Didon destinée à subir une mort
cruelle ne peuvent donc te retenir? Et c'est pendant l'hiver
que tu te prépares à mettre à la voile, c'est pendant que les
vents du nord sont déchaînés que tu t'empresses de traverser
l'abîme? Quoi! si tu ne cherchais pas un pays étranger et des
terres inconnues, si l'ancienne Troie elle-même était encore
debout, partirais-tu pour Troie dans cette saison rigoureuse?
Est-ce donc moi que tu fuis? Je te conjure, par ces larmes
(puisque c'est tout ce qui reste à l'infortunée Didon), par cette
main droite que lu m'as jadis donnée en gage de ta foi, par
notre union, par notre hymen commencé, si j'ai bien mérité de
loi en quelque chose, si quelque chose en moi t'a plu, oh! je
l'en supplie, aie pitié de ma famille et de ma maison sur son
déclin. Si mes prières ont encore quelque effet sur toi, quitte
cette pensée. C'est à cause de toi que j'ai encouru la haine des
nations de la Libye et des chefs des Numides; les Tyriens
eux-mêmes me sont hostiles. C'est à cause de toi aussi que j'ai
sacrifié cette vertu bien supérieure à la renommée et qui
m'avait rendue si célèbre. A qui m'abandonnes-tu mourante,
ô étranger (puisque je ne puis plus l'appeler qu'étranger)?
Pourquoi attendre que mon frère Pygmalion vienne démolir
mes murailles, ou que le Gélule larbas m'emmène captive?
{Elle pleure.)
TRADUCTIO.X EN FORME DE DRAME. 387
ÉNÉE {Il essaye de surmonter son émotion).
Je ne nierai pas, ô reine, que vous pourriez énumérer Ijeau-
coup de bienfaits que vous m'avez accordés. Aussi longtemps
que ma mémoire durera, aussi longtemps qu'un souffle animera
ce corps mortel, je me souviendrai avec plaisir d'Elisa. Je me
justifierai en peu de mots. Je n'ai pas voulu employer la ruse
pour vous cacher ma fuite, ne le croyez pas ; jamais non plus
je n'ai porté devant vous les torches de l'hyménée, et jamais
je n'ai formé une pareille alliance. Si les destins m'avaient
permis de disposer de ma vie à mon gré et de me débarrasser
de mes soucis quand je le voudrais, je donnerais maintenant
tous mes soins à Troie et aux restes chéris de mes concitoyens.
Les superbes demeures de Priam seraient debout et j'aurais re^
bâti pour les vaincus la citadelle de Troie, je les aurais rele-
vées de ma propre main. Mais maintenant Apollon Gryné^ et
les oracles de Lycie m'ont ordonné de gagner en toute hâte la
grande Italie, c'est là la terre que je dois aimer comme ma
patrie. Si les citadelles de Carthage et l'aspect des villes de
Libye vous retiennent, vous qui êtes Phénicienne, pourquoi en-
viez-vous aux Troyens leur établissement dans les champs
d'Ausonie?'>'ous avons aussi le droit de chercher des royaumes
étrangers. Toutes les fois que la nuit couvre la terre de ses
humides voiles, toutes les fois que les astres de feu se lèvent,
l'ombre inquiète de mon père Anchise m'apparaît et m'adresse
des reproches pendant mon sommeil. Le jeune Ascagne aussi
et la pensée de l'injustice que je commets en le privant du
royaume de l'Hespérie et des terres qui lui sont destinées,
hantent continuellement mon esprit. Maintenant encore le
messager des dieux, envoyé par le grand Jupiter lui-même (je
les prends tous les deux à témoin), m'a apporté ces messages
en fendant les airs de ses ailes rapides. Le dieu lui-même,
tout éclatant de lumière, s'est manifesté à ma vue, mes
oreilles ont entendu sa voix. Cessez d'aigrir notre commune
douleur par vos plaintes. Ce n'est pas par ma volonté cfiie je
me rends en Italie.
(Il se détourne.)
DIDÛ.N.
Non, tu n'as pas eu une déesse pour mère, et Dardanus n'est
pas le père de ta race perfide! C'est le Caucase qui t'a enfanté
388 iiiGH scnooLS.
sur ses durs rochers! Ce sont des lig-res d'iïyrcanie qui t'ont
nourri! Pourquoi dissimulerais-jo? Pour quel plus grand ou-
trage me réserverais-je? Ma douleur le touche-t-elle?Tourne-t-
il les yeux vers moi? Non, il ne verse pas de larmes ; il n'a pas
pitié de son amante infortunée! Oh! par oîi commencer? Non,
non, ni la grande Junon, ni le père des dieux, fils de Saturne,
ne regardent ce qui se passe ici avec des yeux justes. La véritable
fidélité n'existe nulle part. Je t'ai recueilli lorsque, jeté sur un
de ces rivages, tu manquais de tout, et, dans ma démence, je
l'ai donné une place dans mon royaume, je l'ai rendu ta flolle
perdue, j'ai anaclié tes compagnons à la mort. Iléias ! les
Furies s'emparent de moi ! Maintenant voilà qu'il me parle du
devin Apollon, des oracles de Lycie, et le messager du grand
Jupiter lui-même fait entendre de terribles commandements à
ses oreilles. Sans doute ton sort inquiète beaucoup les dieux ;
c'est là le souci qui trouble leur tranquillité. Mais je ne le re-
liens pas et je ne veux pas réfuter tes paroles. Va, cherche
ritalie sur la foi des vents, cherche ton royaume sur les flots.
Moi je crois que, si les pieuses divinités ont quelque pouvoir,
tu trouveras une juste punition au milieu des rochers, et
qu'alors lu invoqueras en vain le nom de Didon. Quoique ab-
sente je te poursuivrai avec des feux lugubres, et, lorsque la
froide mort séparera mon âme de mon corps, mon ombre te
suivra partout. Alors tu seras puni, perfide, et le bruit de ton
châtiment parviendra jusqu'à moi dans la partie la plus reculée
du royaume de Plut on.
SCÈNE II.
Carlhage. La citadelle. Didon regarde du haut des tours les Troyens
qui font leurs préparatifs de départ. Anna entre.
DIDON.
Ma sœur Anna, vois leurs mouvements empressés sur tout
le rivage. Ils s'assemblent de tous côtés. Déjà les voiles appel-
lent la l)rise et les matelots placent joyeusement des guirlandes
sur la poupe. Si j'ai pu prévoir cette douleur, je pourrai aussi
la supporter, ma sœur. Cependant, Anna, ne veux-tu pas me
rendre ce service dans mon malheur? Le perfide avait cou-
tume de n'estimer que loi, et même c'était à toi qu'il confiait
ses secrètes pensées. C'était loi qui connaissais les moyens et
les moments les plus favorables pour l'aborder : c'est pourquoi
TRADUCTION EN FORME DE DRAME. 389
va, ma sœur, et parle en suppliante à mon fier ennemi en ces
termes : Je n'ai pas conspiré avec les Grecs à Aulis pour dé-
truire la race troyenne; je n'ai pas envoyé de flotte à Pergame;
je n'ai pas troublé non plus les cendres ni les mânes de son
père Anchise. Pourquoi refuse-t-il de m'entendre? Où court-il?
Qu'il accorde cette dernière grâce à l'infortunée Didon de
choisir pour son départ un moment convenable et des vents
favorables. Je ne lui parle plus maintenant de cet ancien hymé-
née qu'il a trahi, et je ne songe plus à le priver du beau
Latium ni de son royaume. Je lui demande un délai insigni-
fiant qui me donne le temps de calmer mon délire, en atten-
dant que la fortune m'apprenne à supporter ma douleur. Je te
demande cette dernière faveur, aie pitié de moi, ma sœur ; si
tu me l'accordes, je te récompenserai généreusement à ma
moj't.
{Anna sort.)
SCÈNE iir.
Le même appartement dans le palais. Anna se lamente sur ladoulem'
de Didon. La reine, désespérée, après avoir vainement essayé de
détourner Énée de son dessein, se décide à mourir, mais elle
cache cette résolution à sa sœur. Didon entre.
DIDON.
Félicite-moi, ma sœur, j'ai trouvé un moyen de le ramener
près de moi, ou du moins de me débarrasser de mon amour
pour lui. Bien loin, près des limites de l'Océan et du soleil
couchant, est un lieu appelé Ethiopie : c'est là que le superbe
Atlas supporte sur ses épaules la voûte des cieux parsemée
d'étoiles. Là, m'a-t-on dit, il y a une prêtresse de la race
massylienne ; c'est elle qui garde le temple des Hespérides et
qui donne la nourriture sacrée au dragon qui veille sur les
pommes d'or, répandant sur les mets le miel liquide et le pavot
soporifique. Elle promet de délivrer par ses incantations les
âmes de leurs soucis ou de les plonger dans une profonde
douleur. Elle arrête le cours des fleuves et fait rétrograder les
astres. Elle évoque les ombres des morts pendant la nuit, tu
verras la terre trembler sous tes pieds et les frênes sauvages
descendre avec fracas du flanc des montagnes. Je prends les
dieux à témoin, et toi aussi, tendre sœur, que c'est contre mon
gré que j'ai recours à l'art d'une magicienne. Veux-tu, Anna,
390 HIGII SCHOOLS.
dresser secrètement un grand bûcher funéraire dans la cour
intérieure du palais, et y placer les armes de cet homme, que
l'impie a laissées suspendues dans sa chambre. Tu y placeras
aussi ses vêtements et la couche nuptiale : car je veux anéantir
tous les souvenirs de ce misérable; du reste ce sont les ordres
de la prêtresse.
(Elles sortent.)
SCÈNE IV.
Il fait nuit. La ville est plongée dans le repos. Les rues sont désertes.
Le bruit et l'agitation du jour ont cessé. La lune laisse tomber ses
tranquilles regards sur la ville endormie. Ses rayons compatissants
pénètrent dans l'appartement de la reine et montrent l'infortunée
Didon qui, incapaî)le de goûter le repos, marche çà et là.
DIDON.
Oh! que ferai-je? Irai-je chercher un époux chez les Nu-
mides après avoir été bravée par Énée ? Retournerai-je auprès
de mes anciens amants après les avoir maintes fois dédaignés
et repousses? Suivrai-je donc la Hotte d'ilion et obéirai-je aux
ordres les plus vils des Troyens ? Sans doute parce que je les ai
autrefois secourus et aidés et qu'ils sont profondément recon-
naissants de toutes mes bontés ! Mais lequel d'entre eux me
permettrait de les suivre, en supposant que je le voulusse, ou
me recevrait sur leurs superbes vaisseaux? Hélas! est-ce que
j'ignore encore leur méchanceté ? Est-ce que je ne connais pas
la perfidie de la race troyenne? Que faire alors? Accompagne-
rai-je seule des matelots joyeux dans leur fuite? Ordonnerai-je
à ma troupe syrienne de les attaquer, et conduirai-je de nou-
veau sur mer ceux que j'ai eu beaucoup de peine à amener de
la ville sidonienne ? Leur ordonnerai-je de déployer les voiles?
iXon, meurs comme tu le mérites, et mets une fin à ta douleur
par le fer. C'est toi, ma sœur, qui es cause de ces malheurs.
C'est toi qui m'as d'abord exposée à l'ennemi. Oh ! pourquoi
ne m'a-t-il pas été donné de passer ma vie libre du lien con-
jugal, comme les bêtes sauvages, et de ne pas connaître de
telles douleurs ! Pourquoi ne m'a-t-il pas été donné de ne
jamais manquer aux promesses, aux vœux que j'ai faits aux
ceudi'es de Sicliée !
{Elle pleure.)
TRADUCTION EN FORME DE DRAME. 301
SCÈNE V.
Cartilage. La Citadelle. Didon, du haut des tours, voit la flotte
troyenne faire voile vers la haute mer.
DiDOX. (Elle frappe à coups redoublés son beau sein et arrache
ses blonds cheveux.)
0 Jupiter ! m'échappera-t-il ? Cet étranger bravera-t-il mon
pouvoir royal? Personne ne prendra les armes, personne n'ar-
rachera les vaisseaux des chantiers et personne dans toute la
Tille ne les poursuivra ? Allez, arrachez les torches enflam-
mées, prenez les armes, faites force de rames... Que dis-je ? Où
suis-je? Quelle démence m'égare ? Infortunée Didon ! Mainte-
nant ton impiété te fait horreur. C'était lorsque tu donnais ton
sceptre à Énée qu'il fallait les détruire. Vois la main droite et
la foi de celui qui, dit-on, emporte avec lui les dieux de son
pays et qui porta son vieux père sur ses épaules ! ^'"aurais-jo
pas pu saisir son corps, le mettre en pièces et en disperser les
membres sur les flots? N'aurais-je pas pu massacrer ses com-
pagnons et servir Ascagne lui-même comme nourriture sur la
table de son père? Le résultat de ce combat eût été incertain?
Et quand il l'aurait été ! Qu'avais-je à craindre, puisque j'étais
résolue à mourir? .J'aurais pu porter la flamme dans son camp.
J'aurais pu incendier ses vaisseaux. J'aurais pu anéantir le père
et le fils avec toute la race : et après eux j'aurais pu me jeter
dans les flammes. 0 soleil ! qui éclaires toutes les actions des
hommes avec tes rayons ; et toi, Junon, auteiu- de tous ces
maux; et toi, Hécate, appelée pendant la nuit par des hurle-
ments dans les carrefours; Furies vengeresses, et vous, dieux
d'Élisa mourante, vengez mes injures par votre pouvoir divin,
car je l'ai mérité. S'il est nécessaire que cet impie entre dans
le ciel, si c'est le décret des destins de Jupiter, et si cet ordre
de choses est immuable, je demande du moins qu'il soit tour-
menté par des guerres avec un peuple ennemi, qu'il soit exilé
de ses domaines et arraché aux embrassements de Iule. Qu'il
soit réduit à mendier du secours et qu'il voie massacrer cruel-
lement ses concitoyens^ et lorsqu'il aura accepté les conditions
d'un traité désavantageux, qu'il ne jouisse pas de son royaume
ou de la lumière désirée ; mais qu'il meure avant le temps et
que son cadavre, privé de sépulture, gise sur le rivage. À'oilà
302 HIGII SCnOOLS.
ma dernière prière, voilà le dernier vœu que je laisse échap-
per avec mon sang. Et vous, ô Tyriens ! poursuivez d'une haine
mortelle sa postérité et toute sa race ! Voilà le sacrifice que
vous devez offrir à mes mânes. N'ayez pas d'affection pour
cette nation ; ne lui demandez rien. Surgis de ma cendre, ô
mon vengeur ! loi qui poursuivras les Troyens avec le feu et
le fer, maintenant et dans la suite, tant que tu en auras la
force. Je supplie que nos rivages soient opposés à leurs rivages,
que nos flots soient opposés à leurs flots et nos armes à leurs
armes : qu'ils soient en guerre eux et leurs descendants.
SCÈNE VI.
Cartilage. La cour du palais. Didon, afin de gagner du temps pour
accomplir sans témoin son funeste dessein, appelle Barcé et lu
parle ainsi. Barcé entre.
DIDON.
Va, chère nourrice, et conduis ici ma sœur Anna : dis-lui de
se hâter, d'arroser son corps de l'eau du fleuve et de conduire
avec elle les victimes expiatoires que la prêtresse a désignées.
C'est ainsi qu'elle viendra, et toi-même ta ceindras tes tempes
d'une handelette sacrée. Je veux achever le sacrifice à Jupiter
Stygien que j'ai déjà commencé, alln de mettre un terme à mes
maux et de livrer aux flammes l'efligie du dardanien Énée.
SCÈNE VU.
Toujours Cartilage. La cour du palais. Au centre, le bûcher funéraire,
au sommet duquel sont entassés les armes, les vêtements d'Énée.
Didon se précipite furieuse, monte sur le bûcher et saisit l'épée
qui jadis lui fut donnée par Énée.
DiDO.N {tout en larmes).
Dépouilles qui me fûtes chères tant que les destins et les
dieux le permirent, recevez ma vie et délivrez-moi de mes
maux. J'ai vécu et j'ai fourni la carrière que la fortune m'avait
tracée, et maintenant mon nom illustre se répandra dans toute
la terre. J'ai fondé une grande cité-. J'ai vu mes murailles.
J'ai vengé mon mari et j'ai puni un frère qui m'était hostile.
Heureuse, hélas ! trop heureuse si jamais les vaisseaux troyens
TRADUCTION EN FORME DE DRAME. d'Jd
n'avaient touché nos rivages. {Elle appuie ses lèvres sui' la
couche.) Mourrai-je sans vengeance? Mais je veux mourir!
("est ainsi, c'est ainsi (elle se frappe deux fois de Vépée) qu'il
me plaît de descendre chez les ombres! Que le barbare Darda-
nien voie ces flammes de la haute mer et qu'il emporte avec
lui la nouvelle de ma mort.
Elle tombe sur le fer en poussant des cris. Les femmes attirées par
ses cris la placent inanimée sur la couche. La Renommée répand
cette nouvelle dans toute la cité. Anna accourt folle de douleur.
ANNA,
0 ma sœur, voilà donc ce que tu te proposais ! As-tu cher-
ché à me tromper ? C'était donc là ce que me préparaient ce
bûcher, ces autels et ces flammes ? De quoi me plaindrai-je
d'abord? Pourquoi as-tu dédaigné ta sœur pour compagne de
ta mort ? Que ne m'as-tu appelée à partager le même destin !
Alors le même instant, le même fer aurait terminé ta vie et la
mienne ! x\i-je construit ce bûcher de mes propres mains, ai-je
appelé les dieux de la patrie avec ma propre voix pour être
absente lorsque tu y serais ainsi couchée, ma sœur? Tu as tué
avec toi ta sœur, ton royaume et ton peuple ! {Aux femmes.)
Apportez de l'eau afin que je lave ses blessures et que, s'il lui
reste encore un souffle de vie, je puisse le recueillir avec mes
lèvres.
Elle monte sur le bûcher, et, embrassant Didon, elle lui met la tète
sur son sein. Junon envoie Iris pour accomplir les plus tristes et
les derniers rites, afin que Didon puisse mourir en paix. Iris entre.
IRIS {détadiant une mèche de cheveux delà tète de la reine
qui meurt).
Sur l'ordre de Junon, je dévoue ce sacrifice à Pluton et je
mets en liberté ton àme captive dans ce corps.
{Didon meurt.)
Dora L.
Newburyport (Massachusetts). Putnam High School.
394 iiiGii sciiooLs. .
VIII. — €onipo!i»itioiis françaises (1).
(2'^ année.)
05. — PHRASÉS TRADUITES EN FRANÇAIS.
].
Hortensius, l'un des plus grands orateurs célèbres de l'an-
cienne Rome, avait une mémoire si sûre qu'après avoir préparc
un oralion lui-même sans écrire un mot seul, il le prononçait
dans les mêmes termes dans lesquelles il l'avait préparé.
Savez-vous que par le travail de l'esprit on s'assure une
fortune ijui, plus on en jouit, plus elle augmente?
3.
Celui qui est fidèle dans les petites choses est aussi dans les
grandes.
4.
SUBJONCTIF PRÉSENT.
Singulier. Pluriel.
Que j'aille. Que nous allions.
Que tu ailles. Que vous alliez.
Qu'il aille. Qu'ils aillent.
IMPARFAIT DU SUBJONCTIF.
Singulier. Pluriel.
Que je vinsse. Que nous vinssions.
Que tu vinsses. Que vous vinssiez.
Qu'il vînt. Qu'ils vinssent.
M A RI ANNA P.
Age : quatorze ans.
Cincinnati (Ohio). lliiglies Higli School.
(1) >'oiis donnons dans les quatre "devoirs suivants le /rtc-s(mi/e
exact des copies d'élèves, avec toutes leurs fautes.
COMPOSITIONS FRANÇAISES. 395
G6. — EXERCICES FRANXAIS.
Combien est-il que votre tante est morte ?
Allons à Tinstant, car nous n'avons qu'une heure jusque le
sort.
Est-il bien loin à la ville?
Pour vivre il faut manger; c'est une loi inévitable imposée à
l'homme parla nature.
Faut-il trois jours pour aller de New York à la Nouvelle-
Orléans?
Vous a-t-il fallu marcher?
Oui, Monsieur, il m'a fallu marcher tout le temps.
Je crois que vous avez couru ; car votre figure a bien chaud ( 1 ).
La Révolution française n'a pas seulement modifié le pouvoir
politique, elle a changé la vie internelle entière de la nation;
elle a substitué la loi au lieu du pouvoir arbitraire; elle a
délivré les peuples de la distinction de classes, la terre des
barrières entre les provinces, le commerce des entraves de
corporations, l'agriculture des titles et des sortes variables
de sujétion feudale.
LouiSA F.
Age : dix-sept ans.
Cincinnati (Ohio). Huglies School.
bi. — THEME FRANÇAIS.
(4^ année.)
1
C'est dit de Molière, que sur le matin du jour sur lequel il
mourut, sa femme el ses amis, voyant qu'il était faible, ten-
taient le préventir d'aller jouer cette nuit, mais sans succès.
Un homme, dit-il, souffre longtemps devant qu'il meurt, je crois
qu'avec moi la fin approche, mais il y a cinquante pauvres
(1) Traduction de la même phrase par un autre élève :
A-t-il fallu que vous marchiez? Je crois que vous avez couru, car
votre visage a bien chaude. (Alexis P.)
396 IIIGII SCHOOLS.
ouvriers qui n'ont que leur gage pour de quoi, et qui leur
donnera du pain cette nuit si je ne joue pas ?
Ainsi il est allé et a joué la Malade imaginaire, mourant
tout le temps, alors il est allé chez lui et a mort.
II
On dit de Molière, que le matin du jour de sa mort, sa
femme et ses amis, voyant qu'il était faible, essayaient de pré-
venir qu'il allât au spectacle ce soir, mais en vain. « Un homme,
dit-il, souffrit longtemps avant qu'il meurt : je sens que la fin
de ma vie est prochaine mais il y a cinquante pauvres ouvriers
qui n'ont que leurs gages à vivre, et qui leur donnera du pain
ce soir, si je ne joue pas? » Ainsi il sortit et joua le Malade
imaginaire mourant toujours; alors il alla se coucher chez soi
et mourut.
Oscar P.
Age : quinze ans.
Cincinnati (Ohio). Hughes Higli School.
68. — COMPOSITION EN FRANÇAIS.
Joséphine.
Joséphine Tascher de la Pagerie, impératrice des Français,
naquit cà Saint-Pierre de Martinique le 21 juin 1763. Elle maria
le second fils du marquis de Beauharnais, qui l'amena en
France. Elle passait pour la plus belle dame de Paris : possé-
dant toutes les grâces de l'esprit, du cœur et de la personne.
Elle eut deux enfants, Eugène et Hortense. Son mari fut nommé
général en chef de l'armée du Rhin. Il fut ensuite emprisomié
aux Carmes. Joséphine partagea sa captivité. Beauharnais et
sa belle épouse furent condamnés â mort; mais comme la der-
nière se trouva malade au jour fatal, sa mort fut ajournée.
Quelques jours après, un ami du général la fit sortir de prison.
La protection de Barras fit entrer Joséphine dans les pro-
priétés de son mari. Le gouvernement avait ordonné le désar-
mement des citoyens, le jeune Eugène alla, envoyé par sa
mère, trouver le général Bonaparte pour lui redemander
l'épée de son père qui lui avait été enlevée. Le général, frappé
de l'énergie du jeune homme, voulut connaître sa mère : il
MATHÉMATIQUES. 397
l'aima dès qu'il la vit, et il l'épousa. Malniaison fut le séjour
favori de Joséphine, elle protégea tous les beaux-arts, et sou-
lageait tous les pauvres, non-seulement avec de l'argent, mais
elle les consolait dans toutes leurs misères, dépensant souvent
plus que ses finances lui permettaient. -.
L'élévation de Bonaparte n'eut pas un mauvais effet sur le
caractère de Joséphine ; elle secourait toutes les infortunes sans
distinction de rang en entrant dans le détail de leurs souffrances,
elle gagna les cœurs de tout le monde.
Le gouvernement demanda un successeur, et comme le
mariage avec l'empereur était stérile, il se décida à divorcer
avec Joséphine pour mettre à sa place Marie-Louise, fille de
l'empereur d'Autriche. Malgré l'injustice, Joséphine eut le
courage de lire l'acte de renonciation à ce qu'elle avait de plus
cher, mais il semble que la fortune quitta Napoléon dès ce
moment.
La noble Joséphine suivait avec intérêt tous les actes de
Bonaparte ; quel fut son chagrin, quand elle entendit les dé-
sastres de 181i. Elle tomba malade; et quelques jours après,
elle mourut, ayant gagné un refroidissement qui aggrava son
mal.
Ses dernières paroles furent : « N'apoléon... l'ile de l'Elbe, i
Louise G.
Kirkwood (Missouri). Séminaire et académie de jeunes filles.
5= SECTION : COMPOSITIONS SCIENTIFIQUES.
IX. — Matbéitiatiquejs.
69. — ALGÈBRE.
' •'A'~i)-i{î-'Hl
2. Trouvez un nombre tel que, en l'augmentant de 9, en di-
visant le résultat par 2, en diminuant le quotient de 7, on
obtienne pour résultat 20.
3. La somme du premier et du second de trois nombres
est 13, la somme du premier et du troisième est 16, et la
398 iiiGii sciiooLs.
somme du second et du troisième est 19. Quels sont ces
nombres?
4. Extraire la racine cubique de
1 — 6a? + 2 1 ic2 — iix^ -f 63^4 - DÏx^ + Ttx''.
5. La différence de-deux noml)res est 9, et leur somme mul-
tipliée par le plus grand est égale à 266. Quels sont ces deux
nombres?
6. Les cours carrées sont pavées avec des pierres de 1 pied
carré ; la plus grande cour a 12 pieds de plus que la plus
petite, et le nombre des pierres employées dans les deux
cours est 2120, Quelle est la longueur de la plus petite cour?
Washington (district de Columbia).
70. — ALGÈBRE.
1. Multipliez x"^ X ^^y X .ï'^'-X U^ pai' x — y.
2. Divisez «^— 6'» par «3_|_ a'-b -{- ab'- -\- b-^.
3. Additionnez ■— r— — -, .— ; -, et
■i{[ + a) 4(1 — ^0 2(1— rt-2)
A. Divisez un nombre a en trois parties, telles que la seconde
soit n fois la première, et la troisième m fois aussi grande
que la première.
5. Divisez le nombre 36 en trois parties telles que la -^ de la
1 1
première, le r, de la seconde, et le 7 de la troisième soient
' o 4
tous égaux entre eux.
6. On a un certain nombre exprimé par deux chiffres. Ces
chiffres s'appellent des digits (1). La somme des digits est 11,
et si on ajoute 13 au premier digit la somme sera égale à trois
fois le second digit. Quel est ce nombre?
Washington (district de Columbia).
(l) On appelle digit un des dix premiers caractères qui servent à
exprimer tous les nombres : 0, 1, 2, 3, 4, 5, G, 7, 8, 9.
{Note (lu Traducteur.)
MATHÉMATIQUES. 399
71. — TRIGONOMÉTRIE.
1. Indiquez Ja méthode employée pour résoudre un triangle
dont on connaît trois côtés.
2. Démontrez la proportion par laquelle on trouve les angles
d'un triangle, lorsque l'on connaît deux côtés et l'angle com-
pris.
3. Trouvez la formule pour cos"-^A.
4. Comment calcule-t-on la distance de la terre à la lune?
5. Méthodes pour trouver la latitude.
6. Trouver la masse d'une planète , par exemple de Ju-
})iter.
7. Théorie de l'origine de la chaleur solaire.
8. Prouver que l'analyse spectrale fournit des données in-
faillibles sur la nature des substances dans le soleil.
9. Théorie des anneaux de Saturne.
10. Expliquez l'aberration de la lumière.
Californie (Progamme des examens des High Schools).
IZ. — ASTRONOMIE.
Quest. 1. — Quelle est la circonférence de la Terre et com-
ment l'a-t-on obtenue?
Rép. — La circonférence de la Terre est d'environ 25000 milles.
Cette circonférence a été obtenue par Ératosthène et par un
autre astronome dans la vallée du Ml en Egypte. Ératosthène
s'établit à Alexandrie, près de l'embouchure du Ml, pendant
que l'autre astronome s'établissait dans la Haute-Egypte. Cha-
cun d'eux détermina à quelle hauteur le soleil paraissait au-
dessus de l'horizon à midi. La différence apparente dans l'alti-
tude se trouva être de 7%5, prove;iant des positions ditTérentes
occupées par les deux observateurs par rapport à Téquateur.
On établit alors cette proportion : la circonférence de la Terre
est à 360°, c'est-à-dire au cercle, comme la distance entre les
deux observateurs était ou est à 7^,5. On trouva que le troi-
sième membre de la proportion était 500 000 stades ou environ
25 000 milles.
Qucst. 2. — Quelles sont les causes des changements de
saisons?
400 niGH SCHOOLS.
Rép. — Leschangcnienls des saisons sont dus à l'inclinaison
de l'axe de la Terre sur le plan de son orbite, et à ce fait que
l'axe est toujours parallèle à lui-même, c'est-à-dire qu'il est
toujours dirigé vers le même point du ciel; à la rotation de la
Terre sur son axe; à la révolution de la Terre autour du
Soleil.
Quest. 3. — Quelles sont les causes des phases de la Lune?
Rép. — La Lune étant un corps sphérique, le Soleil n'en
peut éclairer que la moitié à la fois. Nous ne pouvons voir que
la partie de la Lune qui est éclairée et qui nous apparaît, ce qui
est dû (sic) aux différentes positions relatives du Soleil, de la
Lune et de la Terre.
Quest. i. — A quelle distance la Lune en quadrature est-elle
du Soleil? .
Rép. — La Lune en quadrature est à 90° du Soleil.
Quest. 5. — Quelles sont- les conditions nécessaires pour
produire une éclipse totale?
Rép. — Pour produire une éclipse solaire totale, il faut :
Que la Lune soit au périgée entre le Soleil et la Terre;
Que la Lune soit à un nœud ;
()ue les centres du Soleil, de la Lune et delà Terre soient sur
une même ligne droile.
Quest. 6. — Quelles sont les conditions nécessaires pour
produire une éclipse annulaire?
Rép. — Pour produire une éclipse annulaire du Soleil, il
faut :
Que la Lune soit entre le Soleil et la Terre ;
Que la Lune soit à son apogée et à un nœud ;
Que les centres du Soleil, de la Lune et de la Terre soient
sur une même ligne droite.
Quest. 7. — Combien de temps peut durer une éclipse totale
de Soleil?
Rep. — La plus grande durée d'une éclipse totale de Soleil
est de sept minutes.
Quest. 8. — Combien de temps peut durer une éclipse ^totale
de Lune?
Rép. — La plus grande durée d'une éclipse totale de Lune
est de une heure trois quarts (1 h. o/i).
Quest. 9. — Combien dure la période chaldéenne appelée
de Saros, et combien y a-t-il d'éclipsés pendant cette période?
Rep. — La période chaldéenne appelée de Saros dure dix-
huit ans onze jours. 11 y a 70 éclipses pendant cette période.
SCIENCES PHYSIQUES. 401
Qucst. 10. — Pourquoi y a-t-il un retour des mêmes éclipses
à la fin de cette période?
Rép. — Parce que, comme il y aune révolution rétrograde
des nœuds de la Lune (points oii le plan de l'orbite de la Lune
coupe le plan de l'orbite de la Terre) (sic) en dix-huit ans
onze jours, les nœuds ont repris leurs positions primitives, et
celte révolution s'opère constamment.
VlLLARD F.
Age : seize ans.
Boston (Massachusetts), Charleston High School.
X, — .Sciences phy§iqiiej».
73. — PHYSIQUE.
(7* année.)
1. Un jour j'ai vu la lumière d'un canon, et j'en ai entendu
le bruit une demi-minute après. A quelle distance étais-je du
canon ?
Rép. — Si j'ai entendu le bruit du canon trente secondes
après en avoir vu la lumière, je devais être à trente-trois
mille pieds de ce canon.
2. Indiquez clairement comment vous supposez que la
pluie est produite, depuis le commencement de sa formation
jusqu'à la fin.
Rép. — Lorsque l'eau s'évapore, elle passe dans l'air oîi elle
s'élève sous la forme de vapeur aqueuse. Lorsqu'elle a atteint
une certaine hauteur, elle forme de petites bulles, qui flottent
-çà et là dans l'air. Mais lorsque ces bulles en rencontrent
d'autres, elles se joignent et tombent sous forme de pluie. A
mesure que ces gouttelettes tombent, elles rencontrent d'autre
vapeur aqueuse qui se condense sur elles et les rend plus
grosses.
