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Full text of "Devoirs d'ecoliers americains : recuillis a l'Exposition de Philadelphie (1876)"

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THE  LIBRARY 


The  Ontario  Institute 


for  Studies  in  Education 


Toronto,  Canada 


-fï.y 


sr^ 


DEVOIRS 


D'ÉCOLIERS  AMÉRICAINS 


L  !  B  R  A  R  Y 

APR  1 1  1969 


TH5  ONTARIO  iNSTITUTE 
FCR  STUDiZS  !N  EDUCATION 


■mil   m»» i.ui. 


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DEVOIRS 

n'ÉCOLIERS  AMÉRICAINS 


KECÎEILLIS 


A   L'EXPOSITION  DE   PHILADELPHIE   (1876) 


F.    BU  ISSON 

Agrégé  île  rL'nivci-silé.  ancien  iiispeitoui'  de  rinslructiou  primaire 

Président  do  la  commission  scolaire  déléguée  à  Philadelphie  par  le  Ministèi 

de  rinstniction  publique 


ET    T  n  A  l)  l-  I  T  s 

PAR   A.    LE  GRAND 

Chargé  i\c  cour»  d'anglais  au  Lycée  Fontanes 

avec  figures  el  plancher 


PARIS 

LIBRAIRIE   HACHETTE   et   C^^ 

.'-.OULEVAriD    SAIN  T-GERMAIi\,     71) 

187  7 
ÏDus  droits  réservés. 


PRÉFACE 


Ce  volume  n'est  pas  un  livre  sur  les  écoles  des  États-Unis, 
c'est  un  livre  écrit  par  ces  écoles  elles-ïnèmes. 

Les  divers  États  de  lUnion  américaine,  ceux  du  moins  qui 
prenaient  part  aux  fêtes  du  Centenaire,  avaient  envoyé  à  Phila- 
delphie, avec  les  plans  d'écoles  et  les  documents  officiels,  de 
nombreuses  collections  de  travaux  d'élèves  de  tous  les  degrés. 
Dérogeant  par  exception  à  leurs  habitudes  d'indépendance 
absolue,  ils  avaient  consenti  à  accepter  pour  cette  exposition 
de  devoirs  scolaires  une  certaine  uniformité  de  programme.  Ils 
s'étaient  plies  à  quelques  règles  communes  judicieusement 
proposées  par  le  Bureau  national  d'éducation  de  Washington 
et  par  les  Surintendants  de  plusieurs  États.  On  était  con- 
venu, par  exemple,  que  l'instituteur  ou  l'institutrice,  exposant 
les  travaux  manuscrits  de  ses  élèves,  remplirait  un  formulaire 
imprimé  en  tète  du  cahier.  Ce  formulaire  indiquait  le  nombre 
total  d'élèves  qui  composent  la  classe,  leur  âge  moyen,  le 
temps  qu'ils  y  ont  passé;  si  l'on  ne  produisait  pas  les  copies 
de  tous  les  élèves,  le  cahier  portait  le  titre  :  copies  choisies, 
et  une  note  en  gros  caractères  sur  la  première  page,  prév<î- 
liant  tout  malentendu,  disait  combien  d'élèves  pour  cent  étaient 
représentés  dans  ce  choix.  Enfin  chaque  copie  portait  avec  sa 
date  le  nom  et  l'âge  de  l'élève,  la  mention  du  temps  employé 


M  rRKFACE. 

à  ce  devoir  et  l'atlestatioii  signée  par  reiifanl,  contre-signée 
par  le  maître  ou  la  maîtresse,  que  cette  composition  d'exanu'i» 
avait  été  faite  et  copiée  eu  classe  par  l'élève  seul,  sans  aucun 
secours  et  sans  correction. 

Si  nous  relevons  ces  diverses  précautions  prises  pour  assurci' 
l'authenticité  des  travaux  exposés  et  l'équité  des  comparaisons, 
ce  n'est  pas  que  nous  nous  en  exagérions  l'efficacité,  c'est  pour 
faire  connaître  en  quelle  forme  et  dans  quelles  conditions 
chaque  État  entendait  mettre  sous  les  yeux  du  public  ces 
milliers  de  cahiers  émanant  de  ses  Conimon  Schools.  A  i\r. 
prendre  que  l'ensemble,  et  abstraction  faite  des  inexactitudes 
et  des  infidélités  de  détail,  on  nous  donnait  bien  là  le  travail 
normal  et  moyen  de  l'école  américaine,  pris  sur  le  vif,  non  trié, 
non  paré,  vu  par  grandes  masses  et  non  pas  seulement  dans 
une  élite. 

Le  dépouillement  de  cette  volumineuse  colleclion  de  manu- 
scrits faisait  évidenmient  partie  de  la  mission  coniiéc  par  h; 
Ministère  de  l'Instruction  publique  de  notre  pays  aux  délégués 
qu'il  envoyait,  conformément  au  vote  des  Chambres,  à  l'expo- 
sition de  Philadelphie.  C'est  en  nous  livrant  à  celte  étude  que 
nous  avons  eu  l'idée  d'extraire  de  ces  innombrables  cahiers 
quelques  centaines  de  devoirs,  représentant  le  type  ordinaire 
des  principaux  genres  d'exercices  de  tous  les  degrés.  11  nous 
a  semblé  qu'en  plaçant  sous  les  yeux  des  lecteurs  français  ce 
dossier  de  témoignages  irrécusables,  on  les  mettrait  en  mesure 
de  se  former  à  eux-mêmes  une  opinion,  de  contrôler,  de  réfor- 
mer peut-être  plus  d'un  jugement  tout  fait  sur  l'éducation 
américaine  et  d'en  mieux  apprécier  les  qualités  et  les  défauts 
propres. 

L'idée  même  dans  laquelle  ce  recueil  a  été  conçu  détermi- 
nait d'avance  la  manière  dont  se  ferait  le  choix  des  morceaux. 
Tout  parti  pris  d'éloge  ou  de  blâme  en  est  également  absent. 
La  seule  ambition  qu'on  ait  eue  est  de  réunir  des  documents 
vraiment  caractéristiques,  exprimant  bien  l'état  des  choses  el 
l'état  des  esprits,  la  direction  généralement  suivie  et  la 
moyenne  des  résultats  atteints. 

Aussi  ne  irouvera-t-on  ici  ni  appréciations  ni  conclusions. 
Les  notes  mêmes  se   borneront  aux  explications  nécessaires 


PREFACE.  YII 

(jour  l'intelligence  du  texte.  Le  lecteur  est  laissé  à  ses  propres 
impressions,  et  nous  ne  serons  point  surpris  si  elles  sont  très- 
contradictoires,  s'il  est  tour  à  tour  charmé  et  offusqué  par 
tout  ce  qui  passera  sous  ses  yeux  :  nous  n'avons  fait  aucun 
etïort  pour  lui  épargner  ces  alternatives  de  sentiments  divers. 
Nous  imitons  les  Américains  eux-mêmes  en  laissant  dans  ce 
livre,  comme  eux  dans  leur  exposition,  chaque  école,  chaque 
enfant,  parler  lihrement  son  langage  et  se  peindre  d'après 
nature. 

Ce  n'est  pas  du  reste  pour  nous  réfugier  dans  un  facile  scep- 
ticisme que  nous  nous  ahstenons  dans  ce  volume  de  tout  juge- 
ment. 11  n'appartient  pas  à  l'auteur  de  présenter  ici  en  son 
nom  personnel  les  conclusions  de  l'enquête  à  laquelle  il  a  pris 
part.  On  les  trouvera  dans  une  publication  d'une  autre  nature 
faite  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Instruction  publique, 
]e  Rapport  de  Ui  Commission  scolaire  déléguée  à  PhiladelijJiie. 
(!•'  recueil  n'est,  pour  ainsi  dire,  qu'une  annexe  de  ce  Rapport, 
une  collection  de  pièces  justificatives,  ou  mieux  encore,  de 
matériaux  pour  servir  à  l'étude  d'un  système  scolaire  qu'on  ne 
saurait  examiner  de  trop  près,  puisqu'il  a  entre  tous  le  privi- 
lège de  provoquer  et  les  plus  vives  admirations  et  les  plus 
ardentes  critiques. 

La  traduction  a  été  faite  dans  le  même  esprit.  On  s'est  ap- 
pliqué à  reproduire  le  texte  de  l'élève  jusque  dans  les  négli- 
gences de  la  rédaction.  Ce  travail  délicat  a  été  confié  à  un 
homme  qui,  ayant  par  ses  fonctions  dans  l'enseignement  l'ex- 
périence des  enfants,  de  leur  langage  et  de  leur  esprit,  s'est 
efforcé  de  conserver,  autant  que  possible,  aux  écoliers  améri- 
cains de  tout  âge  et  de  tout  sexe  leurs  allures  originales  de 
pensée  et  de  style,  leur  spontanéité,  leur  franc  parler,  leur.> 
hardiesses. 

Celui  qui  prendra  la  peine  de  parcourir  ces  pages,  rassem- 
blées de  tous  les  points  de  l'I'nion,  pourra  s'imaginer  à  bon 
droit  qu'il  fait  une  sorte  de  voyage  d'inspection  rapide  à 
travers  ces  fameuses  écoles  des  États-Unis  ;  il  les  voit  ici,  à 
certains  égards,  plus  exactement  qu'il  ne  lui  serait  donné  de 
le  faire  en  les  visitant  :  il  assiste  à  la  marche  ordinaire  de  la 
classe,  il  y  surprend  le  secret  des  méthodes  dans  leur  appli- 


vin  l'IlEFACK. 

cation  quotidienne,  il  feuillette  librement  les  cahiers  des  élèves, 
il  écoute  leurs  conlidences  sur  le  va-et-vient  de  la  vie  scolaire, 
et  peut-être  apprendra-t-il  de  leur  bouche  plus  d'un  détail  ({u'il 
ignorait  sur  l'état  vrai  de  l'école,  de  la  famille  et  môme  de  la 
société  américaine. 


DEVOIRS 

D'ÉCOLIERS    AMÉRICAINS 

RECUEILLIS  A  L'EXPOSITION  DE  PHILADELPHIE  (1876). 

PRIMARY    SCHOOLS 

(Correspondant  à  nos  salles  d'asile  et  à  la  classe  élémentaire 
de  nos  écoles  primaires.) 

Age'moyen  :  de  six  à  neuf  ans. 


I«  —  Leçons  de  choses  (1). 

1.— ESQUISSE  d'une  LEÇON   SUR   LES  PROPRIÉTÉS  DU   PAIN. 

Plan  : 

1°  Introduction  : 

Présentez  le  pain  et  faites  dire  à  quoi  il  sert  et  pourquoi  il 
est  bon  à  manger. 

La  maîtresse  présente  le  pain  et  fait  dire  par  les  élèves  que 
c'est  du  pain.  Elle  demande  ce  qu'on  en  fait. 

Les  enfants  (en  riant)  :  On  le  mange. 

La  maîtresse  :  Comment  appelle-t-on  les  choses  que  nous 
mangeons? 

(1)  Pour  ne  pas  omettre  ce  premier  mode  d'enseignement,  dont 
l'éducation  américaine  fait  un  si  grand  usage,  nous  empruntons  à 
l'Exposition  des  écoles  normales  quelques  leçons  de  choses  rédigées 
par  les  élèves-maîtresses  à  l'imitation  de  celles  qui  se  font  tous  les 
jours  dans  les  jardins  d'enfants  et  dans  les  primary  schools. 

1 


2  PRIMARY    SCHOOLS. 

Les  enfants  répondent  (ou  on, leur  di'ra)  qu'on  les  appelle 
des  aliments. 

La  maîtresse  demande  pourquoi  nous  mangeons  le  pain 
(pourquoi  il  est  bon  à  servir  de  nourriture  ou  à^aliment)\  les 
enfants  répondent  que  c'est  parce  qu'il  a  bon  goût,  qu'il  nous 
fait  grandir,  qu'il  nous  rend  forts,  etc. 

2°  Exercices  sur  les  propriétés  du  pain  : 

Faites  dire  les  propriétés  connues  :  1<*  par  la  vue,  2°  par 
l'odorat,  3"  par  le  goût,  i""  par  le  toucher,  5°  par  le  moyen 
d'expériences. 

Développement  : 

La  maîtresse. —  Sarah,  comment  savez-vous  que  ceci  est  du 
pain  ? 

Sarah.  —  Parce  que  je  le  vois. 

La  maîtresse. —  Vous  le  savez  donc  par  la  vue.  Qu'est-ce 
<iue  vous  savez  encore  par  la  vue? 

Anna.  —  Je  sais  qu'il  est  blanc. 

La  maîtresse.  —  John,  en  savez-vous  autre  chose  par  la 
vue? 

John.  —  Ce  pain  est  plein  de  petits  trous. 

La  maltresse.  —  De  quel  autre  mot  nous  servons-nous  pour 
désigner  des  petits  trous? 

John  répond,  ou  bien  on  lui  désigne  le  mot  pores. 

La  maîtresse. —  Vous  dites  donc  que  ce  pain  est... 

John.  —  Plein  de  pores. 

La  maîtresse.  —  Ou  poreux. 

Elle  fait  répéter  aux  différents  élèves  que  le  pain  est  poreux. 

La  maîtresse.  —  James,  de  quelle  autre  manière  pouvons- 
nous  apprendre  quelque  chose  de  ce  pain  ? 

James. —  Nous  pouvons  apprendre  quelque  chose  de  ce  pain 
par  l'odeur. 

La  maîtresse.  —  Laura,  quelle  espèce  d'odeur  a  ce  pain? 

Laura. —  Ce  pain  a  une  odeur  agréable. 

La  maîtresse  pourra  faire  distinguer  l'odeur  du  pain  chaud 
de  celle  du  pain  rassis,  etc. 

Même  travail  pour  le  sens  du  goût. —  La  maîtresse  fait  dire 
que  le  pain  a  bon  goût,  a  une  saveur  agréable,  qu'il  est 
agréable  au  goût,  etc.  A  titre  d'exercice  sur  ces  mots,  elle  leur 
fait  nommer  d'autres  choses  qui  ont  les  mêmes  qualités  ou  les 
qualités  contraires  ;  elle  leur  fait  ensuite  apprendre  le  sens 
des  mo's  sapide  et  insipide  par  de  nombreux  exemples. 


LEÇONS   DE   CHOSES.  3 

Même  travail  pour  les  qualités  du  toucher  :  rugueux  et 
mou. 

La  maîtresse  fait  ensuite  devant  les  enfants  quelques  expé- 
riences :  —  Freddy,  je  vais  mettre  ce  pain  dans  l'eau  :  que 
va-t-il  arriver? 

Freddy.—  11  va  boire  l'eau. 

La  maîtresse  montre  que  le  pain  s'imbibe  d'eau,  absorbe 
l'eau,  parce  qu'il  est  spongieux. 

Autres  expériences  analogues. 

En  terminant,  on  fait  répéter  par  les  enfants  tous  les  mots 
qu'ils  ont  appris  dans  la  leçon,  en  leur  faisant  indiquer  par 
des  exemples  la  signification  de  chacun  d'eux. 

Nellie  U. 
École  normale  d'Indianapolis  (Indiana). 


2.  —  ESQUISSE  D'UNE  LEÇON  SUR  L'ÉPONGE. 
(Pour   la   petite  classe,   première  année  d'école.) 

Introduction  : 

La  maîtresse. —  Ue  quoi  vous  servez-vous  à  l'école  ? 

Les  enfants. —  D'une  ardoise. 

M.  (1)  —  De  quoi  encore? 

E.  (2j  —  D'un  livre. 

3/.  —  Qui  se  sert  d'autre  chose?  Levez  la  main. 

E.  —  Je  me  sers  d'une  éponge. 

M.  —  A  quel  usage  employez-vous  l'éponge? 

E.  —  Pour  essuyer  mon  ardoise. 

M.  —  C'est  bien.  Combien  parmi  vous  ont  des  éponges  ? 

Les  enfants  lèvent  la  main. 

M.  —  C'est  bien. 

On  épelle  et  on  écrit  le  mot  éponge. 

(1)  Abréviation  pour  :  La  maîtresse. 

(2)  Abréviation  pour  :  Un  élevé  ou  les  élèves. 


4  PRIMARY    SCHOOLS. 

Matière  : 

I.  L'éponge  est  pleine  de  trous.  —  II.  L'éponge  s'imbibe  d'eau.  — 
III.  Nous  pouvons  rapetisser  l'éponge  en  la  pressant.  —  IV.  L'éponge 
est  légère.  —  V.  L'éponge  est  brune.  — •  VI.  L'éponge  est  résis- 
tante. —  VII.  L'éponge  dure  longtemps.  —  VIII.  Ou  se  sert  de 
l'éponge  pour  les  objets. 

Développement  : 

I.  —  La  maîtresse.  (Elle  place  devant  les  enfants  une  éponge 
et  une  pierre  de  la  même  grosseur.) —  Quelle  est  la  différence 
entre  ces  deux  objets? 

Les  enfants.  —  L'éponge  a  des  trous,  la  pierre  n'en  a  pas. 

M.  —  C'est  bien.  Combien  l'éponge  a-t-elle  de  trous?  Comp- 
tez-les. 

E.  —  Il  y  en  a  tant  que  nous  ne  })Ouvons  pas  les  compter. 

M.  —  Alors  que  pouvons-nous  dire  de  l'éponge? 

E.  —  Que  l'éponge  est  pleine  de  trous, 

M.  —  C'est  bien. 

On  écrit  cette  phrase  au  tableau,  et  on  la  fait  lire  par  plu- 
sieurs élèves  individuellement,  puis  collectivement. 

II.  —  M.  —  (Il  y  a  un  peu  d'eau  dans  une  soucoupe,  elle  y 
met  l'éponge  et  laisse  les  enfants  regarder  ce  qui  se  passe.) 
—  Qu'est  devenue  l'eau  ? 

Les  enfants.  —  Elle  est  dans  l'éponge. 
;y.  —  Comment  est-elle  entrée  dans  l'éponge  ? 
E.  —  L'éponge  l'a  bue  (absorbée). 

M.  —  C'est  bien.   Alors  que   pouvons-nous   dire   que   fait 
l'éponge? 
E-  —  L'éponge  absorbe  l'eau. 
Même  exercice  au  tableau  noir. 

III.  —  M.  —  Qui  peut  faire  sortir  l'eau  de  l'éponge?  Levez 
la  main. 

Un  enfant  serre  l'éponge  et  en  fait  sortir  l'eau. 

M.  —  Qu'est-ce  qu'il  a  fait  à  l'éponge  ? 

E.  —  11  l'a  serrée. 

M.  —  Qu'avez-vous  remarqué  quand  il  l'a  serrée  ? 

E.  —  Elle  est  devenue  plus  petite. 

M.  —  C'est  bien.  Alors  (}ue  pouvons-nous  dire  de  l'éponge? 

E.  —  Que  nous  pouvons  rendre  l'éponge  plus  petite  en  la 
pressant. 

M.  —  C'est  bien.  Et  qu'est-ce  qui  s'est  produit  lorsqu'il  a 
lâché  l'éponge? 


LEÇONS  DE   CHOSES.  5 

E.  —  Elle  est  redevenue  aussi  grosse  qu'avant. 
M.  —  Bien.  Écrivez  au  tableau  ce  que  vous  avez  vu. 

IV.  —  M.  (Elle  appelle  un  enfant  et  lui  met  la  pierre  dans 
une  main  et  l'éponge  dans  l'autre.)  —  Que  pouvez-vous  dire 
de  la  pierre  ? 

L'enfant.  —  La  pierre  est  lourde. 
M.  —  C'est  bien.  L'éponge  est-elle  lourde  aussi? 
E.  —  Non,  elle  est  légère. 

M. —  C'est  bien.  Qu'est-ce  que  nous  venons  de  découvrir  au 
sujet  de  l'éponge  ? 
E.  —  Que  l'éponge  est  légère. 

V.  —  M.  —  Elle  leur  montre  un  ruban  rouge,  une  feuille 
verte  et  une  fleur  bleue,  et  fait  nommer  les  différentes  cou- 
leurs.) —  A  laquelle  de  ces  couleurs  ressemble  la  couleur  de 
l'éponge  ? 

E.  —  A  aucune. 

M.  —  Est-elle  blanche?  noire?  grise?  brune?... 

E.  —  L'éponge  est  brune. 

VL  —  M.  —  (Elle  appelle  un  enfant  et  lui  fait  déchirer  un 
morceau  de  papier.  Elle  lui  donne  ensuite  un  morceau  d'épongé 
et  lui  dit  de  le  déchirer.  L'enfant  ne  peut  pas.)  —  Qu'est-ce 
que  vous  pouvez  me  dire  du  papier  ? 

E.  —  Qu'il  se  déchire  facilement. 

M.  —  C'est  bien.  Qu'est-ce  que  vous  pouvez  me  dire  de 
l'éponge? 

E.  —  Qu'elle  ne  se  déchire  pas  facilement. 

M.  —  Puisqu'elle  ne  peut  pas  se  déchirer  facilement,  que 
disons-nous  qu'elle  est? 

Personne  ne  répond. 

M.  —  Nous  disons  qu'elle  est  résistante.  Que  disons-nous 
qu'elle  est? 

E.  —  Ptésistante. 

M.  —  Dites-moi  cela,  vous. 

E.  —  L'éponge  est  résistante. 

Exercice  au  tableau. 

VIL  —  M.  —  Quels  sont  ceux  qui  se  servent  d'épongé  à 
l'école  ? 

Ceux  qui  se  servent  d'épongé  lèvent  la  main. 

M.  —  Quels  sont  ceux  qui  se  servent  de  chiffons? 

Ceux  qui  se  servent  de  chiffons  lèvent  la  main. 

M.  —  Qu'est-ce  qui  dure  le  plus  longtemps,  les  éponges  ou 
les  chiffons  ? 


b  PRIMARY   SCHOOLS. 

E.  —  Les  éponges. 

M.  —  Combien  durent  les  éponges? 

E.  —  Elles  durent  si  longtemps  que  nous  n'en  savons  rien. 

M.  —  C'est  bien.  Qu'est-ce  que  nous  venons  de  découvrir  au 
sujet  de  l'éponge  ? 

E.  —  Que  l'éponge  dure  longtemps. 

Exercice  au  tableau. 

VIII.  —  M.  —  A  quel  usage  employez-vous  l'éponge? 

E.  —  Pour  essuyer  mon  ardoise. 

M.  —  C'est  bien.  Pour  quel  autre  usage  employez-vous  une 
éponge  ? 

E.  —  Pour  me  laver. 

M.  —  C'est  bien.  Qui  sait  à  quels  autres  usages  on  peut 
employer  les  éponges  ? 

E.  —  Pour  laver  les  voitures. 

M.  —  G'esl  bien.  A  quoi  donc  servent  les  éponges? 

E.  —  Les  éponges  servent  à  laver  les  objets. 

M.  —  C'est  bien. 

On  relit,  toutes  les  phrases  écrites  au  tableau,  puis  on  en 
redemande  une  de  mémoire  à  chaque  élève.  Les  enfants 
doivent  les  écrire  sur  leurs  ardoises  pendant  l'après-midi. 

Maggie  s. 
École  normale  municipale  de  Dayton  (Ohioj. 


3.  —  ESQUISSE  d'une  LEÇON    SUR  LA  FUSIBILITÉ. 
(Pour  la  classe  la  plus  avancée  de  laprimary  school,  3*  année  d'école.) 

But  de  la  leçon  : 

1.  Cultiver  chez  l'enfant  les  sens,  la  mémoire,  le  jugement; 
lui  apprendre  à  s'exprimer;  encourager  l'esprit  d'observation. 

2.  Donner  une  idée  de  la  fusibilité  et  faire  apprendre  le  mot 
fuùhle. 

Matière  : 

Les  choses  qui  fondent  par  la  chaleur  sont  dites  fusibles. 

Plan  : 

1.  Ordre  î\  suivre  : 

a.  Présentez  l'objet  (un   petit  morceau   de  beurre)    et 
faites-en  dire  le  nom. 


LEÇONS  DE    CHOSES.  7 

b.  Tenez  le  beurre  au-dessus  d'une  bougie  allumée  et 

faites-le  fondre. 
C.  Faites  dire  aux  enfants  quelle  différence  il  y  a  entre 

l'état  actuel  du  beurre  et  celui  dans  lequel  il  était 

auparavant. 

d.  Faites  dire  aux  enfants  que  cette  différence  est  le 

résultat  de  la  chaleur  de  la  flamme. 

e.  Appliquez  à  d'autres  objets  l'idée  de  fusion  par  la 

chaleur. 

f.  Faites  remarquer  aux  enfants  et  faites-leur  constater 

que  cet  attribut  est  commun  à  tous  ces  objets. 

g.  Faites  exposer  par  les  enfants  la  matière  comme  nous 

l'avons  donnée  plus  haut,  et  faites  employer  le  mot 
fusible. 
I.  Exercice. 

a.  Lorsque  les  enfants  ont  l'idée  de  fusibilité,  exercez-les 

en  leur  faisant  nommer  beaucoup  de  choses  fu- 
sibles. 

b.  Exercez-les  sur  le  mot  en  leur  faisant  dire  que  cer- 

taines choses  sont  fusibles. 
C.  Exercez-les  par  de  fréquentes  récitations  individuelles 
et  générales. 
.  Révision. 

a.  Le  maître  donne  le  mot,  les  enfants  donnent  l'idée. 

b.  Le  maître  donne  l'idée,  les  enfants  donnent  le  mot. 

c.  Faites  nommer  par  les  enfants  beaucoup  de  choses 

fusibles  et  faites-leur  dire  pourquoi  chacune  d'elles 
est  dite  fusible. 

Kellie  V. 
École  normale  d'Indianapolis  (Indiana). 


4.  —  ESQUISSE  D  UNE   LEÇON  SUR  LA  COMPARAISON   D  UN   ANIMAL 
ET  d'une  plante. 

(Pour  la  classe  la  plus  avancée,  3*  année  d'école.) 

But  de  la  leçon  : 

Développer  les  facultés  de  conception,  de  raisonnement  et 
d'expression,  en  prenant  pour  objet  d'étude  la  recherche  des 
ressemblances  et  des  différences  entre  deux  classes  d'êtres 
organisés. 


8  PRIMARY    SCHOOLS. 

Introduction  : 

La  maîtresse.  —  Je  demande  que  les  enfants  me  disent  ce 
qu'ils  ont  vu  sur  leur  chemin,  hier  soir,  en  retournant  chez 
eux  après  l'école. 

Un  élevé.  —  J'ai  vu  un  gros  chien. 

Un  autre  élève.  —  J'ai  vu  un  petit  chat. 

Un  autre  élève.  —  J'ai  vu  un  cheval. 

M'  —  Qui  peut  me  dire  comment  nous  appelons  les  chiens, 
les  chats  et  les  chevaux  ? 

E.  —  Des  animaux. 

M.  —  C'est  bien.  Quelquefois,  en  retournant  chez  vous, 
vous  passez  devant  une  maison  qui  a  une  jolie  cour  tout 
ornée  de  plates-bandes,  et...  de  quoi?  Qu'y  a-t-il  dans  les 
plates-bandes  ? 

E.  —  Des  fleurs. 

M.  —  Et  comment  appelle-t-on  encore  les  fleurs? 

E.  —  Des  plantes. 

M.  —  C'est  bien.  Quels  sont  ceux  qui  voudraient  dire 
quelque  chose  sur  une  plante  et  sur  un  animal?  Levez  la 
main. 

Tous  les  enfants  lèvent  la  main. 

Matière  : 
l.  Un  animal  éprouve  de  la  douleur,  une  plante  n'en  éprouve  pas.  — 
II,  —  Un  animal  peut  changer  de  place,  une  plante  ne  le  peut  pas. 
—  III.  La  plante  et  l'animal  vivent,  grandissent  et  meurent.  — 
IV.  L'animal  prend  sa  nourriture  par  la  bouche,  la  plante  la  prend 
par  ses  racines  et  par  ses  feuilles.  —  V.  L'animal  respire  au  moyen 
de  ses  poumons. 

Développement  : 

I.  —  M.  —  Quels  sont  ceux  d'entre  vous  qui  ont  vu  un  ani- 
mal blessé?  Levez  la  main. 

Quelques  enfants  lèvent  la  main. 

M.  —  Quel  animal  avez-vous  vu  ? 

E.  —  Un  chien  qui  avait  la  patte  cassée. 

M  —  Comment  savez- vous  qu'il  était  blessé? 

E.  —  Parce  qu'il  poussait  des  cris  aff^reux. 

M.  —  Et  pourquoi  ces  cris  ? 

E.  —  Parce  qu'il  avait  mal. 

M.  —  Il  éprouvait  de  la  douleur.  Quels  sont  ceux  qui 
pensent  qu'un  arbre  éprouve  de  la  douleur  lorsqu'on  l'abat? 

E.  —  Personne. 


LEÇONS   DE   CHOSES.  9 

3/.  —  Et  qu'est-ce  qu'un  chien  ? 

E.  —  Un  animal. 

M.  —  Alors,  lorsqu'un  animal  est  blessé,  il  éprouve...  quoi  ? 

E.  —  De  la  douleur. 

M.  —  Et  qu'est-ce  qu'un  arbre? 

E.  : —  Une  plante. 

M.  —  Alors  une  plante  n'éprouve  pas  de...? 

E.  —  Douleur. 

M.  ■ —  C'est  bien.  Ainsi  la  différence  entre  un  animal  et  une 
plante,  c'est  que...  ? 

E.  —  Un  animal  éprouve  de  la  douleur  et  une  plante  n'en 
éprouve  pas. 

M.  —  C'est  bien. 

La  maîtresse  écrit  au  tableau  noir  cette  phrase,  la  fait  lire 
individuellement,  puis  simultanément  par  tous  les  élèves,  et 
en  fait  épeler  tous  les  mots. 

II.  —  M.  —  Avez-vous  jamais  passé  près  d'un  pâturage  où 
il  y  avait  des  chevaux? 

E.  —  Oui. 

M.  —  Qu'est-ce  qu'ils  faisaient? 

E.  —  Ils  mangeaient  de  l'herbe. 

E.  —  Ils  couraient. 

M.  —  Lorsqu'un  cheval  est  dans  un  enclos  et  qu'il  voit  un 
petit  endroit  bien  vert  de  l'autre  côté  de  la  barrière,  qu'est-ce 
que  vous  croyez  qu'il  voudrait  faire  ? 

E.  —  11  voudrait  y  aller. 

M.  —  Combien  y  a-t-il  d'élèves  qui  pensent  ainsi  ?  Levez  la 
main. 

Tous  les  enfants  lèvent  la  main. 

M.  —  Et  lorsqu'il  a  mangé  toute  cette  herbe,  qu'est-ce  qu'il 
voudrait  faire  ? 

E.  —  Aller  à  un  autre  endroit. 

M.  —  Il  peut  donc  aller  ainsi  d'un  endroit  à  un  autre  ? 

E.  —  11  peut  aller  d'un  endroit  à  un  autre. 

M.  —  Oui  ;  en  d'autres  termes,  il  peut  se  mouvoir.  Est-ce 
que  l'arbre  peut  se  mouvoir? 

E.  —  L'arbre  ne  peut  pas  se  mouvoir. 

M.  —  Pourquoi  ? 

E.  —  Parce  qu'il  est  attaché  au  sol. 

M.  —  Oui,  il  est  fixé  dans  la  terre.  Qu'avez-vous  dit  qu'était 
un  cheval  ? 

E.  —  Un  animal. 


iO  PRIMARY   SGHOOLS. 

M.  —  Et  l'arbre? 

E.  —  Une  plante. 

M.  —  Quelle  différence  y  a-t-il  donc  entre  un  animal  et  une 
plante  ? 

E.  —  Un  animal  peut  changer  de  place  et  une  plante  est 
fixée  dans  la  terre. 

M.  —  C'est  bien. 

Lecture  individuelle  et  collective  de  cette  seconde  phrase 
écrite  au  tableau. 

III.  —  M.  —  Lorsqu'un  animal  et  une  plante  meurent,  en 
quoi  diffèrent-ils  de  ce  qu'ils  étaient  avant? 

E.  —  Us  étaient  vivants. 

M.  —  Oui,  ils  avaient  la  vie.  L'animal  et  la  plante  sont  tous 
deux  des  êtres  vivants.  Et  que  dit-on  de  tous  les  deux  quand 
ils  cessent  de  vivre? 

E.  —  On  dit  qu'ils  sont  morts. 

M.  —  Qu'ont-ils  donc  de  commun,  tous  deux...? 

E.  —  Tous  deux  vivent. 

E.  —  Tous  deux  grandissent. 

E.  —  Tous  deux  meurent. 

M.  —  Maintenant,  dites-moi  tout  cela  en  une  seule  phrase. 

E.  —  Un  animal  et  une  plante  vivent,  grandissent  et  meu- 
rent. 

M.  —  C'est  bien. 

Récitation  individuelle  et  collective  de  cette  phrase  écrite  au 
tableau.  On  épelle  les  mots. 

IV.  —  M.  — Combien  d'entre  vous  ont  vu  un  cheval  manger 
du  blé? 

Quelques  enfants  lèvent  la  main. 

M.  —  Et  qu'était  le  blé  pour  le  cheval? 

E.  —  De  la  nourriture. 

M.  —  Où.  mettons-nous  notre  nourriture? 

E.  —  Dans  notre  bouche. 

M.  —  Et  qu'est  le  cheval  ? 

E.  —  Un  animal. 

M.  —  Par  où  donc  un  animal  prend-il  sa  nourriture? 

E.  —  Par  la  bouche. 

M.  —  Quel  petit  garçon  ou  quelle  petite  fdle  peut  me  dire 
comment  une  plante  prend  sa  nourriture  ? 

Pas  de  réponse. 

M.  —  Lorsque  nous  mettons  de  l'eau  sur  les  racines  d'une 
plante,  oîi  va-t-elle? 


LEÇONS   DE   CHOSES.  il 

E   —  Dans  les  racines  de^a  plante. 

M.  —  Oui.  Quel  bien  y  fait-elle? 

E.  —  Elle  fait  pousser  la  plante. 

M.  —  Et  quel  bien  nous  fait  notre  nourriture? 

E.  —  Elle  nous  fait  grandir. 

M.  —  Si  l'eau  que  la  plante  prend  par  les  racines  la  fait 
pousser,  qu'est-elle  donc  pour  la  plante? 

E.  —  Elle  est  sa  nourriture. 

M.  —  C'est  bien.  Qui  peut  me  dire  de  quelle  autre  manière 
la  plante  prend  sa  nourriture  ?  Personne  ?  Alors  je  vais  vous  le 
dire  :  par  ses  feuilles.  Quelqu'un  peut-il  me  dire  quelle  espèce 
de  nourriture  elle  prend  par  ses  feuilles? 

E.  —  L'air. 

E.  —  L'eau. 

La  maîtresse  donne  quelques  détails  sur  la  nutrition  des 
plantes  et  fait  trouver,  puis  écrire  et  apprendre,  la  phrase  : 
Un  animal  prend  sa  nourriture  par  la  bouche,  et  une  plante 
par  les  racines  et  par  les  feuilles. 

V.  —  M.  —  Combien  y  a-t-il  d'élèves  qui  puissent  me  dire 
comment  nous  respirons  ? 

Quelques  enfants  lèvent  la  main. 

M.  —  Comment? 

E.  —  Au  moyen  de  nos  poumons. 

M.  —  C'est  bien.  Et  le  cheval,  le  bœuf,  le  chien,  comment 
respirent-ils? 

E.  —  Aussi  au  moyen  de  leurs  poumons. 

M.  —  Maintenant,  combien  y  en  a-t-il  qui  pensent  qu'une 
phnte  respire? 

Quelques  enfants  pensent  que  Oi^/,  d'autres  que  non. 

M.  —  Oui,  les  plantes  respirent.  Qui  peut  me  dire  comment 
elles  respirent  ? 

Personne  ne  le  sait. 

M.  — Eh  bien,  je  vais  vous  le  dire  :  elles  respirent  par  leurs 
feuilles. 

Exercices  de  répétition  et  de  développement  de  ce  thème, 
qu'on  écrit  au  tableau  :  Un  animal  respire  au  moyen  de  ses 
poumons,  et  une  plante  par  ses  feuilles. 

Récapitulation  : 
La  maîtresse  fait  lire  au  tableau  les  cinq  phrases,  chacune 
par  un  enfant.  Elle  les  fait  ensuite  lire  collectivement  l'une 
après  l'autre,  en  ayant  bien  soin  que  chaque  enfant  lise  exac- 


12  PRI.MARY    SCHOOLS. 

temeiit  ce  qui  est  écrit  au  tableau.  Puis  elle  efface  tout  et  envoie 
différents  élèves  écrire,  de  mémoire,  chacun  une  phrase  ;  on 
en  fait  encore  une  récitation  collective,  et  la  leçon  est  finie. 

L'après-midi,  les  enfants  doivent  écrire  sur  leurs  ardoises, 
et  de  mémoire,  la  matière  de  la  leçon  du  matin. 

Clara  B. 

École  normale  de  Dayton  (Ohio). 


5.   —  LEÇON  DE  LECTURE  (COMBINÉE  AVEC  LA   LEÇON  DE  CHOSES.) 
(Pour  la  petite  classe;  durée  de  la  leçon  :  20  minutes  au  plus.) 

But  de  la  leçon  de  lecture  :  Mettre  les  enfants  en  état  de 
prononcer,  à  première  vue,  une  certaine  classe  de  mots  (les  mots 
qui  contiennent  le  son  de  o  long  devant  la  terminaison  Id). 

Plan  :Ceiie  lecture  est  rattachée  à  une  im.age  qui  se  trouve 
dans  le  livre  de  lecture,  mais  que  la  maîtresse  devra  repro- 
duire au  tableau  noir.  Cette  image  représente  un  petit  garçon 
qui  s'en  va  chantant  des  noëls  dans  les  rues  par  un  affreux 
temps  de  neige.  Il  est  nu-pieds  et  ses  habits  sont  en  lambeaux. 

Les  phrases  à  faire  lire  sont  les  suivantes,  qu'on  inscrira 
successivement  au  tableau  dans  le  cours  de  la  leçon  : 

Tony  is  out  in  the  cold  (1). 

He  was  told  to  go. 

His  hat  is  very  old. 

I  hope  he  has  sold  a  song. 

Tell  him  to  hold  out  his  hand, 

AVe  will  give  him  gold. 

Développement  : 

Conversation  sur  l'image  montrée  aux  enfants.  Servez-vous 
de  l'image  comme  d'un  moyen  pour  suggérer  aux  enfants  et 
leur  faire  dire  d'eux-mêmes  les  phrases  que  vous  avez  l'inten- 
tion d'écrire  sur  le  tableau. 

(1)  Tony  est  dehors  par  le  froid. 

On  lui  a  dit  de  sortir. 
Son  chapeau  est  très-vieux. 
J'espère  qu'il  a  vendu  une  chanson. 
Dites-lui  de  tendre  la  main, 
Nous  lui  donnerons  de  l'or. 


LEÇONS    DE   CHOSES.  13 

La  maîtresse  dit  aux  enfants  que  ce  petit  garçon  s'appelait 
Tony. 

La  maîtresse.  —  Où  est-il  ?  Quel  temps  fait-il  ? 

Les  enfants  répondent  à  la  première  question  :  Tony  est 
dehors  par  le  froid  {cold).  La  maîtresse  écrit  la  réponse  sur  le 
tableau  noir. 

M.  —  Pourquoi  est-il  sorti  par  le  froid  ? 

E.  —  Pour  vendre  des  journaux. 

M.  —  Oui;  mais  pourquoi  est-il  allé  vendre  des  journaux? 
(Hésitation  des  enfants.)  Voyons,  lorsque  vous  avez  été  chez 
l'épicier,  ce  matin,  vous  y  avez  été  pour  acheter  du  sucre  ;  mais 
pourquoi  avez- vous  été  acheter  du  sucre? 

E.  —  On  m'a  dit  {told)  d'y  aller. 

M.  —  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  pour  Tony.  Maintenant,  dites- 
moi  pourquoi  Tony  est  sorti  par  le  froid  ? 

Les  enfants  font  la  réponse  :  On  lui  a  dit  de  sortir. 

La  maîtresse  écrit  cette  réponse  au  tableau. 

Elle  obtient  les  autres  réponses  de  la  même  manière,  en  fai- 
sant causer  les  enfants  sur  le  chapeau  du  petit  garçon,  sur  les 
chansons  qu'il  a  à  la  main,  pourquoi  il  les  vend,  pourquoi  il 
tend  la  main,  ce  qu'on  lui  donne,  etc.  La  maîtresse  écrit  les 
réponses  au  tableau  (chacune  d'elles,  comme  on  le  voit  plus 
haut,  contenant  un  mot  avec  la  terminaison  old). 

Elle  demande  ensuite  à  quelques  élèves  de  prononcer  les  sons 
de  1'/  et  du  d.  Elle  écrit  Id  sur  le  tableau.  Tous  les  enfants 
donnent  les  sons  (1).  La  maîtresse  fait  donner  par  les  enfants 
le  son  long  de  o.  Elle  écrit  o-ld  sur  le  tableau.  Elle  dit  aux 
enfants  que  toutes  les  fois  que  les  lettres  o  l  d  sont  écrites 
ensemble,  on  les  prononce  old,  précisément  comme  si  old  était 
un  seul  son. 

La  maîtresse  fait  indiquer  par  les  enfants  les  mots  de  la 
phrase  qui  se  terminent  en  old.  Elle  écrit  en  imprimé  et  en 
écriture  ordinaire  ces  mots  à  mesure  qu'ils  sont  prononcés,  en 
les  plaçant  sous  Id  et  old,  comme  suit  : 

(t)  On  voit  que  cette  leçon  est  fondée  sur  la  méthode  phonétique 
pure,  généralement  employée  aux  États-Unis.  Dans  l'exemple  ci- 
dessus,  les  enfants  n'épellent  pas  g,  o,  l,  d  :  on  les  exerce  à  pronon- 
cer le  son  g  (à  peu  près  comme  dans  la  première  syllabe  du  mot 
guenon),  puis  le  son  old  sans  le  décomposer  en  lettres.  On  n'a  plus 
qu'à  rapprocher  l'un  de  l'autre,  par  une  prononciation  de  plus  en  plus 
rapide,  les  deux  sons  g  et  old,  g-oid,  gold,  comme  chez  nous  dans  la 
méthode  de  Lafîore  et  dans  celles  qui  en  sont  dérivées. 


14  PRIMARY   SCHOOLS. 


old 

old 

gold 

gold 

cold 

cold 

hold 

hold 

sold 

sold 

told 

told 

Les  enfants  donnent  individuellement  et  collectivement  les 
sons  que  contiennent  ces  mots  et  prononcent  les  mots  rapide- 
ment. Les  enfants  lisent  ensuite  les  phrases. 

A  la  fin  de  la  même  leçon,  ou,  s'il  le  faut,  dans  la  leçon  sui- 
vante, la  maîtresse  écrit  rapidement  les  mots  et  les  phrases  qui 
suivent  ;  les  enfant  sprononcent  les  mots  et  lisent  les  phrases. 

hold  hold-er           bold-est          bold-ly 

cold  cold-er            cold-est           cold-ly 

old  old-er             old-est,  etc. 

fold  fold-ing,  etc. 

Tony  is  a  bold  boy  to  go  ont  in  the  cold  (1). 

He  will  fold  his  papers  as  he  was  told. 

An  old  man  gave  him  gold. 

The  gold  is  round,  it  had  been  put  in  a  mold. 

Les  enfants  écrivent  sous  la  dictée  les  mots  du  modèle, 
comme  pour  une  leçon  d'orthographe.  La  inaîtresse  examine 
et  note  les  ardoises,  puis,  se  mettant  au  tableau,  elle  appelle 
l'attention  sur  les  fautes  généralement  faites. 

CÉCILIA  B. 
École  normale  de  Cincinnati  (Oliio). 


II.  —  I.aiig;ae  maternelle. 

6.  —   EXERCICE  DE   GRAMMAIRE. 
(2*  année  d'école.) 

1.  Lesquels,  parmi  les  mots  suivants,  désignent  plus  d'un 
objet  :  maison,  cœur,  homme,  œufs,  école,  étables,  abeille, 
pieds,  hache,  oies,  yeux  ? 

2.  Écrivez  cinq  noms  dont  chacun  désigne  un  seul  objet. 

(1)  Tony  est  un  hardi  garçon  pour  sortir  par  le  froid. 
Il  pliera  ses  journaux  comme  on  lui  a  dit  de  le  faire. 
Un  vieillard  lui  a  donné  de  l'or. 
Cet  or  est  rond,   on  l'avait  mis  dans  un  moule. 


LANGUE   MATERNELLE.  15 

3.  Soulignez  les  noms  dans  cette  phrase  :  Les  bons  enfants 

viennent  à  l'école  avec  des  habits,  le  visage  et  les  mains  propres. 

A.  Changez  les  mots  suivants  de  façon  à  leur  faire  désigner 

plusieurs  objets   au   lieu  d'un   seul  :  Renard,  pouce,  porte, 

chaise,  œil,  dent. 

5.  Finissez  les  phrases  suivantes  : 

J'ai  vu  un aujourd'hui. 

Jean  a  un neuf. 

Le  chat  a  tué 

6-10.  Petites  phrases  avec  des  fautes  d'orthographe  ou  des 
locutions  vicieuses  à  corriger. 

LiNDA  E. 
Age  :  sept  ans. 
Cincinnati  (Ohio),  école  du  2^  district. 

7.  —  EXERCICE  DE  GRAMMAIRE. 
(3^  année  d'école.) 

Quest.  1 .  —  Écrivez  une  phrase  interrogative  avec  un  nom 
au  singulier  et  un  nom  au  pluriel. 

Rép.  —  Les  filles  ont-elles  chanté  ? 

Quest.  2.  —  Ecrivez  une  phrase  affirmative. 

Rép.  —  Vous  allez  à  l'école. 

Quest.  3.  —  Écrivez  une  phrase  impérative. 

Rép.  —  Allez  à  l'école. 

Quest.  i.  —  Écrivez  une  phrase  qui  contienne  ce  et  cette. 

Rép.  —  Ce  garçon  est  sage;  cette  fille  est  sage. 

Quest,  5.  —  Écrivez  une  phrase  qui  contienne  trois  adjectifs 
et  deux  noms. 

Rép.  —  Les  ÉLÈVES  paresseux  et  négligents  ne  réussissent 
jamais  dans  un  examen  difficile. 

Quest.  6  —  Écrivez  deux  phrases  contenant  chacune  un 
article  et  un  adjectif. 

Rép.  —  Le  garçon  est  bon.  Les  fleurs  sont  belles. 

Quest.  7.  —  Mettez  la  phrase  suivante  au  singulier  :  Ces  en- 
fants ont  fait  de  la  musique. 

Rép.  —  Cet  enfant  a  fait  de  la  musique. 

Quest.  8.  —  Écrivez  la  phrase  suivante  de  trois  manières 
différentes  sans  en  changer  le  sens  :  Le  fer  est  le  plus  utile 
des  métaux. 

Charles  K. 

Age  :  neuf  ans. 
Cincinnati  (Ohio),  école  du  i*  district. 


16  PKIMARY   SCIIOOLS. 

8.  —  EXERCICE  DE  GRAMMAIRE. 
(3*  année  d'école.) 

Qtiest.  1.  —  Écrivez  une  phrase  affirmative  sur  votre  école. 

Rép.  —  J'aime  à,  aller  à  l'école. 

Quest.  2. — Écrivez  mie  phrase  interrogative  sur  les  oiseaux. 

Rép. —  Avez-vous  tué  les  petits  oiseaux? 

Qnest.  3.  —  Écrivez  une  histoire  sur  un  petit  garçon  à  qui 
son  })ère  apporte  un  petit  chien.  Décrivez  le  chien  et  dites  ce 
qu'il  a  fait. 

Rép. —  Willie  avait  un  gros  chien.  Ln  jour  qu'il  jouait  avec 
son  chien,  il  l'a  mordu  au  bras.  WiUie  a  couru  en  pleurant  à  la 
maison,  puis  il  est  sorti  et  il  a  battu  le  chien. 

Quest.  4.  —  Écrivez  une  phrase  contenant  les  mots  école, 
maîtresse,  livres,  dîner,  jouer,  étude. 

Rép.  —  Je  vais  à  Vécole  et  j'emporte  mon  dîner.  J'emporte 
mes  livres  chez  moi  le  soir  et  ma  maîtresse  m'apprend  à  lire 
Je  joue  pendant  la  récréation,  et  lorsque  la  cloche  sonne,  je 
rentre  pour  me  mettre  à  Vétude. 

Quest.  5.  —  Soulignez  tous  les  noms  propres  et  communs 
dans  la  phrase  suivante  : 

Rép.  —  Le  maître  a  puni  John  et  James  pour  leur  conduite 
en  classe. 

Quest.  G.  —  Dressez  une  liste  des  adjectifs  contenus  dans  les 
phrases  suivantes  :  J'étais  assis  près  d'un  petit  ruisseau.  La 
journée  était  très-chaude.  Là,  je  voyais  le  ciel  bleu  et  clair  et 
les  nuages  blancs.  Je  voyais  une  grosse  touffe  de  joncs  verts 
garnis  de  pointes  noires. 

Rép. — Petit,  chaude,  clair,  bleu,  blancs,  grosse,  verts,  noires. 

Quest.  7. — Écrivez  trois  phrases  dans  lesquelles  vous  direz  ce 
que  font  les  chevaux,  et  soulignez  les  mots  qui  indiquent  l'action: 

Rép.  —  Un  cheval  peut  ruer. 

Un  cheval  peut  sauter. 
Un  cheval  peut  mordre. 

Quest.  8.  —  Écrivez  trois  phrases  dans  lesquelles  vous  direz 
ce  que  font  les  charpentiers.  Soulignez  les  noms  et  les  mots  qui 
indiquent  l'action. 

Rép. —  Un  charpentier  peut  bâtir  une  maison. 

Ihi  charpentier  peut  faire  un  toit,  un  escalier. 
Un   charpentier  peut  fabriquer  des   bibliothèques, 
des  armoires. 

Charles  B. 

Corry  (Pensylvanie).  Age:  neuf  ans. 


LANGUE    MATERNELLE.  17 

9.  —  ANALYSE. 

Phrases  à  analyser,  avec  diagramme  explicatif  (1)  : 

i.  Washington  était  brave. — 2.  Marie  souriait.—  3.  Un  maître 
aime  les  figures  joyeuses.  —  i.  Un  maître  vraiment  bon 
regarde  avec  plaisir  les  figures  joyeuses  et  souriantes. 

(SUJET  :)  (VERBE  ET  ATTRIBUT  :)  (SUJET   :]         (VERBE  ET   ATTRIBUT  :) 


Washiniîloa 


était 


brave 


?>larie 


souriait 


maître 


(complément 

DIRECT  :) 


les 

joyeuses 

re2:arde 


+ 

+ 

+ 

Un 

i 
1 
bon 

avec 

-+- 

vraiment 

plaisir 

1 

figures 


+     + 


les 

joyeuses 

fl)  C'est  par  centaines  que  se  trouvaient  à  l'Exposition  les  spéci- 
mens de  devoirs  d'élèves  analogues  à  celui  que  nous  donnons  ici. 
Nous  reproduisons  un  des  plus  courts  et  des  plus  simples,  en  ren- 
voyant pour  l'explication  détaillée  de  ces  diagrammes  grammaticaux 
au  petit  manuel  illustré  d'analyse  logique  et  grammaticale  (Parser 
and  analyser)  de  M.  Francis  Marsh  (Harper,  éditeur  à  New-York) 
pour  le  degré  élémentaire,  et  aux  grammaires  avec  diagrammes  de 
M.  Clark  (Barnes,  éditeur  à  New- York)  pour  le  cours  complet. 


18 


PRIMARY   SCnOOLS. 


10.  —  ANALYSE. 

Phrase  à  analyser  : 

La  dame  a  invité  ses  amies.  Elle  est  très-aimable  pour  moi. 


ANALYSE    LOGIQUE. 


Sujet 

Verbe  et  prédicat.  . 

Complément  direct. 

Sujet 

(Verbe) 

Prédicat 


Complément    indirect. 


La 

dame 
a  invité 

ses 
amies. 
Elle 
est 
très 
aimable 
pour 
moi. 


ANALYSE   GUAMMATICALE. 


art.  f.  S. 

nom  comm.  f.  s. 

V.  ind.  passé  indéf.  3*  p. 

adj.  poss.  3"  p.  f.  pi. 

nom  comm.  f.  s. 

pron.  pers.  3«  p.  f.  s. 

V.  être,  ind.  pr.  3*  p.  s. 

adv. 

adj.  qualif.  f.  s. 

piépos. 

pr.  pars.,  1"  p.  s. 


Jessie  B. 
Age  :  neuf  ans. 
École  annexe  de  l'école  normale  de  Whitewater  (Wisconsin). 


11.  —  ORTHOGRAPHE  (1). 
(S*  année.) 


1. 

Philadclphia. 

9, 

vanishing. 

17. 

preparing. 

2. 

indigo. 

10. 

soliloquize. 

18. 

Esquimaux. 

3. 

petroleum. 

11. 

reindeer. 

19. 

courage. 

L 

qumme. 

i± 

avalanches. 

20. 

assistance. 

5. 

heroes. 

13. 

indignant. 

21. 

fledgeling. 

6. 

imagine. 

14. 

wherever. 

22. 

frozen. 

7. 

puzzled. 

15. 

cunning. 

23. 

Mediterranean 

8. 

vélocipède. 

16. 

cheerfully. 

24. 

trimmed. 

(1)  La  dictée  ne  se  fait  pas  généralement,  dans  les  écoles  améri- 
caines, sous  la  forme  d'un  texte  continu  comme  cliez  nous;  on 
dicte  ordinairement  de  longues  listes  de  mots  isolés,  dont  les  diffi- 
cultés, graduées,  correspondent  au  degré  d'instruction  des  élèves.  Des 
exercices  d'épellation  se  font  tous  les  jours,  aussi  sur  des  mots 
isolés.  Toutes  les  Expositions  scolaires  contenaient  d'innombrables 
collections  de  ces  exercices  de  spelling,  que  le  spécimen  ci-dessus 
peut  suflire  à  faire  apprécier.  Souvent  on  demande  à  l'élève  d'ajouter 
à  chaque  mot  de  la  liste  une  courte  définition  du  sens  de  ce  mot. 


LANGUE    MATERNELLE.  19 

25.  minueiid.  3i.  luimbiig.  4-3.  seized. 

26.  quitting.  35.  Calcutta.  4-i.  meriiiians. 

27.  description.  36.  abominable.  -45.  hurricane. 

28.  hemisjihere.  37.  medicine.  46.  différence. 

29.  conversation.  38.  horizontal.  47.  possible. 

30.  multiplier.  39.  evaporate.  48.  Commerce. 

31.  characler.  40.  quantity.  49.  island 

32.  intimate.  41.  saturate.  50.  remainder. 

33.  liandsomely.  42.  roceive. 

Écoles  rurales  de  New-Jersev.  .     - 


12.    —  EXERCICE  d'observation  ET  D'EXPRESSION. 
(Pour  les  trois  classes  élémentaires.) 

Nommez  dix  objets  que  vous  avez  vus  en  venant  à  l'école; 

—  dix  jouets  que  vous  aimez  ;  —  dix  animaux  que  vous  con- 
naissez; —  dix  de  vos  camarades;  —  dix  espèces  d'arbres; 

—  dix  noms  de  fleurs  ;  — dix  objets  que  vous  distinguez  dans 
telle  image. 

Dites  plusieurs  choses  que  peut  faire  un  cheval,  —  un  chien, 

—  un  bœuf,  —  une  vache,  — un  oiseau;  —  dites  plusieurs 
choses  qu'on  peut  faire  avec  un  marteau,  —  une  scie,  — 
une  brouette,  — une  voiture,  — un  bateau,  —  une  échelle,  etc. 

Ecrivez  tous  les  jours  de  congé  que  vous  connaissez  dans 
l'année;  —  les  noms  des  quatre  saisons,  en  commençant  par 
la  plus  froide;  —  les  noms  des  jours  de  la  semaine  ;  —  les 
noms  des  mois;  —  en  quelle  année  sommes-nous,  quel  mois, 
quel  jour  ? 

Nommez  dix  objets  du  règne  animal  ;  —  du  règne  végétal  ; 

—  du  régne  minéral  ;  —  plusieurs  animaux  dont  la  peau  ou  le 
poil  nous  fournit  de  quoi  nous  vêtir,  —  nous  chausser  ;  — 
plusieurs  plantes  que  nous  mangeons,  etc. 

Dites  quel  livre  amusant  vous  avez  lu  ;  —  quelle  histoire 
vous  a  le  plus  intéressés;  —  quelles  étrennes  vous  voudriez 
recevoir;  quels  cadeaux  de  Saint-Nicolas. 

Nommez  dix  personnages  bibliques  ;  —  dix  noms  d'Améri- 
cains illustres  ;  —  dix  bonnes  choses  à  votre  choix  ;  —  dix 
mauvaises  choses,  etc.  (1). 

Écoles  de  New-Jersey,  de  Pensylvanie,  de  Massachussets,  etc. 

(1)  Pour  ne  donner  autant  que  possible  qu'un  seul  spécimen  du 
chaque  genre  d'exercice,  nous  résumons   dans  celui-ci  plusieurs  de- 


20  PRIMARY   SCHOOLS. 

13.  —    EXERCICE    DE    DESCRIPTION. 
(2%  3%  4-"  et  5'  année  d'école.) 

1.  Le  maître  ou  la  maîtresse  donne  à  chaque  enfant  une 
feuille  d'arbre  ou  de  plante  en  lui  en  disant  le  nom.  Il  n'est 
pas  nécessaire  que  toutes  soient  de  la  même  espèce.  Chaque 
enfant  devra  décrire  la  sienne  au  point  de  vue  de  la  grandeur, 
—  de  la  couleur,  —  de  la  forme  des  bords,  —  des  parties,  — 
des  veines,  etc. 

Les  maîtres  pourront,  ou  bien  écrire  des  phrases  en  laissant 
des  blancs  à  remplir,  ou  bien  faire  des  questions  orales.  Ils 
préviendront  les  élèves  de  disposer  leur  travail  sur  i'ardoise 
ou  sur  le  papier  de  manière  qu'il  se  lise  facilement. 

2.  iMème  exercice  sur  une  fleur.  En  la  donnant  au.x  élèves, 
la  maîtresse  leur  dicte  quelques  questions  : 

Décrivez  la  tige  de  cette  fleur,  indiquez-en  la  dimension,  la 
couleur,  l'apparence  et  l'odeur. 

Indiquez-en  les  parties,  leur  nombre,  leur  forme,  etc. 

Quelle  partie  de  la  fleur  est  à  l'extérieur,  quelle  partie  est 
au  centre  de  la  fleur V 

On  ne  demande  aux  enfants  le  nom  de  la  fleur  que  si  c'est 
un  nom  très-simple  et  connu  des  enfants. 

Si  un  élève  peut  dessiner  la  forme  d'une  racine  ou  d'une 
feuille,  ou  s'il  peut  esquisser  une  feuille  et  y  tracer  les  veines, 
on  lui  tiendra  compte  de  ce  travail. 

Cleveland  (Oliio),  examens  scmeslvïeh  des  Primary  schools. 


14.  —  DESCRIPTION  D'UNE  IMAGE  DU  LIVRE  DE  LECTURE. 

(3*  année  d'école.) 

Les    petits    oiseaux. 

Il  y  a  quatre  jolis  petits  oiseaux  dans  cette  image;  ils  volent 
de  l'arbre  sur  le  sol. 

Voyez  le  petit  garçon  et  les  deux  petites  filles  :  ils  essayent 
d'attraper  les  oiseaux. 

voirs  d'élèves  sans  donner  les  réponses.  —  La  plupart  des  questions 
sont  extraites  ou  imitées  du  charmant  petit  livre  intitulé  :  Literature 
for  little  folks,  par  Elisabeth  Lloyd,  qui  contient  des  leçons  de  lec- 
ture, d'orthographe,  de  récitation  et  de  composition  empruntées  aux 
meilleurs  auteurs  et  ingénieusement  appropriées  à  l'usage  de  l'ensei- 
gnement le  plus  élémentaire  (Sower  Potts,  éditeur  à  Philadelphie). 


LANGUE   MATERNELLE. 


21 


Oh!  vovez  le  petit  garçon  :  il  a  une  assiette  à  la  main. 
Le  petit  garçon  donne  des  miettes  aux  oiseaux  qui  viennent 
les  prendre. 

Il  y  a  aussi  une  maison  dans  l'image. 
Les  petites  filles  regardent  les  oiseaux. 
Le  petit  garçon  a  un  chapeau  sur  la  tête. 


Les  petits  oiseaux  (1). 

11  y  a  des  arbres  et  des  buissons  dans  l'image. 
La  maison  a  des  portes  et  des  fenêtres. 
Il  y  a  un  oiseau  par  terre,  il  mange. 
Deux  oiseaux  sont  sur  un  arbre, 
Et  l'autre  oiseau  vole  vers  le  sol. 


Dayton  (Ohio),  école  du  5'  district. 


Dlna  s. 
Age  :  dix  ans. 


15.  —  DESCRIPTION  DE  LA  MÊME  IMAGE. 

Il  y  a  trois  petits  enfants  dans  l'image  :  un  petit  garçon  et 
deux  petites  filles.  Le  petit  garçon  a  une  assiette  à  la  main. 
Il  y  a  un  grand  arbre  tout  près  :  sur  l'arbre  il  y  a  deux  petits 
oiseaux.  Deux  petits  oiseaux  sont  sur  le  sol  et  le  petit  garçon 
leur  donne  des  miettes.  Je  crois  qu'on  est  en  été,  parce  que  les 

(1)  Cette  figure  est  extraite  du  3'  Reader  de  Mac  Guffey, 
leçon  XXIX,  p.  80  (Wilson,  Hinckle,  éditeurs,  à  Cincinnati). 


22  PRIMARY    SCHOOLS.  • 

fleurs  sont  épanouies  et  les  arbres  sont  frais  et  verts.  Derrière 
les  buissons  il  y  a  une  maison  où  demeurent  les  petites  filles 
et  le  petit  garçon,  je  crois.  Et  je  suppose  que  l'endroit  où  ils 
sont  maintenant  est  leur  cour  de  récréation;  ils  s'amusent 
comme  des  bienheureux,  ils  jouent  au  papa  et  à  la  maman. 
Le  petit  garçon  fait  le  papa,  l'aînée  des  filles  fait  la  maman; 
l'autre  petite  fille  est  l'enfant  gâté.  Ils  sont  tous  sous  le  porche 
et  ils  regardent  les  beaux  oiseaux.  L'une  des  petites  filles  vou- 
drait bien  avoir  un  des  petits  oiseaux,  mais  son  papa  et  sa 
maman  lui  ont  dit  que  non.  Alors  elle  s'est  mise  à  pleurer.  Sa 
mère  lui  a  dit  que,  si  elle  restait  bien  tranquille,  elle  lui  rap- 
porterait quelque  chose  de  joli  la  première  fois  qu'elle  irait  en 
ville.  Sa  mère  a  promis  cela  pour  la  faire  rester  tranquille, 
parce  qu'on  fait  toujours  tout  ce  qu'elle  veut  :  c'est  le  petit 
enfant  gâté  de  la  famille. 

Addie  D. 
Dayton  (Ohio),  école  du  3"  district.  Age  :  dix  ans. 


16.  —  DESCRIPTION  D'UNE  AUTRE   IM.VGE. 

La  petite  fille  et  les  poulets. 

L'image  représente  une  petite  fille  qui  donne  à  manger  à 
ses  poulets.  On  lui  permet  d'avoir  trois  poulets.  Il  y  a  cinq 
gros  poulets  et  six  petits.  Il  y  en  a  deux  qui  sont  perchés  sur 
la  barrière. 

Le  petit  garçon  a  un  panier  à  la  main.  La  petite  fille  est 
bien  gentille.  Les  petits  poulets  sont  allés  dans  le  champ  pour 
chercher  des  vers  à  manger. 

La  petite  fille  les  appelle  :  Petits!  Petits!  et  quand  ils  en- 
tendent la  petite  fille  crier  :  Petits!  Petits!  ils  viennent  tous 
en  courant,  parce  qu'ils  ont  faim. 

Olla  s. 
Age  :  six  ans. 
Cleveland  (Ohio),  Walton-School. 


17.    —    EXERCICE   DE  CONSTRUCTION. 

Faites  une  seule  phrase  avec  les  éléments  suivants  : 
1.  Shakespeare  naquit  à  Stratford-sur-Avon. 


LANGUE    MATERNELLE.  23 

2.  Shakespeare  est  un  poëte. 

3.  Shakespeare  est  ua  poëte  anglais. 

4.  Shakespeare  est  né  sous  le  règne  d'Elisabeth  ; 

5.  Shakespeare  est  un  grand  poëte. 

6.  Shakespeare  naquit  en  156-i. 

7.  Stralford-sur-Avon  est  dans  le  comté  de  Warwick. 

8.  Stralford-sur-Avon  est  une  petite  ville. 

Rép.  —  En  Tan  1564,  sous  le  règne  d'Elisabeth,  le  grand 
poëte  anglais  Shakespeare  naquit  à  Stratford-sur-Avon,  petite 
ville  du  comté  de  Warwick  (1). 
Écoles  de  New- Jersey. 


18.  —  NOTRE  ÉCOLE  (2). 
(3^  année  d'école.) 

A  l'école  nous  avons  une  maîtresse  pour  nous  apprendre 
nos  leçons.  Nous  allons  à  l'école  pour  apprendre  à  lire, 
à  écrire,  à  chanter  et  à  mettre  l'orthographe.  Les  tout  petits 
enfants  ne  vont  pas  à  l'école.  C'est  très-bon  d'aller  à  l'école. 
La  salle  d'école  est  très-jolie.  Les  enfants  qui  vont  à  l'école 
feront  beaucoup  de  progrès  s'ils  travaillent  ferme.  Il  y  a  des 
petites  filles  qui  n'aiment  pas  à  aller  à  l'école.  Les  bons  en- 
fants aiment  bien  à  aller  à  l'école,  et  ils  aiment  bien  leur 
maîtresse.  A  l'école  il  faut  apprendre  et  il  ne  faut  pas  bavar- 
der. L'école  est  très-grande.  11  y  a  sept  salles  de  classe.  Il  y 

{Ij  Ce  devoir,  ou  plulùt  ce  fragment  de  devoir,  est  tiré  d'un  recueil 
d'exercices  de  grammaire  et  de  rédaction  très-répandu  dans  les 
écoles  américaines  et  tout  à  fait  digne  de  la  réputation  de  l'auteur, 
M.  Swinton,  dont  les  ouvrages  ont  eu,  en  ces  dernières  années,  la 
plus  heureuse  el  la  plus  décisive  influence  sur  l'enseignement  gi-am- 
matical  aux  États-Unis.  Le  titre  de  ce  recueil  est  :  School  composi- 
tions (Harper,  éditeur  à  New-York). 

{'Ij  Nous  croyons  bon  de  reproduire  littéralement  (sauf  les  fautes 
d'orthographe  et  de  ponctuation)  les  quatre  compositions  suivantes. 
Nous  les  avons  prises  au  hasard  parmi  une  centaine  de  copies  analo- 
gues, envoyées  par  les  classes  élémentaires  des  «  écoles  de  district  » 
de  la  ville  de  Cincinnati.  Ces  devoirs  provenant,  non-seulement  de 
la  même  école,  mais  de  la  même  classe  (dont  tous  les  élèves  sans 
exception  avaient  envoyé  une  copie),  permettront  au  lecteur,  à  la 
fois  par  leur  uniformité  et  par  leur  diversité,  de  se  rendre  compte  par 
lui-même  de   ce  procédé  d'enseignement. 


24  PRIMARY   SCHOOLS. 

a  des  tableaux  pendus  aux  murs.  A  l'école  il  y  a  un  pupitre, 
une  table,  des  tableaux  noirs  et  beaucoup  de  petites  filles.  Il  y 
a  deux  portes,  trois  fenêtres,  un  poêle,  une  armoire  et  trois 
chaises.  L'école  est  le  meilleur  endroit  pour  les  petits  enfants, 
parce  qu'ils  font  trop  de  tapage  chez  eux.  Nous  n'allons  pas  à 
l'école  les  samedis  ni  les  dimanches. 


Cincinnati  (Ohio),  école  du  11"  district. 


Salue  L. 

Age  :  sept  ans. 


19.  —  NOTRE  ÉCOLE. 

Nous  venons  à  l'école  pour  apprendre.  Lorsque  nous  venons 
à  l'école,  il  faut  que  nous  soyons  bien  tranquilles  et  bien  sages, 
que  nous  apprenions  bien  nos  leçons  et  que  nous  écoutions 
notre  maîtresse.  A  l'école,  nous  apprenons  à  lire,  à  écrire,  à 
mettre  l'orthographe,  à  faire  des  problèmes  et  des  exercices 
de  grammaire.  Il  y  a  des  garçons  et  des  filles  qui  aiment  leur 
maîtresse  ;  il  y  en  a  d'autres  qui  ne  l'aiment  pas.  Les  mé- 
chanles  filles  et  les  méchants  garçons  pensent  que  leur  maî- 
tresse est  très-dure,  parce  qu'ils  sont  eux-mêmes  méchants  ; 
les  bonnes  filles  et  les  bons  garçons  pensent  que  leur  maî- 
tresse est  très-bonne  et  très-aimable,  parce  qu'ils  sont  eux- 
mêmes  bons.  Il  y  a  des  filles  et  des  garçons  qui  sont  petits, 
d'autres  qui  sont  déjà  grands.  11  y  a  différents  livres  de  lec- 
ture :  il  y  a  l'a  6  c  et  le  premier,  le  second,  le  troisième,  le 
quatrième,  le  cinquième  et  le  sixième  livre  de  lecture.  11  y  a 
des  petites  filles  et  des  petils  garçons  qui  sont  très-propres 
et  très-bien  arrangés  lorsqu'ils  viennent  à  l'école,  et  d'autres 
qui  sont  très-sales  et  qui  ont  les  cheveux  en  désordre.  En 
été,  il  y  a  des  petites  filles  et  des  petits  garçons  qui  viennent 
à  l'école  pieds  nus  à  cause  de  la  chaleur,  d'autres  ne  viennent 
jamais  pieds  nus.  Il  y  a  des  pupitres  et  des  poêles  ;  il  y  a  aussi 
des  maîtresses,  des  petits  garçons,  des  petites  filles.  Les  maî- 
tresses apprennent  aux  petites  filles  et  aux  petits  garçons  à 
faire  des  exercices  de  grammaire  et  des  problèmes.  Il  y  a  aussi 
des  estrades,  des  tableaux  noirs,  des  chaises  dans  les  salles 
de  l'école.  Les  maîtresses  s'assoient  sur  les  chaises.  Quelque- 
fois on  y  fait  asseoir  les  méchantes  filles  et  les  méchants  gar- 
çons, parce  qu'ils  ont  fait  quelque  chose  de  mal  ou  qu'ils  ont 
désobéi.  Il  y  a  des  garçons  et  des  filles  qu'il  faut  fouetter  et 


LANGUE   MATERNELLE.  25 

gronder;  mais  il  y  en  a  qu'on  n'est  jamais  obligé  de  fouetter. 
11  y  a  des  filles  et  des  garçons  qui  étudient,  d'autres  qui  n'é- 
tudient pas  :  ceux  qui  étudient  savent  quelque  chose,  ceux  qui 
n'étudient  pas  ne  savent  rien.  On  a  des  ardoises,  des  crayons 
et  des  livres. 


Cincinnati  (Ohîo),  école  du  11*  district. 


Gracie  G. 

Age  :  sept  ans. 


20.  —  NOTRE  ÉCOLE. 

Aussitôt  que  je  me  lève  le  matin,  dès  que  j'ai  déjeuné  et 
que  je  me  suis  bien  lavée  et  habillée,  la  première  chose  que  je 
fais,  c'est  de  regarder  si  mes  livres  sont  bien  en  ordre.  Puis  je 
vais  à  l'école  aussi  vite  que  je  peux.  Quelquefois  j'arrive  la 
première,  mais  pas  toujours.  Alors  les  filles  causent  ensemble 
pendant  très-longtemps,  ou  bien  elles  descendent  les  escaliers 
et  jouent  jusqu'à  ce  que  la  cloche  sonne.  Alors  les  fdles  qui 
étaient  en  bas  se  mettent  en  rang,  montent  l'escalier  et  viennent 
s'asseoir  à  leurs  places.  Ensuite  la  maîtresse  entre,  et  nous 
faisons  nos  devoirs,  ou  bien  nous  récitons  nos  leçons.  Puis 
vient  la  récréation.  Les  filles  descendent  pour  jouer  ou  restent 
en  haut  et  mangent  leur  goûter  dans  la  classe.  Ensuite  une 
autre  cloche  sonne,  et  nous  remontons.  La  maîtresse  fait  l'ap- 
pel, et  ensuite  nous  finissons  nos  devoirs  ou  nous  finissons  de 
réciter  nos  leçons.  Il  y  a  différents  livres  de  lecture  :  Va  h  c, 
le  premier  livre  de  lecture,  le  second,  le  troisième,  le  qua- 
trième, le  cinquième,  le  sixième  et  le  septième.  Nous  appre- 
nons à  lire,  à  écrire,  à  mettre  l'orthographe,  à  chanter,  et 
nous  éludions  beaucoup  d'autres  choses.  Dans  certaines  villes 
il  y  a  beaucoup  d'écoles.  Il  y  a  des  enfants  qui  aiment  à  aller 
à  l'école,  d'autres  n'aiment  pas  à  y  aller.  Il  y  a  beaucoup  de 
maîtres  et  de  maîtresses  dans  le  même  bcàtiment  :  les  écoles 
sont  de  très-grands  bâtiments.  Dans  quelques  salles,  il  y  a 
beaucoup  de  pupitres  ;  les  pupitres  ont  des  encriers  et  ils  sont 
vernis.  Les  petites  filles  qui  étudient  bien  font  beaucoup  de 
progrès. 

Belle  G. 
Age  :  huit  ans. 
Cincinnati  (Ohio),  école  du  il"  district. 


26  PRIMARY   SCHOOLS. 


21.  — NOTRE   ÉCOLE. 

La  maison  d'école  est  un  très-grand  bâtiment.  Nous  allons 
à  l'école  pour  apprendre.  Nous  apprenons  beaucoup  de  choses 
à  l'école.  11  faut  que  nous  y  allions  lous  les  jours.  Elle  com- 
mence à  neuf  heures  du  matin.  Nous  avons  récréation  à  onze 
heures  moins  un  quart.  L'école  linit  à  midi.  L'après-midi  elle 
commence  à  une  heure  et  demie.  Nous  avons  récréation,  l'après- 
midi,  cà  trois  heures  moins  un  quart,  et  l'école  finit  à  quatre 
heures.  Nous  avons  une  grande  cour  de  récréation  ;  c'est  très- 
commode,  nous  pouvons  courir  et  jouer  dans  la  cour  de  l'école. 
La  cour  de  l'école  est  faite  pour  qu'on  y  joue.  Nous  allons  en 
classe  pour  apprendre  à  écrire,  à  mettre  l'orthographe,  à  lire, 
à  calculer,  à  chanter.  Nous  avons  une  maîtresse  pour  nous 
enseigner,  nous  devons  apprendre  et  faire  des  progrès.  Après 
la  classe,  nous  avons  des  récréations  et  nous  jouons  dans  la 
cour.  Il  y  a  des  enfants  qui  aiment  à  aller  à  l'école,  d'autres 
qui  n'aiment  pas  à  y  aller.  Nous  devons  tous  aimer  à  aller  à 
l'école,  et  apprendre  autant  que  nous  pouvons,  car,  lorsque 
nous  serons  des  dames  et  des  hommes,  si  nous  ne  sommes  pas 
instruits,  nous  regretterons  alors  de  n'avoir  pas  été  à  l'école. 
La  semaine  dernière  nous  avons  fait  des  pages  d'écriture  pour 
le  Centenaire.  Notre  maîtresse  est  très-bonne. 

Isa  C. 


Age  :  neuf  ans. 


Cincinnati  (Ohio),  école  du  lie  district 


22.  —  LETTRE. 

Ma  chère  Dulcie, 

J'ai  reçu  votre  lettre  il  y  a  quelques  semaines,  et  j'ai  été 
très-contente  d'avoir  de  vos  nouvelles  ;  mais  comme  je  vais  à 
l'école  tous  les  jours,  je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  vous  répondre. 
Nous  avons  une  très-bonne  maîtresse  ;  je  crois  qu'elle  essaye 
de  nous  plaire,  nous  essayons  aussi  de  lui  plaire.  Elle  va  donner 
vingt-cinq  cents {\)  à  l'élève  dont  le  cahier  sera  le  plus  propre. 
L'école  va  encore  durer  deux  ou  trois  jours,  puis  nous  aurons 

(1)  Un  cent  est  la  centième  partie  du  dollar,  sait  uu  sou,  à  peu  près. 


LANGUE   MATERNELLE.  27 

quelques  semaines  de  vacances,  ^ous  avons  appris  jiresque 
toute  l'Afrique  dans  notre  Géographie,  et,  dans  notre  Arithmé- 
tique, nous  en  sommes  à  la  Division.  Nous  nous  amusons  avec 
des  boules  de  neige  quand  la  neige  n'est  pas  trop  dure  ;  mais 
un  jour,  la  neige  était  dure,  et  j'ai  été  blessée,  mais  pas  dan- 
gereusement. Je  m'assieds  quelquefois  sur  l'un  des  derniers 
bancs  quand  il  fait  froid.  La  maîtresse  permet  à  quelques  tilles 
de  s'asseoir  du  côté  des  garçons.  Je  crois  qu'elle  est  réellement 
pleine  de  bonté.  J'essaierai  de  lui  plaire  en  faisant  bien  mes 
devoirs  et  en  étant  bien  sage.  La  maîtresse  veut  que  j'écrive 
une  lettre  pour  le  Centenaire,  et  je  le  ferai  de  mon  mieux. 
Je  n'ai  aucune  nouvelle  à  vous  annoncer  pour  le  moment, 
ainsi  donc  je  vais  terminer  ma  lettre.  Adieu. 

Votre  fidèle  amie, 

Myra  E. 
Age  :  neuf  ans. 
Littleton  (New-Hampshire),  classe  intermédiaire  (entre  la  primary 
et  la  Grammar  School). 


23.  —  LE  PAPIER. 

Le  papier  se  fait  avec  des  chiffons.  On  s'en  sert  au  magasin 
et  à  la  maison.  Nous  ne  pourrions  pas  avoir  de  nouvelles  de 
nos  amis,  si  nous  n'avions  pas  de  papier  pour  écrire. 

Nous  ne  pourrions  pas  avoir  les  beaux  livres  que  nous 
lisons,  dans  lesquels  nous  ap})renons  l'orthographe  et  le  calcul, 
ni  les  cahiers  dans  lesquels  nous  écrivons,  s'il  n'y  avait  pas 
de  papier. 

Nous  ne  pourrions  pas  lire  la  Bible  ;  nous  ne  pourrions 
pas  chanter,  si  nous  n'avions  pas  de  papier  pour  écrire  les 
paroles. 

Nous  ne  pourrions  pas  lire  les  journaux,  s'il  n'y  avait  pas  de 
papier  pour  imprimer  les  lettres. 

Les  stores  des  fenêtres  sont  faits  en  papier.  Beaucoup 
d'autres  objets  de  fantaisie  sont  aussi  faits  de  papier,  par 
exemple  les  cartes,  les  images. 

Le  papier  procure  de  l'occupation  à  beaucoup  de  personnes. 
Il  y  a  même  des  petits  garçons  employés  dans  les  moulins  à 
papier. 

On  fait  aussi  des  cols  en  papier,  La  fabrication  des  cols  en 


28  PRI.MARY   SCHOOLS. 

papier  occupe  beaucoup  de  monde.  On  taille  aussi  en  papier  les 
patrons  de  vêtements  pour  les  dames  et  pour  les  messieurs. 

Je  ne  sais  pas  ce  que  nous  deviendrions  s'il  n'y  avait  pas  de 
papier.  Les  demoiselles  ne  recevraient  plus  de  lettres  d'amour 
ni  de  Valentins. 

Etlie  R. 
Age  :  neuf  ans. 
Comté  de  Morris  (New-Jersey),  école  du  district  n°  2. 


24.  —  LETTRE  d'une   PETITE  FILLE   INDIENNE   (1). 

Wyandott,  2  janvier  1875. 

Je  vais  à  l'école  et  j'aime  à  aller  à  l'école.  Je  suis  contente 
que  vous  m'envoyiez  des  joujoux.  Je  lis  dans  le  troisième  livre 
de  lecture.  J'ai  une  jolie  poupée  ;  nous  faisons  des  robes  à  nos 
poupées  et  nous  les  habillons.  Nous  avons  un  petit  baquet  et 
une  planche  à  laver,  et  nous  leur  faisons  la  lessive.  Une  des 
petites  filles  a  laissé  tomber  sa  poupée,  elle  a  roulé  dans  la 
rivière.  Nellie  lui  a  donné  une  autre  poupée  lorsqu'elle  est 
revenue  à  l'école.  Je  suis  bien  contente  que  vous  nous  ayez 
envoyé  (|uelque  chose;  la  poupée  est  très-jolie,  je  l'aime  bien, 
et  je  vous  aime  bien  aussi. 

Votre  petite  amie, 

Sallie  D. 


25.  —  FRAGMENT   DE   LETTRE. 

....Toutes  les  petites  filles  sont  fort  occupées;  les  unes  tri- 
cotent, les  autres  cousent  des  mouchoirs  pour  les  petits  gar- 
çons. La  salle  dans  laquelle  nous  sommes  est  très-commode. 
Chaque  petite  tille  a  un  clou  où.  elle  pend  son  sac  à  ouvrage  et 
sa  brosse  à  dents.  La  plupart  des  petites  filles  ont  des  ceintures 
à  boucles  qu'on  nous  a  envoyées.  Les  petites  filles  prennent 
beaucoup  de  plaisir  à  faire  des  robes  et  des  tabliers  pour 

(1)  La  Société  des  Missions,  qui  a  entrepris  l'éducalion  des  enfants 
indiens  dans  l'extrême  Ouest,  a  établi  une  sorte  de  correspondance 
entre  ces  enfants  et  les  familles  de  leurs  bienfaiteurs  dans  l'Est. 
Quelques-unes  de  ces  lettres,  d'un  vif  intérêt,  figuraient  à  l'Exposition, 
malheureusement  dans  une  vitrine  fermée  :  nous  n'avons  pu  en 
copier  que  les  fragments  ci-dessus. 


CALCUL.  29 

leurs  poupées.  Nous  avons  des  réunions  religieuses  le  mercredi 
et  le  samedi  soir,  le  dimanche  malin  nous  avons  les  écoles  du 
dimanche,  et  dans  l'après-midi  des  réunions  religieuses... 


26.    —   LETTRE   d'un  PETIT  INDIEN. 


Mes  chers  amis, 

Je  vais  vous  dire  ce  que  nous  devenons.  Quelques-uns 
d'entre  nous  sont  très-malades,  il  y  en  a  bien  peu  qui  se 
portent'  bien.  Mais  nous  faisons  beaucoup  de  progrès.  Un 
soir  nous  avons  eu  un  grand  orage.  Je  voudrais  bien  que  vous 
m'envoyiez  un  couteau,  s'il  vous  plaît.  On  médit  que  l'endroit 
où  vous  êtes  est  une  grande  ville,  et  je  serai  bien  content  si 
vous  m'envoyez  de  jolies  choses.  Je  vous  prie  de  me  procurer 
une  balle  élastique  solide,  et  je  demande  que  quelques-uns 
d'entre  vous  viennent  nous  voir.  Nous  ramassons  tous  des 
noix,  et  je  lâche  toujours  d'être  un  bon  garçon. 

Henry  S. 
École  de  la  Société  des  Missions,  station  de  Wyandott  (Kansas), 


III.  —  Calcul  oral  et  écrit. 

27.   —  CALCUL   ÉLÉMENTAIRE   (l). 
(2^  et  3»  année.) 

1-9.  Divers  nombres  ne  dépassant  pas  la  centaine,  à  écrire  : 
1°  En  chiffres  arabes; 
2°  En  chiffres  romains  ; 
3»  En  lettres. 

10.  Ajoutez  8  à  6  et  dites  comment  vous  faites? 

11.  Écrivez  en  chiffres  et  en  signes:  huit  et  quatre  font 
douze  ;  dix  moins  six  font  quatre. 

(Ij  Dans  ces  devoirs  et  dans  plusieurs  de  ceux  qui  suivent,  nous  ne 
croyons  pas  nécessaire  de  donner  les  réponses  des  élèves,  qui  sont 
généralement  d'un  extrême  laconisme,  sans  indication  du  raisonne- 
ment suivi  en  arithmétique,  sans  aucun  détail  explicatif  en  géographie. 


30  PRIMARY   SCIIOOLS. 

l!2.  Si  VOUS  aviez  9  pommes  à  donner  à  3  petites  filles, 
fombien  pourriez-vous  en  donner  à  chacune ,  de  manière 
qu'elles  en  eussent  toutes  la  même  quantité? 

13.  Indiquez  deux  manières  d'obtenir  9  en  retranchant  un 
nombre  d'un  autre. 

14.  John  avait  six  cents;  son  frère  lui  en  a  donné  quatre  fois 
autant,  combien  de  cents  cela  lui  a-t-il  fait? 

15.  Jacques  a  acheté  8  oranges  qu'il  a  payées  quatre  cents 
pièce.  Il  a  donné  au  marchand  50  cents,  combien  lui  a-t-on 
rendu  ? 

16.  Question  orale  (la  dire  lentement,  mais  ne  pas  la  répéter: 
De  13  ôtez  8,  multipliez  par  6,  ajoutez  6,  divisez  par  9, 
multipliez  par  8,  ajoutez  -i,  divisez  par  6,  retranchez  6;  quel 
est  le  résultat? 

Clevcland  (Ohio). 

28.   —  PROBLÈMES   d'arithmétique. 

1.  En  1870  la  population  de  Cincinnati  était  de  216  239; 
celle  de  Gleveland  de  92  829  ;  celle  de  Toledo  de  23  584  ;  celle 
de  Columbus  de  31  27i  ;  celle  de  Dayton  de  30-473;  celle  de 
Sandusky  de  13  000;  celle  de  Hamilton  de  11  031  ;  celle  de 
Portsmouth  de  10  592;  celle  de  Zanesville  de  10  001,  celle  de 
Akron  de  10  006;  quelle  était  la  population  de  ces  dix  villes 
de  rOhio  ? 

2.  De  combien  le  nombre  des  habitants  de  Cincinnati  était-il 
supérieur  à  celui  des  habitants  de  Cleveland  ? 

3.  De  combien  le  nombre  des  habitants  de  Cleveland  et  de 
Cincinnati  réunis  était-il  supérieur  à  celui  des  habitants  de 
toutes  les  autres  villes? 

4.  Un  homme  a  payé  25  dollars  pour  une  vache,  et  56  dol- 
lars de  plus  pour  un  cheval  que  pour  une  vache  ;  combien 
a-t-il  payé  ces  deux  animaux  ensemble  ? 

5.  Une  dame  a  payé  200  dollars  pour  un  piano;  37  dollars 
pour  un  canapé,  et  20  dollars  pour  un  fauteuil  ;  combien 
a-t-elle  })avé  en  tout,  et  combien  lui  reste-t-il  sur  un  billet  de 
500  dollars? 

6.  Quel  est  le  produit  de  68  753  par  297  ? 
Divisez  68  753  dollars  entre  7  personnes. 

7.  Quelle  est  la  différence  entre  trois  millions  quatre  mille 
cent-sept,  et  huit  cent  neuf  mille  six  cent  soixante-dix-neuf? 

8.  Un  épicier  a  acheté  355  caisses  de  fruits  pour  3  575  dol- 


GÉOGRAPHIE.  31 

Jars,  et   il   les  a  vendues  13  dollars  la  caisse;  quel  est  son 
bénéfice  ? 

9.  Lequel  est  le  plus  grand  d'un  quart  ou  d'un  cinquième? 
Comment  le  savez-vous  ?  Combien  y  a-t-il  de  quarts  dans  20  ? 
Combien  y  a-t-il  de  cinquièmes  dans  12  3/5 '^ 

10.  Qu'entendez- vous  par  le  multiplicateur?  Qu'entendez- 
vous  par  minuend  (i)? 

Clcvclaml  (Ohio). 


IV.  —  Géograpliie. 

29.   —  QUESTIONS     DE      GÉOGRAPHIE. 
(3'  année.) 

1.  Quel  point  cardinal  est  opposé  au  Nord  ? 
Quel  est  le  point  moyen  entre  l'Est  et  le  Sud? 

2.  Dessinez  le  plan  de  votre  salle  d'école,  indiquez  les  portes 
et  les  fenêtres.  Indiquez  la  position  de  l'estrade  du  maître  et 
de  votre  pupitre. 

3.  Quel  est  le  meilleur  moyen  de  trouver  le  Nord  ? 

i.  Dessinez  une  carte  de  la  cour  de  l'école  avec  les  rues 
voisines. 

5.  Vers  quel  point  cardinal  se  dirige  la  rue  qui  passe  devant 
votre  maison  d'école? 

Cleveland  (Ohio). 


30.   —  QUESTIONS   DE  GÉOGRAPHIE. 
(4*  année.) 

1.  Qu'est-ce  qu'une  île?  Une  presqu'île?  Dessinez  la  carte 
d'une  île  ou  d'une  presqu'île. 

2.  Définissez  un  détroit,  un  fleuve,   et  faites  une  carte  oij 
vous  les  représenterez. 

3.  Nommez  les  deux  plus  grandes  villes  de  l'Ohio,  et  indi- 
quez-en la  position. 

(1)  Le  7ninue7id  est  le  plus  grand  nombre  d'une  soustraction,  celui 
dont  on  doit  soustraire  un  autre  nombre.  {Note  du  Traducteur.) 


32  PRDIARY   SCHOOLS. 

4.  Indiquez  quelques-uns  des  principaux  minéraux  que 
produit  rOiiio  ;  quelles  espèces  de  grains  y  cultivent  les  fer- 
miers ? 

5.  Quel  est  l'Etat  situé  au  Sud  de  la  rivière  d'Oliio? 

6.  Quel  est  celui  des  États-Unis  qui  est  le  plus  à  l'Est? 
Quels  sont  les  deux  qui  s'avancent  le  plus  au  Sud?  Lequel 
s'étend  le  plus  à  l'Ouest? 

7.  Quels  sont  les  pays'et  les  Océans  qui  entourent  les  États- 
Unis  ? 

8.  Dans  quelle  direction  la  Géorgie  est-elle  située  par  rapport 
à  l'Ohio  ?  Dans  quelle  direction  la  Géorgie  est-elle  située  par 
rapport  à  la  Louisiane? 

9.  Quelles  sont  les  deux  grandes  chaînes  de  montagnes  des 
États-Unis?  Quelle  est  leur  direction  ?  Comment  appelez-vous 
le  pays  situé  entre  elles  ? 

10.  Décrivez  le  fleuve  Mississippi  et  dites  où  se  jette  chacun 
des  cours  d'eau  suivants  :  l'Ohio,  le  Connecticut,  le  Rio-Grande. 

Cieveland  (Ohio). 

31.   —  AUTRES    QUESTIONS    DE   GÉOGRAPHIE. 

(4*  année.) 

i.  Faites  la  carte  d'une  île.  Si  la  terre  était  de  l'eau  et  si 
l'eau  était  de  la  terre,  que  deviendrait  cette  île  ? 

2.  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  une  presqu'île  et  une 
baie?  entre  une  presqu'île  et  un  cap? 

3.  Entre  quel  lac  et  quel  fleuve  l'État  de  l'Ohio  est-il  situé? 

4.  Quelles  sont  les  cinq  plus  grandes  villes  de  l'Ohio  ? 

5.  Quelles  sont  les  cinq  plus  grandes  villes  des  États-Unis? 
Oii  sont-elles  situées  ? 

6.  Oîi  se  jettent  les  fleuves  suivants  :  le  Connecticut,  le  Rio- 
Grande,  le  Danuhe,  le  Nil,  l'Amazone? 

7.  Où  peut-on  trouver  des  mines  de  fer  dans  les  États-Unis? 
Des  mines  de  plomb  ?  Des  mines  de  cuivre?  Des  mines  de 
charbon?  Des  mines  d'or? 

8.  Quels  sont  les  noms  des  cinq  grands  Océans?  Lequel  de 
ces  Océans  baigne  l'Amérique  du  Nord  à  l'Est?  à  l'Ouest? 

9.  Où  sont  situés  Montréal,  Paris,  Rome,  Yedo,  Saint- 
Pétersbourg? 

10.  Quelles  sont  les  bornes  occidentales  de  la  France,  du 
Chili,  de  la  Norvège,  de  l'Ecosse,  du  Mexique? 

Cieveland  (Ohio). 


GÉOGRAPHIE.  33 

3:2.    —   QUESTIONS    DE   GÉOGRAPHIE   ET   DE   TOPOGRAPHIE. 

iH"'  et  o"-  année. j 

Nommez  cinq  rues  de  la  ville  dans  la  direction  du  nord  au  sud  ? 
Où  est  située  la  Maison  de  Ville  ? 
Où  se  trouve  le  Parc  public  ? 
Dites  où  est  la  gare  centrale. 
Qu'est-ce  qu'une  montagne,  une  colline? 
Qu'est-ce  qu'une  vallée,  une  plaine  ? 
Différence  entre  un  ruisseau,  une  rivière,  un  torrent. 
Définition  des  mots  :  lac,  baie,  cap,  île. 
Dayton  (Ohio). 

33.    —   EXAMEN   TRIMESTRIEL  DE   GÉOGRAPHIE. 

(îî*  année.) 

1 .  Qu'est-ce  que  la  Géographie  ? 

2.  Quelle  est  la  forme  du  globe  ? 

3.  De  quoi  se  compose  la  surface  du  globe  ? 

A.  Quelle  partie  de  la  surface  du  globe  est  formée  déterre? 
■  5.  ?sommez  les  divisions  naturelles  des  eaux. 

6.  Nommez  un  fleuve,  une  baie,  une  mer  et  un  océan,  indi- 
quez-en la  situation. 

7.  Qu'est-ce  qu'un  isthme?  Donnez  un  exemple  et  dites  ce 
qu'il  relie. 

8.  Nommez  les  États  de  la  Nouvelle-Angleterre,  et  donnez 
les  limites  de  l'État  dans  lequel  vous  demeurez, 

Newport  (Rhode-Island). 

MÊME    EXAMEN. 
(3'  année.) 

1.  Définissez  un  fleuve,  nommez-en  un. 

2.  Nommez  trois  espèces  de  plaines. 

3.  Combien  la  terre  a-t-elle  de  mouvements  ?  Nommez-les  et 
dites  ce  qu'ils  produisent  ? 

-i.  Qu'entendons-nous  par  le  climat? 

5.  Nommez  les  races  de  l'humanité.  Indiquez  les  différentes 
subdivisions. 

6.  Nommez  les  occupations  principales  de  notre  pavs. 

7.  Qu'est-ce  que  le  commerce  ? 

3 


'SU  PRIMARY    SCFIOOLS. 

8.  Donnez  les  bornes  du  Rlioile-Island,  nommez  les  capitales 
et  indiquez-en  la  position. 
Ncwport  (Rliodc-Island). 

\.  —  Dessin. 

31.     —   DESSIN    LLN'ÉAIRE. 
(Examen  trimestriel  de  toutes  les  Primary  scJiools.) 
Degré  inférieur  : 

1.  Qu'est-ce  qu'un  point? 

2.  Définissez  et  tirez  une  ligne. 

3.  Qu'appelle-t-on  une  ligne  droite  ? 
-4.  Qu'est-ce  qu'un  angle  ? 

5.  Combien  y  a-t-il  d'espèces  d'angles  ? 

6.  Tracez  les  différentes  espèces  d'angles  et  donnez-en  les 
noms. 

7.  Donnez  des  exemples  de  bgnes  parallèles. 

8.  Donnez  des  exemples  de  lignes  obliques  ;  de  lignes  hori- 
zontales. 

Degré  supérieur  : 
Questions  analogues,  et  de  plus  : 

1.  Définissez  la  ligne  verticale,  horizontale  et  oblique. 

2.  Tracez  des  lignes  perpendiculaires  l'une  à  l'autre,  et 
dites  ce  qu'elles  forment. 

3.  Définissez  le  triangle  et  tracez  un  triangle  à  angles  aigus. 

4.  Dessinez  un  carré  et  divisez-le  en  huit  triangles  rec- 
tangles. 

Newport  (Rhode-Island). 

35.   —    DESSIN   A  MAIN  LEVÉE. 
(3«,  i"  et  5*  année.) 

Les  élèves  n'ont  jamais  ni  vu  ni  fait  ce  travail  avant  le 
moment  où  ils  l'ont  exécuté  eux-mêmes  d'après  la  description 
verbale  donnée  en  ces  termes  : 

Marquez  un  point  au  centre  de  votre  papier.  Marquez  un 
autre  point  exactement  au-dessus  du  centre,  à  un  demi-pouce 
du  haut  de  votre  papier  ;  un  autre  au-dessous  du  centre,  à 
un  demi-pouce  du  bas  de  votre  papier  ;  un  autre  à  gauche  du 


DESSIN.  35 

centre,  à  un  demi-pouce  du  bord  de  votre  papier  ;  un  autre  à 
droite,  à  un  demi-pouce  du  bord  de  votre  papier.  Marquez  un 
point  au  milieu  de  la  distance  du  centre  au  point  supérieur;  un 


Devoir  fait  par  tous  les  élèves  de  la  classe  : 
Age  moyen,  sept  ans  et  demi. 

autre  au  milieu  de  la  distance  du  centre  au  point  inférieur  ; 
un  autre  au  milieu  de  la  distance  du  centre  aux  points  de 
gauche  et  de  droite. 

Joignez  le  point  d'en  haut  par  une  ligne  droite  au  point 
intermédiaire,  entre  le  centre  et  le  point  d'extrême  gauche,  et 
par  une  autre  ligne  droite  au  point  intermédiaire  entre  l'ex- 
trême droite  et  le  centre.  Joignez  ensuite  de  la  même  manière 
le  point  inférieur  aux  deux  points  intermédiaires  de  droite  et 
de  gauche  afin  d'obtenir  un  losange. 

Joignez  par  une  ligne  droite  le  point  de  gauche  au  point 
intermédiaire  entre  le  centre  et  le  point  supérieur  ;  joignez-le 
par  une  autre  ligne  au  point  intermédiaire  entre  le  centre  et  le 
point  inférieur.  Joignez  ensuite  le  point  de  droite  aux  deux 
points  les  plus  proches  au-dessus  et  au-dessous  du  centre, 
alin  de  compléter  le  losange  horizontal. 
Sandusky  (Ohio). 


36 


PRDIARY   SCIIOOLS. 


AUTRE   DESSIN   A  MAIN    LEVEE. 
Même  procédé  de  dictée. 


Même  classe. 


Sandusky  (Ohio). 


Nous  donnons  ci-contre  trois  planches  de  dessin,  pris  au 
hasard  dans  un  des  nombreux  albums  exposés  par  les  écoles 
élémentaires  de  Milwankee.  Il  faut  noter  que  ces  dessins  sont 
faits  sur  des  tableaux,  des  ardoises  ou  des  feuilles  de  papier, 
sans  aucun  quadrillage.  Le  premier  exercice  des  élèves  est  de 
poser  eux-mêmes  au  tableau  noir  les  points  de  repère  dont  ils 
se  serviront  pour  construire  des  figures  symétriques  ;  ils  joi- 
gnent ensuite  ces  points  par  des  lignes  droites,  puis  ils  divisent 
ces  lignes  en  parties  égales  et  joignent,  suivant  diverses  com- 
binaisons, ces  points  d'intersection  sans  le  secours  d'aucun 
instrument.  En  visitant  les  écoles  de  Milwankee,  j'ai  fait  re- 
faire, sous  mes  yeux  et  à  l'improviste,  les  exercices  de  dessin 
dont  on  trouvera  ci-contre  le  résumé  dans  plusieurs  classes 
d'enfants  de  6  à  9  ans,  partout  avec  le  même  succès. 


\J.   —  musique. 

(Voyez  à  la  fin  des  Grammar  Schools. 


GRAMMAR   SCHOOLS 

{Correspondant  au  cours  intermédiaire  et  au  cours  supérieur 
de  nos  écoles  primaires.) 

Age  moyen  :  de  dix  à  quatorze  ans. 


I.  —  Iiang:ae  maternelle. 

1 .  —  EXERCICE    DE   GRAMMAIRE  ET   DE   RÉDACTION. 
(i^  année.) 

Quest.  1 .  —  Écrivez  cinq  phrases  au  nombre  singulier. 
Rép.  —  Le  cheval  est  dans  la  grange,  où  il  mange  son  foin. 
Ce  garçon  joue  à  la  balle. 
La  petite  fille  va  demain  à  Saginaw  pour  s'acheter 

un  chapeau  neuf. 
L'aigle  porte  un  agneau  à  son  nid. 
Le  tableau  suspendu  au  mur  est  très-beau. 
Quest.  2.  —  Faites  une  composition   de  cinq  phrases  au 
moins  sur  l'abeille. 

Rép.  —  L'abeille  est  un  très-petit  insecte.  L'été,  elle  vole 
de  fleur  en  fleur  pour  en  extraire  son  miel.  Puis  elle  porte  le 
miel  à  sa  ruche,  où  elle  le  met  en  réserve  pour  l'hiver.  On  le 
lui  enlève  pour  le  vendre.  Mais  il  faut  leur  (sic)  donner  à  man- 
ger, sans  cela  elles  mourraient.  Elles  bâtissent  quelquefois  de 
petits  nids  dans  des  arbres  creux. 

Quest.  3.  —  Écrivez  à  votre  professeur  une  lettre  où  vous 
décrirez  la  rivière  Saginaw. 

Bay-City  (Michigan),  14  février  1876. 
Mon  cher  professeur, 
Je  vais  vous  parler  de   la  rivière  Saginaw.  Elle  a  environ 


38  GRAMMAR   SCIIOOLS- 

quaire-vingt-dix  milles  de  long.  Elle  coule  au  nord  et  se  dé- 
verse dans  la  baie  de  Saginaw.  Celte  rivière  est  étroite  et  pro- 
fonde. Bay-City  est  situé  sur  cette  rivière.  Il  y  a  dans  cette 
rivière  beaucoup  de  poissons.  I.es  lioninies  et  les  enfants  y  vont 
pêcher.  Beaucoup  de  bateaux  à  voiles  grands  et  petits  remon- 
tent et  descendent  la  rivière.  Des  hommes  et  des  enfants  s'y 
baignent.  Il  y  a  un  ferry-boat  (1)  qui  vous  conduit  à  Banks. 

Votre  tout  dévoué 

Eddy  Carney. 

Quest.  i.  —  Écrivez  dix  noms,  dix  verbes. 

Ih'p.  —  Dix  noms  :  Cheval,  maison,  chat,  tableaux,  plumes, 
crayons,  vase,  orgue,  pupitre  et  encriers. 

Dix  verbes  :  Courir,  marcher,  parler,  rire,  frapper,  ruer, 
rouler,  jouer,  (il)  secoue  et  (il)  souffle. 

Qiic'st.  5.  —  Mettez  au  pluriel  la  i)hrase  suivante  : 
Le  vase  est  sur  l'étagère. 

Rép.  —  Les  vases  sont  sur  les  étagères. 

Quest.  6. — Écrivez  une  phrase  qui  contienne  «  box  »  (boite) 
pris  comme  nom,  et  une  autre  qui  contiemie  «  box  »  (boxer) 
pris  comme  verbe. 

Qui'st.  7.  —  Soulignez  les  noms  dans  la  phrase  suivante  : 
Les  abeilles  bourdonnaient  parmi  les  fleurs,  et  les  oiseaux 
chantaient  dans  hîs  arbres  et  dans  les  buissons. 

Quest.  8.  —  Développez  celte  phrase  :  «  Le  cheval  court.    » 

Rép.  —  Ce  grand  cheval  gris  court  très-vite  en  remontant 
la  rue. 

Quest.  9.  —  Écrivez  deux  phrases  qui  contiennent  chacune 
deux  pronoms. 

Rép. — ^  Deux  garçons  sortaient  de  la  ville  et  ils  virent  un 
cheval  qui  s^^nfuyait. 

Deux  oiseaux  étaient  dans  leur  cage  et  les  petites  filles  les 
nourrissaient. 

Quest.  10.  — Faites  une  phrase  avec  les  mots  :  «  Livre, 
écolier,  bon.  » 

Rép.  —  Le  bon  écolier  lit  son  livre. 

Quest.  11.  —  La  neige,  comi)osilion. 

Rép.  — La  neige  tombe  très-vite.  Elle  est  très-blanche.  Ouand 

(1)  Large  bateau  à  vapeur  d'une  forme  particulière  qui  sert  de  bac. 
Ces  batciiux,  n'ayant  pas  de  bordage  ni  à  l'avant,  ni  à  Tarrière, 
peuvent  s'accoter  au  quai  sans  solutioa  de  continuité. 


LANGUE    MATERNELLE.  39 

il  y  a  de  la  neige,  les  garçons  se  lancent  des  boules  de  neige. 
Nous  nous  amusons  beaucoup  dans  la  neige  quand  il  y  en  a. 
Quand  il  fait  bon  aller  en  Iraineau,  nous  faisons  des  courses  en 
«  cutter  >  (traîneau  rapide).  Quand  la  rivière  est  gelée,  les  gar- 
çons vont  patiner.  La  neige  esl  très-belle. 

Quest.   12.  —  Écrivez  cinq  phrases   énonçant  des  faits  au 
nombre  pluriel,  et  en  employant  le  verbe  aller  dans  chacune 
d'elles. 
Rep.  —  Les  fdles  vont  à  la  ville. 

Les  vaches  vont  au  pâturage. 

Les  cochons  allèrent  à  leur  étable. 

Les  garçons  iront  à  leurs  places. 

Les  hommes  allaient  travailler  à  la  ville. 
Quest   13.  —  Écrivez  à  votre  mère  une  lettre  sur  votre  salle 
d'école. 

Bay-City  (Michigan),  1-i  février  1876. 

Ma  chère  mère, 

Je  vais  te  parler  de  notre  salle  d'école.  Elle  est  très-grande. 
Vn  thermomètre  est  suspendu  sur  le  tableau  noir.  Il  y  a  un 
orgue  dans  notre  classe.  11  y  a  treize  tableaux  noirs  pendus  à 
la  muraille.  11  y  a  des  dessins  sur  les  tableaux  :  il  y  a  un  ba- 
teau, une  boîte,  une  cheminée,  un  serpent,  une  scie  et  une 
échelle.  11  y  a  une  devise  inscrite  sur  la  muraille  au-dessus  de 
la  porte.  Dans  un  coin  de  la  salle  il  y  a  un  grand  pupitre  sur 
lequel  sont  un  dictionnaire,  un  vase  et  une  boîte  de  craie.  Il  y 
a  cinq  rangées  de  pupitres  qui  ont  des  encriers. 

Ton  fils  dévoué, 

Eddy  Carney. 

'     Age  :  dix  ans. 

Bay-City  (Michigan).  École  primaire  annexée  à  la  High  School. 
(Temps  employé,  3  heures  15  minutes.) 


12.  —  grammaire. 
(7«  année.) 

Quest.  1.  —  Quels  sont  les  différents  éléments  de  la  pensée? 
—  Quels  sont  les  éléments  correspondants  de  la  phrase?  — 
Quelle  est  la  fonction  de  la  phrase? 


40  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Hép.  —  Les  différents  élémenls  d'une  pensée  sont  : 

Le  sujet,  le  prédicat  et  la  copule. 

Le  sujet  de  la  pensée  correspond  au  sujet  de  la  phrase,  le 
prédicat  de  la  pensée  correspond  à  l'attribut  de  la  phrase,  et  la 
copule  de  la  pensée  correspond  à  la  copule  de  la  phrase. 

La  fonction  de  la  phrase  est  d'exprimer  la  pensée  par  des 
mots. 

Quest.  2.  —  Qu'est-ce  qu'un  attribut?  En  quoi  un  attribut 
diffère-t-il  d'une  partie  d'un  objet? 

Rép.  —  Un  attribut  est  un  mot  qui  vient  à  l'esprit  en  pensant 
à  un  objet,  considéré  comme  ce  qu'il  est  à  une  certaine  époque, 
sans  rapport  avec  aucun  autre  objet. 

Une  partie  d'un  objet  est  une  matière  qu'on  peut  en  enlever; 
un  attribut  est  immatériel  et  ne  peut  être  enlevé  de  l'objet. 

Quest.  3.  —  Quelles  sont  les  classes  d'attributs?  —  Écrivez 
une  phrase  qui  les  contienne. 

Rép.  —  Les  différentes  classes  d'attributs  sont  : 
Qualité,  condition,  relation  et  action. 

Le  chien  noir  boiteux  du  coin  traversa  une  place  publique  en 
courant. 

Le  mot  boiteux  exprime  un  attribut  de  qualité,  les  mots  du 
coin  expriment  un  attribut  de  relation,  le  mot  traversa  exprime 
un  attribut  d'action. 

Frank  M. 

Age  :  treize  ans. 
Indianapolis  (Indiana). 


3.    —   GRAMMAIRE. 
(6^  année.) 

Quest.  \.  —  Écrivez  une  phrase  qui  contienne  quatre  noms 
et  soulignez-les. 

Rép.  —  Jean  alla  à  la  ville  sur  le  cheval  et  acheta  des  œufs. 

Quest.  2.  —  Écrivez  une  phrase  dont  vous  soulignerez  le 
sujet  et  le  prédicat. 

Rép.  —  Le  chien  courut  après  le  chat. 

Quest.  3.  —  Définissez  une  préposition  et  dites  ce  que  c'est 
qu'une  proposition. 

Rép.  — Une  préposition  est  un  mot  qui  montre  le  rapport 
entre  le  mot  qu'elle  régit  et  quelque  autre  mot. 

Une  proposition  est  une  pensée  exprimée  par  des  mots. 


LANGUE    MATERNELLE.  41 

Quest.  i.  —  Construisez  une  phrase  qui  contienne  un  membre 
relatif  et  soulignez  ce  membre, 

Rép.  —  Le  garçon  étant  malade  resta  chez  lui. 

Quest.  5.  —  Écrivez  une  phrase  dans  laquelle  le  mot  dîner 
sera  employé  comme  nom,  et  une  autre  phrase  dans  laquelle  le 
même  mol  sera  employé  comme  verbe. 

Rép.  —  Le  dîner  est  prêt.  —  Vous  viendrez  dîner. 

Quest.  6.  —  Écrivez  le  féminin  de  :  Un  monsieur,  —  un  fils, 
—  un  neveu,  —  il,  —  Monsieur. 

Rép.  —  Une  dame,  —  une  fille,  —  une  nièce,  —  elle,  — 
Madame  ou  Mademoiselle. 

Quest.  7.  —  (ju'est-ce  qu'un  pronom  interrogatif? 

Rép.  —  On  emploie  un  pronom  interrogatif  pour  faire  des 
questions  comme  :  Qui?  quoi  ?  lequel? 

Quest.  8.  —  Écrivez  deux  phrases  dont  l'une  contiendra  un 
verbe  intransitif,  et  l'autre  un  verbe  transitif. 

Rép.  —  Les  chevaux  courent. 

Le  petit  Charles  a  frappé  Jacques. 

Quest.  0,  —  Que  faut-il  dire  pour  analyser  un  nom? 

Rép. —  1.  11  faut  dire  que  c'est  un  nom  et  pourquoi. 

2.  Si  c'est  un  nom  commun   ou  un  nom  propre  et 
pourquoi. 

3.  A  quelle  personne  et  de  quel  nombre. 
•4.  A  quel  cas  et  pourquoi. 

5.  La  règle  de  construction. 

RiLLA  W. 
Age  :  douze  ans. 
West  des  Moines  (lowa). 


•4.     —   EXERCICE   DE   RÉDACTION. 

Quest.  1.  — Écrivez  une  lettre  pour  demander  un  emploi. 
Rép.  — 

Madame  H.  S.  Davis. 

Fitchburgh,  19  février  1876. 
Chère  Madame, 

Je  désirerais  un  emploi  de  demoiselle  de  magasin  chez  vous 
si  la  vacance  n'a  pas  été  remplie.  J'ai  déjà  été  dans  les  affaires. 

Votre  toute  dévouée, 
Ella  Whitney. 


42  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

Qiiefit.  2.  —  Écrivez  un  petit  article  pour  un  journal  quo- 
tidien. 

Rcp.  — 11  y  a  eu  un  éboulenient  de  neige  sur  l'Hôtel  d'Amé- 
rique ce  matin,  mais  personne  n'a  été  sérieusement  blessé,  si 
ce  n'est  un  vieux  monsieur  qui  a  eu  le  bras  cassé.  Le  docteur 
Jollson  lui  a  donné  ses  soins. 

Que^t.  3.  —  Morceau  de  poésie  à  mettre  en  prose.  Cinquième 
livre  de  lecture  de  Monroe  (page  ^^TT).  (Edimbourg  après  la 
bataille  de  Flodden,  par  W.  E.  Aytoun.) 

Qucst.  A.  —  Nommez  les  noms,  les  pronoms  et  les  verbes 
de  la  première  stropbe. 

Quesf.  5.  —  Écrivez  une  lettre  dans  laquelle  vous  rendrez 
compte  de  votre  dernier  examen. 

Fitchburgh,  17  février  1876. 

Monsieur  J.-G.  Edgeily. 

Cher  Monsieur, 

Le  jour  de  l'examen  est  revenu,  et  on  nous  impose,  à  nous 
autres,  pauvres  écolières,  la  tache  formidable  d'écrire  une 
composition  sous  la  forme  d'une  lettre  qui  vous  est  adressée. 

Je  crois  que  les  examens  font  beaucoup  de  bien,  car  ils  ont 
pour  but  de  nous  faire  étudier  et  de  nous  faire  gagner  une 
bonne  place  dans  notre  classe. 

On  ne  nous  a  pas  fait  de  questions  très-difiîciles  le  mois 
dernier,  et  je  me  suis  très-bien  tirée  de  toutes  mes  études, 
excepté  de  la  géographie,  où  j'ai  été  très-faible.  Je  préfère  les 
examens  écrits  aux  examens  oraux,  car  il  est  beaucoup  plus 
facile  d'écrire  que  de  parler  devant  toute  une  école,  devant  les 
inspecteurs,  le  comité  et  le  professeur.  Il  faut  que  je  termine 
ici  ma  lettre  jiour  avoir  du  temps  pour  mes  autres  questions. 

Votre  toute  dévouée, 

Ella  Wiiitney. 

Quest.  G.  —  Corrigez  les  phrases  suivantes  : 

] .  Il  va  bien  pour  un  nouveau  commençant. 

:2.  Le  garçon  il  s'en  alla  la  semaine  dernière. 

3.  11  s'en  trouvait  beaucoup  d'absents  hier. 

A.  Ces  espèces  de  livres  n'ont  pas  beaucoup  de  valeur. 

5.  Lequel  est  plus  grand  de  ces  deux  chiens? 


LANGUE    MATERNELLE.  43 

Rép. — I.  Il  va  bien  pour  un  commençant. 

2.  Le  garçon  s'en  alla  la  semaine  dernière. 

3.  Il  y  avait  beaucoup  d'absents  hier. 

4-.  Cette  espèce  de  livres  n'a  pas  beaucoup  de  valeur. 
5.  Quel  est  le  plus  grand  de  ces  deux  chiens? 

Ella  W. 

Fitchbiirsli  (Massachussets).  École  de  Dav  street. 


o.   —  COMPOSITION. 

M.  Bagbee  (i)  nous  a  donné  pour  notre  composition  habi- 
tuelle, qui  dure  vingt  minutes,  les  mots  suivants  à  faire  entrer 
dans  une  histoire  de  notre  invention  : 

Célibat,  bande,  faux  pas,  bureau,  chaperon,  clique  (2). 

Voici  comment  j'en  ai  fait  des  phrases  : 

On  demandait  à  une  dame  dont  je  me  garderai  bien  de  dire 
l'âge  (qu'il  suffise  de  savoir  qu'elle  avait  résolu  de  garder  le 
célibat)  si  elle  avait  un  chaperon.  «  Oh  !  oui,  répondit-elle,  mais 
un  jour  j'eus  le  malheur  de  le  prier  de  me  pendre  un  tableau 
représentant  une  bande  de  vieux  garçons  pleins  d'entrain  qui 
s'amusaient  aux  dépens  d'une  clique  de  vieux  maris  désolés  de 
leur  sort.  Ce  spectacle  le  fit  tant  rire  qu'il  recula  pour  mieux 
voir,  fit  un  faux  pas  et  tomba  sur  mon  bureau.  La  première 
fois  qu'on  le  revit,  il  quittait  précipitamment  la  ville,  et,  ajoutâ- 
t-elle en  soupirant,  je  ne  l'ai  jamais  vu  depuis.  » 

PdLLA  B. 
Comté  de  Gloucester  (New-Jersev».  École  rurale  du  district  n''  57. 


G.   —  HISTOIRE   d'une   FAMILLE. 

J'ai  eu  dernièrement  l'avantage  de  faire  la  connaissance 
d'une  famille  dont  je  me  propose  de  vous  raconter  l'histoire. 

Mes  souvenirs  me  rappellent  l'harmonie  qui  régnait  dans 
cette  maison. 

Tout  le  monde  y  était  gouverné  par  certaines  règles  dont  on 
rie  s'écartait  jamais. 

(1)  Directeur  de  l'école. 

(2)  En  anglais  celibacy,  corps,  faux  pas,  bureau,  chaperon,  clique. 


AA  GRAMMAR    SCHOOLS. 

Cette  famille  se  composait  de  dix  membres  :  M.  Nom^ 
jyjme  Verbe  sa  femme,  et  leurs  huit  enfants. 

Le  père,  M.  Nom,  était  un  vieux  bourru  despotique  et  rempli 
d'amour-propre;  il  gouvernait  toujours  sa  femme,  qui  était  obli- 
gée de  s'accorder  avec  lui  dans  toutes  les  choses  personnelles. 
Parfois  il  devenait  si  terrible,  qu'il  agissait  dans  une  indé- 
pendance complète  à  l'égard  de  toute  la  famille;  alors  sa 
femme  s'écartait  généralement  de  lui. 

Quoiqu'il  fût  quelquefois  propre,  sa  famille  le  tenait  en 
général  pour  un  vieux  bonhomme  commun. 

Pronom,  son  fils  amé,  était  d'une  intelligence  remarquable  ; 
son  père  avait  beaucoup  de  confiance  en  lui,  et  il  l'autorisait  à 
traiter  les  affaires  à  sa  place. 
Il  était  égoïste  :  Moi,  toujours,  le  premier  en  tête. 
Il  parlait  soit  relativement  aux  idées  de  son  père,  soit  pour 
en  démontrer  le  sens,  mais  qucilquefois  il  était  un  peu  per- 
sonnel  dans  ses  remarques. 

Peut-être  n'apprit-il  jamais  le  cinquième  commandement, 
car  il  ne  respectait  pas  sa  mère  comme  il  aurait  dû  la  respec- 
ter, il  la  brusquait  souvent  comme  le  faisait  son  père.  Lui  et 
son  père  s'accordaient  généralement  à  merveille. 

De  temps  en  temps  M™^  Verbe  se  mettait  à  la  voix  active,  et 
déclarait  que  Pronom  et  son  père  étaient  tous  les  deux  ses 
sujets.  Souvent  aussi  le  mari  et  le  fils  passaient  à  l'état  de 
simple  complément. 

Quand  elle  se  mettait  dans  un  de  ses  modes  impéîYitifs,  elle 
donnait  ses  oj-dres  avec  beaucoup  de  décision. 

Elle  avait  en  général  beaucoup  d'ordre  et  de  régularité  pour 
tout  ce  qui  lui  appartenait,  quoiqu'elle  laisscàt  quelquefois  les 
choses  aller  d'une  manière  irrégulière  et  défective. 

Elle  avait  le  tempérament  nerveux,  et  quelquefois  elle  avait 
un  si  joyeux  entrain,  qu'elle  paraissait  ne  vivre  que  pour  le 
présent;  puis  elle  s'assombrissait  et  s'attristait,  et  disait  qu'elle 
était  un  pauvre  être  imparfait  ;  mixis  bientôt  elle  s'imaginait 
qu'elle  était  parfaite,  et  si  vous  discutiez  avec  elle,  elle  vous 
renvoyait  au  futur. 

Article  et  Adjectif  étaient  les  deux  garçons  qui  venaient  après 
Pronom.  Ils  sautillaient  devant  leur  père. 

Article  essayait  de  restreindre  le  pouvoir  de  son  père,  mais 
son  influence  était  souvent  indéfinie. 

Adjectif  décrivait  toujours  son  père,  dont  il  s'efforçait  de 
faire  une  personne  de  qualité. 


LANGUE    MATERNELLE.  45 

La  jeune  Participe  était  la  fille  ainée,  elle  ressemblait  à  sa 
mère.  Son  caractère  avait  beaucoup  de  rapport  avec  celui  de 
son  frère  Adjectif. 

Adverbe,  la  seconde  fille,  était  une  demoiselle  très-imperti- 
nente, critiquant  les  manières  de  sa  mère,  et  disant  le  temps 
et  le  lieu  où  l'on  devait  mettre  les  choses. 

Celle  qui  venait  après  dans  la  famille  était  la  petite  Conjonc- 
tion; elle  n'était  pas  aussi  intelligente  que  les  autres,  mais  elle 
était  très-utile  dans  certains  cas. 

Préposition  était  le  fils  cadet,  il  courait  autour  de  son  père, 
et,  comme  il  lui  ressemblait  un  peu,  il  voulait  quelquefois  le 
gouverner. 

Interjection  était  la  dernière  née,  c'était  aussi  l'enfant  gâté 
de  la  famille,  et,  par  conséquent,  elle  faisait  tout  ce  qu'elle 
voulait.  C'était  un  petit  être  volontaire  et  délicat  qui  jetait  les 
hauts  cris  si  quelque  chose  ne  lui  convenait  pas. 

Si  quelques-unes  de  mes  amies  voulaient  avoir  d'autres  détails 
sur  cette  famille,  elles  peuvent  se  les  procurer  en  s'adressant 
à. . .  la  Grammaire.. 

Marilla  a. 
Age  :  seize  ans. 
Comté  de  Middlesex  (New-Jersey).  École  du  district  n^  53. 


/.   —    REDACTION   AU   TABLEAU  NOIR. 
(5^  année.) 

Note  du  Directeur  de  l'école  : 

«  Ce  qui  suit  est  le  résultat  d'un  exercice  qui  a  pour  but  d'exercer 
les  enfants  à  la  fois  à  la  rédaction,  à  forthographe  et  à  l'écriture. 
Pendant  quelque  temps  cet  examen  tient  lieu  de  rédaction  origiuale 
faite  par  ctiaque  élève. 

')  Le  but  du  professeur  est  de  ne  fournir  aucune  idée,  aucune  expres- 
sion, et  cependant  de  faire  exprimer  par  les  élèves  de  la  classe  toutes 
les  idées  qu'ils  peuvent  avoir,  dans  le  meilleur  langage  possible.  Le 
sujet  choisi  est  simple  et  familier  à  tous  les  élèves,  car  ce  qu'on  veut 
ce  n'est  pas  que  le  sujet  instruise  par  lui-même,  mais  qu'il  apprenne 
à  exprimer  ce  que  Ton  sait  déjà. 

»  On  écrit  le  sujet  sur  le  tableau  noir,  et  tout  élève  qui  a  quelque 
chose  à  dire  sur  ce  sujet  doit  lever  la  main.  Lorsque  tous  les  élèves 


46  GRAMMAR    SCHOOLS. 

(ieiuaiKlcnt  à  parler,  ou  eu  cuteud  autant  que  riicuro  le  permet. 
Lorsqu'ils  se  sout  ainsi  fait  une  idée  générale  de  ce  qu'ils  désirent 
écrire,  on  leur  demande  de  dire  laquelle  de  toutes  les  phrases  qu'ils 
ont  entendues  est  la  plus  convenable  i)0ur  commencer  la  composition. 
Le  professeur  explique  alors  pourquoi  il  repousse  une  phrase  proposée 
pour  commencer  la  composition.  On  écrit  ensuite  sur  le  tableau  trois 
ou  quatre  ])hrases  à  mesure  qu'elles  sont  dictées  par  diftërents élèves; 
on  n'y  met  ni  lettres  majuscules  ni  ponctuation.  On  laisse  même 
l'élève  écrire  avec  des  fautes  d'orthoLi;raphe.  On  corrige  ensuite  ces 
phrases. 

»  On  décide  d'abord  où  doit  se  terminer  chaque  phrase,  on  indique 
la  ponctuation  nécessaire,  puis  on  commence  chaque  phrase  par  une 
lettre  majuscule,  et  on  y  place  les  autres  majuscules  qui  sont  néces- 
saires. Les  élèves  doivent  alors  changer  tous  les  mots  qui  sont  répé- 
tés, on  leur  enseigne  à  éviter  la  répétition  des  mots  ou  des  idées;  on 
leur  enseigne  aussi  à  remplacer  un  mot  par  un  autre  plus  court  ou  à 
exprimer  une  idée  en  meilleur  langage.  C'est  l'orthographe  qu'on 
corrige  en  dernier  lieu.  On  donne  la  i-aison  de  tous  les  changements 
que  l'on  fait,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  bien  comprise  par  toute  la  classe. 
On  copie  sur  du  papier  ou  sur  l'ardoise  le  travail  ainsi  corrigé.  A  la 
leçon  suivante  on  ajoute  de  nouvelles  phrases.  On  continue  de  tra- 
vailler sur  le  même  sujet  jusqu'à  ce  qu'en  le  copiant  on  obtienne  une 
composition  de  la  longueur  désirée. 

M  Ce  qui  suit  est  un  des  exercices  de  ce  genre  faits  au  tableau^noir 
en  janvier  dernier,  sans  que  l'on  sût  qu'ils  devaient  être  exposés  à 
l'occasion  du  Centenaire.  » 


LES   VACANCES. 

Nos  dernières  vacances  ont  commencé  le  25  décembre  1875 
et  ont  duré  jusqu'au  3  janvier  1876.  Nous  nous  somnies  beau- 
coup amusées  pendant  ces  jours  de  congé.  Le  monde  entier 
célèbre  plus  ou  moins  cette  semaine.  C'est  pour  cela  qu'on 
appelle  ce  temps  «  les  fêtes  de  Noël  » .  On  se  prépare  active- 
ment à  cet  événement  plusieurs  semaines  d'avance.  C'est  la 
coutume  d'orner  à  cette  époque  avec  des  rameaux  verts  les 
églises,  les  maisons  et  les  magasins.  On  coupe  dans  les  forets 
de  petits  cèdres,  de  petits  pins  ou  de  petits  sapins  noirs  et 
on  les  apporte  aux  marchés  de  la  ville.  On  les  place  de  ma- 
nière à  les  faire  tenir  droits  et  on  les  appelle  des  arbres  de 
Noël.  C'est  aussi  l'usage  de  se  faire  des  présents  entre 
amis.  Les  commerçants  comptent  sur  la  vente  de  beaucoup  de 
marchandises.  Ils  font  de  magnifiques  étalages  qu'il  est  très- 
agréable  de  visiter,  même  lorsqu'on  n'achète  rien.  Souvent  on 
fait  les  cadeaux  la  veille  de  Noël  :  alors  «  on  pend  soigneuse- 


LANGUE    MATEn>'ELLE.  4i 

ment  les  bas  près  de  la  cheminée,  dans  l'espérance  que  saint 
Nicolas  ne  tardera  pas  à  arriver.  » 

^YILLIE  W. 
Age  :  treize  ans. 

Boston  (Massachussets).  Lincoln  School. 


8.    —   MAUD   MULLER   (1). 
(7*  année.) 

Un  beau  jom-  d'été,  Maud  Muller  râtelait  du  foin  dans  la 
prairie.  Elle  chantait  joyeusement  tout  en  travaillant,  et  l'oi- 
seau moqueur  perché  sur  son  arbre  lui  répondait.  Ses  regards 
se  tournèrent  vers  la  ville  lointaine,  et  une  vague  inquiétude 
remplit  son  cœur;  son  doux  chant  cessa. 

Pendant  qu'elle  se  livrait  à  ses  pensées,  un  juge  passa  à 
cheval  dans  le  sentier  ;  il  arrêta  son  cheval  et  demanda  une 
gorgée  d'eau  du  ruisseau  dont  on  entendait  le  murmure.  Elle 
se  baissa  et  remplit  son  gobelet  d'étain.  Le  juge  la  remercia  et 
se  dit  qu'elle  était  bien  belle.  Il  parla  ensuite  du  temps  et  de 
la  fenaison.  Et  Maud  oublia  ses  vêtements  déchirés  et  ses  pieds 
nus,  et  écouta  le  juge,  charmée  et  surprise  en  sentant  que  les 
yeux  du  juge  étudiaient  son  visage.  Enfin  il  s'en  alla. 

Maud  le  suivit  des  yeux  en  soupirant.  «  Oh!  mon  Dieu,  comme 
je  voudrais  bien  être  sa  fiancée  !  Il  me  donnerait  de  beaux  vête- 
ments de  soie,  et  papa,  maman  et  mon  frère  ne  manqueraient 
de  rien,  et  le  bébé  aurait  beaucoup  de  joujoux  pour  s'amuser. 
Je  nourrirais  et  j'habillerais  les  pauvres,  je  les  entendrais  me 
bénir  en  quittant  ma  porte.  » 

Tels  étaient  ses  projets;  mais  sa  destinée  fut  tout  autre. 
Elle  épousa  un  rustre  qui  ne  voulut  rien  faire  pour  son  entre- 
tien, et  qui  se  contentait  de  boire  de  la  bière  et  de  s'étendre 
nonchalamment  au  coin  du  feu.  Le  juge  épousa  une  femme 
riche  et  distinguée,  mais  jamais  il  ne  fut  aussi  heureux  qu'il 
l'aurait  été  avec  Maud.  Que  Dieu  ait  pitié  d'eux,  car  lorsqu'ils 

(1)  Cette  reproduction  en  prose  de  la  célèbre  idylle  de  Whittier  a 
été  donnée  comme  sujet,  dit  la  première  feuille  du  volume  exposé 
par  la  Gaston  School,  «  aux  élèves  de  7*  année,  après  30  minutes  de 
»  conversation  sur  le  sujet  :  il  était  accordé  une  heure  et  demie  pour 
))  la  rédaction  en  classe,  sous  l'œil  du  professeur.  -8  élèves  sur  33 
"  ont  remis  une  copie.  »  La  plupart  étaient  très-analogues  à  celle-ci. 


48  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

se  rappellent  les  jours  de  leur  jeunesse,  ils  sont  mécontents  l'un 
et  l'autre,  et  chacun  d'eux  se  dit  la  chose  la  plus  triste  qu'on 
puisse  se  dire  ici-bas  :  «  Hélas  !  cela  aurait  pu  être  pourtant  !  » 

Katie  m. 

Age  :  quatorze  ans. 

Boston  (Massachussets).  Gaston  grammar  School. 


II. — ncscriptious  d'objets  et  d'Imagées. 

9.    —   EXERCICES   ÉLÉMENTAIRES. 
(5°  année.) 

I.  —  Description  de  mon  pupitre. 

Mon  pupitre  a  des  pieds,  un  encrier,  une  rainure,  une 
tablette  et  des  côtés. 

Il  est  fait  de  bois,  de  vernis,  d'huile  et  de  fer. 

Il  y  a  le  haut  et  le  bas,  l'intérieur  et  l'extérieur. 

Il  forme  un  corps  solide  dont  le  sommet  est  oblong. 

Il  a  environ  quatre  pouces  de  long,  trois  de  large  et  quatre 
de  haut. 

Il  est  dans  la  troisième  rangée  à  partir  du  nord  et  forme  la 
quatrième  place  sur  le  devant. 

En  le  regardant  je  vois  qu'il  est  dur,  épais,  jaunâtre  et  lourd. 

En  le  touchant,  je  sens  qu'il  est  dur  et  rugueux. 

Je  sais,  par  l'ouïe,  qu'il  est  lourd  et  dur. 

Je  sais,  par  l'odorat,  qu'il  est  inodore. 

Je  sais,  par  le  goût,  qu'il  est  insipide  et  qu'il  n'est  pas  bon 
à  manger. 

II.  —  Les  parties  d'une  maison. 

Les  parties  dont  se  compose  une  maison,  au  point  de  vue  de 
l'usage,  sont  : 

Les  fondements,  les  murs,  le  plafond,  le  plancher,  les 
portes  et  les  fenêtres. 

Les  parties  dont  se  compose  une  maison,  au  point  de  vue 
des  matériaux,  sont  : 

l.e  bois,  le  vernis,  la  peinture  et  le  plâtre. 


DESCRIPTIOXS    d'objets    ET    d'iMAGES.  -49 

Les  parties  d'une  maison,  au  point  de  vue  de  leur  position 
relative,  sont  :  l'intérieur  et  l'extérieur,  le  haut  et  le  bas. 

(J'ai  mis  une  heure  dix  minutes  à  faire  cette  rédaction.) 

Alice  C. 
Age  :  douze  ans. 
IndianapoUs  (hidiana). 


10.  —  LA  VENDANGE   (1). 

Cette  image  représente  une  scène  qui  est  très-commune  en 
France  :  «  la  cueillette  du  raisin.  »  Comme  elle  est  belle,  cette 
vigne  avec  ses  longues  rangées  de  ceps  chargés  de  verdure,  et 
soutenus  par  des  échalas,  avec  le  ciel  bleu  au-dessus,  et  les 
belles  grappes  rouges  qui  paraissent  çà  et  là  au  milieu  des 
feuilles! 

Il  y  a  une  joyeuse  troupe  d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants 
qui  cueillent  le  raisin.  Il  y  a  deux  séries  de  vendangeurs  :  les 
uns  vont  les  premiers  et  ramassent  les  grappes  les  plus  grosses, 
les  plus  belles  et  les  plus  parfaites  pour  les  vendre,  pendant 
que  les  autres  les  suivent  et  ramassent  celles  qui  restent,  pour 
faire  du  vin.  Immédiatement  derrière  la  vigne  est  un  vieux 
château  où  demeure  le  propriétaire,  où  ont  demeuré  et  où 
sont  morts  ses  ancêtres  pendant  plusieurs  générations.  Le 
château  est  peut-être  une  habitation  très-agréable,  mais  il  a 
l'air  triste  ;  son  aspect  même  semble  dire  :  «  J'ai  peur  des 
voleurs  et  des  brigands.  »  Je  me  demande  s'il  existe  de  si 
méchantes  gens  dans  un  endroit  aussi  charmant.  En  bas,  dans 
la  vallée,  est  une  jolie  petite  église  où  toutes  les  bonnes 
gens  vont  le  dimanche  pour  voir  leurs  voisins  et  pour  mon- 
trer leurs  beaux  habits.  Dans  la  route ,  près  de  la  vigne , 
est  un  chariot  avec  deux  cuves  dans  lesquelles  les  hommes 
versent  leur  raisin. 

Perché  sur  le  haut  de  ce  chariot,  on  voit  un  jeune  gars  très- 
drôle,  qui  tient  dans  ses  mains  un  instrument  pour  écraser  le 
raisin,  il  le  lève  comme  s'il  allait  en  donner  un  terrible  coup. 
Les  pauvres  chevaux  paraissent  assez  fatigués  et  assez  endor- 
mis ;  quel  dommage  qu'ils  ne  puissent  pas  manger  du  raisin 

(1)  Voyez  la  figure,  page  51.  Elle  est  extraite  du  plus  élémentaire 
des  Atlas  scolaires  de  Guyot,  dont  les  cartes  sont  accompagnées  d'un 
excellent  texte  illustré.  (Editeurs,  Scribner  et  Armstrong.  New-York,  l 

4 


50  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

pour  passer  le  temps,  comme  font  les  vendangeurs!  Comme 
ceux  qui  ramassent  le  raisin  ont  l'air  joyeux  et  heureux  !  La 
plupart  d'entre  eux  travaillent  pour  tout  de  bon,  mais  il  y  a, 
comme  d'habitude,  quelques  paresseux  avec  eux.  Voyez  celui 
qui  est  sur  la  barrière  et  qui  élève  les  mains  comme  s'il  avait 
la  colique  ou  comme  s'il  allait  faire  un  discours.  Une  jeune  et 
jolie  Française  franchit  en  sautillant  les  marches  de  pierre  ; 
elle  a  le  cœur  léger,  et  sans  doute  elle  chante  une  joyeuse 
chanson  ;  un  homme  lui  montre  un  oiseau  dans  le  ciel  et  semble 
lui  dire  :  «  Voilà  votre  rival,  charmante  chanteuse.  » 

Je  me  demande  si  ces  gens  sont  aussi  heureux  qu'ils  le 
paraissent.  Je  me  demande  si  le  pauvre  petit  paysan  français 
peut  être  aussi  heureux  que  le  petit  Américain,  né  libre,  qui 
peut,  un  jour  ou  l'autre,  devenir  président  des  États-Unis,  ou 
que  la  petite  écolière  qui  fera  peut-être  un  jour  les  honneurs 
de  la  Maison-Blanche  (1). 

Alice  AV. 
Age  :  douze  ans. 
Avondale,  Comté  de  Hamilton  (Ohio). 


11.  —  MÊME   SUJET. 
(3^  année  ) 

Je  vois  dans  cette  image  une  église,  une  maison,  des  femmes 
et  des  hommes  qui  ramassent  du  raisin,  des  hommes  qui 
vident  le  raisin  dans  de  grands  tonneaux  et  un  homme  qui 
apporte  le  raisin  aux  autres.  Je  vois  des  femmes  qui  ra- 
massent du  raisin  et  qui  ont  des  mouchoirs  sur  leurs  têtes. 
En  France,  les  femmes  portent  leur  raisin  dans  un  panier  sur 
leurs  bras,  et  les  hommes  le  portent  sur  leur  dos.  Je  vois  un 
homme  avec  des  raisins  sur  le  dos,  et  il  a  un  bâton  à  la  main; 
peut-être  que,  pendant  qu'il  ramassait  le  raisin,  le  bâton  lui  a 
seryi  à  s'appuyer.  L'église  que  je  vois  est  surmontée  d'un 
très-haut  clocher.  Le  raisin  est  très-utile,  il  sert  à  faire  du 
vin,  de  la  gelée  et  beaucoup  d'autres  choses.  Le  pays  dont  je 
vous  ai  parlé  est  le  pays  de  France, 

Kettie  t. 
Age  :  dix  ans. 
Cincinnati  (Ohio),  école  du  district  de  l'Ouest  pour  les  enfants 
de  couleur.  

(1)  Palais  de  la  Présidence,  à  Washington, 


52  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

12,   —  MÊME   SUJET. 
(3*  année.) 

Je  vois  dans  ma  Géographie,  à  la  page  71,  des  hommes  et 
des  femmes  qui  ramassent  du  raisin. 

Un  chariot  altelé  de  deux  chevaux  est  sur  le  devant,  et  il  y 
a  deux  grands  tonneaux  dans  lesquels  un  homme  met  le  raisin 
qu'un  autre  écrase  ;  on  le  leur  apporte  dans  une  espèce  de  hotte. 
Les  hommes  ne  portent  pas  leur  raisin  comme  les  femmes  :  les 
hommes  le  portent  sur  leur  dos,  et  les  femmes  sur  leurs  hras. 

Je  vois  deux  tours  du  côté  où  sont  les  gens,  et  une  au  fond, 
du  côté  où  ils  ne  sont  pas. 

Il  y  a  une  maison,  des  arhres  et  des  buissons  et  aussi  une 
église  surmontée  d'un  clocher. 

Ces  gens  ramassent  le  raisin  pour  en  faire  du  vin. 

Les  uns  ramassent  le  raisin  en  étant  debout,  les  autres  le 
ramassent  en  étant  assis. 

11  y  a  un  homme  qui  descend  les  marches  avec  un  petit 
baril  (hotte)  de  raisin  sur  le  dos,  il  a  un  bâton  à  la  main. 

11  y  a  beaucoup  de  femmes  et  d'hommes  qui  ramassent  du 
raisin. 

Les  femmes  portent  des  mouchoirs  sur  la  tète,  et  les 
hommes  ont  des  chapeaux.  Je  vois  un  cheval  blanc  et  un  noir, 
attachés  au  chariot. 

RosA  IL 
Age  :  treize  ans. 
Cincinnati  (Ohio),  école  du  district  de  l'Ouest  pour  les  enfants  de 
couleur. 

(Temps  employé  à  faire  ce  travail  :  1  heure  10  minutes.) 


13.    —  LES   CHARPENTIERS. 

Je  vois,  dans  l'image  qui  est  devant  moi,  des  charpentiers 
qui  construisent  une  maison  :  l'un  perce  un  trou  dans  une 
]danche,  un  autre  scie  une  planche,  et  d'autres  ajustent  des 
planches.  Il  y  a  une  maison  presque  terminée,  et  une  autre  qui 
ne  l'est  pas.  C'est  vraiment  un  joli  endroit;  comme  l'herbe  et 
les  arbres  sont  verts!  Je  crois  que  c'est  un  village,  car  je  ne 
vois  pas  de  trottoirs.  J'aimerais  à  demeurer  dans  la  maison  à 


DESCRIPTIONS    d'OBJETS   ET    d'iMAGES.  53 

trois  étages,  car  c'est  la  plus  jolie.  Je  m'imagine  que  ces 
hommes  seront  contents  quand  ils  auront  fini,  car  c'est  un  dur 
travail  de  construire  une  maison. 

Emma  B. 
Age  :  onze  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin),  école  du  5^  district. 


U.    —    DEUX   VIGNETTES   HISTORIQUES. 

1°  L'image  que  je  vais  essayer  de  décrire  représente  un 
jeune  homme  qui  est  armé  chevalier. 

Dans  un  appartement  bien  meublé  se  tient  debout  un  jeune 
homme  revêtu  pour  la  première  fois  d'un  uniforme  de  che- 
valier. 

C'est  probablement  le  fils  aîné  de  la  famille,  il  a  l'air  noble 
et  élégant. 

Sa  mère,  qui  porte  des  vêtements  de  veuve,  vient,  semble- 
t-il,  d'entrer  dans  la  chambre,  elle  pose  avec  amour  sa  main 
sur  l'épaule  du  jeune  homme  et  le  regarde  avec  émotion. 

Nous  voyons  qu'il  a  deux  sœurs  et  un  jeune  frère.  Ils 
regardent  tous  l'armurier  qui  adapte  la  cotte  de  mailles  au 
corps  du  jeune  homme.  Sa  sœur  aînée  vient  de  préparer  son 
baudrier,  et  elle  est  à  genoux  à  côté  de  lui. 

Le  plus  jeune  membre  de  la  famille,  un  beau  petit  garçon, 
a  pris  le  casque  de  son  frère,  il  le  tient  dans  ses  mains  et 
attend  que  celui  qui  doit  le  porter  soit  prêt  à  le  recevoir. 

2''  L'image  que  j'essayerai  ensuite  de  décrire  représente  la 
Justice  du  roi. 

L'image  et  l'histoire  se  rapportent  à  un  événement  du  régne 
des  premiers  rois  d'Ecosse. 

Deux  des  nobles  encore  barbares  ayant  eu  une  discussion, 
l'un  d'eux  frappa  son  adversaire  en  présence  du  roi,  crime 
({ui  était  puni  par  la  loi. 

Le  coupable  fut  aussitôt  condamné  à  perdre  la  main  sur-le- 
champ.  La  sentence  fut  prononcée  par  le  roi,  qui  olirit  sa 
propre  épée  pour  l'exécuter.  Mais,  sur  les  instances  de  la 
reine  et  des  amis  du  coupable,  son  crime  lui  fut  pardonné. 

Le  coupable  est  assis  à  la  table,  il  a  le  bras  droit  nu,  en 
face  de  lui  se  tient  debout  le  roi,  il  a  son  épée  à  la  main  et 
il  la  présente  au  bourreau  qui  hésite  à  la  prendre,  caria  reine 
intercède  pour  le    coupable  ;   un  prêtre  de  l'Église  pose   sa 


54  GRAMMATl    SCHOOLS. 

main  sur  l'épaule  du  roi  pour  appuyer  les  prières  de  la  reine; 
un  vieux  seigneur  qui  est  de  l'autre  côté  de  la  table  se  joint 
à  lui. 

Les  autres  personnes  qui  sont  dans  l'appartement  sont  des 
gardes  et  des  nobles  de  la  cour. 

CORA  C. 
Age  :  treize  ans. 

Boston  (Massachusscts),  ShurllcfT  Grammar  School. 


15.  —  LES   ÉGLISES   DE  NOTRE  VILLE. 

Un  des  spectacles  attrayants  de  la  ville  d'York  (1),  c'est  la  vue 
de  ses  belles  églises.  Elles  sont  principalement  situées  dans  la 
partie  centrale  de  la  ville,  et  elles  ne  manquent  jamais  d'at- 
tirer l'attention  des  étrangers.  Elles  forment  sans  exception  de 
beaux  et  ricbes  édifices.  Elles  sont  au  nombre  de  vingt-trois, 
sans  compter  diverses  petites  cbapelles  ou  petits  bâtiments  des 
missions. 

Parmi  les  principaux  de  ces  édifices,  il  y  en  a  cinq  qui  ap- 
partiennent à  la  congrégation  des  Lutbériens,  Nous  allons  les 
passer  en  revue. 

La  première  église  luthérienne,  église  du  Chrisi,  est  située 
dans  Georges-street  (sud),  près  du  square  central.  On  lui  a 
récemment  donné  une  nouvelle  forme;  elle  fait  un  très-bel 
effet.  Son  clocber  n'est  pas  seulement  un  des  plus  hauts,  mais 
aussi  un  des  plus  beaux  de  l'État.  • 

La  seconde  église  luthérienne  est  construite  dans  Duke-street 
(sud);  c'est  une  église  simple,  gentille  et  bien  finie;  elle  a  une 
salle  de  réunion  très-commode  qui  a  été  agrandie,  il  y  a  quel- 
ques années. 

L'église  de  Saint-Paul  est  située  au  coin  de  King-streel  et  de 
Bearer-street  ;  c'est  un  des  plus  imposants  et  des  plus  somptueux 
édifices  du  bourg.  Tous  ses  aménagements  sont  terminés  à 
l'intérieur  et  à  l'extérieur;  le  tout  est  très-élégant.  Du  côté  de 
King-streel,  un  clocher  rattache  le  corps  principal  de  l'église 
à  la  chapelle,  qui  contient  une  grande  école  du  dimanche  et 
une  salle  de  lecture. 

L'église  luthérienne  de  l'Union  est  située  dans  la  rue  du 
Marché  (ouest  et,  quoiqu'elle  ne  forme  pas  un  bâtiment  aussi 

(1)  York  est  une  ville  de  11  000  habitants. 


DESCRIPTIONS   D  OBJETS   ET   D  IMAGES.  00 

grand,  son  aspect  attire  cependant  l'attention;  elle  est  bien 
aménagée.  L'église  luthérienne  allemande  de  Saint-Jean  est 
située  dans  King-street,  près  de  l'eau  ;  elle  n'est  terminée  que 
depuis  quelques  mois.  La  salle  des  meetings  est  entourée  d'une 
galerie  sur  trois  côtés,  d'un  beau  style. 

La  congrégation  des  réformés  possède  trois  églises,  dont  la 
première,  ou  la  plus  ancienne,  est  située  dans  West-Market  et 
près  de  Bearer-street.  Celte  église  n'a  rien  en  elle-même  de 
particulièrement  intéressant,  car  elle  est  l'une  des  plus  an- 
ciennes églises  de  la  ville  ;  cependant  elle  a  une  assez  belle 
apparence  et  sa  position  élevée  ne  peut  pas  manquer  de  la 
faire  remarquer. 

Celle  qui  vient  après  est  l'église  réformée  de  la  Trinité,  qui 
€st  située  dans  la  même  rue,  près  du  square  central.  C'est  un 
grand  bâtiment  en  style  moderne,  surmonté  d'une  haute  flèche; 
la  construction  en  a  coûté  très-cher.  Son  clocher  renferme  un 
carillon  qui  se  fait  entendre  tous  les  dimanches  et  quelquefois 
dans  la  semaine.  A  ce  monument  est  joint  un  corps  de  bâtiment 
qui  renferme  une  salle  de  lecture  et  une  école  du  dimanche. 

La  troisième  a  été  souvent  appelée  «  la  petite  église  du 
€oin  ».  Elle  est  située  dans  Duke-street  (nordy  ;  c'est  un  bâti- 
ment petit,  mais  convenable. 

La  congrégation  des  .Méthodistes  et  des  Frères-Unis,  et  l'Asso- 
ciation évangélique  ont  chacune  deux  églises. 

Ce  sont  assurément  les  Presbytériens  qui  ont  la  plus  belle 
église  d'York.  Elle  est  située  dans  la  rue  du  Marché  (est), 
elle  a  un  aspect  grandiose,  pas  tant  à  cause  de  la  beauté  de 
5a  structure  qu'à  cause  de  ses  abords  et  de  son  entourage.  Dans 
le  même  block  (1),  faisant  façade  sur  Queen-street,  ou  construit 
une  chapelle  qui,  dit-on,  est  une  des  plus  belles  du  genre. 

L'église  Morave,  dans  Duke-strest  (nord),  l'église  Anabaptiste, 
dans  Georges-street  (sud),  et  l'église  Épiscopale  dans  Bearer- 
street  (nord),  quoiqu'elles  ne  soient  ni  aussi  grandes,  ni  aussi 
-somptueuses,  occupent  un  rang  distingué. 

Outre  les  églises  dont  nous  venons  de  parler,  il  y  a  deux 
églises  catholiques  et  deux  églises  épiscopales  Méthodistes,  et 
aussi  une  salle  de  réunion  des  Quakers,  qui  sont  toutes  situées 
dans  des  rues  élevées  du  bourg.  Si  nous  devions  juger  des 
mœurs  du  peuple  d'York  d'après  le  nombre  et  la  qualité  de 

(1)  Block,  pâté  ou  îlot  de  maisons  qui  forment  toujours  un  carré, 
■ou  un  rectangle,  les  rues  se  coupant  toutes  à  angle  droit- 


56  GRAMMAR   SCHOOLS. 

ses  églises,   nous  pourrions  supposer  que  les  enfants  d'York 
forment  un  peuple  bien  religieux. 

LiLLIE  K. 
Age  :  treize  ans. 
York  (Pennsylvanie),  Grammar  School  de  filles. 


16.    —  NOTRE  VILLE,    SES   RUES   ET   SES  ÉDIFICES. 
(A^  année.) 
Indianapolis  (Indiana),  :20  mars  1876. 

Ma  chère  Eslher, 

Je  vais  vous  parler  d'Indianapolis.  Je  m'y  plais  beaucoup. 
C'est  un  charmant  endroit.  Il  y  a  un  Palais  de  Justice  dans  la 
rue  de  ^Yashington.  Le  Palais  de  Justice  est  très-joli  et  très- 
élevé.  Il  y  a  des  pierres  de  marbre  sur  la  façade.  Il  occupe 
tout  un  square. 

11  y  a  un  Palais  du  Gouvernement  et  il  est  très-agréable  de 
jouer  dans  la  cour  qui  l'entoure.  J'y  vais  jouer  quand  le  temps 
est  très-beau,  [^e  Palais  du  Gouvernement  n'est  pas  très-joli. 
J'y  entre  quelquefois  avec  quelques-unes  de  mes  amies  et  je 
regarde  les  tableaux  et  les  oiseaux.  Ils  ressemblent  vraiment 
à  de  véritables  oiseaux.  Pendant  l'été  je  joue  quelquefois  le 
soir  avec  mes  compagnes  jusqu'à  ce  qu'il  soit  tard.  Nous  jouons 
à  cache-cache,  à  l'école,  et  à  plusieurs  autres  jeux,  jusqu'à  ce 
que  nous  soyons  bien  fatiguées.  Les  rues  d'Indianapolis  sont 
belles  et  larges,  elles  vont  toutes  régulièrement  au  nord 
ou  au  sud,  à  l'est  ou  à  l'ouest.  Je  demeure  dans  la  rue  du 
Maryland  (ouest),  qui  est  la  première  j-ue  au  sud  de  la  rue 
\Yashington. 

Tout  à  vous, 

ReBECCA  3rCLEAN. 

Age  :  onze  ans. 


17.  —  LE    «    COMMON   »    DE   BOSTON. 
(3*  classe.) 

Le  Common  (terrain  communal)  est  un  vaste  et  magnifique 
jardin  public  avec  de  grandes  pelouses  et  de  beaux  arbres^ 


DESCRIPTIONS    D  OBJETS    ET   D  IMAGES.  bi 

siliié  au  milieu  de  la  ville  de  Boston.  11  était  autrefois  la  pro- 
priété d'un  homme  nommé  William  Blaxton.  Celui-ci  quitta  le 
Massachussets  et  vendit  le  champ  à  la  ville  moyennant  trente 
livres. 

Dans  l'ancien  temps,  le  Comnion  était  connu  comme  le 
champ  de  manœuvres,  et,  les  jours  d'exercice,  des  troupes  s'y 
rendaient  de  toutes  les  parties  du  Massachussets.  Lors  du  mi- 
centenaire  en  1830,  quelques  personnes  essayèrent  de  changer 
le  nom  de  Common  en  celui  de  Jardins  de  Washington,  mais 
elles  ne  réussirent  pas. 

Un  jour,  au  mois  de  mai,  le  vent  renversa  un  vieil  orme  qui 
avait  cent  trente-quatre  ans.  Pendant  la  plus  grande  partie  du 
siècle  il  n'y  eut  que  deux  rangées  d'arhres  sur  le  champ  com- 
munal, et  la  plupart  de  ces  arbres  étaient  des  ormes.  En  1836, 
on  mit  pour  la  première  fois  une  clôture  en  fer  autour  du 
Common,  et  en  1863  on  entoura  d'une  clôture  la  partie  où  est  à 
présent  le  parc  aux  cerfs. 

Le  Common  contient  maintenant  environ  treize  cents  arbres. 
Près  du  centre  se  dresse  le  vieil  arbre  qui  donne  de  l'ombre 
depuis  tant  d'années.  Le  29  juin  1860,  le  vent  abattit  une 
grande  branche,  et  il  fallut  plusieurs  charretées  de  terre  pour 
boucher  le  trou. 

William  S. 
Boston  (Massachussets),  Warren  gramrnar  School. 
(Temps  :  50  minutes. 


18.  —  L'EXPOSITION    DE   CINCINNATI. 

Nous  avons  chaque  automne  à  Cincinnati  ce  qu'on  appelle 
une  exposition.  Elle  se  tient  dans  un  grand  bâtiment  construit 
exprès,  et  qui  peut  contenir  des  milliers  de  personnes.  On  y 
voit  toute  espèce  de  choses  et  toute  espèce  de  monde  :  de 
charmantes  Ùeurs  et  de  charmantes  plantes,  d'agréables  fon- 
taines qui  lancent  de  l'eau,  de  très-beaux  tableaux,  de  belles 
gravures  et  de  magnitiques  statues. 

On  lavait  des  draps,  dans  des  machines  à  laver  d'une  inven- 
tion récente.  11  y  avait  toute  espèce  de  machines  à  coudre. 
Des  dames  les  faisaient  tourner  bruyamment  pendant  qu'elles 
en  faisaient  l'éloge  à  leurs  amies.  Ces  machines  faisaient  un 
bruit  terrible. 

.]'ai  vu  toutes  sortes  de  poupées,  celle  qui  m'a  le  mieux  plu 


58  GRAMMAR   SCHOOLS. 

pouvait  parler.  Jo  voulais  l'acheter,  mais  on  ne  vend  pas  les 
jolies  choses  qui  sont  exposées.  Il  y  avait  tant  de  choses  à 
voir  que  j'en  ai  presque  perdu  la  tête,  et  je  me  suis  égarée 
deux  ou  trois  fois  dans  la  foule. 

J'ai  vu  la  plus  belle  boîte  de  bonbons  arrangée  d'une  ma- 
nière si  tentante  que  j'aurais  voulu  acheter  le  tout. 

Quelques  oursons  dînaient,  et  leur  gardien  faisait  semblant 
de  leur  apprendre  de  jolis  petits  tours.  Naturellement  tous  les 
enfants  allaient  voir  les  ours. 