3. Comment supposez-vous que se forment la rosée et la
gelée blanche?
Rép. — Lorsque la vapeur d'eau qui est dans l'air pendant la
nuit se trouve en contact avec des corps solides qui sont aigus
ou pointus (sic), elle se condense et forme des gouttes. Les
26
402 HIGH SCHOOLS.
feuilles et les brins d'herbe étant terminés en pointes (sic),
cette vapeur s'y condense. Ce sont ces gouttes que l'on ap-
pelle la rosée. La gelée blanche est la rosée gelée.
i. Quelle est la véritable signification scientifique de l'ex-
pression « vêtements chauds » ?
Rép. — L'expression «vêtements chauds» désigne, au point de
vue scientifique, des vêtements qui sont mauvais conducteurs.
Ils ne laissent pas perdre la chaleur du corps, et lorsqu'on les
chauffe, ils conservent leur chaleur.
5. Une vessie hermétiquement fermée est transportée d'une
chambre très-chaude dans une chambre très-froide. Quel effet
le froid produira-t-il sur l'air de la vessie?
Rép. — L'air de la vessie se refroidit, il se condense, et la
vessie se rétrécit.
6. Vous placez une main dans le mercure et l'autre dans
l'eau. Ces deux liquides ont la même température. La main
qui est dans le mercure a plus froid que l'autre, pourquoi?
Rép. Parce que le mercure est bon conducteur, il prive la
main de sa chaleur. Mais l'eau laisse la main conserver plus de
sa chaleur?
7. Si vous voulez chauffer une maison à l'eau bouillante ou
à la vapeur, vous êtes obligé de placer la chaudière dans la
partie inférieure de l'édifice. Pourquoi ne pourriez-vous pas la
placer à l'étage supérieur de la maison.
Rép. — Parce que l'eau chaude ou la vapeur chaude s'élève
et monte dans les étages supérieurs de la maison. Si la chau-
îière était à l'étage supérieur, la chaleur ne descendrait pas
dans les étages inférieurs, mais elle s'élèverait directement.
8. Combien faut-il de degrés centigrades pour faire GO de-
grés Fahrenheit? Combien en faut-il pour faire zéro degré
Fahrenheit?
Rép. — Soixante-quatre degrés Fahrenheit égalent dix-sept
degrés sept neuvièmes centigrades. Zéro Fahrenheit égale dix-
sept degrés sept neuvièmes centigrades au-dessous de zéro.
Bertha R.
Age : treize ans.
Cleveland (Ohio),
SCIENCES PHYSIQUES. 403
/4. — PHYSIQUE
1. Donnez la théorie mécanique de la chaleur. Donnez l'équi-
valent mécanique de chaleur de Joule.
2. Expliquez les différentes méthodes de la transmission de
la chaleur.
3. Qu'est-ce qui prouve que les corps qui produisent un son
sont en vibration ?
4. Expliquez les phénomènes de l'interférence du son.
5. Expliquez l'action d'un prisme, par exemple d'un prisme
de verre sur la lumière : 1° par rapport à la réfraction ; 2° par
rapport à la décomposition.
6. Indiquez les principes fondamentaux de la polarisation de
la lumière.
7. Décrivez les phénomènes de Tinduction électrique.
8. Décrivez la construction et l'action de la bobine d'induc-
tion de Ruhmkorff.
9. Pourquoi faut-il amalgamer les zincs dans une pile galva-
nique?
10. Donnez la théorie d'Ampère sur le magnétisme ter-
restre.
Californie (Examens des High Schools) .
/O. — SOLIDES ET FLUIDES.
1. Nommez et définissez les propriétés essentielles de la ma-
tière. Nommez aussi trois propriétés qui résultent de différents
degrés de cohésion.
2. Démontrez la proportion qui exprime la loi générale de
gravitation.
3. Démontrez la loi du mouvement réfléchi.
k. Un corps tombe librement pendant 14 secondes. Quelle
distance parcourt-il pendant la dernière seconde"? Quelle dis-
tance parcourt-il pendant tout le temps de sa chute ? On ne
tiendra pas compte des résistances du milieu.
5. Un cylindre à vapeur, non à condensation, a un diamètre
de 2 pieds; la course du piston est de 10 pieds ; la pression de
la vapeur est de 25 livres; on arrête l'admission de la vapeur
au cinquième de la course du piston. On demande l'effet utile
produit par un coup de piston en pieds et en livres.
404- IIIGH SCIIOOLS.
0. Combien s'écoulera-t-il d'eau en 1 heure par un orifice
de 12 pouces carrés, dont le bord supérieur est à 20 pieds au-
dessous du niveau constant de l'eau?
7. Expliquez la méthode employée pour déterminer la gra-
vité spécifique d'un solide plus léger que l'eau. Donnez un
exemple.
(S. Expliquez la composition de trois forces qui ne sont pas
dans le même plan.
9. Décrivez l'appareil qui sert à démontrer la loi de Mariette
relative à la densité et à l'expansibilité de l'air soumis à une
pression.
Californie (Examens des High School). ,
76. — EXAMEN DE PHYSIQUE.
(2^ année.)
1. Donnez la définition chimique d'un atome. Définissez les
deux propriétés qui sont communes à l'atome et aux corps.
Comment appelle-t-on ces propriétés pour cette raison?
Rép. — Un atome est une particule de matière, infiniment
dure {sic), infiniment petite, ayant une forme définie, une gran-
deur et un poids déterminés.
L'étendue et l'impénétrabilité.
L'étendue est la propriété en vertu de laquelle un corps oc-
cupe une certaine portion de l'espace, à l'exclusion de tout
autre corps. L'impénétrabilité est une propriété de la matière
en vertu de laquelle deux corps ne peuvent pas occuper en
même temps la même portion ds l'espace. On appelle ces
propriétés : universelles. Elles sont aussi des propriétés néces-
saires.
2. Définissez l'indestructibilité de la matière. Définissez
l'élasticité. Indiquez l'étymologie de ces deux mots, et expli-
quez ces deux propriétés.
Rép. — L'indestructibilité est une propriété de la matière,
en vertu de laquelle un corps ne peut pas être anéanti. Ex. :
Lorsque l'on brûle un objet, il semble qu'il soit entièrement
anéanti, mais toute la substance qui composait cet objet se
transforme en fumée (sic) (i) et en cendres. Sir Walter Raleigh
(1) On a entendu ici par fumée l'ensemble dos inoduits gazeux,
vapeurs et parcelles solides tenues en suspension.
SCIENCES PHYSIQUES. 405
pana avec la reine Elisabeth qu'il lui dirait le poids exact de
la fumée de son cigare. La reine accepta le pari. Raleigh pesa
d'abord son cigare, puis il le fuma, en ayant soin d'en conser-
ver toute la cendre qu'il pesa, il retrancha ce poids de celui
du cigare et obtint ainsi le poids de la fumée.
Indestructibilité vient de structiim construire.
L'élasticité est la propriété en vertu de laquelle un corps
auquel on fait perdre sa forme primitive en l'allongeant (sic),
tend à reprendre sa première forme. Ex. : En allongeant un
morceau de gomme élastique on peut augmenter sa dimension
de plus du double ; mais, dès que la force qui l'a ainsi allongé
cessera d'agir, le morceau de gomme reprendra sa première
position. En comprimant un gaz, on peut le réduire presque à
l'état liquide, mais, aussitôt que la pression cessera, le gaz re-
prendra son volume primitif.
Élasticité vient de eleo (sic), étendre.
3. Pourquoi la fonte n'est elle pas cristalline? Pourquoi les
essieux de voitures deviennent-ils fragiles lorsqu'ils sont usés?
Rép. — De même que les liquides tendent à former des
sphères, de même les solides tendent à former des cristaux
réguliers. Lorsque le fer est chauffé à blanc et qu'on le refroi-
dit brusquement, les molécules n'ont pas le tefmps de s'arran-
ger en cristaux; elles se réunissent d'une manière irrégulière.
Si on emploie ensuite cette fonte pour faire de lourds canons,
des essieux de voitures, etc., elle deviendra très-fragile au
bout de quelque temps parce que les molécules, qui sont con-
stamment agitées et secouées, essaieront (sic) de reprendre
une forme cristalline, et, comme elles ne pourront pas le faire,
elles rendront le fer fragile.
4. Définissez l'attraction capillaire. Donnez l'étymologie de
ces deux mots. Pourquoi l'attraction est-elle ainsi appelée?
Expliquez l'importance de l'attraction capillaire dans la nature.
Rép. — L'attraction capillaire est cette variété d'adhésion
qui fait ([ne les liquides adhèrent à la surface des solides. Ca-
pillaire vient de capilliis, cheveu. Attraction vient de tracHim,
tirer. Cette attraction est ainsi appelée parce que Ton se sert,
pour en faire plus clairement la démonstration, de tubes dont
le diamètre intérieur ressemble à celui d'un cheveu. L'attrac-
tion capillaire joue un très-graud rôle dans la nature. C'est
elle qui fait monter la sève dans les plantes (?). Elle joue aussi
un rôle très-important dans la circulation des fluides à travers
les tissus animaux.
406 IIIGH SCIIOOLS.
5. Oii'entend-on par la diffusion? Faites voir l'importance
de la diffusion des g^z pour purifier l'air.
Rép. — On appelle diffusion la tendance des liquides à se mêler
les uns avec les autres. Sans cette propriété de la diffusion, les
ditrércntes couches de l'air se superposeraient avec les plus
lourdes en bas. En conséquence, les vapeurs malsaines se
trouveraient très-près de la terre, et le résultat de cet arrange-
ment serait désastreux. Dans l'état actuel des choses, au con-
traire, les vapeurs se répandent entre elles par la dififusion,
de sorte que le chimiste le plus savant ne pourrait trouver
aucune dilférence entre l'air des montagnes et celui des val-
lées.
6. Définissez l'acoustique. Définissez le son dans le sens ob-
jectif. Comment le son est-il produit? A quel point de vue traite-
t-on ce sujet?
Rép. — L'acoustique est la science qui traite de la cause, de
la nature et des phénomènes du son. Ce mot vient de àxouœ,
entendre. Le son est le mode de mouvement qui peut affecter
le nerf auditif. Le son est produit parles vibrations de quelque
corps sonore. Ces vibrations se transmettent, à travers un mi-
lieu élastique, au nerf auditif. On traite ce sujet au point de
vue de la qualité, de l'intensité et de la rapidité.
7. Indiquez la différence entre le bruit et la musique. De
quoi dépend le diapason du son ? Quand est-il haut ? Quand
esl-il bas?
Rép. — Le bruit est la sensation produite par des vibrations
inégales et confuses. Le son musical est la sensation produite
par des vibrations régulières, qui reviennent à intervalles-
égaux. Le diapason du son dépend de la rapidité 'des vibra-
tions. Lorsque les vibrations sont rapides, le son est haut; si
elles sont lentes, le son est bas ou grave.
8. Définissez l'intensité du son. Le son sera-t-il plus intense à
la base ou au sommet d'une montagne? Quand les sons sont-ils
le plus distincts, la nuit ou le jour? Le son peut-il traverser
un espace vide? De quels instrumenis se sert-on pour augmen-
ter l'intensité du son?
Rép. — On entend par intensité la force du son. L'intensité
n'a aucun rapport avec le diapason. Le son aura plus d'inten-
sité au bas de la montagne, parce que l'atmosphère y est plus
dense. Les sons sont plus distincts pendant la nuit parce que
alors la tenqiérature est plus égale, et le milieu à travers le-
quel le son est transmis (l'air) n'est pas troublé par des cou-
i
SCIE>XES PHYSIQUES. -407
rants de densité différente. Le son ne peut pas traverser un
espace vide. Pour concentrer le son ou le diriger on se sert de
porte-voix et de cornets acoustiques.
9. La température de l'air étant 60' Fahrenheit, j'entends
le bruit d'un fusil i secondes après avoir vu la lumière. A
quelle distance suis-je du chasseur?
La température étant au degré de glace, j'entends le brait
de la cognée du bûcheron 3 secondes après l'avoir vue briller
au soleil dans sa descente. A quelle distance suis-je du bûche-
ron ?
Qu'est-ce qu'un écho ? Quand y aura-t-il une résonnance qui
est souvent fort utile à un orateur? Doit-on avoir égard aux
principes de l'acoustique dans la construction d'une salle
publique ?
Rép. — 1121 pieds parcourus par le son à GO" Fahr.
•i secondes
•4484 pieds, distance du chasseur.
1090 pieds parcourus par le son à 32° Fahr.
3 secondes
3270 pieds, distance du bûcheron.
Lorsqu'un son est produit près d'une surface réfléchissante
d'une très-grande étendue, le son sera réfléchi et produira ce
qu'on appelle un écho. Il y a résonnance lorsque l'orateur est
assez près de la surface réfléchissante pour qu'on entende à la
fois le son direct et le son réfléchi. Le son réfléchi se mêlera
et se combinera avec le son direct, pour former un son unique
d'une plus grande intensité. On doit avoir égard aux principes
de l'acoustique dans la construction des salles publiques, pour
la commodité de l'orateur et de l'auditoire.
Miss Me E.
Age : quinze ans.
Baltimore (Marylandj. Female High School de l'Est,
/ /. — CHIMIE.
1 . Décrivez le système de nomenclature et de signes appliqué
aux corps simples et aux corps composés.
2. Expliquez la classification de certain js substances chi-
miques, telles que les Monades, les Dyades, les Tétrades, etc.
3. Expliquez la méthode au moyen de laquelle on calcule le
408 iricn schools.
poids réel des ingrédients qui forment un composé chimique
lorsque l'on. connaît la formule de ce composé.
4. L'hydrogène est-il un métal? Pourquoi?
5. Indiquez un moyen infaillihle de découvrir la présence de
l'arsenic.
6. Décrivez la production de l'acide carhonique dans le sys-
tème animal.
7. Comment extrait-on l'alcool du blé ?
8. Comment transforme-t-on le minerai de fer en acier de
Bessemer?
9. Qaelles sont les diverses espèces de nourriture, et quels
services chacune de ces espèces rend-elle à l'économie ani-
male.
10. Quelles sont les substances produites par l'action de
l'acide nitrique sur la cellulose? Quelles sont les propriétés de
ces substances?
Californie (Examens des lligh Schools).
78. — CHIMIE.
1. Quels sont les éléments qui entrent dans la composition
de l'atmosphère ? En quelle proportion? Lequel de ces élé-
ments est indispensable à l'homme?
Bép. — L'oxygène et le nitrogène (1). Elle contient aussi une
petite quantité d'acide carbonique, un peu d'ammoniaque et
de la vapeur d'eau.
Oxvgène, (0) 20.61 ; nitrogène, (A) 77.95; acide carbonique.
(CO--^)b,000i ; vapeur d'eau, 1. 10.
L'oxygène est essentiel à la vie animale.
Oxygène, 0 1/5; nitrogène, A 4/5; impuretés tjt— •
2. Donnez la composition de cinq composés métalliques.
Réj). 1. Litharge., iPbO 207 -f 10 = 22. 3
— 2. Plomb^blanc. ^PbCO^ 207 -f- 12 + 48 = 267
— 3. Vitriol vert... speSO^ 56 + 32 -f- 68 = 152
— 4. Vitriol blanc. ^Zn SO^ 65 + 32 -f 61 = 161
— 5- Vitriol bleu (2) î » » « » »
(1) Azote.
(2j L'élève n'a pas répondu
SCIENCES PHYSIQUES. 400
3. Iiuliquez- la formation du charbon minéral. Quelle est
l'origine supposée du pétrole?
Rép. — Lorsque la matière végétale dépérit, elle s'accumule
lentement sur la terre. C'est ce qui arrive souvent au fond des
marais. Dans ces lieux la végétation est abondante, elle se
mêle avec le sable et avec les autres débris qui se déposent sur
elle. Au fond de ces marais la terre s'affaisse continuellement,
et le lit de tourbe s'affaisse avec elle. Cette végétation finit par
être ensevelie dans la terre et se convertit en tourbe. C'est pour
cela que l'on suppose que les mines immenses de charbon étaient
autrefois de la matière végétale qui a été convertie en (^liarbon
sous l'influence de l'accumulation et de la chaleur intérieure.
On admet que le pétrole est formé d'une matière organique
soumise à l'influence de la chaleur intérieure et d'une distilla-
tion naturelle. Il se forme dans les rochers et dans les schistes
argileux. On le trouve dans les fissures des rochers au bord de
la mer, et il n'est pas en contact avec l'air (sic).
ï. Décrivez la croissance d'une plante.
Rép. — Ijwg^ fleur se compose essentiellement des étamines
et du pistil. Les étamines portent l'anthère, qui contient le
pollen. Le pistil est au centre de la fleur. Il contient dans son
ovaire les petits ovules qui, lorsqu'ils sont mûrs, deviennent
les graines. Lorsque les graines sont mûres, on y trouve l'em-
bryon qui est une plante en miniature comprenant la radicelle
et les cotylédons.
L'ovaire renferme un petit globule appelé l'ovule. Le pollen
tombe de l'anthère et répand une liqueur gommeuse. Au con-
tact de cette gomme l'embryon commence à pousser. Alors le
petit globule devient une petite plante ; une partie forme la
racine et l'autre les cotylédons. C'est alors que l'assemblage
des cellules prend une forme. Cette formation des cellules con-
tinue ; il se fait des divisions à travers les cellules lorsque la
plante est formée. C'est là ce qui constitue la croissance de la
plante.
5. Donnez les équivalents du sucre de canne et du sucre de
raisin. Donnez au moins trois acides organiques.
Rép. — Sucre de canne C'^H-^-^Oii.
Acide tartrique C^H'-O»-.
Sucre de raisin C^^H^^Oi^.
Acide citrique C^H^O*^
Acide malique C^ReO"^.
6. Quelle différence y a-t-il entre le dépérissement dans la
410 IIIGH SCIIOOLS.
matière aniinalo vivante et le dépérissement dans la matière
animale morte? >'ommez les trois espèces de nourriture,
R('p. — lie dépérissement a lieu dans ces deux états. Dans le
second état la perte n'est pas compensée, tandis que dans le
premier elle est compensée par la nourriture. La nourriture
est divisée en différentes classes : 1° non nitrogénce (1), comme
l'amidon, le sucre; 2" nilrogénée, comme la viande (maigre);
3" les substances grasses, par exemple le beurre. Le lait con-
tient les trois classes de nourriture, et on le regarde comme le
type de la nourriture animale. Il contient le sucre qui appartient
à la première classe, la caséine ou lait caillé qui appartient à la
seconde, et le beurre qui appartient à la troisième.
Un homme ne peut vivre qu'à la condition de manger de la
nourriture qui contienne ces trois classes de substances.
La vie organique des plantes est entretenue par la nourriture
qu'elles prennent dans l'atmosphère.
7. Quels rapports existent entre les animaux et les plantes?
Rép. — H y a des rapports intimes entre les animaux et les
plantes. Leur structure est cellulaire, ils sont formés par une
agrégation ou un assemblage de petites cellules. C'est la divi-
sion et la subdivision de ces petites cellules qui les fait croître :
car elles augmentent et élargissent ainsi la structure. Dans les
plantes une cloison se forme à travers l'intérieur de la cellule,
et la divise ainsi en deux parties. Chacune de ces parties est, à
son tour, divisée en deux et ainsi continue la croissance. Cette
structure cellulaire, commune à la matière organique dans les
animaux et dans les plantes, les distingue du règne inorganique
ou minéral. Si une cellule est divisée, elle ne forme plus une
unité, mais seulement une partie d'unité. Dans les minéraux
qui sont composés d'atomes, au contraire, chacun de leurs
fragments ou chacune des parties de ces fragments est une unité
complète.
Les plantes purifient l'air pour les animaux, car elles
absorbent le carbone et rendent l'oxygène. L'animal respire
l'oxygène et rend l'acide carbonique qui est de nouveau décom-
posé par la plante.
8. Qu'est-ce que les composés saturés et les composés non
saturés? Comment appelle-t-on les composés non saturés?
Bép. — Lorsijue dans un composé les unités qui se combinent
de l'un des éléments sont remplies par les unités qui se coni-
(\j Azotée.
SCIE>XE5 PHYSIQUES. 411
binent des autres éléments, on dit que le composé est saturé;
mais dans le cas contraire on dit que le composé est non saturé.
Le gaz des marais H^G est un composé saturé. Le carbone
est un tétrade et a quatre unités qui se combinent; il est donc
rempli parles qnatre unités de l'hydrogène qui est un monade.
Le gaz oléfiant H^C- est un composé non saturé, parce que
quatre seulement des huit unités du carbone sont remplies par
les quatre de l'hydrogène.
9. Qu'est-ce que les monades, dyades, triades, etc? Donnez
des exemples de chacun d'eux. Nommez ceux qui appartiennent
à plusieurs classes.
Rép. On prend l'hydrogène comme base. Lorsqu'un élément
n'a qu'une unité qui se combine, ou qu'il ne peut prendre en
combinaison qu'un atome d'hydrogène, on l'appelle monade.
Lorsqu'il a deux unités qui se combinent ou lorsqu'il prend en
combinaison deux alomes d'hydrogène on l'appelle dyade.
Lorsqu'il en a, trois, on l'appelle triade; tétrade lorsqu'il en a
quatre ; pentade, lorsqu'il en a cinq; hexade lorsqu'il en a six.
Monade (1) Chlore Cl 35.5 (-2).
Dyade
Triade
Tétrade
Pentade
Hexade
Oxygène 0 16.
Nitrogène N 14.
Carbone C 12.
Soufre S y>
Columbium Cb »
Llxa F
(Marylandj
Female High School de l'Ouest.
79. — CHIMIE
(3^ année.)
1. Comment fait-on le vinaigre et le savon dur? Expliquez
la réaction chimique qui se produit dans ce dernier cas.
2. On fait le vinaigre en faisant passer un courant d'alcool
étendu d'eau sur des copeaux placés dans un tonneau dont les
côtés sont percés de trous pour laisser entrer l'air. En passant
sur ces copeaux, l'alcool est exposé à un courant d'air très-vif
(1) Éléments monoatomiques, diatomiques, etc
(2j Poids atomiques.
412 HIGH SCHOOLS.
dont roxygènc transforme l'alcool d'abord en aldéhyde, puis
en acide acétique ou vinaigre.
On obtient le savon dur en faisant dissoudre de la soude
causti({ue dans de l'eau, et en laissant déposer la solution.
Dans une partie de cette solution vous mettez du suif, vous
faites bouillir pendant trois quarts d'heure. Ajoutez-y le reste
de la solution, et faites bouillir pendant deux ou trois heures.
Ajoutez-y un peu de sel ordinaire et laissez la solution prendre
de la consistance. Vous aurez ainsi du savon dur.
Voici comment on explique l'action chimique. I.a soude caus-
tique décompose le suif en stéarine, oléine et palmitine. Le
sodium hydraté reste en solution avec la stéarine {sic). Le sel
durcit l'oléine et la palmitine.
2. Décrivez la production du gaz d'éclairage et dites avec
({uoi et comment on le purifie. Dessinez l'appareil.
Rép. — On met le charbon dans les cornues b, chauffées
par le fourneau a (1). Les vapeurs produites par le charbon
sont : le gaz des marais, l'hydrogène, le gaz ammoniac, l'hydro-
gène (sulfuré), les vapeurs du goudron de houille et la vapeur
d'eau. Dans le grand cylindre à eau c, se condense une partie des
vapeurs de goudron de houille, de gaz anunoniac et d'eau. Les
gaz passent ensuite à travers les condensateurs d qui sont
dans un bain froid, et oîi se condense le reste des vapeurs de
goudron de houille. Ils passent ensuite à travers le laveur é",
(|ui est plein de petits morceaux de bois. A la partie supérieure
de ce laveur pénètre un jet d'eau froide qui condense le reste
de l'ammoniaque et de la vapeur d'eau et une partie de l'hydro-
gène sulfuré. Les gaz traversent enfin les laveurs f, qui sont
de grandes cuves remplies de sciure de bois et de sulfate de
cuivre qui purifient le gaz en lui enlevant ce qui reste d'hydro-
gène sulfuré.
3. Donnez la formule et les noms des séries des gaz de
iMarsh, et indiquez tous les dérivés de la seconde série :
Rép. — Méthvle hydrine = CH3,H.
Éthyle — = r;^H5,H.
Propyle — = C3IF,II.
Butvlc — = CM19,H.
Amvle — = C5H",H.
(1) Une figure nécessaire à rintelligencc du texte était esquissée
sur le i.ia...:scrit.
SCIENXES PHYSIQUES.
Hexylc
= oaii3,H.
Hepïyle
Octyle
—
= C8Hi7,H.
Nonvle
Élhvle
—
= C3H6.
Alcool
—
= C^H^'O.
Éther —
Éthyle acide
= (C2H-720.
-= (C2H30)H0.
iVS
A. Expliquez le phénomène de la combustion, et dites quels
en sont les produits les plus ordinaires. D'où vient la clarté de
la flamme?
Rép. — La combustion est produite par l'union chimique
des éléments de la substance avec l'oxygène. Les produits les
plus ordinaires de la combustion sont : le gaz acide carbonique
et la vapeur d'eau. Dans la combustion lente il se forme des
oxydes de la substance en combustion.
La clarté de la flamme est formée par les particules de car-
bone chauflées jusqu'à l'incandescence.
5. Comment obtient-on le chlore? Expliquez la réaction qui
se produit et donnez les propriétés chimiques les plus remar-
quables de cette substance.
Rép. — On obtient le chlore en traitant du sel (chlorure
de sodium), par l'acide sulfurique, et en chaufl'ant l'acide chlor-
hydrique ainsi obtenu avec de l'oxyde de manganèse. La réac-
tion qui donne l'acide chlorhydrique est :
>'aGl 4-H2S0^= NaHSO^+HCl.
L'acide sulfurique décompose le NaCl, le H ayant une grande
affinité pour Cl ; le Na et SO^ s'unissent avec un atome de H
et forment Na HSO^
La réaction que donne le chlore est :
Mn02 + 4 HCl = MnC12 + 2 H20 -}- 2 Cl.
Propriétés les plus remarquables du chlore : il a beaucoup
d'affinité pour H (l'hydrogène), et il s'emploie pour blanchir.
6. Quels sont les composés les plus connus du chlore ? Indi-
quez la composition de l'un d'eux à tant par cent.
Rép. — Les composés les plus connus du chlore sont :
NaCl; HCl; KCIO^ ; MnCP; CaCP.
La composition à tant par cent de NaCl est 40 °/o de Na
41-4 IIIGH SCIIOOLS.
7. Quelle est la plus petite quantité de H-SO^ qui se combi-
nera avec 4 livres de nitrate de potassium? Quelle suiistance
sera mise en liberté, et quelle quantité de cette substance?
Bép. — La réaction est :
2 KN06 + IPSO^ = 2 HNQfi + lv^SO<
2 KN06 = 202. 2 H'^SO^ = 98
' '''-' - 2^ ' '''-' = ' m '''-''' "'^^^^
UNO'' sera mis en liberté : 1 j^ livres.
Question facultative.
Trouvez les formules d'une substance dont la vapeur a une
densité de 23, et qui, d'après l'analvse, est ainsi composée Vo
--52.2. H=13. 0 = 3i,8.
Rép. — Ces formules sont :
02^-0; ou
C^H^ HO
Ciï^
0 ou
Cl
1
^ O-H
Alice A.
Cleveland (Ohio)
Age
: dix-sept
ans.
XI. -
- fScieuces naturcll
es.
80. —
BIOLOGIE.
(2«
année.)
1. Dressez un tableau des différentes divisions de la biologie.
Rép.
Morphologie.
Distribution.
} blOlOQlQUe... {
(Histoire naturelle).
SCIENCE \ Biologique... l ■^-;;;-:
V Eliologie.
\ Abiolofjique (règne inorganique) .
/ Anatomie.
,, 7 , • \ Histoloo-ie.
ilorphologic. Embryologie.
V Taxonomie.
SCIENCES PHYSIQUES. 415
2. Exposez brièvement les différents modes de reproduction.
Réj).
Agamogenèse ( Fissure (1).
(non sexuelle). ( Germination.
^ . ; Ovipare.
Gamogenese Ovovivipare,
(sexuelle). ( y^-^-^J^
La reproduction est le phénomène par lequel une partie de
la matière se détache de l'organisme principal. Elle prend le
caractère de la partie dont elle est détachée, et elle a la même
propriété de se propager par un rejeton. C'est ce phénomène
qui engendre de nouveaux organismes et qui perpétue l'es-
pèce. La reproduction est agamogène ou gamogène. La repro-
duction par agamogenèse se divise en deux catégories, savoir :
la reproduction par fissure et la reproduction par germination.
La première catégorie de reproduction a lieu lorsque l'orga-
nisme principal se divise en deux parties égales dont chacune
se développe et forme un organisme semblable à celui qui lui
a donné naissance. Dans la seconde catégorie, l'organisme
principal ne se divise pas, mais il pousse un bourgeon qui
prend la forme de cet organisme.
Tous les organismes de la classe supérieure se reproduisent
gamogénéticalement, c'est-à-dire par l'union du germe et des
cellules spermatiques, produits de deux organismes différents:
le mâle et la femelle. La reproduction par gamogenese est
ovipare, ovovivipare ou vivipare. La première a lieu chez les
animaux qui pondent des œufs; la seconde, lorsque les œufs
ne sortent du corps qu'après être éclos; la troisième, lorsque
les petits naissent vivants.
3. Dessinez les sections transverses d'un animal vertébré et
d'un animal non vertébré. Dessinez aussi une vertèbre idéale
de la région dorsale de la colonne vertébrale.
i. Décrivez le développement de l'œuf d'un poussin jusqu'à
la formation du sillon primitif, des parois du canal alimen-
taire, des parois des régions tboraciques et abdominales.
Rép. — Le premier phénomène qui se produit dans le déve-
loppement de l'œuf est la division du contenu de la cellule en
deux masses séparées, puis en quatre. Le germe intérieur dis-
(1) Fissiparité.
416 iiiGii scnooLS.
paraît, mais le germe extérieur reste. Lcjaune s'appelle le blas-
toderme. La partie supérieure du blastoderme se sépare en
trois coucbes, savoir : la couche supérieure ou épiblaste, la
couche moyenne ou mésoblaste, et la couche inférieure ou
hypoblaste. L'épiblaste forme l'épiderme, le cerveau et la
corde vertébrale. L'hypoblaste forme l'intérieur du canal ali-
mentaire. Le mésoblaste forme les tissus qui se trouvent entre
l'intérieur du canal et l'épiderme. La partie supérieure de
l'épiblaste s'allongeant en dedans et en bas forme le sillon
primitif. L'épiblaste pousse le mésoblaste en haut et tend à
clore le sillon primitif. La partie antérieure de ce sillon
s'épaissit et forme le cerveau, la partie postérieure, la corde
vertébrale. Le mésoblaste se fend en deux couches : la couche
supérieure adhère à l'épiblaste pour former le somato-plura ;
la couche inférieure adhère à l'hypoblaste pour former le
splanchno-plura. Le somato-plura forme les parois de la région
thoracique et abdominale. Le splanchno-plura forme le canal
alimentaire.
5. Quelle est l'unité de structure de la matière animée ?
Indi({uez trois différences entre les substances organiques et
les substances inorganiques.
Rép. — L'unité de structure de la matière animée est une
cellule. Cette cellule peut contenir ou ne pas contenir une
membrane cellulaire, des matières cellulaires, un germe inté-
rieur ou un germe extérieur, ou une masse de protoplasma
sous sa forme la plus simple.
Trois différences distinguent les substances orgniques des
substances inorganiques :
1° La matière organisée est caractérisée par sa composition
chimique. Elle contient une ou plusieurs formes d'un composé
■ complexe chimique de carbone, d'hydrogène, d'oxygène et de
nitrogène. Lorsqu'elle est associée à de grandes proportions
d'eau, elle forme le protoplasma.
2'' Diminution et perte complète par l'oxydation, réintégra-
tion concomitante par l'absorption de nouvelle matière.
3° Tendance k éprouver des modifications cycliques.
6. Exposez le développement et la structure des membres.
Rép. — Dans l'embryon les membres paraissent d'abord à
l'état de germes qui se divisent bientôt en trois segments.