Cette  exposition  de  Cincinnati  a  lieu  chaque  automne  et  elle 
attire  ici  des  milliers  de  personnes  qui  viennent  de  toutes  les 
parties  du  pays.  Elle  dure  généralement  trois  ou  quatre 
semaines.  Le  but  qu'on  se  propose  est  de  mettre  sous  les  yeux 
de  tout  le  monde  les  produits,  les  manufactures  et  les  marchan- 
dises des  habitants  de  la  vallée  de  l'Ohio.  On  peut  y  voir 
toutes  les  inventions,  depuis  celle  d'une  machine  à  faire  les 
souliers  jusqu'à  celle  d'un  piano  à  queue.  Il  n'y  a  pas  de  danger 
de  mourir  de  faim,  car  on  y  trouve  la  farine  de  l'exposition,  le 
levain  de  l'exposition,  les  fours  de  l'exposition,  et  les  boulan- 
gers de  l'exposition  qui  retournent  les  biscuits  par  milliers,  et 
vous  ririez  de  voiries  petits  garçons  de  la  ville  tout  barbouillés 
les  fourrer  dans  leurs  longs  paniers. 


Lena  X. 

Age  :  douze  ans. 


Avondale,  comté  de  tiamilton  (Ohio). 


19.   —  DESCRIPTION    d'un   INCENDIE. 

(G*  année.) 

Un  incendie  est  une  chose  très-dangereuse,  surtout  s'il  a 
fait  beaucoup  de  progrès  avant  l'arrivée  des  pompes.  Il  y  a 
quelques  années,  il  y  eut  ici  un  très-grand  incendie  près 
de  la  fabrique  de  gaz,  et  beaucoup  de  maisons  furent  dé- 
truites. C'était  précisément  au  moment  où  je  sortais  de  l'église 
avec  papa  et  avec  maman  qu'on  donna  TaUrme.  Je  })riai  bien 
gentiment  maman  de  me  laisser  aller  avec  papa  pour  voir  l'in- 
cendie; enfin  maman  y  consentit,  et  nous  nous  y  rendîmes. 
Lorsque  nous  arrivâmes,  il  y  avait  tant  de  monde  que  nous 
eûmes  beaucoup  de  peine  à  nous  frayer  un  chemin  à  travers 
la  foule.  Cependant  nous  n'y  restâmes  pas  longtemps  parce 
qu'il  faisait  trop  chaud.  En  retournant  à  la  maison  nous  ren- 


DESCRIPTIONS    d'OBJETS    ET    d'iMAGES.  59 

contrâmes  un  monsieur  de  nos  amis  avec  son  petit  garçon  qui 
demeuraient  dans  la  maison  voisine  de  la  nôtre.  Il  demanda  à 
papa  s'il  retournait  chez  lui,  papa  lui  répondit  affirmativement, 
et  il  pria  papa  de  reconduire  Ermy  son  petit  garçon,  parce 
qu'il  voulait  rester  un  peu  plus  longtemps  à  l'incendie  et  qu'il 
ne  voulait  pas  garder  Ermv  avec  lui.  Lorsque  nous  arrivâmes 
chez  nous,  la  mère  d'Ermy  était  inquiète  de  son  petit  garçon, 
parce  qu'elle  ne  savait  pas  que  son  père  l'avait  conduit  avec  lui. 

Maintenant  je  vais  laisser  là  cette  histoire,  et  raconter  celle 
qui  est  arrivée  chez  nous.  Un  jour  j'étais  à  l'école,  et  les  fenê- 
tres de  la  salle  de  classe  donnaient  directement  sur  notre 
maison.  Je  n'avais  pas  entendu  les  cloches  qui  donnaient 
l'alarme,  et  je  vis  tout  à  coup  la  fumée  qui  commençait  à  s'éle- 
ver. Je  ne  savais  pas  à  ce  moment  qu'elle  venait  de  notre 
maison  ;  mais  un  petit  garçon  de  l'école  se  leva  avant  que  la 
maîtresse  pût  l'en  empêcher,  et  dit  que  c'était  la  fumée  de 
notre  maison.  Je  fus  hien  effrayée,  et  pendant  la  récréation  la 
maîtresse  me  permit  d'aller  voir  chez  nous  ce  qu'il  y  avait  de 
brûlé.  J'allai  donc  chez  nous  pour  voir,  et  lé  plafond  de  notre 
mansarde  de  derrière  était  presque  entièrement  brûlé.  Quel- 
ques-unes de  mes  affaires  brûlaient  ainsi  qu'un  bois  de  lit,  et 
je  pensai  qu'il  n'y  avait  que  cela  de  brûlé.  Mais  il  faut  que  je 
vous  dise  quelque  chose  de  drôle.  Le  monsieur  qui  demeurait 
porte  à  porte  avec  nous  fut  le  premier  qui  découvrit  l'incendie. 
Il  alla  dans  son  cabinet  pour  prendre  quelque  chose  et  il  faillit 
être  étouffé  par  la  fumée;  il  descendit  l'escalier  pour  prévenir 
et  rencontra  le  propriétaire  de  la  maison  qui  montait  avec  un 
seau  d'eau.  Il  le  prit,  monta  vite  sur  le  toit  de  la  maison,  et 
cria  à  l'autre  homme  d'aller  tourner  le  signal  d'alarme  (1). 
Celui-ci  descendit  en  courant  dans  la  cour  et  chercha  de  tous 
côtés,  sans  trouver,  si  bien  qu'il  finit  par  revenir  appeler 
l'homme  qui  était  sur  le  toit  pour  lui  demander  où  était  ce 
signal,  qu'il  ne  pouvait  trouver.  Et  il  fallut  que  l'homme  qui 
était  sur  le  toit  descendît  pour  aller  lui-même  à  la  gare  de 
Plum-street  tourner  le  signal. 

Edith  H. 
Age  :  douze  ans. 

Cincinnati  (Ohio),  École  intermédiaire,  2"-  classe. 

(1)  Il  y  a  dans  toutes  les  villes  d'Amérique,  aux  gares  et  au  coin 
des  principales  rues,  des  signaux  d'alarme  télégraphiques  pour  le 
feu,  qu'il  suffit  de  toucher  comme  une  sonnerie  électrique  pour  faire 
arriver,  en  moins  de  cinq  minutes,  les  pompes  du  quartier. 


60  GRAMMAR   SCHOOLS. 


-20.    —   SILOAM. 


Dans  le  comté  de  Moiimouth  (New- Jersey),  à  liuit  milles  (1) 
environ  à  l'ouest  de  Freehold,  dans  un  beau  lit  de  sable  blanc 
entouré  de  pins,  est  Siloam,  autrefois  appelé  le  coin  de  Mac 
Enteri.  Lorsque  j'étais  petit  et  que  j'allais  à  l'école,  cet  endroit 
avait  l'air  charmant.  11  n'y  avait  que  très-peu  de  maisons,  qui 
étaient  très-vieilles.  La  maison  d'école  était  un  vieux  bâtiment 
très-pelit;  c'était  le  seul  qui  existât  dans  cet  endroit  pour  tenir 
des  assemblées,  ce  qui  avait  lieu  très-rarement.  Toutes  les 
personnes  religieuses  allaient  à  l'église  à  Perrineville  et  à 
Freehold.  Lorsque  l'assemblée  se  tenait  dans  la  maison  d'école, 
les  assistants  étaient  fort  peu  nombreux. 

Il  y  a  environ  cinq  ans  on  changea  le  nom  de  cet  endroit  en 
celui  de  Siloam  et  les  habitants  firent  beaucoup  d'embellisse- 
ments. Vers  cette  époque  le  révérend  John  Boswell  vint  à 
Siloam  et  il  tint  des  revival  meetings  dans  la  vieille  maison 
d'école,  et  les  auditeurs  furent  si  nombreux  que  la  maison  ne 
put  les  contenir  tous.  Alors  on  démolit  la  vieille  maison  pour  en 
construire  une  nouvelle,  mais  celle-ci  n'était  pas  assez  grande  : 
alors  on  bâtit  une  église  et  l'on  continua  d'y  tenir  les  réunions 
de  prières  pendant  quelque  temps.  Mais,  lorsque  M.  Boswell 
fut  appelé  ailleurs,  les  habitants  n'eurent  plus  d'ecclésias- 
tique peur  leur  faire  des  sermons,  et  pendant  nombre  d'années 
les  portes  de  l'église  ne  s'ouvrirent  pas  pour  le  culte  ;  cette 
église  était  un  mentor  muet  pour  les  habitants,  à  qui  elle  rap- 
pelait leur  devoir.  Cet  automne,  un  jeune  prédicateur  est  venu 
à  Siloam,  il  y  a  tenu  des  assemblées  pendant  deux  ou  trois  di- 
manches, et  il  y  a  environ  douze  semaines  l'église  fut  ouverte 
par  M.  Beaisled,  prédicateur  méthodiste  qui  vint  à  Siloam  et 
qui  ouvrit  l'église  pour  le  culte. 

Ces  assemblées  sont  dirigées  par  le  révérend  Deaisted,  aidé 
du  révérend  Richard  Partur.  Depuis  que  ces  assemblées  ont 
commencé,  l'église  n'est  pas  assez  grande  pour  contenir  tous 
les  fidèles.  Il  y  a  eu  150  conversions  pendant  les  douze  der- 
nières semaines,  et  il  est  tout  probable  qu'il  y  en  aura  encore 
autant.  Il  y  a  en  moyenne  cinq  ou  six  personnes  chaque  soir 
qui  se  lèvent  pour  demander  qu'on  prie  pour  elles.  Les  habi- 

(1)  Le  mille  anglais  vaut  1609  mètres. 


DESCRIPTIONS   D'OBJETS    ET    d'iMAGES.  61 

tants  vont  à  l'église  dans  des  voitures  découvertes  ou  dans  de 
grandes  carrioles  qui  contiennent  beaucoup  de  monde.  Beau- 
coup viennent  de  trois  ou  quatre  milles  de  loin.  J'aime  à  m'y 
rendre  à  pied  moi-même,  si  je  suis  en  bonne  société.  C'est  une 
charmante  promenade  quand  il  fait  clair  de  lune.  On  pourrait 
rendre  cet  endroit  (qui  est  si  éloigné  du  centre  des  affaires) 
très-agréable  pour  ceux  qui  cherchent  un  endroit  tranquille 
à  la  campagne  pendant  la  saison  chaude.  C'est  un  site  très-sain, 
et  les  poitrinaires  pourraient  trouver  dans  l'odeur  embaumée 
de  ses  pins  la  meilleure  des  médecines.  Quelques  personnes 
ont  acheté  des  fermes  dans  cette  partie  du  pays  et  ont  quitté 
les  villes,  pensant  que  la  vie  ici  serait  plus  économique  ;  mais 
comme  ils  sont  éloignés  du  chemin  de  fer,  ils  trouvent  que  c'est 
incommode.  Ils  espèrent  qu'un  chemin  de  fer  traversera  bien- 
tôt leur  petit  village. 

John  S. 
Age  :  seize  ans. 
Comté  de  Monmouth  (New-Jersey).  District  n°  12. 


21.    —    MON   EXCURSION   DANS   L'OUEST. 

Je  crois  qu'en  vous  racontant  l'excursion  que  j'ai  faite  un 
jour  dans  la  Prairie,  je  pourrai  modifier  les  idées  de  ceux 
d'entre  vous  qui  n'ont  jamais  visité  cet  endroit  et  leur  faire 
voir  que  ce  pays  a  des  charmes  qu'on  ignore. 

Je  commencerai  par  vous  parler  de  la  petite  ville  appelée 
Mishawaka,  où  je  fis  une  petite  station.  Elle  est  située  sur  les 
deux  rives  du  fleuve  Saint-Joseph,  à  90  milles  au  Sud-Est  de 
Chicago.  Elle  n'a  pas  de  trottoirs,  parce  que  le  sol  y  est  très- 
dur.  La  plupart  des  maisons  y  sont  entourées  d'un  acre  de  ter- 
rain, et  ont  de  magnifiques  jardins  sur  le  devant.  Il  n'y  a  pas  de 
maison  qui  ait  plus  de  deux  étages. 

11  y  a  deux  collines  à  environ  un  mille  de  la  ville,  et  natu- 
rellement elles  sont  fréquentées  par  les  habitants  de  la  ville  qui 
s'y  rendent  en  grand  nombre,  car  il  n'y  a  pas  d'autres  collines 
à  plusieurs  milles. 

Dans  les  Prairies,  les  collines  sont  une  grande  curiosité 
presque  pour  tout  le  monde.  Il  y  a  des  personnes  qui  n'ont 
jamais  vu  d'élévation  ayant  plus  de  cent  pieds  de  haut.  Je 
m'arrêtai  assez  longtemps  dans  cette  ville,  puis  je  remontai  le 
fleuve  dans  un  navire  à  voiles  par  un  magnifique  clair  de  lune. 


62  GRAMMAR    SCHOOLS. 

liG  fleuve  contient  une  grande  quantité  de  petites  îles.  Nous 
nous  arrêtâmes  dans  l'une  d'elles  appelée  l'île  de  Hon,  pour 
nous  reposer  après  avoir  ramé  pendant  trois  milles  pour  re- 
monter le  fleuve.  Je  passai  le  reste  de  mon  temps  très-agréa- 
blement dans  la  ville. 

Ensuite  je  me  rendis  à  La  Porte,  à  douze  milles  au  sud  du 
lac  Michigan,  où  je  séjournai  quelque  temps.  Cet  endroit  est 
entouré  de  sept  petits  lacs;  toutes  les  rues  sont  larges,  et  elles 
ont  toutes,  je  dis  toutes,  et  non  pas  seulement  une  ou  deux, 
une  rangée  d'érables  de  chaque  côté.  La  plupart  de  ces  arbres 
sont  très-gros,  et  donnent  par  conséquent  un  ombrage  magni- 
fique pendant  une  chaude  journée  d'été.  C'est  un  véritable 
plaisir  de  se  promener  dans  les  avenues  (il  y  a  des  avenues  à 
La  Porte  comme  dans  une  ville)  et  il  y  a  sur  les  lacs  un  steamer 
appelé  Viola. 

Nous  dressâmes  notre  tente  hors  de  la  ville  sur  une  île  dans 
l'un  des  lacs  :  notre  société  se  composait  de  40  personnes. 
Nous  partîmes  de  bonne  heure  le  matin  dans  une  grande 
voiture  de  déménagement,  munis  de  nos  grands  chapeaux  de 
paille,  de  nos  vêtements  de  toile  et  de  nos  grosses  bottes.  Vers 
sept  heures  nous  arrivions  au  lac  et  montions  dans  des  barques 
qu'un  petit  garçon  nous  avait  préparées.  Nous  traversâmes  le  lac 
en  ramant  jusqu'à  l'île  des  Pins  (c'est  ainsi  qu'elle  s'appelle). 
En  débarquant  nous  étions  de  très-bonne  humeur,  les  messieurs 
dressèrent  les  tentes  ;  les  plus  grands  garçons  et  les  plus 
grandes  filles  allèrent  se  promener  à  la  rame  sur  le  lac  pen- 
dant que  les  enfants  couraient  pour  voir  ce  qu'ils  pourraient 
trouver.  Ils  furent  absents  pendant  un  bon  moment,  et  lors- 
qu'ils revinrent,  ils  présentaient  le  spectacle  le  plus  drôle  du 
monde  :  ils  étaient  tout  retroussés  ;  ils  étaient  trempés.  Ils 
nous  dirent  qu'ils  venaient  de  barbotter  et  qu'ils  avaient  essayé 
de  prendre  de  petits  poissons.  Nous  passâmes  le  reste  de  la 
semaine  à  pêcher,  à  ramer,  et  à  nous  amuser  de  mille  ma- 
nières. Nous  revînmes  ensuite  à  la  ville  pour  y  passer  une 
autre  semaine. 

De  là  nous  sommes  allés  à  Michigan-City,  ville  située  sur 
le  lac  Michigan.  Nous  y  avons  passé  deux  semaines.  Un  jour 
une  société  de  nos  amis  partit  pour  Hoosier  et  Yankee  Slides, 
comme  on  les  appelle.  Ce  sont  de  hautes  collines  où  il  n'y  a 
que  du  sable,  elles  sont  très-escarpées.  Lorsque  le  vent  du  lac 
souffle  très-fort,  il  fait  voler  le  sable  de  ces  collines,  de  sorte 
que  les  maisons  voisines  ont  souvent  été   ensevelies.  Les  en- 


DESCRIPTIONS   D  OBJETS    ET    D  IMAGES.  63 

fants  résolurent  de  monter  au  sommet  de  la  montée  Hoosier  ; 
ils  y  arrivèrent  après  de  pénibles  efforts.  Environ  six  d'entre 
eux  se  mirent  sur  une  rangée  en  se  tenant  par  la  main,  et  ils 
s'élancèrent  pour  descendre  la  pente  en  courant.  Quelques-uns 
s'embarrassaient  les  pieds  dans  le  sable,  et  faisaient  la  culbute. 
D'autres  avaient  les  pieds  si  bien  pris  qu'ils  ne  pouvaient  plus 
remuer;  un  autre  perdait  l'équilibre  et  roulait  jusqu'au  bas. 
Nous  passâmes  une  journée  charmante,  et  nous  fûmes  bien 
fâchés  quand  vint  le  temps  de  partir,  mais  il  fallut  se  résigner. 
Nous  employâmes  ensuite  une  journée  à  visiter  la  prison 
des  Etats,  et  il  faut  beaucoup  de  temps  pour  la  visiter.  Nous 
partîmes  de  bonne  heure  le  matin,  en  emportant  notre  dîner 
que  nous  voulions  manger  dans  la  prison.  L'inspecteur  nous 
en  lit  faire  le  tour.  Il  y  avait  iO  femmes  et  des  centaines 
d'hommes.  Sept  de  ces  hommes  étaient  condamnés  à  vie,  ils 
étaient  jeunes  pour  la  plupart.  Ils  ont  toute  espèce  de  métiers 
dans  cette  prison,  et  chaque  homme  a  sa  besogne  particulière. 
A  l'heure  du  dîner  nous  sortîmes  pour  les  voir  entrer  au  réfec- 
toire. Ils  marchent  l'un  derrière  l'autre,  chacun  ayant  la  main 
droite  sur  l'épaule  de  l'homme  qui  le  précède. 

Nous  allâmes  ensuite  passer  quelque  temps  à  Niles  Michigan. 
Je  ne  vous  ai  pas  parlé  des  paysages  que  j'ai  traversés  en 
allant  d'un  endroit  à  un  autre,  parce  qu'ils  n'offrent  rien  d'in- 
téressant :  on  peut  voyager  pendant  des  centaines  de  milles 
sans  voir  autre  chose  que  des  arbres  et  de  vastes  prairies. 

Je  suis  allée  ensuite  à  South  Bend,  où  j'ai  visité  deux  des  plus 
grands  pensionnats  qui  existent  dans  cette  partie  de  l'Ouest, 
Notre-Dame  et  Sainte-Marie.  Ce  sont  de  très-belles  écoles  ; 
Notre-Dame  a  l'un  des  plus  beaux  carillons  qui  existent  aux 
États-Unis. 

Nous  partîmes  ensuite  pour  la  grande  ville  de  l'Ouest, 
Chicago,  où  nous  passâmes  trois  semaines.  L'Exposition  y  était 
ouverte  à  ce  moment;  nous  l'avons  visitée  pendant  trois  jours. 
Elle  avait  lieu  dans  un  très-grand  bcàtiment  situé  sur  le  bord 
du  lac,  et  si  vous  vouliez  voir  la  ville,  vous  n'aviez  qu'à  monter 
au  sommet  du  bcàtiment  :  vous  pouviez  alors  voir  autour  de 
vous  à  plusieurs  milles  et  sur  le  lac  :  il  y  avait  dans  ce  bâti- 
ment tout  ce  que  vous  pouviez  imaginer.  Chaque  jour  nous 
voyions  quelque  chose  de  nouveau;  et  il  nous  arriva  rarement 
de  voir  deux  fois  la  même  chose.  Le  soir,  aussitôt  après  le 
coucher  du  soleil,  nous  nous  promenions  à  pied  et  en  voiture 
dans  les  parcs. 


64-  GUAMMAR   SCHOOLS. 

Nous  quittâmes  Chicago  pour  nous  rendre  à  Davenporl 
(lowa),  sur  le  Mississippi.  Cette  ville  est  très-belle.  Les  pre- 
miers jours  qui  suivirent  notre  arrivée  se  passèrent  en  visites. 
Nous  voulûmes  visiter  Rock-Island,  sur  le  fleuve,  précisément 
en  face  de  Davenport.  Nous  partîmes  de  bonne  heure  le  matin, 
et,  après  avoir  traversé  la  rivière  en  voiture  sur  le  ferry, 
nous  fîmes  une  agréable  promenade  en  voiture  dans  l'île  pour 
nous  rendre  au  palais  du  gouverneur.  Si  je  me  fais  une  idée 
exacte  de  la  signification  du  mot  guerrier,  je  crois  qu'on 
peut  l'appliquer  à  l'aspect  de  l'île  :  les  canons  étaient  tous 
tournés  du  côté  du  fleuve,  les  sentinelles  se  promenaient  sur 
les  rives. 

Notre  excursion  a  été  charmante,  et  j'espère  que  vous  pour- 
rez quelque  jour  en  faire  une  semblable. 

Fannie  T. 
Boston  (Massachussets).  Everelt  grammar  School. 

(Temps  employé  à  faire  ce  travail  :  1  lieure  10  minutes.) 


III.  —  Exercices  de  style  :  H'arratious. 

22.    —    UNE   PROMENADE   EN    STREET-CAR  (1). 

Le  Street-Car  (2)  ou,  comme  on  l'appelle  généralement,  le 
Horse-Car,  parce  qu'il  est  traîné  par  des  chevaux,  est  une 
invention  moderne  très-précieuse  pour  les  habitants  d'une 
grande  ville.  Car,  s'il  faut  marcher  très-loin  pour  se  rendre  à 
son  travail,  on  sera  fatigué  en  arrivant  et  le  travail  sera  beau- 
coup plus  pénible  que  si  l'on  était  frais  et  vigoureux.  Puis, 
lorsqu'on  a  fini  son  travail,  il  faut  encore  parcourir  la  même 
distance,  et  lorsqu'on  arrive  à  la  maison,  on  est  tellement  fati- 
gué qu'on  n'a  plus  faim  et  qu'on  ne  demande  qu'à  se  coucher. 
Je  ne  parle  pas  du  repas  de  midi  pour  lequel  il  faut  se  con- 

(1)  Ici,  comme  dans  le  degré  inférieur  (p.  23j,  nous  donnerons, 
par  exception,  })lusieurs  copies  traitant  du  même  sujet  et  provenant 
de  la  même  école,  afin  de  permettre  d'apprécier  non-seulement  le 
travail  de  relève,  mais  la  méthode  suivie  dans  ce  genre  d'exercices. 

{2j  C'est  le  nom  américain  de  nos  tramwaijs.  On  dit  street-car  ou 
horse-car  pour  distinguer  ces  voitures  des  wagons  de  chemin  de  fer 
qu'on  nomme  cars  tout  court. 


NARRATIO.XS.  65 

tenter  Je  viande  froiile  au  lieu  de  viande  chaude.  Or  tout  le 
monde  sait  que  cela  suffit  pour  ruiner  la  meilleure  santé. 
On  peut  maintenant  éviter  tous  ces  inconvénients  en  pre- 
nant les  Street-Cars  ;  il  faudra  la  moitié  moins  de  temps 
qu'on  nrn  mettrait  pour  parcourir  la  même  distance  à  pied,  et 
l'on  sera  à  l'abri  de  la  pluie  et  de  la  neige  pendant  tout  le 
trajet,  et  tout  cela  pour  une  somme  si  modique,  que  le  plus 
pauvre  journalier  peut  employer  ce  moyen  de  transport. 
Xew-York,  Chicago  et  d'autres  grandes  villes  l'ont  posséilé 
longtemps  avant  nous.  Le  principal  attrait  d'un  Street-Car  de 
Chicago,  ce  sont  les  journaux  comiques  placés  sur  les  côtés  du 
Car  pour  qu'on  puisse  les  lire  :  on  entend  ainsi  mille  plaisan- 
îeries,  les  uns  critiquant  tel  journal,  les  autres  tel  autre. 

Le  soir  les  petits  marchands  de  journaux  feront  peut-être 
leur  apparition  en  criant  :  «  Les  journaux  du  soir  î  »  Quelque- 
fois, par  un  temps  de  pluie,  les  Street-Cars  sont  si  encombrés 
de  voyageurs  que  la  plate-forme  est  surchargée  d'ouvriers  qui 
retournent  au  logis;  ils  portent  suspendues  au  bras  leurs 
gamelles  d'étain.  Tout  près  de  là  une  demoiselle  à  la  toiletti' 
élégante  peut  avoir  le  plaisir  de  voir  se  balancer  sur  sa  robe 
ce  petit  seau  d'étain.  Cela  l'ennuie  peut-être  beaucoup,  mais 
elle  attend  que  le  propriétaire  de  cet  objet  incommode  l'en 
débarrasse  en  descendant  du  Car.  Sa  voisine  s'est  déjà  eiidormie. 
elle  attend  que  le  conducteur  crie  le  nom  de  State  Street. 

Par  une  belle  après-midi  de  dimanche,  cet  hiver,  pendant 
que  le  soleil,  brillant  de  tout  son  éclat,  faisait  fondre  la  neige 
et  rendait  les  passages  et  certains  endroits  des  trottoirs  presque 
impraticables ,  ma  mère  et  moi  nous  prîmes  les  Horse-Cars 
pour  aller  dans  le  quartier  du  sud  voir  ma  tante.  Lorsque 
nous  montâmes  dans  le  Car,  il  n'y  avait  qu'un  petit  nombre  de 
personnes  :  un  vieil  Irlandais  et  deux  Allemands  ;  bientôt  le 
Car  se  remplit.  A  Spring  Street  une  troupe  de  joyeuses  jeunes 
illles  montèrent  dans  le  Car,  les  deux  jeunes  gens  se  levèrent 
et  permirent  à  deux  jeunes  filles  de  s'asseoir,  mais  le  vieil 
Irlandais  ne  céda  pas  sa  place  aux  jeunes  filles  ;  il  dit  :  (c  Vous 
êtes  plus  jeunes  que  moi,  mes  filles,  vous  pouvez  bien  rester 
debout  !  J-)  Cela  fit  rire  les  jeunes  filles,  qui  lui  répondirent 
qu'elles  n'étaient  pas  fatiguées.  A  un  autre  passage  un  jeune 
homme  monta  avec  une  vieille  dame.  A  ce  moment  le  Car 
était  tellement  rempli  de  voyageurs,  que  la  vieille  dame  dut  se 
tenir  debout. 

La  vieille  dame  avait  un  collet  en  fourrure  de  loutre  et  de 


60  GRAMMAR   SCIIOOLS. 

grands  ganls  de  la  même  fourrure,  mais  sa  robe  et  son  clia- 
peaii  paraissaient  usés,  sa  ligure  était  très-maigre  et  elle 
paraissait  avoir  beaucoup  soutïérl.  Le  jeune  homme,  je  crois 
que  c'était  son  fils,  portait  un  paletot  de  peau  de  piioque 
et  un  bonnet  de  même  étoffe,  un  petit  pantalon  de  demi- 
saison;  sa  veste  de  peau  de  phoque  avait  des  boutons  de  même 
étoffe  attachés  avec  des  pattes  de  fourrure  allant  d'un  côté  à 
l'autre,  mais  une  seule  de  ces  pattes  pouvait  servir:  les  autres 
boutons  et  pattes  étaient  déchirés  et  ne  pouvaient  être  d'au- 
cune utilité  ;  le  dos  de  sa  veste  était  à  moitié  déchiré, 
l'une  des  manches  était  à  moitié  usée,  ce  qui  lui  donnait  uu 
grand  air  de  négligence.  Jl  avait  le  visage  haut  en  couleur  et 
il  chiquait  du  tabac.  Les  joyeuses  jeunes  fdles  se  mirent  alors 
à  rire  et  à  se  moquer  de  ce  singulier  voyageur  qui  sourit  aussi 
et  qui,  pendant  un  temps  assez  long,  n'ouvrit  qu'une  fois  la 
porte  pour  cracher.  Ce  fut  un  très-grand  plaisir  pour  moi  de 
les  observer,  car  le  Car  dut  s'arrêter  à  Elisabeth  Street  pour 
laisser  passer  un  grand  enterrement.  Les  jeunes  filles  et  le 
vieil  Irlandais  dont  j'ai  déjà  parlé  ne  tardèrent  pas  à  se  moquer 
de  riiabit  du  jeune  homme.  Mais  il  fut  impossible  de  le  faire 
répondre.  Peut-être  était-il  Français  et  ne  les  comprenait-il  pas. 
Peut-être  encore  était-il  trop  lier  pour  faire  la  moindre  atten- 
tion à  elles.  Il  se  contentait  de  rire  et  de  cracher  dehors  le 
jus  de  son  tabac.  Enfin,  le  défilé  de  l'enterrement  se  termina 
et  nous  arrivâmes  bientôt  où  nous  voulions  aller. 

Adeline  p. 
Age  :  quatorze  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  École  du  2"  district. 


23.  —  MÊME   SUJET, 

Comme  une  promenade  en  Street-Car  est  un  événement  de 
chaque  jour,  presque  tous  les  citoyens  de  Mihvaukee,  depuis  le 
petit  enfant  d'une  ricbe  famille  jusqu'au  vieux  mendiant  en 
cheveux  blancs,  sont  supposés  savoir  ce  que  c'est. 

A  la  sixième  avenue,  côté  du  sud,  le  Car  s'arrête  j)ar  une 
brillante  matinée,  vers  sept  heures  et  demie  ;  comme  c'est  un 
jour  où  il  y  a  beaucoup  d'animation,  le  Car  est  plein  avant 
d'avoir  dépassé  trois  «  blocks  ».  Dans  un  coin  du  Car,  vous 
voyez  trois  petits  garçons  au  visage  brillant  et  heureux.  Ils 
vont  tous  au  travail.  Leurs  vêlements  propres,  leurs  figures 


NARRATIONS.  67 

animées  et  pleines  d'intelligence,  montrent  qu'ils  sont  employés 
aux  commissions  ou  à  la  caisse  dans  quelque  magasin.  En  face 
d'eux  sont  trois  commerçants  à  l'air  soucieux  et  inquiet,  et 
deux  journaliers  portant  à  la  main  le  vase  qui  contient  leur 
dîner.  Ils  ont  cet  air  satisfait,  que  l'on  trouve  souvent  chez  les 
bons  Allemands  ignorants.  Le  Car  s'arrête  tout  à  coup  pour 
prendre  une  troupe  d'écolières  qui  courent  après  la  voiture 
depuis  deux  blocks.  Elles  se  précipitent  dans  la  voiture  en 
riant,  elles  me  marchent  presque  sur  les  pieds,  mes  voisins  ont 
le  même  sort,  et  elles  s'assoient  après  cinq  minutes  environ 
de  remue-ménage.  Connue  le  Car  est  plein,  le  conducteur 
lance  ses  chevaux,  mais  il  est  hélé  près  deReed  Street  par  une 
femme  à  l'air  paie  et  maladif;  elle  porte  un  bébé  dans  ses 
bras  et  trois  autres  s'accrochent  à  sa  robe.  Après  beaucoup  de 
confusion,  après  s'être  attiré  beaucoup  de  froncements  de 
sourcils,  elle  peut  trouver  un  siège.  Nous  approchons  deSpring 
Street,  oîi  je  dois  m'arrèter.  Je  me  prépare  à  descendre,  en 
pensant  à  la  dilïérence  qu'il  y  a  entre  certaines  personnes,  à 
tout  ce  que  notre  monde  contient  de  misère,  de  richesse  et  de 
pauvreté,  et  combien  nous  sommes  ingrats  quand  nous 
devrions  remercier  Dieu  de  nous  avoir  donné  la  santé,  la  force 
et  la  liberté. 

Mary  O'K. 
Age  :  seize  ans. 
Milwaukee  (Wisconsini.  École  du  8^  district. 


!24.   —  MEME  SUJET. 

(3^  degré.) 

Il  y  a  quelque  temps  je  me  suis  promenée  dans  un  Street- 
Car,  et  je  vais  maintenant  vous  dire  ce  que  j'ai  vu.  Je  m'étais 
à  peine  installée  qu'une  Irlandaise  monta  dans  le  Car  et  s'assit. 
Lorsque  le  conducteur  sonna  la  cloche  pour  l'avertir  de  mettre 
ses  cinq  sous  dans  le  tronc  (1),  elle  ne  l'entendit  pas,  ou  bien 

(ij  Dans  certains  omnibus  américains,  il  n'y  a  pas  de  conducteur  à 
l'arrière.  Chaque  voyageur  met  lui-même  le  prix-  de  la  place  dans 
une  petite  boîte  vitrée,  d'où  la  pièce  tombe  dans  une  petite  caisse 
fermée,  dont  le  cocher  n'a  pas  la  clef.  Chaque  voyageur  ne  doit  donc 
mettre  que  le  montant  juste  de  sa  place.  S'il  a  besoin  de  monnaie,  il 
doit  en  demander  au  conducteur  avant  de  rien  mettre  dans  le  tronc. 


68  GRAMMAR   SCHOOLS. 

elle  ne  voulut  pas  làclun-  son  argent,  car  elle  ne  fil  pas  attention 
à  cet  appel.  Enlin,  le  conducteur  sonna  si  fort  qu'elle  demanda 
à  l'un  des  voyageurs  s'il  y  avait  un  incendie  quelque  part. 

Lorsque  ce  voyageur  lui  répondit  qu'on  lui  demandait  le 
prix  de  sa  place,  elle  éprouva  un  grand  soulagement,  et  elle 
mit  dans  le  tronc  un  billet  de  banque  d'un  dollar,  puis  elle 
attendit  sa  monnaie;  mais  lorsqu'elle  s'ajierçut  ({ue  le  conduc- 
teur n'avait  pas  l'intention  de  la  lui  donner,  elle  se  retourna 
vers  l'un  des  voyageurs  et  lui  demanda  s'il  ne  pourrait  pas  la 
lui  faire  rendre. 

Ce  voyageur  dil  qu'il  la  lui  ferait  rendre  et,  s'appi'ochant 
de  la  portière,  il  raconta  l'allaire  au  conducteur,  qui  lui 
répondit  ({u'il  fallait  attendre  qu'on  fût  arrivé  à  la  station  du 
Street-Car,    parce  qu'il   n'avait   pas  la   clef  du  tronc.  Cette 

réponse  effraya  tellement  la  pauvre  femme  (car  elle  croyait 
qu'on  allait  la  conduire  au  bureau  de  police),  qu'elle  se  mit  à 

invoquer  tous  les  saints  pour  leur  demander  leur  bénédiction 

et  leur  protection. 
Nous  arrivâmes   bientôt   au  bureau,    et  le  conducteur   lui 

rendit  son  argent.  Elle  se  jeta  à  genoux,  lui  prit  la  main  et 

la  baisa  en  priant  les  saints  de  le  bénir. 

Dans  la  môme  voiture  il  y  avait  un  liomme  qui  avait  le  plus 

grand  mépris  pour  la  race  noire,  et  qui  était  bien  connu  pour 

cela  dans  la  ville. 

11  n'était  pas  assis  depuis  cinq  minutes,  qu'une  femme  de 

couleur  monta  dans  le  Car;  mais,  avant  qu'elle  eût  pu  arriver  à 

sa  place,  le  Car  oscilla,  et  elle  tomba  dans  les   bras   de  cet 

liomme,  ce  qui  ne  manqua  pas  de  faire  rire  tous  les  voyageurs, 

et  il  prit  un  air  si  dégoûté  qu'il  les  lit  rire  encore  davantage. 

Enfin  le  rire  devint  si  général,  qu'il  descendit  du  Car. 

LiLIAN  R. 

Age  :  quatorze  ans. 
Milwaukee.  École  du  5^  district. 


—  MEME   SUJET. 
(3"=  degré.) 


Un  jour  que  j'allais  en  ville,  je  montai  dans  un  Slreet-Car. 
En  entrant  je  vis  un  bomnie  très-pauvre  qui  ne  pouvait  pas 
payer  sa  place;  je  la  payai  pour   lui  et  il  fut  bien  content. 


NARRATIONS.  69 

J'agis  ainsi,  parce  que  le  conducteur  allait  le  faire  des- 
cendre. Puis  le  conducteur  arrêta  le  Car  et  une  demoiselle 
très-élégante  monta.  Elle  tenait  à  la  .main  un  bouquet  et 
un  livre.  Elle  s'assit  et  se  mit  à  lire.  Le  conducteur  lui 
demanda  si  elle  n'allait  pas  payer  sa  place.  Elle  s'excusa  en 
disant  qu'elle  l'avait  oublié  ;  elle  la  paya,  puis  elle  se  remit  n 
lire.  Un  jeune  monsieur  monta  alors  dans  le  Car,  il  paya  sa 
place  et  se  mit  à  lire  un  livre  qu'il  avait  ;  puis  il  passa  son 
livre  à  la  demoiselle,  qui  à  son  tour  lui  passa  le  sien;  ils  se 
mirent  tous  les  deux  à  lire  et  parurent  absorbés  dans  leur  lec- 
ture. Alors  une  vieille  femme  monta  dans  le  Car  avec  un  bébé; 
ses  vêtements  étaient  crottés,  sa  robe  était  déchirée,  le  bébé 
était  enveloppé  dans  un  chàle  sale,  il  avait  les  pieds  nus.  Puis 
le  monsieur  sonna,  et  la  demoiselle  et  le  jeune  homme  descen- 
dirent et  allèrent  à  leur  école. 

Je  continuai  ma  route  pendant  quelque  temps,  puis  je  m'a- 
perçus que  j'avais  été  trop  loin  ;  alors  j'allai  jusqu'à  la  station, 
et  je  revins  quand  le  Car  retourna  à  l'endroit  où  je  devais 
descendre.  Le  conducteur  cria  :  Spring  Street  !  Je  descendis, 
j'allai  iaire  mes  affaires,  puis  j'attendis  un  autre  Car,  et  j'allais 
y  monter,  lorsque  les  traits  se  brisèrent  et  la  voiture  se  ren- 
versa presque;  on  remit  tout  en  ordre,  j'y  montai  et  je  retour- 
nai chez  moi  de  cette  manière  ;  j'étais  à  trois  «  blocks  »  de 
chez  moi  et  ce  fut  la  fin  de  la. promenade. 


MOLLIE  B. 
Asre  :  treize  ans. 


Milwaukee  fWisconsini.  École  du  8^  district. 


26.    —   MÊME   SL'JET. 

L'n  samedi  après-midi,  au  mois  de  mars,  je  montai  dans  un 
Street-Car  pour  aller  à  Fiilton  Ferry.  Comme  la  distance  était 
longue,  je  m'installai  aussi  commodément  que  cela  me  fut  pos- 
sible (c'est-à-dire  d'une  manière  très-incommode,  pour  ne  rien 
dire  de  plus),  et  je  m'amusai  à  observer  les  voyageurs.  En  face 
de  moi  était  un  monsieur  assez  âgé,  à  sa  droite  était  une  jeune 
femme  et  à  sa  gauche  un  siège  inoccupé.  Le  Car  s'arrêta  tout  à 
coup  et  une  vieille  dame  monta.  Son  air  agité  témoignait  claire- 
ment qu'elle  n'avait  pas  l'habitude  de  voyager.  Après  avoir  roulé 
pendant  dix  minutes,  elle  songea  au  prix  de  sa  place.  Elle  tira 
de  sa  poche  un  portefeuille  qui  avait  l'air  d'avoir  appartenu  à 


70  GRAMMAR  SCHOOLS. 

Noé,etelIe  y  prit  un  billet  de  dix  dollars.  Le  conducteur,  après 
avoir  compté  et  recompté  sa  monnaie,  vit  qu'il  ne  pouvait  pas 
changer  ce  billet.  Le  yieux  monsieur  dont  j'ai,  parlé,  qui  était 
à  droite  de  la  dame,  essaya  inutilement  de  le  changer,  puis  il 
lui  ofirit  poliment  un  billet  de  Car  (1).  La  dignité  de  la  vieille 
dame  fut  ofïensée  d'une  telle  offre,  elle  se  leva  et  ordonna  au 
conducteur  d'arrêter  la  voiture  et  de  la  descendre.  Lorsiju'elle 
fut  partie,  le  vieux  monsieur  se  tourna  vers  la  jeune  femme 
qui  était  à  sa  droite  et  lui  dit  assez  haut  pour  être  entendu  : 
«  Voilà  bien  la  femme  qui  a  le  plus  mauvais  caractère  du 
monde!  » 

Vn  peu  plus  loin  un  jeune  monsieur  (du  moins  il  se  regardait 
comme  tel)  monta  dans  le  Car,  et  prit  le  siège  laissé  libre  par 
la  «  femme  du  plus  mauvais  caractère  »  et  s'amusa  à  dessiner 
la  carte  de  l'Afrique  avec  sa  canne.  Apercevant  à  l'autre  bout 
du  Car  une  dame  habillée  à  la  dernière  mode,  il  arrêta  un  petit 
marchand  de  Heurs  qui  circulait  dans  le  Car,  et  je  l'entendis 
dire  à  cet  enfant  :  «  Portez  ces  Heurs  avec  mes  compliments  à 
cette  dame,  »  et  en  disant  ces  mots  il  mit  un  billet  de  banque 
dans  la  main  de  l'enfant.  Celui-ci  alla  à  l'autre  bout  du  Car  et 
fit  sa  commission.  La  dame  salua,  prit  froidement  les  Heurs  et, 
ouvrant  une  fenêtre  près  d'elle,  elle  jeta  dans  la  rue  le  con- 
tenu du  panier.  Tous  les  voyageurs  se  mirent  à  rire,  et  je  crois 
que  le  jeune  monsieur  (ou  plutôt  le  jeune  fat)  n'eut  que  ce 
qu'il  méritait. 

Mary  S. 

Age  :  seize  ans 
Milwaukec  (Wisconsin).  École  du  1"  district. 


î27.    —   MÊME   SUJET. 

Nous  étions  parties  de  chez  nous  avec  la  pensée  de  passer 
une  matinée  très-agréable;  mais  par  où  commencer?  c'était  là 
la  question  qui  nous  inquiétait.  Assurément  il  y  avait  la  visite 
des  magasins  que  nous  pouvions  prolonger  indéllniment,  car 
mon  amie  était  venue  à  la  ville  pour  acheter  son  trousseau. 
Mais  c'est  une  chose  si  ennuyeuse,  à  moins  d'avoir  carte 
blanche  pour  acheter  tout  ce  qui  est  «.  parfaitement  charmant», 

(1)  Billets  d'abonnement  qu'on  peut  acheter  à  l'avance  et  qui 
peuvent  servir  dans  tous  les  omnibus. 


NARRATIONS.  71 

-et  tout  ce  qui  a  convient  particulièrement  à  votre  genre  de 
beauté  »,  que  nous  résolûmes  de  remettre  cette  visite  à  plus 
tard.  Comme  nous  descendions  la  ville  en  Street-Car,  j'eus  une 
très-heureuse  idée  :  je  proposai  à  mon  amie  de  continuer  notre 
promenade  jusqu'au  bout  delà  ligne,  ce  qu'elle  accepta  aussitôt. 
Alors  nous  nous  installâmes  bien  à  notre  aise  dans  un  coin  et  nous 
nous  disposâmes  à  nous  amuser  de  tout  et  de  rien.  Pendant 
une  distance  de  deux  ou  trois  «  blocks  »  nous  eûmes  le  Car  à 
nous  toutes  seules.  C'est  alors  qu'entra  en  scène  le  plus  vieux 
spécimen  de  l'humanité  que  j'aie  jamais  eu  le  plaisir  de  voir. 
Je  crois  qu'elle  aurait  pu  être  Ja  véritable  vieille  dame  «  à  la 
grosse  boîte,  à  la  petite  boîte,  à  la  boite  à  chapeaux  et  au  pa- 
•|uet  ».  Comme  ses  nombreux  paquets  paraissaient  l'embar- 
rasser, nous  offrîmes  poliment  de  lui  aider,  mais  elle  ne  parais- 
sait pas  être  le  moins  du  monde  disposée  à  se  séparer  d'aucun 
de  ses  précieux  fardeaux.  Mais  enfin  elle  vit  qu'il  lui  était  de 
toute  impossibilité  de  monter  dans  la  voiture  sans  notre 
secours,  et  elle  nous  laissa  prendre  ses  paquets  avec  beaucoup 
de  répugnance.  Quand  nous  les  lui  rendîmes,  elle  les  cojnpta 
pour  bien  s'assurer  qu'ils  étaient  tous  là.  Enfin  elle  fut  con- 
vaincue qu'il  n'y  manciuail  rien  et  elle  s'installa  pour  jouir  de 
sa  promenade  en  Car. 

Lorsque  nous  arrivâmes  à  Broadway,  le  Car  s'arrêta  de  nou- 
veau, et,  après  nous  avoir  fait  attendre  au  point  d'épuiser 
notre  patience ,  un  jeune  monsieur  monta  nonchalamment 
et  s'assit  dans  le  Car.  Il  était  très-bien  mis,  sa  cravate  était 
sans  défaut,  sa  canne  irréprochable,  ses  gants  d'une  blancheur 
déUcate,  et  son  lorgnon  d'or  était  suspendu  à  sa  chaîne.  Après 
avoir  regardé  autour  de  lui  pendant  quelques  minutes,  il  prit 
son  lorgnon  et  nous  examina  froidement  de  la  tête  aux  pieds. 
Décidant  évidemment  que  nous  ne  valions  pas  la  peine  qu'il  se 
mît  en  frais  pour  nous  fasciner,  il  se  rejeta  au  fond  de  son 
siège,  et  quoique,  à  son  propre  point  de  vue,  il  fût  un  si  grand 
])ersonnage,  il  se  plongea  dans  le  néant  complet  à  notre  égard. 

•le  sais  bien  que  cela  va  paraître  absurde  aux  personnes 
qui  n'étaient  pas  intéressées  dans  l'affaire,  mais  je  vous  assure 
^jue  cette  petite  comédie  nous  avait  bien  anmsées. 

LiLLIAN  T. 

Age  :  seize  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  École  du  1-'  district. 


tZ  Gl'.AMMAR    SCHOOLS. 

28.    —   LA  NEIGE  (1). 

(Composition  en  anglais)  (i). 
(4*  année.) 

Quand  l'iiiver  commence,  il  neige.  Dans  certains  pays,  lu 
neige  tombe  en  si  grande  abondance  (jue  toutes  les  routes  sont 
obstruées;  quel({uefois  les  habitants  sont  gelés  et  meurent  de 

(1)  Nous  donnons,  anx  n°'  tî8  et  "IH  bis,  deux  petites  compositions 
rédigées  par  la  même  élève,  la  première  en  anglais,  la  seconde  en 
allemand,  toutes  deux  faites  en  classe,  sans  aucun  secours  étranger. 
Les  élèves  d'un  certain  nombre  d'écoles  primaires  de  Cincinnati  a}i- 
])rennent  simultanément  les  deux  langues  :  la  classe  du  malin  est 
faite  en  anglais,  par  une  inslitiitricc  américaine  ;  celle  du  soir  est  faite 
en  allemand,  par  uno  institutrice  allemande. 

(2)  Voici  le  texte  anglais  de  ce  devoir  : 

A  Sxow  Storm. 
^Vhen  winter  commences  it  snows.  In  some  countries  tlie  snow 
falls  so  deep  that  people  can  not  walk  athrough  and  sometimes  freeze 
and  starve  to  detli.  Tlie  snow  is  a  fine  si)ort  for  children.  Wlien  the 
snow  lias  fallen  tlie  boys  and  girls  corne  with  tlieir  skates  and  sieds 
and  ride  merrily  down  the  hills.  Wben  they  fall  in  tlie  snow  they  do 
not  care  but  get  up  again  and  go  forth  plaving  with  the  othcr  boys. 
On  higli  mountains  the  snow  keeps  laying  the  whole  ycar.  No  animal 
or  people  can  live  tliere  or  no  plants  can  grow  tliere.  Some  ]ieople 
bave  large  sleighs  with  horscs  and  when  they  pass  to  bave  some  sport, 
the  children  throw  snowballs  at  them.  Often  liorses  fall  and  break 
tlieir  legs.  The  snow  is  a  fine  sport  for  children.  Sometimes  when  the 
Sun  sliines  the  snow  melts  and  it  is  very  dirty.  When  the  gutters 
freeze  the  children  come  with  shawls  to  keep  them  warni  and  tliea 
make  sleightentracks  and  slide.  The  snow  storm  is  very  windy,  and 
when  it  snows ,  sorne  people  love  to  go  out.  When  the  snow  falls 
deep  some  people  takc  suffels  and  suffel  the  snow  of  the  pavement, 
so  that  people  can  walk  on  again.  When  it  snows  it  does  not  tiiun- 
der  and  lighten  like  hy  the  rain.  On  some  places  the  snow  falls  five- 
to  seven  fcet  high.  The  snow  is  very  uscful  for  plants,  it  keeps  them 
warm.  When  it  is  very  cold  the  snow  does  not  fall  lliick  but  very  fine, 
but  when  it  is  not  so  cold  the  snow  falls  very  thick.  When  the  boys- 
or  girls  fall  at  their  i)lay  they  do  not  care,  but  stand  up  again  and  }tlay 
forth  with  the  otiier  children.  In  our  country  in  the  temperate  zone 
tliere  is  not  much  snow  and  the  snow  does  not  fall  so  thick,  but 
when  the  snow  falls  and  the  sun  comes  the  snow  ail  melts  again. 
It  is  not  so  cold  hère.  No  birds  sing  like  in  summer,  everything  is- 
while  and   covcrcd  with  snow.   In  the   frigid  zone  some  men  ride- 


NARRATIONS.  73 

froid.  La  neige  est  un  grand  plaisir  pour  les  enfants.  Lorsqu'il 
est  tombé  de  la  neige,  les  petits  garçons  et  les  petites  filles 
prennent  leurs  patins  et  leurs  traîneaux  et  glissent  joyeuse- 
ment le  long  des  collines.  Lorsqu'ils  tombent,  cela  ne  leur 
fait  rien,'  ils  se  relèvent  et  courent  rattraper  leurs  compagnons 
de  jeu.  Sur  les  hautes  montagnes  la  neige  séjourne  pendant 
toute  l'année,  .\ucun  animal,  aucun  homme  ne  peut  y  vivre;  il 
n'y  pousse  pas  de  plantes. 

Ceux  qui  ont  de  grands  traîneaux  avec  des  chevaux  vont  se 
promener  sur  la  neige  :  les  enfants  leur  jettent  des  boules  de 
neige  en  passant.  Il  arrive  souvent  que  les  chevaux  tombent  et 
se  cassent  les  jambes.  La  neige  est  un  grand  plaisir  pour  les 
enfants.  Quelquefois,  lorsque  le  soleil  brille,  la  neige  fond,  et 
alors  il  y  a  beaucoup  de  i)0ue.  Lorsque  les  ruisseaux  gèlent, 
les  enfants  s'enveloppent  avec  des  châles  pour  n'avoir  pas  froid 
et  font  des  gUssades  pour  s'amuser. 

Une  tempête  de  neige  est  accompagnée  de  beaucoup  de  vent, 
et  certaines  personnes  aiment  à  sortir  lorsqu'il  tombe  de  la 
neige.  Dans  les  villes,  quand  la  neige  tombe  en  abondance,  il  y  a 
des  gens  qui  prennent  des  pelles  et  qui  l'enlèvent  des  trottoirs, 
de  sorte  que  l'on  peut  marcher  comme  avant.  Quand  il  neige,  il 
n'y  a  ni  tonnerre  ni  éclairs,  comme  lorsqu'il  fait  de  la  pluie. 
Dans  certains  endroits  la  neige  atteint  cinq  ou  sept  pieds  de 
hauteur.  La  neige  est  très-utile  pour  les  plantes,  elle  les  em- 
pêche de  geler.  Quand  il  fait  très-froid,  la  neige  n'est  pas  épaisse, 
elle  est  très-tine  ;  mais  lorsqu'il  ne  fait  pas  froid,  elle  tombe  en 
flocons  très-épais.  (Juand  les  garçons  ou  les  filles  tond^ent  en 
jouant,  cela  ne  leur  fait  rien  :  ils  se  relèvent  et  continuent  de 
jouer  avec  les  autres  enfants.  Dans  notre  pays,  situé  dans  la 
zone  tempérée,  il  n'y  a  pas  beaucoup  de  neige,  et  elle  ne 
tombe  pas  en  flocons  très-épais.  Lorsqu'il  tombe  de  la  neige 
et  que  le  soleil  paraît,  toute  la  neige  fond  et  disparaît.  Il  ne 
fait  pas  très-froid  ici.  Les  oiseaux  ne  chantent  pas  comme 
pendant  l'été  :  tout  est  blanc  et  couvert  de  neige.  Dans  la  zone 
glaciale,  on  voyage  dans  des  traîneaux  attelés  de  renards  et  de 
lennes.  La  rafale  de  neige  produit  un  bruit  qui  ressemble  à  un 

sloigh  witli  foxen  and  raindeers.  The  snow  storm  makes  a  liowling 

noise.  Sometimes  ia  winler  it  is  not  so  very  cokl.  Not  many  poopl& 

are  out,  every  thing  is  still  on  Ihe  streets. 

Time  40  min. 

Copving  50  min. 

Feb.  18,  1876. 


74  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

hurlement.  Quelquefois  il  ne  fait  pas  trés-lVoid  pendant  i'Iiiver. 
Il  n'y  a  pas  beaucoup  de  monde  deliors,  tout  est  silencieux  dans 
les  rues. 

LiSETTA  II. 
Cincinnati  (Oliio),  lî'r  district. 

iO  minutes  ponr  la  composition.  50  minutes  pour  la  recopier. 


28   bis.   —  LE  SAPIN. 
(Composition  en  allemand)  (1). 

Le  sapin,  haut  et  élancé,  est  un  arbre  forestier  et  un  coni- 
fère.  Sa  racine  ligneuse  pénétrant  peu  avant  dans  la  terre,  s'y 
étend  beaucoup.  Sa  tige  haute  et  forte  s'élève  perpendiculai- 
rement, elle  est  recouverte  d'une  écorce  rugueuse,  d'un  blanc 
grisâtre.  Un  suc  épais,  qu'on  appelle  résine,  s'écoule  de  l'écorce. 
De  cette  résine  on  retire  de  la  térébenthine,  du  goudron,  de 
la  poix,  de  la  colophane.  Les  branches  s'étendent  presque  hori- 
zontalement et  sont  verticillées  autour  de  la  tige;  elles  sont 
longues  en  bas  et  deviennent  plus  courtes  vers  le  haut,  de  façon 
à  se  terminer  en  pointe  et  à  donner  à  la  cime  toujours  verte 
la  forme  d'une  pyramide.  Les  feuilles  du  sapin  sont  des  ai- 
guilles longues,  dures,  raides,  crénelées  et  attachées  à  la 
branche  comme  les  dents  d'an  peigne.  Les  fleurs  sont  des  cha- 
tons d'un  pouce  de  long  qui  se  changent,  au  bout  de  quelque 
temps,  en  cônes  pendants  d'environ  6  ou  8  pouces  :  ces  cônes 
renferment  la  graine.  La  couleur  du  sapin  est  d'un  vert  sombre. 
Les  sapins  peuvent  atteindre  une  hauteur  de  10(1  à  1.50  pieds. 
De  leurs  troncs,  quand  ils  sont  grands  et  droits,  on  fait  des 
mais  de  vaisseaux  ;  ou  dans  les  scieries  on  les  débite  en  poutres, 
madriers,  planches  et  lattes.  Les  sapins  donnent  le  meilleur 
bois  pour  les  constructions  navales.  On  les  plante  souvent 
<:omme  ornement  dans  les  jardins.  Le  sapin  est  employé  de 
préférence  comme  arbre  de  Noël,  parce  que  c'est  l'arbre  dont 
la  forme  est  la  plus  belle  et  la  plus  élégante. 

LiSETTA  H. 
Age  :  neuf  ans. 
i5  minutes  pour  la  composition.  Une  heure  pour  la  recopier. 

(1)  Voici  le  texte  allemand  : 

Xk  hof)c,  fd)(anfe  Tauue  i^cl)ovt  yi  tcn  {sic)  'ï'ùciMwmn,  nnb  ift  aitd) 
4?in  9îatv:ll)el^baum.  5)ie  in  tcv  (S'vtc  ntd^t  ticf  cinn-tiu]cnbc  l)L'*lyi^c 


NARRATFOXS.  75 


"29.    —   LES   FEUILLES. 

Les  feuilles  sont  la  parure  des  arbres,  et  sans  elles  il  n'y 
aurait  pas  de  fruit.  Elles  ont  toutes  les  dimensions  et  toutes  les 
formes  depuis  la  feuille  de  la  fougère  jusqu'à  la  feuille  du 
palmier.  Au  centre  de  la  feuille  il  y  a  un  tube  ou  une  côte  qui 
va  d'une  extrémité  à  l'autre  et  d'où  partent  beaucoup  de  petits 
tubes.  Ces  petits  tubes  forment  la  charpente  de  la  feuille,  et 
ils  lui  sont  aussi  utiles  que  les  veines  dans  le  corps  humain. 
Ces  côtes  sont  de  différentes  dimensions  selon  la  grandeur  de 
la  feuille  ;  la  côte  centrale  de  la  feuille  de  palmier  est  si 
grande  que  les  naturels  s'en  servent  comme  d'une  rame. 

Les  nègres  d'Afrique  emploient  les  feuilles  de  palmier  pour 
se  faire  des  chapeaux  et  pour  couvrir  leurs  maisons.  En  au- 
tomne les  feuilles  de  certains  arbres  perdent  leur  couleur 
verte  et  deviennent  rouges  et  jaunes,  alors  les  forêts  ressem- 
blent à  des  océans  de  vert  et  d'or.  Il  y  a  une  plante  nommée 
népenthe   dont    la  feuille  enroulée  a  la  forme    d'une   cruche 

^itamnnvur^cl  ï»ercreitet  jïc^  feftr  in  berfetben.  (i'tn  bîrfer,  f)ef)er 
-itamm  erbebt  nrf»  axi^  ber  -Stammunir^et,  ter  fenfrcrf^t  in  bie  ^§o^e 
y-5ct)t,  ter  mit  eîner  ivciBgvauon,  rifnoicu  ))linic  berccft  ift.  î^er  9tint: 
entquiUt  ein  rtrfiiiiifnc(er  San,  ren  luau  S^àï\  nennt.  3(uê  riefem 
Ôar^e  [ircrrcn]  ier;''eutin,  îbecv,  '^'■cd}  nnr  (ioUn^ÎHMitum  beveitct. 
î)te  3(eùe  ftnt  fait  iragercd)t  au^^^cfivecft;  ik  ûedeu  auirlformio[um  un 
itamm  ;  untcn  finb  tte  3(efte  Kin^^cr,  ncd>  (sic)  obcu  îvcrten  fie  fiir^ere 
îo  taç  eé  tu  cine  Svi^c  cntiç\t,  unr  faç  rie  immerç\riuie  33aum!ron, 
cîner  iNi^ramire  interdit.  Tic  ^-Blatter  ber  Xaxuu  fine  lancée,  ^arte, 
fteife  aué^erantete  Divtreln,  rie  fammformîv-^  an  fen  Swma,  geveibt 
nnb.  rie  ^^liitfien  finb  ^oIlKiuo[e  Jlàg.cl^en,  rie  îid}  ncidj  einic|er  3eit 
in  6—8  3oit  Kino(e  fiam^enre  ^anneu^apfen  i\*riranreln.  3n  nqcn 
3apfen  ii^t  rer  iame.  Tie  Xvinnenfarbe  ift  rmife^nin.  î!îe 
Xanuen  fonnen  eine  ^ôfic  \\m  100  bU  150  y^uç  erveirfHni.  5(uê  ben 
atten,  i"d»lanfen  Xvinnenftammcn  marf^t  man  Srfnifêmaùen.  Tk  Stant; 
men  {sic)  wcxtcn  andj  in  rer  Sagemiit^e  ^u  Satten,  '-ÎJretter,  ^fc^fien 
nnb  ^Bvilfen  ;ievfrfntitten.  Tic  Xannen  geben  une  aud}  baê  i^or^i:.;; 
lidM'te  2dnfr>KiufH'»(^  £jt  irirr  ber  Xannenbaum  clU  3ierre  in 
©avteu  gevflvin^t.  I^ie  Xanne  nnvr  am  liebften  aU  (ibriftbânmcèen 
i^enugt,  vocil  ik  rie  frf^onfte  nnb  ^teriid:)fte  ^i^aumform  f)at. 

^vîiffetta  ôaucf. 
3eit  :  45  iOtiuuten. 
'^(bfdn'ift  :  dnc  Sniure. 

23.  ^^-ebvuav  1876. 


76  GRAMMAR    SCHOOLS. 

avec  un  couvercle  qui  est  presque  fermé  parce  que  la  plante 
est  toujours  pleine  d'eau.  On  appelle  souvent  cette  plante  la 
coupe  du  singe,  parce  que  les  singes  lèvent  quelquefois  le  cou- 
vercle pour  boire  l'eau.  Il  y  a  très-peu  de  népenthes  aux  États- 
Unis,  mais  ils  sont  très-communs  dans  l'ile  de  Ceylan. 

"Les  feuilles  d'un  nénuphar  d'Amérique  ont  presque  la  forme 
d'un  cœur,  et  certains  nénuphars  qui  croissent  dans  les  tropi- 
ques ont  la  forme  de  canots. 

On  cultive  le  mûrier  à  cause  de  ses  feuilles  qui  nourrissent  le 
ver  à  soie. 

A  l'époque  de  la  Révolution,  lorsque  la  nourriture  était  rare, 
les  colons  de  la  frontière  faisaient  bouillir  les  feuilles  du  hêtre 
et  les  mangeaient. 

Les  feuilles  sont  d'une  grande  utilité  pour  les  soldats  en 
temps  de  guerre  :  ils  en  font  des  lits. 

Robert  K. 
Age  :  onze  ans. 
Boston  (Massachussets).  Harvard  grammar  Scliool. 


30.    —   LES   FLEURS. 

Les  fleurs  poussent  dans  toutes  les  parties  de  la  terre 
excepté  dans  l'extrême  nord,  mais  il  y  a  une  grande  difTérence 
dans  leur  couleur,  dans  leur  parfum  et  dans  l'époque  à  laquelle 
elles  s'épanouissent. 

Dans  la  zone  torride,  elles  ont  des  couleurs  très-brillantes, 
mais  elles  u'ont  pas  de  parfum,  et  elles  s'épanouissent  toute 
l'année. 

Dans  la  zone  tempérée  leurs  couleurs  ne  sont  pas  si  bril- 
lantes, uiais  elles  ont  plus  de  parfum;  elles  ne  s'épanouissent 
pas  pendant  toute  l'année,  mais  seulement  au  printemps,  à 
l'été  et  à  l'automne. 

Dans  la  zone  glaciale  c'est  à  peine  s'il  va  des  fleurs,  et  celles 
qui  y  sont  ne  durent  que  très-peu  de  temps 

Ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique  aux  fleurs  qui  pous- 
sent en  liberté  dans  les  différentes  zones  ;  mais  maintenant 
nous  avons  dans  nos  jardins  beaucoup  de  fleurs  qui  autrefois 
ne  poussaient  pas  naturellement  dans  notre  pays.  On  les  a 
apportées  ici  des  pays  étrangers  et  elles  se  sont  faites  à  notre 
climat.  Quoique  nous  n'ayons  pas  ici  de  fleurs  pendant  l'hiver, 


NARRATIONS.  /  / 

elles  lie  nous  font  pas  cependant  défaut,  car  nous  avons  de 
grandes  serres  où  nous  pouvons  entretenir  une  température 
tempérée  convenable  à  toutes  les  fleurs. 

L'une  des  plus  belles  fleurs  est  la  rose.  On  la  trouve  par 
toute  la  terre,  comme  fleur  sauvage  et  comme  fleur  de  jardin. 
11  y  a  environ  quatre-vingt-huit  espèces  de  roses.  Leurs  cou- 
leurs varient  depuis  le  blanc  sans  tache  jusqu'au  rouge  le  plus 
foncé,  et  elles  présentent  les  différentes  nuances  de  l'écarlate 
et  du  jaune.  Le  parfum  de  la  rose  est  très-recherché  en 
Turquie,  oii  il  y  a  des  champs  entiers  plantés  de  roses.  On 
extrait  des  feuilles  de  ces  roses  une  huile  dont  une  goutte, 
apportée  ici,  coûte  un  dollar. 

L'œillet  est  bien  connu.  11  a  à  peu  près  la  même  couleur  que 
la  rose.  Mais  son  parfum  diffère  entièrement  de  celui  de  la 
rose. 

Les  violettes,  le  lilas,  le  lis  et  les  boutons  d'or  sont  à  peu 
près  les  premières  fleurs  qui  s'épanouissent  au  printemps. 

Il  y  a  des  fleurs  qui  ne  s'épanouissent  pas  la  première  année 
après  qu'elles  ont  été  plantées,  d'autres  qui  ne  s'épanouissent 
qu'une  fois  en  cent  ans. 

Rosalie   R. 
Age  :  treize  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  H^  district. 


31.  —  LES  POCHES. 

Les  poches  sont  très-utiles.  11  y  a  beaucoup  d'espèces  de 
poches  que  je  n'aime  pas  autant  qu'une  poche  dans  une  robe. 

Un  jour,  à  une  petite  représentation  scolaire,  je  jouais  avec 
mon  frère  dans  un  Dialogue  où  il  était  aussi  question  d'une 
poche.  Ce  dialogue  s'appelait  :  «  Le  Trou  dans  la  Poche  ;  »  c'était 
un  petit  Qiivrage  très-comique.  Voici  le  sujet  :  «  Je  parie  que 
vous  ne  devinez  pas  ce  que  j'ai  dans  ma  poche.  »  Et  il  disait 
que  j'avais  une  balle  ou  quelque  chose  de  cette  espèce.  —  «  Non, 
ce  n'est  pas  cela.  »  —  «  Alors  je  ne  peux  pas  deviner.  »  —  «  Eh 
bien,  petit  niais  que  vous  êtes,  il  n'y  a  pas  autre  chose  dans  ma 
poche  qu'un  grand  trou,  et  il  faut  que  j'ailb  le  faire  raccommoder 
par  maman.  » 

Il  y  en  a  donc  de  plusieurs  espèces.  Les  unes  sont  de  petits 
sacs  qu'on  appelle  des  poches  et  dont  on  se  sert  pour  mettre  les 
petits  paquets  qu'on  achète  sur  son  chemin. 


78  GRAMMAU    SGHOOLS. 

Les  poclies  que  je  préfère  sont  les  poches  qui  sont  dans  les 
manteaux,  dans  les  tabliers  et  dans  les  robes,  parce  que  lorsque 
vous  avez  quelque  chose  que  vous  ne  voulez  pas  qu'on  voie, 
vous  pouvez  aussitôt  le  mettre  dans  votre  })oche.  Et  lorsque 
nous  voulons  porter  quelque  chose  à  l'école,  nous  pouvons  le 
mettre  dans  notre  poche;  ainsi  c'est  notre  poche  qui  le  portera 
et  non  pas  nous. 

Elles  sont  si  utiles  que  vous  pouvez  y  porter  n'importe  quoi, 
à  moins  que  l'objet  ne  soit  trop  gros  pour  y  entrer. 

Tenez,  si  vous  voulez  porter  une  pomme  à  l'école,  mettez-la 
dans  votre  poche  et  emportez -la  avec  vous. 

Je  ne  sais  pas  ce  que  je  deviendrais  si  je  n'avais  pas  une 
poche  à  ma  robe.  Je  suis  sûre  que  les  personnes  qui  n'en  ont 
pas  sont  bien  ennuyées  de  porter  dans  leurs  mains  ce  qu'elles 
ont  à  mettre  dans  leurs  poches.  Je  vous  assure  que  je  ne 
voudrais  pas  y  être  obligée. 

Cette  année,  tout  est  au  Centenaire,  et  je  suis  sûre  qu'il  y 
aura  des  poches-centenaire,  il  y  a  bien  des  bonnets-cente- 
naire ! 

Les  garçons  ont  des  poches  à  leurs  jaquettes,  à  leurs  vestes 
et  à  leurs  pantalons  ;  ils  les  remplissent  toujours  de  quantité 
de  saletés,  de  fer,  de  cuir,  de  pierres  et  de  bien  d'autres  choses 
qu'on  ne  peut  pas  imaginer.  Je  ne  sais  comment  ils  peuvent 
porter  toutes  ces  saletés  dans  leurs  poches.  Je  ne  le  pourrais 
pas,  moi. 

Je  voudrais  bien  voir  un  garçon  passer  une  journée  sans  ses 
poches;  ma  foi!  il  ne  saurait  pas  oîi  mettre  le  fer,  le  cuir,  les 
pierres  et  tout  le  reste.  Je  ne  vois  donc  pas  comment  un  garçon 
pourrait  se  passer  d'une  ou  de  plusieurs  poches. 

Il  y  a  beaucoup  d'autres  espèces  de  poches  dont  je  ne  puis 
pas  parler  ou  que  je  ne  puis  pas  imaginer  et  qui  ont  de  très- 
drôles  de  noms. 


Mary  ^ 

Age  :  douze  ans. 


Newark,  comte  d'Essex  (New  Jersey). 


32.  —  LES   CHEMINS   DE  FER. 

Les  chemins  de  fer,  qui  sont  maintenant  le  plus  utile  de 
tous  les  moyens  de  transport,  furent   inventés   par  George 


NARRATIONS.  79 

Stephenson,  le  pionnier  des  chemins  de  fer.  C'est  l'une  des  plus 
grandes  inventions  que  le  monde  ait  jamais  produites. 

Avant  l'invention  des  chemins  de  fer  et  des  locomotives,  on 
voyageait  dans  les  ennuyeuses  diligences  et  autres  véhicules 
de  cette  espèce.  Mais  maintenant,  depuis  l'invention  des  che- 
mins de  fer  et  des  locomotives,  on  n'emploie  presque  plus  les 
diligences,  si  ce  n'est  en  attendant  que  les  chemins  de  fer  soient 
construits. 

Les  premiers  chemins  de  fer  qui  furent  construits,  il  v  a 
près  de  cent  ans,  étaient  déjà  un  grand  progrès  sur  la  dili- 
gence, mais  ils  n'étaient  rien  si  on  les  compare  à  ceux  que 
nous  avons  maintenant.  C'étaient  simplement  des  voies  ferrées 
sur  lesquelles  on  faisait  de  trois  à  quatre  milles  à  l'heure  ;  et 
personne  n'osait  y  monter. 

Les  voitures  que  nous  avons  maintenant  sont  elles-mêmes 
un  plus  grand  progrès  sur  celles  des  premiers  chemins  de 
fer  que  celles-ci  ne  l'étaient  sur  la  diligence.  Les  routes  que 
nous  avons  maintenant  diffèrent  de  la  voie  ferrée  d'autrefois, 
non-seulement  pour  la  vitesse,  mais  aussi  pour  les  différents 
usages,  par  exemple  :  l'ancienne  voie  ferrée  n'était  pas  appro- 
priée au  transport  des  voyageurs,  tandis  qu'aujourd'hui,  non- 
seulement  nos  trains  sont  composés  de  voitures  appropriées 
au  transport  des  voyageurs,  mais  ils  offrent  encore  tout  le 
luxe  qui  peut  augmenter  le  bien-être  des  voyageurs  ;  ainsi  on 
a  des  voitures  destinées  à  servir  de  chambre  à  coucher,  des' 
voitures  où  l'on  peut  manger  et  appelées  wagons-hôtels  ;  on  y 
a  du  feu,  de  la  lumière  et  beaucoup  d'autres  choses  que  les 
anciennes  voitures  n'avaient  pas. 

Lue  autre  chose  bien  merveilleuse,  c'est  l'extension  des 
chemins  de  fer,  depuis  le  chemin  de  fer  de  Baltimore  à  TOhio 
jusqu'au  grand  chemin  de  fer  du  Pacifique,  fjui  a  trois  mille 
six  cents  milles  de  long,  tandis  que  le  premier  n'avait  que 
cent  trente-cinq  milles. 

Howard  G. 

Age  :  douze  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  École  du  9®  district. 


33.    —   LES   LIVRES. 

Les  livres   sont  très-utiles.  H  y  a  les   livres   allemands  et 
anglais.  11  y  a  aussi  des  livres  qui  ne  sont  pas  utiles   et  que 


80  GllAMM\R    SCIIOOLS. 

i"oti  [)L'Ul  se  procurer  chez  les  libraires  })Our  cinq  ou  dis.  cenls; 
ou  les  appelle  des  romaus.  Il  y  a  des  garçons  qui  vont  dans  la 
i)ibliotliè(jue  et  qui  prennent  des  livres  lorsqu'ils  ont  fini  de 
lire  les  leurs.  Une  bibliothèque  est  un  recueil  de  livres,  .l'ai 
entendu  dire  une  histoire  qu'on  nous  a  donnée  à  écrire  en 
rédaction  aussi. 

Il  s'agissait  d'un  garçon  qui  avait  un  bateau.  H  le  mit  à  l'abri 
dans  un  hangar.  Comme  il  n'y  avait  pas  d'école  le  lendemain,  on 
devait  lancer  le  bateau.  Il  invita  donc  quelques-uns  de  ses 
camarades  à  venir  lancer  le  bateau.  Le  matin  du  jour  où  le 
bateau  devait  être  lancé,  un  garçon  passa  par  là  avec  un  panier 
plein  d'œufs  et  un  chaudron  plein  de  fromage.  Il  allait  au 
marché  vendre  le  froniage  et  les  œufs  qu'il  portait.  Or  il  aper- 
çut le  bateau  et  se  dit  :  «  Je  vais  rendre  Charles  Benton 
furieux,  »  et  il  brisa  les  mats  du  bateau.  Charles  se  leva  de 
bonne  heure  le  matin  pour  voir  si  son  bateau  était  encore  où 
il  l'avait  nus.  Il  avait  fait  ses  devoirs  la  veille  afin  de  pouvoir 
s'amuser  toute  la  journée  à  le  lancer.  Eu  arrivant,  il  vit  qu'on 
avait  écarté  la  grosse  pierre  qui  fermait  la  porte  et  qu'on  avait 
brisé  le  bateau;  il  devina  aussitôt  qui  avait  fait  le  coup.  Il 
courut  chez  lui  et  dit  à  son  cousin  que  Fritz  Brown  avait 
brisé  son  bateau  :  «  Mais  je  lui  rendrai  la  monnaie  de  sa 
pièce;  lors([u'il  ira  au  marché  demain,  je  placerai  une  corde 
en  travers  du  sentier,  il  tombera  dessus,  il  cassera  tous 
Jes  œufs  qu'il  aura  dans  son  panier,  et  il  abîmera  tous  ses 
habits  avec  les  œufs.  »  Son  cousin  lui  dit  que  cela  ne  serait  pas 
bien,  «  mais,  ajouta-t-il,  je  vais  vous  dire  le  tour  qu'il  faut  lui 
jouer.  S'il  revient  demain  avec  ses  œufs,  demandez-lui  s'il  ne 
voudrait  pas  lire  un  de  vos  livres.  »  Le  lendemain  donc,  lors- 
qu'il passa,  Charles  lui  demanda  s'il  ne  voudrait  pas  lire  un  de 
ses  livres.  «  Oh  !  bien  sûr,  dit-il,  j'en  aurai  grand  soin,  »  Charles 
lui  dit:  «Si  je  vous  le  prête,  il  ne  faudra  pas  le  détruire  comme 
vous  avez  détruit  mon  bateau.  »  A  ces  mots,  Fritz  devint  rouge 
comme  du  feu.  C'est  la  manière  de  savoir  si  les  garçons  ou 
les  {illes  ont  commis  quelque  faute.  Charles  donna  le  livre  à 
Fritz  et  s'en  alla  chez  lui. 

Franz  V. 
Age  :  douze  ans. 
.Miiwaukce  (Wisconsui).  G'  district. 


NAR  HATIONS. 


31.    —   LES  JOURNAUX. 


Il  n'y  a  peut-être  rien  dont  on  se  soucie  aussi  peu  que  d'un 
vieux  journal.  Beaucoup  de  personnes  pensent  que  lorsqu'on  en 
a  lu  les  colonnes,  il  est  complètement  inutile,  et  qu'il  n'est  plus 
bon  qu'à  jeter.  D'autres,  au  contraire,  l'estiment  beaucoup 
plus,  et  le  ramassent  comme  un  avare  ramasse  son  or.  La  pre- 
mière de  ces  deux  classes  de  lecteurs  est  de  beaucoup  la  plus 
nombreuse  :  ils  jettent  négligemment  les  yeux  sur  le  journal, 
lisent  les,  décès,  les  mariages,  les  incendies  et  les  accidents  ; 
peut-être  cherchent-ils  le  dernier  scandale,  et,  à  moins  qu'ils 
ne  trouvent  en  grande  abondance  cette  espèce  de  nouvelles 
dont  ils  sont  friands,  ils  repoussent  le  journal  avec  dégoût  et 
le  jettent  au  panier...  et  peut-être  ailleurs. 

Pour  l'homme  qui  pense,  le  journal  est  un  visiteur  très-bien 
venu,  il  est  aussi  nécessaire  à  son  esprit  que  la  nourriture 
qu'il  mange  l'est  à  son  corps,  et  il  a  d'autant  plus  de  valeur 
pour  lui  qu'il  y  trouve  moins  de  ces  nouvelles  dont  nous  par- 
lons plus  haut.  Le  journal  devrait  se  trouver  dans  chaque 
famille,  les  opinions  qu'il  émet  devraient  être  judicieusement 
pesées,  et  on  devrait  le  ramasser  soigneusement  pour  pouvoir 
le  consulter  plus  tard  ;  car  c'est  un  fait  bien  établi  que  l'on 
peut  glaner  dans  les  colonnes  d'un  journal  bien  rédigé  plus  de 
renseignements  pratiques,  scientifiques  et  généraux  que  ne 
nous  en  fournissent  mille  volumes. 

Prenez  n'importe  quel  journal  de  premier  ordre,  quelle 
înine  de  richesses  s'ouvre  devant  vous!  Ici  une  critique  sur  les 
beaux-arts,  là  le  compte  rendu  d'un  livre  que  nous  voudrions 
bien  posséder,  mais  que  nous  sommes  trop  pauvre  pour  ache- 
ter ;  ici  le  canevas  d'un  cours  public  presque  aussi  complet  que 
le  cours  lui-même  ;  une  perle  poétique,  une  belle  pensée  pré- 
sentée dans  un  beau  langage,  une  opinion  émise  avec  beau- 
coup de  soin  ;  tout  cela  mis  à  la  portée  des  plus  pauvres  et  des 
derniers  d'entre  nous  afin  que  nous  puissions  y  méditer  et  v 
réfléchir  pour  notre  avantage  et  pour  celui  de  nos  semblables. 

Une  presse  sans  entraves  est  et  doit  être  la  gloire  de  tout 
peuple  libre,  et  nos  pères,  en  formant  notre  gouvernement, 
tirent  bien  de   l'entourer  de   ses   garanties  constitutionnelles. 

Aucun  peuple  n'a  à  craindre  la  perte  de  ses  libertés  tant 
(ju'il  existe  une  presse  indépendante.  C'est  un  ami  sur  lequel 
jious   pouvons   compter.   Bien  qu'il  puisse  arriver   que  nous 


82  GRAMMAR    SCHOOLS. 

n'adiiietlions  pas  toujours  les  opinions  de  la  presse,  (iemaiii 
elle  peut  toucher  une  corde  populaire;  alors  nous  oublions 
notre  rancune  et  nous  éprouvons  pour  elle  ce  sentiment  qu'é- 
prouvent l'un  pour  l'autre  de  vieux  amis  qui  font  la  paix  après 
une  longue  brouille. 

Noire  progrès  comme  nation,  progrès  dont  nous  sommes 
tiers  de  parler  à  l'épocjue  du  Centenaire,  est  du  autant,  sinon 
plus,  à  l'influence  exercée  par  nos  journaux  qu'à  toute  autre 
cause.  Les  journaux  sont  des  moyens  d'instruction  plus  puis- 
sants que  les  livres,  que  les  écoles  ;  et  leur  inluence  est 
incommensurable,  illimitée.  Avec  la  Bible  que  tout  le  monde 
peut  ouvrir,  avec  une  presse  libre,  et  avec  notre  système  natio- 
nal d'éducation,  nous  n'aurons  jamais  à  craindre  une  chute 
nationale  ou  un  déshonneur  national. 

Avec  la  Bible  qui  enseigne  aux  hommes  la  grande  leçon  de 
l'amour  de  Dieu  et  de  la  a  paix  sur  la  terre  »,  avec  la  presse 
pour  donner  l'alarme,  sonner  le  tocsin  et  nous  avertir  de  tout 
empiétement  sur  nos  droits,  avec  les  écoles  publiques  pour 
instruire  la  jeunesse  et  lui  apprendre  à  user  convenablement 
de  ses  privilèges,  on  ne  dira  jamais  que  notre  pays  a  eu  le  sort 
de  ces  Étals  qui  ne  sont  que  trop  connus  dans  l'histoire.  Leur 
carrière  doit  nous  servir  d'exemple  et  nou5  faire  éviter  ce 
gouffre  dans  lequel  ils  ont  été  engloutis  et  les  écueils  sur  les- 
quels ils  ont  terminé  leur  existence. 

Charles  S. 
Age  :  seize  ans. 
Comté  d'Hudson  (New  Jersey).  District  n°  11. 


ôo,  —  LA  MALN. 

Que  la  main  humaine  est  petite,  et  cependant  quel  merveil- 
leux et  puissant  organe  î  On  ne  fait  que  trop  souvent  servir  ce 
merveilleux  organe  à  de  mauvais  desseins!  La  première  fois 
qu'on  s'en  servit,  pour  ainsi  ilire,  elle  s'étendit  pour  commettre 
un  acte  de  désobéissance  en  prenant  le  fruit  défendu  dans  le 
Jardin  de  l'Eden  ;  et  peu  de  temps  après,  lorsque  Caïn  tua  son 
frère  Abel,  ce  fut  la  main  qui  commit  le  crime  !  Ce  fut  la  main 
qui  tressa  la  couronne  d'épines  et  qui  la  mit  sur  la  lèle  de 
notre  Sauveur,  qui  ensuite  le  crucifia  et  lui  perça  le  coté.  Tous 


NARRATIONS.  83 

les  vols,  tous  les  meurtres  dont  nous  lisons  le  récit  chaque 
jour  sont  commis  par  la  main,  quoiqu'elle  puisse  avoir  des 
instruments  pour  l'aider. 

La  main  fait  beaucoup  plus  de  bien  que  de  mal.  L'aspect 
actuel  du  monde  est  bien  différent  de  ce  qu'il  était  à  l'époque 
de  la  création,  et  c'est  ce  petit  membre,  la  main,  qui  a  été 
l'instrument  au  moyen  duquel  celte  transformation  s'est  opérée. 
Il  est  vrai  qu'elle  est  dirigée  par  l'esprit,  mais  la  direction 
serait  inutile  si  la  main  n'accomplissait  pas  le  travail.  Les 
grandes  pyramides  d'Egypte,  dont  l'une  recouvre  11  acres  (1) 
de  terrain,  la  grande  muraille  de  la  Chine,  les  aqueducs  romains 
et  l'horloge  merveilleuse  de  la  cathédrale  de  Strasbourg  attestent 
la  puissance  et  l'habileté  de  la  main. 

Voyez  les  grands  changements  et  les  grands  progrès  qui  ont 
été  accomplis  par  la  main  dans  notre  pays  pendant  les  der-niers 
cent  ans  :  le  canal  de  l'Erié,  le  pont  suspendu  sur  le  lleuve 
Niagai'a,  des  chemins  de  fer  qui  s'étendent  de  l'Atlantique  au 
Pacifique,  qui  sillonnent  le  pays  en  tous  sens  et  qui  unissent 
beaucoup  de  grandes  villes.  Les  nombreux  navires  qui  tra- 
versent l'Océan,  portant  des  marchandises  travaillées  par  la 
main,  ont  été  construits  par  la  main.  C'est  la  main  qui  a  tra- 
duit la  Ijible  en  différentes  langues.  C'est  la  main  qui  construit 
des  écoles,  des  collèges  et  des  églises  pour  l'éducation  et  pour 
la  sanctification  du  peuple.  C'est  la  main  qui,  après  avoir  écrit 
des  livres,  fait  des  machines  pour  les  imprimer. 

Avec  de  la  pratique,  on  peut  faire  faire  à  la  main  tout  ce 
qu'on  veut.  On  peut  converser  au  moyen  de  la  main,  et  il  est 
vraiment  étonnant  devoir  avec  quelle  rapidité  on  peut  le  faire. 
On  peut  arriver,  par  l'exercice,  à  faire  courir  ses  doigts  sur 
les  touches  d'un  piano  de  manière  à  ne  frapper  que  les  touches 
qu'on  veut  frapper,  et  alors  se  fait  entendre  la  plus  belle  mu- 
sique. Les  ouvrages  manufacturés  sont  ainsi  appelés  parce 
qu'ils  furent  faits  d'abord  avec  la  main,  manus  signifiant  main; 
plus  tard  la  main  fit  des  machines  pour  l'aider  dans  son  tra- 
vail, et  ces  ouvrages  furent  faits  par  des  machines,  mais  on 
les  appela  toujours  manufacturés.  Au  moyen  de  la  trigonomé- 
trie, la  main,  guidée  par  l'esprit,  peut  mesurer  la  distance 
d'une  planète  à  une  autre  quand  même  il  y  aurait  des  millions 
de  milles.  Par  la  main  nous  pouvons  exprimer  nos  pensées  sur 
le  papier  et  les  envoyer  à  nos  amis  absents.  C'est  la  main  qui 

(I)  L'acre  anglaise  vaut  un  pea  plus  de  iO  ares. 


84  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

construit  toutes  les  lignes  télégraphiques  au  moyen  desquelles 
elle  peut  envoyer  un  message  à  des  milliers  de  milles  à  travers 
l'Océan,  en  quelques  minutes. 

Ce  fut  la  main  de  Thomas  .lefferson,  de  la  Virginie,  qui  écri- 
vit la  déclaration  d'Indépendance  (1).  Ce  fut  la  main  puissante 
de  l'homme  qui  prit  Tépée  pour  obtenir  cette  indépendance; 
et  cette  main  est  toujours  prête  à  défendre  notre  pays  et  à 
en  maintenir  la  glorieuse  indépendance.  Ce  fut  la  main  de 
Washington  qui  déroula  pour  la  première  fois  notre  beau  dra- 
peau rayé  et  semé  d'étoiles. 

Pendant  cette  année,  qui  est  la  centième  de  notre  Répu- 
blique, il  y  aura  à  IMiiladelphie  une  exposition  des  meilleurs 
produits  des  manufactures  à  laquelle  prendront  part  toutes  les 
nations. 

Nous  ne  pouvons  aller  nulle  part  sans  voir  beaucoup  de 
belles  choses  très-utiles  faites  par  la  main  ;  et  nous  sommes 
assurément  obligés  de  reconnaître  que  la  main  qui  a  fait  un  si 
merveilleux  instrument  est  divine. 

Mary  H. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Comté  de  Monmouth  (New  Jersey).  District  n°  4-9. 


36.  —  LA  SIESTE  DE  L'APRÈS-MIDI. 

Dans  un  charmant  petit  endroit  bien  situé  sur  la  rive  gauche 
du  fleuve  Saco,  au  milieu  des  collines,  s'élevait  une  petite  ferme 
brune. 

On  était  au  mois  d'août;  le  fermier  était  assis  dans  son  fau- 
teuil, fumant  sa  pipe;  sa  femme,  vieille  dame  à  l'air  agréable, 
était  occupée  à  nettoyer  la  table  oii  l'on  avait  diné.  Sa  petite- 
fille,  qui  était  très-gentille,  était  assise  sur  le  plancher  où  elle 
s'amusait  avec  sa  poupée  ;  elle  la  quitta  pour  grimper  sur  les 
genoux  de  son  grand-père,  et,  pendant  que  celui-ci  fumait,  elle 
s'amusait  à  attraper  des  mouches. 

Le  vieillard  posa  ses  mains  sur  la  tête  de  la  petite  fille  et 
des  larmes  coulèrent  de  ses  yeux  lorsqu'il  pensa  que  bien  sou- 
vent la  mère  de  cette  enfant,  qui  était  morte,  s'était  assise  à 
la  même  place,  et  la  petite  fille,  le  voyant  pleurer,  pensa  que 

(1)  Adoptée  le  i  juillet  1776  par  le  Congrès,  qui  siégeait  alors  à 
Philadelphie. 


NARRATIONS.  85 

c'était  le  tabac  qui  en  était  cause  ;  elle  lui  dit  :  «  Ne  fumez 
pas,  grand-papa,  voyez  comme  cela  vous  fait  pleurer  !  »  Sa 
femme  était  occupée  à  filer  au  rouet,  et  la  vieille  horloge  de 
cuivre  qui  était  sur  la  cheminée  avait  sonné  trois  heures  ;  mais 
le  fermier  resta  dans  son  fauteuil.  La  petite  fille  s'appuya  contre 
sa  poitrine;  la  tête  du  vieillard  s'inclina  sur  la  tête  blonde  de 
l'enfant,  et  ils  s'endormirent  tous  les  deux  profondément  pen- 
dant cette  belle  après-midi  d'été. 

Maggie  B. 
Age  :  douze  ans. 
Boston  (Massachussets).  Shurtleff  grammar  Scliool. 


37.   —    HISTOIRE  D'UN    PETIT    MARCHAND   DE  JOURNAUX  (i). 

Lundi  matin  je  pris  mes  journaux  comme  d'habitude  et 
j'allai  dans  la  rue  pour  les  vendre.  J'avais  le. Daily  Neivs,  la 
Tribune,  le  Morning  Paper  et  beaucoup  d'autres.  J'en  avais 
vendu  environ  six  quand  un  grand  cri  me  fit  tressaillir;  je  me 
retournai  pour  voir  ce  que  cela  signifiait.  Quelle  fut  ma  sur- 
prise et  mon  horreur  en  voyant  une  vieille  femme  battre  un 
petit  garçon  qui  pleurait  amèrement  !  Je  courus  à  elle  et  lui 
donnai  un  coup  sur  la  tête,  elle  tomba  parterre.  Ensuite  je 
pris  le  petit  garçon  par  la  main  et  nous  nous  en  allâmes. 
Lorsque  nous  fûmes  loin  de  la  vieille  femme,  je  lui  demandai 
si  elle  était  sa  mère.  Il  me  dit  qu'elle  n'était  pas  sa  mère,  que 
c'était  un  vieillard  qui  l'avait  vendu  à  cette  femme.  Je  lui  dis 
qu'il  n'avait  plus  besoin  d'aller  la  retrouver  et  qu'il  devait 
rester  avec  moi.  J'avais  dix  sous  dans  ma  poche,  je  les  lui 
donnai  pour  acheter  des  journaux.  Je  demandai  à  l'enfant  quel 
était  son  nom,  il  me  dit  qu'il  s'appelait  Henriot. 

Comme  il  était  midi,  j'entrai  chez  un  boulanger  oîi  j'achetai 
des  gâteaux,  puis  nous  nous  en  allâmes  en  mangeant  ;  nous 
eûmes  bientôt  fini.  Nous  prîmes  nos  journaux  et  nous  nous 
mîmes  à  les  vendre.  Comme  nous  marchions  sur  la  jetée, 
j'aperçus  un  enfant  qui  jetait  des  bâtons  dans  l'eau.  Tout  à 
coup  le  pied  lui  manque,  il  tombe  dans  l'eau.  Aussitôt  j'ôte 
ma  veste  et  je   plonge  après  l'enfant  dont  la  tète  avait   dis- 

(i)  Ce  sujet  était  donné  aux  élèves  sans  aucune  indication;  la  ma- 
nière de  le  traiter  était  entièrement  laissée  à  leur  imagination 
[Noie  du  directeur  de  VEcoleS 


86  GUAMMAR   SCHOOLS. 

paru  sous  les  vagues.  Bientôt  il  revient  à  la  surface  et  je  nage 
vigoureusement  vers  lui.  On  avait  approché  un  bateau  dans 
lequel  il  y  avait  trois  hommes,  dont  l'un  rtalt  Je  père  du  petit 
garçon.  Ils  s'approchent  de  moi  en  ramant,  le  père  prend  son 
lils  qu'il  met  dans  le  bateau,  oîi  il  m'aide  à  entrer.  «  Noble 
garçon,  me  dit-il,  vous  avez  sauvé  mon  fils  unique,  à  partir 
d'aujourd'hui  vous  ne  manquerez  de  rien.  »  Oh  !  comme  j'étais 
content  d'avoir  sauvé  le  petit  garçon!  iNous  arrivâmes  bientôt  à 
la  jetée.  Xous  sortîmes  tous  du  bateau  et  nous  suivîmes  l'homme 
chez  lui.  C'était  une  très-grande  maison  de  pierre;  il  me  con- 
duisit j^lans  une  chambre  et  me  donna  mille  dollars.  Vous  pouvez 
penser  que  je  ine  regardais  comme  très-riche,  et,  en  effet, 
c'était  vrai,  car  mille  dollars  étaient  pour  moi  une  très-grosse 
somme  d'argent.  De  plus  l'homme,  qui  s'appelait  M.  Rockwell, 
me  dit  qu'il  me  prendrait  dans  son  magasin  et  qu'il  me  donne- 
rait di.\  dollars  par  semaine. 

Le  lendemain  matin  je  me  rendis  donc  au  magasin  de 
M.  Rockwell  qui  était  situé  dans  Pearl  Street.  C'était  un  très- 
grand  magasin  d'épicerie  qui  avait  quatre  étages.  M.  Rockwell 
me  présenta  à  ses  employés,  il  me  dit  ensuite  de  me  conformer 
aux  instructions  du  premier  commis.  C'était  un  homme  cà  l'air 
très-agréable  avec  de  longs  favoris  ;  il  avait  environ  six  pieds 
de  haut.  M.  Rockwell  s'en  alla,  et  l'homme  sous  les  ordres 
duquel  j'étais  me  dit  de  porter  des  lettres  à  la  poste. 

Ouand  je  revins,  il  me  dit  d'aller  trouver  M.  Rockwell  et  de 
lui  dire  qu'il  y  avait  au  magasin  un  homme  qui  voulait  le  voir, 
.l'allaidonc  à  la  maison  de  M.  Rockwell,  et  un  domestique  me 
lit  traverser  la  grande  salle  et  moiiter  un  grand  escalier.  Au 
premier  palier  il  s'arrêta,  ouvrit  une  porte  et  je  me  trouvai  en 
présence  de  M.  et  M™*'  Rockwell  qui  étaient  assis  sur  un  sofa. 
Dès  qu'il  me  vit,  il  se  leva  et  vint  au-devant  de  moi  en  me  ten- 
dant la  main,  puis  il  me  conduisit  à  une  chaise.  Je  lui  fis  ma 
commission  et  nous  partîmes  ensemble  pour  aller  au  magasin. 
En  nous  y  rendant,  nous  rencontrâmes  Henriot  qui  avait  beau- 
coup de  journaux  sous  le  bras.  Je  lui  donnai  trois  dollars  et 
nous  continuâmes  notre  chemin. 

Je  pris  pension  chez  M"'«  Rockwell  et  un  jour  elle  m'appela 
dans  le  salon  et  me  donna  une  magnifique  montre  d'or.  Je  la 
remerciai  et  je  partis  pour  le  magasin.  Ce  soir-là  je  fus  invité  à 
une  soirée  chez  une  demoiselle  et  je  m'amusai  beaucoup.  Le 
lendemain  matin  après  déjeuner,  M.  Rockwell  me  fit  venir  dans 
le  salon  pour  voir  le  petit  garçon  que  j'avais  sauvé.  J'allai  donc 


.XARRATIOXS.  87 

au  salon  où  élait  assis  un  charmant  petit  garçon  qui  s'amusait. 
î.ors({u'il  me  vit,  il  sauta  sur  ses  jambes  et  me  dit  qu'il  voulait 
embrasser  le  garçon  qui  l'avait  sauvé;  je  l'enlevai  dans  mes 
bras  et  je  l'embrassai. 

Il  arriva  un  triste  accident  à  M.  Rockwell,  pendant  qu'il  des- 
cendait l'escalier  :  il  s'embarrassa  le  pied  et  tomba.  Je  courus 
à  lui  et  je  m'aperçus  qu'il  s'était  cassé  le  cou.  M.  Rockwell 
avait  fait  un  testament  par  lequel  il  me  laissait  le  magasin. 
Comme  j'étais  un  très-bon  garçon,  je  pris  Henriot  dans  le  ma- 
gasin et  j'en  fis  un  de  mes  commis. 

Une  nuit  des  souris  prirent  des  allumettes  dans  une  boîte  et, 
en  marchant,  elles  en  enflammèrent  une  qui  mit  le  fetf-à  des 
papiers.  (Juand  j'arrivai  au  magasin  le  matin,  il  était  brûlé  à  ras 
du  sol.  Henriot  était  près  des  ruines,  il  pleurait  et  j'avais  bien 
envie  de  pleurer  aussi. 

Quelques  jours  après,  j'épousai  IdaMaynard,  et  un  jour  qu'elle 
revenait  du  magasin,  elle  fit  un  faux  pas  et  tomba  dans  le  canal. 
J'essayai  de  la  saisir  pour  la  sauver,  mais  je  ne  pus  pas  et 
♦îlle  se  noya.  Je  pleurai  beaucoup  d'abord,  mais  je  ne  tardai 
pas  à  me  consoler  et  je  fus  aussi  heureux  qu'auparavant. 

George  E. 
Age  :  onze  ans. 
Comté  de  Monmouth  (New  Jersey).  District  n""  7. 


38.  —  HISTOIRE   ET   AVENTCRES   D'lW  VIEUX:   LIVRE  (1). 
{'"-  année.) 

C'est  honteux  de  m'avoir  déchiré  en  petits  morceaux,  disait 
tristement  un  vieux  livre.  J'avais  l'air  si  joli  quand  j'étais  neuf, 
et  maintenant  je  suis  si  laid  et  si  déguenillé  !  3Ia  propriétaire 
-est  une  vieille  dame  qui  m'estimait  beaucoup,  mais  je  vais  vous 
raconter  comment  je  vins  en  sa  possession. 

Jadis  il  y  avait  dans  un  magasin  une  pile  de  vieux  chilfons 
parmi  lesquels  je  faisais  très-bonne  figure;  un  jour,  en  parlant 
à  un  de  mes  compagnons,  le  maître   du  magasin  me  prit  avec 

(1)  Même  observation  qu'au  précédent  devoir.  —  Nous  rap{)roclions 
à  dessein,  ici  comme  plus  haut  (p.  48i,  les  devoirs  d'enfants  blancs 
et  d'enfants  nègres  sur  le  même  sujet. 


88  GHAMMAll    SCIIOOLS. 

(juchiues  autres;  il  se  mit  à  nous  peser,  mais  je  no  sais  pas 
combien  nous  pesions  ;  il  nous  jeta  ensuite  dans  un  panier  (^ue 
l'on  porta  à  un  nioulin;  là  on  nous  transforma  en  papier  et  on 
nous  découpa  en  feuilles  pour  faire  un  livre.  Ensuite  on  im- 
prima sur  nos  pages  tant  de  lettres  que  je  ne  pus  pas  les 
compter;  on  nous  mit  la  plus  belle  reliure  et  on  nous  })laça  sur 
une  étagère  dans  un  grand  magasin.  Tous  mes  camarades 
furent  vendus.  Un  jour  un  vieillard  entra  dans  le  magasin  et 
demanda  à  me  voir.  Le  libraire  me  descendit  et  le  vieillard 
m'acheta  aussitôt.  On  m'enveloppa  dans  un  journal  et  le  vieil- 
lard sortit  du  magasin  en  m'emportant  sous  son  bras.  Je  fus 
bien  surpris  quand  je  le  vis  entrer  dans  une  maison  élégante  ;. 
il  me  fit  monter  un  étage  et  frappa  à  une  porte  en  disant  r 
((  Petite  fille,  puis-je  entrer  un  instant?  »  :  «  Oh  oui,  cher  papa,, 
je  suis  si  contente  que  vous  veniez  me  voir,  »  dit-elle.  —  «  Papa 
apporte  un  joli  livre,  je  crois  qu'il  vous  plaira.  »  —  «  Merci,  cher 
papa.  »  11  sortit  ensuite  en  laissant  Bertie  toute  seule.  Elle 
m'embrassa  en  disant  :  «  Comme  mon  cher  papa  a  été  bon  î  »• 
Au  bout  de  ([uelque  temps  Bertie  fut  guérie,  mais  elle  m'estima 
beaucoup  jusque  dans  sa  vieillesse  :  c'est  une  de  ses  filles  (jui 
a  déchiré  mes  pages.  Adieu  d. 


Laura  s. 
Age  :  treize  ans. 


Cincinnati  (Ohio).  2*=  district. 


39.  —  MÊME   SUJET. 

(7^  année.) 

Jadis  j'étais  un  livre  tout  neuf  sortant  de  l'imprimerie;  on 
me  porta  chez  un  libraire.  Un  jour  une  petite  fille  vint  au  ma- 
gasin et  m'acheta  pour  80  ce7its.  Elle  me  porta  à  l'école, 
écrivit  son  nom  sur  toutes  les  leçons  qu'elle  avait  à  apprendre, 
sans  prendre  1<^  moindre  soin  de  moi.  Elle  avait  un  mauvais 
caractère.  Lorsqu'elle  se  mettait  en  colère,  elle  me  jetait  loin 
d'elle  et  déchirait  toutes  mes  pages.  Je  m'appelais  l'Arithmé- 
tique de  May.  Elle  me  portait  chez  elle  pour  copier  des  pro- 
blèmes, et  lorsqu'elle  ne  pouvait  pas  les  faire,  elle  se  mettait  en 
colère  et  disait  :  «  Je  voudrais  qu'il  n'existât  pas  d'Arithmé- 
tique, »  puis  elle  me  jetait  à  terre  et  me  laissait  mettre  en^ 
pièces  par  ses  petites  sœurs.  J'entendis  un  jour  une  petite  fille 


>ARRATIO>'S.  89 

ijLii  lui  cli>ait  :  «  Pourquoi  déchirez- vous  vos  livres  comme  cela?  » 
Elle  répondit  :  «'  Cela  m'ennuio,  tous  ces  vieux  livres,  je  vou- 
drais bien  ne  plus  aller  à  l'école.  »  Aussi  l'année  suivante 
elle  n'alla  }»lus  à  l'école,  et  elle  me  vendit  20  cents  à  un  vieux 
marchand  de  livres,  qui  gratta  son  nom  sur  la  couverture,  et 
me  vendit  à  une  autre  petite  fdie.  Celle-ci  m'estima  autant  que 
si  j'avais  été  neuf.  Vn  jour  ma  maîtresse  me  perdit  en  allant  à 
l'école. 

ESTHEK    S. 

Age  :  treize  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  2^  district. 

École  pour  les  enfants  de  couleur. 


iO.  —  .VUTOBIOGHAPHIE  D'UN    VIEUX    FUSIL. 
(8^  année.) 

J'ai  vu  beaucoup  plus  de  choses  que  vous  n'en  avez  vu,  vous 
autres  enfants.  Écoutez-moi,  je  vais  vous  raconter  mon  histoire. 

Il  y  a  environ  un  siècle  et  demi,  quand  ce  pays  formait  une 
forêt  sauvage  oii  la  hache  n'avait  jamais  pénétré,  et  qui  était 
remplie  d'Indiens,  j'étais  suspendu  sur  la  cheminée  d'un  hardi 
pionnier.  C'était  un  bon  vieillard  qui  avait  bien  soin  de  me 
tenir  propre  et  brillant.  Lorsque  ce  vieillard  allait  à  la  chasse,  il 
me  prenait  et  me  caressait  en  disant  :  «  Allons,  mon  vieux,  il 
faut  bien  te  conduire  aujourd'hui,  nous  verrons  combien  de 
pièces  de  gibier  nous  pourrons  rapporter  à  la  maison.  »  Là- 
dessus  il  me  chargeait  et  entrait  dans  la  forêt  en  trottinant,  me 
portant  sur  son  épaule,  et  suivi  de  son  chien  fidèle. 

Nous  marchions  pendant  assez  longtemps  et  enfin  le  chien 
donnait  de  la  voix.  Le  pionnier  le  suivait,  et  bientôt  le  chien 
indiquait  par  un  regard  et  par  un  glapissement  que  le  gibier 
était  en  avant.  Il  ne  se  trompait  pas,  car  devant  nous,  dans 
une  petite  plaine,  paissait  un  troupeau  de  daims.  Le  vieillard 
me  prenait  et  m'épaulait  avec  la  rapidité  de  l'éclair,  et  pan!  je 
partais.  Aussitôt  le  noble  daim  agitait  la  tête  et  tombait  mort 
sur  sa  piste,  et  ses  compagnons  décampaient. 

Mon  maître  s'approchait  du  daim,  tirait  son  couteau  de  chasse, 
enlevait  le  meilleur  de  la  chair,  qu'il  chargeait  sur  ses  épaules, 
et  partait  pour  retourner  chez  lui.  Il  y  arrivait  environ  une 
heure  après. 


90  GHAM.MAR    SCIIOOLS. 

Certain  soir  un  voisin  vint  à  cheval  au-devant  Je  nous  et 
nous  dit  que  les  Indiens  avaient  attaqué  sa  cabane  et  qu'ils 
l'avaient  complètement  brûlée.  Les  Indiens  vinrent  à  notre 
cabane  ce  soir-là,  mais  nous  les  repoussâmes.  Nous  apprîmes 
la  semaine  suivante  que  ces  mêmes  Indiens  avaient  fait  une 
incursion  sur  la  frontière. 

Le  vieillard  dit  qu'il  ne  pouvait  pas  supporter  leurs  folies. 
Aussi  partit-il  le  lendemain  pour  la  frontière.  Il  y  arriva  le 
jour  suivant  et  se  joignit  au  détachement  qu'on  avait  organisé 
pour  combattre  les  Indiens.  Il  fut  tué  dans  une  bataille  et  je 
tombai  entre  les  mains  d'un  Indien.  11  m'échangeaensuite  pour 
de  l'eau  de  feu  (1).  Je  restai  longtemps  dans  la  boutique  de 
mon  nouvenu  possesseur,  où  un  jour  un.\nglais  vint  m'acheter. 

Il  me  garda  longtemps  et  me  porta  avec  lui  pendant  les 
guerres  de  la  lîévolution.  Il  combattait  bravement  dans  une 
bataille  lorsqu'une  balle  le  frappa  en  pleine  poitrine,  et  je  fus 
tout  couvert  de  son  sang. 

Je  pourrais  en  dire  beaucoup  plus  long  sur  les  batailles  aux- 
quelles j'ai  assisté.  Les  fusils  de  187G  sont  d'une  plus  belle 
<{ualité  que  moi,  mais  j'ai  fait  beaucoup  plus  de  service  et  j'ai 
vu  beaucoup  de  batailles  meurtrières. 

Henry  S. 

Age  :  quinze  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  A"  district. 

École  pour  les  enfants  do  couleur. 


i[.    —  HISTOIRE   ET   AVENTURES   D'UN   VIEUX    FUSIL. 
(8'^  année.) 

Feu  !  pan  !  pan  !  à  la  bonne  heure  !  je  vois  que  je  peux 
encore  faire  du  bruit,  quoique  j'aie  plus  de  cent  ans.  Oui, 
je  suis  vieux,  mais  j'ai  été  très-utile  dans  ma  jeunesse.  Pendant 
la  paix  je  restais  à  la  maison,  oi!i  l'on  me  suspendait  sur  des 
courroies  de  cuir  à  la  muraille.  Mais  lorsque  la  guerre  de  la 
Révolution  commença,  on  m'enleva  précipitamment  pour  me 
conduire  à  la  guerre.  Je  fus  pris  un  jour  par  les  Anglais,  mais 

(1)  Eau-dc-vie.  Los  Anglais  expriment  la  même  idée  par  le  mot 
branchj  ito  hraml,  marquer  d'un  for  chaud)  et  les  Espagnols  par  le 
mot  aguardiente  {agua  ardiente,  eau  ardente).  {Note  du  traducteur.) 


NARRATIONS.  91 

je  ne  restai  pas  longtemps  en  leur  possession,  et  je  m'échappai 
pendant  une  nuit  sombre.  J'ai  combattu  avec  Washington  et  je 
lui  ai  sauvé  la  vie  bien  des  fois.  A  la  bataille  de  Brandywine 
Creep,  je  combattis  ferme  pour  sauver  nos  hommes  ;  et  lorsque 
Lafayetle  tomba,  je  vis  l'homme  qui  avait  tiré  sur  lui  et  je  lui 
eus  bientôt  envoyé  une  balle. 

Une  fois,  j'étais  de  garde  par  une  nuit  très-obscure,  lorsque 
nos  troupes  étaient  dans  une  situation  fort  critique  :  je  mar- 
chais près  de  la  tente  de  Washington,  lorsque  je  vis  un  homme 
à  l'air  très-suspect  qui  regardait  derrière  les  tentes.  Je  pensai 
qu'il  allait  commettre  quelque  mauvaise  action  et  je  le  sur- 
veillai de  très-près.  Aussitôt  il  épaula  son  fusil  et  visa 
Washington,  qui  était  assis  dans  sa  tente.  \\i  moment  où  il 
épaulait  son  fusil,  je  tirai  sur  lui  et  il  tomba  par  terre.  Il  était 
mortellement  blessé,  et,  avant  de  mourir,  il  avoua  qu'il  avait 
eu  l'intention  de  tuer  Washington. 

Après  la  guerre  de  la  Révolution,  je  restai  longtemps  à  la 
maison.  Mais  lorsque  la  guerre  civile  commença,  je  fus  conduit 
à  la  guerre  par  un  jeune  homme,  et  j'aidai  à  tuer  les  rebelles. 

Depuis  la  fin  de  la  guerre  on  m'a  conservé  précieusement 
comme  une  vieille  relique.  On  doit  m'envoyer  à  l'Exposition  du 
Centenaire,  et  on  me  torturera  au  point  de  me  faire  mourir,  je 
le  crains  bien,  par  les  nombreuses  questions  que  l'on  m'adres- 
sera. 

Mary  A. 

Age  :  quinze  ans. 
Cincinnati  lOhio). 

École  pour  les  enfants  de  couleur. 


V2.    —    HISTOIRE    D  UX    VIEUX    FUSIL    RACONTEE     PAR    LUI-MEME. 
(8*  année.) 

Eu  1339,  j'étais  dans  les  Flandres  et  on  m'envoya  en 
France.  En  route  je  fus  pris  par  un  des  vaisseaux  de  guerre  du 
roi  Edouard.  L'Angleterre  était  en  guerre  avec  la  France  et 
l'on  m'envoya  à  l'armée  du  roi  Edouard. 

Cette  armée  battit  les  Français  dans  deux  grands  combats, 
(rétait....  attendez....  oui,  c'était  à  Crécy  et  à  Poitiers.  Lorsque 
la  guerre  fut  terminée,  on  m'emporta  en  Angleterre,  et  l'on  me 


9:2  GRAMMAK    SCUOOLS. 

plaça  dans  la  Tour  de  Londres,  parmi  des  armes,  des  machines 
de  guerre,  et  des  haches  de  bourreau. 

Je  fus  bien  tranquille,  et  je  fus  employé  par  lord  Monteagle 
lorsqu'il  fouilla  les  caves  du  Parlement,  où  je  trouvai  Guy 
Fauk  avec  sa  lanterne. 

Dans  une  bataille  avec  les  Français  je  fus  pris,  et  l'on  m'en- 
voya à  Paris.  Sous  Charles  P'',  on  me  renvoya  en  Angleterre 
pour  aider  les  iloyalistes  à  fouailier  les  Tètes  Rondes. 

Sous  Olivier  Gromwell,  ou  le  Protecteur,  comme  on  l'appe- 
lait, on  me  porta  en  France  et  l'on  me  mit  dans  une  maison 
particulière  à  Paris.  Je  ne  fus  pas  employé  avant  la  Piévolution 
française  ;  alors  les  Jacobins  se  servirent  de  moi  contre  la 
garde  suisse  en  donnant  l'assaut  à  la  Bastille. 

Bonaparte  me  porta  en  Egypte  et  se  servit  de  moi  contre  les 
Mameluks.  Je  fis  toutes  les  campagnes  de  Bonaparte,  et,  à  la 
bataille  de  Waterloo,  je  fus  pris  par  Bliicher,  qui  m'emporta 
en  Prusse. 

On  m'envoya  aux  États-Unis,  et  aussitôt  la  guerre  éclata 
entre  les  États-Unis  et  le  Mexique.  On  m'envoya  au  général 
Taylor,  qui  était  à  Port  Brown,  sur  le  Bio  Grande. 

J'étais  aux  batailles  de  Palo  Alto,  de  Cerro  Gordo  et  à 
l'assaul  de  Chumbusco.  Mais,  hélas!  maintenant  je  suis  trop 
vieux  et  trop  infirme  pour  faire  le  coup  de  feu;  c'est  pourquoi 
je  suis  couvert  de  poussière,  de  rouille,  et  il  faut  que  je  reste 
dans  ce  musée. 

William  C. 
Age  :  (iiiatorze  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  "l'I"  district. 

École  du  degré  intermédiaire  pour  les  enfants  de  couleur. 


43.    —  AUTOBIOGRAPHIE   D'uN    VIEUX.   FUSIL. 

{S"  année.) 

J'étais  couché  dans  les  Montagnes  de  Fer  au  sud  de  la 
ville  de  Saint-Uouis,  dans  le  Missouri.  J'y  fus  trouvé  par  des 
mineurs  qui  m'en  firent  sortir  et  me  portèrent  à  l'usine  métal- 
lurgique, puis  à  la  fonderie  où  l'on  travaille  le  fer  brut  pour 
en  faire  des  objets  d'utilité.  G.omme  mon  métal  était  très-bon, 
on  résolut  de  faire  de  moi  un  fusil.  On  me  façonna  en  forme 
de  long  cylindre,  et  on  perça  un  trou  dans  le  sens  de  ma  lon- 
gueur. Je  fus  alors  un  canon  de  fusil,  puis  on  me  fixa  sur  un 
morceau  de  bois  de  rose,  ensuite  on  me  brunit  et  on  vernit  ma 


NARRATIONS.  93 

monture.   Puis  on  me  porta  dans  un  magasin  de  fusils,  où  l'on 
me  laissa. 

Je  n'y  restai  pas  longtemps  :  j'étais  si  beau,  que  j'attirai 
bientôt  l'attention  d'un  marchand  dont  la  famille  habitait  le 
pays.  Il  m'acheta  pour  son  fils  aîné,  et  on  m'emporta  de  la 
ville  pour  me  faire  vivre  à  la  campagne.  On  m'employa  surtout 
à  la  chasse,  pour  tirer  les  perdrix,  et  je  me  conduisis  tou- 
jours convenablement.  Je  fus  si  fidèle  à  mon  propriétaire  qu'il 
eut  bientôt  toutes  les  perdrix.  Les  voisins  de  mon  propriétaire 
furent  jaloux  de  moi,  et  un  jour  un  de  leurs  chevaux  piétina 
sur  moi.  Je  fus  grandement  effrayé  parce  que  je  croyais  que  je 
serais  hors  d'usage  pour  le  reste  de  mes  jours,  mais  heureuse- 
ment je  ne  fus  pas  blessé.  Peu  de  temps  après  on  me  mena  à 
la  guerre  pour  rendre  de  grands  services  à  mon  pays.  Je  fus 
heureux  dans  toutes  les  batailles  où  je  combattis.  Mon  bonheur 
me  valut  le  surnom  de  «  champion  des  batailles  ».  J'assistai 
aux  batailles  les  plus  fameuses  de  la  guerre  de  la  Révolution. 
A  mon  retour  on  me  conserva  plutôt  comme  une  relique  de  la 
guerre  que  comme  un  o])jet  d'utilité. 

Un  matin  j'entendis  parler  du  Centenaire.  J'étais  bien 
curieux  de  savoir  ce  que  tout  cela  signifiait.  Il  arriva  que 
ceux  qui  causaient  ainsi  me  virent  ;  aussitôt  ils  décidèrent  qu'on 
me  présenterait  comme  une  des  reliques  de  la  guerre  de  la 
Révolution.  On  m'empaqueta  avec  quelques  autres  reliques  et 
on  m'envoya  à  Philadelphie  par  le  chemin  de  fer.  J'arrivai  sain 
et  sauf  au  bâtiment  de  l'Exposition  et  l'on  me  plaça  dans  un 
des  principaux  quartiers,  pour  me  faire  admirer  par  les  visi- 
teurs. Tout  le  monde  prit  beaucoup  de  plaisir  à  me  regarder, 
car,  malgré  ma  vieillesse,  je  ne  suis  pas  trop  cassé.  Qu'est-ce 
que  je  deviendrai  en  quittant  ce  bâtiment  ? 

Math.da  B. 
Age  :  quinze  ans. 
Cincinnati  (Ohio). 

École  du  degré  intermédiaire  pour  les  enfants  de  couleur. 


LE   travail. 


Travailler,  c'est  employer  sa  force.  Dieu  nous  a  mis  dans  ce 
monde  pour  travailler  et  non  pas  pour  flâner,  les  mains  dans 
les  poches,  en  fumant  ou  en  chiquant  du  tabac,  comme  nous 
voyons  que  certaines  personnes  font  tous  les  jours.  On  regarde 
la  jeunesse  comme  le  temps  de  la  vie  où  il  faut  semer  ;  c'est 


94  GIIAMMAR    SCnOOLS. 

pourquoi  il  faut  donner  aux  iionuues,  dès  leur  jeunesse,  des 
leçons  de  travail.  Si  un  petit  garçon  ou  une  petite  fille  a  quelque 
travail  à  faire,  il  faut  le  faire  joyeusement. 

L'homme  qui  a  la  force  de  travailler  doit  pourvoir  aux 
besoins  de  ceux  qui  comptent  sur  lui  pour  vivre.  Tous  n'onl 
pas  le  même  travail  à  faire.  Les  uns  jieuvent  avoir  un  travail 
très-facile,  tandis  que  les  autres  en  auront  un  très-difficile. 
Les  petits  garçons  et  les  petites  filles  ont  à  travailler  ferme 
pour  faire  leur  éducation  :  c'est  un  travail  très-difficile.  Le 
travail  est  une  noble  qualité,  et  l'homme  qui  a  cette  qualité  sera 
respecté  pendant  toute  sa  vie.  Il  y  a  des  gens  qui  sont  trop 
paresseux  pour  travailler;  ils  vont  mendier,  voler,  et  ils  font 
toute  espèce  de  mal  à  leurs  voisins. 

Il  ne  faut  pas  travailler  dans  le  dessein  de  s'enrichir  au 
détriment  de  son  àme.  Les  personnes  qui  sont  riches  n'ont  pas 
besoin  de  travailler  pour  gagner  leur  vie,  mais  elles  peuvent 
aider,  encourager  ceux  qui  travaillent.  On  est  porté,  par 
suite  d'une  fausse  interprétation,  à  mépriser  le  travail,  mais 
si  nous  nous  reportons  à  cent  ans  dans  notre  histoire,  nous 
verrons  que  nos  pères  ne  le  méprisaient  pas.  S'ils  l'a- 
vaient méprisé,  oii  en  serions-nous  maintenant?  Pouvez-vous 
le  demander?  Eh  bien,  nous  serions  restés  les  sujets  de  la 
Grande-Bretagne.  11  faut  toujours  travailler  avec  bonne 
volonté,  car  la  Bible  dit  :  a  Quelle  que  soit  la  chose  que  ta 
main  trouve  à  faire,  il  faut  t'y  employer.  » 

Parmi  les  hommes  éminents  qui  ont  travaillé  avec  énergie,  il 
faut  citer  Georges  \Yashington,  le  Père  de  son  pays.  Il  travailla 
pour  la  liberté  de  son  pays  et  il  réussit  :  maintenant  son  nom 
est  cher  à  tous  les  Américains.  \  l'Exposition  du  Centenaire 
on  verra  le  travail  de  cent  ans. 

John  Q. 

Age  :  seize  ans. 
Leipcrville,  comté  de  Delaware  d^ensylvanie). 


■i5.    —  LES  BONNES   MANIÈRES   (1). 

(9*  année.) 

Les  manières  sont  une  certaine  façon  de  faire  les  choses; 
elles  sont  aussi  l'expression  d'un  bon    cœur  ;  ceux   qui  ont 

(1)  Écrit  sans  notes  en  classe  le  lendemain  d'un  jour  où  avait  eu 
lieu  une  conversation  de  quarante  minutes,  dirigée  par  le  maître.  — 


NARRATIONS.  95 

le  cœur  bon  ne  parleront  jamais  de  façon  à  froisser  les  senti- 
ments d'un  autre. 

Les  manières  font,  aident  ou  détruisent  les  mœurs.  Elles 
sont  supérieures  à  la  simple  beauté  personnelle  et  durent  plus 
longtemps  qu'elle.  Un  refus  exprimé  poliment  est  bien  plus 
agréable  qu'une  faveur  accordée  avec  rudesse. 

Une  propreté  générale  dans  la  personne,  dans  les  vète- 
iuents  et  dans  tout  ce  qui  nous  entoure  est,  avec  la  convenance 
tlans  les  paroles,  une  des  qualités  essentielles  des  bonnes 
manières.  Apprenez  de  bonne  heure  à  compter  sur  vous,  faites 
chaque  chose  avec  aisance  et  régularité  ;  soyez  poli,  sin- 
cère, juste,  et  n'oubliez  jamais  qu'on  soutient  bien  mieux 
sa  dignité  par  la  douceur  et  la  grâce  que  par  la  dureté  et  la 
grossièreté. 

On  peut  retirer  un  certain  avantage  moral  du  bon  goût 
dans  les  vêtements.  Efforcez-vous  de  vous  habiller  de  manière 
que,  tout  en  disant  que  vous  êtes  bien  mis,  on  ne  puisse 
pas  dire  ce  que  vous  portez.  Que  votre  corps,  vos  dents,  vos 
cheveux  soient  toujours  d'une  propreté  parfaite,  n'ayez  jamais 
les  ongles  sales.  Lorsque  vous  vous  asseyez,  faites-le  tout  à 
fait,  et  que  vous  soyez  assis  ou  debout,  ne  vous  balancez 
jamais. 

Parlez  avec  expression,  d'un  ton  bas  et  distinct.  Apprenez  à 
bien  converser,  et  surtout  à  bien  écouter,  car  l'inattention  est 
la  marque  d'un  esprit  petit  et  faible.  Parlez  pour  dire  quelque 
chose,  soyez  bref,  rejetez  les  expressions  d'argot  et  ne  parlez 
pas  de  vous.  Efforcez-vous  de  plaire  aux  autres;  parlez  en  dia- 
logues, ne  faites  pas"  de  monologues.  Gardez- vous  de  raconter 
des  nouvelles  désagréables.  Acceptez  toujours  votre  situation 
gracieusement,  joyeusement  si  vous  le  pouvez. 

L'impolitesse  n'existerait  pas  si  tout  le  monde  se  conformait 
à  la  Piègle  Dorée  (1),  car  quelle  est  la  personne  qui  aime  à 
être  traitée  avec  impolitesse?  N'ayez  jamais  recours  à  la  mé- 
chanceté, à  la  bassesse,  ni  aux  expressions  vulgaires.  Parlez 

Sur  30  élèves,  28  ont  présenté  des  copies  analogues  à  celle-ci.  (Xote  de 
M.  Curtis,  maître  de  la  P*  classe.) 
il)  Be  you  to  oihers  kind  andtrue 

And  never  do  nor  saij  to  men 
Whate'er  you  luould  not  tal:e  again. 
Soyez  bienveillant  et  sincère  envers  les  autres,  et  ne  leur  faites  ni 
ne  leur  dites  ce  que  vous  ne  voudriez  pas  accepter  de  leur  part. 

iXote  du  traducteur.) 


96  (iRA.MMAK    SCHOOLS. 

géuéreusenieiit  des  absents.  Souvenez-vous  que  :  «  l.a  poli- 
tesse consiste  à  dire  ou  à  faire  les  choses  les  plus  agréables 
de  la  manière  la  plus  agréable.  » 

Nannie  m. 
Age  :  seize  ans. 
Boston  (Massachusscts).  Gaston  grammar  Scliool. 


46.    —  LA  DISTINCTION. 

La  distinction  est  la  politesse  des  manières.  Les  personnes 
qui  sont  assises  dans  leur  salon,  habillées  comme  pour  rece- 
voir de  la  compagnie,  et  qui  lisent  un  roman  ou  quelque  autre 
livre  futile  passent,  pour  des  personnes  distinguées.  Mais  ceux 
qui  doivent  travailler  pour  gagner  leur  vie  et  qui  ont  de 
grosses  mains  calleuses  passent  pour  des  personnes  fort  peu 
distinguées.  Si  une  dame  riche  croisait  dans  la  rue  une  petite 
meunière,  elle  serrerait  sa  robe  presque  au  point  de  ne  plus 
pouvoir  marcher,  afm  de  ne  pas  toucher  celle  de  la  petite  lille. 
Si  un  monsieur  à  la  mode,  ayant  les  mains  bien  blanches, 
allait  dans  un  salon  à  la  mode  et  demandait  du  vin  de  Cham- 
pagne, la  maîtresse  de  la  maison  lui  en  ferait  servir  du  meil- 
leur. Mais  si  un  homme  pauvre  faisait  la  même  demande,  elle 
lui  en  donnerait  probablement  du  plus  mauvais,  et  s'il  s'eni- 
vrait, on  ne  dirait  pas  qu'il  est  un  homme  distingué. 

Nous  n'avons  pas  été  mis  dans  ce  monde  pour  nous  asseoir 
dans  un  salon  et  y  recevoir  de  la  compagnie,  ni  pour  avoir  des 
mains  bien  blanches,  pour  aller  aux  bals  ou  aux  réunions, 
mais  pour  faire  avec  toute  notre  ardeur  «  ce  que  nos  mains 
trouvent  à  faire  ». 

Y  a-t-il  un  homme  plus  illustre  que  Abraham  Lincoln,  et 
certes  celui-là  n'a  jamais  méprisé  le  travail  ;  par  son  mérite  il 
est  devenu  Président  des  États-Unis.  11  fut  toujours  honnête  et 
loyal.  C'est  lui  qui  donna  la  liberté  aux  esclaves. 

Parmi  les  femmes  illustres,  Florence  Nightingale  quitta  sa 
demeure  pour  aller  au  chevet  des  soldats  mourants  ;  de  même 
Dorothée  Dix  alla  dans  les  prisons  soigner  les  prisonniers. 

Si  tous  les  hommes  étaient  trop  distingués  pour  travailler,  le 
monde  périrait.  L'Exposition  du  Centenaire  est  le  résultat  du 
travail  des  nations  pendant  plusieurs  années.  S'il  n'y  avait  per- 
sonne pour  travailler,  nous  n'aurions  pas   de  chemins  de  fer, 


NARRATIONS.  97 

de   voitures,   de  wagons ,  de  chevaux,   ni  beaucoup  d'autres 
choses.  La  nature  entière  nous  donne  des  leçons  d'activité. 

LizziE  S. 
Age  :  treize  ans. 
Leiperville,  comté  de  Delaware  (Pensylvanie). 


i/.    —    L  INTEMPERANCE. 

L'intempérance  est  l'habitude  de  boire,  ou  de  se  laisser 
dominer  par  les  liqueurs  spiritueuses. 

Je  crois  que  l'intempérance  est  un  des  plus  grands  maux  qui 
existent.  Je  ne  sais  pas  s'il  y  a  quelque  chose  qui  soit  pire, 
quoique  j'aie  souvent  entendu  dire  que  l'argent  était  la  source 
de  tout  le  mal.  Je  pense  que  sans  l'argent  on  ne  pourrait  pas 
se  procurer  du  whisky  (1)  pour  boire.  Il  y  a  des  hommes  qui 
peuvent  boire  un  grand  nombre  de  verres  de  liqueurs  fortes 
sans  que  cela  leur  produise  aucun  effet,  tandis  que  cela  produit 
de  l'effet  tout  de  suite  sur  d'autres.  Lorsqu'une  personne  se 
met  ainsi  sous  l'empire  d'une  liqueur  forte,  elle  perd  la  raison, 
chancelle,  roule,  ne  peut  plus  se  tenir. 

L'ivresse  rend  certaines  personnes  stupides,  d'autres  sont 
gaies,  d'autres  sont  tristes,  d'autres  furieuses.  L'habitude  de 
l'intempérance  prive  les  hommes  et  quelquefois  aussi  les 
femmes  de  leur  raison,  de  leur  argent,  de  leur  demeure,  de 
leur  santé,  et  enfin  de  leurs  pauvres  âmes.  Pensez  seulemenl 
aux  milliers  de  pauvres  âmes  qui  sont  perdues  par  l'habitude 
de  l'intempérance  ! 

Lorsque  certaines  personnes  sont  ivres,  leur  esprit  est  si 
troublé  que,  si  on  ne  les  surveille  pas  de  très-près,  elles  font 
beaucoup  de  mal,  et  souvent  mettent  en  danger  la  vie  des 
autres.  Combien  de  fois,  lorsque  nous  entendons  parler  d'acci- 
dents et  que  nous  demandons  comment  ils  sont  arrivés,  ne  nous 
répond-on  pas  que  les  personnes  étaient  ivres  et  qu'elles  ne 
savaient  pas  ce  qu'elles  faisaient!  Oh!  je  crois  que  les  mar- 
chands de  rhum  auront  beaucoup  de  comptes  à  rendre  dans  le 
ciel  au  jour  du  jugement.  La  Bible  dit  «  que  nous  ne  devons  pas 
regarder  le  vin  lorsqu'il' est  rouge  ni  lorsqu'il  colore  la  coupe, 
parce  qu'alors  il  mord  comme  un  serpent,  et  pique  comme  une 
vipère,  d 

(l)  Sorte  d'eau-de-vie.  {Xote  du  traducteur.) 


98  GRAMMÂR   SCIIOOLS. 

Quelquefois,  eu  traversant  en  voiture  un  village  ou  une  ville, 
vous  voyez  des  hommes  à  l'air  fort  et  robuste  qui  se  tiennent 
«levant  le  comptoir  et  qui  vident  la  coupe  redoutable.  Il  y  a  des 
hommes  qui  vendent  la  liqueur  brûlante  aux  pauvres  ivrognes 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  leur  reste  plus  un  sou;  ils  ne  songent  pas 
qu'ils  perdent  leur  âme  et  celle  des  autres.  Lorsque  ces  ivrognes 
ont  dépensé  tout  leur  argent  et  qu'il  ne  leur  reste  plus  rien 
pour  payer  leur  liqueur,  ils  enlèvent  leur  n)obilier  pièce  à 
i>ièce  jusqu'à  ce  (ju'il  ne  reste  plus  rien  chez  eux.  Alors,  leur 
pauvre  femme  toute  maigrie,  elle  qui  jadis  était  si  gaie  et  si 
Joyeuse,  et  qui  maintenant  meurt  presque  de  chagrin,  prend 
ses  petits  enfants  et  va  mendier  son  pain.  Dieu  souvent  elle  n'a 
à  leur  donner  qu'une  croule  sèche,  assez  pour  les  empêcher 
lie  mourir  de  faim,  et  tout  cela  est  la  conséquence  d'une  habi- 
tude d'intempérance.  Comme  ces  pauvres  familles  doivent 
::raindre  d'entendre  le  bruit  lourd  des  pas  redoutés,  et  de  voir 
i-ntrer  en  chancelant  leur  père  bien-aimé  ou  un  frère,  ou  un 
!ils  !  Comme  il  doit  être  dur  d'entendre  les  injures  et  de  rece- 
voir les  coups  cruels  qui  leur  sont  si  libéralement  infligés  par 
ceux  qu'elles  regardent  comme  leurs  protecteurs  et  qui,  dans 

I  .'ur  accès  d'ivresse,  les  traitent  avec  tant  de  cruauté  !  Je  ne  sais 
pas  conuïient  des  hommes  et  des  femmes  peuvent  avoir  la 
conscience  de  vendre  la  liqueur  empoisonnée,  lorsqu'ils  savent 
([u'eile  cause  tant  de  chagrin  et  tant  de  mauvais  traitements. 

II  y  a  tant  de  choses  à  dire  sur  ce  qu'il  y  a  d'affreux  dans  Tin- 
tempérance  !  Elle  a  brisé  bien  des  cœurs  ! 

Grâce  H. 
Age  :  seize  ans. 
Comté  de  Harren  (New  Jersey).  District  n°  G.  École  rurale  (1). 


48.  —  PLAISIRS   DE  LA   LECTURE. 

De  toutes  les  différentes  manières  d'employer  son  temps 
;)endant  les  heures  de  récréation,  je  crois  que  la  meilleure  est 
ia  lecture.  Il  est  très-agréable  de  s'asseoir  et  de  lire  un  bon 
roman  lorsqu'on  a  terminé  ses  devoirs  domestiques  (si  l'on 
en  a),  et  surtout  de  lire  les  œuvres  de  quelque  bon  auteur. 

(i)  Il  n'y  a  dans  cette  école  que  deux  enfants  qui  ont  moins  de  trois 
f;uarts  de  mille  à  faire  pour  venir  en  classe.  Le  plus  grand  nombre  des 
('■ièves  demeurent  à  un  mille  ou  plus  de  la  maison  d'école. 

{Xote  de  l' instituteur. ) 


NARRATIONS.  99 

Il  y  a  (ies  personnes  (celles  qui  apparlienneut  à  la  secte 
orthodoxe),  qui  pensent  que  c'est  un  grand  péché  de  lire  des 
romans  et  qui  s'étonnent  que  vous  puissiez  lire  de  telles 
€  futilités  >  (c'est  le  terme  poli  dont  elles  se  servent),  tandis 
({ue  vous,  de  votre  côté,  vous  ne  pouvez  trouver  aucun  plaisir 
dans  les  livres  qu'elles  lisent,  par  exemple  la  Vie  de  Melchisédec 
ou  la  vie  de  quelque  ancien  Patriarche  contemporain  du 
déluge.  Je  ne  parle  pas  des  romans  à  dix  cents  que  lisent  les 
enfants,  mais  seulement  de  ces  charmantes  et  intéressantes 
histoires  par  M™*  Holmes,  M"^^  Southworth,  >r'^  Evans  et  beau- 
coup d'autres  auteurs  populaires. 

Les  garçons  lisent  tout  ce  qu'ils  trouvent.  3Iais  les  filles  ne 
s'aviseraient  jamais  de  lire  des  romans  à  dix  cents!  Elles 
lisent  des  histoires,  et  je  dois  dire  que  je  crois  ces  livres-là 
plus  utiles  que  les  livres  de  fiction.  L'histoire  nous  enseigne 
tous  les  événements  qui  se  sont  passés  dans  notre  pays,  la  vie 
des  grands  hommes,  des  femmes  populaires,  et  beaucoup  de 
faits  utiles,  que  nous  ne  connaîtrions  pas  autrement. 

Mais  je  pense  vraiment  que  c'est  une  honte  d'être  répriman- 
dée au  sujet  de  la  lecture  des  romans  (comme  quelques-unes  de 
vos  grand'mères  ,  de  vos  tantes  ou  autres  personnes  sem- 
jjlables  aiment  à  vous  réprimander),  quand  il  ne  s'agit  que 
d'une  récréation  innocente.  Je  me  demande  si  ces  vénérables 
personnes  n'ont  jamais  lu  de  romans  quand  elles  étaient 
petites  filles  et  qu'elles  allaient  à  l'école.  Je  suis  sûre  qu'elles  en 
lisaient  alors,  et  beaucoup  plus  que  nous  n'en  lisons.  Elles 
veulent  se  faire  passer  pour  pieuses,  sans  cela  j'imagine 
qu'elles  liraient  encore  des  romans. 

LOTTIE   J. 

Age  :  quatorze  ans. 
Mihvaukee  iWisconsini.  District  n'  1. 


49.    —   LES   ENFANTS   d'AUJOURD'HUI. 

On  ne  professe  pas  toujours  la  même  opinion  à  l'égard  des 
enfants.  Lorsqu'ils  ont  environ  deux  ans,  tout  le  monde  les 
trouve  charmants,  ce  sont  vraiment  de  délicieuses  petites 
créatures,  dit-on.  A  sept  ans  ils  sont  bien  incommodes.  A 
douze  ans  ce  sont  de  petits  tapageurs.  A  seize  ans  ce  sont  des 
freluquets,  et  à  vingt  ans  ce  sont  des  jeunes  gens  qui  ne 
connaissent  rien  de  la  vie.  Ils  restent  dans  cet  état  jusqu'au 
moment  oii  ils  se  marient. 


100  GRAMMAR    SCHOOLS. 

On  peut  diviser  les  enfants  en  une  demi-douzaine  de  classes 
environ.  Peut-être  la  plus  nombreuse  de  ces  classes  est-elle 
celle  du  bon  petit  garçon.  Il  semble  qu'il  ne  soit  pas  possible 
qu'il  existe  un  bon  garçon  dans  la  littérature  de  l'École  du 
dimanche  ;  peut-être  qu'un  spécijnen  si  phénoménal  de  quin- 
tessence de  bonté  ne  dépasse  jamais  l'âge  de  dix  ans,  époque 
à  laquelle  il  meurt  de  quelque  maladie  de  langueur,  entouré 
de  tous  côtés  des  présidents,  des  majors  généraux,  dos  nègres 
et  de  tous  les  autres  qu'il  a  arrachés  à  leur  mauvais  genre 
de  vie. 

Le  bon  petit  garçon  est  ordinairement  un  jeune  petit  être 
qui  a  le  bonheur  de  porter  le  nom  de  Ébénezer,  Matthieu  ou 
William.  Il  porte  ordinairement  un  col  de  piccadilly,  une 
cravate  bleue  et  a  toujours  les  oreilles  propres.  Il  emploie  la 
plus  grande  partie  de  son  temps  à  lire  le  Repos  des  Saints,  de 
Baxter,  ou  à  parcourir  un  recueil  d'hymnes.  F^e  spectacle  d'en- 
fants que  l'on  fouette  est  presque  la  seule  distraction  dont  il 
jouisse,  si  Ton  en  excepte  celle  de  chiquer  du  tabac. 

Une  autre  division  de  notre  sujet  contient  le  favori  des 
dames.  C'est  ordinairement  un  petit  individu  qui  a  bonne 
mine  ;  il  a  les  cheveux  blonds,  la  peau  blanche,  les  yeux  bleus 
et  un  visage  régulier.  Ses  cheveux,  toujours  proprement  pei- 
gnés, encadrent  sa  tète,  et  il  connaît  la  plupart  des  petites 
lilles  à  plusieurs  milles  à  la  ronde.  Il  est  ordinairement 
«  tendre  »,  et  il  aimerait  mieux  se  promener  avec  Bella  dans 
la  Grande-Rue  que  de  jouer  à  la  balle  avec  ses  camarades. 
.Neuf  fois  sur  dix  vous  verrez  qu'il  s'appelle  Charles,  Auguste 
ou  Henri. 

Celui  qui  vient  immédiatement  après  lui  est  l'enfant  timide, 
pour  qui  la  vie  est  une  série  continuelle  de  circonstances  em- 
barrassantes. C'est  lui  qui  court  contre  des  vieilles  dames, 
qui  s'excuse  auprès  des  réverbères,  qui  appelle  une  demoi- 
selle Monsieur,  et  un  vieux  monsieur  Mademoiselle. 

Celui  qui  lui  est  directement  opposé  est  le  jeune  effronté.  Ce 
spécimen  de  l'humanité  ne  se  soucie  de  rien.  Il  causerait  familiè- 
rement avec  l'ombre  d'Élie  et  l'appellerait  «  vieux  bonhomme  ». 
11  a  la  plus  grande  confiance  dans  son  incapacité  et  entre- 
prend avec  ardeur  toutes  les  besognes,  depuis  celle  qui 
consiste  à  imprimer  des  cartes  de  visite  jusqu'à  celle  qui 
consiste  à  gouverner  un  royaume.  En  un  mot,  c'est  un  individu 
qu'on  ne  peut  pas   démonter  et  qui  se  redresse  comme  ces 


NARRATIONS.  101 

diables  qu'un  ressort  fait  mouvoir  dans  une  boîte,  sous  les 
rebuffades  les  plus  dures. 

Ensuite  vient  ie  mauvais  garnement.  S'il  y  a  quelque 
cliose  que  j'aime  au  monde,  c'est  le  mauvais  garnement.  Je 
n'entends  pas  par  là  un  petit  être  bas,  vil,  sournois,  qui 
attache  une  casserole  à  la  queue  des  chiens  et  qui  fait  cent 
tours  semblables;  mais  je  veux  parler  d'un  enfant  franc  et 
généreux  qui  est  ordinairement  méchant,  non  pas  parce  qu'il 
veut  l'être,  mais  seulement  à  cause  de  l'exubérance  du  sang, 
qui  le  pousse  toujours  h  faire  une  chose  ou  l'autre  ;  un  enfant 
qui  fait  toujours  quelque  malice,  redressant  par  exemple  une 
épingle  courbée  et  la  mettant  sur  le  siège  de  Chariot,  non  pas 
fju'il  veuille  faire  du  mal  au  susdit  Chariot,  mais  seulement 
pour  le  voir  faire  des  bonds  désespérés  et  l'entendre  pousser 
une  série  de  cris  affreux  lorsqu'il  viendra  s'asseoir. 

Aucun  des  grands  hommes  dont  le  monde  entier  reconnaît 
la  haute  valeur  intellectuelle  n'a  été  une  poule  mouillée  : 
Shakespeare  était  un  mauvais  garnement  ;  il  en  était  de  même 
de  Goldsmith,  de  Napoléon  et  du  général  Putnam. 

William  \V. 
Age  :  seize  ans. 
Comté  de  Gloucester  (New  Jersey).  District  n"  1. 


50.  —  l'amour. 

H'"  année.) 

Comme  la  vie  serait  triste  si  nous  n'avions  pas  un  cœur 
pour  aimer  ! 

L'amour  ressemble  au  soleil  d'été;  celui  qui  n'a  personne 
pour  s'intéresser  à  lui  ressemble  à  quelqu'un  qui  est  en- 
fermé sous  terre,  dans  un  sombre  cachot  où  le  soleil  ne  peut 
pas  entrer.  Mais  il  nous  est  impossible  de  dire  que  jamais 
personne  ne  s'est  intéressé  à  nous,  car  le  cœur  de  toute  mère 
s'attache  à  son  enfant,  de  même  que  les  racines  des  ileurs  s'at- 
tachent au  sol  dans  lequel  elles  sont  plantées.  Avec  quelle 
ardeur  les  absents  songent  d'avance  au  moment  où  ils  seront 
auprès  des  personnes  qu'ils  aiment  et  vers  lesquelles  volent 
toutes  leurs  pensées  î 

Que  ce  monde  serait  froid  et  égoïste  si  l'amour  ne  régnait 
pas  dans  tous  les  cœurs  comme  il  le  fait  !  Voyez  la  poule 


102  GÎIAMMAR    SCIIOOLS. 

rassembler  sa  jeune  couvée  sous  ses  ailes  !  Lorsqu'un  de  ses 
}>etits  esf  blessé,  quels  tendres  soins  elle  lui  donne,  tant  elle 
les  aime  !  Et  c'est  là  e.i  général  l'amour  que  les  animaux  d'un 
ordre  inférieur  se  témoignent  l'un  à  l'autre. 

Peu  importent  les  peines  et  les  malheurs  qu'une  personne 
peut  avoir,  l'amour  n'est  jamais  complètement  banni  de  son 
cœur,  il  y  reste  toujours  une  tendre  pensée  pour  quelqu'un. 
Nous  autres  enfants,  aimons  donc  et  chérissons  les  tendres 
êtres  qui  nous  entourent,  et  que  nos  cœurs  débordent  d'amour 
pour  notre  divin  Créateur. 

AUGUSTA  J. 
Age  :  quinze  ans. 
^«'ouvelle-Orléans  (Louisiancj.  Webster  School. 


51.    —  MON    ÉTÉ  A   HILLSBOROUGH   FARM. 

A  la  fin  d'une  belle  journée  je  me  trouvai  au  petit  village 
de  Hillsborough  ;  c'était  au  mois  d'août,  et  la  chaleur  était  très- 
forte.  J'avais  voyagé  toute  la  journée,  et,  lorsque  la  vieille 
diligence  délabrée  qui  desservait  quotidiennement  la  gare  me 
déposa  à  la  grille  d'une  charmante  ferme,  je  compris  que 
j'étais  au  bout  de  mon  voyage. 

La  maison  était  située  loin  de  la  route,  des  arbres  ombra- 
geaient les  deux  côtés  de  la  large  avenue  qui  y  conduit.  Il  y 
avait  des  arbres  tout  autour  de  la  maison,  et  derrière  la  maison 
un  joli  petit  lac.  C'était  la  résidence  de  M.  Horton,  farmer(i) 
aisé.  La  famille  se  composait  de  3L  Horton,  de  sa  femme 
et  d'une  fille  nommée  Ida.  Elle  était  charmante  avec  ses  che- 
veux bruns  bouclés  et  ses  yeux  noirs  ;  nous  étions  à  peu  près 
du  même  âge.  On  attendait  dans  quelques  jours  un  fils  qui  était 
au  collège.  M.  Horton  avait  environ  cinquante  ans,  il  était 
grand,  de  bonne  mine,  plein  d'animation  et  d'entrain. 

M"*  Horton,  bonne  maman  de  quarante-six  ans,  vint  au-devant 
de  moi  et  me  souhaita  la  bienvenue  à  Hillsborough  Farm.  Une 
amitié  ne  tarda  pas  à  s'établir  entre  Ida  et  moi.  Elle  me  dit 
qu'ils  attendaient  sous  peu  de  jours  beaucoup  de  personnes 
qui  viendraient  s'installer  chez  eux,  entre  autres  une  demoi- 

(1)  On  sait  que  le  farmer  américain  n'est  pas  un  fermier,  mais  un 
propriétaire  qui  cultive  lui-même  ses  domaines,  et  qui  peut  être  fort 
riche. 


NARRATIONS.  103 

selle  nommée  Lillie  Raymond,  qui,  disait-on,  était  mie  grande 
beauté  et  une  grande  coquette.  Était-ce  la  Lillie  Raymond  que 
j'avais  connue  à  l'école  ? 

Trois  jours  après  moi  arriva  Henri  Horton  avec  son  camarade 
de  collège,  Walter  Robinson,  qui  était  grand  et  fort.  Henri 
ressemblait  à  son  père.  Après  leur  arrivée  on  me  laissa  m'amu- 
ser  ou  me  promener  avec  Henri  Horton  dans  la  propriété,  qui 
était  très-bien  tenue,  pendant  que  M.  Robinson  et  Ida  lisaien! 
quelque  livre  amusant  ou  se  promenaient  sur  le  lac.  Nou^ 
fûmes  très-tranquilles  pendant  une  semaine,  puis  tout  changea. 

Un  matin  que  j'étais  assise  dans  le  salon  et  que  je  causais 
avec  M.  Horton,  j'entendis  quelqu'un  crier  dans  la  salle  : 
«  Rersie  Dean  est-elle  ici  ?  »  Au  même  moment  la  porte 
s'ouvrit  brusquement  et,  en  levant  les  yeux,  j'aperçus  Lillie 
Raymond,  encore  plus  belle  qu'elle  n'était  lorsque  nous  nous 
étions  quittées  à  l'école,  deux  ans  auparavant.  Elle  s'élança 
joyeusement  dans  mes  bras  en  s'écriant  :  «  Qu'ètes-vous  deve- 
nue depuis  si  longtemps,  si  longtemps?  Oh  !  je  suis  si  contente 
de  me  retrouver  avec  vous.  Mais  j'ai  oublié  de  vous  dire  que 
mon  frère  Frank  est  avec  moi  et  il  faut  que  je  vous  le  présente, 
venez!  >  Elle  n'avait  pas  aperçu  mon  compagnon,  qui  n'avait 
pas  quitté  l'appartement,  et  lorsque  je  le  lui  présentai,  elle 
prit  un  air  de  reine. 

Oh  !  quels  heureux  moments  nous  passâmes  ensuite.  Un  joui- 
nous  nous  promenions  en  bateau,  le  lendemain  nous  montions 
à  cheval;  nous  faisions  des  pique-niques  ;  nos  soirées  se  pas- 
saient loujours  très-agréablement.  Nous  faisions  des  parties  de 
croquet  au  clair  de  lune.  Lillie  était  toujours  radieuse  et  très- 
belle;  elle  allait  se  promener  dans  la  propriété  avec  Henri 
Horton  ou  avec  son  frère,  et  elle  m'emmenait  toujours  avec 
eux.  Les  jours  s'écoulaient  ainsi. 

Le  mois  d'août  se  passa  et  septembre  vint.  Un  jour  nous 
allâmes  faire  une  partie  de  putting  (I).  Ida  et  Walter  Robinson 
allèrent  seuls  de  leur  côté,  quelques-uns  des  invités  étaient 
restés  en  groupes  un  peu  plus  loin  à  faire  une  partie.  Enfin 
nous  nous  disposâmes  à  rentrer.  Frank  portait  mon  panier, 
laissant  Lillie  et  Henri  seuls.  La  lune  se  levait  en  ce  moment, 
et  sa  lumière,  tamisée  par  les  branches  des  arbres,  répandait 
une  grande  beauté  sur  le  paysage.  Au  moment  où,  sortant  de 
sous  les  arbres,  nous  fûmes  éclairés  par  la  lune,  je  me  relour- 

(1)  Jeu  écossais. 


104  GRAMMAR    SCHOOLS. 

liai  pour  regarder  Lillie.  Elle  marchait  la  tête  inclinée  pen- 
dant que  son  compag-non  se  baissait  pour  lui  parler.  A  ce  mo- 
ment elle  releva  la  tète  :  elle  était  toute  rouge,  son  compagnon 
baissa  un  peu  plus  la  tête  et,  si  je  ne  me  trompe,  déposa  un 
baiser  sur  ses  lèvres. 

Ce  soir-là  Lillie  vint  me  trouver  dans  ma  chambre  et  me 
dit  qu'elle  avait  un  secret  à  me  confier  :  elle  était  fiancée 
à  Henri  Ilorton  et  ils  devaient  se  marier  aux  roses  pro- 
chaines. J'avais  aussi  un  secret  à  lui  confier,  car,  en  reve- 
nant à  la  maison,  j'avais  promis  d'être  M'"''  Frank  Raymond. 
Lillie  fut  ravie  de  penser  que  nous  serions  sœurs  pour 
tout  de  bon,  et  ce  coquin  de  Frank  ne  lui  avait  jamais 
parlé  de  cela.  Le  lendemain  matin  nous  consultâmes  Ida 
et  ^Valter,  et  nous  convînmes  qu'aux  prochaines  roses  nous 
nous  réunirions  tous  à  Ilillsborough  Farm,  oîi  nous  avions 
été  si  heureux,  et  que  là,  dans  la  vieille  ferme,  nous  nous  ma- 
rierions tranquillement.  D'abord  Lillie  hésita;  comme  elle 
était  une  héritière,  elle  pensait  qu'il  serait  plus  convenable  de 
faire  une  grande  cérémonie  ;  mais  comme  nous  étions  toutes 
les  deux  orphelines  et  que  la  bonne  M""^  Horton  insista  beau- 
coup, nous  consentîmes  à  venir  faire  la  noce  chez  elle. 

Le  lendemain  nous  dîmes  adieu  à  Hillsborough  Farm  jus- 
qu'au mois  de  juin  prochain.  Lillie  retourna  chez  elle  dans  le 
Sud.  Moi  je  retournai  à  mon  école.  Henri  Horton  nous  con- 
duisit tous  trois  au  chemin  de  fer  dans  la  voiture.  Nous 
versâmes  des  larmes  en  nous  quittant;  mais  comme  nous 
savions  qu'il  ne  s'écoulerait  que  peu  de  mois  jusqu'à  notre  pro- 
chaine réunion  et  que  nous  ne  serions  pas  séparées  jusqu'à  la 
mort,  nous  nous  dîmes  au  revoir.  Je  restai  sur  la  plate-forme, 
à  l'arrière  du  wagon,  d'où  je  regardai  le  train  qui  s'éloignait  ; 
Lillie  et  Frank  agitèrent  leurs  mouchoirs  jusqu'au  moment  où 
nous  ne  pûmes  plus  nous  voir. 

Ainsi  je  me  retrouvai  seule,  mais  seulement  pour  quelques 
mois,  et  j'étais  bien  heureuse. 

Fannie  A. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Comté  de  Middlesex  (New  Jersey).  District  n"  71. 


LETTRES.  105 


IV.   —  KTi.erclces  de  sifjle  :   I.etircs. 

52.    —  A  UNE   COUSINE. 
(■i"  année.) 

Indianapolis  (Indiana),  29  mars  1876. 

Ma  chère  cousine, 

En  allant  en  ville,  samedi  dernier,  pour  acheter  une  robe 
neuve,  j'ai  vu  un  ivrogne  qui  était  tombé  sur  une  dame  dans 
la  rue.  Un  agent  de  police  le  saisit  et  le  conduisit  en  prison. 
En  retournant  à  la  maison  je  pensais  que  c'était  bien  fait  pour 
lui;  il  ne  devait  pas  tant  boire.  Lorsque  j'arrivai  chez  nous, 
maman  m.e  demanda  oîi  j'avais  été  si  longtemps  et  je  lui  racon- 
tai tout.  Elle  me  dit  qu'il  ne  fallait  plus  rester  dans  ces  endroits 
et  elle  me  gronda  pour  y  être  restée  si  longtemps.  Elle  me 
dit  qu'on  était  venu  pour  me  voir  pendant  que  j'étais  sortie, 
.l'ai  ])ien  regretté  de  n'avoir  pas  été  à  la  maison  quand  elle 
me  dit  qui  j'avais  manqué,  car  c'était  une  de  mes  amies. 

Votre  amie, 

Dora  Alday. 

Age  :  douze  ans. 


53.    —  A   UNE   TANTE. 

Ma  chère  tante, 

Comme  on  nous  a  donné  une  lettre  à  écrire,  je  vais  répondre 
à  la  dernière  que  vous  m'avez  adressée.  Il  y  a  quelque  temps, 
les  écoles  d'Indianapohs  ont  fait  une  exposition  au  profit  des 
enfants.  On  choisit  tous  les  meilleurs  chanteurs,  que  l'on  plaça 
sur  l'estrade  pour  les  faire  chanter.  Comme  je  chantais  assez 
bien,  on  me  choisit.  Il  y  avait  cent  petits  garçons  et  petites 
tilles.  On  nous  appelait  petites  tilles  fleuries,  parce  que  nous 
«levions  porter  des  fleurs  en  passant  devant  \Yashinglon.  Il 
portait  un  bel  habit  noir,  mais  cet  habit  n'était  pas  très-long,, 
de  jolis  pantalons  noirs,  un  chapeau  à  l'ancienne  mode. 


100  GRAMMAll   SCHOOLS. 

«Washington  »  passe  devant  noire  maison  plusieurs  fois  i)ar 
semaine.  J'espère  que  vous  répondrez  à  celle  lellre  aussitôt 
que  vous  le  pourrez. 

Votre  nièce  affectionnée, 

Cairie  B. 

Age  :  douze  ans. 
Boston  (Massactiussets). 


5i.    —   A   UNE  AMIE. 

(i"  année.) 


Boston,  24  janvier  1876. 


Ma  chère  Katie, 


J'ai  reçu  mardi  dernier  votre  lettre,  que  je  n'attendais  pas. 
Je  suis  très-fàchée  que  vous  soyez  partie  de  chez  M'"*"  Torroy, 
parce  que  je  crois  qu'il  vous  sera  bien  difficile  de  trouver  une 
autre  place.  Votre  père  vous  attendait  à  la  maison  samedi,  et 
il  a  été  bien  désappointé  en  ne  vous  voyant  pas  venir. 

Votre  tante  va  un  peu  mieux  maintenant,  mais  elle  ne  peut 
pas  encore  se  lever.  Abbey  reste  à  la  maison  pendant  que 
voire  tante  est  malade,  et  Nellie  a  beaucoup  d'ouvrage  à  faire. 
Elle  dit  qu  elle  voudrait  l)ien  que  vous  fussiez  ici  pour  l'aider. 

Mary,  Katie  et  moi  nous  avons  été  au  spectacle  vendredi 
soir  avec  mon  cousin  George  pour  voir  les  Deux  Orphelines; 
le  spectacle  était  très-amusant,  nous  avons  bien  regretté  que 
vous  ne  fussiez  pas  là  pour  venir  avec  nous,  car  il  avait  un 
billet  pour  vous.  C'est  demain  qu'on  baptisera  le  bébé  de  ma 
tante,  on  le  nommera  Mary.  Comme  vous  avez  reçu  une  invi- 
tation, nous  espérons  que  vous  viendrez. 

Nellie  Sullivan  a  été  au  bal  des  domestiques,  jeudi  soir,  avec 
son  frère  Waller,  elle  s'y  est  bien  amusée.  La  salle  était  pleine 
et  le  bal  a  duré  jusqu'à  cinq  heures  vendredi  matin. 

Je  suppose  que  vous  avez  reçu  beaucoup  d'étrennes;  j'en  ai 
reçu  aussi,  mais  pas  autant  que  je  m'y  attendais.  Ma  tante  m'a 
donné  un  portefeuille,  une  demi-douzaine  de  mouchoirs  et  une 
tasse  avec  une  soucoupe.  Ma  mère  m'a  donné  une  paire  de 
boucles  d'oreilles  et  une  paire  de  patins,  et  ma  sœur  m'a 
donné  un  foulard  de  soie. 


LETTRES.  107 

Je  mets  de  l'argent  de  côté  pour  acheter  des  Valentines,  le 
mois  prochain,  pour  envoyer  à  mes  amies.  J'en  enverrai  une 
gentille  à  maman,  mais  ne  lui  en  parlez  pas,  je  vous  en  prie, 
parce  que  je  ne  veux  pas  qu'elle  le  sache. 

Ma  tante  a  une  angine.  Elle  fut  prise  samedi  dernier,  et  elle 
a  été  très-malade.  Elle  n'était  pas  mieux  hier  soir  quand  papa 
et  maman  ont  été  la  voir. 

Katie  Mouarty  travaille  dans  la  rue  de  ^Vashington.  Elle  fait 
des  robes  et  elle  ne  reviendra  plus  à  l'école.  Elle  s'intéresse 
à  son  travail  et  elle  l'aime  beaucoup. 

Votre  amie  affectionnée, 


Barbara  H. 
Aiîe  :  douze  ans. 


Boston.  Shurtleff  grammar  School. 


OO.    —   A   UNE   AMIE. 
Clarence,  comté  de  Cedar  flowa),  20  février  1876. 

Ma  chère  Florence, 

Je  ne  sais  plus  laquelle  de  nous  deux  a  écrit  la  dernière  ;  il 
y  a  si  longtemps  qu'aucune  de  nous  n'a  écrit.  Je  pense  que 
vous  êtes  toujours  à  Riverside  Institute,  et  que  vous  faites 
beaucoup  de  progrès  dans  vos  études.  Prenez-vous  encore  des 
leçons  de  musique  ?  J'en  ai  pris  cet  hiver. 

Ida  Taylor  demeure-t-elle  toujours  chez  vous?  Que  devient 
Nellie  Sanborn?  Je  pense  que,  si  vous  étiez  près  de  moi  main- 
tenant, vous  me  diriez  de  ne  pas  vous  faire  tant  de  questions 
à  la  fois  ;  mais  j'ai  un  grand  fonds  de  curiosité  et  je  veux 
que  vous  répondiez  à  toutes. 

Ma  sœur  S'ellie  est  partie  pour  Belle  Plaine,  où  elle  va  recom- 
mencer à  enseigner  ;  elle  a  soixante  élèves  ;  elle  dit  que  ses  élèves 
paraissent  l'aimer  beaucoup.  Notre  école  est  plus  nond)reuse 
cet  hiver  qu'elle  ne  l'a  jamais  été.  Je  n'aime  pas  à  voir  notre 
école  si  nombreuse  cet  hiver,  car  il  semble  que  nous  serons  bien 
diiférentes  l'hiver  prochain  de  ce  que  nous  sommes  mainte- 
nant. La  plupart  de  mes  compagnes  auront  alors  fait  leur  pre- 
mier semestre  en  qualité  d'institutrices,  elles  ressembleront 
plutôt  à  des  femmes  qu'aux  joyeuses  écolières  qu'elles  sont 
cet  hiver. 


108  GRAMMAR    SCHOOLS. 

Je  voudrais  bien  que  vous  pussiez  venir  ici  cet  été.  Comme 
nous  nous  amuserions!  nous  mangerions  des  fraises  et  de  la 
crème,  et  nous  irions  folâtrer  dans  les  charmilles  en  cherchant 
des  fleurs!...  Il  se  peut  (jue  j'aille  où  vous  êtes  à  l'automne 
prochain  ;  c'est  pourquoi  il  ne  faudra  pas  vous  étonner  si  vous 
me  voyez  arriver  au  moment  où  vous  vous  y  attendrez  le 
moins,  par  quelque  belle  journée  d'automne.  Mais  il  faut  que 
je  m'arrête,  sans  cela  vous  serez  fatiguée  avant  d'avoir  lu  la 
moitié  de  cette  lettre. 

F'ailes  mes  amitiés  à  tout  le  monde,  et  n'oubliez  pas  d'écrire 
souvent,  je  vous  prie. 

De  la  part  de  votre  amie, 
Mary  B. 
Age  :  quatorze  ans. 
Clarence,  comté  de  Cedar  (lowa).  Classe  supérieure  (rhétorique). 


56.   —    A    UNE   COUSINE. 
(4®  année.) 

Ma  chère  cousine, 

Je  vais  vous  parler,  d'un  magnilique  cadeau  que  l'on  m'a 
fait  pour  ma  fête.  Il  a  été  trouvé  dans  un  grand  arbre  dans 
les  bois,  mon  oncle  Jean  l'a  pris  et  me  l'a  donné.  C'est  un 
bel  écureuil  gris,  avec  deux  yeux  ronds  et  brillants,  un  petit 
nez,  deux  oreilles,  une  bouche  et  un  cou,  un  gros  corps  dodu, 
quatre  pattes,  et  une  queue  soyeuse.  Il  a  dix-huit  ou  vingt 
pouces  (1)  de  long  et  de  quatre  à  six  de  haut.  Il  est  petit  et 
trapu,  il  me  mord  le -doigt,  et  quelquefois  il  aboie  après  moi; 
il  mange,  il  boit,  il  court.  II  est  apprivoisé  maintenant,  mais  il 
est  très-turbulent.  Il  me  cause  beaucoup  de  plaisir.  Il  mange 
des  gâteaux,  du  pain  et  des  châtaignes.  Maman  lui  achète 
une  livre  de  châtaignes  tous  les  jours.  Quand  je  l'appelle,  il 
accourt  rapide  comme  l'éclair.  Nous  l'appelons  Georgia.  J'aime 
beaucoup  Georgia.  Ne  croyez-vous  pas  que  vous  l'aimeriez? 
Dites-le-moi  dans  votre  lettre. 

Votre  fidèle  amie, 
Lena  P. 
Indianapolis  (Indiana). 

(1)  Le  pouce  anglais  vaut  :  0'^,0!25 


LETTRES.  109 

—    A   UNE  AMIE. 
(4^  année.) 
Indianapolis  (Indiana)  29  mars  1876. 


Ma  chère  amie. 


Dimanche  dernier,  en  allant  à  l'école  du  dimanche,  j'ai  ren- 
contré deux  tout  petits  garçons  qui  se  battaient,  et  je  leur  ai  dit 
qu'il  ne  faisaient  pas  bien,  qu'ils  devaient  cesser  de  se  cha- 
mailler et  venir  avec  moi  à  l'école  du  dimanche.  Là-dessus 
l'un  d'eux,  qui  était  un  peu  plus  petit  que  l'autre,  s'en  vint 
avec  moi  et  je  le  conduisis  à  l'inspecteur,  qui  le  mit  dans  un 
groupe.  En  m'en  retournant  à  la  maison,  il  me  dit  le  sujet  de 
sa  querelle  :  l'autre  petit  garçon  lui  avait  pris  son  canif.  Là- 
dessus  je  l'emmenai  avec  moi  pour  voir  si  nous  pouvions  décou- 
vrir le  petit  garçon.  >'ous  le  rencontrâmes,  il  retournait  chez 
lui  en  pleurant  et  il  était  très-fàché  de  ce  qu'il  avait  fait.  Je 
l'arrêtai  donc  et  lui  dis  qu'il  devait  rendre  le  canif.  11  le  rendit 
et  dit  qu'il  était  fâché  et  demanda  pardon.  Le  petit  Freddie  lui 
pardonna,  et  ils  s'en  allèrent  tous  les  deux  chez  eux  très-contents. 
Freddie  m'a  dit  qu'il  allait  à  l'école  du  dimanche  et  qu'il  était 
dans  une  charmante  classe.  Comme  je  n'ai  plus  rien  à  vous 
dire,  je  termine  ma  lettre. 

De  la  part  d'une  très-sincère  amie, 

Florence  L. 

Age  :  douze  ans. 


58.  —  A  UNE  AMIE. 
(4*  année.) 
Indianapolis  (Indiana),  29  mars  1876. 
Ma  chère  amie. 

J'ai  reçu  avec  plaisir  votre  aimable  lettre,  et  j'ai  appris 
avec  joie  que  Carrie  allait  à  Chicago. 

J'ai  été  à  une  réunion  qui  avait  lieu  à  l'occasion  de  la  fête 
de  quelqu'un  et  j'ai  joué  à  une  petite  fille  un  bon  tour.  J'avais 


110  GRAMMAR    SCHOOLS. 

un  miroir  que  je  couvr.ais  avec  une  serviette  et  je  lui  ai 
(Ismandé  quelle  espèce  de  bète  elle  voulait  voir.  Elle  voulut 
voir  uu  singe  :  je  levai  la  serviette  et  elle  s'y  vit. 

On  nous  fait  écrire  des  lettres  pour  le  Centenaire.  Miss  Fay, 
ma  maîtresse,  a  dit  :  «  Je  ne  crois  pas  que  les  autres  lettres 
soient  admises,  ï>  mais  qu'elle  pensait  que  celles-ci  le  seraient. 

J'ai  un  petit  oiseau  favori  qui  est  bien  apprivoisé.  Ce  matin, 
au  déjeuner,  j'ai  ouvert  la  porte  de  la  cage,  il  a  volé  sur  la 
table,  puis  il  s'est  jeté  dans  le  sucrier,  ce  qui  nous  a  fait  tant 
rire  que  j'ai  été  obligée  de  le  remettre  dans  sa  cage. 

Répondez-moi  promptement  et  vous  obligerez  votre  amie, 

Jessië  t. 
Age  :  onze  ans. 

59.   —  A   UN   PÈRE. 
{i°  année.) 

Indianapolis  l'Indiana),  29  mars  1876. 
Mon  cher  père, 

Nous  avons  reçu  avec  plaisir  votre  bonne  lettre  la  semaine 
dernière.  Vous  nous  faites  bien  défaut.  Maman  a  été  malade 
pendant  près  de  deux  semaines,  mais  elle  est  rétablie  mainte- 
nant. Samedi  dernier,  la  maison  était  pleine  de  monde.  Le 
soir  nous^avons  tous  été  nous  promener,  et  quand  nous  sommes 
rentrés,  le  bébé  était  très-malade.  Il  n'est  pas  encore  tout  ù 
fait  guéri.  Nous  avons  eu  un  orage  affreux  la  semaine  dernière 
et  il  fait  très-froid  maintenant.  Tous  les  ruisseaux  sont  gelés. 
Le  soir,  lorsque  j'ai  fini  mon  travail,  je  vais  quelquefois  pati- 
ner. Je  voudrais  bien  vous  parler  de  l'école.  Nous  apprenons 
la  petite  division  (1).  Je  l'aime  beaucoup  mieux  que  la  multi- 
plication et  la  soustraction.  Nous  désirons  tous  vous  voir  reve- 
nir bientôt.  Nous  sommes  bien  tristes  sans  vous.  Nous  n'avons 
plus  personne  pour  nous  raconter  des  histoires.  Nous  ne 
sommes  pas  heureux  quand  vous  n'êtes  pas  là. 

Votre  fille  affectionnée, 
Matilda  N. 
Age  :  douze  ans. 


i)  Division  avec  un  ou  deux  chiffres  au  diviseur. 


LETTRES.  lll 

60.    —  A   UNE   AMIE. 
(i"  année.) 
Indianapolis  (Indiaiia),  29  mars  1876. 
Ma  clière  amie, 

J'ai  voulu  vous  écrire  pour  vous  dire  combien  je  me  suis 
amusée  à  la  fête  de  Wasliiugtoa  (1).  Comme  il  n'y  avait  pas 
d'école,  nous  avons  passé  la  journée  à  notre  guise.  Le  matin, 
après  déjeuner,  j'ai  été  chez  ma  sœur  Kate,  où  j'ai  joué  un 
instant  avec  le  bébé.  J'ai  passé  le  reste  de  la  matinée  à  me 
préparer  à  aller  dans  l'après-midi  voir  jouer  le  Hoosier  School- 
master  par  les  élèves  de  High  School.  C'était  splendide  !  J'ai 
pensé  à  vous  plus  d'une  fois,  vous  vous  seriez  bien  amusée. 
Après  le  spectacle,  j'ai  été  prendre  le  thé  avec  une  de  mes 
amies.  Après  le  thé  nous  sommes  allées  à  une  soirée  où  nous 
nous  sommes  bien  amusées.  Nous  avons  joué  des  tours  et  nous 
avons  fait  beaucoup  d'autres  jeux  charmants.  Après  cette  réu- 
nion, je  suis  rentrée  à  la  maison.  Vous  pouvez  vous  imaginer 
si  j'étais  fatiguée.  Maintenant  que  je  vous  ai  raconté  toutes  les 
nouvelles,  je  terminerai  ma  lettre  en  vous  disant  de  m'écrira 
bientôt. 

Toute  à  vous, 

Lelia  K. 
Age  :  treize  ans. 

61.  —  A  UN  COUSIN. 

(•i^  année.) 

Indianapolis  (Indiana),  29  mars  1876. 

Cousin  George, 

Samedi  dernier  je  me  suis  levé  à  six  heures  ;  j'ai  fait  ma  toi- 
lette et  j'ai  déjeuné.  Comme  maman  faisait  la  cuisine  le  malin, 
il  fallut  couper  du  bois  et  aller  plusieurs  fois  chez  l'épicier.  J'ai 
dîné,  puis,  malgré  la  pluie  qui  a  duré  presque  toute  l'après- 

(l)  Anniversaire  de  la  naissance  de  Washington,  22  février. 


112  GUAMMAU    SCIIOOLS. 

midi,  j'ai  été  voir  les  Haverly's  Minstrels  (1).  Il  n'y  avait  pas 
beaucoup  de  monde  à  l'Académie  à  cause  du  temps  humide. 
C'était  très-amusant.  Avant  de  rentrer  à  la  maison  je  me  suis 
promené  dans  la  rue  du  Méridien  (côté  du  Sud)  jusqu'à  l'en- 
droit où  travaille  mon  père.  Je  crois  qu'il  était  environ  cinq 
heures  et  demie  quand  je  suis  arrivé  à  la  maison.  Ensuite  j'ai 
coupé  du  bois  et  préparé  le  feu  pour  faire  le  souper.  Le  souper 
prêt,  nous  nous  sommes  mis  à  table  ;  après  cela,  j'ai  étudié 
mes  leçons  pour  lundi,  et  puis  j'ai  été  me  coucher. 

Votre  cousin, 
Oscar  M. 

l^ge  :  douze  ans. 


62.  —  A  UNE  AMIE. 
(6''  année.) 

Dayton  (Ohio),  11  février  1876. 
Ma  chère  amie, 

Je  ne  puis  pas  venir,  ainsi  ne  m'attendez  pas.  C'est  bien 
ennuyeux.  Mon  oncle  m'a  envoyé  chercher  et  naturellement  il 
faut  que  j'y  aille,  mais  j'aimerais  mieux  aller  chez  vous.  J'en  ai 
été  si  vexée!  Mon  oncle  n'en  fait  jamais  d'autre  :  il  m'envoie 
toujours  chercher  les  jours  où  j'ai  envie  d'aller  ailleurs.  Je  vais 
vous  dire  (juelque  chose,  mais  il  ne  faut  pas  en  parler.  Vous 
viendrez,  votre  maman  a  dit  que  vous  le  pouviez.  Cela  sera 
plus  agréable,  n'est-ce  pas?  Je  viens  de  l'apprendre  à  l'instant, 
c'est  maman  qui  est  venue  me  le  dire.  Vous  viendrez  demain, 
et  je  serai  à  la  gare.  Nous  nous  amuserons  beaucoup,  c'est  à 
dix  milles  dans  la  campagne,  mais  c'est  bien  triste  lorsqu'on  y 
va  toute  seule. 

Toute  à  vous, 
Garrie  R. 

Age  :  treize  ans. 
2*  district. 


(1)  Les  représentations  des  Minstrels  sont  les  plus  originales,  sinon 
les  seules  originales,  du  théâtre  américain.  Les  Minstrels  sont  une 
troupe  d'acteurs,  dont  deu.K  nègres  (faux  nègres),  et  qui,  assis  en 
demi-cercle  sur  la  scène,  causent  ensemble  sur  les  événements  du 
jour,  les  célébrités  politiques,  les  questions  d'iutérôt  local.  C'est  la 
forme  américaine  de  la  Parabase  d'Aristophane. 


LETTRES.  113 

63.    —  A  UNE   AMIE. 
(6^  année.) 

Dayton  (Ohio),  11  février  1876. 


Ma  chère  ami 


e, 


J'ai  reçu  avec  plaisir  votre  aimable  lettre,  il  y  a  quelques 
jours.  J'ai  été  heureuse  d'apprendre  que  vos  fleurs  n'ont  pas 
souffert,  car  tela  aurait  été  une  grande  perle  pour  vous.  J'aime 
beaucoup  ma  nouvelle  école,  cependant  je  ne  l'aime  pas  autant 
que  notre  ancienne  école  de  campagne.  J'espère  aller  à  Louis- 
ville  cet  été,  car  je  désire  beaucoup  vous  revoir,  Avez-vous 
reçu  les  livres  que  je  vous  ai  envoyés?  Vous  plaisent-ils?  J'ai 
pensé  qu'ils  seraient  de  votre  goût.  Qui  est  ce  J.  B.  dont  vous 
parlez,  et  qui  est  venu  demeurer  dans  la  maison  voisine  de  la 
vôtre?  Le  temps  est  si  triste  que  je  suis  triste  aussi. 

Votre  amie  sincère, 
Nellle  s. 


Dayton  (Ohio).  École  du  2«  district. 


Age  :  onze  ans. 


64.  —  A  UN   COUSIN. 

Mon  cher  cousin  Jacques, 

Votre  lettre  du  24  février  m'est  parvenue  samedi  dernier. 
Vous  ne  sauriez  croire  combien  j'ai  été  content  de  recevoir  de 
vos  nouvelles.  Je  commençais  à  croire  que  vous  ne  m'écririez 
plus.  La  nouvelle  de  la  maladie  de  mon  oncle  David  m'a  fait 
beaucoup  de  peine.  Ce  n'est  pas  dangereux,  n'est-ce  pas?  Je 
ne  crois  pas  que  je  puisse  jamais  l'oublier,  parce  qu'il  était 
plein  de  bontés  pour  moi  quand  j'étais  tout  petit.  Espérons 
qu'il  se  rétablira  bientôt  et  qu'il  vivra  encore  de  nombreuses 
années  pour  nous  rendre  tous  heureux.  Je  suis  content 
d'apprendre  que  vous  vous  portez  bien  et  que  vous  allez  à 

8 


114  GRAMMAR    SCHOOLS. 

l'école.  Vous  voulez  savoir  si  j'y  vais  aussi,  ce  que  j'étudie  et 
à  quoi  je  vais  travailler  cette  année.  Eh  bien,  je  m'en  vais 
vous  le  dire. 

J'ai  commencé  d'aller  à  l'école  vers  le  l^""  décembre,  et  je  ne 
l'ai  pas  manquée  plus  de  deux  ou  trois  jours.  Dans  l'histoire 
des  Etats-Unis  nous  étudions  les  causes  de  la  Révolution  amé- 
ricaine. C'est  très-intéressant  maintenant.  Le  peuple  souffrit 
beaucoup.  Il  eut  beaucoup  de  courage.  Si  quelqu'un  de  ces 
soldats,  qui  combattirent  si  courageusement,  était  au  Cente- 
naire, je  pense  qu'on  le  traiterait  avec  beaucoup  de  respect. 

Dans  la  Tenue  de  livres  nous  étudions  la  partie  double.  C'est 
assez  difficile.  C'est  quelquefois  si  difficile  de  dire  si  les  effets 
reçus  et  les  effets  payés  sont  au  (lébit  ou  au  crédit.  Nous  avons 
cependant  une  règle  qui  nous  aide  un  peu.  Voici  celte  règle  : 
le  débit  est  ce  que  coûte  la  valeur  en  magasin,  et  le  crédit  est 
ce  que  produit  la  valeur. 

J'ai  terminé  mon  Arithmétique  il  y  a  déjà  quelque  temps. 
J'ai  travaillé  aux  Problèmes  du  Centenaire.  Quelques-uns  de 
ces  problèmes  ont  été  ratés,  comme  nous  disons  quelquefois. 
Il  y  en  avait  de  si  difficiles  que  je  n'ai  pas  pu  les  faire.  Il  faut 
que  nous  expliquions  les  problèmes  après  les  avoir  résolus,  et 
cela  est  quelquefois  assez  difficile  à  faire.  Mais  je  pense  qu'il 
est  très-utile  de  nous  forcer  à  donner  la  raison  de  ce  que  nous 
avons  fait  lorsque  nous  avons  trouvé  la  réponse  :  cela  nous 
apprend  à  penser. 

Nous  nous  servons  du  livre  d'Orthographe  analytique,  et  je 
crois  que  c'est  un  très-bon  livre;  nous  venons  de  le  terminer,  et 
nous  allons  le  recommencer.  Nous  faisons  une  espèce  de  recueil 
des  mots  difficiles  que  nous  trouvons  n'importe  où  dans  nos 
leçons  de  lecture.  Notre  maître  nous  donne  aussi  beaucoup  de 
mots  difficiles  que  nous  mettons  dans  ce  recueil,  je  vais  en 
citer  quelques-uns  :  indélébile,  médullaire,  infranchissable, 
impassible,  Champagne,  campagne,  jarret. 

Je  ne  suis  pas  aussi  avancé  dans  la  Grammaire  que  je  vou- 
drais l'être,  mais  je  travaille  assez  bien.  On  nous  donne  beau- 
coup de  phrases  à  écrire,  c'est  un  très-bon  exercice,  parce  que 
cela  nous  habitue  à  mettre  nos  pensées  sur  le  papier.  Mes 
autres  études  sont  l'Algèbre  et  la  Géographie.  En  somme,  je 
crois  que  je  travaille  assez  bien.  J'espère  aller  bientôt  à 
New  York  pour  travailler  dans  une  manufacture  de  tapis.  Je 
pense,  Jacques,  que  vous  ne  tarderez  pas  à  répondre  à  cette 
lettre  et  que  vous  me  direz  ce  que  vous  étudiez.  Présentez  mes 


LETTRES.  115 

respects  à  votre  père,  à  votre  mère  et  faites   mes  amitiés  à 
votre  petit  frère. 

Tout  à  vous, 

Edward  M. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Perrinevilie,  comté  de  Monmouth  (New  Jersey).  District  n°  27. 


65.   —  A  UNE  AMIE. 

Ma  chère  amie. 

J'ai  promis  de  vous  raconter  ma  visite  à  New  York  aussitôt 
mon  retour,  et  je  vais  essayer  de  le  faire.  Le  train  quitta 
Boston  à  dix  heures  ;  j'y  fus  bientôt  installée  commodément  et 
emportée  au  loin  avec  rapidité.  On  s'arrêta  à  Springfield  à  une 
heure,  et  tout  le  monde  se  précipita  au  buffet  pour  le  déjeuner. 
Le  train  arriva  à  New  York  à  cinq  heures  ;  j'allai  immédiate- 
ment à  Sturtevant  House,  enchantée  de  trouver  le  repos. 

Le  lendemain  matin  je  me  réveillai  de  bonne  heure  au  bruit 
des  grelots  des  omnibus  et  du  roulement  des  charrettes.  Les  hôtels 
ont  une  coutume  charmante  :  celle  de  donner  des  fruits  aux 
hôtes  pendant  qu'ils  attendent  leur  déjeuner. 

Les  bruits  des  rues,  c'est-à-dire  les  cris  du  laitier  et  des 
marchands  de  fruits,  sont  tout  à  fait  différents  ici  de  ceux  que 
nous  entendons  dans  les  États  de  notre  Nouvelle-Angleterre. 
Les  rues  ne  sont  pas  semblables  aux  rues  biscornues  de  Boston; 
les  avenues  sont  du  nord  au  sud,  tandis  que  les  rues  forment 
des  angles  droits  de  l'est  à  l'ouest.  Elles  sont  numérotées  dans 
la  nouvelle  partie  de  la  cité  au  lieu  de  porter  un  nom  parti- 
culier. 

Les  éghses  y  sont  très-élégantes,  surtout  à  l'intérieur.  Dans 
une  de  celles  que  j'ai  visitées,  les  douze  apôtres  étaient  peints 
sur  les  panneaux  des  murs,  et  sur  la  plate-forme  il  y  avait 
l'image  de  Jésus  sur  la  croix.  Il  y  a  de  splendides  bâtiments  en 
marbre,  entre  autres  la  résidence  privée  de  Stewart,  ornée  de 
dorures,  les  grands  magasins  et  une  nouvelle  cathédrale  catho- 
lique, qui,  dit-on,  pourra  rivaliser  avec  celles  de  l'Europe. 

Si  jamais  vous  allez  à  New  York,  n'oubliez  pas  de  visiter  le 
Parc  central.  En  hiver  les  étangs  sont  couverts  de  patineurs  et 
entourés  d'une  foule  immense  qui  y  vient  tous  les  jours.   Les 


116  GRAMMAR    SCHOOLS. 

dames  ont  bon  goût  et  s'habillent  à  la  mode  française.  Presque 
à  chaque  détour  d'une  rue  on  est  arrêté  par  un  mendiant  qui 
demande  l'aumône.  Il  ne  faut  pas  que  j'oublie  de  vous  parler 
des  chiffonniers  ;  ils  tiennent  dans  leurs  mains  les  limons  d'une 
charrette  auxquels  sont  attachés  deux  chiens  qui  traînent  tout 
Je  fardeau.  Des  sonnettes  de  toutes  les  dimensions  et  de  tous 
les  ions  sont  fixées  à  deux  perches  qui  sont  dans  la  charrette. 
A  chaque  mouvement  ces  sonnettes  s'agitent  et  font  un  bruit 
-extraordinaire. 

Il  faut  que  je  termine  ma  lettre,  car  vous  devez  être  fatiguée 
de  lire  tout  cela.  J'espère  recevoir  bientôt  de  vos  nouvelles  et 
suis 

Votre  amie  affectionnée, 
Ida  Ch. 

Age  :  treize  ans. 
Boston  (Charlestown).  Harvard  grammar  School. 


66.  —  au  président  grant. 

A  Son  Excellence  le  Président  de  cette  glorieuse 
et  ancienne  Union. 

Mon  cher  Monsieur, 

Comme  vous  n'avez  jamais  entendu  parler  de  moi,  j'espère 
que  vous  pardonnerez  à  un  inconnu  la  liberté  qu'il  prend  de 
vous  écrire,  et  que  vous  lui  permettrez  de  se  présenter.  Je  suis 
né  dans  le  petit  État  que  les  Philadelphiens  appellent  quelque- 
fois l'Espagne.  Nous  cultivons  beaucoup  de  pommes  de  terre 
douces  et  nous  nous  sentons  à  peu  près  aussi  indépendants  que 
les  autres  États  de  l'Union.  Il  n'y  a  que  des  patriotes  ici,  et  si 
notre  petit  État  est  sablonneux,  il  a  toujours  joué  son  rôle  dans 
la  glorieuse  Union.  Vive  New  Jersey  !  vive  Grant  !  vivent  les 
États-Unis  !  et  vive  moi  ! 

Je  suppose  que  vous  voyez  avec  plaisir  s'approcher  le  Cente- 
naire et  que  vous  souhaitez  que  le  moment  de  le  commencer 
soit  déjà  arrivé.  Les  bâtiments  sont  très-convenables,  mais  ils 
ne  sont  pas  aussi  jolis  qu'ils  le  paraissent  sur  les  gravures.  J'ai 
été  les  voir  et  je  crois  qu'ils  seront  très-beaux  quand  ils 
seront  terminés,  car  ils  auront  alors  un  grand  air  de  propreté. 
Naturellement  Votre  Excellence  assistera  à  cette  fête  et  peut- 


LETTRES.  117 

être  serez- vous  un  peu  surpris  ou  amusé  en  voyant  qu'un 
écolier  a  écrit  une  lettre  à  vous  dont  il  ne  sait  rien,  si  ce  n'est 
ce  qu'il  a  lu  dans  les  livres  et  dans  les  journaux.  Ce  que  j'en  ai 
appris  de  cette  manière  est  bien  peu  de  chose,  cependant  c'est 
plus  que  d'autres  n'en  savent,  car  j'aime  à  lire.  Les  tours  des 
bcàtiraents  du  Centenaire  sont  très-hautes,  et  en  y  montant  on 
peut  voir  la  ville  et  le  parc  qui  l'entoure.  Je  pense  que  moyen- 
nant une  légère  dépense  vous  pouvez  voir  autant  de  curiosités 
et  autant  d'étrangers  que  si  vous  voyagiez  dans  tout  le  monde 
en  exjjosant  inutilement  votre  vie. 

Peut-être  avez-vous  beaucoup  voyagé  et  vu  beaucoup  d'é- 
tranges spectacles  ;  mais  j'imagine  que,  lorsque  vous  aurez 
visité  tous  les  bâtiments  du  Centenaire,  vous  les  regarderez 
comme  un  des  plus  magnifiques  spectacles  que  vous  ayez 
jamais   vus. 

11  y  aura  des  têtes  couronnées  qui  viendront  de  l'autre  côté 
de  l'Océan,  et  je  pense  que  toutes  voudront  voir  l'homme  qui 
préside  aux  destinées  des  États-Unis,  ce  pays  qui  est  encore 
dans  l'enfance. 

Je  vous  loue  pour  la  conduite  héroïque  que  vous  avez  tenue 
pendant  la  dernière  révolte,  en  combattant  pour  votre  dra- 
peau, pour  votre  pays  et  pour  la  bonne  cause.  On  entendit 
beaucoup  d'exclamations  de  surprise,  lorsqu'on  apprit  dans  le 
>'ord  les  exploits  hardis  et  audacieux  que  vous  aviez  accomplis 
dans  le  Sud  et  le  zèle  avec  lequel  vous  commandiez  vos  troupes 
pendant  ces  quatre  années  de  luttes  et  de  soutfrances,  qui  pri- 
vèrent tant  de  familles  de  leur  soutien  et  de  leur  foyer. 

Vous  êtes  à  votre  place  à  la  Présidence,  et,  si  c'était  l'habi- 
tude des  États-Unis,  vous  mériteriez  d'être  élu  une  troisième 
fois;  mais  comme  ce  n'est  pas  la  coutume,  j'imagine  que  vous 
ne  voudrez  pas  violer  les  lois  du  pays. 

Je  répète  :  Vive  Grant!  vive  l'Union  !  vive  le  monde  entier! 
Je  demeure  votre  admirateur  et  votre  humble  ami, 

AV.  BuRR  H.  St. 
Age  :  quatorze  ans. 
Au  Président  Grant. 

Glendale,  comté  de  Camden  (New  Jersey).  District  n^  '26. 


118  GRAMMAR   SCHOOLS. 

V.  —  Excreîces  de  style  :  la  vîe  doiiiesiique. 

67.  —  MA  PREMIÈRE  EXPÉRIENCE  DE  MÉNAGE. 

C'est  la  première  fois  que  j'essaye  de  tenir  une  maison  toute 
seule,  et  j'espère  que  je  réussirai  à  bien  faire. 

C'est  aujourd'hui  jeudi  matin,  et  maman  s'en  va  à  sept  heures 
et  demie.  Papa  la  conduit  à  la  gare,  puis  elle  s'en  va  toute 
seule  chez  grand'maman  ;  elle  reviendra  d'aujourd'hui  en  quinze, 
s'il  ne  survient  rien. 

Mais  il  ne  faut  pas  que  je  reste  assise  ici  à  écrire,  car  j'ai 
mon  lit  à  faire,  maman  a  fait  le  sien  avant  de  partir. 

Là!  j'ai  fait  proprement  mon  lit;  maintenant  il  faut  que  je 
repasse  mes  leçons.  Je  ne  les  sais  pas  très-bien,  et  quand  je 
les  saurai,  il  faudra  que  je  me  prépare  pour  la  classe.  Je  fais 
ainsi  deux  choses  à  la  fois  :  je  tiens  le  ménage  et  je  vais  à 
l'école. 

Je  suis  prête  maintenant,  et  je  crois  que  je  vais  partir. 

J.'arrive  à  la  maison,  je  reviens  de  l'école.  11  fait  très-froid 
dehors  et  je  commence  à  avoir  mal  à  la  tète  :  c'est  le  temps 
froid  qui  en  est  cause.  Je  vais  me  faire  une  compresse  de  rhum. 
Maintenant  c'est  tout  à  fait  passé  et  je  vais  écrire  un  peu. 

Il  est  maintenant  cinq  heures,  et  il  faut  que  je  fasse  le  feu, 
car  papa  ne  va  pas  tarder  à  rentrer.  Je  me  demande  ce  que 
nous  aurons  pour  le  thé.  Papa  voudrait  des  pommes  de  terre 
frites;  je  les  aime  beaucoup  et  papa  aussi. 

Oh!  le  voilà;  il  a  froid  aussi,  comme  moi  quand  je  suis  ren- 
trée, et  il  ne  fait  pas  très-chaud  dans  la  salle  ;i  manger.  Allons, 
je  vais  préparer  le  thé.  Je  veux  m'asseoir  à  la  place  de  maman 
et  faire  comme  si  j'étais  elle,  Nous  avons  terminé  notre  souper 
et  papa  va  m'aider  à  desservir.  Maintenant  c'est  lini,  et  je 
vais  dans  le  salon  étudier  mes  leçons.  Lorsque  j'aurai  lini,  je  me 
remettrai  à  écrire.  Allons,  j'ai  écrit  assez  pour  un  jour,  je  vais 
lire  un  chapitre  de  la  Bible,  j'embrasserai  papa  et  j'irai  me 
coucher. 

Vendredi  1-i. 

Ce  matin  j'ai  été  éveillée  par  papa,  qui  m'a  dit  de  me  lever. 
La  matinée  était  très-froide  ;  je  me  suis  habillée  et  je  suis  des- 


LA   VIE   DOMESTIQUE.  119 

cenilue.  C'est  la  première  fois  que  je  déjeune  sans  manaan. 
Nous  avons  fini  de  déjeuner  et  j'ai  lavé  la  vaisselle.  Je  vais 
repasser  un  peu  mes  leçons.  Maintenant  je  vais  me  préparer 
pour  aller  à  l'école. 

Je  suis  revenue  de  très-bonne  heure  de  l'école.  Aujourd'hui 
j'ai  à  balayer.  J'ai  bien  envie  de  remettre  à  demain  une  partie 
du  balayage.  11  faudra  que  je  balaye  la  chambre  à  coucher  de 
maman,  le  salon  et  ensuite  j'irai  m'asseoir  pour  écrire.  Il  est 
temps  de  faire  le  feu  et  de  préparer  le  souper.  Je  crois  que  c'est 
l'heure  où  papa  doit  rentrer.  Je  voudrais  qu'il  rentrât.  Oh!  le 
voici.  Allons,  je  vais  préparer  le  thé.  Je  crois. que  nous  allons 
manger.  Je  suppose  que  papa  va  me  laver  la  vaisselle,  je  passe 
dans  l'autre  chambre.  J'ai  bien  sommeil,  si  je  me  couchais? 

Samedi  matin. 

J'ai  terminé  mon  balayage,  j'ai  bien  épousseté,  puis  j'ai 
arrosé  les  fleurs.  Il  faut  que  je  prépare  le  dîner  de  bonne 
heure,  parce  que  papa  et  moi  nous  allons  aile*  nous  promener 
en  voiture. 

Ah!  nous  voilà  revenus,  après  nous  être  bien  promenés  en 
voiture. 

Je  suppose  qu'il  nous  faut  encore  souper.  11  me  semble  que 
nous  ne  faisons  que  manger.  J'ai  souvent  entendu  dire  à  maman 
que  tout  son  temps  se  passait  à  préparer  les  repas,  et  je  com- 
mence à  croire  que  c'est  vrai. 

Dimanche  après-midi. 

Papa  et  moi  nous  allons  à  l'école  du  dimanche  dont  il  est 
inspecteur. 

A  la  bonne  heure,  c'est  aujourd'hui  jeudi  et  maman  sera  ici 
aujourd'hui.  Je  suis  bien  contente,  parce  que  c'est  la  même  chose 
tous  les  jours.  Je  n'aime  pas  îi  tenir  le  ménage,  j'aime  mieux  allei- 
à  l'école.  Je  voudrais  qu'ils  fussent  arrivés.  Je  vais  voir  quelle 
heure  il  est.  Mais  il  fait  bien  de  la  boue,  et  puis  le  pauvre 
Chariot  est  un  peu  malade  et  il  faudra  que  la  voiture  aille  len- 
tement. Il  me  semble  que  j'entends  venir  une  voiture,  je  vais 
courir  voir.  Oh  !  oui,  la  voihà;  ils  viennent,  je  crois  que  je  ne 
vais  pas  m'ennuyer  plus  longtemps  à  écrire  cette  composition, 
ainsi  :  adieu. 

Ella  L. 
Age  :  douze  ans. 
Comté  de  Bergen  (New  Jersey).  District  n"  38. 


120  GRAMMAR   SCHOOLS. 


68.  —  LE    MÉNAGE. 


I.'une  des  plus  grandes  sources  d'embarras,  lorsqu'on  est 
mariée,  c'est  l'ignorance  des  devoirs  et  des  responsabilités  qui 
incombent  à  la  femme  dans  le  ménage.  De  nos  jours  il  y  a  cent 
dames  qui  savent  tapoter  sur  le  piano,  pour  une  qui  sait  faire 
une  miche  de  bon  pain.  Lorsqu'elles  sont  jeunes  fdles,  la  pensée 
qu'elles  deviendront  bientôt  maîtresses  de  maison  ne  se  pré- 
sente que  bien  rarement,  ou  même  ne  se  présente  presque 
jamais,  à  leur  esprit.  Il  est  vrai  qu'elles  songent  au  mariage^ 
mais  elles  oublient  que  le  mariage  et  le  ménage  sont  insépa- 
rables. Oh!  non,  leur  temps  est  trop  bien  pris  par  la  musique, 
le  français  et  les  autres  arts  d'agrément  pour  qu'elles  puissent 
perdre  même  une  heure  et  s'abaisser  à  faire  ce  qu'elles  appellent 
!e  travail  d'une  .servante.  Ou  bien  elles  se  figurent  peut-être 
([u'elles  pourront  plus  facilement  apprendre  à  tenir  un  ménage 
quand  il  leur  faudra  s'occuper  d'une  maison,  qu'elles  ne  le 
peuvent  lorsqu'elles  sont  demoiselles  et  qu'elles  vont  à 
l'école. 

Qu'il  est  malheureux  pour  une  jeune  fille  de  grandir  et  de 
devenir  femme  avec  de  telles  idées  dans  l'esprit,  et  d'ignorer  que 
tout  le  bien-être  et  tout  le  bonheur  domestique  dépendent  de 
la  maîtresse  de  maison!  Combien  de  dames  très-riches  qui  sont 
obligées  de  s'en  remettre  à  d'indignes  domestiques  et  à  des 
mercenaires  pour  tenir  leur  ménage,  afin  d'avoir  le  temps  de 
l'aire  des  visites,  d'en  recevoir  et  de  ne  pas  être  ennuyées  par 
les  affaires  du  ménage!  Mais  la  richesse  s'en  va  quelquefois 
plus  vite  qu'elle  n'est  venue,  et  les  domestiques  la  suivent  natu- 
rellement ;  alors  plus  d'une  dame  est  obligée  de  faire  son  travail, 
et  elle  fait  triste  figure  dans  son  ménage.  Elle  verra  alors  la 
difterence  qu'il  y  a  entre  une  bonne  et  une  mauvaise  ménagère. 
Ses  idées  se  modifieront  complètement,  elle  ne  pensera  plus 
comme  elle  pensait  quand  elle  était  demoiselle  et  qu'elle  allait 
à  l'école,  ou  qu'elle  vivait  dans  le  beau  monde  avant  son  mariage; 
car  alors  elle  se  figurait  qu'elle  aurait  bien  assez  d'argent  pen- 
dant toute  sa  vie  pour  payer  des  domestiques  qui  tiendraient  sa 
maison. 

H  y  a  un  vieux  proverbe  qui  dit  :  «  Si  une  jeune  fille  veut 
être  aimée  et  respectée  par  son  mari,  il  faut  qu'elle  apprenne 


LA   VIE    DOMESTIQUE.  121 

à  faire  du  pain  léger,  car  son  pain  léger  rendra  le  cœur  de  son 
mari  léger  et  exempt  de  soucis.  > 

Mary  L. 

Age  :  quatorze  ans. 
Avondale,  comté  de  Hamilton  (Ohio). 


69.  —  JE  VAIS  A  LA  MAISON. 

(Jueile  émotion,  quelle  joie,  quel  plaisir  remplit  le  cœur  de 
l'écolière  !  quelle  espérance,  quelle  animation,  se  lit  sur  son 
visage  !  quels  beaux  rêves  elle  fait  lorsipie  la  session  tire  à  sa 
lin  et  qu'elle  s'écrie  joyeusement  :  «  Je  vais  à  la  maison!  » 

Elle  peut  avoir  passé  bien  des  jours  heureux  avec  ses  maî- 
tresses bien-aimées  et  avec  ses  charmantes  camarades  ;  cepen- 
dant après  une  longue  absence,  après  beaucoup  de  fatigue  et 
de  travail,  elle  ne  peut  s'empêcher  de  se  réjouir  en  pensant 
qu'elle  retourne  chez  elle,  où  elle  retrouvera  ces  êtres  aimés  et 
chéris  qui  l'attendent  avec  tant  d'impatience. 

«  Je  vais  à  la  maison  »  est  une  pensée  bien  douce  à  tous  les 
cœurs  qui  ont  la  moindre  parcelle  d'affection  humaine. 

Le  pauvre  laboureur  est  charmé  par  cette  pensée  :  «  Je  vais  à 
la  maison,  d  lorsque  le  jour  se  termine  et  que  le  grand  dispen- 
sateur delà  lumière  et  de  la  chaleur  disparait  derrière  l'horizon. 

Le  petit  écolier  est  enchanté  lorsqu'il  s'élance  en  bondissant 
et  en  chantant  joyeusement,  lorsqu'il  quitte  la  vieille  petite 
maison  d'école  et  que,  son  petit  sac  et  son  ardoise  à  la  main,  il 
dirige  ses  pas  vers  sa  maison. 

Le  matelot,  après  avoir  été  ballotté  sur  les  flots  inconstants 
de  l'Océan,  pousse  des  cris  de  joie  lorsqu'il  entend  ce  cri  : 
«  En  partance  pour  le  pays  !  »  et  il  pense  qu'il  va  revoir  ce 
petit  coin  de  terre  tant  aimé  et  si  sacré,  son  foyer  domestique. 

Lorsque  les  soldats  étaient  bien  loin  de  leurs  foyers,  ardem- 
ment occupés  à  réprimer  cette  affreuse  révolte,  quelle  joie, 
quelle  gaieté  ne  remplit  pas  leurs  cœurs  lorsqu'ils  entendirent 
retentir  ce  cri  :  «.  Nous  retournons  à  la  maison  !  » 

Il  y  a  une  njaison  dont  nous  ne  pouvons  qu'en  partie  nous 
figurer  les  gloires;  nous  savons  qu'il  y  règne  une  paix,  une  joie 
parfaite,  que  jamais  les  nuages  du  chagrin  ne  voilent  la  lumière 
de  sa  joie  parfaite,  que  jamais  les  ombres  n'obscurcissent 
l'éclat  d'un  endroit  si  brillant. 

Lorsque  la  nuit  de  la  terre  sera  passée,  lorsque  nous  aurons 


122  GRÂMMAR   SCHOOLS. 

terminé  notre  voyage  de  retour,  lorsque  nous  n'aurons  plus  à 
lutter  avec  la  vie',  lorsque  nous  aurons  conduit  notre  petite 
barque  saine  et  sauve  près  de  la  terre  promise  et  en  vue  du 
Port  du  Repos,  nous  pourrons  chanter  avec  notre  dernier  sou- 
pir :  «  Je  vais  à  la  maison.  » 

Carrie  g. 
Age  :  quinze  ans. 
Comté  de  Middlcsex  (New  Jersey). 


70.    —   LES   PETITES  FILLES   SONT  LA   JOIE   DE   LA   MAISON. 

Petites  filles,  j'ai  souvent  remarqué  avec  quelle  patience  et 
avec  quelle  fidélité  nous  travaillons  pour  Noël  lorsqu'il  s'ap- 
proche. 

Nous  faisons  appel  à  nos  mains  et  à  nos  intelligences  pour 
trouver  d'ingénieux  moyens  de  rendre  heureux  nos  amis  et  ceux 
qui  sont  chez  nous,  à  l'époque  de  cette  grande  fête.  Puisque 
nous  pouvons  nous  donner  tant  de  mal  pour  avoir  le  plaisir  do 
voir  nos  parents  et  nos  amis  heureux  pendant  un  seul  jour,  ne 
serions-nous  pas  bien  payées  des  petits  sacrifices  que  nous 
ferions  pour  les  voir  heureux  pendant  toute  l'année  ? 

Je  crains  bien,  petites  filles,  que  nous  ne  fassions  pas  tous 
nos  efforts  pour  faire  régner  le  bonheur  dans  la  maison  ;  et 
pourquoi  cela  ?  Je  vous  demande  si  nous  ne  devrions  pas  être 
aussi  désireuses  de  rendre  ceux  qui  nous  entourent  heureux 
pendant  toute  l'année,  que  nous  le  sommes  de  les  rendre  heu- 
reux pendant  un  seul  jour?  Ne  serions-nous  pas  payées  de  nos 
peines?  Je  crois  que  nous  le  serions.  Quoi  qu'il  en  soil,je  veux 
essayer. 

Pour  cela  il  ne  faudra  ni  porte-montres  ornés  de  perles,  m 
pantoulles  brodées,  ni  belles  devises  brodées  en  soie  ou  en 
iaine,  ni  rien  de  ce  genre,  mais  il  faudra  de  la  patience. 

Les  petites  filles  qui  ont  d'assez  grands  trésors  de  cette 
vertu  trouveront  peu  de  difficulté,  mais  celles  qui  ont  un  tem- 
pérament volcanique  (comme  moi,  par  exemple)  seront  obli- 
gées de  se  surveiller  et  de  travailler  ferme. 

Lorsque  vous  retournez  chez  vous  après  l'école,  et  que  vous 
êtes  fatiguées  et  peut-être  épuisées  par  les  études  de  la  journée 
(la  fatigue  contribue  rarement  à  calmer  les  nerfs},  vous  trouvez 
quelquefois  qu'il  y  a  quelque  chose  qui  va  mal,  maman  est 
à  moitié  malade,  et,  de  plus,  elle  est  de  mauvaise  humeur. 


LA    VIE   DOMESTIQUE,  123 

C'est  ce  qui  arrive  ordinairement  les  jours  de  lessive.  Je  ne 
sais  pas  comment  cela  se  fait,  mais  il  est  rare  que  tout  ne 
s'obstine  pas  à  aller  de  travers  ce  jour-là. 

Peut-être  trouverez-vous  le  bébé  occupé  à  s'amuser  au  grand 
détriment  de  votre  boîte  de  couleurs,  ou  à  faire  quelque  autre 
mauvais  coup.  Alors  vous  voudrez  gronder  :  mais  ne  le  faites 
pas,  petites  filles,  car  cela  ne  rendrait  personne  heureux,  et 
cela  ne  ferait  qu'aigrir  tout  le  monde. 

Vous  pouvez  avoir  à  employer  la  douceur  et  la  persuasion 
pour  engager  bébé  à  renoncer  à  ces  jolis  joujoux  avec  lesquels 
il  s'est  tout  barbouillé,  mais  ne  grondez  pas  :  jetez-vous  au 
plus  fort  de  la  bagarre,  comme  disent  les  garçons,  et  aidez 
maman  ;  alors  vous  ne  tarderez  pas  à  voir  sa  mauvaise  humeur 
se  dissiper. 

Direz-vous  que  vous  êtes  fatiguée  et  que  vous  n'avez  pas  le 
cœur  au  travail  '*  Maman  n'est-elle  pas  fatiguée  aussi  ?  Et 
croyez-vous  qu'elle  ait  le  cœur  au  travail  plus  que  vous? 

Maintenant,  parlons  des  garçons. 

Faut-il  vous  étonner  qu'ils  prennent  leurs  chapeaux  aussitôt 
après  le  thé  et  qu'ils  s'en  aillent,  si  maman  et  les  sœurs  sont 
de  mauvaise  humeur  et  si  tout  est  en  confusion?  Petites  filles, 
ne  croyez-vous  pas  que  nos  frères  seraient  plus  disposés  à  pas- 
ser leurs  soirées  à  la  maison  si  nous  savions  la  leur  rendre  plus 
agréable  et  si  nous  ne  les  ennuyions  pas  ? 

Car,  petites  filles,  si  les  garçons  ne  trouvent  pas  le  plaisir  et 
le  bonheur  à  la  maison,  ils  le  chercheront  ailleurs.  Alors  ils 
commencent  à  croire  que  les  personnes  de  la  maison  ne  se 
soucient  pas  d'eux,  puis  ils  en  sont  sûrs  ;  puis  ils  se  disent 
que  si  personne  ne  se  soucie  d'eux,  ils  seraient  bien  bons  de 
se  soucier  des  autres  et  d'eux-mêmes. 

Petites  filles,  vous  connaissez  toutes  les  conséquences  de  ce 
raisonnement,  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  les  décrire;  du  reste, 
je  n'aurais  pas  assez  de  talent  pour  faire  un  tel  portrait. 

Mais,  d'un  autre  côté,  si  les  garçons  sont  trop  prompts  à 
trouver  que  maman  et  les  sœurs  sont  de  mauvaise  huuieur 
quelquefois,  se  disent-ils  qu'ils  en  sont  la  cause?  Ils  ne  veulent 
pas  admettre  que  nous  sommes  les  plus  fortes,  oh  !  non  ; 
mais  si  nous  ne  sommes  pas  les  plus  fortes  physiquement, 
pourquoi  le  serions-nous  intellectuellement  ? 

S'imaginent-ils  que  nous  n'avons  rien  qui  nous  ennuie  ou 
nous  irrite?  Qu'ils  prennent  notre  place  et  qu'ils  soient  sujets 
à  tous  les  petits  ennuis  qu'on  ne  peut  pas  éviter  dans  un  mé- 


124  GRAMMAR   SCHOOLS. 

liage,  et  nous  verrons  s'ils  ne  sont  pas  quelquefois  de  mauvaise 
humeur. 

C'est  naturellement  noire  faute,  disent-ils  ;  nous  ne  devrions 
pas  nous  laisser  abattre  par  de  telles  bagatelles,  et  nous  ne 
devrions  pas  nous  abandonner  à  notre  humeur.  Cependant  nous 
sommes  des  êtres  humains  et  nous  ne  pouvons  pas  résister  à 
tout;  si  la  maison  est  désagréable  pour  les  garçons,  s'il  faut 
absolument  qu'ils  la  quittent  pour  aller  chercher  du  plaisir 
ailleurs,  pourquoi  n'en  ferions-nous  pas  autant? 

Les  garçons  supposent-ils  que  nous  ne  ferions  pas  de  nou- 
veaux efforts  pour  leur  rendre  la  maison  agréable,  s'ils  nous 
encourageaient  un  peu  ou  s'ils  témoignaient  qu'ils  prennent 
quelque  plaisir  dans  notre  société  ?  Qu'ils  essayent,  et  ils 
verront. 

Sarah  F. 
Age  ;  treize  ans. 
Comté  de  Cumberland  (New  Jersey).  District  i\°  4-1. 


71.    —   LA   COMMÈRE. 

Les  commères  sont  des  personnes  qui  vont  de  tous  côtés 
raconter  ce  qu'elles  voient  et  ce  qu'elles  entendent  dire  sur 
leurs  voisins.  Les  personnes  qui  sont  toujours  oisives  ne 
manquent  pas  d'être  les  plus  grandes  commères.  On  ne  les 
trouve  que  bien  rarement  chez  elles.  Le  matin,  avant  de  termi- 
ner leur  ouvrage,  elles  vont  cancaner  chez  leurs  voisines. 

Il  y  en  a  qui  balayent  le  devant  de  leur  porte  tous  les  matins; 
tout  en  faisant  cette  besogne,  elles  s'appuient  sur  le  manche  de 
leur  balai  et  causent  avec  leurs  voisines. 

Il  en  est  de  même  des  écoliers  et  des  écolières.  Lorsqu'ils 
arrivent  à  l'école,  au  lieu  de  s'asseoir  et  d'étudier  leurs  leçons, 
ils  vont  d'un  banc  à  l'autre  et  racontent  à  leurs  camarades  ce 
qui  s'est  passé  la  veille. 

Les  cancans  et  les  commérages  ruinent  la  réputation  de 
beaucoup  d'honnêtes  gens.  On  peut  comparer  le  commérage  à 
une  boule  de  neige.  Si  nous  la  roulons  dans  la  neige ,  elle 
deviendra  très-grosse,  car,  àmesureque  nous  la  faisons  tourner, 
la  neige  s'y  attache.  Lorsque  nous  avons  fini  de  la  rouler,  elle 
est  si  grosse  que  nous  ne  croirions  jamais  que  c'est  la  même. 

Ainsi  font  les  commères.    Lorsqu'elles    voient  ou   qu'elles 


LA   VIE   DOMESTIQUE.  125 

apprennent  le  moindre  défaut  chez  leurs  voisins,  elles  ne 
manquent  pas  de  Je  colporter  de  tous  côtés,  et  chaque  fois 
qu'elles  en  parlent,  elles  y  ajoutent  quelque  chose  ;  enlin, 
lorsque  l'histoire  arrive  aux  oreilles  de  la  personne  intéressée, 
elle  est  tellement  augmentée,  qu'elle  n'est  plus  reconnaissable. 
C'est  pour  cela  que  les  commères  ont  tant  d'ennemis.  Si,  au 
lieu  de  courir  de  tous  côtés  comme  elles  font,  elles  restaient 
chez  elles  et  faisaient  leur  travail  comme  il  doit  être  fait,  et  si 
au  lieu  d'essayer  de  ternir  la  réputation  des  autres,  elles  son- 
geaient à  conserver  la  leur,  elles  auraient  plus  d'amis,  et  s'expo- 
seraient à  beaucoup  moins  d'avanies.  Il  faut  éviter  de  telles 
personnes  si  nous  tenons  à  notre  tranquillité.  S'il  n'y  avait  pas 
tant  de  commères  dans  ce  monde,  on  serait  bien  plus  heureux. 

Mary  K. 

Age  :  treize  ans. 
York  (Pensylvanie). 


72.  —  l'exemple  vaut  mieux  que  le  précepte. 

L'exemple  vaut  mieux  que  le  précepte  :  c'est  ce  que  peut 
voir  quiconque  a  du  bon  sens.  Les  petits  garçons  disent  géné- 
ralement :  ((  Je  ferai  comme  papa,  car  papa  est  un  homme  et 
il  sait  se  conduire  en  homme;  et  si  je  fais  comme  lui,  je  serai 
bientôt  un  homme  aussi.  »  Et  les  petites  filles  disent  :  «  Je  ferai 
comme  maman,  car  maman  est  une  femme  et  elle  sait  se  con- 
duire en  femme  ;  et  si  je  fais  comme  elle,  je  serai  bientôt  une 
femme  aussi.  »  Les  parents  ne  savent  pas  avec  quelle  attention 
leurs  enfants  épient  et  imitent  leurs  moindres  mouvements.  Je 
crois  que  lorsque  les  parents  conduisent  leurs  enfants  partout 
où  ils  vont,  dans  les  bons  et  dans  les  mauvais  endroits,  ils 
devraient  veiller  soigneusement  sur  leur  propre  conduite. 

Vous  pouvez  juger  les  parents  assez  exactement  d'après  leurs 
enfants.  Les  parents  peuvent  dire  à  leurs  enfants  ce  qui  est 
bien  et  les  punir  s'ils  font  mal  ;  mais  cela  sera  inutile  à  moins 
qu'ils  ne  leur  donnent  l'exemple.  Combien  de  fois  n'arrive-t-il 
pas  qu'un  père  jure  devant  son  enfant  et  le  punit  ensuite  s'il 
répète  ces  jurements?  L'enfant  pourrait  bien  lui  dire  :  «  Mais, 
mon  père,  je  ne  sais  pas  pourquoi  vous  grondez  ainsi  votre 
petit  enfant,  puisque  tous  les  vilains  mots  que  je  dis,  vous  les 
prononcez  devant  moi  chaque  jour,  b 


126  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Les  personnes  qui  ont  assez  de  jugement  pour  prendre  soin 
d'un  enfant  doivent  en  avoir  assez  pour  savoir  se  conduire 
comme  elles  veulent  que  l'enfant  se  conduise. 

L'opinion  générale  semble  être  que  si  on  fouette  un  enfant 
toutes  les  fois  qu'il  fait  mal,  c'est  tout  ce  que  les  parents 
peuvent  faire.  Rien  ne  me  paraît  plus  absurde  (jue  de  voir  un 
homme  tirer  de  sa  poche  une  chique  de  tabac  ou  sa  pipe 
devant  ses  fils,  et  leur  dire  ensuite  :  «  Si  jamais  je  vous  prends 
à  faire  usage  de  tabac,  je  vous  secouerai  d'importance  :  le  tabac 
ne  vaut  rien  pour  les  enfants.  »  (S'il  ne  vaut  rien  pour  les  enfants, 
pour  qui  est-il  bon?  les  enfants  sont-ils  tenus  d'être  plus 
propres  que  les  hommes?)  Et  ces  parents  agiront  de  même  pour 
les  boissons  enivrantes,  (jui  sont  bien  plus  mauvaises  que  le 
tabac.  Cependant  un  animal,  privé  de  la  parole,  estimerait  ces 
deux  choses  bien  au-dessous  de  lui.  11  y  a  des  hommes  qui 
disent  :  «  Les  enfants  ne  sont  pas  assez  âgés  pour  savoir  faire 
usage  des  liqueurs  ;  »  mais  je  ne  crois  pas  qui!  y  ait  beaucoup  de 
personnes  qui  sachent  en  faire  usage,  sans  cela  on  n'en  verrait 
pas  une  goutte  dans  les  États-Unis. 

J'ai  entendu  un  jour  un  prédicateur  dire  que  «  alcool  signifie 
le  démon  ou  le  malin  esprit  'J).  C'est  un  très-bon  nom,  je  crois. 
Dans  les  Proverbes,  au  chapitre  XX,  verset  1,  vous  trouverez 
ces  paroles  :  «  Le  vin  est  un  railleur,  les  liqueurs  fortes 
exercent  des  ravages,  et  quiconque  se  laisse  tromper  par  ces 
choses  n'est  pas  sage.  » 

Mais  jurer,  chiquer  et  boire  ne  sont  que  trois  des  choses  que 
les  pères  font  devant  leurs  enfants,  tout  en  essayant  de  les  en 
dissuader.  Beaucoup  de  personnes  disent  :  «  Eh  bien,  si  mes 
enfants  ne  tournent  pas  bien,  je  ne  saurai  qu'y  faire  ;  j*ai  fait 
tout  ce  que  j'ai  pu  :  je  leur  ai  toujours  dit  ce  qui  était  bien  et  je 
les  ai  fouettés  qjiand  ils  ne  l'ont  pas  fait.  » 

iMais  je  crois  qu'on  fouette  trop  dans  ce  monde  ;  il  me  semble 
vraiment  qu'il  n'y  a  pas  un  enfant  sur  douze  qui  ne  pourrait 
pas  être  élevé  sans  être  fouetté.  Si  les  parents  étaient  patients, 
bons,  tendres,  s'ils  ne  s'emportaient  jamais  et  s'ils  faisaient 
sentir  à  leurs  enfants  qu'ils  les  aiment  et  qu'ils  veulent  qu'ils 
deviennent  des  hommes  et  des  femmes  honnêtes  et  utiles  ;  en 
un  mot,  s'ils  se  servaient  de  leur  esprit  de  la  meilleure  manière 
et  non  de  la  plus  mauvaise  comme  beaucoup  de  personnes 
semblent  faire,  pour  leur  donner  le  bon  extmiple,  ils  auraient 
de  meilleurs  enfants  qu'on  n'en  a  généralement. 

L'exemple  vaut  mieux  que  le  précepte,  à  tous  les  points  de 


L.V   VIE   DOMESTIQUE.  127 

vue.  Vous  savez  que  jusqu'au  xvi^  siècle  il  eu  coûtait  la  vie 
pour  prononcer  le  nom  du  Christ,  mais  maintenant  tout  le 
monde  est  libre  d'adorer  Dieu  selonl'inspirationde  sa  conscience; 
l't  pourquoi  cela?  Je  crois  que  c'est  parce  que  les  nobles  mar- 
tyrs nous  ont  donné  un  si  grand  exemple  en  souffrant  les  plus 
horribles  tortures  plutôt  que  de  désavouer  le  nom  du  Christ.  Sup- 
posez que  ces  martyrs  aient  dit  que  nous  n'aurons  jamais  honte 
de  proclamer  le  nom  du  Christ,  quelles  qu'en  pussent  être  les 
conséquences,  et  qu'ils  ne  nous  eussent  pas  donné  ces  exemples, 
quel  bien  aurait  été  fait?  Aucun,  au  contraire. 

x\manda  m. 
Age  :  quatorze  ans. 
Comté  de  Burlington  (New  Jersey).  District  n^  87. 


tô.    —  LA   MODE. 

Je  vais  vous  dire  ce  qu'était  la  mode  il  y  a  plusieurs  années, 
et  ce  qu'elle  est  à  présent. 

Il  n'y  a  pas  très-longtemps,  on  ne  connaissait  pas  les  enve- 
loppes. Alors  on  enfermait  la  lettre  que  l'on  voulait  envoyer 
dans  une  feuille  de  papier  pliée  soigneusement,  et  on  en  ca- 
chetait une  des  extrémités  avec  de  la  cire. 

On  se  servait  de  plumes  d'oie,  et,  à  l'école,  les  maîtres 
étaient  obligés  de  les  tailler,  ce  qui  demandait  beaucoup 
d'habileté.  Les  élèves  tâchaient  de  se  procurer  des  plumes 
d'oie  de  Hollande,  qui  étaient  meilleures  que  toutes  les  autres. 
Mais  comme  ces  plumes  coûtaient  très-cher,  ils  étaient  souvent 
obligés  de  s'en  passer.  Lorsqu'un  élève  avait  réussi  à  s'en 
procurer  une,  tous  ses  camarades  l'entouraient  et  vendaient 
leurs  toupies  et  leurs  couteaux  pour  Tacheter. 

11  n'y  a  pas  encore  bien  longtemps,  on  ne  connaissait  pas 
les  bottines  à  boutons.  On  portait  des  bottines  à  lacet  et  des 
guêtres.  Mais  aujourd'hui  on  ne  veut  plus  porter  d'autres 
bottines  que  les  bottines  françaises  en  chevreau  et  surmontées 
de  nœuds  de  rubans. 

En  Chine,  on  porte  les  cheveux  tombants  sur  le  dos,  ce  qui 
est  assurément  une  manière  très-commode  de  se  coiffer.  Mais 
ici,  les  femmes  se  surchargent  le  front  d'une  si  grande  quantité 
de  crêpés  et  de  frisures,  qu'elles  en  sont  presque  aveuglées. 

La  façon  des  robes  diffère  aussi  beaucoup  aujourd'hui  de  ce 
qu'elle  était  jadis.  Alors  on  portait  des  robes  toutes  simples; 


128  GRAMMAR    SCHOOLS. 

maintenant,  elles  sont  presque  entièrement  couvertes  de  gar- 
nitures. 

On  raconte  qu'une  femme  qui  avait  laissé  tomber  son  porte- 
feuille ne  put  pas  se  baisser  pour  le  ramasser,  parce  que  sa 
jupe  de  dessus  était  trop  serrée,  et  elle  aurait  été  obligée  de 
prier  quelqu'un  de  le  ramasser,  si  elle  n'avait  pas  eu  une 
ombrelle  à  manche  recourbé. 

l.es  modes  de  1770  sont  bien  différentes  de  celles  de  187G. 
Au  Centenaire,  on  fera  une  exposition  de  diverses  modes  de 
1776.  On  y  verra  aussi  quelques-unes  des  choses  qu'on  avait  il 
y  a  cent  ans.  A  Philadelphie,  on  prépare  des  hôtels  pour  rece- 
voir les  personnes  qui  se  proposent  d'aller  voir  les  modes 
d'autrefois. 

Beaucoup  de  personnes  passent  plus  de  temps  à  lire  leur 
journal  de  modes  qu'à  lire  leur  Bible.  Elles  ont  tort,  car  la 
mode  de  ce  monde  n'a  qu'un  temps. 

Mattie  B. 

Age  :  quatorze  ans. 
Newport  (Rhode  Island). 


74.    —  LA   MODE. 

On  peut  affirmer  que  la  civilisation  d'un  pays  est  propor- 
tionnée à  l'intluence  que  la  mode  y  exerce. 

Le  principal  caractère  auquel  on  peut  reconnaître  un  état 
de  barbarie,  c'est  le  soin  trop  minutieux  avec  lequel  on  con- 
serve les  coutumes  anciennes. 

Le  mot  «  mode  »  s'applique  à  différentes  choses  :  aux  vête- 
ments, à  l'architecture,  à  la  manière  de  vivre,  à  la  table,  aux 
voitures,  etc. 

C'est  ordinairement  une  personne  ou  des  personnes  de  haut 
rang  qui  déterminent  la  mode. 

Avant  la  chute  de  l'empire  français,  presque  tout  le  monde 
civilisé  suivait  les  modes  de  l'impératrice  Eugénie  et  de  la 
princesse  de  Metternich.  Mais  depuis  la  guerre  franco-prus- 
sienne, la  princesse  héritière  de  Prusse  a  pris  leur  place. 

A  une  certaine  époque,  il  était  de  bon  ton  de  n'avoir  chez 
soi  que  des  choses  neuves.  Aujourd'hui  c'est  tout  le  contraire, 
et  il  faut  avoir  beaucoup  de  vieux  meubles,  beaucoup  de  vieille 
faïence,  parce  que  c'est  la  mode. 


LA    VIE    DOMESTIQUE.  129 

Autrefois  on  se  servait  de  chandelles  au  lieu  de  gaz,  on  avait 
de  grandes  cheminées  au  lieu  de  poêles.  C'est  en  1816  qu'on 
apporta  de  New-York  les  premiers  poêles  à  Newport. 

Pendant  le  règne  de  l'un  des  premiers  rois  ou  de  l'une  des 
premières  reines  d'Angleterre,  il  était  de  mauvais  ton  de  se 
servir  de  son  mouchoir  en  compagnie  ou  même  de  le  montrer. 
Mais,  un  peu  plus  tard,  le  trône  fut  occupé  par  une  reine  qui 
eût  été  très-belle  si  elle  n'avait  eu  une  vilaine  bouche.  Pour 
cacher  ce  défaut,  elle  avait  l'habitude  de  porter  un  mouchoir, 
et,  depuis  cette  époque,  il  n'y  a  pas  eu  de  toilette  complète, 
quelque  élégante  qu'elle  fût,  sans  un  mouchoir. 

La  mode  change  très-promptement. 

A  une  certaine  époque  on  pouvait  manger  avec  le  couteau; 
mais  aujourd'hui  si  l'on  mangeait  avec  son  couteau,  on  serait 
considéré  comme  une  personne  fort  mal  élevée.  A  Paris,  dans 
les  maisons  à  la  mode,  c'est  à  peine  si  l'on  voit  paraître  le 
couteau  sur  la  table.  Dans  la  même  ville,  on  sert  les  glaces 
avec  une  fourchette  et  non  pas  avec  une  cuiller. 

Je  pourrais  m'étendre  plus  longuement  sur  ce  sujet  si  j'en 
avais  le  tem})s  ou  le  désir,  ou  si  j'avais  les  connaissances 
nécessaires. 

Effie  W. 
Age  :  seize  ans. 
Newport  (Kliode  Islandj, 


/O.    -^   LA   .MODE. 

On  dit  généralement  que  .ce  sont  les  femmes  qui  connaissent 
le  mieux  ce  qui  regarde  la  mode.  Il  vaudrait  autant  pour  une 
femme  n'être  plus  de  ce  monde  que  de  porter  une  robe  ou  un 
chapeau  qui  ne  fût  plus  de  mode. 

Plus  d'un  homme  a  été  ruiné  par  sa  femme.  Il  faut  à  Madame 
ses  «  épingles  »  (J),  comme  elle  dit.  Vous  savez  qu'il  est  d'usage 
que  le  mari  lui  alloue  tant  par  an  pour  sa  toilette.  Une  épingle, 
ce  n'est  pas  grand'chose,  mais  la  quantité  d'argent  qui  passe 
en  «  épingles  y>  est  énorme  f2). 

Dans  le  bon  vieux  temps,   on   se   contentait  d'une  robe  de 

(1)  Pin-moneij.   , 

(2)  A  pin  a  da\j  is  a  gront  a  ijear  (Proverbe).  (Note  du  Traducteur.) 

9 


130  GRAMMAR   SCHOOLS. 

calicot  pour  aller  à  l'église;  maintenant  une  femme  ne  saurait 
sortir  sans  avoir  une  robe  faite  de  la  plus  belle  soie.  Mais  les 
fenunes  ne  sont  pas  seules  à  suivre  la  mode. 

Jadis  les  bonunes  portaient  des  culoltes  courtes,  des  souliers 
})lats  surmontés  de  boucles  d'argent,  et  ils  fumaient  ordinaire- 
ment la  pipe.  Maintenant  ils  ont  des  pantalons  faits  du  drap  le 
plus  fin,  des  bottes  eu  veau,  et  ils  fument  des  cigares  du  meil- 
leur tabac.  Les  enfants  eux-mêmes  veulent  suivre  la  mode  et 
fument  des  cigares.  S'ils  ne  peuvent  pas  se  procurer  des  cigares 
entiers,  ils  ramassent  les  bouts  qui  sont  jetés  i)ar  d'autres. 

Ls  riches  luttent  entre  eux  à  qui  aura  les  plus  beaux  che- 
vaux ou  les  plus  belles  voitures.  Un  tel  a  une  jolie  voiture  qui 
est  plus  belle  que  celle  de  son  voisin  :  celui-ci,  (jui  ne  veut  pas 
se  laisser  battre,  en  achète  une  plus  belle. 

La  mode,  comme  on  le  voit,  fournit  de  l'occupation  aux  cou- 
turières, aux  tailleurs,  aux  cordonniers,  aux  carrossiers,  aux 
marchands  de  chevaux,  etc. 

George  K. 

Age  :  quinze  ans. 
Newport  (Hhodc  hland). 


Vt.  —   Exercices  de   style  :    la  vie  de  l'école 
décrite  par  les  écoliers. 

76.  —  l'école. 

j'aiméasse:i  recelé,  j'aime  tout,  excepté  l'orthographe  qui  est 
la  première  chose  que  nous  faisons  le  matin.  L'école  dont  je 
parle  est  dans  le  dix-neuvième  district  de  l'avenue  Woodburn, 
entre  l'avenue  Dilbrit  et  les  rues  Chapple.  Nous  avons  une  jolie 
cour  oîi  nous  jouons,  mais  il  n'y  a  pas  de  gazon  comme  dans 
la  cour  des  filles. 

Quelquefois  cela  m'ennuie  beaucoup  d'étudier,  par  exemple, 
lorsqu'on  nous  examine  pour  le  Centenaire.  Nous  entrons 
aussitôt  que  la  maîtresse  entre,  et  nous  ne  sortons  pas  avant 
midi.  Nous  rentrons  aussitôt  que  notre  maîtresse  vient,  puis 
nous  ne  sortons  plus  avant  quatre  heures,  et  quelquefois  quatre 
heures  et  demie.  Mais  c'est  aujourd'hui  le  dernier  jour,  je  crois, 
excepté  l'écriture  qui  reste  à  faire  et  quon  fera  probablement 


LA   VIE   DE  l'école   DÉCRITE   PAR   LES   ÉCOLIERS.      131 

lundi  ;  et  si  ce  n'est  pas  mon  écriture  (jui  est  admise  au  Cente- 
naire, je  n'aurai  rien  qui  y  aille. 

Frank  iM. 

Age  :  dix  ans. 
Cincinnati  (Ohio). 


//.  —  NOTRE    ECOLE. 

Cher  Monsieur, 

On  nous  demande  ce  matin  d'écrire  quelque  chose  sur  notre 
école.  C'est  une  construction  en  briques  qui  contient  dix  salles 
et  une  Hall  (1  );  cependant  on  ne  se  sert  que  de  huit  classes.  On 
l'a  bâtie  en  1869  ;  l'ancienne  fut  incendiée,  ce  qui  causa  bien  du 
dérangement.  >'ous  étudions  maintenant  l'histoire,  la  gram- 
maire, l'arithmétique  mentale  et  écrite,  l'histoire  naturelle, 
l'écriture  et  l'orthographe.  L'histoire  est  mon  étude  favorite, 
j'exècre  la  granmiaire  et  je  ne  l'étudierais  pas  si  je  n'y  étais 
forcé.  Je  n'en  écrirai  pas  plus  long  aujourd'hui. 

Tout  à  vous, 
•  Ernest  B. 


Age  :  treize  ans. 


Rochelle,  comté  d*Ogle  (lllinoisj. 


78.  —   NOTRE   ÉCOLE. 

Il  y  a  une  école  à  Elkader,  j'y  vais.  J'aime  à  y  aller,  parce 
i{ue  nous  avons  un  maître  charmant.  11  y  a  cinq  maîtres,  cinq 
classes  et  aussi  une  grande  Hall.  Elle  a  deux  étages.  L'école 
est  sur  la  rue  du  fleuve  Turkey,  qui  traverse  la  ville.  Dans  la 
division  d'allemand  nous  apprenons  à  parjer  et  à  lire  l'allemand. 
Dans  l'autre  division  nous  apprenons  l'anglais. 

Dans  ma  salle  on  nous  apprend  la  lecture,  l'écriture,  l'ortho- 
graphe, le  calcul  et  la  gymnastique,  et  presque  tous  les  vendredis 
nous  avons  une  leçon  de  choses  qui  est  très-intéressante.  J'étudie 
quatre  livres  :  le  quatrième  recueil,  la  seconde  partie  de  l'arith- 

(l)  Grande  salle  oii  se  font  les  assemblées  de  l'école,  les  examens, 
les  fêtes  et  les  cérémonies  de  fin  d  année. 


13:2  GRAMMAK    SCHOOLS. 

inétique  de  Ray,  le  livre  d'orthographe  et  la  géographie.  En  tout 
il  y  a  plus  de  deux  cents  élèves  allant  à  l'école.  La  maison  d'école 
a  été  bâtie  en  18G8.C'estleS.  Rollin  quia  posé  la  première  pierre. 
Elle  est  bâtie  de  briques,  elle  s'élève  sur  des  rochers,  elle  a 
beaucoup  de  fenêtres.  Dans  l'école  nous  avons  des  chaises,  des 
bancs  pour  la  récitation,  des  tableaux  noirs,  de  la  craie  ou  des 
crayons,  des  éponges  pour  effacer,  des  cartes,  un  grand  poêle 
surmonté  d"un  tambour,  des  rideaux,  une  jolie  boîte  en  bois 
et  beaucoup  de  jolis  pupitres.  Nous  avons  aussi  un  cours 
d'études.  11  y  a  une  grande  cour  autour  de  la  maison  d'école. 

EVALINE  S. 
Age  :  onze  ans. 
Elkader  (lowa).. 


79.  —  NOTRE  ÉCOLE. 

Notre  école  occupe  le  numéro  :27  et  est  connue  sous  le  nom  de 
Su'cetman's  Lane  School.  Elle  fut  ainsi  appelée  parce  qu'une 
famille  nommée  Sivectman  jiossédait  toute  la  terre  qui  est 
autour  de  la  maison  d'école-.  Les  vieillards  des  environs  disent 
que  le  plus  vieux  membre  de  cette  famille  avait  l'habitude  de 
s'enivrer  et  quelquefois,  lorsqu'il  était  ivre,  il  faisait  courir  ses 
chevaux  çà  et  là  sur  les  routes,  et  c'est  pour  ce  motif  qu'on  a 
appelé  la  route  Siceetman's  lane  (1). 

Notre  maison  d'école  est  à  environ  sept  milles  au  sud-ouest 
de  Freehold,  chef-lieu  du  comté,  et  à  neuf  milles  au  sud-est  de 
High-Town.  Elle  n'est  pas  très-éloignée  du  champ  de  bataille 
de  Monmoulh.  On  dit  souvent  que  dans  cet  endroit  nous  sommes 
au  centre  du  monde;  je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  cela  est 
vrai,  mais  je  sais  bien  que  nous  ne  sommes  pas  loin  d'une  colline 
qu'on  appelle  l'épine  dorsale  du  monde. 

La  plupart  des  gens  du  voisinage  sont  des  farmei  s.  Quelques- 
unes  des  fermes  sont  très-fertiles  et  les  fanuers  font  de  bonnes 
récoltes.  La  terre  était  très -pauvre  autrefois,  mais  on  a 
fait  un  grand  usage  de  marne,  ce  qui  a  bonifié  la  terre,  qui 
est  maintenant  si  riche  que,  si  l'on  y  sème  du  blé,  il  se  forme 
en  gland  avant  d'avoir  un  j)ied  de  haut.  La  punaise  des  pommes 

(I)  Lane,  ruelle,  sentier. 


LA   VIE   DE   l'école   DÉCRITE   PAR   LES   ÉCOLIERS.      133 

lie  terre  (1)  nous  ennuie  beaucoup.  L'un  des  fanners  demande 
pourquoi  Noé  a  pris  cette  punaise  dans  son  arche. 

Notre  maison  d'école  a  environ  vingt  pieds  de  large  et  trente 
de  long,  elle  n'a  qu'un  étage.  Elle  a  vu  de  meilleurs  jours.  Il 
y  a  quarante  ans  qu'on  l'a  hàlie.  Dans  le  plancher  et  dans  les 
murs  il  y  a  de  grands  trous  qui  laissent  entrer  beaucoup  d'air 
frais.  Nous  avons  beaucoup  de  mal  à  nous  garantir  du  froid 
en  hiver.  L'une  des  portes  intérieures  est  démolie  et  l'autre  le 
sera  bientôt.  La  porte  extérieure  est  brisée  et  ne  peut  pas  se 
fermer  complètement.  Il  y  a  longtemps  que  nous  avons  besoin 
d'une  autre  maison  d'école,  mais  je  suppose  qu'on  a  voulu  que 
celle-ci  vécût  assez  pour  voir  le  Centenaire. 

Notre  cour  de  récréation  est  très-grande,  il  y  a  quatre  arbres 
qui  nous  doiment  beaucoup  d'ombre  l'été.  Les  garçons  jouent 
au  jeu  de  paume  dans  un  des  champs  voisins  de  l'école.  Nous 
apprenons  la  géographie,  la  grammaire,  la  tenue  de  livres,  l'a- 
rithmétique, l'arithmétique  mentale,  l'algèbre,  l'histoire  des 
États-Unis,  la  lecture,  l'écriture,  l'orthographe  et  la  composi- 
tion. Il  y  a  des  élèves  qui  sont  fort  avancés  en  calcul  pour  leur 
âge. 

Il  y  a  des  élèves  qui  quelquefois  font  de  très-drôles  d'erreurs. 
L'autre  jour  un  élève  lisait  un  passage  où  il  était  question  d'un 
homme  qui  allait  dans  la  terre  de  Chanaan,  et  au  lieu  de  dire 
Chanaan,  il  dit  :  Canada.  Cela  nous  fit  tous  rire. 

Notre  école  est  grande  pendant  l'hiver,  mais  elle  est  petite 
pour  le  reste  de  l'année.  La  moyenne  des  élèves  de  cette  année 
sera  environ  vingt-huit.  Notre  maître  semble  désireux  de  nous 
voir  apprendre  et  nous  l'aimons  beaucoup.  Nous  avons  une  jolie 
bibliothèque  d'école,  elle  contient  des  livres  très-intéressants. 
Presque  tous  les  élèves  étudient  bien.  Nous  avons  pour  la 
plupart  à  travailler  le  matin  avant  d'aller  à  l'école.  Nous  ne 
pouvons  pas  nous  lever  à  huit  heures,  comme  si  nous  n'avions 
qu'à  déjeuner  et  aller  à  l'école  :  il  faut  que  nous  nous  levions 
pour  traire  les  vaches  et  faire  l'ouvrage  avant  d'aller  en  classe. 

L'éducation  est  une  chose  que  personne  ne  peut  nous  enlever. 
Notre  maison  d'école  n'est  pas  la  meilleure  du  monde,  mais  si 
nos  pupitres  sont  à  la  vieille  mode,  nous  pouvons  étudier  et 
apprendre  beaucoup  de  choses.  Nous  aimons  qu'on  vienne 
visiter  notre  école  et  nous  tâchons  toujours  de  traiter  de  notre 

(1)  Insecte  destructeur  de  la  pomme  de  terre,  sorte  de  coccinelle 
très-redoutée  aux  États-Unis. 


434  GRAMMAU    SCHOOLS. 

mieux  les  visiteurs.  Nous  leur  montrons  ce  que  nous  étudions 
et  nous  aimons  qu'ils  nous  fassent  des  questions,  si  ces  ({ues- 
tions  ne  sont  pas  trop  difliciles. 

Mary  G. 

Age  :  treize  ans. 
Comté  de  Monmouth  (New  Jersey).  —District  n"  27. 


80.  —  COMPTE  RENDU  DU  DERNIER  EXAMEN, 

Cher  Monsieur, 

Comme  on  nous  demande  de  rendre  compte  de  notre  dernier 
examen,  je  vais  essayer  de  vous  raconter  tout  ce  que  je  pourrai 
me  rappeler  sur  ce  sujet. 

Le  matin  du  jour  de  notre  examen,  il  fit,  dès  l'aurore,  un 
orage  qui  donnait  vrai^nent  aux  objets  un  aspect  charmant. 
Nous  commençâmes  dans  la  matinée  notre  travail,  qui  était  un 
examen  sur  l'arithmétique  ;  et,  plus  j'étudie  cette  science,  plus 
je  suis  mal  placée  à  la  lin  du  mois.  Lors(iue  vient  le  moment 
de  l'examen,  les  garçons  pensent  qu'ils  voudraient  bien  faire 
l'école  buissonnière  ;  les  filles  voudraient  bien  aussi,  mais  il 
ne  peut  en  être  question,  car  il  y  a  un  truant  officer  (1)  aux 
environs. 

Comme  le  temps  qui  m'a  été  donné  pour  écrire  cette  lettre 
est  expiré,  je  termine. 

Toute  à  vous, 
Agnès  H. 
Age  :  quinze  ans. 
Fitchburgh  (Massachusetts).  —  École  de  Day  Street. 


81.  —   LES   COMPOSITIONS. 

De  toutes  les  choses  que  redoutent  les  jeunes  écolières,  les 
compositions  leur  paraissent  les  plus  terribles,  et  ordinairement 
elles  ne  se  mettent  à  écrire  qu'à  la  dernière  minute.  Nous 
prenons  notre  ardoise  et  notre  crayon  et  nous  commençons  une 
douzaine  de  sujets;  mais  nous  n'écrivons  pas  plus  d'une  demi- 

(1)  Truant  offwer,  officier  municipal  chargé  de  ramener  à  l'école 
des  enfants  vasrabonds  ou  faisant  l'école  buissonnière. 


LA    VIE    1)1]    i; ÉDILE    DÉCRITE    PAU    LE.S    ÉCOLIERS.       135 

douzaine  de  lignes  sur  chacun;  cela  doit  suffire  et  nous  allons 
demander  un  sujet  à  quelqu'un.  Lorsqu'on  nous  en  a  donné  un, 
nous  sommes  très-contentes.  Mais  nous  ne  pouvons  pas  écrire 
assez  sur  ce  sujet  et  il  faut  qu'on  nous  aide  un  peu,  et,  après 
avoir  reçu  un  sommaire  du  sujet  ou  quelques  avis,  nous  écrivons 
précipitamment  en  faisant  beaucoup  de  fautes,  et  naturellement 
nous  n'obtenons  pas  de  très-bonnes  notes.  Nous  n'osons  pas 
nous  en  plaindre,  car  nous  savons  parfaitement  bien  que  nous 
les  avons  méritées.  Quelquefois  nous  regrettons  de  n'avoir  pas 
été  plus  soigneuses. 

La  meilleure  manière,  je  crois,  est  de  commencer  une 
semaine  d'avance,  et  d'écrire  un  peu  chaque  jour.  Alors  notre 
composition  serait  meilleure  et  nous  serions  mieux  notées. 

Je  crois  que  ce  qui  rend  les  compositions  si  ennuyeuses  pour 
nous,  c'est  qu'on  ne  nous  en  a  pas  fait  écrire  quand  nous 
étions  plus  jeunes,  mais  maintenant  on  apprend  à  les  écrire 
dans  les  classes  inférieures,  et  lorsque  ces  écolières  seront 
dans  les  classes  du  degré  supérieur,  les  compositions  ne  leur 
paraîtront  pas  si  difficiles  qu'elles  nous  paraissent. 

Si  nous  voulions  suivre  les  conseils  de  notre  maîtresse  et  ne 
pas  remettre  à.  la  dernière  minute  à  écrire  nos  compositions, 
nous  pourrions  les  faire  plus  longues  et  plus  intéressantes  que 
nous  ne  les  faisons 

Je  pense  que  nous  devrions  essayer  de  plaire  à  notre  maî- 
tresse en  les  lui  remettant  à  l'époque  qu'elle  a  fixée,  car  elle 
nous  donne  deux  semaines  pour  les  préparer  avec  autre  chose, 
de  manière  que  nous  ayons  grandement  le  temps  de  les 
corriger,  et,  s'il  y  a  trop  de  fautes  dans  nos  compositions,  nous 
avons  bien  assez  de  temps  pour  les  écrire  de  nouveau. 

Mary  D. 

Age  .•  treize  ans. 
York  fPennsvlvaniei 


82.  —  ENCORE  LES  COMPOSITIONS. 

Dans  les  écoles  de  chaque  cité,  de  chaque  ville,  et  de  chaque 
État,  les  élèves  doivent  écrire  par  semestre  deux  ou  trois  com- 
positions, et  peut-être  davantage.  Mais  dans  l'école  que  je 
fréquente,  nous  devons  en  écrire  à  peu  près  quatre  par  semestre. 
Pendant  l'époque  actuelle,  qui  est  consacrée  au  Centenaire,  on 
nous  en  a  fait  écrire  une  douzaine,  plus  ou  moins,  et  Dieu  sait 
combien  on  nous  en  fera  encore  écrire  avant  d'être  à  la  fin. 


136  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Or,  le  l)ut  principal  que  l'on  se  propose  en  faisant  taire  ces 
compositions,  est  de  voir  quel  parti  les  élèves  peuvent  tirer 
d'une  petite  histoire  ou  de  quelque  vérité  générale.  Les  uns 
copient  dans  leurs  livres  ou  dans  des  journaux,  les  autres 
mettent  dans  ces  devoirs  tout  ce  qu'ils  ont  logé  dans  leur  petite 
tôle  pendant  le  cours  de  leurs  études. 

Dans  cette  école-ci,  il  faut  que  nous  ayons  assez  de  cervelle 
pour  nous  mettre  k  la  besogne  aussitôt  après  que  le  sujet  a  été 
donné,  ou  pour  choisir  nous-mêmes  notre  sujet  et  rédiger  une 
bonne  composition.  Mais  c'est  ce  que  nous  ne  faisons  pas. 

Certains  élèves  attendent  jus([u'au  dernier  moment  (c'est  ce 
que  j"ai  fait),  puis  ils  disent  à  la  maîtresse  :  «  Je  ne  puis  pas 
écrire  de  composition.  »  —  «  Eh  bien,  répond-elle,  vous  pouvez 
rester  jusqu'à  cinq  heures,  vous  verrez  alors  si  vous  pouvez  en 
écrire  une;  si  vous  ne  pouvez  pas  encore  l'écrire,  nous  aurons 
recours  tous  les  jours  au  même  procédé  jusqu'à  ce  que  vous 
l'ayez  faite.  » 

Mais  cette  punitionne  produit  plus  d'elfet,  etles  élèves  disent: 
((  Je  ne  peux  pas  écrire  de  composition,  ainsi  vous  devriez  me 
permettre  de  m'en  aller.  » 

Enfin  il  faut  remettre  les  devoirs,  et  le  moment  approche 
pour  les  élèves  de  s'en  aller  ou  de  rester,  selon  qu'ils  ont  fait 
ou  n'ont  pas  fait  leur  composition.  Alors  la  maîtresse  dit  : 
((  Annie,  où  est  votre  composition  ?»  —  «  J'en  ai  une  partie 
à  la  maison,  je  l'apporterai  demain  matin.  Je  dois  aller  chez  le 
ministre  ce  soir,  et  je  ne  pourrai  pas  la  finir  avant  demain.  » 
—  «  Restez  jusqu'à  cinq  heures.  »  — ■  «  Johnnie,  ouest  votre 
composition?  »  —  «  Je  n'en  ai  pas.  J'ai  passé  la  soirée  en  ville 
hier,  et  je  n'ai  pas  pu  l'écrire.  »  —  «  Vous  pouvez  rester  jusqu'à 
cinq  heures.  » 

Telle  est  l'amende  qu'on  a  toujours  infligée  aux  élèves. 

T.  E.  C. 

Ago  :  quinze  ans, 
Newport  (Rhode  Island). 

83.    —  CRITIQUE   DES   COMPOSITIONS. 

Ma  maîtresse  veut  (|ue  j'écrive  une  composition,  elle  dit  qu'on 
l'enverra  au  Centenaire  et  qu'on  la  comparera  avec  ce  que  les 
jeunes  filles  écrivaient  il  y  a  cent  ans. 

Or,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  a  cent  ans  les  enfants  eussent  à 
faire  rien  de  pareil,  nous  ne  sommes  pas  d'un  iota  plus  intelli- 


LA   VIE   DE   l'école   DÉCRITE   PAR  LES   ÉCOLIERS.      137 

gents  qu'ils  n'étaient  et  nous  avons  à  faire  presque  dix  fois  autant 
qu'eux.  Ils  n'étudiaient  que  deux  ou  trois  sciences,  et  on  pensait 
que  si  un  garçon  (ou  une  fille)  savait  bien  l'orthographe,  savait 
lire  la  Bible,  écrire  convenablement  une  lettre  et  compter  com- 
bien il  lui  fallait  de  dollars  pour  son  entretien  pendant  une 
année,  il  en  savait  assez. 

Je  suis  de  cet  avis,  moi  aussi  :  je  ne  vois  pas  l'utilité  de 
toutes  ces  histoires,  de  tous  ces  examens,  et,  tenez,  je  crois 
qu'après  que  nous  nous  serons  donné  beaucoup  de  mal  et  que 
nous  nous  serons  cassé  la  tète  pendant  une  semaine,  on  jettera 
au  feu  la  moitié  de  ce  que  nous  aurons  écrit  sans  jamais  l'en- 
voyer au  Centenaire.  Et  si  on  l'y  envoie,  qui  est-ce  qui  ira  le 
voir?  Personne.  Les  grandes  personnes  ne  feront  pas  attention 
à  des  enfants! 

Cela  me  met  tout  cà  fait  hors  de  moi  :  sous  prétexte  que 
nous  sommes  des  enfants,  on  nous  impose  et  on  nous  fait 
faire  des  choses  que  nous  ne  savons  pas  faire.  Et  ma  maî- 
tresse aussi.  Elle  dit  que  je  puis  écrire  une  composition,  et  je 
sais  bien  que  je  ne  le  puis  pas  ;  cela  me  révolte  au  dernier 
point,  et  je  vais  écrire  d'une  manière  révoltante  aussi,  car  elle 
m'a  dit  que  je  pourrais  écrire  tout  ce  que  je  voudrais  et  dire 
aux  gens  ma  façon  de  penser  si  je  le  voulais.  Eh  bien,  ma  façon 
de  penser,  la  voici  :  on  ne  pourra  pas  trouver  une  composition 
écrite  il  y  a  cent  ans  pour  la  comparer  avec  les  nôtres,  parce 
que,  il  y  a  cent  ans,  on  avait  trop  de  bon  sens  pour  demander 
aux  enfants  d'écrire  des  compositions.  Je  sais  ce  qu'on  en  fera 
(si  Ton  ne  s'en  sert  pas  pour  allumer  le  feuj  :  on  les  comparera 
avec  quelques-uns  des  écrits  de  ces  braves  gens  d'il  y  a  cent 
ans  qui  savaient  écrire  des  choses  sensées,  et  ce  sera  du  propre  ! 
Je  voudrais  que  quelques-uns  de  ces  braves  gens  existassent 
maintenant.  Je  veux  dire  des  gens  comme  Thomas  Jefferson, 
Richard  Henry  Lee,  Patrick  Henri,  John  Adams  et  Henry  Clay,  et 
d'autres  comme  eux;  ils  ne  demanderaient  pas  à  de  petites  éco- 
lières^de  douze  ans  d'écrire  des  compositions  pour  le  Centenaire  ! 

Ûhî  c'est  affreux!  on  nous  surmène,  nous  mourrons  à  la 
peine!  Environ  douze  récitations  (1)  par  jour,  et  il  faut  ensuite 
s'occuper  des  affaires  de  la  maison,  lire  les  journaux,  suivre  la 
mode,  regarder  des  manifestations  (:2)  et  cent  autres  choses  que 

(1)  Ce  mot  ne  se  prend  pas  seulement  dans  le  sens  de  récitation 
des  leçons  apprises  par  cœur,  mais  en  général  de  toute  interrogation, 
révision  on  examen  sur  les  matières  de  renseignement. 

(2)  Processions  politiques,  fréquentes  surtout  à  l'époque  des  élections. 


138  (.RAMMAl'i   SUIIOOLS. 

les  enfants  d'il  y  a  cent  ans  n'avaient  pas  à  faire.  Comment  pou- 
vons-nous écrire  des  compositions  et  nous  occuper  de  tout  cela? 

Et  dire  que  nous  sommes  ici  dans  la  salle  de  classe  et  que  c'est 
aujourd'hui  le  lendemain  du  Mardi-Gras!  Je  me  demande  quel 
est  l'enfant  qui,  il  y  a  cent  ans,  aurait  pu  écrire  une  composi- 
tion ou  songer  à  rien  de  semblable  penclant  une  semaine,  après 
avoir  vu  Moïse  et  les  roseaux  comme  nous  les  avons  vus  hier 
soir.  Je  suis  trop  occupée  à  penser  à  toutes  ces  choses  pour  en 
écrire  plus  long;  et,  si  quelqu'un  pouvait  écrire  une  composition 
le  lendemain  du  Jour  où  il  a  vu  ce  spectacle,  il  y  aune  personne 
qui  ne  le  pourrait  pas,  et  cette  personne,  c'est 

JuM.v  K. 
Age  :  douze  ans. 

Nouvelle-Orléans  (Louisiane).  —  École  de  M'Donogli,  rue  Lauvel. 


8i.  —  LA  VIE  d'une  ÉCOLIÈRE. 

Je  pense  qu'on  s'attend  à  ce  que  j'écrive  une  excellente  com- 
position sur  un  pareil  sujet,  puisque  je  suis  écolière  moi- 
môme.  Lorsque  j'ai  des  leçons  bien  difficiles  à  apprendre,  et 
surtout  lorsque  je  veux  me  promener  ou  aller  voir  quelqu'une 
de  mes  amies,  je  souhaite  presque  de  n'avoir  pas  à  aller  à 
l'école  ou  d'avoir  terminé  mes  études.  Je  ne  sais  pas  comment 
celles  qui  ont  terminé  leurs  études  peuvent  dire  que  le  temps 
où  elles  allaient  à  l'école  était  le  meilleur  temps  de  leur  vie. 
Quand  on  va  à  l'école,  on  n'a  jamais  fini  d'étudier.  Il  faut  que 
j'étudie  ferme  si  je  veux  savoir  mes  leçons.  Ce  n'est  pas  très- 
agréable  d'être  assise  toute  laprès-midi  dans  la  maison,  occupée 
à  étudier,  pendant  que  le  soleil  luit  avec  tant  d'éclat  ou  que  vos 
amies  sautent  à  la  corde  ou  jouent  à  quelque  autre  jeu;  alors 
il  vous  prend  envie  de  laisser  vos  leçons  pour  le  soir.  Quelque- 
fois vous  avez  de  la  compagnie  et  vous  n'êtes  pas  disposée  à 
étudier,  alors  vous  dites  :  Je  puis  faire  cela  demain  matin  ; 
vous  les  remettez  à  demain,  et  le  lendemain  vous  ne  les  étudiez 
pas  du  tout,  ce  qui  a  pour  conséquence  de  vous  faire  perdre  vos 
bons  points. 

La  vie  d'une  écolière  est  un  souci  continuel,  à  cause  des 
études,  car  il  y  en  a  tant  !  Je  crois  que  tous  les  eufants  sont 
contents  de  voir  arriver  les  vacances  ;  s'ils  ne  le  sont  pas,  ils 
ne  me  ressemblent  })as. 

Ella  C. 

Age  :  douze  ans. 
Nouvelle-Orléans  (Louisiane).  —  Webster-School. 


I.A    VIE   DE   l'école   DÉCRITE   PAR    LES   ÉCOLIERS.      139 


85.  —  NOTRE   PIQUE-NIQUE  SCOLAIRE. 

Notre  école  a  ordinairement  un  pique-nique  tous  les  ans. 
C'est  au  mois  de  juin  que  nous  le  faisons.  Nous  nous  réunissons 
d'abord  à  notre  école,  et  ensuite  nous  prenons  chacun  un  cama- 
rade avec  lequel  nous  marchons.  Nous  sommes  rangés  par 
degrés  :  le  degré  inférieur  marche  en  tète  deux  à  deux,  puis 
vient  le  degré  immédiatement  supérieur,  et  ainsi  de  suite. 

Chaque  degré  a  une  bannière  blanche  ornée  de  rameaux  verts 
et  de  quelques  fleurs,  et  le  nom  de  chaque  degré  est  imprimé 
sur  les  bannières  en  lettres  faites  de  rameaux  verts.  Les  deux 
premiers  élèves  de  chaque  degré  portent  cette  bannière,  et 
nous  avons  aussi  quelques  drapeaux. 

Nous  nous  rendons  dans  cet  ordre  à  l'endroit  où  doit  avoir 
lieu  le  pique-nique.  Nous  le  faisons  quelquefois  aux  Charmilles 
de  Beringer,  quelquefois  au  Parc  du  Sud.  Chacun  de  nous 
emporte  son  dîner.  En  partant,  nous  chantons  les  chansons  que 
nous  savons,  et  à  l'endroit  où  se  tient  le  pique-nique,  ordinai- 
rement pendant  l'après-midi,  chaque  degré  chante  un  ou  deux 
morceaux.  Nous  nous  balançons  et  nous  jouons  à  différents 
jeux.  11  y  a  toujours  beaucoup  de  glaces,  de  soda-water,  et  de 
limonade  que  l'on  peut  acheter  ([). 

Ensuite  vers  six  heures  et  demie  ou  sept  heures  nous  sou- 
pons  et  nous  restons  aussi  longtemps  que  nous  voulons.  Nous 
ne  rentrons  pas  en  rangs,  parce  que  nous  ne  retournons  pas 
chez  nous  tous  à  la  même  heure  et  que  nous  ne  pourrions  pas 
nous  réunir  pour  revenir  en  rangs.  Il  y  a  un  service  d'omnibus 
pendant  tout  le  temps,  et  ceux  qui  veulent  peuvent  les  prendre. 
Ainsi,  somme  toute,  nous  nous  amusons  beaucoup. 

Franges  S. 

Age  :  douze  ans. 
Milwaukee  fWisconsin). 


86.  —  NOTRE   PIQUE-NIQUE   SCOLAIRE. 

Notre  dernier  pique-nique  scolaire  a  eu  heu  le  7  juillet  1875 
la  ferme  de  Leudermann.  Il  faisait  très-chaud  ce  jour-là.  On 


(1)  Aussi  plusieurs  copies  d'élèves  sont-elles  remplies  du  récit  des 
indispositions,  maux  d'estomac  et  autres  suites  de  ce  régime  alimen- 
tiire. 


140  GRAMMAR   SCHOOLS. 

avait  loué  des  omnibus  pour  emmener  les  enfants,  chacun  d'eux 
payait  dix  cents,  moyennant  quoi  il  avait  un  billet  pour  se  faire 
reconduire  chez  lui. 

Nous  sommes  parties  de  bonne  heure  le  matin,  vers  neuf 
heures,  par  des  omnibus  qui  défilaient  les  uns  après  les 
autres.  Nous  nous  sommes  bien  amusées  dans  l'omnibus,  car  il 
y  avait  loin.  En  arrivant  au  rendez-vous,  nous  avions  toutes 
bien  chaud  et  nous  étions  bien  fatiguées.  Nous  avons  joué  à 
toute  es|)èce  de  jeux  et  chanté  des  cantiques  et  des  chansons. 
Il  est  venu  un  homme  qui  nous  apportait  un  jeu  de  croquet  et 
d'autres  jolis  jeux.  On  a  dansé  aussi.  Deux  petits  Italiens 
étaient  venus  avec  des  harpes  et  des  violons.  Le  plancher  où 
l'on  dansait  étant  très-vieux,  il  faillit  se  défoncer.  Il  était  envi- 
ron onze  heures,  ou  plus  tard,  lorsque  nous  vîmes  arriver  une 
voiture  apportant  une  provision  de  bonbons  et  d'autres  choses 
à  manger.  Dans  l'après-midi  il  vint  d'autres  personnes,  qui 
toutes  parurent  s'amuser  beaucoup.  C'est  dans  l'après-midi  que 
l'on  vit  un  gros  ballon  s'élever  dans  les  airs,  et  un  instant 
après  tout  le  monde  courut  à  travers  l'herbe  haute  pour  le  voir; 
il  paraissait  y  avoir  dans  la  nacelle  des  hommes  qui  agitaient 
leurs  chapeaux;  il  franchit  le  lac  et  nous  le  perdîmes  de  vue 
longtemps  après. 

Il  faisait  presque  nuit  quand  les  omnibus  vinrent  nous 
prendre  pour  nous  ramener  chez  nous  ;  mais  il  n'y  avait  pas 
assez  de  place  pour  tout  le  monde,  et  quelques  personnes 
étaient  obligées  de  se  tenir  debout.  Il  y  en  eut  beaucoup  qui, 
ne  voulant  pas  se  tenir  debout,  refusèrent  de  prendre  les  omni- 
bus, mais  les  conducteurs  leur  dirent  qu'il  n'en  viendrait  pas 
d'autres.  Tout  finit  par  s'arranger,  et  nous  rentrcàmes  chez  nous 
sains  et  saufs. 

RosA  R. 
Ago  :  quatorze  ans. 
Milwaukee  (Wisconsiii). 


87.    —   COMPTE   RENDU   D'UXE   CONFÉRENCE   PUBLIQUE 
FAITE    PAR   l'instituteur. 

Nous  sommes  fiers  de  nos  écoles  publiques.  Nous  avons  fait 
de  rapides  progrès  pendant  le  siècle  qui  vient  de  s'écouler. 
Mais,  parmi  les  éludes  que  nous  faisons  à  l'école,  nous  négli- 
geons la  plus  importante,  celle  de  nous-mêmes.  Nous  appre- 


LA   VIE   DE   l'école   DÉCRITE   PAR   LES    ÉCOLIERS.      141 

nous  aux  enfants  à  suivre  le  cours  des  fleuves  de  l'Afrique  et  de 
riude  avec  beaucoup  d'exactitude,  mais  ils  ne  connaissent  rien 
des  fleuves  de  la  vie.  La  mode  a  trop  de  part  à  nos  études. 
Tous  les  plaisirs  qu'on  permet  à  un  petit  garçon,  on  défend  à 
une  petite  fllle  de  les  partager  avec  lui  lorsqu'elle  a  douze  ans. 
Ou'elle  devienne  une  dame  et  qu'elle  soit  à  la  mode  !  telle  est 
la  prière  que  toutes  les  mères  font  tout  bas.  Dès  que  la  classe 
est  terminée,  le  frère  peut  crier  et  sauter  comme  il  lui  plaît, 
mais  il  faut  que  sa  sœur  retourne  à  la  maison  en  marchant  avec 
une  roideur  pleine  d'aflectation,  et  quand  elle  arrive,  il  lui  faut 
s'asseoir  avec  l'air  sérieux  d'un  vieux  propriétaire. 

Le  matin,  lorsque  le  garçon  s'amuse  dans  la  cour  derrière  la 
maison,  sous  les  rayons  du  soleil,  avec  sa  raquette  et  sa  balle, 
il  faut  que  sa  sœur  aille  au  salon  se  percher  sur  le  tabouret  de 
piano  pour  étudier  et  pour  essayer  de  jouer  quelque  nouveau 
morceau  de  musique  qui  est  à  la  mode,  non  pas  parce  qu'elle  a 
du  talent  ou  du  goût  pour  la  musique,  mais  parce  que  c'est  à  la 
mode.  La  mère  désire  qu'elle  ait  l'épine  du  dos  faible,  qu'elle 
ait  la  taille  fine,  parce  que  si  elle  est  vigoureuse,  elle  lui  trouve 
un  air  vulgaire.  Faut-il  s'étonner  qu'elle  paraisse  triste  et 
sombre,  la  pauvre  enfant  ! 

John  0. 

Age  :  dix-huit  ans. 
LeiperviUe,  comté  de  Delaware  (Pennsylvanie). 


88.    —    LES   ÉCOLES   d'autrefois  (1). 

A  l'Exposition  il  y  aura  un  bâtiment  valant  trente  mille  dollars, 
pour  montrer  ce  que  peuvent  faire  les  écoliers  du  Massachusetts. 
Notre  État  est  le  premier  qui  ait  ouvert  des  écoles  libres,  et 
ce  sont  les  meilleures  du  pays 

Nellie  m 


(1)  La  directrice  de  h  5*  classe  de  l'école  Prescott  avait  demandé 
aux  jeunes  filles  de  la  classe  de  s'enquérir  chacune  auprès  de  sa 
mère  de  quelques  détails  sur  les  écoles  d'autrefois.  Les  réponses  des 
élèves,  sans  classement  ni  révision,  ont  été  inscrites  à  la  suite  les 
unes  des  autres  dans  un  cahier  dont  nous  reproduisons  la  plus 
grande  partie. 


144  GRÂMMAll   SCHOOLS. 

Nous  avons  chez  nous  un  livre  qui  dit  que  les  archives  de  la 
ville,  à  la  date  du  13  avril  1635,  il  y  a  plus  de  deux  cent  cin- 
quante ans,  contiennent  cette  phrase  :  «  Délihéré  que  notre 
frère  Philémon  Purniont  sera  supplié  de  se  faire  maître  d'école 
pour  instruire  et  élever  nos  enfants.  » 

Les  écoles  n'étaient  pas  seulement  pour  les  enfants  des 
colons,  mais  on  permettait  aussi  aux  enfants  des  Indiens  de  les 
fréquenter. 

Alice  xM. 

Je  m'imagine  que  les  écoles  ne  sont  pas  aujourd'hui  ce 
qu'elles  étaient  il  y  a  cent  ans.  Lorsque  mon  père  était  tout 
petit,  il  était  obligé  de  faire  un  mille  et  quart  à  pied  pour 
aller  à  l'école,  et  quelquefois  il  lui  fallait  faire  le  feu.  Il  m'a 
dit  que,  })lus  d'une  fois,  lorsqu'il  faisait  bien  froid,  il  a  été 
dans  les  bois  chercher  de  quoi  faire  du  feu. 

Nellie  m. 

Eu  Irlande  on  brûlait  de  la  tourbe,  et  si  les  petits  garçons 
et  les  petites  fdles  n'en  apportaient  pas,  le  maître  ne  les  laissait 
pas  s'ap})rocher  du  feu. 

Annie  M. 

Quelquefois  il  n'y  avait  que  douze  semaines,  et  au  plus  six 
mois  d'école  par  an.  Le  temps  était  précieux,  on  étudiait  ferme 
et  on  apprenait  beaucoup  de  choses. 

Martha  N. 

Mon  père  m'a  dit  que,  pour  se  procurer  une  plume,  il  était 
obligé  d'attraper  une  oie  et  de  lui  en  arracher  une. 

Nellie  M. 

La  vieille  maison  d'école  où  ma  grand'mère  allait  à  l'école 
n'avait  qu'une  salle  qui  contenait  un  long  pupitre  derrière 
lequel  était  un  long  banc.  Les  écolières  ne  s'y  asseyaient  que 
pour  écrire.  Il  y  avait  d'aulres  bancs  où  deux  ou  trois  élèves 
pouvaient  s'asseoir  pour  étudier.  Les  deux  livres  dont  elles  se 
servaient  étaient  la  Grammaire  de  Murray  et  YEnglish  Reader. 
Elles  n'avaient  pas  de  cahiers  comme  les  nôtres,  mais  elles 
faisaient  les  leurs  avec  une  main  de  papier.  Chaque  élève  four- 
nissait son  encre. 

Sarah  L. 

Je  connais  une  femme  qui  ditquelorsqu'elle  était  en  Irlande, 


LA  VIE  DE  l'École  décrite  par  les  écoliers.     Ii3 

elle  faisait  elle-même  ses  crayons  avec  de  l'argile   dm'cie   et 
qu'elle  les  taillait  sur  la  pierre  à  repasser. 

Sarah  M'A. 

Lorsque  ma  grand'mère  était  jeune,  on  voyait  beaucoup  de 
maisons  d'école  en  planches  brutes  (log-houses). 

Clara  M. 

Quelquefois  les  maisons  d'école  étaient  des  cabanes  faites  de 
troncs  d'arbres,  et  les  petites  fdles  étaient  obligées  de  s'enve- 
lopper de  leurs  châles  pour  n'avoir  pas  froid. 

Julia  317. 

Peut-être  les  hautes  fenêtres  étaient-elles  destinées  à  empê- 
cher les  enfants  de  regarder  dehors. 

Jessie  D. 

Les  maitres  croyaient  avoir  beaucoup  d'élèves  s'ils  en 
avaient  cinq  ou  six.  Quelques  enfants  étaient  obligés  de  faire 
un  ou  deux  milles  à  pied,  et  les  maîtres  passaient  successive- 
ment une  semaine  dans  toutes  les  maisons  jusqu'à  ce  qu'ils 
eussent  ainsi  parcouru  tout  le  district.  11  était  rare  que  deux 
élèves  étudiassent  le  même  livre,  car  chacun  d'eux  prenait  le 
livre  qu'il  avait  chez  lui,  quel  f(u'il  fût. 

Clara  M. 

La  plupart  de  leurs  livres  venaient  d'Angleterre  :  ils  coû- 
taient très'cher  et  on  s'en  procurait  difticilement. 

Emily  D. 

Lorsque  les  enfants  savaient  mettre  l'orthographe,  hre  et 
faire  des  problèmes  d'arithmétique  ,  on  disait  qu'ils  étaient 
très-savants 

Clara  M. 

Les  maîtres  punissaient  les  garçons  en  leur  faisant  tendre  un 
bras  ou  une  jambe,  et  si  un  élève  n'obéissait  pas,  ils  avaien 
une  longue  règle  avec  laquelle  ils  les  frappaient. 

Sarah  L. 

Si  les  filles  babillaient,  le  maître  leur  attachait  leur  tablier 
sur  la  figure  avec  des  épingles. 

Emma  L. 


144  GRAMMAR   SCHOOLS* 

Quelquefois  on  leur  faisait  tenir  un  bâton  entre  leurs  dénis. 

Emily  D. 

l.e  maître  n'osait  pas  fouetter  les  filles,  parce  que,  s'ill'avait 
fait,  les  grands  garçons  l'auraient  fouetté  à  son  tour  après  la 
classe. 

Jllia  P,. 

Les  enfants  n'étudiaient  pas  leurs  leçons  k  l'école  :  ils  empor- 
taient leurs  livres  chez  eux,  et  c'était  là  qu'ils  les  apprenaient. 

Saraii  L. 

Us  n'avaient  pas  de  cour  pour  jouer  pendant  les  récréations, 
ils  allaient  sur  la  grande  route,  dans  les  champs,  dans  les 
bois. 

Mary  B. 

Quelquefois  les  salles  d'école  étaient  en  pente,  de  sorte  que 
les  grands  sièges  étaient  derrière  et  les  petits  devant  le  pupitre 
du  maître. 

Martha  N. 

Le  pu})itre  du  maître  ressemblait  à  une  chaire. 

JULIA  B. 

Les  différents  cours,  d'études  se  faisaient  dons  la  même  salle. 

Margaret  h.      • 

Songez  un  peu  à  notre  charmante  école  de  Prescott,  et  com- 
parez-la à  ces  masures  d'autrefois. 

JlLlA  B. 

Je  m'imagine  qu'on  devait  mener  une  vie  bien  agréable 
autrefois,  d'après  ce  que  j'ai  entendu  dire.  On  avait  alors  de 
grandes  cheminées  qui  chauffaient  à  blanc  les  salles  d'école. 
Maintenant  on  les  chauffe  à  la  vapeur.  En  hiver  les  écoliers  se 
mettaient  sous  les  pieds  quelque  chose  qu'on  appelait  des 
poêles  pour  les  pieds.  Je  ne  sais  pas  quelle  en  était  la  forme 
exacte,  mais  je  suppose  qu'ils  étaient  gentils  et  chauds. 

Sadie  a. 

C'était  une  boîte  d'étain  percée  de  trous.  Il  y  avait  une  porte 
et  une  poignée  semblable  à  l'anse  d'un  seau.   Lorsque   les 


LA    VIE    I)K   l'kcOLE    DÉCRITE    PAU    LES    ÉCOLIERS.       145 

vieilles  dames  sortent  en  voiture,  elles  mettent  du  charbon 
allumé  dans  un  seau  ou  un  vase  d'étain  qu'elles  placent  dans 
la  boîte  :  la  chaleur  passe  par  les  trous  et  leur  tient  les  pieds 
chauds. 

•  Clara  M. 

Les  écolières  avaient  des  bassinoires  pour  chauffer  leurs  lits. 

Hattie  s. 

Elles  avaient  naturellement  froid  aux  doigts  en  hiver;  alors 
elles  faisaient  chauffer  des  briques  qu'elles  enveloppaient  dans 
du  drap  et  qu'elles  portaient  sur  leurs  genoux  lorsqu'elles 
allaient  en  voiture. 

Ida  B. 

Il  n'y  avait  pas  de  feu  dans  les  églises  à  cette  époque-là;  aussi  ^ 
emportaient-elles  leurs  briques  et  leurs  chaufferettes. 

Flora  M'  L. 

S'il  y  avait  une  école  du  dimanche,  elle  se  tenait  dans  la 
maison  d'école,  et  les  élèves  y  apprenaient  leurs  leçons  dans 
le  Livre  fV  Heur  es  anglais.  Quelques-unes  des  questions  étaient  : 
a  Quel  fut  le  premier  homme?  Quelle  fut  la  première  femme? 
Quel  fut  l'homme  qui  vécut  le  plus  longtemps?  Qui  tenta  Eve 
et  lui  fit  manger  la  pomme?  » 

Clara  M. 

On  employait  alors  dans  les  églises  divers  instruments  de 
cuivre  au  lieu  des  orgues  dont  nous  nous  servons. 

Margaret  h 

On  avait  une  basse-viole,  un  violon  et  un  diapason  pour 
entonner  les  chants. 

.lESSlE   I). 

Dans  un  ancien  chœur  il  y  avait  deux  ou  trois  personnes  qui 
conduisaient  le  rhant;  l'assemblée  se  joignait  à  elles,  et  les 
entraînait. 

SURIE  D. 

Grand'maman  chantait  dans  le  choeur  quand  elle  était  jeune. 

Hattie  S. 

Lorsque  la  Nouvelle-Angleterre   fut  colonisée,  les  hommes 

10 


140  GRAMMAR   SCHDOLS. 

étaient  obligés  d'emporter  leurs  fusils  à  l'église,  pour  se  défendre 
si  les  Indiens  venaient  les  attaquer.  Lorsque  les  voitures  étaient 
rares,  on  allait  à  l'église  à  cheval ^  les  femmes  montaient  en 
croupe.  Les  enfants  n'avaient  en  général  qu'une  paire  de  sou- 
liers, et  ils  devaient  les  faire  durer  longtemps.  Les  petites 
filles  étaient  obligées  de  marcher  pieds  nus. 

Mame  L. 

Lorsqu'ils  allaient  à  pied  à  l'église,  ils  portaient  leurs  chaus- 
sures à  la  main  et  ne  les  mettaient  à  leurs  pieds  qu'au  moment 


d'entrer  à  l'église. 


LizziE  IS. 


On  voyait  rarement  des  étrangers  dans  les  petites  villes,  et 
on  apprenait  aux  enfants  à  les  saluer  respectueusement  s'ils  les 
^rencontraient  sur  la  route.  Les  vieilles  gens  conservent  cette 
habitude  encore  maintenant,  et  maman  dit  qu'à  Sydney  on  dit 
aux  enfants  de  le  faire,  et  que  ceux  qui  ne  le  font  pas  sont 
regardés  comme  des  enfants  mal  élevés, 

SusiE  D. 

Ils  étaient  plus  polis  dans  ce  temps-là  que  nous  ne  le  sommes 
aujourd'hui. 

Emily  L. 

Les  vieilles  gens  disaient  alors  :  «  Les  murs  ont  des 
oreilles.  » 

Mary  B. 

Et  maintenant  les  vieilles  gens  disent  :  «,  11  faut  que  l'on  voie 
les  enfants  et  qu'on  ne  les  entende  pas.  )) 

Maugie  h. 

Chaque  [armer  contluisait  à  son  tour  à  l'école  ses  enfants  et 
ceux  de  ses  voisins.  Lorsqu'il  avait  fait  une  grande  tempête  de 
neige  et  que  les  routes  étaient  obstruées,  il  prenait  un  grand 
traîneau,  y  attelait  ses  bœufs  et  allait  de  maison  en  maison 
jusqu'à  ce  qu'il  eut  chargé  son  traîneau. 

Ida  B. 

Le  traîneau  était  couvert  de  l)ri(jues  chauffées  pour  leur 
tenir  les  pieds  chauds. 

Sara H  L. 


LA  VIE  DE  l'École  décritî-:  par  les  écoliers.     147 

Je  me  figure  qu'ils  devaient  Lien  s'amuser  en  se  rendant 
ainsi  à  l'école  ! 

Jeannie  C. 

Ils  emportaient  des  dîners  composés  de  pain,  de  fromag-e  et 
de  pommes,  et  s'ils  avaient  un  morceau  de  pâté  par  semaine, 
c'était  un  grand  régal. 

Clara  M. 

Pour  les  grands  garçons  et  les  grandes  filles  qui  avaient  à 
travailler  pendant  le  jour,  il  y  avait  des  cours  d'écriture  et  des 
écoles  du  soir.  Ils  portaient  leur  encre,  leur  plume  d'oie  et 
leur  chandelle.  S'ils  n'avaient  pas  de  chandelier,  ils  faisaient 
quelquefois  dans  une  pomme  de  terre  un  trou  assez  gros  pour 
tenir  leur  chandelle,  et  ils  s'éclairaient  de  cette  façon. 

JULL\  M.    J, 

Les  horloges  dont  on  se  servait  à  cette  époque  étaient  très- 
drôles.  Le  maître  avait  dans  son  pupitre  un  sahlier  marquant 
une  demi-heure,  et  quand  le  sable  était  tout  à  fait  écoulé,  les 
écoliers  criaient  :  «  Le  verre  est  fini.  »  Alors  on  le  retournait 
et  ainsi  de  suite  jusqu'à  midi. 

Jessie  D. 

Lorsque  grand'maman  était  petite,  elle  demeurait  à  Fayal  et 
on  faisait  la  classe  dans  la  maison  de  quelques  personnes  qu'on 
voyait  à  leur  aise. 

Un  homme  tenait  une  classe  de  garçons  dans  une  maison,  et 
une  femme,  une  classe  de  filles  dans  une  autre.  Le  mercredi 
et  le  samedi  après-midi  les  filles  cousaient  et  faisaient  toute 
sorte  de  jolis  travaux. 

Mary  S. 

Les  carreaux  de  vitres  employés  dans  les  maisons  étaient 
très-petits.  On  n'avait  pas  de  tapis  sur  le  plancher,  on  y  répan- 
dait quelquefois  du  sable  sur  lequel  on  traçait  dès  chiffres  avec 
un  balai  de  sapin. 

Martha. 

Certaines  personnes  n'avaient  pas  le  moyen  d'acheter  du 
verre  qui  coûtait  très-cher;  alors  on  clouait  des  morceaux  de 
drap  blanc  sur  les  fenêtres  pour  remplacer  les  carreaux. 

Anna  G. 


148  GRAMMAH    SCHOOLS. 

Lorsqu'on  voulait  faire  bouillir  une  chaudronnée  d'eau,  une 
crémaillère  en  fer  fixée  sur  Tun  des  côtés  de  la  cheminée  se 
balançait  au-dessus  du  feu. 

Sarah  g. 

Il  y  a  cent  ans,  beaucoup  d'endroits  où  s'élèvent  des  villes 
aujourd'hui  étaient  couverts  de  bois  ;  il  n'y  avait  pas  de  routes; 
on  ne  voyait  que  des  sentiers  et  il  fallait  faire  des  marques  sur 
les  arbres  pour  trouver  sa  route. 

Hattik  t. 

Les  pianos  s'appelaient  alors  des  épinetles. 

Jl'Lia  II. 

On  avait  alors  des  chaises  à  dossier  haut  et  droit  et  des 
escabeaux  de  bois. 

Flora  M'  ï.. 

On  n'avait  pas  alors  de  tapisseries  comme  nous  en  avons 
dans  nos  maisons. 

Margie  h. 

On  se  servait  de  vaisselle  d'étain  et  de  bois. 

Emma  L.      . 

Ma  mère  demeurait  à  Sydney  Mines  (cap  Breton).  Elle  n'avait 
pas  tous  les  avantages  dont  je  jouis  aujourd'hui.  D'abord  elle 
n'avait  pas  de  si  bons  habits.  Si  elle  avait  une  robe  neuve  en 
calicot,  elle  se  trouvait  très-bien  habillée,  car  c'était  une  étoffe 
très-rare.  Les  écoliers  écrivaient  sur  l'écorce  des  arbres  pour 
économiser  le  papier. 

SusiE  D. 

Maman  dit  qu'on  ne  s'habillait  pas  aussi  bien  que  maintenant 
lorsqu'elle  élait  jeune.  On  portait  alors  des  vêtements  fabri- 
qués à  la  maison  et  des  pantalons  de  calicot  rouge,  et  lorsqu'on 
avait  une  robe  de  laine  écossaisse  et  des  pantalons  blancs,  on 
se  crevait  vêtue  avec  élégance. 

Emma  D. 

Lorsque  ma  grand'mère  était  petite  lîlle,  ses  parents  étaient 
farmers  et  elle  allait  à  l'école  pendant  l'hiver. 

LlLLlE  B. 


LA.    VIE    DE    l'ÉCULE  DÉCRITE    i'AU    LES   ÉCOLIEHS.       UO 

11  y  a  cent  ans,  il  n'y  avait  presf[ue  que  des  farmers. 

Annie  G. 

Ma  mère  a  demeuré  en  Irlande  jusqu'à  l'âge  de  seize  ans  ; 
c'est  pourquoi  elle  n'a  pu  rien  me  dire  sur  ce  qui  se  passait 
ici  il  y  a  cent  ans. 

LizziE  ^V. 

Les  portefeuilles  dont  on  se  servait  alors  étaient  faits  de 
peau  de  mouton  ou  de  gros  cuir,  on  les  cousait  avec  du  fil  de 
cordonnier.  Ils  avaient  la  forme  d'une  bouteille. 

Nellie  g. 

Les  dames  portaient  des  bourses  tricotées  et  on  avait  son 
argent  en  numéraire. 

Gertrude  K. 

Les  messieurs  portaient  des  jabots  sur  le  devant  de  la  che- 
mise, et  leurs  grands  cols  droits  s'appelaient  des  chemisettes. 

Cor A  C. 

Les  fusils  dont  on  se  servait  alors  s'appelaient  des  fusils  à 
pierre,  et  ils  avaient  des  baguettes  de  bois. 

Ellnett  J. 

Les  enfants  n'avaient  pas  autant  de  récréation  qu'aujourd'hui. 
Les  garçons  travaillaient  aux  champs,  les  filles  dans  la  maison. 

Annie  G. 

Quelques-unes  des  filles  avaient  à  faire  des  blanchissages, 
outre  le  déjeuner  de  la  famille  qu'il  leur  fallait  préparer 
chaque  jour  avant  d'aller  à  l'école. 

Martha  N. 

On  n'avait  pas  alors  les  espèces  de  jeux  qu'on  a  aujourd'hui. 

Annie  G. 

Les  filles  n'avaient  pas  alors  de  jolies  poupées  pour  s'amuser, 
elles  n'avaient  que  des  bébés  faits  de  chiffons. 

LiLLIE  B. 

On  n'avait  pas  beaucoup  de  distractions  :  de  loin  en  loin  un 
cirque  venait  donner  dos  représentations. 

Emilv  I). 


150  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Les  enfants  devaient  aller  de  ferme  en  ferme  éplucher  le 
maïs  et  peler  les  pommes,  et  lorsqu'ils  avaient  terminé  leur 
besogne,  on  leur  donnait  un  souper  chaud,  puis  ils  jouaient. 
Ma  mère  y  a  souvent  été.  On  appelait  ces  réunions  «  paring 
bées  »  et  «  husking  bées  »  (1).  Quel([uefois  ils  trouvaient  des 
épis  de  blé  rouges  et  alors  ils  devaient  donner  des  gages. 

Ida  B. 

Il  n'y  a  que  vingt-sept  ans  que  ma  mère  est  en  Amérique  et 
je  n'ai  pas  pu  découvrir  ce  que  l'on  faisait  ici  dans  les  temps 
anciens. 

Mary  M'  C. 

Gracie  Wecks  sait  quelque  chose  de  ce  qui  se  passait  à  Boston 
il  y  a  cent  ans. 

Sylyia  L. 

Les  habitants  de  Boston  demeurèrent  d'abord  à  l'exl rémité 
septentrionale  deCopp'sHill.  Tonte  l'aristocratie  allait  à  l'église 
du  Christ  dans  la  rue  Salem  ;  cette  église  est  encore  debout, 
c'est  celle  qui  a  le  carillon.  Le  roi  George  a  donné  à  cette 
église  un  service  de  communion  en  argent,  et  une  grande  Bible 
de  forme  ancienne.  On  a  précieusement  conservé  ces  relivques- 

On  suspendit  des  lanternes  dans  le  clocher  pour  faire  savoir 
à  Paul  Bevere,  qui  faisait  le  guet  de  l'autre  côté  de  Charlestown, 
si  les  Anglais  partaient  par  terre  ou  par  mer  (2). 

Devant  Fawnil  Hall,  à  l'endroit  oîi  s'élève  le  marché  de 
Quincy,  les  Anglais  et  les  Américains  eurent  une  querelle  dans 
laquelle  deux  de  nos  concitoyens  de  Boston  furent  tués. 

Un  jour,  le  général  La  Fayette  vint  à  Boston  rendre  visite  au 
général  Hancock.  M™^  Hancock,  qui  n'avait  pas  assez  de  lait 
j)our  son  pudding  et  pour  son  café,  dit  à  une  de  ses  servantes 
d'aller  sur  le  domaine  communal  et  de  traire  les  vaches  qu'elle 
y  trouverait. 

Les  vêtements  des  dames  consistaient  en  jupons  de  satin 
piqué  et  en  corsages  massifs  garnis  de  dentelle  par  devant  et 
par  derrière. 

(1)  To  husk,  éplucher  (du  maïs)  ;  to  pare,  peler  (des  fruits).  Bee, 
américanisme.  D'après  le  Dictionnaire  de  ^Vebstcr,  on  appelle  ainsi 
au  Canada  et  aux  États-Unis  une  réunion  de  plusieurs  personnes  pour 
faire  gratuilement  quelque  travail  ou  pour  aider  un  de  leurs  voisins. 

(:2)  Voir  Longfellow,  «  The  Landlord's  taie,  I^aul  Revere's  ride.  » 

(Notefi  du  Traducteur.) 


LA  VIE  DE  l'École  décuite  par  les  écoliers.     151 

Elles  portaient  des  gants  de  peau,  sur  le  dos  desquels  était 
imprimé  le  portrait  du  général  La  Fayette,  qui,  lorsqu'il  prenait 
congé  d'une  dame  en  lui  baisant  la  main,  baisait  ainsi  son 
propre  portrait. 

Gracie  W. 

Il  y  a  cent  ans  l'armée  anglaise  était  à  Boston,  et  on  souffrait 
beaucoup  du  froid  et  de  la  faim.  On  fut  obligé  de  brûler  les 
maisons  inoccupées  et  les  bancs  de  l'église,  parce  qu'on  n'avait 
pas  de  bois. 

RÉSÉDA  S. 

Benjamin  Francklin  naquit  à  Boston  en  l'an  1706.  Il  y  a  cent 
ans,  il  avait  soixante-dix  ans;  et  il  y  a  cent  ans,  Washington 
avait  quarante-quatre  ans. 

EvA  L. 

Benjamin  Franklin  mourut  en  l'an  1790,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-quatre  ans.  La  chère  vieille  cousine  de  graud'maman,  qui 
demeure  maintenant  à  Situate  et  qui  a  quatre-vingt-trois  ans, 
raconte  une  histoire  très-intéressante  qui  lui  arriva,  à  elle  et  à 
ses  sœurs,  pendant  la  guerre  de  1812. 

Son  père  était  gardien  d'un  phare  au  port  de  Situate.  Elle 
était  avec  ses  sœurs  au  sommet  du  phare,  d'où  elles  regar- 
daient la  mer,  lorsqu'elles  aperçurent  des  vaisseaux  anglais  qui 
entraient  dans  le  port.  En  regardant  plus  attentivement,  elles 
s'aperçurent  que  les  marins  anglais  se  disposaient  à  incendier 
les  navires  des  habitants.  Lorsque  deux  navires  eurent  été 
incendiés,  elle  et  ses  sœurs  ne  purent  pas  supporter  ce  spectacle 
plus  longtemps  et  elles  résolurent  de  faire  quelque  chose  pour 
arrêter  l'incendie,  car  son  père  et  ses  frères  n'étaient  pas  à  la 
maison. 

Après  une  courte  discussion,  elles  résolurent  de  prendre  le 
fifre  et  le  tambour  et  d'essayer  d'effrayer  les  Anglais.  Aussitôt 
fait  que  dit  :  ilebecca  prit  le  fifre  et  sa  sœur  le  tambour,  et  elles 
allèrent  se  cacher  derrière  la  colline,  hors  de  vue,  et  se  mirent 
à  jouer  de  toutes  leurs  forces  «  Doodle  Yankee  »,  en  avançant 
et  en  reculant  sur  le  rivage.  Les  Anglais  les  entendirent  et 
interrompirent  leur  œuvre  de  destruction.  Ils  s'imaginèrent 
qu'il  y  avait  tout  près  d'eux  une  troupe  de  soldats,  ils  montèrent 
dans  leurs  bar({ues  et  regagnèrent  leurs  vaisseaux,  qui  ne  tar- 
dèrent pas  à  disparaître.  Alors  les  petites  filles  s'assirent  sur 
le  rivage  et  rirent  aux  larmes. 


15-i  GRAMMAK   SCllUOLS. 

Ces  deux  vieilles  dames  demeurent  mainlenanl  au  porl  de 
Situale  ;  elles  ne  sont  pas  très-riches,  mais  ce  sont  des  per- 
sonnes tout  à  fait  dignes  et  respectables. 

JosiE  L. 

La  guerre  de  1815  fut  la  dernière  avec  l'Angletei-re.  Mais 
nous  eu  avons  eu  une  autre  appelée  la  Grande  Rébellion  entre 
le  Nord  et  le  Sud.* 

Maggie  h. 

Boston  (Massachusetts. j —  Prescott  (Graminar  School). 


VU.  —  Exercices  de  style  :  A   propos 
du  Cenfenaire. 

89.    —   LE  CENTENAIRE. 

Presque  tout  le  monde  parle  du  Centenaire.  Vous  ne  pouvez 
pas  aller  dans  une  seule  maison  sans  qu'on  vous  montre  une 
tasse  à  thé,  une  cuiller  ou  quelque  autre  chose  qui  a  été 
apporté  ici  dans  le  Flcur-de-Mai.  Il  y  a  des  personnes  ({ui 
achètent  très-cher  tous  les  objets  faits  à  l'ancienne  mode, 
pour  les  envoyer  au  Centenaire.  Tout  objet  qui  a  cent  ans 
d'existence  passe  pour  une  merveille.  Quelques  personnes  vont 
même  jusqu'à  acheter  de  vieilles  fenêtres  avec  des  petits  car- 
reaux de  verre  grossier.  On  vous  demande  presque  toutes  les 
semaines  si  vous  irez  au  Centenaire.  On  n'entend  parler  que 
de  soirées  du  Centenaire,  mascarades  du  Centenaire.  A  Provi- 
dence (1),  on  a  établi  un  Musée  du  Centenaire,  destiné  à  rece- 
voir tous  les  objets  qui  sont  ou  très-vieux  ou  très-curieux. 
Les  Dames  du  comité  de  ce  Musée  portent  des  robes-centenaire. 

La  plupart  des  touristes  qui  sont  ici  viennent  de  Philadelphie. 
Ileaucoup  d'entre  eux  se  proposent  de  passer  la  saison  ici  et  de 
louer  leurs  maisons  de  Philadelphie  aux  personnes  qui  vou- 
dront aller  au  Centenaire. 

Ada  C. 

Age  :  treize  ans. 
Newport  (Rhodc  Islandj. 


(I)  La  seconde  capitale  (hi  Rliode  Island.  [Note  du  Traducteur. 


A   IMIUFOS   DU    CENTENAIllE.  153 


90.    —    OFFRANDE  POUR    LE   CENTENAIRE. 

Parmi  les  divers  ouvrages  d'élèves  que  vous  voyez,  voici  une 
petite  ode  faite  par  moi  :  quoique  ce  soit  une  poésie  très- 
simple,  c'est  ce  que  j'ai  fait  de  mieux  jusqu'ici. 

Mais,  si  je  vis  et  deviens  plus  vieille,  je  pourrai  peut-être 
présenter  quelque  chose  de  meilleur.  C'est  pourquoi  j'espère 
qu'en  passant  près  de  mon  œuvre,  vous  ne  la  regarderez  pas 
d'un  œil  de  critique. 

Vous  sourirez  plutôt  à  ces  vers,  œuvre  d'une  petite  fdle  de 
Hunterdon,  qui  n'a  guère  que  douze  anS;,  mais  qui  estime  la 
science  plus  que  l'or. 

J'aime  toujours  à  aller  à  l'école,  et  quand  j'y  suis,  j'obéis  à 
toutes  les  règles  :  j'aime  à  étudier,  et  à  jouer,  et  à  apprendre 
un  peu  tous  les  jours. 

L'époque  où  nous  vivons  réclame  toute  notre  reconnaissance 

Texte  anglais  : 

A  CENTENMAL   OFFERING. 

Ainong  tlie  various  works  you  sec 
Hère  is  a  little  ode  by  me  : 
Although  it  is  a  simple  rhyme, 
It  is  my  best  just  at  this  time. 

But,  if  I  live  to  older  grow, 
I  tlien  may  make  a  better  show. 
Therefore  I  hope,  as  you  pass  by, 
You'll  not  view  this  with  a  critic's  eye. 

But  will  admire  this  which  has  corne 
From  a  little  girl  in  Hunterdon, 
Who's  not  much  over  twelve  ycars  old, 
But  prizes  knowledge  more  than  gold. 

I  always  love  to  go  to  school, 
And,  when  l'm  there,  obey  each  rule  : 
I  love  to  study  and  to  play 
And  learn  a  little  every  day. 

The  présent  âge  in  which  we  live 
Claims  ail  the  gratitude  we  give 
To  God,  from  whom  ail  blessinp;s  flow, 
And  nnr  sires  Ono  Hundred  vears  a^o 


154  GRAMMAR   SCIIOOLS. 

pour  Dieu,  d'où  découlent  tous  ces  bienfaits,  et  pour  nos  pères 
d'il  y  a  Cent  ans. 

LizziE  S. 
Age  :  douze  ans. 
Comté  de  Hunterdon  (New  Jersey).  —  District  n°  56. 


i)i.    —  LES    PREMIERS   CENT   AXS  DE    NOTRE    HISTOIRE. 

Notre  nation,  comme  tout  le  monde  le  sait,  aura  cent  ans 
le  l  juillet  187().  L'anniversaire  de  sa  naissance  sera  célébré  à 
Philadelphie  et  commencera  en  mai  pour  finir  en  novembre  ; 
il  durera  six  grands  mois,  plus  longtemps  que  la  plupart  des 
naissances  que  nous  célébrons.  Ce  sera  l'un  des  plus  grands 
événements  dans  l'histoire  du  monde.  Quarante  puissances 
étrangères  ont  déjà  promis  de  prendre  part  à  cette  célébration. 

Depuis  le  commencement  de  son  histoire,  cette  nation  s'est 
accrue  en  population,  en  industrie,  en  richesse.  Notre  pays 
peut  réclamer  beaucoup  des  plus  grandes  inventions,  entre 
autres  la  machine  à  coudre,  le  paratonnerre,  les  bateaux  à 
vapeur  et  le  télégraphe. 

L'Amérique  peut  à  bon  droit  être  fière  de  son  génie.  Nous 
nous  souvenons  tous  de  Washington,  je  pense,  qui,  par  sa 
ferme  volonté  et  son  habile  tactique,  délivra  notre  pays  de  l'es- 
clavage tyrannique  de  l'Angleterre. 

Nous  nous  souvenons  aussi  d'Abraham  Lincoln  qui,  dans  sou 
genre,  fut  aussi  grand  et  aussi  bon  que  AVashington.  Le  pre- 
mier jour  de  janvier  1863,  il  publia  sa  proclamation  d'émanci- 
pation qui  délivrait  de  nouveau  le  peuple  de  l'esclavage. 

Le  peuple,  de  «  l'Atlantique  au  Pacifique  »  attend  le  «  Cente- 
naire ))....,  mais  non  pas  pour  regarder  ces  cahiers  d'école. 
Les  élèves  ont  fait  des  eftorts  héroïques  pour  dissuader  les 
maîtres  de  les  envoyer  à  Philadelphie,  mais  en  vain.  D'abord, 
qui  est-ce  qui  les  regardera?  L'écho  répond  :  qui?  Les  maîtres 
ne  sont  pas  d'accord  avec  l'écho,  et  ils  disent  :  tout  le  monde. 
Alors  je  plains  ce  tout  le  monde.  Je  prédis  que  dans  deux  ans 
d'ici  nos  cahiers  nous  reviendront  aussi  exempts  de  toute 
marque  de  doigt  qu'ils  le  sont  aujourd'hui  et  aussi  couverts  de 
poussière  que...  le  plancher  de  notre  école. 

CORA  M'  G. 
Age  :  quatorze  ans. 
Milwaukee  (Wisconsin).  —  District  ii''  1. 


A  PROPOS  DU   CENTENAIRE.  155 


9-2.    —   PROGRÈS   DE   CE  PAYS    EN    CENT  ANS. 

11  y  a  cent  ans,  ce  pays  était  très-peu  avancé,  il  n'y  avait  pas 
de  chemins  de  fer,  il  n'y  avait  que  peu  d'objets  sortant  des 
manufactures  et  il  n'y  avait  pas  de  machines  à  vapeur. 

Ce  pays  était  alors  soumis  au  gouvernement  anglais.  L'Angle- 
terre semble  s'être  proposé  pour  objet  de  tirer  des  colons  tout 
ce  qu'elle  en  pouvait  tirer  et  de  les  tenir  complètement  sous  sa 
dépendance.  Elle  ne  voulait  pas  qu'ils  achetassent  ou  qu'ils 
vendissent  à  d'autres  nations  ou  qu'ils  fissent  du  commerce 
entre  eux. 

Elle  voulait  leur  faire  payer  le  prix  le  plus  élevé  pour  les 
objets  dont  ils  avaient  besoin,  et  elle  les  frappait  de  lourds 
impôts  pour  soutenir  le  gouvernement  anglais. 

5lais  les  colons  résistèrent;  ils  combattirent  pendant  huit 
ans  et  gagnèrent  leur  indépendance.  Depuis  cette  époque,  ce 
pays  s'est  accru  très-rapidement  en  étendue  et  en  population; 
ses  treize  colonies  primitives  se  sont  changées  en  trente-neuf 
États  auxquels  se  sont  joints  de  vastes  territoires. 

Les  Américains  manufacturent  des  marchandises  pour  eux- 
mêmes  et  ont  des  chemins  de  fer  par  tout  le  pays,  et  ils  ont  des 
relations  commerciales  presque  avec  tous  les  pays  du  monde. 
Los  .américains  ont  inventé  beaucoup  d'objets  dont  les  autres 
nations  se  servent;  le  télégraphe  et  la  machine  à  coudre  furent 
inventés  par  les  Américains. 

On  a  aussi  fait  de  grands  progrès  dans  l'éducation.  11  y  a 
moins  de  cent  ans,  une  classe  de  demoiselles  fit  de  l'analyse 
pour  la  première  fois  à  Philadelphie,  et  l'on  considérait  cet 
événement  comme  si  étonnant ,  que  nombre  de  personnes 
allèrent  les  entendre  :  on  regardait  comme  une  chose  très- 
surprenante  que  des  filles  fussent  assez  savantes  pour  faire  de 
l'analyse. 

Maintenant,  il  y  a  des  écoles  et  des  collèges  pour  les  jeunes 
filles  par  tout  le  pays. 

Beaucoup  de  grandes  villes  sont  nées  pendant  le  siècle  qui 
vient  de  s'é  ouler  ;  les  plus  importantes  sont:  >'ew  York, 
Philadelphie,  Boston,  Chicago  et  Cincinnatti.  New  York  est  la 
capitale  de  l'Amérique. 

Philadelph  e  est  la  ville  la  plus  célèbre  de  l'Union.  C'est 
dans  cette  ville  que  fut  signée  la  Déclaration  d'Indépendance  et 
c'est  là  que  résida  le  premier  Président  :  le  Grand,  le  Bon 
^Yashin?ton. 


156  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Pendant  l'année  actuelle,  on  célébrera  à  Philadelphie  le  cen- 
tième anniversaire  de  notre  Indépendance, 

Mary  D. 
Age  :  quatorze  ans, 
Leipervillc  (Pennsylvanio). 


93.    —  JADIS  ET  aujourd'hui. 

S'il  est  une  chose  dont  je  puisse  me  vanler  avec  orgueil, 
c'est  d'être  Américaine  et  de  pouvoir  jouir  pleinement  du 
Centenaire  qui  aura  lieu  cette  année. 

Cette  grande  époque  arrive  au  moment  où  nos  esprits,  com- 
plètement développés,  peuvent  recevoir  la  plus  profonde  im- 
pression et  conserver  le  plus  vif  souvenir  des  grandes  choses 
qui  auront  probablement  lieu  à  cette  grande  Exposition.  Je  la 
visiterai  certainement  si  le  ciel  me  conserve  la  santé,  comme 
toutes  les  écolières  doivent  le  faire. 

Nous  pourrons  alors  voir  tout  à  notre  aise  la  variété  de 
costumes  dont  notre  petite  ville  nous  a  donné  déjà  une  idée  à 
nous  autres,  petites  filles,  et  a  excité  notre  curiosité  avec  les 
bateaux  de  plaisir  pour  le  Centenaire. 

Nous  avons  vu  représenter  le  général  Washington  et  lady 
^Yashington  par  des  gens  qui  feraient  honte  au  généra!  et  à  sa 
mère,  s'ils  pouvaient  être  là. 

Beaucoup  peuvent  en  porter  l'habit,  mais  combien  peu  en 
ont  le  caractère!  Comme  je  l'ai  entendu  dire  à  l'un  de  nos 
savants  pasteurs  :  «  11  ne  pousse  plus  de  tels  hommes  main- 
tenant. » 

Cependant  nous  avons  des  hommes  intelligents  en  1876, 
comme  il  y  en  avait  en  1776,  et  des  femmes  intelligentes,  mais 
un  peu  dégénérées. 

Il  semble  qu'il  y  eût  plus  d'unité  alors  qu'il  n'y  en  a  aujour- 
d'hui ;  on  croyait  alors  que  le  bonheur  dépendait  des  affections 
([u'on  pouvait  inspirer,  chose  que  nous  n'admettons  })lus  géné- 
ralement. 

Les  générations  actuelles  sont  plus  dures,  plus  froides,  et 
le  principal  objet  est  de  chercher  à  se  procurer  de  l'argent  (je 
regrette  de  le  dire).  Consultez  les  journaux  quotidiens,  et  vous 
trouverez  des  colonnes  pleines  de  meurtres  et  de  vices  de  toute 
espèce,  le  tout  principalement  en  vue, de  l'argent. 

Je  me  demiuide  si  nous  pourrions   supporter  les  privations 


A    PROPOS    DL'    CENTENAIRE.  157 

que  les  hommes  et  les  femmes  supportaient  jadis,  et  si  nous 
avons  un  général  qui  ressemble  au  général  Putnam  et  qui 
puisse,  en  quittant  la  charrue,  prendre  le  commandement  des 
troupes  comme  il  le  fit. 

Y  a-t-il  parmi  nous  des  mères  et  des  sœurs  qui  éveilleraient 
leurs  fils  et  leurs  frères  à  minuit  pour  les  envoyer  combattre 
pour  l'Indépendance  ? 

La  lecture  de  quelques-uns  des  exploits  audacieux  accomplis 
à  cette  époque  fait  courir  dans  mes  veines  un  frisson  patriotique. 

Nous  sommes  un  peuple  intelligent,  oui,  mais  sommes-nous 
aussi  honnêtes  qu'intelligents  ? 

J'arrive  maintenant  à  la  fin  de  cette  composition  qui, 
m'a-t-on  dit,  a  été  donnée  à  l'occasion  du  Centenaire.  J'espère 
qu'on  ne  la  critiquera  pas  trop  sévèrement,  car  elle  est  due  à 
la  plume  d'une  écolière. 

Je  puis  répondre  de  l'originalité  de  ce  travail  ;  quant  à  ses 
mérites,  je  me  soumettrai  au  jugement  de  meilleurs  juges. 

Laura  D. 
Age  :  dix  ans. 
Patterson,  comté  de  Passaïc  (New  Jersey). 
District  n**  5.  —  École  rurale. 


9i.   —  DANS  CENT  ANS. 

Si  notre  pays  prospère  autant  pendant  le  siècle  prochain 
qu'il  l'a  fait  dans  le  siècle  passé,  qui  peut  prédire  l'avenir  de 
l'Amérique?  11  serait  certes  très-intéressant  de  savoir  exacte- 
ment comment  il  sera.  Voyons  en  imagination  les  États-Unis 
dans  cent  ans  d'ici. 

Il  fait  un  jour  charmant  et  beaucoup  de  personnes  se  pro- 
mènent en  goûtant  la  fraîcheur  de  l'air.  Les  demoiselles,  au 
lieu  de  porter  les  robes-fourreaux  si  étroites  qu'elles  peuvent 
à  peine  marcher  à  leur  aise,  et  d'immenses  paniers,  et  des 
bottines  à  hauts  talons  (avec  des  bas  zébrés)  et  des  chapeaux 
sur  le  derrière  de  la  tète,  marchent  avec  des  chaussures  qui 
ont  la  forme  de  leurs  pieds.  Elles  ont  des  vêtements  assez  amples 
pour  leur  permettre  de  faire  des  pas  ordinaires,  et  mettent 
leurs  chapeaux  où  il  faut.  Elles  s'avancent  gracieusement  jus- 
qu'à une  fraîche   retraite  où  elles   s'assoient;  là  elles  écou- 


158  GRAMMAR    SCHOOLS. 

tent  une  agréable  musique  qui  se  fait  entendre  dès  qu'on 
pousse  un  ressort. 

Elles  ne  sont  pas  forcées  de  se  tenir  assises  droites  trois 
heures  par  jour  pendant  cin(|  ans  pour  apprendre  à  jouer  un 
peu,  si  peu,  qu'elles  ont  toujours  «  perdu  l'habitude!  »  Nous 
remarquons  aussi  })eaucoup  de  petites  filles  parmi  les  autres, 
qui  paraissent  toutes  bien  heureuses,  et  je  pense  que  cela 
tient  à  ce  qu'on  ne  leur  fait  pas  laver  la  vaisselle  comme  les 
petites  fdles  faisaient  autrefois.  Au  lieu  d'avoir  cela  à  faire 
après  un  repas,  il  suflit  simplement  de  mettre  la  vaisselle  dans 
une  machine  d'où  elle  sort  lavée  et  séchée,  le  tout  en  deux  ou 
trois  minutes.  Tous  les  lég^umes  pour  le  dîner  sont  préparés  de 
la  même  manière,  prompte  et  facile. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  étrange,  c'est  la  manière  de  voyager. 
En  1876,  on  regardait  comme  une  chose  merveilleuse  les 
Pullman  Palace  Cars  (1)  qui  marchaient  avec  une  vitesse  de 
quarante  milles  à  l'heure.  Maintenant  nous  pouvons  aller  en 
Europe  en  trois  jours,  non  pas  par  terre  ou  par  eau,  mais  par 
les  airs,  en  ballon.  Il  y  a  des  stations  de  ballons  dans  tous  les 
endroits  importants  ;  des  lignes  de  ballons  partent  des  villes 
toutes  les  heures. 

Ce  mode  de  voyager  est  maintenant  préféré  par  presque  tout 
le  monde,  car  il  est  plus  prompt,  et  cause  moins  d'accidents 
qu'il  n'en  arrive  sur  terre  ou  sur  mer. 

Au  lieu  d'envoyer  les  lettres  par  les  chemins  de  fer  qui  vont 
si  lentement,  on  ne  se  sert  que  •  des  pigeons  voyageurs  ;  les 
ballons  et  les  pigeons  répandent  beaucoup  d'animation  dans 
l'air.  Les  navires  font  voile  sous  l'eau  et  on  les  emploie 
beaucoup  à  la  place  des  anciens  navires  qui  allaient  si  lente- 
ment. Ils  ont  de  grandes  fenêtres  en  verre,  près  desquelles  on 
peut  rester  assis  toute  la  journée  et  contempler  les  curieux 
habitants  de  la  mer,  les  belles  herbes  marines  et  les  milliers 
de  coquillages. 

11  n'est  pas  probable  qu'aucun  de  nous  soit  vivant  dans  cent 
ans  d'ici,  et  naturellement  nous  ne  pourrons  pas  jouir  de  ces 
perfectionnements,  mais  nous  espérons  que  les  personnes  qui 
assisteront  au  pi'ochain  Centenaire  vivront  dans  un  charmant 
confort  et  verront  tous  leurs  souhaits  réalisés  par  les  ma- 
chines. 

Et  cependant,  malgré  tous  ces  progrès  du  vingtième  siècle, 

(1)  Système  américain  de  wagons-lits,  wagons-salons,  etc. 


HISTOIRE.  159 

nous  préférons  vivre  au  dix-neuvième,  et  particulièrement  à 
l'époque  actuelle. 

Maggie  s. 
Age  :  douze  ans. 
Comté  de  Mercie  (New  Jersey).  —  District  n"  5. 


VIII.— HUtoirc. 


95.    —   CHRISTOPHE   COLOMB. 


Un  enfant  qui  n'avait  que  douze  ans,  nommé  Christophe 
Colomb,  voulait  être  marin;  son  père  était  un  pauvre  journalier 
de  Gênes.  L'étude  favorite  de  Colomb  était  la  Géographie,  et 
cette  étude  lui  donna  l'idée  que  la  terre  était  ronde  et  que  si 
l'on  traversait  l'Atlantique  en  ligne  droite,  on  atteindrait  les 
Indes-Orientales. 

11  grandit  donc  et  devint  homme  avec  cette  idée  que  la  terre 
était  ronde.  Il  voulait  faire  cette  expérience  et  traverser 
l'Océan  :  c'est  ce  qu'il  fit.  Il  demanda  au  roi  de  Portugal  de  lui 
donner  des  vaisseaux  et  des  hommes  pour  l'accompagner;  mais 
le  roi  refusa,  et  Colomb  s'adressa  au  roi  et  à  la  reine  d'Espagne. 
Plein  de  ses  espérances,  il  alla  trouver  le  roi  Ferdinand  et  la 
reine  Isabelle,  et  leur  demanda  ce  qu'il  avait  demandé  au  roi 
de  Portugal.  Ils  le  lui  accordèrent.  Il  quitta  Palos  le  3  août  de 
l'année  1-19:2,  avec  trois  vaisseaux  et  quatre-vingt-dix  hommes. 
Après  un  pénible  voyage  ils  touchèrent  terre,  et  Colomb  pensa 
qu'il  avait  atteint  les  Indes-Orientales,  Mais  ce  n'était  qu'une 
des  îles  Lucayes,  et  il  la  nomma  San  Salvador. 

Après  ce  premier  voyage,  il  en  fit  trois  autres  ;  puis  il  mourut 
en  Espagne,  le  20  mai.  Ses  restes  furent  transportés  à  Séville, 
et  en  1756  ils  furent  transportés  dans  la  cathédrale  de  la 
Havane  où  ils  sont  maintenant. 

Bertha  K. 
Age  :  quatorze  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  —  District  n"  9. 


160  GKA.MMAU   SGHOOLS. 


9G.    —   MÊME   SUJET. 

Il  y  a  environ  quatre  cents  ans,  vivait  à  Gênes,  en  Italie,  un 
homme  nommé  Colomb,  qui  faisait  le  métier  de  cardeur  de 
laine.  Il  avait  un  fils  nommé  Christophe,  qui  travailla  pendant 
quelque  temps  pour  son  père;  mais  ensuite  il  s'emi)arqua  et 
devint  un  bon  et  brave  marin.  A  cette  époque  on  ne  connais- 
sait pas  la  forme  de  la  terre  ni  l'étendue  des  grands  océans. 
Christophe  Colomb  avait  fait  beaucoup  de  voyages,  et  il  en  était 
arrivé  à  CQtte  conclusion  que  la  terre  était  ronde,  et  qu'en  tra- 
versant l'Atlantique  en  naviguant  à  l'Ouest,  on  pouvait  trouver 
le  continent  de  l'Asie.  Colomb  était  tellement  persuadé  de  la 
vérité  de  ces  choses  qu'il  résolut  d'obtenir  des  vaisseaux  pour 
faire  quelques  voyages  en  traversant  l'Atlantique.  Il  était 
pauvre,  par  conséquent  il  ne  pouvait  pas  acheter  les  vaisseaux 
dont  il  avait  besoin. 

Il  alla  trouver  le  roi  et  la  reine  d'Espagne,  qui  lui  donnèrent 
une  petite  flotte.  Il  mit  à  la  voile  à  Palos,  port  de  mer  de 
l'Espagne,  le  3  août.  Sur  le  pont  d'un  de  ces  vaisseaux,  nommé 
la  Scmta  Maria,  se  tenait  debout  un  homme  de  cinquante-six 
ans.  ('et  homme  s'appelait  Christophe  Colomb  ;  il  fit  un  prodi- 
gieux voyage  et  découvrit  le  Nouveau-Monde,  appelé  x\mérique. 
Pendant  que  Colomb  faisait  ce  prodigieux  voyage,  il  ne  se 
doutait  pas  de  l'existence  du  continent  américain.  La  décou- 
verte de  l'Amérique  fut  un  accident. 

La  raison  pour  laquelle  il  voulait  trouver  un  passage  par 
mer  d'Italie  aux  Indes  était  que  les  commerçants  d'Italie  fai- 
saient un  grand  commerce  avec  l'Inde,  qu'il  leur  fallait  aller  par 
la  mer  Méditerranée  et  par  la  mer  Rouge,  puis  par  terre  en  cara- 
vanes, ce  qui  était  un  voyage  très-pénible  et  très-dispendieux. 
On  avait  grand  besoin  d'une  route  qui  coûtât  moins  cher  et 
qui  fût  plus  facile. 