Dans le membre de devant on les appelle : pour le premier
segment, l'humérus; pour le second segment, le cubitus et le
radius; pour le troisième segment, le carpe, le métacarpe et
SCIENCES PHYSIQUES. 417
les {ilialanges. Dans le membre de derrière ou les appelle :
pom* le premier segment, le fémur; pom' le second, le tibia et
le péroné; pour le troisième, le tarse, le métatarse et les pha-
langes.
7. Définissez un mammifère.
Rép. — Un mammifère est un animal vertébré possédant des
glandes qui sécrètent le lait pour la nourriture des petits. Des-
ci'iption : il est couvert de poils à une certaine époque de sa vie;
il a des mamelles; la i-égion thoracique et la région abdomi-
nale sont complètement séparées; il respire au moyen de pou-
mons ; le cœur a quatre cavités ; il a le sang rouge avec des
globules rouges à l'état libre; la partie inférieure de chaque mâ-
choire est formée d'une seule pièce ; le crâne est joint à l'épine
dorsale par deux condyles occipitaux; la mâchoire inférieure est
jointe directement au crâne; il a un amnios et une allantoïde.
8. — Qu'est-ce que la classification? Qu'est-ce qui caracté-
rise une bonne classification?
Rép. — On entend par classification l'arrangement réel ou
de convention des objets en groupes, d'après leurs degrés de
ressemblance. Nous faisons une classification des objets pour
en découvrir les relations ou pour voir quelles sont les lois qui
les unissent. C'est un moyen de s(; rappeler plus facilement le
caractère des objets en question. La meilleure classification
est celle qui résume le plus grand nombre de faits morpholo-
giques.
9. Définissez le protozoaire, le cœlentéra et l'annélide.
Rép. — Un protozoaire est un animal formé d'une substance
gélatineuse. Il n'a ni système nerveux, ni système de la circu-
lation du sang, ni canal alimentaire.
Le cœlentéra est un animal dont le canal alimentaire s'ouvre
dans la cavité générale du corps. 11 se compose de deux cou-
ches : l'endoderme et l'exoderme. Il a des cellules fibreuses.
Les organes de la reproduction sont ou internes ou externes.
t'n annélide est un animal dont le corps est annelé. Il est
recouvert à l'extérieur d'une enveloppe ferme, mais flexible et
divisée par des jointures. Le système nerveux est formé de
ganglions unis par une corde de nerfs. Le canal alimentaire
est conqdétement séparé du reste du corps.
10. Qu'entend-on par la division physiologique du travail?
La corrélation des structures? Quelle est la loi générale do
l'embryologie?
R''l). — La division physiulugi([ue du travail signifie que
^27
418 HIGII SCHOOLS.
tons les organes du corps sont divis«!s en parties dont chacune
accomplit une certaine l'onction. La coiTélation des structures
sig-nilie que les organes ont des rapports communs, et que, de
la vue de l'un d'eux, nous concluons la présence de l'autre.
La règle générale de l'embi'yologie est que chacun des états
par lequel passe l'emhryon correspond à un organisme complet
dans le règne inférieur. C'est une gradation du particulier
au général, du simple au composé.
Alice W G.
Age : seize ans.
Milwaukcc (Wisconsiii).
81. — PHYSIOLOGIE.
1. Indiquez la forme, la composition et la siructure des os.
llt'p. — La forme des os longs est arrondie. Ils sont composés
de substances minérales et animales. Leur struciure est telle
(ju"elle leur donne de la force et de la légèreté. La surface est
dure et résistante. Mais les extrémités renflées sont poreuses.
Au centre de l'os, est nn canal contenant une substance fluide
appelée moelle.
2. Décrivez la colonne vertébrale.
Réf. — La colonne vertébrale se compose de vingt- quatre
petits os joints ensemble par d'épaisses couches cartilagineuses
placées entre chaque jointure. Ces cartilages rendent cette
colonne très-flexible et protègent ainsi le cerveau.
3. Décrivez la structure des muscles. A quoi servent-ils?
Rép. — Les muscles sont formés d'amas et de couches de
fibres. Lorsqu'on examine chacune de ces libres, on voit qu'elle
se compose de flbres encore plus petites. Les nuiscles sont les
organes du mouvement.
4. Décrivez l'épidernjc, le derme et les pa]»ille.s.
Rép. — L'é})iderrne est la partie extérieure delà peau. Il est
très-mince dans presque toutes les parties du corps. Il n'est pas
sensible. Il ne contient pas de vaisseaux sanguins. Le derme
ou véritable peau est placé innuédiatemeiit sous répiderme. Il
est beaucoup plus épais ([ue ce dernier. Il est très-sensible, et
contient un grand nombre de vaisseaux sanguins. Les papilles
de la peau sont de très-petites éminences que l'on trouve dans
la peau.
5. Décrivez les glandes sébacées. Dites à quoi elles servent.
SCIENCES riIVSIOUES. 419
Ri'p. —Les glandes sébacées se trouvent dans l'épidémie.
Elles sécrètent un fluide oléagineux qui sert à maintenir une
certaine moiteur à la peau. Elles sont placées dans les parties
velues, dont elles entretiennent jusqu'à un certain point les
poils (sic).
0. Décrivez les glandes sudoripares. Indiquez l'utilité de la
transpiration et l'importance des bains.
Rep. — Les glandes sudoripares se trouvent dans le derme.
La principale action de la peau est la transpiration, que pro-
duisent ces glandes. La transpiration sert à régulariser la tem-
pérature du corps, d'où elle chasse des matières étrangères.
I/épiderme s'use constamment , et les particule? qui s'en
détachent se réunissent et forment de petites écailles. Les bains
seuls peuvent enlever complètement ces écailles; ils sont donc
très-utiles.
7. Nommez les principales substances inorganiques qui s'em-
ploient comme nourriture.
Rép. — L'eau et le sel.
8. Nommez trois groupes de principes alimentaires impor-
tants et nommez les classes qui forment le premier.
Rép. — Les trois groupes de principes alimentaires impor-
tants sont les substances albumineuses, les' substances saccha-
rines et les substances grasses. Les albumineuses se divisent
en albumine, fibrine, caséine. L'albumine est une substance
organique qui se trouve dans les grains, dans la viande et
dans le lait. C'est dans le blanc d'œuf qu'on la trouve sous sa
forme la plus pure. La fibrine existe dans la viande, dans le
sang de l'homme et des animaux. Le gluten est de la fibrine
végétale. La caséine est la partie caillée du lait.
*J. Faites voir que la nourriture nous est nécessaire, décrivez
le phénomène de la perte, de la répartition et du renouvelle-
ment du corps.
Rép. — Le corps s'use constamment. 11 a besoin de réparer
les matières qu'il perd; c'est ce qu'il fait au moyen de la nour-
riture. Les tissus qui composent le corps s'usent par l'usage. Le
sang, enrichi par les principes qu'il retire de la nourriture, se
met en contact avec ces tissus et les répare : il enlève les par-
ticules qui sont usées et leur en substitue de nouvelles. La
quantité de nourriture qu'une personne mange tous les jours
s'élève en moyenne à six livres. En supposant que le poids
moyen du corps soit de 100 livres, il se renouvelle (^.s/c; environ
une fois par mois.
420 HIGH SCHOOLS.
10. Ouels soiil, les clFels i>liysiologi(iLies de l'alcool considéré
comme nGurriture?
Rép. — Il retarde l'usure des tissus, mais il ne les répare
pas.
1 1. Décrivez le phénomène général de la digestion.
Jlép. — Ce phénomène commence à la mastication. La nour-
riture, placée entre les surfaces opposées des dents, est broyée
et réduite en fragments très-petits. Pendant la mastication la
nourriture est complètement humectée parla salive de la bouche :
c'est ce qu'on appelle l'insalivation. Ensuite la nourriture est
})Ousséeet descend à travers l'œsophage etl'estomac. L'estomac
est le plus vaste des organes de la digestion. F^a nourriture y
séjourne jusqu'à ce qu'elle soit complètement humectée par le
suc gastrique. Le suc intestinal transforme la nourriture en ce
qu'on appelle le chyle. C'est le dernier degré de la digestion.
12. Décrivez le sang.
Rép. — Le sang est le fluide le plus abondant du corps. Sa
couleur varie du rouge sombre à l'écarlate brillant. Lorsqu'on
l'examine au microscope, la couleur rouge disparaît et l'on voit
qu'il se conq)Ose de deux parties distinctes : d'abord un fluide
clair, incolore, nommé le plasma, puis une multitude de petits
corps appelés corpuscules. Ces derniers sont jaune rougeàtre :
leur grand nombre donne au sang une couleur rouge. Ils ont
une forme circulaire, mais ce ne sont pas des sphères. On voit
aussi flotter dans le sang ce qu'on appelle les corpuscules
blancs. Ces derniers sont plus grands, ils ont une forme sphé-
rique et ils sont moins nombreux.
13. Décrivez le cœur et ses actions. Indiquez le passage du
sang.
Rép. — Le cœur est l'organe central qui maintient le sang
dans une circulation perpétuelle. Cet organe n'est guère plus
gros que le poing d'un homme. 11 a une forme conique. Il est
placé dans la partie antérieure de la poitrine, le sommet dirigé
vers le bas. Le cœur contient quatre cavités : deux au sommet,
on les appelle les ventricules; et deux à la base, on les appelle
oreillettes. Les parois qui séparent les deux premières sont
épaisses, tandis que celles qui séparent les deux autres sont
beaucoup plus minces. Les deux côtés du cœur ne communi-
quent pas ensemble. Il a deux mouvements : la contraction
l)endant laquelle il chasse le sang, et la dilalaiion pendant
la({uelle il se dilate pour recevoir le sang, (^es mouvements
s'appellent la systole et la diastole. Le sang noir et impur entre
SCIENCES riIYSIOFES. 421
d'abord dans le côté droit. 11 entre d'abord dans l'oreillette,
d'oii il passe dans le ventricule droit. De là il est envoyé par
une grande artère aux poumons, où il se purifie. Le sang
purifié revient des poumons et entre dans l'oreillette gauche,
d'où il est chassé dans le ventricule gauche et de là dans toutes
les parties du corps.
14. Décrivez les organes de la respiration.
Rép. — Les poumons sont les principaux organes de la res-
piration. 11 y a deux poumons, ils sont situés dans la cavité de
la poitrine. Ils sont légers; ils flottent si on les place dans l'eau.
Ils sont recouverts d'une membrane appelée la plèvre. La tra-
chée et les bronches sont les passages au moyen desquels les
poumons communiquent avec l'air extérieur. La trachée s'étend
b^ long de la partie antérieure du cou et se divise en deux
tubes : chacun d'eux passe dans un poumon. Ils se subdivisent
en un grand nombre de tubes qui forment les bronches.
15. Ex{)liquez les changements de l'air et les changements
du sang produits par la respiration.
Rép. — L'air est composé d'oxygène et denilrogène. Pendant
la respiration l'air perd son oxygène et acquiert de l'acide
carbonique. Le sang se purifie par la respiration; de noir qu'il
était, il prend une belle couleur écarlate : il perd son acide
carbonique et acquiert de l'oxygène.
10. Indiquez les effets de l'air impur, les précautions que
la nature a prises pour le purifier, la nécessité de la ventilation.
Rép. — L'air impur produit la suffocation, le mal de tète, les
convulsions. Il peut même causer la mort si on le respire trop
longtemps. C'est au moyen du règne végétal que la nature
purifie l'air. L'oxygène est salutaire aux animaux, et est nui-
sible aux plantes {sic). L'acide carbonique, au contraire, qui
est un poison pour les animaux, est utile à la vie des plantes.
Puisque la nature a pris soin de purifier ainsi l'air extérieur,
il est évident que nous devons avoir soin de faire communiquer
nos appartements avec cet air.
17. Qu'est-ce qui constitue le système nerveux ?
Rép. — Le système nerveux se compose d'une matière
blanche et d'une matière grise. La première est formée de
fibres cylindriques qui servent à transmettre les impressions
nerveuses. La seconde se compose de cellules auxquelles se
communiquent les impulsions nerveuses.
18. Quelles sont les fonctions des nerfs et de la moelle épi-
nière dorsale?
425 HIGII SCHOOLS.
Rép. — Les nerfs ont deux fonctions : ils sont moteurs ou
sensitifs. La moelle épinière a les mêmes fonctions que les nerfs.
La moilié antérieure agit comme les nerfs moteurs, et la moitié
postérieure agit comme les nerfs sensitifs.
19. Décrivez la sensation de la douleur.
liép. — La sensation de la douleur est une excitation exces-
sive des nerfs produite par une excessive irritation.
20. Décrivez l'organe de la vue.
Rép. — L'organe de la vue ou la i)runclle de l'œil se com-
pose des tuniques, de trois humeurs, de la cornée et de l'iris.
La sclérotique est la tunique extérieure de l'œil ; elle est blanche,
épaisse et elle contient les vaisseaux sanguins. La choroïde ou
seconde tunicjue est sondjre et sert ainsi à absorber les rayons
de la lumière. Elle contient beaucoup de vaisseaux sanguir^s.
La rétine est la troisième membrane. Elle est très-mince, car
elle est formée par l'expansion du nerf optique. L'iris est le
rideau circulaire qui produit la diversité des couleurs de l'œil.
La lentille du cristallin est placée immédiatement derrière l'iris.
L'humeur aqueuse est placée entre la cornée et l'iris. L'hu-
mour vitrée est placée derrière la lentille du cristallin.
Gertuude-C.
Age : quinze ans.
Corry (Pennsylvanie).
82. — ANALYSE BOTANIQUE.
Le devoir suivant est extrait d'un album dont chaque feuille
contient, en regard du tableau cicoiitre, le dessin, fait par
l'élève, de la plante décrite.
SCIENCES PHYSlOrES.
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424 TIIGII SCFIOOLS.
Provinno : Dicolylédonées.
Cohorte : Apélales.
Ordre : llonoiicuhicées.
Latin : Hopiitita aculiloha.
Nonj anglais : Livcrwort (1).
Remarque. — Yerlicille de 3 feuilles entières, ovales et sans
pointes (dentelures), ressemblant à un calice : un peu au-
dessous de la lleur.
La Fayette (Indiana;.
(SI. — GÉOLOGIE.
1. Quelles sont, par ordre, les plus grandes divisions ou les
plus grandes périodes du temps géologique ?
2. Ouelles sont les roches qui caractérisent la période azoï-
quo ? Où les trouve-t-on aux États-Unis ?
o. Quels sont les fossiles du règne animal et du règne végé-
tal qui caractérisent le terrain silurien su})éneur ? Quelles
sont les localités d'Amérique où l'on trouve ces dépôts?
4. Théorie de la foriuation du charbon.
5. Pendant quelle période géologique les mammifères ont-
ils paru sur la terre?
6. Formation, chute des glaciers; leurs effets géologiques.
7. Théorie de la dispersion des dépôts de diluvium.
8. Preuves de la lluidité ignée de la masse centrale de la
terre.
ÎJ. Effets de la chaleur accompagnée d'une pression sur les
roches contenant des fossiles.
10. Quelles sont les modifications géologi(|ues qui s'accom-
plissent en ce moment?
Californie (Examens des \\\a;h Scliools).
(1) En français : liépaliiiue.
sciKxrns pfiysiours.
4-25
XII. — Idesi^îu industriel.
Le dessin des High ScJtools éiaiit I;i contiimation et le déve-
Eléments : r) Un
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a:
loppement des méthodes indiquées plus haut (voir p. 235-240)
dans les Grammar Schooîs, nous n'entreprenons pas d'en
donner ici la représentalion, mêuje en résumé. Le spécimen
420 IIIGH SCHOOLS.
(ù-dessiis, onijiruntû aux écoles supôricurcs de (iinciiinali,
indique le procédé suivi dans celle ville et dans quelques autres
pour l'enseignement spécial du dessin industriel. On donne aux
élèves, sans autre prescrii)tion, les élfhnenls de la composition.
C'est à eux de les disposer et de les combiner.
4
NORMAL SCHOOLS,
(Écoles normales.)
PIDAGOGIE.
1. — LA BIBLE DANS LES ÉCOLES PUBLIQUES.
Sujet. — T. a loi doit-elle interdire la lecture de la Bible dans
nos écoles publiques?
Affirmative.
Les catholiques romains qui forment une classe dans noire
pays, et surtout les membres de leur clergé qui les repré-
sentent, n'aiment pas le système d'écoles publiques établi en
Améri(iue. Le genre d'éducation qu'y reçoivent leurs enfants
ne leur plaît pas. Cependant ils ne demandent rien de dérai-
sonnable. Us ne réclament que les droits qui leur appartien-
nent, puisqu'ils payent les mêmes impôts que les protestants. Us
veulent avoir le droit d'envoyer leurs enfants dans des écoles
où on ne lira pas et où on n'enseignera pas la Bible dans la
traduction faite sous le roi Jacques. Le protestant répond que
priver les écoles publiques de sa Bible, ce serait les priver de
religion. Nous pensons qu'elles ne seraient pas plus privées de
religion que nos banques, nos compagnies d'assurance, nos
bureaux de commerce, nos manufactures et en général tous nos
magasins n'en sont privés, parce qu'on ne lit pas la Bible ou
qu'on ne fait pas de prières tous les jours lorsiju'on ouvre ces
divers établissements.
D'un autre côté ces écoles sont entretenues au moyen d'im-
pôts payés par tout le monde. Elles sont sous l'autorité exclu-
sive de l'Etat (jui met les catholiques et les protestants exacte-
ment sur le même pied, qui ne les connaît qu'en leur qualité
de citoyens et ne s'informe pas de leurs croyances respectives.
Les uns et les autres peuvent envoyer leurs enfants aux écoles
publiques pour les faire instruire dans les diverses branches
des connaissances utiles. Aucun d'eux ne peut exiger autre
AUX NORMAL SCHOOLS.
fliose de l'ÉliU. Jamais on n'a eu l'iiitenlion d'unir l'Église et
l'Etat ; chacun de ces deux pouvoirs a sa ligne de conduite par-
ticulière. Oue le ministre, qui a pour devoir de convertir les
impies, prêche et répande le christianisme, que les églises
prennent soin de leurs enfants dans les familles, qu'elles ou-
vrent des écoles du dimanche pour ceux qui sont abandonnés.
Ainsi on ne pourra pas craindre que l'impiété se répande dans
les écoles publiques ou qu'elle attaque ceux qui ne les fré-
quentent pas.
En excluant l'instruction religieuse des écoles entretenues à
l'aide des impôts, nous mettons toutes les sectes religieuses sur
un pied d'égalité. Nous laissons chacune d'elles instruire ses
enfants dans les doctrines qu'il lui plaît et par les méthodes
({u'elle juge convenables.
De quel droit les prolestants forceraient-ils les enfants des
autres sectes à recevoir une instruction religieuse qu'ils ne de-
mandent pas ? Pourquoi les parents de ces enfants seraient-ils
obligés de payer les inipôls qui doivent subvenir aux frais de
cette instruction ? Les protestants répondent : Nous représentons
la conscience de la majorité, nous avons donc le droit de juger
ce qui convient le mieux au peuple et de le lui procurer malgré
les protestations de la minorité.
Mais ces dignes protestants, qui mettent tant d'ardeur à faire
valoir leurs droits, oublient précisément que le droit de la ma-
jorité a des limites, et que cette majorité ne peut pas forcer la
nation tout entière à accepter son jugement. S'il en était autre-
ment, nul pouvoir tyrannique ne serait comparable aux Répu-
bliques.
Cette excuse justifierait les plus cruelles persécutions reli-
gieuses dont parle l'histoire. En ellet, ces persécutions étaient
demandées par la conscience de la majorité.
Dans beaucoup de villes, dans beaucoup d'États, les catholi-
ques sont en majorité. Ils pourraient donc, en se fondant sur
l'argument de leurs adversaires, exiger que leurs décisions
fissent loi pour la population entière de ces villes et de ces
États. Ainsi ils mettraient en vigueur la traduction de la Bible
de Douai y compris les Apocryphes et ajouteraient pour le
dimanche d'autres })rières à l'Oraison Dominicale, peut-être
quelques prières à la Vierge, le tout dans l'intérêt public, à
leur avis.
Le « Presbytery » de Chicago dit : « Le gouvernement a le
droit de maintenir la Bible dans les écoles publiques. » Nous
PÉDAGOGlt:. -4-29
voudrions savoir pourquoi les excellents personnages qui ont
fondé la Constitution fédérale et dont la plupart étaient mem-
bres de différentes Églises n'ont pas même introduit le nom de
Dieu dans ce document ! N'est-ce pas parce qu'ils ont voulu
établir une séparation perpétuelle entre les religions et l'Étal,
afin que, sous la protection de ce dernier, elles eussent la
liberté complète de vivre et de se développer? La foi religieuse
d'un bomme ne fait pas partie de sa (jualité de citoyen. C'i'st
une affaire entre lui et son Dieu. L'État ne saurait intervenir
avec autorité dans cette circonstance sans outrepasser sa juri-
diction, et sans faire beaucoup plus de mal que de bien.
En conséquence, je conclus à ce que la lecture de la Bible
soit interdite dans nos écoles entretenues au moyen des impôts.
SUSAN M.
Age : dix-sept ans.
Ëloomsburgli, comté de Columbia (Pennsylvanie). — École normale
de l'Klat.
i2. — LA BIBLE DANS LES ÉCOLES PUBLIQUES.
Sujet. — La lecture de la Bible dans nos écoles publiques
doit-elle être interdite par la loi?
Xégative.
Est-il possible que nous, qui vivons dans une terre cbré-
tienne, nous répondions aflirmativement à une telle question?
Notre bistoire tout entière ne nous montre-t-elle pas qu'on a
toujours fait usage de la Bible ?
Il y a plusieurs siècles, on lisait la Bible au lieu de lire des
livres, comme nous disons maintenant. On l'a lue de moins en
moins, et aujourd'hui on voudrait interdire complètement celte
lecture. On ne saurait nier qu'on fait en ce moment de puis-
sants efforts pour modifier complètement le système des écoles
publiques d'Amérique au point de vue religieux. Quelques per-
sonnes craignent d'offenser les catholiques en faisant usage de
la Bil)le dans les écoles. Mais devons-nous leur céder sur ce
point? Je répondrai: «Non, aussi longtemps que les lois de
notre pays seront égales pour tous. » Il est aisé de voir que nos
écoles, privées de la Bible, ne plairont pas plus aux catholi-
ques qu'elles ne leur plaisent maintenant. Faire subventionner
leurs propres écoles par les Étals, voilà leur but. Ce qu'ils
430 NORMAL SCIIOOLS.
proposent, c'est un système universel d'écoles confessionnelles
entretenues aux frais de l'Etal.
Mais nous soutenons (jue l'éducation dont la religion ne fait
pas partie est une éducation impie et nuisible. L'éducation
dépourvue de religion ne peut produire aucun bon résultat.
Assurément l'intelligence est une partie très-importante dans
riioiiime. Mais l'iiomme intelligent qui n'a pas de morale est
un matérialiste. C'est un être dangereux pour la société. Il est
à souhaiter que les vérités chrétiennes se répandent dans la
nation et insj)irent au peuple des sentiments de charité, afin
que les enfants de la prochaine génération trouvent des insti-
tuteurs et des institutrices doués d'assez d'abnégation et d'ar-
deur pour leur enseigner le christianisme pratique.
C'est là le seul moyen d'introduire la religion dans nos écoles
et de l'y maintenir. C'est ce que nous espérons faire.
Je crois que les bonnes raisons ne manqueront pas pour
soutenir qu'il faut conserver l'usage de la Bible dans nos
écoles.
Beaucoup de parents qui envoient leurs enfants à l'école ne
savent pas lire. Ils ne })euvent donc pas apprendre à leurs
enfants à lire la Bible. Mais, parce (ju'ils ont toujours ignoré
les saintes vérités, faut-il que personne ne les enseigne à leurs
enfants ?
Où donc pourraienl-ils connaître la Bible si on ne la leur en-
seigne ni chez eux ni à l'école ?
On pourra me dire : « Nous avons des églises et des minis-
tres qui sont payés pour enseigner le nom de Dieu au peuple.
C'est leur allaire, qu'ils s'en occupent. Nous n'irons pas payer
à grands frais l'instruction de nos enfants pour qu'ils passent
leur temps à écouter les maîtres leur lire la Bible. ;»
Mais le ministre les instruit une fois par semaine peut-être.
L'impression faite sur l'esprit des enfants ne s'elïacera-t-elle
pas dans l'intervalle d'un dimanche à l'autre?
On a dit aussi que si nous faisons usage de la Bible à l'école,
nous devrions également l'employer dans les magasins, les
boutiques, etc. Mais y a-t-il un établissement commercial qui
ressemble autant à l'église (jue l'école ? Les fonctions du pro-
fesseur ne se rapprochent-elles pas beaucoup de celles du mi-
nistre? N'ont-ils pas tous les deux à s'occuper de l'esprit de
l'enfant, à l'instruire? (]ui osera donc dire (ju'il faut bannir la
ilible des écoles ?
Disons avec les vieillards qui ont toujours eu l'habitude de
PÉDAGOGIE. ■ 431
lire la Bible lorsqu'ils étaient à l'école : « Puissent nos yeux
ne jamais voir le jour oii les écoles de notre pays seront deve-
nues trop sages pour avoir besoin de chercher des conseils
dans les paroles sacrées, et pour leur préférer la science ou la
politique. »
Cependant on veut interdire la lecture de la Bible à la multi-
tude, peut-être parce que quelques personnes regardent cette
lecture comme dangereuse. Car, comme je l'ai dit, on craint
(l'offenser les catholiques. Ne devrait-on pas craindre plutôt
d'offenser le Créateur, ce Dieu qui, dans sa sagesse, a voulu
({ue toute créature l'aimât et l'adorât plus que tout ce qu'il y a
sur la terre. Mais si nous vivons dans un pays libre, pourquoi ne
pas faire ce qu'il nous plaît ? Et notre pays est libre : il y a
cent ans qu'on l'a déclaré tel. Si les catholiques ne peuvent pas
souffrir l'emploi de la Bible dans nos écoles, qu'ils fondent des
écoles pour leur usage, et qu'ils nous laissent la liberté de lire
tous les jours les Saintes Ecritures! De nombreux exemples
nous montrent que nous devons prendre à tout moment et dans
toutes les circonstances la parole de Dieu pour guide. Lorsque
les Israélites quittèrent l'Egypte pour se rendre dans la terre
promise, Dieu leur ordonna d'attacher ses commandements sur
leur front, sur leurs mains, etc., et de les avoir toujours sous
les yeux. Nous savons que les Israélites prospérèrent pendant
qu'ils obéirent à ces commandements ; mais lorsqu'ils les oubliè-
rent , ils tombèrent dans l'avilissement et furent en proie aux maux
de la guerre.
Je crains bien que notre nation, qui est cependant si sage el
si prospère, ne subisse le même sort si elle suit uniquement
les conseils terrestres et si elle abandonne le Livre saint pour
lire des romans.
Pourquoi la civilisation de la France et de l'Espagne, appuyée
et soutenue par tous les avantages extérieurs, s'est-elle affai-
blie et éteinte dans notre continent? Pourquoi continue-t-elle
à disparaître tous les jours devant la lumière de la civilisation
anglo-saxonne ? Pourquoi la Nouvelle-Angleterre a-t-elle été
le centre étincelant de la littérature, de la politesse et des
sciences dans ce continent ? Parce que nous avons fondé notre
civilisation sur les dix commandements de la loi mosaïque, en-
seignés dans nos écoles pendant deux heures tous les jours.
Nous les avons attachés, comme le bandeau des Pharisiens,
entre nos yeux, et nous nous sommes fermement opposés à
toute iimovation qui aurait pu les affaiblir. Quels sont les
/|)^2 NORMAL SCHOOLS.
lioiiiiiK's |)oliti(jiics qui facoiiiiciil ropiiiioii |iiiljli(|iie aujuiii-d'liui
aux Hiats-L'nis? (,1e soul ceux (jui dans leur jininesse })assai(Mit
six heures tous les jours à écouter reuseigneiiieut austère des
premiers puritains.
L'éducation devrait être pour chaqvie enfant de ce pays
comme l'air que nous respirons. Si nous voulons mener à bien
l'excellent plan d'éducation qui a été tracé par notre fondateur,
nous devons faire reposer noire enseignement moral sur le
décalogue.
Cependant on dit : « Supprimez la Bible, fermez-la, nous
n'en avons pas besoin, nous n'avons pas le temps de nous en
servir. J'emploie mon temps et mon argent pour m'instruire
afin d'être utile à ceux qui m'entourent. » Mais l'àme ne vaut-
elle pas plus que toutes ces richesses mondaines?
Songez au bon exemple que le maître donne à ses élèves
lorsqu'il prend la Bible, qu'il prononce le nom de Dieu et qu'il
leur lit les saintes promesses. Il n'est pas obligé de lire un
chapitre entier; il peut lire quel({ues versets.
Cette question de la suppression de la Bible me rappelle
l'histoire de cet honinie qui était pressé de rentrer sa récolte.
Il loua plusieurs hommes de journée pour l'aider. Il avait
l'habitude de faire la prière en commun avec toutes les per-
sonnes de sa maison. Mais ce matin-là il pensa qu'il n'avait })as
le temps de prier, et, comme les hommes qu'il avait loués étaient
là, il voulut commencer immédiatement son travail. Ils se ren-
dirent donc au champ; mais à leur grand étonnement ils ne •
purent pas travailler. Ils furent obligés de retourner à la mai-
son où ils firent la prière en conunun. Ils se mirent ensuite à
la besogne, et ils ramassèrent plus de blé ce jour-là qu'ils n'en
avaient jamais ramassé.
Il en serait de même de nos écoles. Sans la Bible elles
pourraient prospérer pendant quelque temps, mais il n'est
pas probable que cette prospérité duiàt.
N'enlendons-nous pas souvent parler de maîtres pieux et
citer les bons exemples qu'ils donnent au peuple en le condui-
sant dans la voie du Chi-ist.
>ous remarquons, en général, que si un maître vient à perdre
son autorité sur ses élèves, il peut faire plus d'impression sur
leur esprit avec la Bible que par tout autre moyen. (Il n'y a
évidemment pas de règle sans exception.)
On regarde, en général, la règle d'amour comme étant beau-
coup plus puissante que la règle de crainte. On pense que la
PÉDAGOGIE. 433
persuasion vaut mieux que la rudesse, que le raisonnement
vaut mieux que les coups. Nous devrions nous attirer le respect
de nos élèves, gagner leur confiance et prendre ainsi sur eux
une influence qui est presque sans bornes. On peut demander
comment il est possible d'obtenir ce résultat. Je dirai que c'est
en prenant pour guide le nom de Dieu, en allant chercher du
secours à la source de toutes les grâces.
Il y a des élèves tellement endurcis, qu'ils n'ont de respect
ni pour eux-mêmes, ni pour aucun de ceux qui les entourent.
Cependant, par moments, des éclairs de conviction luisent à
leurs yeux et alors ils prennent la résolution de s'amender. Il
faut chercher à hâter ces moments en leur parlant de Dieu et
en leur lisant la Bible qui contient la parole sacrée.
Il me semble qu'il est tout à fait inutile d'envoyer des Bibles
chez les païens si nous sommes assez sages pour nous en
passer. Ils se diront que si nous ne voulons pas nous servir de
ce livre, ils ne s'en serviront pas non plus.
Je pense donc que si nous excluons la Bible de nos écoles,
il y aura plus de danger pour nous de devenir païens que pour
les païens de devenir chrétiens. Car, après avoir retiré la
Bible de l'école, nous penserons que nous n'en avons plus
besoin ni à l'église, ni ailleurs.
Mais nous espérons ne jamais voir s'établir dans notre pays
une loi assez impie pour interdire la lecture de la Bible dans
nos écoles publiques.
Édie K.
Age : di.K-ueuf ans.
Bloomsburgh, comté de Columbia (Pennsylvanie) . — École normale
de l'État.
ô. — LES FEMMES DOIVENT-ELLES ETRE ADMISES
DANS NOS COLLÈGES?
Pourquoi ne procurerait-on pas aux femmes les moyens de
s'instruire et de se mettre ainsi en état de rendre les services
qu'elles ne pourraient pas rendre autrement ? Si cette idée était
universellement admise, et si les femmes non mariées pouvaient
se préparer à l'enseignement supérieur, on verrait des femmes
instruites briller comme des astres au firmament de notre his-
toire. Il y aurait moins de mariages précipités et le célibat des
femmes serait plus décent.
4-3i- NORMAL SCIiOOLS.