On  peut  se  demander  pourquoi  il  ne  contourna  pas  l'Afrique 
pour  atteindre  ainsi  Flnde.  La  réponse  est  qu'aucun  vaisseau 
n'avait  encore  doublé  le  cap  de  Bonne-Espérance  ;  la  forme  de 
l'Afrique  n'était  pas  connue,  et  on  ne  croyait  pas  qu'il  fût 
possible  de  doubler  le  cap  de  Bonne-Espérance. 

Colomb  était  né  dans  la  ville  maritime  de  (lênes,  en  Italie, 
et  avait  été  marin  depuis  son  enfance.  A  l'càge  d'environ  qua- 
rante ans,  il  arriva  à  cette  conclusion  que  l'opinion  d'après 
laquelle  la  terre  était  plate  était  erronée. 


HISTOIRE.  161 

Le  vaisseau  qui  portait  Colomb  était  le  plus  grand,  les  Jeux 
autres  étaient  petits.  Le  plus  grand  était  à  peu  près  aussi 
grand  que  les  sloops  qui  portent  du  beurre  et  du  fromage 
au  marché.  Les  deux  autres  n'avaient  pas  de  pont,  ils 
s'appelaient  Pinta  et  Xina,  et  étaient  commandés  par  deux 
frères,  nommés  Pinzon.  Dans  la  nuit  du  11  octobre  on  vit  des 
lumières  qui  allaient  d'un  endroit  à  l'autre,  et  le  matin  on 
entendit  le  cri  de  «  Terre  !  »  poussé  par  l'équipage  des  vais- 
seaux. La  terre,  ainsi  découverte,  était  celle  des  îles  Lucayes, 
que  les  naturels  appelaient  Guanahani  :  Colomb  la  nomma 
San  Salvador.  C'était  une  belle  île,  couverte  de  jolies  fleurs  aux 
couleurs  éclatantes.  Elle  était  habitée  par  une  race  de  sau- 
vages, presque  nus,  qui  avaient  la  peau  d'un  brun  rougeàtre. 
En  regardant  autour  d'eux,  les  Espagnols  trouvèrent  beaucoup 
d'arbres  et  de  plantes  qu'ils  n'avaient  jamais  vus  et  dont  le 
parfum  embaumait  l'air.  L'un  de  ses  vaisseaux  fit  naufrage  le 
trente-cinquième  jour,  quelques  hommes  de  ré([uipage  coloni- 
sèrent Hispaniola,  et  Colomb  retourna  à  Palos,  où  il  arriva  le 
15  mars  1503.  Il  avait  été  absent  sept  mois  et  demi. 

KermAxN  K. 
Age  :  treize  ans. 
Milvvaukee  (Wiscousiu;.  —  District  ir  1. 


97.  —  FERDINAND  DE  SOTO. 

Ferdinand  de  Soto  naquit  en  Espagne  en  1500.  Ses  parents 
étaient  pauvres,  mais  appartenaient  à  la  noblesse  espagnole. 
tl  reçut  une  bonne  éducation  et  fut  envoyé  au  collège  par  un 
ami  de  sa  famille.  Quand  il  eut  atteint  sa  dix -neuvième  année, 
il  alla  avec  le  gouverneur  à  Darien.  Son  but  en  y  allant  était 
de  trouver  une  route  directe  de  l'océan  Atlantique  à  l'océan 
Pacifique.  Pendant  son  séjour  à  Darien  il  rencontra  un  homme 
appelé  Pizarre,  qui  allait  conquérir  le  Pérou.  Pizarre  offrit  à 
de  Soto,  s'il  voulait  l'accompagner,  la  moitié  des  bénéfices 
dans  le  cas  où  leur  entreprise  serait  heureuse.  De  Soto  y 
consentit.  Ils  conquirent  le  pays  et  l'Inca  fut  fait  prisonnier. 

L'inca  était  très-riche  et  promit  à  Pizarre  de  remplir  d'or 
une  chambre  s'il  voulait  lui  rendre  la  liberté.  Pizarre  y  con- 
sentit. L'Inca  ordonna  à  ses  hommes  de  remplir  d'or  la 
chambre;  mais  lorsque  la  chose  fut  faite,  Pizarre  ne  tint  pas. 
sa  promesse,  il  tua  le  prisonnier. 

il 


162  r.RAMMAK   SCHOOLS. 

De  Soto,  indigné  de  celle  action,  annonça  à  l'izarre  (ju'il  ne 
resterail  plus  auprès  de  lui.  Il  pril  sa  part  de  rargent,  qui 
monta  à  cinq  cent  mille  dollars,  et  repartit  pour  l'Espagne. 
Là  il  fut  reçu  avec  de  grands  honneurs  et  présenté  à  la  cour. 
Il  épousa  une  jeune  iUIe  très-riche,  qui  appartenait  à  la 
noblesse  d'Espagne. 

Il  considérait  la  Floride  comme  un  pays  riche  et  eut  le  désir  de 
s'y  reixlre.  Il  alla  vers  le  roi  pour  lui  en  demander  la  permission, 
et  peu  de  temps  après  il  mit  à  la  voile  avec  six  cents  nobles, 
dont  quehjues-uns  emmenèrent  femmes  et  enfants,  et  des  pro- 
visions en  c[uantilé.  Lorsqu'ils  arrivèrent  dans  le  pays,  les 
Indiens  leur  apprirent  que  dans  l'intérieur  ils  trouveraient  de 
l'or.  Ils  laissèrent  leurs  femmes  à  la  Havane  et  partirent  pour 
le  nord  le  5  juin  1511  ;  ils  découvrirent  un  grand  fleuve  qu'ils 
nommèrent  le  Mississippi.  En  1542,  de  Soto  prit  la  fièvre  et 
mourut.  On  l'enterra  dans  une  fosse,  mais  les  Espagnols, 
craignant  que  les  Indiens  ne  trouvassent  le  corps,  le  transpor- 
tèrent une  nuit  dans  les  eaux  du  Mississippi, 

Ouand  la  femme  de  de  Soto  apprit  la  mort  de  son  mari,  elle 
eut  un  tel  chagrin  (qu'elle  mourut  au  bout  de  trois  jours. 

Katie  s. 
Age  :  treize  ans. 
Harvard  Grainmar  School,  à  Boston. 


98.   —   QUESTIONS   D'HISTOIRE. 

(8°  année.) 

Qiiest.  1.  —  Nommez  les  trois  premiers  navigateurs  qui  par- 
coururent la  côte  de  l'Amérique  du  Nord,  et  diles  quelle  était 
la  nationalité  de  chacun  d'eux. 

Rép.  —  John  Cabol,  d'Angleterre; 
Jacques  Cartier,  de  France  ; 
Ponce  de  Léon,  d'Espagne. 

QueM.  2,  —  Quelle  étendue  de  terre  les  Anglais  récla- 
maient-ils dans  ce  pays,  et  sur  (|uoi  fondaient-ils  leur  récla- 
mation? 

Bép.  —  La  terre  depuis  Terre-Neuve  jusqu'à  la  baie  de 
Chesapeake.  Ils  fondaient  leurs  prétentions  sur  la  découverte 
de  Cabot. 

Quest.  3.  —  Quelles  furent  les  principales  causes  de  la 
guerre  de  1812  ? 


HISTOIRE.  163 

hép.  —  Le  droit  de  visite,  le  traité  de  Jay,  la  destruction 
du  commerce,  la  levée  forcée  des  marias  américains  ,  l'acte 
d'embargo. 

Quest.  i.  —  Indiquez  les  causes  immédiates  de  la  guerre 
Franco-Indienne. 

Rep.  —  L'établissement  des  Français  sur  le  territoire  du 
comté  de  l'Ohio,  et  la  capture  des  Anglais. 

Quest.  5.  —  Ou'esf-ce  que  c'était  que  le  compromis  du 
Missouri  ?  Sous  l'administration  de  qui  cet  acte  fut-il  passé  ? 

Rép.  —  C'était  une  loi  adoptée  par  le  Congrès  pendant  l'ad- 
ministration de  Monroë,  et  qui  faisait  entrer  le  Missouri  dans 
l'Union  comme  État  esclavagiste. 

WiLLIE  D. 
Age  :  treize  ans, 
indianapolis  (Indiana).  —  École  n"  11. 


99.    —  QUESTIONS   d'histoire. 
Examen  de  l''"  classe. 

1.  De  quelle  partie  de  la  terre  Colomb  partit-il  pour  aller 
découvrir  l'Amérique  ?  S'attendait-il  à  trouver  un  nouveau 
monde  ? 

2.  A  quelle  épo({ue  et  par  qui  Jamestown  fut-elle  colonisée  ? 

3.  Quand  les  Puritains  débarquèrent-ils  à  Plymouth  ?  Quelle 
position  occupait  John  Carver  ?  Décrivez  les  souffrances  des 
Puritains. 

X.  Quelles  sont  les  divisions  politiques  dos  États-Unis  ? 
Depuis  combien  de  temps  existent-elles?  Nommez  les  treize 
colonies  primitives, 

5.  Citez  toutes  les  victoires  des  Américains  pendant  l'an- 
née 1776,  et  les  victoires  des  Anglais  pendant  l'année  1775. 

6.  Qui  était  roi  d'Angleterre  pendant  la  guerre  de  la  Piévo- 
lution  ?  Quand  et  par  qui  ^Yashington  fut-il  nommé  comman- 
dant des  armées  américaines?  Quel  âge  avait-il  alors  ? 

7.  Qui  découvrit  le  premier  le  fleuve  Mississippi,  et  que 
savez-vous  de  ceux  qui  l'ont  exploré  ensuite?  Par  qui  la 
Louisiane  fut-elle  ainsi  nommée,  et  en  l'honneur  de  qui? 

8.  Faites  brièvement  l'historique  du  principal  personnage 
de  l'histoire  primitive  de  la  Virginie  ?  Quand  et  où  se  rassem- 
bla le  premier  corps  politique  qui  se  soit  jamais  formé  en 
Amérique''*  Comment  était-il  organisé  ? 


164  GKAMMAR   SCHOOLS. 

9.  Ouello  lut  la  cause  de  la  guerre  de  la  reine  Anne  ?  De  la 
guerre  Franco-Indienne?  Quels  furent  les  effets  de  cette  der- 
nière? 

10.  Quels  faits  pouvez-vous  citer  au  sujet  des  premiers 
efforts  faits  pour  introduire  l'éducation  dans  les  colonies  orien- 
tales ?  Dans  les  colonies  du  centre?  Dans  les  colonies  méridio- 
nales ?  Que  pensait  le  gouverneur  Berkley  sur  les  écoles  et 
les  journaux? 

11.  Qu'était-ce  que  les  ordonnances  de  secours?  Qu'était-ce 
que  l'acte  du  timbre?  Quelle  résolution  prirent  les  Américains 
lorsqu'on  essaya  de  le  mettre  en  vigueur? 

12.  Quand  et  oîi  se  rassend3la  le  premier  Congrès  conti- 
nental? Quelle  résolution  prit-il? 

i3.  Quand  et  où  se  rassembla  le  second  Congrès  continental 
et  quelle  résolution  prit-il  ?  Quand  et  oii  fut  livrée  la  première 
balaille  de  la  Révolution  ?  Quelle  forteresse  fut  prise  bientôt 
après  et  par  qui  ? 

14.  Quelle  importante  décision  fut  prise  le  i  juillet  1776? 
Quels  étaient  les  membres  du  Comité  cbargé  de  rédiger  la 
Déclaration  d'Indépendance  ? 

15.  Que  savez-vous  sur  la  trabison  d'Arnold? 

16.  Qui  commandait  les  deux  armées  lorsque  les  Anglais  se 
rendirent  déiinitivement.  Oii  eut  lieu  cette  reddition?  Nommez 
un  événement  iniportant  de  l'administration  de  Jefferson. 
Citez  les  événements  importants  de  l'administration  de  Madison . 

>'ouvelle-0rléans  (Louisiane). 


100.  --  QUESTIONS   D'tXAMEN. 

1.  Comment  se  fait-il  que  ce  pays  ait  été  appelé  Amérique? 

2.  A  quelle  époque  accorda-t-on  la  troisième   cbarte  à  la 
Virginie  ?  Que  pouvez-vous  dire  en  faveur  de  cette  charte  ? 

3.  Faites  l'historique  de  la  charte  du  Coimecticut. 

A.  Quelles  colonies  le  roi  Guillaume  réunit-il  par  une  charte 
royale  ? 

5.  Quelle  découverte   fut  faite  par  Henry  Hudson,   et  que 
cherchait-il  lorsqu'il  fit  cette  découverte  ? 

6.  William  Penn  et  son  influence. 

District  de  Columbia. 


HISTOIRE.  16i 


101.    —    QUESTIONS    d'histoire. 
(7*  année.) 

Qfiest.  1.  —  On  eut  lieu  le  premier  établissement  de  colons 
en  Amérique.  A  quelle  époque  ? 

Rép.  —  Le  premier  établissement  de  colons  eut  lieu  à  Saint- 
Augustin  en  1565. 

Quest.  :2.  —  Racontez  la  révolte  de  Bacon. 

Rép.  —  Contrairement  aux  ordres  de  Berkley,  Bacon,  sur  les 
vives  instances  des  colons,  leva  une  troupe  d'environ  300  ou 
4-00  hommes  et,  se  présentant  à  Jamestown,  il  demanda  des 
forces  pour  repousser  les  Indiens,  ce  que  Berkley  ne  pouvait 
pas  refuser.  Mais  Bacon  était  à  peine  parti  que  Berkley  envoya 
des  troupes  pour  le  combattre.  Bacon  fit  avec  succès  une  incur- 
sion chez  les  Indiens.  Jamestown  fut  brûlé  par  ses  hommes. 
Jamestown  ne  fut  pas  reconstruit,  mais  le  siège  du  gouverne- 
ment fut  transporté  à  Williamsburg.  Des  changements  radicaux 
auraient  pu  avoir  lieu  si  Bacon  n'était  pas  mort  subitement  ; 
beaucoup  des  partisans  de  Bacon  furent  pendus. 

Quest.  3.  —  Qu'est-ce  que  le  mot  Fleur-de-.Mai  vous  rap- 
pelle dans  l'histoire  des  États-Unis  ? 

Rép.  —  Fleur-de->Iai  est  le  nom  du  vaisseau  qui  amena  ici 
les  premiers  colons. 

Quest.  i.  —  Washington  était-il  soldat  avant  la  Révolution? 
S'il  était  soldat,  quel  grade  avait-il  ? 

Rép.  —  Washington  était  soldat  avant  la  Révolution.  II  partit 
comme  simple  soldat,  mais  lorsque  le  commandant  en  chef 
tomba,  Washington  prit  le  commandement. 

Quest .  o.  —  Quel  fait  historique  vous  rappellent  les  mots 
King  Philip  ? 

Rép.  —  King  Philip  était  un  célèbre  chef  indien  dont  les 
Blancs  se  défiaient  beaucoup.  Enfin  il  fit  ouvertement  la  guerre 
aux  colons  ;  une  lutte  terrible  s'ensuivit,  dans  laquelle  les  deux 
partis  eurent  beaucoup  à  souffrir.  King  Philip  fut  tué  d'un 
coup  de  fusil  par  un  Indien  traître,  qui  était  de  sa  propre 
tribu. 

Quest.  6.  — ^  Racontez  la  prise  de  Québec  en  1760.  Nommez 
les  conmiandants  et  rappelez  leurs  dernières  paroles. 

Rép.  —  Le  général  J.  Wolfe  s'embarqua  avec  de  grandes 
forces  sur  de  petits  bateaux  ;  quand  il  fut  près  de  Québec,  une 


166  GRAM>FAR    SCHOOLS. 

Sentinelle  cria  :  «  Qui  vive  !  »  On  lui  répondit  aussitôt  en 
français  ;  elle  laissa  aborder  les  bateaux  et  elle  fut  prise.  On 
rangea  les  troupes  dans  les  plaines  d'Abraham.  Les  Français 
essayèrent  de  les  repousser,  mais  ils  échouèrent.  Le  général 
Wolfe,  commandant  en  chef  les  Anglais,  «  mourut  sur  le  champ 
de  la  victoire.  »  Montcalm  mourut  aussi  et  ses  dernières  pa- 
l'oles  furent  :  «  Grâce  à  Dieu,  moi  vivant,  Québec  ne  s'est  pas 
rendu  (1).  » 

Qiicst.  7.   —  Racontez   l'anecdote   du  général  Gage  et  des 
Boston  Boys. 

Rép. —  La  populace  entourait  une  partie  de  la  garde  urbaine 
sous  les  ordres  du  capitaine  Preston.   Les  soldats  furent   exas- 
pérés au  point  de  faire  feu,  et  ils   tuèrent  trois  citoyens  et  en 
blessèrent  plusieurs.  Le  général  Gage,  qui  était  alors  gouver- 
neur, leur  promit  que  justice  serait  faite  dans  la  matinée.  Le 
6  mars,  deux  soldats  de  la  garde  urbaine  furent  condamnés, 
les  autres  furent  acquittés. 
Quest.  8.  —  Que  pouvez-vous  dire  sur  Benjamin  Franklin? 
Rép.  —  lîenjamin  Franklin  était  un  homme  éminent  qui  fit 
des  discours  et  qui  prépara  le  peuple  à  la  Révolution. 
Quest.  9.  —  Classez  les  causes  de  la  Révolution. 
Rép.  —  Acte  de  navigation,  1650. 
Ordonnances  de  secours. 

Droit  de  visite   pour  les    marchandises  de  contre- 
bande. 
Légion  coloniale. 

Église  de  la  Nouvelle-Angleterre,  établie  par  la  loi. 
Acte  du  Timbre  passé  en  1760.  Rapporté  en  1766. 
Impôts  sur  le  verre,  le  thé,  les  effets  de  commerce,  etc. 
Loi  sur  la  fermeture  du  port  de  Boston.  Massacre  de 

Boston. 
Tolérance  des  pirates. 

Katie  s. 
Age  :  quinze  ans. 
West  des  Moines  (towa). 


(1)  Montcalm,  blessé  à  mort,  criait  encore  à  ses  soldats  :  «  En 
avant,  et  gardons  le  champ  de  bataille.  »  —Le  général  anglais  Wolfe, 
atteint  aussi  de  trois  coups  de  feu,  entendit  dans  l'agonie  de  la  mort 
crier  par  les  siens  :  «  Ils  fuient  !  »  Il  se  releva  uu  instant  et  dit  : 
((  Je  meurs  content.  »  (Victor  DuRUV,  Histoire  de  VEurope.) 

{Note  du  Traducteur.) 


HISTOIRE.  167 


101    bis.' — SUR   FRANKLIN. 

Réponses  à  la  8'  question  du  devoir  précédent,  données  par  les 
différents  élèves  de  la  môme  classe. 

Franklin  était  un  grand  écrivain  qui  fit  de  merveilleuses 
découvertes  sur  l'électricité.  Il  fut  un  des  signataires  de  la 
Déclaration  d'Indépendance. 

Benjamin  Franklin  prépara  le  peuple  à  la  Révolution.  C'était 
un  bon  écrivain.  On  fut  surpris  en  Angleterre  à  l'afiparition  de 
ses  écrits. 

Franklin  travailla  beaucoup  pour  l'Amérique  pendant  la 
guerre,  et  il  découvrit  l'électricité  et  d'autres  sciences  pour  le 
bien  de  l'Amérique. 

Franklin  fut  le  premier  qui  inventa  une  presse  à  imprimer. 

Franklin  lit  sur  l'électricité  des  découvertes  qui  valurent  à 
l'Amérique  les  applaudissements  du  monde  entier.  Il  contribua 
aussi  à  préparer  le  peuple  à  la  Révolution. 

Franklin  fut  l'un  des  plus  grands  orateurs  du  siècle  dans 
lequel  il  vécut.  Il  fut  aussi  chargé  d'une  mission  en  Angleterre. 

Franklin  fut  le  meilleur  écrivain  de  l'époque  de  la  Révolu- 
tion et  il  fut  aussi  un  homme  de  bien. 

Ce  fut  un  grand  homme  d'État  américain. 

Franklin  construisit  la  première  presse  à  imprimer  qui  ait 
existé  en  Amérique.  Il  fit  plusieurs  discours  avant  la  Révolution. 

Franklin  fut  un  des  hommes  qui  exercèrent  le  pouvoir  dans 
la  colonie. 

Franklin  fît  des  découvertes  sur  l'électricité  et  écrivit  beau- 
coup. Il  fut  un  des  hommes  qui  préparèrent  le  peuple  à  la 
Révolution. 

Ce  fut  un  grand  homme  d'État  à  l'époque  de  la  Révolution. 

Il  inventa  le  paratonnerre  et  les  presses  à  imprimer. 

Franklin  contribua  à  préparer  le  peuple  à  la  Révolution  et 
fut  un  homme  en  vue  pendant  toute  la  Révolution. 

Franklin  était  un  célèbre  homme  d'État  d'Amérique  et  il 
alla  en  Angleterre  plaider  la  cause  du  peuple.  Il  parut  devant 


168  GRAMMAR   SCHOOLS. 

10  ParliMiient  pendant  que  Pitt  élail  membre  de  cette  assemblée. 

Franklin,  James  Otis  et  Patrick  Henry  signèrent  un  acte 
d'après  le(iuel  tout  le  peuple  pourrait  prendre  part  à  la  Piévo- 
lution. 

Ce  fut  le  premier  qui  employa  les  presses  à  imprimer. 

Franklin  était  l'un  des  membres  du  comité  de  la  Paix  qui 
allèrent  en  Angleterre,  l'un  des  signataires  de  la  Déclaration 
«l'Indépendance,  membre  du  premier  Congrès  et  du  Congrès 
continental.  Il  fit  des  découvertes  sur  l'électricité. 

Ce  fut  un  grand  orateur  et  un  homme  dévoué  à  la  cause  de 
son  pays. 

Franklin  naquit  à  Boston  de  parents  pauvres.  Il  écrivit  beau- 
coup de  bons  livres  et  mourut  à  l'âge  de  soixante-douze  ans. 

Franklin  fut  l'un  des  signataires  de  la  Déclaration  d'Indépen- 
dance ;  il  fut  aussi  membre  du  Congrès. 

Franklin  était  un  célèbre  orateur  et  explorateur  américain, 

11  mourut  dans  les  régions  arctiques  (1), 

Franklin  fut  envoyé  en  Angleterre  pour  plaider  la  cause  des 
habitants  des  colonies. 

Franklin  fut  un  grand  homme  et  un  homme  d'esprit  ;  il  fit 
beaucoup  pour  son  pays.  Il  fit  beaucoup  d'inventions  ;  il  décou- 
vrit l'électricité  et  écrivit  beaucoup  de  livres.  Lorsqu'il  alla  en 
Angleterre,  les  Anglais  disaient  qu'ils  ne  croyaient  pas  qu'un 
homme  si  spirituel  put  venir  d'Amérique. 

Franklin  fut  un  grand  politique.  Ce  fnt  un  grand  écrivain 
dans  la  littérature  et  dans  les  sciences.  Il  fut  aussi  membre  du 
Congrès. 

West  des  3Ioines  (lowa),  1"  classe. 


102.  —  GEORGE  WASHINGTON. 

1"  Son  enfance. 

George  Washington  naquit  le  22  février  1732.  Il  ne  mentit 
jamais.  Il  honora  et  respecta  sa  mère.  A  l'âge  de  six  ans  sa 
famille  lui  fit  présent  d'une  petite  hache  avec  laquelle  il  hachait 

(1)  Confusion  entre  Benjamin  Franklin  (mort  le  11  avril  1790)  et 
le  voyageur  sir  .Tohn  Franklin,  mort  le  11  juin  1847. 


HISTOIRE.  169 

tout  ce  qu'il  trouvait  sur  son  chemin.  Un  jour  il  alla  essayer  sa 
petite  hache  sur  un  beau  cerisier  anglais  dans  le  jardin  et  il 
l'abîma  tellement  qu'il  fut  complètement  perdu.  Le  lendemain 
matin  son  père  demanda  qui  avait  détruit  le  cerisier.  Personne 
ne  put  lui  répondre.  Mais  bientôt  arriva  George  à  qui 
M.  "Washington  demanda  s'il  savait  qui  avait  détruit  le  cerisier 
dans  le  jardin.  Le  moment  était  critique.  George  s'écria  :  «  Je 
ne  puis  mentir,  c'est  moi  qui  ai  fait  cela  avec  ma  petite  hache. 
—  Cela  ne  fait  rien,  mon  enfant,  vous  m'avez  payé  au  cen- 
tuple. 

L'école  qu'il  fréquentait  était  située  dans  un  champ.  C'était 
une  vieille  hutte  bâtie  avec  des  troncs  d'arbres.  Lorsqu'il  eut 
dix  ans,  son  père  mourut.  Mais  dans  la  suite  il  fut  toujours  bon 
pour  sa  mère.  Tout  le  monde  l'aimait  et  le  respectait. 

tî"  Sa  jeunesse. 

George  Washington  ne  connaissait  pas  le  repos.  C'était  le 
meilleur  tireur  et  le  plus  solide  cavalier  de  Virginie.  Il  pouvait 
dompter  le  cheval  le  plus  vicieux  Si  le  général  Braddock  avait 
écouté  George  Washington,  il  aurait  sauvé  ses  soldats  et  il 
n'aurait  pas  perdu  la.  vie. 

3°  Son  âge  mûr. 

Lorsque  George  ^Yashington  eut  atteint  l'âge  mûr,  on  lu 
demanda  de  prendre  le  commandement  en  chef  de  l'armée 
américaine.  Il  accepta  ce  poste,  mais  quelle  armée!  Les  soldats 
étaient  à  peine  vêtus  et  nourris.  La  plupart  étaient  des  fermiers, 
des  forgerons  et  des  ouvriers.  Tandis  que  de  l'autre  côté  de  la 
rivière  il  y  avait  onze  mille  hommes  de  bonnes  troupes  anglaises. 
Ils  marchaient  dans  la  neige  ayant  à  peine  des  chaussures  aux 
pieds.  Cette  guerre  dura  sept  ans.  Ensuite  il  retourna  chez  lui 
à  Mount-Vernon,  et  jamais  il  ne  fut  aussi  heureux. 

Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Son  nom  est  placé 
avant  tous  les  autres.  On  l'appelle  le  père  de  son  pays. 

WiLLIE   M. 

Age  :  dix  ans, 
Cleveland  (Ohio).  —  Ea<?le  School. 


170  GRAMMAR   SCHOOLS, 

103.  —  MÊME  SUJET. 

1°  Son  enfance. 

Lorsque  George  Washington  était  tout  petit,  on  l'envoya  à 
l'école.  C'était  le  meilleur  élève  pour  le  calcul.  Son  maître 
s'appelait  Hobby.  Au  moment  de  partir  pour  l'école  il  deman- 
dait à  sa  mère  si  elle  n'avait  pas  quelque  commission  à  lui 
donner.  Il  ôtait  son  chapeau  quand  il  lui  parlait,  et  si  .{uelqu'un 
causait  avec  sa  mère,  il  attendait  qu'elle  eût  fini  pour  lui 
adresser  la  parole. 

"i"  Sa  jeunesse. 

Georges  Washington  fut  nommé  arpenteur  à  l'âge  de  seize 
ans,  et  il  remplit  ces  fonctions  pendant  trois  ans,  puis  à  l'âge 
de  vingt  ans  sa  science  du  calcul  le  lit  nommer  commandant. 

3*^  Son  âge  mûr. 

Il  y  avait  eu  une  guerre  entre  les  colonies  et  les  Anglais, 
elle  dura  plus  d'une  année  ;  tout  le  monde  avait  recours  à  lui, 
et  on  lui  demanda  s'il  voulait  prendre  le  commandement  en 
chef  de  l'armée. 

George  Washington  naquit  le  22  février  1732,  il  mourut  à 
l'âge  de  soixante-sept  ans. 

Jennie  s. 
Age  ;  douze  ans, 
Cleveland  (Ohioj,  —  Eagle  Scliool. 


104.  —  MÊME  SUJET. 
1°  Son  enfance. 

1.  George  Washington  allait  à  l'école  de  M.  Hobby.  Il  jouait 
au  soldat  avec  ses  camarades  qui  le  choisissaient  toujours  pour 
capitaine. 

2.  Sa  mère  le  destinait  à  la  profession  d'arpenteur,  il  passa 
trois  ans  dans  les  Bois  Noirs.  Il  lui  fallut  traverser  des  rivières 
à  gué,  gravir  des  montagnes  et  coucher  sur  la  terre  nue  ;  il  fut 
en  danger  d'être  pris  par  des  Indiens  sauvages,  et  bien  souvent 
il  n'eut  pour  dîner  qu'un  pain  sec. 


HISTOIRE.  171 


2"  Sa  jeunesse. 


o.  Il  courait  plus  vite  que  tous  les  autres  jeunes  gens  du 
village,  et  il  pouvait  dompter  le  cheval  le  plus  vicieux. 

i.  Il  fut  nommé  commandant  en  chef  de  l'armée  américaine. 
Il  lui  fallut  faire  six  cents  milles  pour  porter  une  lettre.  C'était 
un  terrible  voyage,  il  faillit  se  noyer  dans  la  rivière  Alleghany; 
il  porta  la  lettre  et  revint  sain  et  sauf.  Quelques  personnes 
allèrent  chez  George  ^Yashington  et  le  prièrent  de  prendre  la 
direction  de  l'armée  américaine  ;  il  répondit  qu'il  n'en  était 
pas  capable,  mais  qu'il  essayerait  et  qu'il  ferait  de  son  mieux. 
11  alla  à  Cambridge.  Quelle  armée  il  trouva!  Elle  était  com- 
posée de  fermiers  et  d'ouvriers  qui  étaient  à  peine  nourris,  et 
pendant  l'hiver  ils  marchaient  dans  la  neige  pieds  nus. 

Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Tous  les  ans  nous 
célébrons  sa  fête,  on  tire  le  canon  et  ou  hisse  des  drapeaux. 

\yiLLIE   F. 
Age  :  dix  ans. 
Cleveland  (Ohio).  —  Eagle  School. 


105.  —  MÊME  SUJET. 

1"  Son  enfance. 

George  Washington  naquit  le  2-2  février  1732.  C'était  l'enfant 
le  plus  sincère  et  le  plus  honnête  qui  eût  jamais  existé.  Il 
aimait  et  il  honorait  sa  mère  plus  que  toute  autre  personne. 
Lorsqu'il  était  tout  petit,  il  allait  à  une  petite  école  de  cam- 
pagne dont  le  maître  s'appelait  M.  Hobby.  Il  y  apprit  le  calcul, 
l'orthographe  et  la  lecture  ;  on  lui  faisait  copier  sa  leçon  de 
calcul  dans  des  cahiers  qu'il  ne  barbouillait  jamais.  On  peut  les 
voir  dans  sa  bibliothèque  à  Mount-Vernon  où  ils  ont  été  con- 
servés. Le  père  de  George  Washington  mourut  quand  son  fils 
avait  dix  ans.  Il  avait'  de  si  grandes  aptitudes  pour  le  calcul 
que  sa  mère  songea  à  faire  de  lui  un  arpenteur. 

S*"  Sa  jeunesse. 

A  l'càge  de  seize  ans,  sa  mère  l'envoya  dans  une  forêt  pour 
arpenter.  Il  y  resta  irois  ans  pendant  lesquels  il  eut  à  subir 
beaucoup  de  fatigues  et  de  privations,  entre  autres  :  coucher  en 


172  GlUMMAR   SCHOOLS. 

plein  air,  passer  à  gué  des  rivières,  gravir  des  montagnes,  el 
quelquefois  n'ayant  pour  toute  nourriture  qu'un  morceau  de 
pain  sec.  Mais  ce  fut  ce  genre  de  vie  qui  fit  de  George 
Washington  un  homme.  \  l'âge  de  vingt  ans,  on  le  nomma 
commandant  et  il  lui  fallut  faire  six  cents  milles  pour  porter 
une  lettre  pendant  l'hiver.  Il  faillit  perdre  la  vie  dans  la 
rivière  Alleghany,  mais  il  fit  un  radeau  avec  des  arbres  e|  la 
traversa  sain  et  sauf. 

3"  Son  âge  mur. 

Lorsque  la  guerre  de  la  Révolution  éclata  entre  les  colonies 
et  la  Grande-Bretagne,  on  eut  besoin  de  lui  pour  commander 
en  chef  l'armée  américaine.  Il  dit  :  «  Je  ne  crois  pas  être 
capable  d'occuper  un  si  grand  poste,  mais  je  ferai  de  mon 
mieux.  »  Ainsi,  il  n'alla  pas  à  Mount-Vernon  comme  il  l'avait 
résolu,  mais  il  se  rendit  à  cheval  à  Cambridge  et  de  là  à 
l'armée.  Quelle  armée  il  trouva  !  Parmi  les  soldats  il  y  avait 
des  ouvriers  et  des  fermiers  à  peine  vêtus  et  nourris,  et  quel- 
ques-uns étaient  malades.  Mais  il  ne  se  découragea  pas,  il  prit 
le  commandement  de  l'armée  et  vit  la  fin  de  la  guerre.  Après 
cela  il  se  retira  dans  sa  maison  de  Mount-Vernon  où  il  demeura 
pendant  six  ans. 

Mais  on  ne  voulut  pas  le  laisser  jcuir  du  repos  ;  il  était  trop 
utile  pour  n'être  qu'un  simple  citoyen  :  il  appartenait  au  monde. 
On  voulut  le  faire  président  des  États-Unis,  et  il  lui  fallut 
quitter  de  nouveau  sa  belle  demeure.  Il  occupa  ce  poste  pen- 
dant huit  ans.  Puis  il  retourna  dans  sa  maison  qu'il  ne  devait 
plus  quitter.  Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  tout  le 
peuple  pleura  sur  ses  cendres. 


Mabel  J. 

Age  :  treize  ans. 


Cleveland  (01iio\  —  Eagle  School. 


106.  —  MÊME  SUJET. 

Comme  ils  sont  peu  nombreux  les  hommes  qui  n'ont  pas  vécu 
seulement  pour  eux-mêmes,  mais  pour  leur  pays  et  pour  toute 
la  race  humaine!  Le  fameux  George  Washington  nous  olfre 
un  modèle  de  ce  genre.  Il  naquit  à  P)ridges  Creeck,  dans  le  comté 
de  Westmoreland,  en  Virginie,  le  22  février  1732.   C'est   à 


HlSTUUlE.  173 

peine  s'il  a  existé  un  homme  vraiment  grand  dont  le  caractère 
ait  été  plus  admiré  pendant  sa  vie.  11  était  Virginien  de  nais- 
sance et  il  n'avait  pas  reçu  d'autre  éducation  que  celle  de  la 
famille  et  de  l'école  commune.  Son  esprit  paraît  s'être  tourné 
complètement  vers  les  mathématiques  et  il  devint  de  honne 
heure  arpenteur.  Ses  passions  étaient  violentes,  à  la  vérité, 
mais  il  s'efforça  de  les  gouverner  et  de  les  dompter.  Il  sur- 
passa par  son  caractère,  par  sa  vertu  et  par  sa  bonté  tous  les 
grands  hommes  qui  ont  jamais  vécu. 

Washington  se  distingua  par  sa  sincérité,  par  son  esprit  viril 
et  par  son  énergie.  A  seize  ans  il  était  bon  arpenteur.  A  dix-neuf 
ans  il  était  adjudant  dans  la  milice  d'un  district  de  Virginie  et  il 
avait  le  rang  de  commandant.  En  1775  il  fut  nommé  commandant 
en  chef  de  l'armée  américaine.  Mais  comme  il  n'était  pas  toujours 
heureux  dans  les  batailles  qu'il  livrait,  le  Congrès  proposa  de  lui 
retirer  son  commandement  pendant  qu'il  était  dans  ses  quartiers 
d'hiver  (1777-1778).  C'est  ce  qu'on  appela  la  cabale  de  Conway. 
Quand  le  peuple  entendit  parler  de  cette  cabale,  il  s'indigna  à 
tel  point  que  ceux  qui  avaient  fait,  cette  proposition  se  conten- 
tèrent de  garder  le  silence. 

En  1789  il  fut  nommé  président  des  États-Unis.  Il  fut  élu 
par  tous  les  partis.  Il  exerça  deux  présidences,  et  il  aurait 
été  élu  une  troisième  fois  s'il  n'avait  pas  refusé.  Pendant 
son  administration,  trois  États  furent  admis  dans  l'Union, 
savoir  :  Vermont  en  1791,  Kentucky  en  1792  et  Tennessee 
en  1796.  Le  cabinet  de  Washington  était  composé  de  la  ma- 
nière suivante  :  Alexandre  Hamilton,  secrétaire  des  finances  ; 
Thomas  Jefferson,  secrétaire  d'État;  Henri  de  Knox,  secré- 
taire de  la  guerre,  et  Edouard  Randolph,  avocat  général. 
Au  commencement  de  la  seconde  présidence  de  Washington 
e  pays  fut  agité  par  la  Révolution  française  (1).  Beaucoup 
d'Américains  désiraient  secourir  la  France  dans  la  lutte  qu'elle 
soutenait  contre  l'Angleterre,  l'Espagne  et  la  Hollande,  mais 
Washington  savait  que  le  parti  le  plus  sage  pour  les  États- 
Unis   était  de  garder  la  neutralité. 

Si   Washington  avait  eu  autant  d'ambition  que  Napoléon, 


(1)  En  1793,  la  Convention  envoya  en  Amérique  un  ambassadeur 
nommé  Genêt.  Il  fut  d'abord  très-bien  reçu  ;  mais  il  voulut  lever  des 
soldats  et  armer  des  corsaires  contre  les  Anglais.  Il  ne  tint  pas 
compte  des  observationà  de  Washington,  qni^ demanda  et  obtint  son 
rappel  en  1794.  (Note  du  Traducteur.^ 


174-  GRAMMAR   SCHOOLS. 

il  aurait  pu  être  dictateur  à  vie  aussi  bien  que  lui.  Comme  chef 
de  la  République,  jamais  on  ne  le  surpassa  en  jugement  ou  en 
patriotisme. 

Tout  jeune,  c'était  lui  que  le  g-ouverneur  Dinwiddie  avait 
choisi  pour  une  expédition  qui  était  difficile  et  dangereuse. 
Plusieurs  jeunes  gens  à  qui  cette  commission  avait  été  offerte 
l'avaient  refusée,  ne  se  sentant  pas  assez  de  courage;  mais 
Washington  était  né  pour  sauver  son  pays  et  non  pas  pour 
chercher  uniquement  ses  aises. 

j^a  retraite  de  Washington  eut  lieu  à  la  fin  de  sa  seconde 
administration  qui  se  termina  le  4  mars  1797.  Il  publia  son 
discours  d'adieu,  oii  respire  la  plus  haute  sagesse  politique  et 
le  plus  pur  patriotisme.  A  la  fin  de  sa  présidence  il  se  retira  à 
Mount-Vcrnon.  Il  y  mourut  dans  sa  soixante-huitième  année,  le 
14  décembre  1799.  Tous  les  Américains  prirent  le  deuil  pour 
témoigner  leur  douleur  sincère. 

Quoiqu'il  y  ait  longtemps  que  Washington  est  mort,  tout  le 
monde  honore  et  admire  son  nom,  et  les  petits  enfants  mêmes 
connaissent  son  génie.  Dans  un  vote  par  lequel  le  Congrès 
déplorait  sa  mort,  il  est  appelé  «  le  premier  dans  la  guerre, 
le  premier  dans  la  paix  et  le  premier  dans  le  cœur  de  ses  con- 
citoyens. » 


Sophie  B. 
Age  :  onze  ans. 


Milwaukee  (Wisconsinj.  —  District  n"  ± 


107.  —  LAFAYETTE. 

Lafayette  était  général  pendant  la  Révolution  d'Amérique. 
C'était  un  homme  d'État  français.  Il  naquit  le  6  septembre  1757 
et  mourut  le  19  mai  1834.  Sa  famille  était  l'une  des  plus 
anciennes  et  des  plus  distinguées  de  la  noblesse  française.  Son 
père,  le  marquis  de  Lafayette,  était  officier  de  l'armée,  il  fut  tué 
dans  une  bataille  en  Allemagne  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  Sa 
mère  mourut  bientôt  après  et  il  resta  héritier  d'une  immense 
fortune.  On  l'envoya  de  bonne  heure  au  collège  à  Paris,  et  il 
épousa,  à  seize  ans,  une  demoiselle  qui  était  encore  plus  jeune 
que  lui  et  qui  était  fille  du  comte  d'Ayen.  Il  entra  dans  l'armée 
comme  officier  des  gardes,  et  en  1776  il  était  en  garnison  à 
Metz  avec  son  régiment  de  dragons.  A  un  dîner  donné  par  le 


HISTOIRE.  175 

commandant  de  la  garnison  au  duc  de  Gloucester,  frère  du  roi 
d'Angleterre,  Lafayette  entendit  dire  que  les  colonies  améri- 
caines avaient  déclaré  leur  indépendance,  et  il  résolut  de 
tirer  l'épée  pour  la  cause  de  la  Liberté  américaine.  Il  alla  à 
Paris  où  il  rencontra  Franklin,  Deane  et  Lee,  et  leur  dit  qu'il 
partait  pour  l'Amérique.  Il  fit  secrètement  équiper  un  vaisseau 
à  Bordeaux.  Il  mit  à  la  voile  avec  ses  compagnons  pour  l'Amé- 
rique le  12  avril  1777.  Il  arriva  à  Georgetown,  dans  la  Caroline 
du  Sud  le  24  avril  1777  {sic).  Il  entra  dans  l'armée  comme  volon- 
taire, mais  il  fut  nommé  ensuite  major  général.  Il  rencontra 
Washington  pour  la  première  fois  à  un  dîner  à  Philadelphie. 
Le  jeune  major  général  était  de  service  à  la  bataille  de  Bran- 
dywine,  il  se  lança  au  fort  de  la  mêlée  et  fut  grièvement 
blessé. 

A  la  bataille  de  Monmouth  il  commanda  une  partie  du  corps 
d'armée  de  Lee.  Il  repoussait  les  Anglais  du  champ  de  bataille 
lorsqu'on  ordonna  la  retraite.  Quelques  semaines  plus  tard  on 
l'envoya  aider  le  général  Sullivan  à  chasser  les  Anglais 
de  Rhode  Island;  il  alla  à  Boston  pour  faire  venir  la  flotte 
française  à  >'ewport  ;  pendant  son  absence  un  combat  eut  lieu  ; 
dès  qu'il  en  fut  informé,  il  parcourut  achevai  les 70 milles  qui 
séparent  Boston  de  Rhode  Island,  en  six  heures  et  demie,  et  il 
arriva  assez  tôt  pour  prendre  le  commandement  des  Améri- 
cains qui  battaient  en  retraite. 

Comme  son  pays  était  alors  en  guerre,  il  retourna  en  France. 
Pendant  qu'il  était  à  l'armée,  on  envoya  de  Paris  des  commis- 
saires pour  l'arrêter  ;  il  en  fut  informé,  et  il  allait  passer  la  fron- 
tière pour  se  rendre  en  Hollande  lorsqu'il  fut  arrêté  par  les 
Autrichiens  qui  le  remirent  aux  Prussiens.  Ils  l'emprisonnèrent 
pendant  quelque  temps,  puis  ils  le  rendirent  aux  Autrichiens 
qui  l'emprisonnèrent  dans  un  cachot  sale  et  obscur,  où  il 
resta  jusqu'au  15  août  1797.  Après  avoir  passé  en  prison  cin(j 
ans,  il  retourna  à  Paris,  où  il  mourut  le  19  mai  1834. 

James  P. 
Age  :  treize  ans. 
Boston  (Massachusetts).  —  Stoughton  Grammar  School. 


7b  GUAMMAU   SClfOULS. 


108.  —  LA   CHEVAUCHÉE  DE   1»AUL   REVERE   (1). 

Le  18  avril  1775,  Paul  Révère  dit  à  un  ami  :  <s.  Si  les  Anglais 
quittent  lîoston  ce  soir  par  terre,  suspends  une  lanterne  dans 
la  tour  de  la  vieille  église  du  Nord  ;  mais  s'ils  le  quittent  par 
mer,  suspends  deux  lanternes.  Je  serai  prêt  de  l'autre  côté  à 
aller  réveiller  et  laire  armer  les  gens  des  fermes  et  des  villages 
du  comté  de  Middlesex.  »  Puis  il  dit  :  «  bonne  nuit  »,  et  ensuite 
il  traversa  prudemment  et  silencieusement  la  rivière  (Charles 
River)  et  arriva  à  Charlestown  au  moment  où  la  lune  se  levait 
sur  le  port. 

Un  grand  navire  de  guerre  anglais  appelé  «  le  Somerset  » 
était  à  l'ancre  dans  la  baie.  Il  ressendjlait  à  un  navire  fantôme, 
tous  ses  mais  et  ses  agrès  éclairés  par  la  lune  projetaient  une 
ombre  qui  ressemblait  à  des  barreaux  de  prison. 

Pendant  ce  temps  son  ami  se  promenait  dans  les  rues  et 
dans  les  allées,  prêtant  l'oreille  au  moindre  bruit.  Enfin  il 
entendit  rassembler  les  soldats  aux  portes  des  quartiers,  il 
entendit  le  bruit  des  pas  et  des  armes  et  la  marche  cadencée 
des  soldats  anglais  qui  se  rendaient  au  rivage  oîi  étaient  leurs 
bateaux. 

Alors  il  marcha  vers  l'église,  gravit  à  la  dérobée  l'escalier  de 
bois  qui  conduisait  à  la  chambre  du  betfroi.  Les  pigeons  effrayés 
s'envolèrent  des  poutres  sombres  qui  leur  servaient  de  per- 
choir et  qui  répandaient  autour  de  lui  leur  ombre  épaisse  que 
la  lune  faisait  mouvoir  en  poursuivant  sa  carrière. 

Il  grimpa  jusqu'à  la  plus  haute  fenêtre  du  mur  au  moyen  de 
la  grande  échelle  inclinée,  et  là  il  s'arrêta  [»our  écouter  et 
pour  regarder  les  toits  des  maisons  qui  étaient  au-dessous  de 
lui  et  sur  lesquels  la  lune  répandait  ses  rayons.  A  ses  pieds 
gisaient  \âs  morts  dans  leur  cimetière  sur  la  colline.  Le  silence 
était  si  accablant  que  le  vent  semblait  être  une  sentinelle  par- 
courant en  rampant  les  tentes  et  disant  tout  bas  :  «  Tout  va 
bien.  » 

Peiulant  un  instant,  mais  un  seul  instant,  le  temps,  le  lieu, 
le  beffroi  et  les  morts,  lui  firent  peur.  Car  aussitôt  son  attention 
(?st  attirée  par  quelque  chose  qui  est  dans  le  lointain  à  l'endroit 
oîi  le  Charles  River  s'élargit  et  entre  dans  la  baie  de  Massa- 

(1)  Vou'  Longfellow  :  The  Landiord's  taie,  Paul  Révères  ride. 
(Taies  of  a  Wayside  inn.)  (Note  du  Tratluctenr.) 


HISTOIRE.  17  i 

chusetts.  Ce  qu'il  voit,  c'est  une  ligne  noire  qui  Hotte  et  qui 
s'incline  sur  les  Ilots  comme  un  pont  de  bateaux. 

De  l'autre  côté  delà  rivière,  Paul  Révère  se  promenait,  atten- 
dant avec  impatience  le  moment  de  monter  à  cheval  et  de 
partir.  Il  caresse  d'abord  les  flancs  de  son  cheval,  puis  il 
regarde  le  paysage  qui  l'entoure  et  qui  s'étend  au  loin.  11 
frappe  fortement  la  terre  du  pied,  puis  il  se  retourne  pour 
serrer  les  sangles  de  la  selle  de  son  cheval. 

La  plupart  du  temps  il  regarde  attentivement  la  tour  de  la 
vieille  église  du  Nord  qui  se  dresse  comme  un  spectre  sur  la 
colline.  Pendant  qu'il  la  regarde,  il  voit  une  lueur  faible  et 
indécise  qui  devient  bientôt  une  lumière  fixe. 

Il  s'élance  sur  son  cheval  et  prend  la  bride  dans  sa  main  ; 
mais  il  s'arrête  et  regarde  encore;  enfin  il  voit  briller  une 
seconde  lampe  dans  le  beffroi.  Dans  les  rues  du  village  on 
entend  un  cheval  passer  au  grand  galop.  Le  cheval  marche  si 
vile  qu'il  fait  jaillir  des  étincelles  lorsque  ses  pieds  touchent 
les  pierres  de  la  rue.  C'est  tout. 

Paul  Pievere  quitte  le  village  et  va  sur  le  pont.  Sous  ses 
pieds  s'étend  la  large  et  tranquille  Mystic  River  qui  coule  vers 
l'Océan.  On  entend  les  pas  de  son  coursier  retentir  bruyam- 
ment sur  le  bord  rocailleux,  puis  fouler  le  sable  avec  un  bruit 
assourdi. 

Les  horloges  du  village  sonnaient  minuit  lorsqu'il  traversa 
le  pont  qui  conduisait  à  Medford.  Il  entendit  chanter  les  coqs 
et  aboyer  les  chiens  de  ferme.  Il  sentit  l'humidité  du  brouil- 
lard qui  s'élève  de  la  rivière  après  le  coucher- du  soleil.  Les 
horloges  sonnaient  une  heure  lorsqu'il  entra  en  galopant  à 
Lexington. 

Il  vit  l'église  des  dissidents  avec  ses  sombres  fenêtres  qui  le 
regardaient 'fixement,  et  il  vit  la  girouette  baignée  par  la 
lumière  de  la  lune  pendant  qu'il  passait.  Il  était  deux  heures 
lorsqu'il  franchit  au  galop  le  pont  qui  conduisait  à  la  ville  de 
Concord  et  il  entendit  bêler  les  brebis. 

Il  entendit  chanter  les  oiseaux,  et  il  se  sentit  rafraîchi  par  la 
douce  brise  du  matin  qui  soufflait  sur  les  prairies. 

Et  celui  qui  devait  mourir  le  premier  le  lendemain  dormait 
tranquillement  pendant  que  Paul  Révère  passait.  Tout  le  monde 
connaît  le  reste. 

Les  fermiers  américains  couchés  derrière  les  haies  tirèrent 
sur  les  Anglais  pendant  qu'ils  se  retiraient,   .\insi  chevaucha 

12 


178  GKAMMAR   SCHOOLS. 

Paul  Révère  pendant  la  nuit,  en  poussant  un  cri  d'alarme  ferme 
et  plein  de  défi. 

Maria  C. 
Age  ;  treize  ans. 
Boston  (Massachusetts).  — Sliurtletî  Grammar  School, 


109.  —  HENRI  WILSON. 

Henri  Wilson  naquit  à  Farmington  (New  Hampshire)  le 
IG  février  1812.  Ses  parents  étaient  pauvres  et  honnêtes.  C'é- 
tait un  enfant  intelligent  qui  aimait  beaucoup  la  lecture.  A 
l'âge  de-  huit  ans,  pendant  qu'il  jouait  dehors,  une  dame  l'appela 
chez  elle  et  lui  demanda  s'il  savait  lire.  Il  répondit  aflu^iiative- 
ment.  Elle  lui  dit  alors  qu'elle  avait  l'intention  de  donner  un 
Ancien  Testament  à  certain  petit  garçon  qui,  elle  le  croyait,  en 
ferait  bon  usage.  Alors  elle  lui  tendit  le  livre  et  le  pria  d'y  lire 
un  chapitre,  ce  qu'il  lit.  Lorsqu'il  eut  fini  de  lire,  elle  lui  dit 
d'emporter  le  livre  chez  lui  et  de  le  lire;  et  lorsqu'il  l'aurait 
lu  tout  entier,  le  livre  lui  appartiendrait.  Au  bout  d'une 
semaine  il  revint  et  dit  à  la  dame  qu'il  avait  lu  le  livre  ;  mais 
comme  elle  doutait  de  la  vérité  de  ce  qu'il  disait,  elle  lui  fit 
des  questions  et  enfin  elle  fut  pleinement  convaincue  qu'il  avait 
fait  ce  qu'il  disait.  C'était  le  premier  livre  qu'il  eût  jamais 
possédé. 

A  l'âge  de  dix  ans  il  fut  placé  chez  un  fermier,  pour  le  servir 
jusqu'à  l'âge  .de  vingt  et  un  ans.  Pendant  ce  temps  on  devait 
l'envoyer  à  l'école  un  mois  tous  les  ans,  et  lui  donner  à  la  fin 
de  son  service  six  moutons  et  un  attelage  de  bœufs.  Il  s'acquitta 
toujours  bien  de  son  travail,  mais  il  tirait  profit  du  temps  qu'il 
avait  de  libre.  Souvent  il  lisait  toute  la  nuit  à  la  lueur  du  feu, 
étant  trop  pauvre  pour  acheter  de  Thuile. 

En  1833,  ayant  vingt  et  un  ans,  on  lui  donna  les  moutons  et  les 
bœufs,  qu'il  vendit  quatre-vingt-quatre  dollars.  Jusqu'à  cette 
époque  il  n'avait  jamais  possédé  deux  dollars,  et  un  dollar 
aurait  suffi  pour  payei*  tout  ce  qu'il  avait  dépensé. 

Alors  il  changea  son  nom  de  Jérémie  Jones  Colbath  pour 
celui  de  Henri  Wilson.  Il  travailla  quelque  temps  dans  le  New 
Hampshire;  mais  comme  il  n'était  pas  très-heureux,  il  résolut 
de  venir  dans  le  Massachusetts,  et,  entendant  parler  du  prix 
élevé  qu'on  payait  à  Natick  pour  faire  des  chaussures,  il  s'y 
rendit  pour  essayer  un  nouveau  commerce. 


HISTOIRE.  179 

A  Natick  il  travailla  beaucoup  en  qualité  de  cordonnier  pen- 
dant dix  ans,  et  pendant  ce  temps  il  augmenta  grandement  ses 
connaissances  littéraires,  sinon  sa  fortune. 

Il  entra  dans  la  vie  politique  en  18il.  Il  fut  d'abord  membre 
de  la  Chambre  des  représentants,  d'où  il  passa  au  Sénat  et  il 
continua  ainsi,  si  bien  qu'à  sa  mort  il  occupait  presque  la  plus 
haute  position  dans  les  États-Unis. 

Il  mourut  le  22  novembre  1875,  à  Washington,  dans  l;i 
soixante-quatrième  année  de  son  âge.  Quoique  M.  Wilson  fût 
né  dans  le  New  Hampshire,  son  domicile  était  dans  le  Massa- 
chusetts, et  nous  sommes  bien  certain  que  cet  État  ne  peut 
pas  pleurer  la  perte  d'un  homme  meilleur  et  plus  fidèle  que 
lui.  Ce  n'est  pas  seulement  une  perte  pour  l'État,  c'est  une 
perte  pour  la  nation,  car  son  nom  est  connu  et  aimé  dans  tous 
les  États-Unis. 

Partout  où  il  se  trouva,  il  fut  l'un  des  chefs.  Ce  fut  un  héros 
pendant  la  paix  et  pendant  la  guerre.  Ce  dont  il  fut  chargé, 
il  s'en  acquitta  avec  plaisir  et  convenablement.  Sa  vie  nous 
montre  que  les  travailleurs  parviennent  toujours. 

Ada  L. 
Age  :  quinze  ans. 

Boston  (Massachusetts), — Winthrop  Grammar  School  (Charlestown). 


110,   —ABRAHAM    LINCOLN. 

Il  naquit  dans  le  Kenîucky  en  1809,  et  fut  assassiné  par 
.John  ^Yilkes  Booth  dans  un  théâtre  à  Washington,  en  1865. 
Son  père  ne  savait  ni  lire  ni  écrire,  c'est  pourquoi  le  soin  qu'il 
prit  de  l'éducation  de  ses  enfants  fut  nul  ou  presque  nul.  En 
eÛet  Abraham  n'alla  à  l'école  que  pendant  un  an  ;  le  reste  de 
son  éducation  se  fît  peu  à  peu  pendant  les  heures  où  il  n'avait 
rien  à  faire,  et  ces  heures  étaient  peu  nombreuses  et  fort 
espacées.  A  l'càge  de  dix  ans  il  se  transporta  avec  le  reste  de 
sa  famille  dans  l'indiana  ;  au  bout  de  quelque  temps  ils  allèrent 
vivre  dans  l'Illinois,  A  dix-huit  ans  il  loua  ses  services  sur  un 
bateau  plat  pour  dix  dollars  par  mois.  Il  fut  tour  à  tour 
ouvrier  sur  un  bateau  plat,  volontaire  dans  la  guerre  du  Black 
Hawk,  directeur  d'un  bureau  de  poste,  épicier. 

Il  étudia  la  loi  en  empruntant  des  livres  au  cabinet  d'un 
liomme  de  loi  avant  la  fermeture  du  bureau  le  soir,  et  il  l(\s 
lendait  le  lendemain  matin  avant  l'heure  à  laquelle  commen- 


180  GRAMMAR   SCffOOLS. 

raient  les  affaires.  Il  se  distingua  rapidement   après  avoir  été 
admis  au  barreau. 

Il  fut  envoyé  à  l'Assemblée  législative  et  il  en  fut  trois  fois  élu 
membre.  Ensuite  il  alla  au  Congrès.  En  1858,  il  se  présenta 
comme  député  au  Congrès  contre  Stephen  S.  Douglass,  mais  il 
échoua  parce  que  le  parti  qui  le  portait  était  en  minorité.  Après 
avoir  été  admis  à  la  Présidence,  il  se  dévoua  à  son  pays. 

Il  était  grand,  maigre  ;  il  était  peu  au  courant  des  manières 
de  la  bonne  société,  mais  il  était  doué  d'un  grand  bon  sens,  et 
c'est  pour  cela  qu'on  l'appelait  quelquefois  «  l'honnête  Ab  ». 
Son  corps  voûté  indiquait  les  soucis  et  les  chagrins  que  lui 
causait  la  condition  de  son  pays.  Ce  n'était  que  de  loin  en  loin 
({ue  son  visage  s'éclairait  d'un  bon  sourire  humoristique 
lorsqu'il  racontait  quelque  mot  spirituel  qui  faisait  se  tordre 
de  rire  ses  auditeurs,  ou  (juelques-unes  de  ces  «  histoires 
d'Abraham  »,  qui  devenaient  bientôt  familières  dans  tout  le 
pays. 

Alice  G. 
Age  :  quinze  ans  et  demi. 
MilNvaukce  (Wisconsin).  —  District  n"  1. 


111.  —  UN   CHAPITRE   SUR   NAPOLÉON. 

((  La  guerre,  dit  ÎNapoléon,  est  la  science  des  barbares.  » 
Cet  infortuné  a  raison;  c'est  la  science  de  la  barbarie,  et 
Napoléon,  d'après  sa  propre  théorie,  fut  un  barbare  parce 
qu'il  mit  en  feu  le  continent  de  l'Europe,  uniquement  pour 
satisfaire  son  insatiable  ambition. 

il  voulait  agrandir  le  royaume  de  France  et  il  l'agrandissait 
sans  s'inquiéter  du  prix  que  cela  pouvait  coûter.  Des  milliers 
d'honimes  se  rassemblèrent  sous  sa  bannière,  mais  quel  fut  le 
résultat?  Gagna-t-il  quelque  chose  à  la  lin?  Non  :  toutes  les 
provinces  qu'il  avait  annexées  à  la  France  retournèrent,  après 
la  bataille  de  Waterloo,  aux  pays  d'où  il  les  avait  arrachées. 

il  disait  qu'il  aimait  la  France,  mais  son  amour  pour  ce 
})ays  n'égalait  pas  son  ambition,  sans  cela  il  n'aurait  pas  fait 
nipandre  tant  de  sang.  11  aurait  dû  déposer  la  couronne  s'il 
avait  aimé  la  France  et  il  n'aurait  pas  dû  hésiter  à  devenir 
simple  citoyen  pour  le  bien  de  ce  pays.  Mais  non,  il  voulait 
porter  une  couronne,  fût-elle  acquise  par  la  mort  delà  France, 


HISTOIRE.  181 

11  n'était  même  pas  légitimement  empereur  de  France,  il  se 
couronna  lui  même  en  prenant  la  couronne  des  mains  du  Pape 
et  en  se  la  plaçant  sur  la  tête  :  se  couronnant  ainsi  au  lieu  d'être 
couronné  empereur  des  Français.  Mais  son  ambition  ne  s'ar- 
rêta pas  là.  Non  content  d'avoir  dérobé  la  couronne  de  France, 
il  paraît  bientôt  dans  la  lice  en  Italie,  oii  il  se  fait  proclamer  roi 
d'Italie  à  Milan,  et  place  sur  sa  tête  la  fameuse  couronne  de  fer 
des  rois  lombards. 

De  plus,  son  divorce  montre  son  véritable  caractère.  Jamais 
certainement  femme  n'eut  plus  d'amour  pour  un  homme  que 
Joséphine  n'en  eut  pour  Napoléon,  mais  il  s'en  sépara  pour  le 
(T  bien  de  la  France  »,  disait-il.  Il  lui  dit  qu'il  l'aimait,  peu  de 
temps  a[)rès  le  divorce,  et  qu'elle  occuperait  la  première  place 
dans  son  cœur  après  la  France.  Malgré  cette  protestation,  il 
épousa  Marie-Louise  d'Autriche,  et  pourquoi?  Parce  que,  par 
son  mariage  avec  cette  dernière,  il  s'alliait  à  l'une  des  plus 
grandes  puissances  du  globe  et  que  son  beau-père  lui  viendrait 
assurément  eu  aide  dans  les  guerres  où  il  était  engagé. 

Je  termine  par  cette  déclaration  :  Napoléon  fut  assurément 
un  grand  génie,  mais  ce  fut  un  très-mauvais  génie. 

Edgard  L. 
Age  :  quatorze  ans. 

Comté  de  Monmouth  (New  Jersev). —  District  n''  45,  école  rurale. 


112.  —QUESTIONS  SUR  L'HISTOIRE  D'AXGLETERRE. 

Quest.  1.  —  Qui  a  conquis  l'Angleterre? 

Rép.  —  Les  Romains,  les  Saxons,  les  Danois  et  les  Normands. 

Quest.  2.  —  Dites  la  date  et  le  lieu  de  la  dernière  bataille 
livrée  sur  le  sol  de  la  Grande-Bretagne,  de  l'Angleterre. 

Rép. —  17i6,  Cullûden  ;  1651,  Worcester. 

Quest.  3.  —  Quelle  famille  luttait  pour  la  suprématie  dans 
chacune  de  ces  batailles,  et  pourquoi  était-elle  obligée  de  dis- 
puter le  trône  ? 

Rép.  —  La  famille  des  Stuarts.  A  la  bataille  de  Worcester, 
parce  que  Charles  I^^  avait  violé  la  Grande  Charte  et  avait  été 
exécuté;  alors  Cromwell  fut  nommé  Protecteur, c'est  pourquoi, 
lorsque  Charles  II  fut  reconnu  roi  par  l'Ecosse  à  la  condition  de 
consentir  à  signer  le  Covenant,  Cromwell  prit  les  armes  contre 
les  Ecossais. 


18"2  GRAMMAR   SCHUOLS. 

A  la  bataille  de  Culloden,  parce  que,  d'après  les  lois  de  la 
Grande  Charte,  un  catholique  romain  ne  pouvait  })as  occuj)er 
](;  trône  d'Angleterre. 

Qicest.  4.  —  Qui  commença  la  séparation  de  TAngleterre  de 
l'Église  romaine,  et  pour  quel  motif? 

Rép.  —  Henri  VllI.  il  ne  voulait  pas  faire  une  Réforme.  11 
n'avait  d'auli-e  motif  ([ue  d'obtenir  le  divorce  d'avec  sa  femme 
Catherine  d'Aragon,  et  comme  le  Pape  le  refusait,  Henri 
assembla  un  concile  présidé  par  Cranmer  et  obtint  ainsi  ce  qu'il 
désirait. 

QiU'st.  5.  —  Nommez  les  princes  de  la  maison  de  Lancastre, 
et  dites  pourquoi  ils  étaient  des  usurpateurs. 

Hép.  —  Henri  IV,  Henri  V,  et  Henri  VI.  Ils  descendaient  du 
(juatrième  fils  d'Edouard  III,  tandis  que  les  princes  de  la  mai- 
son d'York  descendaient  de  son  troisième  fils. 

Qiiesi.  G.  —  Nonmiez  six  événements  du  règne  de  la  reine 
Victoria. 

Rép.  —  La  révolte  des  Cipayes,  la  guerre  de  Crimée,  la  loi 
votée  sur  la  poste  cà  un  penny,  les  Corn  Laws  rapportées,  le 
lancement  du  premier  vaisseau  cuirassé  anglais,  la  découverte 
d'un  passage  au  Nord-Ouest. 

.    Quest.  7.  —  Qui  était  Elisabeth,  et  quelles  étaient  ses  trois 
grandes  maximes  ? 

Rép.  —  La  fille  de  Henri  VIII. 

Obtenir  l'amour  de  ses  sujets; 
Etre  économe  de  ses  trésors  ; 
Exciter  la  désunion  parmi  ses  ennemis. 

Quest.  8.  —  Par  qui  et  comment  la  flotte  anglaise  fut-elle 
commencée  ? 

Rép.  —  Par  Henri  VII,  qui  construisit  un  navire  appelé  le 
Great  Harnj  (le  Grand  Henri).  » 

Quest.  9.  —  Fiacontez  en  quelques  mots  riiisloire  de  la 
Grande  Charte. 

Rép.  —  Langtou  et  les  barons  demandèrent  à  Jean  de  rati- 
lier  une  charte  tpii  reconnaissait  leurs  privilèges,  et  il  fut  enfin 
obligé  d'y  consentir  le  15  juin  l'215. 

Quest.  10.  —  Quand  fut  établie  la  Chambre  des  Communes  ? 
Sous  quel  règne? 

Rép.  —  126.5,  sous  le  règne  de  Henri  III. 

MiNNIE  W. 
Boston  (Massachusetts).  —  Evcrett  Grammar  School. 


HISTOIRE.  183 


113.    —    ESQUISSES     BIOGRAPHIQUES    DE    QUELQUES    VOYAGEURS 
CÉLÈBRES. 

L'idée  de  voyager  se  présente  d'elle-même  aux  esprits 
éclairés,  comme  mi  moyen  d'augmenter  leurs  connaissances. 
Les  hommes  qui  ne  connaissent  que  leur  pays  sont  portés  à 
avoir  des  vues  égoïstes  et  fanatiques,  les  voyages  modiiient  ces 
vues,  développent  notre  intelligence  et  augmentent  notre  con- 
naissance des  hommes  et  des  choses;  ils  nous  montrent  la 
nature  et  l'art  sous  ditférents  aspects,  nous  rendent  moins  vains 
et  plus  charitables.  Les  uns  voyagent  par  curiosité,  d'autres 
pour  leur  plaisir,  et  d'autres  pour  perfectionner  leurs  connais- 
sances en  histoire  naturelle. 

Hérodote,  le  père  de  l'histoire,  l'un  des  premiers  voyageurs, 
était  un  Grec  d'Halicarnasse,  ville  dorique  de  la  Carie.  11  naquit 
-iSi  ans  avant  Jésus-Christ.  11  résida  pendant  quelque  temps  à 
Samos,  et  il  y  avait  à  peine  une  ville  en  Grèce  ou  sur  la  côte 
de  l'Asie  Mineure  qu'il  ne  connût  pas.  En  Asie  il  visita  les  villes 
de  Babylone,  d'Ecbatane  et  de  Suze.  C'est  en  voyageant  et  en  fai- 
sant de  laborieuses  recherches  qu'il  recueillit  les  matériaux 
(|ui  lui  servirent  à  composer  ses  ouvrages. 

Pythagore  de  Samos  naquit  580  ans  avant  Jésus-Christ.  11 
Toyagea  beaucoup  en  Orient;  il  était  célèbre  par  ses  connais- 
sances en  géométrie  et  en  arithmétique. 

Solon,  l'un  des  Sages  de  la  Grèce,  était  fils  de  Exécestidès. 
En  voyageant  dans  plusieurs  pays  de  l'Asie  et  de  la  Grèce,  il 
connut  les  hommes  les  plus  illustres  de  son  temps. 

Marco  Polo,  d'une  noble  famille,  originaire  de  Dalmatie, 
naquit  à  Venise  vers  1250  de  notre  ère.  iNicolo  Polo,  son  père, 
et  Matteo  Polo,  son  onde,  étaient  des  marchands  cdèbres.  Us 
emmenèrent  Marco  avec  eux,  en  1271,  à  la  cour  de  Kublai 
Khan  où  ils  arrivèrent  en  1275.  Le  Khan  l'employa  dans  beau- 
coup de  missions  auprès  des  souverains  voisins,  et  il  se  mit 
promptement  au  courant  des  mœurs  et  des  coutumes. 

A  son  retour  il  écrivit  un  récit  de  ses  voyages  ;  son  ouvrage 
nous  fait  connaître  l'état  de  l'Asie  centrale  et  orientale  à  cette 
époque.  Sa  première  mission  fut  à  la  cour  d'Annam  et  de 
Tonquin  (1277)  sur  laquelle  il  nous  donne  des  renseignements, 
du  Thibet,  du  Yunnan,  du  Bengale  et  du  sud  de  la  Chine. 
Ensuite  il  dressa  un  inventaire  des  archives  qui  appartenaient 
à  la  cour  de  la  dynastie  Song,  et  bientôt  après  il  fut  nommé 


18-4  (JRAMMAU    SCIIOOLS. 

gouverneur  de  Yang-Tcliou.  Il  passa  dix-sept  ans  au  service  du 
Khan  mongol,  et  visita  les  principales  villes  et  les  principaux 
pays  de  l'Asie  orientale,  ce  qu'aucun  autre  Européen  n'avait 
fait.  En  1-291,  les  trois  Polo  traversèrent  la  Chine  et  firent 
voile  sur  la  mer  de  Chine  et  sur  l'Océan,  ils  arrivèrent  à 
Venise  eji  1295.  En  1296  il  prit  part  à  la  hataille  de  Curzola, 
où  les  Vénitiens  furent  battus.  Marco  fut  fait  j)risonnier  et  mis 
dans  un  cachot  à  Gènes.  Lorsqu'on  le  mit  en  liberté,  il  retourna 
à  Venise,  où  il  fut  nommé  membre  du  Grand  Conseil.  Il  mou- 
rut en  1323. 

Christophe  Colomb,  de  Gênes,  naquit  en  1435  de  notre  ère. 
Dans  sa  jeunesse  il  avait  visité  presque  toutes  les  parties  du 
monde  connu.  Son  esprit  pratique  le  conduisit  bientôt  à  médi- 
ter un  voyage  à  l'ouest  qui,  d'après  ce  qu'il  supposait,  lui 
permettrait  d'atteindre  l'Inde.  Après  beaucoup  d'ellorts  infruc- 
tueux il  réussit  à  se  procurer  trois  petits  navires  :  la  Santa 
Maria,  le  Pinto  et  VAnna.  Cette  petite  flotte  quitta  le  port  de 
Palos,  en  Espagne,  le  3  août  1492  au  matin.  Ils  eurent  beau- 
coup à  souffrir  du  mauvais  temps,  et  comme  les  vents  alizés 
les  emportaient  dans  une  direction  qui  les  éloignait  de  leur 
pays,  les  matelots  furent  plusieurs  fois  sur  le  point  de  se  révol- 
ter. Enfin  ils  commencèrent  à  découvrir  la  terre,  et  le  12  octobre 
ils  longèrent  une  belle  île  verte  qui  était,  comme  ils  le  décou- 
vrirent plus  tard,  une  des  îles  avancées  du  Nouveau-3Ionde. 

11  fil  quatre  voyages,  mais  pendant  le  dernier  on  le  ramena 
enchaîné  dans  son  pays,  et  après  avoir  langui  pendant  quelque 
temps  dans  l'obscurité,  il  mourut  à  Valladolid,  en  Espagne,  le 
20  mai  1506. 

En  1513,  Nunez  de  Bilbao,  gouverneur  espagnol  de  Darien, 
partit  pour  une  expédition  d'exploration  à  travers  l'isthme  et, 
ayant  gravi  une  colline,  il  aperçut  les  côtes  orientales  de 
l'océan  Pacifique,  qu'il  appela  3Ier  du  Sud. 

Quelle  grande  découverte  que  celle  de  cet  océan ,  le  plus 
vaste  du  globe,  dont  il  occupe  le  quart! 

liichard-Kobert  Madden,  docteur  en  médecine,  naquit  en 
Irlande.  Il  voyagea  beaucoup  et  publia  beaucoup  de  livres  de 
voyages  et  d'histoire. 

Austin  Henri  Layard  D.  C.  L.  na(|uit  à  Paris.  C'est  l'un  des 
plus  célèbres  voyageurs  de  ce  siècle.  M.  Layard  a  rempli  plu- 
sieurs fonctions  sous  le  gouvernement  anglais,  et  il  a  été  nom- 
mé en  1869  ambassadeur  en  Espagne.  C'est  lui  qui  découvrit 
les  ruines  de  Ninive,  qui  étaient  enfouies  sous  terre. 


HISTOIRE.  185 

Richard-Francis  Burton  a  acquis  beaucoup  de  célébrité  par 
ses  relations  de  voyages.  Il  entra  dans  l'armée  de  l'Inde 
en  18i2.  Il  a  beaucoup  voyagé  eu  Arabie  et  dans  les  régions 
inexplorées  de  l'Afrique  et  de  rAméri({ue  du  >'ord. 

John  Hamining  Speke  était  officier  de  l'armée  anglaise,  il 
servit  dans  la  guerre  de  Crimée.  Il  a  voyagé  avec  le  capitaine 
Burton  et  a  remonté  le  Nil  jusqu'au  lac  Xyanza. 

David  Livingstone,  docteur  en  médecine,  fut  le  plus  remar- 
quable des  voyageurs  modernes.  Il  était  Écossais,  et  en  1840 
il  fut  envoyé  en  mission  dans  l'Afrique  méridionale.  Ses  décou- 
vertes et  ses  aventures  dans  ce  pays  ont  rendu  son  nom  célèbre. 
C'est  à  lui  que  nous  devons  la  plupart  de  nos  connaissances 
géographiques  sur  l'Afrique  centrale.  Sa  mort  est  une  perte 
publique,  car  sa  vie  fut  consacrée  à  la  science  et  au  bien  de 
ses  concitoyens. 

Bayard  Taylor,  célèbre  voyageur  américain,  a  visité  presque 
tous  les  pays  du  globe  et  a  écrit  beaucoup  de  relations  inté- 
ressantes de  ses  voyages,  qui  ont  été  reçues  avec  reconnais- 
sance par  le  public.  Pendant  l'été  .de  1873,  il  assista  au  mil- 
lième anniversaire  de  la  fondation  de  la  colonie  d'Islande,  et 
écrivit  à  ]â Neu-York  Tribune  des  esquisses  accompagnées  de 
\'ues  de  cet  intéressant  pays. 

?sous  devons  beaucoup  à  ces  hommes,  qui  ont  tant  contribué 
à  nous  faire  connaître  les  différentes  parties  du  monde.  Ils  ont 
matériellement  augmenté  l'ensemble  de  nos  connaissances,  et 
nous  les  en  remercions. 

Allie  H. 

Age  :  dix-sopt  ans. 
Comté  du  Cap  May  (New  Jersey).  —  District  n"  i. 


lli.    —   MOUND   BUILDEfiS   (1). 

Lorsqu'on  eut  tué  le  dernier  mammouth,  il  est  probable 
qu'il  se  passa  plusieurs  siècles  avant  la  prise  de  possession  par 
les  Mound  Builders  du  sol  qui  avait  été  occupé  par  ces  animaux. 

Nous  pouvons  affirmer  que  les  Mound  Builders  furent  une 
race  d'hommes  qui  ne  virent  jamais  le  mammouth;  sans  cela 
ils  nous  en  auraient  transmis  la  forme  en  sculpture  ou  en  pein- 

(1)  Littéralement  :  constructeurs  de  levées  de  terre. 


486  GRAMMAR   SCHOOLS. 

ture,  comme  ils  ont  fait  pour  les  oiseaux  et  les  autres  ani- 
maux. 

Mais  s'ils  ont  peint  les  oiseaux  et  les  animaux,  ils  ne  se  sont 
pas  peints  eux-mêmes  :  nous  ne  pouvons  donc  pas  savoir 
quel  air  ils  avaient.  Ils  n'ont  écrit  aucun  livre  :  nous  igno- 
rons donc  quelle  langue  ils  parlaient.  Tout  ce  que  nous  con- 
naissons de  ces  hommes,  ce  sont  les  merveilleux  travaux 
qui  leur  ont  survécu  et  les  grands  ouvrages  en  terre  (l  )  qu'ils 
ont  construits.  Ce  sont  ces  grands  ouvrages  qui  leur  ont  valu 
leur  nom. 

On  peut  voir  un  de  ces  grands  ouvrages  en  terre  dans  le 
comté  d'Adam  (Ohio).  Il  a  la  forme  d'un  gigantesque  serpent 
de  mille  pieds  de  long  sur  cinq  pieds  de  large  :  il  est  couché 
sur  un  morne  (2)  qui  domine  un  fleuve.  Il  tient  dans  sa  gueule 
ouverte  (|uel(]ue  chose  qui  ressemble  à  un  œuf.  Cet  ouvrage  de 
terre  en  forme  d'œuf  a  cent  soixante  pieds  de  long. 

Dans  d'autres  endroits  il  y  a  des  ouvrages  en  terre  d'un 
seul  morceau,  qui  ont  de  soixante  à  quatre-vingt-dix  pieds  de 
haut. 

11  est  certain  que  ces  Mound  Builders  avaient  une  civilisation 
fort  avancée.  Tous  leurs  ouvrages  témoignent  de  leur  habileté. 
Ces  ouvrages  affectent  la  forme  du  carré,  de  l'octogone,  de 
l'ellipse  ou  du  cercle. 

Dans  ces  ouvrages  en  terre  on  a  trouvé  des  outils  et  des 
ornements  faits  de  cuivre,  d'argent  et  de  pierres  précieuses. 

Les  Mound  Builders  savaient  faire  beaucoup  d'objets  en 
argile,  par  exemple  des  oiseaux  et  des  figures  humaines.  Ils 
cultivaient  la  terre,  quoiqu'ils  n'eussent  pas  d'animaux  pour 
s'aider  :  ils  n'avaient  ni  bœufs,  ni  chevaux,  ni  voitures. 

Ils  creusèrent  des  mines  pour  l'extraction  du  cuivre  et  du 
plomb  près  du  lac  Supérieur.  Dans  l'une  de  ces  mines,  une 
masse  de  cuivre  qui  pèse  environ  soixante  tonneaux  (3)  s'élève 
en  partie  au-dessus  du  sol  et  est  appuyée  par  des  blocs  de  bois. 

A  ([ucUe  époque  a  vécu  cette  ancienne  race  des  Mouiid 
Builders  ?  On  n'a  pu  découvrir  aucune  trace  de  leurs  écrits,  et 
la  tradition  ne  nous  apprend  rien  de  précis  cà  leur  sujet. 

Il  est  très-naturel  de  se  demander  si  ces  3Iound  Builders  ne 
furent  pas  les  ancêtres  des  Indiens  actuels.  Cela  n'est  pas  pro 

(i)  Great  moiinds  of  earth,  littéralenionl  :  grandes  levées  de  terre. 

(2)  Dlu/f,  nom  donné  en  Amérique  à  une  petite  montagne. 

(3)  Ton,  tonneau,  vaut  "20  quintaux  ou  1015  kilogrammes. 


INSTRUCTION   CIVIQUE.  187 

bable,  car  il  y  a  une  gr^ande  différence  entre  les  habitudes  des 
deux  races.  Dans  la  plupart  des  tribus  indiennes,  on  ne  trouve 
ni  l'habileté  ni  la  persévérance  nécessaires  pour  construire  ces 
irrands  ouvrasres  de  terre. 

Peut-être  vinrent-ils    d'Asie,  ou  peut-être   descendaient-ils 
d'Asiatiques  jetés  sur  les  côtes  d'Amérique. 

J.   Anderson. 
Age  :  treize  ans. 
Newport  (Rhode  Island). 


IX.  —  lustriicf iou  civique. 

115.    —   LE   PATRIOTISME. 

Ou'est-ce  que  c'est  que  le  patriotisme?  Il  y  a  des  personnes 
qui  n'ont  qu'une  vague  idée  de  ce  sentiment,  moi  toute  la 
première.  Quelquefois  je  nie  dis  :  Ne  serait-ce  pas  charmant 
d'être  une  patriote  ?  Mais  je  m'imagine  que  c'est  aimer  et 
recevoir  en  retour  des  châtiments.  Et  qui  plus  est  (comme 
disent  les  bonnes  gens),  je  crois  que  certaines  personnes  ont 
sur  le  patriotisme  des  idées  encore  moins  précises  que  les 
miennes.  J'ai  entendu  parler  dernièrement  d'hommes  qui 
disent  aimer  leur  pays,  mais  combien?  je  n'en  sais  rien,  tout  un 
boisseau,  je  suppose,  comme  disent  les  petits  enfants.  Il  ne 
faut  pas  croire  que  je  parle  de  vous,  qui  que  vous  soyez,  mais 
voici  ce  que  je  dis  :  Celui  qui  se  sent  morveux,  qu'il  se 
mouche  !  Et  dire  qu'ils  s'appellent  des  politiques  !  Ce  sont  des 
hypocrites  à  qui  on  manquerait  de  respect  en  toute  occasion 
si  on  apprenait  à  les  connaître.  C'est  pour  cela  qu'ils  se  com- 
portent comme  le  font  la  plupart  des  lâches.  Ces  patriotes  (je 
regrette  de  le  dire)  ressemblent  beaucoup  aux  électeurs  pen- 
dant une  élection  :  si  vous  leur  demandez  pour  qui  ils  votent, 
ils  vous  répondront  :  Pour  celui  qui  nous  traite  le  mieux,  ou 
bien  pour  celui  qui  nous  donne  le  plus  d'argent.  Est-ce  cela 
qu'on  appelle  du  patriotisme  ?  Si  c'est  cela,  je  crois  que,  dans 
tous  les  cas,  mon  opinion  sur  le  patriotisme  est  plus  juste  qne 
celle  que  l'on  s'en  fait  généralement. 

Félicitez-vous  que  le  Bill  en  faveur  des  droits  des  femmes 
n'ait  pas  passé,  car  je  suis  positivement  certaine  que  les  femmes 
voteraient  mieux  que  cela,  même  pour  la  première  fo^.  Mais 
ainsi  va  le  monde  ! 


188  GRAMMAR   SCIIOOLS. 

D'après  toutes  mes  idées,  je  puis  me  former  une  opinion  sur 
le  patriotisme.  C'est  une  affection  pure  et  véritajjle  pour  notre 
pays,  sans  aucun  désir  égoïste  de  gain.  Il  y  a  beaucoup  de 
patriotes  qui  vivent  maintenant,  et  il  y  en  a  d'autres  qui  ont 
vécu  avant  nous,  nous  les  aimons  encore,  et  ils  sont  aimés  par 
tous  les  hommes  et  jamais  on  ne  les  oubliera. 

Washington  fut  un  véritable  patriote  pour  son  pays,  l'Amé- 
rique, pour  laquelle  il  aurait  répandu  tout  son  sang.  11  mou- 
rut en  1799  après  huit  longues  années  de  fatigues  et  de  tra- 
vaux qui  furent  très-utiles,  passées  dans  le  poste  de  Président. 
Nous  célébrons  sa  fête  le  2^2,  février,  parce  qu'il  fut  le  père  de 
notre  pays. 

Le  général  Lee  fut  aussi  un  patriote,  mais  non  pas  pour  son 
pays,  car  il  ne  défendit  que  l'Etat  de  Virginie,  dans  lequel  il 
était  né. 

Guillaume  Tell,  dont  on  parle  si  souvent,  était  un  Suisse 
qui  fut  décapité  pour  avoir  aimé  son  pays. 

Voilà  ce  qu'on  peut  appeler  le  vrai  patriotisme. 

Theresa  B. 
Age  :  quatorze  ans. 
Mihvaukee  (Visconsin).  —  District  ii"  6. 


116.    —   ÉTUDE   DE   LA   CONSTITUTION. 
(  Classe    supérieure   des    Grammar  Scliools.  ) 

1.  Quelles  conditions  faut-il  remplir  pour  être  Président  des 
États-Unis  ? 

2.  Quelle  est  la  clause  de  la  Constitution  qui  organise  le 
district  de  Columbia  ? 

3.  Quels  sont  les  actes  qui  sont  qualifiés  trahison  contre  les 
États-Unis?  Quels  sont  les  moyens  de  punir  cette  trahison  qui 
sont  interdits  ? 

4..  Quels  sont  les  projets  de  loi  ((ui  doivent  être  présentés 
par  la  Chambre  des  Heprésentants? 

5.  Quels  sont  les  pouvoirs  du  Président  pour  nommer  aux 
charges  et  pour  remplir  les  vacances  ? 

District  de  Columbia. 


INSTRUCTION   CIVIQUE.  189 

117.    —   QUESTIONS   SUR   LA    CONSTITUTION. 

{S"  année.) 

1.  Nommez  les  trois  départements  généraux  du  gouverne- 
ment et  définissez  brièvement  chacun  d'eux. 

2.  Comment  remplit-on  les  vacances  dans  chacun  de  ces  dépar- 
tements ? 

3.  Comment  choisit-on  les  sénateurs  des  États-Unis?  Pour 
combien  de  temps  ?  Comment  et  pour  combien  de  temps  choisit-on 
les  Représentants? 

4.  Qu'est-ce  qui  amena  la  seconde  guerre  avec  l'Angleterre  ? 
Nommez  deux  ou  trois  batailles  en  disant  quelle  armée  fut 
victorieuse  dans  chacune  d'elles.  Quel  fut  le  résultat  de  la 
guerre  ? 

5.  Dans  quel  engagement  le  commodore  (1)  Perry  se  distin- 
gua-t-il  ? 

6.  Qu'est-ce  qui  amena  la  guerre  avec  le  Mexique  ?  Dans 
quel  pays  se  livrèrent  les  batailles  et  quel  fut  le  résultat  de 
cette  guerre?  Qui  était  Président  à  cette  époque?  Qui  com- 
mandait les  troupes  américaines  ? 

7.  Qu'est-ce  qui  a  amené  le  «  Compromis  du  Missouri?  (1)  » 

8.  Qu'est-ce  qui  amena  la  rapide  colonisation  de  la 
Californie  ? 

9.  Quand  TOhio  fut-il  admis  dans  l'Union? 

10.  De  quel  gouvernement  étran-ger  a-t-on  obtenu  de  grands 
domaines?  Comment  les  a-t-on  obtenus? 

Cleveland  (Ohioj. 


(I)  Un  commodore  est  un  chef  d'escadre.  La  statue  du  commodore 
Perry  et  les  canons  qu'il  prit  aux  Anglais  en  1813,  sur  les  bords  du 
lac  Erié,  décorent  la  principale  place  de  la  ville  où  ce  devoir  a  été 
donné. 

ii)  En  1818-19  le  Missouri  demanda  à  entrer  dans  l'Union.  Les 
représentants  exigèrent,  avant  de  l'admettre,  qu'il  introduisît  dans  sa 
constitution  une  clause  interdisant  l'esclavage.  Le  Missouri  refusa. 
L'année  suivante  il  renouvela  sa  demande  :  on  lui  posa  la  même  con- 
dition qu'il  refusa  encore  d'accepter.  Enfin  le  Sénat  proposa  de  l'ad- 
mettre dans  l'Union  comme  État  esclavagiste  à  condition  que  l'escla- 
vage serait  désormais  interdit  au  nord  du  parallèle  .30"  30'.  Ce  com~ 
promis  fut  voté  à  la  majorité.  (Note  du  Traducteur.) 


190  GlUMMAR  SCHOOLS. 

118.  —  QUESTIONS  D'niSTÛiaE  CONTEMPORAINE.' 
(Examen  semestriel  de  l''"  classe.) 

Qui  a  succédé  à  M.  Lincoln  comme  Président  ?  —  Quel  est 
aujourd'hui  le  Président  des  États-Unis?  —  Quels  sont  ses 
appointements?  —  Quand  prête-t-il  serment?  —  Quel  est  le 
gouverneur  actuel  de  la  Pennsylvanie?  — Quoi  était  le  Prési- 
dent des  États  confédérés  pendant  la  dernière  révolte?  —  A 
qui  le  général  Lee  s'est-il  rendu  ? 

Somerset  Borough  (Pensylvanie). 


119.  —  COUP  d'œil  sur  l'histoire  nationale. 

Quest.  1.  —  Dites  brièvement  quelques  faits  relatifs  à  la 
condition  des  colonies  en  1776. 

Réf.  (littéralement  reproduite  par  tous  les  élèves).  — Indé- 
pendance déclarée  le  4  juillet;  colonies  soumises  à  l'Angle- 
terre; guerre  de  la  Piévolution;  on  voyageait  à  cheval,  on 
n'avait  pas  de  télégraphe,  pas  de  câble  Iransatlantique,  pas  de 
chemin  de  fer  du  Pacifique,  pas  de  bateaux  à  vapeur,  pas  de 
président;  population,  trois  millions;  treize  colonies. 

Quest.  2.  —  Dites  brièvement  quelques  faits  relatifs  à  la 
condition  des  États-Unis  en  1876. 

R('p.  (littéralement  reproduite  par  tous  les  élèves).  —  Nous 
avons  un  gouvernement  libre,  nommons  nos  gouvernants, 
voyageons  en  chemin  de  fer,  envoyons  des  dépêches  par  télé- 
graphe, nos  eaux  sont  sillonnées  de  bateaux  à  vapeur  ;  notre 
population  est  de  quarante  millions,  nous  avons  trente-sept 
États,  et  sommes  en  paix  avec  le  monde  entier. 

Ville  de  Lancaster  (Pennsylvanie).  —  École  secondaire  de  garçons, 


X.   —  Géog^rapliic. 

120.  —  qt'estions  de  géographie  mathématique. 

Qnest.  1.  —  Expliquez  comment  varient  les  degrés  de  lati- 
tude. 

Quest.  2.  —  Expli(juez  comment  varient  les  degrés  de  lon- 
gitude. 


GÉOGRAPHIE.  191 

Quest.  3.  —  Pourquoi  les  tropiques  sont-ils  à  23°  1/2  au 
nord  et  au  sud  de  l'Equateur? 

Quest.  i.  —  Pourquoi  les  cercles  polaires  sont-ils   placés 
où  ils  sont? 

Quest.    5.  —  Combien  y   a-t-il  de  degrés  du  tropique  du 
Cancer  au  pôle  sud  ? 

Quest.  G.  —  Quel  est  notre  plus  lon!4' jour?  Où  est  le  soleil 
à  ce  moment  ? 

Quest.  7.  —  Quel  est  notre  jour  le  plus  court  ?  Où  est  le  soleil 
à  ce  moment? 

Quest.  8.  —  Quand  on  est  au   mois  de  mars  à  Chicago,  à 
quel  mois  est-on  en  Patagonie  ? 

Quest.  9.  —  Quand  on  est  en  hiver  à  Chicago,  dans  quelle 
saison  est-on  en  Europe? 

Quest.  10.  —  Définissez  la  géographie  mathématique. 
Chicago  (lUinois).  —  Lincoln  School. 


121.   —   QUESTIONS   DE  GÉOGRAPHIE   PHYSIQUE. 

«  - 

1.  Faites  un  exposé  de  l'âge  carbonifère. 

2.  Dites  comment  se  forment  les  îles  de  corail. 

3.  Quelle  est  l'utilité  des  montagnes  ? 

4.  Quelles   sont    les   circonstances  qui  accompagnent   une 
éruption  volcanique. 

5.  >'oramez   quelques-unes   des  causes  qui   produisent   les 
courants  de  l'Océan. 

6.  Nommez  les  Basses  Plaines  de  l'Amérique  septentrionale, 
et  indiquez-en  la  situation. 

7.  Quel  est  l'effet  de  l'altitude  sur  la  température. 

8.  Décrivez  deux  systèmes  de  circulation  dans  les  plantes. 

9.  Nommez  et  définissez  les  principales  classes  d'animaux. 

10.  Où  trouve-t-on  les  gisements  de  fer  les  plus  considé- 
rables ? 

District  de  Columbia. 


122.    —   QUESTIONS  DE  GÉOGPtAPHIE  ÉCONOMIQUE. 

1.  Dans  quelle  partie  des  États-Unis  trouve-t-on  le  plus  de 
charbon  ? 

2.  Dans  quelles  parties  se  livre-t-on  surtout  à  l'agriculture? 


192  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Dans  quelles  parties  se  livre-t-on  surtout  au  travail  des  ma- 
nufactures ? 

3.  De  quoi  dépend  le  climat  d'un  pays  ? 

4.  Quelle  partie  du  monde  possède  la  végétation  la  plus 
riche  ? 

5.  Dites  où  l'on  cultive  en  grand  les  produits  suivants  :  le 
froment,  le  riz,  le  coton,  le  tabac,  la  canne  à  sucre. 

6.  Nommez  le  principal  système  fluvial  des  États-Unis. 

7.  Nommez  une  ville  commerçante,  une  ville  célèbre  par  ses 
manufactures,  une  autre  célèbre  par  ses  pêcheries,  et  une 
autre  célèbre  comme  résidence  d'été  ;  indiquez  la  situation  de 
chacune  de  ces  villes? 

8.  Quelles  sont  les  divisions  physiques  des  États-Unis, 
qu'est-ce  qui  les  détermine  ? 

Newport  (Rhode  Island). 


123.   —   QUESTIONS  DE  GÉOGRAPHIE  GÉNÉRALE. 
(6''  année). 

i .  De  quoi  s'occupe  la  Géographie  mathématique  ? 

2.  Donnez  trois  preuves  de  la  rotondité  de  la  terre. 

3.  Nommez  les  divisions  naturelles  des  eaux.  Qu'est-ce  que 
la  source  d'un  fleuve?  De  quoi  dépend  le  cours   d'un  fleuve? 

-4.  Par  quels  moyens  les  hommes  rendent-ils  les  divers  cli- 
mats habitables  ?  En  quoi  difl'ère  la  nourriture  des  hommes 
dans  les  différentes  zones? 

5.  Quelles  sont  les  trois  sections  distinctes  formées  à  la  sur- 
face de  l'Amérique  septentrionale  pai-  les  monts  Rocheux  et  les 
monts  Alleghanys  ?  Décrivez  chacune  d  elles. 

6.  Indiquez  les  bornes  du  Massachusetts. 

7.  Indiquez  le  cours  du  Missouri  depuis  sa  source  jusqu'à 
son  embouchure,  en  nommant  les  États  qu'il  traverse. 

8.  Pourquoi  l'intérieur  de  l'Afrique  est-il  si  peu  connu? 

9.  Animaux  de  l'Afrique. 

10.  Pourquoi  la  traversée  pour  se  rendre  en  Europe  en 
partant  des  ports  des  États-Unis  situés  sur  l'Atlantique  est-elle 
plus  courte  que  la  traversée  pour  retourner  aux  Etats-Unis? 

Saint-Louis  (Missouri j. 


GÉOGRAPHIE.  193 

124.  — AUTRES   QUESTIONS  DE   GÉOGRAPHIE  GÉNÉRALE. 
(8^  année.) 

1.  De  quoi  s'occupe  la  Géographie  physique?  • 

2.  Prouvez  que  la  terre  est  sphérique. 

3.  Décrivez  l'âge  azoïque  et  dites  en  quoi  les  roches  de  cet 
âge  diffèrent  des  roches  des  périodes  suivantes. 

-4.  Donnez  une  esquisse  générale  des  rehefs  de  l'Amérique 
méridionale. 

5.  Décrivez  les  îles  de  corail. 

6.  Décrivez  les  geysers  d'Islande. 

7.  Comment    se   forment    les    sources?   Qu'est-ce   que    les 
sources  minérales  ? 

8.  Quels  sont  les  signes  précurseurs  et  sûrs  d'une  éruption 
volcanique? 

9.  Où  est  la  grande  plaine  de  l'Europe,    quels  pays   ren- 
ferme-t-elle? 

10.  Où  sont  les  grandes  plaines  de  l'Amérique  septentrio- 
nale? 

Saint-Louis  (Missouri). 


1-25.  —  QUESTIONS    DE    GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 
(8«  année.) 

1.  Faites  une  description  de  la  condition  primitive  de  la 
terre,  et  expliquez  comment  elle  s'est  solidifiée. 

2.  Citez  quelques-uns  des  effets  de  l'atmosphère  sur  la  croûte 
terrestre. 

3.  Donnez  une  esquisse  générale  des  reliefs  de  l'Amérique 
septentrionale. 

4.  Expliquez  l'origine  des  volcans  et  des  tremblements  de 
terre. 

5.  Décrivez  le  versant  de  l'Amérique  entre  l'océan  Atlan- 
tique et  l'océan  Pacifique. 

6.  Pourquoi  les  lacs  qui  n'ont  pas  d'écoulement  sont-ils 
ordinairement  salés?  Pourquoi  ceux  qui  ont  un  écoulement  ne 
sont-ils  pas  salés? 

7.  Donnez  la  théorie  de  Newton  sur  les  marées. 

13 


194-  GRAMMAU   SCHOOLS. 

8.  Expliquez  les  phénomènes   des    courants  constants    dc- 
rOcéan.  Quelle  influence  ont-ils  sur  le  climat? 

9.  Dites   brièvement  ce    que    vous    savez  sur  la   pression 
atmosphérique. 

10.  Indiquez  la  route  que  doit   suivre  un  na\ire    à  voiles 
pour  se  rendre  des  États-Unis  en  Chine. 

Saint-Louis  (Missouri;. 


126.    —   QUESTIONS   SUU   LA   GÉOGRAPHIE   DE  l'EUROPE. 

Quest.  1 .  —  Nommez  les  pays  de  l'Europe  dans  l'ordre  de 
leur  importance  comme  étendue  de  territoire. 

Réf.  —  Les  pays  de  l'Europe  nommés  dans  l'ordre  de 
leur  importance  comme  étendue  de  territoire  sont  :  la  Paissie. 
l'Autriche,  l'empire  d'Allemagne,  la  France,  la  Turquie, 
l'Espagne,  la  Suède,  la  Norvège,  l'Italie,  l'Angleterre,  le 
Portugal,  l'Irlande,  l'Ecosse,  la  Grèce,  la  Suisse,  le  Danemark, 
la  Hollande,  la  Belgique  et  le  pays  de  Galles. 

Quest.  2.  —  Dessinez  une  carte  représentant  le  nord  de  la 
France  et  le  sud  de  l'Angleterre  avec  la  mer  qui  les  sépare. 

Quest.  3.  —  Décrivez  les  principales  chaînes  de  montagnes 
de  l'Europe. 

Rép.  Les  chaînes  de  montagnes  de  l'Europe  sont  :  les  monts 
Ourals,  qui  s'étendent  entre  la  Russie  et  la  Sibérie  ;  les  monts 
Gaucasiques,  qui  s'étendent  entre  l'Asie  Mineure  et  la  Russie  ^ 
les  monts  Carpathes,  qui  traversent  l'Autriche  de  l'est  à  l'ouest; 
les  monts  Balkans, qui  traversent  la  Turquie  de  l'est  à  l'ouest; 
les  Apennins,  qui  s'étendent  du  nord  au  sud  en  Italie  ;  les  mon- 
tagnes de  la  Forêt-Noire,  qui  s'étendent  dans  la  partie  méri- 
dionale de  l'empire  allemand  ;  les  Alpes,  qui  bornent  la  Suisse 
au  sud  ;  les  monts  du  Jura,  qui  s'étendent  entre  la  France  et 
la  Suisse;  les  Gévennes,  qui  s'étendent  dans  la  partie  orientale 
de  la  France;  les  monts  Pyrénées,  qui  s'étendent  entre  la 
France  et  l'Espagne;  les  monts  des  Asturies,  qui  sont  dans  la 
partie  septentrionale  de  l'Espagne  ;  la  Sierra  Morena,  qui  est 
dans  la  partie  centrale  de  l'Espagne;  la  Sierra  Nevada,  qui  est 
dans  la  partie  méridionale  de  l'Espagne  ;  les  monts  Kitelen, 
qui  sont  entre  la  Suède  et  la  Norvège,  et  les  monts  Dover- 
field  (1),  qui  sont  dans  la  partie  méridionale  de  la  Norvège. 

(1)  Monts  Dofrines  ou  Alpes  Scandinaves. 


GÉOGRAPHIE.  195 

Quest.  l.  —  Indiquez  le  cours  des  cinq  plus  grands  lleuves 
d'Europe. 

Rép.  —  Les  cinq  plus  grands  fleuves  d'Europe  sont  :  le 
Volga,  qui  prend  sa  source  près  des  collines  Valdaï,  dans  la 
partie  centrale  de  la  Russie,  et  qui  coule  ensuite  au  sud  pour 
se  jeter  dans  la  mer  Caspienne  ;  l'Oural,  qui  prend  sa  source 
dans  les  monts  Durais  et  coule  au  sud,  à  l'ouest,  puis  au  sud 
et  se  jette  dans  la  mer  Caspienne;  le  Danube,  qui  prend  sa 
source  dans  la  partie  méridionale  de  l'Allemagne  et  coule  à 
l'est,  puis  se  jette  dans  la  mer  Noire  ;  le  Dnieper,  qui  prend 
sa  source  dans  la  partie  centrale  de  la  Paissie,  il  coule  au 
sud-est,  puis  au  sud-ouest,  et  se  jette  dans  la  mer  Noire;  le 
Don,  qui  prend  sa  source  dans  le  sud  de  la  partie  méridionale 
de  la  Russie  et  coule  au  sud-est,  puis  au  sud-ouest,  et  se  jette 
dans  la  mer  d'Azof. 

Quest.  5.  —  Indiquez  la  position  du  plus  haut  pic  de  l'Eu- 
rope. 

Rép.  —  Le  plus  haut  pic  de  l'Europe  est  celui  du  mont 
Blanc  ;  il  est  situé  dans  les  Alpes,  qui  sont  entre  la  Suisse  et 
l'Italie. 

Quest.  6.  —  De  quel  côté  de  Berne  sont  situées  les  capitales 
de  chacun  des  autres  États  d'Europe  ? 

Rép.  —  Berne,  capitale  de  la  Suisse,  est  située  presque  au 
centre  de  ce  pays.  Berlin,  capitale  de  l'Allemagne;  Vienne, 
capitale  de  l'Autriche;  Saint-Pétersbourg,  capitale  de  la  Russie; 
Copenhague,  capitale  du  Danemark;  Stockholm,  capitale  de  la 
Suède  ;  et  Christiania,  capitale  de  la  Norvège,  sont  toutes  au 
nord-est  de  Berne.  Londres,  capitale  de  l'Angleterre  ;  Edim- 
bourg, capitale  de  l'Ecosse  ;  Dublin,  capitale  de  l'Irlande; 
Paris,  capitale  de  la  France  ;  la  Haye,  capitale  de  la  Hollande, 
et  Bruxelles,  capitale  de  la  Belgique,  sont  au  nord-ouest  de 
Berne.  Rome,  capitale  de  l'Italie;  Athènes,  capitale  de  la 
Grèce,  et  Constantinople,  capitale  de  la  Turquie,  sont  au  sud- 
est  de  Berne.  Madrid,  capitale  de  l'Espagne,  et  Lisbonne, 
capitale  du  Portugal,  sont  au  sud-ouest  de  Berne. 

Quest.  7.  —  Indiquez  le  cours  des  trois  plus  grands  fleuves 
de  l'Amérique  du  Sud. 

Rép.  —  Les  trois  plus  grands  fleuves  de  l'Amérique  du  Sud 
sont  :  l'Amazone,  qui  prend  sa  source  dans  le  Pérou,  et  coule  à 
l'est  pour  se  jeter  dans  l'océan  Atlantique  ;  l'Orénoque,  qui 
prend  sa  source  dans  la  partie  méridionale  occidentale  du 
Venezuela  ;  il  coule  au  nord-ouest  et  au  nord-est,  et  se  jette 


19G  GRAMMAR    SCHOOLS. 

dans  l'océan  Atlantique;  le  Rio  de  la  Plata,  qui  est  formé  par 
la  réunion  du  Parana  et  du  Paraguay,  ((ui  prennent  leur  source 
dans  le  Brésil,  le  Parana  coulant,  au  sud-ouest  et  le  Paraguay 
coulant  au  sud  et  se  jetant  dans  le  Rio  de  la  Plata,  qui  coule 
alors  au  sud-est  et  se  jette  dans  l'océan  Atlantique. 

Quest.  8.  —  Décrivez  la  vallée  de  l'Amazone. 

Rép.  —  La  vallée  de  l'Amazone  est  située  dans  la  partie 
septentrionale  de  l'Amérique  du  Sud  ;  c'est  un  des  endroits  les 
plus  fertiles  du  monde.  Cette  vallée  est  arrosée  par  l'Amazone 
et  ses  tributaires,  et  elle  est  bornée  au  nord  par  les  monts 
Parime,  à  l'est  par  l'océan  Atlantique  et  les  Andes  brésiliennes, 
au  sud  par  les  monts  Gérai  et  à  louest  par  les  Andes.  Le 
climat  y  est  très-chaud  et  les  vents  brûlants  de  l'Atlantique, 
chargés  d'humidité,  qui  y  soufflent  constamment,  y  rendent  la 
végétation  très-abondante. 

Quest.  9.  —  Indiquez  la  position  des  cinq  plus  hauts  pics  de 
l'Amérique  du  Sud. 

Rép.  — Les  cinq  plus  hauts  pics  de  l'Amérique  du  Snd  sont  : 
l'Aconcagua,  qui  est  dans  le  Chili;  le  Chimborazo  et  le  Guala- 
tieri,  qui  sont  dans  l'Equateur  ;  et  l'Illimani  et  le  Sorata,  dans 
la  Bolivie. 

Quest.  10.  —  Décrivez  les  colonies  de  la  Guyane. 

Rép.  —  Les  colonies  de  la  Guyane  sont  bornées  au  nord 
et  à  l'est  par  l'océan  Atlantique,  au  sud  par  le  Rio-Negro  et  le 
fleuve  des  Amazones,  et  à  l'ouest  par  le  Venezuela.  Ces  colonies 
appartiennent  à  l'Angleterre,  à  la  France,  à  la  Hollande;  elles 
portent  les  noms  de  Guyane  française,  Guyane  hollandaise, 
Guyane  anglaise.  La  capitale  de  la  Guyane  française  est  Cayenne, 
celle  de  la  Guyane  anglaise  est  Georgetown,  et  celle  de  la 
Guyane  hollandaise  est  Paramaribo.  Le  climat  y  est  chaud  et 
insalubre,  les  habitants  sont  des  blancs,  des  Indiens  et  des 
nègres.  Les  productions  sont  :  des  épices,  des  céréales  et  des 
fruits  des  tropiques. 

Quest.  il.  —  Indiquez  la  position  de  Berne,  de  Cordova,  de 
Lyon,  de  Santiago,  de  Trieste,  de  Quito,  des  îles  Raléares,  du 
golfe  de  Finlande,  du  cap  Gallinas. 

Rép.  —  Berne  est  située  dans  la  partie  centrale  de  la  Suisse. 
Cordova  est  dans  la  partie  centrale  de  la  Confédération  argen- 
tine. Lyon  est  dans  la  partie  sud-est  de  la  France,  sur  le 
Rhône.  Santiago  est  dans  la  partie  occidentale  du  Chili. 
Trieste  est  dans  la  partie  sud-ouest  de  l'Autriche,  elle  com- 
mande la  mer  Adriatique .  Quito  est  dans  la  partie  nord-ouest 


GÉOGRAPHIE.  .   197 

de  l'Equateur.  Les  îles  Baléares  sont  à  l'est  de  l'Espagne.  Le 
golfe  de  Finlande  est  dans  la  partie  occidentale  de  la  Russie, 
et  il  est  tributaire  de  la  mer  Baltique.  Le  cap  Gallinas  est  dans 
la  partie  la  plus  septentrionale  de  l'Amérique  du  Sud. 

Quest.  12.  —  Indiquez  la  route  par  mer  pour  se  rendre 
d'Aspinwall  à  Stockholm. 

Rép.  —  Pour  se  rendre  par  mer  d'Aspinwall  (Nouvelle- 
Grenade)  à  Stockholm,  on  part  d'Aspinwall,  puis  on  navigue  à 
l'est  en  traversant  la  mer  des  Caraïbes  pour  entrer  dans 
l'océan  Atlantique;  ensuite  on  navigue  au  nord  est  en  traver- 
sant l'océan  Atlantique  ;  ensuite  on  navigue  au  nord-est  jusqu'à 
la  Manche,  que  l'on  traverse  ainsi  que  le  détroit  du  Pas-de- 
Calais  pour  entrer  dans  la  mer  du  >'ord.  On  navigue  ensuite  à 
l'est  pour  entrer  dans  le  Skager  Rack;  on  franchit  le  Cattégat 
et  le  Sund  pour  entrer  dans  la  mer  Baltique,  puis  on  remonte 
la  mer  Baltique  jusqu'à  Stockholm,  port  de  destination. 

Ellénor  W, 
Age  :  quatorze  ans. 
Bay-City  (Michigan),  —  District  n^  1. 


127. —  QUESTIONS   SUR   LA   GÉOGRAPHIE  DE   l'aMÉRIQUE. 

Quest.  1.  —  Dessinez  une  carte  de  l'Amérique  du  Nord.  — 
Lidiquez  comment  vous  la  construisez  sans  la  calquer. 

Rép.  (1)  —  Pour  construire  la  carte  de  l'Amérique  du  Nord, 
je  commence  par  faire  un  cadre  rectangulaire  que  je  partage 
en  sept  divisions  égales  dans  le  sens  le  plus  long  (AB  et  GH), 
et  cinq  dans  l'autre  sens  (AG  et  BH).  Chacune  de  ces  divisions 
représente  une  longueur  de  600  milles. 

Commençant  en  A,  au  point  1  au  nord  de  A,  je  dessine  l'île 
d'Haïti  ;  au  point  5,  l'île  de  Terre-Neuve  et  le  détroit  de  Belle- 
Isle  ;  entre  6  et  7,  j'esquisse  la  côte  du  Groenland. 

Me  reportant  à  la  ligne  AG,  je  joins  par  une  ligne  droite  le 
point  '1  (que  j'appellerai  C)   au  point  5  de  la  ligne  AB  (que 

([)  Pour  l'intelligence  de  la  réponse  de  l'élève,  nous  empruntons  à 
l'un  des  plus  beaux  atlas  américains,  celui  de  Monteith  {Imlependent 
Course,  comprehensive  Georjrapliy,  Barnes,  éditeur  à  New  York),  la 
carte  ci-contre  et  les  instructions  qui  l'accompagnent  (page  17  de 
l'Atlas),  dont  l'auteur  est  M.  Jérôme  Allen,  professeur  à  l'école  noi- 
male  de  l'État  de  New  York,  à  Geneseo. 


198 


GRÂMMAR  SCHOOLS. 


j'appellerai  D),  et  je  divise  la  ligne  CD  eu  cinq  parties  égales  : 
la  première  (point  1  de  la  ligne  CD)  marque  l'extrémité  nord 
de  la  presqu'île  du  Yucatan,  d'où  tirant  vers  l'ouest  une  ligne 
de  même  longueur  parallèle  à  AG,  je  détermine  la  position  du 
golfe  du  Mexique.  Au  point  2,  je  marque  la  presqu'île  de  Flo- 


Carle  de  l'Amérique  du  Nord  (Atlas  de  Monteilli). 

ride  ;  au  point  3,  le  cap  Ilatteras  ;  un  peu  au-dessous  du  i,  le 
cap  Cod,  et  un  peu  au-dessus,  rembouchure  du  Saint-Laurent 
et  la  Nouvelle-Ecosse. 

Sur  la  ligne  GH,  au  point  3,  se  trouve  San  Francisco  ;  de  3 


GÉOGRAPHIE.  199 

à  5,  la  côte  s'infléchit  un  peu  vers  l'est,  accidentée  par  le  cap 
Mendocino  un  peu  au-dessus  de  San  Francisco;  par  l'île  Van- 
couver, en  face  de  i  ;  par  l'île  de  la  Reine  Charlotte,  au  point  5; 
à  l'extrémité  nord  (point  H),  passe  la  côte  d'Alaska. 

Je  trace  la  ligne  FE,  que  suit  à  peu  près  la  côte  de  Cali- 
fornie ;  le  golfe  et  la  presqu'île  conmiencent  en  face  du  point  i2 
de  GF;  le  cap  Saint-Lucas  arrive  à  la  hauteur  de  1. 

La  ligne  IJ  donne  la  position  de  l'embouchure  du  Saint-Lau- 
rent, du  fond  de  la  haie  d'Hudsou,  du  lac  de  l'Esclave  et  du 
ileuve  Mackenzie;  et  la  ligne  D-3,  la  position  des  principales 
îles  de  la  mer  de  Baffm. 

Je  place  ensuite  approximativement  les  fleuves  et  les  mon- 
tagnes. La  coupe  du  milieu  indique  la  hauteur  comparée  des 
Alleghanys  (am),  des  Montagnes  Rocheuses  (RM),  de  la  Sierra 
Nevada  (SN^,  et  de  la  ligne  côtière  (CR). 

Quest.  2,  —Écrivez  ce  que  vous  savez  sur  la  partie  orientale, 
centrale  et  occidentale  des  Etats-Unis,  sur  leurs  productions, 
et  sur  les  occupations  des  habitants. 

Rép.  —  Dans  la  partie  orientale  des  États-Unis  on  se  livre 
davantage  aux  manufactures.  Les  productions  de  Test  sont  les 
-cerises,  le  raisin,  les  pommes,  les  prunes,  les  pèches  et  les 
marchandises  manufacturées.  Dans  la  partie  centrale  on  se 
livre  à  l'exploitation  et  à  la  culture  du  sol  dans  les  riches  val- 
lées. Dans  la  partie  occidentale  on  se  livre  aux  travaux  des 
mines.  On  y  trouve  de  riches  mines  d'or,  d'argent,  de  cuivre, 
•le  plomb  et  de  fer. 

Quest.  3.  —  Écrivez  ce  que  vous  savez  sur  le  bassin  d'un 
fleuve  et  dessinez  la  carte  des  trois  grands  fleuves  de  l'Amé- 
ri({ue  du  Nord  avec  leurs  affluents. 

Réj).  —  Le  bassin  d'un  fleuve  est  le  pays  arrosé  par  ce 
fleuve  et  ses  affluents. 

Un  fleuve  avec  ses  affluents  s'appelle  un  système  fluvial. 

Les  plus  importants  systèmes  fluviaux  de  l'Amérique  du  Nord 
sont  :  le  système  du  Mississipi,  le  système  du  Saint-Laurent, 
le  système  du  3Lackenzie  et  le  système  delà  baie  d'Hudson. 

Quest.  4.  —  Dites  en  quoi  consiste  le  travail  des  mines.  Indi- 
quez la  place  des  trois  principaux  districts  miniers. 

Rép.  —  Le  travail  des  mines  consiste  à  creuser  la  terre 
pour  y  chercher  des  minéraux.  Les  trois  districts  miniers  les 
plus  importants  de  l'Amérique  du  Nord  sont  :  la  Californie,  le 
3Iissouri  et  le  Colorado 


200  GRAMMAR   SCHOOLS. 

Quesl.  5.  —  Traitez  à  fond  la  question  des  différentes 
régions  naturelles  des  États-Unis, 

Rép.  —  Les  grandes  chaînes  de  montagnes  de  l'Amérique 
du  Nord  sont  :  les  Monts  Rocheux  et  les  montagnes  de  la 
Sierra  Nevada.  Les  Monts  Uocheux  sont  dans  la  partie  occi- 
dentale de  l'Amérique  du  Nord.  Les  montagnes  de  l'Amérique 
du  Nord  la  divisent  en  trois  parties  a))pclécs  :  le  versant  du 
Pacifique,  le  versant  de  l'Atlantique  et  la  chaiiie  centrale. 

Les  Monts  Uocheux  déterminent  le  grand  versant  occidental. 

Les  montagnes  de  la  Sierra  Nevada  partent  de  la  baie  de 
Californie  et  s'étendent  presque  parallèlement  àla  côte  pendant 
environ  deux  cents  milles. 

Qiiest.  G.  —  Parlez  des  pays  de  l'Amérique  du  Nord  et  de 
ses  habitants. 

Rép.  —  Les  différents  pays  de  l'Amérique  du  Nord  sont  : 
l'Amérique  anglaise ,  les  États-Unis,  le  Mexique  et  l'Amé- 
rique centrale. 

L'Amérique  anglaise  est  située  dans  la  partie  septentrionale 
de  l'Amérique  du  Nord.  Les  États-Unis  sont  situés  dans  la 
partie  centrale  de  l'Amérique  du  Nord.  L'Amérique  centrale 
ôst  située  dans  la  partie  méridionale  de  l'Amérique  septen- 
trionale. 

Les  habitants  de  l'Amérique  anglaise  sont  les  Esquimaux  (1). 
l^es  blancs  habitent  les  Étais-Unis.  Les  blancs  et  les  Indiens 
habitent  le  Mexique.  Les  blancs  habitent  l'Amérique  centrale. 

Quest.  7.  —  De  la  faune  et  de  la  flore  des  États-Unis, 

Rép.  —  C'est  en  Californie  qu'on  trouve  les  plus  grandes 
forêts  de  rAméri({ue  du  Nord,  et  une  grande  ceinture  boisé-e 
s'étend  à  travers  la  partie  septentrionale  des  Étals-Unis  et  la 
partie  méridionale  de  l'Amérique  anglaise,  contenant  le  pin,  le 
chêne,  le  hêtre.  C'est  dans  la  partie  orientale  des  États-Unis 
que  l'on  trouve  la  végétation  la  plus  abondante.  Les  deux  pays 
où  il  y  a  à  peine  de  la  végétation  sont  l'Amérique  anglaise  et  le 
Groenland. 

Qiicst.  8,  —  Lidiquez  la  place  de  cinq  îles  de  l'Amérique  du 
Nord,  et  décrivez-les  complètement. 

Rép.  —  Le  Groenland  est  situé  au  nord-est  de  l'Amérique 
du  Nord  et  ses  pêcheries  de  baleines  et  de  phoques  sont  très- 
riches. 

(1)  L'élève  oublie  le  Canada,  sans  parler  des  autres  omissions  que 
le  lecteur  relèvera  sans  peine. 


GÉOGRAPHIE.  201 

L'Islande  est  située  à  l'est  du  Groenland  ;  ses  geysers  sont 
célèbres. 

Cuba  est  une  grande  île  située  au  sud  de  la  Floride  dans  le 
golfe  de  Mexique. 

Terre-Neuve  est  située  à  l'est  de  la  N'ouvelle-Écosse,  dans 
l'océan  Atlantique. 

Sitka  est  située  à  l'ouest  de  l'Amérique  du  Nord,  dans 
l'océan  Pacifique. 

Quest.  9.  —  Du  climat  de  l'Amérique  du  Nord. 

Rép.  —  Le  climat  des  États-Unis,  surtout,  est  tempéré.  Le 
climat  de  l'Amérique  anglaise  est  très-froid  dans  la  partie 
septentrionale.  Le  climat  des  États  méridionaux  est  très- 
chaud  et  très-humide.  Le  climat  occidental  des  plateaux  du 
Pacifique  est  cliaud  et  humide. 

Quest.  10.  —  Les  Grands  Lacs  des  États-Unis. 

Rép.  —  Les  Grands  Lacs  sont  :  le  lac  Érié,  le  lac  Huron,  le 
lac  Ontario,  le  lac  Michigan,  le  lac  Supérieur.  Ils  appartiennent 
au  système  du  Saint-Laurent.  Ils  sont  très-utiles  aux  États 
qu'ils  arrosent.  Le  lac  Supérieur  est  le  plus  grand.  Les  villes 
importantes  situées  sur  leur  rivage  sont  :  Buffalo,  Mihvaukee 
et  Cleveland. 

Sadie  M'G. 
Age  :  onze  ans. 
Sparta  (Wisconsin). 


128.  —   QUESTIONS   SUR   LA   GÉOGRAPHIE  DES   ÉTATS-UNIS. 
(G^  année.) 

Quest.  1.  —  Oi^i  sont  les  monts  Adirondac  et  les  montagnes 
Blanches? 

Rép.  —  Les  monts  Adirondac  sont  dans  la  partie  nord-est 
de  l'État  de  New-York.  Les  montagnes  Blanches  sont  dans  la 
partie  septentrionale  du  New  Hampshire. 

Quest.  2.  —  Nommez  deux  villes  où  vous  enverriez  un  vais- 
seau chercher  une  cargaison  de  coton,  dites  où  elles  sont  si- 
tuées. Nommez  deux  villes  où  vous  enverriez  une  cargaison  de 
coton  pour  la  faire  manufacturer,  dites  où  elles  sont  situées. 

Rép.  —  Charlestown  et  la  Nouvelle-Orléans  sont  les  deux 
villes  où  vous  enverriez  un  vaisseau  chercher  une  cars^aison 


202 


GRAMMAR   SCIIOOLS. 


de  coton.  Mobile  et  Savannah  sont  les  deux  villes  où  vous  en- 
verriez le  coton  pour  le  faire  manufacturer. 

Charlestown  est  située  dans  la  partie  sud-est  de  la  Caroline 
du  Sud.  La  Nouvelle-Orléans  est  située  dans  la  partie  sud-est 
de  la  Louisiane,  mais  à  100  milles  de  l'embouchure  du  Missouri. 
Mobile  est  située  dans  la  partie  sud-ouest  de  l'Alabama,  sur  la 
baie  de  Mobile.  Savannah  est  située  dans  la  partie  sud-ouest  de 
Ja  Géorgie,  sur  le  fleuve  Savannah. 

Quest.  3.  —  Quelle  ville  est  située  sur  le  Genessee?  Quelle 
■ville  est  située  à  l'embouchure  du  fleuve  Savannah?  Quelle 
ville  est  en  face  de  Cincinnati? 

Rép.  —  Rochester  est  située  sur  le  fleuve  Genessee.  Savan- 
nah est  à  l'embouchure  du  fleuve  Savannah.  Covington  est  en 
face  de  Cincinnati, 

Quest.  i.  —  Indiquez  la  route  la  plus  courte  pour  se  rendre 
de  New  York  à  Chicago  ? 

Rép.  —  Pour  aller  par  la  plus  courte  route  par  eau  de  New 
York  à  Chicago,  vous  remonteriez  l'Hudson  jusqu'au  lac  Erié; 
vous  iriez,  par  le  canal  Erié,  du  lac  Erié  au  lac  Huron,  puis 
du  lac  Michigan  à  Chicago. 

Quest.  5.  —  Quelles  mines  y  a-t-il  près  de  Pittsbourg;  dans 
le  New  Jersey? 

Rép.  — 11  y  a  des  mines  de  charbon  près  de  Pittsbourg  (Pen- 
sylvanie).  Il  y  a  des  mines  de  charbon  dans  le  New  Jersey. 

Florence  K. 
Age  :  treize  ans. 
Indianapolis  (Indiana).  —  École  n"  13. 


129.  —  QUESTIONS  D'EXAMEN. 
(6*  année.) 

Quest.  1.  —  Quel  est  le  nombre  de  degrés  de  longitude  qui 
correspond  à  une  heure,  et  pourquoi? 

Rép.  —  Quinze  degrés,  parce  que  la  terre,  dans  sa  révolu- 
tion, fait  trois  cent  soixante  degrés  en  vingt-quatre  heures. 

Quest.  2.  —  Laquelle  de  Boston  ou  de  Chicago  est  la  plus 
élevée  au-dessus  du  niveau  de  l'Océan?  Donnez  la  raison  de 
votre  opinion. 

Rép.  —  Chicago  est  la  plus  élevée,  car  les   eaux  du   lac 


GÉOGRAPHIE.  203 

Michigan  passent  par  plusieurs  chutes  avant  d'atteindre  l'Océan. 

Qiiest.  3.  —  A  quelle  cause  l'Egypte  doit-elle  sa  fertilité? 

Rép.  —  Cette  fertilité  est  due  aux  débordements  annuels  du 
fleuve  le  Nil. 

Quest.  i.  —  Combien  y  a-t-il  de  races  primitives  d'hommes, 
quelles  sont-elles  ? 

Rép.  —  Il  y  a  trois  races  primitives  :  la  race  caucasique  ou 
blanche,  la  race  mongohque  ou  jaune,  la  race  éthiopienne  ou 
noire. 

Quest.  5.  — Jusqu'où  les  explorations  géographiques  se  sont- 
elles  étendues  dans  le  nord? 

Rép.  —  Elles  se  sont  étendues  jusqu'à  S^'SO',  qui  est  le 
point  le  plus  éloigné  atteint  par  le  D""  Kane. 

Quest.  6.  —  Définissez  les  llanos,  les  silvas,  les  pampas. 

Rép.  —  On  appelle  llanos  l'herbe  abondante  de  l'Orénoque, 
on  appelle  silvas  les  plaines  de  l'Amazone  couvertes  de  forêts, 
on  appelle  pampas  les  plaines  de  la  Plata  couvertes  d'une 
herbe  grossière. 

Patrick  J. 
Age  :  douze  ans. 
Boston  (Massachusetts).  —  Eliot  Grammar  School. 


130.  —  AUTRES   QUESTIONS  D^EXAMEN. 
(9'  année.) 

Quest.  1.  —  Distribution  de  la  richesse  minérale  dans 
l'Amérique  du  Nord. 

Rép.  —  Dans  la  partie  orientale,  nous  trouvons  du  fer,  du 
charbon,  du  plomb  et  du  cuivre.  Le  charbon  et  le  fer  se  trou- 
vent en  Pennsylvanie,  le  plomb  dans  l'Illinois  et  le  cuivre  dans 
le  Michigan.  Dans  les  sections  occidentales,  nous  trouvons  l'or, 
l'argent  et  le  mercure.  On  tire  beaucoup  d'or  de  la  Californie, 
et  on  trouve  l'argent  dans  le  Nevada. 

Quest.  2.  —Principales  productions  des  Etats-Unis;  villes 
011  se  fait  principalement  le  commerce  étranger. 

Rép.  —  Les  principales  productions  des  États  de  l'est  et  du 
centre  sont  le  froment,  le  seigle,  l'avoine,  l'orge,  les  ardoises, 
le  sucre,  le  coton,  le  riz  et  le  tabac,  qui  forment  les  principaux 
objets  d'exportation.  Les  États  de  l'ouest  nous  fournissent  des 
fruits.  Les  villes  où  se  fait  principalement  le  commerce  étran- 


204-  GRAMMAR   SCHOOLS. 

ger  sont  New  York,  Philadelphie,  Bosloii,  Baltimore,  Charles- 
town,  Savannah,  Mobile,  la  S'ouvelle-Orléans. 

Quest.  3.  —  Productions  de  l'Amérique  russe;  comment 
l'appelle-t-on  maintenant?  Quelle  est  sa  surface  comparée  avec 
celle  de  notre  État  et  dites  à  quelle  nation  elle  appartient? 

Rép.  —  L'Amérique  russe,  appelée  maintenant  Alaska,  fut 
achetée  au  gouvernement  russe  par  les  Etats-Unis,  en  1867. 
Elle  est  environ  7i  fois  aussi  grande  que  le  Massachusetts. 
Elle  produit  principalement  des  fourrures  et  du  bois. 

Quest.  ï.  —  Décrivez  la  route  suivie  par  un  navire  se  ren- 
dant de  Canton  à  Liverpool,  par  le  canal  de  Suez. 

Rép.  —  Ce  navire  traverserait  la  mer  de  la  Chine,  le  détroit 
de  Malacca,  la  baie  du  Bengale,  la  mer  d'Arabie,  le  golfe 
d'Aden,  le  détroit  de  Bab-el-Mandeb,  le  détroit  de 'Gibraltar, 
l'océan  Atlantique,  le  canal  Saint-George,  la  Mersey  de  Li- 
verpool. 

JosiE  C. 
Age  :  quatorze  ans. 
Boston  (Massachusetts).  —  Lowell  Grammar  School. 


131.  —  RÉVISION   DE   LA   GÉOGRAPHIE. 


(l'*  classe.) 

Qu'est-ce  que  l'axe  de  la  terre?  —  En  combien  d'espèces 
sont  divisés  les  cercles  de  la  terre?  —  En  combien  de  degrés 
chaque  cercle  est-il  divisé?  —  Comment  compte-t-on  la  lati- 
tude?—  A  quelle  distance  les  cercles  polaires  sont-ils  du  pôle? 

—  Quelle  est  la  largeur  de  chaque  zone  tempérée?  —  Com- 
ment représente-t-on  les  méridiens? 

Qu'est-ce  qu'un  continent?  —  Nommez  les  grandes  division? 
du  continent  oriental?  —  Qu'est-ce  qu'une  péninsule?  — 
Nommez  les  cinq  océans. 

Nommez  une  presqu'île  dans  la  partie  sud-est  de  l'Amérique 
anglaise.  —  Un  golfe  dans  la  partie   occidentale  du  Mexique. 

—  Une  île  à  l'est  de  Haïti.  —  Un  pays  au  sud  des  Etats-Unis? 

—  Où  est  le  cap  3Iejidocino? 

Quel  détroit  unit  la  baie  de  Baflîn  à  l'océan  Atlantique?  — 
Oii  est  le  Labrador? 

Nonnnez  les  deux  plus  grands  lle'uves  des  Etats-Unis.  — 


GÉOGRAPHIE.  205 

Quelle  mer  est  au  nord  de  rAmérique  méridionale?  —  Quelle 
est  la  capitale  du  Brésil?  —  Où  est  la  Pâtagonie? 

Quelles  îles  sont  au  nord  de  la  France?  —  Quel  pays  est  à 
l'ouest  de  TEspagne?  —  Où  est  la  baie  de  Biscaye?  —  Dans 
quelle  mer  se  déverse  le  Danube  ?  —  Nommez  les  principaux 
pays  de  l'Europe  ?  —  Quelle  mer  est  entre  la  Suède  et  la 
Russie  ? 

Quel  est  le  pays  le  plus  septentrional  de  l'Asie?  —  Où  sont 
les  îles  du  Japo'n?  —  Nommez  les  principaux  fleuves  de  l'em- 
pire cbinois.  —  Quel  est  le  cap  le  plus  septentrional  de  l'Asie? 
— •  Quels  déserts  sont  dans  l'empire  cbinois?  —  Quelle  île  est 
au  sud  de  l'Hindoustan?  —  Quel  groupe  d'îles  est  à  l'est  de  la 
presqu'île  indienne? 

Indiquez  les  bornes  de  l'Afrique.  —  Nommez  un  pays  au  sud 
du  grand  désert.  —  Nommez  les  pays  baignés  par  la  mer 
Rouge  en  Afrique.  —  Où  le  Niger  se  jette-t-il? 

Où  est  la  Terre  de  Van  Diémen?  —  Nommez  les  principales 
îles  de  l'Australie.  —  Dans  quelle  division  de  l'Océanie  sont 
les  îles  Sandwich? 

Indiquez  les  bornes  de  la  Pennsylvanie. —  Quelle  est  la  capi- 
tale de  la  Pennsylvanie,  et  où  est-elle  située? 

Quelles  sont  les  deux  rivières  qui  forment  le  fleuve  Obio?  — 
Quels  sont  les  deux  États  traversés  par  le  fleuve  Conriecticul? 
—  Quel  est  celui  des  Grands  Lacs  qui  est  entièrement  enclavé 
dans  les  États-Unis?  —  Quels  sont  les  États  baignés  par  le  golfe 
du  Mexique? 

Indiquez  les  bornes  du  comté  de  Somerset. 
Somerset  Borough  (Pennsylvanie). 


132.   —  RICHES   EN    ROCHERS. 

Un  monsieur  qui  parlait  de  la  richesse  de  l'Amérique  disait 
que  nous  sommes  «  riches  en  rochers  ».  Cette  expression,  qui 
paraît  étrange,  est  cependant  vraie. 

Parlons  d'abord  des  mines  d'or  de  Isf  Californie.  C'est  dans 
le  lit  des  fleuves  sinueux  qu'on  trouve  la  précieuse  poussière. 
On  la  recueille,  on  la  lave,  puis  on  l'envoie  aux  villes  de 
l'Atlantique  où  elle  est  durcie  et  où  une  partie  est  empor- 
tée... j'allais  dire  mise  en  circulation;  mais  le  temps,  où  on 
pouvait  dire  cela  est  passé. 

On  l'envoie  dans  les  pays  étrangers  ou  bien  on  la  vend  à 


206  GRAMMAR   SCHOOLS. 

l'orfèvre,  (jui  on  fait  des  montres,  des  bijoux,  des  bagnes,  des 
pendants  d'oreilles,  des  épingles,  des  boutons,  des  chaînes, 
des  bracelets,  des  médaillons,  des  crayons  et  d'autres  objets 
de  fantaisie  ;  l'or  sert  aussi  à  couvrir  des  cadres  de  tableaux 
et  alors  on  l'appelle  dorure. 

Après  l'or,  le  métal  le  plus  précieux  est  l'argent,  qui  se 
trouve  surtout  dans  l'Amérique  du  Sud,  bien  qu'il  en  existe 
des  mines  dans  quelques  Territoires  (1)  de  l'ouest.  Ce  métal 
est  frappé  à  la  Monnaie  des  Etats-Unis,  et  on  en  envoie  la 
plus  grande  partie  hors  du  pays. 

L'argent  sert,  comme  alliage,  à  durcir  l'or;  on  l'emploie 
pour  faire  des  services  à  thé,  des  fourchettes,  des  cuillers, 
des  gobelets  et  beaucoup  d'autres  ol>jets. 

Maintenant  parlons  du  fer,  le  plus  utile  de  tous  les  minéraux, 
que  l'on  trouve  dans  tous  les  États  du  centre  et  de  l'ouest. 

Il  y  a  de  grandes  mines  de  fer  dans  le  NewYork,  la  Pennsyl- 
vanie, rOhio,  leMichigan,  le  Tennessee,  le  Maryland,  la  Virgi- 
nie et  la  Caroline  du  Nord.  Il  y  a  à  peine  un  objet  de  première 
utilité  dans  la  composition  duquel  le  fer  n'entre  pas. 

Les  vêtements  que  nous  portons,  notre  nourriture,  les  mai- 
sons qui  nous  abritent,  tout  est  préparé  avec  l'aide  du  fer. 

Le  fer  sert  à  faire  des  clôtures,  des  poêles  et  des  ustensiles 
de  cuisine.  Il  sert  aussi  à  donner  la  mort,  car  on  en  fait  des 
armes  de  guerre.  C'est  avec  le  fer  qu'on  fait  les  gros  canons 
et  les  boulets  qu'ils  lancent. 

L'acier  se  fait  en  durcissant  le  fer;  on  en  fait  des  lames  si 
tranchantes  et  si  solides  qu'on  s'en  sert  pour  détruire  les 
hommes  dans  les  batailles.  La  plus  grande  partie  de  la  cara- 
bine et  du  pistolet  se  compose  d'acier.  On  fait  avec  l'acier 
beaucoup  d'instruments  tranchants;  on  l'aimante  et  on  le  fait 
servir  à  beaucoup  d'autres  usages. 

On  trouve  le  granit  dans  les  collines  du  Massachusetts  et  du 
New  Hampshire,  on  l'extrait  des  carrières  et  on  l'envoie  dans 
les  villes,  où  il  sert  à  construire  beaucoup  de  magnifiques  édi- 
fices. 

On  trouve  le  marbre  dans  la  Nouvelle-Angleterre,  d'où  on 
l'envoie  dans  toutes  les  parties  du  pays  où  on  s'en  sert  pour 
construire  de  grands  et  beaux  bâtiments. 

(I)  Nofn  donné  aux  nouvelles  provinces  acquises  par  achat,  cession 
ou  conquête.  Ils  n'envoient  au  Congrès  que  des  délégués  sans  droit 
de  vote.  {Noie  du  Traducteur.) 


NOTIONS    d'histoire   NATURELLE   ET    DE    PHYSIQUE.    ^07 

On  en  fait  aussi  de  belles  statues  qui  coûtent  très-cher,  et 
(les  monuments  qui  ornent  3Iount  Auburn,  Firest  Hill  et  autres 
cimetières. 

Puis  vient  le  plomb,  dont  on  fait  des  balles  meurtrières.  On 
fait  aussi  avec  le  plomb  des  tuyaux  de  conduite  pour  l'eau. 
C'est  un  minéral  très-lourd  et  on  le  trouve  dans  les  États 
d'IUinois,  de  Wisconsin,  de  Massachusetts  et  d'Iowa. 

Quelques  personnes  regardent  le  charbon  comme  un  végétal 
parce  qu'il  se  compose  d'arbres  qui  sont  sous  la  surface  du  sol 
depuis  des  siècles. 

On  trouve  le  charbon  partout  dans  les  États-Unis,  mais  sur- 
tout dans  la  Pennsylvanie. 

Il  y  a  deux  espèces  de  charbon  ;  l'anthracite,  qui  se  trouve 
entre  les  fleuves  Delaware  et  Susquehanna  ;  et  le  charbon  bi- 
tumineux, qui  se  trouve  dans  la  partie  occidentale  de  notre  État. 

Le  sel  est  un  des  minéraux  les  plus  utiles.  Il  sert  à  assai- 
sonner et  à  conserver  notre  nourriture.  On  le  trouve  mêlé  à  la 
terre  dans  les  grandes  plaines.  Ces  plaines  s'appellent  des 
((  sait  licks  ))  (l),  parce  que  le  bétail  est  très-friand  du  sel 
qu'elles  contiennent.  On  trouve  le  sel  dans  la  Virginie  et  dans 
l'Ouest. 

Parmi  nos  autres  minéraux  sont  le  cuivre,  le  zinc,  l'étain, 
le  mercure,  le  platine,  le  grès,  la  pierre  à  chaux  et  la  pierre 
de  savon,  et  enfin  de  grandes  couches  d'émeri  qui  ont  été  dé- 
couvertes dernièrement  dans  le  Massachusetts  et  qui  ne  sont 
pas  les  moins  importantes. 

J.-L.    DU.NCAN. 
Boston  (Massachusetts).  —  Brimmer  Grammar  School. 


XI.  —  Xotions  d'histoire  iiatnrelle 
et  de  physique. 

133.  —  EXAMEN   d'histoire  NATURELLE. 

1.  Qu'est-ce  qu'un  squelette?  Indiquez  le  nombre  total  des 
os  dont  il  se  compose  et  nommez  ses  divisions  distinctes. 

2.  Décrivez  les  muscles  et  les  tendons,   et  indiquez  leurs 
fonctions  respectives. 

3.  Exposez  brièvement  la  circulation  du  sang. 

(1)  sait,  sel;  to  lick,  lécher. 


208  GRAMMAR   SCHOOLS. 

ï.  Ecrivez   ce  (jae  vous   savez   sur  les  deux  systèmes  de 
nerfs. 
5.  Différentes  espèces  d'articulations;  où  se  trouvent-elles? 
Washington  (district  de  Columbia). 


134.  —  QUESTIONS  DE   PHYSIQUE. 
(6^  degré.) 

1.  Définissez  la  force  de  gravité.  Définissez  la  verticale. 

2.  Décrivez  le  paratonnerre,  expliquez-en  le  principe  et 
l'action. 

3.  Nommez  un  corps  adhérent,  un  corps  ductile,  un  corps 
malléable,  un  corps  élastique,  et  un  corps  fragile. 

4.  Quels  sont  les  trois  points  importants  d'un  levier?  Indi- 
quez dans  quel  ordre  ils  sont  placés  dans  un  levier  de  seconde 
classe. 

5.  Indiquez  le  principe  de  la  pompe  commune. 

(7^  degré.) 

1.  Qu'est-ce  qui  produit  le  son?  Indiquez-en  la  rapidité. 

2.  Définissez  l'évaporation.  Qu'est-ce  que  la  gelée? 

3.  Qu'entend-on  par  les  corps  conducteurs  de  la  chaleur? 
Nommez  les  mauvais  conducteurs  de  la  chaleur. 

A.  Qu'entend-on  par  la  vapeur  à  haute  pression?  Nommez 
les  parties  principales  de  la  locomotive. 

5.  Dessinez  une  lentille  convexe,  expliquez  les  effets  de 
cette  lentille  sur  les  objets.  Pour  quels  usages  s'en  sert-on? 

(8«  degré  ) 

1.  Nommez  les  différents  genres  de  mouvement,  et  exposez 
brièvement  chacun  d'eux. 

2.  Donnez  les  lois  des  oscillations  du  pendule. 

3.  Expliquez  la  différence  entre  l'équilibre  des  solides  et 
l'équilibre  des  liquides. 

A.  Expliquez  l'ébullition. 

5.  Qu'est-ce  qui  cause  la  formation  des  brouillards  et  des 
nuages  ? 

Washington.  Examen  des  Grammar  Schools. 


NOTIONS   d'histoire   NATURELLE   ET   DE   PHYSIQUE.    :209 


135.  —   FORMES  DES   FEUILLES. 
(6*^  année  ) 
La  figure  ci-contre  (fig.  A)  représente  une  feuille  de  rose, 


FiG.  A. 


qui  est  si  belle  lorsqu'on  Tient  de  la  cueillir.  Les  bords  en  sont 


FiG.  B.  FiG.  C. 

dentelés,  et  elle  est  couverte  de  petites  veines  qui  partent  de 
la  veine  principale. 

14 


:210  GRAMMAR    SCHOOLS. 

La  figure  ci-conlrc  (lig.  B)  représente  une  feuille  de  lierre. 
Elle  n'a  pas  la  niC^me  forme  qye  la  feuille  de  rose.  Voyez  comme 
les  petites  veines  circulent  gracieusement  en  partant  de  la  veine 
principale. 

La  figure  ci-contre  (fig.  C)  représente  une  autre  feuille  qui 
difîère  beaucoup  de  la  feuille  de  lierre  par  sa  forme.  C'est  la 
feuille  de  houx.  Les  bords  en  sont  armés  de  piquants. 

John  N. 
Age  :  douze  ans. 
Boston  (Massachusetts). 


ioi).  —  RACINES,    TRONCS  ET  ARRRES. 

JXous  avons  étudié  les  racines  des  plantes  et  les  troncs  des 
arbres.  Il  y  a  deux  classes  de  racines  :  la  racine  à  pivot  et  la 
racine  à  fibres.  Les  espèces  sont  les  racines  coniques,  la  racine 
à  pivot  et  la  racine  fusiforme. 

Les  espèces  de  troncs  sont  les  troncs  définis  et  les  troncs 
indéfinis.  Le  tronc  défini  est  celui  d'un  arbre  qui,  peu  après 
être  sorti  de  terre,  pousse  des  branches  :  l'érable  a  un  tronc 
défini.  Un  tronc  indéfini  est  celui  qui  s'élève  jusqu'au  sommet 
de  l'arbre  sans  branches  :  le  peuplier  blanc  a  un  tronc  indé- 
fini. 

Les  feuilles  sont  très-utiles  à  l'arbre  ou  au  buisson,  elles 
servent  à  absorber  Tair  frais  ;  et,  en  hiver,  lorsque  les  feuilles 
tombent,  c'est  parce  que  la  sève  est  employée  à  entretenir  les 
racines.  Les  semences  des  plantes  tombent  quelquefois  des 
fleurs,  et  quelquefois  elles  tombent  de  la  partie  inférieure  des 
feuilles  :  si  elles  tombent  dans  un  terrain  favorable,  elles 
donnent  naissance  à  une  autre  plante. 

Sue  L. 
Age  :  douze  ans. 
Columbus  (Ohio). 


137.  —   QUESTIONS  DE   PHYSIQUE. 
(7e  année.) 

Quest.  1.  —  Si  une  bille  était  placée  en  haut  et  dans  l'angle 
gauche  du  papier,  et  si  elle  était  poussée  par  deux  forces  égales. 


NOTIONS    d'histoire   NATURELLE    ET    DE    PHYSIQUE.    211 

l'une  ({Lii  la  dirigerait  vers  Tangle  de  droite  en  haut  du  papier, 
et  l'autre  vers  l'angle  de  gauche  en  bas,  vers  quel  endroit  irait- 
elle  •? 

Quest.  2.  — "Définissez  le  momentuni. 

Quest.  3.  —  Pourquoi,  si  l'on  tire  avec  une  carabine  sur  un 
mouchoir  de  soie  suspendu,  la  balle  ne  le  traversera-t-elle 
pas? 

Quest.  i.  —  Deux  hommes  tirent  aux  deux  extrémités  d'une 
corde  avec  une  force  de  50  livres  chacun.  Combien  de  livres 
la  corde  supportera-t-elle?  • 

Quest.  5.  —  Lorsque  vous  frappez  un  œuf  sur  la  table,  pour- 
quoi se  brise-t-il  ? 
Sandusky(Ohio). 


138.  —   QUESTIONS   SUR   LES   CLIMATS. 
(IQe  année.) 

Quest.  1 . —  Quelle  est  la  composition  de  l'air  atmosphérique  ? 
Quelles  en  sont  les  propriétés  ? 

Quest.  2.  —  De  quelle  source  la  terre  reçoit-elle  la  lumière, 
et  qu'est-ce  qui  fait  varier  la  température?  Qu'appelle-t-on 
lignes  isothermes  ? 

Quest.  3.  —  >'ommez  les  courants  atmosphériques.  Quelle 
est  l'origine  de  ces  courants  ?  Quels  avantages  procurent-ils  et 
comment  les  utilise-t-on? 

Quest.  i.  —  D'où  l'atmosphère  tire-t-elle  son  humidité? 
Expliquez  les  différents  résultats  de  l'humidité. 

Quest.  5.  —  Qu'entend-on  par  la  vie  organique?  Sous  quels 
titres  en  traite-t-on?  Définissez  chacun  d'eux. 

Quest.  6.  —  Qu'est-ce  qui  donne  naissance  aux  différentes 
régions  végétales?  Ces  régions  sont-elles  limitées  d'une  ma- 
nière définie? 

Quest.  7.  —  Nommez  et  décrivez  six  des  plantes  les  plus  im- 
portantes; dites  où  elles  se  trouvent. 

Quest.  8.  —  Donnez,  sous  forme  de  tableau,  l'analyse  du 
règne  animal. 

Ella  M. 
Age  :  quatorze  ans. 
Burhngton  (lowa). 


212  GRAMMAR  SCHOOLS. 


139.   —   QUESTIONS   DE   PHYSIOLOGIE. 

Quest.  1.  —  Définissez  l'anatomie  et  la  physiologie. 

Eép.  —  L'anatomie  est  la  description  des  organes  ou  des 
parties  du  corps.  La  physiologie  est  la  description  des  fonctions 
d'un  organe. 

Quest.  "2.  —  Décrivez  les  os. 

Rép.  —  Les  os  sont  fermes  et  durs,  d'un  blanc  mat.  Dans  la 
classe  inférieure  des  animaux  ils  sont  à  l'extérieur,  mais  dans 
les  classes  supérieures,  comme  l'homme,  ils  sont  à  l'intérieur. 
Ils  sont  recouverts  d'une  membrane  mince  appelée  périoste. 

Quest.  3.  —  Nommez  les  os  des  extrémités  supérieures. 

Rép.  —  11  y  a  soixante-quatre  os  dans  les  extrémités  supé- 
rieures, l'omoplate,  la  clavicule,  le  bras,  l'avant-bras,  le  poi- 
gnet et  la  main. 

Quest.  4.  —  Que  sont  les  muscles? 

jlgp^  —  Un  muscle  est  composé  de  beaucoup  de  petits  lilets, 
appelés  fibres.  Ils  mettent  les  os  en  mouvement.  Ils  sont  d^ 
deux  espèces,  les  uns  qui  se  meuvent  à  notre  volonté,  les  autres 
sans  son  concours. 

Quest.  5.  —  Nommez  les  organes  de  la  digestion. 

Rép.  —  Les  organes  de  la  digestion  sont  :  la  bouche,  les 
dents,  les  glandes  salivaires,  le  pharynx,  l'œsophage,  l'esto- 
mac, les  intestins,  les  vaisseaux  lactés,  le  foie,  le  conduit  tho- 
racique  et  le  pancréas. 

Quest.  6.  —  Décrivez  l'estomac. 

jlép,  —  L'estomac  est  dans  le  côté  gauche  sous  les  poumons 
et  sous  le  cœur.  11  a  trois  enveloppes  :  l'enveloppe  séreuse, 
l'enveloppe  musculaire  et  l'enveloppe  muqueuse  ;  toutes  sont 
minces  et  lisses. 

Quest.  7.  ■ —  Décrivez  le  phénomène  de  la  digestion. 

jlép,  —  La  nourriture  est  reçue  dans  la  bouche,  où  elle  est 
humectée  par  la  salive  et  mâchée  par  les  dents  ;  elle  passe  en- 
suite par  le  pharynx  dans  l'œsophage,  qui  la  porte  dans  l'esto- 
mac, où  elle  est  triturée  et  mêlée  au  suc  gastrique  ;  elle  passe 
ensuite  dans  le  duodénum,  où  elle  se  mêle  au  suc  pancréatique 
et  à  la  bile  pour  se  changer  en  chyle;  les  vaisseaux  lactés 
attirent  le  chyle  et  le  portent  au  conduit  thoracique,  et  de  Là 
dans  la  circulation. 

Quest.  8.  —  Nommez  les  organes  de  la  circulation. 


ARITHMÉTIQUE.  213 

Rép.  —  Les  organes  de  la  circulation  sont  :  le  cœur,  les 
artères,  les  veines  et  les  vaisseaux  capillaires. 

Quest.  9.  —  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  le  sang  artériel 
et  le  sang  veineux  ? 

Rép.  —  Le  sang  artériel  est  pur,  tandis  que  le  sang  veineux 
est  du  sang  devenu  impur. 

Quest.  10.  —  Nommez  les  organes  de  la  respiration? 

Rép.  —  Les  organes  de  la  respiration  sont  :  les  poumons,  la 
trachée,  les  bronches,  les  pores,  le  diaphragme  et  divers 
muscles. 

Lola  G. 

Age  :  treize  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  —  District  n°  9. 


XII.  —  Arithmétique. 

UO.  —  CALCUL   MENTAL. 
^  (Degré  moyen.) 

1.  Combien  est-ce  que  je  gagne  pour  iOO  en  achetant  des 
gants  à  75  cents  la  paire  et  en  les  vendant  1  dollar  la  paire? 

2.  50  rapportent  30,  combien  rapportent-ils  pour  100  ? 

3.  En  achetant  du  drap  à  i  dollars  le  mètre,  et  en  le  ven- 
dant à  3  dollars  le  mètre,  je  perds  6  dollars.  Pour  combien  en 
ai-je  acheté? 

ï.  Si   3   hommes    construisent   -   de  verge   (1)  d'un  mur 

8 

en  1  heure,  combien  de  verges  4  hommes   construiront-ils 
en  6  heures  ? 

5.  A  peut  faire  un  certain  ouvrage  en  2  heures,  B  peut  faire 
le  même  ouvrage  en  1  heure.  Combien  de  temps  mettront-ils 
à  faire  l'ouvrage  à  eux  deux  ? 

2 

6.  Ln  homme  a  mis  à  la  banque  les  ■;=  de  son  argent,  il  en  a 

3 
prêté  à  son  frère  ■=,  et  il  lui  restait  60  dollars.  Quelle  somme 

d'argent  avait-il  d'abord? 
Newport  (Rhode  Island). 

(1)  La  verge  {rocl)  vaut  5  mètres  29  cent. 


214  GRAMMAR   SCHOOLS. 

141.  —   CALCUL   MENTAL. 

Examen  trimestriel  ulegrc  inférieur). 

1.  Lorsque  les  prunelles  coûtent  9  cents  le  quart  et  les 
mûres  12  cents,  combien  8  (|uarls  de  mûres  coûteront-ils  de 
plus  que  8  quarts  de  prunelles? 

"2.  J'ai  acheté  3  charrues  à  12  dollars  chacune,  et  j'ai  donné 
en  paiement  ï  billets  de  10  dollars.  Combien  m'a-t-on  rendu? 

3.  Si  8  mètres  de  drap  coûtent  40  dollars,  que  coûteront 
3  mètres  du  même  drap  ? 

4.  A  10  dollars  le  baril,  combien  de  barils  de  farine  peut-on 
acheter  pour  85  dollars? 

5.  Si  5  hommes  peuvent  faire  un  certain  ouvrage  en 
6  jours,  combien  3  hommes  mettront-ils  à  faire  le  même  ou- 
vrage ? 

6.  Georges  avait  50  cents,  il  a  acheté  une  balle  10  cents, 
une  plume  5  cents,  un  crayon  3  cents,  un  morceau  de  gomme 
8  cents  et  4  ponnnes  à  ^cents  la  pièce.  Combien  lui  est-il  resté? 

7.  Un  homme  a  acheté  10  mètres  de  drap  à  4  dollars  le 
mètre,  il  a  payé  ce  drap  avec  des  pommes  à  5  dollars  le  ba  • 
ril.  Combien  lui  a-t-il  fallu  de  barils? 

8.  Un  homme  a  acheté  6  mètres  de  drap  pour  :24  dollars,  il 
l'a  revendu  6  dollars  le  mètre.  Qu'est-ce  (ju'il  a  gagné  à  ce 
marché  ? 

Newport  (Rhode  Island). 


142.  —   FRACTIONS   ET   PROBLÈMES. 
(Classe  supérieure.) 


I .  Réduisez  à  sa  plus  simple  expression 


1x1-1 


2.  Nommez  les  facteurs  premiers  qui  forment  le  plus  petit 
multiple  commun,  et  ceux  qui  forment  le  plus  grand  commun 
diviseur  enlrv3  5(3,  294  et  260. 

3.  Pour  quelle  somme  une  traite  à  90  jours  doit-elle  être 


ARITHMETIQUE.  :2l0 

tirée   pour  donner   166  dollars  80,   escomptée  en  banque  à 
9  pour  100? 

4.  Quel  capit'il  placé  à  5  pour  100  donnera  en  -2  ans 
9  mois  551  dollars  10  d'intérêt? 

5.  Un  homme  est  entré  dans  les  affaires  avec  8000  dollars  ; 

la  première  année  il  a  gagné  12  ^  pour  100,  qu'il  a  ajoutés  à 

son  capital;  la  seconde  année  il  a  augmenté  son  capital  de 

8  pour  100;  et  la  troisième  année  il  a  perdu  7  ^  pour  100. 

tj 

Qu'est-ce  qu'il  avait  de  plus  que  lorsqu'il  est  entré  dans  les 

affaires?  Qu'est-ce  qu'il  a  gagné  en  moyenne  pour  100? 

6.  Combien  faut-il  payer  pour  faire  enduire  de  plâtre  un 
mur  de  15  pieds  (1)  i  pouces  de  long  sur  11  pieds  2  pouces  de 
haut,  à  50  cents  le  mètre  carré,  en  déduisant  une  porte  de 
6  pieds  8  pouces  sur  3  pieds  4  pouces? 

7.  Un  percepteur  reçoit  845  dollars  10  pour  percevoir  des 

impôts  à  2  y  pour  100.  Quels  étaient  les  imprjts,  et  quelle  était 

la  somme  reçue  par  le  percepteur? 

8.  Aujourd'hui  je  dois  150  dollars  à  30  jours,  200  dollars 
à  60  jours,  et  250  dollars  à  90  jours.  Si  je  fais  mon  billet  pour 
la  somme  totale  payable  à  un  nombre  de  jours  moyen,  quand 
mon  billet  sera-t-il  dû? 

9.  Si  16  hommes  peuvent  creuser  une  cave  de  50  pieds  de 
long,  36  pieds  de  large  et  8  pieds  de  profondeur,  en  10  jours 
de  8  heures  chacun,  en  combien  de  jours  de  10  heures  chacun 
6  hommes  pourront-ils  creuser  une  cave  de  45  pieds  de  long, 
25  pieds  de  large  et  6  pieds  de  profondeur? 

2 

10.  La  surface  entière  des  six  côtés  d'un  cube  est  130  J  pouces 

o 

carrés.  Combien  y  a-t-il  de  pouces  cubiques  dans  ce  cube? 
Cleveland  (Ohio). 

(1)  Le  pied,  mesure  anglaise  {foot),  vaut  0'^,305. 


216  GRAMMAR    SCHOOLS. 

113.  —   QUESTIONS. 
{1"  année.) 

1.  Qu'est-ce  que  la  monnaie  légale  ?  D'où  (lérive7}ercmf(l)? 
que  signifie  celte  expression? 

"2.  Le  tunnel  de  Saint-Louis  a  296  verges  5  mètres  et 
1  pied  de  long;  combien  un  homme  ferait-il  de  pas  pour  le 
traverser,  en  supposant  que  la  longueur  moyenne  de  chacun 
de  ses  pas  fût  de  2  pieds  l  pouces? 

3.  Combien  v  a-t-il  de  pieds  carrés  dans  un  block  (2)  qui  a 

1  ^  1 

607  -  pieds  de  long  et  236  ^  pieds  de  large  ? 

4-.  Un  marchand  de  Saint-Louis  achète  du  porc  à  20  dol- 
lars 50  le  baril,  et  il  paye  50  cenU  par  baril  pour  l'embarquer 
pour  la  Nouvelle-Orléans.  Que  lui  coùtera-t-il,  rendu  dans  cette 
ville  ? 

o 

5.  Réduisez  =■  de  43  quintaux  (3)  en  nombres  entiers  des 

divisions  inférieures. 

6.  Réduisez  0,659  d'une  semaine  en  nombres  entiers  des 
divisions  inférieures. 

7.  Saint-Louis  est  à  90°  15'  et  Philadelphie  à  75°  10'  de  lon- 
gitude Ouest.  Quelle  est  la  différence  des  heures? 

8.  Quel  est  le  nombre  qui,  si  on  l'augmente  de  1  i  pour  100, 
donne  U25? 

9.  Si  j'achète  de  la  farine  à  Saint-Louis  à  4  dollars  50  le 
baril,  et  si  je  paye  1  dollar  30  de  fût  par  baril  pour  l'expédier 
à  Union  Springs,  que  dois-je  la  vendre  à  cet  endroit  pour  ga- 
gner 20  pour  100  sur  mon  placement? 

10.  Si  je  vends  350  balles  de  coton  pesant  chacune  580  livres, 
à  13  cenU  la  livre,   et  que  je  reçoive  une  commission  de 

1 
3  -^  pour  100,  quelle  est  ma  commission? 

Saint-Louis  (xMissouri). 

(1)  Abréviation  américaine  pour  :  0/0,  i>our  cent. 

(2)  Voir  la  note  au  bas  de  la  page  55  de  ce  volume. 

(3)  Le  quintal  vaut  50  kil.,  796. 


ARITHMÉTIQUE.  217 

144,  —  QUESTIONS. 
(7^  année.) 

1.  Réduisez  0,645  d'un  jour  en  nombres  entiers  des  divi- 
sions inférieures. 

2.  La  distance  de  Saint-Louis  à  Ouincy  est  de  168  milles; 

3 
si  j'ai  fait  la  moitié  des  f  de  cette  distance,  combien  de  chemin 

me  reste-t-il  encore  à  faire  pour  compléter  mon  voyage  ? 

3.  Que  coûteront  62  750  barriques  à  8  dollars  75  cents  le 
mille? 

4.  Que  coûterait  le  papier  pour  tapisser  un  appartement  de 
16  pieds  6poucesde  long  sur  13  pieds  3  pouces  de  large,  et  de 
11  pieds  4  pouces  de  haut,  en  supposant  qu'un  rouleau  de 

papier  de  8  mètres  de  long  sur  -  de  mètre  de  large  coûte 

0  dollar  54? 

5.  Un  négociant  a  acheté  5600  livres  de  coton  à  Saint-Louis, 
à  11  cents  la  livre,  et  il  les  a  expédiées  à  New  York.  Il  a  payé 
0  dollar  76  par  100  livres  pour  le  transport,  et  il  les  a  vendues 

à  0  dollar  12  7  la  livre.  Combien  a-t-il  gagné  pour  100  sur  le 

premier  prix? 

6.  J'ai  envoyé  à  mon  agent  à  Saint-Charles  988  dollars  pour 
qu'il  m'achète  du  blé  à  0  dollar  38  le  boisseau,  après  avoir 
déduit  sa  commission  de  4  pour  100.  Combien  de  boisseaux 
peut-il  acheter? 

7.  Si,  en  vendant  du  drap  à  4  dollars  le  mètre,  je  perds 
:20  pour  100,  combien  dois-je  le  vendre  le  mètre  pour  gagner 
20  pour  100? 

8.  A  quel  taux  faut-il  placer  500  dollars  pendant  3  ans 
pour  retirer  45  dollars  d'intérêt  ? 

9.  Quel  est  l'escompte  et  quel  est  le  produit  d'un  billet  de 
375  dollars,  à  90  jours,  escompté  en  banque  à  10  pour  100? 

10.  Extraire  la  racine  carrée  de  126549. 
Saint-Louis  (Missouri). 


218  GRAMMAR   SCHOOLS. 

J45.  —  QUESTIONS. 
(8"^  année.) 

1.  Définissez  les  revenus  iiilérieurs,  une  police  d'assurance, 
un  certificat  de  dépôt  de  titres. 

2.  Qu'est-ce  qu'un  droit  de  patente?  Une  facture?  La  valeur 
nette  des  marchandises  ? 

3.  Un  homme  paye  à  l'État  un  impôt  de  2  pour  100;  à  la 
ville  et  au  comté  un  impôt  de  3  pour  100  sur  une  propriété 
imposée  à  10  000  dollars.  Quelle  est  la  somme  totale  de  ses 
impôts  ? 

i.  J'ai  pris  96  actions  dans  une  usine  à  2  pour  100  d'es- 
compte,  et  je  les  ai  vendues  à  9  ;;^  pour  100   d'escompte. 

Comhien  ai-je  perdu? 

5.  Comhien  un  agent  peut-il  acheter  de  terre  à  35  dollars 
l'arpent,  avec  3126  dollars  20,  après  en  avoir  déduit  sa  com- 
mission de  1  ^  pour  100? 

LiLIÂN  F. 
Age  :  quinze  ans. 
Indianapolis  (Indiana).  —  École  n"  6. 


146.  —  PROBLÈMES. 
(3"=  année.) 

1-3.  Qu'est-ce  qu'un  nombre  concret  ?  Vn  nombre  complexe? 
Un  nombre  premier?  Deux  nombres  premiers  entre  eux? 

A.  Écrire  en  chiffres  cent  mille  quatre-vingt-deux  centièmes 
de  millionième. 

5.  Quelle  est  la  valeur  de  0,00125  X  "^  ,35  :  0,05? 

6.  Un  épicier  a  acheté  un  lot  de  thé  sur  lequel  il  perd 
16  pour  100  en  le  revendant  4200  dollars.  Combien  aurait-il 
dû  le  revendre  pour  gagner  12  pour  100? 

7-9.  Problèmes  d'intérêt  et  d'escompte. 
10.  Racine  carrée  de  8649  ;  racine  cubique  de  39  304. 
Memphis  (Tennessee)  et  la  Nouvelle-Orléans  (Louisiane). 


ARITHMÉTIQUE.  219 

U7.  —  PROBLÈMES   SUR   LA   RÈGLE   d'INTÉRÊT. 
(8-  et  9^  année.) 

1 .  Dire  la  différence  entre  l'intérêt  simple  et  l'intérêt  com- 
posé de  375  dollars  placés  à  7  pour  100  pendant  2  ans  8  mois. 

:2.  Différence  entre  l'escompte  en  dedans  et  l'escompte  en 
dehors  sur  375  dollars  payables  à  60  jours,  à  5  pour  100. 

3.  Un  billet  de  300  dollars  est  souscrit  le  1"  juillet  1861, 
avec  condition  de  paiement  d'intérêt  à  6  pour  100.  Il  a  été  payé 
à  compte,  le  1"  janvier  1863,  15  dollars;  le  1"  juillet  1865, 
150  dollars.  Que  reste-t-il  du  le  l^»-  mai  1866? 
Hartford  (Connecticut). 


148.  —  PROBLÈMES. 
(8*=  année.) 

1.  Va  homme  a  acheté  250  moutons  pour  907  dollars  10; 
6  pour  100  sont  morts,  à  combien  doit-il  vendre  le  reste  pour 
ne  pas  perdre? 

2.  J'ai  acheté  des  marchandises  pour  168  dollars,  je  les  ai 
revendues  pour  538  dollars  20.  Combien  pour  lOOai-je  gagné? 

3.  Un  homme  a  vendu  2  maisons,  4500  dollars  chacune.  Sur 
l'une  il  a  gagné  25  pour  100,  sur  l'autre  il  a  perdu  25  pour  100. 
Quelle  est  sa  perte  ou  quel  est  son  gain? 

4.  Un  marchand  a  vendu  480  mètres  de  drap  pour  1080  dol- 
lars, à  10  pour  100  de  perte;  à  combien  le  mètre  aurait-il  dû 
le  vendre  pour  gagner  15  pour  100? 

Cincinnati  (Ohio). 


149.  —  PROBLÈMES. 
(3^  degré.) 

1.  Les  bâtiments  d'une  compagnie  manufacturière  sont  assu- 
rés à  New  Haven  pour  la  somme  de  20000  dollars,  qui  est  les 


GRAMMAR   SCHOOLS. 

^  do  l'assurance  àProvidence,  et  lamoitié  de  l'assurance  à  Spring- 

3 
field;  la  somme  assurée  dans  les  trois  villes  est  les  -  de  l'as- 

surance   à  Hartford;  et  l'assurance  à  la  ville  de  New  York 

i 
i  -  fois  toutes  les  autres.  Quelle  est  la  somme  totale  de  l'as- 

o 

surance  ? 

3  1.34  3 

2.  De  =r  de  365  -j  jours  et  '=  de  5  ^r  semaines,  retranchez  = 

de  8  ^  minutes  et  exprimez  le  résultat  à  1  jour  près. 

3.  On  a  un  jardin  de  6  verges  de  long  et  de  5  verges  de 
large  ;  il  est  entouré  d'un  fossé  large  de  5  pieds  et  profond  de 

6  -^  pieds  dont  la  terre  a  été  répandue  sur  le  jardin  en  une 

couche  d'épaisseur  uniforme.  De  combien  a-t-on  ainsi  exhaussé 
la  surface  du  jardin? 

4.  A  et  R  ont  observé  une  éclipse  de  lune  :  A  l'a  vue  com- 
mencer à  9 heures  10  minutes  du  soir;  B  à  1  heure  15  minutes 
du  matin  le  lendemain.  Quelle  était  la  longitude  de  B  par  rap- 
port à  celle  de  A? 

5.  De  la  somme  de  quarante-neuf  unités  trois  dixièmes 
quatre  centièmes  et  trois  millionièmes,  retranchez  deux  cent 
quarante-six  unités  trois  millièmes  ;  multipliez  le  reste  par 
cinq  mille,  et  divisez-le  par  quatre  dix-millièmes. 

0.  Un  homme  a  retiré  30  pour  100  des  fonds  qu'il  a  déposés 
à  la  banque,  et  il  a  dépensé  25  pour  100  de  ces  intérêts  pour 
acheter  un  cheval  qui  lui  a  coûté  97  dollars  50.  Quelle  somme 
avait-il  à  la  banque? 

7.  A  vend  à  B  avec  un  gain  de  12  ^  pour  100  des  marchan- 
dises qui  avaient  coûté  800  dollars.  B  les  vend  à  C  et  gagne 
11  -7  pour   100  de  ce  qu'il  avait  payé.   Combien  A  aurait-il 

gagné  pour  100  s'il  avait  vendu  ses  marchandises  à  C  au  prix 
reçu  par  B  ? 

8.  Un  homme  a   engagé  dans    les  affaires   un  capital    de 

1 
21  840  dollars,  qui  lui  rapporte  12  ^  pour  100  ;  il  se  retire  des 


MUSIQUE.  221 

3 

affaires  et  prête  son  argent  à  7  -  pour  100.  Combien  perd-il 

4 

en  2  ans,  5  mois  et  10  jours? 

2 

9.  Si  les  ^  d'une  somme  d'argent  font  220  dollars,  combien 

3 

font  les  —  de  cette  même  somme? 
11 

10.  Les  actions  d'une   compagnie  de  chemin  de  fer   font 

1  "  1 

prime  à  34  5  pour  100  et  le  prix  de  courtage  est  1  ^  pour  100. 

■Que  rapportera  un  capital  placé  dans  ces  fonds  si  la  compa- 

1 
gnie  paye  un  dividende  de  8  ^^  pour  100  par  an? 

District  de  Columbia. 


150.   —  DESSIN   GÉOMÉTRIQUE. 

1.  Dessinez  deux  figures  pour  expliquer  une  surface  et  un 
solide. 

2.  Définissez  une  surface  courbe. 

3.  Donnez  des  exemples  de  courbes  abstraites  et  inverses. 

4.  Dessinez  un  octogone. 

5.  Combien  un  pentagone  a-t-il  d'axes  symétriques? 

6.  Définissez  le  cube.  Expliquez  par  une  figure. 

7.  Qu'est-ce  que  le  sommet  d'un  angle?  De  quoi  dépend  la 
grandeur  d'un  angle? 

8.  Définissez  le  prisme,  la  sphère,  l'ovale,  l'ellipse. 
Newport  (Rhode  Island;. 


X.1II.  —  Musique. 

151.  —  EXERCICE   DE  SOLFÈGE. 
6*  classe. 

1.  Qu'est-ce  qu'une  portée? 

2.  Sur  quelle  ligne  place-t-on  la  clef  de  sol? 

3.  A  quoi  servent  les  barres  ? 


222  GRAMMAR   SCHOOLS. 

h.  Pourquoi  bat-on  la  mesure? 

5.  Oa'est-ce  (ju'une  mesure? 

G.  Comment  bat-on  la  mesure  à  ;? 

7.  Cojnbien  y  a-t-il  de  mesures  dans  l'exercice   suivant? 

(Exercice  en  do,  à  deux  temps.) 

8.  Quel  est  le  nom  du  premier  silence?  du  second? 
9    Nommez  les  notes  par  leurs  syllabes  (i). 

10.  Nommez  les  notes  par  leurs  lettres  (2). 


5*=  classe. 


1.  Tracez  une  croche  et  une  double  croche. 

2.  Qu'est-ce  qu'un  silence?  Tracez  un  demi-soupir. 

3.  Quel  est  le  mot  formé  par  les  leltres  qui  se   trouvent 

enlre  les  lignes  de  la  portée?  (3) 
k.  Pourquoi  nomme-t-on  so/  la  note  placée  sur  la  seconde 

ligne? 
5.  Qu'est-ce  qu'une  mesure? 
G.  Comment  bat-on  la  mesure  à  \  ? 

7.  Dans  quel  ton  est  l'exercice  suivant?  (Exercice  en   so/ 

à  deux  temps.) 

8.  Quelle  est  la  clef  indiquée? 

9.  Nommez  chaque  note. 


(1)  Ut  (do)  ré  mi  fa  sol  la  si. 

(2)  Les  Anglais  et  les  Allemands  se  servent  encore,  pour  indiquer 
les  notes,  des  lettres  c  d  e  f  g  a  b.  Les  syllabes  sont  tirées  des  pa- 
roles d'une  bymne  en  l'honneur  de  saint  Jean  (strophe  saphique)  : 

Ijt  queant  Iaxis    /îesonare  fibris 
.1/tra  gestorum       jPamuli  tuorum, 
iSo/ve  polluti         Labii  reatum, 
Sancte  Joannes. 
Dans  le  chant  de  celte  hymne    les  six  premières  syllabes  se  trou- 
vent placées  sous  les  six  premiers  sons   de  notre  gamme  et   elles 
servent  à  les  désigner. 

Le  septième  son  de  la  gamme  n'avait  pas  de  nom  particulier,  et 
ce  ne  fut  que  cinq  siècles  plus  tard  que  la  syllabe  si  fut  ajoutée  aux 
six  autres. 

Cette  méthode  est  attribuée  à  Guido  d'Arezzo,  moine  bénédictin 
du  XI*  siècle  ;  avant  lui  les  notes  étaient  désignées  par  les  caractères 
alphabétiques. 

(3)  Face  (visage). 


MUSIQUE.  223 


4^  classe. 


1.  Qu'est-ce  qu'une  note?  Qu'est-ce  qu'un  silence? 

2.  Combien  la  croche  pointée  vaut-elle  de  doubles  croches? 

3.  A  quoi  sert  la  portée? 

4.  Pourquoi  nomme-t-on  sol  la  note  placée  sur  la  seconde 
ligne? 

5.  Quelle  est  la  clef  qui  se  trouve  sur  la  quatrième  ligne? 

6.  Quels  sont  les  intervalles  dans  la  gamme  diatonique? 

7.  Quelle  est  la  note  la  plus  élevée  :   le  do  naturel  ou  le 

do  dièse? 

8.  Dans  quel  ton  est  l'exercice  suivant  ?  (Exercice  en  ré"'  à 

quatre  temps.) 

9.  Quelle  est  la  clef  indiquée? 
10.  Nommez  les  notes. 

3^  et  2*  classe. 

1.  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  une  note  et  un  silence? 

2.  Que  signifient  les  lettres  p,  f,  7nf,  pp? 

3.  Qu'est-ce  qu'une  clef?  Faites  une  portée  et  tracez  une 

clef  de  fa. 

4.  Qu'est-ce  qu'une  gamme? 

5.  Qu'est-ce  qu'une  gamme  diatonique  ? 

6.  Dans  quel  ton  est  l'exercice  suivant  ?  (Exercice  en  do  à 

deux  temps.) 

7.  Nommez  chaque  note. 

8.  Dans  quel  ton  est  l'exercice  suivant? 

9.  Nommez  chaque  note. 

10.  Écrivez  sur  une  portée  la  gamme  en  re'  à  trois  temps. 

Cambridge  (Massachusetts). 


15'2.   —  MÊME  EXERCICE. 


Oe 


degré. 


1.  Dans  quel  cas  commence-t-on  à  battre  la  mesure  sur  un 

autre  temps  que  le  premier? 
2i.   Quel  est  l'effet  du  point  placé  sur  une  note? 
3.  Écrivez  la  gamme  en  do. 
i.  Comment  indique-t-on  la  durée  de  chaque  temps? 


224-  GRAMMAR    SCIIOOLS. 

5.  Que  signifient  les  lettres  p,  f,  mf'l 

6.  Combien  y  a-t-il  de  sons  dans  une  gamme  diatonique  V 

7.  Écrivez  quatre  mesures  en  ';. 

¥  degré. 

1.  Qu'entend-on  par  la  transposition? 

2->  Que  doit-on   faire  pour  transposer  d'un   ton   dans  un 
[,  autre  ? 

3.  Tracez  une  clef  de  sol.  Sur  quelle  ligne  de  la    portée 

est-elle  placée? 

4..  Qu'est-ce  qu'un  lié?  Qu'est-ce  qu'une  liaison? 

5.  Définissez  :  andante,  —  legato. 

6.  Quel  est  l'effet  du  point  placé  après  une  note  ? 

7.  Nommez  les  notes  de  la  gamme  en  sol.  —  De  la  gamme 

en  do. 

8.  Quel  est  le  premier  degré  de  la  gamme  en  sol  ?  en  do  ? 

9.  Qu'est-ce  que  la  gamme  diatonique  ? 

10.  Dans  la  mesure  à  ],  que  dénote  le  premier  chiffre?  le 

second? 

11.  Écrivez  quelques  mesures  en  sol. 

5^  degré. 

1.  Quelle  est  la  différence  entre  un  lié  et  une  liaison? 

2.  Tracez  des  dièses,  des  bémols,  des  bécarres? 

3.  Définissez  les  mots  :  solo,  — chorus,  —  adagio. 

i.  Faites  une  portée,   tracez  la    clef  de  sol  et  divisez  en 
mesures, 

5.  Tracez  une  clef  de  fa. 

6.  Qu'est-ce  qu'un  intervalle?  Quels  sont,  dans  la  gamme, 

les  intervalles  longs?  les  intervalles  courts? 

7.  Quelle  est  la  note  diésée  dans  la  gamme  en  sol? 

8.  Comment  place-t-on  le  dièse  sur  la  portée? 

9.  Qu'est-ce  que  les  signes  d'altération  accidentels  ? 

10.  Combien  de  temps  leur  action  se  prolonge-t-elle  ? 

11.  Comment  peut-on  en  détruire  l'effet  ? 

12.  Combien  y  a-t-il  de  sons  dans  la  gamme  ?  Où  sont  placés 

les  demi-tons  dans  la  gamme  en  sol  ? 

13.  Entre  quelles    notes  ne   peut-il   y   avoir  ni  dièse,   ni 

bémol? 

6«  degré. 

1.  Quel  est  le  degré  de  la  gamme  en  do  qui  devient  pre- 
mier si  on  le  transporte  en  fa? 


MUSIQUE.  225 

2.  Quelles  sont,  en  transposant,  les  altérations  nécessaires 

ponr   conserver    les   tons    et   les    demi-tons  de   la 
gamme  ? 

3.  Ecrivez  la  ranime  en  fa. 

i.  Gomment  bat-on  la  mesure  à  ;  ? 

5.  Définissez  les  mots  :  Solo,  —  chorus,  et  indiquez  les 

significations  de  rit.  — p,  —  sf. 

6.  Qu'est-ce   que   les   signes  d'altération    accidentels,  et 

qu'indiquent-ils  en  général  ? 

7.  Écrivez  deux  octaves  de  la  gamme  en  si  bémol. 

7^  Degré. 

1.  Définissez  la  gamme  chromatique. 

2.  Tracez  la  gamme  chromatique  ascend  mte  en  sol. 
'S.  Qu'est-ce  qu'un  accord? 

i.  -Qu'est-ce  qu'une  triade? 

o.  Donnez  des  accords  majeurs,  des  accords  mineurs. 
C).  Comment  se  compose  la  tierce  majeure?  la  tierce  mi- 
neure ? 

7.  Tracez  les  signes  de  toutes  les  clefs. 

8.  Écrivez  trois  octaves  de  la  gamme  en  do. 

9.  Marquez  les  trois  positions  des  accords  parfaits  en  do^ 
Newport  (Pthode  Islandj. 


-153.    —  EXERCICE   DE   MUSIQUE. 
Degré  élémentaire, 

1.  Qu  est-ce  que  la  mesure? 

2.  Écrivez  six  mesures  et  remplissez-les  de  croches  et  de 

doubles  croches. 

3.  Écrivez  la  seconde  gamme  en  croches. 

4.  Nommez  les  différentes  gammes. 

ô.  De  quel  mot  se  sert-on  pour  indiquer  que  le  chant  doit 
être  fort  ? 

1"  Degré  intermédiaire. 

1.  Quel  est  le  nom  du  5^  degré  dans  la  gamme  en  do? 

2.  Quelle  valeur  le  point  ajoute-t-il  à  la  note? 

15 


226  GRxVMMAR    SCHOOLS. 

3.  Combien  faut-il  de  doubles  croches  pointées  pour  neuf 

triples  croches? 
4..  Combien  de  degrés  y  a-t-il  dans  la  gamme? 

5.  Combien  y  a-t-il  de  demi-tons  dans  la  gamme? 

6.  Écrivez  la  gamme  en  sol  et  dites  pourquoi  on  prend  fa 

dièze  pour  le  7^  degré. 

2®  Degré  intcrmédiairo. 

1.  Quel  est  le  l^  degré  de  la  ganmie  en  fa? 

2.  Quel  est  le  2^  degré  de  la  gamme  en  la  bémol  ? 

?).  Si  une  triple  croche  vaut  un  temps,  quelle  sera  la  valeur 
d'une  double  croche  }iointée  ? 

A.  Écrivez  la  gamme  chromatique  ascendante  et  descen- 
dante, et  dites  quel  est  le  ton  le  plus  élevé  :  do  dièzi' 
ou  ré  bémol  ? 

5.  Donnez  les  noms  des  abréviations  :  )ii,  f,  ff,  l),pp,crcs. 

Degré  supérieur. 

1.  Qu'est-ce  que  la  modulation? 

2.  Entre  quels  tons  de  la  gamme  ne  peut-il  y  avoir  de  ton 

chromatique  ?  Pourquoi  ? 

3.  Comment  chaque  degré  de  la  portée  peut-il  avoir  plu- 

sieurs noms?  Donnez  des  exemples. 

4.  Écrivez  deux  mesures  composées  à  trois  temps,  à  quatre 

temps. 

5.  Définissez  les  termes  suivants  :  mezzo,  —  crescendo,  — 

sforzando,  —  a  tempo,  —  cantabile. 
Nasliville  (Tennessee). 


Les  quatre  exercices  suivants  (154-157)  sont  des  compositions 
originales  d'élèves  des  Grammar  Schools  (n''^  2  et  10)  d'Indianopolis 
(d'après  la  déclaration  du  Directeur  inscrite  en  tête  du  cahier  qui 
contient  ces  devoirs,  et  un  a;rand  nomlire  d'autres  semblables). 


MUSIQUE. 

151.    —    MÉLODIE   COMPOSÉE   PAR    UN    ÉLEVÉ. 

('S''  année.) 


-22' 


^ 


4=^ 


HiDg-     loud  the    bells!     Rin^   loud  the     belk! 


(for    I     '   I     r  l^^-^^^l  r   N  h  g 


While   freedom  uo-w 

her  tri 

-UIDph    t 

ells.     Let 

e\ei> 

V 

vm           * 

w       f 

/'v 

y<               „        ' 

JgU ^ — 1 

L_r_i-S^ , 

pa.triot   héar  the    straiij       iiom      eas.terD     sea   U 


m 


— ^ 

,  — ' — 


wes-iei-n   main!     From      pine  to     palm   a  .  fai-    aud 


m 


neap        \\e      greet  the    Iud^  ex  .  pec.ted      year. 

Frank  S. 
Age  :  quatorze  ans. 

155.  —  MÉLODIE  COMPOSÉE  PAR  UN  ÉLÈVE. 

(8'^  année.) 


Ring     ont      the     old    liu^     in       the    uew   mh^ 


hap-py  beh's   a-cic^ss   the  ^uo\a  The  >ear*  is    g^o  .  ing 


let    him    go;  MDg  out    the    false.i-iDg  in    the    îjup. 


Ring  in  the  vahant  and  the  free 
The  laiger  heait.the  kiiidlier  hand 
Ring  out  the  dai-kness  of  th»^  lafid, 
Ring  in  the  Christ  ihat  rs  to  he. 

Mary  W. 
A^e  :  treize  ans. 


228 


GRAMMAR   SCIIOOLS. 

15G.    —  MÉLODIE   COMPOSÉE   PAR    UN   ÉLÈVE. 

{(j"  année.) 


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Do  ijot    slight  the  lit-tle      actions    if  it 


1 


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brealhes  a       lo_\iijg  thought     Sume  times   by    d 


kiii-dlv  uhisper  Deedsof   wocder  havebeenwi-ought. 


Heai'ts  (hat  in  the  vexing  tumult 
Of  the  woi-ld  bave  hardened  grovyn 
Fponi  a  single  uord  hâve  galliereH 
Precious  bopes  before  unknoun. 

>(ELLIE  Th. 
Age  :  douze  ans. 

157.   —   MÉLODIE   COMPOSÉE   PAR  UN   ÉLÈVE. 
(5"  année.) 


4^r  I    I  I  j     J  I  n  I   I  !    I 


:^?=it 


L>o  iiot   slight  {he    ii(   .tle      chiidren,    Keeble 


i 


«: 


though  thev     be    and    femall,        Give  them  woi-ds  (/f 


i 


5 


tender  counsel    Teacb  them  God  is       o.Yer      ail. 


In  the  far  off  glorious  future 
Tbey  among  that  host  tnay  be; 
\Tho  uill  sbine  as  stars  in  beauty 
Througb  the  long  eternity. 


John  J.  W. 

Age  :  dix  ans. 


TRAVAIL    DES    ENFANTS    CHINOIS.  229 

XIY.   —  Travail  Aen  eiifaiitfi»  cliiuois  (1) 
élevés  aux  Étatis-llnis. 

158.  —  MA   VILLE   NATALE. 

Le  nom  de  la  ville  est  Puan-Yen.  Elle  fait  partie  des  comtés 
de  Kwong-Tong.  Kwong-Tong  est  divisé  en  dix-huit  parties, 
c'est  quelque  chose  comme  des  comtés.  La  ville  est  sur  la  rive 
gauche  de  la  rivière  de  Canton,  elle  est  à  environ  100  ou 
200  milles  de  la  mer  de  Chine.  On  la  regarde  comme  une  très- 
grande  ville. 

La  population,  évaluée  à  36900  habitants,  est  principale- 
ment d'origine  mongolique,  y  compris  plusieurs  habitants  qui 
appartiennent  à  la  famille  tartare.  Pour  protéger  la  ville 
contre  la  Tartarie,  la  grande  muraille  fut  construite  il  y  a 
environ  2000  ans.  Pour  nous  rendre  d'un  endroit  à  un  autre 
nous  n'allons  ni  en  voiture,  ni  à  cheval  ;  on  va  à  pied  ou  bien 
on  a  des  domestiques  qui  vous  portent.  Nous  ne  quittons  pas 
souvent  notre  ville,  parce  que  nous  n'avons  pas  de  chemins  de 
fer,  ni  de  navires  à  voiles,  ni  de  bateaux  à  vapeur  pour  nous 
transporter.  Je  ne  puis  rien  vous  dire  des  rues,  de  l'air  qu'elles 
avaient,  de  leurs  noms,  parce  que  je  m'en  suis  allé  lorsque 
j'étais  tout  petit  ;  je  n'avais  que  cinq  ou  six  ans,  je  ne  savais 
pas  lire  alors,  et  personne  ne  m'en  avait  dit  les  noms. 

Pl'an  Ming  Cring. 
Age  :  treize  ans. 
West  Haven  (Connecticut).  4"  année  de  séjour. 


159.  —  MON  VOYAGE  DE  CHINE  EN  AMÉRIQUE. 

Au  mois  d'août,  je  quittai  l'École  préparatoire  de  Shang-Haï 
pour  l'Amérique,  afin  d'y  venir  faire  mon  éducation.  Nous  nous 

(l)  Ces  enfants,  dont  le  premier  «  détachement»  est  arrivé  il  y  a 
quatre  ans,  font  toute  leur  éducation  aux  États-Unis,  où  ils  sont 
placés  dans  des  familles  et  suivent  les  écoles  publiques  ;  ils  sont 
principalement  répartis  dans  la  Nouvelle-Angleterre,  surtout  dans  le 
Connecticut  et  le  Massachusetts. 


:230  GRAMMAK    SCHOOLS. 

.'nibarqiuinu^s  sur  le  steamer  le  malin,  el  le  leiidemaiii  matin 
le  steamer  partit  pour  le  Japon.  Après  une  demi-journée  de 
traversée,  nous  ne  pouvions  plus  voir  aucune  terre.  J'ai  vu 
des  poissons  volants  et  des  baleines  à  la  surface  de  l'eau. 

Il  nous  fallut  sept  jours  pour  aller  au  premiei'port  du  Japon. 
Pendant  que  nous  étions  dans  ce  port,  nous  allâmes  à  terre 
dîner  chez  un  riche  marchand  chinois  de  cette  ville,  et  l'après- 
midi  nous  visitâmes  un  temple  japonais  qui  nous  intéressa 
beaucoup. 

Le  lendemain  nous  fîmes  voile  ))our  le  second  port  du  Jajton, 
qui  est  .Nagasaki.  Le  commandant  d'un  navire  de  guerre  des 
Etats-Unis  nous  invita  à  lui  faire  une  visite.  Nous  nous  amusâ- 
mes beaucoup,  et  nous  revînmes  dans  notre  navire  qui  mit  à 
la  voile  le  lendemain. 

Arrivés  au  troisième  port  du  Japon,  qui  est  Gobi,  nous 
((uittàmes  notre  steamer  pour  en  prendre -un  plus  grand,  qui 
nous  conduisit  à  San  Francisco  en  traversant  l'immense  Océan. 

Nous  jouâmes  à  plusieurs  jeux  américains  que  nous  apprirent 
des  passagers  étrangers. 

Nous  arrivâmes  sains  et  saufs  à  San  Francisco,  après  un 
voyage  de  vingt-quatre  jours.  Tout  ce  que  nous  vîmes  dans 
cette  ville  nous  donna  une  idée  de  l'Amérique. 

Nous  descendîuîes  à  Occidental  Hôtel.  Le  maître  de  l'hôtel 
nous  reçut  avec  bonté  et  nous  invita  à  visiter  le  Jardin  Zoolo- 
gique. Nous  vîmes  beaucoup  d'animaux  et  d'oiseaux  étranges, 
et  on  nous  promena  à  dos  de  chameau.  Après  cela,  noiis  en- 
trâmes dans  un  établissement  oij  nous  vîmes  des  acteurs  et  des 
dames  qui  patinaient  sur  des  patins  à  roulettes.  Le  soir  nous 
revînmes  à  l'Hôtel.  Après  y  avoir  passé  trois  jours  nous  tra- 
versâmes la  baie  et  nous  fîmes  le  reste  de  notre  voyage  en 
voiture. 

En  arrivant  à  Springfield,  sept  jours  après,  nous  descen- 
dîmes à  Hayni's  Hôtel,  d'où  l'on  nous  envoya  dans  différentes 
parties  du  Massachusetts  et  du  Connecticul  pour  notre  future 
éducation.  On  m.'envoya  à  New  Ilaven,  où  l'on  me  mit  en 
pension  chez  M.  Pearl.  J'y  restai  environ  trois  mois,  puis 
j'allai  à  Hartford  et  je  restai  chez  M.  David  E.  Dartiett,  où 
j'ai  toujours  été  depuis. 

Woo  Yang  Tsang. 
Age  :  quatorze  ans. 
Hartford  (Coiinecticut).  École  moyenno,  district  de  l'ouest,  l"""  dé- 
tachement. 


RAVAIL    DES    ENFANTS   CHINOIS.  231 


160.  —  LA    CHINE. 

La  Chine  est  un  pays  très-ancien,  très-peuplé  et  très-riche  ; 
probablement  le  plus  ancien,  le  plus  peuplé  et  le  plus  riche 
qui  existe  au  monde.  Elle  se  divise  en  18  provinces,  qui  sont 
arrosées  par  les  grands  fleuves  Yang-tse-Kiang  et  Hoang-Ho 
ou  Jaune  ;  le. premier  est  le  quatrième  des  plus  grands  fleuves 
du  monde. 

La  Chine  produit  du  thé  et  du  riz  en  grande  abondance  ;  le  riz 
est  hi  principale  nourriture  des  habitants,  et  elle  fournit  du  tlié 
au  monde  entier;  la  partie  méridionale  produit  d'excellents 
fruits. 

A  Torigini;,  la  civilisation  de  ce  pays  fut  très-avancée  :  ce  sont 
des  Chinois  qui  inventèrent  les  premiers  la  boussole  long- 
temps avant  1303.  C'est  aussi  en  Chine  que  la  soie,  la  poudre 
et  la  porcelaine  furent  faites  pour  la  première  fois.  Mais  beau- 
coup d'arts  merveilleux  se  sont  perdus,  entre  autres  celui  de 
faire  le  verre  plus  clair,  plus  mince  et  plus  fort  qu'on  ne  le 
fait  nulle  part  maintenant.  Le  pont  sur  lequel  on  traverse  le 
fleuve  Min  est  construit  de  pierres  si  grandes  et  si  fortes, 
qu'il  n'y  a  pas  de  machine  qui  puisse  les  soulever  aujourd'hui, 
et  on  suppose  que  ce  pont  a  plus  de  mille  ans  d'existence. 
Il  est  encore  si  sobde  que  les  grandes  crues  du  fleuve  ne  le 
font  pas  bouger,  quoiqu'il  soit  quelquefois  couvert  par  les 
courants  rapides. 

Le  bas  peuple  de  la  Chine  est  très-laborieux,  surtout  les  fer- 
uîiers  dans  le  sud,  car  ils  font  deux  récoltes  par  an.  L'usage 
de  l'opium  est  le  plus  grand  mal,  le  gouvernement  a  essayé  d'en 
arrêter  l'importation,  mais  l'Angleterre  l'a  forcé  méchamment 
à  la  tolérer,  grâce  à  la  supériorité  de  ses  armes. 

Les  Chinois  s'efforcent  de  conformer  leur  vie  aux  maximes 
de  Confiicius  (le  grand  philosophe),  qu'ils  regardent  comme 
un  homme  parfait.  Il  vécut  environ  500  ans  avant  Jésus-Christ 
et  fut  très-sage  et  très-bon.  Après  sa  mort  vint  Mincius  qui 
enseigna  la  même  doctrine  que  son  prédécesseur,  mais  on  ne 
le  regarda  que  comme  un  sage,  tandis  que  Confucius  passa 
pour  un  saint. 

La  vie  de  ces  deux  sages,  qui  est  écrite  en  cinq  livres 
(iïoii  on  tire  des  sujets  de  composition)  avec  leurs  écrits  et 
leurs  poésies,  est  étudiée  par  les  étudiants  chinois.  Celui 
qui  lit   la  meilleure   composition  sur  un    sujet  donné,    lors 


^32  GRAM3IAR   SCHOOLS. 

d'un  concours  ouvert  à  Pékin,  olHicnl  un  certain  rang;  il  y 
en  a  sept  en  tout  qui  doivent  être  obtenus  les  uns  après  les 
autres.  I/examen  a  lieu  une  fois  tous  les  trois  ans,  et  les  étu- 
diants s'y  rendent  par  milliers. 

Il  y  a  plusieurs  siècles  que  la  Chine  est  en  décadence. 
L'Angleterre  et  la  France,  qui  voudraient  régner  sur  le  monde 
entier,  ont  aussi  troublé  notre  tranquillité.  Mais  c'est  une  loi 
de  la  nature  (jue  les  pays  doivent  s'élever  et  tomber,  comme 
nous  l'apprend  l'histoire.  Lorsque  la  Perse,  la  première  grande 
nation,  parvint  à  son  apogée,  elle  tond)a.  La  Grèce  s'éleva  en- 
suite, et  elle  eut  le  même  sort,  la  puissance  a  passé  successi- 
vement à  toutes  les  nations,  et  maintenant  elle  appartient  aux 
États-Unis,  dont  les  citoyens  vont  célébrer  le  Centenaire  cette 
année  même,  en  souvenir  du  grand  événement  qui  a  eu  lieu 
il  y  a  cent  ans,  lorsqu'ils  ont  rejeté  le  joug  des  tyrans.  La 
Chine  ne  pourra-t-elle  pas  se  relever  à  son  tour,  comme  l'ont 
fait  d'autres  nations  ?  Assurément  les  lois  de  la  nature  existe- 
ront jusqu'à  la  lin. 

TsoY  Ceun  Chiang. 
Age  :  dix-sept  ans. 
^Vashington  (Connecticut).  —  -i*^  année  de  séjour. 


161.  —  LES  OISEAUX. 

Les  oiseaux  sont  des  espèces  d'animaux  qui  volent.  Ils  ont 
deux  jambes.  Presque  tous  les  animaux  ont  quatre  jambes. 
Mais  les  oiseaux  ont  deux  jambes,  deux  ailes  et  un  bec.  Ils 
appartiennent  à  la  même  famille  que  les  poules  et  les  poulets. 
Et  ils  leur  ressemblent  aussi.  Les  poules  ne  peuvent  pas  voler 
dans  l'air.  Elles  volent  quelquefois  un  peu  lorsque  quelque 
chose  les  effraye.  Elles  ne  le  font  pas  souvent.  Mais  les  oiseaux 
peuvent  voler  dans  l'air  à  une  grande  distance  et  assez  vite. 
S'ils  sont  fatigués,  ils  se  perchent  souvent  sur  les  arbres. 

La  plupart  des  oiseaux  sont  petits.  Mais  quelques-uns  sont  très- 
gros.  Les  petits  oiseaux  sont  toujours  inolïensifs.  Ils  volent  par 
tout  le  pays.  Ils  n'ont  pas  peur  des  hommes.  Quelques  oiseaux 
sont  très-petits  et  très-jolis.  Ces  espèces  d'oiseaux  ne  sont  pas 
très-communes.  Quelquefois  ils  paraissent  une  ou  deux  fois 
[)endant  l'été.  Us  ne  viennent  que  })Our  ramasser  le  suc  des 
fleurs.  Si  on  peut  les  tuer  à  coups  de  fusil,  on  les  empaille  et 


TPxAVAIL   DES  ENFANTS   CHINOIS.  235 

on  les  place  dans  les  appartements  comme  mi  ornement,  tant 
ils  sont  jolis. 

Il  y  a  un  casier  (vitrine)  tout  plein  d'oiseaux  empaillés  dans 
la  biblioliièque  de  cette  ville.  On  les  a  mis  là  afin  qu'ils 
puissent  être  vus  par  ceux  qui  vont  y  chercher  des  livres. 
C'est  une  collection  magnifique  à  voir.  Le  casier  est  en  verre, 
de  sorte  qu'on  peut  regarder  au  travers.  Des  oiseaux  qu'il  con- 
tient, les  uns  sont  petits,  les  autres  sont  gros.  Les  gros  oiseaux 
du  casier  sont  une  caille,  un  pigeon,  deux  canards  sauvages, 
une  poule  des  prairies  et  quelques  autres  espèces  de  gros 
oiseaux.  La  caille  et  la  poule  des  prairies  sont  d'une  couleur 
sombre  et  brune.  Le  pigeon  est  blanc  comme  la  neige.  Il  a  les 
jambes  et  les  pattes  toutes  couvertes  de  phmies.  Mais  son  bec 
est  noir.  C'est  tout  à  fait  un  gros  pigeon.  Je  ne  crois  pas 
qu'il  soit  très-commun.  Il  y  a  aussi  un  canard  sauvage  dans  le 
casier.  Il  est  très-joli.  Je  n'ai  jamais  vu  ailleurs  d'aussi  joli 
canard.  Il  a  le  corps  de  différentes  couleurs. 

Les  petits  oiseaux  de  la  bibliothèque  sont  presque  tous 
très-jolis.  Les  colibris  qui  font  partie  de  la  collection  sont 
très-petits  et  très-jolis.  Leurs  becs  sont  très-longs,  de  sorte 
qu'ils  peuvent  très-facilement  atteindre  le  suc  des  fleurs.  Ils 
sont  si  petits  qu'on  peut  à  peine  les  voir  quand  ils  volent  ; 
alors  ils  ressemblent  à  des  abeilles  tant  ils  volent  rapidement. 

Il  y  a  une  histoire  dans  un  livre.  Elle  dit  que  le  colibri  est 
l'mi  des  plus  beaux  oiseaux  et  qu'il  est  aussi  l'un  des  plus  pe- 
tits. Son  bec  a  environ  un  pouce  de  long,  quelquefois  davan- 
tage. 

Quelques-uns  des  oiseaux  de  la  bibliothèque  ont  les  ailes 
étendues.  L'un  d'eux  tient  un  poisson  dans  son  bec.  Je  crois 
qu'il"  va  le  porter"  à  ses  petits  dans  son  nid. 

J'ai  vu  un  nid  où  il  y  avait  des  petits  oiseaux.  Ces  petits 
oiseaux  ouvraient  leurs  becs,  parce  qu'ils  voyaient  venir  leur 
mère  avec  un  poisson  dans  son  bec. 

On  a  beaucoup  d'espèces  d'oiseaux  dans  la  bibliothèque. 
Us  ont  tous  l'air  d'être  en  vie.  On  les  a  perchés  sur  un  arbre. 
Ils  sont  vraiment  très-jolis. 

KwANG  KiXG  Gany. 
Age  :  treize  ans. 
East  Hampton  (Massachusetts).  3^  détachement. 

Un  an  et  un  mois  de  séjour. 


:23-i  GUAMMAU    SCHOOLS. 


16:2.  —  i/iiivEU. 

(!et  hiver  nous  n'avons  pas  beaucoup  patiné,  nous  n'avons 
pas  l)eaucoup  glissé  le  long  de  la  colline.  Il  ne  faisait  pas  assez 
froid  pour  qu'on  pût  faire  de  bonnes  glissades.  Quelquefois  les 
daines  et  les  garçons  vont  patiner.  Très-souvent  ils  se  blessent, 
et  quelquefois  ils  tombent  sur  la  glace.  Alors  l'eau  paraît  très- 
froide. 

L'hiver  dernier  il  y  avait  des  «  ice-boats  »  (1)  sur  la  rivière. 
Ils  allaient  très-vite.  Ils  avaient  des  voiles  sur  leurs  mâts  el 
lorsque  le  vent  soufflait  nous  avions  de  la  peine  à  les  suivre 
en  patinant. 

L'hiver  dernier  nous  avons  fait  en  traîneau  une  charmante 
promenade  d'environ  21  milles.  La  neige  était  si  dure  et  il  y 
avait  tant  de  monde  dans  le  traîneau  que  le  palonnier  s'est 
brisé  trois  fois.  Xous  nous  sommes  arrêtés  chez  un  monsieur, 
(jui  nous  a  donné  un  fort  bon  dîner  et  nous  avons  joué  à  beau- 
coup de  jeux.  Quand  nous  sommes  rentrés,  il  faisait  tout  à  fait 
nuit,  et  nous  ne  voyions  rien  eu  traversant  les  bois.  Nous  ne 
voyions  que  les  arbres  défiler,  car  le  traîueau  allait  très-vite. 
Les  chevaux  ont  descendu  au  grand  galop  une  colline  d'envi- 
ron un  demi-mille  de  long.  IVous  avons  chanté  pendant  toute  la 
route  en  retournant  chez  nous,  et  nous  faisions  un  tel  tapage 
que  les  gens  se  mettaient  aux  fenêtres  pour  voir  ce  qu'il  y 
avait. 

Cet  hiver  nous  n'avons  pas  fait  beaucoup  de  forts  ni  beaucoup 
de  cabanes  de  neige  ;  mais  quand  il  y  a  beaucoup  de  neige 
nous  faisons  de  très-jolis  forts.  Ensuite  nous  ramassons  des 
balles  de  neige  très-dures  et  nous  nous  les  lançons  d'un  fort  à 
l'autre.  Lorsque  nous  touchons  un  de  nos  adversaires  dans  le  fort 
opposé,  nous  le  mettons  de  notre  côté,  et  nous  continuons 
jusqu'à  ce  que  tous  les  adversaires  soient  pris. 

Kong  Kang  Ling. 
Age  ;  treize  ans. 
Stratford  (Conncclicut).  —  3'^^  délaclicmcnt. 

Un  an  et  trois  mois  de  séjour. 


(1)  Bateaux  munis  d'un   devant  en  fer  q\u  leur  permet  de  fendre 
la  iilace. 


TRAVAIL    DES    E>'FANTS    CHINOIS. 


235 


163. 


XV.  —  Dessin. 

ÉLÉMENTS   DE   PERSPECTIVE   d'APRÉS   LA   MÉTHODE 
DE   CLEVELAND. 

(2^  année.) 


Qiiest.  1.  —  Uue  représente  la  ligure  1  ? 
Rép.  —  La  figure  1  représente  un  carré  vu  de  face. 
Qaest.  2.  —  Qu'est-ce  qui  vous  fait  croire  que  ce  carré  est 
vu  de  face? 

Rép.  —  L'égalité  des  lignes. 

Quest.  3.  —  A  quoi  ressemble  la  figure  2. 

Rép.  —  Elle  ressemble  à  un  carré  tourné  à  gauche. 


FiG.    1. 


Qaest.   l.  —  Dans  quelle  position  représente-t-elle  l'objet? 
Rép.  —  Elle  le  représente  placé  très-haut. 
Quest.  5.  —  Qu'est-ce  qui  lui  donne  l'air  d'être  tourné  ? 
Rép.  —  Ce  qui  lui  donne  l'air  d'être  tourné,  c'est  qu'il  est 
étroit. 

LizziE  V. 
Cleveland  (Ohio).  Brownell  SchooL 


-236 


GRAMMAR  SCHOOLS. 


(3*^  année.) 
Dessinez  une  croix  placée  très-haut  et  tournée  à  2:auclje. 


^ 


F==J 


tj 


Joseph  S. 
Asre  :  onze  ans 


Cleveland  (Ohio).  Clark  School. 


164.   —  DESSIN   DICTÉ. 
{■i''  année.) 

i.  Représentez  une  croix  dans  une  position  verticale,  placée 
haut  et  tournée  à  droite  ;  avec  le  grand  carré  pendu  au  hras  le 
plus  proche  de  la  croix  et  non  tourné  (fig,  1). 

2.  Représentez  une  croix  dans  une  position  verticale,  placée 


TRAVAIL   DES   ENFANTS    CHINOIS. 


237 


haut,  et  un  peu  tournée  à  gauche  ;  avec  le  grand  carré  pendu 
au  bras  le  plus  éloigné  de  la  croix  et  tourné  (fig.  2). 

Henry  G. 

Age  :  onze  an'«. 
Cleveland  (Ohio).  Outwait  School. 


b 


Fig.  I. 


FiG.  -2. 


165.  —  DESSIN. 
(5*  année.) 

Qiiesi.  1.  —  Dites  si  cette  image  (voir  la  figure  à  la  p?ge 
précédente)  représente  une  croix  placée  haut  ou  placée  bas,  et 
donnez  la  raison  de  votre  opinion. 

Rép.  —  Cette  image  représente  une  croix  placée  haut  parce 
({ue  la  ligne  supérieure  est  en  biais. 

Qiiest.  2.  —  Dans  quelle  position  serait  la  croix  représentée 
par  cette  image  tournée  le  haut  en  bas? 

Rép.  —  Elle  serait  placée  bas. 

Qiiest.  3.  —  Dites  si  cette  image  représente  une  croix  tour- 
née à  droite  ou  à  gauche,  et  donnez  la  raison  de  votre  opinion. 

Rép.  —  Cette  image  représente  une  croix  tournée  à  gauche, 
parce  qu'elle  est  placée  haut,  et  si  elle  est  placée  haut,  la  ligne 
supérieure  sera  inclinée  vers  la  gauche  et  sera  la  plus  inclinée. 


238 


GHAMMAR   SCIIOOL? 


Quest.  i.  —  Dites  si  celte  image  représente  une  croix  tour- 
née un  peu  ou  ])eaucoup,  et  donnez  la  raison  de  votre  opinion. 

Bép.  —  Cette  image  représente  ime  croix  tournée  beaucoup, 
parce  que  les  lignes  sont  beaucoup  inclinées. 

Quest.  5.  —  Quelle  diflerence  y  a-l-il  entre  l'image  d'un 
carré  placé  haut  et  tourné  à  gauche,  et  l'image  d'un  carré 
placé  bas  et  tourné  à  gauche  ? 

R('p.—  Dans  la  première  les  lignes  descendent  vers  la  gauche, 
et  dans  la  seconde  elles  montent  vers  la  gauche. 


U 


Bell  1). 
Age  :  onze  ans. 


Cleveland  (Ohioi.  Rockwell  School. 


1()6.  —  DESSIN    d'objets. 
(6'  année). 

Avis  au  maître  sur  la  manière  de  placer  les  modèles: 
Placez  le  support  au  milieu  de  la  salle,  en  face  des'élèves. 


TUAVAIL   DES    ENFANTS    CHINOIS.  239 

Mêliez  la  croix  sur  le  support  en  la  penchant  en  avant,  sus- 
pendez-y les  deux  carrés  de  telle  sorte  que  leur  diagonale  soit 
verticale. 

Représentez  ce  groupe  d'objets. 


William  B. 

Age  :  onze  ans. 
Cleveland  (Ohio).  Kentucky  School. 


Bien  que  l'Exposition  contînt  de  très-nombreux  dessins  d'élèves 
d'après  la  méthode  actuellement  la  plus  répandue  aux  États-Unis  et 
une  des  meilleures  qui  existent,  celle  de  Walter  Smith,  directeur  de 
l'école  normale  d'art  à  Boston,  nous  n'essayons  pas  d'en  reproduire 
ici  la  série,  qui,  pour  être  comprise,  demanderait  un  trop  grand 
développement.  Nous  nous  bornons  à  renvoyer  à  l'excellent  Manuel 
pour  renseignement  du  Dessin,  qui  comprend  un  volume  et  des  cahiers 
(t'excrcices  pour  tous  les  degrés.  fPransf,  éditeur  à  Boston.) 


HIGH   SCHOOLS 

(Écoles  supérieures  pour  les  deux  sexes,  analoijucs  aux 
écoles  primaires  supérieures  de  Paris  et  aux  établissements 
d'enseignement  secondaire  spécial.) 


r-^  SECTION.  —COMPOSITIONS  LITTERAIRES. 

I.  —  Récits  scolaires. 

1.    —  LE   JOUR    DE    JUIN. 

—  Filles,  si  nous  faisions  un  pique-nique?  dit  Carne,  à 
la  première  récréation,  pendant  que  nous  étions  réunies  en 
groupes  dans  la  grande  salle. 

—  Oh!  cela  serait  magnifique,  oui,  mais  cela  ne  se  peut  pas! 
répondirent  toutes  les  filles  en  chœur. 

—  Je  ne  vois  pas  ce  qui  nous  en  empêcherait,  dit  Carrie. 

—  Mais  est-ce  que  nous  avons  un  a.  Jour  de  Juin  d  ?  de- 
manda Kate,  d'un  air  songeur. 

—  Mais  oui,  nous  en  avons  tous  les  ans,  nous  en  avions 
encore  un  l'année  dernière. 

—  Mais  je  sais  que,  d'après  le  nouveau  règlement,  on  ne 
nous  donne  plus  le  «  premier  juin  )>,  dit  Mary. 

—  C'est  par  trop  fort  !  Alors  que  ferons-nous  ?  dit  Emma. 

—  Envoyons  une  pétition  au  Comité,  dit  Carrie,  qui  ne 
lâchait  pas  son  idée. 

—  Mais  oui,  Carrie  a  raison,  dit  Lena.  Ne  vous  souvenez - 
vous  pas  que  l'année  dernière  les  garçons  ont  eu  le  «  Jour  », 
en  envoyant  une  pétition?  Pourquoi  ne  l'aurions-nous  pas  comme 
eux? 

—  Que  toutes  celles  qui  veulent  qu'on  envoie  un  pétition  au 
Comité  disent  :  «  moi  !  »,  dit  Carrie. 

Toutes  les  lèvres  prononcèrent  en  même  temps  le  mot 
«  moi  ;). 

16 


242  HIGII   SCIIOOLS. 

La  cloche  sonna  et  nous  abandonnâmes  notre  intéressant 
pique-nique  pour  aller  réciter  nos  leçons  <le  français  et  de 
botanique.  Le  lendemain  la  pétition  fut  rédigée,  et  toutes  les 
filles  la  signèrent.  Dans  l'après-midi  cinq  d'entre  nous  la  por- 
tèrent au  Président  du  Comité.  En  arrivant  à  la  porte  de  la 
rue,  nous  eûmes  un  moment  d'hésitation  :  laquelle  présenterait 
la  pétition  ? 

Nous  fûmes  toutes  d'avis  que  ce  devait  être  Carrie  et  nous 
lui  promîmes  de  répondre  à  toutes  les  questions  qu'on  pourrait 
faire.  Après  l'avoir  enfin  engagée  à  dire  oui,  nous  continuâmes 
notre  chemin  jusqu'à  la  seconde  })orte,  où  nous  nous  arrêtâmes 
pour  rappeler  tout  notre  courage  avant  d'entrer. 

Nous  frappons  et  on  nous  reçoit  avec  beaucoup  de  cordialité. 
Le  monsieur  lit  notre  pétition.  Après  nous  avoir  demandé  quelles 
étaient  les  raisons  qui  nous  avaient  engagées  à  la  présenter,  il 
dit  qu'il  croit  que  ce  pique-nique  sera  très-agréable,  qu'il  est 
parfaitement  disposé  à  nous  accorder  ce  que  nous  demandons, 
et  qu'il  consultera  à  ce  sujet  les  autres  membres  du  Comité. 

Le  lendemain  il  vint  à  l'école  et,  après  nous  avoir  adressé 
quelques  bonnes  paroles  et  quelques  encouragements,  il  nous 
annonça  une  décision  favorable.  Samedi  les  filles  se  réunirent 
dans  la  salle  de  récitation  et  nommèrent  des  comités  chargés 
de  se  procurer  des  nappes  et  de  dresser  les  tables.  Il  fut  décidé 
que  chaque  fille  apporterait  deux  citrons  et  assez  de  sucre 
pour  les  sucrer,  une  cuiller  à  pot  et  un  hamac  si  elle  en  avait. 
On  résolut  aussi  d'adresser  une  invitation  écrite  aux  jeunes 
messieurs,  car  ils  étaient  très-cérémonieux  et  ils  ne  seraient 
pas  venus  sans  cela.  Ensuite  on  agita  la  question  de  savoir  où 
on  irait. 

Après  avoir  consciencieusement  passé  en  revue  les  nombreux 
endroits  charmants  qui  entourent  Portsmouth,  on  décida  en 
dernier  lieu  que  le  bois  de  Wendall,  dans  la  baie  de  Sagamore, 
était  l'endroit  le  plus  près  et  le  plus  agréable  où  nous  pussions 
aller.  Nous  prîmes  rendez-vous  à  l'école  à  8  heures,  ou  au  bas 
de  l'avenue  de  Uichard,  à  9  heures.  Tous  nos  arrangements 
ainsi  faits,  nous  n'eûmes  plus  qu'un  sujet  d'inquiétude  :  le 
temps  serait-il  beau?  La  journée  de  lundi  fut  charmante,  il 
n'y  avait  pas  un  nuage  au  ciel  ;  mais,  vers  le  soir,  il  s'éleva  un 
épais  brouillard  et  tout  annonça  un  orage  pour  le  lendemain. 

J'allai  me  coucher  ce  soir-là  le  cœur  plein  de  tristesse.  Le 
lendemain  matin  le  cœur  me  manqua  lorsque  j'ouvris  la  fenêtre  : 
toute  l'atmosphère  formait  un  nuage  immense.   Ce  matin-là 


COMPOSITIONS    LITTÉRAIRES.  243 

j'allai  bien  souvent  à  la  fenêtre,  regardant  tantôt  d'un  côté,  tan- 
tôt d'un  autre  et  essayant  de  me  persuader  que  le  temps 
s'éclaircissait  un  peu.  Mais  je  ne  pus  pas  décider  s'il  allait  ou 
non  pleuvoir,  et  ce  fut  au  milieu  de  celte  indécision  que  je 
partis  pour  l'école,  où  je  trouvai  les  élèves  rassemblées.  Quel- 
ques-unes avaient  des  paniers,  mais  la  plupart  n'en  avaient 
pas. 

—  Va-t-il  faire  beau?  demandai-je. 

—  Oui,  je  crois  que  oui,  le  vent  a  changé  un  peu,  dit  l'une. 

—  Le  baromètre  monte,  dit  une  autre. 

—  Eh  bien!  faisons-nous  le  pique-nique?  demandai-je. 
Personne  ne  répondit  à  ma  question,  car  personne  ne  savait. 

.Juste  à  ce  moment  une  fente  bleue  parut  au  ciel,  comme  pour 
me  répondre.  >'ous  acceptâmes  le  présage  et  celles  qui  n'avaient 
pas  leurs  paniers  coururent  aussitôt  les  chercher. 

Enfin  quatre  ou  cinq  d'entre  nous  qui  étaient  revenues  avec 
leurs  paniers,  partirent  pour  le  pique-nique.  Nous  n'avions 
encore  fait  que  quelques  pas  lorsque  Gertie  s'écria  : 

—  Le  vinaigre  s'échappe  de  la  bouteille  de  pickles  et  coule 
sur  toute  ma  robe. 

Dans  sa  précipitation,  elle  avait  porté  la  bouteille  le  haut 
en  bas  et  le  vinaigre  avait  très-naturellement  obéi  à  la  loi  de 
la  gravitation. 

Nous  nous  moquâmes  toutes  de  son  étourderie. 

—  Viens  chez  moi  laver  ta  robe,  lui  dit  Carrie. 

Elles  entrèrent  toutes  les  deux  chez  Carrie  et  nous  les  atten- 
dîmes dix  minutes,  qui  nous  parurent  dix  siècles. 

Nous  nous  remîmes  en  route  et  bientôt  nous  fûmes  sur  le 
chemin  qui  conduit  à  l'avenue  de  Richard.  C'est  alors  que 
nous  rejoignîmes  une  demoiselle  qui  portait  avec  beaucoup  de 
peine  un  panier  presque  aussi  grand  qu'elle.  Nous  l'aidâmes 
naturellement  et  nous  arrivâmes  bientôt  à  notre  rendez-vous. 

Un  petit  nombre  de  nos  camarades  seulement  nous  attendaient, 
les  autres  étaient  parties  pour  le  bois.  Alors  nous  nous  mîmes 
en  marche  sans  nous  presser.  Le  soleil  brillait,  les  oiseaux 
gazouillaient,  la  nature  était  en  fête.  Nous  n'étions  pas  très- 
loin  lorsque  nous  rencontrâmes  deux  des  garçons  qui  s'en 
allaient  chercher  les  bagages  à  l'école  avec  la  voiture.  Toutes 
les  tilles  poussèrent  des  cris  de  joie  et  demandèrent  à  monter 
dans  la  voiture. 

Le  jeune  monsieur  nous  dit,  avec  beaucoup  de  galanterie,  de 
nous  y  «  empiler  5.  Elles  s'y  «  empilèrent  »,  les  unes  devant. 


"2-44  niGii  sciiooLS. 

les  autres  derrière,  quelques-unes  sur  les  cotés,  enfin  elles 
firent  si  bien  que,  d'une  façon  ou  d'une  autre,  elles  s'y  mii-ent 
toutes.  Je  fus  la  seule  qui  n'y  montai  pas. 

I.e  cheval  se  mit  à  ruer,  et  je  cherchais  un  moyen  de  me 
procurer  une  place  lorsque  vint  à  passer  un  monsieur  avec  un 
"^mOD  (sorte  de  cabriolet  à  quatre  roues)  contenant  deux  demoi- 
selles qui  allaient  au  pi(jue-nique  ;  il  dit  qu'il  y  avait  encore  de 
la  place  pour  une.  Je  profitai  avec  plaisir  de  celte  invitation,  et 
nous  partîmes  en  causant  et  en  riant,  pendant  que  de  l'autre 
voiture  s'élevaient  des  voix  qui  remplissaient  l'air  d'une  musi- 
que digne  d'un  pique-nique.  A  l'entrée  du  bois,  nous  descen- 
dîmes et  nous  nous  mîmes  en  devoir  de  trouver  le  reste  de 
notre  société. 

Le  bois  était  splendide.  Des  anémones,  des  violettes,  des 
fleurs  de  fraisier  et  des  plumes  de  pigeon  d'un  rouge  éclatant 
jonchaient  le  gazon  ;  les  touffes  de  mûres  et  de  prunelles  étaient 
en  fleurs  et  les  rayons  étincelants  du  soleil  passaient  à  travers 
le  feuillage  des  grands  pins. 

Enfin,  nous  aperçûmes  aune  petite  distance  quelques  paniers 
et  un  jeu  de  croquet,  et  quelques  minutes  ajtrès  nous  rejoignîmes 
huit  de  nos  camarades.  Elles  avaient  l'air  très-animé.  Les 
unes  étaient  assises  sur  l'herbe  ,  où  elles  ramassaient  les 
plumes  de  pigeon  pour  en  orner  leurs  chapeaux;  les  autres, 
réunies  en  groupes,  se  tenaient  debout  et  regardaient  les  gar- 
çons qui  étaient  montés  jusqu'au  haut  des  arbres  pour  atta- 
cher les  escarpolettes.  Quelques-unes  cherchaient  des  arbres 
pour  y  suspendre  les  hamacs.  Deux  des  garçons  suspendirent 
un  hamac,  etNellie  et  moi  nous  les  balançâmes  pour  les  remer- 
cier de  leur  complaisance. 

Nous  prîmes  ensuite  leurs  places  et  nous  nous  balançâmes 
jusqu'à  ce  que  les  petites  cordes  de  l'une  des  extrémités  se 
cassèrent.  Alors  nous  pensâmes  que  cela  ne  serait  pas  bien  de 
garder  le  hamac  plus  longtemps  quand  tant  d'autres  de  nos 
camarades  voulaient  se  balancer. 

Nous  ramassâmes  des  plumes  de  pigeon  et  nous  nous  assîmes 
pour  les  arranger  autour  de  nos  chapeaux,  pendant  qu'une  de 
nos  camarades  nous  mettait  dans  les  cheveux  de  jolies  petites 
branches. 

Lorsque  nous  nous  fûmes  bien  parées,  nous  allâmes  aux 
escarpolett<;s  et  nous  nous  fîmes  lancer  dans  l'air,  en  décri- 
vant des  courbes  dont  le  mouvement  était  délicieux.  Après 
nous  être  balancées,  nous  allâmes  nous  promener. 


COMPOSITIONS    LITTÉRAIRES.  245 

Le  bois  allait  en  pente  d'nn  côté  jusqu'à  la  baie  de  Saganiore  et 
nous  pouvions  voir  l'eau  scintiller  à  travers  les  arbres.  Nous  des- 
cendîmes sur  le  rivage  espérant  trouver  un  bateau  pour  nous; 
mais  au  moment  même  oîi  nous  arrivions,  le  bateau  partait  avec 
quelques  promeneuses.  Nous  nous  assîmes  pour  voir  voguer 
le  bateau  et  pour  en  attendre  le  retour.  Il  glissait  lentement 
à  la  surface  de  l'eau  et  bientôt  nous  ne  pûmes  plus  le  voir. 
Xous  nous  promenâmes  sur  le  rivage,  puis,  remontant  sur  la 
rive,  nous  nous  assîmes  et  nous  attendîmes  longtemps. 

Enfin  le  bateau  revient,  nous  y  montons  et  nous  nous  prome- 
nons dans  la  baie  et  sous  le  pont.  La  beauté  de  l'eau,  la  verdure 
([ui  couvrait  les  rivages  tout  autour  de  nous,  l'éclat  du  soleil 
et  l'azur  du  ciel  nous  charmaient. 

Nous  fendîmes  les  flots  jusqu'au  moment  oh  nous  ne  pûmes 
j»lus  voir  le  pont.  Je  pensais  que  nous  allions  bien  loin  et  que 
nous  nous  amuserions  bien  en  revenant,  lorsque  à.  ma  grande 
surprise  je  vis  la  tête  du  pont. 

—  Est-ce  que  nous  avons  tourné  ?  demaiidai-je. 

—  Tiens,  tu  ne  t'es  donc  pas  aperçue  que  nous  avons  fait  le 
lour  de  cette  petite  île. 

—  Non,  ma  foi  !  je  ne  savais  même  pas  qu'il  y  eût  une  île 
ici  ! 

Je  crois  que  j'avais  dû  rêver,  car  en  me  retournant  je  vis 
distinctement  la  petite  île. 

Lorsque  nous  eûmes  passé  sous  le  pont,  Nellie  et  moi  nous 
voulûmes  ramer.  Nous  changeâmes  de  places  et  nous  prî- 
mes chacune  une  rame.  Je  plongeai  d'abord  la  mienne  dans 
l'eau,  puis  elle  en  lit  autant.  Nous  ne  pouvions  pas  aller  en 
mesure.  Enfin  nous  nous  décidâmes  à  compter  et  nous  fîmes 
un  peu  mieux,  mais  nos  rames  persistaient  à  tourner  à  la  surface 
de  l'eau.  Notre  batelier  nous  dit  que  nous  «  péchions  des 
écrevisses  ».  Ensuite  nous  allâmes  assez  bien  en  mesure  et 
nous  ne  péchâmes  plus  d'écrevisses,  excepté  de  temps  en  temps  ; 
mais  noire  bateau  commença  à  adopter  un  singulier  mouve- 
ment de  rotation.  Nous  descendions  le  courant,  mais  la  «  fée 
des  eaux  »  semblait  s'amuser  à  nos  dépens,  en  nous  faisant 
décrire  un  cercle.  C'était  bien  singulier. 

La  fée  capricieuse  nous  porta  enfin  au  rivage.  Nous  trou- 
vâmes toutes  nos  camarades  qui  faisaient  de  la  limonade  et 
qui  dressaient  la  table  pour  le  dîner.  Nous  étions  convenues 
de  dresser  nos  tables  par  classes.  La  troisième  et  la  quatrième 
classes  réunies  préparaient  les  leurs  près  de   l'eau,  dans  un 


246  IIIGII   SCHOOLS. 

endroit  où  le  soleil  et  l'oiubrc  se  mêlaient  agréablement,  au- 
dessous  de  deuY  grands  j)iiis.  La  première  et  la  seconde  classe 
étaient  occupées  à  étendre  sur  leurs  tables  séparées  des  yàleaux, 
des  sandwichs,  des  citrons  et  du  sucre.  Nous  avions  un  baquet 
qui  nous  servait  de  réservoir  commun  pour  la  limonade,  car 
nous  pensions  qu'il  valait  mieux  la  faire  toutes  ensemble. 

Lorsqu'on  demanda  de  l'eau,  nous  nous  aperçûmes  avec  sur- 
prise que  la  seconde  classe  s'était  approprié  nos  seaux. 

—  Pourquoi  donc  ne  faites-vous  pas  votre  limonade  avec  tout 
le  monde?  demanda  quelqu'un. 

—  Le  baquet  est  neuf  et  on  a  le  goût  de  la  peinture,  répon- 
dirent-elles, et  elles  continuèrent  à  presser  leurs  citrons. 

Nous  nous  procurâmes  d'autres  seaux  pour  apporter  de  l'eau, 
et  je  surveillai  la  confection  de  la  limonade  avec  le  plus  grand 
intérêt.  On  mit  d'abord  dans  le  baquet  la  glace,  puis  l'eau;  on 
y  vida  ensuite  tous  les  petits  paquets  de  sucre  que  l'on  put 
trouver.  Alors  un  des  garçons  coupa  les  citrons  et  un  autre 
les  pressa  avec  un  instrument  fait  exprès,  dans  un  seau  d'où 
l'on  versa  le  jus  glacé  dans  le  baquet.  On  agita  vigoureusement 
ce  mélange  avec  les  couteaux  qui  avaient  servi  à  couper  les 
citrons. 

Comme  cette  boisson  avait  bonne  mine!  Il  y  avait  seulement 
une  infinité  de  petits  points  noirs  qui  flottaient  à  la  surface  et 
dont  nous  ne  pûmes  pas  d'abord  expliquer  la  présence,  mais 
quelqu'un  dit  que  c'était  la  coutume  de  relever  ainsi  le  goûl 
de  la  limonade  dans  tous  les  pique-niques.  Cette  déclaration 
bannit  tous  nos  scrupules  et  nous  remplîmes  nos  verres.  C'était 
exquis  !  De  ma  vie  je  n'ai  bu  de  meilleure  limonade! 

On  annonça  alors  le  dîner.  Au  centre  de  la  table  était  un 
charmant  bouquet  de  fleurs  dans  un  verre  de  limonade,  car  on 
avait  employé  toute  l'eau.  La  nappe  était  abondamment  cou- 
verte de  bonnes  choses,  que  le  grand  air  et  l'exercice  nous 
avaient  mises  en  état  d'apprécier. 

Pendant  que  tout  le  monde  babillait  joyeusement  autour  de 
la  table,  deux  garçons  de  la  seconde  classe,  qui  étaient  trop 
timides  pour  venir  s'asseoir  avec  nous,  jouaient  au  croquet. 
J'aime  beaucoup  le  croquet,  mais  pas  assez  pour  en  dîner. 

Après  dîner  nous  nous  amusâmes  comme  auparavant.  Nous 
nous  balançâmes,  nous  nous  promenâmes,  nous  fîmes  des  par- 
ties de  croquet  ;  et  Carrie,  Nellie  et  moi  nous  fîmes  une  autre 
promenade  délicieuse  sur  l'eau.  Lorsque  nous  revînmes  au 
rivage,  toutes  nos  camarades   couraient  de  tous  côtés  pour 


COMPOSITIONS   LITTÉRAIRES.  "247 

chercher  les  serviettes,  les  assiettes  et  divers  objets  dont  elles 
étaient  responsables. 

■ — Quelqu'un  a-t-il  un  couteau  qui  ne  lui  appartient  pas? 
disait  l'une  d'elles. 

—  Où  est  ma  timbale?  Quelqu'un  a-t-il  vu  mon  assiette? 
criait  une  aulre. 

—  Je  ne  puis  retrouver  qu'une  de  mes  serviettes,  vociférait 
une  troisième. 

Enfin  tout  se  retrouva  et  le  panier  contint  un  mélange  confus 
de  cordes  à  panier  et  de  jeux  de  croquet. 

Voulant  cueillir  quelques  fleurs  sauvages,  je  restai  un  peu  en 
arrière  avec  une  de  mes  camarades,  et  nous  fîmes  un  charmant 
bouquet  de  jolies  fleurs.  Le  soleil  couchant  dorait  de  ses  rayons 
tout  le  bois,  qui  avait  été  si  beau  pendant  la  journée  que  nous 
aurions  presque  désiré  y  rester  pour  toujours.  Mais  les  moments 
les  plus  agréables  ne  peuvent  pas  toujours  durer  et,  comme  la 
Toixdenoscojnpagnes  se  perdait  déplus  en  plus  dans  le  lointain, 
nous  quittâmes  à  regret  l'ombre  des  pins,  oîi  nous  avions  passé 
l'une  de  nos  plus  agréables  journées.  Nous  rejoignîmes  bien- 
tôt nos  compagnes  et  nous  regagnâmes  lentement  nos  demeures 
aux  derniers  rayons  de  «  ce  jour,  qui  périssait  silencieusement 
de  sa  propre  beauté.  » 

JosiE  P. 
Portsmouth  (New  Hampshire). 


2.   —    LE   .JOUR   d'examen. 

Le  7  février  nous  avons  commencé  nos  examens  pour  le  Cen- 
tenaire. C'est  un  jour  redouté,  très-diflicile  pour  ceux  qui  ne 
savent  rien. 

Le  jour  était  magnifique,  le  ciel  était  pur  et  tout  le  monde 
était  très-heureux.  Avant  d'écrire  notre  composition  sur  le 
Centenaire,  nous  primes  nos  ardoises  ou  notre  papier,  et  nous 
commençâmes  par  la  composer,  afin  de  ne  pas  faire  de  fautes. 

La  maîtresse  était  assise  dans  sa  «  tribune  rostrale  »,  d'où 
elle  regardait  les  devoirs  que  nous  écrivions  sur  a  le  livre  », 
sujet  très-intéressant.  11  y  avait  quelques  élèves  qui  avaient 
envie  de  rire  et  de  jouer,  ce  qui  l'ennuyait  beaucoup.  Elle  dé- 


248  HIGH    SCHOOLS. 

couvrit  un  élève  qui  so  cachait  dans  sou  pupitre  et  (jui  déran- 
geait ses  voisins  ;  elle  le  fit  chan,iier  de  place. 

1/après-midi  s'écoula  très-vite  et  les  élèves  étaient  très-con- 
tents [-arce  qu'ils  étaient  très-fatigués. 

ISADOR  (i. 
Age  :  quinze  ans. 
Aurora  (Illinois). 


o.  —  LES   ECOLIERES. 

l.es  écolières  sont  des  conglojnérats  d'une  structure  bien 
écailleuse  :  lés  unes  ressemblent  au  mica,  elles  sont  décidé- 
ment minces  ;  les  autres  ressemblent  au  talc  et  sont  terrible- 
ment douces  ;  il  y  en  a  qui  sont  tout  à  fait  comme  le  gneiss,  ce 
sont  celles  qu'on  a  destinées  à  être  maîtresses  d'école,  mais 
qui,  au  lieu  de  servir  à  paver  le  chemin  de  la  science,  ne 
seraient  guères  bonnes  qu'à  meurtrir  ceux  qui  y  passent  (1). 
Je  crois  bien,  d'après  la  Bible,  qu'elles  ont  été  formées  d'ar- 
gile, mais  ce  devait  être  une  argile  bien  défectueuse  ["2).... 

Maintenant  donnons  un  petit  coup  sur  la  joue  des  écolières. 
N'allez  pas  croire  que  je  vais  eu  embrasser  une,  je  veux  seule- 
ment faire  quelques  observations  sur  une  de  leurs  qualités, 
celle-là  même  que  possèdent,  dit-on,  à  un  très-haut  degré,  les 
agents  d'assurance.  L'une  d'elles  se  précipite  sur  vous  avant 
(jue  vous  ayez  pu  l'éviter  :  «  Oh  !  avez-vous  des  bonbons  ?  j> 
s'écrie-t-elle  en  fouillant  dans  votre  poche.  Mais  au  lieu  de 
bonbons  elle  ne  trouve  que  votre  mouchoir  de  poche,  et,  fu- 
rieuse de  n'avoir  pas  de  «  nanan»  (3),  elle  agrippe  votre  mou- 
choir, et  vous  enlèveriez  à  un  avare  son  or  plutôt  qu'à  ce  petit 
démon  votre  propriété. 

lue  autre  qualité  principale  de  ces  conglomérats  est  bien 
désagréable  :  s'il  vous  arrive  d'être  assis  à  côté  de  l'une  d'elles 
à  l'école,  elle  vous  donnera  des  coups  de  pied,  vous  tirera  les 
cheveux,  marchera  sur  vos  cors;  et  si  vous  vous  plaignez,  elle 


(1)  Jeu  de  mots  dans  le   texte  sur  flagging   (paver  de    dalles)  et 
pogging  (fouetter). 

{'2\  Autres  jeux  de  mots  intraduisibles. 
(oj  Texte  :  goodies. 


COMPOSITIONS    LITTÉRAIRES.  249 

VOUS  J)attra  comme  plâtre,  en  vous  souriant  juste  assez  pour 
vous  empêcher  d'éclater. 

Elles  ont  aussi  un  grand  fonds  de  sentiment,  et  elles  disent 
en  soupirant  qu'elles  ne  sont  jamais  plus  tristes  que  lorsqu'elles 
chantent  ;  c'est  précisément  le  cas  de  leurs  auditeurs. 

xMais,  jeune  homme,  j'espère  qu'il  viendra  un  moment  oij 
l'on  cessera  de  se  jouer  de  toi  de  cette  façon,  et  où  tu  leur 
rendras  toutes  leurs  impertinences. 

Charles  S. 
Age  :  seize  ans. 
Littleton  (New  Hampshire). 


4.  —  NOS   ECOLES   PUBLIQUES. 

Le  système  de  nos  écoles  communales  est  tel  que  tout  en- 
fant peut  les  suivre  et  qu'il  a  le  droit  de  profiter  de  l'éducation 
qu'on  y  donne,  qu'il  ait  ou  non  de  l'argent  pour  payer  la  ré- 
tribution scolaire. 

(les  écoles  permettent  d'instruire  le  peuple  et  empêchent 
notre  nation  de  se  laisser  gouverner  par  la  superstition  et  par 
le  fanatisme. 

Elles  nous  débarrassent  du  bûcher,  et  donnent  aux  hqmmes 
la  liberté  de  parler  selon  leur  croyance. 

<rest  g-râce  à  elles  que  nous  n'employons  pas  les  expressions 
lie  «  Votre  Majesté  »  et  de  «  Mon  Seigneur  ». 

Sans  ce  système,  qui  répand  les  maisons  d'école  dans  tout 
notre  pays,  la  masse  des  habitants  ressemblerait  à  des  trou- 
peaux de  bêtes  brutes,  conduites,  persuadées  et  trompées  par 
des  démagogues,  par  des  voleurs,  par  des  coquins,  jusqu'à  ce 
<jue  notre  gouvernement  républicain  se  fût  changé  en  monar- 
chie. 

Alors,  comme  autrefois,  nous  entendrions  parler  d'excommu- 
nications et  de  sentences  de  mort  pour  désobéissance  aux  lois 
de  religions  établies.  Alors  des  centaines  et  des  milliers  de 
personnes  seraient  jetées  au  feu  ou  conduites  à  l'échafaud  à 
cause  de  leur  foi  religieuse. 

Celui-là  seul  (jui  ne  craindrait  pas  la  mort  oserait  exprimer 
une  pensée  contraire  à  la  croyance  établie.  On  verrait  se  re- 
nouveler ces  voyages  vers  les  rives  lointaines,  où  l'on  irait 
braver  les  dangers,  et  vivre  dans  la  terreur  des  sauvages  pour 
pouvoir  adorer  le  Seigneur  en  liberté. 


1250  HIGH   SCIIOOLS. 

11  n'y  a  rioii  de  si  dangereux  pour  la  liberté  que  r«Uablisse- 
ment  d'une  Église  nationale,  qui  ne  peut  subsister  que  par 
l'ignorance  du  peuple.  Cet  e:tablissenient  est  dangereux;  car,  à 
moins  que  le  monde  ne  devînt  meilleur,  aucune  Église  existante 
ne  tolérerait  longtemps  que  l'on  fît  de  l'opposition  à  ses 
croyances  si  elle  avait  le  pouvoir  de  l'empêcher.  Or,  pour  obte- 
nir ce  pouvoir,  elle  emploierait  tous  les  moyens  de  renverser 
notre  gouvernement. 

Si  l'on  peut  juger  de  l'avenir  par  le  passé,  sans  nos  écoles, 
et  sans  l'instruction  qui  est  généralement  répandue  dans  notre 
peuple,  il  arriverait  que  certains  hommes  feraient  tout  leur 
possible  pour  devenir  très-populaires,  et  alors  ils  se  déclare- 
raient les  chefs  de  cette  nation,  et  traîneraient  dans  la  poussière 
le  drapeau  rayé  et  semé  d'étoiles. 

Sans  nos  écoles,  la  sagesse  serait  le  partage  d  un  bien  petiî 
nombre,  et  l'ignorance  serait  la  condition  de  la  grande  majo- 
rité :  on  verrait  partout  le  vice;  l'anarchie  et  le  désordre 
régneraient  dans  notre  pays. 

Si  la  masse  du  peuple  était  ignorante,  comme  il  serait  facile 
aux  tyrans  de  détruire  ce  droit  sacré  de  vote,  droit  cher  au 
citoyen  et  qui  doit  être  protégé  comme  tous  ceux  qui  lui  sont 
chers,  et  sans  lequel  il  ressemble  à  la  paille'emportée  et  brisée 
par  le  vent. 

D'un  autre  côté,  grâce  à  nos  écoles,  d'un  pauvre  enfant 
tout  déguenillé  on  fait  un  grand  homme  d'État,  d'un  écolier  ' 
aux  mains  sales  on  fait  un  grand  orateur  ;  et,  au  lieu  d'un  pays 
plein  de  pauvres  êtres  vivant  dans  la  dépendance,  nous  avons 
une  nation  dont  chaque  membre  peut  dire  et  dit  en  effet  :  «  .Je 
ne  reconnais  pas  de  supérieur.  »  Au  lieu  d'une  armée  faible 
contre  les  envahisseurs  étrangers,  nous  pouvons  nous  vantei' 
d'avoir  une  armée  dont  chaque  soldat  est  un  habile  général, 
une  armée  capable  de  résister  aux  forces  du  monde  réunies, 
une  armée  qui,  à  l'abri  du  cher  vieux  drapeau,  marcherait  à 
la  mort  plutôt  que  d'accepter  l'autorité  d'un  monarque  ou 
d'une  foi  religieuse. 

Mes  amis,  aujourd'hui  on  fait  des  efforts  désespérés  pour 
détruire  ce  système,  et  un  jour  pourra  venir  oîi  cette  question  : 
((  Écoles  publiques  ou  non  »,  sera  posée  devant  le  peuple.  Si  ce 
jour  arrive  jamais,  rendons  par  nos  votes  ce  système  si  fort 
que,  lorsque  le  brillant  soleil  se  lèvera  pour  la  dernière  fois 
<lans  l'Orient  et  accomplira  sa  carrière  pour  aller  se  jeter  dans 
le  lit  doré  de  l'Occident,  les  plis  de  soie  de  notre  bannière 


COMPOSITIONS    LITTÉRAIRES.  :251 

constellée  puissent  tlotter  sur  «  le  foyer  des  braves  et  la  terre 
des  libres  institutions  ». 

Il  est  vrai,  personne  n'en  peut  douter,  que  notre  système 
d'écoles  communes  est  la  base  sur  laquelle  repose  notre 
(Gouvernement  actuel,  et  il  est  également  vrai  que,  si  cette  base 
n'était  pas  maintenue,  le  Gouvernement  tomberait.  Mais  j'espère 
que  vous  vous  lèverez  tous  avec  moi  pour  soutenir  cette  liberté 
et  que  l'on  verra  les  générations  à  venir  soutenir  également 
les  écoles  communes  ainsi  que  tous  nos  autres  droits  et 
notre  drapeau  rayé  et  constellé  d'étoiles,  et  j'espère  : 

«  Que  la  gloire  de  ces  étoiles  augmentera  jusqu'à  l'accom- 
plissement des  temps,  jusqu'à  ce  que  le  monde  ait  terminé  sa 
mission  sublime  et  que  toutes  les  nations  de  la  terre  soient 
réunies  en  une  seule.  » 

M.  Henry. 
Age  :  quinze  ans. 
West  des  Moines  (lowa). 


O.  —  LES   ECOLES   FRANÇAISES. 

C'est  tout  récemment  qu'un  système  d'écoles  tolérable  s'est 
établi  en  France.  Sous  l'ancienne  monarchie,  l'éducation  était 
à  ce  point  négligée  que  bien  peu  de  Français  savaient  lire  ou 
écrire. 

Pendant  la  première  moitié  de  ce  siècle  l'éducation,  loin  de 
progresser,  a  plutôt  décliné. 

En  1789,  quand  éclata  la  première  révolution,  il  y  avait  plus 
de  7:2  000  élèves  dans  les  écoles,  tandis  qu'en  1848,  avec  une 
population  beaucoup  plus  nombreuse,  le  nombre  des  élèves 
des  écoles  de  France  p'était  que  de  69  000. 

Au  moment  actuel,  30  pour  100  des  Français  ne  savent  ni 
lire,  ni  écrire. 

Dernièrement  encore  il  y  avait  beaucoup  de  districts  dans  la 
campagne  qui  ne  possédaient  aucune  école. 

Les  enfants  de  parents  riches  avaient  des  précepteurs  qui  les 
instruisaient  chez  eux,  tandis  que  les  enfants  des  pauvres  rece- 
vaient des  prêtres  une  instruction  fort  négligée,  ou  n'en  rece- 
vaient pas  du  tout. 

La  somme  d'ignorance  qui  existe  en  France  est  surprenante. 
.]'ai  entendu  parler  d'une  Française  qui  s'imaginait  que  tous 
les  Américams  étaient  des  nègres.  Une  autre  Française,  appar- 


^255  IIIGII    SCIIOOLS. 

tenant  à  la  haute  classe  de  la  société,  était  fort  étonnée  que  les- 
Américains  parlassent  anglais;  elle  se  ligurait  que  nous  avions 
une  langue  particulière.  Une  Française  très-élégante  était  per- 
suadée que  les  États-Unis  étaient  dans  le  Brésil  ;  une  autre 
croyait  qu'ils  faisaient  partie  de  l'Angleterre. 

Telles  sont,  nous  disent  les  voyageurs,  les  idées  absurdes 
que  se  font  les  Français;  elles  prouvent  (ju'ils  n'ont  pas  reçu 
une  instruction  convenal)le. 

Cependant  depuis  la  grande  guerre  avec  la  Prusse  les  hommes 
d'État  français  ont  vu  de  quelle  importance  il  était  d'avoir  de 
bonnes  écoles,  et  on  a  établi  un  nouveau  système  d'écoles  qui 
permet  à  chaque  petit  Français  de  recevoir  l'instruction. 

Leurs  écoles  ne  sont  pas  gratuites  comme  les  nôtres;  les 
parents  qui  ont  le  moyen  de  payer  la  rétribution  scolaire  pour 
leurs  enfants  la  payent,  mais  ceux  qui  n'ont  pas  le  moyen  de 
la  payer  peuvent  envoyer  leurs  enfants  à  l'école  sans  frais. 

Les  écoles  ne  sont  plus,  comme  elles  l'étaient  autrefois,  dans 
la  main  des  prêtres  catholiques. 

Dans  toutes  les  écoles  françaises  oii  les  fdles  et  les  garçons 
fréquentent  la  même  classé,  l'enseignement  ne  peut  être  donné 
que  par  des  institutrices  âgées  de  vingt  et  un  ans  au  moins 
et  ayant  prouvé  leur  capacité.  Les  écoles  sont  sous  la  surveil- 
lance d'un  comité  composé  du  maire  du  village  et  de  ses  con- 
seillers, du  prêtre  catholique  et  du  ministre  protestant. 

Outre  les  écoles  publi({ues,  il  y. a  en  France  des  écoles  fon- 
dées par  des  personnes  bienfaisantes,  et  où  les  enfants  de  leur 
secte  reçoivent  gratuitement  l'instruction. 

Le  gouvernement  a  aussi  établi  un  grand  nombre  d'écoles  du 
dimanche  (I).  Ces  écoles  du  dimanche  n'ont  pas  pour  but  de 
donner  l'instruction  religieuse  aux  élèves;  elles  sont  destinées 
aux  jeunes  ouvriers  sans  instruction  et  que  leurs  occupations 
empêchent  de  suivre  les  classes  ordinaires  qui  se  font  dans  les 
écoles  pendant  la  semaine. 

Carrie  il 
Age  :  quinze  ans. 
Sandiisky  (Ohio). 


(I)  Cours  d'adultes  et  classes  d'apprentis, 


COMPOSITIONS    LITTÉRAIRES.  253 

2«  SECTION  :  LITTÉRATURE. 

0.  —  l'esprit  et  l'humour. 

I .  L'esprit  : 

Qui  rabaisse  les  choses  élevées  :  deux  exemples. 
Qui  élève  les  choses  basses  :  un  exemple. 
Qui  présente  les  choses  au  moyen  d'images  par- 
ticulières :  quatre  manières. 
Qui  joue  sur  les  mots  :  les  énigmes,  les  rébus 
et  les  quolibets. 

L'esprit  est  ce  qui  surprend  l'àme  par  son  caractère  parti- 
culier. 11  ressemble  à  un  éclair  qui  disparaît  dans  les  ténèbres 
aussitôt  qu'on  l'a  aperçu.  L'esprit  contient  quatre  divisions 
que  nous  indiquons  ici  : 

1"  Celui  qui  rabaisse  les  choses  élevées  ; 

'^'^  Celui  qui  élève  les  choses  basses  ; 

3°  Celui  qui  présente  les  choses  au  moyen  d'images  parti- 
culières; 

i"  Celui  qui  joue  sur  les  mots. 

La  première  de  ces  quatre  espèces  d'esprit  a  pour  but  de 
changer  brusquement  les  pensées  d'une  personne,  et  de  les 
faire  passer  du  sublime  au  ridicule.  Ainsi  se  trouve  vérilié  ce 
proverbe  :  «  Il  n'y  a  qu'un  pas  du  sublime  au  ridicule.  »  Par 
exemple  on  comparera  la  voix  majestueuse  de  la  tempête  au 
bruit  fait  par  un  enfant  à  qui  l'on  donne  le  fouet.  Autre 
exemple  :  Une  personne  qui. passait  dans  les  rues  de  Londres 
vit  un  homme  creuser  ce  qu'elle  supposait  être  une  tombe. 
Elle  demanda  à  qui  cette  tombe  était  destinée,  et  le  terrassier 
lui  répondit  :  «  Nous  posons  un  tuyau  de  gaz.  » 

A  la  seconde  espèce  d'esprit  se  rapporte  l'exemple  d'une 
dame  comparée  à  une  prêtresse,  parce  que  sa  table  de  toilette 
représentait  une  cérémonie  religieuse. 

La  troisième  espèce  d'esprit  peut  se  manifester  de  quatre 
manières.  D'abord  par  un  rapprochement  de  choses  qui  parais- 
sent être  opposées.  Par  exemple,  Fioger  de  Coverley  (1)  dit 
qu'il  aurait  donné  à  sa  veuve  «une  mine  de  houille  pour  qu'elle 
put  avoir  du  linge  blanc  et  qu'il  aurait  fait  étinceler  à  ses 
mains  cent  de  ses  plus  riches  arpents  »  (:2). 

(1)  Personnage  fictif,  inventé  par  Addison  dans  le  Spedator,  où  il 
est  le  type  du  gentilhomme  campagnard.  Voir  Tlie  Spectator,  n°  2, 
2  mars'l710-I7ll.  {Note  du  traducteur.) 

(2j  I  remember  my  friend  sir  PiOger  de  Coverley  told  me  some  time 


254  inc.H  SCHOOLS. 

11  semblerait  qu'une  mine  de  houille,  qui  est  noire  et  sale, 
serait  loin  de  lui  procurer  du  iinge  blanc. 

Deuxièmement  en  représentant  les  choses  de  telle  sorte 
(|u'elles  ne  tardent  pas  à  paraître  ridicules  ;  ainsi  on  croyait 
que  les  chevaliers  de  l'ancien  temps  pouvaient  lire  dans  l'âme 
de  ceux  qu'ils  regardaient. 

Troisièmement  en  attribuant  à  certaines  personnes  des  ver- 
tus qu'elles  ne  peuvent  pas  posséder.  Par  exemple,  lorsqu'on 
dit  que  les  malades  ne  se  plaignent  pas,  après  leur  mort,  des 
remèdes  que  leur  médecin  leur  a  donnés. 

Quatrièmement,  lorsque  l'on  présente  comme  merveilleux 
quelque  chose  de  très-ordinaire.  Par  exemple  cette  conversa- 
tion sur  le  mariage  que  Béatrix  termine  en  disant  à  Léonato  : 
((  J'ai  de  bons  yeux,  mon  oncle  :  je  puis  voir  une  église  en  plein 

La  quatrième  espèce  d'esprit  contient  les  jeux  de  mots.  C'est 
depuis  longtemps  le  genre  d'esprit  qui  a  le  plus  de  vogue. 
Cette  quatrième  division  pourrait  fournir  un  grand  nombre 
d'exemples. 

((  Sous  cette  pierre  gît  mon  épouse,  elle  se  repose  mainte- 
nant... et  moi  aussi,  »  etc. 
2.  L'humour  : 

Définition. 

Le  pathétique. 

Le  pathétique  mis  en  contact  avec  l'humour. 


since,  that  upon  his  courting  the  perverse  widow,  hc  had  disposed  ol 
an  hundred  acres  in  a  diamond  ring  which  he  would  hâve  prcsented 
her  with,  had  she  thought  fit  to  accept  il  :  and  that  upon  her  wed- 
ding-day  she  should  hâve  carried  on  her  head  fifty  of  the  tallest 
oaks  upon  his  estaté.  He  further  infonncd  me,  that  he  would  havc 
given  her  a  coal-pit  to  keep  her  in  clean  linen,  that  he  would 
hâve  allowed  her  the  profits  of  a  wind-mill  for  her  fans,  and  hâve 
prcsented  her  once  in  three  years,  with  the  shearing  of  his  sheep 
for  her  under  petticoats.  {The  Spectator;  n°29o,  7  février  1711-1712. 

(Note  du  traducteur.) 

(1)  Béatrice For   hcar  me,  Hcro;    wooing,   wedding,    and 

repenting,  is  as  a  Scotch  jig,  a  mcasure,  and  a  cinque  pace. 

Leonato.  —  Cousin,  you  apprehend  passing  shrewdly. 

Béatrice.  —   I   hâve  a  good   eye,  uncle;  I  can  sec  a  church    by 
daylight. 

(Shakspcarc,  Much  ado  about  nothing,  Acte  II,  Scène  i.) 

{Note  du  traducteur  ) 


COMPOSITIONS  LITTERAIRES.  ZOD 

L'humour  et  l'esprit. 

Comment  on  emploie  l'humour,  et  quand  on 
admit  pour  la  première  fois  sur  le  théâtre 
les  expressions  et  les  actions  singulières. 
A  quoi  sert  l'humour  ? 
Quel  est  le  but  du  ridicule  ? 

L'humour  est  le  plus  souvent  une  représentation  comique  des 
pensées  et  des  actions  des  personnes.  Il  présente  tout  sous 
un  jour  ridicule. 

Si  une  personne  a  réellement  du  chagrin,  si  la  douleur  lui 
fait  verser  des  larmes,  ce  n'est  plus  de  l'humour;  on  appelle 
ordinairement  cet  état  le  pathétique  :  il  est  exactement  opposé 
à  l'humour. 

Si  ces  deux  genres  sont  mis  en  contraste,  ils  augmentent 
beaucoup  l'effet  d'une  production  littéraire,  et  la  plupart  des 
écrivains  ont  recours  à  ce  moyen.  C'est  ce  qui  donne  tant  de 
*harmes  aux  romans  de  Dickens. 

L'humour  n'est  pas,  comme  l'esprit,  une  étincelle  qu'on  aper- 
çoit un  instant  et  qui  disparaît  dans  les  ténèbres,  mais  il 
peut  durer  pendant  tout  un  ouvrage.  Buckingham  dit  :  «  L'hu- 
mour est  tout,  on  ne  devrait  employer  l'esprit  que  pour  rehaus- 
ser quelque  belle  pensée.  » 

L'humour  forme  la  base  de  toute  littérature  comique.  Shakes- 
peare s'en  sert  à  chaque  instant  et  avec  beaucoup  d'effet  dans 
toutes  ses  pièces. 

On  a  regretté  que  l'humour  mis  sur  la  scène  ne  soit  pas 
d'un  caractère  très-pur.  Ce  défaut  ne  peut  pas  être  attribué  à 
un  manque  do  délicatesse  chez  les  auteurs  dramatiques.  Mais, 
lorsqu'on  mit  pour  la  première  fois  l'humour  sur  la  scène,  il  y 
a  plusieurs  siècles,  beaucoup  de  choses  qui  nous  révoltent 
maintenant  étaient  parfaitement  convenables.  Les  écrivains  de 
nos  jours,  pensant  qu'ils  devaient  suivre  l'exemple  de  leur  pré- 
décesseur, l'ont  imité  sur  ce  point  comme  sur  les  autres. 

L'humour  n'a  pas  d'autre  but  que  de  faire  rire. 

Lorsque  l'humour  se  change  en  un  mépris  piquant,  il  de- 
vient du  ridicule.  Le  but  du  ridicule  est  de  mettre  au  jour  les 
défauts  d'une  personne. 

3IATTIE   P. 
Age  :  quinze  aas. 
Rochelle,  comté  d'Ogle  (Illinois). 


:25G  HiGH  scnooLS. 


/.   —  DU  STYLE. 

Donnez  cinq  règles  pour  former  le  style. 

Réj).  —  1.  Méditez  soigneusement,  sérieusement  et  avec  pa- 
tience. 2.  Composez  souvent,  o.  Composez  lentement  et  soigneu- 
sement, i.  Relisez-vous  avec  soin.  5.  Evitez  les  affectations  cjui 
vous  empêcheraient  de  traiter  convenablement  votre  sujet. 

MiCHAEL    }{. 


Age  :  seize  an.^ 


Rochelle,  comté  d'Ogle  (Illinois). 


X.    —  ÉTUDES   LINGUISTD.:>UES. 

Quest.  —  Nommez  les  groupes  de  langues  qui  appartiennent 
à  la  famille  aryenne. 

Rép.  —  La  langue  aryenne  forme  les  groupes  suivants  :  hin- 
dou, iranien,  celtique,  italique  ou  romanique,  hellénique  ou 
grec,  teutonique,  letlique  ou  slavonique. 

Quest.  2.  —  Faites  le  tableau  des  langues  teutoniques. 
Rép.  — 

/  ,   Anglais. 

Bas  allemand.  .  ^  Flamand. 
f  Hollandais. 

Langues       )  i  >'orvégien. 

TEUTONIQUES  :    1  c^„«.7;««.,/p*i       '  Suédois. 


Scandinavien. 


Danois. 
Irlandais. 


,  Haut  allemand.  \  Allemand  moderne. 

Quest.  3.  —  Faites  brièvement  l'historique  des  différentes 
manières  par  lesquelles  les  éléments  celtiques  sont  entrés  dans 
l'anglais. 

Rép.  —  Les  habitants  primitifs  de  l'Angleterre  étaient  les 
tribus  celtiques,  qui  fournirent  beaucoup  de  mots  à  la  langue 
anglaise.  Le  pays  fut  conquis  à  diverses  époques  par  des 
peuples  d'origine  celtique  qui  apportèrent  avec  eux  et  y  intro- 
duisirent beaucoup  de  leurs  mots. 


GRAMMAIUE  ET  RHÉTORIQUE.  257 

Quest.  l.  —  Faites  un  court  exposé  des  acquisitions  latines 
et  de  leur  nature. 

Rép.  —  On  peut  diviser  les  acquisitions  latines  en  quatre 
périodes  : 

jre  Période.  —  L'Angleterre  fut  conquise  par  les  Ilomains, 
qui  la  conservèrent  de  -i3  à  126  après  Jésus-Christ.  Les  ha- 
bitants de  l'Angleterre  furent  complètement  romanisés.  La 
plupart  des  mots  latins  adoptés  par  les  Anglais  pendant,  cette 
période  furent  des  noms  de  lieux,  comme  castra,  un  camp; 
strata,  une  rue. 

i^, Période.  —  Le  latin  de  cette  période  est  dû  à  l'introduc- 
tion du  christianisme,  en  596,  par  saint  Augustin.  La  plupart 
des  mots  introduits  pendant  cette  période  se  rapportaient  à 
l'églf^e  et  à  ses  lois,  comme  service,  évêque,  baptême. 

3«  Période.  —  Le  latin  de  cette  période  est  dû  à  la  conquête 
franco-normande,  en  1066. 

Pendant  cette  période,  le  franco-normand  fut  la  langue  de  la 
haute  classe  ;  on  s'en  servit  dans  les  écoles,  dans  les  tribu- 
naux, etc.  Les  mots  latins  de  cette  époque  furent  adoptés  len- 
tement de  1066  à  1151.  Au  milieu  du  xiv""  siècle,  le  franco-nor- 
mand était  à  son  apogée  (1). 

4^  Période.  —  Le  latin  de  cette  période  est  dû  à  la  llenais- 
sance  des  sciences  pendant  le  xvi''  siècle.  On  adopta  alors 
beaucoup  de  mots  scientifiques. 

Quest.  5.  —  Quelle  fut  Tinlluence  du  franco  normand  sur  la 
grammaire  anglaise  et  sur  le  vocabulaire  anglais? 

Rép.  —  L'influence  du  franco-normand  sur  la  grammaire  an- 
glaise se  manifesta  par  une  tendance  à  supprimer  toutes  les 
inflexions  et  à  faire  de  l'anglais  une  langue  analytique  ;  les  in- 
tonations gutturales  furent  adoucies. 

L'influence  du  franco-normand  sur  le  vocabulaire  anglais  se 
manifesta  par  la  tendance  à  faire  disparaître  les  mots  anglo- 
saxons,  et  à  leur  substituer  des  mots  latins.  Les  traductions  de 
la  littérature  franco-normande,  les  sciences,  le  commerce  intro- 
duisirent aussi  des  mots  nouveaux. 

Quest.  5.  —  Nommez  les  principaux  dialectes  du  xiv*  siècle. 
Dites  comment  on  les  distinguait  les  uns  des  autres.  Citez  des 
exemples  de  chacun  d'eux. 

(1;  En  13G2,  le  roi  d'Angleterre  Edouard  III  substitua  dans  les  actes 
publics  et  devant  les  tribunaux  la  langue  anglaise  à  la  langue  franco- 
normande.  (Aofe  du  Traducteur.) 

17 


258  HIGII   SCHOOLS. 

Rép.  —  Les  principaux  dialectes  du  xiv*  si«''cle  étaient  : 

Le  Lowland,  parlé  au  sud  de  la  Tamise;  la  terminaison  de 
la  première  personne  du  pluriel  était  cth,  comme  ivc  habbeth^ 
pour  îve  hâve  (nous  avons). 

Le  Midland,  parlé  entre  la  Tamise  et  l'IIumber;  la  termi- 
naison de  la  première  personne  du  pluriel  était  en,  comme 
ice  habben  pour  ive  hâve. 

Le  Highland,  parlé  entre  l'Humber  et  l'embouchure  du 
Forth  ;  la  première  personne  plurielle  se  terminait  en  es  ou 
bien  n'avait  pas  de  flexion,  comme  ice  hâves  ou  wc  hâve  pour 
ive  hâve. 

Quest.  0.  —  Quelles  sont  les  raisons  qui  font  attribuer  à  l'an- 
glo-saxon les  mots  suivants:  r/ood  (bon),  old  (vieux),  quicken 
(hâter),  knock  (coup),  fathcr  (père),  goose  (oie),  sun  (soleil), 
three  (trois),  fourth  (quatrième)? 

Rép.  —  Good  et  old  sont  anglo-saxons,  parce  que  les  mots 
qui  expriment  des  qualités  sont  anglo-saxons.  Father,  parce 
que  les  premiers  mots  employés  dans  Tenfance  sont  anglo- 
saxons.  Goose,  parce  que  beaucoup  de  noms  de  volailles  et 
d'animaux  sont  anglo-saxons.  Sun,  parce  que  les  noms  des  ob- 
jets naturels  sont  anglo-saxons.  Three  et  fourth,  parce  que 
tous  les  nombres,  excepté  second  (second),  million  (million)  et 
billion  (billion),  sont  anglo-saxons. 

Quesi.  8.  —  Divisez  les  mots  suivants  en  simples,  composés, 
primitifs  ou  dérivés  :  may  (pouvoir),  weaken  (affaiblin,  snow 
(neige),  domestic  (domestique,  adj.),  northern  (septentrional), 
free-niKSon  (franc-maçon),  mine  (mine),  island  (île),  whiloni 
(jadis),  manly  (viril),  prépare  (préparer),  mankind  (l'huma- 
nité). 

Primitifs  :  may,  snow. 

Simple  :  mine. 

Dérivés:  weaken,  domestic, northern,  island,  manly,  prépare. 

Dérivés  composés  :  free-mason,  whilom,  mankind. 

Quest.  10.  —  Quelle  est  l'étymologie  de  ///,  ed  (1);  s,  et  eth 
de  la  o"  personne  singulier  des  verbes? 

Rép.  —  Ly  vient  de  l'anglo-saxon  like  (comme,  semblable). 
Ed  vient  de  l'anglo-saxon  did  (lit). 

(1)  Ly  est  un  suffixe  qui  sert  à  former  les  adverbes  de  manière, 
correspondant  au  français  meut. 

Ed  sert  ù  former  le  participe  passé  et  le  prétéri!.  des  verbes  régu- 
liers. (Note  du  Traducteur.) 


GRAMMAIRE    ET    RHÉTORIQUE.  259 

S  vient  de  l'iing-lo-saxon  sa  ou  se. 
Eth  vient  de  l'anglo-saxon. 

Quest.  II.  —  Analysez  les  mots  suivants  et  indiquez  l'étymo- 
logie  des  éléments  qui  les  composent  :  unanimous,  (unanime), 
insulate  (isoler),  affluence  (affluencei,  transient  (éphémère), 
dejed (?ih^{\.v^), propel  (pousser),  sustain  (soutenir),  bcnefactor 
(bienfaiteur),  extraction  (extraction). 

Rép.  —  Transient,  dérivé;  composé  du  préfixe  latin  trans 
et  de  la  racine  latine,  sient  (1). 

Affluence,  dérivé;  composé  du  préfixe  latin  ab,  signifiant 
hors  de,  et  de  la  racine  \^\'mtflii  (verbe  fluo,  couler);  ence  si- 
gnifie l'action  de. 

Deject,  d'^rivé;  composé  de  de  qui  signifie  en  bas;  la  racine 
eslject,  du  latin /ac/o,  lancer. 

Propel,  dérivé;  formé  du  préfixe  j;ro,  latin,  qui  signifie  en 
avant,  la  racine  esl  pel,  du  \siim  pello,  pousser  (ïl). 

Sustain,  dérivé;  composé  de  sus,  latin,  sous,  sur,  et  de  la 
racine  tain  (3),  du  latin  teneo,  tentum,  tenir. 

Benefactor,  dérivé;  formé  du  préUxe  bene,  bien,  et  delà 
racine  fac  de  facto,  factum,  agir  ou  faire  :  le  suffixe  or  désigne 
celui  qui. 

Extraction,  dérivé;  composé  de  ex,  hors  de,  et  de  la  racine 
tract  de  traho,  tirer;  ion  vient  du  latin  et  signifie  état  de. 

Louise  K. 

Age  :  dix-sept  ans. 
Milwaiikee  lAVisconsin). 


9.  —  QUESTIONS   SUR   L.\   PONCTUATION. 

1.  Ponctuez  les  phrases  suivantes  et  indiquez  les  règles  que 
vous  appliquez  : 

Les  livres  qui  sont  les  dépôts  de  la  science  sont  une  partie 
indispensable  du  mobilier  d'une  maison. 

Il  y  a  de  la  barbarie  à  insulter  les  hommes  qui  nous  ont 
témoiç^né  de  la  bienveillance. 


(1)  Sic. 

(2)  L'élève  écrit  :  pelo,  pelsum. 

(3)  Sic. 


260  HIGH    SCHOOLS. 

Rép.  —  Je  ponctue  ainsi  ces  phrases  : 

Les  livres,  qui  sont  les  dépôls  de  la  science,  sont  une  partie 
indispensable  du  mobilier  d'une  maison. 

«  Qui  sont  les  dépôts  de  la  science  »  est  mis  entre  deux 
virgules  parce  qu'elle  est  une  proposition  relative,  non  restric- 
tive. 

Il  y  a  de  la  barbarie  à  insulter  les  hommes  qui  nous  ont 
témoigné  de  la  bienveillance. 

La  proposition  relative  dans  cette  phrase  est  restrictive,  et 
ne  doit  pas  être  placée  entre  deux  virgules. 

Voici  la  règle  des  propositions  relatives  :  Il  faut  placer  entre 
deux  virgules  toute  proposition  commençant  par  un  pronom 
relatif  si  elle  n'est  pas  restrictive. 

2.  Donnez  trois  règles  pour  le  point-virgule,  et  appuyez 
chacune  d'elles  par  un  exemple. 

Rép.  —  Lorsqu'une  phrase  se  compose  de  deux  membres, 
et  que  l'un  de  ces  membres  ou  tous  les  deux  sont  subdivisés, 
la  plus  longue  division  doit  être  marquée  d'un  point-virgule. 
Ex.  :  Soyez  diligent;  car  vous  serez  amplement  récompensé. 

Lorsque  })lusieurs  phrases  sont  de  suite,  qu'elles  n'ont  entre 
elles  aucun  rapport  grammatical  et  qu'elles  ne  sont  unies  que 
par  le  sens,  elles  doivent  être  séparées  par  des  points-virgules. 
Ex.  :  Les  pierres  poussent;  les  végétaux  poussent  et  vivent;  et 
les  êtres  animés  poussent,  vivent  et  sentent. 

3.  Donnez  pour  les  deux  points  deux  règles  appuyées  sur  des 
exemples. 

Rép.  —  Lorsque  le  titre  d'un  livre  est  suivi  d'un  sous-titre 
alternatif  ou  explicatif,  si  ces  deux  litres  sont  réunis  par  la 
conjonction  ou,  il  faut  mettre  deux  points  avant  ou,  et  une 
virgule  après;  mais  s'il  n'y  a  pas  de  conjonction,  il  faut  séparer 
les  deux  titres  par  deux  points.  Ex.  :  La  rhétorique  :  science 
qui  traite  de  l'art  de  bien  dire. 

11  faut  employer  les  deux  points  avant  une  citation  directe. 
Ex.  :  Lowell  dit  :  -x  Y  a-t-il  rien  de  comparable  à  un  jour  de 
juin  (1)?  » 

(1)  There  is  no  pricc  set  on  llic  lavish  summer, 
And  Jiine  may  lie  liad  by  llic  poorest  conier. 
And  what  is  so  rare  as  a  daij  in  June  ? 
Then,  if  cver,  come  pcrfcct  days. 
James  RusscU  Lowell,  vol.  I.  Tlie- vision  of  sir  Launfal,  prélude. 

{yole  du  Traducteur.) 


GRAMMAIRE   ET    RHÉTORIQUE.  261 

6.  Donner  la  division  des  phrases  au  point  de  vue  de  la  rhé- 
torique, 

Eep.  —  La  rhétorique  divise  les  phrases  en  :  périodiques, 
décousues,  symétriques,  courtes  et  longues. 

7.  Ou'est-ce  qu'une  phrase  décousue?  L'ne  phrase  de  ce 
genre  est-elle  toujours  défectueuse? 

Rép.  —  Une  phrase  décousue  n'est  pas  toujours  défectueuse 
quoiqu'elle  le  soit  le  plus  souvent.  Une  phrase  décousue  est 
celle  qui  peut  se  terminer  à  deux  ou  à  plusieurs  endroits. 

Sophie  .1. 

Age  :  seize  ans. 
Bay  City  (Michigan). 


10.  —  ORIGINE   DES   LOCUTIONS   d'ARGOT. 

Les  lettres  sont  des  clefs  qui  enferment  dans  des  mots  les 
curiosités  de  l'histoire.  Rien,  en  effet,  ne  pourrait  donner  une 
idée  de  la  richesse  de  signification  contenue  dans  les  mots.  Ils 
ont  en  eux  wn  charme  indéfinissable  qui  nous  engage  à  en 
rechercher  l'origine.  >»os  recherches  ne  nous  satisfont  qu'autant 
qu'elles  ont  fait  luire  la  lumière  de  la  raison  sur  un  mot,  et 
qu'elles  nous  en  ont  ainsi  découvert  la  racine. 

L'étude  des  mots  ne  nous  permet  pas  seulement  de  suivre  la 
formation  et  le  développement  de  la  langue,  elle  nous  permet 
aussi  d'assister  au  développement  des  pensées  et  des  habitudes 
du  peuple.  Nous  voyons  qu'il  nous  manque  beaucoup  de  mots 
pour  exprimer  nos  idées.  Cette  pauvreté  de  la  langue  se  fait 
sentir  non-seulement  aux  enfants  et  aux  peuples  naissants,  mais 
encore  aux  hommes  faits  et  aux  nations  qui  ont  acquis  tout 
leur  développement.  Les  premiers  ont  recours  aux  comparai- 
sons, aux  métaphores  et  aux  aiftres  figures  du  discours;  les 
autres  les  reçoivent  toutes  faites  et  les  emploient  parce  qu'elles 
leur  paraissent  très-commodes  pour  tenir  lieu  de  ce  qui  leur 
manque,  ou  bien  simplement  parce  qu'ils  aiment  à  se  servir  du 
style  figuré. 

C'est  donc  d'abord  la  pauvfeté  de  la  langue  qui  force  les 
hommes  à  employer  la  même  expression  pour  désigner  des 
objets  ou  des  actes  complètement  différents.  F*lus  tard,  ils  veu- 
lent s'épargner  la  peine  d'inventer  un  nombre  infini  de  mots 
et  de  se  les  rappeler.  Un  mot  qui  a  été  inventé  pour  exprimer 


•262  IIIGII   SCHOOLS. 

une  idée  ou  une  chose  particulière,  sera  employé  pour  expri- 
mer une  autre  idée  ou  une  autre  chose  à  laquelle  on  suppose 
<|uelque  ressemhlance  avec  la  première.  Il  arrive  cependant 
quelquefois  que  ces  métaphores  et  ces  comparaisons  sont  trop 
obscures.  Lorsque  ces  ligures  tombent  dans  le  burlesque  ou 
dans  le  vulgaire,  nous  les  appelons  de  Vargot. 

En  examinant  une  expression  figurée  de  ce  genre,  par 
exemple  l'expression  He  lias  passed  in  hls  checks  (1),  nous 
voyons  qu'elle  ressemble  un  peu  aux  figures  qu'on  emploie  à 
l'origine  d'une  langue.  Cette  expression  tire  probablement  son 
origine  de  la  vivacité  avec  laquelle  certaines  personnes  sentent 
et  apprécient  la  relation  du  concret  à  l'abstrait.  Elles  ont 
comparé  l'iiomme  qui,  à  la  fin  d'un  voyage,  remet  ses  bulle- 
tins et  acquitte  ainsi  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  toute 
obligation  envers  lui,  à  un  homme  qui  a  été  libéré  de  tout  ce 
qu'il  devait  à  la  vie,  et  qui  a  donné  quittance  à  la  vie  de  tout 
ce  qu'elle  lui  devait.  Cette  expression  contient  une  compa- 
raison ou  une  métaphore  abrégée. 

Une  loi  curieuse  force  les  mots  à  faire  un  certain  stage  avant 
de  recevoir  l'empreinte  qui  leur  donne  cours  légal.  Tout  mot 
reste  pendant  quelque  temps  à  l'état  d'embryon  avant  d'avoir 
droit  de  cité  dans  la  langue.  Pendant  un  demi-siècle  peut-être, 
il  ne  trouvera  place  dans  aucun  Dictionnaire.  L'introduction 
dans  le  Dictionnaire  est  la  grande  épreuve,  et  lorsqu'un  mot 
l'a  passée,  il  peut  compter  sur  une  existence  plus  ou  moins 
longue. 

H  y  a  des  milliers  de  mots  qui  sont  nés  dans  l'argot  et  (|ui, 
plus  tard,  ont  été  adoptés  par  la  bonne  société.  Il  est  curieux 
d'observer  un  grand  nombre  de  nos  plus  nobles  expressions 
qui  reposent  sur  quelque  terme  libre  et  populaire,  sur  quelque 
réplique  qui  a  passé  de  bouche  en  bouche,  ou  dont  la  création 
spontanée  répondait  à  quelque  nécessité  du  moment. 

>'ous  avons  aussi  dans  notne  langue  des  mots  qui,  à  l'origine, 
désignaient  des  choses  ou  des  qualités  grandes  et  nobles,  et 
qui,  emportés  par  le  courant  irréguher  des  pensées  humaines, 

(1)  «  Il  a  remis  ses  bulletins  de  voyage,  »  c'est-à-dire  il  a  rendu  le 
dernier  coupon  du  livret  employé  en  Amérique,  comme  il  l'est  chez 
nous  dans  les  voyages  circulaires.  Des  auteurs  exidiquent  cette  locu- 
tion, qui  signifie  qu'un  homme  est  mort,  en  donnant  au  mot  cliecks 
le  sens  qu'il  a  dans  l'argot  des  joueurs  dans  les  États  du  Pacifique  : 
Counters  used  in  games  at  cards,  jetons  pour  compter  les  points  aux 
jeux  de  cartes.  {Note  du  Traducteur.) 


GRAMMAIRE    ET    RHÉTORIQUE.  :263 

se  sont  singulièrement  corrompus.  Imp  il)  est  un  des  mots  qui 
ont  eu  à  souffrir  de  cette  injustice.  Dans  les  ouvrages  de 
Shakespeare  il  signifie  toujours  fils.  Sa  signification  étymolo- 
gique est  pousse  ou  rejeton.  Il  en  est  de  môme  de  heldame, 
qui,  au  lieu  de  signifier  une  vieille  sorcière  (2),  devrait  signi- 
fier une  belle  dame  ou  au  moins  une  grand'mère. 

C'est  au  théâtre  que  nous  devons  beaucoup  des  répliques  et 
des  expressions  bizarres  qui  frappent  nos  oreilles  à  tout  instant. 
Bien  souvent  aussi  ces  mots  et  ces  expressions  que  nous  avons 
tous  les  jours  à  Ja  bouche  ont  une  force  pittoresque  que  des 
synonymes  plus  élégants  seraient  bien  loin  d'avoir. 

Quelle  énergie  et  quelle  clarté  dans  les  expressions  suivantes, 
par  exeniiile  :  close  fisted,  bamboozle,  rich  stories,  mealy- 
mouthed{o). 

De  même,  on  dit  de  quelqu'un  qu'il  a  cheek{i),  brass  ou  tin. 
On  dit  qu'une  personne  est  dans  un  pickle.  Nous  nous  écrions  : 
Ginger,  ou  Go  tell  tlie  news  to  Hannat.  C'est  aux  comédies 
dites  de  société  que  nous  devons  toutes  ces  expressions. 

Nous  pourrions  feuilleter  notre  Dictionnaire  bien  longtemps 

(1)  Imp,  diablotin. 

(2)  Ou  porc. 

(3)  Close  fisted  :  serré,  dur  à  la  détente. 

Bamboozle  :  ce  mot,  passé  du  bohémien  moderne  dans  l'anglais, 
signifie:  duper,  se  jouer  de  quelqu'un. 

Rich  stories  :  des  histoires  trop  absurdes  pour  qu'on  y  ajoute  foi  ; 
des  contes  à  dormir  debout.  Même  sens  que  riche  dans  notre  argot. 

ifileahj-mouthed  :  trompeur,  beau  parleur,  bouche  enfarinée. 

{■i)  C heek,  ioue,  et  en  argot  front,  impudence. 

Brass  :  cuivre,  bronze;  en  argot,  figure  de  bronze,  c'est-cà-dire 
impudence.  En  1803,  des  artilleurs  de  Norwich  reçurent  l'ordre 
d'essayer  des  canons  en  cuivre  (brass)  qui  appartenaient  à  la  ville. 
Le  rapport  fait  sur  les  résultats  de  ce  tir  contenait  cette  phrase  : 
«  Il  est  d'usai,'e  de  donner  au  caporal  le  métal  des  pièces  qui  ont 
éclaté.  »  La  municipalité  répondit  :  «  ...The  corporal  does  not  want 
brass,  le  caporal  n'a  pas  besoin  de  cuivre,  ou  :  «  Le  caporal  ne  man- 
que pas  d'impudence.  » 

Tin  :  étain ,  en  argot,  de  l'argent. 

Pickle  :  saumure;  en  argot,  position  malheureuse  ou  comique 
comme  être  dans  le  pétrin). 

Ginger  :  terme  dont  on  se  sert  pour  déprécier  fextérieur  d'une 
personne. 

To  be  ail  the  rage  :  faire  rage. 

Blue  stocking  :  bas  bleu. 

Dead  letter  :  lettre  mise  au  rebut.  [Notes  du  Traducteur.) 


264  niGii  sciiooLS. 

avant  de  trouver  des  expressions  aussi  énergiques  que  les  sui- 
vantes pour  exprimer  la  même  idée  :  ail  the  rage,  hlue  stoc- 
king  ou  clend  letter.  C'est  la  poste  aux  lettres  qui  nous  a  donné 
cette  dernière. 

Il  serait  difficile  de  découvrir  ou  d'imaginer  l'origine  de 
quelques-unes  de  nos  expressions  populaires,  par  exemple  de 
celle-ci  :  To  sow  one's  tvild  oats  (1).  Pourquoi  a-t-on  choisi 
l'avoine,  parmi  toutes  les  autres  espèces  de  blé,  pour  caracté- 
riser les  désordres  de  la  jeunesse? 

L'expression  populaire  By  hookor  hfj  crook  {^)  a  une  étymo- 
logie  très-curieuse.  D'après  les  am'iennos  coutumes  forestières, 
les  personnes  qui  avaient  le  droit  de  ramasser  dans  les  forêts 
royales  du  bois  pour  se  chauffer,  ne  pouvaient  prei^re  que  le 
bois  mort,  ou  les  branches  d'arbre  qui  avaient  a  cast,  a  hook 
and  crook  (3). 

En  recherchant  l'étymologie  et  la  signification  des  mots, 
nous  voyons  qu'il  n'en  est  pas  un  qui  n'ait  sa  logique  et  son 
bon  sens,  mais  logique  bien  libre  et  bon  sens  parfois  bien 
original. 

Georgiana  r>. 
Age  :  vingt  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin). 


III.    —    IVarratioiis    et    Fictions. 

li. — ENTREVUE  DU   SOLEIL  ET   DE   LA  LUXE. 

(2*  année.) 

A  la  fin  d'une  année  le  Soleil  et  la  Lune  se  réunirent  et 
chacun  d'eux  se  mit  à  parler  des  belles  choses  qu'il  avait  vues 
pendant  l'année  qui  venait  de  s'écouler.  Chacun  d'eux  pensait 
qu'il  avait  eu  plus  de  plaisir  que  l'autre,  qu'il  avait  fait  plus 

(1)  Littéralement  :  semer  son  avoine  sauvage.  Nous  disons  en  fran- 
çais :  jeter  sa  gourme. 

(2)  Littéralement  :  par  crochet  ou  par  croc,  d'une  manière  ou  d'une 
autre. 

(3)  Non  franches,  ayant  un  crochet  et  un  croc. 

{Notes  du  Traducteur.) 


NARRATIONS    ET    FICTIONS.  265 

de  bien,  et  ils  en  vinrent  ainsi  à  se  quereller  ;  car  quoique  le 
Soleil  et  la  Lune  soient  tous  les  deux  de  magnifiques  choses, 
ils   aiment  à  disputer  comme  tout  le  monde. 

Entin  ils  décidèrent  que  le  Soleil  raconterait  le  jour  le  plus 
agréable  qu'il  avait  passé,  et  la  Lune  la  nuit  la  plus  charmante 
qu'elle  avait  eue,  et  qu'ils  décideraient  ensuite,  d'après  ce  récit, 
lequel  des  deux  s'était  le  plus  amusé  et  avait  fait  le  plus  de 
bien. 

Le  Soleil  commença  son  récit  en  ces  termes  : 

a  C'est  dans  le  beau  mois  de  juin  que  j'ai  passé  ma  plus  agréable 
journée.  Lorsque  je  me  levai,  le  ciel  était  si  pur  que  je  vis  bien 
aussitôt  (juej'aurais  une  belle  journée  pour  surveiller  les  habi- 
tants du  monde,  et  que  je  n'aurais  pas  à  livrer  bataille  aux 
nuages  comme  cela  arrive  presque  tous  les  jours. 

»  La  première  chose  que  je  remarquai  fut  une  jolie  maison 
brune,  et  en  m'approchant  je  pus  facilement  regarder  dans  l'une 
des  chambres.  Il  y  avait  dans  cette  chambre  un  petit  garçon  pro- 
fondément endormi  dans  son  petit  lit.  Il  avait  l'air  si  gentil  que 
je  pensai  d'abord  à  ne  pas  le  réveiller;  mais  enfin  je  me  décidai 
à  lui  envoyer  ma  fille,  l'un  des  plus  jolis  rayons  de  soleil  qu'on 
ait  jamais  vus,  pour  le  réveiller.  Au  moment  où  mon  rayon  de 
soleil  entra  dans  la  chambre  qu'il  illumina  de  son  éclat,  le  petit 
se  mit  à  se  frotter  les  yeux,  et  bientôt  il  fut  complètement 
réveillé.  J'aurais  bien  voulu  entendre  ce  qu'il  dit  à  ma  petite 
fille,  mais  sachant  qu'on  avait  besoin  de  moi  ailleurs  que  dans 
la  petite  maison  brune,  je  m'empressai  de  continuer  ma  route. 

»  Je  rencontrai  une  petite  iille  qui  était  occupée  à  arranger  son 
jardin.  On  voyait  bien  qu'elle  n'était  qu'apprentie  jardinière, 
car  la  veille  elle  avait  planté  à  l'ombre  une  pensée  qui  aime  le 
soleil;  cette  pauvre  pensée  était  fanée  et  s'inclinait  vers  la 
terre.  Je  lui  envoyai  un  autre  de  mes  rayons  de  soleil  pour 
la  consoler,  et  en  un  instant  elle  reprit  un  éclat  merveilleux. 
La  petite  fille  parut  enchantée,  et  je  crois  qu'elle  remercia  mon 
rayon  de  soleil  ;  mais  je  ne  pus  pas  rester  pour  m'en  assurer. 

»  Je  me  remettais  en  route  lorsque,  à  ma  grande  surprise,  je 
vis  un  gros  nuage  s'élever  de  l'occident.  Je  n'avais  compté  sur 
aucune  bataille  pour  ce  jour-là,  et  j'en  voyais  une  qui  se  pré- 
parait. Néanmoins  je  résolus  de  vaincre,  et,  après  une  lutte 
très-vive,  car  le  nuage  voulait  absolument  m'éclipser,  je  fus 
victorieux. 

>  Une  société  composée  de  plusieurs  enfants  paraissait  avoir 
pris  le  plus  grand  intérêt  à  la  lutte,  car,  en  baissant  les  yeux, 


266  HIGH    SCHOOLS. 

je  vis  tout  ce  petit  monde  ({ui  l)attait  joyeusement  des  mains 
pour  me  féliciter  de  ma  victoire  :  ils  allaient  faire  un  pique- 
niquti  et  ils  avaient  craint  qu'il  ne  vînt  de  la  })luie. 

»  Je  les  vis  partir  pour  les  bois  ;  mais,  après  leur  longue 
marche,  ils  avaient  chaud  et  ils  étaient  fatigués:  ils  cherchèrent 
les  parties  les  plus  épaisses  du  bois  où  mes  plus  petits  rayons 
Jie  pouvaient  pas  pénétrer. 

»  J'entrai  ensuite  dans  une  petite  école  où  deux  méchants 
garçons  mangeaient  des  pistaches  de  terre  sous  leurs  pupitres 
pendant  que  leur  maître  leur  faisait  une  démonstration.  J'en- 
voyai un  de  mes  petits  rayons  de  soleil  sur  le  pupitre,  mais  je 
me  repentis  de  l'avoir  fait  lorsque  je  vis  l'un  de  ces  garçons 
prendre  un  morceau  de  verre  (|u'il  avait  dans  sa  poche,  le 
mettre  dans  le  rayon  de  soleil  et  envoyer  la  lumière  dans  les 
yeux  du  pauvre  maître  qui,  pen<lant  un  moment,  en  fut  tout 
ébloui.  Irrité  de  voir  qu'ils  faisaient  un  tel  usage  de  mon  rayon 
de  soleil,  je  me  hâtai  de  poursuivre  ma  route. 

))  L'après-midi  était  avancée  et  j'avais  presque  achevé  ma 
carrière  quotidienne,  lorsque  je  rencontrai  l'un  des  })lus  char- 
mants spectacles  que  j'eusse  jamais  vus.  Deux  })etitesliiles  jouaient 
avec  leurs  poupées  sous  un  arbre  toulï'u.  Elles  étaient  si  gentilles 
en  berçant  leurs  poupons  que  je  fus  fâché  de  les  quitter. 

»Au  moment  où  j'allais  disparaître  derrière  quelques  hautes 
montagnes,  je  vis  la  joyeuse  société  d'enfants  revenir  de  leur 
pique-nique.  J'entendis  l'un  d'eux  qui  s'écriait  :  «  Oh  !  quel  joli 
coucher  de  soleil!  »  —  «  Oui,  dit  un  autre,  il  a  fait  une  journée 
charmante.  » 

»  Moi  aussi  je  pensai  qu'il  avait  fait  une  journée  charmante, 
et  je  souhaitais  qu'elle  put  durer  plus  longtemps;  mais  sachant 
qu'il  était  impossible  de  la  prolonger  d'un  instant,  je  lançai  les 
plus  brillants  de  mes  rayons  sur  le  groupe  enfantin  qui  s'était 
arrêté  pour  me  regarder,  et,  leur  disant  adieu,  je  disparus.  » 

l^e  Soleil  ayant  ainsi  terminé  son  récit,  la  Lune  commença  le 
sien  en  ces  termes  : 

«  C'est  au  mois  de  décembre  que  j'ai  passé  la  nuit  la  plus 
délicieuse.  Lorsque  je  me  levai,  la  neige  couvrait  la  terre,  et 
mes  petites  amies  les  étoiles  lançaient  tous  leurs  feux  :  le 
nmnde  me  parut  vraiment  magnifique.  La  première  chose  que 
j'entendis  fut  des  battements  de  mains  et  de  joyeuses  excla- 
mations sendjlables  à  celles  que  vous  entendîtes  après  votre 
victoire  sur  le  nuage  ;  et  peut-être  étaient-elles  poussées 
par  la  même  société  joyeuse,  car  ils  avaient  craint  que  la  nuit 


NARRATIO.XS    ET    FICTIONS.  ^67 

ne  fût  obscure,  et  ils  se  réjouissaient  en  me  voyant  briller 
avec  tant  d'éclat.  C'était  une  réunion  de  joyeux  compagnons, 
et  leur  divertissement  me  plaisait  beaucoup;  mais  je  ne 
pouvais  pas  perdre  mon  temps  :  je  continuai  donc  ma  route. 

»  Je  m'avançais  lentement,  regardant  tous  les  objets  sans  qu'au- 
cun attirât  mon  attention,  lorsque  j'aperçus  un  petit  marchand  de 
journaux  qui  cherchait  de  l'argent  qu'il  avait  perdu.  Le  pauvre 
petit  grelottait  de  froid,  j'en  eus  pitié  et  je  résolus  de  l'aider. 
Je  lançai  donc  un  de  mes  rayons  sur  l'argent,  qui  étincela 
aussitôt  sous  cette  lumière.  Le  petit  garçon  l'aperçut,  il  s'en 
saisit  et  s'enfuit. 

))  11  devait  y  avoir  bal  dans  une  certaine  maison  cette  nuit-là 
et  je  m'amusai  beaucoup  à  regarder  entrer  les  invités.  Je  vis 
beaucoup  de  belles  personnes,  et  j'aurais  bien  voulu  les  suivre 
dans  la  maison  ;  mais  il  y  avait  tant  de  lumières  que  mes 
rayons  les  plus  éclatants  furent  obscurcis,  et  cela  me  fut  tout 
à  fait  impossible. 

»  Plus  tard,  lorsque  le  bal  fut  terminé,  je  les  vis  sortir  et 
regagner  leurs  demeures.  Chaque  jolie  dame,  donnant  le  bras 
à  un  beau  cavalier,  avait  l'air  si  heureuse  que  je  pensai...  je 
pensai  beaucoup  de  choses.  Dans  ces  circonstances,  voyez- 
vous,  mon  cher  Soleil,  j'ai  décidément  l'avantage  sur  vous,  car 
le  clair  de  Lune  prête  beaucoup  plus  aux  scènes  romanesques. 

»  J'allais  reprendre  ma  course,  lorsque  je  remarquai  deux 
hommes  à  mine  suspecte,  qui  rôdaient  autour  d'une  maison. 
Les  scènes  de  ce  genre  me  sont  familières,  et,  en  les  voyant 
agir,  je  m'aperçus  tout  de  suite  que  c'étaient  des  voleurs. 
Aussitôt,  je  laissai  tomber  ma  lumière  sur  eux  pour  attirer 
l'attention  de  la  police  de  nuit  ;  ils  furent  découverts  en  un  in- 
stant, et,  sachant  bien  que  tout  se  passerait  convenablement, 
je  repris  ma  route. 

»  il  était  si  tard  alors  qu'il  n'y  avait  plus  rien  à  voir;  mais 
la  terre  me  parut  charmante  dans  son  repos,  et  je  pris  plaisir 
à  la  contempler.  Le  jour  approchait  rapidement,  je  souhaitai 
donc  le  bonsoir  à  mes  petites  amies  les  étoiles  et  j'allai  me 
reposer.  » 

La  Lune  termina  ainsi  son  récit. 

11  restait  à  prononcer  la  décision,  lis  n'étaient  pas  plus  avan- 
cés qu'auparavant  ;  cependant  leurs  récits  les  avaient  tellement 
divertis  qu'ils  résolurent  de  se  réunira  la  fin  d'une  autre  année 
pour  se  faire  encore  le  récit  de  leur  plus  agréable  journée  et  de 
leur  meilleure  nuit.  Ils  se  promirent  donc  de  travailler  encore 


268  IIIGII   SCHOOLS. 

plus  au  l)onlieur  des  habitants  de  la  terre  pendant  Tanné» 
suivante;  et,  terminant  en  paix  une  entrevue  qui  avait  me- 
nacé d'être  orageuse,  ils  se  dirent  un  tendre  adieu  et  se  sépa- 
rèrent. 

Mary  W. 
Age  :  quatorze  ans. 
Grccnfiekl  fMassacliusctls). 


12.  —  A  l'homme  dans  la  lune. 
(ji"-  année.) 

Cher  homme  dans  la  Lune, 

Beaucoup  de  personnes  m'ont  raconté  de  merveilleuses  his- 
toires sur  votre  compte,  et  tous  ces  récits  sont  différents.  Les 
unes  vous  font  errer  dans  des  royaumes  de  lumière  ;  d'autres 
vous  suivent  dans  des  voyag-es  fort  peu  romanesques  sur  du 
fromage  vert,  elles  vous  accoutrent  d'habits  montés  en  graine  (I) 
et  vous  couronnent  d'un  chou. 

Mais  comme  aucune  de  ces  histoires  ne  satisfait  pleinement 
mon  esprit,  je  m'aventure  à  vous  écrire  une  lettre,  que  je  confie 
aux  vents  et  aux  esprits  bienveillants  de  l'air.  J'espère  (ju'elle 
vous  parviendra  sûrement  et  que  vous  l'accueillerez  avec  cette 
bonté  dont  votre  altesse  seule  est  capable. 

Mes  espérances  sont  ambitieuses,  mais  qui  a  ja-mais  vu  une 
petite  écolière  qui  ne  désirât  pas  des  choses  impossibles?  Oui 
a  jamais  entendu  parler  d'un  tel  phénomène  ? 

J'ai  songé  à  tant  de  questions  que  je  devais  vous  faire  que 
je  sais  à  peine  par  où  commencer.  Mais,  tout  bien  consi- 
déré, je  crois  que  je  ferai  mieux  de  ne  rien  vous  demander 
et  de  vous  laisser  entièrement  libre  de  me  donner  dans  votre 
lettre,  sur  laquelle  je  compte,  tous  les  renseignements  sur 
vous-même  que  vous  croirez  devoir  me  donner, 

J"ai  vu  votre  aimable  visage  se  pencher  pour  regarder  notre 
ville  et,  si  je  puis  en  juger  par  l'expression  de  votre  physiono- 
mie, je  serais  portée  à  croire  que  ce  spectacle  ne  vous  déplai- 
sait pas.  Je  ne  m'étonne  pas  que  vous  admiriez  notre  beau  lac 

(1)  Jeu  de  mots  sur  seedij  qui  signifie  grenu,  plein  de  graines,  et, 
en  parlant  des  vêtements,  râpé. 


NARRATIONS   ET    FICTIONS.  269 

Michigan,  notre  jolie  ville,  et  le  calme  et  la  paix  qui  régnent 
partout  aux  environs. 

Avez-vous  là-haut  des  écoles  où  les  élèves  étudient  la  biolo- 
ofie  et  la  oféométrie,  et  écrivent  des  essais?  Ou  bien  cultivez- 
vous  convenablement  dans  vos  jardins  des  arbres  de  science  et 
permettez-vous  à  tout  le  monde  de  manger  des  poires,  ou  des 
pèches,  ou  des  oranges,  au  lieu  d'avoir  les  yeux  fixés  pendant 
des  années  entières  sur  des  débris  fossiles  et  sur  les  systèmes 
philosophiques. 

.)e  crois  qu'une  telle  manière  de  s'instruire  serait  très- 
agréable,  et  je  ne  vois  pas  pourquoi,  dans  un  siècle  aussi  sa- 
vant que  le  nôtre,  tant  d'hommes  habiles  dans  les  sciences  ne 
pourraient  pas  inventer  un  système  d'éducation  de  ce  genre. 

D'un  autre  côté,  vous  n'avez  peut-être  jamais  eu  le  malheur 
d'avoir  un  Adam  et  une  Eve  qui  aient  commis  une  première 
faute,  et  tout  le  monde,  chez  vous,  vit  peut-être  encore  heureux 
dans  un  vaste  jardin  d'Éden.  Js  crois  alors  que  votre  royaume 
doit  être  charmant,  et  je  voudrais  bien  pouvoir  aller  le  visiter 
au  lieu  de  vous  écrire  ces  quelques  lignes. 

Dans  l'espoir  que  cette  lettre  ne  tardera  pas  à  vous  parvenir 
et  qu'elle  vous  trouvera  au  milieu  des  plaisirs  de  toute  sorte,  je 
demeure 

Votre  humble  amie, 

LOTTIE  C. 
Age  :  seize  ans. 
Milwaukee  (Wisconsin). 


13.  —   LES   PARAPLUIES. 

Le  sujet  nous  est  familier  et  n'a  guère  besoin  d'être  défini. 
Le  mot  parapluie  ne  manque  jamais  d'évoquef  devant  nous  des 
visions  de  contre-allées  boueuses,  de  torrents  de  pluie,  de 
passants  qui  courent  dans  les  rues  presque  désertes,  de  per- 
sonnes à  l'air  lugubre,  qui  ont  perdu  ou  oublié  leur  parapluie, 
et  d'autres  personnes  qui  pressent  le  pas,  heureuses  de  se  sen- 
tir commodément  à  l'abri. 

Est-il  nécessaire  maintenant  de  transcrire  la  définition  qu'en 
donne  notre  Webster  (Ij,  et  de  dire  qu'un  para})luie  est  un  dais 

(I)  Le  Dictionnaire  de  Webster,  qui  a  la  plus  grande  autorité  aux 
États-Unis. 


270  HIGH    SCHOOLS. 

que  l'on  peut  porter  avec  soi,  qui  s'ouvre  et  se  ferme,  et  que 
l'on  porte  à  la  main  pour  se  garantir  de  la  pluie,  de  la  neige 
ou  des  rayons  du  soleil?  Le  nom  vient  du  mot  latin  umbra  (1), 
qui  signifie  ombre. 

Lors  de  l'invention  des  parapluies,  on  se  moqua  beaucoup 
des  personnes  qui  en  portaient.  On  dit  que  le  premier  homme 
qui  eut  le  courage  d'en  porter  un  dans  les  rues  de  Londres 
fut  Jonas  Hanway  (i2),  et  jjeaucoup  de  personnes  se  mirent  sur 
leurs  portes  et  à  leurs  fenêtres  pour  le  voir  passer  et  pour  se 
moquer  de  lui.  Cette  invention,  comme  la  plupart  des  inven- 
tions qui  sont  devenues  très-utiles  plus  tard,  fut  d'abord  trait»;e 
d'absurde.  Mais  nous  n'en  aurons  pas  moins  une  reconnais- 
sance éternelle  à  l'inventeur  du  parapluie. 

De  nos  jours,  les  parapluies  sont  très-répandus.  On  dit  que 
les  parapluies  dont  se  servent  les  Indiens  sont  si  larges  qu'un 
seul  suffit  pour  abriter  un  Indien,  sa  aquaw  et  ses  petits  pap- 
pooses  (3). 

Les  parapluies  que  l'on  fait  maintenant  réunissent,  à  un 
haut  degré,  la  beauté  et  l'utilité.  En  Europe  et  en  Amérique, 
on  fait  les  manches  en  ivoire  ou  en  bois  dur  et  léger  ;  ils  sont 
quelquefois  ornés  d'argent,  et  la  monture  est  recouverte  de 
soie,  d'alpaga,  etc.  En  Orient,  ils  sont  faits  de  bambou  et  on  les 
recouvre  de  papier  verni.  On  nous  représente  les  princes 
d'Arabie  revenant  du  spectacle  avec  une  nombreuse  escorte  de 
soldats  et  de  courtisans  ;  à  côté  de  chacun  d'eux  on  portait  un 
grand  parapluie;  quelques-uns  de  ces  parapluies  étaient  si 
grands  qu'il  fallait  plusieurs  personnes  pour  en  porter  un. 

D'a])ord  les  parapluies  ne  paraissaient  que  dans  les  vesti- 
bules des  maisons  des  grands  personnages  ;  on  les  tenait  au- 
dessus  de  leur  tète  lorsqu'ils  montaient  en  voiture. 

N'est-ce  pas  charmant  de  penser  que  si  nous  sommes  for- 
cées de  sortir  paf  un  temps  de  pluie,  nous  pouvons  nous  abri- 
ter sous  un  parapluie.  Si  nous  avons  oublié  d'en  prendre  un, 


(1)  Parapluie  se  dit  en  anglais  umbreUa. 

(2)  Jonas  Hanway,  philanthrope,  né  à  Portsmouth ,  17Î--1786. 
Fondateur  de  la  Société  de  marine  anglaise,  des  Écoles  du  Dimanche, 
d'une  Maison  de  refuge  pour  les  fdles  repenties,  des  Assurances 
îontre  les  incendies.  {Xole  du  Traducteur.) 

(3)  Squaw  et  pappoose,  mots  employés  par  les  Indiens  de  l'Amé- 
rique septentrionale  pour  désigner  leur- femme  et  leur  enfant. 

{Note  du  Traducteur  ) 


NÂRRATiONS    ET   FICTIONS.  271 

({uelqu'un  de  nos  amis  nous  offrira  galamment  de  partager  le 
sien. 

Nous  trouvons  quelquefois  que  le  parapluie  est  un  grand 
embarras  ;  par  exemple  lorsque  nous  partons  pour  l'école  le 
matin  et  (|ue  le  ciel  est  couvert  de  nuages  qui  annoncent 
la  pluie,  maman  nous  dit  :  «  N'oublie  pas  ton  parapluie  »  ; 
nous  nous  hâtons  d'aller  étudier,  et  nous  oublions  les  nuages 
jusqu'au  moment  où  il  est  l'heure  de  retourner  à  la  maison; 
alors  nous  voyons  que  le  soleil  brille  dans  tout  son  éclat. 
Nous  saisissons  avec  impatience  le  parapluie  «  ce  vieux 
meuble  inutile  »  et  nous  n'avons  plus  aucune  reconnaissance 
pour  celui  qui  l'a  inventé. 

Les  parapluies  disparaissent  quelquefois  de  l'endroit  où  on 
les  met,  et  rien  ne  nous  irrite  plus  que  de  ne  pas  trouver 
notre  parapluie  lorsque  nous  allons  le  chercher  dans  un  pres- 
sant besoin.  On  se  souviendra  toujours  des  reproches  faits  par 
M'"^  Candie  à  son  mari,  qui  avait  prêté  son  parapluie  à  un  de 
ses  amis  ;  et  beaucoup  d'autres  maîtresses  de  maison  se  sont 
trouvées  dans  le  même  cas. 

11  y  a  des  hommes  qui  sont  renommés  pour  perdre  leur  para- 
pluie ou  bien  pour  échanger  leur  vieux  parapluie  tout  disloqué 
contre  un  neuf.  C'est  assez  pour  vous  faire  perdre  patience,  quel- 
que aimable  que  l'on  soit,  de  voir  son  mari  sortir  le  matin  avec  un 
parapluie  en  soie  ou  en  alpaga  tout  neuf,  et  de  le  voir  revenir 
à  nnd'i  ou  le  soir  avec  un  vieux  parapluie  de  coton  dont  toutes 
les  baleines  sont  brisées,  et  de  l'entendre  s'excuser  en  disant  : 
<  J'en  suis  bien  fâché,  ma  chère  amie,  mais  j'avais  laissé  mon 
parapluie  dans  le  coin,  et  lorsque  j'ai  voulu  le  reprendre  voilà 
tout  ce  que  j'ai  trouvé.  x> 

Fannie  E. 

York  (Pennsylvanie). 


14.  —  LE  JOUR  DE  DÉMÉNAGEMENT. 
(l'*  année.) 

Oh  î  qui  dira  les  ennuis  du  jour  de  déménagement?  Beaucoup 
de  personnes  ont  essayé  de  les  décrire,  mais  il  y  en  a  bien  peu 
qui  leur  aient  fait  ample  justice. 

Le  jour  de  déménagement  commence  à  se  faire  sentir  dès  le 
1"  avril.  Ce  n'est  pas  la  fête  qui  commence  ce  jour-là,  mais  on 


272  HIGH   SCHOOLS. 

commence  à  faire  les  préparatifs  pom'  la  célébrer.  Les  enfants 
sont  ordinairement  les  premiers  qui  s'aperçoivent  de  l'approche 
du  grand  jour  ;  car  lorsqu'ils  reviennent  de  l'école  fatigués  et 
affamés,  la  servante  les  gronde  et  leur  dit  que  maman  est  allée 
à  la  recherche  d'une  maison. 

Depuis  ce  jour  jusqu'au  moment  oîi  on  a  trouvé  une  maison, 
le  désordre  règne  dans  la  famille.  Les  repas  sont  mal  préparés 
et  mal  servis,  les  enfants  sont  déguenillés  et  de  mauvaise  hu- 
meur, et  la  famille  n"est  rien  moins  que  «  Home  !  home,  s\veet 
home  »  (1). 

Lorsqu'on  a  trouvé  une  maison,  tout  va  bien  jusqu'au  départ 
des  ((  anciens  locataires  ».  Alors  commence  le  nettoyage.  Peu 
importe  le  nombre  de  maisons  qu'une  femme  ait  nettoyées 
dans  sa  vie,  elle  estime  toujours  que  chacune  d'elles  est  «  la 
plus  sale  qu'elle  ait  jamais  vue  ». 

Enfin  arrive  le  1^''  mai.  Le  ciel  sait  que  c'est  le  jour  de  dé- 
ménagement et  cette  pensée  lui  donne  un  air  de  tristesse  et  lui 
fait  verser  d'abondantes  larmes.  Les  enfants  sont  obligés  de  se 
lever  de  grand  matin;  on  déjeune  quatre  à  quatre;  les  enfants, 
à  leur  grande  joie,  sont  envoyés  à  l'école  vers  7  heures,  et 
c'est  alors  que  commence  la  fête. 

Les  bois  de  lits  sont  démontés  brusquement,  les  lapis  sont 
levés,  et  tous  les  objets  sont  dérangés  le  plus  possible. 

Les  hommes  de  corvée  promettent  toujours  d'arriver  avant 
7  heures  et  demie,  et  ils  narrivent  jamais  qu'après  9  heures. 
A  ce  moment,  tout  le  monde  dans  la  maison  a  dépensé  toute 
sa  patience,  les  paroles  vives  et  les  querelles  sont  à  Tordre  du 
jour. 

Lorsque  les  hommes  de  corvée  arrivent,  il  faut  que  tout 
parte.  Ils  chargent  sur  la  charrette  le  canapé  du  salon  à  côté 
du  poêle  de  la  cuisine  et  d'un  baril  plein  de  vaisselle.  Les  bois 
de  lils  et  le  bois  pour  le  poêle  sont  chargés  sur  un  camion,  et 
on  les  laisse  tomber  deux  ou  trois  fois  dans  la  boue  avant  d'tu^- 
river  à  destination.  «  Tout  se  fait  avec  ordre,  célérité  et  pro- 
preté. »  Les  hommes  de  corvée  sont  connus  pour  leur  «  pro- 
preté ». 

Pendant  quarante  jours  et  quarante  nuits,  la  famille  vit  de 
peu  ou  de  rien,  et  dort  sur  le  plancher.  Il  n'y  a  qu'une  brosse 
et  qu'un  lit  pour  tout  le  monde,  et  chacun  n'a  qu'un  vêtement. 

A  la  lin  de  cette  période  Tordre  commence  à  sortir  du  chaos, 

{{)  Voir  plus  loin  la  note  du  devoir  33. 


NARRATIONS    ET    FICTIONS.  273 

et  chaque  chose  reprend  sa  place.  On  peut  dire  à  quelle  époque 
commence  le  jour  de  déménagement,  mais  il  semble  qu'il  n'ait 
jamais  de  fin. 

Plusieurs  années  après  cette  époque  mémorable,  nous  regret- 
tons encore  le  charmant  vase  qui  a  été  cassé  ou  bien  les  livres 
de  prix  qui  ont  été  perdus. 

RosA  C. 
Age  :  seize  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin). 


15.  —  LE  JOUR  DE  DÉMÉNAGEMENT. 
(F*  année.) 

Le  jour  de  déménagement  est  un  événement  de  la  saison. 
Vous  en  avez  connaissance  tout  à  coup,  de  grand  malin,  le 
1"  mai  ou  vers  cette  époque.  Si  vous  ne  devez  pas  aider,  on 
vous  expédie  sans  déjeuner  ;  si  vous  devez  aider,  idem. 

Tout  contribue  à  augmenter  votre  confusion;  on  vous  dit  de 
faire  ceci,  cela  et  le  reste.  Le  «  chef  »  de  la  maison,  qui  est 
ordinairement  une  femme,  donne  une  demi-douzaine  d'ordres 
à  la  fois. 

Vous  finissez  par  saisir  une  glace  et,  après  avoir  renversé 
deux  ou  trois  chaises  sur  le  tapis,  vous  la  remettez  au  camion- 
neur, qui  a  l'air  d'un  individu  endormi. 

Aussitôt,  vous  recevez  l'ordre  d'enlever  le  tapis.  Vous  prenez 
un  marteau  et  vous  enlevez  tranquillement  le  premier  clou. 
Vous  pensez  qu'il  y  a  des  gens  qui  en  font  toute  une  affaire. 
Vous  enlevez  un  second  clou  très-facilement  pensez-vous,  et  au 
bout  d'une  demi-heure  vous  avez  enlevé  douze  ou  treize  clous. 

Alors  vous  vous  mettez  à  travailler  plus  vite.  Mais  si  vous 
voulez  aller  plus  vite,  les  clous  ne  sont  pas  de  cet  avis  et  vous 
vous  mettez  à  frapper,  à  pousser  et  à  tirer  avec  une  vigueur 
dont  vous  êtes  le  premier  à  vous  étonner. 

Les  clous  vous  exaspèrent  et  vous  essayez  de  les  arracher 
sans  l'aide  du  marteau.  Au  bout  du  compte,  après  avoir  dé- 
chiré le  tapis  en  maints  endroits  et  vous  être  écorché  les  doigts, 
vous  l'abandonnez  en  éprouvant  le  plus  profond  dégoût  pour 
toute  l'affaire. 

Vous  vous  glissez  dans  un  petit  coin  où  vous  passez  le  reste 

18 


^Ih  IIIGII    SCHOOLS. 

de  la  journée.  Le  lendemain  ressemble  beaucoup  au  jour  qui 
Ta  précédé.  C'est  la  même  confusion,  le  môme  bruit.  Vous  vous 
réveillez  avec  un  appétit  vorace.  Vous  jetez  d'abord  autour  de 
vous  des  regards  égarés,  puis  tout  à  coup  la  mémoire  vous  re- 
vient. Votre  nouvel  appartement  exbale  une  odeur  de  peinture 
qui  vous  donne  mal  à  la  tète. 

Vous  voulez  aller  faire  une  promenade,  vous  cherchez  votre 
chapeau  el,  au  moment  où  vous  désespériez  de  le  trouver, 
vous  l'apercevez  dans  un  baril  de  farine,  dans  un  piteux  état. 
Mais  vous  ne  vous  laissez  pas  abattre. 

Vous  voulez  prendre  votre  pardessus  et,  après  de  longues 
recherches,  vous  le  trouvez  empaqueté  avec  des  tuyaux  de 
poêle  et  du  charbon. 

Nous  ne  voulons  pas  parler  des  événements  de  ces  deux 
jours  mémorables.  Nous  nous  contenterons  de  dire  que  si,  du 
temps  de  Job,  on  avait  connu  le  jour  du  déménagement,  la  pa- 
tience du  saint  homme  n'y  aurait  pas  résisté. 

Gevret  D. 
Age  :  quinze  ans. 
Mihvaukce  (Wisconsin). 


10.    —    LE    MARCHÉ. 
(3''  année.) 

Aller  au  marché,  c'est  généralement  aller  dans  une  machine 
qui  écrase  les  pieds  et  les  mains.  Il  est  donc  très-important  de 
ne  pas  se  mettre  à  la  portée  du  coude  des  personnes  trop 
vives.  Il  est  aussi  de  la  dernière  utilité  d'avoir  les  muscles  du 
bras  très-solides,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  porter  un  panier. 

C'est  dans  ce  grand  forum  de  l'agriculture  que  nous  pouvons  le 
mieux  pratiquer  toutes  les  vertus  chrétiennes  dont  sont  doués 
les  êtres  spirituels.  Par  exemple,  la  vertu  de  patience,  lorsque 
la  vieille  dame  de  l'étalage  ne  voit  pas  très-clair,  et  qu'elle 
nous  fait  attendre  jusqu'à  ce  que  le  cœur  même  du  chou  que 
nous  achetons  palpite  d'impatience. 

Puis  vient  la  vertu  de  charité,  que  nous  avons  occasion  dp 
pratiquer  lorsque  le  monsieur  au  nez  crochu  et  en  tablier  blanc 
nous  fait  payer  des  navets  dix  sous  de  plus  que  notre  fruitier 
ordinaire,  sous  prétexte  que  nous  pouvons  trouver  des  navets 


NARRATIONS    ET   FICTIONS.  275 

partout,  mais  que  nous  ne  trouverons  jamais  une  aussi  bonne 
occasion. 

Puis  vient  la  vertu  d'amour,  lorsque  le  cher  petit  garçon  de 
dix  ans,  avec  un  cigare  à  la  bouche,  marche  sur  la  traîne  de 
votre  robe,  et  fait  décrire  à  votre  colonne  vertébrale  une  courbe 
qui  ressemble  à  l'arc-en-ciel.  Un  peu  plus,  et  votre  chignon 
serait  mis  désagréablement  en  contact  avec  la  tête  du  méchant 
garnement. 

Enfin  vient  la  vertu  de  contentement,  qu'il  est  très-difficile 
de  pratiquer  dans  un  pareil  lieu  et  dans  un  moment  aussi  cri- 
tique. Il  faudrait  être  de  bonne  composition  pour  éprouver  du 
contentement  dans  une  place  située  au  nord-ouest  de  la  ville 
et  exposée  à  tous  les  vents,  lorsqu'une  forte  brise  souffle  de  ce 
côté.  On  a  beaucoup  de  peine  à  résister  à  la  tentation  de  suivre 
l'exemple  des  autres  personnes  qui  se  trouvent  dans  le  même 
embarras,  et  qui  marchent  à  grands  pas  comme  si  elles  étaient 
les  seules  qui  eussent  à  faire  leur  marché. 