On est l)eauooiip trop disposiî à tourner en ridicule le célibat
(les fennnes. La plupart d'entre elles sont les angles gardiens
du lit des mourants. Leurs paroles ressemblent à des accents
prophétiques destinés îv guider l'àme tremblante et à lui faire
traverser en sùrelé le lleuve de la mort.
Ouvrez aux femmes tous les établissements d'enseignement,
et vous verrez diminuer sensiblement le nombre de ces vieilles
filles si redoutées-. Elles deviendront de bonnes et de nobles
femmes, accomplissant joyeusement et noblement jusqu'au
tombeau leur importante mission.
Lue autre raison pour laquelle les femmes devraient être
admises à partager avec les hommes les avantages de l'instruc-
tion supérieure des Collèges, c'est qu'elles sont parfaitement
en état d'en recueillir tous les fruits. L'ancienne objection
fondée sur l'infériorité intellectuelle de la femme, qui ne lui
permettait pas de suivre le cours supérieur d'études des
Collèges, a deijà perdu beaucoup de sa force. Le jour n'est
pas loin où l'homme, ce « roi de la création », ayant cons-
cience du mensonge (ju'il fait, n'osera plus proférer une paniille
ol)jection. Partout où on a adm^is la femme à suivre le même
cours d'études que l'homme, dans nos écoles normales, et
tout dernièrement dans nos Collèges, elle a tenu son rang
d'une manière très-safisfaisante. Ses facultés intellectuelles ne
sont pas restées au-dessous de celles de l'homme.
Ces expériences, faites dans quelques-uns de nos établisse-
ments d'enseignement, tendent à prouver que, malgré l'insuffi-
sance de l'instruction donnée jusqu'ici aux femmes, elles ne
sont pas inférieures aux hommes.
On ne saurait nier que les lois qui régissent les écoles
publiques de notre pays ouvrent ces écoles aux filles aussi
bien qu'aux garçons. Quoiqu'il y ait toujours eu des écoles
pour l'instruction des filles, nous demandons davantage.
Le cours d'études que l'on suit dans ces dernières écoles
n'est pas propre à donner aux élèves la force de penser ni à
développer complètement leur intelligence. Aussi leur faudra-
t-il un peu de temps pour se préparer aux pensées et aux
études plus sérieuses. C'est la loi de la nature humaine.
Lorsque l'esprit d'un enfant a été distrait par le jeu ou par une
étude superlicielle, il a besoin de (|uel([ue temps pour concen-
trer toute son énergie intellectuelle sur un problème difficile.
Le point le plus important dans l'étude, c'est d'être maître
absolu de ses facultés intellectuelles. Lorsqu'on est anùvé là.
PÉDAGOGIE. 435
on a parcouru la partie la plus difficile et la plus pénible de la
route.
La femme ne peut pas effectuer en un seul jour cette con-
quête qui a coûté tant de peines à l'homme. Nous ne revendi-
quons pas pour la femme la supériorité intellectuelle, mais
nous soutenons, en nous appuyant sur les exemples fourni.s
par l'histoire, et sur les expériences qui ont été faites de nos
jours dans les établissements d'enseignement, qu'elle est natu-
rellement l'égale de l'homme.
Prenez pour exemple Hannah More (1) et M™^ Barbauld (-2),
ces deux grandes institutrices, ces deux grandes femmes poètes.
Le père de M""^ Barbauld, qui était principal d'un collège de
jeunes gens, fit suivre à sa fille les cours de cet établissement.
Elle reçut ainsi une éducation classique et elle passa ses exa-
mens avec beaucoup d'honneur.
L'Angleterre regardera toujours M'''" Barbauld comme une
de ses plus grandes institutrices.
Dans les sciences nous pouvons citer Mary Sumerville, et,
chez nous. Miss Mitchell qui a pris ses diplômes à Vassar
Collège et qui s'est acquis une réputation par ses connaissances
en astronomie. Il y a d'autres femmes qui ont brillé comme
des étoiles dans les profondeurs des sciences abstraites.
Harriet Beecher Stowe (3} occupe peut-être le premier rang-
parmi les romanciers. Parmi les poètes nous pouvons citer
M="* Browning (4) et M™^ Hemans (5). Dans les arts nous citerons
Rosa Bonheur. Quoique son goût la porte à se livrer à un genre
de peinture exclusif, la supériorité qu'elle a acquise dans ce
(1) Mrs. Hannah More, 1745-1833. En 1809 elle publia Cœlebs in
search of a ivife (Cœlebs à la recherche d'une épouse), roman où
elle indique les conditions du bonheur domestique. Elle écrivit plu-
sieurs autres ouvrages religieux et moraux en prose et en vers.
(2) Mrs. Anna Lœtitia Barbauld était fille du révérend J. Aikin.
Elle écrivit, en collaboration avec son frère, le docteur John Aikin,
le livre classique intitulé : Evenings at Jiome (les Soirées à la mai-
son).
(3) Auteur de Uncle TorrCs cabin (la Case de l'oncle Tom).
[i] Mrs. Browning (Miss Elisabeth Barrelt), femme du poëte Robert
Browning. Elle a écrit : Essay on Mind, The Séraphin, The Romaunt
ofthe Page, Casa Guidi Windows, Aurora Leigh, et plusieurs autres
poésies.
(5) Felicia llemans, 1793-1835.
(.Voies du Traducteur.)
436 NORMAL SCHOOLS.
genre prouve son génie. La sculpture a aussi un représentant
dans le sexe féminin : c'est Ilarriel Ilosmer.
Les esprits étroits nous diront : Comparez le petit nombre
des femmes supérieures au grand nombre des hommes de
génie, et vous verrez que vous ne pourrez pas tirer de cette
comparaison un argument en faveur de l'égalité des hommes
et des femmes au point de vue intellectuel. Nous ne pouvons
pas faire cette comparaison numérique, parce que les deux
parties n'ont pas eu les mêmes occasions de s'instruire.
Dans l'histoire de la Grèce ancienne elle-même, nous voyons
par l'exemple de Pénélope et d'Arété que les femmes, sans
jouir au point de vue de l'éducation des mêmes avantages
que leurs frères, pouvaient cependant charmer et fasciner par
leur conversation et par leurs qualités intellectuelles ceux
qui se regardaient comme leurs supérieurs. Les courtisanes de
la Grèce étaient renommées pour leur science, malgré toutes
les difficultés que les femmes éprouvaient à cette époque pour
s'instruire.
Il est évident qu'il y a plus de savants que de savantes. Mais
tout ce que nous voyons nous porle à croire que si les moyens
étaient égaux, les femmes ne le céderaient en rien aux hommes
pour l'étude des connaissances.
Vous entendrez dire que si l'on admettait les femmes dans
les Collèges, il faudrait abaisser le niveau des études dans ces
établissements.
Ceci n'est pas exact. Ouvrez-leur les portes des Collèges,
recevez-les dans les salles de classe comme vous y recevez
leurs frères, témoignez aux uns et aux autres la même bien-
veillance, donnez -leur les mêmes encouragements, mais
n'abaissez pas pour elles le niveau des études. Qu'elles puissent
se préparer comme leurs frères pour le cours des études clas-
siques, qu'elles puissent acquérir par des travaux préparatoires
le niveau d'instruction que vous exigez de ceux qui sont admis
à suivre ce cours.
Ne craignez pas que cette innovation fasse baisser le niveau
des études, ni qu'elle affaiblisse l'instruction littéraire. Les
femmes qui se feront admettre dans les établissements d'en-
seignement ainsi ouverts, stimuleront plutôt par leur pré-
sence et par leur exemple le zèle de leurs nouveaux cama-
rades. IjOrsqu'elles ne seront pas capables d'être admises, vous
les traiterez comme vous traitez maintenant ceux qui sont
dans ce cas. Tout ce que nous vous demandons, et tout ce
PÉDAGOGIE. 437
que nous pouvons vous demander, est d'autoriser les femmes
à suivre le cours d'études des Collèges si elles le désirent.
Une troisième raison qui milite en faveur de l'admission des
femmes dans les Collèges, c'est que l'éducation en commun des
jeunes gens et des jeunes filles serait très-favorable au déve-
loppement de leurs facultés intellectuelles. Dans la question
scolaire telle qu'elle est posée aujourd'hui, le point le plus con-
troversé est celui de savoir si les garçons et les tilles doivent
être instruits ensemble, si l'éducation mixte est le meilleur
système. Ce point est discuté dans toutes les réunions scolaires
qui ont lieu dans ce pays. Ed.->'. Mogill de Swathmore Collège
dit que cette question prend différentes formes selon la localité
où on la traite. Si nous la traitions aujourd'hui dans quelque
ville d'Orient, voici probablement la forme qu'elle prendrait :
Les femmes peuvent-elles se promener dans les rues sans
voile, peuvent-elles s'asseoir à table avec leurs maris sans
mettre en péril la morale publique? Si nous étions à Paris, la
question se poserait ainsi : Les jeunes filles honnêtes peuvent-
elles se promener seules dans les rues ? En Palestine, on dirait :
les femmes sont-elles faites pour de plus nobles emplois que
Ceux de bêtes de somme? A Philadelphie nous demandons si
Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent être instruits
ensemble dans le môme établissement, si les femmes peuvent
développer leurs facultés intellectuelles comme les hommes?
C'est toujours la même question présentée sous des formes
diverses.
Mogill ajoute que la postérité apprendra avec étonnement et
avec incrédulité que, dans cette ville, dans la seconde moitié
du xix^ siècle, une assemblée scolaire composée de personnes
intelligentes a discuté sérieusement la question de savoir si
les femmes étaient, au point de vue intellectuel, les égales des
hommes, et si dans nos établissements d'enseignement supé-
rieur l'instruction devait être donnée aux deux sexes en mêm^
temps.
Nous avons déjà parlé de l'égalité qui existe au point de vue
intellectuel entre les hommes et les femmes. Il nous reste à
examiner s'il y aurait avantage à donner l'instruction en com-
mun. Le principal argument des adversaires de l'instruction
mixte consiste à dire que lorsque les jeunes gens et les jeunes
filles sont assemblés dans le même local, leur esprit est absorbé
par des préoccupations complètement étrangères à l'étude.
Nous nions ce fait. Et, pour le nier, nous nous appuyons sur
438 NORMAL SeifOOLS.
rexpérioiice qui eti démontre la fausseté. Voyez ce qui se passe
dans nos écoles normales, où les jeunes gens et les jeunes
filles sont réunis au réfectoire et dans les salles de récitation.
Il est évident que dans une école qui comple trois ou quatre
cents élèves des deux sexes, quelques-uns se laissent distraire
par des préoccupations étrangères à leurs livres et à leurs
études. Mais l'expérience nous montre que le nombre de ces
élèves est relativement fort restreint. Ce mélange des sexes
paraît plutôt agir comme un encouragement au travail, et for-
tilîer ainsi les études. Il y a bien peu d'élèves dont l'amour-
propre ne soit pas excité par ce moyen. L'f'ducation mixte
produit un autre effet très-important par son iniluence morale
et sociale. On ne saurait nier que l'accomplissement en com-
mun des devoirs de la vie d'étudiant sert de frein aux jeunes
gens et aux jeunes filles, et les fait marcher d'un pas plus
ferme dans la voie de la morale. Tout le monde sait quelles
sont les tentations qui assiègent un jeune homme à son entrée
dans la vie de collège. Quelques-uns sont assez forts pour
résister à ces tentations, mais le plus grand nombre y suc-
combe. Il faut que la présence de dames d'un caractère esti-
mable et respectable les fortifie ou, qu'en leur faisant honte,
elle les empêche de céder à leurs mauvaises pensées. Ceci
s'applique également à la jeune fille. La présence de jeunes
gens qui sont ses amis l'empêchera de commettre beaucoup
de mauvaises actions. De cette façon ils se protégeront mutuel-
lement, et cette bonne influence scolaire produira ses effets
sur le reste de leur vie. Ainsi le mélange des deux sexes pro-
duit naturellement un effet moralisateur. L'élève ne s'en rend
pas compte, il subit cette influence d'une manière incon-
sciente. Cette réunion des deux sexes exercera aussi son
influence sur la tenue des élèves, car ils chercheront naturel-
lement à paraître avec tous leurs avantages. Elle se fera éga-
lement sentir dans leur conversation et dans leurs manières.
L'étudiant n'aura pas besoin de s'écarter de son chemin ni de
négliger ses études poiu- acquérir l'usage du monde. Il se
trouvera placé au milieu de la société et il n'aura qu'à confor-
mer ses pensées, ses sentiments et ses manières aux cir-
constances dans lesquelles il se trouvera placé.
Il ne sent pas plus cette influence qu'il ne sent l'air qu'il
respire, mais elle agit sur ses pensées et sur ses sentiments,
elle les fortifie et les développe comme le rayon de soleil for-
tifie et fait pousser le brin d'herbe.
PÉDAGOGIE. 439
L'éducation ainsi donnée est véritablement conforme à la
nature, c'est l'éducation de famille. Le frère et la sœur
deviennent compagnons inséparables : ils jouent ensemble et
travaillent ensend)Ie. Les joies intellectuelles, physiques et
sociales leur sont communes. En les séparant, en envoyant
l'un d'un côté, l'autre d'un autre, on brise le lien qui devrait
être le plus saint et le plus étroit qu'il y ait sur terre. Par
cette séparation on remplit leur esprit de sottes idées senti-
mentales qui ont souvent une fâcheuse influence sur le reste
(le leur vie.
Les jeunes gens des deux sexes devraient être instruits
ensemble, élevés ensemble. Ils apprendraient ainsi à se voir
sous leur véritable jour, et ils n'en seraient que plus capables
de distinguer dans l'humanité les qualités nobles et vraies de
la vaine apparence et du faux brillant.
Quand même il se formerait à l'école des attachements qui
se termineraient plus tard par le mariage, serait-ce une objec-
tion suffisante contre la réunion des deux sexes ? Si les études
et les autres devoirs scolaires n'en souffrent pas, ne vaut-il
pas mieux qu'un jeune homme et une jeune fille forment un
attachemeni l'un pour l'autre sous l'influence salutaire de la
règle de l'école où ils s'efforcent tous les deux d'atteindre un
noljle but, le développement de leurs facultés intellectuelles, la
pureté de l'àme ? Préférez-vous qu'ils forment cet attachement
au milieu des lumières éblouissantes et des parfums enivrants
d'une salle de bal ? Nous répétons qu'il faut que les femmes
soient admises dans nos Collèges.
Si l'éducation libérale perfectionne et ennoblit l'homme, si
elle le rapproche des fins pour lesquelles Dieu l'a créé, elle
doit avoir la même influence sur l'esprit et sur Vùme de la
femme. Pour remplir les devoirs qui lui sont assignés dans
cette vie, la femme a besoin de l'intelligence la plus nette et
de l'àme la plus pure qui puissent animer un être humain.
Je répète que les femmes sont parfaitement capables de
suivre le cours d'études des Collèges. Mais quand même l'expé-
rience démontrerait iju'au point de vue intellectuel elles sont
inférieures aux hommes, cette objection ne serait pas suffi-
sante pour leur faire fermer les portes des Collèges. Qu'elles
aient le même sort que les garçons et les jeunes gens; que les
examens décident de leur degré d'instruction. On ne change
rien à la question en prétendant que la plupart des jeunes
filles ne se prépareront pas à suivre le cours d'études des
440 NORMAL SCilOOLS.
Collèges. Mais j)Oun{uoi exclure les femmes de certains éta-
blissements d'enseignement, tandis que nous les admettons
dans d'autres? Voudrions-nous leur imposer le cours d'études
qu'elles doivent suivre ? Faites tourner sur leurs gonds
rouilles les vieilles portes de tous nos établissements d'in-
struction alin que les hommes et les femmes puissent y recevoir
en même temps les connaissances qu'ils désirent acquérir.
EVANGELINE G.
Millersville (Pennsylvanie). — École normale de l'État.
4. — LE CENTENAIRE DE L EDUCATION.
De tous les progrès qui se sont accomplis aux États-Unis
pendant les cent ans qui viennent de s'écouler, les plus impor-
tants ont été faits dans l'éducation. Nous avons toujours
eu le plus grand soin de l'éducation. Dès IGI 9 la Com})agnie
de Londres sentait la nécessité d'établir des écoles dans
cette colonie. En IG^l la première école gratuite fut établie à
Charles City dans la Virginie. On établit aussi de très-bonne
heure des écoles libres dans le Massachusetts. Bientôt après
on décida que tout village de cent familles aurait une Grammar
school, et tout village de cinquante familles une Primary
school. On établit dans l'État plusieurs collèges dont le princi-
pal était Harvard Collège, à Cambridge, dont l'établissement
date de 163(3. En 1858 il y avait quatre écoles normales.
C'est dans cet état que les écoles publiques ont pris nais-
sance.
Les premières écoles n'étaient pas entièrement gratuites,
les élèves devaient payer une certaine somme en entrant, mais
les écoles avaient d'autres ressources. Elles étaient unies à
l'église qui les entretenait en partie. La religion tenait une
place importante dans l'inslruction. L'insiruclion plus déve-
loppée donna naissance à des croyances religieuses diverses,
de sorte qu'il devint presque impossible d'enseigner la reli-
gion dans les écoles publiques. Aujourd'hui il est défendu à
toute secte d'y enseigner ses "doctrines. Il existe aux États-
Unis quelques écoles confessionnelles {denominational schools) ;
il y en a beaucoup dans l'État de New York.
Cette séparation de la religion et de l'instruction scolaire
PÉDAGOGIE. 441
eut un mauvais effet sur la morale, qui fut complètement
négligée. Le peuple pensa que la religion et la morale étaient
une seule et même chose et qu'il fallait les bannir des affaires
publiques.
Pendant la guerre de la Révolution, l'éducalion fut fort
négligée pour plusieurs raisons. On était alors trop absorbé
par la guerre pour avoir le temps de s'occuper de l'éducation.
D'un autre côté, la guerre avait appauvri le peuple, qui n'avait
pas le moyen d'entretenir des écoles. Mais lorsque cette guerre
fut terminée, on s'occupa de nouveau de l'éducation qui,
depuis lors, n'a cessé de se répandre en se perfectionnant.
Aujourd'hui les États-Unis possèdent un système d'écoles
publiques qui est l'un des meilleurs du monde. D'abord ce
système a été très-imparfait, et il ne pouvait pas en être autrcr
ment; mais dans ces derniers temps il s'est beaucoup perfec-
tionné, et maintenant nous avons un système d'écoles très-bien
graduées {[). Cependant il y a encore dans les campagnes et
dans quelques États des écoles non graduées, mais le nombre
en diminue rapidement.
Il n'y a pas d'universités aux États-Unis. Cependant on y
trouve des établissements qui portent ce nom, par exemple
rUniversité de Ann Arbor; mais ce sont plutôt des collèges.
Les principaux collèges des États-Unis sont ceux de 'Vale,
Cambridge et Howard.
Outre notre système d'écoles publiques, nous avons beau-
coup d'autres établissements où sont placés les condamnés et
les enfants qui n'ont pas de parents. Dans quelques-uns de ces
établissements les condamnés sont obligés d'apprendre
quelque métier utile, et beaucoup d'entre eux deviennent des
citoyens honnêtes et laborieux lorsqu'ils quittent ces écoles
après avoir subi leur condamnation.
Les États-Unis ont aussi fait de grands progrès dans la mé-
thode de l'enseignement. On se servait d'abord, dans nos
écoles, de livres classiques. On apprenait par cœur. Le maître
enseignait beaucoup de choses sans se préoccuper de la ma-
nière dont il les enseignait et sans se demander si ses élèves
le comprenaient. Maintenant, au contraire, on se préoccupe
beaucoup de la méthode d'enseignement, et l'on s'efforce de
n I Graded schnol, école divisée en classes distinctes ayant un pro-
gramme régulier; ungraded school, école à une seule classe, sans
organisation pédagogique bien arrêtée.
•ii^ NORMAL SCIIOOLS.
développer les facultés intellectuelles, surtout chez les jeunes
élèves. D'abord on pensait que la méthode d'enseignement
importait peu dans les écoles inféri(;ures. Cette méthode,
disait-on, n'avait d'utilité que pour les élèves qui étaient en
état de suivre les cours des coliépfes ou des écoles supérieures.
En conséquence les petites écoles étaient confiées à des maîtres
sans expérience. Mais, de nos jours, on s'est aperçu qu'on ne
pouvait obtenir aucun résultat satisfaisant si la base de l'in-
struction avait été négligée. On a recomm qu'il fallait dès le
commencement s'occuper très-sérieusement de l'instruction des
élèves. Aussi a-t-on fait d'importantes modifications dans les
écoles inférieures, tant sous le rapport de la méthode que
sous celui des programmes d'études.
Axxii-: 1).
Age : dix-huit ans.
Milwaukcc (Wisconsin). — Normal doj)artmcnL
0. — HISTOIRE DE L EnUCATION.
1. Quelle importance y a-t-il à connaître l'histoire d'un art
ou d'une science pour ceux qui veulent devenir habiles dans
cel art ou dans cette science ?
Rép. — La connaissance de cette histoire est très-importante
parce qu'elle sert de base à tout ce que nous apprendrons dans
cet art ou dans cette science. Si une personne ignore qu'un
certain perfectionnement a été apporté à une machine, et
qu'à la suite de longues recherches elle invente le même per-
fectionnement, elle prouvera qu'elle a autant de génie que le
premier inventeur, mais son invention ne sera d'aucune utilité
pratique parce qu'elle était déjà connue. Si cette même per-
sonne avait employé son travail et ses soins à inventer quelque
chose de nouveau, son génie lui aurait permis de rendre de
grands services à l'humanité. Ainsi elle n'aurait perdu ni son
temps ni son énergie intellectuelle.
L'histoire d'un art ou d'une science est encore trés-im})or-
tante, parce qu'elle nous montre comment les grands hommes
de cette épo((ue travaillaient et qu'elle nous donne ainsi un
bon exemple à imiter. Lorsqu'on découvre de nouveaux prin-
cipes, on a souvent beaucoup de peine à les faire admettre par
tout le monde. Autn.'fois on persécutait, et l'on condamnait
PÉDAGOGIE. i43
même à mort les inventeurs de nouvelles doctrines. Bien qu'au-
jourd'hui on n'ait plus recours à ces procédés indignes, les
auteurs des théories modernes ont cependant hien souvent à
lutter contre une violente opposition. 11 est donc important pour
eux de savoir comment les penseurs d'autrefois résistaient à
l'opinion puhlique et souvent en triomphaient. Les exemples
illustres de ces hommes de génie les encourageront dans leurs
premiers essais, et les porteront à faire de nouveaux efforts.
Or ces exemples, nous les trouvons dans l'histoire des arts
et des sciences.
"2. Quel était l'idéal de l'éducation chez les Grecs ? Princi-
paux pédagogues grecs.
Rép. — L'idéal des Grecs dans l'éducation était le beau et le
bon. Ils se proposaient pour but la vigueur et la force physi-
ques et intellectuelles, le développement de l'àme et du corps.
C'était le résultat qu'ils s'elTorçaient d'obtenir par la gymnas-
tique et par tout le cours de leur éducation. D'un autre côté,
les Grecs attachaient une grande importance à l'autorité de
l'État qu'ils faisaient passer avant toutes les relations de famille.
Pendant rà,:?e héroïque de la Grèce, l'éducation était patriar-
cale : le père instruisait le fils ; la fille était instruite par la
mère. Les liens de la piété filiale attachaient les enfants à leurs
parents. Le père était le chef de la famille, il avait droit de
vie et de mort sur ses entants. Pendant l'âge historique, l'édu-
cation par l'État fut substituée à l'éducation par la famille. Dès
leur tendre enfance, les garçons étaient confiés à l'État qui les
élevait jusqu'à l'âge de dix-huit ans, époque à laquelle ils
entraient dans l'armée. Les filles restaient chez elles, et elles
étaient élevées par leurs mères. Pendant l'âge héroïque, l'édu-
cation avait surtout pour but la culture physique et morale ;
plus tard on s'attacha davantage à développer les facultés intel-
lectuelles.
Les deux principaux États de la Grèce, au point de vue de
l'éducation, étaient la Doride et l'Ionie (1). Sparte et Athènes en
étaient les villes principales. Elles n'avaient pas les mêmes
opinions sur la manière d'élever la jeunesse. Le Spartiate exi-
geait la force physique, l'obéissance passive, enfin la précision
militaire et toutes les qualités qui sont nécessaires à un bon
guerrier. L'Athénien, au contraire, recherchait la beauté plas-
tique; il préférait l'agilité et la grâce à la force ; il avait aussi
fl; Confusion entre les races et les États.
4M NORMAL SCHOOLS.
du g'oùt pour la pliilosophie et pour les sciences. La fennne
tenait un rang plus élevé (mi Doride qu'en lonie, ce qui est
démontré par ce fait qu'il y avait beaucoup de fennues poêles
en Doride, tandis qu'il n'y en avait pas à Athènes.
Les pédagogues grecs les plus éminents furent Socrate,
Aristote et Platon, à Athènes ; Pylhagore, à Sparte. Les lois de
Lycurgue eurent beaucoup d'inlluence sur l'éducation à Sparte.
Athènes subit également l'influence des lois de Selon. Mais
nous ne pouvons pas mettre ces deux législateurs au nombre
des instituteurs proprement dits.
8. En quoi l'idéal de l'éducation chez les Romains différait-
il de celui des Grecs? Principaux pédagogues romains.
Rép. — Le système d'éducation chez les Romains était surtout
utilitaire et pratique ; il s'éloignait beaucoup plus de l'idéal
que celui des (irecs. Toutes leurs pensées et toutes leurs
actions avaient un but pratique. Ils donnaient de l'éducation à
leurs enfants, non pas parce que l'éducation est en elle-même
une chose bonne et désirable, non pas parce qu'elle tend à
ennoblir l'homme, à cultiver son esprit et son cœur, mais sim-
plement parce qu'elle devait les aider à gagner leur vie. Ils
n'estimaient l'art (jue pour sa beauté, et ils mettaient moins de
soin que les Grecs à le cultiver. Leurs maisons étaient d'une
construction commune et grossière, mais les temples qu'ils
élevaient aux dieux étaient magnifiques, et tous les bâtiments
de l'État étaient des modèles d'architecture. Il est vrai que
c'était aux Grecs qu'ils avaient emprunté cette architecture.
Au point de vue moral aussi, surtout dans les derniers
temps, les Romains étaient bien inférieurs aux Grecs. C'est ce
que nous voyons parjeurs fêtes, qui étaient une imitation de
celles des Grecs, mais où régnaient la licence, l'intempérance
et le vice. \ Rome, la mère occupait dans la famille une place
plus élevée qu'en Grèce. C'était elle qui, jusqu'à un certain
point, était chargée de l'éducation des enfants. Les Romains
avaient en général plus d'estime pour la femme que les Grecs.
Ils encourageaient son émancipation, loin d'y mettre obstacle ;
et ils jetaient ainsi les fondements de l'œuvre (|ue les nations
modernes ont mission de compléter.
Les principaux pédagogues romains furent : Numa Pompilius,
Varron, Cicéron, Sénèque et Ouinlilien.
i. État de l'éducation au Moyen Age.
Rép. — On peut diviser le moyen âge en trois périodes. La
première s'étend de 1 à 500 après J.-C. et comprend la chute de
PÉDAGOGIE. 445
Rome. La seconde va de 500 au xiii^ siècle, c'est ce qu'on appelle
les siècles de barbarie. La troisième va du xiii*' au xvi* siècle,
c'est l'épofiue de la Renaissance. Pendant la première de ces
trois périodes, l'éducation fut presque entièrement accaparée
par Rome, qui la mit entre les mains de l'Église. L'éducation se
donnait alors dans les monastères par les soins des moines :
elle avait un caractère exclusivement religieux. Il n'y avait pas
alors d'établissements d'enseignement particuliers.
La scolastique et le monachisme régnaient alors partout.
L'enseignement du christianisme était perverti. Les écoles
étaient des écoles païennes. C'est pour cette raison que les doc-
teurs et les ministres chrétiens voyageaient de tous côtés pour
rassembler des étudiants qu'ils instruisaient.
Le cours d'instruction suivi dans les monastères comprenait
le trivium, c'est-à-dire la grammaire, la rhétorique et la logique,
et le quadrivium, c'est-à-dire l'arithmétique, la musique, la
géométrie et l'astronomie. On regardait presque comme un
prodige de science celui qui avait achevé ce double cours
d'études .
La période qui s'écoula du v° au xiii^ siècle reçut le nom de
siècles de barbarie, parce qu'aucun progrès ne fut fait dans les
différentes branches de connaissances. Les n-ations orientales
firent seules exception. Elles firent de rapides progrès à cette
époque. Les arts et les sciences fleurirent chez elles et parvin-
rent presque à leur apogée. En Europe, le pape et l 'empereur se
disputèrent la suprématie, et cette querelle eut aussi une mau-
vaise influence sur l'éducation. Le clergé était corrompu et son
enseignement était pernicieux; bref, la confusion régnait par-
tout, et dans la politique et dans la religion.
Ce fut du v^ au commencement du xvi^ siècle que s'élevèrent
la plupart des universités de l'Europe. En 1500, il y en avait
environ 64 dont la plus grande partie était en Italie. C'était la
scolastique qui régnait dans toutes ces universités.
Deux grands événements politiques eurent beaucoup d'in-
fluence sur l'éducation pendant le moyen âge : les Croisades,
qui durèrent du xi^ au xiii'' siècle, et le système féodal, qui
exista du ix"^ au xiii« siècle. Cette influence fut assez bonne.
Les Croisades eurent pour eflet d'éclairer le peuple en met-
tant en contact des nations qui, pour la plupart, étaient com-
plètement étrangères les unes aux autres. Le commerce fut
aussi pratiqué sur une plus grande échelle. La Féodalité vit
naître la chevalerie et le respect de la femme.
■U6 NORMAL SCIIOOLS.
La péiiodo qui s'rloiid du \iii- nu \\V siècle est appelée la
Ucnaissnnce de la liltéralure classique. Le monachisme et la
scolastique furent abolis, et, depuis cette époque, l'éducation
n'a pas cessé de faire des progrès.
5. Quelles furent les causes tle la Renaissance de la Littéra-
ture classique, (|uels en furent les résultats?
Rép. — Les principales causes de la flenaissance de la Litté-
rature classique furent :
La corruption du clergé : on s'aperçut que les pensées pures
devaient être exprimées dans un langage pur (1).
Le développement et la force de l'esprit humain.
Les excès de la scolastique : on se fatigua de cette philo-
sophie qui coupait un cheveu en deux (2), et on n'y prit plus'
aucun intérêt.
La chute de Constantinople : cette ville avait été le centre
de la science en Orient. Lorsqu'elle fut détruite, tous les sa-
vants se répandirent dans les dillérentes parties de l'Europe,
et ainsi leur science et leur sagesse furent à la portée d'un
plus grand nombre de personnes. Le résultat de cette diffusion
des connaissances fut naturellement bon, puisque en Orient il
n'y avait pas eu de siècles de barbarie, et que les progrès des
sciences n'y avaient pas été interrompus.
Les Croisades, qui eurent un effet civilisateur.
L'abolition de la Féodalité, qui eut pour résultat de répandre
l'instruction d'une manière plus générale.
La Renaissance de la Littérature classique eut pour résultat
de faire disparaître complètement la scolastique et de donner
une nouvelle impulsion à l'éducation. Le Monachisme fut aussi
banni des établissements d'instruction, où l'on enseigna dès
lors le véritable Christianisme.
Plusieurs traductions de l'Ancien et du Nouveau Testament
avaient été faites en langue vulgaire, de sorte que le bas
peuple pouvait lire et comprendre ces livres.
La Renaissance opéra une révolution et une réforme com-
plètes dans les Écoles.
(^. Quelle modification apporta-t-on à l'éducation auxvi* siè-
cle? Quels sont les pa\squi furent à la tète de ce mouvement?
(1) Toxtc inintelligible.
{'2} If hjs wit bc not apt to dislinguish or find différence, let Jiim
stiuly Ihe Scboohiien, for thcy are « Cymini sectores ». Bacon's
Eiisnijs (of Studies). (Notes du Traducteur.)
rÉDACOGIK. 447
Oiiols furent, los principaux pé(lagogues dans chacun de ces
]»ays?
Rép. — On reprit l'étude du latin et du grec anciens, et on
bannit la scolastique. L'enseignement des Universités fut fondé
sur la fîible et non plus, comme autrefois, sur les ouvrages
mal interprétés d'Aristote. Au xvr siècle, on remplaça le
verbalisme par le réalisme, c'est-à-dire qu'on attacha plus
d'importance aux pensées qu'aux mots.