Dans  ce  lieu,  il  faut  se  soumettre  à  des  épreuves  qui  vous 
déchirent  le  cœur  :  voir  rudoyer  votre  panier  par  le  panier  des 
autres  qui  est  plus  grand  que  le  vôtre,  et  qui,  par  conséquent, 
abuse  de  sa  force  ;  voir  les  œufs,  dont  chaque  douzaine  a 
allégé  notre  bourse  de  dix  sous,  courir  le  plus  grand  danger, 
sans  que  nous  puissions  leur  porter  secours.  Vous  vous  aper- 
cevez tout  à  coup  que  votre  unique  bouteille  s'est  débouchée, 
et  que  le  liquide  qu'elle  contenait  sert  à  abattre  la  poussière, 
remplaçant  ainsi  la  voiture  d'arrosage  qui  est  absente. 

Cependant  on  peut  naturellement  espérer  qu'avant  l'arrivée 
du  règne  millénaire  il  nous  sera  possible  d'installer  dans  notre 
pays  le  marché  d'Utopia.  Alors  chaque  boutique  aura  une  belle 
salle  de  réception,  où  les  acheteurs  seront  en  sûreté  et  pourront 
tranquillement  attendre  leur  tour.  Ils  auront  à  leur  disposition 
les  avantages  réunis  de  la  gare  et  du  salon.  Alors  cessera  l'in- 
solence insupportable  des  pick-pockets.  Chaque  personne  sera 
escortée  par  un  agent  qui  la  protégera  contre  les  bêtes  féroces 
de  l'humanité.  On  n'aura  plus  à  craindre  le  vent  du  nord- 
ouest  ni  les  coups  de  coude,  car  devant  chaque  personne  mar- 
chera un  crieur  qui  criera  le  nom  de  quelque  maladie  conta- 
gieuse, et  qui  engagera  ainsi  tout  le  monde  à  laisser  la  place 
libre. 

Quelques  recommandations  adressées  à  une  personne  qui 
part  pour  le  marché  ne  sont  jamais  hors  de  propos,  surtout 
lorsqu'elles  lui  sont  adressées  par  sa  mère  ou  par  quelqu'un 


276  HIGH    SCHOOLS. 

qui  a  autorité  pour  le  faire.  Quoiqu'elles  nous  soient  très-fami- 
lières, il  ne  serait  pas  inutile  de  les  inscrire  dans  le  livre  de 
compositions,  qui  est  notre  fidèle  compagnon. 

Ayez  donc  bien  soin,  lorsque  vous  allez  au  marché,  d'emporter 
deux  grands  paniers  bien  lourds.  Ainsi  nmnie  de  deux  roues  d'un 
nouveau  genre,  vous  pourrez  fendre  les  flots  de  la  foule  comme 
le  steamer  fend  les  flots  de  l'Océan.  Lorsque  vous  serez  arrivée 
au  marché,  choisissez  l'endroit  où  il  y  a  le  plus  de  monde. 
Déposez  à  terre  le  panier  quicontient  le  pain,  les  gâteaux  et 
les  friandises,  alin  que  quelqu'un  marche  dedans  :  il  faut  que 
nous  mangions  tous  un  peu  d'ordure^  dit-on.  Placez  le  panier 
contenant  les  pommes  de  terre  et  les  autres  fruits  qui  peuvent 
rouler  facilement,  de  telle  sorte  qu'il  soit  renversé  par  une 
brouette,  et  alors  vous  aurez  une  occasion  de  montrer  aux 
spectateurs  toutes  vos  connaissances  en  gymnastique  calli- 
sthénique  (1). 

Nous  pourrions  ajouter  diverses  autres  recommandations. 
Par  exemple,  lorsque  vous  arrivez  dans  une  boutique  qui  est 
déjà  pleine  d'acheteurs,  plaignez-vous  d'être  obligée  d'attendre 
et  allez-vous-en.  Cela  efl'rayera  sans  doute  le  marchand,  et 
vous  lui  apprendrez  ainsi  qu'il  vaudrait  mieux  pour  lui  avoir 
quelqu'un  pour  l'aider  que  de  s'exposer  à  perdre  ses  meilleures 
pratiques.  Lorsque  vous  aurez  parcouru  le  marché,  si  vous  ne 
trouvez  pas  ce  que  vous  cherchez,  vous  reviendrez  à.  la  pre- 
mière boutique  où  vous  attendrez  avec  tous  les  autres.  Vous 
ferez  preuve  par  là  de  beaucoup  de  condescendance  et  d'une 
grande  magnanimité. 

Mais  je  m'arrête,  car  il  me  faudrait  plusieurs  pages  pour 
exposer  tous  les  conseils  qui  sont  utiles  aux  personnes  qui  vont 
au  marché.  Contentons-nous,  en  guise  de  consolation,  de  faire 
la  réflexion  suivante  :  Il  faut  absolument  que  nous  allions  au 
marché,  il  vaut  donc  mieux  y  aller  de  bonne  grâce,  car  il  faut 
faire  une  chose  bien  ou  ne  pas  s'en  mêler. 

LiLLiE  Van  A. 
«  Age  :  quinze  ans. 

Baltimore  (Maryland).  Eastern  Female  School. 


(1)  Genre  de  gymnastique  en  usage  dans  les  écoles  de  filles,  et  qui 
consiste  principalement  en  mouvements  gracieux. 

(Note du  Traducteur.) 


NARUATIONS    ET    FICTIONS.  277 

17.    —  JULIA   BRUCE. 
(9'^  année.) 

La  ville  de  Hartford  (Connecticut;  contient,  entre  autres 
institutions  intéressantes,  un  asile  oîi  l'on  élève  les  sourds- 
muets.  Les  bâtiments  de  cet  asile  sont  spacieux  et  commo- 
des; ils  sont  situés  sur  une  hauteur,  ce  qui  leur  donne  une 
belle  apparence.  Parmi  les  pensionnaires  de  cet  établissement, 
il  y  en  a  une  qui  attire  particulièrement  l'attention  des  étran- 
gers. 

Elle  est  complètement  sourde,  muette  et  aveugle  :  elle  s'ap- 
pelle Julia  Bruce,  et  elle  est  née  aux  environs  de  Lasile. 

Ses  parents,  qui  sont  très-pauvres,  avaient  plusieurs  enfants 
plus  jeunes  qu'elle,  et  Julia  leur  rendait  tous  les  petits  services 
que  son  malheureux  état  lui  permettait  de  leur  rendre. 

Lorsqu'on  entrait  dans  la  mauvaise  saison,  elle  s'agenouillait 
de  temps  en  temps  sur  le  plancher  de  leur  pauvre  demeure 
pour  s'assurer  que  les  autres  enfants  de  la  famille  avaient  des 
bas  et  des  souliers,  tandis  qu'elle  n'en  avait  pas;  et  ce  contraste 
lui  causait  du  chagrin. 

Assise  sur  son  petit  billot,  elle  s'amusait  à  tresser  de  petites 
bandes  d'écorce  avec  les  morceaux  de  cuir  et  de  fil  que  son 
père,  qui  était  cordonnier,  rejetait  comme  inutiles,  et  elle  en 
faisait  des  chapeaux  et  des  collets  pour  son  chat. 

Sa  mère  confiait  quelquefois  les  plus  jeunes  enfants  à  ses 
soins.  Une  fois  elle,  s'aperçut  que  sa  sœur  avait  brisé  une 
assiette,  et  voulant  imiter  ce  qu'elle  croyait  que  sa  mère  aurait 
fait  en  pareille  circonstance,  elle  frappa  la  coupable.  Mais  en 
mettant  sa  main  sur  les  yeux  de  l'enfant  elle  s'aperçut  qu'elle 
pleurait  :  alors  elle  la  prit  dans  ses  bras,  et  par  ses  douces 
caresses  elle  parvint  à  la  consoler.  Enlin  quelques  personnes 
charitables  débarrassèrent  ses  parents  du  fardeau  de  son  en- 
tretien, et  payèrent  sa  pension  chez  une  vieille  femme  qui 
tenait  une  école  pour  les  petits  enfants. 

La  principale  occupation  de  Julia  consistait  à  coudre  et  à 
tricoter;  elle  avaiL  appris  à  faire  ces  travaux  lorsqu'elle  était 
toute  jeune.  Pour  acheter  sa  garde-robe,  elle  vendit  bien  des 
couvre-pieds  de  calicot  très-bien  faits  et  qui  étaient  l'ouvrage 
de  ses  mains. 

Les  messieurs  que  la  compassion  ou  la  curiosité  poussait  à 


278  mon  sciiools. 

aller  la  voir,  s'amusaient  quelquefois  à  lui  donner  leurs  mon- 
tres et  à  se  faire  rendre  par  elle  chacun  la  leur.  Chacun  d'eux 
changeait  de  place  et  essayait  de  prendre  la  montre  qui  ne  lui 
appartenait  pas;  mais  quoiqu'elle  en  eût  alors  deux  ou  trois 
dans  la  main,  aucun  d'eux  ne  pouvait,  ni  par  ruse,  ni  par  per- 
suasion, lui  faire  donner  une  de  ces  montres  à  une  personne 
autre  que  celle  de  qui  elle  l'avait  reçue. 

Elle  attira  de  plus  en  plus  l'attention  du  puhlic,  et  elle  entra 
à  l'asile  dans  l'été  de  1825.  Elle  n'y  fnt  pas  plutôt  admise 
(ju'elle  s'occupa  à  explorer  tranquillement  la  dimension  des 
appartements  et  la  hauteur  des  escaliers;  et  maintenant  elle  ne 
fait  jamais  un  faux  pas  dans  les  escaliers,  elle  ne  se  trompe 
jamais  de  porte,  et  elle  prend  toujours  à  tahle  la  place  qui  lui 
est  réservée. 

Ialra  K. 
Age  :  quinze  ans. 
Sandusky  (Ohio). 


18.   —  MON   RÊVE. 

Sous  l'influence  sublime  et  solennelle  du  repos,  pendant  que 
mon  esprit  gravissait  en  pleine  liberté  les  hauts  sommets  de  la 
perambulation,  il  me  sembla  que  je  m'habillais  pour  paraître 
pour  la  première  fois  sur  l'estrade  de  Couller  Opéra  House, 
et  comme  gradué  de  la  High  School  d'Aurora. 

Le  premier  contre-temps  que  j'éprouvai,  ce  fut  de  voir  que 
mon  pantalon  était  de  trois  pouces  trop  long,  que  les  faux  plis 
se  voyaient,  que  je  ne  pouvais  pas  cirer  mes  bottes  qui  étaient 
neuves ,  que  je  ne  pouvais  pas  lisser  mes  cheveux,  que  les 
manches  de  mon  habit,  qui  étaient  trop  longues,  cachaient  mes 
manchettes,  et  que  rien  n'allait  bien.  Si  le  respect  pour  le 
Maître  ne  m'avait  pas  retenu,  j'aurais  tout  abandonné. 

Lorsque  les  autres  élèves  m'appelèrent,  je  les  lis  attendre 
près  de  quinze  minutes,  de  sorte  que  lorsque  nous  fûmes  tous 
prêts,  nous  étions  d'une  demi-heure  en  retard.  Comme  nous 
étions  tous  assis  sur  l'estrade,  il  semblait  que  le  succès  de 
toute  l'alTaire  dépendit  entièrement  de  moi.  J'avais  travaillé 
beaucoup  pour  écrire  et  pour  apprendre  mon  Essai,  et  je  pen- 
sais que  si  je  pouvais  seulement  lé  débiter  bien,  j'emporterais 
le  ruban  bleu.  Mais  il  faisait  si  froid!  Dans  mon  empressement 
à   m'habiller,  j'avais  laissé  mon  manuscrit  à  la  maison,  et  je 


NARRATIONS    ET    FICTIONS.  '  279 

n'y  pensai  qu'au  moment  où  on  annonça  :  «  Frank  Thatcher, 
Déclamation  sur  VImmigration  »  (I). 

La  pensée  de  l'avoir  ouhlié  me  perça  comme  une  flèche. 
J'étais  là,  et  il  n'y  avait  pas  moyen  d'en  sortir.  Je  me  levai 
donc  à  contre-cœur,  je  fis  mon  plus  beau  salut  et  je  restai 
muet,  cherchant  mon  commencement.  Je  regardai  l'assemblée, 
je  regardai  le  plafond,  je  mis  mes  mains  dans  mes  poches,  je 
me  touchai  le  front,  mais  je  ne  pus  pas  trouver  ce  commence- 
ment. Je  me  disposais  à  quitter  l'estrade,  lorsque  j'ouvris  tout 
à  fait  les  yeux,  et  je  vis  maman  qui,  une  cuiller  à  pot  pleine 
d'eau  d'une  main,  et  me  secouant  de  l'autre,  me  demandait  si 
j'allais  me  lever. 

0  vous  tous  t{ui  voulez  prendre  vos  grades,  que  ceci  vous 
serve  de  leçon! 


Frank  T. 
Age  :  seize  ans. 


Aurora  nilinoi:» 


19.    —  MON    RÊVE. 

Par  une  chaude  journée  du  mois  d'août,  j'étais  assis  dans  un 
jardin  et  je  lisais.  Je  levai  par  hasard  les  yeux,  et  devinez  qui 
je  vis...  un  homme  qui  avait  environ  dix  pouces  de  haut.  Je  le 
regardai,  il  me  regarda,  et  dit  :  «  Mon  fils,  veux-tu  voir  ce  que 
jamais  homme  n'a  encore  vu  avant  sa  mort?»  —  «  Je  crois 
bien!  »  répondis-je. 

11  ne  prononça  que  ce  seul  mot  :  «  Suis-moi.  i>  Il  leva  une 
pierre  et  découvrit  une  ouverture  à  peu  près  aussi  grosse  que 
votre  tête.  Je  me  levai  et  j'entrai  dans  ce  trou  :  je  me  sentis 
tomber  au  milieu  de  ténèbres  insondables.  L'homme,  ((ui  di- 
sait se  nommer  Rik,  se  tenait  tout  près  de  moi.  Enfin,  nous 
atteignîmes  une  ouverture  dans  le  cylindre  le  long  duquel  nous 
avions  glissé  rapidement;  je  jetai  les  yeux  autour  de  moi,  et  je 
vis  une  lumière  ardente.  Mon  guide  fit  entendre  un  bruit  par- 
ticulier, et  aussitôt  apparut  une  voiture  traînée  par  quatre 
dragons.  Rik  me  dit  de  monter  dans  cette  voiture  :  j'obéis,  et 
il  me  suivit.  Prenant  les  rênes,  il  dirigea  la  voiture  vers  la 
lumière.  En  approchant    de  l'endroit   qui    avait  attiré  notre 

(1)  Voyez  plus  loin  deux  dissertations  sur  le  thème  auquel  il  est 
fait  allusion  ici. 


i80  IIIGH   SCHOOLS. 

attention,  jo  vis  que  c'était  un  trou  plein  de  feu  et  de  gens  qui 
avaient  jadis  vécu  sur  la  terre.  J'y  vis  mitonner,  bouillir,  se 
débattre  et  se  tordre  des  personnes  que  je  connaissais  :  le  pré- 
dicateur II. -W.  Beecher,  Théodore  Stilton,  31.  Story,  et  un 
homme  qui  avait  été  mon  maître  d'école  autrefois.  Je  ne  l'eus 
pas  plus  tôt  reconnu,  que  je  devinai  que  nous  étions  dans  l'Enfer. 

On  m'avait  dit  que  le  centre  de  la  terre  était  creax,  mais  je 
voyais  maintenant  que  c'était  une  erreur.  Je  demandai  à  Rik 
ce  qu'il  y  avait  encore  à  voir.  Il  me  répondit  :  «  Regarde  ceci 
pendant  quinze  minutes  et  ensuite  lu  descendras,  tu  verras,  et 
tu  toucheras  ce  que  tu  voudras.  Nul  homme  n'est  retourné  sur 
terre  après  avoir  vu  ce  spectacle,  et  tu  n'y  retourneras  pas 
non  plus.  »  Quelques  minutes  s'écoulèrent,  je  pensai  à  tout  le 
mal  que  j'avais  jamais  fait,  mais  je  résolus  de  mourh'  eu  brave. 
J'attendis  une  occasion  favorable.  []n  des  dragons  se  cabra, 
mon  guide  se  pencha  pour  assurer  les  rênes  :  c'était  le  moment 
favorable. 

Saisissant  Rik  autour  de  la  taille,  je  le  lançai  loin  de  la 
voiture,  je  pris  les  rêiies  et  je  remontai.  Quoiqu'il  n'eût  pas 
d'ailes,  il  me  suivit,  et  il  se  jeta  sur  moi  au  moment  môme  où 
j'atteignais  l'air  extérieur. 

Je  m'éveillai,  et  je  m'aperçus  que  ce  n'était  qu'un  rêve  : 
c'était  Cruiser,  mon  chien  favori,  qui  m'avait  réveillé  en  se 
jetant  sur  moi. 

Otis  C. 
Age  :  quinze  ans. 
Aiirora  (Illinois). 


20.   —  MON    RÊVE. 

Par  une  douce  soirée  d'été,  j'étais  assise  dans  le  jardin;  je 
m'endormis  et  je  lis  le  rêve  suivant  : 

Je  revis  les  circonstances  de  notre  vie  d'école,  et  il  me 
sembla  que  je  recommençais  cette  vie.  Il  me  semblait  que 
les  mêmes  maîtres  et  les  mêmes  élèves  étaient  à  leurs  places 
ordinaires.  Les  objets  de  la  salle  occupent  d'abord  la  place 
qu'ils  avaient  l'habitude  d'occuper.  Voilà  dans  le  coin  le  vieux 
poêle  tout  rouillé  et  tout  délabré  ;  on  en  a  étayé  la  porte  avec 
le  tisonnier.  Derrière  lui  est  le  bûcher  que  les  garçons  rem- 
plissaient à  tour  de  rôle.   La  tribune,  le  pupitre  du  maître 


LITTÉRATURE    ET    HISTOIRE    LITTÉRAIRE.  281 

derrière  lequel  il  s'asseyait  grave  et  solennel,  et  le  maître 
lui-même  tel  qu'il  était  :  les  rangées  de  pupitres  tous  taillés 
•;t  abîmés  par  les  mains  des  petits  êtres  destructeurs,  qui 
jouaient  de  si  bons  tours  au  maître  qui  ne  se  doutait  de  rien. 

Ce  maître,  qui  était  myope  et  un  peu  sourd,  n'était  pas  si 
prom[)t  que  ceux  qui  l'ont  remplacé  à  découvrir  les  petits  lutins. 
11  me  semblait  les  voir  tous  assis  comme  nous  l'étions  un  jour 
lorsque,  au  moment  où  le  silence  \enait  de  s'établir  dans  la 
salle,  quelqu'un  poussa  du  dehors  le  cri  de  :  «  au  feu!  »  Le 
maitre  n'entendant  pas  ce  cri,  frappe  du  pied  et  se  met  en 
colère  en  voyant  le  tumulte  causé  par  les  élèves  qui  se  préci- 
pitent tous  vers  la  porte. 

Enfin,  quelqu'un  lui  apprend  que  le  feu  est  à  la  maison. 
Alors,  au  comble  de  la  frayeur,  il  se  met  à  emporter  les  livres 
t't  les  papiers,  pendant  que  les  élèves  se  tordent  de  rire.  Enfin 
après  avoir  emporté  tout  ce  qui  avait  quelque  valeur,  il  de- 
mande avec  le  plus  grand  calme  oîi  est  le  feu,  et  un  écolier 
lui  répond  innocemment  qu'il  n'en  sait  rien,  qu'il  n'y  a  pas 
de  feu.  Le  pauvre  homme!  il  s'aperçoit  alors  qu'il  s'est  donné 
beaucoup  de  mal  pour  rien,  car  tout  cela  était  un  coup  monté 
pour  avoir  congé  l'après-midi.  Mais  lorsqu'il  découvrit  le  tour, 
il  nous  força  tous  à  remettre  les  choses  en  place.  Si  nous 
eûmes  congé  cette  après-midi,  nous  n'en  eûmes  pas  moins  une 
forte  besogne  à  faire. 

Je  m'éveillai  juste  au  moment  où  l'on  finissait  de  remettre 
tout  en  ordre.  Mon  rêve  était  un  souvenir  d'un  temps  qui  est 
bien  loin,  et  je  me  rendormis  en  pensant  à  mes  jours  d'enfance. 

Jessie   L. 
Age  :  quinze  ans. 
Aurora  (  Illinois  i. 


IV.  —  Littérature  et  liistoirc  littéraire. 


1.    —   DE   LA    L1TTÉR.\TURE   AMÉRICAINE. 

1.  Définissez  la  littérature  américaine. 

Rép.  —  La  littérature  américaine  est  cette  littérature  écrite- 
en  anglais  sur  le  sol  américain. 


282  mon  sciiools. 

2.  Quel  était  le  caractère  de  cette  littérature  avant  la  Révo- 
lution ? 

Hép.  —  La  littérature  antérieure  à  la  Révolution  n'était  pas 
aussi  purement  américaine  que  celle  qui  l'a  suivie.  Les  écri- 
vains avaient  reçu  leur  éducation  en  Europe,  et  leurs  écrits 
ressentaient  l'influence  de  leur  éducation. 

On  envoyait  les  écrits  en  Angleterre  pour  les  faire  imprimer. 
La  première  presse  à  imprimer  fut  installée  chez  le  })résident 
de  Harvard  Collège,  Cambridge,  en  1639.  Le  premier  livre 
imprimé  en  Amérique  fut  le  Bat/  Psalm  Hook,m  1640. 

Quelques-uns  des  principaux  écrivains  de  cette  époque 
furent  Colton  Malher  et  le  président  Edward,  dont  l'ouvrage 
Sur  la  Volonté  n'a  jamais  été  surpassé. 

3.  Faites  un  court  exposé  de  la  vie  et  des  écrits  de  AVasliington 
Irving. 

Rép.  —  Washington  Irving  naquit  à  New  York  en  1783  et 
mourut  en  1851. 

Son  nom  est  un  des  plus  chers  et  des  plus  illustres  dans  les 
annales  de  la  littérature  américaine.  11  s'est  illustré  comme 
historien,  comme  auteur  de  contes  et  d'esquisses.  Il  étudia  le 
droit,  mais  il  l'abandonna  pour  entrer  dans  les  affaires  avec 
son  frère.  Il  voyagea  en  Europe.  A  son  retour  il  publia  la  vie  de 
Washington,  la  vie  de  Goldsmith  et  Bracebridge  Hall.  C'est  un 
des  auteurs  les  plus  populaires  d'Amérique.  Son  style  plaît  et 
captive.  Le  seul  reproche  qu'on  puisse  lui  faire,  c'est  d'être 
quelquefois  trop  ditfus. 

4-.  Longfellow. 

Rép.  —  Henry  W.  Longfellow  naquit  à  Portland  dans  le 
Maine  en  1807. 

Les  savants  et  les  ignorants,  le  critique  et  le  lecteur  qui  ne 
lit  que  pour  son  plaisir,  s'accordent  à  reconnaître  Longfellow 
comme  le  plus  grand  poëte  de  l'Amérique.  Il  serait  notre 
<(  poète  lauréat  (1)  américain  »  si  celte  noble  fonction  existait. 
Il  prit  ses  grades  universitaires  à  Harvard  Collège  en  1825.  Il 
fut  nommé  professeur  de  langues  modernes  à  ce  collège.  Avant 
d'occuper  cette  place,  il  voyagea  en  Europe.  Depuis  1854,  il  a 
consacré  tout  son  temps  à  la  littérature.  Son  premier  grand 
poème  (ai  EvangeUne,  suivi  de  Coartskip  of  Miles  Standish  et 
de  Hiaivatha. 


(I)  Titre  du  poiHc  officiel   de  la   cour  en  Angleterre.  Cette   place 
est  occupée  actuellement  par  Alfred  Teiinyson.  {Xote  du  Traducteur.) 


LITTÉRATURE    ET    HISTOIRE    LITTÉRAIRE.  283 

Dans  ses  écrits,  Longfellow  traite  des  sujets  qui  tiennent  le 
milieu  entre  la  vie  ordinaire  et  les  hauteurs  de  l'idéal.  Il  s'y 
montre  plaintif  et  résigné.  Le  seul  reproche  qu'on  pourrait 
leur  faire,  c'est  qu'il  ne  s'y  trouve  pas  assez  de  véritahles 
«  passions  en  action  ».  Les  grands  poëmes  de  Longfellow  sont 
d'un  mérite  très-inégal,  et  tout  le  monde  pense  que  la  postérité 
admirera  surtout  ses  petits  poëmes  d'une  beauté  exquise  et 
qui  parlent  à  tous  les  cœurs.  Le  professeur  Longfellow  est 
aussi  célèbre  comme  traducteur.  Ses  traductions  de  l'espagnol, 
du  français  et  de  l'italien  sont  aussi  parfaites  que  le  permet  le 
génie  de  la  langue  anglaise. 

5.  Whittier. 

Bép.  —  J.-G.  ^Vhittier  naquit  à  Ilaverhill  (Massachusetts)  en 
1808.  C'est  notre  plus  grand  poëte  lyrique,  c'est  aussi,  à  l'excep- 
tion de  Bryant,  celui  qui  est  le  plus  complètement  .\méricain 
dans  tous  ses  écrits.  On  l'a  souvent  appelé  notre  poëte  quaker, 
parce  qu'il  vit  avec  les  Amis  (1).  Les  quakers  lui  ont  commu- 
niqué leur  amour  pour  la  liberté.  Beaucoup  de  ses  poëmes 
ont  été  écrits  pendant  la  guerre  contre  l'Esclavage.  Il  est  du 
petit  nombre  de  ceux  qui  oi^  vécu  assez  longtemps  pour 
voir  l'accomplissement  de  leurs  désirs  sans  cependant  perdre 
le  sentiment  de  la  reconnaissance.  Ses  écrits  sont  purement 
américains,  et  tout  le  monde  les  lit  avec  plaisir. 

6.  Bavard  Taylor. 

Rép.  —  Bayard  Taylor  naquit  en  1825  à  Kennet  square, 
comté  de  Chester  (Pensylvanie).  Il  s'est  illustré  comme  voya- 
geur, auteur  de  récits  de  voyages,  poëte  et  traducteur  en  vers. 
C'est  en  Europe  qu'il  fit  ses  premiers  voyages.  Il  voyageait  à 
pied,  la  bourse  aussi  légère  que  le  cœur.  Son  premier  livre  fut. 
appelé  «  Euris  à  pied  ».  Ce  sont  ses  poëmes  qui  feront  passer 
son  nom  à  la  postérité.  C'est  surtout  sa  traduction  du  Faust  de 
Gœthe  qui  lui  a  valu  sa  réputation  de  traducteur  en  vers.  Il 
faut  bien  connaître  l'original  pour  apprécier  toute  la  difficulté 
d'une  pareillle  entreprise.  La  traduction  a  pleinement  satisfait 
les  .\méricains,  les  Anglais  et  les  Allemands. 

7.  Harriet  Beecher  Stowe. 

Bép.  —  Harriet  Beecher  Stowe  naquit  en  1812.  C'est  le 
membre  le  plus  illustre  de  la  famille  Beecher,  et  c'est  le  plus 
grand   des  romanciers  vivants.   Son  grand   ouvrage  «    Uncle 

(1)  Les  quakers  s'appellent  «  la  Société  des  Amis  ». 

{yote  du  Traducteur.) 


284  IIIGII    SCHOOLS. 

Tom's  Cabin  »  (1)  parut  en  185^.  Les  annales  de  la  littérature 
ne  fournissent  pas  d'exemple  d'un  ouvrage  qui  ait  eu  autant 
de  succès.  On  en  vendit  plus  de  neuf  millions  d'exemplaires  en 
neuf  mois.  Il  a  été  traduit  dans  toutes  les  langues  modernes,  et 
même  dans  celles  de  la  Chine  et  du  Japon.  Ce  livre  ne  doit  pas 
seulement  son  succès  au  plaidoyer  qu'il  contient  en  faveur  de 
l'abolition  de  l'esclavage,  car  cette  qualité  qui  plairait  aux  uns 
déplairait  aux  autres.  Madame  Beecher  Stowe  est  une  femme 
de  génie.  Aucun  conteur  ne  l'a  surpassée.  Elle  est  célèbre  pour 
son  talent  descriptif.  Dans  ses  œuvres,  les  caractères  ressortent 
comme  les  contours  dans  les  tableaux  de  maîtres. 

8.  Dans  quelle  partie  de  la  littérature  Lowell  est-il  supérieur? 
Rép.  —  Lowell  est  supérieur  comme  poëtc,  comme  essayist 

et  comme  critique.  Comme  poète  il  a  écrit  Vnder  the  irillows  (:2). 
Comme  essayist  il  est  l'auteur  de  Among  mij  books  et  de  My 
study  ivindow  (3).  Il  est  très-illustre  comme  critique  :  on 
trouve  chez  lui  une  érudition  profonde  et  variée  unie  à  beau- 
coup de  synq)athie  pour  l'auteur  et  pour  le  livre  qu'il  critique. 

9.  Que  peut-on  dire  du  journalisme  aux  États-Unis'/ 

Rép. — L'Amérique  est  la  patrie  du  journalisme.  M.  Bennettlui 
a  donné  une  nouvelle  impulsion,  en  y  introduisant  des  change- 
ments importants  et  en  y  faisant  de  nouvelles  additions.  Grâce 
à  lui,  le  principal  but  de  la  presse  fut  de  se  procurer  des  nou- 
velles. Elle  eut  des  correspondants  en  Europe,  et  publia  ce 
qu'on  appelle  «  money-articles  ». 

10.  —  Comparez  Prescott  et  lîancroft  comme  historiens. 
Rép.  —  Prescott  (i)  est  le  plus  grand  historien  d'Amérique 

qui  ait  écrit  sur  l'histoire  des  pays  étrangers. 

Bancroft  (5)  est  le  plus  grand  historien  (juiait  écrit  sur  notre 
histoire  d'Amérique. 

Ella  15. 

Lewisburg,  comté  tle  l'Union  (i»ennsylvuniei. 


(1)  La  Case  de  V oncle  Tom.  On  sait  que  le  héros  de  cet  émouvant 
récit  vient  de  parcourir  l'Angleterre  sous  le  nom  de  Ilévérend  Josiah 
Henson.  (Xote  du  Traducteur.) 

(2)  Sous  les  saules. 

(3)  Au  milieu  de  mes  livres;  la  Fenêtre  de  mon  cabinet. 

(4)  Auteur  d'ouvrages  sur  la  conquête  du  Mexique  et  du  Pérou,  sur 
le  règne  de  Ferdinand  et  d'Isabelle  d'Espagne. 

(5)  Auteur  d'une  Histoire  générale  des  Colonies  anglaises  d'Amé- 
rique, et  d'une  Histoire  de  la  guerre  de  l'Indépendance. 

{Notes  du  Traducteur.) 


LITTÉRATURE    ET   HISTOIRE    LITTÉRAIRE.  :285 

2.  —  LES  SCIEN'CES  CONTRE  LES  CLASSIQUES. 
Plan  de  la  dissertation  :  Introduction.  —  Progrès  de  la  civilisation. 

Discussion  : 

Mérite   comparatif  des  classiques  et  des  sciences. 

Par  rapport  aux  classes  laborieuses. 

Par  rapport  au  progrès  général. 

Besoin  d'un  nouveau  système  d'éducation. 

Besoins  du  siècle  actuel. 

Conchision  : 

Par  rapport  à  la  culture  intellectuelle. 
Par  rapport  à  la  religion. 
Par  rapport  à  la  superstition. 

(Développement.) 

Les  sciences  sont  les  interprètes  de  la  nature.  L'étude  des 
sciences  a  pour  objet  de  prouver  que  la  nature  n'est  que  la 
«  pensée  de  Dieu  »  ;  que  les  opérations  des  lois  naturelles  ne 
sont  que  les  opérations  d'une  main  divine  ;  le  plan  d'un  Père 
sage  et  bon  pour  satisfaire  les  besoins  de  la  famille  humaine. 

Les  révélations  des  sciences  ont  conduit  à  des  recherches  dont 
on  peut  voir  le  résultat  dans  la  civilisation  du  siècle  actuel. 
1^'ignorance  et  la  superstition  disparaissent.  Le  développement 
intellectuel  s'est  répandu  si  rapidement,  que  les  masses  elles- 
mêmes  sont  familiarisées  avec  des  lois  scientifiques  qui,  il  y  a 
cent  ans,  n'étaient  connues  que  d'un  petit  nombre  de  per- 
sonnes. 

Grâce  à  leurs  institutions  scientifiques,  les  États-Unis  se 
sont  placés  à  la  tète  de  toutes  les  nations  amies  du  progrès. 
Mais  si  le  peuple  des  États-Unis  veut  continuer  à  progresser,  il 
faut  qu'il  maintienne  ce  système  d'éducation  qui  l'a  fait  ce 
qu'il  est,  et  qu'il  ne  laisse  pas  déraciner  et  supplanter  l'étude 
des  sciences  par  l'étude  des  classiques. 

L'étude  des  sciences  n'implique  pas  la  négligence  de  la 
langue.  Nous  devons  beaucoup  aux  études  classiques,  qui  nous 
ont  révélé  l'histoire  des  siècles  passés  et  nous  ont  donné  tant 
de  chefs-d'œuvre  en  poésie,  en  sculpture  et  en  peinture. 

Mais  la  langue  n'est  que  l'image  de  la  pensée,  l'ombre  du 


i286  niGH  SCHOOLS. 

réel,  la  persoiinilicalion  de  l'ânie.  Quand  même  toutes  les 
langues  seraient  anéanties,  les  sciences  nous  parleraient  encore 
par  la  voix  de  l'orage,  par  les  soupirs  du  puissant  océan,  par 
l'harmonie  des  sphères,  par  le  silence  majestueux  de  la  crois- 
sance et  de  la  décadence. 

La  science  traite  des  faits  et  non  des  formes.  Les  sciences 
sont  aujourd'hui  ce  qu'elles  étaient  hier  et  ce  qu'elles  seront 
demain;  la  langue  change  avec  les  occupations  et  les  habitudes 
de  l'homme.  Quoique  la  correction  de  la  langue  soit  nécessaire 
pour  exprimer  la  pensée,  elle  ne  sert  que  de  marche-pied  pour 
atteindre  quelque  chose  de  plus  élevé.  Il  ne  faut  pas  se  rendre 
esclave  de  la  forme. 

Cette  question  a  une  très-grande  importance  pour  les  classes 
laborieuses,  car  le  pain  quotidien  de  l'ouvrier  dépend  de  ses 
connaissances  scientifiques. 

Le  travailleur  paye  ses  impôts  avec  .joie  pour  que  son  enfant 
reçoive  l'instruction  dont  il  a  besoin  pour  pouvoir  gagner  sa 
vie  par  le  travail.  11  sait  qu'ignorance  est  synonyme  de  pau- 
vreté, tandis  que  science  est  synonyme  de  bien-être. 

Mais  si  l'enfant,  après  avoir  perdu  son  temps  à  étudier  les 
classiques,  ignore  la  vie  pratique  de  notre  siècle,  ce  sacrifice 
de  temps  et  d'argent  devient  inutile. 

Puisque  nous  vivons  dans  un  siècle  de  sciences  et  d'inven- 
tions, l'étude  des  classiques  doit  nécessairement  cesser.  Ce 
qui  est  vieux  doit  toujours  faire  place  à  ce  qui  est  nouveau. 

Le  latin  et  le  grec  servent  à  nommer  les  éléments  scienti- 
fiques; mais  leur  mission  s'arrête  là.  Les  écrits  d'Horace, 
d'Homère  et  de  Virgile  ne  construiront  jamais  un  chemin  de 
fer  et  ne  perceront  jamais  une  montagne.  Ils  ne  nourriront 
jamais  ceux  qui  ont  faim,  ils  ne  donneront  jamais  d'ouvrage  à 
ceux  qui  en  demandent. 

Les  classiques  sont  limités,  tandis  que  les  sciences  sont 
illimitées.  A  chaque  instant  de  nouvelles  découvertes  révè- 
lent de  nouvelles  sources  de  richesse  que  Thonnue  peut  em- 
ployer pour  économiser  ses  efforts  ou  pour  faciliter  le  travail 
des  machines. 

Si,  grâce  aux  sciences,  nous  avons  pu  enchaîner  la  foudre  et 
lui  faire  porter  nos  messages,  si  nous  avons  pu  utiliser  la  force 
et  la  puissance  de  la  vapeur  et  la  transformer  en  un  coursier 
docile  qui  transporte  nos  marchandises,  si  nous  avons  pu  forcer 
la  terre  à  nous  fournir  la  chaleur  et  la  lumière  dont  nous  avons 


LITTÉRATURE    ET    HISTOIRE    LITTÉRAIRE.  ^87 

})esoin  pour  notre  bien-être,  qui  peut  prévoir  les  futures  décou- 
vertes des  sciences? 

La  classe  laborieuse  forme  la  majeure  partie  de  notre  po- 
pulation et  c'est  surtout  en  vue  de  lui  être  utile  que  nos  écoles 
publiques  ont  été  instituées.  Les  membres  de  cette  classe  ont 
besoin  d'une  éducation  libérale  et  scientifique  pour  chasser  la 
superstition,  pour  pouvoir  comprendre  les  œuvres  qui  les  en- 
tourent et  y  prendre  part,  pour  se  rapprocher  davantage  des 
classes  supérieures.  L'éducation  classique  est  inutile  à  un 
homme  qui  gagne  sa  vie  en  travaillant  à  un  métier. 

C'est  la  physique  et  la  connaissance  intime  des  lois  de  la 
mécanique  qui  a  donné  au  monde  le  télégraphe.  >»'i  l'élégante 
simplicité  des  Odes  d'Horace,  ni  les  vers  sublimes  de  VOdyssée 
d'Homère  n'auraient  pu  sonder  l'océan  pour  3Iorse,  et  tracer 
un  chemin  de  fer  pour  Stephenson. 

Sur  douze  élèves  qui  suivent  la  même  classe,  il  n'y  en  a  pas 
plus  d'un  qui  embrassera  une  profession  libérale;  presque  tous 
seront  forcés  d'adopter  la  vie  pratique  des  affaires.  C'est  donc 
à  l'éducation  scientifique  qu'il  faut  donner  la  préférence. 

D'un  autre  côté,  on  a  prétendu  que  l'éducation  classique 
était  nécessaire  au  développement  de  la  culture  intellectuelle. 

Si  l'étude  de  l'œuvre  d'un  homme  développe  l'intelligence, 
l'étude  des  œuvres  bien  plus  sublimes  et  bien  plus  belles  du 
Créateur  ne  doit-elle  pas  produire  ce  résultat  d'une  manière 
indniment  plus  sûre.  Puisque  l'art  n'est  que  l'imitation  de  la 
nature,  comment  peut-il  se  faire  qu'une  œuvre  d'art,  quelle 
qu'elle  soit,  soit  aussi  digne  d'admiration  et  d'étude  que  son 
original? 

On  prétend  aussi  que  les  sciences  sont  en  conflit  avec  ia  re- 
ligion. L'étude  des  sciences  conduit  infailliblement  à  cette 
conviction  qu'il  y  a  un  Être  suprême  (1).  La  chimie  et  l'astro- 
nomie nous  enseignent  que  la  môme  main  qui  rassemble  les 
atomes,  guide  et  dirige  les  mouvements  des  planètes.  Si  les 
sciences  sont  en  conflit  avec  la  religion,  c'est  la  religion  qui 
est  coupable  et  qui  se  met  en  conflit  avec  Dieu. 

Les  sciences  sont  les  plus  grandes  ennemies  de  la  supersti- 
tion. L'ignorance  des  sciences  faisait  que  les  anciens  regar- 
daient les  planètes  avec  une  crainte  superstitieuse;  le  moindre 

([)  «  It  is  triie,  tliat  a  little  philosophy  inclinelh  man's  mind  to 
atheism;  but  depth  in  philosophy  bringeth  men's  minds  about  to 
religion,  u  Bacon's  Essays  (Of  Atheismi.  (Xote  du  Traducteur.) 


288  HIGII    SCIIOOLS. 

phénomène  naturel  était  pour  eux  un  bon  ou  un  mauvais  pré- 
sage. Ils  regardaient  une  éclipse  comme  un  signe  de  la  colère 
de  Dieu  et  ils  croyaient  que  la  lune  rendait  lunatiques  ceux  qui 
erraient  sous  ses  rayons.  Cette  croyance  subsisterait  encore, 
au  grand  détriment  des  jeunes  amants,  si  la  science  n'avait 
pas  expliqué  les  mouvements  des  planètes  et  rendu  compte  de 
tous  les  changewKMîts  naturels. 

Partout  où  lleurissent  les  sciences,  la  superstition  disparaît. 
Les  sciences  ouvrent  à  tous  le  livre  de  la  nature,  et  de  la  na- 
ture elles  élèvent  l'àme  au  Dieu  de  la  nature. 

AViLLIE  P. 
Auroru  (Illinois). 


3.  —  QUESTION  SUR  LA  LITTÉRATURE  ANGLAISE. 

Comparez  notre  littérature  anglaise  à  un  jardin  de  fleurs, 
et  dites  quel  poète  serait  représenté  par  la  sensitive. 
Portsnioutli  (Ohio). 


E^^ercices  oratoires  co  public. 


I .  —  LA  VAPEUR  ET  SON  UTILITE. 

La  vapeur,  qui  est  indubitablement  la  plus  importante  de 
toutes  les  forces  motrices,  est,  d'après  la  physique,  de  l'eau 
sous  une  forme  gazeuse.  On  la  produit  très-simplement  en 
chauffant  de  l'eau  jusqu'à  un  certain  degré,  qu'on  appelle  le 
degré  d'ébullition.  Le  gaz  ainsi  produit  est  doué  d'une  grande 
élasticité,  il  occupe  dix-sept  cents  fois  l'espace  de  l'eau  et  il 
est  capable  de  déplacer  l'atmosphère.  Voilà  ce  que  l'on  connaît 
sous  le  nom  de  vapeur.  Lorsque  l'on  fait  bouillir  de  l'eau  dans 
un  vase  découvert,  la  température  de  l'eau,  ni  celle  de  la  va- 
peur qui  se  forme  ainsi,  ne  dépassent  jamais  le  degré  d'ébulli- 
tion, quelle  que  soit  la  chaleur  du  feu.  Mais  il  n'en  est  pas  de 
même  lorsque  la  vapeur  n'est  plus  en  contact  avec  l'eau,  car 
alors  on  peut  la  chauffer  indéfiniment;  aussi  il  est  extrêmement 


EXERCICES    ORATOIRES   EN   PUBLIC.  289 

dangereux  de  continuer  de  chauffer  un  vase  d'où  la  vapeur  ne 
peut  pas  s'échapper;  caria  force  d'expansion  devient  bientôt  telle 
qu'aucun  vase  ne  peut  y  résister. 

Le  premier  qui  découvrit  la  force  de  la  vapeur  et  l'appliqua 
à  différents  objets  fut  James  Watt,  ce  grand  savant  qui  s'est 
fait  un  nom  en  inventant  la  machine  à  vapeur,  dont  l'usage 
est  si  répandu  aujourd'hui.  Dès  son  enfance,  il  témoigna  beau- 
coup de  goût  pour  les  inventions  mécaniques.  C'est  en  réflé- 
chissant sur  la  bouilloire  à  thé  et  en  comptant  les  gouttes  d'eau 
formées  par  la  vapeur  qui  se  condensait  en  sortant  du  tuyau, 
qu'il  conçut  la  grande  idée  d'employer  la  vapeur  comme  force 
motrice.  Ainsi  donc  ce  n'est  pas  sans  justice  que  la  voix  popu- 
laire l'a  proclamé  «  l'inventeur  de  la  machine  à  vapeur  »  ;  et 
les  honneurs  rendus  à  sa  mémoire  semblent  avoir  été  mérités 
par  les  avantages  immenses  que  son  esprit  inventif  a  procurés 
à  la  race  humaine. 

Comme  la  vapeur  est  devenue  la  plus  importante  des  forces 
motrices,  les  propriétés  sur  lesquelles  repose  son  action  de- 
mandent à  être  considérées  avec  soin,  car  les  différents  objets 
auxquels  on  l'applique  sont  très-nombreux.  Comme  force  ini- 
tiale, elle  e^t  bien  supérieure  au  vent  et  à  l'eau  ;  car,  comme 
elle  est  indépendante  de  la  tempéralure,  on  peut  s'en  servir 
en  tout  lieu. 

Une  des  premières  applications  que  l'on  ait  faites  de  la  vapeur, 
ce  fut  de  l'employer  à  la  locomotion.  On  projeta  d'abord  de 
faire  circuler  sur  les  routes  ordinaires  des  voitures  à  vapeur, 
dont  chacune  recevrait  des  voyageurs  et  porterait  avec  elle  la 
vapeur  nécessaire  pour  la  faire  marcher.  On  exécuta  en  partie 
ce  projet,  mais  le  succès  ne  répondit  pas  à  l'attente,  et  on  finit 
par  l'abandonner.  Mais  aujourd'hui,  dans  toutes  les  parties  du 
monde  civilisé,  la  vapeur  est  employée  comme  moyen  de  loco- 
motion, et  nous  voyons  journellement  de  grandes  machines 
traîner  d'immenses  convois  de  bagages  et  de  marchandises,  et 
transporter  les  voyageurs  en  tous  lieux,  non  pas  sur  les  routes 
ordinaires,  mais  sur  des  routes  construites  spécialement  à  cet 
effet. 

D'un  autre  côté,  c'est  à  l'aide  de  la  vapeur  qu'on  fait  mou- 
voir le  marteau  de  forge,  qui  a  contribué  indubitablement  plus 
que  toute  autre  invention  mécanique  au  développement  des  res- 
sources merveilleuses  du  commerce  du  fer,  et  dont  l'usage  est 
fort  répandu  dans  nos  forges.  Allez  visiter  quelque  grand  éta- 
blissement manufacturier  et   vous  verrez  ces   marteaux   im- 

19 


290  IIIGII   SCIIOOLS. 

meiises,  dont  le  poids  est  de  plusieurs  tonnes  (1),  s'élever  et 
s'abaisser  régulièrement,  et  aplatir  le  fer  sous  leurs  coups 
formidables.  11  paraît  à  peine  possible  qu'on  puisse  les  faire 
agir  avec  une  si  petite  quanlité  de  vapeur;  mais  les  masses  de 
fer  travaillé  que  nous  voyons  à  nos  pieds  en  sont  une  preuve 
irrécusable. 

Lorsque  la  vapeur  fut  connue  comme  force  motrice,  on  ne 
tarda  pas  à  l'appliquer  à  la  navigation,  et  on  s'en  sert  aujour- 
d'hui pour  faire  naviguer  les  steam-boats  (2)  sur  les  mers, 
sur  les  lacs,  et  sur  les  fleuves  navigables. 

C'est  à  Robert  Fulton,  dont  le  génie  a  fait  nailre  ces  flottes 
mues  par  la  vapeur  que  nous  voyons  aujourd'hui,  que  revient 
l'honneur  d'avoir  le  premier  démontré  l'utilité  pratique  de  la 
va})eur  ainsi  employée.  11  a  modifié  tout  le  système  de  la  navi- 
gation, et  c'est  grâce  à  lui  que  les  marins  peuvent  se  jouer  des 
vents  et  des  flots.  De  bonne  heure,  il  songea  à  employer  la  va- 
peur comme  force  motrice  pour  les  vaisseaux  ;  c'est  lui  qui  fit 
construire,  à  ]New  York  le  premier  steam-boat,  appelé  le  Cler- 
mont,  et  qui  fit  véritablement  la  première  traversée  heureuse 
de  New  York  à  Albany  sur  le  fleuve  Hudson  :  son  navire  fit 
110  milles  en  vingt-quatre  heures,  en  remontant  le  courant 
avec  le  vent  contraire.  Cet  exploit  excita  une  admiration  uni- 
verselle et,  à  partir  de  ce  moment,  les  steam-boats  se  sont  ra- 
pidement multipliés  dans  les  eaux  des  États-Unis  et  dans  tout 
le  monde  civilisé. 

L'invention  de  Fulton  est  partout  en  usage,  et  aujourd'hui 
des  vaisseaux  bien  plus  grands  et  bien  plus  forts  que  ceux 
d'autrefois  se  rendent  dans  toutes  les  parties  du  monde  au 
moyen  de  la  vapeur.  Cet  agent  puissant  est  devenu  aujour- 
d'hui d'une  application  presque  universelle;  et  le  travail  le 
plus  délicat,  qui  exige  le  taraud  le  plus  fin  ou  la  vis  la  plus 
puissante,  et  pour  lequel  les  cyclopes  dont  parle  la  fable  n'au- 
raient pas  eu  trop  de  toute  leur  force,  peut  être  exécuté  par 
l'homme  ingénieux  aidé  de  cet  agent  simple  et  merveilleux. 

Songeons  un  instant  à  la  force  (|ui,  d'un  vase,  contenant  à 
peine  assez  d'eau  pour  étancher  notre  soif  dans  un  jour  d'été, 
fait  un  agent  capable  de  mettre  en  mouvement  le  navire  de 
guerre  le  plus  puissant,  et  nous  ne  pourrons  manquer  de  nous 


(1)  La  tonne  américaine  (ton)  vaut  20  quintaux  ou  1015  kilogr 

(2)  Liltér.ilement  :  bateaux  à  vapeur. 


EXERCICES  ORATOIRES  EN  PUBLIC.        291 

sentir  saisis  d'admiration  et  de  respect  pour  l'Être  tout-puissant 
qui  permet  que  de  telles  choses  existent. 

John  M.  G. 
Rcadiiisr  (Pennsylvanie). 


:2.  —  LES  VIEILLES   CHOSES   ONT   PASSÉ. 

Tout  ce  qui  existe  a  éprouvé  quelque  changement.  Au  point 
de  vue  physique,  aucun  ohjet  n'est  exactement  aujourd'hui  ce 
qu'il  était  hier.  La  terre  immense  sur  sa  hase  adamantine 
éprouve  transformation  sur  transformation.  Ni  mon  esprit,  ni  le 
vôtre,  mes  chers  auditeurs,  ne  peuvent  comprendre  ces  trans- 
formations, mais  nous  ne  pouvons  douter  qu'elles  ne  s'opèrent 
d'une  manière  constante. 

Les  forces  puissantes  de  la  nature  ne  cessent  jamais  d'agir, 
elles  sont  toujours  en  travail  ;  quelquefois  leurs  efforts  sont 
convulsifs  et  instantanés,  le  plus  souvent  ils  sont  silencieux  et 
invisibles.  Le  volcan  et  le  tremblement  de  terre  élèvent  ou  sub- 
mergent un  continent  en  un  instant,  l'insecte  qui  forme  le  corail 
et  l'Océan  produisent  le  même  elTet  dans  l'espace  d'une  période 
géologique.  Cette  terre  que  nous  foulons  sous  nos  pieds  était 
jadis  une  masse  en  fusion  :  aujourd'hui  elle  est  propre  à  servir 
d'habitation  à  l'homme.  Pendant  la  période  de  transition,  des 
oiseaux  immenses  trempaient  leurs  ailes  dans  sa  fange  et  de 
monstrueux  serpents  se  cachaient  dans  l'ombre  de  ses  forêts 
préadamites.  Les  restes  fossiles  qui  subsistent  encore  prouvent 
cette  vérité  et  nous  montrent  que  la  transformation  perpé- 
tuelle est  la  loi  de  la  nature.  Qui  osera  parler  des  transitions 
qui  s'opèrent  dans  les  myriades  de  mondes  qui  nous  entourent? 
Sous  entendons  souvent  parler  de  météores  ayant  l'apparence 
de  pierres  qui  descendent  sur  notre  terre,  et  nous  voyons  de 
temps  en  temps  des  étoiles  filantes  traverser  les  régions  sans 
bornes  de  l'espace.  D'où  viennent-elles?  ^se  prouvent-elles  pas 
qu'il  s'opère  des  transformations  ailleurs  que  sur  la  terre?  En 
un  mot  tout  ce  à  quoi  nous  [louvons  penser  ne  prouve-t-il  pas 
le  plus  clairement  possible  que  «  les  vieilles  choses  ont  passé  », 
nou-seulement  sur  la  terre,  mais  dans  tout  l'espace.  Supposer 
le  contraire  serait  vraiment  aller  contre  la  nature  des  choses, 
cartons  ces  corps  sont  l'œuvre  du  même  Être  Suprême,  ils 


^292  HIGH   SCHOOLS. 

sont  donc  indubitablement  soumis  aux  mêmes  lois  et  par  con- 
séquent aux  mêmes  transformations. 

Mais  revenons  à  notre  planète.  A  ne  considérer  la  terre  que 
pendant  sa  période  historique,  que  de  transformations  n'a-t-elle 
pas  éprouvées?  Ne  sont-elles  pas  bien  marquées  et  bien  signi- 
licatives?  Où  est  le  fier  Égyptien  ({ui  se  vantait  d'être  le  père 
de  la  science  et  des  arts?  Où  sont  ces  Mèdes  et  ces  Perses 
arrogants  dont  les  décrets  n'étaient  jamais  modifiés?  Disparus, 
avec  tout  leur  orgueil  et  toute  leur  folie!  Disparus,  avec  tout 
leur  mérite  et  toute  leur  faiblesse!  Elles  endroits  qui  les  ont 
connus  jadis  ne  les  connaîtront  plus  jamais.  Le  Grec  versatile 
et  le  Romain  superbe  eux-mêmes,  dont  les  actes  et  les  paroles 
semblent  si  bien  être  d'hier,  ne  vivent  plus  que  dans  les  écrits  de 
leurs  hommes  de  génie. 

Et  même  sans  sortir  de  notre  pays,  où  est  le  chasseur  rouge 
que  nos  pères  ont  vu  parcourir  fièrement  les  champs  où  s'élèvent 
aujourd'hui  de  nobles  cités,  et  qui,  le  soir,  dans  son  sauvage 
wigwam  (1),  au  milieu  de  sa  famille,  écoutait  ou  faisait  des 
récits  farouches  de  guerre  et  de  sang?  Disparu.  Tout  cela  a 
disparu  :  les  puissants  échos  de  la  forêt  ne  retentissent  plus 
du  cri  de  guerre  des  Indiens;  on  ne  voit  plus  maintenant  cir- 
culer le  calumet  (2)  annonçant  que  la  guerre  est  finie  et  que  la 
paix  triomphe. 

Hélas  non!  on  n'entend  }dus  retentir  les  pas  de  l'Honnne 
Rouge;  il  a  disparu,  et  une  autre  race  cultive  aujourd'hui  les 
champs  paisibles  ou  i-emplit  les  villes  connnerçantes  où  l'on 
entend  le  bruit  confus  de  mille  industries.  11  est  bien  vrai  que 
((  les  vieilles  choses  ont  passé  ». 

Etle  changement  n'est-il  pas  une  condition  de  notre  boidieur? 
Assurément.  Ne  modifions-nous  pas,  presque  journellement, 
notre  genre  de  vie,  la  forme  de  nos  vêtements  et  même  nos 
plaisirs?  Ne  marchons-nous  pas  à  grands  pas  vers  les  change- 
ments mêmes  dont  nous  avons  une  crainte  vague,  mais  certaine? 
On  dit  que  notre  race  dégénère  à  vue  d'œil  ;  que  nos  mœurs, 
nos  coutumes  n'ont  aucune  stal)ilité,  et  qu'en  tout,  même  en 
intelligence,  nous  sommes  inférieurs  à  nos  ancêtres.  Assuré- 
ment nos  bons  vieux  ancêtres  seraient  révoltés,  s'ils  pouvaient 
nous  voir  aujoiu-d'hui  accablés  sous  le  poids  de  tous  ces  vains 


(1)  La  huile  ou  la  cabane  d'un  Imlieii  d  Amérique. 

(2)  Mot  qui  a  probablemeul  une  origine  indienne,  et  qui  désigi 
une  grande  pipe  pour  fumer  du  tabac. (         Notes  du  Traducteur.) 


EXERCICES    ORATOIRES   EN   PUBLIC.  293 

ornements  de  toilette  qui  nous  forcent  à  marcher  avec  affectation 
pour  ne  pas  salir  nos  vêtements.  Nous  pouvons  nous  figurer  leurs 
regards  de  dédain  et  leurs  exclamations  d'ëtonnement  :  il  n'est 
pas  difficile  de  deviner  les  comparaisons  fort  peu  à  notre  avan- 
tage qu'ils  feraient,  et  nous  pouvons  nous  les  représenter  nous 
accusant  de  décadence;  en  se  moquant  des  fils  dégénérés  d'une 
noble  race.  Ce  n'est  pas  notre  faute  s'il  en  est  ainsi  ;  nous  ne 
sommes  pas  dégénérés,  nous  ne  sommes  pas  inféi'ieurs;  «  les 
vieilles  choses  ont  passé,  î  et  ceux  qui  ont  passé  avec  elles  ne 
peuvent  pas  se  faire  une  idée  du  changement  :  voilà  tout.  Nos 
ancêtres  avaient  leurs  modes  et  leurs  faiblesses,  qui  étaient 
aussi  amusantes  et  plus  absurdes  que  les  nôtres;  ils  étaient, 
comme  nous,  les  esclaves  de  l'opinion  et  de  l'apparence,  et  ils 
étaient  loin  d'avoir  notre  énergie  et  notre  esprit  d'invention. 

((.  Les  vieilles  choses  ont  passé  :  »  c'est  ce  que  montrent  bien 
la  commodité  avec  laquelle  nous  voyageons  et  toutes  les  autres 
inventions  de  la  science.  Nous  avons  réduit  les  éléments  à  être 
nos  serviteurs,  et  ce  n'est  pour  nous  qu'un  jeu  de  rendre 
docile  à  notre  volonté  le  nuage  qui  porte  la  foudre.  Nous  pou- 
vons traverser  le  globe  en  dix  fois  moins  de  temps  que  nos 
ancêtres  ;  et  il  ne  nous  faut  qu'un  instant  pour  communiquer 
en  esprit  avec  nos  antipodes.  On  peut  donc  réellement  dire  que 
pour  nous  «  les  vieilles  choses  ont  changé  », 

Les  triomphes  éclatants  des  arts  et  des  sciences  prouvent  que 
noffs  ne  sommes  pas  dégénérés,  mais  que  nous  sommes  réelle- 
ment plus  avancés  que  nos  ancêtres,  au  point  de  vue  physique,  au 
point  de  vue  social,  au  point  de  vue  intellectuel.  Néanmoins  nous 
changeons  ;  et,  d'après  la  loi  commune,  il  viendra  un  moment  où, 
nous  aussi,  nous  serons  oubliés  et  mis  au  rang  des  «:  vieilles  choses 
qui  ont  passé  ».  Hier  encore,  nous  étions  élèves  de  la  Reading 
H'ujh  School;  ce  soir  nous  éprouvons  un  changement,  et  nous  ne 
sommes  plus  enrôlées  parmi  les  soldats  de  cette  armée  scien- 
tifique. Nous  allons  voguer  sur  un  nouveau  fleuve  de  la  vie,  et 
pendant  que  nous  descendrons  le  courant,  nous  subirons  inévi- 
tablement beaucoup  de  modifications.  Mais  c'est  le  cœur  plein 
d'espérance  et  de  courage  que  nous  nous  embarquons  et,  en 
regardant  derrière  nous,  nous  pensons  que  nous  pourrons  nous 
écrier  joyeusement  :  «  Oui,  les  vieilles  choses  ont  heureusement 
passé!  )) 

Clara  M. 
Reading  ("Pennsylvanie). 


294  HIGH    SCHOOLS. 


3.  ~  ADIEUX   DES   aînées. 

Le  temps  a  fui  d'une  aile  rapide,  et  trois  fois  se  sout  épa- 
nouies ces  fleurs  d'été  qui  portent  les  fruits  que  nous  cueillons 
aujourd'hui.  Uien  n'arrête  les  progrès  du  temps. 

11  construit  pour  nous  un  pont  fragile,  s'étendant  sur  un 
fleuve  aux  eaux  rapides  et  réunissant  le  passé  évanoui  au  pré- 
sent plein  de  vie.  Dans  notre  ardeur,  nous  nous  empressons  d'y 
marcher,  sans  remarquer  qu'il  chancelle  et  se  courhe  sous 
notre  poids.  Les  rives  sont  couvertes  de  fleurs  et  entourées  de 
haies  de  verdure.  Derrière  nous,  sont  les  heures  ensoleillées 
d'autrefois,  et  la  réflexion  nous  apporte  celte  triste  pensée 
qu'elles  sont  passées  pour  toujours. 

Que  de  choses  contenues  dans  ce  seul  mot  :  «  passées  !  »  >Jc 
vaut-il  pas  à  lui  seul  plusieurs  volumes?  Nous  voyons  que  l'en- 
fance avec  ses  joies  innocentes  s'est  enfuie  en  nous  laissant  au 
seuil  d'une  nouvelle  existence.  Prenons  donc  la  résolution  de 
faire  de  notre  vie  ce  que  devrait  être  la  vie  de  toutes  les 
femmes  :  une  nohle  vie.  Marchons  revêtues  de  l'armure  de 
Dieu,  faisant  sagement  et  bien  ce  qu'il  faut  faire. 

La  scène  change  :  le  passé  s'enveloppe  des  brouillards  du 
Léthé,  le  présent  disparaît  proniptement  et  se  fond  dans  le 
passé;  chaque  moment  qui  s'approche  se  transforme  en  futur. 
C'est  à  nous  que  ces  années  ont  été  confiées  et  maintenant 
encore  la  voix  de  la  conscience  nous  pose  celte  question  : 
((  Avez-vous  employé  ces  années  convenablement?  » 

Leseftorts  denotre  mémoire  évoquentune  infinité  de  moments 
perdus  dans  l'oisiveté  et  qui  ont  disparu  pour  jamais  dans  les 
gouff'res  inférieurs. 

C'est  avec  plaisir  que  nous  nous  souvenons  ce  soir  de  nos 
anciennes  heures  d'étude,  de  la  généreuse  rivalité  qui  s'éta- 
blissait entre  nous  pour  atteindre  le  même  but.  Mais  hélas  !  il 
nous  est  échappé  bien  des  négligences,  des  paroles  sans 
réflexion,  de  petits  mouvements  d'emportement  qu'il  serait  bon 
de  pardonner  et  d'oublier.  Cr;  sont  là  des  taches  noires  qui 
ternissent  l'éclat  de  ce  beau  jour. 

11  est  bien  naturel  que  nos  cœurs  bondissent  à  la  pensée  de 
la  liberté,  à  la  pensée  d'être  affranchies  de  l'esclavage  imposé 
à  celles  qui  veulent  sérieusement  s'instruire.  Mais  il  ne  faut 
pas  oublier  que  ce  n'est  pas  en  se  croisant  les  bras  dans  une 
«  sublime  indolence  »   qu'on  acquiert  la  gloire  et  l'honncnir; 


EXERCICES    ORATOIRES   EN   PUBLIC.  295 

c'est  pourquoi  ne  nous  empressons  pas  de  jeter  nos  Jiens,  mais 
cherchons  toujours  à  éclairer  nos  esprits. 

L'oisiveté  est  stérile.  Les  merveilleuses  découvertes  dans  les 
sciences  et  dans  les  arts  n'ont  pas  été  faites  par  des  hommes  qui 
regardaient  la  vie  comme  un  jour  de  congé  pendant  le({uel  ils 
pouvaient  rester  oisifs. 

Si  vous  vouiez  acquérir  de  la  gloire,  si  vous  voulez  occuper 
une  place  dans  la  société  et  en  faire  l'ornement,  si  vous  voulez 
conserver  le  respect  de  vous-même,  souvenez-vous  iju'il  faut 
encore  travailler,  encore  étudier. 

Aucune  de  celles  qui,  lorsque  leurs  années  d'école  sont  ter- 
minées, s'appliquent  à  augmenter  leurs  connaissances,  n'a  sujet 
de  se  décourager  :  tout  ce  qu'elle  acquiert  ainsi  est  un  trésor 
réel  que  rien  ne  peut  lui  enlever. 

Mes  chères  camarades,  la  vie  est  courte,  nos  années  sont  si 
morcelées  qu'elles  ne  suffisent  pas  pour  nous  procurer  la  moitié 
des  choses  nécessaires.  Mais  tout  en  nous  occupant  ainsi  de  dé- 
velopper notre  esprit,  il  ne  faut  pas  négliger  ces  vertus  et  ces 
alTections  morales  qui  donnent  à  la  femme  un  charme  sans  nom 
et  qui  répandent,  pour  ainsi  dire,  un  rayon  de  soleil  sur  le 
foyer  domestique. 

Les  charmes  extérieurs  peuvent  captiver  les  yeux,  mais 
lorsque  nous  considérons  leur  naiiye  périssable,  nous  nous 
surprenons  à  soupirer  après  ces  beautés  del'àme,  qui  nous  sont 
dispensées  par  la  Providence,  qui  n'ont  pas  de  bornes  et  qui 
sont  éternelles. 

Ce  soir,  lorsque  nous  franchirons  le  seuil  de  cette  salle,  nous 
nous  embarquerons  sur  l'océan  inconnu  de  l'avenir,  oîi  nous 
n'avons  pas  encore  navigué.  Nos  cœurs  heureux  palpitent.  De- 
puis longtemps  nous  attendons  ^ec  amour  celte  soirée,  parta- 
gées entre  le  doute  et  la  crainte;  nos  espérances  ont  failli  faire 
naufrage,  mais  nous  nous  sommes  fermement  accrochées  au 
bon  navire  et  nous  sommes  enlin  entrées  dans  le  port  saines  et 
sauves.  Notre  vie  s'est  écoulée  agréablement  pendant  ces  an- 
nées, mais  nous  avons  eu  aussi  des  moments  de  chagrin;  et  ce 
chagrin  nous  paraissait  si  violent  que  nos  cœurs  saignaient. 
Mais,  avec  l'élasticité  de  la  jeunesse,  nous  reprenions  vite  cou- 
rage. Je  me  plais  à  me  reporter,  ce  soir,  en  imagination,  à 
l'époque  oîi  nous  avons  franchi  pour  la  première  fois  les  portes 
de  cette  salle.  Les  années  ont  fui  si  rapidement,  que  je  suis  sur- 
prise de  me  trouver  ce  soir  au  milieu  de  vous,  vous  adressant, 
d'une  faible   voix,   mes   tendres   adieux.  Chères  camarades, 


296  HIGH   SCHOOLS. 

tendres  amies  de  mon  enfance,  adieu,  adieu!  Mon  cœur  est 
trop  plein  pour  que  je  puisse  exprimer  tout  ce  que  je  voudrais 
vous  dire,  avant  notre  séparation  ;  mais  mon  amitié  et  mes 
meilleurs  souhaits  vous  accompagnent,  et  je  vous  dis  à  toutes  : 
Dieu  vous  aide  !  Adieu  ! 

Et  vous,  chères  camarades  de  première  et  de  deuxième  an- 
née, je  dis  adieu  à  chacune  de  vous.  En  laissant  nos  places 
vides,  nous  espérons  qu'elles  seront  remplies  plus  dignement 
qu'elles  ne  l'étaient.  Hélas!  chères  compagnes,  il  y  a  parmi 
vous  une  place  vide;  celle  qui  l'occupait  était  notre  amie  et 
nous  la  voyions  avec  plaisir  tous  les  jours,  mais  nous  ne  la 
verrons  plus.  Elle  entend  maintenant  des  accents  plus  doux  que 
les  nôtres  et  elle  habite  dans  des  régions  plus  belles. 

Nous  devons  dire  à  notre  directrice  que  nous  la  prions 
d'exercer  en  notre  faveur  la  divine  vertu  du  pardon.  Si  nous 
ne  nous  sommes  pas  toujours  conduites  à  son  égard  comme 
nous  devions  nous  conduire  ;  si  nous  n'avons  pas  toujours  obéi 
à  ses  moindres  ordres,  et  si,  par  notre  conduite,  nous  avons 
rendu  sa  tâche  plus  pénible,  nous  espérons  qu'elle  iious  par- 
donnera, et  nous  la  prions  seulement,  lorsqu'elle  pensera  à 
nous  dans  l'avenir,  de  ne  pas  nous  en  vouloir,  et  de  se  rappe- 
ler que  nous  avons  fait  mal  sans  le  savoir. 

Nous  devons  adresser  la  même  prière  à  nos  autres  mai- 
tresses.  Elles  sont  venues  parmi  nous  ignorant  que  nos  cœurs 
saignaient  encore  de  nos  pertes  récentes,  et  nous  ne  pouvions 
pas  effacer  si  promptement  les  images  que  nous  y  avions  pré- 
cieusement conservées  pendant  des  années.  Le  temps  n'aurait 
pas  tardé  à  montrer  combien  nous  désirions  rendre  justice  à 
leurs  nobles  efforts. 

Nous  prions  notre  digne  surintendant  et  les  membres  du 
Comité  de  recevoir  nos  remerciements  pour  les  marques  de 
bonté  et  d'intérêt  qu'ils  nous  ont  constamment  données. 

Et  maintenant  nous  demandons  à  nos  parents,  qui  nous  en- 
tourent, s'il  n'y  a  pas  de  place  au  milieu  d'eux  pour  recevoir 
notre  jeune  troupe.  Ne  nous  recevront-ils  pas  avec  bonté  pour 
nous  aider  et  nous  guider  d;uis  notre  nouvelle  vie? 

Camarades,  maîtresses,  amies,  je  vous  dis  maintenant  à  toutes 
un  tendre  adieu,  espérant  que  nous  pourrons  nous  retrouver 
plus  tard  dans  quelqu'un  des  sentiers  de  la  vie. 

Ada  V>. 
Nouvell(î-Orlc;tns  ^Louisiane).  Érole  supérieure  de  filles. 


EXERCICES   ORATOIRES   EN    PUBLIC.  297 


4.  —  ADIEUX  DES  JEUNES. 

Choisie  par  mes  compagnes  pour  vous  faire  leurs  adieux,  je 
sens,  au  moment  où  je  parais  devant  vous,  combien  je  suis  in- 
capable d'exprimer  par  des  paroles  les  profonds  sentiments  qui 
remplissent  mon  cœur.  Ces  sentiments  sont  un  mélange  confus 
de  joie  et  de  chagrin  ;  c'est  avec  joie  que  nous  vous  voyons 
libres  des  devoirs  de  l'école,  c'est  avec  joie  que  nous  vous 
voyons  recueillir  enlin  la  récompense  de  trois  années  de  travail. 
Mais  c'est  avec  chagrin  que  nous  nous  séparons  de  vous,  qui 
avez  été  nos  compagnes  pendant  les  deux  années  qui  viennent 
de  s'écouler,  années  d'innocence,  de  joie  et  de  gaieté.  Vous 
avez  fidèlement  rempli  votre  tâche,  comme  doivent  le  faire  tous 
ceux  qui  veulent  s'abreuver  aux  eaux  vives  de  la  science  ;  quel- 
ques-unes ont  cédé  trop  tôt  à  la  fatigue,  oubliant  que  la  science 
ne  se  donne  qu'à  ceux  qui  la  recherchent  avec  ardeur  el  per- 
sévérance. Elles  ont  franchi  trop  tôt  hélas  !  les  bornes  de  l'en- 
fance et  sont  entrées  dans  l'école  du  monde,  bien  plus  grande 
que  celle-ci,  où  préside  la  plus  sévère  de  toutes  les  maîtresses, 
l'expérience.  Son  enseignement  est  souvent  bien  amer. 

Chères  aînées,  notre  éducation  ne  fait  que  commencer,  nos 
esprits,  enfin  mûrs  et  disciplinés,  sont  prêts  à  entrer  dans  les 
champs  plus  fertiles  de  la  littérature  et  des  connaissances  utiles. 
Laissez  de  côté  les  plaisirs  du  moment,  ayez  un  objet  en  vue, 
proposez-vous  un  but  à  atteindre,  et  disposez  vos  esprits  de 
telle  sorte  que  tous  vos  actes,  tous  vos  mouvements  tendent 
vers  ce  but.  Perfectionnez  votre  intelhgence,  voire  caractère, 
vos  vertus,  vos  affections. 

Rappelez-vous  que  la  sphère  de  la  femme  n'est  pas  limitée 
aux  devoirs  du  foyer  ;  son  influence  est  sans  bornes,  et  elle  peut 
s'en  servir  pour  le  bien  ou  poui*  le  mal.  11  serait  superflu, 
chères  amies,  de  vous  engager  à  poursuivre  toujours  le  bien, 
et  à  tâcher  d'atténuer  le  mal  que  d'autres  font.  Soyez  fidèles  à 
vous-mêmes  et  n'abandonnez  pas  vos  plus  chers  intérêts. 

Vous  ne  suivrez  pas  toutes  la  même  route  dans  la  vie,  mais 
nous  espérons  que  vous  n'oublierez  jamais  les  premiers  ensei- 
gnements que  vos  maîtres  vous  ont  donnés  et  les  excellents 
exemples  qu'ils  vous  ont  présentés.  Que  ce  soit  le  mérite  moral 
qui  dirige  toutes  vos  actions. 

Le  mérite  n'est  pas  une  ^ertu  éclatante,  mais  c'est  cette 
vertu  qui  vous  fera  accomplir  votre  devoir  sans  hésiter;  c'est 


298  HIGII   SCIIOOLS. 

par  elle  que  vous  serez  fidèles  à  vos  amies,  généreuses  envers 
vos  ennemies,  bonnes  et  pleines  de  compassion  pour  les  pauvres. 
C'est  une  vertu  modeste  qui  brille  humblement,  mais  elle  cou- 
ronne tout  ce  qui  est  bon. 

La  société  s'ouvre  devant  vous  avec  tous  ses  plaisirs  ;  les  sa- 
lons dorés,  les  accents  enivrants  de  la  musique  vous  feront 
oublier  le  temps  qui  fuil,  et  en  cherchant  les  plaisirs  de  la  vie 
vous  serez  portées  à  en  oublier  les  devoirs  plus  austères. 

Je  vous  le  recommande,  chères  aînées,  soyez  (idèles  à  vous- 
mêmes  et  soyez  modérées  dans  la  recherche  des  plaisirs. 
Malgré  tous  les  charmes  du  monde,  arrêtez-vous  et  suivez 
toujours  le  parti  le  plus  conforme  à  vos  véritables  intérêts. 

Ce  soir,  vous  ne  pensez  pas  au  passé  et,  en  quittant  cette  salle, 
vous  ne  vous  direz  pas  que  vous  laissez  derrière  vous  la  plus 
belle  partie  de  votre  vie.  Mais  plus  lard  vous  jetterez  un  long 
regard  en  arrière  et  vous  souhaiterez  de  revivre  ces  années 
que  vous  avez  passées  ici. 

L'heure  s'avance  et  je  dois  maintenant  vous  prier  d'accueillir 
nos  conseils  avec  bonté  et  de  ne  pas  les  trouver  déplacés. 
Souvenez-vous  qu'en  prenant  congé  de  vous,  chères  aînées, 
mon  cœur  est  rempli  pour  vous  d'une  alfection  qui  durera 
éternellement. 

>'ous  nous  séparons  ce  soir,  mais  nous  pourrons  nous  re- 
voir, et  nous  espérons  que  cette  séparation  ne  brisera  pas  nos 
amitiés. 

Au  nom  de  toutes  mes  compagnes,  je  vous  souhaite  plaisir 
et  bonheur  dans  l'avenir  ;  puissent  les  bénédictions  du  ciel 
vous  accompagner  partout,  et  nous  vous  disons  pour  la  der- 
nière fois  un  tendre  «  Adieu  ». 

Allie  P,. 

Nouvelle-Orléans  (Louisiane).  École  supérieure  de  filles. 


2«  SECTION  :  COMPOSITIONS  MORALES  ET  PHILOSOPHIQUES. 

\^I.  —  Dissertations. 

1.     —    AMUSEMENTS     INNOCENTS. 

((  Les  opinions  sont  différentes  »  et  les  amusements  que  les 
uns  considèrent  comme  innocents  peuvent  être  regardés  par 


DISSERTATIONS.  ^99 

d'aiitres  comme  des  pièges  affreux,  invenlés  tout  exprès  pom' 
tromper  les  jeunes  gens. 

Nommons  quelques-uns  des  amusements  sur  la  nature  des- 
quels on  n'est  pas  d'accord  :  la  danse  et  le  jeu  de  billard  sont 
les  principaux. 

Occupons-nous  de  la  danse.  Eh  bien,  c'est  un  bon  exercice 
qui  fait  circuler  le  sang,  qui  colore  les  joues  et  qui  donne  de 
l'animation  aux  yeux.  «  C'est  bien,  lorsqu'il  ne  s'agit  que  de 
quadrilles,  disent  certains  personnages  ;  mais  lorsqu'il  s'agit 
de  danses  tournantes?  »  Oui,  il  n'y  a  rien  à  dire  contre  les 
quadrilles.  Un  quadrille  est  une  danse  très-grave  et  qui,  selon 
moi,  convient  admirablement  aux  vieilles  personnes,  dont  les 
membres  sont  engourdis  et  dont  les  forces  soiit  restreintes. 
Presque  toute  cette  danse  consiste  à  se  tenir  debout,  à  causer, 
à  marcher  et  à  se  donner  des  poignées  de  mains. 

Mais  quant  aux  danses  tournantes,  il  y  a  des  pères  et  des 
mères  qui  disent  :  «  Nous  ne  voulons  pas  que  tous  les  danseurs 
du  bal  mettent  leurs  bras  autour  de  la  taille  de  nos  lîlles.  » 

Mais  beaucoup  de  dames  fort  respectables  se  laissent  mettre 
les  bras  autour  de  la  taille  pour  la  valse  et  pour  la  scottish. 
Eh  bien,  si  cela  est  immodeste,  pourquoi  le  font-elles?  C'est 
l'habitude,  et  l'habitude  des  personnes  respectables,  dans  le 
monde  entier.  Dira-t-on  que  le  monde  approuverait  une  chose 
qui  ne  serait  pas  parfaitement  convenable  ? 

Reportons- nous  aux  siècles  de  Chaucer  et  de  Spencer.  Nous 
savons,  par  leurs  écrits,  qu'il  était  d'usage  qu'un  monsieur 
prît  une  dame  dans  ses  bras  et  qu'il  l'embrassât  pour  la  sa- 
luer. Nous  n'en  faisons  pas  un  reproche  à  nos  ancêtres,  parce 
que  c'était  Vumije.  La  bienséance  ne  fait  elle-même  ni  ses 
règles,  ni  ses  lois.  Elle  est  entièrement  gouvernée  par  l'usage, 
et  il  en  sera  toujours  ainsi. 

Maintenant  parlons  du  jeu  de  caries.  La  seule  critique  que 
j'aie  entendu  formuler  à  ce  sujet,  c'est  qu'en  jouant  aux  cartes 
on  se  passionne  insensiblement  pour  le  jeu. 

Je  crois  que  c'est  l'absence  des  amusements  domestiques, 
parmi  lesquels  les  cartes  tiennent  le  premier  rang,  qui  engage 
surtout  les  jeunes  gens  à  quitter  la  maison.  Ils  voient  des  per- 
sonnes jouer  aux  cartes,  s'y  intéresser  et  s'y  amuser,  ils  ren- 
trent chez  eux  le  soir,  fatigués  et  ennuyés,  on  leur  offre  une 
brochure  religieuse  pour  se  reposer  et  pour  se  fortifier  l'esprit 
(ce  qu'ils  font,  nous  n'en  douions  pas).  Et  quel  est  le  résultat? 
Les  jeunes  o-ens  fuient  les  brochures  religieuses,  connue  ils 


300  HIGH  SCHOOLS. 

fuiraient  du  poison,  et  ils  courent  au  preniier  endroit  de  di- 
vertissement (qui  est  trop  souvent  une  maison  de  jeu).  Us  pas- 
sent la  soirée  hors  de  la  maison  paternelle  et  en  mauvaise 
compagnie.  Comme  on  pourrait  facilement  prévenir  tous  ces 
maux  en  mêlant  judicieusement  les  cartes  et  la  religion! 

Il  en  est  de  même  du  billard.  Si  vous  n'avez  pas  le  moyen 
d'avoir  un  billard,  il  ne  faut  pas  permettre  à  votre  fils  d'ap- 
prendre ce  jeu.  (Je  ne  parle  pas  des  filles,  car  tout  le  momie 
sait  que  les  (illes  sont  parfaites,  ou  peu  s'en  faut.)  Rendez  votre 
foyer  domestique  agréable,  introduisez-y  d'autres  amusements, 
et  votre  fils  ne  leur  préférera  pas  le  billard. 

II  y  a  une  chose  dont  je  n'ai  pas  encore  parlé.  C'est  la  mu- 
sique. Quelques  personnes  se  rappellent  encore  la  vertueuse 
indignation  avec  laquelle  les  vieillards  voyaient  autrefois  intro- 
duire des  orgues  dans  les  églises,  et  maintenant  nous  avons  à 
peine  une  église  qui  n'ait  pas  un  orgue  grand  ou  petit,  coû- 
tant de  50  à  100000  dollars. 

Et  lorsqu'un  homme,  fatigué  par  les  heurts  et  les  cahots  de 
la  vie  quotidienne,  entend  retentir  dans  l'église  les  notes  ma- 
jestueuses et  sublimes  de  l'orgue,  et  les  voix  claires  et  vi- 
brantes du  chœur,  son  âme  ne  s'élève-l-elle  pas  plus  directe- 
ment vers  son  Créateur? 

Il  y  a  des  personnes  qui  mcUtent  une  telle  rigidité  à  s'abste- 
nir de  musique  le  dimanche,  qu'elles  ne  veulent  ni  écouter, 
ni  jouer  une  valse  ou  un  air  de  danse  ce  jour-là.  Mais  comme  je 
sais  que  l'une  des  hymnes  favorites  de  l'église  anglaise  était 
chantée  autrefois  sur  une  mesure  très-rapide  et  d'après  les 
paroles  du  «  vieux  gentilhomme  campagnard  »,  je  me  conten- 
terai de  dire  que  si  «  une  rose  a  toujours  son  parfum,  de 
quelque  nom  qu'on  la  nomme  »,  l'air  d'une  hymne  est  aussi 
criminel  sous  un  nom  que  sous  un  autre. 

Maintenant,  j'espère  avoir  démontré  ce  que  j'avais  à  démon- 
trer; et  j'y  tiens,  car  je  joue  au  billard,  je  joue  aux  cartes,  je 
danse  et  je  joue  l'air  du  «  vieux  gentilhomme  campagnard  ». 
Ce  sont,  je  pense,  des  raisons  suffisantes  pour  désirer  que  ma 
démonstration  soit  faite  en  bonne  et  due  forme. 

Katie  p. 
Age  :  quinze  ans. 
Milwaiikee  (Wisconsinj. 


DISSERTATIONS.  301 


AMUSEMENTS   INNOCENTS, 


(3*  année.) 


((  Les  amusements  sont  les  rayons  de  soleil  qui  contiennent 
en  eux  les  principes  nécessaires  à  notre  existence,  »  disait 
un  jour  un  homme  sage,  à  qui  l'on  demandait  son  opinion  sur 
la  manière  d'élever  et  d'instruire  les  enfants.  «  Donnez-leur, 
dans  leur  bas  âge,  ajoutait-il,  tous  les  amusements  imaginables, 
alîn  qu'ils  arrivent  à  l'âge  mûr  sans  connaître  ni  les  habitudes 
vicieuses,  ni  les  mauvais  désirs.  »  Celui  qui  parlait  ainsi  était 
un  homme  instruit,  qui  avait  fait  une  étude  toute  particulière 
du  caractère  des  enfants  et  de  la  manière  de  les  élever.  11  sa- 
vait bien  d'où  venaient  les  bonnes  et  les  mauvaises  qualités 
que  l'on  trouve  chez  les  jeunes  gens  et  chez  les  jeunes  fdles  ; 
il  savait  bien  à  quoi  il  fallait  attribuer  leur  bonne  ou  leur  mau- 
vaise constitution. 

Pou)'  ajouter  quelque  chose  au  sujet  des  amusements,  j'ai 
essayé  de  tracer  une  faible  esquisse,  qui  pourra  intéresser  ou 
ne  pas  intéresser  le  lecteur,  mais  dans  laquelle  je  me  propose 
formellement  pour  but  de  plaider  la  cause  des  amusements 
simples  et  innocents. 

Lorsqu'un  bébé  bien  fort  grandit,  tout  le  monde  peut  voir 
quel  vif  désir  il  manifeste  pour  le  jeu.  Il  détourne  ses  regards 
et  son  attention  des  actions  sérieuses  et  iî  n'a  d'yeux  que  pour 
ce  qui  peut  le  faire  rire  et  l'amuser.  Avec  quel  plaisir  et  avec 
quelle  complaisance  nous  regardons  un  enfant  se  livrer  à  ses 
jeux  !  Le  temps  vole,  sans  que  nous  y  fassions  attention,  lorsque 
nous  voyons  foLàtrer  ce  petit  être  humain.  Son  charmant  visage 
se  contracte  et  ne  devient  que  plus  charmant  sous  les  convul- 
sions du  rire.  Les  éclats  de  sa  joie  nous  font  oublier  toute 
pensée  sérieuse,  et  nous  nous  employons  à  augmenter  son 
plaisir. 

Ne  serions-nous  pas  injustes,  bien  plus,  ne  serions-nous  pas 
criminels  d'aller  réprimer  les  manifestations  de  la  joie  de  ce 
petit  enfant? 

Les  personnes  dépourvues  de  sympathie  et  qui  n'ont  pas  de 
cœur  sont  les  seules  qui  ne  se  sentent  pas  heureuses  pendant 
les  heures  de  récréation  d'un  enfant. 

Laissons  maintenant  ce  petit  enfant  et  occupons-nous  d'un 


30:2  IIIGH    SCHOOLS. 

petit  gaiTOii  ou  d'une  i>etile  lille  d'environ  se^d  ans.  Il  y  a  des 
personnes  qui  sont  d'avis  qu'il  ne  convient  pas  de  laisser  jouer 
un  enfant  d'un  âge  aussi  avancé  ;  elles  pensent  que  c'est  une 
faiblesse  qui  gâte  l'enfant. 

Ces  personnes  auraient  raison  à  un  poiid  de  vue,  mais  elles 
seraient  grandement  coupables  cà  un  autre  point  de  vue  si  elles 
empècbaient  ce  petit  garçon  ou  cetle  petite  fdle  de  se  livrer  à 
des  anmsements  simples  et  innocents. 

Voyons  à  quel  point  de  vue  elles  auraient  raison. 

Elles  ont  parfaitement  raison  de  dire  qu'on  gâte  un  enfant 
en  le  laissant  jouer  continuellement.  C'est  un  fait  bien  connu 
qu'un  enfant  qui  jouerait  constamment  finirait  par  devenir 
niais.  I.e  jeu  ainsi  entendu  émousserait  la  pointe  de  la  science 
et  en  ferait  radicalement  un  idiot. 

D'après  les  paroles  mêmes  de  ces  personnes,  il  nous  est  facile 
de  voir  qu'elles  veulent,  par  leur  maxime,  aiguiser  les  facultés 
de  l'enfant  et  les  conduire  vers  la  sagesse  et  la  science.  Non- 
seulement  nous  supposons  que  telle  est  l'intention  de  ces  per- 
sonnes, mais  nous  leur  ferions  même  un  reproche  de  ne  pas 
défendre  à  cet  enfant,  d'une  manière  absolue,  de  se  livrer  à 
tout  jeu  immoral  ou  inconvenant. 

Le  père  et  la  mère  ne  doivent  jamais  oublier  que  c'est  un 
devoir  sacré  pour  eux  de  surveiller  d'un  œil  attentif  la  vie  quo- 
tidienne de  leurs  enfants.  Ils  doivent  les  avertir  des  mauvais 
elTets  de  ces  jeux,  qui  pourraient  souiller  les  pages  innnaculées 
de  la  vie  d'un  enfant.  Ils  doivent  les  faire  tour  à  tour  travailler, 
jouer  et  étudier,  en  leur  montrant  les  bons  effets  de  chacun 
de  ces  exercices.  Enfin  c'est  à  eux  de  veiller  sur  leurs  enfants 
pour  que  les  êtres,  qui  tiennent  d'eux  leur  sang,  leur  chair, 
leur  constitution  et  leur  caractère  moral,  ne  fré(iuentent  pas  les 
mauvaises  sociétés. 

Mais,  d'un  autre  côté,  pourquoi  ces  enfants  maladifs,  dé- 
biles, décharnés,  au  visage  pâle?  Neuf  fois  sur  dix  ce  n'est 
pas  parce  qu'ils  sont  d'un  naturel  maladif,  mais  parce  qu'ils 
sont  restés  dans  la  maison  assis  toute  la  journée  auprès  du  feu, 
sans  jamais  respirer  l'air  pur  du  dehors,  le  plus  grand  don  que 
la  nature  nous  ait  fait.  Au  contraire,  ils  ont  respiré  les  gaz 
délétères  et  les  vapeurs  du  fourneau  de  la  cuisine,  qui  se  ré- 
pandent toujours  dans  les  appartements  d'une  maison  mal 
aérée. 

Quel  service  ces  êtres  rachitiques  peuvent-ils  rendre  au 
monde?    «.  Aucun;  il  vaudrait  mieux  qu'ils  fussent  morts;  » 


DISSERTATIONS.  303 

telle  e>t  la  réponse  unanime.  Ces  enfants  grandissent,  en  sup- 
posant que  de  tels  êtres  grandissent ,  et  deviennent  des 
hommes  phthisiques,  dont  la  vue  est  un  fléau  et  un  danger 
pour  ceux  qui  sont  en  bonne  santé. 

Et  ces'pauvres  êtres  iront-ils  contracter  les  obligations  et  les 
responsabilités  du  mariage  '?  Que  Dieu  nous  en  préserve  ! 
D'après  les  lois  qui  régissent  la  transmission  du  sang,  leurs 
descendants  auraient  en  général  la  même  constitution.  - 

L'ancienne  coutume  des  Spartiates  de  tuer,  aussitôt  après 
leur  naissance,  tous  les  enfants  faibles  ou  difformes  était  hu- 
maine et  bienfaisante,  quoique  au  premier  abord  elle  puisse  pa- 
raître cruelle.  Tous  ces  Grecs  illustres  étaient  forts,  bien 
portants,  beaux,  et  ils  parvenaient  tous  à  un  âge  très-avancé. 

Pourquoi?  Parce  qu'ils  avaient  bien  soin  de  ne  pas  élever 
d'enfants  estropiés,  parce  qu'ils  ne  troublaient  pas  la  tête 
de  leurs  enfants  lorsqu'ils  étaient  jeunes ,  parce  qu'ils  ne 
les  élevaient  pas  mollement,  et  enfin,  c'est  là  la  principale  rai- 
son, parce  que,  non-seulement  ils  les  laissaient  jouer  aussi 
longtemps  qu'ils  le  désiraient,  mais  ils  instituaient  des  jeux 
auxquels  les  jeunes  gens  étaient  forcés  de  s'exercer. 

Le  jeu  produit,  en  général,  la  gaieté  et  le  rire;  or  nous 
savons  tous  que  rien  n'est  plus  salutaire  que  le  rire  ;  nous  de- 
vons donc  encourager  les  jeunes  gens  à  sq  livrer  aux  anmse- 
ments  simples  et  innocents. 

Bruno  F. 
Age  :  seize  ans. 
Milwaukee  fWisconsin). 


Plan 


DE  -L'EXTENSION    DES   CONGES   AUX   ETATS-UNIS. 


Introduction. 

Différentes  espèces  de  congés  : 

Fêtes  nationales. 

>'aissances. 

Anniversaires. 

Divers. 
Effets  des  congés  : 

Meilleure  santé. 

Plus  d'entrain. 

Sanctification  du  dimanche. 


304  HIGH   SCHOOLS. 

Exemples  de  ces  bons  effets  : 

Allemands. 

Anglais. 

Écossais. 
Développement  : 
Les  Américains  ont  la  réputation  de  poursuivre  la  richesse 
avec  tant  d'empressement  qu'ils  sacrifient  tout  pour  l'acquérir. 
On  sait  que  la  dyspepsie  est  très-commune  aux  États-Unis.  La 
raison  en  est  que  les  habitants  ne  s'y  livrent  pas  assez  à  un 
exercice  salutaire.  Ils  s'appliquent  trop  exclusivement  aux 
all'aires,  ou  bien  ils  tombent  dans  l'exlréme  opposé  et  se  livrent 
à  la  dissipation.  Les  honmies  d'allaires  ne  se  donnent  pas  le 
temps  suCfisant  ou  ne  choisissent  pas  le  temps  convenable  pour 
prendre  leurs  repas  et,  par  là,  ils  se  font  mai  à  l'estomac.  Leur 
esprit  est  accablé  par  des  travaux  et  des  préoccupations  conti- 
nuelles; c'est  pour  cela  que  leurs  nerfs  s'irritent  et  qu'ils  vieil- 
lissent avant  le  temps. 

Les  habitants  des  États-Unis  sont  assurément  en  retard  sur 
les  autres  nations  par  rapport  au  nombre  des  fêtes  qu'ils  ob- 
servent. Nous  ne  savons  pas  même  bien  employer  celles  que 
nous  avons,  et  peut-être  faudrait-il  commencer  par  là  avant 
d'en  établir  d'autres.  Prenez,  })ar  exemple,  le  4  juillet,  jour 
dont  les  Américains  devraient  être  excessivement  fiers  et  qui 
devrait  être  une  des  plus  grandes  fêtes.  C'est  à  peine  si  ce  jour 
est  célébré  autrement  que  par  les  enfants  qui  tirent  des  pétards, 
à  la  terreur  des  passants.  Peut-être  y  a-t-il  un  marché  de  che- 
vaux, où  se  rendent  en  foule  les  acheteurs.  Les  marchands. tien- 
nent leurs  boutiques  ouvertes,  parce  que  c'est  un  bon  jour 
pour  la  vente. 

Lorsque  les  hommes  ne  songent  qu'aux  affaires,  ils  travail- 
lent péniblement  d'un  bout  de  l'année  à  l'autre,  sans  jamais  se 
débarrasser  de  leurs  soucis,  même  pour  un  seul  jour.  La  con- 
séquence est  qu'ils  deviennent  moroses  et  qu'ils  n'ont  aucune 
idée  sur  tout  sujet  qui  ne  touche  pas  aux  affaires. 

Les  uns,  au  lieu  de  passer  une  agréable  soirée  avec  leur 
famille,  rentrent  chez  eux  et  se  mettent  à  lire  leur  journal  ; 
toute  conversation  cesse  dès  qu'ils  entrent.  D'autres,  voulant 
s'oublier  eux-mêmes,  se  plongent  avec  frénésie  dans  le  tour- 
billon du  monde,  ou  bien  vont  noyer  leurs  soucis  dans  le  vin. 

11  semble  qu'on  pourrait  éviter  quelques-uns  de  ces  excès. 
Si  les  hommes  d'affaires  voulaient  prendre  un  jour  ou  deux  de 
simple  récréation,  ils  éprouveraient  un  grand  soulagement  au 


DISSERTATIONS.  305 

moral  el  au  physique.  Leur  esprit  serait  reposé,  de  sorte  qu'en 
retournant  au  travail  ils  ne  commettraient  pas  les  bévues  <|u'ils 
commettent  et  ils  s'épargneraient  ainsi  beaucoup  d'ennuis. 
Mais  les  hommes  d'affaires  ne  sont  pas  les  seuls  à  souffrir  du 
manque  de  récréation.  Les  maîtres  qui  essayent  de  faire  entrer 
le  latin  et  les  mathématiques  dans  l'esprit  obtus  des  élèves  au- 
raient peut-être  plus  de  patience  si  on  leur  accordait  plus  de 
congés.  Les  ménagères,  qui  passent  toute  leur  journée  dans  la 
cuisine  et  toute  leur  soirée  penchées  sur  la  corbeille  cà  lino-e, 
verraient  sans  peine  un  peu  de  changement  dans  leur  existence. 

11  y  a  bien  des  moyens  de  passer  un  jour  d'une  manière  pro- 
fitable et  agréable.  On  peut  faire  des  repas  champêtres,  des 
parties  de  bateau,  des  promenades.  Chaque  famille  pourrait 
avoir  sa  série  de  petites  fêtes  en  célébrant  les  naissances  et  les 
anniversaires  des  mariages.  Ces  attentions  ont  une  influence 
bienfaisante  et  fournissent  des  sujets  de  pensées  agréables 
pour  l'avenir. 

Si  nous  voulons  voir  l'influence  qu'un  peu  plus  de  récréation 
exerce  sur  la  santé,  considérons  les  Allemands,  Ce  peuple  est 
connu  pour  le  grand  nombre  de  fêtes  qu'il  célèbre.  Ils  jouissent 
de  la  vie  presque  aussi  bien  que  n'importe  quelle  nation,  ils 
sont  de  bonne  humeur,  bien  portants  et  vivent  longtemps.  Les 
Ecossais  et  les  Anglais  sont  aussi  très-vigoureux.  Ces  peuples 
prennent  beaucoup  d'exercice  au  grand  air,  ils  se  livrent  à  la 
chasse  et  à  beaucoup  d'autres  jeux. 

Un  plus  grand  nombre  de  jours  de  congé,  s'ils  étaient  conve- 
nablement employés,  conduiraient  les  hommes  à  penser  un  peu 
plus  aux  autres  et  un  peu  moins  à  eux-mêmes.  Cn  autre  effet 
de  cette  innovation  serait  de  placer  le  pauvre  sur  un  pied 
d'égalité  avec  le  riche.  Le  riche  et  le  pauvre  sont  séparés  par 
une  trop  grande  distance.  Beaucoup  d'hommes  se  perdent  faute 
de  sympathie  de  la  part  de  leurs  semblables.  Si  on  leur  ren- 
dait la  vie  plus  agréable,  on  pourrait  peut-être  les  amener  à  se 
conduire  autrement.  Un  autre  effet  qui  pourrait  résulter  de 
l'augmentation  des  jours  de  congé,  ce  serait  la  meilleure  sanc- 
tification du  dimanche.  Dans  les  grandes  villes  surtout,  le 
dimanche  est  regardé  par  beaucoup  de  gens  comme  un  jour 
où  l'on  peut  se  livrer  à  toutes  sortes  de  plaisirs  plutôt  que 
comme  un  jour  de  repos.  On  n'a  pas  d'autre  jour  d'amusement, 
alors  on  prend  le  dimanche, 

Jennie  B. 

Age  :  dix-sopt  ans. 
Aiirora  (Illinois). 

'  20 


306  HIGH   SCirOOLS. 

4.   —  L'ÉCOLE  BUISSONNIÈRE. 
(3'  année.) 

Quel  garçon  que  notre  petit  Robert  !  0  mon  Dieu  !  je  crois 
qu'il  ne  sera  jamais  sage!  Quelles  espiègleries  il  nous  fait! 
Tenez,  laissez-moi  vous  dire  ce  qui  lui  est  arrivé  la  semaine 
dernière  :  nous  ne  nous  en  sommes  aperçus  qu'après. 

Mardi  matin  il  partit  pour  l'école  comme  d'habitude,  seule- 
ment il  ne  savait  pas  sa  géographie.  11  s'en  allait  en  pensant  à 
ces  abominables  leçons,  lorsque  au  détour  de  la  rue  il  entendit  une 
petite  fille  dire  à  une  autre  :  «  Eh  bien,  alors,  au  revoir,  Nell, 
je  suis  fâchée  que  tu  sois  obligée  d'aller  à  l'école,  moi  je  suis 
en  vacances.»  —  «  Holà  !  dit  notre  petit  Robert,  cela  me  donne  une 
idée  :  si  je  me  mettais  en  vacances  aussi,  moi!  Je  puis  me 
mettre  n'importe  où  et  des  vacances  sont  aussi  bonnes  que 
n'importe  quoi.  Gela  vaut  toujours  mieux  que  d'aller  à  l'école 
sans  savoir  ses  leçons.  Et  d'ailleurs  nous  devons  avoir  des 
vacances  à  Noël,  qui  n'aura  lieu  que  dans  trois  semaines.  »  Il 
faut  vous  dire  que  si  Robert  était  méchant,  ou,  comme  on  dit, 
malicieux,  il  n'avait  encore  jamais  fait  l'école  buissonnière. 

Il  regarda  donc  d'abord  de  tous  côtés  pour  bien  s'assurer 
qu'on  ne  le  voyait  pas;  puis,  prenant  ses  jambes  à  son  cou,  il 
descendit  la  rue  en  courant.  Au  bout  de  quelques  instants  il 
s'arrêta  tout  court.  «  Eh  bien,  que  vais-je  faire  maintenant  ?  pensa 
Robert;  c'est  la  première  fois  que  je  viens  par  ici,  cela  c'est 
certain;  qu'est-ce  que  ces  garçons  peuvent  bien  faire  là-bas?» 
En  songeant  ainsi  il  s'approcha  d'un  groupe  de  petits  garçons 
qui  se  tenaient  debout  de  l'autre  côté  de  la  rue.  «  Dites  donc, 
qu'est-ce  que  c'est  que  cela?  »  s'écria  Robert  en  voyant  un 
o-arçon  se  baisser  et  appliquer  son  œil  au  trou  d'une  boîte 
tenue  par  un  de  ses  camarades.  —  «  C'est  une  optique,  répondit 
l'un  des  garçons,  cela  coûte  trois  épingles  pour...,»  un  autre 
o-arçon  l'interrompit  pour  lui  parler  à  l'oreille.  W  reprit  aussi- 
tôt :  «  Je  me  trompe,  nous  prenons  trois  épingles  à  nos  amis 
et  deux  sous  aux  étrangers  ;  mais  comme  ton  air  nous  plaît, 
nous  ne  te  prendrons  qu'un  sou  ou  bien  quelque  chose  qui  vaille 
un  sou.  )) —  <i  Bon,  je  vous  donnerai  mon  crayon  d'ardoise»,  dit 
Robert  en  lui  présentant  son  crayon  tout  neuf.  —  «Ton  crayon  ! 
dit  l'un  d'eux;  mais,  pour  un  sou,  j'en  aurais  six   pareils.  » 


DISSERTATIONS.  307 

-«Ah!  j'ai  bien  un  sou,  mais  voilà  une  semaine  que  je  le  garde, 
et  je  veux  acheter  quelque  chose  avec.  »  — «  Dame!  choisis: 
donne-nous  ton  sou,  ou  bien  tu  ne  regarderas  pas.  »  —  «  Tenez, 
le  voilà  dit  llobert,  après  l'avoir  couvé  des  yeux  pendant  un 
instant  ;  maintenant  îaissez-moi  voir  ».  Et,  se  baissant,  il  appli- 
qua son  œil  à  la  boîte.  11  regarda  pendant  environ  dix  secondes, 
puis,  faisant  un  saut  en  arriére,  il  s'écria  :  «  Par  ma  foi  il  n'v 
a  là  dedans  que  de  vilaines  images,  j'en  ai  de  plus  jolies  à  la 
maison.  ;)  Puis  se  tournant  vers  le  caissier  :  «.  Dis  donc,  si  tu 
me  rendais  mon  sou,  hein?  »  —  ce  Tu  plaisantes!  »  répondit  le 
caissier.  Après  avoir  longlemps  parlementé,  on  décida  que 
Piobert  et  le  caissier  feraient  un  assaut  de  boxe  (J),  et  que  le 
vainqueur  gagnerait  le  sou,  mais  qu'il  régalerait  la  société.  En 
un  clin  d'œii  les  vestes  furent  ôtées,  et  le  résultat  fut  que 
Robert  gagna  le  sou  et,  par-dessus  le  marché,  il  eut  un  œil 
poché.  Le  sou  passa  en  caramel  et  chacun  en  mordit  un  petit 
morceau. 

Les  garçons  proposèrent  ensuite  d'aller  chercher  des  noix  : 
ils  connaissaient  un  «  bon  endroit  »,  et  Robert  les  accompagna 
sans  hésiter  (ses  livres  avaient  disparu  depuis  longtemps  sans 
que  personne  sût  oîi  ils  étaient).  Après  avoir  marché  pendant 
environ  trois  heures  dans  la  boue  et  dans  l'eau,  ils  arrivèrent 
enfin  à  l'endroit.  Chacun  d'eux  eut  à  choisir  un  compagnon, 
puis  tous  se  dispersèrent  dans  différentes  directions. 

Robert  et  son  compagnon  prirent  la  route  du  milieu  et,  après 
avoir  marché  pendant  quelque  temps,  ils  arrivèrent  à  un  noyer. 
Le  compagnon  de  Robert  monta  sur  l'arbre,  en  secoua  les  bran- 
ches pour  faire  tomber  les  noix,  que  Robert  ramassait  et  mettait 
dans  un  sac  qu'on  s'était  procuré.  Lorsqu'il  furent  fatigués,  ils 
changèrent  de  place.  Ils  avaient  déjà  fait  plusieurs  fois  ce 
manège  lorsqu'ils  s'aperçurent  qu'ils  avaient  faim  (quoiqu'ils 
n'eussent  pas  cessé  dese  bourrer  de  noix).  —  «Tiens,  je  crois  qu'il 
se  fait  tard,  dit  Robert,je  voudrais  bien  être  à  la  maison.  »  —  «  Ne 
vas-tu  pas  pleurer,  pauvre  petit!  Attends,  je  vais  descendre  et 
nous  nous  en  irons  chez  nous.  »  Alors  on  se  disputa  pour 
savoir  de  quel  côté  il  fallait  aller.  Robert  prétendait  qu'il 
fallait  prendre  à  droite,  mais  son  camarade  était  sûr  qu'il 
fallait  prendre  à  gauche.  Enfin  ils  se  mirent  en  route,  et,  après 
avoir  marché  pendant  quelque  temps,  ils  se  retrouvèrent  pré- 

(1)  Should  hâve  a  round,  correspond  ici  à  notre  expression  popu- 
laire ;  se  donneraient  une  peignée.  {Note  du  Traducteur.) 


308  HIGH    SCHOOLS. 

ciséiiient  à  l'endroit  d'où  ils  étaient  partis,  lis  prirent  alors 
l'autre  route,  mais  ils  avaient  à  peine  fait  quelques  pas  que  la 
nuit  les  surprit.  Robert  pleura  à  chaudes  larmes.  Enfin  ils 
aperçurent  une  lumière  dans  le  lointain  et  ils  s'enapprochèieiit 
en  rampant;  ils  s'assirent  tous  les  deux  par  terre  au  pied  de  la 
fenêtre,  et  se  mirent  à  pleurer.  Heureusement  que  la  fermière 
était  compatissante  :  elle  les  lit  entrer. 

Le  lendemain  matin  on  les  conduisit  à  la  ville  et  de  là  au 
bureau  de  police  où  on  était  déjà  venu  déclarer  la  disparition 
de  llobert.  Dieu  que  les  deux  petits  coquins  fussent  terriblement 
elïrayés,  car  ils  s'imaginaient  qu'on  les  conduisait  à  la  police 
parce  qu'ils  avaient  fait  «  l'école  buissonnière  y>,  comme  disait 
llobert,  cela  leur  servit  de  leçon.  Je  ne  crois  pas  qu'il  arrive 
jamais  à  Robert  de  prendre  volontairement  des  vacances  sans 
permission. 

Mautiia  F. 

Age  :  quinze  ans. 
Baltimore  (Marvland).  Easlern  female  Scliool. 


5.  —    PROPOS   DE  TABLE. 

Je  dois  écrire  une  composition  sur  ce  sujet;  mais  dans  quel 
sens  dois-je  le  prendre  ?  C'est  ce  que  je  ne  puis  dire. 

Il  y  a  deux  grandes  classes  de  propos  de  table  :  d'abord  ceux 
que  i'on  tient  à  table,  et  ensuite  ceux  que  l'on  devrait  y  tenir. 

Parlons  des  premiers  et  prenons  pour  exemple  notre  propre 
table.  Nous  commencerons  par  la  table  du  déjeuner.  La  con- 
versation alors  roule,  en  général,  sur  les  rêves  de  la  nuit  et  sur 
les  amusements  de  la  veille  :  comme  ces  choses  remplissent 
encore  notre  esprit,  il  est  naturel  qu'elles  fournissent  le  sujet 
de  notre  conversation. 

Passons  ensuite  à  nos  tables  du  dîner  et  du  souper.  La  con- 
versation alors  n'est,  en  général,  qu'un  commérage  amical,  puis 
nous  discutons  les  principaux  événements  de  la  journée.  Mes 
sœurs  parlent  de  la  dernière  mode  de  se  coiffer,  de  la  manière 
dont  elles  doivent  agrafer  leurs  chemisettes  pour  ne  rien  perdre 
de  leurs  avantages;  elles  se  demandent  si  l'on  portera  cet  été 
les  chapeaux  sur  le  front  ou  en  arrière.  Grand-papa  et  papa 
discutent  politique.  Grand'maman  et  maman  parlent  de  nos 
nouveaux  voisins  :  elles   se  demandent  s'ils  sont    riches   ou 


DISSERTATIONS.  300 

pauvres,  s'ils  ont  une  voiture  à  deux  chevaux,  s'ils  sont  très- 
liers,  et  si  elles  ne  feraient  pas  bien  de  leur  faire  une  visite 
dès  maintenant  ou  d'attendre  une  semaine,  tandis  que  moi 
qui  ne  puis  parler  qu'à  ces  personnes,  et  qui  ne  suis  que  médio- 
crement intéressée  par  ces  sujets  de  conversation,  je  suis  obligée 
de  manger  en  silence  tout  ce  qui  est  sous  ma  main,  car  je  n'ose 
l'ien  demander.  Jaimerais  beaucoup  que  l'on  appliquât  le  pré- 
cepte :  «  Il  faut  que  l'on  voie  les  enfants  et  qu'on  ne  les  entende 
pas.  »  Il  y  a  des  familles  où  ces  sujets  de  conversation  sont 
traités  même  le  dimanche. 

Les  propos  de  table  pendant  la  semaine  devraient  rouler  sur 
les  discussions  politiques  amicales,  sur  les  événements  princi- 
paux de  la  journée,  sur  les  livres  qui  viennent  de  paraître; 
mais  le  dimanche  ils  devraient  être  tout  autres.  Ils  devraient 
consister  en  conversation  amicale  sur  le  sermon  et  sur  les 
choses  semblables,  mais  il  faudrait  mettre  tous  nos  soins  à  ne 
pas  les  rendre  tristes. 

On  devrait  parler  beaucoup  à  table,  mais  il  faudrait  s'fippli- 
quer  à  rendre  la  conver!ïalion  gaie  et  amicale.  Alors,  quelque 
frugal  que  soit  le  repas,  il  paraîtra  bien  meilleur  qu'un  grand 
repas  fait  en  silence.  Quiconque  dit  quelque  chose  de  désa- 
gréable qui  blesse  l'une  des  personnes  qui  sont  à  table  peut 
être  appelé  un  «  ennemi  domestique  ». 

SussiE  P. 

Age  :  dix-sept  ans. 

New  Brunswick,  comté  de  Middlesex  (New  Jersey). 


0.  —  Faites  régner  le  BONHErn  au  foyer  domestique. 

Pour  faire  régner  le  bonheur  au  foyer  domestique  nous  de- 
vons essayer  d'avoir  un  air  joyeux  dans  toutes  les  circon- 
stances, voir  toujours  le  beau  côté  de  tout  ce  qui  arrive,  et 
nous  rappeler  que,  si  telle  est  la  volonté  de  Dieu,  nous  devons 
nous  y  soumettre. 

Une  mère  est  la  principale  personne  qui  fait  régner  le  bon- 
heur au  foyer  domestique  ;  c'est  l'amie  la  plus  sincère  et  la 
plus  chère  que  nous  ayons.  Lorsque  nous  avons  de  grandes 
peines,  lorsque  l'adversité  remplace  la  prospérité,  lorsque  les 
amis  nous  al)andonnent,  lorsque  nous  sommes  soumis  à  de  ter- 


310  HIGH   SCHOOLS. 

ribles  épreuves,  elle  reste  toujours  avec  nous,  nous  encoura- 
geant de  ses  conseils. 

Les  charmes  de  la  musique,  d'innocents  jeux  et  l'aimable 
conversation  sont  encore  des  moyens  de  faire  ré.ifner  le  bon- 
heur au  foyer  domestique.  Qui  n'aime  pas  la  nuisique?  Elle 
peut,  par  ses  charmes,  adoucir  les  bêtes  sauvages  elles-mêmes. 
Nous  pouvons  ainsi  passer  bien  des  heures  heureuses.  Ces 
anuisements  peuvent  retenir  les  jeunes  gens  à  la  maison  et 
les  préserver  de  plusieurs  habitudes  ruineuses.  La  fdle  aînée 
a  une  merveilleuse  influence  sur  la  famille.  C'est  elle  que  les 
petits  frères  et  les  petites  sœurs  se  proposent  comme  exemple 
en  toute  chose.  Le  père  et  la  mère  complent  aussi  sur  elle. 

Le  mot  «  home  »  suggère  une  infinité  de  pensées  joyeuses 
et  heureuses.  Les  Français  n'ont  pas  de  mot  pour  traduire 
home.  Payne,  l'auteur  de  «  Home,  sweet  home  (1)  »,  n'avait  pas 
de  «  home  ».  «  H  n'est  rien  de  tel  que  le  foyer  domestique, 
quelque  pauvre  qu'il  soit.  »  Hélas,  combien  de  maisons  n'ont 
pas  de  foyer  domestique!  Combien  de  maisons  n'ont  que  des 
visages  tristes  et  des  sourcils  froncés! 

Faisons  du  foyer  domestique  un  lieu  autour  duquel  puissent 
toujours  se  grouper  nos  plus  chers  souvenirs,  jusqu'à  ce  que 
nous  allions  rejoindre  nos  pères  dans  le  séjour  céleste.  .Je  ne 
connais  pas  de  paroles  qui  soient  plus  expressives  que  celles 
({ue  l'on  lit  sur  la  tombe  de  M""^  Wilson  :  ((  Elle  fit  régner  le 
bonheur  au  foyer  domestique.  »  Oh!  qui  pourra  ranimer  cette 
main  qui  est  froide  et  faire  parler  cette  voix  qui  est  muette! 

Bertha  s. 
York  (Pennsylvanie). 


7.  —  L'AUGMENTATION   DE  LA   RICHESSE    l'RODLlT-ELLE 
UN   BON   EFFET   SUR   NOS    MŒURS? 

Pourrais-je  mieux  répondre  à  cette  question  qu'en  compa- 

(1)  Home,  home! 

Sweet  home  ! 
Tliere's  no  place  like  iiome, 
There's  no  place  like  home. 

Payne  (Joliii  Howard),  né  à  New  York,  1792-185:2. 

{Note  (lu  traducteur.) 


DISSERTATIONS.  311 

rant  les  mœurs  d'aujourd'hui  à  celles  qui  existaient  il  y  a  cent 
ans,  à  celles  auxquelles  croyaient  nos  intrépides  ancêtres  et 
qu'ils  pratiquaient  fidèlement,  se  confiant  entièrement  à  leur 
foi  tranquille  et  inébranlable.  Mes  amis,  arrêtons-nous  un  mo- 
ment et  considérons  le  genre  de  vie  effrayant  que  nous  menons. 
Jetons  les  yeux  sur  nos  ancêtres  d'il  y  a  cent  ans  dans  l'his- 
toire de  notre  pays  ;  nous  les  voyons  travailler  bien  péniblement 
pour  se  procurer  les  choses  indispensables  à  la  vie.  Malgré 
toute  leur  diligence,  ils  ne  pouvaient  tirer  leurs  ressources  que 
de  leurs  fermes  sans  culture,  et  c'était  là,  je  le  répète,  le  seul 
moyen  qu'ils  eussent  de  gagner  leur  vie.  Dans  ce  temps-là  on 
ne  voyait  pas  la  moitié  des  habitants  exploiter,  pour  vivre, 
l'autre  moitié,  en  soignant  inutilement  des  corps  malades  ou, 
ce  qui  est  pis,  des  esprits  malades.  Non,  ils  étaient  trop  fiers, 
ils  avaient  des  principes  moraux  trop  élevés  pour  accepter  de 
l'argent  lorsqu'ils  n'avaient  rien  fait  pour  mériter  une  récom- 
pense. 

Nous  apprenons  qu'en  1770  l'armée  du  Nord  traversa  le  pays 
de  Land  East  (New  Hampshire),  à  Northfield,  (Massachusetts); 
ce  fléau  détruisit  la  plupart  des  récoltes  et  causa,  par  consé- 
quent, de  grands  inconvénients  aux  nouveaux  colons.  Les  an- 
ciens colons,  dont  les  gains  ou  les  pertes  pour  une  seule  année 
étaient  relativement  peu  considérables,  profitèrent-ils  de  cet 
('"vénement  pour  mettre  quelques  dollars  dans  leur  poche?  Ils 
ne  le  firent  pas;  au  contraire,  ils  montrèrent  leur  humanité  en 
secourant  leurs  frères  et  en  partageant  avec  eux. 

Nous  autres,  qui  vivons  aujourd'hui,  en  ferions-nous  autant? 
Ah  non!  nous  préférons  être  assis  bien  à  notre  aise  dans  un 
bureau,  et  causer  de  l'échec  de  nos.  malheureux  frères  qui  ont 
fait  banqueroute.  Ils  ont  été  réduits  à  cet  état  non  pas  par 
leur  propre  dissipation,  par  exemple  des  dépenses  de  club,  de 
courses,  de  cigares  et  de  vins  fins,  etc.,  mais  par  les  extrava- 
gances de  leurs  femmes  et  de  leurs  filles,  qui  dépensent  si  fol- 
lement leur  argent.  Elles  achètent  de  la  soie,  de  belles  den- 
telles et  de  riches  bijoux  pour  se  donner  plus  d'attraits.  3Iais 
je  suis  sûre  que  si  elles  sont  plus  belles,  elles  ne  sont  pas  aussi 
heureuses  que  nos  grand'méres,  avec  leurs  vêtements  simples, 
filés  et  cousus  de  leurs  blanches  mains. 

Voyez  la  fiancée  de  l'année  1800.  Elle  mettait  son  orgueil  à 
faire  elle-même  son  trousseau,  elle  eût  été  jalouse  qu'une  autre 
aiguille  que  la  sienne  en  eût  cousu  un  seul  point.  Hélas  !  la 
fiancée  de  l'année  1876  est  trop  insouciante,  trop  indolente 


315  IIIGH   SCHOOLS. 

pour  s'occuper  de  la  composilion  de  son  trousseau.  Elle  se 
contente  d'informer  la  couturière  qu'elle  ait  à  lui  fournir  tout 
ce  dont  elle  a  besoin,  en  lui  recommandant  de  faire  venir  tout 
de  l'étranger  et  de  veiller  à  ce  que  chaque  article  soit  élégant. 
On  enverra,  dit-elle,  la  note...  à  papa. 

Alice  G. 

Age  :  dix-huit  ans. 
Littlctoii  (New  llampshire). 


8.  —  DANS   CENT   ANS  d'ICI. 

Nous  vivons  véritablement  dans  un  siècle  de  merveilles. 
Comme  nous  avons  perfectionné  de'puis  quelques  années  toutes 
les  inventions  qui  ont  pour  but  l'amélioration  de  notre  condi- 
tion terrestre! 

Les  bateaux  à  vapeur,  les  locomotives,  les  machines  pour  le 
coton,  le  télégraphe  électrique,  les  machines  à  coudre  et  à  tri- 
coter, la  photographie,  le  gaz,  l'emploi  du  charbon,  les  four- 
neaux, les  poêles  ont  changé  l'aspect  de  la  vie  humaine. 

On  peut  dire  que  la  science  moderne  n'existe  presque  que 
depuis  cent  ans,  et  qu'on  a  mis  moins  de  la  moitié  de  cette 
période  à  en  faire  l'application. 

Partout  autour  de  nous  nous  voyons  le  progrès  et  les  grandes 
réformes  sociales.  Ce  progrès  ne  peut  pas  s'ai'rèter,  il  conti- 
nuera et  prendra  chaque  année  plus  d'importance. 

Écartons  le  voile  qui  nous  cache  l'avenir,  et  voyons  quelques- 
unes  des  choses  qui  sont  réservées  à  l'homme. 

D'aujourd'hui  en  cent  ans,  les  rues  de  nos  grandes  villes 
seront  pavées  en  fer  et  les  camions  et  les  chariots  seront  traî- 
nés par  la  vapeur.  Personne  ne  s'opposera  à  cette  innovation, 
sous  prétexte  que  ces  machines  effrayeraient  les  chevaux,  car 
il  n'y  aura  plus  de  chevaux  à  effrayer. 

Le  fariner  labourera  son  champ,  sèmera  et  coupera  son  blé, 
le  battra  elle  portera  au  marché  à  l'aide  de  la  vapeur;  il 
économisera  ainsi  50  pour  iOO  de  travail  et  de  temps. 

Le  voyageur  qui  se  rendra  de  Chicago  à  New  York,  ou  à 
r)OSton,'montera  dans  un  ballon  et  non  plus  dans  une  voiture  de 
cJiemin  de  fer.  S'il  a  une  distance  moins  grande  à  parcourir,  il 
attachera  sur  ses  épaules  sa  machine  volante,  et,  ouvrant  ses 


DISSERTATIONS.  313 

ailes,  il  partira  comme  Darius  Green;  mais  il  desceiulra  plus 
heureusement  que  cet  infortuné  imitateur  d'Icare. 

La  correspondance  ne  sera  plus  expédiée  par  le  chemin  de 
fer,  car  ce  mode  de  transport  sera  beaucoup  trop  lent  pour 
l'époque.  Déjà,  à  Londres,  on  se  sert,  pour  les  petits  paquets, 
de  chariots  miniatures  que  l'on  pousse  à  travers  des  tubes  exac- 
tement comme  le  boulet  lancé  par  un  canon. 

Lorsque  ces  petits  chariots  seront  devenus  d'un  usage  géné- 
ral, il  est  bien  probable  qu'on  en  fera  de  plus  grands  qui  seront 
organisés  pour  le  transport  des  voyageurs. 

C'est  un  fait  bien  connu  que  le  son  se  communique  à  tra- 
vers les  tubes.  D'après  ce  principe,  les  villes  seront  approvi- 
sionnées de  musique  comme  elles  sont  approvisionnées  de  gaz. 
L'orgue,  ou  tout  autre  instrument,  sera  placé  dans  la  ville  ou 
près  de  la  ville,  et  des  tuyaux  le  mettront  en  communication 
avec  toutes  les  maisons  où  l'on  voudra  avoir  de  la  musique. 
Puis  on  mettra  l'orgue  en  mouvement  et  quand  on  voudra 
entendre  un  air  de  musique,  on  n'aura  qu'à  tourner  un 
robinet   (V. 

On  pourra  ainsi  assister,  à  New  York  ou  à  Boston,  à  un  con- 
cert donné  à  Paris. 

Quoique  nous  soyons  déjà  familiarisés  avec  l'extérieur  des 
planètes,  cependant  nous  levons  vers  le  ciel  des  regards  ar- 
dents. >'ous  avons  un  vague  pressentiment  que  le  lirmament 
qui  s'étend  sur  nos  tètes  contient  quelque  chose  de  plus  que 
des  corps  non  habités.  Et  nous  croirions  volontiers  que  ces 
corps  célestes  peuvent  être  le  séjour  d'une  race  d'êtres  sem- 
Idables  à  nous. 

Pourquoi  n'auraient-ils  pas  des  habitants  qui,  grâce  à  une 
vue  plus  perçante  ou  à  des  lunettes  plus  fortes,  nous  observent 
pendant  que,  occupés  de  nos  progrès,  nous  attendons  impa- 
tiemment le  moment  où  nos  instruments  perfectionnés  nous 
permettront  de  répondre  à  leurs  signaux? 

Puisque  la  même  lumière  tombe  sur  eux  et  sur  nous,  et  que 
les  rayons  en  sont  réfléchis  d'une  planète  à  l'autre,  qui  sait  si 
notre  monde  ne  pourra  pas  alors  communiquer  avec  les  pla- 


(1)  On  peut  lire  dans  les  journaux  américains  de  ces  derniers  temps 
la  description  d'un  appareil  qui  prétend  réaliser  ces  espérances,  le 
téléphone,  expérimenté  le  'H.O  février  1877  entre  Boston  et  Salem,  villes 
du  Massachusetts  (environ  30  kilomètres)  par  le  professeur  Bell. 

{Note  du  Traducteur.) 


3U  HIGH   SCHOOLS. 

nètes  voisines  et  celles  qui  sont  plus  éloignées?  Alors  l'échange 
de  la  pensée  se  ferait  avec  la  rapidité  de  l'éclair  dans  tous  les 
mondes  éclairés  par  le  soleil. 

Le  passé  a  vu  de  brillants  succès  en  médecine,  cependant  il 
nous  est  permis  d'espérer  qu'il  viendra  un  temps  où  une  con- 
naissance plus  complète  de  la  médecine  et  des  maladies,  de 
meilleures  habitudes  et  une  vie  plus  pare,  permettront  aux 
hommes  de  vivre  aussi  longtemps  qu'avant  le  déluge. 

Et  puisque  la  science  jointe  à  l'art  a  su  remplacer  par  des 
parties  artificielles  presque  toutes  les  parties  du  corps,  telles 
que  les  jambes,  les  bras,  les  dents,  le  nez,  les  yeux,  les 
oreilles  et  les  cheveux,  est-il  déraisonnable  de  supposer  que 
l'on  pourra  rendre  à  l'homme  cassé  par  l'âge  sa  première 
jeunesse? 

Les  exigences  de  la  société  deviennent  de  jour  en  jour  si 
impérieuses  que  dans  cent  ans  nos  dames  seront  obligées  de 
passer  tout  leur  temps  à  s'habiller,  à  faire  des  visites  et  à 
s'acquitter  des  devoirs  de  leur  profession. 

Afin  de  leur  permettre  d'employer  ainsi  leur  temps,  on  inven- 
tera sans  doute  une  machine  pour  faire  les  travaux  de  ménage. 
L'homme  de  ménage,  en  se  levant  le  matin,  n'aura  qu'à  toucher 
un  bouton,  et  une  étincelle  électrique  allumera  le  gaz  du  four- 
neau. Alors  1  homme  de  ménage  (car  alors  il  n'y  aura  plus  de 
femmes  de  ménage)  passera  une  ceinture,  et  un  être  au  cœur 
et  aux  mains  de  fer  servira  le  café,  battra  les  œufs,  fera  cuire 
la  viande  et  griller  le  pain.  L'homme  de  ménage  passe  une 
autre  ceinture  et  les  assiettes  sortent  bruyanuiient  du  buffet: 
la  table  est  mise. 

Le  repas  terminé,  une  autre  roue  tourne,  les  assiettes  sont 
lavées,  l'appartement  est  balayé  et  aéré,  les  meubles  sont 
époussetés  et  mis  en  ordre  :  le  travail  du  matin  est  terminé. 
La  dame  peut  sortir  pour  aller  voter,  visiter  un  malade,  ou 
plaider  un  procès. 

Dans  la  soirée,  l'homme  de  ménage  passe  une  autre  ceinture 
et  l'on  voit  s'avancer  une  machine  munie  de  plusieurs  bras. 
Elle  prend  les  enfants  l'un  après  l'autre,  les  met  dans  un 
baquet  oh  elle  les  lave  vigoureusement  pendant  dix  ou  quinze 
minutes,  puis  elle  les  lance  dans  leur  lit. 

Le  travail  de  la  journée  est  ainsi  terminé  :  on  a  économisé 
du  temps  et  personne  ne  s'est  mis  en  colère. 

Cette  machine  n'aura  pas  de  faiblesses  à  satisfaire  :  elle 
n'aura  besoin  ni  de  passer  les  dimanches  dehors,  ni  de  rece- 


DISSERTATIONS.  315 

voir  ses  cousins  à  la  maison.  Elle  n'aura  pas  de  parents  pauvres 
faisant  toujours  les  yeux  doux  au  beurre,  au  sucre  el  à  la  farine. 
Et  maintenant,  lecteurs  bienveillants,  laissez-moi  vous 
souhaiter  de  vivre  encore  cent  ans  pour  que  vous  puissiez  voir 
le  glorieux  accomplissement  de  toutes  ces  choses. 

COURTNEY   s. 


Aurora  (Illinois 


9.    —    BIENFAITS   DE   L'ÉDUCATION. 

L'éducation  est  une  chose  que  tout  homme  devrait  acquérir 
au  moins  dans  la  mesure  qu'il  faut  pour  avoir  quelque  con- 
naissance des  affaires,  et  pour  réussir  dans  le  monde.  Or  il  est 
bien  vrai  qu'il  y  a  beaucoup  de  personnes  qui  n'ont,  pour  ainsi 
dire,  aucun  degré  d'instruction,  mais  aussi  elles  mènent  une 
vie  à  peine  supportable  :.on  en  trouve  des  exemples  dans  tout 
le  pays. 

A  Chicago,  des  ouvriers  qui  ont  travaillé  pendant  huit  ou  dix 
ans  pour  le  même  patron  sont  renvoyés  un  matin,  et  ils  ne 
savent  pas  comment  ils  gagneront  leur  dîner.  Ils  se  disent  que 
celui  qui  est  instruit  n'est  jamais  sans  place.  Hélas!  je  connais 
des  hommes  qui  ont  pris  leurs  grades  universitaires  et  qui 
maintenant  demandent  l'aumône.  Il  y  a  des  hommes,  et  beau- 
coup, qui  ne  savent  pas  seulement  écrire  leur  nom  et  qui  sont 
si  riches  qu'ils  ne  connaissent  pas  le  chiffre  de  leur  fortune.  Je 
connais  deux  hommes  dont  l'un  a  un  demi-million  et  l'autre 
un  million,  et  qui  ne  savent  pas  écrire  leur  nom.  Et  à  côté  de 
cela  il  y  a  des  gens  instruits  qui  demandent  l'aumône  et  ne 
trouvent  rien  à  faire.  J'en  connais  un,  P.-L.  Smith,  qui  a  pris 
ses  grades  à  Dartmouth  Collège  et  qui  est  aujourd'hui  à  l'hos- 
pice des  pauvres.  Il  avait  pris  conseil  d'Horace  Greeley,  qui 
lui  dit  :  «  Allez  dans  l'Ouest.  »  Il  réussit  jusqu'au  moment  où 
la  passion  du  whisky  s'empara  de  lui. 

Si  l'on  veut  devenir  maître  d'école  ou  quelque  chose  de  ce 
genre,  on  fera  bien  d'étudier  toutes  ces  choses-là  (1);  sinon, 
je  ne  crois  pas  qu'on  doive  passer  tout  son  temps  à  l'école,  car 
toutes  ces  études  ne  servent  pas  à  un  homme  d'affaires  ;  et  tout 

(1)  Texte  :  AU  thèse  things. 


316  HIGH    SCHOOLS. 

ce  qui   est  nécessaire   à  un  homme  d'affaires,  c'est  de  savoir 
l'arithmétique,  car  c'est  là  la  [trincipale  étude. 

AUTLN   K. 

Age  :  dix-liuit  ans. 
Mihviuikcc  (Wisconsin). 


10.    —   LAISSEZ   ENTIŒR    LE   SOLEIL. 

(3ui,  hxissez  entrer  les  rayons  de  soleil  dans  nos  maisons  et 
dans  nos  cœurs.  Laissez  entrer  la  lumière  à  flots  dans  nos 
maisons,  quand  même  les  tapis  en  souffriraient  un  peu.  Il  vaut 
heaucoup  mieux  avoir  des  tapis  défraîchis  que  des  constitutions 
maladives. 

La  plupart  des  ménagères  craignent  de  voir  les  mouches 
salir  leurs  meuhles  et  leurs  murs,  et  pour  celte  raison  elles 
ferment  leurs  appartements  et  empêchent  la  lumière  d'y  péné- 
trer. 

Presque  tout  le  monde  a  lu  que  «  le  soleil  est  la  véritahle 
source  de  la  vie  »,  et  il  n'y  a  pas  d'appartement  où  on  le  laisse 
pénétrer  librement  qui  n'en  soit  rendu  plus  sain. 

Les  malades  enfermés  dans  des  chambres  où  le  soleil  ne 
pénètre  pas  ont  moins  de  chances  de  guérir  que  ceux  qui 
jouissent  des  bienfaits  de  ce  merveilleux  agent  de  Dieu.  Dans 
une  rue,  c'est  toujours  le  côté  qui  ne  reçoit  pas  le  soleil  qui  est 
le  plus  malsain. 

Quoique  beaucoup  de  personnes  aient  écrit  sur  le  soleil,  com- 
bien n'y  en  a-t-il  pas  encore  à  la  ville  et  à  la  campagne  qui 
continuent  à  fermer  les  volets,  à  clore  les  persiennes  et  à  se 
garantir  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir,  h  l'aide  de 
stores  de  toile,  de  dentelle  et  de  damas,  de  l'éclat  du  brillant 
soleil? 

Le  soleil  a  plus  d'influence  sur  notre  santé  que  nous  ne  le 
pensons.  Nous  avons  autant  besoin  de  lumière  que  les  plantes. 
Les  rayons  du  soleil  sont  un  tonique  très-agréable. 

L'œil,  l'organe  du  corps  humain  le  plus  sensible  à  l'action 
de  la  lumière,  s'affaiblit  s'il  est  longtemps  dans  l'obscurité,  et 
un  passage  trop  brusque  de  cet  état  à  une  lumière  très-vive 
est  dangereux. 

L'éclat  de  la  neige  est.  très-dangereux  pour  l'œil,  et  il  faut 
aussi  éviter  la  réflexion   des  murs  blancs  dans  une  chambre 


DISSERTATIONS.  317 

éclairée  par  le  soleil.  Comme  les  objets  ont  un  aspect  différent 
lorsqu'ils  sont  éclairés  par  le  soleil  ou  lorsqu'ils  sont  dans 
l'ombre  !  et  quelle  similitude  on  peut  établir  entre  les  rayons 
de  soleil  qui  éclairent  la  terre  et  les  rayons  de  soleil  qui 
éclairent  l'àme  humaine! 

Comme  ils  sont  brillants,  comme  ils  sont  beaux  les  rayons 
dorés  ({ui  traversent  les  nuages  pour  éclairer  le  monde  après 
une  série  de  jours  sombres  et  orageux  ! 

Pendant  noire  court  séjour  ici-bas  nous  devrions  faire  tout 
ce  qui  dépend  de  nous  pour  faire  luire  le  soleil  sur  tous  ceux 
qui  nous  entourent,  alin  que  ceux  qui  resteront  après  nous 
puissent  dire  quelque  bonne  parole  en  notre  faveur,  lorsque 
notre  corps  aura  été  placé  dans  la  tombe  froide  et  silencieuse. 

Comme  elles  sont  pacifiques  ces  paroles  d'espérance  qui 
touchent  le  cœur  et  remplissent  l'àme  de  joie  après  une  longue 
période  de  chagrin  ! 

Il  n'y  a  personne  dans  le  monde  entier  qui  n'ait  pas  un  peu 
ou  beaucoup  d'influence  sur  le  bonheur  des  autres. 

La  conscience  de  contribuer  au  plaisir  des  autres  augmente 
notre  propre  bonheur. 

L'abnégation,  la  charité  chrétienne,  la  tendresse  et  l'affec- 
tion devraient  être  les  rayons  de  soleil  de  nos  âmes. 

Ella  M. 

Age  :  dix-sept  ans. 
New  Brunswick,  comté  de  Middlesex  (New  Jersey). 


il.  —  LA   BEAUTÉ. 

1.  Ceux  qui  ont  essayé  de  délînir  la  beauté  n'ont  pas  ma- 
quéde  mots  pour  dire  oii  on  peut  la  trouver,  mais  ils  n'en  ont 
trouvé  aucun  pour  dire  ce  que  c'est.  Dans  la  nature,  les  fleurs 
et  les  fruits,  les  rochers  et  les  bois,  les  ruisseaux  et  les  océans 
semblent  être  remplis  de  beauté  ;  et,  dans  l'art,  la  statuaire, 
la  peinture  et  l'architecture  en  sont  pleines.  Cependant  on  de- 
mande toujours  :  «  Pourquoi  est-ce  beau?  En  quoi  consiste  la 
beauté  de  ces  objets?  »  Depuis  des  siècles  la  philosophie  tra- 
vaille à  résoudre  ces  questions.  En  quoi  consistent  le  bon,  le 
vrai  et  le  beau  ?  Platon  préfère  dans  la  beauté  l'idée  à  la  mani- 
festation.  Aristote  pensa    d'abord  que   la    beauté  et  l'utilité 


318  HIGH   SCHOOLS. 

étaient  identiques,  mais  plus  tard  il  attribua  la  beauté  à  la  vé- 
rité. 

Ainsi,  taudis  que  la  théorie  de  Platon  admet  comme  beau  ce 
qui  satisfait  la  nature  morale,  la  théorie  d'Aristote  n'admet  de 
beauté  que  dans  ce  qui  satisfait  l'intelligence.  Les  uns  trouvent 
la  beauté  dans  le  mélange  harmonieux  de  l'idée  et  de  la  forme, 
et  veulent  que  les  objets  ne  deviennent  beaux  qu'autant  qu'ils 
deviennent  pour  nous,  par  l'association  des  idées,  des  sources 
d'émotions  agréables, 

2.  a.  La  beauté  dépend  autant  de  l'esprit  de  l'observateur 
que  de  la  condition  de  l'objet  observé.  Puisque  les  définitions 
philosophiques  semblent  faire  une  abstraction  de  cette  idée  de 
ijeauté,  étudions- la  dans  quelques-unes  de  ses  formes  et 
de  ses  manifestations,  pour  en  connaître  les  effets,  sinon  les 
causes. 

Nos  yeux  s'arrêtent  sur  la  campagne,  le  matin,  lorsque  les 
premiers  rayons  du  soleil  donnent  de  nouveaux  charmes  au 
paysage,  aux  fleurs,  au  gazon,  aux  nuages  qu'ils  colorent  d'une 
teinte  délicate  ;  et  nous  disons  que  tout  cela  est  beau.  Nous  re- 
gardons les  chutes  du  Niagara,  l'arc-en-ciel  formé  parla  vapeur 
qui  s'échappe  de  ses  eaux  écumantes,  et  nous  disons  que  c'est 
beau.  Mais  si  on  nous  demande  pourquoi,  nous  nous  taisons. 
Nous  contemplons  encore  la  beauté  du  corps  humain,  la  limpi- 
dité du  regard,  le  front  classique,  la  chevelure  ondulée,  la 
teinte  rosée  qui  indique  la  santé  et  nous  nous  écrions  :  «  C'est 
beau!  »  Mais  si  on  nous  demande  pourquoi,  la  seule  raison 
que  nous  puissions  donner  est  :  «  Parce  que  c'est  beau.  »  C'est 
peut-être  là  une  raison  de  femme,  mais  les  hommes  de  bien  et 
les  sages  n'en  ont  pas  trouvé  de  meilleure.  Comme  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  la  beauté  de  ces  choses  ne  dépend  pas  seulement 
(le  la  condition  des  objets,  elle  dépend  aussi  de  l'esprit  de 
l'observateur.  Lorsque  nous  sommes  entourés,  de  choses  qni 
nous  plaisent,  tout  nous  paraît  agréable  et  beau.  Mais  si  nous 
sommes  frappés  par  le  chagrin  ou  par  la  peine,  si  nous 
sommes  accablés  par  l'inquiétude  ou  par  les  soucis,  le  même 
rayon  de  soleil,  les  mêmes  fleurs  semblent  avoir  perdu  toute 
leur  beauté.  C'est  en  vain  que  brillent  les  gouttes  de  rosée,  en 
vain  que  l'eau  scintille. 

b.  Platon  était  tellement  persuadé  de  l'influence  que  notre 
esprit  exerce  sur  la  manière  dont  nous  apprécions  le  beau,  qu'il 
disait  un  jour  :  «  L'esprit  seul  est  beau  et,  en  aimant  le  beau, 
il  ne  fait  qu'aimer  l'ombre  de  lui-même.  ^)  Sans  accepter  une 


DISSERTATIONS.  319 

vue  aussi  radicale  du  sujet,  nous  pensons  tous  cependant  qu'il 
n'y  a  rien  de  si  grand,  de  si  noble  que  la  beauté  intellectuelle. 
Cette  beauté  ne  ressemble  pas  à  la  beauté  physique,  elle  ne  se 
fane  pas  avec  l'âge,  mais  elle  dure  aussi  longtemps  que  la  mé- 
moire. L'ancienne  maxime  :  a.  La  beauté  sans  ornements  n'en  est 
que  plus  ornée,  »  peut  être  vraie  pour  la  beauté  physique,  mais 
elle  ne  l'est  pas  pour  la  beauté  intellectuelle,  car  c'est  par  ses 
ornements  qu'elle  est  beauté.  La  beauté  physique  toute  seule 
ne  peut  rendre  personne  beau.  Celle-ci  ne  peut  jamais  rempla- 
cer celle-là.  Le  plus  beau  visage  perd  la  moitié  de  ses  charmes, 
sinon  tous  ses  charmes,  lorsqu'on  sait  qu'il  n'est  qu'un  masque 
cachant  sous  son  extérieur  rougissant  un  caractère  terni  par 
le  crime  ou  un  cœur  dépourvu  de  sympathie.  Au  contraire, 
une  personne  dépourvue  de  beauté  physique  peut  devenir  ra- 
dieuse sous  l'éclat  de  la  beauté  intellectuelle  qui  émane  de  son 
âme. 

3.  Les  personnes  d'un  esprit  pratique  sont  sujettes  à  penser 
qu'il  est  inutile  de  perdre  son  temps  et  sa  mémoire  à  embellir 
les  objets  ;  mais  la  beauté  rehausse  l'utilité.  Une  salle  d'école 
ornée  de  tableaux  et  de  statues  est  réellement  plus  utile  que  si 
elle  n'avait  pas  ces  ornements  artistiques  ;  au  lieu  de  la  fuir, 
l'élève  y  court,  parce  que  la  présence  des  tableaux,  des  fleurs, 
•les  statues  et  de  la  musique  change  ses  devoirs  en  plaisirs. 
Ces  objets  ouvrent  des  horizons  à  son  imagination.  Le  foyer 
domestique,  qui  est  toujours  agréable,  acquiert  des  charmes 
encore  plus  puissants  lorsque  les  fenêtres  ensoleillées,  les 
oiseaux  au  doux  ramage,  la  musique  et  la  peinture  y  répandent 
leur  beauté  pour  retenir  dans  ses  murs  sacrés  ceux  qui,  sans 
cela,  pourraient  aller  chercher  des  distractions  ailleurs.  La 
cathédrale  de  Saint-Paul  est-elle  un  sanctuaire  moins  estimable 
parce  que  les  bancs  sont  garnis  de  coussins  et  que  les  fenêtres 
sont  très-étroites  ?  La  lumière  du  soleil  artistement  tamisée  et 
les  doux  sons  de  l'orgue  ne  sont  pas  sans  utilité.  Ils  calment 
les  passions  et  répandent  la  paix  dans  l'âme  agitée,  en  la  rem- 
plissant de  pensées  nobles  et  saintes.  La  pêche  est-elle  moins 
agréable  parce  qu'elle  est  recouverte  d'un  duvet  velouté  ?  Le 
raisin  est-il  moins  exquis  parce  qu'il  est  recouvert  d'un  royal 
manteau  de  pourpre  ?  La  rose  est-elle  moins  parfumée  parce 
que  ses  feuilles  ont  de  belles  teintes  rouges? 

Kettie  g. 

Age  :  seize  ans. 
Aurora  (Illinois). 


3^0  HIGH   SCHOOLS. 

H.  —  DEVOIRS   ET   DROITS. 

(3°  année.) 

J.  l)oiin(3z  l)rièveinent  une  classification  des  devoirs  qui 
naissent  de  la  loi  de  réciprocité. 

f(pp^  —  y,a  réciprocité  comprend  trois  classes  de  devoirs  : 

Classk  I.  —  Devoir  envers  l'homme  en  tant  qu'homme. 

Celte  classe  se  subdivise  en  deux  parties  : 
Chapitre  4.  —  Justice  par  rapport  à  la  liberté. 

—  2.  — •         —         —      propriété. 

—  3.  —        —        —      réputation. 

—  i.  —        —  au  caractère. 
Chapitre  1.  —  Véracité  par  rapport  au  passé  et  au  présent. 

—  2.  —  Véracité  par  rapport  au  futur. 

Cl.\sse  II.  —  Devoirs  résultant  de  la  constitution 
des  sexes. 

Chapitre  1 .  —  La  loi  de  la  charité. 

—  2.  —  La  loi  du  mariage. 

—  3.  —  Devoirs  des  parents. 

—  i.  —  Devoirs  des  enfants. 

Classe  IlL  —  Devoirs  résultant  de  la  constitution 
de  la  société. 

Chapitre  1.  —  Comment  la  société  se  forme  et  se  gouverne. 

—  2.  —  Devoirs  des  magistrats. 

—  3.  —  Devoirs  des  fonctionnaires  dans  la  société. 

—  i.  —  Devoirs  des  citoyens. 

2.  Discutez,  d'une  manière  générale,  la  nature  de  la  liberté 
personnelle. 

Rép.  —  Tout  homme  sur  la  terre  a  sur  lui-même  un  droit 
qu'on  ne  peut  pas  légalement  lui  enlever,  à  moins  qu'il  ne  de- 
vienne dangereux  pour  la  société.  Dans  ce  cas,  c'est  le  devoir 
de  la  société  de  se  débarrasser  de  lui  en  le  séquestrant.  Ainsi 
donc,  pourvu  que  les  droits  d'une  personne  ne  nuisent  pas  aux 
droits  des  autres,  elle  est  parfaitement  libre  de  les  exercer. 


i 


DISSERTATIONS.  321 

Cependant  l'histoire  nous  parle  d'actes  de  cruauté  qui  furent 
tout  à  fait  illégaux.  Je  ne  connais  pas  de  plus  grand  exemple 
de  la  violation  de  la  liberté  que  l'esclavage.  De  pauvres  noirs, 
qui  n'avaient  fait  de  mal  à  personne,  étaient  arrachés  de  leur 
foyer,  on  brûlait  leurs  maisons,  on  massacrait  cruellement 
leurs  enfants  et  leurs  vieux  parents,  et  on  les  vendait  comme 
esclaves.  Comme  une  telle  conduite  était  opposée  au  grand, 
au  sage  précepte  de  notre  Créateur  :  «  Faites  aux  autres  ce  que 
vous  voudriez  qu'ils  vous  fiss-ent  »  ! 

3.  Sur  quoi  repose  le  droit  de  propriété  ?  Comment  ce  droit 
peut-il  être  violé? 

Rép.  —  Le  droit  de  propriété  est  fondé  sur  cette  maxime  : 
«  Tout  homme  a  droit  sur  lui-même.  »  S'il  a  droit  sur  lui- 
môme,  il  peut  exercer  ce  droit  à  son  profit  et  à  son  plus  grand 
profit,  pourvu  qu'en  agissant  ainsi  il  ne  nuise  pas  au  droit  des 
autres.  Il  a  droit  à  la  propriété  qu'il  a  acquise  par  l'un  des 
moyens  suivants  : 

1°  Par  le  travail  de  ses  mains  ;  ^^  par  don  ;  3°  par  héritage; 
4°  par  dernière  volonté  ou  testament;  5°  par  possession  ;  6*^  par 
achat. 

On  peut  violer  le  droit  de  propriété  en  se  faisant  donner  un 
titre,  constatant  que  l'objet  que  l'on  possède  n'est  sujet  à  au- 
cune revendication,  lorsqu'il  n'en  est  pas  ainsi.  Par  vol  sans 
violence.  En  employant  la  violence  pour  se  faire  mettre  en  pos- 
session. En  volant  à  main  armée. 

l.  Jusqu'à  quel  point  est-il  de  notre  devoir  de  révéler  les 
mauvaises  actions  des  autres? 

Rép.  —  11  n'est  de  notre  devoir  de  révéler  les  méfaits  de 
nos  semblables  qu'autant  qu'il  s'agit  du  bien  de  la  société.  Et, 
dans  ce  cas,  nous  ne  devons  pas  le  faire  par  malice  ou  par 
haine,  mais  pour  le  bien  commun.  Si  nous  ne  révélons  pas  les 
actions  qui  causent  un  grave  préjudice  à  la  société,  je  crois 
que  nos  semblables  doivent  nous  considérer  comme  complice 
de  ces  actions  ;  car  celui  qui  n'empêche  pas  le  mal  qu"il  peut 
empêcher  est  aussi  coupable  que  celui  qui  le  commet.  Si  nous 
révélons  les  mauvaises  actions  des  autres,  nous  les  empêche- 
rons par  là  de  commettre  de  nouveau  ces  mauvaises  actions  ; 
nous  préviendrons  donc  ainsi  le  retour  des  maux  que  nous  con- 
naissons, ce  qui  est  notre  devoir. 

5.  Quelles  sont  les  promesses  qui  ne  nous  engagent  pas  ? 

Rép.  —  Nous  ne  sommes  pas  tenus  d'accomplir  les  promesses 
qui  sont  contraires  à  la  loi  de  Dieu  ou  des  hommes.  Dans  ce 

-21 


322  HIGH    SCHOOLS. 

cas  elles  sont  illégales,  el  ce  qui  est  illégal  ne  saurait  nous 
lier.  Lorsque  la  maladie  ou  des  malheurs  imprévus  nous  acca- 
blent, nous  sommes  incapables  d'accomplir  nos  promesses,  qui 
alors  ne  peuvent  plus  nous  lier.  Car  une  promesse  n'est  obli- 
gatoire qu'au  sens  oi^i  celui  qui  la  fait  suppose  que  celui  à  qui 
il  la  fait,  la  reçoit.  Or  il  n'est  personne  assez  téméraire  pour 
s'engager  à  accomplir  sa  promesse  si  la  maladie  l'en  empêche; 
donc,  dans  ce  cas,  la  promesse  n'est  pas  obligatoire. 

6.  Discutez  la  bienveillance  témoignée  aux  méchants  et  aux 
malheureux. 

Rép. —  Nous  avons  tous  le  devoir  d'être  bienveillants  envers 
les  malheureux;  nous  devons  essayer  d'adoucir  leurs  peines 
par  nos  bontés.  La  Bible  a  dit  :  «  Le  bien  que  vous  avez  fait 
aux  plus  petits  d'entre  eux,  c'est  à  moi  que  vous  l'avez  fait.  » 
Comme  ces  quelques  paroles  sont  belles  !  Qui  voudrait  .perdre 
une  occasion  de  rendre  plus  uni  le  sentier  que  foulent  les  mal- 
heureux ! 

Souvent  un  peu  de  bienveillance  témoignée  aux  méchants  les 
rend  meilleurs.  Il  n'y  a  pas  d'animal  si  sauvage  cju'il  résiste  à 
des  caresses  continuelles.  En  agissant  ainsi,  non-seulement 
nous  venons  au  secours  des  méchants,  mais  nous  nous  faisons  un 
cœur  bon  et  aimant.  Quoique  la  méchanceté  soit  dans  le  cœur 
de  nos  semblables,  nous  ne  devons  pas  les  mépriser;  il  faut 
essayer  de  les  ramener  dans  la  bonne  voie  en  leur  tendant  une 
main  amie,  et  en  agissant  avec  eux  en  vrais  chrétiens. 

FiDELIA  A. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Burlington  (lowa). 


13.  —  PEUT-ON  JAMAIS  JUSTIFIER  UN   MENSONGE  V 
('i'^  année.) 

Non,  jamais!  Jamais  on  ne  peut  justilier  un  mensonge.  Dites 
toujours  la  vérité;  quand  même  ce  serait  une  question  de  vie 
ou  de  mort,  dites  toujours  la  vérité. 

L'expérience  m'a  démontré  que  le  vieux  proverbe  :  «  L'hon- 
nêteté est  la  meilleure  politique  (1),  »  est  bon  et  vrai,  et  je 

(1)  Honestij  is  the  hest  poUcij. 


DISSERTATIONS.  3^3 

conseillerais  à  tous  ceux  qui  ont  quelque  doute  ù  ce   sujet, 
jeunes  ou  vieux,  riches  ou  pauvres,  de  le  suivre  fidèlement. 

Si  vous  allez  passer  la  soirée  quelque  part  et  que  vous  ne 
teniez  pas  à  ce  que  vos  parents  sachent  où  vous  avez  été,  il  ne 
faut  pas,  en  revenant  chez  vous,  vous  mettre  aussitôt  à  en 
parler  et  dire  où  vous  avez  été,  avec  qui  vous  f  avez  été,  tout 
ce  que  vous  avez  fait  :  l'honnêteté  n'exige  pas  cela  de  vous. 
Mais  si  votre  père  vous  demande  où  vous  avez  été,  il  faut  le  lui 
dire,  lui  dire  tout  sans  rien  cacher. 

Si  vous  avez  accepté  un  présent  pour  faire  quelque  chose  que 
vous  ne  deviez  pas  faire,  avouez-le  franchement  lors(ju'on  vous 
accuse,  comme  l'a  faitM"'*  B.  (1),  sans  vous  inquiéter  de  ce  qu'on 
pourra  dire  ;  vous  savez  bien  qu'il  faut  toujours  que  le  monde 
cause. 

S'il  y  a  eu  quelques  malversations  dans  un  service  public 
dont  vous  étiez  chargé  (2),  avouez-le  et  supportez-en  les  consé- 
quences, ne  forcez  pas  le  gouvernement  à  faire  des  dépenses 
inutiles  pour  payer  des  jurés  qui  devront  siéger  et  entendre  les 
témoins  qui  viendront  vous  accuser.  Puisque  vous  savez  que 
vous  êtes  coupable,  avouez-le,  et  tout  s'arrangera  beaucoup 
plus  facilement. 

Si  vous  avez  coupé  le  cerisier  de  votre  père  avec  votre 
hachette  toute  neuve  (3),  avouez-le,  et  alors  vous  pourrez 
regarder  le  monde  en  face  sans  trembler,  mais  autrement  vous 
ne  pourrez  pas  regarder  un  chien  en  face  sans  rougir. 

Voyez  à  quelle  haute  position  s'est  élevé  George  AVashington. 
Peut-être  la  haute  estime  qu'on  a  maintenant  pour  son  nom 
est-elle  due  principalement  à  ce  fait,  qu'il  ne  pouvait  pas 
mentir. 

Frédéric  B. 

Age  •  quinze  ans. 
Milwaukee  (Viscoiisiii). 


1  i.  —  HONNEUR   AUX   MAINS  CALLEUSES. 

Les  palais  en  marbre  de  Venise,  avec  leurs  sculptures  éla- 
borées et  leurs  riches  mosaïques,  se  dressent  comme  un  rêve 

{1  et  2j  Allusions  à  de  célèbres  procès  de  ces  derniers  temps. 
(3)  Allusion  à  une  aventure  célèbre  de  l'enfance  de  Washington  (voir 
ci-dessus,  page  168.  i 


324  mon  scHOOLS. 

de  beauté  sous  les  yeux  du  touriste  ;  mais  qui  peuse  aux  forêts 
majestueuses  qui  leur  ont  servi  de  foudeiucnts? 

Dans  la  société,  nous  portons  toute  notre  attention  sur  la 
splendeui-  des  g-rands  monuments  et  nous  oublions  ce  que  nous 
devons  au  trav.iil  des  mains  du  pauvre.  Nous  ne  songeons  pas 
qu'il  y  a  dans  l'univers  des  millions  de  travailleurs  qui  sont  nos 
bienfaiteurs  personnels. 

Je  m'assieds  dans  mon  petit  salon  et  je  me  demande  à  qui  je 
dois  le  bien-être  et  les  sinqdes  ornements  dont  je  suis  entouré. 
Celte  plume  dont  je  me  sers  pour  écrire,  c'est  du  minerai  de 
quelque  mine  profonde  qu'une  main  singulièrement  habile 
l'a  tirée.  C'est  encore  de  ces  sondjres  cavernes  qu'on  a  extrait 
tous  les  petits  clous,  toutes  les  vis  et  même  les  cordes  du 
piano,  et  la  planche  sur  laquelle  on  a  gravé  ma  douce  madone. 
Le  charbon  qui  répand  dans  la  maison  la  température  de  l'été 
nous  a  été  donné  par  des  hommes  qui  demeurent  dans  les 
ténèbres  pour  que  d'autres  puissent  avoir  de  la  lumière  et  de 
la  chaleur.  Honneur  au  mineur  qui,  avec  une  énergie  héroïque, 
tire  delà  terre  des  trésors  cachés  pour  enrichir  ses  semblables! 
Sa  vie  se  passe  souvent  au  milieu  des  scènes  les  plus  sublimes! 
Les  montagnes  sont  sa  patrie;  elles  ont  toujours  une  sublime 
beauté,  sous  l'éclat  du  soleil,  ou  pendant  l'orage,  lorsqu'elles 
semblent  se  faire  signe  l'une  à  l'autre,  tandis  que  leurs  rochers 
répercutent  les  roulements  de  la  foudre.  Des  scènes  sublimes 
ne  peuvent  manquer  de  faire  aimer  la  nature  et  adorer  le 
Créateur. 

Le  plâtre  qui  recouvre  le  mur  a  subi  bien  des  modifications 
depuis  le  moment  où  il  gisait  dans  la  carrière  de  pierre  à 
chaux.  Le  verre  de  la  fenêtre  était  jadis  du  sable  que  le  vent 
faisait  voler  çà  et  là.  Le  miroir  fut  inventé  il  y  a  bien  long- 
tenq)S  dans  une  ville  entourée  par  la  mer.  Il  a  fallu  les  soins 
d'un  berger,  d'un  fdeur  et  d'un  teinturier  pour  confectionner 
le  tapis  qui  recouvre  mon  plancher. 

Reconnaissons  ce  que  nous  devons  à  tous  les  hommes  qui 
transforment  les  matériaux  bruts  fournis  par  la  nature,  et  qui 
les  rendent  propres  à  nos  usages  ([uotidiens. 

Paruji  les  bienfaiteurs  du  monde  n'oublions  pas  les  «  tailleurs 
de  bois  ni  les  tireurs  d'eau  ».  Pour  que  le  charpentier  bâtisse 
une  maison,  il  faut  que  le  bûcheron  coupe  le  bois  dans  la  forêt. 
Il  faut  que  ce  bois  soit  adapté  aux  différentes  parties  de  l'édi- 
fice. La  vue  du  bois  qui  vient  d'être  coupé  et  celle  de  la  char- 
pente   d'une   maison  ont  beaucoup   de    charmes»    L'ouvrage 


DISSERTATIONS.  325 

devient  de  plus  en  plus  compliqué  jusqu'à  ce  qu'on  le  termine 
en  creusant  le  puits  ou  en  construisant  Taqueduc. 

La  vie  du  fei'mier  est  pleine  de  poésie.  Les  champs  suggèrent 
de  nobles  pensées.  Pendant  que  Robert  Burns  (l)  labourait  un 
matin,  à  l'aube,  sa  charrue  coupa  tout  à  coup  une  pâquerette 
qui  aussitôt  refleurit  dans  un  poème. 

«  Petite  fleur  uiodeste,  aux  pétales  teintés  de  rouge,  tu  m'as 
rencontré  dans  une  heure  fatale;  il  m'a  fallu  écraser  dans  la 
poussière  ta  tige  élancée  :  t'épargner,  maintenant  n'est  plus 
en  mon  pouvoir,  ô  la  perle  desfleurs!...  Nos  jardins  fournissent 
les  fleurs  superbes  qui  ne  peuvent  croître  que  sous  les  dômes 
de  verdure  ou  près  des  hautes  murailles;  mais  toi,  solitaire  et 
cachée  sous  l'abri  que  t'ofl"re  d'aventure  la  n)olte  de  terre  ou 
la  pierre,  tu  ornes  le  champ  où  le  moissonneur  n'a  laissé  que 
les  chaumes  (2).  » 

Hawthorne  dit  de  son  jardin  : 

«  C'était  un  des  plus  beaux  spectacles  qu'il  y  eût  au  monde 
de  voir  une  petite  colline  de  fèves  repousser  le  sol,  ou  une 
rangée  de  pois  précoces  qui  sortaient  de  terre  assez  pour  former 
une  ligne  d'un  vert  tendre.  » 

Les  domesti([ues  qui  lavent  notre  vaisselle,  qui  font  nos 
chand)res  et  qui  préparent  nos  aliments,  sont  dignes  de  notre 
respect  s'ils  font  bien  leur  travail.  Ce  qui  est  utile  est  toujours 
honorable,  et  l'humble  travailleur  est  souvent  encouragé  par 
la  pensée  que  c'est  Dieu  qui  distribue  toutes   les   tâches ,  et 

(1)  Poëte  écossais,  vécut  de  1759  à  1796.  Il  a  écrit  en  écossais  des 
poëmes,  des  chansons  et  des  lettres.  (Note  du  Traducteur.) 

(2)  Wec,  modest,  crimson-tipped  flow'r, 
Thou's  met  me  in  an  evil  hoiir  ; 
For  I  maun  crush  among  the  stoiire 

Thy  slender  stem  : 
To  spare  tliee  now  is  past  my  pow'r, 

Thon  bon  aie  2;em. 


The  llaimting  flow'rs  our  gardons  yield, 
High  shell'ring  woods  and  wa's  maun  sliield; 
^  But  ttiou,  lieneath  Ihe  random  bield 

O'clod  or  stanc, 
Adorns  tlie  histie  stibble-field, 

Unseen,  alane, 

(Stanzas  to  a  Mountain  Daisy). 

{Texte  rétabli  par  le  Traducteur.) 


3:26  HIGH    SCHOOLS. 

qu'il  tient  compte  de  tous  les  efforts  que  l'on  fait  fidèlement. 

Beaucoup  de  sottes  personnes  pensent  cju'il  y  a  de  la  honte  à 
travailler,  et  quelques  mères  sont  fières  de  dire  que  leurs 
filles  ne  savent  faire  que  des  ouvrages  de  fantaisie.  Une  femme 
qui  avait  deux  lilles  les  avait  élevées  dans  cette  fausse  idée 
pendant  (ju'elle  travaillait  durement  })our  les  entretenir.  Enfin 
l'aînée  se  maria  et  alla  vivre  chez  elle.  Elle  écrivit  à  sa  mère  que 
si  elle  voulait  faire  une  dame  de  Ahby,  il  était  temps  de  com- 
mencer. La  petite  fille  avait  treize  ans  et,  en  disant  d'en  faire 
une  dame,  sa  sœur  voulait  dire  de  Thahiller  à  la  mode  et  de  la 
laisser  s'asseoira  la  fenêtre  du  salon. 

E.-II.  Chapin,  dans  le  sermon  qu'il  lit  ici  l'hiver  dernier,  dit 
que  les  travailleurs  forment  la  véritable  noblesse,  et  que  les 
oisifs  forment  les  classes  inférieures.  C'est  peut-être  à  deux 
lois  que  la  Russie  doit  sa  supériorité  intellectuelle  :  l'une  de 
ces  lois  exige  que  chaque  enfant  reçoive  de  l'instruction,  la 
seconde  force  chaque  homme  à  apprendre  un  métier.  Le  Prince 
héritier  est  imprimeur.  L'oisiveté  est  la  mère  du  crime,  et 
tous  ceux  (|ui  aiment  le  bon  ordre  voient  avec  plaisir  que 
notre  assemblée  législative  vient  de  faire  une  loi  pour  proléger 
la  société  contre  les  mendiants,  qui  sont  devenus  si  nombreux 
et  si  dangereux  dans  toutes  les  parties  de  ce  pays. 

Lorsqu'un  homme  travaille  sérieusement,  il  est  comparative- 
ment à  l'abri  des  maux  qui  l'entourent.  Les  mauvaises  pensées  ne 
trouvent  pas  de  place  dans  son  cœur,  son  unique  préoccupa- 
tion est  de  rendre  sa  famille  heureuse.  Après  son  travail,  il 
jouira  des  simples  amusements  du  foyer  domestique,  qui  sont 
très-nécessaires  pour  entretenir  sa  bonne  humeur. 

Sir  Thomas  More,  dans  son  Utopia,  dit  qu'il  voudrait  passer 
la  moitié  du  jour  au  travail  et  le  reste  en  une  honnête  ré- 
création. Aristote  dit  :  «  Le  but  du  travail  c'est  de  jouir  du 
loisir.  »  Toujours  travailler  sans  jamais  jouer  est  presque  aussi 
mauvais  que  de  toujours  jouer  sans  jamais  travailler.  Jl  y  a 
des  personnes  qui  croient  (ju'elles  seules  doivent  prendre  de 
la  récréation  et  que  leurs  inférieurs  n'en  ont  pas  besoin. 

La  gouvernante  de  1'  «  Old  curiosity  shop  »  pensait  que  les 
enfants  de  l'aristocratie  devaient  seuls  aller  au  spectacle. 

Elle  soutenait  que  les  vers  du  docteur  Watts  :  «  Que  mes 
premières  années  se  passent  au  milieu  des  livres,  au  travail, 
ou  dans  des  jeux  salutaires,  »  ne  s'appliquaient  qu'aux  enfants 
de  bonne  famille ,  mais  que,  pour  les  enfants  pauvres,  ils 
devaient  être  : 


DISSKUTATIONS.  3:27 

«  Ouenips  premières  années  se  passent  au  travail,  au  travail, 
au  travail,  toujours  au  travail,  pour  qu'à  la  lin  je  puisse  rendre 
bon  compte  de  chaque  jour.  » 

La  récréation  est  surtout  goûtée  p;ir  ceux  (jui  l'ont  d'abord 
gagnée  par  le  travail. 

La  sagesse  de  Dieu,  qui  se^  voit  partout,  est  manifeste  dans 
le  fait  du  travail.  Il  a  voulu  que  ses  enfants  fussent  dans  une 
dépendance  mutuelle  les  uns  à  l'égard  des  autres.  Chacun  doit 
à  la  société  tout  ce  qu'il  peut  lui  donner. 

Le  Créateur  les  a  pourvus  des  matériaux  dont  ils  ont  besoin 
et  les  a  doués  de  facultés  qui  se  développent  par  l'usage.  Le 
travail  est  une  loi  divine  et,  en  s'y  conformant,  l'homme  trouve 
>on  bonheur  et  son  plus  grand  bien. 

Beaucoup  d'hommes,  qui  ont  vécu  du  travail  de  leurs  mains, 
ont  acquis  pendant  leurs  heures  de  loisir  une  haute  culture  in- 
tellectuelle. Hugli  Miller  passa  quinze  ans  dans  une  carrière 
et  fut  ensuite  commis  dans  une  banque;  et,  pendant  tout  ce 
temps,  il  employa  ses  soirées  à  composer  et  à  écrire  ses 
importants  ouvrages  sur  la  géologie. 

ElihuBurrett,  surnommé  le  savant  forgeron,  savait  cinquante 
langues.  Robert  Collier,  de  Chicago,  est  aussi  habile  à  ferrer 
un  cheval  ({u'à  composer  un  sermon.  Le  jeune  sculpteur,  plein 

d'avenir,  S (1),  apprit  sa  grammaire  latine  pendant  que 

ses  mains  poussaient  la  navette  sur  le  métier.  M""''  Emily 
C.  Judson  (  2j,  cet  écrivain  élégant  et  ce  missionnaire  dévoué,  était 
ouvrière  de  fabrique  à  douze  ans;  après  avoir,  par  de  patients 
efforts,  acquis  une  bonne  instruction,  elle  tint  une  école  à 
soixante-quinze  cents  par  semaine. 

>'otre  pays  pourrait  fournir  un  grand  nombre  d  exemples 
d'hommes  qui  ont  obéi  aux  plus  nobles  impulsions  de  leur  être 
pendant  qu'ils  étaient  obligés  de  se  livrer  au  travail  manuel, 
pour  subvenir  à  leurs  besoins  de  chaque  jour. 

-Nous  honorons  spécialement  dans  notre  école  ceux  qui,  tout 
en  s'entretenant  par  leur  travail,  prennent  place  aux  premiers 
rangs.  Nous  sommes  sûrs  que  le  monde  leur  réserve  des  posi- 
tions d'honneur  et  de  confiance,  et  que  les  fardeaux  qu'ils  sup- 


(l)  Nom  illisiblt'. 

f2j  1 81 7-1 85 i,  pins  connue  sous  le  nom  de  Fanny  Forester,  sous 
lequel  parurent  la  plupart  de  ses  Poëmes  et  de  ses  Nouvelles. 


328  HIGII    SCHOOLS. 

portent  actuellement  ne  font  que  les  préparer  à  la  responsabi- 
lité dont  on  les  chargera  plus  tard. 

Katie  m. 

Portsmouth  (New  Hampsliirc). 


3c  SECTION  :  COMPOSITIONS  HISTORIQUES  ET  POLITIQUES. 
%II.  —  Histoire. 

1.    —   ÉTUDE    DE    l'histoire. 

L'histoire  est  une  élude  qui  ne  saurait  manquer  d'intéres- 
ser et  le  professeur  et  l'élève,  lorsqu'elle  est  faite  convenable- 
ment. 

On  ne  peut  pas  espérer  que  l'élève  qui  se  contente  d'ap- 
prendre les  faits  et  les  dates  qu'il  trouve  dans  son  manuel, 
éprouve  beaucoup  de  plaisir  à  faire  une  étude  aussi  incomplète. 
Mais,  qu'il  lise  l'histoire  d'une  nation  écrite  par  différents  au- 
teurs ;  qu'il  se  rende  compte  des  opinions  de  chacun  de  ces 
auteurs  sur  les  causes  et  les  résultats  des  divers  événements  ; 
qu'il  juge  lui-même  laquelle  est  la  meilleure  ;  qu'il  voie  cette 
nation  croître  et  se  développer:  alors  l'histoire  ne  tardera  pas 
à  devenir  pour  lui  une  étude  pleine  d'intérêt. 

D'un  autre  côté,  chaque  nation  n'a-t-elle  pas  ses  traditions 
qui,  sans  être  rigoureusement  vraies,  ne  laisseront  pas  de  pro- 
curer du  plaisir  à  celui  qui  les  lira,  et  de  lui  faire  connaître 
le  caractère  du  peuple? 

Nous  entendons  souvent  des  élèves  dire  :  «  Je  n'aime  pas 
l'histoire,  je  ne  peux  pas  retenir  les  dates.  »  Ceux  qui  font 
entendre  cette  plainte  sont  presque  toujours  des  élèves  qui 
essayent  d'apprendre  les  dates  dans  des  tableaux  chronolo- 
giques, où  elles  ne  sont  reliées  par  aucune  idée  historique.  Et 
il  vous  diront  qu'ils  se  servent  de  ces  tableaux  «  pour  apprendre 
leurs  leçons  le  plus  vite  possible  ».  Faut-il  donc  s'étonner  qu'ils 
ne  réussissent  pas? 

Si  on  étudie  en  même  temps  la  géographie  et  Thistoire  d'un 
pays,  on  verra  pourquoi  certaines,  parties  de  ce  pays  ont  été 
plus  tut  colonisées  et  plus  vite  civilisées. 

Considérons  un  instant  l'histoire  de  notre  pays,  en  l'étudiant 
d'abord  à  un  point  de  vue  pratique. 


HISTOIRE.  329 

Nous  apprendrions  d'abord  sa  découverte,  sa  colonisation 
dans  différentes  parties,  ensuite  les  principales  causes  de  la 
Révolution,  et  ainsi  de  suite.  Mais  une  étude  ainsi  faite  nous 
intéresserait-elle  autant  que  si  nous  en  avions  étudié  tous  les 
détails  et  les  aventures  audacieuses  de  nos  ancêtres,  en  nous 
rendant  compte  de  leurs  pénibles  travaux,  dont  nous  pourrions 
ainsi  apprécier  tout  le  mérite  ?  Je  crois  bien  que  non. 

Lorsque  nous  entreprenons  une  étude,  commençons-la  donc 
de  la  bonne  manière  :  nos  jours  d'école  nous  paraîtront  ainsi 
plus  agréables. 

Nellie  K. 

Age  :  dix-sept  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin). 


''l.  —  HISTOIRE  ANCIENNE. 

1.  Indiquez  le  caractère  des  deux  principales  races  de  la 
Grèce. 

Rép.  —  Les  Grecs  formaient  une  pure  race  aryenne.  A  une 
époque  très-ancienne,  ils  émigrèrent  vers  l'ouest  et  chassèrent 
ou  soumirent  les  tribus  barbares  qui  habitaient  ce  pays.  Ils 
n'eurent  pas  le  même  caractère  dans  toutes  les  générations. 
Dans  les  premiers  siècles  ils  formaient  un  peuple  hardi,  vigou- 
reux et  ambitieux. 

Les  principaux  peuples  furent  les  Athéniens,  les  Spartiates 
et  ensuite  les  Thébains.  Les  Athéniens  étaient  inconstants;  ils 
aimaient  le  luxe.  Ils  eurent  d'abord  beaucoup  d'esprit  public,  et 
ils  cultivèrent  les  beaux-arts.  Les  arts,  la  poésie,  la  sculpture 
et  la  musique  atteignirent  une  grande  perfection. 

Les  Spartiates,  au  contraire,  regardaient  la  musique  et  la 
poésie  comme  des  arts  indignes  des  hommes;  le  bien-être  et 
le  luxe,  comme  une  honte.  C'était  une  race  acariâtre,  cruelle 
et  jalouse.  Ils  ne  se  proposaient  d'autre  objet  que  la  guerre. 

Les  Thébains  ne  restèrent  au  pouvoir  que  fort  peu  de  temps. 
Mais  ils  montrèrent  dans  la  guerre  un  caractère  vindicatif  et 
une  cruauté  impitoyable. 

t.  Éducation  des  Spartiates.  Ses  résultats. 

Rép.  —  Le  gouvernement  était  chargé  de  l'éducation  du 
jeune  Spartiate.  L'État  le  prenait  à  sept  ans  et  l'employait  jus- 
qu'à soixante  ans.  Ils  mangeaient  tous  à  la  même  table,  afin 
que  les  jeunes  gens  pussent  entendre  la  conversation  de  leurs 


330  HIGH    SCHOOLS. 

supérieurs  et  en  profiter.  On  leur  enseignait  le  mensonge,  le 
vol  et  toute  espèce  de  ruse.  Ils  se  livraient  aussi  aux  jeux  athlé- 
tiques pour  forlilier  leurs  muscles.  I^es  femmes  Spartiates 
étaient  obligées  de  s'exercer  de  la  même  manière  ([ue  les 
hommes;  mais  leur  éducation  se  faisait  à  part. 

Cette  éducation  avait  pour  résultat  de  former  une  race  vi- 
goureuse, une  race  de  guerriers.  Quoique  les  Spartiates  eussent 
beaucoup  d'influence  au  temps  de  leur  puissance,  ils  n'ont  pas, 
comme  les  Athéniens,  produit  des  œuvres  qui  ont  été  utiles  au 
monde  entier.  Nous  pouvons  lire  leur  histoire  et  admirer  leurs 
bonnes  qualités,  mais  ils  n'ont  rien  fait  pour  propager  et  pour 
dévelop|)er  la  civilisation. 

o.  Indiquez  les  expéditions  des  Perses  et  les  généraux  qui 
les  dirigèrent.  Donnez  le  plan  de  Marathon. 

ï.  Écrivez  dix  lignes  sur  Péridès. 

5.  Écrivez  dix  lignes  sur  Alexandre. 

6.  Écrivez  vingt  dates  en  ordre. 

7.  Nommez,  par  ordre,  les  divinités  de  l'Olympe.  Écrivez  au 
moins  une  phrase  sur  chacune  d'elles. 

8.  Nommez  un  auteur  épique,  un  auteur  élégiaque,  trois 
auteurs  lyriques,  trois  auteurs  dramatiques,  deux  orateurs, 
trois  historiens  et  neuf  philosophes. 

9.  Décrivez  les  mœurs  grecques. 

Rép.  —  La  différence  entre  les  deux  sexes  était  peu  mar- 
quée dans  les  vêtements.  On  ne  portait  pas  de  chaussures  dans 
les  maisons;  dehors  on  portait  des  sandales.  On  faisait  trois 
repas  par  jour,  et  l'on  mangeait  couché.  On  se  servait  des 
doigts,  qui  existaient  avant  les  fourchettes,  et  on  se  lavait  les 
mains  et  la  figure.  Les  personnes  de  la  classe  riche  vivaient 
très-somptueusement.  La  femme  était  considérée  comme  étant 
presque»  l'égale  de  l'esclave.  C'est  à  ce  fait  qu'il  faut  attribner 
beaucoup  de  vices  dont  nous  parle  l'histoire  grecque. 

10.  Ostracisme.  —  Écrivez  quinze  lignes  sur  trois  honnucs 
qui  furent  contemporains  et  qui  exercèrent  une  grande  in- 
fluence. 

Rép.  —  L'ostracisme  était  le  moyen  employé  par  les  Athé- 
niens pour  se  débarrasser  des  chefs  politiques  qui  leur  étaient 
odieux.  Ce  moyen  consistait  à  écrire  sur  une  coquille  le  nom 
de  l'homme,  que  l'on  voulait  faire  exiler  ou  bannir  par  l'ostra- 
cisme. Si  l'on  parvenait  à  réunir  ainsi  six  mille  votes  sur  le 
nom  d'un  homme,  cet  homme  était  banni  par  l'ostracisme  ou 
exilé. 


HISTOIRE.  331 

ïhémislocle,  Aristide  et  AleibiaJe  <[)  furent  à  peu  près  eon^ 
temporains.  Thémistocle  avait  beaucoup  d'égoïsme  et  était 
très-rusé.  Il  voulait  concentrer  à  Athènes  tout  le  pouvoir  de 
la  Grèce,  pour  s'en  donner  la  gloire.  Aristide  était  l'opposé  de 
Thémistocle.  Jamais  il  ne  se  laissa  diriger  par  des  considéra- 
tions d'intérêt  personnel.  On  lui  décerna  le  nom  de  «  Aristide 
le  Juste  ».  Alcibiade  était  parent  de  Périclès,  mais  il  ne  res- 
semblait à  son  parent  que  par  sa  merveilleuse  habileté.  11  fut 
obligé  de  s'exiler  d'Athènes  plusieurs  fois. 

D.   ^YILUAM  P.. 


Age  :  dix-sept  ans. 


Rochello,  comté  d'Oajle  /'Illinois). 


o.  —  HISTOIRE   MODERNE. 
(3^  année.) 

1.  Faites  un  sommaire  du  régne  de  Charlemagne  et  du  pas- 
sage de  la  dynastie  mérovingienne  à  la  dynastie  carlovingienne. 

2.  SonuTiaire  du  règne  de  François  P"". 

3.  Souverains  delà  maison  de  Bourbon,  sommaire  de  l'admi- 
nistration du  cardinal  de  Piichelieu.  Quelques-uns  des  contem- 
porains de  Piichelieu. 

•4.  Sous  quel  règne  eut  lieu  la  guerre  de  la  Succession  d'Au- 
triche? Quels  sont  les  souverains  qui  prirent  part  à  cette 
guerre  ? 

Sous  quel  règne  eut  lieu  la  guerre  de  Sept  .\ns?  Quels  sont 
les  souverains  qui  y  prirent  part? 

5.  Sous  quel  règne  eut  lieu  la  Kévolutron  française?  Quelles 
furent  les  principales  causes  de  cette  Révolution? 

6.  La  Révolution  française  eut  lieu  pendant  le  règne  de 
Louis  XVL  Principales  causes  :  L'armée  française  revenait 
d'aider  les  Américains  à  conquérir  leur  indépendance;  elle 
avait  répandu  dans  tout  le  pays  un  esprit  de  libeité.  Depuis 
cent  ans  on  dépensait  avec  prodigalité  les  fonds  du  Trésor,  et 
la  part  que  les  Français  avaient  prise  à  la  Révolution  améri- 
caine avait  réduit  la  France  à  une  condition  fort  embarrassée, 
A  cette  époque  les  ouvrages  des  auteurs  impies  étaient  fort 
répandus  et  l'athéisme  était  partout.  Une  longue  oppression, 

{[)Sic. 


332  HiGn  scHOOLS. 

le  mépris  de  la  loi  divine  et  de  la  religion  avaient  rendu  le 
peuple  rebelle  et  intraitable.  Beaucoup  de  protestants  qui 
étaient  restés  en  P>ance  après  la  Révocation  de  î'édit  de  Xantes 
et  qui  ne  voulaient  pas  se  conformer  à  la  religion  catbolique 
roniaine,  étaient  retombés  dans  l'incrédulité.  Telles  sont  les 
causes  qui,  jointes  à  d'autres,  donnèrent  naissance  à  la  lutte 
sanglante  dont  l'Europe  entière  ressentit  le  contre-couj). 

7.  Comment  les  monarques  d'Europe  considérèrent-ils  la 
Révolution  française?  Quelles  coalitions  se  formèrent  contre!  la 
France?  Principales  batailles  de  cette  lutte. 

Rép.  —  Les  monarques  d'Europe  tremblèrent  en  voyant  les 
extravagances  de  la  Révolution  française,  et  ils  commencèrent 
à  craindre  pour  la  sûreté  de  leui's  propres  couronnes.  Ensuite 
ils  s'unirent  et  formèrent  contre  la  France  de  grandes  alliances 
appelées  les  Coalitions.  11  y  eut  cinq  coalitions.  Les  nations 
qui  se  mirent  à  la  tête  de  ces  coalitions  furent  l'Angleterre, 
l'Autriche,  la  Russie,  la  Hollande  et  l'Espagne.  La  Prusse  et 
plusieurs  autres  y  entrèrent  aussi. 

Principales  batailles  :  combat  naval  d'Aboukir,  batailles  de 
Marengo,  de  lïohenlinden,  d'Llm,  d'Auslerlitz;  combat  naval 
du  capTrafalgar;  batailles  d'iéna,  d'Auerstœdt,  de  Ratisbonne, 
de  Wagram,  de  Bautzen,  de  Leipsick  et  de  Waterloo. 

LlLLlE  VAN   A. 
Age  :  quinze  ans. 
Baltimore  (Maryland;. 


A.  —  HISTOIRE   DE   FRANCE. 

1.  Faites  un  expos*  de  la  chute  de  la  dynastie  mérovingienne 
et  de  l'avènement  des  Carlovingiens.  Quand  et  par  qui  fut  fondé 
le  nouvel  empire  d'Occident?  Quels  pays  renfermait-il?  Quand 
l'empire  fut-il  démembré?  Quelle  province  en  conserva  le  titre 
et  la  puissance? 

2.  Nommez  les  souverains  français  du  XYI*"  siècle  ;  règne  de 
François  P''.  Contemporains  illustres. 

Rép.  —  Louis  Xll,  François  P"",  Henri  11,  François  11, 
Charles  IX,  Henri  111,  Henri  IV. 

3.  Quelques  détails  sur  Henri  de  Xavarre.  Sonuuaire  de  son 
règne. 

Henri  de  Navarre  était  l'un  des  chefs  des  Huguenots.  Pen- 
dant le  règne  de  Henri  111  il  devint  l'un   des  trois  Henri  qui 


HISTOIRE.  333 

prétendaient  au  Irône.  Le  roi  Henri  III,  aidé  des  Ligueurs, 
remporta  ([uehjues  avantages  sur  les  Huguenots.  Mécontent  de 
son  union  avec  ies  Guises,  il  les  fit  assassiner.  Cet  acte  amena 
une  insurrection  dans  laquelle  le  roi  succomba.  Henri  de  Navarre 
ou  Henri  IV  de  France  monta  sur  le  trône.  Les  Catholiques 
essayèrent  de  le  renverser,  mais  il  les  défit  à  la  bataille 
d'Ivry  (1590).  Comme  on  lui  résistait  encore,  il  voulut  satisfaire 
le  parti  dominant  et  sauver  la  France  de  l'anarchie  :  il  em- 
brassa la  religion  catholique.  Il  accorda  l'Édit  de  Nantes,  qui 
satisfit  les  Huguenots.  Il  s'occupa  ensuite  du  bien-être  intérieur 
de  la  France,  il  construisit  des  routes,  des  canaux;  il  encouragea 
les  travaux  des  mines,  le  commerce,  etc.,  et  il  protégea  les 
arts  et  la  littérature.  Dans  la  dernière  partie  de  son  règne,  il 
forma  le  projet  d'abaisser  la  Maison  d'Autriche,  et  d'établir  une 
association  capable  d'équilibrer  le  pouvoir  en  Europe.  Quel- 
ques-uns des  princes  allemands  avaient  pris  les  armes  contre 
l'Empereur,  et  Henri  allait  partir  pour  commencer  la  guerre 
lorsqu'il  fut  assassiné  dans  les  rues  de  Paris  par  un  fanatique 
insensé.  Sa  mort  fut  un  deuil  public  en  France. 

i.  Les  principales  guerres  du  règne  de  Louis  XIV.  Effets 
de  ces  guerres  sur  la  France? 

Rép.  —  La  guerre  de  Trente  Ans;  la  guerre  civile  de  la 
Fronde;  la  guerre  avec  la  Hollande;  la  guerre  causée  par  la 
fuite  de  Jacques  II  d'Angleterre  qui  se  réfugia  en  France, 
guerre  dans  laquelle  Louis  eut  à  tenir  tète  aux  forces  combi- 
nées de  l'Europe  ;  guerre  de  la  Succession  d'Espagne. 

Personnages  illustres  :  cardinal  Mazarin,  cardinal  de  Pietz , 
maréchal  Turenne,  prince  de  Condé,  Vaubau ,  Colbert,  Lou- 
vois,  M'^'^  de  Maintenon.  ^ 

Contemporains  anglais  :  Charles  P'',  Cromwell,  Charles  II, 
Jacques  II,  Guillaume  et  Marie,  Anne,  George  I",  Marlborough. 

Autres  contemporains  :  prince  Eugène,  Guillaume  d'Orange, 
de  \Vilt. 

Vers  la  fin  de  son  règne  il  mécontenta  son  peuple.  Pendant 
un  règne  de  7:2  ans  il  avait,  grâce  à  ses  extravagances,  endetté 
son  pays  de  84  millions.  Il  maintint  jusqu'à  la  fin  le  cérémo- 
nial extravagant  de  sa  cour,  quoique  la  mort  lui  eût  enlevé  son 
fils  le  Dauphin,  l'aîné  de  ses  petits-fils  et  plusieurs  de  ses 
parents.  Les  batailles  de  Malplaquet,  de  Piamillies  et  de  Blen- 
heim  détruisirent  entièrement  la  puissance  militaire  de  la 
France.  Louis  obtint  une  paix  plus  favorable  à  la  France  qu'il 
n'avait  raison  de  l'espérer.    H  laissa  la  France  endettée   et 


334  HIGH   SCHOOLS. 

souffrante.  Il  mourut  au  milieu  des  murmures  à  peine  répri- 
més de  ses  sujets. 

5.  Sommaire  de  l'administration  de  Louis-Napoléon.  Court 
exposé  de  la  guerre  franco-prussienne.  Effet  de  cette  guerre 
sur  la  France,  sur  la  Prusse  et  sur  l'Italie. 

Rép.  —  Après  la  fuite  de  Louis-Philippe  en  184S,  on  pro- 
clama la  Piépublique,  et  Louis-Napoléon  fut  choisi  pour  en  être 
le  premier  président.  C'était  le  neveu  de  Napoléon  I".  Il  était 
fils  d'Hurtense,  fille  de  Joséphine,  et  de  Louis-fjonaparte.  P(M1- 
dant  la  première  année  de  sa  présidence  un  mouvement  insur- 
rectionnel dirigé  par  Garibaldi  éclata  en  Italie.  Louis-Napoléon 
envoya  des  troupes,  chassa  Garibaldi  et  ramena  le  Pape.  L'un 
des  principaux  objets  de  son  règne  fut  de  maintenir  la  supré- 
matie du  Pape.  C'est  pour  cela  qu'il  entretint  une  armée  per- 
manente en  Italie.  Napoléon  s'unit  avec  l'Angleterre  pour  faire 
la  guene  de  Crimée,  et  il  eut  la  gloire  de  prendre  d'assaut 
Sébastopol.  Lorsque  la  guerre  éclata  entre  l'Italie  et  l'Autriche, 
Napoléon  prit  parti  pour  la  première;  il  remporta  les  victoires 
de  Magenta  et  de  Solférino. 

Napoléon,  au  commencement  de  son  administration,  désirant 
augmenter  son  pouvoir,  eut  recours  à  un  honteux  stratagème. 
Il  emprisonna  les  députés  sur  le  silence  desquels  il  ne  pouvait 
pas  comjtler,  supprima  les  journaux,  et  se  lit  proclamer  Empe- 
reur de  France. 

En  187U,  Louis-Napoléon  déclara  la  guerre  à  l'Allemagne, 
et  deux  armées  sous  les  ordres  de  Mac-Mahon  et  de  Bazaine 
furent  envoyées  sur  les  bords  du  Fihin.  Mais  les  États  du  Nord 
et  du  Sud  de  l'Allemagne  unirent  leurs  forces  sous  le  comman- 
dement de  Guillaume  de  Prusse,  et  des  armées  magnifiquement 
équipées  furent  aussi  envoyées  sur  le  Rhin.  Là  eut  lieu  une 
bataille  :  Mac-Mahon,  chassé  de  ses  positions,  fut  forcé  de  se 
retirer  sur  Sedan,  et  se  rendit  le  l*"'  septembre.  Bazaine  était 
alors  enfermé  dans  Metz  et  il  rendit  son  armée  prisonnière  de 
guerre,  lorsqu'il  ne  semblait  pas  y  être  contraint  par  la  néces- 
sité. 

En  1871,  les  troupes  allemandes  occupèrent  Paris.  La  paix 
fut  signée.  Napoléon  était  prisonnier.  On  proclama  la  Uépu* 
blique  avec  Thiers  pour  président.  Bientôt  après  eut  lieu  l'in- 
surrection de  la  Commune  qui  dura  plusieurs  mois,  mais  on 
finit  par  en  triompher.  La  France  est  maintenant  en  République 
avec  Mac-Mahon  pour  président. 

Le  territoire  du  Pape  avait  été  protégé  par  Napoléon.  Pendant 


HISTOIRE.  335 

la  guerre  de  1870,  les  troupes  françaises  furent  rappelées  pour 
la  défense  de  Paris;  Garibaldi  entra  à  Rome,  et  l'Italie  devint 
un  royaume  avec  Rome  pour  capitale  et  Victor-Emmanuel  pour 
roi. 

Il  y  a  six  ans,  on  demandait  laquelle  de  l'Autriche  ou  de  la 
Prusse  était  la  plus  grande  ;  mais  pendant  la  dernière  guerre 
tous  les  États  allemands  se  sont  unis  sous  les  ordres  de  Guil- 
laume de  Prusse,  et  l'Empire  allemand  a  été  reconstitué. 
Grâce  à  ses  armées  bien  disciplinées,  cet  empire  a  remporté 
des  victoires  si  éclatantes  que,  non-seulement  il  a  complète- 
ment éclipsé  l'Autriche,  mais  qu'il  menace  de  surpasser  en 
gloire  la  France  et  l'Angleterre. 

Emma  Y. 

Age  :  seize  ans. 
Balliiiiure  (Marvland). 


O.  —  JEANNE   D'ARC. 

(3'^  année.)  ^ 

•leanne  d'Arc  était  la  fille  d'un  pauvre  paysan,  qui  vivait  en 
France  au  xv'  siècle.  Vers  cette  époque,  la  France  et  l'Angle- 
terre étaient  en  guerre,  et  presque  toute  la  France  était  tombée 
au  pouvoir  des  Anglais.  On  peut  attribuer  les  visions  de  Jeanne 
d'Arc  à  son  enthousiasme  et  à  ses  habitudes  de  méditations 
solitaires.  Pendant  que  ses  compagnes  jouaient,  elle  chantait  et 
dansait  toute  seule  ;  elle  tressait  des  guirlandes  pour  la  sainte 
Vierge.  A  quinze  ans,  elle  prétendit  que  saint  Michel  lui  appa- 
raissait entouré  de  feu  et  qu'il  lui  ordonnait  d'aller  faire  lever 
le  siège  d'Orléans,  et  faire  sacrer  le  roi  à  Reims.  Elle  se  rappe- 
lait une  prophétie  d'après  laquelle  une  vierge  devait  sauver  la 
France  et  elle  pensait  qu'elle  était  celle  que  Dieu  avait  dési- 
gnée. Lorsqu'elle  fit  part  de  ses  projets  à  son  père,  il  entra 
dans  une  grande  colère,  et  lui  dit  qu'il  la  noierait  avant  qu'elle 
les  accomplît.  Elle  lui  répondit  qu'elle  aimerait  beaucoup 
mieux  rester  as.sise  auprès  de  sa  mère  et  filer  ;  mais  elle  avait 
une  mission  à  remplir  et  il  lui  fallait  aller  trouver  le  roi. 

Le  roi  crut  d'abord  qu'elle  était  possédée  du  démon,  et  ne 
voulut  pas  l'entendre.  Mais,  après  plusieurs  épreuves,  on  lui 
confia  le  commandement  des  armées.  Elle  fut  blessée  deux  ou 
trois  fois,  mais  elle  ne  tua  jamais  personne,  ni  ne  versa  jamais 


336  iiiGîi  sciiooLS. 

lo  sang  de  ses  propres  mains.  Partout  où  elle  allait  elle  était 
victorieuse,  et  Charles  entra  enlin  en  triomphe  à  Reims.  Pen- 
dant la  cérémonie  du  couronnement  Jeanne  se  tint  auprès  du 
roi,  armée  de  pied  en  cap.  Elle  lit  roflîce  de  connétable;  c'est 
elle  ({ui  tint  l'épée  sur  la  tète  du  monar(|ue.  Après  le  couron- 
nement, elle  pensa  que  sa  mission  était  remplie,  et  elle  voulut 
retourner  chez  elle,  mais  le  roi  ne  voulut  pas  la  laisser  par- 
tir. Sa  famille  reçut  un  tilre  de  noblesse,  elle  eut  pour  armes 
deux  lys  dorés  et  une  épée,  dont  la  pointe,  tournée  en  haut, 
supportait  une  couronne.  Jeanne  fut  faite  prisonnière  le  15  mai 
1131.  Quand  elle  apprit  qu'on  allait  la  livrer  aux  Anglais,  elle 
sauta  par  la  fenêtre  du  château  et  se  blessa  grièvement. 

Après  quatre  mois  d'emprisonnement,  elle  fut  brûlée  atta- 
chée à  un  poteau,  et  ses  cendres  furent  jetées  dans  la  Seine. 
Le  dernier  mot  qu'elle  prononça  fut  :  «  Jésus,  ))  et  l'un  des 
Anglais  s'écria  :  «  Nous  sommes  perdus,  nous  sommes  perdus, 
nous  avons  brûlé  une  sainte.  »  Une  tradition  dit  que  lorsqu'elle 
expira,  une  colombe  blanche  s'envola  du  bûcher.  On  a  élevé 
des  monuments  à  sa  mémoire;  et,  sur  la  place  du  Marché  à 
Houen,  où  elle  fut  brûlée,  on  lui  a  élevé  une  statue  avec  l'in- 
scription qui  est  sur  son  écusson  :  «  L'épée  de  la  vierge  protège 
la  couronne  royale.  Sous  l'épée  de  la  vierge  les  lys  fleurissent 
en  sûreté.  » 

Sarah  K. 
Age  :  seize  ans. 
Sandusky  (Oliio). 


G.  —  l'homme  sans  patrie. 

(9'=  année.) 

Il  y  a  environ  GO  ans,  Aron  Burr  fit  sa  première  excursion 
en  descendant  le  Mississippi.  Pendant  ce  voyage,  il  fit,  en  un 
certain  lieu,  la  connaissance  d'un  jeune  homme  nommé  Philip 
Nolan.  C'était  un  jeune  et  brillant  officier,  et  Burr  avait  tout  ce 
qu'il  fallait  pour  lui  plaire.  Après  s'être  promenés,  avoir  causé, 
et  avoir  fait  ensemble  une  excursion  sur  le  fleuve,  il  avait  com- 
plètement captivé  Nolan.  Bientôt  après,  ce  dernier  fut  jugé 
comme  coupable  de  trahison  envers  sa  patrie.  Lorsque,  à  la  lin 
de  la  séance,  on  lui  demanda  «  s'il  voulait  dire  quelque  chose 
pour  lui  ou  pour  sa  patrie  i»,  il  répondit  :  «  Au  diable  les  États- 


HISTOIRE.  337 

Unis!  Je  demande  à  ne  plus  entendre  prononcer  le  nom  des 
Étals-Unis  !  »  Peut-être  ignorait-il  quels  sentiments  d'horreur 
ces  paroles  devaient  soulever  dans  le  cœur  des  juges. 

Le  plus  profond  silence  régnait  lorsqu'on  apporta  le  verdict. 
La  sentence  était  ainsi  conçue  :  «  Que  le  prisonnier  n'entende 
plus  prononcer  le  nom  des  États-Unis  !  »  Le  lendemain  on  le 
conduisit  à  la  Nouvelle-Orléans  et  on  l'embarqua  sur  un  navire 
qui  partait  pour  un  long  voyage. 

Le  mode  de  traitement  adopté  à  l'égard  de  l'Homme  sans  Pa- 
trie fut  mis  à  exécution  aussitôt  après  son  embarquement.  On 
ne  lui  permettait  de  parler  aux  hommes  de  l'équipage  qu'en 
présence  d'un  officier.  Quelquefois  il  mangeait  à  la  table  com- 
mune, mais  dans  toutes  les  autres  circonstances  il  mangeait 
tout  seul  dans  sa  chambre.  Il  portait  volontairement  l'uniforme 
de  l'armée,  sans  en  porter  les  boutons,  car  sur  ces  boutons 
étaient  les  armes  du  pays  qu'il  avait  désavoué.  On  ne  le  laissait 
jamais  aller  à  terre,  même  lorsque  le  navire  passait  des  mois 
entiers  dans  le  port.  Il  lisait  beaucoup,  mais  quelqu'un  parcou- 
rait toujours  le  journal  ou  le  livre  et  avait  soin  d'enlever  tout 
ce  qui  faisait  allusion,  même  de  la  manière  la  plus  éloignée, 
aux  États-Unis.  Un  jour  un  homme  de  l'équipage  emprunta 
des  livres,  parmi  lesquels  se  trouvait  le  Lai  du  dernier  Mé- 
nestrel {[).  Personne  à  bord  n'avait  jamais  vu  cet  ouvrage  et 
personne  ne  songea  à  y  chercher  des  allusions  aux  États-Unis. 
Nolan  lut  pendant  quelque  temps  tout  haut  ;  il  pâlit,  puis  il 
continua  et  enfin  il  fut  obligé  de  s'arrêter  à  demi  suffoqué.  Il 
tressaillit  en  lisant  ces  mots  :  «  Existe-t-il  un  homme  assez  dé- 
pourvu d'càme  pour  ne  s'être  jamais  dit  :  Voilà  ma  patrie,  ma 
terre  natale?  (^)  »  11  jeta  le  livre  dans  la  mer  et  ne  sortit  pas 
de  chez  lui  pendant  plusieurs  mois. 

Philip  Nolan  vécut  jusqu'à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Il  a  dû 
parcourir  toutes  les  mers,  mais  jamais  il  n'a  mis  le  pied  sur  la 
terre.  Le  jour  de  sa  mort,  il  fit  venir  près  de  lui  le  capitaine 
du  navire  et  lui  dit  qu'il  n'avait  plus  longtemps  à  vivre,  et 

tl)  Le  premier  et  le  plus  célèbre  ouvrage  poétique  de  \V.  Scott; 
il  parut  en  1805.  (yotè  du  Traducteur.) 

C5)  t;  Breathes  there  the  man  with  soûl  so  dearl, 
Who  never  to  himself  hath  said, 
This  is  my  own,  my  native  land  !  » 

(Canto  Sixth,  i.) 
{Xote  du  Traducteur.) 
22 


338  IIIGH   SCHOOLS. 

qu'il  le  priait  de  lui  raconter  tout  ce  qu'il  savait  sur  les  Etats- 
Unis.  Le  capitaine  satisfit  son  désir  et  ensuite  il  le  quitta,  ne 
voulant  pas  le  fatiguer.  Lorsîju'il  revint,  l'IIoinnie  sans  Patrie 
était  mort.  Sur  sa  Bible  il  avait  écrit  :  «  Ensevelissez-moi  dans 
la  mer,  elle  a  été  ma  patrie  et  je  l'aime.  » 

Alice  B. 
Age  :  quinze  ans. 
Sandusky  (Ohio). 


7.     —  IL  Y  A  CENT  ANS. 

Comme  ce  temps  nous  paraît  long,  à  nous  autres  enfants! 
Une  seule  semaine  nous  semble  tout  un  mois;  et,  lorsque 
nous  pensons  à  un  siècle  et  à  quelques-uns  des  événements  re- 
marquables qui  ont  eu  lieu  pendant  cette  période,  nous  croyons 
rêver. 

Combien  parmi  ces  vétérans,  qui  sont  tombés  dans  la  cause 
de  leur  pays,  ont  disparu.  Songez  à  leur  courage  indomptable 
et  à  leur  véritable  intrépidité,  aux  périls  qu'ils  ont  bravés  sur 
terre  et  sur  mer,  à  toutes  les  privations  qu'ils  ont  souffertes 
pour  la  glorieuse  cause  de  la  liberté.  Comme  nous  devrions 
être  reconnaissants  des  bienfaits  dont  nous  jouissons!  comme 
nous  devrions  remercier  Dieu  de  nous  avoir  épargné  les 
épreuves  et  les  sacrifices  qu'il  a  imposés  à  nos  ancêtres  ! 

A  l'époque  où  les  troupes  anglaises  s'emparèrent  de  New 
York,  mes  grands  parents,  qui  habitaient  dans  la  basse  ville, 
furent  obligés  d'abandonner  leur  demeure  et  tout  ce  qu'elle 
contenait,  et  de  fuir  pour  sauver  leur  vie. 

Ils  emportèrent  avec  eux  leurs  petits-enfants,  dont  l'un  avait 
deux  ans  et  dont  l'autre,  mon  grand'papa,  était  tout  petit.  Ils 
traversèrent  l'IIudson  sur  un  petit  bateau,  et  marchèrent  pen- 
dant 30  nulles  sans  s'arrêter.  Il  faisait  très-chaud  ce  jour-là, 
et  ma  grand'mère  fut  sur  le  point  de  s'évanouir  de  fatigue  et 
de  besoin. 

Son  mari  put  se  procurer  un  peu  d'eau  à  une  source  sur  le 
bord  du  chemin  II  lui  en  fit  boire  et  lui  mouilla  les  tempes  ;  il 
parvint  ainsi  à  la  ranimer.  Ils  se  cachèrent  derrière  des  buis- 
sons pour  se  reposer  un  peu,  après  ce  long  et  pénible  voyage. 
Ils  entendirent  tout  à  coup  remuer  quelque  chose  dans  le  bois, 


HISTOIRE.  339 

et  au  même  instant  douze  vestes  rouges  (1)  passèrent  à  un  pied 
d'eux  et  touchèrent  presque  les  buissons  derrière  lesquels  ils 
étaient  cacliés. 

Ma  grand'mère  disait  qu'il  n'y  avait  pas  de  paroles  pour 
exprimer  l'angoisse  qu'elle  éprouva  pendant  ce  terrible  moment. 
Elle  serra  contre  sou  sein  son  petit  enfant,  a(in  qu'aucun  cri 
ne  s'échappât  de  ses  lèvres  et  ne  trahît  leur  présence.  Ils  restè- 
rent étendus  en  retenant  leur  haleine,  jusqu'à  ce  que  les  soldats 
fussent  passés  ;  puis  ils  tombèrent  à  genoux  et  remercièrent  Dieu 
d'avoir  bien  voulu  les  délivrer  à  l'heure  affreuse  du  danger. 

Lorsqu'ils  revinrent  à  New  York,  ils  trouvèrent  leur  maison 
presque  complètement  brûlée.  Ils  vécurent  plus  de  quatre- 
vingt-dix  ans,  et  jamais  ce  jour  affreux  ne  s'effaça  de  leur 
mémoire. 

Ce  n'est  là  qu'un  des  nombreux  événements  terribles  qui 
eurent  lieu  pendant  notre  lutte  pour  l'Indépendance.  Je  me  dé- 
ni ande  quelquefois  ce  que  j'aurais  fait  au  milieu  des  dangers 
d'il  y  a  cent  ans.  Je  crains  bien  que  mon  courage  et  mon  pa- 
triotisme ne  fussent  restés  bien  au-dessous  de  ceux  de  mes  an- 
cêtres. Mais  je  sais  que  Dieu  a  soutenu  ces  âmes  braves,  et 
il  m'aurait  peut-être  soutenue  aussi  si  j'avais  mis  toute  ma 
conliance  en  lui. 

C'étaient  là  des  temps  qui  mettaient  à  l'épreuve  les  âmes  des 
hommes.  La  mémoire  de  ceux  qui  ont  versé  leur  sang  pendant 
la  Révolution  ne  devra  jamais  être  oubliée.  Songez  à  notre 
Paul  Révère  !  Le  sort  de  notre  nation  dépendit  de  sa  volonté 
indomptable  pour  le  bien.  Quelle  renommée  immortelle  il  a 
gagnée  par  cette  chevauchée,  que  son  patriotisme  lui  fil  entre- 
prendre pendant  cette  nuit  terrible!  On  se  souviendra  éternel- 
lement de  la  dernière  recommandation  qu'il  fit  à  son  ami 
Robert  Xewmann  de  suspendre  une  lanterne  dans  la  tour  de 
la  vieille  église  du  nord  : 

(L  Une  si  les  Anglais  ijuittentla  ville  par  terre,  et  deux  s'ils  la 
quittent  par  mer  ('2)  ». 

(^ornme  il  sauta  vite  à  cheval  et  comme  il  traversa  le  Middle- 
sex  !    C'était    par  une  belle  nuit  d'avril;   la  lune  répandait  sa 


{■[)  Les  soldais  anglais  portent  une  veste  rouge   et   des   pantalons 
bleus.  (Note  du  Traducteur.) 

(2j  «  One,  if  by  land,  and  two,  if  by  sea.  » 
Longfellow  (Ta/es  o/"  rt  ivaijside  inn),   The  Landlord's  taie,  Va\\\ 
Revere's  ridej.  (lYo/e  du  Traducteur.) 


340  HIGH   SCHOOLS. 

lumière  sur  tout  le  paysage.  L'hiver  avait  été  exception- 
nellement doux,  et  le  printemps  avait  commencé  de  bonne 
heure.  On  voyait  onduler  sur  la  plaine  les  premiers  blés, 
et  l'air  était  chargé  de  doux  parfums.  Les  rouges-goi'ges  sif- 
llaient,  les  merles  chantaient  et  la  jiuix,  la  douce  paix,  régnait 
partout.  Paul  Révère  chevauchait,  l'apide  comme  l'éclair,  dans 
les  villages,  il  éveillait  ceux  qui  dormaient  et  leur  annonçait  h' 
danger.  11  était  une  heure  du  matin  lorsqu'il  entra  dans  Lexing- 
ton,  évitant  partout  les  patrouilles  ({ue  les  Anglais  avaient  en- 
voyées pour  intercepter  la  nouvelle.  Intercepter  la  nouvelle  ! 
11  eût  été  aussi  facile  d'arrêter  le  soleil.  Et,  de  même  qu'il  y  u 
bien  longtemps  les  chœurs  des  anges  murmurèrent  :  «  Gloire 
à  Dieu  au  plus  haut  des  cieux,  car  le  Christ  est  né!  »,  d-^ 
même  aussi  dans  cette  nuit  terrible  les  anges  inspirèrent  au  bon 
peuple  ce  cri  d'allégresse  :  «Paix  aux  hommes,  l'Amérique  est 
née  !  »  Que  de  cœurs  furent  brisés  pendant  cette  nuit-là  !  Que  de 
fovers  virent  répandre  des  larmes!  Combien  de  nos  fidèles  an- 
cêtres se  dirent  alors  un  dernier  adieu  et  ne  se  revirent  plus 
sur  la  terre  !  Mais  nous  espérons  que,  sur  ces  rivages  étern<'ls 
oîi  la  douleur  de  la  séparation  est  inconnue  et  où  les  batailles 
de  la  vie  sont  terminées,  ils  recevront  de  riches  récompenses 
pour  toutes  leurs  souffrances. 

Dieu  soit  loué,  nous  sommes  tous  en  paix,  tous  libres!  Je 
crois  que  la  bénédiction  de  Dieu  était  avec  nous  dans  ces  temps 
de  troubles  et  de  fatigues.  Je  crois  vraiment  que  c'est  lui  qui  a 
inspiré  ces  nobles  cœurs,  La  Fayette  et  Kosciuszko  et  qui  leur  a 
fait  quitter  leurs  demeures  et  leurs  foyers,  pour  aller  secourir 
leurs  frères  sur  un  sol  étranger.  Ils  s'enrôlèrent  sous  notre 
bannière  à  l'heure  la  plus  sombre  de  notre  Révolution . 
(U  ils  furent  véritablement  des  anges  d'espérance  pour 
^Vashington,  au  moment  où  l'abattement  se  lisait  sur  le  front 
de  plus  d'un  soldat  américain.  Lorsque  nos  nobles  guerriers 
étaient  épuisés  par  les  fatigues  de  toute  espèce,  ils  vinrent 
leur  inspirer  de  nouvelles  espérances  et  les  soulager.  De  tous 
les  noms  illustres  qui  sont  inscrits  sur  le  livre  de  gloire  de 
notre  pays,  celui  de  La  Fayette  est  le  premier  après  celui  de 
\Vashington. 

Qui  d'entre  nous  n'apprécie  pas  les  progrès  que  nous  avons  faits 
pendant  les  cent  ans  qui  viennent  de  s'écouler?  Les  perfection- 
nements remarquables  apportés  dans  les  moyens  de  transport, 
les  nombreuses  et  importantes  inventions  qui  ont  vu  le  jour 
pendant  celte  période  ? 


IIISTOIIŒ.  3ii 

On  se  rendait  alors  d'un  endroit  à  Taulre  dans  des  dili- 
gences, et  on  passait  des  jours  entiers  en  voyage,  tandis  qu'au- 
jourd'hui la  locomotive  nous  fait  parcourir  des  centaines  de 
milles  en  quelques  heures.  On  voyageait  aussi  beaucoup  à 
cheval.  On  traversait  les  fleuves  dans  de  petits  bateaux,  traînés 
par  des  chevaux.  Maintenant  nos  beaux  fleuves  portent  des 
palais  flottants,  qui  glissent  à  leur  surface  comme  des  cygnes. 
On  se  servait  autrefois  de  sloops  (1),  et  lorsque  le  courant 
était  contraire,  on  mettait  toute  une  semaine  à  remonter  l'Hud- 
son  jusqu'à  Albany. 

Je  pense  que  l'invention  la  plus  importante  a  été  celle  du  té- 
légraphe électrique.  Lorsque  l'on  plaça  les  poteaux  et  que  nous 
vîmes  la  communication  par  terre  si  rapide  et  si  complète, 
nous  pensions  que  c'était  la  plus  remarquable  découverte  qui 
eût  jamais  été  faite.  Mais,  mainteuant  qu'il  s'étend  presque  sur 
le  monde  entier,  et  qu'il  porte  des  messages  d'amour  et  d'ami- 
tié dans  les  pays  éloignés,  combien  ne  devons-nous  pas  louer 
Dieu  d'avoir  suggéré  cette  invention  aux  hommes  de  bien  de 
cette  terre  bénie  ! 

Que  penseraient  de  nous  nos  bons  vieux  grands-pères  et  nos 
bonnes  vieilles  grand'mères  s'ils  nous  voyaient  maintenant? 
J'aime  à  entendre  parler  du  bon  vieux  temps,  oii  le  rouet  occu- 
pait le  principal  coin  de  la  chambre  et  était  la  principale  occu- 
pation de  nos  grand'mères.  J'aime  à  entendre  parler  de  ces 
vieux  costumes,  simples  mais  élégants,  et  des  petites  tasses  de 
porcelaine  dans  lesquelles  nos  grands-pères  buvaient.  J'aime  à 
entendre  parler  du  véritable  bonheur  qui  régnait  à  leur  foyer 
«  il  y  a  cent  ans  ». 

Marmie  h. 
Age  :  treize  ans. 
Orange,  comté  d'Essex  (New  Jersey). 


8.    —  LES    ('    DÉTECTIVES    ))    DE   l'HISTOIRE. 

Les  prétendus  «  détectives  »  de  l'histoire  dépouillent  les  lé- 
gendes traditionnelles  de  toute  apparence  de  réalité,  et  nous 
privent  ainsi  d'un  de  nos  plaisirs  les  plus  vifs. 

Un   village  a-t-il  précieusement    conservé    le   souvenir  de 

(i)  Petit  bâtiment  à  un  seul  màt. 


342  HIGH    SCHOOLS. 

quelque  illustre  exploit,  [>our  le  transmellre  aux  génératious 
futures  comme  un  exemple  ('datant  (h;  courage  et  de  lidélité, 
un  de  ces  «  détectives  »  viendra  j)rouver  que  cet  exploit 
fameux  n'est  qu'un  mythe. 

Avec  (|uelle  tristesse  les  Suisses  n'ont-il  pas  dû  entendre  an- 
noncer qu'Arnold  de  \Vinkelried  (1),  ce  héros  dont  ils  célèhrent 
les  exploits,  n'était  qu'un  personnage  légendaire,  qui  se  re- 
trouve dans  les  traditions  de  tous  les  pays! 

A  peine  remis  de  cette  émotion,  ils  entendent  ce  cri,  qui  les 
glace  d'effroi  :  «  Quel  est  ce  Guillaume  Tell,  dont  vous  êtes  si 
fiers?  Moi,  le  Professeur  X,  je  puis  vous  prouver,  au  moyen 
de  pamphlets  que  j'ai  en  ma  possession,  qu'il  n'a  jamais 
existé!  » 

Les  hahitants  du  petit  village  de  Domréiny,  patrie  de  Jeanne 
d'Arc,  ne  furent  pas  peu  surpris,  au  milieu  des  fêtes  qu'ils 
faisaient  comme  d'habitude  en  l'honneur  de  l'héroïne,  lors- 
qu'ils apprirent  que  cette  Jeanne  d'Arc  qui  avait  sauvé  la 
France  et  qui  était  morte  sur  un  bûcher,  n'avait  jamais  existé 
que  dans  leur  fertile  imagination. 

Un  mythe  aussi,  Pocahonlas,  cette  charmante  Indienne  dont 
nos  livres  classiques  nous  racontent  l'histoire  comme  un  évé- 
nement véritable,  histoire  que  les  écoliers  lisent  toujours  avec 
un  nouveau  plaisir  ! 

On  commence  maintenant  à  révoquer  en  doute  l'existence 
d'Homère  et  d'Ossian,  ces  noms  qui  ont  été  pour  nous  la  source 
de  tant  de  joies  intimes  et  sur  l'authenticité  desquels  tout  le 
monde  était  d'accord. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  triste,  et  ce  qui  tend  le  plus  à 
nous  faire  perdre  toute  croyance  dans  les  événements  rapj)or- 
lés  par  la  tradition,  c'est  l'opinion  de  quelques  personnes  sur 
les  pièces  de  Shakespeare  ;  ces  pièces,  dit-on,  ne  sont  pas  de 
Shakespeare,  elles  furent  écrites  par  François  P)acon  (;2). 

(1)  Héros  suisse  du  xiv^  siècle.  A  la  bataille  de  Sempach,  6  juil- 
let 1386,  les  chevaliers  autrichiens  formant  ime  phalange  impMiétrablc, 
il  saisit  une  quantité  de  lances  qui  le  blessèrent  mortellement;  mais 
en  les  entraînant  dans  sa  chute,  il  ouvrit  une  brèche  à  ses  compa- 
gnons cl  leur  procura  la  victoire.  On  lui  a  élevé  une  statue  qui  le 
représente  au  moment  où  il  accomplit  cet  exploit. 

.     (Xote  du  Traducteur). 

(2)  Cette  opinion  paradoxale  l'ut  émise  au  commencement  de  ce 
siècle  par  Smilh,  littérateur  anglais  peu  connu. 

{Note  du  Traducteur). 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  343 

Pendant  longtemps,  on  a  discuté  très-vivement  la  question 
de  savoir  comment  Shakespeare,  qui  n'avait  aucune  instruction 
scientifique,  avait  pu  écrire  des  ouvrages  que  le  monde  savant 
admire  encore  pour  les  vastes  connaissances  qu'ils  révèlent 
chez  l'auteur.  Ouel  qu'ait  été  son  génie,  disait-on,  il  n'a  pu 
aller  jusque-là.  On  pense  maintenant  avoir  trouvé  le  mot  de 
cette  ém'gme.  L'auteur  de  ces  pièces,  disent  les  «  détectives  », 
c'est  François  Bacon,  qui  vivait  à  l'époque  de  Shakespeare, 
et  qui  avait  assez  de  génie  et  assez  de  science  pour  écrire  de 
pareils  ouvrages. 

Cependant,  comme  la  question  n'est  pas  encore  décidée,  il 
faut  espérer  qu'en  1976  quelque  savant  américain  pourra,  par 
un  etfort  de  génie,  éclaicir  ce  point  douteux. 

Elizabeth  t. 
Age  :  dix-huit  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin). 


Vllf.  —  Conipo.«»itioiis   politiques^. 

1.   —  CONSTITUTION   DES  ÉTATS-UNIS  (1). 

(l""'  année.) 

1.  Quel  ohjet  se  sont  proposé  les  habitants  des  États-Unis 
en  établissant  leur  Constitution? 

Rép.  —  Ils  ont  voulu  former  une  union  plus  parfaite,  éta- 
blir la  justice,  assurer  leur  tranquillité  domestique,  pourvoir  à 
leur  défense  commune,  favoriser  le  bien-être  général,  et  se 
réserver  pour  eux  et  pour  leurs  descendants  les  bienfaits  de  la 
liberté. 

2.  En  combien  de  départements  se  divise  le  gouvernement? 
Quelles  sont  les  attributions  de  chaque  département? 

Rép.  —  En  trois  départements,  savoir  :  législatif,  exécutif 
et  judiciaire.  Le  département  législatif  fait  les  lois;  le  dépar- 
tement  exécutif  fait  exécuter  ces  lois  ;  le  département  judi- 

(])  Ce  devoir  contient  80  questions;  nous  supprimons  celles  aux- 
quelles l'élève  n'a  pu  répondre  et  quelques  autres  relatives  à  de 
détails  et  qui  exigeraient  de  longs  éclaircissements. 


344  lllGH    SCHOOLS. 

ciairc  décido  si  ces  lois  sont  coiislifutioniielles,  et  il  les  inler- 
prèle, 

3.  De  quoi  s'occupe  le  premier  article  d  >  la  Constitution? 

Rép.  —  Du  département  législatif. 

i.  Citez  la  première  section  de  l'article  premier. 

Rép.  —  Tout  le  pouvoir  législatif  donné  par  la  présente  ré- 
sidera dans  un  Sénat  et  dans  une  Chambre  des  représentants. 

5.  Quel  est  l'avantage  d'avoir  deux  Chambres  dans  le  Con- 
grès? 

Rép.  —  L'une  peut  servir  à  modérer  l'autre. 

6.  Quand  élit-on  les  représentants? 

Rép. —  Une  fois  tous  les  deux  ans  ;  les  années  paires,  comme 
1874,  7-2,  etc. 

7.  Quel  est  le  Congrès  qui  siège  maintenant  et  quaml  ses 
pouvoirs  expirent-ils  ? 

Rép. —  C'est  le  quarante-quatrième  Congrès,  e(  ses  pouvoirs 
expireront  en  1877, 

8.  Quelles  sont  les  conditions  que  doit  rciuplir  un  rej)résen- 
tant? 

Rép.  —  Il  doit  avoir  vingt-cinq  ans,  résider  dans  l'Élat  <jui 
le  choisit,  et  être  citoyen  des  États-L'nis  depuis  sept  ans. 

9.  Comment  remplit-on  les  vacances  dans  la  Chambre? 
Rép.  —  Le  gouverneur  convoque  les  électeurs  de  l'État  dans 

lequel  la  vacance  s'est  produite. 

10.  Les  fonctionnaires  de  la  Chambre  sont-ils  élus  ou  nom- 
més ?  Par  qui  ? 

Réj).  —  Ils  sont  élus  par  la  Chambre. 

41.  Quelles  sont  les  personnes  qui  composent  le  Sénat"' 

Rép.  —  Des  hommes;  chaque  État  en  fournit  dix. 

12.  Par  qui  sont-ils  élus,  et  pour  combien  de  temps? 
Rép.  —  Par  le  Congrès;  pour  six  ans. 

13.  Que  dit  la  Constitution  sur  les  sénateurs  sortants  et  sur 
les  vacances? 

Rép.  —  Les  sénateurs  se  divisent  en  trois  classes  :  l'une  de 
ces  classes  sort  de  charge  tous  les  trois  ans.  En  cas  de  vacance, 
le  gouverneur  de  l'État,  oi!i  elle  se  produit,  désigne  un  séna- 
teur qui  remplit  cette  vacance  jusqu'à  la  prochaine  réunion  du 
Congrès.  Si  le  Congrès  est  réuni  au  moment  on  la  vacance  se 
produit,  il  élit  immédiatement  un  sénateur. 

11.  Quelles  sont  les  conditions  exigées  pour  être  sénateur? 
Rép.  —  11  faut  être  âgé  de  trente  ans,  être  depuis  dix  ans 

citoven  des  États-Unis,  et  résider  dans  l'État  où  l'on  est  choisi 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  345 

15.  (Jui  est  président  du  Sénat? 

Rép.  —  Le  vice-président  des  États-Unis. 

16.  <}ue  dit  la  Constitution  sur  l'accusation  pul)liquo? 

Rép.  —  La  Chambre  a  le  droit  de  présenter  un  acte  d'accu- 
sation publique,  et  le  Sénat  a  le  droit  d'instruire  le  procès. 
Tout  grand  fonctionnaire  du  g-ouvernement  peut  être  ainsi  ac- 
cusé. Lorsque  le  Sénat  instruit  un  procès  de  ce  genre,  toutes 
les  affirmations  doivent  être  faites  sous  la  foi  du  serment,  et 
on  exige  la  présence  des  deux  tiers  des  sénateurs  pour  pronon- 
cer une  condamnation.  Lorsque  le  président  des  Etats-Unis 
est  mis  en  accusation,  c'est  le  Grand  Juge  des  Etats-Unis  qui 
préside.  Personne  ne  peut  faire  grâce  au  fonctionnaire  qui  a 
été  condamné. 

17.  Que  dit  la  Consliiulion  sur  les  élections? 

Rép.  —  Chaque  État  a  le  pouvoir  de  fixer  l'époque  des  élec- 
tions pour  le  Congrès,  mais  le  Congrès  peut  changer  cette 
époque  s'il  le  juge  convenable.  Les  États  fixent  le  jour  pour 
l'élection  des  sénateurs  des  États-Unis. 

18.  Combien  de  fois  le  Congrès  doit-il  se  rassembler,  et  quel 
jour? 

Rép.  —  Au  moins  une  fois  par  an,  le  premier  lundi  de  dé- 
cembre. 

19.  Que  dit  la  Constitution  sur  la  vérification  des  pouvoirs 
des  députés?  Quel  nombre  de  députés  faut-il  pour  former  un 
quorum  (1)  dans  chaque  Chambre. 

Rép.  —  Chaque  Chambre  vérilie  elle-même  les  pouvoirs  de 
ses  membres,  La  majorité  des  membres  de  chaque  Chambre 
forme  un  quorum. 

'20.  Que  dit  la  Constitution  sur  le  journal  (2)? 

Rép.  —  Chaque  Chambre  tient  un  journal,  où  sont  inscrits 
les  procès-verbaux  de  ses  séances.  Elle  le  publie  de  temps 
en  temps,  à  l'exception  des  parties  qui  ne  doivent  pas  être 
divulguées. 

21.  Le  président  peut-il  ajourner  la  seisson  du  Congrès? 
Rép. —  -Non,  à  moins  que  les  deux  Chambres  ne  puissent  pas 

s'entendre  pour  fixer  le  jour  oîi  elles  s'ajourneront. 

22.  Que  dit   la   Constitution    sur  les    appointements    des 


(ij  Quorum  :  nombre  de  députés  suffisants  pour  que  la   Clumibn 
puisse  délibérer  légalement.  {Note  du  TraducLeur.) 

('2j  Compte  rendu  des  séances.  (Xote  du  Traducteur.) 


346  iiiGii  sciiooLS. 

mLMiil)res  du  Conj^a'ès,  sur  leur  inviolabilité,  sur  racceptalion 
d'autres  fonctions? 

lîep.  — -  Les  membres  du  Congrès  sont  payés  sur  les  fonds 
du  trésor  des  Etats-Unis.  On  ne  })eut  les  arrêter  lorsqu'ils  sont 
en  séance,  lorsqu'ils  se  rendent  aux  séances  ou  qu'ils  en  re- 
viennent, que  dans  le  cas  de  crime  capital,  de  trahison  et  d'at- 
tentat contre  l'oi'dre  public.  Ils  sont  exempts  de  toute  autre 
fonction  pendant  la  durée  de  leur  mandat. 

^3.  PouiMjuoi  a-t-ou  donné  au  Congrès  le  droit  d'assembler 
la  milice  des  États-Unis? 

Rc'p.  —  Pour  qu'il  puisse  repousser  les  invasions  ou  ré})ri- 
mer  les  insurrections. 

24.  A  quelle  époque  a  été  abolie  la  Traite  des  Noirs? 
Rép.  —  En  1808. 

25.  Qu'enlend-on  par  une  ordonnance  dliabcas  corpus  (V)'! 
Qu'en  dit  la  Constitution? 

Rép.  —  Ces  deux  mots  signilient  que  tu  aies  le  corps.  La 
force  de  cette  ordonnance  ne  peut  être  suspendue  (|ue  dans 
les  cas  d'insurrection,  lorsque  cette  mesure  est  absolument 
nécessaire  pour  l'intérêt  public. 

26.  Ou'est-ce  qu'un  biU  of  attaincJer?  Qu'est-ce  que  c'est 
qu'une  loi  ex  post  facto? 

Rép.  — -  Une  loi  ex  post  facto  est  une  loi  faite  après  qu'un 
crime  a  été  commis,  pour  punir  ce  crime  (2). 

(1)  Celte  loi,  une  des  plus  grandes  conquêtes  faites  par  les  Anglais 
sur  le  despotisme,  se  trouvait  dans  la  Grande  Charte;  mais  elle 
avait  été  éludée  par  l'adresse  des  hommes  de  procédure  et  par  les 
mesures  oppressives  du  gouvernement.  Elle  fut  remise  en  vigueur 
par  un  Bill  voté  par  la  Chambre  des  Communes  d'Angleterre  en  1679. 
En  vertu  de  ce  bill,  le  juge  ne  peut  refuser,  à  quelque  prisonnier 
que  ce  soit,  dans  les  vingt-quatre  premières  heures  de  son  arresta- 
tion, l'ordre  dliabeas  corpus,  qui  oblige  le  geôlier  à  le  produire 
devant  la  cour  que  cet  ordre  désignera,  et  où  sera  vérifiée  la  cause 
de  son  emprisonnement;  si  la  cour  le  fait  élargir,  on  ne  peut  le 
remettre  en  prison  pour  le  même  sujet. 

Victor  Duruy  (Histoire  de  VEurope,  depuis   1610  jusqu'à    1789, 
page  167).  [Noie  du  Traducteur.) 

(2j  Pas  de  réponse  à  la  première  partie  de  la  question. 

Un  bill  d'attainder  est  une  loi  votée  contre  un  particulier.  En 
Angleterre,  pour  condamner  un  accusé,  il  Aiut,  non-seulement  que 
les  juges  soient  convaincus  de  sa  culpabilité,  mais  qu'il  y  ait  une 
preuve  légale  que  deux  témoins  au  moins  déposent  contre  l'accusé. 
Or,  pour  atteindre  un  homme  présumé  coupable   de  haute  trahison 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  SU 

"11.  Que  dit  la  Constitution  au  sujet  des  droits  de  douane  sur 
Jes  objets  exportés? 

Rép.  —  Elle  dit  que  les  objets  exportés  ne  seront  soumis  à 
aucun  droit  de  douane. 

28.  Quelle  est  la  seule  manière  dont  on  puisse  disposer  des 
fonds  du  trésor? 

Rép.  —  Par  allocation  du  Congrès. 

29.  Que  dit-on  des  titres  de  noblesse,  et  de  l'acceptation  de 
présents? 

Rép.  —  Un  citoyen  ne  recevra  aucun  titre  de  noblesse.  Per- 
sonne n'a  le  droit  d'accepter  un  présent  d'aucun  État  ou  d'aucun 
royaume  étranger  à  moins  que  le  Congrès  ne  le  permette. 

30.  Indiquez  quelques-unes  des  cboses  qu'un  État  n*a  pas  le 
droit  de  faire. 

Rép.  —  Un  État  n'a  pas  le  droit  de  frapper  monnaie,  de  lever 
ou  d'entretenir  une  armée  sur  son  territoire,  excepté  dans  les 
cas  de  nécessité  absolue,  par  exemple  pour  repousser  une  inva- 
sion, etc.  Il  ne  peut  pas  délivrer  des  lettres  de  marque  ou  de 
représailles  (1). 

31.  De  quoi  traite  l'article  2? 

Rép.  —  Du  Président,  de  ses  devoirs,  de  la  manière  dont  il 
est  élu,  et  aussi  du  Vice-Président. 

32.  Quel  est  le  nombre  d'électeurs  assigné  à  chaque  État? 
Rép.  —  Un  nombre  égal  au  total  des  sénateurs  et  des  repré- 
sentants. 

33.  De  quelle  manière  le  Président  et  le  Vice-Président  sont- 
ils  élus? 

Rep.  —  On  désigne  et  on  élit  les  électeurs.  Les  électeurs  qui 
ont  reçu  le  plus  de  suffrages  se  rassemblent  dans  la  capitale  de 
leurs  États  respectifs.  Là  ils  votent  pour  leur  candidat  à  la  prési- 
dence et  à  la  vice-présidence.  Ces  votes  sont  cachetés  et  on  les 
transmet  au  président  du  Sénat.  Ce  dernier  les  ouvre  en  pré- 


el  qu'il  ne  serait  pas  possiljie  de  faire  condamner  par  la  loi,  on 
porte  contre  lui  un  bill  d'atlainder,  qui  est  discuté  dans  les  Cham- 
bres comme  une  loi  générale. 

Victor  Duruy  [Histoire  de  l'Europe,   depuis  IGIO  jusqu'à  178^, 
page  61).  [Note  du  Traducteur. ) 

(1)  On  appelle  ainsi  des  actes  du  gouvernement  qui  autorise,  en 
temps  de  guerre,  un  particulier  à  armer  et  équiper  un  navire  pour 
courir  sus  aux  ennemis.  Ce  sont  ces  lettres  qui  distinguent  le  Cor- 
saire du  Pirate.  {Note  du  Traducteur.) 


348  HiGH  scnooLs. 

sence  des  doux  cluuiibrcs  du  Congrès,  et  proclame  le  nom  de 
l'élu. 

3i.  Si  le  Président  el  io  Vice-Président  étaient  écartés  de 
leur  charge  ou  venaient  à  mourir,  par  qui  seraient  rem{)lies  les 
fonctions  de  président? 

Rép.  —  Par  le  président  de  la  Chambre  des  re})résentants 
sil  n'y  avait  pas  de  président  intérimaire  du  Sénat, 

30.  Quelles  sont  les  conditions  que  doit  remplir  le  Présideiit? 

Rép.  —  Il  doit  être  âgé  de  trente-cinq  ans.  Il  doit  être  né 
citoyen  et  avoir  résidé  pendant  quatorze  ans  aux  États-Unis. 

37.  Quels  senties  appointements  du  Président  des  Etats-Unis? 
Rép.  —  Il  reçoit  cinquante  mille  dollars  par  an. 

38.  Que  doit  faire  le  Président  avant  d'entrer  en  fonctions? 
Rép.  —  11  doit  jurer  solennellement  de  metli'e  tous  ses  soins 

à  maintenir  la  Constitution  des  États-Unis. 

39.  Comment  est  composé  le  cabinet  qui  aide  le  Président 
à  s'acquitter  de  ses  fonctions. 

Rép.  —  Il  se  compose  du  secrétaire  d'État,  des  secrétaires 
de  la  Guerre,  de  la  .Marine,  des  Finances,  de  l'Intérieur,  de 
l'Avocat  général  el  du  Directeur  général  des  Postes. 

10.  Indiquez  quelques-uns  des  devoirs  du  Président  dont  la 
Constitution  fait  menlion. 

Rép.  —  Il  doit  veiller  à  la  fidèle  exécution  des  lois.  C'est  lui 
(jui  commissionne  les  oi'iiciiM's  des  États-Unis,  reçoit  les  am- 
bassadeurs, les  ministres  étrangers,  etc.,  etc. 

41.  Comment  le  Président  el  le  Vice-Président  peuvent-ils 
être  écartés  de  leur  charge  ? 

Rép.  —  Par  la  mort  ou  par  la  mise  en  accusation. 

42.  De  quoi  traite  l'article  3? 

Rép.  —  Du  département  de  la  Justice. 

43.  Les  juges  de  la  Cour  suprême  sont-ils  nommés  ou  élus? 
Par  qui? 

Rép.  —  Ils  sont  nommés  par  le  Président. 

il.  Comment  tous  les  crimes  doivent-ils  être  jugés? 

Rép.  —  Par  le  jury. 

45.  Que  dit  la  loi  au  sujet  de  l'admission  de  nouveaux  États? 
Rép.  —  De  nouveaux  Etats  peuvent  être  admis  dans  l'Union 

moyennant  le  consentement  du  Congrès  des  États-Unis,  du 
Président  et  de  l'Assemblée  des  États  qui  en  font  la  demande. 

46.  Qui  fait  les  lois  pour  les  Territoires  (1)? 

(1)  Voir  la  note  de  la  page  :2()G. 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  349 

Rép.  —  Le  Congrès. 

il.  Qu'est-ce  que  la  Constitution  garantit  à  chaque  État? 

Rép.  —  Vn  gouvernement  républicain,  et  la  protection  contre 
l'invasion. 

48.  Comment  peut-on  modifier  la  Constitution? 

Rép.  —  En  faisant  adopter  des  modilications  par  une  majo- 
rité des  deux  tiers  des  membres  du  Congrès.  Il  faut  aussi  que 
ces  modifications  soient  adoptées  par  les  trois  quarts  des  Étals. 

19.  Quelle  est  la  loi  suprême  du  pays? 

Rép.  —  La  Constitution. 

50.  Que  dit  la  Constitution  au  sujet  d'une  religion  établie? 
Rép.  —  Elle  dit  que  le  Congrès  ne  fera  aucune  loi  à  ce  sujet. 

51 .  Quel  esl  l'article  do  l'amendement  qui  interdit  l'esclavage  ? 
Rép.  —  L'article  13. 

52.  Que  dit  la  Constitution  d'un  sénateur  ou  d'un  représen- 
tant qui  a  violé  son  serment? 

Rép.  —  Le  sénateur  ou  le  représentant  qui  a  violé  son  ser- 
ment ne  peut  plus  remplir  aux  États-Unis  aucun  emploi  hono- 
rifuiue  ou  rétribué,  à  moins  que  le  Congrès  ne  le  relève  de  son 
incapacité. 

53.  Quel  est  l'article  15  de  l'amenaement? 

Rép.  —  Cet  article  dit  que  ni  les  considérations  de  race  ou 
de  couleur,  ni  un  état  antérieur  de  servitude  ne  pourront  enlever 
aux  citoyens  leur  droit  de  vote. 

51.  Combien  la  Constitution  contient-elle  d'articles?  Com- 
bien y  en  a-t-il  dans  l'Amendement? 

Rép.  —  La  Constitution  contient  sept  articles.  11  y  en  a  quinze 
dans  l'Amendement. 
55.  Quand  la  Constitution  est-elle  entrée  en  vigueur? 
Rep.  —  Le  i  mars  1789. 

Edward  J. 
Ago  :  quinze  ans. 
Groal  B'^ml  i  Ponnsvivanio). 


LE   SYSTEME   DU   JURY. 


En  traitant  ce  sujet  je  m'étendrai  sur  l'histoire  et  sur  l'ori- 
gine du  jury.  Ensuite  j'essayerai  d'en  faire  voir  quelques-uns  des 
abus.  Enfin  j'indiquerai  quelques  modifications  à  apporter  à  ce 
système  tel  qu'il  existe  maintenant. 


350  HIGll    SCHOOLS. 

Le  systètne  du  jury  est  d'une  origine  si  ancienne,  il  est  si 
inliniemenl  lié  aux  institutions  politi(iues  et  légales  de  plusieurs 
nations,  (ju'il  est  dillicile  et  presijue  impossible  d'iudiipier  la 
première  oi'igine  du  système  actuel.  Il  semble  cependant  cer- 
tain (|ue  différentes  nations  et  ditlérents  systèmes  ont  essen- 
tiellement contribué  à  la  formation  du  système  actuel  dans 
lequel  le  jury  se  compose  de  douze  bonnnes. 

La  première  trace  du  jury  (jue  nous  trouvions  dans  Tliistoire 
remonte  à  l'époque  des  Grecs.  C'est  Solon  (jui ,  dans  sa 
constitution,  institua  le  jugement  par  un  jury.  Ce  jury  ne 
jugeait  pas  en  première  instance,  mais  seulement  dans  les  cas 
d'appel  d'un  autre  tribunal.  Ce  système  fut  ensuite  cliangé  et 
modilié  par  Clistbènes.  Les  driastes,  comme  on  les  appelait,  for- 
mèrent un  grand  corps  de  plusieurs  milliers  d'hommes.  On  en 
choisissait  un  plus  petit  nombre  pour  juger  le  procès  qui  était 
porté  devant  leur  juridiction.  Après  le  procès,  les  driastes 
déposaient  leurs  votes  dans  des  urnes,  et  la  majorité  décidait  de 
la  sentence.  En  leur  adressant  la  parole  on  se  servait  d'un  titre 
correspondant  à  celui  de  «  Messieurs  les  Jurés  ». 

Nous  trouvons  aussi  dans  les  judices  (1)  des  lîomains  un 
corps  qui  se  rapprochait  beaucoup  de  notre  jury.  Le  nombre 
des  Judices  ne  nous  est  pas  conim.  Quelquefois  il  était  très- 
grand,  quelquefois  il  était  moindre,  car  nous  savons  que  l'un 
des  plaidoyers  de  Cicéron  fut  prononcé  devant  un  seul  judex 
assisté  d'un  seul  consilium.  C'est  un  fait  bien  connu  que  les 
Romains,  lorsqu'ils  s'emparaient  d'une  province,  y  établissaient 
leurs  lois  et  leurs  institutions.  Pourquoi  n'en  conclurions-nous 
pas  que  le  système  du  jury  tel  qu'il  existe  en  Grande-Bretagne, 
et  d'oîi  nous  avons  tiré  le  nôtre,  dérive  des  Romains  qui  l'y 
auraient  établi  lors  de  la  première  conquête  des  Bretons  par 
Jules  César?  Mais  d'un  autre  côté  les  Saxons  introduisirent  en 
Angleterre  le  jugement  par  compurgators  (:2).  Quoi((ue  l'on 
connaisse  bien  peu  de  chose  sur  ces  compurgators,  toujours 


{[)  A  Uonie,  les  plaideurs  se  rendaient  d'abord  devant  le  Préteur, 
qui  leur  délivrait  la  Fonnule,  c'est-à-dire  l'indication  des  points  de 
fait  que  les  judices  avaient  à  examiner.  Celle  formule  indiquait  aux 
judices  la  sentence  qu'ils  devaient  prononcer. 

{"1)  On  appelait  ainsi  ceux  qui  témoignaient  par  serment  de  la 
véracité  ou  de  l'innocence  d'un  accusé..  I/liistorien  Gilbert  Burnet 
(1043-1710)  dit:  <(  Lord  Russel  defended  liimself  by  many  compurga- 
tors, who...  »  {^'otes  du  Traducteur. 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  351 

e>t-il  qu'ils  ont,  en  quelque  mesure,  formé  notre  système  acluel  ; 
ne  serait-ce  qu'en  fixant  le  nombre  du  petit  jury  à  douze 
hommes  au  lieu  du  grand  nombre  de  jurés  qui  siégeaient  chez 
les  Grecs  et  chez  les  Romains.  D'ailleurs  des  travaux  modernes 
ont  prouvé  qu'il  existait  de  toute  antiquité  chez  les  Normands, 
et  chez  les  peuples  Teutons  et  Scandinaves  des  modes  de  juger 
qui  se  rapprochaient  beaucoup  de  notre  système  acluel.  Il 
serait  très-inléressant  et  très-instructif  de  remonter  jusqu'à 
la  formation  des  gouvernements,  et  de  voir  qu'à  l'origine 
de  toutes  les  nations,  même  des  plus  barbares,  il  y  avait 
quelque  chose  qui  se  rapprochait  du  système  du  jury.  Les  diffé- 
rentes nations  ont  modifié  et  changé  ce  système.  Ainsi  nous 
trouvons  peu  de  ressemblance  entre  le  jury  de  nos  jours  et  celui 
des  Grecs.  Cependant,  malgré  cette  différence,  nous  voyons  que 
le  même  principe  domine  dans  ces  deux  systèmes  :  le  jugement 
d'un  homme,  non-seulement  par  ses  pairs,  mais  encore  par 
des  hommes,  qui,  en  prêtant  serment,  jurent  de  juger  loyale- 
ment, et  de  décider  d'après  les  témoignages  tous  les  cas  qui 
leur  seront  soumis.  On  ne  saurait  nier  qu'il  est  impossible  de 
supprimer  le  système  du  jury.  Mais  il  est  possible  de  le  changer 
et  de  le  modifier  dans  le  siècle  avancé  oîi  nous  vivons,  et  il  est 
probable  qu'il  en  sera  ainsi. 

La  Constitution  donne  à  tout  le  monde  le  droit  d'être  jugé 
par  un  jury.  C'est  là  une  des  franchises  du  peuple  américain. 
Mais  lors({ue  des  hommes  se  font  presque  un  revenu  de  ce 
jugement  par  des  égaux  ou  par  des  pairs,  je  crois  que  c'est  là 
la  preuve  qu'il  existe  un  vice  dans  cette  institution.  Pour  traiter 
convenablement  ce  sujet  il  faut  mettre  de  côté  tout  fanatisme, 
et  alors  nous  pourrons  peut-être  voir  quelques  défauts  sur  les- 
quels nous  avons  eu  jusqu'ici  les  yeux  fermés.  D'abord  le  jury 
se  compose-t-il  en  général  d'hommes  complètement  désinté- 
ressés dans  la  question  qu'ils  ont  à  juger?  Je  crois  que  non, 
en  règle  générale.  Dans  la  plupart  des  cas  cela  est  impossible. 
Par  exemple,  supposons  un  de  ces  procès  qui  agitent  vivement 
l'esprit  public  et  dans  lequel  chacun  prend  parti  avec  passion 
pour  ou  contre.  Oii  pourra-t-on  trouver  un  jury  dont  les 
membres  n'aient  exprimé  aucune  opinion  sur  les  accusés,  ou 
n'aient  pas  eu  connaissance  des  faits  qui  leur  sont  imputés  ? 
Dans  les  anciens  temps,  lorsqu'on  ne  voyageait  pas  aussi  vite 
que  maintenant,  on  pouvait  facilement  trouver  un  jury  honnête 
et  intelligent.  Mais  aujourd'hui  les  sots  et  les  coquins  prennent 
la  place  des  gens  raisonnables,  et  le  jury  de  Mark  Twain,  qui 


352  HIGH  SCHOOLS. 

pensait  ({ue  l'inceste  el  Yarson  (1)  étaient  une  seule  et  même 
chose,  n'est  que  le  portrait  exagéré  du  jury  américain.  Nous 
}»ayons  des  escrocs  et  des  hommes  qui  ne  lisent  pas  les  jour- 
naux, pour  exclure  l'intelligence  du  banc  du  jury.  Dans  le 
procès  du  plus  grand  ecclésiastique  d'Amérique,  qui  a  eu  lieu 
tout  dernièrement,  on  employa  des  jours  entiers  à  composer 
un  jury  ({ui  n'eût  pas  exprimé  son  opinion  sur  le  procès,  et 
l'on  parvint  enfin  à  trouver  douze  hommes  dont  l'un  n'avait 
nuMue  pas  entendu  parler  du  fait.  11  serait  absurde  de  dire  que 
cet  ecclésiastique  fut  jngé  par  ses  pairs  ;  du  reste  on  aurait  eu 
beaucoup  de  peine  à  trouver  aux  États-Unis  douze  liommes  qui 
lui  ressemblassent.  Je  crois  cependant  que  l'on  pourrait  com- 
poser des  jurys  intelligents  qui,  malgré  leur  opinion  préconçue 
sur  le  fait,  pourraient  juger  honnêtement  un  procès  en  ne 
tenant  compte  que  des  témoignages,  et  qui  seraient  plus 
capables  de  rendre  d'honnêtes  verdicts  que  la  plupart  des 
jurés  que  nous  voyons  aujourd'hui.  Trop  souvent  les  jurés  ne 
sont  pas  aptes  à  remplir  ces  fonctions.  Ils  appartiennent  à  des 
professions  ditîérentes,  ils  n'ont  pas  l'habitude  de  penser  aux 
choses  intellectuelles.  Leur  esprit  se  laisse  facilement  enflam- 
mer par  l'éloquence  de  l'avocat.  Ils  sont  incapables  de  recon- 
naître un  faux  témoignage.  On  en  a  même  vu  rendre  un  ver- 
dict en  faveur  du  demandeur,  croyant  le  rendre  en  faveur  du 
défendeur.  Et  voilà  les  hommes  de  qui  nous  devons  attendre 
des  sentences  justes  et  légales  !  Mais  cela  esi  de  toute  impos- 
sibilité. Les  jiH'ys  rendent  si  souvent  des  verdicts  faux,  que  la 
plupart  des  hommes  regardent  le  verdict  du  jury  comme  le 
tirage  d'une  loterie.  Les  jurys  devraient  être  soumis  à  un 
examen  rigoureux  par  une  assemblée  d'hommes  compétents 
qui  passeraient  au  crible,  pour  ainsi  dire,  les  jurés,  et  exclu- 
raient tous  ceux  qui  sont  incapables  de  remplir  ces  fonctions. 
D'un  autre  côté,  parmi  les  hommes  probes  et  libres,  nous  en 
trouvons  au  moins  un  sur  douze  auquel  il  y  a  quelque  chose  à 
reprocher.  Parmi  les  douze  Apôtres  il  y  avait  un  Judas  ;  de 
même  dans  le  banc  du  jury  nous  sommes  bien  sûrs  de  trouver 


(1)  Arson:  incendie.  Vieux  mot  français.  Voir  C.  Hippeaii,  Dic- 
tiomiaire  de  la  langue  française  au  xn'  et  au  xnr  siècle.  Voir  aussi 
V^tienne  Boileau,  Etablissement  des  métiers,  titre  LXXXI,  intitulé 
«  (les  Bourreliers  de  Paris  ».  «  ...Nul  bourrelier  ne  peut  faire  colior 
(le  mouton  ou  de  bazane,  et  s'il  le  fait,  le  colier  est  ars....  » 

(Xote  du  traducteur.) 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  353 

quelque  caractère  l)izarre  et  original  qui  ne  manquera  pas  de 
n'être  jamais  de  la  même  opinion  que  les  autres.  Or,  suppo- 
sons qu'un  jury  se  compose  de  onze  hommes  d'une  intelligence 
et  d'une  pénétration  extraordinaires  ;  cependant  cet  homme,  à 
lui  seul,  peut  les  tenir  tous  en  échec;  ii  peut  empêcher  la  jus- 
tice d'atteindre  ses  fins,  et  c'est  ordinairement  ce  qu'il  fait. 
A  mon  avis,  le  grand  défaut  de  notre  système  actuel  consiste 
en  ce  que  nous  exigeons  l'unanimité  sur  le  hanc  du  jury,  tandis 
que  partout  ailleurs  nous  nous  contentons  d'une  simple  majo- 
rité. La  raison  la  plus  prohahle  de  cette  anomalie  est  que,  à 
l'origine,  les  jurys  se  composaient  de  plus  de  douze  hommes, 
mais  qu'on  exigeait  un  ensemhle  de  douze  voix  pour  acquitter 
ou  pour  condamner.  Lorsque  le  nomhre  des  jurés  fut  abaissé 
à  douze,  on  continua  d'exiger  cet  ensemble  de  douze  suffrages 
qui  forma  alors  l'unanimité.  Cependant,  dans  certains  cas,  ce 
mode  de  procéder  parait  fort  juste.  Par  exemple,  lorsqu'un 
homme  est  accusé  de  meurtre  et  que  sa  vie  est  en  jeu,  il 
semble  important  que  le  jury  soit  unanime  à  décider  s'il  doit 
vivre  ou  mourir.  Mais  ce  motif  sauve  la  vie  à  plus  de  meur- 
triers que  tous  les  autres  motifs  réunis.  Nous  voyons  bien 
rarement  un  jury  être  unanime  pour  condamner  un  homme  à 
être  pendu,  lorsque  neuf  fois  sur  dix  cet  homme  mérite  la 
corde.  En  Ecosse  il  suffit  des  suffrages  des  trois  quarts  (i)  du 
jury  pour  rendre  un  verdict,  et  le  système  du  jury  est  plus 
pur  aujourd'hui  en  Ecosse  qu'en  Angleterre.  Lorsque  le  jurv 
ne  peut  pas  se  mettre  d'accord,  les  frais  et  les  ennuis  du  pro- 
cès sont  tellement  augmentés  pour  les  deux  parties,  que  ce 
désaccord  du  jury  semble  être  un  mal  auquel  on  devrait  remé- 
dier en  n'exigeant  pour  rendre  un  verdict  que  les  trois  quarts 
des  suffrages  des  jurés. 

J'admets  que  le  système  du  jury  est  un  moyen  d'éducation 
pour  le  peuple,  que  la  justice  est  mieux  rendue  par  plusieurs 
que  par  un  seul,  que  le  grand  principe  fondamental  de  ce  sys- 
tème est  le  droit.  Cependant  on  reconnaîtra,  je  crois,  que  dans 
cette  année  du  centenaire  de  la  République,  malgré  les  pro- 
grès et  les  perfectionnements  du  passé,  on  en  préparerait 
d'autres  très-grands  pour  l'avenir   en  introduisant  quelques 

{[)  En  Ecosse  il  suffit  de  la  majorité  des  suffrages  du  jury  pour 
rendre  un  verdict.  Voy.  Tlie  Expédition  of  Humphrey  Cliuker,  bvTobias 
Smollett,  page  402,  note,  édition  de  New  York ,  Stringer  et  Towne- 
send,  1853.  (Note  du  Traducteur.) 

23 


354  HIGII    SCIIOOLS. 

cliangeinents  et  quelques  motlilîcalioiis  dans  le  système  du 
jury.  11  serait  alors  plus  facile  qu'il  ne  l'est  aujourd'hui  de  Sf> 
faire  rendre  justice  dans  les  procès  jugés  par  le  jury. 

Fr.  Cil 
Age  :  dix-sepl  ans. 
Grecnfield  (Massachusetts). 


50.    —    NOS   PRESIDENTS. 

La  Présidence  des  États-Unis  est  la  plus  haute  charge  à 
laquelle  un  Américain  puisse  prétendre.  On  peut  être  fier 
d'être  Yhomine  choisi  entre  quarante  millions  de  citoyens. 
Aucun  étranger  n'est  éligihle  :  le  Président  doit  être  né  en 
Amérique. 

AVashington  fut  notre  premier  Président,  et  il  donna  un  si 
grand  exemple  de  proJsité  et  de  vertu  virile  que  bien  peu  l'ont 
égalé  et  que  personne  ne  l'a  surpassé.  11  fut  brave,  bon  soldat, 
et  il  rendit  de  grands  services  à  la  nation  dans  sa  lutte  pour 
l'indépendance. 

Il  résista  hardiment  et  bravement  à  toute  l'armée  anglaise. 
Sa  bonté  et  sa  simplicité  firent  honte  aux  grands  seigneurs  et 
aux  nobles  d'Angleterre. 

John  Adams  fut  un  vieillard  sublime.  11  rendit;  comme  Pré- 
sident, des  services  inappréciables.  Mais  la  lutte  des  partis 
priva  le  pays  de  son  iniluence  au  moment  oi!i  on  avait  le  plus 
grand  besoin  de  ses  sages  conseils. 

Thomas  Jefferson,  à  qui  nous  devons  la  Déclaration  d'Indé- 
pendance, fut  un  homme  noble  et  excellent.  Le  mot  échec  lui 
était  incomiu. 

Madison  et  Monroe  s'acquittèrent  convenablement  de  leurs 
fonctions  en  conservant  l'honneur  et  l'intégrité  de  la  nation. 

John  Quincy  Adams  fut  le  Président  le  plus  élégant  et  le 
plus  instruit  ({ue  nous  ayons  eu.  Mais  il  eut  le  sort  de  son 
père,  et  la  lutte  des  partis  empêcha  sa  réélection  :  il  n'exerça 
qu'une  présidence. 

Andrew  Jackson,  surnonmié  le  vieux  Noyer  (i),  fut  un  ferme 
démocrate  et  un  excellent  Président.  11  ne  ressembla  à  aucun 
des  hommes  de  son  parti  qui  lui  ont  succédé. 

(Ij  OU  Ilickonj. 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  355 

La  présidence  de  Martin  Van  Diiren  se  réduisit  à  rien.  Le 
peuple  ne  tarda  pas  à  se  fatiguer  de  lui,  et  il  le  lui  lit  savoir. 

Harrison  fut  un  vieillard  honnête.  11  dut  son  élection  au 
parti  \vhig.  Il  serait  sans  doute  devenu  mi  bon  Président  si, 
par  une  cause  inconnue,  il  n'était  mort  un  mois  après  son 
installation. 

John  Tyler,  le  Vice-Président  qui  lui  succéda,  fut  un  méchant 
homme.  Tout  le  monde  vit  avec  joie  expirer  le  terme  de  sa 
présidence. 

Polk  de  Tennessee,  qui  fut  Président  pendant  la  guerre  du 
Mexique,  était  un  petit  avocat  obscur.  Il  passa  sans  laisser  un 
nom. 

Le  général  Taylor,  qui  lui  succéda,  était  un  bon  soldat  et 
un  honnête  homme.  11  était  même  trop  honnête  pour  le  parti 
qui  avait  été  au  pouvoir.  Il  eut  bientôt  le  sort  de  Harrison  :  il 
laissa  sa  place  à  Fillmore,  qui  trahit  le  parti  qui  l'avait  porté 
à  la  Présidence  et  sortit  déshonoré  de  la  Maison-Blanche. 

Franklin  Pierce,  du  iNew  Hanipshire,  autre  petit  avocat,  ne 
fit  que  passer  et  fut  bientôt  oublié. 

Buchanan,  qui  lui  succéda,  ne  lui  ressembla  pas.  C'était  un 
politique  distingué  de  l'école  démocratique.  Il  fut  l'instrument 
de  son  parti  qu'il  servit  bien.  Mais  il  a  laissé  une  réputation 
qu'aucun  honnête  homme  n'envie. 

Nous  arrivons  maintenant  à  la  présidence  d'Abraham  Lincoln, 
surnommé  le  Bon,  qui  fit  plus  pour  son  pays  qu'aucun  autre 
homme.  Il  a  laissé  un  nom  et  une  réputation  qui  passeront  à 
la  postérité  avec  ceux  de  Washington  chez  nous,  et  ceux  des 
grands  hommes  et  des  hommes  de  bien  des  autres  nations. 

Johnson,  qui  le  suivit,  est  indigne  du  nom  de  Président.  Le 
mieux  que  nous  puissions  faire  c'est  de  n'en  pas  parler. 

Grant,  le  titulaire  aetueJ,  était  un  bon  soldat,  et,  je  crois, 
très-honnête  homme.  Mais  il  n'est  pas  instruit  et  ses  manières 
n'ont  rien  de  distingué.  On  n'aurait  jamais  dû  le  nommer  Pré- 
sident. Ce  sera  une  grande  gloire  pour  la  nation  si  son  succes- 
seur honore  sa  place  au  lieu  de  tirer  d'elle  tout  son  lustre.  Ne 
perdons  pas  l'espoir,  quoi  qu'il  arrive. 

William  J. 

Avondale,  comté  d'Hamilton  (Ohio). 


:35G  IIIGH    SCHOOLS. 


51.  —  TOUT    ENFANT   AMÉRICAIN    ESPÈRE   ÊTRE   PRÉSIDENT. 

L'ambition  de  tout  enfant  devrait  être,  non  pas  d'être  Prési- 
dent, mais  de  se  mettre  en  état  de  remplir  loiiles  les  charges 
que  l'on  pourrait  lui  confier,  môme  la  plus  élevée  de  ce  pays, 
la  Présidence.  Pour  arrivera  cet  état,  il  faudrait  cultiver  toutes 
les  facultés,  celles  de  l'esprit,  celles  du  corps,  et  celles  du 
cœur.  11  faut  en  etl'et  être  aussi  prudent  que  le  serpent  et  aussi 
innocent  que  la  colombe.  11  semblerait  que  les  motifs  les  plus 
nobles  et  les  plus  purs  dussent  seuls  engager  une  personne  à 
accepter  la  responsabilité  d'une  pareille  position.  Car  personne 
n'est  parfait,  et  le  meilleur  de  nous  est  sujet  à  l'erreur;  or  si  le 
Président,  qui  est  le  plus  en  vue,  vient  à  commettre  ur.e  erreur, 
il  ne  manque  pas  de  personnes  toutes  prêtes  à  relever  cette 
erreur,  à  lui  donner  l'apparenctî  d'un  crime  terrible,  et  à  la 
présenter  sous  ce  jour  au  public. 

Je  crois  que  la  vie  de  Président  est  très-pénible  et  très-fati- 
gante, et  qu'en  aucune  façon  elle  n'est  digne  d'envie. 

Peut-être  y  a-t-il  quelque  petite  lille  qui  espère  être  Prési- 
dente. Et  j'espère  qu'elle  le  sera  lorsque  la  majorité  du  peuple 
des  États-Unis  aura  trouvé  une  femme  plus  digne  que  toute 
autre  personne  d'exercer  cette  charge.  Celte  idée  ne  doit  pas 
paraître  absurde,  puisque  l'Angleterre  est  gouvernée  depuis 
si  longtemps  par  une  femme.  L'Amérique  doit  assurément  pou- 
voir produire  des  femmes  capables  de  rivaliser  avec  toutes 
celles  des  autres  pays.  Nous  voyons  que  dans  la  plus  haute 
expression  de  la  famille  l'homme  et  la  femme  gouvernent  en- 
semble; il  est  donc  évident  que  dans  cette  grande  famille  natio- 
nale, où  il  faut  prendre  en  considération  les  intérêts  de  tous,  de 
la  femme  et  de  l'homme,  ils  devraient  être  représentés  tous  les 
deux.  Quant  à  moi,  je  crois  que  la  question  de  savoir  si  nous  au- 
rons jamais  une  Présidente  est  fort  peu  importante,  mais  je  pense 
qu'il  faut  donner  aux  femmes  le  droit  de  choisir  le  Président  et  les 
législateurs  ;  c'est,  je  crois,  ce  qui  ne  tardera  pas  à  avoir  lieu. 
Lorsqu'il  en  sera  ainsi,  je  suis  certain  que  nous  aurons  de 
meilleures  lois,  car  alors  du  moins  notre  gouvei'nement  ne 
sera  pas  une  vraie  ombre,  comme  il  l'est  maintenant.  Le  prin- 
cipe de  notre  gouvernement  n'est-il  pas  que  les  lois  doivent 
être  faites  par  ceux  qui  sont  forcés  d'y  obéir?  Combien  de  fois 
ne  voyez-vous  pas  la  devise  :  «  Pas  d'impositions  sans  repré- 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  357 

seiUalion?  »  et  cependant  si  une  femme  possède  sous  son  nom, 
elle  est  obligée  de  payer  les  impôts  sans  avoir  élu  de  repré- 
sentant. Vous  n'avez  pas  le  droit  de  forcer  les  femmes  à  obéir 
aux  lois  avant  de  leur  avoir  permis  de  voter.  La  politique  qui 
devrait  être  l'une  des  choses  les  plus  pures  de  la  terre,  qui  est 
l'une  des  plus  nobles  sciences  (!a  science  du  gouvernement  du 
peuple  par  le  peuple),  s'est  corrompue,  parce  que  les  hommes 
de  bien  l'ont  abandonnée,  jusqu'à  un  certain  point,  au  pouvoir 
des  politiques  de  bas  étage  qui  ne  songent  qu'à  mettre  de  l'ar- 
gent dans  leurs  poches.  Je  crois  que  la  politique  changera, 
qu'elle  s'épurera  lorsque  les  femmes  pourront  y  prendre  part. 
J'espère  que  tout  enfant  américain  qui  désire  réellement  être 
Président  se  préparera  sérieusement  à  exercer  cette  charge, 
et  que,  s'il  est  élu,  il  fera  tousses  efforts  pour  s'acquitter  conve- 
nablement de  sa  mission.  Mais  si  son  espoir  venait  à  être 
trompé,  j'aime  à  croire  qu'il  ne  suivra  pas  l'exemple  de  Greely, 
mais  qu'il  fera  tout  son  possible  pour  bien  s'acquitter  de  l'em- 
ploi qui  lui  aura  été  confié,  quel  qu'il  soif. 

Hattie  J. 
Avondale,  comté  d'ttamilton  fOliio). 


oïl.  —   NOTRE   PREMIERE   PRESIDENTE. 
(i^  année.) 

Notre  première  Présidente!  Oh!  quelle  grandeur  et  quelle 
majesté  dans  ce  mot  !  Quel  monde  d'idées  heureuses  suggère  la 
pensée,  oui,  la  seule  pensée  qu'à  une  époque  qui  n'est  pas  très- 
éloignée,  notre  nation,  les  Etats-Unis,  sera  gouvernée  par  cet 
être  noble,  ambitieux,  au  cœur  fidèle,  innocent  :  la  femme.  Une 
femme  siégera  comme  Présidente  des  Etats-Unis! 

Je  la  vois  vêtue  comme  la  plupart  des  autres  femmes  !  Elle 
n'aura  pas  ces  toilettes  extravagantes  que  portent  quelques-unes 
de  celles  qui  font  partie  de  la  société  des  «  Women's  Piights  »  (1). 
Celles-ci  s'imaginent  qu'on  ne  croirait  pas  qu'elles  mettent  leurs 
maximes  en  pratique,  ni  qu'elles  soient  capables  d'exercer  les 
professions  que  s'attribue  l'autre  sexe,  si  elles  ne  portaient  pas 
des  vêtements  qui  ressemblent  tellement  à  ceux  des  hommes, 

(1;  Société  pour  la  rovendication  des  droits  des  femmes. 


358  iiiGii  sciiooLS. 

que  même  les  personnes  qui  les  connaissent  intimement  les 
prennent  à  première  vue  pour  des  })rètres,  lorsqu'elles  les  voient 
(le  loin.  Oh  non!  notre  première  Présidente  n'aura  pas  cet  air- 
là,  du  moins  si  je  puis  l'en  empêcher.  Elle  n'aura  pas  honte  de 
porter  les  vêtements  de  son  sexe,  non!  non!  non! 

l.orsqu'elle  sera  à  notre  tête,  notre  pays  ne  sera  plus  troublé 
par  les  affaires  véreuses  du  whisky,  par  toutes  ces  fraudes, 
ces  paniques,  ces  banqueroutes,  ces  accusations  dirigées  contre 
les  fonctionnaires  publics  et  toutes  les  choses  de  ce  genre  qui 
viennent  toujours  de  la  négligence,  défaut  que  l'on  trouve  plus 
souvent  chez  les  hommes  que  chez  les  femmes. 

Xoti'e  première  Présidente  sera  mère  d'une  nombreuse 
famille,  et,  en  cela,  elle  suivra  l'exemple  de  notre  Président 
actuel  et  de  ses  prédécesseurs,  qui  ont  tous  eu  beaucoup  d'en- 
fants. Ses  enfants  seront  fiers  de  leur  mère  et  ils  l'aimeront 
autant,  sinon  plus,  que  les  autres  enfants  aiment  leurs  mères 
qui  ne  sont  pas  Présidentes  et  qui  ne  passent  pas  toutes  leurs 
journées  à  la  Maison-Blanche  ()i,  occupées  de  la  grandeur  et  de 
la  gloire  de  cette  nalion  dans  laquelle  doivent  vivre  et  mourir 
leurs  enfants  et  leurs  petits-enfants. 

Lorsqu'elle  quittera  les  affaires  de  l'État  pour  rentrer  chez 
elle,  ses  enfants  s'assembleront  autour  d'elle  pour  écouter  ce 
qu'elle  aura  à  dire  sur  ses  travaux  de  la  journée.  Ils  seront 
aussi  intéressés  par  ces  récils  que  les  autres  enfants  le  sont 
lorsque  leurs  mères  leur  racontent  les  visites  qu'elles  ont  faites 
aux  dames  de  leur  connaissance,  ou  une  belle  promenade  en 
voiture  qui  a  duré  toute  l'après-midi. 

Elle  aimera  tendrement  son  mari,  qui,  de  son  côté,  l'aimera 
de  tout  son  cœur. 

C'est  ainsi  que  je  vois  le  personnage  de  la  première  Prési- 
dente des  États-Unis. 

J'espère  que  pour  le  prochain  Centenaire  on  donnera  aux 
élèves  de  la  High  School  de  Mihvankeeà  traiter  ce  sujet  :  «  De 
rinlluence  de  la  première  Présidente  sur  notre  pays.  » 

LiZZIE    1). 

Age  :  dix-sept  ans. 
Milwaukec  (Wisconsin). 

(1)  Siège  du  gouvernement  à  Wasliington. 


COMPOSITIONS    POLITIorES.  o59 


53.  —   LE   SUFFRAGE   ÉTEXDU   AUX     FEMMES. 

Le  suffrage  étendu  aux  femmes  est  un  des  sujets  les  plus 
engageants  de  notre  temps.  Le  moment  est  venu  où  on  ne  peut 
plus  écarter  cette  question.  Ce  qu'elle  renferme  de  raisonnable 
et  de  juste  saute  aux  yeux.  C'est  une  question  qui  s'impose  à 
notre  attention  malgré  tous  ceux  qui  la  combattent. 

Faire  payer  les  impôts  sans  donner  droit  à  la  représenta- 
tion, c'est  une  tyrannie.  >'ous,  citoyens  de  la  République  des 
États-L'nis,  qui  voulons  des  droits  égaux  pour  tous,  nous  qui, 
au  moment  de  commencer  un  second  siècle,  faisons  avec  tant 
d'enthousiasme  l'exposition  de  nos  talents  et  de  nos  ressources, 
tout  cela  en  l'honneur  de  ces  principes  pour  lesquels  nos  pères 
ont  combattu  et  sont  morts,  irons-nous  conserver  cette  relique 
de  la  barbarie  :  le  suffrage  restreint  aux  hommes? 

Considérez  l'immense  quantité  de  valeurs  possédées  par  des 
femmes  de  notre  pays.  Elles  payent  leur  part  d'impôts  sans 
avoir  le  droit  de  prendre  part  à  la  confection  des  lois  qui 
règlent  nos  intérêts  financiers.  Est-ce  juste? 

L'argument  qu'on  a  présenté  tant  de  fois  et  qui  consiste  à 
dire  que  les  femmes  n'entendent  rien  à  la  politique  et  qu'elles 
ne  pourraient  pas  voter  d'une  manière  intelligente,  n'a  aucune 
force.  Est-il  un  homme  raisonnable  qui  pense  que  ces  femmes 
riches  et  instruites  dont  les  impôts  servent  à  soutenir  notre 
gouvernement  ne  sont  pas  bien  plus  capables  de  voter  que  les 
classes  ignorantes  de  notre  pays  et  de.-^  pays  étrangers  qui 
votent  par  droit  de  sexe?  Bien  souvent  leurs  patrons  achètent 
leurs  votes  ou  se  les  procurent  par  intimidation.  Souvent  encore 
les  partis  politiques  emploient  les  mêmes  moyens  pour"  les 
gagner  à  leurs  intérêts  particuliers. 

i^es  personnes  instruites  des  deux  sexes  sont  capables  de  se 
former  une  saine  opinion  politique,  et  le  vote  d'une  femme 
ignorante  ne  peut  pas  faire  plus  de  mal  que  celui  d'un  honnue 
ignorant. 

On  accorde  que  l'on  peut  se  fier  plus  sûrement  aux  iustiucts 
d'une  femme  loyale  qu'.»  la  raison  d'un  homme. 

Une  autre  objection  que  l'on  fait  consiste  à  dire  que  cette 
innovation  tendrait  à  jeter  le  trouble  dans  les  familles.  Mais  on 
pourrait  faire  cette  objection  pour  la  religion  et  pour  toutes  les 
îiulres  questions  importantes  de  la  vie.  Si  une  famille  a  envie 


;JG0  IIIGII    SHOOLS. 

de  se  (juereller,  elle  ne  manquera  jamais  de  prélcxtes  pour 
satisfaire  celte  malheureuse  envie.  Mais  une  personne  qui  fait 
son  élude  de  connaîlre  et  de  comprendre  ses  grandes  respon- 
sabilités, et  qui  désire  s'en  ac(juiller  d'une  manière  intelligente 
et  honnête,  pourra  s'entretenir  de  questions  politiques  aussi 
paisiblement  que  de  toute  autre. 

Je  le  sais,  il  y  a  des  personnes  qui  disent  qu'il  ne  convient 
pas  qu'une  femme  paraisse  dans  une  assemblée  d'hommes  aussi 
nombreuse  que  celle  qui  a  lieu  pour  les  élections.  Mais  jadis 
on  disait  aussi  qu'il  ne  convenait  pas  à  mie  femme  de  parler  en 
public,  ni  d'exercei'  aucun  connnerce  hors  de  chez  elle.  Au- 
jourd'hui nous  reconnaissons  sans  hésiter  que  les  meilleurs 
avocats  et  les  meilleurs  prédicateurs  se  trouvent  parmi  les 
femmes  de  notre  temps. 

>'ous  avons  aussi  des  courtières  de  commerce  et  des  teneuses 
de  livres  (jui  sont  d'aussi  honnêtes  femmes,  et  connues  pour 
telles,  que  n'importe  quelle  autre  femme  de  notre  pays.  Cette 
raison  ne  devrait-elle  pas  engager  à  les  employer  aussi  dans 
les  maisons  de  banque? 

Lorsqu'elles  auront  obtenu  le  droit  de  voter,  ce  qui  arrivera 
un  jour  ou  l'autre,  les  lieux  de  vote  seront  naturellement  des 
endroits  convejiables  oîi  elles  pourront  s'assembler,  les  hommes 
leur  témoigneront  du  respect  et  seront  plus  réservés,  ce  qui 
constituera  un  grand  pas  vers  le  perfectionnement  de  notre  race. 

On  le  voit,  les  arguments  employés  pour  refuser  aux  femmes 
le  droit  de  vote  et  leur  part  dans  les  emplois  publics  reposent 
sur  des  opinions  préconçues  qui  sont  en  contradiction  avec  les 
faits,  ou  bien  sur  des  circonstances  qui  ne  larderont  pas  à  être 
modifiées  par  notre  génération  amie  du  progrès. 

Espérons  que  notre  Etat  qui,  pour  beaucoup  de  choses,  tient 
déjà  le  premier  rang,  sera  aussi  un  des  premiers  à  rendre  celte 
justice  tardive  aux  mères  et  aux  filles  de  noire  pays  ami  de  la 
hberlé. 

Alfred  L. 
Age  :  seize  ans. 
Filchburglî  (Massacliusetts). 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  361 


LA   SEULE  VRAIE   REPUBLIQUE. 


La  République  des  États-Unis  est  la  seule  vraie  République 
({ui  existe.  Oue  sa  croissance  et  ses  progrès  ont  été  grands  et 
merveilleux  pendant  les  cent  années  qui  viennent  de  s'écouler! 
11  nous  serait  complètement  impossible  de  mentionner  tous  les 
ouvrages  qui  ont  contribué  à  faire  ce  pays  ce  qu'il  est  mainte- 
nant :  l'un  des  plus  grands  du  monde.  Mais  avant  d'aller  plus 
loin,  jetons  les  yeux  sur  d'autres  pays.     • 

Voilà  d'abord  l'Angleterre,  notre  mère  patrie,  qui  a  surpassé 
tous  les  autres  en  accumulant  des  richesses,  et  qui,  depuis  le 
jour  où  elle  a  eu  un  gouvernement  chrétien,  n'a  cessé  d'aug- 
menter sa  puissance  et  sa  grandeur,  jusqu'au  moment  oîi  elle 
a  possédé  le  superbe  titre  de  maîtresse  de  la  mer. 

Voilà  maintenant  la  France,  le  pays  des  Charlemagne,  des 
Louis,  des  Napoléon  et  de  tant  d'autres  qui  ont  rendu  son  nom 
si  illustre;  la  France  d'aujourd'hui,  la  France  républicaine,  qui 
se  dresse  dans  sa  robe  rouge  et  qui  élève  si  haut  le  bonnet 
écarlate  de  la  liberté  !  Autour  d'elles  sont  des  colonnes  brisées 
et  les  monuments  ruinés  du  passé,  qui  ont  sans  doute  pour 
mission  de  la  protéger,  comme  les  statues  presque  parlantes  de 
ses  anciens  héros  ! 

Et  la  Russie,  terre  de  neige  et  de  glace,  l'empire  des  tsars, 
l'amie  fidèle  de  notre  nation  en  Europe  pendant  la  dernière 
guerre  civile  !  C'est  la  Russie  qui  a  produit  un  des  grands 
législateurs  modernes,  un  homme  du  peuple  qui  fonda  son 
pays,  Pierre  le  Grand,  qui  a  donné  au  peuple  un  exemple  dont 
les  législateurs  modernes  feraient  bien  de  profiter. 

Puis,  de  l'autre  côté  des  Alpes  recouvertes  de  leur  man- 
teau de  neige,  voilà  l'Italie,  l'Italie  avec  sa  ceinture  de  mon- 
tagnes !  C'est  là  que  Rome,  sa  capitale,  Rome,  jadis  la  maî- 
tresse du  monde,  est  située.  Lorsque  Rome  est  tombée,  l'Ralie 
l'a  suivie,  et  les  pays  dont  elle  était  la  maîtresse  sont  devenus 
ses  maîtres.  Enlin  lorsque  toutes  les  formes  de  gouvernement 
eurent  échoué,  le  pape  monta  dans  sa  chaire  épiscopale  sur- 
montée d'une  croix,  saisit  d'une  main  les  rênes  de  l'Etat  et  de 
l'autre  les  clefs  sacrées  de  saint  Pierre.  3Iais  les  Etats  du  pape 
sont  passés  un  à  un  de  son  sceptre  à  celui  du  roi  d'Ralie,  et  on 
l'a  forcé  à  se  contenter  du  gouvernement  de  l'Église. 

Voici  venir  maintenant  l'Espagne,  la  terre  des  Maures  ;  c'est 


:36^  mon  schools. 

la  même  Espagne  toujours  révoltée,  toujours  mécontente  :  rien 
ne  sam\ait  la  satisfaire.  T.e  monarque,  recouvert  de  ses  vête- 
ments (le  satin  et  d'or,  est  promptement  chassé  du  pays,  suivi 
j»ar  la  populace  tumultueuse  des  brigands  espagnols;  on  élève 
bien  haut  le  bonnet  rouge  de  la  liberté.  Le  moment  d'après, 
nous  le  voyons  ti'aîné  sous  les  pieds  de  la  foule,  et  le  monarque 
rentre  en  Espagne  précédé  d'un  héraut  et  vêtu  de  ses  plus 
l'iches  ornements.  Mais  l'Espagne  d'aujourd'hui  n'est  plus  l'Es- 
pagne des  siècles  passés.  Alors  un  ))rince  brave  et  d'une  intel- 
ligence merveilleuse  lui  faisait  acquérir  le  premier  rang  intel- 
lectuel parmi  toutes  les  nations  voisines.  Aujourd'hui  elle  dresse 
l'étendard  orné  de  tours,  l'étendard  illustré  par  Charles  V,  Phi- 
lippe 11  et  l'illustre  Colomb,  qui  le  porta  dans  le  chemm  de  la 
gloire  et  de  la  renommée. 

Nous  pouvons  nous  représenter  l'Afrique  montée  sur  les 
«  vaisseaux  du  désert  »,  nous  la  voyons  s'avancer  du  sud  au 
nord  sous  l'ardeur  brûlante  de  son  soleil  ;  de  tous  côtés  reten- 
tissent les  sifflements  des  serpents.  Nous  voyons  ses  esclaves 
ramasser  ses  trésors  d'ivoire  et  d'or  au  milieu  des  rugissements 
des  lions,  à  l'ombre  de  ses  anciennes  ruines  :  et  pendant  que 
les  «  vaisseaux  du  désert  »  s'avancent  sur  les  sables  jaunes  et 
pénètrent  dans  la  terre  des  Pharaons,  au  milieu  des  Pyramides, 
pendant  qu'ils  côtoient  les  rives  du  Nil,  et  qu'ils  foulent  le  sol 
oi!i  Livingstone  est  mort  abandonné,  nous  sommes  plongés  dans 
l'étonnement. 

Mais  lors(jue  nous  apercevons  l'Amérique  fraîche,  forte  et 
l)leine  de  jeunesse,  l'Afrique  disparaît  à  nos  yeux.  D'un  côté 
sont  les  tropiques,  avec  leurs  forêts  de  fleurs  aux  couleurs  écla- 
tantes ;  au  sud,  est  notre  voisine,  la  Piépublique  du  Mexique, 
cette  Espagne  des  Américains  ;  au  nord  s'étend  la  région  arc- 
tique, avec  ses  amas  de  neige,  plaines  solitaires  et  glacées, 
vaste  désert  blanc.  Mais  oii  donc  y  a-t-il  dans  tout  le  monde  un 
pays  qui  offre  un  tel  champ  pour  la  science  !  11  n'y  a  pas  un 
arbre,  pas  une  ffeur,  pas  un  être  vivant.  Mais  comme  tout  ce 
monde  glacial  est  beau  avec  ses  promesses  d'une  mer  arctique, 
avec  ses  tristes  souvenirs  de  Franklin,  de  Hall  et  de  Kane. 
Cependant  lud  œil  humain  n'a  encore  vu  ce  merveilleux  pôle 
caché  sous  des  neiges  et  sous  des  glaces  éternelles. 

Nous  arrivons  maintenant  aux  Etats-Unis,  à  notre  Piépu- 
blique. 

(Juelle  n'a  pas  été  sa  prospérité  pendant  les  cent  années  (jui 
viennent  de  s'écouler  !  Il  y  a  cent  ans,  elle  se  composait  de 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  363 

treize  États,  petits  iDais  braves  ;  cMe  comptait  alors  trois  mil- 
lions d'habitants  qui  bataillaient  pour  leur  droit,  qui  luttaient 
pour  leur  liberté  et  pour  leur  indépendance.  La  liberté  fut 
proclamée  dans  tout  le  pays,  et  depuis  le  jour  oîi  ces  braves 
et  vaillants  patriotes  ont  triomphé,  nous  avons  fait  des  progrès 
rapides  dans  les  sciences,  dans  l'agriculture  et  dans  le  com- 
merce. Notre  industrie  et  notre  richesse  se  sont  accrues  au  delà 
de  ce  qu'aurait  osé  rêver  le  patriote  le  plus  exalté.  A  cette 
époque  on  n'avait  pas  encore  découvert  nos  merveilleuses  mines 
de  charbon  ni  nos  puits  do  pétrole  ;  on  ne  soupçonnait  pas 
encore  les  trésors  cachés  à  l'Est  ou  à  l'Ouest  des  monts  Alle- 
ghanys.  On  n'avait  pas  encore  trouvé  les  merveilleux  gisements 
de  charbon  ni  de  fer,  ni  les  mines  de  cuivre  du  Nord.  On  n'avait 
pas  encore  trouvé  sur  le  sommet  des  monts  Rocheux  jusqu'au 
Pacifique  les  plus  grands  trésors  d'or  et  d'argent,  richesses  des 
siècles. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier  nos  écoles  publiques,  car  c'est  là 
la  grande  base  de  notre  pays.  Elles  ont  été  instituées  par  les 
puritains  de  la  Nouvelle-Angleterre  et  les  Hollandais  de  New 
York,  il  y  a  deux  cent  cinquante  ans.  Elles  se  sont  développées 
graduellement,  lentement  mais  sûrement,  et  elles  sont  aujour- 
d'hui l'une  des  plus  glorieuses  et  des  plus  brillantes  étoiles  de 
notre  premier  Centenaire.  Il  y  a  cinquante  ans,  l'iowa,  «  le 
jardin  de  l'Ouest  »,  n'avait  ni  richesse,  ni  population,  il  n'y  avait 
pas  d'écoles  alors.  Aujourd'hui  vous  pouvez  voir  la  belle  maison 
d'école  blanche  s'élever  dans  la  prairie  et  au  milieu  des  forêts, 
et  plus  loin,  dans  l'Ouest,  au  delà  des  monts  Rocheux,  au 
milieu  des  pics  aurifères  de  l'Arizona,  on  voit  se  dresser  l'école 
libre  qui,  là  comme  partout,  est  la  sentinelle  de  la  civilisation. 

Considérons  encore  les  progrès  de  ce  pays.  Il  y  a  quelques 
années,  vous  l'auriez  pris  pour  un  désert  stérile  et  inhabité; 
aujourd'hui  vous  voyez  s'élever  partout  de  belles  et  riches 
fermes.  Elles  gémissen^  is  le  poids  de  leurs  productions  et 
des  riches  dons  que  1'  -^ur  a  faits  à  l'homme.  Le  pays  est 

parsemé  de  villes  qui  .  poussé  au  milieu  de  la  prairie 
comme  des  fleurs. 

Puisse  le  second  anniversaire  de  l'indépendance  de  notre  nation 
■être  aussi  heureux  que  le  premier  !  Puisse  notre  pays  toujours 
voir  s'étendre  d'un  Océan  à  l'autre  les  fils  du  télégraphe,  la 
plus  grande  invention  américaine.  Puissent  toujours  les  che- 
vaux de  fer  faire  entendre  leur  galop  précipité  de  l'Atlantique 
au  PaciliquelEt  puisse  notre  nation,  alors  comme  aujourd'hui, 


o04  HIGII   SCHOOLS. 

être  l'égale  dos  plus  ancie]ine*>  et  des  plus  fortes  !  O^ie  pendant 
le  siècle  prochain  le  sombre  nuage  de  la  guerre  n'obscurcisse 
jamais  son  brillant  horizon;  mais  s'il  en  est  autrement,  et 
qu'il  faille  avoir  recours  à  la  force,  qu'elle  puisse  dire  et  qu'elle 
soit  lière  de  dire  qu'elle  n'a  jamais  été  vaincue  !  que  l'éten- 
dard rayé  et  semé  d'étoiles  flotte  comme  aujourd'hui  sur  trente- 
huit  États  et  sur  (juarante  millions  d'habitants  l  Puisse-t-il 
flotter  sur  cent  États  et  couvrir  de  ses  plis  cent  millions  d'ha- 
bitants prêts  à  protéger  et  à  défendre  cette  bannière  sacrée  ! 
Et  puisse  alors  le  nom  de  citoyen  américain,  pour  employer 
les  expressions  de  Benton  (L),  «  jouir  du  privilège  accordé  au 
nom  romain  pendant  la  glorieuse  période  de  la  république  et 
de  l'empire,  et  servir  de  passe-port  dans  le  monde  entier  à 
tous  ceux  qui  le  porteront.  » 

G.-B.   HiPPEE. 
Age  :  seize  ans. 
West  des  Moines  (lowa). 


55.    —    1/ IMMIGRATION. 

Est-il  (le  l'intérêt  des  États-Unis  de  décourager  V immigration? 

Négative. 

i''  Introduction. 

2"  Discussion  dès  arguments  en  faveur  de  l'afflrmative. 

1 .  On  produit  la  discorde. 

t.   Classes  d'immigrants. 

o.  La  Bible  enlevée  des  écoles  publiques. 

\.  L'intempérance. 

5.   Fraudes  au  sujet  de  la  naturalisation. 

().   Éducation  des  étrangers. 

7.   Crimes. 


(1)  Thomas  Hiirt  Benton,  sénateur  américain,  né  dans  la  Caroline 
du  Nord  en  178:î,  mort  en  1858.  Outre  divers  discours  politiques,  fl 
a  écrit  :  .4  lhiii\i  ijearn  View,  or  a  ■  Ilislonj  of  the  American  go- 
vernmenl  for  tliirly  gears  from  18:20  to  1850,  et  An  Abridgment  of 
the  debales  of  Congress  from  17813  lo  1856. 

{Note  du  Traducteur.) 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  365 

3°  Arguments  en  faveur  de  la  négative  : 

1 .  Augmentation  du  commerce  et  du  revenu. 

2.  La  Chine. 

3.  Colonisation  du  pays, 
l.   Capital  et  travail. 

5.   Règlement  de  l'immigration. 
i°  Conclusion. 

Thèse  :  Le  bien-être  des  Etats-Unis  ne  demande  pas  qu'on 
décourage  l'immigration. 

1"  Introduction. 

La  négative  de  celte  question  n'implique  pas  absolument 
([u'il  faille  encourager  l'immigration.  L'encourager  et  la  décou- 
rager sont  les  deux  points  extrêmes  entre  lesquels  on  peut 
trouver  beaucoup  de  remèdes  contre  le  mal  croissant,  mal 
réel  ou  imaginaire  de  l'immigration. 

Ces  milliers  de  gens  venant  de  toutes  les  parties  du  monde 
ont  formé  l'une  des  nations  les  plus  invincibles  et  les  plus 
populeuses. 


2°  Discussion  des  arguments  en  faveur  de  Vaffirmative. 

1.  Le  principal  argument  de  ceux  qui  soutiennent  l'affir- 
mative dans  cette  question  consiste  à  dire  que  le  mélange  de 
tant  de  nationalités  différentes  produit  nécessairement  la  dis- 
corde. 

Or,  en  théorie,  cet  argument  est  assez  plausible.  Car  il  y  a 
entre  les  diverses  nations  tant  de  différences  dans  les  mœurs, 
dans  les  coutumes,  etc.,  que  l'on  pourrait  s'attendre  à  voir 
naître  la  discorde.  Mais  la  pratique  donne  un  démenti  à  cet 
argument  ;  c'est  ce  dont  nous  pouvons  nous  convaincre  en  jetant 
les  yeux  sur  les  différents  pays  où  la  discorde  existe.  Au  Mexi- 
que, où  il  y  a  tous  les  jours  de  nouvelles  insurrections,  la 
population  est  entièrement  mexicaine.  Les  instigateurs  de  la 
sécession  chez  nous  appartiennent  tous  à  la  nationalité  amé- 
ricaine. La  France,  où  existent  tant  de  partis  et  tant  de  fac- 
tions, est  uniquement  peuplée  de  Français.  L'Espagne,  où  la 
discorde  est  à  l'ordre  du  jour,  où  même  la  guerre  civile  existe 
actuellement,  a  une  population  composée  d'une  seule  nationa- 
lité.  La  paix  intérieure  des  États-Unis,  comparée  à  celle  de 


36G  iiiGii  sciiooLS. 

tous  ces  pays,  ressemble  à  un  lac  des  montagnes  par  un  ])ean 
jour  d'été  comparé  à  l'Océan  pendant  une  tempête. 

Il  y  a  soixante-dix-huit  ans  on  découvrit  de  l'or  en  Californie. 
Alors,  de  toutes  les  parties  de  la  terre,  des  gens  mus,  pour 
ainsi  dire,  par  un  pouvoir  magique,  se  dirigèrent  vers  l'El- 
dorado. Alors  on  vit  chaque  jour  des  meurtres  et  des  troubles. 
Mais  la  Californie  d'aujourd'hui  est  l'un  des  plus  beaux  des 
Etats-Unis.  La  paix  et  la  trancjuillité  y  régnent,  et  cependant 
il  y  a  des  étrangers  !  Il  y  a  des  riches  et  des  pauvres,  des 
grands  et  des  petits,  des  heureux  et  des  malheureux.  Eh  bien, 
ils  ont  formé  un  État  qui  ne  ser;i  inférieur  à  aucun  de  ceux 
qui  composent  cette  Union.  Est-ce  donc  là  un  exemple  de  cette 
prétendue  discorde  produite  par  l'immigration?  C'est  plutôt 
un  exemple  du  contraire. 

"2.  On  a  dit  que  c'étaient  les  opprimés  et  les  malheureux 
qui  venaient  dans  ce  pays.  Mais  ce  sont  précisément  les  classes 
dont  nous  avons  besoin.  Ces  opprimés,  ces  malheureux  sont 
ceux  qui  ont  le  plus  vivement  senti  le  manque  de  liberté,  et, 
venant  dans  un  pays  libre,  ils  font  les  meilleurs  citoyens. 

3.  On  prétend  que  les  catholiques,  qui  sont  presque  tous 
étrangers,  enlèvent  la  Bible  de  nos  écoles  publiques.  Admet- 
tons ceci  par  hypothèse,  la  question  se  réduit  à  savoir  si  cette 
affaire  de  la  Bible  a  assez  d'importance  pour  contrebalancer 
l'immigration.  Comme  nous  ne  sommes  pour  ainsi  dire  plus 
aux  jours  du  fanatisme  orthodoxe  et  des  anabaptistes,  nous 
pouvons  envisager  cette  question  au  point  de  vue  rationnel. 
Notre  gouvernement  tolère  toutes  les  religions,  il  ne  peut 
légalement  donner  la  préférence  à  aucune,  il  ne  peut  pas  non 
plus  en  favoriser  quatre  au  détriment  d'une  cinquième.  Les 
écoles  publiques  sont  entretenues  par  le  peuple,  et  chaque 
citoyen,  qu'il  soit  chrétien,  juif,  athée,  méthodiste  ou  catho- 
lique, contribue  également  à  leur  entretien,  en  proportion  de 
ce  qu'il  possède.  On  doit  respecter  les  droits  de  tous  ces 
citoyens.  C'est  grâce  à  cette  exclusion  de  la  Bible  que  nous 
pourrons  réellement  appeler  nos  écoles  des  écoles  publiques  et 
non  pas  des  écoles  de  sectaires.  Et,  ne  serait-ce  que  pour  ce 
motif,  nous  devrions  être  reconnaissants  aux  catholiques  qui 
apportent  dans  notre  système  scolaire  cette  réforme  dont  le 
besoin  se  fait  vivement  sentir. 

4.  On  a  dit  que  l'Allemand  vient  ici  établir  des  restaurants 
et  des  jardins-brasseries.  C'est  là  l'opinion  d'un  ecclésiastique 
populaire.  L'Allemand  s'assied  et  mange  son  pain  avec  sa  sau- 


CO.MPOSITIO.XS    POLITIQUES.  307 

cisse,  et  il  boit  son  verre  de  bière.  Or,  c'est  là  de  la  tempé- 
rance. Chaque  verre  de  bière  que  l'on  boit  est  taxé;  ainsi  donc 
non-seulernenf  l'Allemand  qui  boit  sa  bière  s'approvisionne  lui- 
même,  mais  il  ajoute  encore  au  Trésor  des  États-Unis  quelques 
sous  dont  l'ensemble  forme  des  millions.  L'habitude  de  boire 
ne  produit  pas  parmi  les  étrangers  les  terribles  résultats  qu'elle 
})roduit  en  Amérique.  Cette  habitude  ne  peut  pas  être  attribuée 
à  une  nation  plutôt  qu'à  une  autre.  Les  Anglais,  les  Irlandais, 
les  Français,  en  un  mot  tous  ceux  qui  ont  contribué  à  peupler 
les  Etals-Unis,  ont  aussi  contribué  à  y  introduire  l'habitude  de 
boire  qu'on  y  remarqua.  Dans  ce  pays  on  en  fait  un  abus  bon- 
teux;  et,  qui  a  produit  cet  abus,  si  ce  ne  sont  les  Américains 
eux-mêmes? 

5.  On  a  fait  valoir  comme  un  argument  en  faveur  de  l'affirma- 
tive ce  fait,  que  de  grandes  fraudes  sont  pratiquées  dans  l'ob- 
tention des  lettres  de  naturalisation.  Mais  ce  fait  tend-il  à 
prouver  qu'il  ne  faille  pas  encourager  l'immigration?  >'on  !  Il 
montre  que  les  lois  qui  s'appliquent  à  cette  question  sont 
défectueuses  et  qu'elles  ont  besoin  d'être  revues  ou  complétées. 
S'il  y  a  un  vice  de  construction  dans  le  toit  d'un  bâtiment,  ren- 
verse-t-on  tout  le  bâtiment?  Non!  On  répare  ce  vice  de  con- 
struction. Eh  bien,  il  en  est  de  même  des  lois  sur  la  naturalisation. 

6.  Dans  presque  tous  les  pays  européens  il  existe  un  système 
d'éducation  obligatoire,  et  cependant  l'opposition  crie  toujours 
contre  les  étrangers  qui  ne  sont  pas  instruits.  Il  va  de  soi 
que  dans  tous  les  pays  il  y  a  des  ignorants.  Le  pays  des  écoles 
libres  ne  fait  pas  exception  à  celte  règle  générale.  3Iais  faut-il 
juger  d'un  peuple  par  les  ignorants  qui  y  sont  toujours  en  mi- 
norité! Faudra-t-il  exclure  la  masse  parce  qu'il  s'y  trouve  quel- 
ques personnes  illettrées. 

7.  On  a  encore  dit  que  beaucoup  des  étrangers  qui  viennent 
aux  États-Unis  sont  des  criminels.  Peut-être  ceux  qui  soutiennent 
l'affirmative  n'ont-ils  jamais  entendu  parler  des  lois  d'extradi- 
tion qui  existent  entre  les  États-Unis  et  la  plupart  des  nations 
d'Europe.  Vu  criminel  qui  s'échappe  de  sa  patrie  peut  être 
saisi  dans  tous  les  pays  où  ces  lois  existent.  Mais  admettons 
qu'un  criminel  étranger  sera  plus  en  sûreté  aux  États-Unis  : 
un  criminel  d'Amérique  ne  trouvera-t-il  pas  la  même  sûreté  en 
pays  étranger?  Ainsi  donc,  si  toutes  les  nations  interdisaient 
l'immigration,  le  nombre  des  criminels  qui  resteraient  chez 
nous  serait  bien  supérieur  à  celui  des  criminels  qu'y  introduit 
l'immigration. 


368  HIGH    SCHOOLS. 


3°  Arguments  ai  faveur  de  la  négative. 

1.  Une  augmentation  dans  notre  population  amène  une  aug- 
mentation proportionnelle  dans  notre  commerce  et  dans  notre 
revenu.  En  eflet,  plus  il  y  a  d'habitants  dans  notre  pays,  plus 
il  faut  importer  de  marchandises  pour  subvenir  à  leurs  besoins. 
De  là  une  augmentation  dans  nos  droits  de  douane,  et  comme 
une  grande  partie  des  productions  de  ce  pays  va  sur  les  marchés 
étrangers,  notre  commerce  d'exportation  se  trouve  aussi  aug- 
inenlé. 

2.  La  Chine  est  de  deux  mille  ans  en  retard  sur  nous,  et 
pourquoi?  Parce  qu'elle  s'est  enfermée  chez  elle,  se  séparant 
du  reste  du  monde,  et  qu'elle  a  interdit  aux  étrangers  la  rési- 
dence sur  son  territoire.  Ainsi  elle  n'a  pas  pu  profiter  des  pro- 
grès faits  par  des  nations  plus  civilisées  et  plus  avancées. 

Pourquoi  la  Chine  fait-elle  maintenant  des  progrès  rapides? 
C'est  parce  qu'elle  a  annulé  la  plupart  de  ces  restrictions  qui 
nuisaient  à  ses  relations  avec  les  étrangers.  Aujourd'imi  elle 
adopte  presque  toutes  les  coutumes  et  tous  les  perfectionne- 
ments des  nations  qui  lui  sont  supérieures.  Sans  cela  elle 
aurait  pu  rester  plongée  dans  son  sommeil  léthargique  pendant 
deux  mille  ans  encore. 

L'absence  d'encouragement  est  le  premier  pas  vers  l'exclu- 
sion, et  c'est  là  qu'elle  aboutit.  Or,  avec  l'exemple  de  la  Chine 
sous  les  yeux,  cesserons-nous  d'encourager  l'immigration  des 
étrangers  dans  notre  pays,  ou  en  d'autres  termes  les  re[»ousse- 
rons-nous?  Poser  la  question,  c'est  la  résoudre. 

3.  Voyez  les  milliers  d'arpents  qui  composent  nos  prairies 
de  l'Ouest;  sur  qui  comptons-nous  pour  coloniser  ce- vaste 
territoire?  Principalement  sur  l'élément  étranger.  Par  qui  les 
pays  de  l'Ouest  sont-ils  déjà  colonisés,  peuplés?  Principalement 
par  des  étrangers;  et  ces  pays  qui,  avant  leur  arrivée,  étaient 
une  charge  pour  le  gouvernement,  sont  maintenant  une  source 
de  riches  revenus  sous  la  forme  d'impôts. 

J'avance  que  tout  citoyen  américain  qui  estime  un  homme 
d'après  le  pays  oi!i  il  est  né  n'a  pas  plus  de  principes  que  celui 
(jui  laisse  influencer  son  jugement  par  des  considérations  reli- 
gieuses dans  un  pavs  où  l'on  n'exigera  jamais  le  serment  du 
test{\). 

(1)  Allusion  à  l'histoire  d'Angleterre  le  I^arleiiient  de  167^2  décrétn 
que  tout  oflicier  public  devrait  jurer   qu'il  ne  croyait  pas  à  la  trans- 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  369 

i.  La  plupart  de  nos  ouvriers  et  de  nos  travailleurs  sont  étran- 
gers. Le  travail  aboutit  au  capital,  et  le  capital  est  d'une  im- 
portance vitale  pour  la  promulgation  des  nouvelles  entreprises 
et  pour  le  soutien  de  celles  qui  existent  déjà.  Et  quoique  ce 
capital  soit  dans  les  mains  des  résidents  étrangers,  il  n'en  est 
pas  moins  dan^;  les  mains  des  citoyens  américains.  Je  ne  parle 
pas  tant  pour  le  capital  en  lui-même  que  pour  les  bienfaits 
produits  par  le  capital.  C'est  le  capital  qui  construit  nos 
écoles  au  moyen  desquelles  nous  répandons  l'instruction  dans 
le  pays.  C'est  le  capital  qui  entretient  nos  bibliothèques  pu- 
bliques et  toutes  nos  institutions  charitables. 

5.  Je  n'hésite  pas  un  instant  à  penser  qu'il  faudrait  régle- 
menter l'immigration.  On  sait  qu'un  homme  qui  se  noie  s'ac- 
crocherait à  des  pailles.  Mes  adversaires  s'accrochent  à  une 
paille  bien  mince  lorsqu'ils  disent  que  par  réglementer  on 
entend  ne  pas  encourager.  Dans  nos  écoles  publiques  tout  est 
réglementé  :  l'tàge  auquel  les  élèves  peuvent  y  entrer,  les  lois 
auxquelles  ils  sont  soumis,  le  cours  d'études  qu'ils  doivent  suivre, 
l'époque  et  la  durée  des  sessions,  les  appointements  des  pro- 
fesseurs, enfin  tout.  Cependant  nous  sommes  loin  de  ne  pas 
encourager  nos  enfants  à  fréquenter  nos  écoles.  Les  règles 
auxquelles  nous  soumettons  les  professeurs  ne  signiiîent  pas 
que  nous  ne  les  encourageons  pas  à  faire  leur  devoir.  Et  c'est 
ce  que  nous  ferions  si  réglementer  était  synonyme  de  ne  pas 
encourager. 

On  peut  demander  exactement  le  contraire,  c'est-à-dire  que 
l'immigration  soit  encouragée  par  des  règlements  convenables, 
et  assurément  nos  honoraliles  législateurs  du  Congrès  sauront 
trouver  les  moyens  de  le  faire  de  telle  sorte  que  la  quantité 
des  immigrants  qui  seront  repoussés  par  ces  règlements  soit 
amplement  compensée  par  la  qualité  de  ceux  qui  seront  encou- 
rasfés  à  venir  chez  nous. 


4."  Conclusion. 
Puisque  dans  le  cas  actuel  tout  ce  dont  on  a  besoin  est  un 


substantiation.  Celte  loi  qui  interdisait  les  emplois  publics  aux  catho- 
liques, est  connue  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Bill  du  test.  Test 
signifie  épreuve. 

{Xole  du  Traducteur.) 

24 


370  niGH  sciiooLS. 

règlement  judicieux,  il  ne  s'agit  plus  de  savoir  si  on  doit  décou- 
rager l'immigration;  c'est  un  point  établi  négativement. 


Samuel  S. 
\se  :  seize  ans. 


Aurora  (Tllinois). 


56.  —  l'immigration. 
Est-il  (le  VhUéri't  des  États-U)ns  (Je  décourager  rimnwjration  ? 

Affirmative. 

1°  Introduction. 

2"  Arguments  en  faveur  de  l'afllrmative. 

1.  Elle  corrompt  la  langue.  Elle  introduit  beaucoup  de 

coutumes  (jui  sont  adoptées  par  les  .Vméricains   el 
qui  sont  préjudicial)les  au  pays. 

2.  Elle  apporte  le  trouble  dans  le  Gouvernement  et  dans 

les  relations  sociales  et  religieuses. 

3.  Elle  profane  les  jours  qui  devraient  être  sacrés. 
3<*  Arguments  en  faveur  de  la  négative. 

1.  Elle  augmente  les  revenus  du  pays. 

2.  Elle  fournit  de  bons  ouvriers. 

3.  Elle  fortifie  le  Gouvernement. 
i.  Elle  peuple  et  embellit  le  pays. 

4."  Conclusion. 

Thèse  :  Le  bien-être  des  États-Unis  demande  qu'on  décourage 
l'immigration. 

1°  Introduction. 

Les  États-Unis  augmentent  rapidement  en  richesse,  en  puis- 
sance et  en  population.  Si  leur  prospérité  future  répond  à  leur 
prospérité  passée,  ils  ne  tarderont  pas  à  occuper  le  premier 
rang  parmi  les  nations. 

Mais  nous  ferons  bien  de  nous  arrêter  et  de  nous  demander 
si  l'on  fait  tout  ce  que  l'on  peut  faire  pour  le  pays  et  si  tout  ce 
que  l'on  fait  tend  à  son  bien.  En  d'autres  termes,  pour  aborder 
notre  sujet,  est-il  nécessaire  de  décourager  l'immigration  pour 
que  notre  pays  puisse  prospérer? 

Nous  reconnaîtrons  que  l'immigration  a  fait  beaucoup  pour 
le  pays.  C'est  elle  qui  a  contribué  à  le  mettre  dans  la  condition 
où  il  est  actuellement.  Mais  elle  a  assez  fait  et  nous  déclarons 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  371 

(jue  le  l)ieii-èlre  des  Étals-Unis  exige  qu'on  décourage  l'immi- 
gralion. 

2°  Arguments  en  faveur  de  V affirmative. 

1.  A  aucune  époque  de  notre  histoire  la  dépravation  n'a  été 
aussi  accentuée  qu'elle  l'est  actuellement.  Elle  paraît  dans  nos 
conversations  aussi  bien  que  dans  nos  actions.  Et  l'immigration 
n'a-t-elle  pas  puissamment  contribué  à  corrompre  notre  langue? 
Les  deux  tiers  de  ceux  qui  viennent  ici  n'ont  jamais  fréquenté 
une-  école  d'aucune  espèce.  Comm^  l'éducation  n'est  pas  forcée 
ici,  ils  n'essayent  pas  de  rien  apprendre  en  fréquentant  une  école. 
Us  ne  comptent  que  sur  ce  qu'ils  apprendront  des  autres.  Us 
saisissent  certaines  phrases  de  notre  langue  qu'ils  ne  com- 
prennent pas,  ils  les  contournent  à  leur  façon  et  dénaturent 
ainsi  la  phrase  primitive  qui  n'a  plus  de  sens.  C'est  ainsi  que 
nous  devons  aux  étrangers  ignorants  nos  expressions  bizarres. 
C'est  ainsi  que  notre  langue  et  notre  style  familier  ont  beaucoup 
à  souffrir  de  leur  part. 

Voilà  pourquoi  beaucoup  de  nos  habitudes  sont  si  honteuses. 
Ceux  qui  viennent  aux  Etats-Unis  apportent  leurs  coutumes 
avec  eux.  Ces  coutumes  sont  adoptées  par  les  classes  inférieures 
de  ce  pays  qu'ils  fréquentent,  et  celles-ci  les  introduisent  dans 
la  nation.  Voyez,  par  exemple,  la  coutume  de  servir  au  dîner 
des  liqueurs  spiritueuses,  qui  est  si  répandue  et  qui  est  la  source 
de  tant  de  maux.  Nous  savons  que  c'est  la  coutume  chez  les 
peuples  plus  vieux  que  nous,  et  principalement  chez  les  Alle- 
mans  et  chez  les  Irlandais.  Nos  restaurateurs  ne  sont-ils  pas 
tous  des  Allemands  ou  des  Irlandais? 

Nous  avons  assez  de  mauvaises  habitudes  nationales  sans 
que  les  immigrants  viennent  nous  en  apporter  d'autres. 

2.  D'un  autre  côté,  l'immigration  est  la  cause  de  beaucoup  de 
troubles  dans  notre  gouvernement,  dans  nos  relations  sociales 
et  dans  nos  écoles. 

Les  étrangers  ont  beaucoup  entendu  parler  de  notre  système 
de  gouvernement,  et  peut-être  pensent-ils  qu'il  y  aura  de  grands 
avantages  pour  eux  àvivre  dans  un  pays  oùil  y  a  plus  de  liberté. 
Nous  savons  bien  qu'il  leur  faudra  habiter  six  ans  ici  avant 
d'avoir  les  droits  de  citoyen.  Mais  môme  après  ce  séjour  ils 
connaissent  bien  peu  nos  lois  et  ils  votent  en  aveugles.  Voilà 
pourquoi  il  y  a  dans  les  emplois  publics  tant  d'hommes  qui  ne 
sont  pas  à  leur  place. 


372  HIGII    SCHOOLS. 

D\in  autre  côté  considérons  la  question  qui  est  actuellement 
soumise  au  peuple  :  «  Faut-il  retirer  la  Bible  de  nos  écoles?  » 

Ce  motif  de  trouble  n'a-t-il  pas  été  imaginé  par  les  étran- 
gers ignorants  et  superstitieux?  S'ils  réussissent  et  s'ils  par- 
viennent à  faire  ce  premier  pas,  à  quoi  s'attaqueront-ils  ensuite? 

3.  C'est  l'immigration  qui  a  établi  les  tirs  et  les  jardins- 
brasseries  dans  les  faubourgs  de  nos  belles  cités. 

Ces  endroits  sont  principalement  fréquentés  le  dimaiiclie  par 
les  étrangers  vulgaires  et  par  quelques  Américains  des  basses 
classes.  Ainsi  non-seulement  ils  profanent  le  jour  du  sabbat, 
mais  encore  ils  portent  préjudice  au  caractère  du  pays. 

Mais  les  étrangers  sont  ici  ;  nous  avons  adopté  jusqu'à  un 
certain  point  leurs  coutumes  et  leur  genre  de  vie;  notre  langue 
a  été  modifiée  :  on  ne  peut  pas  revenir  sur  ce  qui  a  été  fait. 
Si  nous  voulons  sauvegarder  la  réputation  et  la  moralité  des 
États-Unis,  ij  ne  faut  pas  encourager  l'immigration. 

3°  Arguments  en  faveur  de  la  négative. 

1.  On  nous  dit  que  l'immigration  augmente  la  ricbesse 
nationale  et  qu'en  l'interdisant  nous  priverons  la  caisse  de 
l'État  d'une  somme  considérable. 

Les  statistiques  prouvent  que  le  gouvernement,  depuis  son 
origine,  a  reçu  de  ce  côté  sept  milliards  de  dollars,  ^''oublions 
pas  qu'il  faut  défalquer  de  cette  somme  ce  qu'on  a  été  ol)ligé 
de  paver  pour  l'entretien  des  étrangers  dans  les  liospices,  dans 
les  prisons  et  dans  les  bôpilaux.  Ce  cbapitre  du  budget  exige 
un  revenu  assez  considérable. 

2.  On  dit  que  l'innnigration  nous  fournit  nos  meilleurs 
ouvriers,  que  nos  fabriques  de  voitures  et  nos  autres  manufac- 
tures sont  remplies  de  gens  de  cette  classe. 

Nous  admettons  qu'ils  forment  une  classe  de  bons  ouvriers. 
Mais  la  plupart  d'entre  eux  ne  le  deviennent  qu'après  avoir  été 
instruits  et  exercés  par  les  Américains.  Ils  possèdent  le  talent, 
mais  il  faut  que  ce  talent  soit  développé  par  l'éducation. 

Quelques  personnes  prétendent  que  l'immigration  fortifie  le 
gouvernement.  Elles  disent  que  les  immigrants,  venant  d'un 
pays  3Ù  il  y  a  un  abîme  entre  les  hautes  classes  de  la  société 
et  le  peuple,  et  voyant  qu'ici  tout  le  monde  a  les  mêmes  droits, 
s'éprennent  d'affection  pour  notre  système  de  gouvernement, 
et  font  tous  leurs  efforts  pour  le  soutenir. 

Cela  peut  être  vrai.  Mais  il  y  a  beaucoup  de  lois  qu'ils  s'ob- 


COMPOSITIONS    POLITIQUES.  373 

slinent  à  violer,  et  ils  ne  manquent  pas  de  le  faire  lorsqu'ils 
peuvent,  par  un  moyen  quelconque,  échapper  au  châtiment. 
Puis  on  dit  que  nos  lois  ne  sont  pas  assez  sévères  ! 

3.  Beaucoup  de  personnes  pensent  que  l'immigration  est 
un  bienfait  pour  le  pays  parce  qu'elle  contribue  à  le  peupler 
et  à  Tembellir.  Nous  savons  qu'il  ne  s'écoule  pas  beaucoup  de 
temps  avant  que  les  plus  Agés  des  immigrants  s'établissent 
dans  quelque  ville,  où  ils  obtiennent  une  petite  maison  et  peut- 
être  un  petit  champ  de  terre.  Tous  les  ans  ils  augmentent  leur 
propriété  et  finissent  par  voir  le  luxe  s'établir  à  leur  foyer. 
Une  telle  conduite  ne  contribue  pas  seulement  à  la  richesse  de 
la  ville,  elle  contribue  aussi  à  son  embellissement. 

Nous  savons  que  le  pays  est  grand  et  que  c'est  une  belle 
chost;  de  le  peupler  entièrement,  mais  encore  est-ce  bien 
nécessaire"?  Et  faut-il  sacrifier  la  réputation  de  notre  pays  à  sa 
l'ichesse,  à  sa  puissance  et  à  sa  beauté  ? 

l"  Conclusion. 

Dans  ce  siècle,  où  l'on  n'a  d'amour  que  pour  l'argent,  où  le 
vice  se  montre  sous  toutes  ses  formes,  nous  devrions  arrêter 
sur  nos  frontières,  toutes  les  fois  que  cela  est  possible,  tout  ce 
qui  tend  à  causer  un  préjudice  à  notre  pays. 

isous  ne  disons  pas  qu'il  faut  interdire  l'immigration,  car 
cela  est  impossible  ;  mais  nous  déclarons  que,  vu  la  déprava- 
tion des  États-Unis,  le  bien-être  futur  de  ce  pays  exige  que 
l'immigration  soit  découragée. 

C. 

Age  :  seize  ans. 
Aurora  (IHinoisi. 


O/.    —   ACTUALITES. 

Quest.  1 .  —  Comment  se  propose-t-on  de  célébrer  le  cen 
tième  anniversaire  de  notre  indépendance  nationale,  et  quels 
préparatifs  a-t-on  déjà  faits  en  vue  de  cet  événement  ? 

Rép.  —  Le  centième  anniversaire  de  notre  indépendance 
nationale  sera  célébré  par  une  grande  Exposition  qui  aura  lieu 
à  Philadelphie  cet  été  et  cet  automne.  Un  grand  nombre  des 
bcàtimenls  sont  déjtà  terminés  et  l'on  y  a  transporté  beaucoup 
des  ohjets  qui  doivent  être  exposés. 


37i  TIIGH    SCHOOÎ.S. 

Quest.  ^.  —  Nommez  ()ua(rc  des  j)lus  émiiients  candiclals 
pour  la  prochaine  éleclion  présidentielle.  Indiquez  leur  tilre 
officiel  actuel  et  diles  dans  quels  Etals  ils  demeurent. 