Le xvi" siècle vit se fonder l'ordre des Jésuites. Leurs écoles
eurent une grande influence sur l'éducation, car elles se répan-
dirent dans tous les pays, et elles furent fréquentées par des
élèves appartenant à toutes les nationalités.
A la tète du mouvement qui s'opéra ainsi dans l'enseigne-
ment, se placèrent l'Allemagne et l'Angleterre. L'Italie fut
aussi une des premières nations qui marchèrent dans la nou-
velle voie; mais c'est au xiV et au xv* siècle qu'elle fut dans
toute l'apogée de sa gloire. Alors florissaient Dante, Pétrarque,
Boccace et ces maitres dont l'iniluence fut universelle : Guarino
el Vilterino di Falto. Cependant l'influence de l'Italie se fit
sentir après cette époque en Allemagne et en Angleterre. Les
savants de ces pays allaient étudier à Florence, et à leur retour
dans leur patrie ils enseignaient ce qu'ils avaient appris, et
propageaient ainsi, au moyen de leurs élèves, l'influence
italienne.
Les pédagogues lespbjs célèbres du xvi* siècle furent, en
Allemagne : Luther, Luizeudorf, Sturm, Wolfgang , Ratich;
en Angleterre : sir Francis Bacon, Linacre, Robert Greene ,
William Lilly, John Colet et Thomas Morus.
7. Nommez les principaux « Progressistes », et discutez les
principes qu'ils professaient en commun sur l'éducation.
Rép. — Les plus éminents Progressistes furent Basedow,
Kant, Fichte, Richter, Hegel, Schopenhauer , Rosenkranz,
Beneke, Herbart, Pestalozzi, Frœbel.
lis voulurent, non pas perfectionner, mais changer complè-
tement la méthode d'enseignement. Us composèrent des manuels
d'après leurs principes, et ils disaient que toute personne, in-
telligente ou non, pouvait apprendre quelque chose en suivant
exactement leurs livres. Ils se demandèrent même si un pro-
fesseur médiocre qui se conformerait à la méthode d'ensei-
gnement contenue dans leurs livres ne serait pas préférable à
un professeur dont l'enseignement serait plus indépendant. Us
disaient que l'enseignement des règles de grammaire était
448 NORMAL SCIIOOLS.
enliùi'Cluent niélliodiquc, qu'on no luisait que marcher à tâtons,
sans se proposer ni but ni lin. Ils voulaient animer l'instruction
en mettant en mouvement l'intellig-ence et l'activité de l'enfant.
Ils n'avaient aucune confiance dans la science acquise dans
les livres, et ils n'attachaient pas d'importance au développe-
ment de la mémoire. Beaucoup d'entre eux ignoraient même
complètement l'existence de cette faculté. Ils voulaient qu'on
n'étudiât que les sciences réelles.
De même qu'ils négligeaient la mémoire, ils ne faisaient
aucune attention à l'imagination, plus encore dans la théorie
que dans la pratique.
Ils s'opposaient à l'étude de l'histoire, et donnaient les plus
grands éloges au temps dans lequel ils vivaient. Ils deman-
daient des salles d'écoles bien aérées, et ils favorisaient les
exercices gymnastiques. Ils voulaient que l'élève eût bien
conscience de tout ce qu'il faisait et de tout ce qu'il disait. Ils
ne permettaient pas à un enfant de parler d'une chose qu'il
ne comprenait pas. Ils voulaient (jue toutes ses pensées fussent
claires et clairement exprimées.
Ils s'intéressaient à l'étude des langues modernes, et com-
battaient la prééminence du latin. Us enseignaient les langues
par la méthode de la conversation.
Une secte des Progressistes voulait qu'on instruisît les en-
fants d'après une méthode uniforme, sans avoir égard au
caractère particulier de chacun d'eux : c'était la secte démo-
cratique. La secte aristocratique des Progressistes voulait que,
dans l'enseignement, on prît en considération le caractère
particulier de chaque enfant.
Ils voulaient qu'on enseignât la musique et la poésie au point
de vue rationnel. Us n'appréciaient pas la beauté de ces deux
arts, et ils se donnaient fort peu de peine pour les cultiver. Us
analysaient les poèmes au point de ne plus y laisser de poésie.
Ils enseignaient la musique froidement, et ils la présentaient
comme un art qui se rattache plus à la raison qu'à la sensi-
bilité.
Les Progressistes se rattachaient par certains côtés aux
Pélagiens. Us avaient pour devise : « Sequi naturam. »
8. Quelle différence y a-t-il entre les principes de Bacon'et
ceux de Piousseau sur l'éducation?
Rép. ■ — Bacon accomplit une révolution dans l'enseignement
de son temps : il vivait au xvi« siècle. Il voulait qu'on étudiât
les choses réelles telles qu'elles existent dans la nature, sans
PÉDAGOGIE. -449
se contenter d'en apprendre ce qu'en disent les livres. Il fut
ainsi le véritable créateur du réalisme. Si l'on ne pouvait pas
se procurer les objets réels, il fallait, disait-il, se servir de
tableaux représentant ces objets. Par ce moyen, on développe-
rait à la fois et l'intelligence et la perception extérieure de
l'élève, au lieu d'exercer simplement sa mémoire.
Quoique le caractère personnel de Bacon ne soit pas très-
recommandable, il faut avouer cependant que sa philosophie
mérite d'être louée à plusieurs points de vue, et qu'elle pro-
duisit en général de bons résultats.
Rousseau voulait qu'on s'attachât fortement à suivre la nature.
La civilisation de son temps le dégoûtait, et il l'a combattue
dans tous ses ouvrages. Il produisit sur l'éducation une
influence indirecte, mais très-grande, surtout par son « Emile >.
Dans cet ouvrage, il développe ses idées sur une éducation
idéale. Il veut que l'enfant soit élevé et instruit tout seul
jusqu'à l'âge de quinze ans. Alors il pourra entrer dans la
société, voir le monde et fréquenter ses semblables sans avoir
à craindre aucune influence pernicieuse, car son cœur ne con-
naîtra ni l'envie, ni la jalousie, ni la malice, ni tous les autres
vices. Ce livre eut beaucoup de succès, il fut lu par la plupart
des grands penseurs de son temps. Quoique Rousseau pousse
ses principes jusqu'à l'extrême, beaucoup de philosophes mo-
dernes les ont cependant pris pour base de leur philosophie,
et ils ont mis en pratique ses plans et ses pensées.
9. Quelle fut l'influence de Pestalozzi sur l'éducation ?
Rép. — Pestalozzi naquit de parents pauvres à Genève au
commencement du xviii* siècle. Quoiqu'il eût à lutter contre
la pauvreté pendant sa jeunesse, il parvint à s'instruire, et il
prit beaucoup d'intérêt à toutes les questions d'éducation de
son temps. Il fonda un grand nombre d'établissements d'in-
struction pour les enfants pauvres. Il en fonda d'autres plus
tard pour les enfants dont les parents avaient le moyen de
payer une rétribution scolaire.
Plusieurs de ses premiers essais échouèrent complètement.
Cependant il ne se découragea pas, et le dernier établissement
qu'il fonda à Yverdun jouit pendant vingt-cinq ans d'un succès
remarquable, et donna enfin à celui qui l'avait fondé la satis-
faction qu'il méritait. Le succès de cet étabhssement fut dû en
partie aux soins de sa femme, Anna Shulthess, qui fut, pendant
toute sa vie, sa compagne fidèle. Après la mort de cette der-
nière l'établissement déclina rapidement,
19
450 NORMAL SCHOOLS.
Dans sa jeunesse, Peslalozzi se proposa (r/'Uidier le droit;
mais les ouvrages de Rousseau qu'il lut attentivement, eurent
tant d'influence sur lui qu'il changea sa détermination et se fit
professeur.
C'est à son incapacité d'organiser et à l'impossibilité où il
était de surveiller les nombreux établissements qu'il avait
fondés, qu'il faut attribuer les nombreux échecs qu'il éprouva
pendant la première partie de sa vie. Malgré ces échecs, il sut
inspirer à tous ceux qui l'approchèrent le plus grand enthou-
siasme et le plus grand inlérèt pour ses vues et ses idées. Il
écrivit plusieurs ouvrages, dont les principaux sont :« Léonard
et Gertrude » et « Comment Gertrude instruit ses enfants ».
Dans ces ouvrages il nous présente le portrait d'une mère idéale ;
il nous montre comment elle doit élever sa famille, et nous dit
quelle peut être son influence si elle l'exerce convenablement.
11 soutient que la famille doit être le centre de toute éducation,
et la mère le premier précepteur.
Ce qui recommande son système d'éducation, c'est qu'il vou-
lait soumettre l'esprit aux lois organiques qui régissent la nature
physique. 11 voulait que toutes les facultés de l'être humain
reçussent un développement complet et méthodique. 11 suivait
scrupuleusement la nature dans le cours de son enseignement.
11 pensait qu'on devait donner l'instruction sous une forme
agréable et que la discipline devait être douce.
Son principal défaut était l'incapacité d'organiser et de sur-
veiller. Son ardeur et son ambition lui faisaient embrasser
trop dechosesà la fois. 11 n'avait aucun égard pour le caractère
particulier des élèves, et il appliquait la même méthode aux
intelligences vives et aux intelligences paresseuses.
10. Théorie de Herbert Spencer sur l'éducation,
Rép — Herbert Spencer pensait que le premier devoir d"un
professeur était de s'informer de l'ordre de développement des
facultés d'un enfant. 11 y a, dit-il, un certain ordre constant dans
lequel se développent les diû'érentes facultés, et certaines
branches d'études sont adaptées à chaque degré. L'éducation,
continue-t-il, se propose deux fins, la discipline et l'instruction
oue l'on peut atteindre par les mêmes branches d'études. Selon
lui le dernier but de l'éducation est la connaissance de la vie.
Car nous devons savoir connnent traiter notre corps, comment
traiter notre esprit. Il faut que nous puissions vaquer k nos
affaires, que nous connaissions nos devoirs de citoyen, que nous
sachions élever notre famille. Il faut que nous sachions faire
PÉDAGOGIE. 451
un bon usage de nosfacuUés intellectuelles, et tirer le meilleur
parti des talents que la nature nous a donnés. C'est par ce
moyen seul que nous pourrons être heureux. Il attachait la
plus grande importance à l'enseignement de tout ce qui pou-
vait apprendre à élever une famille, car le plus grand nombre
des hommes ont ce devoir à remplir. Il indique quelques-uns
des principes que l'on doit suivre dans l'enseignement : aller
toujours du simple au composé, du connu à l'inconnu, du défini
à l'indéfini et du concret à l'abstrait. Il veut qu'on attache
beaucoup d'importance au développement personnel et à la dis-
cipline personnelle.
11 n'a pas une grande confiance dans les punitions corpo-
relles, mais il est fermement partisan du système de réaction
naturelle.
Adûlphine B.
Age : dix-sept ans.
Mihvaukee (Wisconsin). — Normal deparlment.
6. — PHILOSOPHIE DE L'ÉDUCATION.
1. Montrez comment l'étude de l'histoire peut servir à culti-
ver la mémoire, l'imagination et le jugement.
Rép. — L'histoire, en tant qu'étude, a une valeur empirique.
Le principal but de cette étude est la connaissance des vérités
ou des faits. Toute étude qui a une valeur empirique, doit né-
cessairement cultiverla mémoire, dont la fonction incontestable
est de retenir les faits. L'histoire enregistre les actes d'hé-
roïsme, les mots patriotiques qui respirent une ardente poésie.
Ils inspirent à tous ceux qui les lisent avec intelligence ou avr.c
sympathie quelque chose de cette émotion qui remplissait le
cœur du héros et du patriote. L'imagination du lecteur lui
représentera le champ de bataille et la supériorité numérique
des envahisseurs. Il verra le petit nombre de ceux que l'intré-
pidité d'un seul homme, peut-être, a sauvés. 11 se laisse aller
à ce rêve charmant de son imagination jusqu'cà ce que la scène
ainsi représentée n'ait plus la moindre ressemblance avec le
fait historique : c'est presque un tableau maginaire qu'il a
sous les yeux. La nature et le climat du pays exercent leur
influence sur le caractère de la nation, et les membres de cette
nation exercent de l'influence les uns sur les autres. La manière
.152 NORMAL SCIIOOLS.
dont on discute les questions du jour dépend beaucoup du
caractère du peuple. L'histoire enregistre les actes du peuple.
La recherche des causes des événements historiques déve-
loppe le jugement.
2. Qu'entend-on par lois de l'association des idées? Indiquez
les principales? Quel est le devoir de la maîtresse en vue de
l'association des idées?
Rép. — Ce n'est pas le hasard qui guide nos idées. Il y aune
raison qui fait qu'une certaine idée en suggère une autre. Les
lois d'après lesquelles nos idées s'associent s'appellent lois de
l'association des idées.
Les idées s'associent :
1° Lorsqu'elles ont quelque rapport avec des faits qui se pas-
sent dans le même temps.
2° Lorsqu'elles ont quelque rapport avec des objets qui occu-
pent le même lieu.
3° Lorsqu'il existe entre elles une relation de cause ù effet,
du tout à la partie, du moyen à la fin.
-ï" Lorsqu'il existe entre elles une relation de similitude et
de contraste.
S** Lorsqu'elles sont le résultat de la même faculté ou de
acuités différentes agissant sur le même objet.
6° Lorsque l'une est le signe, et l'autre la chose signifiée.
7° Lorsque le sens en est accidentellement indiqué par le
même son.
La maîtresse ne doit pas rompre cette harmonie des idées.
Sachant dans quel ordre les idées s'associent, elle doit tracer
le plan de ses leçons de telle manière qu'elles puissent suggérer
à l'esprit des élèves les idées dans leur ordre naturel.
3. Définissez et expliquez la synthèse et l'analyse.
Rép. — ■ La synthèse consiste à rétablir les effets d'après
leurs causes. L'analyse consiste à décomposer les elTets en
leurs causes. Par exemple, le sel neutre est l'effet de la com-
binaison d'un acide et d'un alcali. Pour analyser cette sub-
stance,on la diviserait en ses éléments et l'on trouverait qu'elle
se compose d'un acide et d'un alcali. Pour faire la synthèse,
on reconstituerait le sel neutre au moyen de l'acide et de l'al-
cali. Nos conceptions elles-mêmes sont complexes, car elles
sont composées d'une multitude de petites notions. Le procédé
analytique consiste, en philosophie, à dégager de ces notions
complexes les notions élémentaires ou les causes qui y sont
renfermées et qui les constituent, Le procédé synthétique, au
PÉDAGOGIE. -453
contraire, consiste à combiner ces conceptions individuelles
pour en former une grande conception ou une conclusion géné-
rale.
•4. Qu'entend-on par les connaissances humaines relatives ?
Réf. — Nous ne connaissons qu'autant que nous avons une
faculté de connaître en général. Cette faculté est aussi soumise
aux lois qui en limitent et qui en dirigent les allions. C'est par
le moyen des sens, dont le nombre est déterminé, que nous
acquérons nos connaissances. Nous pouvons concevoir des
choses dont nous ne pourrions pas connaître l'existence par
l'expérience. Nos connaissances seraient ainsi limitées par le
nombre de nos sens. Nos sens eux-mêmes pourraient être im-
parfaits et alors nos connaissances seraient relatives. L'objet
lui-même pourrait être modifié par le milieu à travers lequel il
se manifeste à nos sens. Dans ce cas encore nos connaissances
seraient relatives.
5. L'attention. Ses relations avec la conscience. Son impor-
tance. Comment la cultive-t-on?
Rép. — L'attention est l'application de l'esprit à un certain
sujet, à l'exclusion de tous les autres. L'attention a trois degrés :
le premier est synonyme de conscience, ce n'est qu'un acte
vital et irrésistible. Le second est un acte déterminé par le
désir, mais auquel la volonté peut résister. Le troisième est un
acte libre de volonté.
L'attention n'est autre chose que la conscience concentrée
sur un objet. Le pouvoir de l'attentionest d'une grande valeur,
car c'est par l'attention seule que nous pouvons nous rendre
maître d'un sujet ou même acquérir une idée claire de ce sujet.
On peut cultiver cette qualité en l'exerçant tellement qu'elle
devienne une habitude.
S.\LLIE H.
Cincinnati (Ohio.) — École normale municipale.
/ . — PRINCIPES ELEMENTAIRES D EDUCATION.
(ii* année.)
Le devoir des instituteurs consiste ù. présenter la vérité de la
science de façon à exciter l'activité de l'esprit.
Quiconque entreprend d'instruire des enfants doit savoir
454 NORMAL SCIIOOLS.
que l'éducation d'une personne n'est autre chose que le déve-
loppement de toutes ses facultés, et (ju'on ne peut arriver à ce
résultat qu'en éveillant l'activité personnelle de l'élève.
Les instituteurs seront donc portés à se faire cette question :
« Quelle est la manière d'exciter cette activité? »
Nous pouvons répondre d'une façon générale que la science,
présentée d'une manière convenable et dans une .condition
convenable, produira cette activité.
On demandera ensuite : « Comment peut-on arriver à ce
résultat ? »
On a répondu à cette question, et on peut y répondre de
mille manières. Pour donner à ce sujet une réponse qui put
satisfaire tout le monde, en supposant qu'une telle chose soit
possible, il faudrait écrire un volume.
Cependant, malgré la diversité des opinions sur ce point,
nous pensons que l'on peut trouver des méthodes de présenter
la science qui soient si bien en rapport avec l'ordre naturel du
développement de l'intelligence, ({ue personne ne pourra refuser
de les admettre.
Considérons l'enseignement d'une science expérimentale:
nous savons que l'on peut faire constamment des découvertes
dans cette science. Ceux qui ne font pas ces découvertes par
eux-mêmes peuvent néanmoins se servir des découvertes faites
par d'autres.
Nous pourrons nous instruire en considérant attentivement
les résultats oîi sont arrivés ceux qui ont consacré une partie
de leur temps à étudier le sujet qui nous occupe. L'observation
attentive des méthodes employées par la nature, pour diriger
et instruire ses enfants, sera pour nous une autre source d'en-
seignements beaucoup plus féconde. Les recherches que d'autres
auront faites pourront ici nous être d'un grand secours.
Quiconque ne compte, pour instruire des élèves, que sur la
science qu'il a acquise dans les livres, est impropre à exercer
la profession d'instituteur.
Il faut naturellement que l'instituteur possède cette science
que donnent les livres, qu'il conqirenne les méthodes d'ensei-
gnement et les lois du développement intellectuel. Mais il faut
aussi qu'il sache appliquer ces méthodes générales aux cas
particuliers, et qu'il puisse vérifier par lui-même l'exactitude
de ces lois. Or, l'expérience de l'enseignement peut seule lui
donner cette science.
Il ne faut pas qu'un enfant puisse jamais })enser que son
PÉDAGOGIE. 455
devoir consiste ù assister passivement à la classe et à se laisser
instruire.
Tous les enfants aiment à s'occuper d'une manière ou d'une
autre, il faut toujours qu'ils travaillent ou qu'ils jouent. Si on
ne leur fournit pas un objet convenable sur lequel ils puissent
exercer ce besoin d'activité, il en résulte, comme nous le
savons parfaitement, que leurs petites mains ne restent pas
oisives et qu'elles s'occupent à faire quelque méchanceté.
On peut présenter le travail aux enfants de manière à
éveiller leur intérêt , et alors ils s'empresseront de s'y
livrer.
11 en est de l'esprit comme du corps. L'esprit d'un enfant est
toujours actif, et le maître doit profiter de cette activité, et
employer toute son influence à lui donner une bonne direction.
L'esprit d'un enfant s'occupe des sujets qui l'intéressent le plus.
Si le maître sait rendre intéressantes les choses que son élève
étudie, celui-ci leur consacrera toutes ses pensées. Mais si le
maître ne fait aucun effort en ce sens, ou si les efforts qu'il fait
ne sont pas couronnés de succès; si l'élève considère les leçons
et la classe comme des maux nécessaires, ou du moins comme
des maux qu'il est oblii(é de souffrir momentanément, vous
pouvez être assuré que l'esprit de cet élève s'exerce activement
sur des sujets complètement étrangers à ceux qui font l'objet
de votre enseignement.
Ainsi donc la première chose que vous devez vous proposer,
c'est d'intéresser vos élèves. Lorsque vous aurez atteint ce but,
vous serez sûr que leur attention ne sera pas distraite. Les
enfants aiment la science. 11 })eut se faire qu'ils n'aiment pas à
apprendre ce qu'ils trouvent dans les livres, mais ils aiment à
savoir. Ils aiment à apprendre tout ce qui est nouveau ou tout
ce qui a de l'attrait pour eux. Ils veulent apprendre.
Nous aurons beau faire, il faudra qu'ils apprennent quelque
chose, bon ou mauvais.
Puisqu'il en est ainsi, les instituteurs ne devraient-ils pas
faire tous leurs efforts pour empêcher le fruit que les élèves
cueillent à l'arbre de la science de se transformer pour eux en
poison? >'e devraient-ils pas essayer de donner à ce fruit toutes
les qualités propres à en faire une nourriture saine et forti-
fiante pour leurs élèves?
Certaines qualités sont nécessaires pour rendre un sujet inté-
ressant. Nul d'entre nous n'est insensible aux charmes de ce qui
est nouveau ou de ce qui nous est présenté d'une manière nou-
456 NORMAL SCIIOOLS.
velle. Mais le sujet le plus attrayant devient monotone si l'on
s'y arrête trop longtemps.
C'est là une loi de notre nature, qui s'applique surtout aux
enfants. Il suit de là que nous ne devons jamais perdre de vue
cette loi, lorsque nous développons un sujet devant notre
classe.
Un instituteur habile trouvera de nouvelles explications, 11
saura présenter d'une façon nouvelle les sujets qui pourraient
manquer d'intérêt pour ses élèves.
Il faut aussi que notre enseignement soit appro})rié à l'intel-
ligence de ceux que nous voulons instruire.
Un traité où l'on exposerait quelipes-unes des théories de la
philosophie morale n'aurait aucun intérêt pour des enfants de
la Prhnanj School, quand même l'exposition de ces théories
serait entièrement nouvelle. Il faut que la science qu'on
enseigne à l'élève soit telle, qu'elle puisse se rattacher à
quehjue autre science qu'il possède déjà : nous sommes obligés
de gravir la colline de la science pas à pas, nous ne pouvons
pas prendre notre essor et atteindre le sommet d'un seul coup
d'aile.
Nous répétons, en terminant, que tout ce qui est intéressant
pour un enfant ne manquera pas d'attirer son attention.
Nous pourrions donc abréger cette loi et dire que le devoir
des instituteurs consiste à rendre l'école et les devoirs de
l'école intéressants pour leurs élèves.
Éloïse B.
Ypsihuiti (Michigan.) — École normale de l'État.
8. — DE L\ DISCIPLINE OU DU GOUVERNEMENT DE l'ÉCOLE.
1. — A quelle forme de gouvernement appartient le gouver-
nement de l'école? Raisons.
Rép. — Le gouvernement de l'école est monarchique.
Puisque le père transmet au maître son autorité sur son enfant,
cette transmission doit être complète, et toute autre autorité
que celle du maître est inutile.
L'autorité du maître doit être; absolue, définitive et com-
plète en ce qui touche à l'instruction de Tenfant.
l'ÉDAGOGIE. 4-57
Si riiistruclioli n'était pas améliorée par la transmission de
l'autorité paternelle au maître, il serait inutile de confier plus
longtemps à ce dernier l'instruction des enfants. Ceux-ci pour-
raient s'instruire chez eux et acquérir autant de connaissances
que s'ils étaient entre les mains du maître. L'autorité du
maître doit être absolue, excepté dans quelques cas excep-
tiomiels. Lorsque le maître abuse de son autorité ou lorsqu'il
n'esl pas capable de s'acquitter convenablement de ses
devoirs, le père peut lui retirer son enfant.
11 faut que les élèves comprennent bien que l'autorité du
maître est définitive. Car, au moindre petit ennui, les élèves
demanderaient à leurs parents de les retirer de l'école. Ils
pourraient encore essayer de faire renvoyer le maître. Dans ces
cas le maître doit résister et bien montrer que son droit est
indiscutable. La forme monarchique est la meilleure pour
atteindre le but que l'on se propose. En effet, tous les élèves
sont soumis au maître, qui a ainsi entre les mains tous les
éléments du succès.
2. — D'où l'autorité dérive-t-elle ? Caractères qui en
résultent.
Rép. — L'autorité dérive du père. Elle est monarchique,
bienveillante et catholique. Puisqu'elle est bienveillante, elle
doit être indulgente dans tout ce qu'elle exige de l'élève. Il ne
doit exister dans l'école aucune distinction entre les enfants
des classes pauvres et ceux des classes riches. Lorsque les
enfants sont confiés aux soins de leur parents, cette distinction
existe. Le père qui appartient aux classes pauvres ne peut pas
instruire ses enfants, car, le plus souvent, il lui faut gagner
son pain quotidien et il n'a pas le temps de songer à leur
instruction. Le père (jui appartient aux classes riches confie
ses enfants à des précepteurs et à des institutrices qui ne
pourvoient à leurs besoins qu'autant que le veulent bien les
enfants eux-mêmes. Ils ne peuvent pas poursuivre jusqu'au
bout le but qu'ils se sont proposé au commencement, parce
que leur position dépend des parents, qui peuvent les congédier
s'ils refusent d'exécuter leurs instructions.
L'autorité étant catholique, met tout le monde de niveau et
devient universelle. Elle a égard à tous les sentiments et elle
s'exerce toujours avec bonté. Elle inspire aux élèves de la
bienveillance les uns pour les autres, elle les rend attentifs à
leurs études, et, sous son influence, ils se montrent bons et
prévenants pour leur maître.
458
NORMAL SCHOOLS.
3. — 0))stacles à vaincre.
Réponse :
I
Arridontcls.
Obstacles à vaincre
pour que le gou-
verneineut de l'é-
cole soit bon.
f Bâtiments.
Extérieurs. ] Cour de récréation.
' Emplacement.
(Cartes gcograplii-
ques.
inieneurs. \ Cartes marines
I Sphères.
l Tableaux noirs.
Organique.-!
Extérieurs.
Intérieurs.
de
Parents.
Administration
l'école.
Division en classes
d'après la force
des élèves.
Nombre des Pro-
fesseurs.
Nombre des jours
de classe.
Nombre des dépar-
tements.
Sociaux
{ De la part des parents.
De la part de la société propre-
ment dite.
De la part des fonctionnaires.
Les ob-stacles sont accidentels, organiques ou sociaux. Les
obstacles accidentels qui viennent de l'extérieur sont les bâti-
ments. 11 y en a qui sont trop étroits pour contenir les élèves.
Ils sont mal aérés. Le plan en a été mal tracé.
Souvent la cour de récréation est trop petite. Les enfants ([ui
demeurent près de l'école sont souvent forcés de rester dans
la salle de classe pendant les récréations, parce que la cour
est encombrée. Ceux qui demeurent loin prennent de l'exer-
cice en se rendant à l'école ou en retournant chez eux, ils ont
donc !noins besoin déjouer au grand air.
Les écoles sont souvent mal situées. Elles devraient être
placées dans un endroit central, afin qu'elles fussent plus facile-
ment accesssibles aux enfants de tous les districts et do tous
les quartiers.
Les obstacles accidentels intérieurs sont les caries, les
sphères, etc. beaucoup d'écoles ne possèdent pas un nond)re
PÉDAGOGIE. 459
suffisant de cartes, le maître ne peut donc pas indiquer aux
élèves la position des lieux dont il leur parle. Il n'y a pas de
sphères. Les enfants qui auront vu la forme du monde figurée
par une sphère retiendront plus facilement cette idée et feront
plus de progrès dans l'étude de la géographie.
L'absence des cartes marines et des tableaux noirs dans une
école est un grand obstacle. En effet, la moitié de l'instruction
se donne au moyen du tableau noir. Les progrès des élèves
se ressentent donc de la privation de ces objets.
Il arrive parfois que les parents vont se plaindre à l'admi-
nistration de quelque désordre qui a eu lieu dans l'école.
L'administration soutiendra le professeur s'il a bien agi, puis
elle fera voir aux parents qu'il a été obligé de faire ce qu'il a fait.
Les obstacles organiques intérieurs sont le système de divi-
sion en classes d'après la force des élèves, le nombre des pro-
fesseurs, des jours de classe et des départements. Beaucoup
d'enfants sont placés dans des classes trop fortes ou trop
faibles. La division en classes d'après la force des élèves remé-
die à cet inconvénient : ils se trouvent ainsi mis à la place qui
leur convient. On n'a pas assez de professeurs pour diviser
tous les élèves en classes d'après leur force. Le nombre des
départements est aussi trop restreint.
Les obstacles qui viennent des parents et de la société sont
semblables à ceux que nous avons appelés organiques exté-
rieurs. Les obstaclesqui viennent des fonctionnaires ou de l'au-
torité extérieure tendent à l'amélioration générale de l'école.
4. — Particularités de caractère, propres à l'enfant et à
l'adolescent, dont il faut tenir compte pour gouverner l'école.
Rép. — Les particularités de caractère propres aux enfants
et aux adolescents sont individuelles et générales, ou inhé-
rentes et contingentes. Les particularités de caractère indivi-
duelles sont celles qui regardent l'individu. Les particularités
de caractère générales sont celles qui ont une influence exté-
rieure. Les particularités inhérentes et contingentes peuvent
être divisées en particularités intellectuelles et particularités
physiques. Les premières sont la spontanéité, l'activité, le
défaut de méthode et le défaut de persévérance. Les secondes
sont la gymnastique, la turbulence et le besoin de mouvement.
Les particularités générales sont le mélange des sexes et le
caractère hétérogène des élèves.
Spontanéité. L'esprit de l'enfant est toujours actif, éveillé et
prêt à recevoir l'instruction. On retient toujours beaucoup
460 NOliMAL SCIIOOLS.
mieux tout co qui se présente à l'esprit spontanément que ce
qu'on a api)ris par une longue étude.
Activité. L'enfant regarde attentivement tout ce qui se passe
autour de lui. Son esprit aura l'activité que l'on remarque dans
son corps.
Objectivité. Ce que l'enfant retient le mieux, c'est ce ((u'il
perçoit par la vue ou par tout autre sens.
L'observation fait faire de grands progrès à l'enfant.
Défaut de méthode. Les enfants ne font rien méthodique-
ment ; il faut qu'on leur apprenne à agir ainsi. Il faut donc
que le maître fasse tout avec méthode dans sa classe.
Défaut de persévérance. Ce défaut se manifeste dans leurs
éludes et dans leurs autres actions.
La principale particularité physique de caractère est la gym-
nastique. Il faut modérer les exercices gymnastiques à l'école
selon les individus. Par exemple, dans une école de campagne
011 les enfants ont à faire deux ou trois milles pour aller à
l'école ou pour retourner chez eux, il ne faut pas exiger qu'ils
fassent des exercices de gymnastique, qu'ils sautent, qu'ils
courent. Dans la ville, lorsque la cour de récréation est petite
et que les élèves demeurent près de l'école, ces exercices sont
très-utiles, parce qu'ils donnent de la force et de la souplesse
au corps et qu'ils amusent l'enfant.
Le mélange des sexes. Les uns pensent qu'il vaut mieux sé-
parer les élèves et mettre les garçons d'un côté et les lilles de
l'autre dans la même école. Les autres croient qu'il est préfé-
rable de les mettre ensemble dans la même salle, sous la sur-
veillance de la même personne, parce que, disent-ils, les enfants
se modifient les uns par les autres. Peut-être la plus grande
punition que l'on pourrait infliger à. une petite lille serait-elle,
à un certain moment, de la forcer à s'asseoir près d'un petit
garçon. Mais comme les enfants ont été habitués à ce voisinage,
ils ne le regardent pas comme une punition. Dans beaucoup de
cas, il vaut mieux que la personne qui tient l'école soit une
femme, parce que les petits garçons seront plus polis avec elle.
Le gouvernement de l'école s'applique aux adolescents aussi
bien qu'aux enfants, mais il faut l'exercer d'une autre façon :
on doit moins se préoccuper du résultat de la leçon que de la
discipline de l'élève.
5. Discuter quelques-uns des principaux éléments du gou-
vernement de l'école pris en soi.
Rép. — Le premier élément est l'ordre, qui comprend l'arran-
l'ÉDAGOGIE. 461
gement et la direction. L'ordre est la direction de l'école
d'après les indications du maître, pour obtenir les meilleurs
résultats. L'arrangement est cette partie de l'ordre qui com-
prend la disposition méthodique des récréations, des études,
des heures, etc. La première condition de l'arrangement, c'est
qu'il soit simple. Le maître doit disposer l'école de telle sorte
que les élèves puissent voir et comprendre. Le maître doit
agir franchement dans tout ce qu'il fait, il ne doit employer
aucun détour. La direction est cette partie de Tordre qui com-
prend l'exécution complète du système d'arrangement qui a
été adopté. Dans la direction, le maître doit agir sans aucune
hésitation et faire agir les élèves de même. Il doit être calme,
maître de lui, et avoir beaucoup d'entrain.
6. Quelle est la limite de l'autorité de l'école sur les enfants ?
Rép. — Le maître a autorité sur les élèves tant qu'ils sont
dans l'école ou dans ses dépendances. Le maître n'a pas auto-
rité pour punir les fautes commises hors de l'école, mais il
peut en parler à ceux qui les ont commises et les engager ta ne
pas recommencer.
7. Distinction entre ordre et discipline.
Rép. — L'ordre est mécanique. La discipline est le résultat
du développement moral de l'élève. L'ordre a pour élément la
rectitude; la discipline a pour élément l'ordre.
L'ordre est la direction des affaires de l'école, d'après les
indications du maître, pour assurer les résultats convenables.
La discipline est cette partie du gouvernement de l'école qui a
pour but d'assurer au maître l'autorité nécessaire pour pro-
duire le développement moral.
8. Tableausynoptique des éléments contenus dansla discipline.
Rép :
^ Modération.
Législative. ! Exigence..) JJ^turel.
" ' - '' I Rondeur.
\j Fermeté.
I ! Conviction. ^
nisrinlinp Judiciaire.. ] Jugement..) Investigation.! Témoignage.
^ P^'"'-;^ (Décision. j Circonstances.
(/ Simple.
Témoignage..) Multiple.
( Simultané.
f Détail \ Accidentel.
V i Circonstancié.
■Hj^l NORMAL SCHOOLS.
U. Discutoz les caractères généraux da témoignage et les
qualités requises des témoins.
Rép. — Le témoignage doit être immédiat et circonstancié.
Le témoin doit avoir l'âge voulu pour témoigner. Il doit con-
naître tous les faits. Il ne doit pas être indisposé contre le
coupable.
lu. Des récompenses et de leur rôle.
Rép. — Les récompenses qui sont légales et utiles dans les
écoles sont celles qui sont la conséquence des efforts faits par
les élèves.
Alice B.
Mihvaukec (Wisconsin). — Normal doparlmoiit.
9. — PHILOSOPHIE MENTALE.
Marche à suivre dans l'éducation pour arriver à un développement
harmonique des facultés.
La première faculté à développer est la îiicuhé présentative
qui doit servir de base à tout le reste. En elïet, pour savoir il
faut observer, et pour retenir il faut acquérir.
Dans les classes du degré inférieur, c'est au moyen des
leçons de choses que l'on cultive cette faculté. Elle est égale-
ment cultivée dans les classes de tous les degrés au moyen de
l'enseignement objectif.
Ensuite vient la mémoire, faculté reproductive. Il serait
inutile pour nous d'acquérir si nous ne pouvions pas retenir;
et ce serait en vain que nous retiendrions si nous ne pouvions
pas reproduire.
On cultive la mémoire en l'exerçant, en la forçant à retenir
les morceaux de prose et de poésie qu'on lui a confiés. On peut
encore cultiver cette faculté en prêtant une grande attention
au sujet dont on s'occupe, en s'y intéressant, et en l'associant
à d'autres objets. L'étude de l'histoire, de la géographie et du
calcul développe la mémoire.
Pour que ce que nous avons retenu puisse nous servir, il
faut que nous puissions le reproduire et le représenter.
i'our reproduire une chose, il faut l'avoir considérée avec
beaucoup d'attention, sous toutes ses faces, l'avoir bien gravée
dans son esprit en l'associant avec quelque autre chose.
PÉDAGOGIE. 463
V imaginai ion ou la faculté représentative vient après la
faculté reproductive.
Dans les leçons de l'école, on devrait attacher moins d'impor-
tance au travail mécanique, afin que les enfants pussent donner
à leurs pensées un plus libre essor.
On cultive l'imagination en étudiant la nature et les ouvrages
d'imagination, en écrivant de petites compositions fictives, en
écoutant ou en faisant de petits contes.
L'histoire, la littérature et les études qui demandent du
goût, par exemple, la musique, le dessin, la peinture, la poésie,
la sculpture et les autres beaux-arts, développent l'imagination.
L'étude des sciences et des mathématiques développe la
faculté élaborative qui comprend les classifications, les géné-
ralisations et le raisonnement. Les études qui, reposant sur
des lois bien établies ou sur des faits dûment constatés, ne
laissent que peu de place à l'originalité et à l'imagination,
aident puissamment à développer cette faculté.
Le cours d'études doit tendre à cultiver toutes les facultés
et à les développer dans leur ordre naturel.
Mary G.
Cincinnati (Ohioj. — École normale municipale.
10. — DES PUNITIONS.
La punition est une peine infligée à celui qui a commis une
faute. Elle doit être proportionnée à la faute commise. Dans
un sens général, la punition a pour objet de protéger la so-
ciété et tous ceux qui en font partie de toute espèce de dom-
mage, et d'en assurer le développement moral et religieux.
A l'école, la punition a pour objet de réformer celui qui a
commis une faute et de le faire servir d'exemple aux autres
pour qu'ils ne commettent pas la même faute. On peut diviser
les punitions de l'école en deux grandes classes : le châtiment
corporel et les réprimandes. Le châtiment corporel est une
punition qui afl^ecte le corps. Elle existe actuellement dans nos
écoles, mais c'est l'espèce de punition La plus odieuse qu'on
ait jamais inventée. Elle outrage l'enfant au physi([ue et au
moral. (Quoique cette punition n'ait pas toujours été suivie de
blessures graves, ce cas s'est présenté cependant assez sou-
vent pour justifier ce que nous avançons.
i04 NORMAL SCIIOOLS.
L'outrage fait au caractère moral de l'enfant par ce châti-
ment est très-grand. C'est une honle pour lui d'être ainsi puni
devant ses camarades, et cette punition lui inspire de la liaine
pour la Maîtresse et pour lui-même (1), 11 perd tout respect
pour lui-même, et alors tout est perdu. S'il ne se met plus en
défaut, c'est plutôt par crainte de la douleur que par un désir
de bien faire. Quinlilien considérait le châtiment corporel
connue « un signe de négligence et d'indolence de la part du
Maître ». Locke l'appelait un instrument de « châtiment expé-
ditif au(juel a recours un Maître indolent » (2), et il pensait
qu'on ne devait l'employer que dans « les cas extrêmes de
méchanceté, d'entêtement et de mensonge >.
Nous espérons qu'il viendra un moment oîi ce mode de châ-
timent sera complètement banni de nos Écoles, et oii il ne sera
pas laissé à la discrétion des Maîtres, car beaucoup y ont
recours à toute occasion comme le moyen le plus court de
triomplier d'un enfant.
Réprimandes. En faisant une réprimatule, la Maîtresse
doit s'adresser à la raison de l'enfant, faire appel à son hon-
neur, et s'efforcer de lui inspirer le désir de bien faire. Les
réprimandes peuvent être particulières ou publiques. Chez la
plupart des enfants, une réprimande particulière faite par la
Maîtresse pourrait produire le meilleur effet; mais lorsqu'on
fait une réprimande, il faut avoir égard au caractère de l'en-
fant. Avec un enfant d'un caractère fier et sensible, une répri-
mande publique serait presque fatale, tandis qu'elle serait
absolument nécessaire avec certains naturels pour leur faire
sentir la honte. Une Maîtresse doit s'efforcer de punir le moins
(1) Les écoliers anglais n'ont pas toujours partagé cet avis :
« Chose étrange, le fouet n'est pas impopulaire dans les écoles
d'Angleterre. Il y a cinquante ans, à Charterhouse, les élèves, appre-
nant qu'on voulait le remplacer par une amende, se révoltèrent aux
cris de : « A bas l'amende, vive le fouet! » et le lendemain refirent
connaissance avec leurs verges bien-aimées. (H. Taine. Notes sur
V Angleterre, chap. iv.)
(2) The usual, lazy and short way by chastisement, and the rod,
which is the only instrument of government that Tutors ^'enerally
know, or ever think of, is the most unfit of any to be used in
éducation and therefore very rarely to be applicd, and that only
in greal occasions and cases of extremity. (J. Locke, Some thoughts
concerning Education, gg 4.7 et 5i', édition de Londres, 1772.)
[Note s (lu Traducteur.)
PÉDAGOGIE. 465
possible. Elle doit se proposer d'inspirer à ses élèves l'amour
de l'étude et l'amour de l'école. Si elle les punit continuelle-
ment, elle leur inspirera la haine de ces deux choses. Goménius
pensait que « aucune punition ne doit être mêlée à l'enseigne-
ment )). Je ne suis pas de son avis, mais je crois que lors-
(|u'une Maîtresse juge à propos d'y avoir recours, elle doit user
d'une rrrande modéi'ation.
Dayton (Ohio). — École normale municipale.
Clara B.
11. — LEÇONS DE CHOSES.
(Questions d'examen.)
1. Quels sont les principaux résultats que l'on doit reclier-
cher dans les leçons de choses?
Rép. — Fortitier et cultiver l'intelligence en présentant à
l'esprit des données sur lesquelles il puisse s'exercer. Inté-
resser les enfants et éveiller leur activité personnelle. Rendre
le sujet de l'instruction plus clair et plus agréable à l'enfant.
Développer la faculté du discernement dans son esprit. Forti-
fier et développer la perception, la conception. Apprendre à
l'enfant à tirer des conclusions et à porter des jugements en le
conduisant pas à pas. Lui apprendre à observer, à faire des
comparaisons, et enfin l'amener à la classification.
2. Quels principes d'enseignement doit-on suivre pour ren-
dre la leçon utile et profitable?
Rép. — Il y a certains principes auxquels on doit se con-
former pour rendre une leçon de choses utile et profitable.
1° La Maîtresse ne doit s'occuper que d'une seule chose à la
fois. Si elle s'occupe de plusieurs choses à la fois, elle jette de
la confusion dans l'esprit des enfants. Ils ne voient pas un seul
point se détacher clairement et distinctement de tous les au-
tres. La leçon ne leur rapporte donc aucun profit.
2° 11 faut apprendre peu de choses aux enfants à la fois.
3° Il faut répéter souvent et former dans l'esprit de l'enfant
une association d'idées.
i" La Maîtresse doit aller du connu à l'inconnu.
5" Elle doit aller de ce qui est près à ce qui est éloigne.
6*^ Du simple au composé.
30
466 NORMAL SCIIUOLS.
7« Du concret à l'ahslrail. •
S" La iMaîIresse ne doit pas dire ù l'onfant ce ([u'il peut
rouver par lui-même.
9° La Maîtresse doit poser les questions très-clairement et
sans aucune hésitation.
10" L'idée doit précéder le mot qui l'exprime.
1 1° 11 faut conduire et non pas porter l'enfant.
3. Pourquoi la plupart des leçons de choses n'atteignent-elles
pas leur but?
Ixéi). — Il y a plusieurs raisons :
1" La Maîtresse ne montre pas assez d'énergie.
2" La Maîtresse ne sait ni enthousiasmer, ni intéresser les
enfants.
3° La Maîtresse ignore ou viole les principes sur lesquels
repose l'art de l'enseignement. Alors les élèves ne font pas de
progrès. La Maîtresse se décourage, car voyant tju'elle ne peut
pas intéresser sa classe, elle cesse de l'essayer en se disant
qu'il est impossible d'y parvenir.
4° Beaucoup de Maîtresses ne comprennent pas toute llm-
portance des leçons de choses, ni les avantages qu'on peut en
retirer; en conséquence, elles n'y apportent pas tous leurs
soins.
5« Il y a des Maîtresses qui entreprennent de faire des
eçons de choses sans savoir quel but elles doivent se proposer
d'atteindre: leur enseignement ne porte nécessairement aucun
fruit.
6" Souvent la Maîtresse choisit des sujets qui n'ont aucun
intérêt pour l'enfant et qu'il ne peut pas com}»rendre.
/j-. Pourquoi doit-on faire des leçons de forme, et dans quel
ordre doit-on les faire?
Rép. — On doit faire des leçons sur la to me des choses,
parce que c'est la forme des choses qui frappe tout d'abord
l'enfant. Un cours complet de leçons sur la forme des choses
peut seul développer toutes les facultés intellectuelles de Ten-
ant : la perception, la conception, la mémoire, le jugement,
l'imagination, le discernement, le raisonnement et la classifi*
cation. Commencez par les points et par les lignes, ensuite
vous passerez aux choses plus complexes, bn effet, lorsqu'on
commence une étude, il faut d'abord s'occuper de ce qui est
simple et facile ; on passe ensuite à ce qui est difficile et
complexe.
Dans les leçons sur la forme des choses, commencez par les
PÉDAGOGIE. 467
points, puis passez aux lignes droites dans dilférenles positions,
aux lignes courbes, brisées, parallèles. Vous étudierez ensuite
le carré, les figures oblongues dans leurs diverses positions,
les triangles, le triangle rectangle, acutangle, obtusangle dans
ses diverses positions. Puis vous passerez au cercle, au dia-
mètre, à la circonférence, aux surfaces planes et courbes, aux
solides: cubes, boules, cylindres, cônes, spliéras, enfin à toutes
les ligures géométriques que l'on rencontre dans le dessin.
5. Indiquez une méthode pour enseigner les angles.
Rép. — Lorsque les élèves ont étudié les lignes horizontales
et verticales, prenez deux bâtons que vous joindrez de telle
sorte que l'un soit perpendiculaire à l'autre. Vous pouvez rem-
placer les bâtons par les ardoises des élèves. Si vous demandez
aux élèves comment s'appelle l'espace compris entre les deux
bâtons placés dans cette position, ou entre le côté horizontal et
le côté perpendiculaire de leurs ardoises, ils répondront pro-
bablement que cela s'appelle un coin. S'ils ne peuvent pas
trouver un autre mot, le Maître leur dira que ces coins-là s'appel-
lent des angles. Il leur demandera ensuite de lui indiquer un
angle dans la salle. Lorsque les élèves auront prouvé qu'ils
reconnaissent un angle à la vue, le Maître pourra en tracer sur
le tableau et en faire tracer par les élèves sur leurs ardoises.
Le Maître doit enseigner aux élèves qu'un angle peut avoir
toutes les positions. Un livre suffira pour enseigner les angles
droits, aigus et obtus. On l'ouvrira d'abord de manière à for-
mer un angle droit ; on le fermera un peu pour former un
angle aigu, en indiquant la différence entre ces deux angles :
l'un est plus petit que l'autre. Pour l'angle obtus, ouvrez la
couverture du livre plus que vous ne l'avez ouverte pour l'angle
droit. Demandez aux élèves la différence qu'il y a entre l'angle
obtus et l'angle droit. Us répondront que le premier est plus
grand que le second, et ils diront peut-être qu'il n'est pas
pointu (1). Alors on pourra leur apprendre le terme géomé-
trique obtus, s'ils ne le trouvent pas tout seuls.
6. Qu'est-ce qui doit déterminer l'espèce de leçon de choses
que l'on doit faire à une classe ?
Rép. — L'âge des enfants : l'enseignement approprié à une
classe ne conviendrait pas à une classe plus avancée. 11 faut
aussi considérer le degré d'intelligence des enfants : les uns
sont naturellement bien doués, les autres ont une intelligence
(1/ Texte : It is blunt, littéralement : il est émouSsé, obtus.
468 NORMAL SCIIOOLS.
lenle et paresseuse. L'intérêt témoigné par les enfants indi(iue
le genre d'instruction qui leur convient.
7. — Quels sont, au point de vue de la pratique et de l'éduca-
tion, les avantages de renseignement de la couleur?
Rép. — Il est important d'étudier la couleur, parce qu'il n'est
guère d'occupation qui n'en nécessite pas l'emploi. Elle est
très-nécessaire à l'artiste, au peintre, au teinturier, au com-
merçant, au photographe, au chimiste, etc. Les drapeaux de
différentes couleurs sur les voies ferrées, les feux de couleur
sur la côte, à bord des navires, dans les phares, sont autant de
signaux destinés à indiquer un endroit sûr ou un endroit dan-
gereux. Il faut que la signification des couleurs employées soit
bien comprise par ceux qui ont affaire dans ces endroits. Beau-
coup d'accidents sont arrivés sur les chemins de fer à des per-
sonnes qui ne savaient pas distinguer la couleur des signaux
ainsi employés. Il y a beaucoup de personnes qui ne peuvent
pas distinguer les couleurs primitives. Elles prennent le vert
pour le rouge, et réciproquement. Elles ne voient pas les
couleurs, et une étude de la couleur diminuerait beaucoup
cette espèce de cécité. Les personnes dont l'oreille n'a pas été
cultivée peuvent remédier à ce défaut par l'éducation. Pour-
quoi, en exerçant l'œil de la même manière, ne parvien-
drait-on pas à triompher de la cécité dont nous parlons?
L'étude de la couleur est utile, parce que, en exerçant l'œil,
elle le rend plus propre à distinguer les objets. Une étude con-
venable de la couleur développe le goût de l'élève. Elle lui
enseigne à distinguer entre les couleurs celles qui se marient
ensemble et celles qui font contraste. Elle lui apprend à ne pas
employer les couleurs qui produisent un éclat trop voyant et de
mauvais goût. L'étude de la couleur a aussi de l'influence sur
l'imagination.
8. Indiquez une méthode pratique pour enseigner les teintes
foncées et les teintes claires de la couleur.
Rép. — Avant d'enseigner à un élève les nuances et les
teintes, il faut qu'il connaisse bien les couleurs primitives qui
servent à former les autres. Pour enseigner la teinte foncée,
prenez le rouge, par exemple. Vous tracez sur le tableau une
ligne rouge avec cle la craie de couleur; l'élève pourra dire
que c'est du rouge. Tracez alors une autre ligne rouge que
vous recouvrirez de noir, de telle sorte que le rouge de cette
ligne paraisse plus foncé que celui de la ligne précédente : les
élèves diront alors que l'une des couleurs est plus sombre que
PEDAGOGLE.
469
l 'autre, ou bien que l'une est soml)re et que l'autre est claire.
Pour développer l'idée de comparaison, tracez sur le tableau
deux lignes, dont l'une sera plus longue que l'autre : vous ferez
ainsi concevoir aux élèves l'idée d'une ligne plus longue ou
plus courte qu'une autre. Vous leur direz ensuite que l'une
des lignes étant plus foncée que l'autre, parce qu'on a mêlé du
noir au rouge, on dit que la première est une teinte foncée. On
peut employer plusieurs couleurs pour expliquer ce point. On
tracera ensuite sur le tableau une autre ligne rouge, que l'on
rendra plus claire en y ajoutant du blanc : les élèves diront
que cette ligne est plus claire que la première. Alors on leur
(lira, s'ils ne le savent pas, que les couleurs rendues ainsi plus
claires par l'addition du blanc s'appellent des teintes claires.
On pourra répéter cette expérience en employant d'autres cou-
leurs que l'on mêlera avec du blanc.
9. Donnez une classification de la couleur que l'on puisse
enseigner dans les Écoles de Districts.
Rouge pur 1 Carmin.
Teintes foncées.
Marron.
Cramoisi.
Magenta.
Grenat.
Vénitien.
Rouge.
Bleu
f Écarlate.
Teintes moyennes...) Vermiiion,
I Crète de coq.
\ Couperosé.
( Couleur cToeillel.
Teintes claires ) Rose.
( Incarnat.
Bleu pur 1 Bleu d'outre-mer.
/ Indigo.
Teintes foncées ^ Mazarine.
I Bleu de Prusse.
\ Bleu prune.
f Cobalt.
Teintes moyennes...) Turquoise.
/ Bleu de France.
i' Bleu clair.
Teintes claires j Bleu d'azur.
f Bleu de ciel.
470
Jaune
Orange,
Veht ,
Pourpre
Bru:<.
Teintes movenncs.
Teintes claires.
NORMAL SCHOOLS.
/ Jaune pur [ Jaune de chrome
rointes foncées f •'^^u'^e foncé.
( J;iunc si'fran.
Jaune soufre.
Jaune d'or.
Jaune serin.
Jaune citron.
\ Ocre.
Jaune paille.
Jaune primerose.
Jaune filasse.
{ Gris d'ardoise.
Gris ) ^'''^ perle.
i Gris français.
\ Gris d'acier.
' Orange pur j Orange.
I Teintes foncées ( Ambre.
I l Clîène.
I Teintes moyennes... ( Saumon.
l Chamois.
V Teintes claires I Café au lait.
Vert pur | Vert pré.
Teintes foncées ( Olive.
t Vert bouteille.
( Émeraude.
Teintes moyennes... pojs ^ert.
( Vert de mer.
Teintes claires ^ ^'«^l't de béryl.
/ Vert thé.
Pourpre pur | Pourpre.
Teintes foncées \ Pourpre royale.
Teintes moyennes.
Teintes claires.
l Amarante.
Violet.
Mauve.
Améthyste.
Lavande.
Lilas.
/ Brun pur | Brun.
\ / Terre d'ombre.
Teintes foncées hf^^'f?'"
/ I Chocolat.
' ( Brun puce.
. PÉDAGOGIE. 471
/
Teintes moyennes
Châtain.
Roux.
Noisette.
Vin de Bordeaux
Bkln / \ Tabac à priser.
Teintes claires.
' Brunette.
\ Pierre.
i Drap brun.
' Brun clair.
Blanc
i Argent.
J Lait.
I Perle.
\ Blanc pur.
10. Qu'est-ce qui doit déterminer en général la méthode
d'enseignement?
Rép. — La méthode d'enseign^^ment est déterminée par la
nature de l'esprit qui doit le recevoir. Si les facultés de cet
esprit sont encore très-peu développées, on peut employer Ja
méthode qui consiste à faire des questions très-simples, en
passant très-lentement du simple au composé. Si l'élève est
très-intelligent et s'il saisit rapidement, le Maître devra aller
plus vite et exiger plus de l'élève.
Il y a des méthodes qui développent une faculté plutôt qu'une
autre; aussi, lorsque l'on commence à instruire un enfant,
doit-on s'informer de la faculté intellectuelle qu'il est nécessaire
de développer. La méthode doit être choisie en conséquence.
Il faut employer des méthodes différentes pour enseigner des
sujets différents.
JULIA K.
Mihvriukee (Wisconsin). — Normal department.
12. — LEÇONS DE CHOSES.
Il y a plusieurs années, lorsque, pour la première fois dans
l'enseignement, on émit l'idée de faire servir le monde maté-
riel à former dans l'esprit des enfants la grande fondation et
le grand édifice de toute science, cette idée fit sourire. On
n'avait que du mépris pour une innovation qui paraissait si
peu importante, et on la traitait d'absurde.
Les partisans de l'ancienne méthode d'enseignement n'avaient
472 NORMAL SCHOOLS.
ni assoz d'énergio, ni assez d'amour pour la science, pour voir
l'importance des noml)reux avanta.^es d'une instruction ainsi
donnée au moyen du mondi; matéiiel. Ils prirent, fort peu
de peine pour découvrir ce que la nouvelle méthode pouvait
avoir de bon, et ils déclarèrent qu'elle ne tarderait pas à
échouer. Pour eux, il était inutile de présenter la science
d'une manière concrète, comme on peut le faire au moyen des
choses elles-mêmes, et ils continuaient à enseigner de la ma-
nière la plus âpre et la plus abstraite.
.Semblable à la petite fleur du printemps qui boit avide-
ment la première goutte de rosée du matin, l'esprit de l'enfant a
soif de tout ce qui peut fortifier, orner et cultiver ses facultés
intellectuelles.
C'est dans la jeunesse (jue les facultés au moyen desquelles
nous percevons directement les objets du monde matériel, sont
le plus vives et le plus actives.
Etant donnée cette activité qui se manifeste dans certaines
facultés de l'esprit, il est bien évident que chaque maître devrait
être pénétré de l'importance qu'il y a pour lui à employer une
bonne méthode pour faire naître, fortifier, développer et culti-
ver ces facultés de l'esprit humain.
Parmi toutes les méthodes, la plus pratique et la plus con-
crète est celle qui consiste à faire des leçons de choses. Car,
dans la nature, c'est par les sens que nous connaissons direc-
tement les objets. Pour fortifier et développer ces facultés
intellectuelles, il faut que le maître comprenne bien sur quoi
et avec quoi il travaille. Il travaille sur un instrument bien
délicat, auquel on peut faire rendre des sons très-harmonieux
ou très-discordants. Si le maître emploie la méthode convenable
pour introduire la science dans l'esprit, pour l'arranger et pour
la classer, il aura le plaisir et la satisfaction de voir régner
une merveilleuse harmonie dans les différents degrés par les-
quels passera l'esprit du jeune enfant. Si, au contraire, on n'a
})as égard aux aptitudes du jeune esprit, si on lui présente
l'abstrait avant le concret, les connaissances ainsi acquises par
l'enfant ne seront qu'une masse confuse de faits n'ayant aucun
rapport, aucune liaison avec les choses qui lui sont familières.
Dans la jeunesse, les sens sont très-vifs, et un enfant peut
apprendre, pendant qu'il est tout jeune, beaucoup de choses
sur les objets elles faits qui se présentent tous les jours à ses
yeux.
Le maître ne peut pas ignorer que la lecture, l'écriture.
PÉDAGOGIE. 473
J'arithmétique et les autres branches de l'enseignement ordi-
naire ne constituent pas la seule base de l'éducation élémen-
taire. Il doit voir que les faits nombreux appris par les élèves
pendant les leçons de choses forment une partie, et une partie
très-importante de leurs connaissances.
Dans les leçons de choses, le maître ne doit pas se proposer
pour unique objet d'entasser des connaissances dans l'esprit
des enfants pour les y laisser dormir jusqu'à ce que le hasard
en nécessite l'application. Il doit tout d'abord se proposer un
but plus élevé, celui de cultiver toutes les facultés de l'enfant.
Avec un esprit encore jeune, il faut commencer par la percep-
tion au moyen des sens. C'est ce que le maître fera en attirant
l'attention de l'enfant et en l'arrêtant sur les différentes pro-
priétés des choses que l'on peut découvrir par les sens. Le
plus souvent i'eijfant pourra nommer ces propriétés en voyant
l'objet. Par exemple, à la vue d'une pierre, il pourra dire
qu'elle a la propriété d'être ronde; il découvrira aussi qu'elle
est lourde, qu'elle a des dimensions, et beaucoup d'autres
propriétés trop nombreuses pour que nous les nommions
ici. Il y a cependant des propriétés qu'il ne peut pas décou-
vrir aussi facilement. Que le maître se garde bien d'ap-
prendre à l'enfant ce que celui-ci ne peut pas apercevoir du
premier coup d'œil : il commettrait une très-grande faute. Il
doit attendre que l'enfant ait fait tout son possible pour décou-
vrir la propriété en question ou toute autre chose qu'on veut lui
apprendre. Alors le maître devra employer toute son habileté
et tout son tact pour mettre l'enfant sur la voie. Si, malgré
toutes ces précautions, l'enfant ne peut pas arriver où on veut
l'amener, alors le maître pourra lui nommer la chose claire-
ment et distinctement. Il aura soin de lui faire répéter plu-
sieurs fois ce qu'il lui a dit afin que l'impression se grave plus
profondément dans son esprit.
Si nous jetons un coup d'œil sur les enfants qui nous en-
tourent, nous verrons qu'ils exercent sans cesse cette faculté
de percevoir par les sens. Ils voient telle ou telle propriété
d'une chose. Le sens du toucher leur apprend que telle
chose est rude, dure ou lisse. Leurs autres sens leur en
apprennent les autres propriétés. Cet exercice continuel de
leur activité prouve très-clairement à l'observateur que l'édu-
cation intellectuelle se fait par la perception au moyen des
sens.
La culture et le développement de cette faculté transforme
474 NORMAL SCHOOLS. •
un enfant qui paraissait dépourvu d'intolligenco en un petit
être actif, éveillé et plein d'animation. A l'appui de ce que
j'avance je citerai un fait jiersonnel.
Un enfant qui paraissait avoir douze ans, avait été déclaré, par
les maîtres cpii l'avaient eu jusqu'alors dans leurs classes, inca-
pable de rien ap})rendre. Us le regardaient même comme un
imbécile, expression peu élégante et qui ne lui convei\ait pas du
tout. Lorsque je fus chargé delà classe dont il faisait partie, je
m'intéressai vivement à cette classe. Comme je n'avais pas encore
fait de leçons de choses, je passais tous les jours beaucoup de
temps à préparer ma leçon avant de paraître dans la classe. Je
découvris bientôt que tous les élèves avaient été habitués à ré-
pondre ensemble aux nombreuses questions qu'on leur posait. Je
remarquai aussi qu'il n'y avait qu'un petit nombre d'élèves qui
répondaient. Les autres comptaient sur eux et les imitaient dans
leurs réponses. Le remède fut bientôt trouvé : je désignai de la
main ceux qui devaient répondre tout haut. Par ce moyen je réta-
blis l'ordre et je forçai les élèves à être attentifs. Le premier jour
j'appelai l'enfant dont j'ai parlé. 11 ne voulut pas répondre. Je lui
})arlai avec douceur et je le priai de se lever. Je pensais que si
je réussissais à le faire lever, je pourrais l'amener à me dire
({uelque chose sur l'objet que je lui montrais. Il me regarda
d'un air ébahi, et jene pus pas en tirer autre chose. Ne vou-
lant pas attirer sur lui l'attention de toute la classe, je lui dis
d'être bien attentif à ce qu'on allait dire. J'ajoutai que le len-
demain je lui demanderais de me nommer quelques-unes des
qualités de l'objet qui auraient été découvertes par ses cama-
rades. Le lendemain lorsque j'entrai dans la classe, je n'étais
pas très-sùr de mon succès. Après avoir fait diverses questions
à la classe entière, je dis : Eh bien, Henri, que pouvez-vous
nous dire sur notre leçon d'hier? Il parut vouloir dire quelque
chose, mais la timidité l'arrêta. Encouragé par son air, je lui
dis de se lever. Il obéit, mais avec beaucoup de lenteur. Après
lui avoir posé plusieurs questions je réussis à lui faire dire
deux choses différentes sur la leçon précédente. Depuis ce
moment il fit des progrès. Ces progrès n'étaient pas assez sen-
sibles pour être remarqués par toutes les personnes qui le
voyaient, mais, en l'interrogeant tous les jours avec les autres
élèves, je m'apercevais qu'il était plus animé, plus actif, et lors-
qu'il me fallut quitter ma classe, je pus me dire que les
facultés intellectuelles de cet enfant s'étaient fortifiées et déve-
loppées.
PÉDAGOGIE. 475
Pour réussir dans les leçons de choses, il est nécessaire de
préparer soigneusement ces leçons. Lorsque le maître paraît
devant ses élèves, il doit avoir si bien tracé le plan de son sujet
dans son esprit, qu'il sache parfaitement tout ce qu'il doit
dire.
C'est ce genre de leçons qui nécessite l'étude la plus atten-
tive. Le maître est livré à ses propres ressources, et si, comp-
tant trop sur ses forces, il n'a pas préparé la leçon sur le sujet
qu'il doit traiter, il pourra bien éprouver des sentiments sem-
blables à ceux d'un homme qui se trouverait jeté sur l'océan
sans guide, n'ayant aucun port en vue, et qui s'accrocherait
tantftt à un objet, tantôt à un autre sans rien voir bien distinc-
tement.
C'est à l'absence d'études sérieuses et de préparation conve-
nable qu'il faut attribuer la plupart des échecs qu'on a éprouvés
dans les leçons de choses.
En effet, rexperience a démontré qu'un sujet qui n'est pas
préparé est généralement traité d une manière vague, diûuse
et légère. Un sujet bien préparé, au contraire, est traité d'une
manière claire, animée, et produit tout son effet.
Lorsque le sujet est bien déterminé, le maître est prêt à
relever les erreurs, à faire remarqueras omissions, à soumettre
à l'investigation de ses élèves les points les plus difliciles, et à
les conduire, par une série de questions savamment graduées,
au but oîi il veut les amener.
Quant à la matière d'une leçon de choses, elle doit être
telle que l'élève puisse toujours la comprendre tout entière
après la leçon.
Une des fautes que l'on commet le plus ordinairement dans
les leçons de choses, consiste à choisir des matières trop dftî-
ciles pour l'esprit des jeunes enfants. L'enfant ne peut avoir
alors qu'une idée confuse du sujet. C'est pour lui quelque chose
de lointain qu'il ne voit qu'imparfaitement, et que son esprit,
qui n'est pas encore développé, ne peut ni saisir, ni retenir. Il
est vrai qu'il pourra apprendre quelque chose sur les objets
qu'on lui présente, mais ces notions lui seront données en des
termes si abstraits qu'elles n'auront pas pour lui plus de sens
que s'il ne les avait jamais eues.
L'esprit d'un enfant ne s'intéresse pas à ce qui est abstrait.
Pour éveiller le goût et l'amour de l'étude, il faut que la ma-
tière soit présentée de la manière la plus concrète. Que le
maître conduise l'élève dans les vastes champs de la nature,
i7G NORMAL SCHOOLS.
(jn'il lui fasse traverser les gorges, les vallons, les forêts; qu'il
lui montre cà et là des rochers menaçants, des torrents qui se
précipitent avec bruit. Dame Nature nous montre beaucoup de
choses propres à guider l'esprit vers des pensées plus nobles
et plus pures. C'est en contemplant les œuvres splendidesde la
nature que l'homme éprouve ces impulsions intimes qui élèvent
son âme vers Celui qui est le créateur et le bienfaiteur de toute
l'humanité. Sa miséricorde inhnic et son affectueuse tendresse
veillent toujours sur nous. En contemplant les œuvres de Dieu,
Jans leur grandeur et dans leur sublimité, nous voyons sa ten-
dresse et sa bonté infinies, et nos idées du vrai, du beau et du
bon s'harmonisent avec la source divine d'où elles découlent.
Nous trouvons également dans le règne minéral, végétal et
animal des matières abondantes et variées pour les leçons de
choses. Presque tous les animaux qui sont familiers à l'enfant
pourront être le sujet d'une importante leçoij de choses. On
pourra ainsi lui apprendre beaucoup de détails qu'il ignore,
parce qu'il n'a pas observé ces animaux avec assez d'attention.
Un fait surprenant et qui n'en est pas moins vrai, c'est que
beaucoup de personnes dont l'intelligence est très-développée,
ignorent une infinité de petits détails concernant les objets les
plus communs. Dans ce cas n'est-il pas nécessaire de choisir
dans la nature les objets les plus connnuns et d'en faire le sujet
de leçons de choses?
Le règne végétal présente un vaste champ où l'on peut aller
chercher des sujets pour les leçons de choses. La plante,
l'arbre, le feuillage peuvent fournir la matière d'une leçon.
Prenez une feuille par exemple. L'enfant ne l'a jamais regardée
qu^ connneune feuille. Il n'a jamais songé que la feuille avait
des parties, une forme, dos dimensions et l3eaucoup d'autres
propriétés. Lorsque le maître veut faire une leçon sur un certain
sujet, il serait bon qu'il l'annonçât à la classe précédente, alin de
donner aux élèves le temps de recueillir tous les renseignements
qu'ils pourront se procurer. Si, par exemple, il s'agit d'une
feuille, les élèves auront le temps d'en ramasser de différentes
espèces pour les apporter en classe. Après leur avoir fait
découvrir les différentes parties, et les différentes propriétés de
la feuille, après les avoir familiarisés avec la forme des diverses
espèces, on pourra leur enseigner les termes sous lesquels on
les désigne en botanique. Dans ces leçons il faut que le maître
se souvienne que le but qu'il doit se proposer n'est \ins d'en-
tasser confusément des faits dans l'esprit, comme les algues
PEDAGOGIE. 4/7
marines et les galets que la mer roule sur le rivage. Il doit se
j)roposer, comme je l'ai déjà dit, de développer et de fortifier
les facultés intellectuelles.
C'est une grande erreur de croire qu'on puisse parvenir à
cultiver la perception au moyen des sens par les seules leçons
de choses. Il est vrai que, dans la jeunesse, la faculté de perce-
voir par les sens est plus active que toutes les autres, mais ce
n'est pas une raison pour qu'on s'en occupe presque exclusive-
ment.
Un enfant n'est pas seulement capable de voir un objet. Il
peut a})pi'endre au sujet de cet objet beaucoup de choses qu'il
retiendra et qu'il répétera lorsque l'occasion se présentera. Il
exercera ainsi sa mémoire. Il peut se représenter une image
de l'objet non pas tel que son maître le lui a montré, mais avec
de nouvelles combinaisons, et en faire le plus bel objet quil
ait jamais vu. 11 exercera ainsi son imagination. En maniant
les objets, l'enfant les comparera, remarquera les rapports
qu'ils ont entre eux, leurs ressemblances et leurs différences.
Il exercera ainsi son intelligence.
On pourrait se demander si les leçons de choses laissent une
seule faculté intellectuelle inactive. Elles les exercent toutes à
différents degrés.
Bacon est un des premiers qui ait introduit dans l'enseigne-
ment la forme concrète : c'est sous celle forme qu'il présenta
tous ses arguments. Il n'a pas fondé d'école, mais il a fait
quelque chose de bien plus important : il a découvert la mé-
thode qui consiste à interroger directement la nature. C'est
une méthode qui est à la portée de tout le monde : on peut
ainsi nourrir l'esprit de l'étudiant sans avoir recours anx tré-
sors des bibliothèques. La nature nous offre un vaste champ où
nous pouvons faire d'abondantes moissons.
La nature nous présente beaucoup de faits importants et
intéressants qui peuvent servir à nous instruire. L'expérience
nous montre que dans toute entreprise le commencement doit
être bon. N'est-il donc pas essentiel que le maître soit pé-
nétré de l'importance de donner un bon fondement à l'in-
struction de l'enfant? En effet, si ce fondement est bon, l'enfant,
lorsqu'il sera plus grand, découvrira aussitôt une erreur qui
se sera glissée dans la méthode d'enseignement et il se mettra
naturellement en garde contre cette erreur. Mais si, au contraire,
on lui présente la science d'une manière abstraite, si on n'a éta-
bli dans son esprit aucune base solide, tout ce qu'on lui ensei-
478 NORMAL SCHOOLS.
gnera sera incorrect, confus, et ne lui sera d'aucune utilité
dans la pratique. Le jardinier donne tous ses soins aux jeunes
plantes, il les élève et les dirige à sa volonté. Les plantes plus
vieilles demandent moins de soins, parce qu'elles sont plus
vigoureuses. Il en est de même de l'esprit de l'enfant : il
demande plus de soins, il a besoin d'être fortilié, il est timide
et il faut le conduire délicatement dans les champs de la
science. Or, pour atteindre ce but, est-il un meilleur moyen
qu'un système de leçons fondées sur un iilau bien délini? Nous
soutenons que les leçons de choses sont importantes puisqu'elles
fournissent des faits qui forment la base et l'édifice de la science.
Ella M.
Millersville (Pciinsvlvanie.) — École normale de l'État.
13. — LEÇONS DE LIEU.
i.
Les leçons de lieu roulent sur la position relative des objets,
sur leur description, leur représentation, leur distance, etc.
Elles ont pour but de développer chez les élèves l'attention,
le sentiment de la perception, la mémoire, le jugement et le
langage. Elles forment une base pour leurs études géogra-
pbiques. Elles donnent aux enfants des connaissances géné-
rales.
Facultés de l'esprit qui sont surtout développées par la
nécessité où l'on est d'observer la position relative des objets
sur la table et ailleurs, pour pouvoir décrire celle position et
replacer les objets dans l'ordre qu'ils occupaient d'abord.
En étant forcés de se rappeler la position relative des objets,
les enfants cultivejit leur mémoire.
lis cultivent surtout leur jugement en étudiant de quelle
longueur seront les lignes qui représentent le bord du sommet
de la table, et en apprenant à s'orienter.
Le travail qui consiste à apprendre à s'orienter pour la
seconde année, ne dilfère de celui de première année (jue
parce qu'il est plus difficile. Dans la première aimée, les enfants
PÉDAGOGIE. ilO
apprennent à connaître le devant, le derrière, le cùté droit, le
côté g-aiiche. Dans la seconde année, on leur montre que ces
points sont variables et on leur fait connaître les points cardi-
naux ainsi que les points intermédiaires.
Le travail est plus difticile, parce que les enfants, étant plus
âgés, peuvent comprendre des choses plus difficiles dans l'art
de s'orienter.
Objet :
1. Développer la perception par les sens, la mémoire, le
jugement et le langage.
2. Donner l'idée du mot Nord-Est et apprendre ce mot.
Matière :
Toute direction entre le Nord et l'Est, s'appelle le Nord-Est.
Plan :
1. Révision. Révision de Nord et d'Est.
a. Faites nommer par des enfants des objets qui sont au
Nord, et des objets qui sont à l'Est par rapport à eux, etc.
b. Le maître nomme des objets qui sont au Nord et à l'Est,
les enfants disent dans quelle direction ils sont :
2. Développement :
a. Le maître demandera la direction d'un objet qui est au
Nord-Est.
Parmi les enfants, les uns croiront d'abord qu'il est au Nord,
les autres qu'il est à l'Est.
b. Le maître leur fera dire qu'il n'est ni au Nord, ni à l'Est,
mais qu'il est entre le Nord et l'Est.
c. Les enfants nommeront d'autres objets qui sont entre le
Nord et l'Est. Exercice.
d. Le maître leur dira le mot. Il le leur fera répéter.
e. Exercice. Résumé.
5.
Le travail de troisième année, qui a pour but la représen-
tation des objets^ diffère du même travail de la seconde année^
parce qu'il est plus difficile. Dans la seconde année, les enfants
dessinent un plan du parquet de la salle d'école à telle
échelle, etc. Dans la troisième année, ils dessinent un plan de
l'enq^lacement de l'école à telle échelle, un plan de la ville à
telle échelle, et un plan de l'État à telle échelle. La raison de
cette différence est (|ue les enfants de troisième année étant
-480 NORMAL SCIIOOLS.
plus àg-és et plus avancés, on tloil leur donner des objets plus
difliciles à représenter.
Ti'avail de représentation.
Première année.
On dessine sur l'ardoise un plan du sommet de la table avec
et sans objets. On dessine de la même manière ce plan sur le
tableau noir.
Seconde année.
On dessine sur l'ardoise et sur le tableau noir avec et sans
échelle, le plan du panpiet de la salle d'école, du rez-dd-
chaussée et de la cour de la maison d'école.
Troisième année.
Plan d'emplacement de l'école, plan des emplacements voi-
sins, plan de la ville et plan de l'État, dessinés à telles échelles,
7.
Objet:
\. Développer la perception par les sens, la mémoire, le
jugement et le langage.
:2. Faire concevoir l'idée de limites appliquée aux objets qui
entourent la cour de l'école et faire prononcer ce mot.
Matière:
Les objets qui entourent et qui touchent la cour de l'école
forment ce qu'on appelle les limites de l'école.
i. Faites dire que la rue touche la cour de l'école à
l'Est. Même chose pour les autres côtés.
a. Faites dire que tous ces objets touchent la cour de
l'école.
^. Faites dire que les objets entourent la cour de ré3ole.
3. Faites dire par les enfants que les objets entourent
et touchent la cour de l'école.
i. Apprenez-leur le mot limites. Faites écrire la phrase
au tableau. Exercice.
5. Résumé.
Méthode :
1. — La maîtresse. — Où jouez-vous pendant la récréation,
Emma?
Emma. — Dans la cour de l'école.
M. — Qu'est-ce qui est à l'Est de cette cour, Lea?
L. — La rue.
PÉDAGOGIE. 481
}I. — Coinnient la rue est-elle située par rapport à la cour
lie l'école, Joe?
J. — Elle en est voisine.
M. — Bien. Si je vous disais d'aller vous mettre debout entre
la cour et la rue, où vous placeriez-vous, Horalio?
H. — Je ne pourrais pas me tenir debout entre la cour oi
la rue ?
M. — Pourquoi ?
H. — Parce qu'il n'y a pas d'espace entre elles.
M. — Alors comment la cour est-elle située par rapport à
kl rue ?
H. — La rue touche la cour.
La classe, interrogée, approuve cette réponse.
M. — C'est bien. Qu'est-ce qui touche la cour au Sud,
Walter?
W. —■■ La rue.
M. — Quels sont les objets qui touchent la cour au >'ord?
IF. — Des lots de terrain.
Même chose pour les autres côtés.
-1/. — Que dites-vous des rues, des lots de terrain, etc., par
rapport à la cour ?
L'élève, — Qu'ils touchent la cour.
M. — C'est exact. Puisqu'ils touchent la cour, ils sont ?
E. — Ils sont autour de la cour.
3/. — Jusqu'où sont-ils autour de la cour?
E. — Ils sont tout autour.
-]/. — C'est bien. Quel mot synonyme de tout autour pouvons-
nous employer pour exprimer cette idée.
Les élèves ne savent pas.
.][. — Nous pouvons dire qu'ils entourent la cour.
Exercice sur ce mot.
.>/. — Qu'est-ce que vous avez appris aujourd'hui, "Wilhie ?
W. — J'ai appris que des objets entourent et touchent la
cour de l'école.
M — Comment appelle-t-on les objets qui entourent et qui
touchent l'école ?
Les enfants ne savent pas.
M. — On les appelle les limites de la cour de l'école.
Le maître fait répéter le mot limites. Exercice. On écrit la
phrase au lal)leau, exercice. 'On efface la phrase, nouvel
exercice.
31
NORMAL SCHOOLS.
Résumé.
M. — Qu'est-ce que vous avez appris aujourd'hui, William?
W. — J'ai appris que les objets qui eiitour(>nt et qui tou-
chent la cour de l'école s'appellent les liiuiles de celte couij.
On exerce les enfants sur le mot limites.
Cinq questions adressées aux enfants pour ini examen
à ta fin du trimestre.
1. Nommez les points cardinaux principaux et intermé-
diaires.
2. Dessinez le plan de notre ville à réchelle d'un pouce
carré pour un mille carré.
3. Dans quelle direction se trouvent le State-House (1),
rhospice des aveugles, l'hospice des sourds-muets, par rapport
à l'école?
ï. Dans quel État sonnnes-nous ? Indiquez-en les limites.
Nonmiez trois des plus importantes productions de cet Etat.
5. Où sont la prison et l'Université de l'Étal?
9.
Réponses à cinq autres questions posées à des enfants
pour un examen trimestriel.
1 . Les plus grandes villes de l'Indiana par ordre d'impor-
tance sont: Indianapolis, Evansville, Fort Wayne, Terre-
Ilaule, La Fayette, >'ew Albany, Madison et Uichmond.
2. Indianapolis est la capitale de l'Jndiana. Elle a cinquante-
six ans d'existence. Sa population est de 100,000 ànjes.
3. Vincennes, la plus ancienne ville de l'Indiana, est dans la
partie occidentale de l'État, sur le lleuve Wabash. Elle fut
fondée par les Français en 1735.
4. Les principaux produits de l'Indiana sont: le charbon,
le blé, le froment, le seigle, l'orge, l'avoine, l'herbe, le tabac,
les pommes de terre, les fruits et les bestiaux.
5. Parmi les arbres forestiers, on remarque le noyer, l'é-
(1) On appelle State-House aux États-Unis le Capitolc ou édifice
ou siège l'Assemblée législative de chaque État.
PÉDAGOGIE. 483
rable à sucre, le hêtre, le chêne, le frêne, le sycomore, le
hickory (1), le peuplier, le bouleau, le sassafras (;2) et le
mûrier.
SusiE B.
Indianapolis (Indianaj. — Training- school.
ii. — DE l'enseignement de la lecture.
Avantages quiui enseignement convenable de la lecture peut
procurer aux élèves.
i. Développement de l'intelligence.
î2. Développement du corps.
3. Une bonne articulation, une bonne énonciation et une
bonne prononciation.
ï. La faculté de s'approprier les pensées, les sentiments,
les volontés de l'auteur que l'on lit.
5. La faculté d'exprimer en langage convenable et de la
manière convenable les pensées, les sentiments et les volontés
d'un auteur qu'on s'est appropriés.
G. Habitude d'attention et d'exactitude dans les pensées et
dans les actions.
2.
Travail que les élèves, doivent faire pour acquérir une bonne
articulation, une bonne énonciation et une bonne pronon-
ciation.
Pour arriver à ce résultat, le maître devra les faire épeler
très-souvent par sons, et leur faire analyser les mots par svl-
labes et par sons.
Le maître doit prononcer les mots rapidement et avec exac^
litude, et les enfants doivent l'imiter.
Il faut d'abord apprendre aux enfants à prononcer correc-
(1) Espèce de noyer particulière à l'Amérique.
(2) Arbre de la famille du laurier.
{^otes du Traducteur.)
484 NOIIMAL SCHOOLS.
tement et facileiueiit cliacuiic des syllabes d'un mot, \mïs
toutes les syllabes ensemble ou le mot entier, et enfin })lusicurs
mots ensemble.
Le maître doit constanunent exercer ses élèves sur ces points
et ne jamais les laisser parler d'une manière indistincte.
Faut-il conunencer par apprendre à parlei;, ajiprendrc à
LIRE ou apprendre à épeler ?
Il faut enseigner d'abord les mots parlés, parce qu'ils sont
l'expression des idées et que les enfants doivent apprendre à
exprimer leurs idées aussitôt qu'ils en ont.
il faut leur enseigner ensuite les mots imprimés, qui sont la
représentation des mots parlés.
Après les mots imprimés, on leur enseignera les sons élé-
mentaires, qui sont des parties de mots imprimés : la partie
doit être enseignée après le tout.
Puis viendront les lettres, qui représentent des sons élémen-
taires et sont des parties de mots imprimés.
Trois espèces d'exercices préparatoires aux leçons de leclure.
i° La gynmaslique ; '2" exercices sur la respiration ; Snravail
de la voix.
La gymnastique est recommandée comme exercice prépara-
toire, parce qu'elle intéresse les élèves, elle les réveille, et, en
fortifiant leurs organes, elle met leur corps dans une meilleure
condition.
Du choix des textes de lecture.
Il faut que les textes choisis pour les leçons de lecture
soient : 1" intéressants; :2^ instructifs; 3'' propres à développer
Les facultés de lesprit; impropres à exercer une influence
morale ; 5" d'un style correct.
Le texte doit être intéressant, pour que l'élève ne se fatigue
pas avant la fin de la leçon, et qu'il puisse y prêter volontaire-
ment toute son attenfion et en retirer ainsi le plus de fruit
possible.
PÉDAGOGIE. 48a
11 faut que le style en soit correct, pour donner un bons
exemple à l'élève. Si l'élève entend toujours des pensées expri-
mées correctement, il fera naturellement tous ses efforts pour
exprimer les siennes de la même manière. Il acquerra ainsi des
habitudes qui lui serviront pendant toute sa vie.
C).
A quoi le maître doit-il veiller pendant la leçon de lecture?
11 doit reprendre l'élève au point de vue de l'articulation,
de renonciation et de la prononciation ; au point de vue de
l'élévation, de la force et de l'ampleur des tons, Il faut aussi
surveiller la position du corps, des pieds, des mains, du livre,
et l'expression.
Pendant la leçon de lecture, il faut reprendre l'élève par
rapport à l'élévation, à la force et au volume des tons, afin de
lui donner l'habitude de lire doucement, naturellement et
d'une manière agréable. 11 apprendra ainsi à exprimer les
pensées, les volontés et les sentiments de l'auteur comme s'ils
étaient les siens propres. Par ce moyen, il acquerra aussi un
son de voix agréable dans la conversation.
Il faut surveiller la position du corps, parce que le corps est
l'instrument de l'esprit. Si le corps n'est pas en bonne condi-
tion, ce qui n'aura pas lieu s'il n'est pas dans la position con-
venable, l'esprit ne pourra pas agir comme il devrait le faire,
et alors l'élève ne retirera pas de sa leçon tout le fruit qu'elle
doit lui procurer.
Il faut aussi faire attention à la position du livre, parce que
c'est de là que dépend en grande partie la clarté de la lecture.
Si l'élève tient son livre trop bas, par exemple, sa tète se pen-
chera en avant, son organe vocal n'aura pas toute sa liberté,
et la lecture sera indistincte.
Di^fauts observés dans renseignement de la lecture. Comment
y porter remède ?
J'ai remarqué que certains professeurs permettent à leurs
élèves de s'arrêter et d'épeler les mots qu'ils ne peuvent pas
prononcer. D'autres leur laissent prononcer le mol sans les
interroger sur le sens. D'autres encore lisent la leçon et disent
486 ■ NORMAL SCHOOLS.
aux enfants de les imiter, ce qui produit ce résultat de ne pas
apprendre à l'enfant à lire par lui-même. D'autres enfin font
lire les élèves à tour de rôle; alors les élèves ne sont pas
attentifs.
Je combattrais le premier défaut en exerçant les enfants sur
les mots entiers jusqu'à ce (ju'ils fussent capables de les recon-
naître à première vue sans être obligés de les épeler.
Je combattrais le dernier défaut en a}>pelant au hasard un
élève de la classe et en lui faisant continuer la lecture. De cette
foçon la reponsabilité serait la même pour tous.
Nettie >".
Indianapolis (buliana). — Traiiiing school.
15. — DE l'enseignement de la GnAMMAUŒ.
(1'^ année.)
Examen sur la méthode.
Quest. 1. — D'après combien de méthodes générales peut-
on présenter le sujet de la grammaire anglaise ?
Rép. — D'après deux méthodes générales :
D'après la méthode orale ou d'induction, dans laquelle on
conduit l'élève à observer, à généraliser et à former la propo-
sition. Dans cette méthode, on va du particulier au général, du
connu à Tinconnu.
D'après la méthode de déduction, dans laquelle on se sert
d'un livre de classe. Dans cette méthode on apprend par cœur
la proposition et on l'explique ensuite.
Quest. 2. — ludiquez la marche que l'on suit dans la méthode
d'iiuluction.
Rép. — Dans cette méthode, nous allons du particulier au
général, du connu à l'inconnu. Nous nous occupons : 1? des
objets ; il" des idées ; 3° des noms. Dans un devoir de classe,
nous considérons : 1" la révision ; :2" le développement de la
nouvelle idée; 3° nous exerçons les élèves par des questions
orales ou par un travail fait au tableau noir; i" nous formons
la proposition.
Qne.'it. 3. — Comment vous y prendriez-vous pour développer
l'idée d'analyse?
Rép. — Pour développer la détinition du mot analyse, je
PÉDAGOGIE. 487
prenJrais un objet qui, composé de parties, forme cependant
u.i tout unique. Par exemple, prenant une montre, je dirais à
mes élèves :
Une montre forme-t-elle un tout unique ?
— Oui.
— Est-elle composée de parties ?
— Oui.
— Quelles sont les parties qui la composent?
— La boîte, le cadran, les aiguilles, le verre, le ressort, les
roues.
.J'écrirais au tableau le nom de ces parties à mesure que les
élèves les indiqueraient. Je parlerais ensuite d'une horloge, et
je ferais nommer par mes élèves les parties d'une horloge qui
ne se trouvent pas dans une montre.
Les élèves. — La montre est composée de parties.
Le Maître. — Comment appelez-vous ce que je viens d'é-
crire ?
Les élèves. — \Si\e phrase.
Le Maître. — Les parties d'une montre ont-elles toujours été
unies ensemble?
Les élèves. — Non.
Le Maître. — Qu'en concluez-vous?
Les élèves. — Nous en concluons que puisqu'elles n'ont pas
toujours été unies ensemble, on peut encore les séparer.
Le Maître. — Croyez-vous qu'on puisse aussi diviser la
phrase en ses parties ?
Les élèves. — Oui.
Le Maître. — Comment votre père ou l'horloger s'y pren-
drait-il pour diviser une montre en ses parties?
Les élevés. — Il la démonterait méthodiquement et en met-
trait soigneusement toutes les parties de coté.
Le Maître. — Comment vous y prendriez-vous pour diviser
une phrase en ses parties ?
Les élèves. — J'opérerais avec méthode, prenant: i" le
sujet ; i^" le prédicat; 3" le complément du sujet; i" le c<)ni-
plément du prédicat.
Le Maître. — Quel est le sujet ?
Les élèves. — C'est « montre ».
Le Maître. — Quel est le prédicat ?
Les élèves. — C'est « est composée >.
Le Maître. — Quel est le complément du sujet?
Les élevés. — C'est « la ».
488 NORMAL SCHOOLS.
Le Maître. — Quel est le complément du prédicat ?
Les élèves. — C'est « de parties d.
Quest. ï. — Ouellos sont les idées qui sont développées et
({uel est le rôle du maître?
Bép. — On développe les idées de l'élève sur des objets
connus, l.e rôle du maître consiste à diriger la classe.
Quest. ô. — Comment peut-on s'assurer que les élèves ont
Inen compris?
flèp, — Je m'en assurerais en les envoyant au tableau, oii je
leur ferais écrire une phrase qu'ils devraient diviser en ses
parties. Je demanderais alors aux élèves ce qu'ils viennent de
faire. Ils me répondraient qu'ils viennent de « diviser un»-
phrase en ses parties » .
Je leur demanderais ensuite quel est le i-ôle de chaque mol
dans cette phrase. S'ils divisaient cette phrase et s'ils me
répondaient sans hésitation, j'en conclurais qu'ils ont bien com-
pris la leçon.
Quest. (3. — Expliquez comment on arrive à une définition.
Prenez pour exemple le mot analyse.
Uép. — Après m'être assuré que les élèves ont bien compris
mes explications, je leur ferais écrire sous leur phrase renon-
ciation de ce qu'ils ont fait, c'est-à-dire « diviser une phrase
en ses parties ». Eh bien, mes enfants, leur dirais-je alors, il
y a un mot qui, à lui tout seul, en dit tout autant que les six
mots que vous venez d'écrire. Qui est-ce qui sait quel est ce
mot?... Personne? Eh bien, le mot qui signifie « diviser une
phrase en ses parties », c'est analfjse. Je ferais dire par toute
la classe que l'opération qui consiste à diviser une phrase en
ses parties s'appelle analyse. Je verrais ensuite si l'un des
élèves peut répéter la même chose en commençant par le mot
analyse, et j'obtiendrais ainsi la définition de ce mot.
T.a méthode que je viens d'exposer s applique à toutes les
définitions quelles qu'elles soient : j'ai choisi le mot analyse
pour donner plus de clarté à mon exposition.
Quest. 7. — A quoi servent les révisions?
Hép. — Je ferais des révisions pour trois motifs :
1" Pour graver plus fermement la leçon dans l'esprit d»^
rélève.
:2° Pour m'assurer que la leçon a été bien comprise.
;> Pour rattacher la nouvelle leçon à celle qui l'a précédée.
Quest. 8. — Quelle observation pouvons-nous faire sur la
mise en pratique de la méthode d'induction ?
PKDAGOr.lE. 489
Rép. — Nous pouvons remarquer que si cette méthode est
lente, elle est sûre ; les élèves étudient avec beaucoup d'intérêt
et ils retiennent longtemps ce qu'ils ont appris. Elle apprend
à l'enfant à compter sur lui-même, elle lui apprend à observer,
et elle exige de grands efforts de la part du maître.
Quest. 9. — Commenceriez-vous par enseigner le mot ou la
phrase ?
Rép. — Je commencerais par enseigner la phrase; mais on
pourrait commencer par l'un ou par l'autre. Je commencerais
par enseigner la phrase, parce que l'enfant se sert de phrases
})0ur parler : il observe le tout avant d'en observer les parties.
Quest. 10. — A quelle époque peut-on mettre un livre de
classe entre les mains des enfants? A quelle époque peut-on
leur faire faire des compositions?
Rép. — L'époque à laquelle on peut mettre un livre de classe
entre les mains des enfants dépend beaucoup de leur âge et
des progrès qu'ils ont faits.
Je ferais faire des compositions aux enfants dès qu'ils pour-
raient écrire une phrase. Quand ils peuvent écrire une phrase,
ils peuvent en écrire davantage.
Adah C.
Ypsilanti (Michigam. — École normale de l'État.
1(). — RAPPORTS FAITS PAR LES ÉLÈVES DE L'ÉCOLE NORMALE
APRÈS LEURS VISITES DANS LES CLASSES DE l'ÉCOLE PRIMAIRE
ANNEXE.
L'inspection du matin dans celte salle n'a pas été très-bril-
lante. L'atmosphère était lourde. Les enfants étaient réunis
dans la salle d'école, ils étaient à leurs places. La maîtresse
leur faisait chanter un air vif; mais l'apathie générale et la
difficulté de régler la voix, car les enfants étaient enrhumés,
firent échouer presque entièrement cette tentative. On laissa
ensuite les élèves faire ce qu'ils voulurent à leurs places: ils
n'étudièrent pas, mais ils ne firent pas de bruit.
La maîtresse commença ensuite l'exercice religieux en chan-
tant une hymne, et les enfants l'accompagnèrent. Elle lut en-
suite un passage de la Bible, que le bruit de la toux des enfants
nous empêcha presque d'entendre. A un signal donné, toutes
les tètes s'inclinèrent, et les élèves répétèrent, après la mai-
490 NO!lM\L SCHOOLS.
tresse, rOraisoii lluiuiiiicalc, qui leriuiiia la pi-ièro du lualiii.
Pendant ces exercices, il y avait dans les manières de la
maîtresse beaucoup de calme et de gravité, et pendant la
prière, elles prirent une aimable solennité.
La maîtresse ne témoigna pas une seule fois la moindre
irritation, malgré les circonstances <iui empècliaicnl (rubtenii-
des élèves toute la promptitude et toute l'atlenlion qu'on
obtient dans d'autres moments. Les enfants ne furent pas irrités
et excités, comme ils l'auraient été si leur maîtresse avait
témoigné son déplaisir pour une cliose qu'ils ne pouvaient pas
empêcher.
Les élèves qui faisaient le plus de bruit en toussant sem-
blaient fnire tous leurs elforts pour se retenir. Lit ce bruit ne
produisait pas de mauvais effet sur les autres.
Les enfants se conformèrent par sympathie aux sentiments
de calme et de respect témoignés par la maîtresse. El quoiqu'ils
ne se rendissent compte ni des causes ni des effets de ces sen-
timents, ils n'en prenaient pas moijis l'habitude d'éprouver
ces senliments, et chacun d'eux s'habitue ainsi à s'unir prompte-
menl et tranquillement avec les antres pour faire le tiavail
imposé pour le moment.
Degré élémentnii-e. — Classe supérieure
A notre entrée dans la salle, la maîtresse était absente, mais
les élèves étaient tous à leurs places; ils étudiaient. Ils conti-
nuèrent d'apprendre leurs leçons jusqu'à 9 heures moins 5 mi-
nutes. Alors la quatrième année fit un exercice de calcul. Vn
élève de chaque section quittait sa place, se mettait devant ses
camarades et dictait deux additions. Il appelait un de ses
camarades, celui qu'il voulait, pour donner la réponse; il re-
tournait ensuite à son juipitre, et il était rem])lacé par un
autre.
Les élèves firent cet exercice tout seuls, et ils y mirent autant
d'entrain et autant de bonne volonté que s'ils avaient récité
leurs leçons à la maîtresse.
[jtt élève de troisième année faisait le tour des pupitres en
examinant les ardoises de sa section, puis il rendait conqite il.i
travail à la maîtresse.
L'élève désigné pour faire cette inspection ne témoignait
aucun sentiment de supériorité sur ses camarades de section,
qui, de leur côté, ne manifestaient aucun sentiment d'envie.
PÉDAGOGIE. -491
Ces exercices, qui se fuiil avant Theurc de la classe, ont pour
but d'empêcher les retards et de préparer l'esprit des enfants
à l'étude. La nature de ces exercices fortifie chez eux l'apti-
tude à l'observation, et les habitue à se diriger eux-mêmes.
Us ont aussi conscience de leurs talents, qu'ils développent de
cette façon. Ils sentent croître en eux le désir de la science et
de riiabileié : c'est pour cela qu'ils s'intéressent tant à ces
exercices.
Les exercices religieux se composèrent d'un chant suivi de
l'Oraison Dominicale, et d'un autre chant suivi du Psaume 23.
Les élèves se joignirent à la maîtresse pour faire ces exercices.
Les manières de la maîtresse étaient respectueuses, et pres-
que tous les élèves témoignèrent beaucoup de recueillement et
d'attention.
Pour une cause quelconque, quelques élèves ne s'unirent
pas d'intention avec le reste de l'école. Par là ils perdirent la
grâce que cet exercice spécial leur aurait attirée, et ils furent
soustraits à l'influence qu'il aurait eue sur leur esprit penda'nl
tout le jour.
On remarquait dans cette salle un progrès évident sur la
Primanj Room. Dans la Primanj, on amusait les enfants pour
les faire rester tranquilles, tandis qu'ici ils avaient plus d'ini-
licùve personnelle et étaient plus studieux. Le respect témoigné
par les premiers était plus inconscient, le respact témoigné par
les seconds était plus réfléchi.
Et cependant les élèves de ces deux classes étaient unis
d'intention avec la maîtresse qui, par ses manières, leur inspi-
rait l'amour et le respect qui sont dus à l'Èlre suprême.
• Bertha ^Y.
Indianapolis (Indianai. — Training school.
17. — MOBILIER DE l'ÉCOLE.
Le choix du mobilier d'une école a une grande importance,
non-seulement pour développer chez les élèves le sens de
l'esthétique, mais encore pour les faire travailler convenable-
ment. Les pupitres doivent être commodes ; il faut qu'ils soient
un peu inclinés, simples et non doubles comme ils l'étaient
autrefois. Il ne doit pas y en avoir plus de cinquante dans une
salle; il doit y avoir entre les rangées des espaces suffisants
pour permettre de passer facilement.
10:2 NORMAL SCHOOLS.
Il faut aussi choisir avec soin le tableau, alin qu'il puisse
servir d'ornement à la salle, et en même temps rendre le tra-
vail de la classe plus distinct et plus intelligible. La maîtresse
pourrait donner encore plus d'attrait à la salle de classe, en
dessinant sur le tableau quebpie objet qui puisse plaire aux
yeux, ou bien, si elle ne sait pas dessiner, en y inscrivant une
citation à la portée de Tintelligence des élèves.
Dans les classes supérieures, elle pourrait inspirer à ses
élèves un si grand désir de voir toujours le tableau propre,
qu'elles se chargeraient elles-mêmes de l'entretenir dans cet
état.
Une estrade serait très-commode. Elle permet à la maîtresse
d'embrasser d'un seul coup d'œil toute la salle et de mieux
tenir ses élèves. La présence de la maîtresse sur l'estrade lui
donne un air de dignité qui a une grande influence sur l'esprit
des élèves. Lorsque l'on fera des exercices publics ou géné-
raux, cette estrade sera d'une grande utilité pour les élèves
et pour les visiteurs, qui pourront voir et entendre l'orateur
plus distinctement que s'il était de plain-pied avec eux.
Il y a d'autres petits meubles moins importants dont le choix
dépend beaucoup du jugement et du goût de la maîtresse.
Parmi ceux-ci, il faut placer une horloge, qui servira à la maî-
tresse à déterminer la durée des récitations, l'heure à laquelle
elle doit terminer la classe, l'heure des récréations, etc. Ce
fidèle moniteur pourra aussi donner d'importantes leçons aux
enfants. Ajoutez-y des pointes de graveur et du pastel pour
l'usage des élèves.
Il faut mettre dans un coin un panier pour les papiers, et
un thermomètre qui servira à régler la température de la
salle.
Dans les Intermcdiate Scliools, High Schools et Xonnal
Scliools, il serait bien à désirer qu'il y eût une bibliothèque,
quelque restreinte qu'elle fût, contenant des livres de rensei-
gnements. Il devrait aussi y avoir dans ces écoles une table,
outre celle de la maîtresse, oi^i les élèves pourraient aller
s'asseoir pouf lire et pour écrire.
En dernier lieu viennent les objets destinés à développer
chez les élèves le sentiment du beau. Ces objets ne sont pas
les moins importants : ils peuvent se composer de supports, de
vases, de statues, de tableaux et d'une jardinière.
S'il n'est pas possible à une maîtresse de se procurer tous
les objets dont je viens de parler, il faut absolume^nt que les
PÉDAGOGIE. 493
clioses qui sont sous sa responsabilité et sous celle des enfants
soient entretenues avec le plus grand soin.
Son pupitre, ses registres, les règles, la gonnne élastique,
les paillassons, les pointes de graveur, etc., doivent toujours
être en bon ordre.
Que les livres des élèves soient proprement rangés dans
leurs pupitres lorsqu'ils ne s'en servent pas, que toutes les
choses inutiles soient serrées : ils contracteront ainsi des
habitudes d'ordre et de propreté qui leur seront très-utiles
dans la suite.
Anna W.
Dayton (Oliioj. — École normale municipale.
J8. — DE l'enseignement du dessin.
1. Quelle est l'espèce de dessin qu'on peut enseigner le plus
avantageusement dans les Coiiimon Schools?
Rép. — Le dessin que l'on jteut enseigner le plus avanta-
geusement dans les Common Schools ne consiste pas à faire
de simples copies, ni à peindre. On doit enseigner les propor-
tions, les principes et les éléments du dessin pratique, des
figures de la géométrie plane et rendre familière aux élèves la
beauté des formes.
On veut ordinairement que les enfants puissent dessiner au
tableau, ce qui suppose la connaissance des principes de la
perspective, de la lumière et de l'ombre. Or pour connaître ces
choses il faut une longue expérience et une étude approfondie
des éléments du dessin. 11 serait impossible pour les élèves de
reproduire des dessins compliqués, si la connaissance des
principes élémentaires ne leur permettait pas de les réduire
aux formes simples. Il faut rendre le dessin intelligible pour
l'élève. Il faut qu'il puisse distinguer et expliquer les principes
élémentaires de chaque figure.
2. Quel avantage l'élève retire-t-il de l'étude du dessin dans
les Public ScJiools?
Rép. — Si l'étude du dessin est bien faite dans les Public
Schools, elle apprendra à l'élève la loi des proportions, elle
cultivera son jugement. L'analyse et l'étude attentive du mo-
dèle lui apprendront à observer. La perception par les sens,
l'imagination, l'intelligence de l'élève seront ainsi cultivées.
494 NORMAL scnooLs.
Le goùl ot le seiiliineiit du beau se développeront en lui.
L'élude complète du dessin riMid familiers à l'élève les éléments
de la géométrie. L'explication des ligures qu'il a dessinées lui
donne la facilité d'exprimer ses pensées dans le langage le
plus élégant ou dans un bon style.
3. Comment vous y prendriez-vous pour donner une leçon
de dessin sur l'ardoise et sur le tableau.
Ih'p. — f^our donner une leçon de dessin sur l'ardoise, la
maîtresse doit donner à la classe la copie d'une figure facile à
analyser. Ensuite elle enlèvera la copie et dictera aux élèves.
Elle leur dira d'abord de dessiner sur leurs ardoises les con-
tours, les lignes d'une certaine longueur, qu'elle tracera elle-
même au tableau noir, afin que les élèves puissent comparer
et rectifier leur propre travail. La maîtresse doit donner les
indications promptement et forcer tous les élèves à travailler
ensemble. Lorsque les élèves auront dessiné les contours, la
maîtresse dictera le nombre de divisions, de lignes, etc., jus-
qu'à ce que la figure soit achevée. Tout cela doit être dessiné
en lignes ponctuées ou en lignes pleines très-légères. La maî-
tresse dira ensuite aux élèves de joindre les points par des
lignes pleines et d'effacer les lignes de construction.
La leçon de dessin au tableau noir se donne à peu près de la
même manière, en dictant. Mais, dans ce cas, la maîtresse
n'accompagne })as les élèves, qui doivent dessiner tout seuls
d'après les indications de la maîtresse. Les proportions
doivent être beaucoup plus grandes que dans la leçon précé-
dente. Les élèves complètent, joignent les points par des lignes
pleines et eflacenl comme il a été dit ci-dessus.
4. Quels sont les divers procédés que doit employer un élève
pour dessiner d'après une copie?
Rép. — 11 doit d'abord analyser la figure et la décomposer
en ses éléments, reconnaître les lignes de construction qui
doivent servir de base à la figure, et déterminer les proportions
des diverses parties. 11 doit ensuite esquisser les lignes de
construction. Les lignes de géométrie plane doivent avoir cer-
taines proportions conformes aux éléments inférieurs. 11 dessi-
nera d'abord les éléments importants, auxquels il ajoutera les
éléments particuliers au modèle. Après avoir terminé sa figure,
il joindra les points par des lignes pleines et il effacera les
lignes de construction.
5. CiOnnnent faut-il s'y prendre pour faire dessiner les élèves
avec propreté et avec soin ?
PÉDAGOGIE. 495
Réf. — Il faut \('S faire dessiner sur TanJoise jusqu'à ce
qu'ils soient assez forts pour dessiner sur le papier ou sur
le cahier.
La maîtresse doit ramasser. les cahiers de dessin et les garder
jusqu'à ce que les élèves en aient besoin. Elle doit les exami-
ner, montrer aux élèves les fautes qu'ils ont faites et leur
indiquer la manière de les éviter.
Ne permettez pas aux élèves de dessiner sur leur cahier
avant qu'ils aient suflisamment étudié la figure sur leur ar-
doise. Faites-leur comprendre le mauvais effet produit par la
vue d'un dessin mal soigné. La niaîtresse devra comparer le
travail des différents élèves et leur montrer la différence qu'il
y a entre un cahier propre et bien tenu et un autre cahier sale
et mal tenu. Si les élèves persistent à présenter un travail mal
fait, il faut les priver de l'usage de leurs cahiers. Ce moyen
produira assurément de l'effet, car ils aiment bien mieux dessi-
ner sur leurs cahiers que sur les ardoises.
JULIA K.
Age : dix-sept ans.
Mihvaukee (Wisconsin.) — >'ormal départaient.
19. — l'exercice.
L'autre jour, en cherchant des sujets de dissertation, je
trouvai celui-ci, qui me parut avoir une importance considé-
rable surtout pour nous autres écolières. Car nous prenons un
vif intérêt à nos études et nous sommes portées à nous oublier
nous-mêmes et à nous livrer avec excès à ce qu'on peut appe-
ler l'exercice mental. Assurément il n'en est pas ainsi de
nous toutes (je fais moi-même exception).
Nous voyons avec peine quelques-unes de nos amies qui
jouissaient d'une bonne santé et qui se distinguaient par leur
gaieté, prendre un air pâle et sérieux. Presque épuisées par
le travail, elles attendent avec impatience l'arrivée du vendredi,
afin d'avoir quelques moments pour repasser une leçon qu'elles
ont négligée pendant la semaine, parce qu'elles n'avaient pas
le temps de l'apprendre aussi bien qu'elles l'auraient désiré.
C'est à ces amies que nous voudrions dire : « Allons, fai-
sons un peu d'exercice. »
Cet exercice sera-t-il mental ou physique? Et s'il est mental,
4% ^'OR.MAL SCUOOLS.
de quelle espèce sera-t-il? Prendrons-nous le damier ou réelii-
quier? Mais comment cet exercice pourra-t-il convenir à un
étudiant latig'iié par l'étude ou à un honniie d'affaires qui quitte
son travail à la tombée de la nuit, la tète en feu? Son corps
tout brisé ressemble à un amas de cendres cbaudes. 11 est
complètement épuisé par les efforls (ju'il a faits pendant tout
le jour pour augmenter de dix dollars la distance qui doit sépa-
rer sa postérité de la maison des pauvres. Qu'un tel lionune,
en quittant son bureau, aille de nouveau se mettre la tète en
feu pour résoudre (|uelque problème d'échecs bien ardu, n'est-
ce pas comme si un scieur de long, voulant se reposer de ses
fatigues de la semaine, demandait sa scie et passait sa soirée
du dimanche à scier pour s'amuser? Nous avons assez peu
de récréation dans tous les cas, pernieftez-nous donc de prendre
cette récréation en dehors de l'ordre intellectuel.
Assurément les échecs ont du bon, mais, pour ma part, jt;
crois qu'un jeu qui nécessiterait moins l'enqjloi de l'intelligence
conviendrait mieux dans celte circonstance. La nature ne
demande pas que nous fassions des efforls continus. Nous
devons prendre l'exercice convenable dans le temps conve-
nable.
Nous entendons souvent demander si l'on peut considérer la
danse comme un exercice salutaire. A cette question nous
répondons ceci : Si la danse vous fait du bien elle vous amuse,
et si elle vous amuse elle vous fait du bien. Mais il y a beaucoup
d'autres divertissements qui nous amuseraient tout autant et
qui nous forceraient à aller au grand air. Par exemple, nous
pouvons prendre de l'exercice en faisant tous les jours une
longue promenade à pied. Assurément ce genre d'exercice n'est
pas parfait. Ce n'est pas un jeu qui puisse distraire l'esprit des
soucis quotidiens, l'homme inquiet songe à ses ennuis tout en
marchant. Chaque mille qu'il fait le fatigue au physique et au
moral. On peut aussi objecter que l'état de la température ne
permettra pas toujours de se livrer à cet exercice.
Nous ne pouvons ni faire des promenades sur l'eau pendant
l'hiver, ni patiner pendant l'été. Pour jouer à la balle il faut
avoir des camarades. Pour se promener à cheval il faut avoir
de l'argent. Pour tous ces exercices il faut la lumière du jour.
H semble donc qu'il nous soit impossible de nous procurer tout
l'exercice dont nous avons besoin. Je crois cependant que nous
pouvons remplacer avantageusement ces divertissements en
fréquentant nos écoles publiques. Elles sont généralement
PKDAGOGIE. 407
sil liées dans la partie la plus élevée de la ville, el on ne peut y
accéder de tous côtés que par un terrain en pente. Pour moi,
lorsque je suis un peu en retard et ({ue j'entends le plus joyeux
<le tous les sons, les dernières notes de la cloche qui disent aux
élèves de se hâter, je cours, je cours de toutes mes forces jus-
qu'à ce que je sois arrivée au dernier étage. Vous savez comme
moi qu'il n'y a rien île plus agréable el que nous aimons toutes
beaucoup ce genre d'exercice. Mais je crois que c'est ce qu'on
appelle gravir la colline de la science, genre d'exercice indis-
pensable. Nous continuerons donc de travailler assidûment sans
nous plaindre, persuadées que, dans l'avenir, nous trouverons
à l'école un genre d'exercice auquel nous pourrons toutes nous
livrer.
Mary M-^ V.
Ypsilaiiti (Michigaiii. — École normale de l'État.
IIN.
32
TABLE DES MATIÈRES
PREMIERE PARTIE
Priniary Schools.
I. — Leçons de chosesi.
Esquisse d'une leron sur les propriétés du pain (Indianapolisi. 1
Esquisse d'une leçon sur Téponge /Dayton) y
Esquisse d'une leçon sur la fusibilité ilndianapolis) 6
Esquisse d'une leçon sur la comparaison d'un animal et d'une
plante ( Dayton i 7
Leçon de lecture (combinée avec la leçon de chosesj (Cincinnati i. 12
II. — Langue maternelle.
Exercice de grammaire (Cincinnati) 14.
Exercice de grammaire (Cincinnati; 15
Exercice de grammaire (Corry) 16
Analyse avec diagramme explicatif 17
Analyse ( Wbilewater) 18
Orthographe i New Jersey) 18
Exercice d'observation et d'expression (New Jersey i 19
Exercice de description (Cleveland) -20
Description dune image du livre de lecture i Daytonj '2^
Description de la même image (Dayton) 21
Description d'un.' autre image ( Cleveland i 22
Exercice de construction (New Jersey) 22
Notre école (Cincinnati ) 23
Noire école ( Cincinnati) 24
Notre école (Cincinnati ) 25
Notr3 école (Cincinnati ) 26
Letti-2 (Littleton) 26
Le papier ( New Jersey) 27
Lettre d'une petite fille indienne ( Wyandott) 28
Fragment de lettre (Wyandott) 28
Lettre d'un petit Indien (Wyandott) 29
500 TABLE DES MATIÈRES.
Il[. — Calcul oral et écrit.
Calcul élémentaire iClevoland) 21)
Problèmes iraritliméliquc (Clcveland; ;]()
IV. — Géographie.
Questions de géographie (3" année). (Cleveland) 31
Questions de géographie (i'' année). (Cleveland) 31
Autres questions de géographie (-1* année). (Clovclamli :]'!
Questions de géographie et de topographie (Dayton) 33
Examen trimestriel de géographie {"2^ année). CNewporli 33
Même examen (3"= année), i Newport) 33
V. — Dessin.
Dessin linéaire (Newport) .]l
Dessin à main levée (avec une ligure). (Sandusky) 3i
Autre dessin à main levée (avec une figure). ( Sandusky i :){\
Dessins de Mihvaukee
DEUXIEMK PARTIE
Craniniai* §»cliool»<i.
I. — Langue maternelle.
Exercice de grammaire et de rédaction (Bay City» 37
Grammaire (7® année). (Indianapolis) 39
Crammaire (6" année). (West des Moines i iJJ
Exercice de rédaction ( Fitchburgh ) II
Composition (Comté de Gloucester) 13
Histoire d'une famille (Comté de Middlesex) 13
Piédaction au tableau noir : Les Vacances (Boston) 15
Maud Muller (Boston ) 17
II. — Descriptions d'objets et (ïiniages.
Exercices élémentaires ( Indianapolis ) i8
La vendange ( Avondalei lU
Même sujet (avec gravure), (Cincinnati ) . . 50
Même sujet (Cincinnati) 52
Les charpentiers (Mihvaukee) 5:2
Deux vignettes historicpies (Boston) 53
Les églises de notre ville (York) 5i
Notre ville, ses rues et ses édifices (Indianapolis) 5(î
Le « Common » de Boston (Boston) 50
L'Exposition de Cincinnati (Avondale) 57
Description d'un incendie (Cincinnati ) 58
Siloam (Comté de Monmouth ) f'O
Mon excursion dans l'Ouest (Boston) '»l
TABLE DES MATIÈRES. 501
III. — Exercices de stijle : Narrations.
Pa^es.
Une promenade en Street-car (Mihvaukee) 6i
Même sujet (Mihvaukee) 66
Même sujet ( Mihvaukee i 67
Mèuie sujet ( Mihvaukee i 68
Même sujet i Mihvaukee). . . 69
Même sujet i Mihvaukee) 70
La neige (avec texte anglais). (Cincinnati » 7'2
Le sapin (avec texte allemand). (Cincinnati) 74
Les feuilles (Boston) 75
Les fleurs (Mihvaukee) 76
Les poches (Newarkj 77
Les chemins de fer (Mihvaukee) 78
Les Uvres (Mihvaukee) 79
Les journaux (Comté d'Hudson) 81
La main (Comté de Monmouth i 82
La sieste de l'après-midi ( Boston j 84
Histoire d'un petit marchand de journaux (Comté de Monmouth). 85
Histoire et aventures d'un vieux livre (Cincinnatij 87
Même sujet (Cincinnati ) 88
Autobiographie d'un vieux fusil (Cincinnati) 89
Histoire et aventures d'un vieux fusil (Cincinnati) 90
Histoire d'un vieux fusil racontée par lui-même (Cincinnati) .... 91
Autobiographie d'un vieux fusil (Cincinnati) 92
Le travail ( Leiperville ) 93
Les bonnes manières ( Boston) 94
La distinction ( Leiperville) 96
L'intempérance ( Comté de Harren ) 97
Plaisirs de la lecture (Mihvaukee) 98
Les enfants d'aujourd'hui (Comté de Gloucesteri 99
L'amour (Nouvelle-Orléans) 101
Mon été à Hillsborough Farm (Comté de Middlesex) 102
IV. — Exercices de style : Lettres.
A une cousine ( Indianapolisj 105
A une tante (Boston) lOi
A une amie (Boston) 106
A une amie (Clarence). 107
A une cousine (Clarence) 108
A une amie (Indianapolis) 109
A une amie (Indianapolis) 109
A un père (Indianapolis) 110
A une amie (Indianapolis) 111
A un cousin ( Indianapolis) 111
50:2 TABLE DES MATIÈRES.
A une amie (Dayton) 112
A une amie (Dayton) 113
A un cousin (Perrinevillc) 113
A u:ie amie (Bjston) 115
Au président Grant (Glendalej \Hj
V. — Exercices de style : La vie domestique.
Ma première expérience de ménage (Comté de Uergen ) 118
Le ménage (Avondale) l'20
Je vais à la maison (Comté de Middlesex) i2l
Les petites filles sont la joie de la maison (Comté de Cumberlandj. 122
La commèi-e (York) \±l
L'exemple vaut mieux que le précepte (Comté de Burlington).. . 125
La mode (Ncwportj 127
La mode ( Newport) 128
La mode (Newportj 12*,)
VI. — Exercices de style : La vie de V école décrite par les écoliers.
L'école (Cincinnati) 130
Notre école (Rocliellei 131
Noire école (Elkador) 131
Notre école (Comté de Monmouthl 132
Compte rendu du dernier examen (Fitchburgli) 134
Les compositions (York) 134
Encore les compositions (Newport) 135
Critique des compositions (Nouvelle-Orléansj 136
La vie d'une écolière (Nouvelle-Orléans) 138
Notre pique-nique scolaire (Mihvaukee) 131)
Notre pique-nique scolaire ( Mihvaukee) 139
Compte rendu d'une conférence publique (Leipervillei 140
Les écoles d'autrefois (Boston) 141
VII. — Exercices de style : A propos du Centenaire.
Le Centenaire (Newport) 152
Offrande pour le Centenaire (avec texte anglais). (Comté de
Huntcrdon) 153
Les premiers cent ans de notre histoire (Milwaukce) 154
Progrès de ce pays en cent ans (Leiperville) 155
Jadis et aujourd'hui (Patterson) . 156
Dans cent ans (Comté de Mercie) 157
VIII. — Histoire.
f-hristoplie Colomb (Milwaukce) 159
Même sujet (Milwaukce) 160
TABLE DES MATIÈRES. 503
Pages.
Ferdinand de Soto ( Boslon i 161
Questions d'histoire (8* année i. (Indianapolisi 162
Questions d'iusloire (examen de 1'''' année). (Nouvelle-Orléans). 163
Questions d'examen ( District de Columbia) 164
Questions d'histoire (7- année). (West des Moinesi 165
Sur Franklin (West des Moines i 167
George Washington (Clevelandi 168
Même sujet (Clevelandi 170
Même sujet (Glevelaudi 170
Même sujet (Cleveland ) 171
Même sujet ( Milwaukee) 17-2
La Fayette (Boston) 174-
La chevauchée de Paul Révère ( Boston i 176
Henri Wilson ( Boston i 178
Abraham Lincoln (Mihvaukeej 179
Un chapitre sur Napoléon (Comté de Monmouth) 180
Questions sur l'histoire d'Angleterre (Boston) 181
Esquisses biographiques de quelques vovageurs célèbres (Comté
du Cap Mav) ^ T 183
Mound Builders ( Newport i 185
IX. — Instruction civique.
Le patriotisme ( Milwaukee ) 187
Étude de la Constitution (District de Columbiai 188
Questions sur la Constitution (Cleveland) 189
Questions d'histoire contemporaine ( Somerset i 190
Coup d'œil sur l'histoire nationale ( Lancaster) 190
X. — Géographie.
Questions de géographie mathématique (Chicago) 190
Questions de géographie physique (District de Columbiai 191
Questions de géographie économique (Xewporti 191
Questions de géographie générale ( Saint-Louis i 192
Autres questions de géographie générale (Saint-Louisi 193
Questions de géographie physique (Saint-Louis) 193
Questions sur la géographie de l'Europe (Bay City i 194
Questions sur la géographie de l'Amérique (Spartaj 197
Carte de l'Amérique du Nord ( Sparta) 198
Questions sur la géographie des Étals-Unis dndianapolis) 201
Questions d'examen (Boston) 202
Autres questions d'examen ( Boston i 203
Révision de la géographie (Somerset) 204
Riches en rochers ( Boston ) 205
XI. — Xotiotïs dliistoire naturelle et de physique.
Examen d'histoire naturelle (Washington ) 207
Questions de physique (Washington) 208
50 i TAI5LE Di:S MATIÈRES.
Formes des feuilles (avec figuresj. ( Boston i 1>0J
Racines, troncs et arbres (CoUinibus) rîlO
Questions tle physique (Sandusky) :2I0
Questions sur les climats ( Burlington i -211
Questions de physiologie ( .Milwaukeei '2\'l
XII. — Arithmétique.
Calcul mental (degré moyen). (Newport) :213
Calcul mental (examen trimestriel, degré inférieur). (Newport). "lli
Fractions et problèmes iCIeveland) 214
Questions (7- année). (Saint-Louis i 216
Questions (7^ année). (Saint-Louis) 217
Questions (8^ année). (Indianiipolis) 218
Problèmes ( Memphis; 218
Problèmes sur la règle d'intérêt (Startford). 219
Problèmes (8" année). (Cincinnati) 219
Problèmes (3'' degré). (District de Columbia ) 219
Dessin géométrique (Newport) 221
XIII. — Musique.
Exercices de solfège (Cambridge» 221
Même exercice (Newport) 223
Exercice de musique i Nashville) 225
Mélodie composée par un élève 227
Mélodie composée par un élève 227
Mélodie composée par un élève. 228
Mélodie composée par un élève 228
XIV. — Travail des enfants chinois élevés aux Etats-Unis.
Ma ville natale (West Haven) 229
Mon voyage de Chine eu Amérique (Startford) 229
La Chine (Washington) 231
Les oiseaux ( East Hampton ) 232
L'hiver (Stratford ) 231
XV. — Dessin.
Éléments de perspective d'après la méthode de Cleveland (avec
figures). (Cleveland 1 235
Dessin dicté (avec ligures). (Cleveland) 236
Dessin (5"^ année) (avec figure). (Cleveland) 237
Dessin d'objets (avec figure). (Cleveland) 238
' TABLE DES MATIÈRES. 505
TROISIÈME PARTIE
Hi;;li Schools.
PR£iy|IÈRE SECTION : COMPOSITIONS LITTÉRAIRES.
I. — Récits scolaires.
Pages.
Le jour de juin ( Portsmouth ) ... '2il
Le jour d'examen ( Aurora i - i"
Les écolières ( Littleton i -iB
Nos écoies publiques (West des Moincsi 24-9
Les écoles françaises (Sandusky). 251
II. — Littérature.
L'esprit et riiumour ( Rochelle i 253
Du style ( Rocliellei 25(5
Études linguistiques ( Mihvaukee; 256
Questions sur la ponctuation (Bay Citv ) 259
Origine des locutions d'argot (Mihvaukee) 261
in. — Xarrations et fictions.
Entrevue du soleil et de la lune iGreenlîeld) 26i
A l'homme dans la lune (Mihvaukee) ' 268
Les parapluies (York) 269
Le jour de déménagement d'- année). (Mihvaukee) 271
Le jour de déménagement (l"" année). (Mihvaukee) 273
Le marché ( Baltimore i 27i
Julia Bruce i Sandusky i 277
Mon rêve (Aurora) 278
Mon rêve (Aurora) 279
Mon rêve (Aurora ) 280
IV. — Littérature et Histoire littéraire.
De la littérature américaine ( Lewsburgi 281
Les sciences contre les classiques (Aurora) 285
Question sur la littérature anglaise. (Reading) 288
V. — Exercices oratoires en public.
La vapeur et son utilité (Reading) 288
Les vieilles choses ont passé (Picadiagi 291
Adieux des aînées ( Nouvelle-Orléans) 294-
Adieux des jeunes (Nouvelle-Orléans) 297
500 TADLE DES MATIÈRES.
2- SECTION : COMPOSITIONS {«ORALES ET PHILOSOPHIQUES.
VI. — Disserlalions.
Piiges.
Ainiisomcnts innocents (Mihvaukeej 298
Amusements innocents (3^ année). (Aurora) 301
De l'extension des coni^és aux Élats-rnis. (Aurora) 303
L'école buissonnière (Baltimore). 306
Propos de table (York) 308
Faites régner le bonheur au foyer domestique (Littleton) 309
L'augmentation de la richesse produit-elle un bon effet sur nos
mœurs? (Aurora) 310
Dans cent ans d'ici (Mihvaiikee) 312
Bienfaits de l'éducation ( Mihvaukeei 315
Laissez entrer le soleil (New Brunswick i 316
La beauté (Aurora) 317
Devoirs et droits (Burlington) 320
Peut-on jamais justifier un mensongo? iMihvaukee) 322
Honneur aux mains calleuses (Portsmouth i 323
3- SECTION : COMPOSITIONS HISTORIQUES ET POLITIQUES.
VII. — Histoire.
Étude de l'histoire (Milwaukee) 328
Histoire ancienne (Rochelle) 329
Histoire moderne (Baltimore) - 331
Histoire de France (Baltimore) 332
Jeanne d'Arc (Sanduskv) 335
L'homme sans patrie (Sanduskv) 336
II y a cent ans (Orange) 338
Les M Détectives » de l'histoire ( Mihvaukee) 341
VIll. — Compositions politiques.
Constitution des États-Unis i Grcat Bend ) 3i3
Le système du Jury (Greenfield) 349
Nos présidents i Avondalej 354
Tout enfant américain espère être président (Avondale) 356
Notre première présidente ( Mihvaukee i 357
Le suffrage étendu aux femmes (Fitchburgh) 359
La seule vraie Bépuhlique (West des Moines) 361
L'immigration (Aurora i 364
L'immigration (Aurora) 370
Actualités (Corry) 373
Les élections en France ( Plvmouth i 375
TABLE DES MATIÈRES. 50"
4^ SECTION: COMPOSITIONS LATINES.
IX. — Versions et Thèmes latins.
Pages.
Versions et exercices (San Francisco i 376
Examen de latin i Cleveland i 378
Autre examen iCieveland i 379
Examen écrit ( Washington i 380
r.rcc I Shelbyvillei 380
X. — Traduction libre.
Le i" livre de ÏEnéide de Virgile, traduit en forme de drame
anglais, en trois actes (Newburyport) 381
XI. — Compositions françaises.
Phrases traduites en français (Cincinnatij 394
Exercices français (Cincinnati) 395
Thèmes français (4^ année) . (Cincinnati). . 395
Composition en français : Joséphine. iKirkwoodj 396
5^ SECTION : COMPOSITIONS SCIENTIFIQUES.
XII. — Mathématiques.
Algèbre fWashingtonj 397
Algèbre (Washington ) 398
Trigonométrie (Californie; 399
Astronomie (Boston) 399
XIII. — Sciences physiques.
Physique (Cleveland i 401
Physique (Californiej 403
Solides et fluides (Californie) 403
Examen de physique (Ballimorej 404
Chimie (Californie) 407
Chimie (Baltimore) 408
Ciiimie '3^ annéej . (Cleveland) 411
XIV. — Sciences naturelles.
Biologie ( Milwaukec) 414
Physidogie (Corryj.'. 418
Analyse botanique (La Fayettej 423
Céologie (Californie) l'ii
508 TABLE DES MATIÈRES.
XV. — Dessin.
Pages.
Dessin (l'archilecture avec figures 124
Q U A T R I K M E I' A 1\ T I E
\oriiial ^cliools.
La lliblc dans les écoles publiques i'il
La IJible dans les écoles publiques (Bloomsburgb; i^U
Les femmes doivent^ellcs être admises dans nos collèges? (Mil-
lersville) i3a
Le centenaire de l'éducation (Milwaukee) 4 iO
Histoire de l'éducation (Milwaukee) il'i
Philosophie de l'éducation (Cincimiati) iôl
Principes élémentaires d'éducation (Upsilanti* 153
De la discipline ou du gouvernement de l'école f.Mihvaukeej. . . 45G
Philosophie mentale (Cincinnati) 40:2
Des punitions (Dayton i 1(33
Leçons de choses (questions (roxaiuen) (Milwaukeci 465
Leçons de choses (Millersvillc) 171
Leçons de lieu (Indianapolis)-. 478
De l'enseignement de la lecture (Indianapolis) 483
De l'enseignement de la gi-ammairc (Upsilanti) 480
Rajiports faits par les élèves de l'école normale après leurs visites
dans les classes de l'école primaire annexe (Indianapolis)... 48';)
31obilier de l'école (Dayton) 191
Do l'enseignement du dessin (Milwaukee) 493
L'exercice (Upsilanti) 495
FIN LE I.A ÏADI.K l) K S MATIERES.
i=*r'..<5. — nipnnihiur, de e. martinet, nue mignon, 2
^^
f^7c; nnû70
B932D
,^.^, Buisson , oxiers
recueilles a 1 ^^P
de îbiladelP^^^
americai-ns,
375.00973
B932D
Buisson
Devoirs d'écoliers américains,
recueillis a l'Exposition
de Philadelphie
7^>»^