Ri')).  —  Uoscoe  Cenkling,  sénateur  pour  New  York  ;  Blaine, 
meml)re  de  la  Chambre  des  repi'ésentants  pour  le  Maine  ;  le 
général  Ilendricks,  d'iiuliaua,  et  G.  H.  Curlis,  rédacteur  en 
chef  du  llarpcrs  Weehiy,  et  qui  est  aussi  un  grand  orateur, 
sont  candidats  à  la  l*résidence, 

Quesit.  3.  —  Nommez  deux  personnages  distingués  morts 
récemment. 

Rép.  —  Charlotte  Cushman  et  lîeverdy  Johnson. 

Quest.  i.  —  Quelles  sont  les  fraudes  et  les  opérations  délic- 
tueuses dont  les  Rings  (1)  politiques  se  sout  rendus  coupables 
dans  ces  derniers  temps  ? 

Rép.  — On  peut  citer  l'association  pour  la  fraude  du  whisky, 
la  iMine  Eunna,  et  les  concussions  de  Belknap  sur  les  marchés 
passés  avec  les  fournisseurs  de  l'Etaî. 

Qnest.  5.  —  Noiumez  quatre  membres  du  cabinet  du  Prési- 
dent Grant.  Diles  quel  changement  a  eu  lieu  récenuuent  et 
pourquoi  ? 

Rép.  —  Secrétaire  d'Etat  :  Ilamillou  Fisli  ; 

Secrétaire  de  rinlérieur  :  Chaiuller  ; 
Secrétaire  de  la  Guerre  :  .Vlphonse  Saft. 
Secrétaire  de  la  3Iarine  :  Robesen. 

Belknap,  le  dernier  ministre  de  la  Guerre,  étant  accusé  de 
malversations,  a  donné  sa  démission;  Saft  a  été  élu  à  sa  place. 

Quest.  G.  —  Nommez  quatre  grands  journalisles  du  jour  et 
dites  dans  quels  journaux  ils  écrivent. 

Rép.  —  George  \Villiam  Curtis,  rédacteur  en  chef  du  Har- 
per's  Weeklij;\s"\\\lvim  Bryant,  rédacteur  eu  chef  du  Xen^  York 
Post  ;  Whitelan  lîeed,  rédacteur  en  chef  de  la  Tribune,  et 
Jones,  l'édacteur  en  chef  du  Times. 

Quest.  7.  —  Nommez  quatre  grands  poêles  américains  et 
trois  grands  prosateurs. 

Rép.  —  Longfellow,  Whittier,  Bryant  et  M'"^  Downing  sont 
d'illustres  poêles  américains;  C.  L.  Clemeus,  Georges  Bancroft 
et  ....  {"2)  sont  d'illustres  prosateurs. 

(1)  On  appelle  ainsi  en  Aniériipie  des  associations  de  spéculateurs 
qui  enipIoieiU  tous  les  moyens  pour  se  rendre  maîtres  du  marché. 

(Xote  du  Traducteur.) 

(2)  Le  troisième  nom  est  illisible. 


COMPOSITIONS   POLITIQUES.  375 

Qucst.  8.  —  Nommez  quatre  ecclésiastiques  éminents  et  deux 
jurisconsultes  célèbres. 

Rép.  —  Dick  Stows,  Charles  Hodge,  l'évêque  Simpson  et 
l'évêque  Cox  sont  des  ecclésiastiques  éminents. 

Dudlay  Fields  et  Evarts  sont  des  jurisconsultes  célèbres. 

Qnest.  9.  —  Nommez  six  membres  du  Sénat  des  États-Unis, 
-et  dites  par  quels  P^tats  ils  ont  été  nommés. 

Quest.  10.  —  Citez  deux  accidents  épouvantables  (jui  ont 
eu  lieu  dernièrement. 

Rép.  —  L'incendie  de  Brooklyn,  à  Thospice  des  Vieillards  ; 
la  collision  des  bateaux  à  vapeur  dans  la  Manche  ;  le  cyclone, 
■dans  le  Wisconsin,  sont  des  désastres  récents. 

Gertrude  C. 
Age  :  quinze  ans. 
Corrv  (Pennsylvanie). 


58.    —   LES   ÉLECTIONS   EX    FRANCE. 
(Fragment  d'un  devoir  donné  aux  élèves  des  trois  classes.) 

Nous  nous  bornerons  à  extraire  d'un  long  devoir  intitulé  : 
yonielles  courantes,  l'avant-dernière. des  15  questions  qui  le 
composent.  Les  autres  ont  trait  aux  discussions  politiques  des 
États-Unis  à  l'occasion  des  élections  présidentielles  et  à  divers 
événements  célèbres  de  l'année  précédente. 

Qxest.  U.  —  En  faveur  de  qui  a  été  le  résultat  des  dernières 
élections  en  France  ? 

Voici  les  réponses  de  la  classe  supérieure  (^5  élèves,  âge 
moyen  :  16-18  ans)  : 

1.  En  faveur  des  carlistes; 

2.  —         des  conservateurs  ; 

3.  —        des  communards  ; 
-l.         —         des  républicains; 

5.  —  des  communistes  ; 

6.  —  des  démocrates  ; 

7.  —  du  gouvernement  républicain; 
•8.  —  du  parti  républicain  ; 

9.         —         des  royalistes  ; 

lu.         —         du  parti  qui  élit  des  sénateurs  à  vie  ; 
Jl.         —         du  parti  de  Tinstructioa  gratuite  et  obliga- 
toire (free  school); 


376  HIGH    SCHOOLS. 

12.  Eu  faveur  des  républicains; 

13.  —         des  impérialistes; 

14..         —         du  parti  conservateur  ; 

15.         —         du  parti  conservateur  qui  est  le  inème  que  le 

parti  républicain. 
10  élèves  n'ont  pu  répondre. 

Dans  les  classes  inférieures,  presque  tous  les  élèves  (filles  et 
g-arçons)  ont  déclaré  ne  pouvoir  répondre.  Un  d'entre  eux 
(onze  ans)  trouve  la  question  trop  difficile. 

Plymouth  (Iiidiuna).  Iligli  school  pour  les  deux  sexes  (1). 


4'^  SECTION  :  COMPOSITIONS  LATINES. 

\i,  —  Vendions   cl  ThèsBie.*»  latins. 

59.  —  VERSIOiNS   ET   EXERCICES. 

1.  Faites  la  traduction  littérale  et  en  bon  anglais  du  [tassage 
suivant  de  César  : 

((  Palus  erat  nonmagna  inter  nostrum  atcpie  liostiuni  exei'citum. 
Ilanc  si  nostri  transirent,  liostes  expectabant  ;  noslri  auteni,  si 
ab  illis  initium  transeundi  fieret,  ut  impeditos  aggrederentur, 
parati  in  arniis  erant.  Intérim  pradio  equeslri  inter  duas  acies 
contendebalur.  Ubi  nostri  transeundi  initium  faciunt,  secun- 
diore  equituni  prœlio  nostris  Ca3sar  suos  in  castra  reduxit. 
Hostes  protinus  ex  eo  loco  ad  flumen  Axonam  conlenderunt, 
quod  esse  post  nostra  castra  denionstratum  est.  Ibi,  vadis 
repertis,  partem  suarum  copiarum  transducere  conati  sunt,  eo 
consilio,  ut,  si  possent,  castellum,  cui  prœerat  Quintus  Titurius 
legatus,  expugnarent,  pontemque  interscinderent  ;  si  minus 
potuisselit,    agros  Remorum  popularentur,  qui   magno    nobis 

(1)  Ce  devoir  se  trouve  dans  le  uièuie  caliier  que  les  exercices  de 
traduction  latine,  où  les  élèves  les  plus  avancés  (dix-huit  ans)  ont 
pour  version  : 

Aniuliii.s,  nt  regnum  fmnisslme  possideret,  Xuniiloris  filium  per 
hmdlas  interemit. 

Et  à  cette  occasion  ils  déclinent  ants  (dont  ils  font  au  pluriel  aves). 
et  maier  (génitif  pluriel,  matrium). 


VERSIONS    ET    THÈMES    LATLXS.  377 

usui  ad  belluni  gerendum  erant  commeatuque  nostros  prohi- 
bèrent. » 

2.  Indiquez  tous  les  verbes  du  passage  précédent  qui  sont 
au  subjonctif,  et  dites  pourquoi  on  a  employé  ce  mode. 

3.  Nommez  aussi  les  noms  qui  sont  à  l'ablatif  et  dites  pour- 
quoi on  a  employé  ce  cas. 

i.  Analysez  transeundi  dans  la  seconde  phrase. 

5.  Nommez  tous  les  verbes  composés,  et  dites  comment  ils 
sont  composés. 

6.  Oîi  est  la  rivière  Axona? 

7.  Qu'étaient  les  Rémi? 

8.  Quelles  troupes  les  Romains  avaienl-ils  à  combattre  à 
l'époque  dont  parle  ce  récit"? 

9.  .Analysez  gerendum  dans  la  dernière  phrase. 

10.  Corrigez  les  fautes  de  construction,  s'il  y  en  a,  dans  les 
phrases  suivantes,  et  donnez  les  raisons  de  vos  corrections. 

Homo  magnos  habet  adjumenta  ad  obtinendum  sapientiam. 
Is  labor  utilis  est  qua?  auctorem  laudem  fert.  alios  utilitatem. 
Quid  dicere  nescio. 

Stellarum  tantus  multitude  est  ut  numerari  non  possunt. 
Vereor,  ut  labores  tuos  augeam. 

11.  Traduisez  en  latin  les  phrases  suivantes  : 
(f.  To  live  well  is  to  live  honorably.  » 

«  Lycurgus  appeared  the  defender  of  his  country.  » 
«  We  assist  him  with  delight  who  bas  assisted  us.  » 
«  We  live  not  merely  for  ourselves,but  also  for  our  country 

and  other  men.  » 

«  The  laws  we  obey,  not  froni  fear,  but  we  follow  them 

because  we  judge  this  is  most  salutary.  » 

12.  Indiquez  dans  le  passage  suivant  les  mots  dérivés  du 
latin,  et  donnez  pour  chacun  d'eux  la  racine  latine. 

«  "Where  an  individual  is  the  sovereign,  there  is  room  for  an 
appeal  to  magnanimity,  to  benevolence,  to  the  love  of  glory; 
where  the  privilège  of  self-government  is  enjoyed,  a  permanent 
interest  is  sure  to  gaia  the  ultimate  ascendency;  but  corpo- 
rate  ambition  is  deaf  to  mercy  and  insensible  to  shame  (1).  » 

(1)  Traduction  :  «  Lorsque  la  souveraineté  est  confiée  à  un  monar- 
que, on  peut  faire  appel  à  sa  magnanimité,  à  sa  bienveillance,  à  son 
amour  de  la  gloire  ;  lorsque  l'on  jouit  d'un  self-government,  un 
intérêt  permanent  ne  manquera  pas  de  prendre  en  dernier  lieu  le 
premier  rang;  mais  l'ambition  de  parti  est  sourde  à  la  pitié  et  insen- 
sible à  la  honte.  » 


oib  IIIGH    SCHOOLS. 

13.  Dans  le  passage  précédent,  remplacez  chaque  mot  d'ori- 
gine latine  par  un  autre  mot  anglais  ayant  la  même  racine  latine. 

14.  Traduisez  le  passage  suivant  de  Cicéron  : 

«  Nunc,  Patres  conscripti,  ego  mea  video  quid  intersit.  Si  eritis 
secuti  sentcntiam  C.  C;esaris,  quoniam  iianc  is  in  re  publica 
viam,  quaî  popularis  habetur,  secntus  est,  fortasse  minus  erunt 
hoc  auctore  et  cognitore  hujusce  sententiaî  milii  populares  im- 
petus  pertimescendi  :  sin  illam  alteram,  nescio,  an  amplius 
milii  negotii  conlrahalur.  Sed  tameu  meoruni  periculorum 
rationes  utilitas  rei  publiciie  vincat... 

»  Etenim  qua^ro,  si  quis  pater-familias,  liberis  suis  a  servo 
interl'ectis,  uxore  occisa,  incensa  domo  supplicium  de  servis 
({uam  acerbissimum  sumpserit,  utrum  is  clemens  ac  misericors, 
an  inhumanissimus  et  crudelissimus  esse  videatur?  Mihi  vero 
importunus  ac  ferreus,  (jui  non  dolore  ac  cruciatn  nocenlis 
suum  dolorem  cruciatumque  lenierit.  » 

15.  Dans  quelles  circonstances  les  paroles  ci-dessus  lurent- 
elles  prononcées  ? 

16.  Quelle  était  «  l'opinion  de  César  »  à  laquelle  il  est  fait 
allusion? 

i".  Indiquez  tous  les  ablatifs  absolus  du  passage  oi-dessus. 
18.  Traduire  et  scander  dix  vers  de    Virgile   [Enéide,  u, 
557-5G6). 

San-Francisco  (Californie).   Hi-ih  scliool. 


60.  —  EXAMEN    DE   LATIN. 
(Degré  inférieur.) 

1.  Traduisez  :  Non  omnis  ager  qui  seritur  fort  fruges. 
Alii  me  laudabant,  alii  culpabant. 

2.  Analysez  tous  les  mots  de  la  première  phrase. 

3.  Donnez   les    temps    principaux  de    siiin,  possnm,  fero, 
volo,  nolo,  malo,  fio,  eo. 

•i.  Conjuguez  le  présent  et  le   fntur  dt»  Tindicatif  de  snm, 
fero,  eo,  volo. 

5.  Traduisez  :  I  am  able  to  read,  but  not  to  write.  The  boys 
were  cast  into  the  Tiber  (1) 
Clevelund  (Oliioi. 

(Ij  Je  sais  lire,  mais  non  écrire.  Les   garçons  furent  jetés  dans  le 
Tibre. 


VERSIONS    ET    THÈMES  LATINS.  379 


01.  —  A5-TRE   EXAMEN. 

''-i*  année.; 

1.  InJitjuez  sominaii'enient  le  sujet  du  premier  et  du  second 
livre  de  VÉnéide. 

2.  Traduisez  les  vers  627-636  du  premier  livre  de   VÉnéide. 

3.  Donnez  les  temps  principaux  de  tous  les  verbes  de  ce 
passage,  et  indiquez  les  dérivés  anglais  de  dix  mots. 

i.  Faites  l'analyse  logique  depuis  le  vers  628  jusquau 
vers   632. 

5.  Traduisez  les  vers  62i-r)31  du  dixième  livre.  Indiquez 
toutes  les  ligures  de  rhétorique  qui  s'y  trouvent. 

6.  Analysez  verii,  onuim,  coinam,  vertice,  jugis. 

7.  Marquez  la  ({uanlité,  indiquez  les  syllabes  et  les  pieds 
des  cinq  premiers  vers  de  ce  passage. 

8.  (Question  particulière  au  cours  classique.)  Traduisez  le 
passage  d'Ovide,  mort  de  Phaéton  :  Ut  vero  sunuiio  despexit 
ab  œthere  terras,  et  les  cinq  vers  qui  suivent. 

Traduisez  les  vers  606-617  du  dixième  livre  de  VÉnéide. 

«  CtCsar  singulis  legionibus  singulos  legatos  et  quœstorem 
prœfecit,  uti  eos  testes  su»  ([uisque  virtutis  haberet.  Ipse  a 
dextro  cornu,  quod  eam  partem  minime  firmani  hostium  esse 
animadverterat,  prœlimn  commisit.  Jla  nostri  acriter  in  hostes, 
sigiio  dalo,  impetum  fecerunt  ;  itaque  hostes  repente  celeri- 
terque  procurrerunt,  ut  spatinm  pila  in  hostes  conjiciendi 
non  daretur.  Kejeclis  pilis,  cominus  gladiis  pugnatum  est;  at 
Germani  celeriter  ex  consuetudine  sua  phalange  facta,  impetus 
gladiorum  exceperunt.  Reperti  sunt  complures  nostri  milites 
qui  in  phalangas  insilirent,  et  scuta  manibus  revellerent,  et 
desuper  vulnerarent.  »  (Ciesar,  De  bello  gallico,  liv.  I,  eh.  m.) 

Faire,  sur  ce  passage  de  César,  le  travail  suivant  : 

Vous  placerez  le  régime  direct  des  verbes  et  le  complément 
des  prépositions  à  droite  des  mots  qui  les  régissent.  Vous 
placerez  tous  les  autres  mots  modiiiés  au-dessus  des  mots  qui 
les  modifient. 

Cleveland  (Ohio).  High  school. 


380  HIGH    SCIFOOLS. 

&2.  —  EXAMi:.\   ÉCRIT. 
({"  année.) 

1.  Traduisez  eu  anglais  les  phrases  suivantes  et  analysez  les 
mois  qui  sont  eu  itali(iue. 

1.  Pueri  boni  parentes  sxos  amant. 
5.  Rex  magnum  auri  pondus  habuerat. 
3.  Tullusbellum  indixit. 
ï.  Legatio  bénigne  audita  est. 

2.  Traduisez  eu  latin  les  phrases  suivantes  : 

1.  Thèse  books  delighted  us  (1). 
!2.  Do  you  uot  goveru  your  mind? 
3.  You  will  bave  true  friends. 
i.  Ilanuibal  led  the  army  into  Italy. 
Washingi^on  (District  de  Columbia).  High  scliool. 


63.  —  GREC. 
(Cours  de  3^  degré.) 

1.  Traduisez  :  'Axo-jcravreç  os  taOTa,  ot  atpc-îo^  h.vxyyi'iXo'jni.  toi; 
crToaTitoTai:-  xoî;  oï 'jT^o'h'.y.  [xàv  y-jV  oxi  aY£i  T^po?  ^ao-OvIa  oij.w;Ôs  k'ooxec 
sTcsaOai.  jrpoTa'.ToOo-'.  oï  [xtfxOov  6os  KOpo?  -jTTKT'/vsÎTat  Yj[j.i6Atov  7:a<n 
Ôcûcreiv  ou  TrpoTspov  sçepov  àvt\  ôapsiv.oO  03  £7r\  |3a(T'.).£a  ayot,  oOoe  Tp-'a 
r,[ji,ioap£'.y.à  ToO  iJ.r,voç  tcT)  o-ipaTuoTr/  oï'.  svxaOOa  r,xovi7Sv  oùostç  cVVcTÔ) 

Traduction  :  «  Ayant  entendu  ces  choses,  les  ambassadeurs  les 
annoncent  aux  soldats;  quelques-uns  soupçonnaient  bien  qu'il 
les  conduirait  contre  le  roi,  mais  ils  croyaient  cependant  devoir 
le  suivre,  seulement  ils  demandent  un  supplément  de  paie. 
Cyrus  promet  qu'il  leur  donnera  moitié  plus  qu'ils  n'avaient 

(1)  1.  Ces  livres  nous  charmèrent. 

2.  IS'êtes-vons  pas  maître  de  vos  désirs. 

3.  Vous  aurez  des  amis  fidèles. 

•4.  Annibal  conduisit  l'armée  en  Italie. 

Washington  (District  de  Columbia).  Wgh  Schooh. 


TRADUCTION  EN  FORME  DE  DRAME.        381 

jamais  reçu,  au  lieu  d'une  darique,  trois  et  demie  par  mois  et 
par  tète.  Mais  personne  ne  lui  entendit  dire  même  alors,  du 
moins  ouvertement,  qu'il  les  mènerait  contre  le  roi.  » 
:2.  Analysez  tous  les  verbes  de  ce  morceau. 
3.  Traduisez  les  deux  phrases  suivantes  : 
^Yhat  is  a  greater  blessing  to  men  than  self-control. 

Ti  £<7T'.  [izi^ov  ayaOov  àvOpwTio'.:  TWçpoT-jvr,;- 
The  stone  which  we  call  magnet  draws  iron. 

'H  a;'6o;  r,v  ^'x^rr^'-çj  y.aAoO;j.£v  ays',  tov  (7''or,pov. 

Helex  W. 

Age  :  quinze  ans. 
Sliclby\ille  (Tennessee),  lligli  school  et  collège. 


VII.  —  Tradtietiou  libre. 

61.  — LE   i"   LIVRE    DE   L'Éuéldi'  DE  VIRGILE  TRADUIT   EX    FORME 
DE  DRAME   ANGLAIS,    EX   TROIS   ACTES   (1). 


PERSONNAGES  : 

DiDON Reine  de  Carthage. 

AxxA Sœur  de  Didon. 

ÉxÉE Chef  des  Troyens. 

lARBAS Amant  malheureux  de  Didon. 

Barcé Nourrice  de  Sichée. 

.Jupiter  , Roi  des  dieux. 

Juxox Reine  des    dieux. 

VÉNUS Déesse  de  l'amour. 

Mercure Messager  des  dieux. 

Isis Messagère  de  Jimon. 

il)  L'ouvrage  suivant  est  le  résultat  d'examens  passés  conformé- 
ment à  la  méthode  régulière  suivie  dans  cette  école. 

Les  traductions  suivantes  sont  un  travail  complètement  individuel, 
et  l'honneur  en  revient  aux  élèves  dont  les  noms  sont  écrits  sur  la 
page  de  titre, 

(A.  W.  Thompsox,  directeur  de  la  High  School.) 


38:2  HIGH    SCHOOLS. 


ACTE   P15EMIE[{. 

(Cartha2;e.    Les  premières  heures   du    matin.  Didon   et  Anna  dans  un 
appartement  [larticulier  du  palais.) 

SCÈNE  l'IlKMlP.RE. 

DIDON,  se  levant  de  la  couche  où  elle  )ia  pu  trouver 
le  souiuieil. 

Ma  sœur  Anna,  quels  rêves  troublent  mon  esprit  ag-ité  !  (Jur 
penses-tu  de  l'hôte  illustre  qui  est  venu  nous  demander  l'hos- 
})ilalité.  Que  ses  traits  sont  nobles!  Quelle  bravoure!  Quels 
exploits!  Je  crois  vrainient  qu'il  est  de  la  race  des  dieux. 

La  crainte  trahit  les  âmes  vulgaires.  Hélas!  quels  malheurs 
il  a  traversés.  De  quelles  terribles  guerres  il  parle  !  Si  je 
n'avais  pas  pris  la  résolution  de  renoncer  au  mariage  depuis 
que  mon  premier  mari  m'a  abandonnée  en  mourant,  si  je  n'étais 
pas  fatiguée  de  la  vie  conjugale  et  des  torches  de  l'hymen,  je 
pourrais  peut-être  me  laisser  entraîner  i\  commettre  cette 
faute.  Anna,  j'avouerai  que,  depuis  la  triste  fin  de  mon  malheu- 
reux époux  Sichée ,  depuis  le  jour  oii  nos  pénates  ont  été 
ensanglantés  par  la  main  d'un  frère,  cet  homme  seul  a  eu  de 
l'influence  sur  mon  esprit  et  a  fait  battre  mon  faible  cœur.  Je 
sens  revivre  mon  ancienne  passion.  Mais  souhaitons  plutôt  que 
la  terre  s'entr'ouvre  jusqu'à  ses  dernières  profondeurs,  ou  que 
le  Père  tout-puissant  me  frappe  de  ses  foudres  et  me  précipite 
dans  les  ombres,  dans  les  ombres  pâles  de  l'Erèbe  et  dans  la 
nuit  éternelle,  avant  que  je  te  viole,  ô  chasteté,  ou  que  je 
m'afl'ranchisse  de  tes  lois.  Celui  cà  (jui  je  fus  unie  pour  la  pre- 
mière fois  a  mon  affection,  (ju'il  la  conserve  jusque  dans  la 
tombe.  {Elle  pleure.) 

ANNA  {elle  l'embrasse). 

0  ma  sœur,  toi  qui  m'es  plus  chère  que  la  vie,  veux-tu  lan- 
guir dans  un  chagrin  éternel  et  l'enoncer  pour  toujours  aux 
douces  caresses  des  enfants  et  aux  faveurs  de  Vénus?  Penses- 
tu  que  les  cendres  de  Sichée  ou  que  ses  nicànes  dans  leur  tom- 
beau se  soucient  de  ces  sacrifices  ?. Je  veux  bien  qu'aucun  des 
amants  de  Libye,  qu'aucun  de  ceux  qui  se  sont  présentés  au- 
paravant dans  Tyr  n'ait  pu  toucher  ton  triste  cœur  ;  je  veux 


TRADUCTION  EX  FORME  DE  DRAME.        383 

bien  que  tu  aies  dédaigné  larbas  et  d'autres  chefs  que  nourrit 
la  belliqueuse  Afrique  ;  mais  repousseras-tu  aussi  un  amour 
qui  te  plaît?  Considère  dans  quel  pays  tu  t'es  établie.  D'un 
côté  tu  es  entourée  par  les  villes  des  Gétules,  race  indomp- 
table dans  la  guerre,  par  les  cruels  Numides  et  les  Syrtes  in- 
hospitaliers. De  l'autre  côté  est  un  désert  brûlant  et  le  Barcéen, 
qui  répand  au  loin  ses  ravages. 

Ai-je  besoin  de  parler  des  guerres  qui  se  préparent  dans 
Tyr  et  des  menaces  de  ton  frère?  Je  crois,  en  vérité,  que  c'est 
sous  les  auspices  des  dieux  et  avec  la  protection  de  Junon  que 
les  vaisseaux  troyens  ont  navigué  jusqu'ici.  Gomme  tu  rendras 
celte  ville  illustre,  ma  sœur,  quel  grand  royaume  tu  fonderas 
avec  un  tel  époux  !  Quels  exploits  les  Carthaginois  accompliront 
s'ils  s'unissent  aux  Troyens  !  Gagne  la  faveur  des  dieux  en 
offrant  un  sacrifice,  puis  fais  tous  tes  efforts  pour  plaire  à  cet 
étranger  et  cherche  des  prétextes  pour  le  retenir  jusqu'à  ce 
que  l'humide  Orion  obscurcisse  le  ciel  et  que  les  tempêtes  fa- 
tales aux  vaisseaux  soient  déchaînées  sur  la  mer. 

SCÈNE  II. 

{Les  cieux.  Junon,  s'apercevant  de  la  passion  de  Didon,  aborde  Vénus 
et  lui  adresse  dos  paroles  perfides.) 

JUNON. 

En  vérité,  vous  et  votre  fils,  vous  méritez  de  grands  éloges 
et  de  nobles  récompenses.  Votre  divinité  sera  grande  et  illustre 
si  une  mortelle  est  vaincue  par  le  stratagème  des  dieux.  Je  le 
vois  bien,  vous  avez  craint  nos  murailles  et  vous  avez  regardé 
d'un  œil  jaloux  les  murs  de  la  superbe  Carthage.  Mais  quand 
cessera  votre  méfiance?  Quel  autre  but  voulez-vous  atteindre? 
Célébrons  plutôt  un  mariage  et  signons  un  traité  de  paix  éter- 
nelle. Vous  avez  obtenu  ce  que  vous  désiriez  de  tout  votre 
cœur,  l^a  passion  brûlante  s'est  emparée  de  la  tendre  Didon  et 
la  consume  tout  entière.  Partageons-nous  donc  l'empire  sur 
cette  nation;  que  Didon  obéisse  aux  lois  d'un  époux  Phrygien, 
et  qu'elle  vous  donne  en  dot  l'empire  de  ïyr. 

VÉNUS,  à  pari. 

Ha!  ha!  elle  ne  sait  pas  que  je  m'aperçois  de  son  artifice. 
(Haut.)  Serais-je  assez  insensée  pour  rejeter  vos  propositions 
et  pour  vouloir  prolonger  la  guerre  avec  vous?   En  vérité. 


384  iiiGii  sciiooLS. 

votre  projet  inei»l<iîl,  si  seulement  la  fortune  sourit  à  vos  plans. 
Mais  je  doute  (jue  Ju}»iter  désire  voir  les  Tyrienset  les  Troyens 
habiter  dans  la  même  ville,  ou  qu'il  approuve  l'union  et  l'al- 
liance des  deux  nations.  Vous  êtes  son  épouse.  C'est  à  vous 
qu'il  convient  de  fixer  sa  volonté  par  vos  prières.  Allez,  je 
vous  suivrai. 

JUXON. 

Ce  soin  me  regarde.  Maintenant  écoutez-moi  et  je  vous  dirai 
en  peu  de  mots  comment  nous  pouvons  accomplii'  notre  projet. 
Enée  et  l'infortunée  Didon  se  préparent  à  aller  chasser  dans  la 
forêt  aussitôt  que  le  soleil  de  demain  éclairera  la  terre  de  ses 
rayons.  Pendant  que  les  chasseurs  à  cheval  courrojit  çà  et  là 
en  couvrant  le  bois  de  leurs  fdets,  je  ferai  fondre  sur  eux  un 
violent  orage  de  pluie  et  de  grêle  et  j'ébranlerai  le  ciel  par  le 
bruit  du  tonnerre.  Leurs  compagnons  se  disperseront  de  tous 
côtés,  les  ténèbres  envelopperont  la  terre.  Didon  et  le  chef 
Troyen  iront  se  réfugier  dans  la  même  grotte.  Je  serai  là,  et, 
avec  votre  permission,  je  les  unirai  par  un  lien  indissoluble  et 
je  la  déclarerai  son  épouse.  f^'IIymen  sera  aussi  présent. 

SCÈNE  m. 

(En  >'umidie.  Le  temple  de  Jupiter.  La  Renommée  aux  mille  yeux 
toujours  ouverts,  aux  mille  oreilles  toujours  attentives  et  aux 
mille  langues  toujours  parlantes,  a  fait  connaître  à  larbas  l'union 
d'Éuée  et  de  Diilon.) 

lARBAS  {il  lève  les  mains  au  ciel). 

0  Jupiter  tout-puissant,  toi  à  qui  la  race  mauritanienne  offre 
maintenant  des  sacrifices  et  fait  des  libations  de  vin,  vois-tu 
ces  choses?  Ou  bien  est-ce  en  vain  que  nous  tremblons  lorsque 
tu  lances  tes  foudres,  ô  mon  père  ?  Est-ce  en  vain  que  les 
éclairs  sillonnent  la  nue,  et  ne  produisent-ils  que  des  foudres 
impuissantes.  Cette  femme,  jadis  errante  sur  mes  rivages,  qui, 
pour  une  petite  somme  d'argent,  s'y  est  bâti  une  ville,  à  qui 
nous  avons  donné  une  partie  de  notre  frontière  pour  la  cultiver, 
et  qui  n'a  pu  s'y  établir  qu'en  acceptant  les  conditions  que 
nous  lui  avons  imposées,  cette  femme  a  osé  repousser  nos  pro- 
positions de  mariage  et  elle  a  reçu  dans  son  royaume  Enée 
pour  époux.  Et  maintenant  ce  Paris,  avec  sa  suite  efféminée  et 
sa  coiffure  de  3Iéonie,  sa  mitre  attachée  sous  le  menton  et  ses 


TRADUCTION  EN'  FORME  DE  DRAME.        385 

cheveux  parfumés,  a  pris  possession  de  sa  proie  ;  pendant  que 
nous ,  nous  offrons  tous  les  jours  des  sacrifices  dans  ton 
temple,  et  nous  entretenons  une  piété  Lien  inutile,  parbleu! 

(Il  embrasse  les  autels.) 

SCÈNE  IV. 

L'Olympe.  Jupiter  sur  son  trône  royal.  Touché  des  plaintes   amères 
de  larbas,  il  appelle  Mercure.  Mercure  entre. 

JUPITER. 

Hàte-toi,  mon  fils,  appelle  les  zéphyrs,  descends  sur  la  terre 
de  toute  la  rapidité  de  tes  ailes  et  porte  ce  message  au  chef 
Dardanien,  qui  s'arrête  dans  Carthage  la  Tyrienne  et  qui  ne 
songe  pas  aux  villes  que  les  destins  lui  ont  données.  La  belle 
Vénus,  sa  mère,  nous  promettait  mieux  de  lui,  et  ce  n'est  pas 
dans  ce  dessein  qu'elle  l'a  sauvé  deux  fois  des  armes  des  Grecs. 
Elle  croyait  qu'il  serait  le  héros  qui  devait  gouverner  l'Italie, 
féconde  en  empires  et  ardente  à  la  guerre,  perpétuer  la  race 
issue  du  noble  sang  deTeucer,  et  mettre  l'univers  sous  son  joug. 
Si  la  gloire  des  grands  exploits  ne  le  touche  pas,  s'il  ne  veut 
rien  entreprendre  pour  son  propre  renom,  ira-t-il  priver  son 
fils  Ascagne  des  citadelles  romaines?  Que  fait-il?  Dans  quel 
espoir  séjourne-t-il  au  milieu  d'un  peuple  hostile,  oubliant  le 
royaume  d'Ausonie  et  les  champs  de  Lavinium?  Qu'il  mette  à 
la  voile  :  tels  sont  mes  ordres;  que  cela  soit  notre  message. 

SCÈNE  V. 

Faubourgs  de  Carthage.  —  Enée  est  occupé  à  agrandir  la  ville. 
Entre  Mercure. 

MERCURE. 

Te  voilà  donc  occupé  à  poser  les  fondements  de  la  superbe 
Carthage,  et  ton  afi'ection  pour  ton  épouse  est  donc  assez 
aveugle  pour  t'engager  à  lui  bâtir  une  splendide  cité?  Et  tu 
oublies,  hélas!  ton  propre  royaume  et  la  condition  de  tes  con- 
citoyens! Le  roi  des  dieux  lui-même,  qui,  par  sa  toute-puis- 
sance meut  les  cieux  et  la  terre,  m'a  ordonné  de  descendre  des 
hauteurs  de  l'Olympe  pour  porter  promptement  ce  message  à 
travers  les  airs.  Que  fais-tu  ici?  Pourquoi  perds-tu  ton  temps 


386  HIGH   SCHOOLS. 

Jans  les  champs  Libyens?  Si  la  renommée  des  grands  exploits 
ne  l'émeut  pas,  et  si  tu  ne  veux  rien  entreprendre  pour  toi- 
même,  ne  ?ongeras-tu  pas  au  jeune  Ascagne,  à  qui  les  destins 
réservent  le  royaume  d'Italie  et  les  champs  romains? 

(Mercure  sort.) 

ACTE  IL 

SCÈNE  PREMIÈRE. 

CarUiage.  Un  appartement  dans  le  palais.  Énée,  troublé  et  interdit, 
songe  au  moyen  d'informer  la  reine  de  la  résolution  qu'il  a  prise 
de  partir.  Didon  entre. 

DIDON. 

Espérais-ta  donc,  ô  perfide,  me  cacher  ta  noire  trahison  et 
quitter  secrètement  mon  royaume?  Ni  notre  amour,  ni  la  foi 
que  nous  avons  échangée,  ni  Didon  destinée  à  subir  une  mort 
cruelle  ne  peuvent  donc  te  retenir?  Et  c'est  pendant  l'hiver 
que  tu  te  prépares  à  mettre  à  la  voile,  c'est  pendant  que  les 
vents  du  nord  sont  déchaînés  que  tu  t'empresses  de  traverser 
l'abîme?  Quoi!  si  tu  ne  cherchais  pas  un  pays  étranger  et  des 
terres  inconnues,  si  l'ancienne  Troie  elle-même  était  encore 
debout,  partirais-tu  pour  Troie  dans  cette  saison  rigoureuse? 
Est-ce  donc  moi  que  tu  fuis?  Je  te  conjure,  par  ces  larmes 
(puisque  c'est  tout  ce  qui  reste  à  l'infortunée  Didon),  par  cette 
main  droite  que  lu  m'as  jadis  donnée  en  gage  de  ta  foi,  par 
notre  union,  par  notre  hymen  commencé,  si  j'ai  bien  mérité  de 
loi  en  quelque  chose,  si  quelque  chose  en  moi  t'a  plu,  oh!  je 
l'en  supplie,  aie  pitié  de  ma  famille  et  de  ma  maison  sur  son 
déclin.  Si  mes  prières  ont  encore  quelque  effet  sur  toi,  quitte 
cette  pensée.  C'est  à  cause  de  toi  que  j'ai  encouru  la  haine  des 
nations  de  la  Libye  et  des  chefs  des  Numides;  les  Tyriens 
eux-mêmes  me  sont  hostiles.  C'est  à  cause  de  toi  aussi  que  j'ai 
sacrifié  cette  vertu  bien  supérieure  à  la  renommée  et  qui 
m'avait  rendue  si  célèbre.  A  qui  m'abandonnes-tu  mourante, 
ô  étranger  (puisque  je  ne  puis  plus  l'appeler  qu'étranger)? 
Pourquoi  attendre  que  mon  frère  Pygmalion  vienne  démolir 
mes  murailles,  ou  que  le  Gélule  larbas m'emmène  captive? 

{Elle  pleure.) 


TRADUCTIO.X  EN  FORME  DE  DRAME.        387 

ÉNÉE  {Il  essaye  de  surmonter  son  émotion). 

Je  ne  nierai  pas,  ô  reine,  que  vous  pourriez  énumérer  Ijeau- 
coup  de  bienfaits  que  vous  m'avez  accordés.  Aussi  longtemps 
que  ma  mémoire  durera,  aussi  longtemps  qu'un  souffle  animera 
ce  corps  mortel,  je  me  souviendrai  avec  plaisir  d'Elisa.  Je  me 
justifierai  en  peu  de  mots.  Je  n'ai  pas  voulu  employer  la  ruse 
pour  vous  cacher  ma  fuite,  ne  le  croyez  pas  ;  jamais  non  plus 
je  n'ai  porté  devant  vous  les  torches  de  l'hyménée,  et  jamais 
je  n'ai  formé  une  pareille  alliance.  Si  les  destins  m'avaient 
permis  de  disposer  de  ma  vie  à  mon  gré  et  de  me  débarrasser 
de  mes  soucis  quand  je  le  voudrais,  je  donnerais  maintenant 
tous  mes  soins  à  Troie  et  aux  restes  chéris  de  mes  concitoyens. 
Les  superbes  demeures  de  Priam  seraient  debout  et  j'aurais  re^ 
bâti  pour  les  vaincus  la  citadelle  de  Troie,  je  les  aurais  rele- 
vées de  ma  propre  main.  Mais  maintenant  Apollon  Gryné^  et 
les  oracles  de  Lycie  m'ont  ordonné  de  gagner  en  toute  hâte  la 
grande  Italie,  c'est  là  la  terre  que  je  dois  aimer  comme  ma 
patrie.  Si  les  citadelles  de  Carthage  et  l'aspect  des  villes  de 
Libye  vous  retiennent,  vous  qui  êtes  Phénicienne,  pourquoi  en- 
viez-vous aux  Troyens  leur  établissement  dans  les  champs 
d'Ausonie?'>'ous  avons  aussi  le  droit  de  chercher  des  royaumes 
étrangers.  Toutes  les  fois  que  la  nuit  couvre  la  terre  de  ses 
humides  voiles,  toutes  les  fois  que  les  astres  de  feu  se  lèvent, 
l'ombre  inquiète  de  mon  père  Anchise  m'apparaît  et  m'adresse 
des  reproches  pendant  mon  sommeil.  Le  jeune  Ascagne  aussi 
et  la  pensée  de  l'injustice  que  je  commets  en  le  privant  du 
royaume  de  l'Hespérie  et  des  terres  qui  lui  sont  destinées, 
hantent  continuellement  mon  esprit.  Maintenant  encore  le 
messager  des  dieux,  envoyé  par  le  grand  Jupiter  lui-même  (je 
les  prends  tous  les  deux  à  témoin),  m'a  apporté  ces  messages 
en  fendant  les  airs  de  ses  ailes  rapides.  Le  dieu  lui-même, 
tout  éclatant  de  lumière,  s'est  manifesté  à  ma  vue,  mes 
oreilles  ont  entendu  sa  voix.  Cessez  d'aigrir  notre  commune 
douleur  par  vos  plaintes.  Ce  n'est  pas  par  ma  volonté  cfiie  je 
me  rends  en  Italie. 

(Il  se  détourne.) 

DIDÛ.N. 

Non,  tu  n'as  pas  eu  une  déesse  pour  mère,  et  Dardanus  n'est 
pas  le  père  de  ta  race  perfide!  C'est  le  Caucase  qui  t'a  enfanté 


388  iiiGH  scnooLS. 

sur  ses  durs  rochers!  Ce  sont  des  lig-res  d'iïyrcanie  qui  t'ont 
nourri!  Pourquoi  dissimulerais-jo?  Pour  quel  plus  grand  ou- 
trage me  réserverais-je?  Ma  douleur  le  touche-t-elle?Tourne-t- 
il  les  yeux  vers  moi?  Non,  il  ne  verse  pas  de  larmes  ;  il  n'a  pas 
pitié  de  son  amante  infortunée!  Oh!  par  oîi  commencer?  Non, 
non,  ni  la  grande  Junon,  ni  le  père  des  dieux,  fils  de  Saturne, 
ne  regardent  ce  qui  se  passe  ici  avec  des  yeux  justes.  La  véritable 
fidélité  n'existe  nulle  part.  Je  t'ai  recueilli  lorsque,  jeté  sur  un 
de  ces  rivages,  tu  manquais  de  tout,  et,  dans  ma  démence,  je 
l'ai  donné  une  place  dans  mon  royaume,  je  l'ai  rendu  ta  flolle 
perdue,  j'ai  anaclié  tes  compagnons  à  la  mort.  Iléias  !  les 
Furies  s'emparent  de  moi  !  Maintenant  voilà  qu'il  me  parle  du 
devin  Apollon,  des  oracles  de  Lycie,  et  le  messager  du  grand 
Jupiter  lui-même  fait  entendre  de  terribles  commandements  à 
ses  oreilles.  Sans  doute  ton  sort  inquiète  beaucoup  les  dieux  ; 
c'est  là  le  souci  qui  trouble  leur  tranquillité.  Mais  je  ne  le  re- 
liens pas  et  je  ne  veux  pas  réfuter  tes  paroles.  Va,  cherche 
ritalie  sur  la  foi  des  vents,  cherche  ton  royaume  sur  les  flots. 
Moi  je  crois  que,  si  les  pieuses  divinités  ont  quelque  pouvoir, 
tu  trouveras  une  juste  punition  au  milieu  des  rochers,  et 
qu'alors  lu  invoqueras  en  vain  le  nom  de  Didon.  Quoique  ab- 
sente je  te  poursuivrai  avec  des  feux  lugubres,  et,  lorsque  la 
froide  mort  séparera  mon  âme  de  mon  corps,  mon  ombre  te 
suivra  partout.  Alors  tu  seras  puni,  perfide,  et  le  bruit  de  ton 
châtiment  parviendra  jusqu'à  moi  dans  la  partie  la  plus  reculée 
du  royaume  de  Plut  on. 

SCÈNE  II. 

Carlhage.   La  citadelle.  Didon  regarde  du  haut  des  tours  les  Troyens 
qui  font  leurs  préparatifs  de  départ.  Anna  entre. 

DIDON. 

Ma  sœur  Anna,  vois  leurs  mouvements  empressés  sur  tout 
le  rivage.  Ils  s'assemblent  de  tous  côtés.  Déjà  les  voiles  appel- 
lent la  l)rise  et  les  matelots  placent  joyeusement  des  guirlandes 
sur  la  poupe.  Si  j'ai  pu  prévoir  cette  douleur,  je  pourrai  aussi 
la  supporter,  ma  sœur.  Cependant,  Anna,  ne  veux-tu  pas  me 
rendre  ce  service  dans  mon  malheur?  Le  perfide  avait  cou- 
tume de  n'estimer  que  loi,  et  même  c'était  à  toi  qu'il  confiait 
ses  secrètes  pensées.  C'était  loi  qui  connaissais  les  moyens  et 
les  moments  les  plus  favorables  pour  l'aborder  :  c'est  pourquoi 


TRADUCTION  EN  FORME  DE  DRAME.        389 

va,  ma  sœur,  et  parle  en  suppliante  à  mon  fier  ennemi  en  ces 
termes  :  Je  n'ai  pas  conspiré  avec  les  Grecs  à  Aulis  pour  dé- 
truire la  race  troyenne;  je  n'ai  pas  envoyé  de  flotte  à  Pergame; 
je  n'ai  pas  troublé  non  plus  les  cendres  ni  les  mânes  de  son 
père  Anchise.  Pourquoi  refuse-t-il  de  m'entendre?  Où  court-il? 
Qu'il  accorde  cette  dernière  grâce  à  l'infortunée  Didon  de 
choisir  pour  son  départ  un  moment  convenable  et  des  vents 
favorables.  Je  ne  lui  parle  plus  maintenant  de  cet  ancien  hymé- 
née  qu'il  a  trahi,  et  je  ne  songe  plus  à  le  priver  du  beau 
Latium  ni  de  son  royaume.  Je  lui  demande  un  délai  insigni- 
fiant qui  me  donne  le  temps  de  calmer  mon  délire,  en  atten- 
dant que  la  fortune  m'apprenne  à  supporter  ma  douleur.  Je  te 
demande  cette  dernière  faveur,  aie  pitié  de  moi,  ma  sœur  ;  si 
tu  me  l'accordes,  je  te  récompenserai  généreusement  à  ma 
moj't. 

{Anna  sort.) 

SCÈNE  iir. 

Le  même  appartement  dans  le  palais.  Anna  se  lamente  sur  ladoulem' 
de  Didon.  La  reine,  désespérée,  après  avoir  vainement  essayé  de 
détourner  Énée  de  son  dessein,  se  décide  à  mourir,  mais  elle 
cache  cette  résolution  à  sa  sœur.  Didon  entre. 

DIDON. 

Félicite-moi,  ma  sœur,  j'ai  trouvé  un  moyen  de  le  ramener 
près  de  moi,  ou  du  moins  de  me  débarrasser  de  mon  amour 
pour  lui.  Bien  loin,  près  des  limites  de  l'Océan  et  du  soleil 
couchant,  est  un  lieu  appelé  Ethiopie  :  c'est  là  que  le  superbe 
Atlas  supporte  sur  ses  épaules  la  voûte  des  cieux  parsemée 
d'étoiles.  Là,  m'a-t-on  dit,  il  y  a  une  prêtresse  de  la  race 
massylienne  ;  c'est  elle  qui  garde  le  temple  des  Hespérides  et 
qui  donne  la  nourriture  sacrée  au  dragon  qui  veille  sur  les 
pommes  d'or,  répandant  sur  les  mets  le  miel  liquide  et  le  pavot 
soporifique.  Elle  promet  de  délivrer  par  ses  incantations  les 
âmes  de  leurs  soucis  ou  de  les  plonger  dans  une  profonde 
douleur.  Elle  arrête  le  cours  des  fleuves  et  fait  rétrograder  les 
astres.  Elle  évoque  les  ombres  des  morts  pendant  la  nuit,  tu 
verras  la  terre  trembler  sous  tes  pieds  et  les  frênes  sauvages 
descendre  avec  fracas  du  flanc  des  montagnes.  Je  prends  les 
dieux  à  témoin,  et  toi  aussi,  tendre  sœur,  que  c'est  contre  mon 
gré  que  j'ai  recours  à  l'art  d'une  magicienne.  Veux-tu,  Anna, 


390  HIGII   SCHOOLS. 

dresser  secrètement  un  grand  bûcher  funéraire  dans  la  cour 
intérieure  du  palais,  et  y  placer  les  armes  de  cet  homme,  que 
l'impie  a  laissées  suspendues  dans  sa  chambre.  Tu  y  placeras 
aussi  ses  vêtements  et  la  couche  nuptiale  :  car  je  veux  anéantir 
tous  les  souvenirs  de  ce  misérable;  du  reste  ce  sont  les  ordres 
de  la  prêtresse. 

(Elles  sortent.) 

SCÈNE  IV. 

Il  fait  nuit.  La  ville  est  plongée  dans  le  repos.  Les  rues  sont  désertes. 
Le  bruit  et  l'agitation  du  jour  ont  cessé.  La  lune  laisse  tomber  ses 
tranquilles  regards  sur  la  ville  endormie.  Ses  rayons  compatissants 
pénètrent  dans  l'appartement  de  la  reine  et  montrent  l'infortunée 
Didon  qui,  incapaî)le  de  goûter  le  repos,  marche  çà  et  là. 


DIDON. 

Oh!  que  ferai-je?  Irai-je  chercher  un  époux  chez  les  Nu- 
mides après  avoir  été  bravée  par  Énée  ?  Retournerai-je  auprès 
de  mes  anciens  amants  après  les  avoir  maintes  fois  dédaignés 
et  repousses?  Suivrai-je  donc  la  Hotte  d'ilion  et  obéirai-je  aux 
ordres  les  plus  vils  des  Troyens  ?  Sans  doute  parce  que  je  les  ai 
autrefois  secourus  et  aidés  et  qu'ils  sont  profondément  recon- 
naissants de  toutes  mes  bontés  !  Mais  lequel  d'entre  eux  me 
permettrait  de  les  suivre,  en  supposant  que  je  le  voulusse,  ou 
me  recevrait  sur  leurs  superbes  vaisseaux?  Hélas!  est-ce  que 
j'ignore  encore  leur  méchanceté  ?  Est-ce  que  je  ne  connais  pas 
la  perfidie  de  la  race  troyenne?  Que  faire  alors?  Accompagne- 
rai-je  seule  des  matelots  joyeux  dans  leur  fuite?  Ordonnerai-je 
à  ma  troupe  syrienne  de  les  attaquer,  et  conduirai-je  de  nou- 
veau sur  mer  ceux  que  j'ai  eu  beaucoup  de  peine  à  amener  de 
la  ville  sidonienne  ?  Leur  ordonnerai-je  de  déployer  les  voiles? 
iXon,  meurs  comme  tu  le  mérites,  et  mets  une  fin  à  ta  douleur 
par  le  fer.  C'est  toi,  ma  sœur,  qui  es  cause  de  ces  malheurs. 
C'est  toi  qui  m'as  d'abord  exposée  à  l'ennemi.  Oh  !  pourquoi 
ne  m'a-t-il  pas  été  donné  de  passer  ma  vie  libre  du  lien  con- 
jugal, comme  les  bêtes  sauvages,  et  de  ne  pas  connaître  de 
telles  douleurs  !  Pourquoi  ne  m'a-t-il  pas  été  donné  de  ne 
jamais  manquer  aux  promesses,  aux  vœux  que  j'ai  faits  aux 
ceudi'es  de  Sicliée  ! 

{Elle  pleure.) 


TRADUCTION    EN    FORME    DE   DRAME.  301 


SCÈNE    V. 

Cartilage.  La  Citadelle.  Didon,  du  haut  des  tours,  voit  la  flotte 
troyenne  faire  voile  vers  la  haute  mer. 

DiDOX.  (Elle  frappe  à  coups  redoublés  son  beau  sein  et  arrache 
ses  blonds  cheveux.) 

0  Jupiter  !  m'échappera-t-il  ?  Cet  étranger  bravera-t-il  mon 
pouvoir  royal?  Personne  ne  prendra  les  armes,  personne  n'ar- 
rachera les  vaisseaux  des  chantiers  et  personne  dans  toute  la 
Tille  ne  les  poursuivra  ?  Allez,  arrachez  les  torches  enflam- 
mées, prenez  les  armes,  faites  force  de  rames...  Que  dis-je  ?  Où 
suis-je?  Quelle  démence  m'égare  ?  Infortunée  Didon  !  Mainte- 
nant ton  impiété  te  fait  horreur.  C'était  lorsque  tu  donnais  ton 
sceptre  à  Énée  qu'il  fallait  les  détruire.  Vois  la  main  droite  et 
la  foi  de  celui  qui,  dit-on,  emporte  avec  lui  les  dieux  de  son 
pays  et  qui  porta  son  vieux  père  sur  ses  épaules  !  ^'"aurais-jo 
pas  pu  saisir  son  corps,  le  mettre  en  pièces  et  en  disperser  les 
membres  sur  les  flots?  N'aurais-je  pas  pu  massacrer  ses  com- 
pagnons et  servir  Ascagne  lui-même  comme  nourriture  sur  la 
table  de  son  père?  Le  résultat  de  ce  combat  eût  été  incertain? 
Et  quand  il  l'aurait  été  !  Qu'avais-je  à  craindre,  puisque  j'étais 
résolue  à  mourir?  .J'aurais  pu  porter  la  flamme  dans  son  camp. 
J'aurais  pu  incendier  ses  vaisseaux.  J'aurais  pu  anéantir  le  père 
et  le  fils  avec  toute  la  race  :  et  après  eux  j'aurais  pu  me  jeter 
dans  les  flammes.  0  soleil  !  qui  éclaires  toutes  les  actions  des 
hommes  avec  tes  rayons  ;  et  toi,  Junon,  auteiu-  de  tous  ces 
maux;  et  toi,  Hécate,  appelée  pendant  la  nuit  par  des  hurle- 
ments dans  les  carrefours;  Furies  vengeresses,  et  vous,  dieux 
d'Élisa  mourante,  vengez  mes  injures  par  votre  pouvoir  divin, 
car  je  l'ai  mérité.  S'il  est  nécessaire  que  cet  impie  entre  dans 
le  ciel,  si  c'est  le  décret  des  destins  de  Jupiter,  et  si  cet  ordre 
de  choses  est  immuable,  je  demande  du  moins  qu'il  soit  tour- 
menté par  des  guerres  avec  un  peuple  ennemi,  qu'il  soit  exilé 
de  ses  domaines  et  arraché  aux  embrassements  de  Iule.  Qu'il 
soit  réduit  à  mendier  du  secours  et  qu'il  voie  massacrer  cruel- 
lement ses  concitoyens^  et  lorsqu'il  aura  accepté  les  conditions 
d'un  traité  désavantageux,  qu'il  ne  jouisse  pas  de  son  royaume 
ou  de  la  lumière  désirée  ;  mais  qu'il  meure  avant  le  temps  et 
que  son  cadavre,  privé  de  sépulture,  gise  sur  le  rivage.  À'oilà 


302  HIGII   SCnOOLS. 

ma  dernière  prière,  voilà  le  dernier  vœu  que  je  laisse  échap- 
per avec  mon  sang.  Et  vous,  ô  Tyriens  !  poursuivez  d'une  haine 
mortelle  sa  postérité  et  toute  sa  race  !  Voilà  le  sacrifice  que 
vous  devez  offrir  à  mes  mânes.  N'ayez  pas  d'affection  pour 
cette  nation  ;  ne  lui  demandez  rien.  Surgis  de  ma  cendre,  ô 
mon  vengeur  !  loi  qui  poursuivras  les  Troyens  avec  le  feu  et 
le  fer,  maintenant  et  dans  la  suite,  tant  que  tu  en  auras  la 
force.  Je  supplie  que  nos  rivages  soient  opposés  à  leurs  rivages, 
que  nos  flots  soient  opposés  à  leurs  flots  et  nos  armes  à  leurs 
armes  :  qu'ils  soient  en  guerre  eux  et  leurs  descendants. 


SCÈNE  VI. 

Cartilage.  La  cour  du  palais.  Didon,  afin  de  gagner  du  temps  pour 
accomplir  sans  témoin  son  funeste  dessein,  appelle  Barcé  et  lu 
parle  ainsi.  Barcé  entre. 

DIDON. 

Va,  chère  nourrice,  et  conduis  ici  ma  sœur  Anna  :  dis-lui  de 
se  hâter,  d'arroser  son  corps  de  l'eau  du  fleuve  et  de  conduire 
avec  elle  les  victimes  expiatoires  que  la  prêtresse  a  désignées. 
C'est  ainsi  qu'elle  viendra,  et  toi-même  ta  ceindras  tes  tempes 
d'une  handelette  sacrée.  Je  veux  achever  le  sacrifice  à  Jupiter 
Stygien  que  j'ai  déjà  commencé,  alln  de  mettre  un  terme  à  mes 
maux  et  de  livrer  aux  flammes  l'efligie  du  dardanien  Énée. 


SCÈNE  VU. 

Toujours  Cartilage.  La  cour  du  palais.  Au  centre,  le  bûcher  funéraire, 
au  sommet  duquel  sont  entassés  les  armes,  les  vêtements  d'Énée. 
Didon  se  précipite  furieuse,  monte  sur  le  bûcher  et  saisit  l'épée 
qui  jadis  lui  fut  donnée  par  Énée. 

DiDO.N  {tout  en  larmes). 

Dépouilles  qui  me  fûtes  chères  tant  que  les  destins  et  les 
dieux  le  permirent,  recevez  ma  vie  et  délivrez-moi  de  mes 
maux.  J'ai  vécu  et  j'ai  fourni  la  carrière  que  la  fortune  m'avait 
tracée,  et  maintenant  mon  nom  illustre  se  répandra  dans  toute 
la  terre.  J'ai  fondé  une  grande  cité-.  J'ai  vu  mes  murailles. 
J'ai  vengé  mon  mari  et  j'ai  puni  un  frère  qui  m'était  hostile. 
Heureuse,  hélas  !  trop  heureuse  si  jamais  les  vaisseaux  troyens 


TRADUCTION  EN  FORME  DE  DRAME.        d'Jd 

n'avaient  touché  nos  rivages.  {Elle  appuie  ses  lèvres  sui'  la 
couche.)  Mourrai-je  sans  vengeance?  Mais  je  veux  mourir! 
("est  ainsi,  c'est  ainsi  (elle  se  frappe  deux  fois  de  Vépée)  qu'il 
me  plaît  de  descendre  chez  les  ombres!  Que  le  barbare  Darda- 
nien  voie  ces  flammes  de  la  haute  mer  et  qu'il  emporte  avec 
lui  la  nouvelle  de  ma  mort. 

Elle  tombe  sur  le  fer  en  poussant  des  cris.  Les  femmes  attirées  par 
ses  cris  la  placent  inanimée  sur  la  couche.  La  Renommée  répand 
cette  nouvelle  dans  toute  la  cité.  Anna  accourt  folle  de  douleur. 


ANNA, 

0  ma  sœur,  voilà  donc  ce  que  tu  te  proposais  !  As-tu  cher- 
ché à  me  tromper  ?  C'était  donc  là  ce  que  me  préparaient  ce 
bûcher,  ces  autels  et  ces  flammes  ?  De  quoi  me  plaindrai-je 
d'abord?  Pourquoi  as-tu  dédaigné  ta  sœur  pour  compagne  de 
ta  mort  ?  Que  ne  m'as-tu  appelée  à  partager  le  même  destin  ! 
Alors  le  même  instant,  le  même  fer  aurait  terminé  ta  vie  et  la 
mienne  !  x\i-je  construit  ce  bûcher  de  mes  propres  mains,  ai-je 
appelé  les  dieux  de  la  patrie  avec  ma  propre  voix  pour  être 
absente  lorsque  tu  y  serais  ainsi  couchée,  ma  sœur?  Tu  as  tué 
avec  toi  ta  sœur,  ton  royaume  et  ton  peuple  !  {Aux  femmes.) 
Apportez  de  l'eau  afin  que  je  lave  ses  blessures  et  que,  s'il  lui 
reste  encore  un  souffle  de  vie,  je  puisse  le  recueillir  avec  mes 
lèvres. 

Elle  monte  sur  le  bûcher,  et,  embrassant  Didon,  elle  lui  met  la  tète 
sur  son  sein.  Junon  envoie  Iris  pour  accomplir  les  plus  tristes  et 
les  derniers  rites,  afin  que  Didon  puisse  mourir  en  paix.  Iris  entre. 

IRIS  {détadiant  une  mèche  de  cheveux  delà  tète  de  la  reine 
qui  meurt). 

Sur  l'ordre  de  Junon,  je  dévoue  ce  sacrifice  à  Pluton  et  je 
mets  en  liberté  ton  àme  captive  dans  ce  corps. 

{Didon  meurt.) 

Dora  L. 
Newburyport  (Massachusetts).  Putnam  High  School. 


394  iiiGii  sciiooLs.  . 

VIII.  —  €onipo!i»itioiis  françaises  (1). 

(2'^  année.) 

05.  —  PHRASÉS  TRADUITES  EN  FRANÇAIS. 

]. 

Hortensius,  l'un  des  plus  grands  orateurs  célèbres  de  l'an- 
cienne Rome,  avait  une  mémoire  si  sûre  qu'après  avoir  préparc 
un  oralion  lui-même  sans  écrire  un  mot  seul,  il  le  prononçait 
dans  les  mêmes  termes  dans  lesquelles  il  l'avait  préparé. 


Savez-vous  que  par   le  travail  de  l'esprit  on  s'assure  une 
fortune  ijui,  plus  on  en  jouit,  plus  elle  augmente? 

3. 

Celui  qui  est  fidèle  dans  les  petites  choses  est  aussi  dans  les 
grandes. 

4. 

SUBJONCTIF   PRÉSENT. 

Singulier.  Pluriel. 

Que  j'aille.  Que  nous  allions. 

Que  tu  ailles.  Que  vous  alliez. 

Qu'il  aille.  Qu'ils  aillent. 


IMPARFAIT   DU    SUBJONCTIF. 

Singulier.  Pluriel. 

Que  je  vinsse.  Que  nous  vinssions. 

Que  tu  vinsses.  Que  vous  vinssiez. 

Qu'il  vînt.  Qu'ils  vinssent. 

M  A  RI  ANNA   P. 

Age  :  quatorze  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  lliiglies  Higli  School. 

(1)  >'oiis   donnons   dans  les  quatre  "devoirs    suivants  le /rtc-s(mi/e 
exact  des  copies  d'élèves,  avec  toutes  leurs  fautes. 


COMPOSITIONS   FRANÇAISES.  395 


G6.  —  EXERCICES   FRANXAIS. 


Combien  est-il  que  votre  tante  est  morte  ? 

Allons  à  Tinstant,  car  nous  n'avons  qu'une  heure  jusque  le 
sort. 

Est-il  bien  loin  à  la  ville? 

Pour  vivre  il  faut  manger;  c'est  une  loi  inévitable  imposée  à 
l'homme  parla  nature. 

Faut-il  trois  jours  pour  aller  de  New  York  à  la  Nouvelle- 
Orléans? 

Vous  a-t-il  fallu  marcher? 

Oui,  Monsieur,  il  m'a  fallu  marcher  tout  le  temps. 

Je  crois  que  vous  avez  couru  ;  car  votre  figure  a  bien  chaud  (  1  ). 

La  Révolution  française  n'a  pas  seulement  modifié  le  pouvoir 
politique,  elle  a  changé  la  vie  internelle  entière  de  la  nation; 
elle  a  substitué  la  loi  au  lieu  du  pouvoir  arbitraire;  elle  a 
délivré  les  peuples  de  la  distinction  de  classes,  la  terre  des 
barrières  entre  les  provinces,  le  commerce  des  entraves  de 
corporations,  l'agriculture  des  titles  et  des  sortes  variables 
de  sujétion  feudale. 

LouiSA  F. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  Huglies  School. 


bi.  —    THEME   FRANÇAIS. 
(4^  année.) 

1 

C'est  dit  de  Molière,  que  sur  le  matin  du  jour  sur  lequel  il 
mourut,  sa  femme  el  ses  amis,  voyant  qu'il  était  faible,  ten- 
taient le  préventir  d'aller  jouer  cette  nuit,  mais  sans  succès. 
Un  homme,  dit-il,  souffre  longtemps  devant  qu'il  meurt,  je  crois 
qu'avec  moi  la  fin  approche,  mais  il  y  a  cinquante  pauvres 


(1)  Traduction  de  la  même  phrase  par  un  autre  élève  : 
A-t-il  fallu  que  vous  marchiez?  Je  crois  que  vous  avez  couru,  car 
votre  visage  a  bien  chaude.  (Alexis  P.) 


396  IIIGII   SCHOOLS. 

ouvriers   qui  n'ont  que   leur  gage  pour  de  quoi,  et  qui  leur 
donnera  du  pain  cette  nuit  si  je  ne  joue  pas  ? 

Ainsi  il  est  allé  et  a  joué  la  Malade  imaginaire,  mourant 
tout  le  temps,  alors  il  est  allé  chez  lui  et  a  mort. 

II 

On  dit  de  Molière,  que  le  matin  du  jour  de  sa  mort,  sa 
femme  et  ses  amis,  voyant  qu'il  était  faible,  essayaient  de  pré- 
venir qu'il  allât  au  spectacle  ce  soir,  mais  en  vain.  «  Un  homme, 
dit-il,  souffrit  longtemps  avant  qu'il  meurt  :  je  sens  que  la  fin 
de  ma  vie  est  prochaine  mais  il  y  a  cinquante  pauvres  ouvriers 
qui  n'ont  que  leurs  gages  à  vivre,  et  qui  leur  donnera  du  pain 
ce  soir,  si  je  ne  joue  pas?  »  Ainsi  il  sortit  et  joua  le  Malade 
imaginaire  mourant  toujours;  alors  il  alla  se  coucher  chez  soi 
et  mourut. 

Oscar  P. 

Age  :  quinze  ans. 
Cincinnati  (Ohio).  Hughes  Higli  School. 


68.  —  COMPOSITION   EN   FRANÇAIS. 

Joséphine. 

Joséphine  Tascher  de  la  Pagerie,  impératrice  des  Français, 
naquit  cà  Saint-Pierre  de  Martinique  le  21  juin  1763.  Elle  maria 
le  second  fils  du  marquis  de  Beauharnais,  qui  l'amena  en 
France.  Elle  passait  pour  la  plus  belle  dame  de  Paris  :  possé- 
dant toutes  les  grâces  de  l'esprit,  du  cœur  et  de  la  personne. 
Elle  eut  deux  enfants,  Eugène  et  Hortense.  Son  mari  fut  nommé 
général  en  chef  de  l'armée  du  Rhin.  Il  fut  ensuite  emprisomié 
aux  Carmes.  Joséphine  partagea  sa  captivité.  Beauharnais  et 
sa  belle  épouse  furent  condamnés  â  mort;  mais  comme  la  der- 
nière se  trouva  malade  au  jour  fatal,  sa  mort  fut  ajournée. 
Quelques  jours  après,  un  ami  du  général  la  fit  sortir  de  prison. 

La  protection  de  Barras  fit  entrer  Joséphine  dans  les  pro- 
priétés de  son  mari.  Le  gouvernement  avait  ordonné  le  désar- 
mement des  citoyens,  le  jeune  Eugène  alla,  envoyé  par  sa 
mère,  trouver  le  général  Bonaparte  pour  lui  redemander 
l'épée  de  son  père  qui  lui  avait  été  enlevée.  Le  général,  frappé 
de  l'énergie  du  jeune  homme,  voulut  connaître  sa  mère  :  il 


MATHÉMATIQUES.  397 

l'aima  dès  qu'il  la  vit,  et  il  l'épousa.  Malniaison  fut  le  séjour 
favori  de  Joséphine,  elle  protégea  tous  les  beaux-arts,  et  sou- 
lageait tous  les  pauvres,  non-seulement  avec  de  l'argent,  mais 
elle  les  consolait  dans  toutes  leurs  misères,  dépensant  souvent 
plus  que  ses  finances  lui  permettaient.    -. 

L'élévation  de  Bonaparte  n'eut  pas  un  mauvais  effet  sur  le 
caractère  de  Joséphine  ;  elle  secourait  toutes  les  infortunes  sans 
distinction  de  rang  en  entrant  dans  le  détail  de  leurs  souffrances, 
elle  gagna  les  cœurs  de  tout  le  monde. 

Le  gouvernement  demanda  un  successeur,  et  comme  le 
mariage  avec  l'empereur  était  stérile,  il  se  décida  à  divorcer 
avec  Joséphine  pour  mettre  à  sa  place  Marie-Louise,  fille  de 
l'empereur  d'Autriche.  Malgré  l'injustice,  Joséphine  eut  le 
courage  de  lire  l'acte  de  renonciation  à  ce  qu'elle  avait  de  plus 
cher,  mais  il  semble  que  la  fortune  quitta  Napoléon  dès  ce 
moment. 

La  noble  Joséphine  suivait  avec  intérêt  tous  les  actes  de 
Bonaparte  ;  quel  fut  son  chagrin,  quand  elle  entendit  les  dé- 
sastres de  181i.  Elle  tomba  malade;  et  quelques  jours  après, 
elle  mourut,  ayant  gagné  un  refroidissement  qui  aggrava  son 
mal. 

Ses  dernières  paroles  furent  :  «  N'apoléon...  l'ile  de  l'Elbe,  i 

Louise  G. 
Kirkwood  (Missouri).  Séminaire  et  académie  de  jeunes  filles. 


5=   SECTION    :    COMPOSITIONS   SCIENTIFIQUES. 

IX.  —  Matbéitiatiquejs. 

69.  —  ALGÈBRE. 

'  •'A'~i)-i{î-'Hl 

2.  Trouvez  un  nombre  tel  que,  en  l'augmentant  de  9,  en  di- 
visant le  résultat  par  2,  en  diminuant  le  quotient  de  7,  on 
obtienne  pour  résultat  20. 

3.  La  somme  du  premier  et  du  second  de  trois  nombres 
est  13,  la  somme  du  premier  et  du  troisième  est  16,  et  la 


398  iiiGii  sciiooLs. 

somme   du   second  et  du  troisième   est    19.   Quels   sont  ces 
nombres? 

4.  Extraire  la  racine  cubique  de 

1  —  6a?  +  2 1 ic2  —  iix^  -f  63^4  -  DÏx^  +  Ttx''. 

5.  La  différence  de-deux  noml)res  est  9,  et  leur  somme  mul- 
tipliée par  le  plus  grand  est  égale  à  266.  Quels  sont  ces  deux 
nombres? 

6.  Les  cours  carrées  sont  pavées  avec  des  pierres  de  1  pied 
carré  ;  la  plus  grande  cour  a  12  pieds  de  plus  que  la  plus 
petite,  et  le  nombre  des  pierres  employées  dans  les  deux 
cours  est  2120,  Quelle  est  la  longueur  de  la  plus  petite  cour? 

Washington  (district  de  Columbia). 


70.    —  ALGÈBRE. 

1.  Multipliez  x"^  X  ^^y  X  .ï'^'-X  U^  pai'  x  —  y. 

2.  Divisez  «^—  6'»  par  «3_|_  a'-b  -{-  ab'-  -\-  b-^. 

3.  Additionnez  ■— r— — -,    .— ; -,  et 


■i{[  +  a)     4(1  —  ^0         2(1— rt-2) 
A.  Divisez  un  nombre  a  en  trois  parties,  telles  que  la  seconde 
soit  n  fois  la  première,  et  la  troisième  m  fois  aussi  grande 
que  la  première. 

5.  Divisez  le  nombre  36  en  trois  parties  telles  que  la  -^  de  la 

1  1 

première,  le  r,  de  la  seconde,  et  le  7  de  la  troisième  soient 
'  o  4 

tous  égaux  entre  eux. 

6.  On  a  un  certain  nombre  exprimé  par  deux  chiffres.  Ces 
chiffres  s'appellent  des  digits  (1).  La  somme  des  digits  est  11, 
et  si  on  ajoute  13  au  premier  digit  la  somme  sera  égale  à  trois 
fois  le  second  digit.  Quel  est  ce  nombre? 

Washington  (district  de  Columbia). 

(l)  On  appelle  digit  un  des  dix  premiers  caractères  qui  servent  à 
exprimer  tous  les  nombres  :  0,  1,  2,  3,  4,  5,  G,  7,  8,  9. 

{Note  (lu  Traducteur.) 


MATHÉMATIQUES.  399 


71.    —   TRIGONOMÉTRIE. 

1.  Indiquez  Ja  méthode  employée  pour  résoudre  un  triangle 
dont  on  connaît  trois  côtés. 

2.  Démontrez  la  proportion  par  laquelle  on  trouve  les  angles 
d'un  triangle,  lorsque  l'on  connaît  deux  côtés  et  l'angle  com- 
pris. 

3.  Trouvez  la  formule  pour  cos"-^A. 

4.  Comment  calcule-t-on  la  distance  de  la  terre  à  la  lune? 

5.  Méthodes  pour  trouver  la  latitude. 

6.  Trouver  la  masse  d'une  planète ,  par  exemple  de  Ju- 
})iter. 

7.  Théorie  de  l'origine  de  la  chaleur  solaire. 

8.  Prouver  que  l'analyse  spectrale  fournit  des  données  in- 
faillibles sur  la  nature  des  substances  dans  le  soleil. 

9.  Théorie  des  anneaux  de  Saturne. 

10.  Expliquez  l'aberration  de  la  lumière. 
Californie  (Progamme  des  examens  des  High  Schools). 


IZ.  —  ASTRONOMIE. 

Quest.  1.  —  Quelle  est  la  circonférence  de  la  Terre  et  com- 
ment l'a-t-on  obtenue? 

Rép. —  La  circonférence  de  la  Terre  est  d'environ  25000  milles. 

Cette  circonférence  a  été  obtenue  par  Ératosthène  et  par  un 
autre  astronome  dans  la  vallée  du  Ml  en  Egypte.  Ératosthène 
s'établit  à  Alexandrie,  près  de  l'embouchure  du  Ml,  pendant 
que  l'autre  astronome  s'établissait  dans  la  Haute-Egypte.  Cha- 
cun d'eux  détermina  à  quelle  hauteur  le  soleil  paraissait  au- 
dessus  de  l'horizon  à  midi.  La  différence  apparente  dans  l'alti- 
tude se  trouva  être  de  7%5,  prove;iant  des  positions  ditTérentes 
occupées  par  les  deux  observateurs  par  rapport  à  Téquateur. 
On  établit  alors  cette  proportion  :  la  circonférence  de  la  Terre 
est  à  360°,  c'est-à-dire  au  cercle,  comme  la  distance  entre  les 
deux  observateurs  était  ou  est  à  7^,5.  On  trouva  que  le  troi- 
sième membre  de  la  proportion  était  500  000  stades  ou  environ 
25  000  milles. 

Qucst.  2.  —  Quelles  sont  les  causes  des  changements  de 
saisons? 


400  niGH    SCHOOLS. 

Rép.  —  Leschangcnienls  des  saisons  sont  dus  à  l'inclinaison 
de  l'axe  de  la  Terre  sur  le  plan  de  son  orbite,  et  à  ce  fait  que 
l'axe  est  toujours  parallèle  à  lui-même,  c'est-à-dire  qu'il  est 
toujours  dirigé  vers  le  même  point  du  ciel;  à  la  rotation  de  la 
Terre  sur  son  axe;  à  la  révolution  de  la  Terre  autour  du 
Soleil. 

Quest.  3.  —  Quelles  sont  les  causes  des  phases  de  la  Lune? 

Rép.  —  La  Lune  étant  un  corps  sphérique,  le  Soleil  n'en 
peut  éclairer  que  la  moitié  à  la  fois.  Nous  ne  pouvons  voir  que 
la  partie  de  la  Lune  qui  est  éclairée  et  qui  nous  apparaît,  ce  qui 
est  dû  (sic)  aux  différentes  positions  relatives  du  Soleil,  de  la 
Lune  et  de  la  Terre. 

Quest.  i.  —  A  quelle  distance  la  Lune  en  quadrature  est-elle 
du  Soleil?   . 

Rép.  —  La  Lune  en  quadrature  est  à  90°  du  Soleil. 

Quest.  5.  —  Quelles  sont-  les  conditions  nécessaires  pour 
produire  une  éclipse  totale? 

Rép.  —  Pour  produire  une  éclipse  solaire  totale,  il  faut  : 

Que  la  Lune  soit  au  périgée  entre  le  Soleil  et  la  Terre; 

Que  la  Lune  soit  à  un  nœud  ; 

()ue  les  centres  du  Soleil,  de  la  Lune  et  delà  Terre  soient  sur 
une  même  ligne  droile. 

Quest.  6.  —  Quelles  sont  les  conditions  nécessaires  pour 
produire  une  éclipse  annulaire? 

Rép.  —  Pour  produire  une  éclipse  annulaire  du  Soleil,  il 
faut  : 

Que  la  Lune  soit  entre  le  Soleil  et  la  Terre  ; 

Que  la  Lune  soit  à  son  apogée  et  à  un  nœud  ; 

Que  les  centres  du  Soleil,  de  la  Lune  et  de  la  Terre  soient 
sur  une  même  ligne  droite. 

Quest.  7.  —  Combien  de  temps  peut  durer  une  éclipse  totale 
de  Soleil? 

Rep.  — La  plus  grande  durée  d'une  éclipse  totale  de  Soleil 
est  de  sept  minutes. 

Quest.  8.  —  Combien  de  temps  peut  durer  une  éclipse  ^totale 
de  Lune? 

Rép.  —  La  plus  grande  durée  d'une  éclipse  totale  de  Lune 
est  de  une  heure  trois  quarts  (1  h.  o/i). 

Quest.  9.  —  Combien  dure  la  période  chaldéenne  appelée 
de  Saros,  et  combien  y  a-t-il  d'éclipsés  pendant  cette  période? 

Rep.  —  La  période  chaldéenne  appelée  de  Saros  dure  dix- 
huit  ans  onze  jours.  11  y  a  70  éclipses  pendant  cette  période. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  401 

Qucst.  10.  —  Pourquoi  y  a-t-il  un  retour  des  mêmes  éclipses 
à  la  fin  de  cette  période? 

Rép.  —  Parce  que,  comme  il  y  aune  révolution  rétrograde 
des  nœuds  de  la  Lune  (points  oii  le  plan  de  l'orbite  de  la  Lune 
coupe  le  plan  de  l'orbite  de  la  Terre)  (sic)  en  dix-huit  ans 
onze  jours,  les  nœuds  ont  repris  leurs  positions  primitives,  et 
celte  révolution  s'opère  constamment. 

VlLLARD   F. 
Age  :  seize  ans. 
Boston  (Massachusetts),  Charleston  High  School. 


X,  —  .Sciences  phy§iqiiej». 

73.  —  PHYSIQUE. 
(7*  année.) 

1.  Un  jour  j'ai  vu  la  lumière  d'un  canon,  et  j'en  ai  entendu 
le  bruit  une  demi-minute  après.  A  quelle  distance  étais-je  du 
canon  ? 

Rép.  —  Si  j'ai  entendu  le  bruit  du  canon  trente  secondes 
après  en  avoir  vu  la  lumière,  je  devais  être  à  trente-trois 
mille  pieds  de  ce  canon. 

2.  Indiquez  clairement  comment  vous  supposez  que  la 
pluie  est  produite,  depuis  le  commencement  de  sa  formation 
jusqu'à  la  fin. 

Rép.  —  Lorsque  l'eau  s'évapore,  elle  passe  dans  l'air  oîi  elle 
s'élève  sous  la  forme  de  vapeur  aqueuse.  Lorsqu'elle  a  atteint 
une  certaine  hauteur,  elle  forme  de  petites  bulles,  qui  flottent 
-çà  et  là  dans  l'air.  Mais  lorsque  ces  bulles  en  rencontrent 
d'autres,  elles  se  joignent  et  tombent  sous  forme  de  pluie.  A 
mesure  que  ces  gouttelettes  tombent,  elles  rencontrent  d'autre 
vapeur  aqueuse  qui  se  condense  sur  elles  et  les  rend  plus 
grosses. 

3.  Comment  supposez-vous  que  se  forment  la  rosée  et  la 
gelée  blanche? 

Rép.  —  Lorsque  la  vapeur  d'eau  qui  est  dans  l'air  pendant  la 
nuit  se  trouve  en  contact  avec  des  corps  solides  qui  sont  aigus 
ou  pointus  (sic),  elle  se  condense  et  forme  des  gouttes.  Les 

26 


402  HIGH   SCHOOLS. 

feuilles  et  les  brins  d'herbe  étant  terminés  en  pointes  (sic), 
cette  vapeur  s'y  condense.  Ce  sont  ces  gouttes  que  l'on  ap- 
pelle la  rosée.  La  gelée  blanche  est  la  rosée  gelée. 

i.  Quelle  est  la  véritable  signification  scientifique  de  l'ex- 
pression «  vêtements  chauds  »  ? 

Rép. — L'expression  «vêtements  chauds»  désigne,  au  point  de 
vue  scientifique,  des  vêtements  qui  sont  mauvais  conducteurs. 
Ils  ne  laissent  pas  perdre  la  chaleur  du  corps,  et  lorsqu'on  les 
chauffe,  ils  conservent  leur  chaleur. 

5.  Une  vessie  hermétiquement  fermée  est  transportée  d'une 
chambre  très-chaude  dans  une  chambre  très-froide.  Quel  effet 
le  froid  produira-t-il  sur  l'air  de  la  vessie? 

Rép.  —  L'air  de  la  vessie  se  refroidit,  il  se  condense,  et  la 
vessie  se  rétrécit. 

6.  Vous  placez  une  main  dans  le  mercure  et  l'autre  dans 
l'eau.  Ces  deux  liquides  ont  la  même  température.  La  main 
qui  est  dans  le  mercure  a  plus  froid  que  l'autre,  pourquoi? 

Rép.  Parce  que  le  mercure  est  bon  conducteur,  il  prive  la 
main  de  sa  chaleur.  Mais  l'eau  laisse  la  main  conserver  plus  de 
sa  chaleur? 

7.  Si  vous  voulez  chauffer  une  maison  à  l'eau  bouillante  ou 
à  la  vapeur,  vous  êtes  obligé  de  placer  la  chaudière  dans  la 
partie  inférieure  de  l'édifice.  Pourquoi  ne  pourriez-vous  pas  la 
placer  à  l'étage  supérieur  de  la  maison. 

Rép.  —  Parce  que  l'eau  chaude  ou  la  vapeur  chaude  s'élève 
et  monte  dans  les  étages  supérieurs  de  la  maison.  Si  la  chau- 
îière  était  à  l'étage  supérieur,  la  chaleur  ne  descendrait  pas 
dans  les  étages  inférieurs,  mais  elle  s'élèverait  directement. 

8.  Combien  faut-il  de  degrés  centigrades  pour  faire  GO  de- 
grés Fahrenheit?  Combien  en  faut-il  pour  faire  zéro  degré 
Fahrenheit? 

Rép.  —  Soixante-quatre  degrés  Fahrenheit  égalent  dix-sept 
degrés  sept  neuvièmes  centigrades.  Zéro  Fahrenheit  égale  dix- 
sept  degrés  sept  neuvièmes  centigrades  au-dessous  de  zéro. 

Bertha  R. 
Age  :  treize  ans. 
Cleveland  (Ohio), 


SCIENCES   PHYSIQUES.  403 


/4.  —  PHYSIQUE 

1.  Donnez  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur.  Donnez  l'équi- 
valent mécanique  de  chaleur  de  Joule. 

2.  Expliquez  les  différentes  méthodes  de  la  transmission  de 
la  chaleur. 

3.  Qu'est-ce  qui  prouve  que  les  corps  qui  produisent  un  son 
sont  en  vibration  ? 

4.  Expliquez  les  phénomènes  de  l'interférence  du  son. 

5.  Expliquez  l'action  d'un  prisme,  par  exemple  d'un  prisme 
de  verre  sur  la  lumière  :  1°  par  rapport  à  la  réfraction  ;  2°  par 
rapport  à  la  décomposition. 

6.  Indiquez  les  principes  fondamentaux  de  la  polarisation  de 
la  lumière. 

7.  Décrivez  les  phénomènes  de  Tinduction  électrique. 

8.  Décrivez  la  construction  et  l'action  de  la  bobine  d'induc- 
tion de  Ruhmkorff. 

9.  Pourquoi  faut-il  amalgamer  les  zincs  dans  une  pile  galva- 
nique? 

10.  Donnez  la  théorie  d'Ampère  sur  le  magnétisme  ter- 
restre. 

Californie  (Examens  des  High  Schools) . 


/O.   —   SOLIDES   ET   FLUIDES. 

1.  Nommez  et  définissez  les  propriétés  essentielles  de  la  ma- 
tière. Nommez  aussi  trois  propriétés  qui  résultent  de  différents 
degrés  de  cohésion. 

2.  Démontrez  la  proportion  qui  exprime  la  loi  générale  de 
gravitation. 

3.  Démontrez  la  loi  du  mouvement  réfléchi. 

k.  Un  corps  tombe  librement  pendant  14  secondes.  Quelle 
distance  parcourt-il  pendant  la  dernière  seconde"?  Quelle  dis- 
tance parcourt-il  pendant  tout  le  temps  de  sa  chute  ?  On  ne 
tiendra  pas  compte  des  résistances  du  milieu. 

5.  Un  cylindre  à  vapeur,  non  à  condensation,  a  un  diamètre 
de  2  pieds;  la  course  du  piston  est  de  10  pieds  ;  la  pression  de 
la  vapeur  est  de  25  livres;  on  arrête  l'admission  de  la  vapeur 
au  cinquième  de  la  course  du  piston.  On  demande  l'effet  utile 
produit  par  un  coup  de  piston  en  pieds  et  en  livres. 


404-  IIIGH   SCIIOOLS. 

0.  Combien  s'écoulera-t-il  d'eau  en  1  heure  par  un  orifice 
de  12  pouces  carrés,  dont  le  bord  supérieur  est  à  20  pieds  au- 
dessous  du  niveau  constant  de  l'eau? 

7.  Expliquez  la  méthode  employée  pour  déterminer  la  gra- 
vité spécifique  d'un  solide  plus  léger  que  l'eau.  Donnez  un 
exemple. 

(S.  Expliquez  la  composition  de  trois  forces  qui  ne  sont  pas 
dans  le  même  plan. 

9.  Décrivez  l'appareil  qui  sert  à  démontrer  la  loi  de  Mariette 
relative  à  la  densité  et  à  l'expansibilité  de  l'air  soumis  à  une 
pression. 

Californie  (Examens  des  High  School).    , 


76.  —   EXAMEN   DE    PHYSIQUE. 
(2^  année.) 

1.  Donnez  la  définition  chimique  d'un  atome.  Définissez  les 
deux  propriétés  qui  sont  communes  à  l'atome  et  aux  corps. 
Comment  appelle-t-on  ces  propriétés  pour  cette  raison? 

Rép.  —  Un  atome  est  une  particule  de  matière,  infiniment 
dure  {sic),  infiniment  petite,  ayant  une  forme  définie,  une  gran- 
deur et  un  poids  déterminés. 

L'étendue  et  l'impénétrabilité. 

L'étendue  est  la  propriété  en  vertu  de  laquelle  un  corps  oc- 
cupe une  certaine  portion  de  l'espace,  à  l'exclusion  de  tout 
autre  corps.  L'impénétrabilité  est  une  propriété  de  la  matière 
en  vertu  de  laquelle  deux  corps  ne  peuvent  pas  occuper  en 
même  temps  la  même  portion  ds  l'espace.  On  appelle  ces 
propriétés  :  universelles.  Elles  sont  aussi  des  propriétés  néces- 
saires. 

2.  Définissez  l'indestructibilité  de  la  matière.  Définissez 
l'élasticité.  Indiquez  l'étymologie  de  ces  deux  mots,  et  expli- 
quez ces  deux  propriétés. 

Rép.  —  L'indestructibilité  est  une  propriété  de  la  matière, 
en  vertu  de  laquelle  un  corps  ne  peut  pas  être  anéanti.  Ex.  : 
Lorsque  l'on  brûle  un  objet,  il  semble  qu'il  soit  entièrement 
anéanti,  mais  toute  la  substance  qui  composait  cet  objet  se 
transforme  en  fumée  (sic)  (i)  et  en  cendres.  Sir  Walter  Raleigh 

(1)  On  a  entendu  ici  par  fumée  l'ensemble  dos  inoduits  gazeux, 
vapeurs  et  parcelles  solides  tenues  en  suspension. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  405 

pana  avec  la  reine  Elisabeth  qu'il  lui  dirait  le  poids  exact  de 
la  fumée  de  son  cigare.  La  reine  accepta  le  pari.  Raleigh  pesa 
d'abord  son  cigare,  puis  il  le  fuma,  en  ayant  soin  d'en  conser- 
ver toute  la  cendre  qu'il  pesa,  il  retrancha  ce  poids  de  celui 
du  cigare  et  obtint  ainsi  le  poids  de  la  fumée. 

Indestructibilité  vient  de  structiim  construire. 

L'élasticité  est  la  propriété  en  vertu  de  laquelle  un  corps 
auquel  on  fait  perdre  sa  forme  primitive  en  l'allongeant  (sic), 
tend  à  reprendre  sa  première  forme.  Ex.  :  En  allongeant  un 
morceau  de  gomme  élastique  on  peut  augmenter  sa  dimension 
de  plus  du  double  ;  mais,  dès  que  la  force  qui  l'a  ainsi  allongé 
cessera  d'agir,  le  morceau  de  gomme  reprendra  sa  première 
position.  En  comprimant  un  gaz,  on  peut  le  réduire  presque  à 
l'état  liquide,  mais,  aussitôt  que  la  pression  cessera,  le  gaz  re- 
prendra son  volume  primitif. 

Élasticité  vient  de  eleo  (sic),  étendre. 

3.  Pourquoi  la  fonte  n'est  elle  pas  cristalline?  Pourquoi  les 
essieux  de  voitures  deviennent-ils  fragiles  lorsqu'ils  sont  usés? 

Rép.  —  De  même  que  les  liquides  tendent  à  former  des 
sphères,  de  même  les  solides  tendent  à  former  des  cristaux 
réguliers.  Lorsque  le  fer  est  chauffé  à  blanc  et  qu'on  le  refroi- 
dit brusquement,  les  molécules  n'ont  pas  le  tefmps  de  s'arran- 
ger en  cristaux;  elles  se  réunissent  d'une  manière  irrégulière. 
Si  on  emploie  ensuite  cette  fonte  pour  faire  de  lourds  canons, 
des  essieux  de  voitures,  etc.,  elle  deviendra  très-fragile  au 
bout  de  quelque  temps  parce  que  les  molécules,  qui  sont  con- 
stamment agitées  et  secouées,  essaieront  (sic)  de  reprendre 
une  forme  cristalline,  et,  comme  elles  ne  pourront  pas  le  faire, 
elles  rendront  le  fer  fragile. 

4.  Définissez  l'attraction  capillaire.  Donnez  l'étymologie  de 
ces  deux  mots.  Pourquoi  l'attraction  est-elle  ainsi  appelée? 
Expliquez  l'importance  de  l'attraction  capillaire  dans  la  nature. 

Rép.  —  L'attraction  capillaire  est  cette  variété  d'adhésion 
qui  fait  ([ne  les  liquides  adhèrent  à  la  surface  des  solides.  Ca- 
pillaire vient  de  capilliis,  cheveu.  Attraction  vient  de  tracHim, 
tirer.  Cette  attraction  est  ainsi  appelée  parce  que  Ton  se  sert, 
pour  en  faire  plus  clairement  la  démonstration,  de  tubes  dont 
le  diamètre  intérieur  ressemble  à  celui  d'un  cheveu.  L'attrac- 
tion capillaire  joue  un  très-graud  rôle  dans  la  nature.  C'est 
elle  qui  fait  monter  la  sève  dans  les  plantes  (?).  Elle  joue  aussi 
un  rôle  très-important  dans  la  circulation  des  fluides  à  travers 
les  tissus  animaux. 


406  IIIGH    SCIIOOLS. 

5.  Oii'entend-on  par  la  diffusion?  Faites  voir  l'importance 
de  la  diffusion  des  g^z  pour  purifier  l'air. 

Rép.  —  On  appelle  diffusion  la  tendance  des  liquides  à  se  mêler 
les  uns  avec  les  autres.  Sans  cette  propriété  de  la  diffusion,  les 
ditrércntes  couches  de  l'air  se  superposeraient  avec  les  plus 
lourdes  en  bas.  En  conséquence,  les  vapeurs  malsaines  se 
trouveraient  très-près  de  la  terre,  et  le  résultat  de  cet  arrange- 
ment serait  désastreux.  Dans  l'état  actuel  des  choses,  au  con- 
traire, les  vapeurs  se  répandent  entre  elles  par  la  dififusion, 
de  sorte  que  le  chimiste  le  plus  savant  ne  pourrait  trouver 
aucune  dilférence  entre  l'air  des  montagnes  et  celui  des  val- 
lées. 

6.  Définissez  l'acoustique.  Définissez  le  son  dans  le  sens  ob- 
jectif. Comment  le  son  est-il  produit?  A  quel  point  de  vue  traite- 

t-on  ce  sujet? 

Rép.  —  L'acoustique  est  la  science  qui  traite  de  la  cause,  de 
la  nature  et  des  phénomènes  du  son.  Ce  mot  vient  de  àxouœ, 
entendre.  Le  son  est  le  mode  de  mouvement  qui  peut  affecter 
le  nerf  auditif.  Le  son  est  produit  parles  vibrations  de  quelque 
corps  sonore.  Ces  vibrations  se  transmettent,  à  travers  un  mi- 
lieu élastique,  au  nerf  auditif.  On  traite  ce  sujet  au  point  de 
vue  de  la  qualité,  de  l'intensité  et  de  la  rapidité. 

7.  Indiquez  la  différence  entre  le  bruit  et  la  musique.  De 
quoi  dépend  le  diapason  du  son  ?  Quand  est-il  haut  ?  Quand 
esl-il  bas? 

Rép.  —  Le  bruit  est  la  sensation  produite  par  des  vibrations 
inégales  et  confuses.  Le  son  musical  est  la  sensation  produite 
par  des  vibrations  régulières,  qui  reviennent  à  intervalles- 
égaux.  Le  diapason  du  son  dépend  de  la  rapidité 'des  vibra- 
tions. Lorsque  les  vibrations  sont  rapides,  le  son  est  haut;  si 
elles  sont  lentes,  le  son  est  bas  ou  grave. 

8.  Définissez  l'intensité  du  son.  Le  son  sera-t-il  plus  intense  à 
la  base  ou  au  sommet  d'une  montagne?  Quand  les  sons  sont-ils 
le  plus  distincts,  la  nuit  ou  le  jour?  Le  son  peut-il  traverser 
un  espace  vide?  De  quels  instrumenis  se  sert-on  pour  augmen- 
ter l'intensité  du  son? 

Rép.  —  On  entend  par  intensité  la  force  du  son.  L'intensité 
n'a  aucun  rapport  avec  le  diapason.  Le  son  aura  plus  d'inten- 
sité au  bas  de  la  montagne,  parce  que  l'atmosphère  y  est  plus 
dense.  Les  sons  sont  plus  distincts  pendant  la  nuit  parce  que 
alors  la  tenqiérature  est  plus  égale,  et  le  milieu  à  travers  le- 
quel le  son  est  transmis  (l'air)  n'est  pas  troublé  par  des  cou- 


i 


SCIE>XES   PHYSIQUES.  -407 

rants  de  densité  différente.  Le  son  ne  peut  pas  traverser  un 
espace  vide.  Pour  concentrer  le  son  ou  le  diriger  on  se  sert  de 
porte-voix  et  de  cornets  acoustiques. 

9.  La  température  de  l'air  étant  60'  Fahrenheit,  j'entends 
le  bruit  d'un  fusil  i  secondes  après  avoir  vu  la  lumière.  A 
quelle  distance  suis-je  du  chasseur? 

La  température  étant  au  degré  de  glace,  j'entends  le  brait 
de  la  cognée  du  bûcheron  3  secondes  après  l'avoir  vue  briller 
au  soleil  dans  sa  descente.  A  quelle  distance  suis-je  du  bûche- 
ron ? 

Qu'est-ce  qu'un  écho  ?  Quand  y  aura-t-il  une  résonnance  qui 
est  souvent  fort  utile  à  un  orateur?  Doit-on  avoir  égard  aux 
principes  de  l'acoustique  dans  la  construction  d'une  salle 
publique  ? 

Rép.  —  1121  pieds  parcourus  par  le  son  à  GO"  Fahr. 
•i   secondes 


•4484   pieds,  distance  du  chasseur. 
1090    pieds    parcourus   par    le   son    à    32°  Fahr. 
3    secondes 

3270  pieds,  distance  du  bûcheron. 
Lorsqu'un  son  est  produit  près  d'une  surface  réfléchissante 
d'une  très-grande  étendue,  le  son  sera  réfléchi  et  produira  ce 
qu'on  appelle  un  écho.  Il  y  a  résonnance  lorsque  l'orateur  est 
assez  près  de  la  surface  réfléchissante  pour  qu'on  entende  à  la 
fois  le  son  direct  et  le  son  réfléchi.  Le  son  réfléchi  se  mêlera 
et  se  combinera  avec  le  son  direct,  pour  former  un  son  unique 
d'une  plus  grande  intensité.  On  doit  avoir  égard  aux  principes 
de  l'acoustique  dans  la  construction  des  salles  publiques,  pour 
la  commodité  de  l'orateur  et  de  l'auditoire. 

Miss  Me  E. 
Age  :  quinze  ans. 
Baltimore  (Marylandj.  Female  High  School  de  l'Est, 


/  /.  —  CHIMIE. 

1 .  Décrivez  le  système  de  nomenclature  et  de  signes  appliqué 
aux  corps  simples  et  aux  corps  composés. 

2.  Expliquez  la  classification  de  certain js   substances  chi- 
miques, telles  que  les  Monades,  les  Dyades,  les  Tétrades,  etc. 

3.  Expliquez  la  méthode  au  moyen  de  laquelle  on  calcule  le 


408  iricn  schools. 

poids  réel  des  ingrédients  qui  forment  un  composé  chimique 
lorsque  l'on. connaît  la  formule  de  ce  composé. 

4.  L'hydrogène  est-il  un  métal?  Pourquoi? 

5.  Indiquez  un  moyen  infaillihle  de  découvrir  la  présence  de 
l'arsenic. 

6.  Décrivez  la  production  de  l'acide  carhonique  dans  le  sys- 
tème animal. 

7.  Comment  extrait-on  l'alcool  du  blé  ? 

8.  Comment  transforme-t-on  le  minerai  de  fer  en  acier  de 
Bessemer? 

9.  Qaelles  sont  les  diverses  espèces  de  nourriture,  et  quels 
services  chacune  de  ces  espèces  rend-elle  à  l'économie  ani- 
male. 

10.  Quelles  sont  les  substances  produites  par  l'action  de 
l'acide  nitrique  sur  la  cellulose?  Quelles  sont  les  propriétés  de 
ces  substances? 

Californie  (Examens  des  lligh  Schools). 


78.  —  CHIMIE. 

1.  Quels  sont  les  éléments  qui  entrent  dans  la  composition 
de  l'atmosphère  ?  En  quelle  proportion?  Lequel  de  ces  élé- 
ments est  indispensable  à  l'homme? 

Bép.  —  L'oxygène  et  le  nitrogène  (1).  Elle  contient  aussi  une 
petite  quantité  d'acide  carbonique,  un  peu  d'ammoniaque  et 
de  la  vapeur  d'eau. 

Oxvgène,  (0)  20.61  ;  nitrogène,  (A)  77.95;  acide  carbonique. 
(CO--^)b,000i  ;  vapeur  d'eau,  1. 10. 

L'oxygène  est  essentiel  à  la  vie  animale. 

Oxygène,  0  1/5;  nitrogène,  A  4/5;  impuretés  tjt— • 

2.  Donnez  la  composition  de  cinq  composés  métalliques. 
Réj).  1.  Litharge.,         iPbO  207  -f  10  =  22.  3 

—  2.  Plomb^blanc.  ^PbCO^  207  -f-  12  +  48  =  267 

—  3.  Vitriol  vert...  speSO^  56  +  32  -f-  68  =  152 

—  4.  Vitriol  blanc.  ^Zn  SO^  65  +  32  -f  61  =  161 

—  5-  Vitriol  bleu  (2)  î     »  »  «           »            » 

(1)  Azote. 

(2j  L'élève  n'a  pas  répondu 


SCIENCES    PHYSIQUES.  400 

3.  Iiuliquez-  la  formation  du  charbon  minéral.  Quelle  est 
l'origine  supposée  du  pétrole? 

Rép.  —  Lorsque  la  matière  végétale  dépérit,  elle  s'accumule 
lentement  sur  la  terre.  C'est  ce  qui  arrive  souvent  au  fond  des 
marais.  Dans  ces  lieux  la  végétation  est  abondante,  elle  se 
mêle  avec  le  sable  et  avec  les  autres  débris  qui  se  déposent  sur 
elle.  Au  fond  de  ces  marais  la  terre  s'affaisse  continuellement, 
et  le  lit  de  tourbe  s'affaisse  avec  elle.  Cette  végétation  finit  par 
être  ensevelie  dans  la  terre  et  se  convertit  en  tourbe.  C'est  pour 
cela  que  l'on  suppose  que  les  mines  immenses  de  charbon  étaient 
autrefois  de  la  matière  végétale  qui  a  été  convertie  en  (^liarbon 
sous  l'influence  de  l'accumulation  et  de  la  chaleur  intérieure. 

On  admet  que  le  pétrole  est  formé  d'une  matière  organique 
soumise  à  l'influence  de  la  chaleur  intérieure  et  d'une  distilla- 
tion naturelle.  Il  se  forme  dans  les  rochers  et  dans  les  schistes 
argileux.  On  le  trouve  dans  les  fissures  des  rochers  au  bord  de 
la  mer,  et  il  n'est  pas  en  contact  avec  l'air  (sic). 

ï.  Décrivez  la  croissance  d'une  plante. 

Rép.  —  Ijwg^  fleur  se  compose  essentiellement  des  étamines 
et  du  pistil.  Les  étamines  portent  l'anthère,  qui  contient  le 
pollen.  Le  pistil  est  au  centre  de  la  fleur.  Il  contient  dans  son 
ovaire  les  petits  ovules  qui,  lorsqu'ils  sont  mûrs,  deviennent 
les  graines.  Lorsque  les  graines  sont  mûres,  on  y  trouve  l'em- 
bryon qui  est  une  plante  en  miniature  comprenant  la  radicelle 
et  les  cotylédons. 

L'ovaire  renferme  un  petit  globule  appelé  l'ovule.  Le  pollen 
tombe  de  l'anthère  et  répand  une  liqueur  gommeuse.  Au  con- 
tact de  cette  gomme  l'embryon  commence  à  pousser.  Alors  le 
petit  globule  devient  une  petite  plante  ;  une  partie  forme  la 
racine  et  l'autre  les  cotylédons.  C'est  alors  que  l'assemblage 
des  cellules  prend  une  forme.  Cette  formation  des  cellules  con- 
tinue ;  il  se  fait  des  divisions  à  travers  les  cellules  lorsque  la 
plante  est  formée.  C'est  là  ce  qui  constitue  la  croissance  de  la 
plante. 

5.  Donnez  les  équivalents  du  sucre  de  canne  et  du  sucre  de 
raisin.  Donnez  au  moins  trois  acides  organiques. 

Rép.  —  Sucre  de  canne  C'^H-^-^Oii. 
Acide  tartrique  C^H'-O»-. 
Sucre  de  raisin  C^^H^^Oi^. 
Acide   citrique  C^H^O*^ 
Acide   malique   C^ReO"^. 

6.  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  le  dépérissement  dans  la 


410  IIIGH   SCIIOOLS. 

matière  aniinalo  vivante  et  le  dépérissement  dans  la  matière 
animale  morte?  >'ommez  les  trois  espèces  de  nourriture, 

R('p.  —  lie  dépérissement  a  lieu  dans  ces  deux  états.  Dans  le 
second  état  la  perte  n'est  pas  compensée,  tandis  que  dans  le 
premier  elle  est  compensée  par  la  nourriture.  La  nourriture 
est  divisée  en  différentes  classes  :  1°  non  nitrogénce  (1),  comme 
l'amidon,  le  sucre;  2"  nilrogénée,  comme  la  viande  (maigre); 
3"  les  substances  grasses,  par  exemple  le  beurre.  Le  lait  con- 
tient les  trois  classes  de  nourriture,  et  on  le  regarde  comme  le 
type  de  la  nourriture  animale.  Il  contient  le  sucre  qui  appartient 
à  la  première  classe,  la  caséine  ou  lait  caillé  qui  appartient  à  la 
seconde,  et  le  beurre  qui  appartient  à  la  troisième. 

Un  homme  ne  peut  vivre  qu'à  la  condition  de  manger  de  la 
nourriture  qui  contienne  ces  trois  classes  de  substances. 

La  vie  organique  des  plantes  est  entretenue  par  la  nourriture 
qu'elles  prennent  dans  l'atmosphère. 

7.  Quels  rapports  existent  entre  les  animaux  et  les  plantes? 
Rép.  —  H  y  a  des  rapports  intimes  entre  les  animaux  et  les 

plantes.  Leur  structure  est  cellulaire,  ils  sont  formés  par  une 
agrégation  ou  un  assemblage  de  petites  cellules.  C'est  la  divi- 
sion et  la  subdivision  de  ces  petites  cellules  qui  les  fait  croître  : 
car  elles  augmentent  et  élargissent  ainsi  la  structure.  Dans  les 
plantes  une  cloison  se  forme  à  travers  l'intérieur  de  la  cellule, 
et  la  divise  ainsi  en  deux  parties.  Chacune  de  ces  parties  est,  à 
son  tour,  divisée  en  deux  et  ainsi  continue  la  croissance.  Cette 
structure  cellulaire,  commune  à  la  matière  organique  dans  les 
animaux  et  dans  les  plantes,  les  distingue  du  règne  inorganique 
ou  minéral.  Si  une  cellule  est  divisée,  elle  ne  forme  plus  une 
unité,  mais  seulement  une  partie  d'unité.  Dans  les  minéraux 
qui  sont  composés  d'atomes,  au  contraire,  chacun  de  leurs 
fragments  ou  chacune  des  parties  de  ces  fragments  est  une  unité 
complète. 

Les  plantes  purifient  l'air  pour  les  animaux,  car  elles 
absorbent  le  carbone  et  rendent  l'oxygène.  L'animal  respire 
l'oxygène  et  rend  l'acide  carbonique  qui  est  de  nouveau  décom- 
posé par  la  plante. 

8.  Qu'est-ce  que  les  composés  saturés  et  les  composés  non 
saturés?  Comment  appelle-t-on  les  composés  non  saturés? 

Bép. —  Lorsijue  dans  un  composé  les  unités  qui  se  combinent 
de  l'un  des  éléments  sont  remplies  par  les  unités  qui  se  coni- 

(\j  Azotée. 


SCIE>XE5   PHYSIQUES.  411 

binent  des  autres  éléments,  on  dit  que  le  composé  est  saturé; 
mais  dans  le  cas  contraire  on  dit  que  le  composé  est  non  saturé. 

Le  gaz  des  marais  H^G  est  un  composé  saturé.  Le  carbone 
est  un  tétrade  et  a  quatre  unités  qui  se  combinent;  il  est  donc 
rempli  parles  qnatre  unités  de  l'hydrogène  qui  est  un  monade. 

Le  gaz  oléfiant  H^C-  est  un  composé  non  saturé,  parce  que 
quatre  seulement  des  huit  unités  du  carbone  sont  remplies  par 
les  quatre  de  l'hydrogène. 

9.  Qu'est-ce  que  les  monades,  dyades,  triades,  etc?  Donnez 
des  exemples  de  chacun  d'eux.  Nommez  ceux  qui  appartiennent 
à  plusieurs  classes. 

Rép.  On  prend  l'hydrogène  comme  base.  Lorsqu'un  élément 
n'a  qu'une  unité  qui  se  combine,  ou  qu'il  ne  peut  prendre  en 
combinaison  qu'un  atome  d'hydrogène,  on  l'appelle  monade. 
Lorsqu'il  a  deux  unités  qui  se  combinent  ou  lorsqu'il  prend  en 
combinaison  deux  alomes  d'hydrogène  on  l'appelle  dyade. 
Lorsqu'il  en  a, trois,  on  l'appelle  triade;  tétrade  lorsqu'il  en  a 
quatre  ;  pentade,  lorsqu'il  en  a  cinq;  hexade  lorsqu'il  en  a  six. 

Monade  (1)      Chlore  Cl  35.5  (-2). 


Dyade 

Triade 

Tétrade 

Pentade 

Hexade 

Oxygène       0    16. 
Nitrogène     N    14. 
Carbone       C     12. 
Soufre          S      y> 
Columbium  Cb   » 

Llxa  F 

(Marylandj 

Female  High  School  de  l'Ouest. 

79.  —   CHIMIE 

(3^  année.) 

1.  Comment  fait-on  le  vinaigre  et  le  savon  dur?  Expliquez 
la  réaction  chimique  qui  se  produit  dans  ce  dernier  cas. 

2.  On  fait  le  vinaigre  en  faisant  passer  un  courant  d'alcool 
étendu  d'eau  sur  des  copeaux  placés  dans  un  tonneau  dont  les 
côtés  sont  percés  de  trous  pour  laisser  entrer  l'air.  En  passant 
sur  ces  copeaux,  l'alcool  est  exposé  à  un  courant  d'air  très-vif 

(1)  Éléments  monoatomiques,  diatomiques,  etc 
(2j  Poids  atomiques. 


412  HIGH   SCHOOLS. 

dont  roxygènc  transforme  l'alcool  d'abord  en  aldéhyde,  puis 
en  acide  acétique  ou  vinaigre. 

On  obtient  le  savon  dur  en  faisant  dissoudre  de  la  soude 
causti({ue  dans  de  l'eau,  et  en  laissant  déposer  la  solution. 
Dans  une  partie  de  cette  solution  vous  mettez  du  suif,  vous 
faites  bouillir  pendant  trois  quarts  d'heure.  Ajoutez-y  le  reste 
de  la  solution,  et  faites  bouillir  pendant  deux  ou  trois  heures. 
Ajoutez-y  un  peu  de  sel  ordinaire  et  laissez  la  solution  prendre 
de  la  consistance.  Vous  aurez  ainsi  du  savon  dur. 

Voici  comment  on  explique  l'action  chimique.  I.a  soude  caus- 
tique décompose  le  suif  en  stéarine,  oléine  et  palmitine.  Le 
sodium  hydraté  reste  en  solution  avec  la  stéarine  {sic).  Le  sel 
durcit  l'oléine  et  la  palmitine. 

2.  Décrivez  la  production  du  gaz  d'éclairage  et  dites  avec 
({uoi  et  comment  on  le  purifie.  Dessinez  l'appareil. 

Rép.  —  On  met  le  charbon  dans  les  cornues  b,  chauffées 
par  le  fourneau  a  (1).  Les  vapeurs  produites  par  le  charbon 
sont  :  le  gaz  des  marais,  l'hydrogène,  le  gaz  ammoniac,  l'hydro- 
gène (sulfuré),  les  vapeurs  du  goudron  de  houille  et  la  vapeur 
d'eau.  Dans  le  grand  cylindre  à  eau  c,  se  condense  une  partie  des 
vapeurs  de  goudron  de  houille,  de  gaz  anunoniac  et  d'eau.  Les 
gaz  passent  ensuite  à  travers  les  condensateurs  d  qui  sont 
dans  un  bain  froid,  et  oîi  se  condense  le  reste  des  vapeurs  de 
goudron  de  houille.  Ils  passent  ensuite  à  travers  le  laveur  é", 
(|ui  est  plein  de  petits  morceaux  de  bois.  A  la  partie  supérieure 
de  ce  laveur  pénètre  un  jet  d'eau  froide  qui  condense  le  reste 
de  l'ammoniaque  et  de  la  vapeur  d'eau  et  une  partie  de  l'hydro- 
gène sulfuré.  Les  gaz  traversent  enfin  les  laveurs  f,  qui  sont 
de  grandes  cuves  remplies  de  sciure  de  bois  et  de  sulfate  de 
cuivre  qui  purifient  le  gaz  en  lui  enlevant  ce  qui  reste  d'hydro- 
gène sulfuré. 

3.  Donnez  la  formule  et  les  noms  des  séries  des  gaz  de 
iMarsh,  et  indiquez  tous  les  dérivés  de  la  seconde  série  : 

Rép.  —  Méthvle  hydrine  =  CH3,H. 

Éthyle        —      =  r;^H5,H. 

Propyle      —      =  C3IF,II. 

Butvlc        —      =  CM19,H. 

Amvle         —      =  C5H",H. 


(1)  Une  figure  nécessaire  à  rintelligencc  du  texte  était  esquissée 
sur  le  i.ia...:scrit. 


SCIENXES   PHYSIQUES. 

Hexylc 



=  oaii3,H. 

Hepïyle 
Octyle 

— 

=  C8Hi7,H. 

Nonvle 
Élhvle 

— 

=    C3H6. 

Alcool 

— 

=  C^H^'O. 

Éther          — 
Éthyle  acide 

=  (C2H-720. 
-=  (C2H30)H0. 

iVS 


A.  Expliquez  le  phénomène  de  la  combustion,  et  dites  quels 
en  sont  les  produits  les  plus  ordinaires.  D'où  vient  la  clarté  de 
la  flamme? 

Rép.  —  La  combustion  est  produite  par  l'union  chimique 
des  éléments  de  la  substance  avec  l'oxygène.  Les  produits  les 
plus  ordinaires  de  la  combustion  sont  :  le  gaz  acide  carbonique 
et  la  vapeur  d'eau.  Dans  la  combustion  lente  il  se  forme  des 
oxydes  de  la  substance  en  combustion. 

La  clarté  de  la  flamme  est  formée  par  les  particules  de  car- 
bone chauflées  jusqu'à  l'incandescence. 

5.  Comment  obtient-on  le  chlore?  Expliquez  la  réaction  qui 
se  produit  et  donnez  les  propriétés  chimiques  les  plus  remar- 
quables de  cette  substance. 

Rép.  —  On  obtient  le  chlore  en  traitant  du  sel  (chlorure 
de  sodium),  par  l'acide  sulfurique,  et  en  chaufl'ant  l'acide  chlor- 
hydrique  ainsi  obtenu  avec  de  l'oxyde  de  manganèse.  La  réac- 
tion qui  donne  l'acide  chlorhydrique  est  : 

>'aGl  4-H2S0^=  NaHSO^+HCl. 

L'acide  sulfurique  décompose  le  NaCl,  le  H  ayant  une  grande 
affinité  pour  Cl  ;  le  Na  et  SO^  s'unissent  avec  un  atome  de  H 
et  forment  Na  HSO^ 

La  réaction  que  donne  le  chlore  est  : 

Mn02  +  4  HCl  =  MnC12  +  2  H20  -}-  2  Cl. 

Propriétés  les  plus  remarquables  du  chlore  :  il  a  beaucoup 
d'affinité  pour  H  (l'hydrogène),  et  il  s'emploie  pour  blanchir. 

6.  Quels  sont  les  composés  les  plus  connus  du  chlore  ?  Indi- 
quez la  composition  de  l'un  d'eux  à  tant  par  cent. 

Rép.  —  Les  composés  les  plus  connus  du  chlore  sont  : 

NaCl;  HCl;  KCIO^  ;  MnCP;  CaCP. 

La  composition  à  tant  par  cent  de  NaCl  est  40  °/o  de  Na 


41-4  IIIGH    SCIIOOLS. 

7.  Quelle  est  la  plus  petite  quantité  de  H-SO^  qui  se  combi- 
nera avec  4  livres  de  nitrate  de  potassium?  Quelle  suiistance 
sera  mise  en  liberté,  et  quelle  quantité  de  cette  substance? 

Bép.  —  La  réaction  est  : 

2  KN06  +  IPSO^  =  2  HNQfi  +  lv^SO< 

2  KN06  =  202.  2  H'^SO^  =  98 

'  '''-'  -  2^     '  '''-'  =  '  m  '''-'''  "'^^^^ 

UNO''  sera  mis  en  liberté  :   1   j^  livres. 

Question  facultative. 

Trouvez  les  formules  d'une  substance  dont  la  vapeur  a  une 
densité  de  23,  et  qui,  d'après  l'analvse,  est  ainsi  composée  Vo 
--52.2.  H=13.  0  =  3i,8. 
Rép.  —  Ces  formules  sont  : 


02^-0;  ou 

C^H^  HO 

Ciï^ 

0  ou 

Cl 

1 

^     O-H 

Alice  A. 

Cleveland  (Ohio) 

Age 

:  dix-sept 

ans. 

XI.   - 

-  fScieuces  naturcll 

es. 

80.  — 

BIOLOGIE. 

(2« 

année.) 

1.  Dressez  un  tableau  des  différentes  divisions  de  la  biologie. 
Rép. 

Morphologie. 


Distribution. 

}  blOlOQlQUe...    { 

(Histoire  naturelle). 


SCIENCE  \  Biologique...  l  ■^-;;;-: 


V  Eliologie. 
\  Abiolofjique   (règne  inorganique) . 

/  Anatomie. 
,,  7  ,  •  \  Histoloo-ie. 
ilorphologic.     Embryologie. 

V  Taxonomie. 


SCIENCES    PHYSIQUES.  415 

2.  Exposez  brièvement  les  différents  modes  de  reproduction. 
Réj). 

Agamogenèse  (  Fissure  (1). 
(non  sexuelle).  (  Germination. 

^  .      ;  Ovipare. 

Gamogenese      Ovovivipare, 
(sexuelle).     (  y^-^-^J^ 

La  reproduction  est  le  phénomène  par  lequel  une  partie  de 
la  matière  se  détache  de  l'organisme  principal.  Elle  prend  le 
caractère  de  la  partie  dont  elle  est  détachée,  et  elle  a  la  même 
propriété  de  se  propager  par  un  rejeton.  C'est  ce  phénomène 
qui  engendre  de  nouveaux  organismes  et  qui  perpétue  l'es- 
pèce. La  reproduction  est  agamogène  ou  gamogène.  La  repro- 
duction par  agamogenèse  se  divise  en  deux  catégories,  savoir  : 
la  reproduction  par  fissure  et  la  reproduction  par  germination. 
La  première  catégorie  de  reproduction  a  lieu  lorsque  l'orga- 
nisme principal  se  divise  en  deux  parties  égales  dont  chacune 
se  développe  et  forme  un  organisme  semblable  à  celui  qui  lui 
a  donné  naissance.  Dans  la  seconde  catégorie,  l'organisme 
principal  ne  se  divise  pas,  mais  il  pousse  un  bourgeon  qui 
prend  la  forme  de  cet  organisme. 

Tous  les  organismes  de  la  classe  supérieure  se  reproduisent 
gamogénéticalement,  c'est-à-dire  par  l'union  du  germe  et  des 
cellules  spermatiques,  produits  de  deux  organismes  différents: 
le  mâle  et  la  femelle.  La  reproduction  par  gamogenese  est 
ovipare,  ovovivipare  ou  vivipare.  La  première  a  lieu  chez  les 
animaux  qui  pondent  des  œufs;  la  seconde,  lorsque  les  œufs 
ne  sortent  du  corps  qu'après  être  éclos;  la  troisième,  lorsque 
les  petits  naissent  vivants. 

3.  Dessinez  les  sections  transverses  d'un  animal  vertébré  et 
d'un  animal  non  vertébré.  Dessinez  aussi  une  vertèbre  idéale 
de  la  région  dorsale  de  la  colonne  vertébrale. 

i.  Décrivez  le  développement  de  l'œuf  d'un  poussin  jusqu'à 
la  formation  du  sillon  primitif,  des  parois  du  canal  alimen- 
taire, des  parois  des  régions  tboraciques  et  abdominales. 

Rép.  —  Le  premier  phénomène  qui  se  produit  dans  le  déve- 
loppement de  l'œuf  est  la  division  du  contenu  de  la  cellule  en 
deux  masses  séparées,  puis  en  quatre.  Le  germe  intérieur  dis- 

(1)  Fissiparité. 


416  iiiGii  scnooLS. 

paraît,  mais  le  germe  extérieur  reste.  Lcjaune  s'appelle  le  blas- 
toderme. La  partie  supérieure  du  blastoderme  se  sépare  en 
trois  coucbes,  savoir  :  la  couche  supérieure  ou  épiblaste,  la 
couche  moyenne  ou  mésoblaste,  et  la  couche  inférieure  ou 
hypoblaste.  L'épiblaste  forme  l'épiderme,  le  cerveau  et  la 
corde  vertébrale.  L'hypoblaste  forme  l'intérieur  du  canal  ali- 
mentaire. Le  mésoblaste  forme  les  tissus  qui  se  trouvent  entre 
l'intérieur  du  canal  et  l'épiderme.  La  partie  supérieure  de 
l'épiblaste  s'allongeant  en  dedans  et  en  bas  forme  le  sillon 
primitif.  L'épiblaste  pousse  le  mésoblaste  en  haut  et  tend  à 
clore  le  sillon  primitif.  La  partie  antérieure  de  ce  sillon 
s'épaissit  et  forme  le  cerveau,  la  partie  postérieure,  la  corde 
vertébrale.  Le  mésoblaste  se  fend  en  deux  couches  :  la  couche 
supérieure  adhère  à  l'épiblaste  pour  former  le  somato-plura  ; 
la  couche  inférieure  adhère  à  l'hypoblaste  pour  former  le 
splanchno-plura.  Le  somato-plura  forme  les  parois  de  la  région 
thoracique  et  abdominale.  Le  splanchno-plura  forme  le  canal 
alimentaire. 

5.  Quelle  est  l'unité  de  structure  de  la  matière  animée  ? 
Indi({uez  trois  différences  entre  les  substances  organiques  et 
les  substances  inorganiques. 

Rép.  —  L'unité  de  structure  de  la  matière  animée  est  une 
cellule.  Cette  cellule  peut  contenir  ou  ne  pas  contenir  une 
membrane  cellulaire,  des  matières  cellulaires,  un  germe  inté- 
rieur ou  un  germe  extérieur,  ou  une  masse  de  protoplasma 
sous  sa  forme  la  plus  simple. 

Trois  différences  distinguent  les  substances  orgniques  des 
substances  inorganiques  : 

1°  La  matière  organisée  est  caractérisée  par  sa  composition 

chimique.  Elle  contient  une  ou  plusieurs  formes  d'un  composé 

■  complexe  chimique  de  carbone,  d'hydrogène,  d'oxygène  et  de 

nitrogène.  Lorsqu'elle  est  associée  à  de  grandes  proportions 

d'eau,  elle  forme  le  protoplasma. 

2''  Diminution  et  perte  complète  par  l'oxydation,  réintégra- 
tion concomitante  par  l'absorption  de  nouvelle  matière. 

3°  Tendance  k  éprouver  des  modifications  cycliques. 

6.  Exposez  le  développement  et  la  structure  des  membres. 
Rép.  —  Dans  l'embryon  les  membres  paraissent  d'abord  à 

l'état  de  germes  qui  se  divisent  bientôt  en  trois  segments. 
Dans  le  membre  de  devant  on  les  appelle  :  pour  le  premier 
segment,  l'humérus;  pour  le  second  segment,  le  cubitus  et  le 
radius;  pour  le  troisième  segment,    le  carpe,  le  métacarpe  et 


SCIENCES   PHYSIQUES.  417 

les  {ilialanges.  Dans  le  membre  de  derrière  ou  les  appelle  : 
pom*  le  premier  segment,  le  fémur;  pom'  le  second,  le  tibia  et 
le  péroné;  pour  le  troisième,  le  tarse,  le  métatarse  et  les  pha- 
langes. 

7.  Définissez  un  mammifère. 

Rép.  —  Un  mammifère  est  un  animal  vertébré  possédant  des 
glandes  qui  sécrètent  le  lait  pour  la  nourriture  des  petits.  Des- 
ci'iption  :  il  est  couvert  de  poils  à  une  certaine  époque  de  sa  vie; 
il  a  des  mamelles;  la  i-égion  thoracique  et  la  région  abdomi- 
nale sont  complètement  séparées;  il  respire  au  moyen  de  pou- 
mons ;  le  cœur  a  quatre  cavités  ;  il  a  le  sang  rouge  avec  des 
globules  rouges  à  l'état  libre;  la  partie  inférieure  de  chaque  mâ- 
choire est  formée  d'une  seule  pièce  ;  le  crâne  est  joint  à  l'épine 
dorsale  par  deux  condyles  occipitaux;  la  mâchoire  inférieure  est 
jointe  directement  au  crâne;  il  a  un  amnios  et  une  allantoïde. 

8.  —  Qu'est-ce  que  la  classification?  Qu'est-ce  qui  caracté- 
rise une  bonne  classification? 

Rép.  —  On  entend  par  classification  l'arrangement  réel  ou 
de  convention  des  objets  en  groupes,  d'après  leurs  degrés  de 
ressemblance.  Nous  faisons  une  classification  des  objets  pour 
en  découvrir  les  relations  ou  pour  voir  quelles  sont  les  lois  qui 
les  unissent.  C'est  un  moyen  de  s(;  rappeler  plus  facilement  le 
caractère  des  objets  en  question.  La  meilleure  classification 
est  celle  qui  résume  le  plus  grand  nombre  de  faits  morpholo- 
giques. 

9.  Définissez  le  protozoaire,  le  cœlentéra  et  l'annélide. 
Rép.  —  Un  protozoaire  est  un  animal  formé  d'une  substance 

gélatineuse.  Il  n'a  ni  système  nerveux,  ni  système  de  la  circu- 
lation du  sang,  ni  canal  alimentaire. 

Le  cœlentéra  est  un  animal  dont  le  canal  alimentaire  s'ouvre 
dans  la  cavité  générale  du  corps.  11  se  compose  de  deux  cou- 
ches :  l'endoderme  et  l'exoderme.  Il  a  des  cellules  fibreuses. 
Les  organes  de  la  reproduction  sont  ou  internes  ou  externes. 

t'n  annélide  est  un  animal  dont  le  corps  est  annelé.  Il  est 
recouvert  à  l'extérieur  d'une  enveloppe  ferme,  mais  flexible  et 
divisée  par  des  jointures.  Le  système  nerveux  est  formé  de 
ganglions  unis  par  une  corde  de  nerfs.  Le  canal  alimentaire 
est  conqdétement  séparé  du  reste  du  corps. 

10.  Qu'entend-on  par  la  division  physiologique  du  travail? 
La  corrélation  des  structures?  Quelle  est  la  loi  générale  do 
l'embryologie? 

R''l).  —  La  division   physiulugi([ue   du   travail   signifie    que 

^27 


418  HIGII    SCHOOLS. 

tons  les  organes  du  corps  sont  divis«!s  en  parties  dont  chacune 
accomplit  une  certaine  l'onction.  La  coiTélation  des  structures 
sig-nilie  que  les  organes  ont  des  rapports  communs,  et  que,  de 
la  vue  de  l'un  d'eux,  nous  concluons  la  présence  de  l'autre. 

La  règle  générale  de  l'embi'yologie  est  que  chacun  des  états 
par  lequel  passe  l'emhryon  correspond  à  un  organisme  complet 
dans  le  règne  inférieur.  C'est  une  gradation  du  particulier 
au  général,  du  simple  au  composé. 

Alice  W  G. 

Age  :  seize  ans. 
Milwaukcc  (Wisconsiii). 


81.  —  PHYSIOLOGIE. 

1.  Indiquez  la  forme,  la  composition  et  la  siructure  des  os. 
llt'p.  —  La  forme  des  os  longs  est  arrondie.  Ils  sont  composés 

de  substances  minérales  et  animales.  Leur  struciure  est  telle 
(ju"elle  leur  donne  de  la  force  et  de  la  légèreté.  La  surface  est 
dure  et  résistante.  Mais  les  extrémités  renflées  sont  poreuses. 
Au  centre  de  l'os,  est  nn  canal  contenant  une  substance  fluide 
appelée  moelle. 

2.  Décrivez  la  colonne  vertébrale. 

Réf.  —  La  colonne  vertébrale  se  compose  de  vingt- quatre 
petits  os  joints  ensemble  par  d'épaisses  couches  cartilagineuses 
placées  entre  chaque  jointure.  Ces  cartilages  rendent  cette 
colonne  très-flexible  et  protègent  ainsi  le  cerveau. 

3.  Décrivez  la  structure  des  muscles.  A  quoi  servent-ils? 
Rép.  —  Les  muscles  sont  formés  d'amas  et  de  couches  de 

fibres.  Lorsqu'on  examine  chacune  de  ces  libres,  on  voit  qu'elle 
se  compose  de  flbres  encore  plus  petites.  Les  nuiscles  sont  les 
organes  du  mouvement. 

4.  Décrivez  l'épidernjc,  le  derme  et  les  pa]»ille.s. 

Rép.  —  L'é})iderrne  est  la  partie  extérieure  delà  peau.  Il  est 
très-mince  dans  presque  toutes  les  parties  du  corps.  Il  n'est  pas 
sensible.  Il  ne  contient  pas  de  vaisseaux  sanguins.  Le  derme 
ou  véritable  peau  est  placé  innuédiatemeiit  sous  répiderme.  Il 
est  beaucoup  plus  épais  ([ue  ce  dernier.  Il  est  très-sensible,  et 
contient  un  grand  nombre  de  vaisseaux  sanguins.  Les  papilles 
de  la  peau  sont  de  très-petites  éminences  que  l'on  trouve  dans 
la  peau. 

5.  Décrivez  les  glandes  sébacées.  Dites  à  quoi  elles  servent. 


SCIENCES  riIVSIOUES.  419 

Ri'p.  —Les  glandes  sébacées  se  trouvent  dans  l'épidémie. 
Elles  sécrètent  un  fluide  oléagineux  qui  sert  à  maintenir  une 
certaine  moiteur  à  la  peau.  Elles  sont  placées  dans  les  parties 
velues,  dont  elles  entretiennent  jusqu'à  un  certain  point  les 
poils  (sic). 

0.  Décrivez  les  glandes  sudoripares.  Indiquez  l'utilité  de  la 
transpiration  et  l'importance  des  bains. 

Rep.  —  Les  glandes  sudoripares  se  trouvent  dans  le  derme. 
La  principale  action  de  la  peau  est  la  transpiration,  que  pro- 
duisent ces  glandes.  La  transpiration  sert  à  régulariser  la  tem- 
pérature du  corps,  d'où  elle  chasse  des  matières  étrangères. 
I/épiderme  s'use  constamment ,  et  les  particule?  qui  s'en 
détachent  se  réunissent  et  forment  de  petites  écailles.  Les  bains 
seuls  peuvent  enlever  complètement  ces  écailles;  ils  sont  donc 
très-utiles. 

7.  Nommez  les  principales  substances  inorganiques  qui  s'em- 
ploient comme  nourriture. 

Rép.  —  L'eau  et  le  sel. 

8.  Nommez  trois  groupes  de  principes  alimentaires  impor- 
tants et  nommez  les  classes  qui  forment  le  premier. 

Rép.  —  Les  trois  groupes  de  principes  alimentaires  impor- 
tants sont  les  substances  albumineuses,  les' substances  saccha- 
rines et  les  substances  grasses.  Les  albumineuses  se  divisent 
en  albumine,  fibrine,  caséine.  L'albumine  est  une  substance 
organique  qui  se  trouve  dans  les  grains,  dans  la  viande  et 
dans  le  lait.  C'est  dans  le  blanc  d'œuf  qu'on  la  trouve  sous  sa 
forme  la  plus  pure.  La  fibrine  existe  dans  la  viande,  dans  le 
sang  de  l'homme  et  des  animaux.  Le  gluten  est  de  la  fibrine 
végétale.  La  caséine  est  la  partie  caillée  du  lait. 

*J.  Faites  voir  que  la  nourriture  nous  est  nécessaire,  décrivez 
le  phénomène  de  la  perte,  de  la  répartition  et  du  renouvelle- 
ment du  corps. 

Rép.  —  Le  corps  s'use  constamment.  11  a  besoin  de  réparer 
les  matières  qu'il  perd;  c'est  ce  qu'il  fait  au  moyen  de  la  nour- 
riture. Les  tissus  qui  composent  le  corps  s'usent  par  l'usage.  Le 
sang,  enrichi  par  les  principes  qu'il  retire  de  la  nourriture,  se 
met  en  contact  avec  ces  tissus  et  les  répare  :  il  enlève  les  par- 
ticules qui  sont  usées  et  leur  en  substitue  de  nouvelles.  La 
quantité  de  nourriture  qu'une  personne  mange  tous  les  jours 
s'élève  en  moyenne  à  six  livres.  En  supposant  que  le  poids 
moyen  du  corps  soit  de  100  livres,  il  se  renouvelle  (^.s/c;  environ 
une  fois  par  mois. 


420  HIGH    SCHOOLS. 

10.  Ouels  soiil,  les  clFels  i>liysiologi(iLies  de  l'alcool  considéré 
comme  nGurriture? 

Rép.  —  Il  retarde  l'usure  des  tissus,  mais  il  ne  les  répare 
pas. 

1 1.  Décrivez  le  phénomène  général  de  la  digestion. 

Jlép.  —  Ce  phénomène  commence  à  la  mastication.  La  nour- 
riture, placée  entre  les  surfaces  opposées  des  dents,  est  broyée 
et  réduite  en  fragments  très-petits.  Pendant  la  mastication  la 
nourriture  est  complètement  humectée  parla  salive  de  la  bouche  : 
c'est  ce  qu'on  appelle  l'insalivation.  Ensuite  la  nourriture  est 
})Ousséeet  descend  à  travers  l'œsophage  etl'estomac.  L'estomac 
est  le  plus  vaste  des  organes  de  la  digestion.  F^a  nourriture  y 
séjourne  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  complètement  humectée  par  le 
suc  gastrique.  Le  suc  intestinal  transforme  la  nourriture  en  ce 
qu'on  appelle  le  chyle.  C'est  le  dernier  degré  de  la  digestion. 

12.  Décrivez  le  sang. 

Rép.  —  Le  sang  est  le  fluide  le  plus  abondant  du  corps.  Sa 
couleur  varie  du  rouge  sombre  à  l'écarlate  brillant.  Lorsqu'on 
l'examine  au  microscope,  la  couleur  rouge  disparaît  et  l'on  voit 
qu'il  se  conq)Ose  de  deux  parties  distinctes  :  d'abord  un  fluide 
clair,  incolore,  nommé  le  plasma,  puis  une  multitude  de  petits 
corps  appelés  corpuscules.  Ces  derniers  sont  jaune  rougeàtre  : 
leur  grand  nombre  donne  au  sang  une  couleur  rouge.  Ils  ont 
une  forme  circulaire,  mais  ce  ne  sont  pas  des  sphères.  On  voit 
aussi  flotter  dans  le  sang  ce  qu'on  appelle  les  corpuscules 
blancs.  Ces  derniers  sont  plus  grands,  ils  ont  une  forme  sphé- 
rique  et  ils  sont  moins  nombreux. 

13.  Décrivez  le  cœur  et  ses  actions.  Indiquez  le  passage  du 
sang. 

Rép.  —  Le  cœur  est  l'organe  central  qui  maintient  le  sang 
dans  une  circulation  perpétuelle.  Cet  organe  n'est  guère  plus 
gros  que  le  poing  d'un  homme.  11  a  une  forme  conique.  Il  est 
placé  dans  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  le  sommet  dirigé 
vers  le  bas.  Le  cœur  contient  quatre  cavités  :  deux  au  sommet, 
on  les  appelle  les  ventricules;  et  deux  à  la  base,  on  les  appelle 
oreillettes.  Les  parois  qui  séparent  les  deux  premières  sont 
épaisses,  tandis  que  celles  qui  séparent  les  deux  autres  sont 
beaucoup  plus  minces.  Les  deux  côtés  du  cœur  ne  communi- 
quent pas  ensemble.  Il  a  deux  mouvements  :  la  contraction 
l)endant  laquelle  il  chasse  le  sang,  et  la  dilalaiion  pendant 
la({uelle  il  se  dilate  pour  recevoir  le  sang,  (^es  mouvements 
s'appellent  la  systole  et  la  diastole.  Le  sang  noir  et  impur  entre 


SCIENCES    riIYSIOFES.  421 

d'abord  dans  le  côté  droit.  11  entre  d'abord  dans  l'oreillette, 
d'oii  il  passe  dans  le  ventricule  droit.  De  là  il  est  envoyé  par 
une  grande  artère  aux  poumons,  où  il  se  purifie.  Le  sang 
purifié  revient  des  poumons  et  entre  dans  l'oreillette  gauche, 
d'où  il  est  chassé  dans  le  ventricule  gauche  et  de  là  dans  toutes 
les  parties  du  corps. 

14.  Décrivez  les  organes  de  la  respiration. 

Rép.  —  Les  poumons  sont  les  principaux  organes  de  la  res- 
piration. 11  y  a  deux  poumons,  ils  sont  situés  dans  la  cavité  de 
la  poitrine.  Ils  sont  légers;  ils  flottent  si  on  les  place  dans  l'eau. 
Ils  sont  recouverts  d'une  membrane  appelée  la  plèvre.  La  tra- 
chée et  les  bronches  sont  les  passages  au  moyen  desquels  les 
poumons  communiquent  avec  l'air  extérieur.  La  trachée  s'étend 
b^  long  de  la  partie  antérieure  du  cou  et  se  divise  en  deux 
tubes  :  chacun  d'eux  passe  dans  un  poumon.  Ils  se  subdivisent 
en  un  grand  nombre  de  tubes  qui  forment  les  bronches. 

15.  Ex{)liquez  les  changements  de  l'air  et  les  changements 
du  sang  produits  par  la  respiration. 

Rép.  — L'air  est  composé  d'oxygène  et  denilrogène.  Pendant 
la  respiration  l'air  perd  son  oxygène  et  acquiert  de  l'acide 
carbonique.  Le  sang  se  purifie  par  la  respiration;  de  noir  qu'il 
était,  il  prend  une  belle  couleur  écarlate  :  il  perd  son  acide 
carbonique  et  acquiert  de  l'oxygène. 

10.  Indiquez  les  effets  de  l'air  impur,  les  précautions  que 
la  nature  a  prises  pour  le  purifier,  la  nécessité  de  la  ventilation. 

Rép.  — L'air  impur  produit  la  suffocation,  le  mal  de  tète,  les 
convulsions.  Il  peut  même  causer  la  mort  si  on  le  respire  trop 
longtemps.  C'est  au  moyen  du  règne  végétal  que  la  nature 
purifie  l'air.  L'oxygène  est  salutaire  aux  animaux,  et  est  nui- 
sible aux  plantes  {sic).  L'acide  carbonique,  au  contraire,  qui 
est  un  poison  pour  les  animaux,  est  utile  à  la  vie  des  plantes. 
Puisque  la  nature  a  pris  soin  de  purifier  ainsi  l'air  extérieur, 
il  est  évident  que  nous  devons  avoir  soin  de  faire  communiquer 
nos  appartements  avec  cet  air. 

17.  Qu'est-ce  qui  constitue  le  système  nerveux  ? 

Rép.  —  Le  système  nerveux  se  compose  d'une  matière 
blanche  et  d'une  matière  grise.  La  première  est  formée  de 
fibres  cylindriques  qui  servent  à  transmettre  les  impressions 
nerveuses.  La  seconde  se  compose  de  cellules  auxquelles  se 
communiquent  les  impulsions  nerveuses. 

18.  Quelles  sont  les  fonctions  des  nerfs  et  de  la  moelle  épi- 
nière  dorsale? 


425  HIGII    SCHOOLS. 

Rép.  —  Les  nerfs  ont  deux  fonctions  :  ils  sont  moteurs  ou 
sensitifs.  La  moelle  épinière  a  les  mêmes  fonctions  que  les  nerfs. 
La  moilié  antérieure  agit  comme  les  nerfs  moteurs,  et  la  moitié 
postérieure  agit  comme  les  nerfs  sensitifs. 

19.  Décrivez  la  sensation  de  la  douleur. 

liép.  —  La  sensation  de  la  douleur  est  une  excitation  exces- 
sive des  nerfs  produite  par  une  excessive  irritation. 

20.  Décrivez  l'organe  de  la  vue. 

Rép.  —  L'organe  de  la  vue  ou  la  i)runclle  de  l'œil  se  com- 
pose des  tuniques,  de  trois  humeurs,  de  la  cornée  et  de  l'iris. 
La  sclérotique  est  la  tunique  extérieure  de  l'œil  ;  elle  est  blanche, 
épaisse  et  elle  contient  les  vaisseaux  sanguins.  La  choroïde  ou 
seconde  tunicjue  est  sondjre  et  sert  ainsi  à  absorber  les  rayons 
de  la  lumière.  Elle  contient  beaucoup  de  vaisseaux  sanguir^s. 
La  rétine  est  la  troisième  membrane.  Elle  est  très-mince,  car 
elle  est  formée  par  l'expansion  du  nerf  optique.  L'iris  est  le 
rideau  circulaire  qui  produit  la  diversité  des  couleurs  de  l'œil. 
La  lentille  du  cristallin  est  placée  immédiatement  derrière  l'iris. 
L'humeur  aqueuse  est  placée  entre  la  cornée  et  l'iris.  L'hu- 
mour vitrée  est  placée  derrière  la  lentille  du  cristallin. 

Gertuude-C. 
Age  :  quinze  ans. 
Corry  (Pennsylvanie). 


82.    —  ANALYSE   BOTANIQUE. 

Le  devoir  suivant  est  extrait  d'un  album  dont  chaque  feuille 
contient,  en  regard  du  tableau  cicoiitre,  le  dessin,  fait  par 
l'élève,  de  la  plante  décrite. 


SCIENCES    PHYSlOrES. 


423 


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424  TIIGII    SCFIOOLS. 

Provinno  :        Dicolylédonées. 
Cohorte  :  Apélales. 

Ordre  :  llonoiicuhicées. 

Latin  :  Hopiitita  aculiloha. 

Nonj  anglais  :  Livcrwort  (1). 
Remarque.  —  Yerlicille  de  3  feuilles  entières,  ovales  et  sans 
pointes  (dentelures),  ressemblant  à  un  calice  :  un  peu  au- 
dessous  de  la  lleur. 
La  Fayette  (Indiana;. 


(SI.    —  GÉOLOGIE. 

1.  Quelles  sont,  par  ordre,  les  plus  grandes  divisions  ou  les 
plus  grandes  périodes  du  temps  géologique  ? 

2.  Ouelles  sont  les  roches  qui  caractérisent  la  période  azoï- 
quo  ?  Où  les  trouve-t-on  aux  États-Unis  ? 

o.  Quels  sont  les  fossiles  du  règne  animal  et  du  règne  végé- 
tal qui  caractérisent  le  terrain  silurien  su})éneur  ?  Quelles 
sont  les  localités  d'Amérique  où  l'on  trouve  ces  dépôts? 

4.  Théorie  de  la  foriuation  du  charbon. 

5.  Pendant  quelle  période  géologique  les  mammifères  ont- 
ils  paru  sur  la  terre? 

6.  Formation,  chute  des  glaciers;  leurs  effets  géologiques. 

7.  Théorie  de  la  dispersion  des  dépôts  de  diluvium. 

8.  Preuves  de  la  lluidité  ignée  de  la  masse  centrale  de  la 
terre. 

ÎJ.  Effets  de  la  chaleur  accompagnée  d'une  pression  sur  les 
roches  contenant  des  fossiles. 

10.  Quelles  sont  les  modifications  géologi(|ues  qui  s'accom- 
plissent en  ce  moment? 

Californie  (Examens  des  \\\a;h  Scliools). 

(1)  En  français  :  liépaliiiue. 


sciKxrns  pfiysiours. 


4-25 


XII.  —  Idesi^îu  industriel. 

Le  dessin  des  High  ScJtools  éiaiit  I;i  contiimation  et  le  déve- 


Eléments  :       r)   Un 


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loppement  des  méthodes  indiquées  plus  haut  (voir  p.  235-240) 
dans  les  Grammar  Schooîs,  nous  n'entreprenons  pas  d'en 
donner  ici  la  représentalion,  mêuje  en  résumé.  Le  spécimen 


420  IIIGH   SCHOOLS. 

(ù-dessiis,  onijiruntû  aux  écoles  supôricurcs  de  (iinciiinali, 
indique  le  procédé  suivi  dans  celle  ville  et  dans  quelques  autres 
pour  l'enseignement  spécial  du  dessin  industriel.  On  donne  aux 
élèves,  sans  autre  prescrii)tion,  les  élfhnenls  de  la  composition. 
C'est  à  eux  de  les  disposer  et  de  les  combiner. 


4 


NORMAL  SCHOOLS, 

(Écoles  normales.) 


PIDAGOGIE. 
1.    —   LA   BIBLE   DANS   LES   ÉCOLES   PUBLIQUES. 

Sujet.  —  T. a  loi  doit-elle  interdire  la  lecture  de  la  Bible  dans 
nos  écoles  publiques? 

Affirmative. 

Les  catholiques  romains  qui  forment  une  classe  dans  noire 
pays,  et  surtout  les  membres  de  leur  clergé  qui  les  repré- 
sentent, n'aiment  pas  le  système  d'écoles  publiques  établi  en 
Améri(iue.  Le  genre  d'éducation  qu'y  reçoivent  leurs  enfants 
ne  leur  plaît  pas.  Cependant  ils  ne  demandent  rien  de  dérai- 
sonnable. Us  ne  réclament  que  les  droits  qui  leur  appartien- 
nent, puisqu'ils  payent  les  mêmes  impôts  que  les  protestants.  Us 
veulent  avoir  le  droit  d'envoyer  leurs  enfants  dans  des  écoles 
où  on  ne  lira  pas  et  où  on  n'enseignera  pas  la  Bible  dans  la 
traduction  faite  sous  le  roi  Jacques.  Le  protestant  répond  que 
priver  les  écoles  publiques  de  sa  Bible,  ce  serait  les  priver  de 
religion.  Nous  pensons  qu'elles  ne  seraient  pas  plus  privées  de 
religion  que  nos  banques,  nos  compagnies  d'assurance,  nos 
bureaux  de  commerce,  nos  manufactures  et  en  général  tous  nos 
magasins  n'en  sont  privés,  parce  qu'on  ne  lit  pas  la  Bible  ou 
qu'on  ne  fait  pas  de  prières  tous  les  jours  lorsiju'on  ouvre  ces 
divers  établissements. 

D'un  autre  côté  ces  écoles  sont  entretenues  au  moyen  d'im- 
pôts payés  par  tout  le  monde.  Elles  sont  sous  l'autorité  exclu- 
sive de  l'Etat  (jui  met  les  catholiques  et  les  protestants  exacte- 
ment sur  le  même  pied,  qui  ne  les  connaît  qu'en  leur  qualité 
de  citoyens  et  ne  s'informe  pas  de  leurs  croyances  respectives. 
Les  uns  et  les  autres  peuvent  envoyer  leurs  enfants  aux  écoles 
publiques  pour  les  faire  instruire  dans  les  diverses  branches 
des  connaissances   utiles.   Aucun  d'eux  ne   peut  exiger  autre 


AUX  NORMAL    SCHOOLS. 

fliose  de  l'ÉliU.  Jamais  on  n'a  eu  l'iiitenlion  d'unir  l'Église  et 
l'Etat  ;  chacun  de  ces  deux  pouvoirs  a  sa  ligne  de  conduite  par- 
ticulière. Oue  le  ministre,  qui  a  pour  devoir  de  convertir  les 
impies,  prêche  et  répande  le  christianisme,  que  les  églises 
prennent  soin  de  leurs  enfants  dans  les  familles,  qu'elles  ou- 
vrent des  écoles  du  dimanche  pour  ceux  qui  sont  abandonnés. 
Ainsi  on  ne  pourra  pas  craindre  que  l'impiété  se  répande  dans 
les  écoles  publiques  ou  qu'elle  attaque  ceux  qui  ne  les  fré- 
quentent pas. 

En  excluant  l'instruction  religieuse  des  écoles  entretenues  à 
l'aide  des  impôts,  nous  mettons  toutes  les  sectes  religieuses  sur 
un  pied  d'égalité.  Nous  laissons  chacune  d'elles  instruire  ses 
enfants  dans  les  doctrines  qu'il  lui  plaît  et  par  les  méthodes 
({u'elle  juge  convenables. 

De  quel  droit  les  prolestants  forceraient-ils  les  enfants  des 
autres  sectes  à  recevoir  une  instruction  religieuse  qu'ils  ne  de- 
mandent pas  ?  Pourquoi  les  parents  de  ces  enfants  seraient-ils 
obligés  de  payer  les  inipôls  qui  doivent  subvenir  aux  frais  de 
cette  instruction  ?  Les  protestants  répondent  :  Nous  représentons 
la  conscience  de  la  majorité,  nous  avons  donc  le  droit  de  juger 
ce  qui  convient  le  mieux  au  peuple  et  de  le  lui  procurer  malgré 
les  protestations  de  la  minorité. 

Mais  ces  dignes  protestants,  qui  mettent  tant  d'ardeur  à  faire 
valoir  leurs  droits,  oublient  précisément  que  le  droit  de  la  ma- 
jorité a  des  limites,  et  que  cette  majorité  ne  peut  pas  forcer  la 
nation  tout  entière  à  accepter  son  jugement.  S'il  en  était  autre- 
ment, nul  pouvoir  tyrannique  ne  serait  comparable  aux  Répu- 
bliques. 

Cette  excuse  justifierait  les  plus  cruelles  persécutions  reli- 
gieuses dont  parle  l'histoire.  En  ellet,  ces  persécutions  étaient 
demandées  par  la  conscience  de  la  majorité. 

Dans  beaucoup  de  villes,  dans  beaucoup  d'États,  les  catholi- 
ques sont  en  majorité.  Ils  pourraient  donc,  en  se  fondant  sur 
l'argument  de  leurs  adversaires,  exiger  que  leurs  décisions 
fissent  loi  pour  la  population  entière  de  ces  villes  et  de  ces 
États.  Ainsi  ils  mettraient  en  vigueur  la  traduction  de  la  Bible 
de  Douai  y  compris  les  Apocryphes  et  ajouteraient  pour  le 
dimanche  d'autres  })rières  à  l'Oraison  Dominicale,  peut-être 
quelques  prières  à  la  Vierge,  le  tout  dans  l'intérêt  public,  à 
leur  avis. 

Le  «  Presbytery  »  de  Chicago  dit  :  «  Le  gouvernement  a  le 
droit  de  maintenir  la  Bible   dans  les  écoles  publiques.  »  Nous 


PÉDAGOGlt:.  -4-29 

voudrions  savoir  pourquoi  les  excellents  personnages  qui  ont 
fondé  la  Constitution  fédérale  et  dont  la  plupart  étaient  mem- 
bres de  différentes  Églises  n'ont  pas  même  introduit  le  nom  de 
Dieu  dans  ce  document  !  N'est-ce  pas  parce  qu'ils  ont  voulu 
établir  une  séparation  perpétuelle  entre  les  religions  et  l'Étal, 
afin  que,  sous  la  protection  de  ce  dernier,  elles  eussent  la 
liberté  complète  de  vivre  et  de  se  développer?  La  foi  religieuse 
d'un  bomme  ne  fait  pas  partie  de  sa  (jualité  de  citoyen.  C'i'st 
une  affaire  entre  lui  et  son  Dieu.  L'État  ne  saurait  intervenir 
avec  autorité  dans  cette  circonstance  sans  outrepasser  sa  juri- 
diction, et  sans  faire  beaucoup  plus  de  mal  que  de  bien. 

En  conséquence,  je  conclus  à  ce  que  la  lecture  de  la  Bible 
soit  interdite  dans  nos  écoles  entretenues  au  moyen  des  impôts. 

SUSAN  M. 
Age  :  dix-sept  ans. 

Ëloomsburgli,  comté  de  Columbia  (Pennsylvanie). —  École  normale 
de  l'Klat. 


i2.    —  LA  BIBLE  DANS  LES   ÉCOLES   PUBLIQUES. 

Sujet.  —  La  lecture  de  la  Bible  dans  nos  écoles  publiques 
doit-elle  être  interdite  par  la  loi? 

Xégative. 

Est-il  possible  que  nous,  qui  vivons  dans  une  terre  cbré- 
tienne,  nous  répondions  aflirmativement  à  une  telle  question? 
Notre  bistoire  tout  entière  ne  nous  montre-t-elle  pas  qu'on  a 
toujours  fait  usage  de  la  Bible  ? 

Il  y  a  plusieurs  siècles,  on  lisait  la  Bible  au  lieu  de  lire  des 
livres,  comme  nous  disons  maintenant.  On  l'a  lue  de  moins  en 
moins,  et  aujourd'hui  on  voudrait  interdire  complètement  celte 
lecture.  On  ne  saurait  nier  qu'on  fait  en  ce  moment  de  puis- 
sants efforts  pour  modifier  complètement  le  système  des  écoles 
publiques  d'Amérique  au  point  de  vue  religieux.  Quelques  per- 
sonnes craignent  d'offenser  les  catholiques  en  faisant  usage  de 
la  Bil)le  dans  les  écoles.  Mais  devons-nous  leur  céder  sur  ce 
point?  Je  répondrai:  «Non,  aussi  longtemps  que  les  lois  de 
notre  pays  seront  égales  pour  tous.  »  Il  est  aisé  de  voir  que  nos 
écoles,  privées  de  la  Bible,  ne  plairont  pas  plus  aux  catholi- 
ques qu'elles  ne  leur  plaisent  maintenant.  Faire  subventionner 
leurs  propres  écoles  par  les  Étals,   voilà  leur  but.  Ce  qu'ils 


430  NORMAL    SCIIOOLS. 

proposent,  c'est  un  système  universel  d'écoles  confessionnelles 
entretenues  aux  frais  de  l'Etal. 

Mais  nous  soutenons  (jue  l'éducation  dont  la  religion  ne  fait 
pas  partie  est  une  éducation  impie  et  nuisible.  L'éducation 
dépourvue  de  religion  ne  peut  produire  aucun  bon  résultat. 
Assurément  l'intelligence  est  une  partie  très-importante  dans 
riioiiime.  Mais  l'iiomme  intelligent  qui  n'a  pas  de  morale  est 
un  matérialiste.  C'est  un  être  dangereux  pour  la  société.  Il  est 
à  souhaiter  que  les  vérités  chrétiennes  se  répandent  dans  la 
nation  et  insj)irent  au  peuple  des  sentiments  de  charité,  afin 
que  les  enfants  de  la  prochaine  génération  trouvent  des  insti- 
tuteurs et  des  institutrices  doués  d'assez  d'abnégation  et  d'ar- 
deur pour  leur  enseigner  le  christianisme  pratique. 

C'est  là  le  seul  moyen  d'introduire  la  religion  dans  nos  écoles 
et  de  l'y  maintenir.  C'est  ce  que  nous  espérons  faire. 

Je  crois  que  les  bonnes  raisons  ne  manqueront  pas  pour 
soutenir  qu'il  faut  conserver  l'usage  de  la  Bible  dans  nos 
écoles. 

Beaucoup  de  parents  qui  envoient  leurs  enfants  à  l'école  ne 
savent  pas  lire.  Ils  ne  })euvent  donc  pas  apprendre  à  leurs 
enfants  à  lire  la  Bible.  Mais,  parce  (ju'ils  ont  toujours  ignoré 
les  saintes  vérités,  faut-il  que  personne  ne  les  enseigne  à  leurs 
enfants  ? 

Où  donc  pourraienl-ils  connaître  la  Bible  si  on  ne  la  leur  en- 
seigne ni  chez  eux  ni  à  l'école  ? 

On  pourra  me  dire  :  «  Nous  avons  des  églises  et  des  minis- 
tres qui  sont  payés  pour  enseigner  le  nom  de  Dieu  au  peuple. 
C'est  leur  allaire,  qu'ils  s'en  occupent.  Nous  n'irons  pas  payer 
à  grands  frais  l'instruction  de  nos  enfants  pour  qu'ils  passent 
leur  temps  à  écouter  les  maîtres  leur  lire  la  Bible.  ;» 

Mais  le  ministre  les  instruit  une  fois  par  semaine  peut-être. 
L'impression  faite  sur  l'esprit  des  enfants  ne  s'elïacera-t-elle 
pas  dans  l'intervalle  d'un  dimanche  à  l'autre? 

On  a  dit  aussi  que  si  nous  faisons  usage  de  la  Bible  à  l'école, 
nous  devrions  également  l'employer  dans  les  magasins,  les 
boutiques,  etc.  Mais  y  a-t-il  un  établissement  commercial  qui 
ressemble  autant  à  l'église  (jue  l'école  ?  Les  fonctions  du  pro- 
fesseur ne  se  rapprochent-elles  pas  beaucoup  de  celles  du  mi- 
nistre? N'ont-ils  pas  tous  les  deux  à  s'occuper  de  l'esprit  de 
l'enfant,  à  l'instruire?  (]ui  osera  donc  dire  (ju'il  faut  bannir  la 
ilible  des  écoles  ? 

Disons  avec  les  vieillards  qui  ont  toujours   eu  l'habitude  de 


PÉDAGOGIE.  ■  431 

lire  la  Bible  lorsqu'ils  étaient  à  l'école  :  «  Puissent  nos  yeux 
ne  jamais  voir  le  jour  oii  les  écoles  de  notre  pays  seront  deve- 
nues trop  sages  pour  avoir  besoin  de  chercher  des  conseils 
dans  les  paroles  sacrées,  et  pour  leur  préférer  la  science  ou  la 
politique.  » 

Cependant  on  veut  interdire  la  lecture  de  la  Bible  à  la  multi- 
tude, peut-être  parce  que  quelques  personnes  regardent  cette 
lecture  comme  dangereuse.  Car,  comme  je  l'ai  dit,  on  craint 
(l'offenser  les  catholiques.  Ne  devrait-on  pas  craindre  plutôt 
d'offenser  le  Créateur,  ce  Dieu  qui,  dans  sa  sagesse,  a  voulu 
({ue  toute  créature  l'aimât  et  l'adorât  plus  que  tout  ce  qu'il  y  a 
sur  la  terre.  Mais  si  nous  vivons  dans  un  pays  libre,  pourquoi  ne 
pas  faire  ce  qu'il  nous  plaît  ?  Et  notre  pays  est  libre  :  il  y  a 
cent  ans  qu'on  l'a  déclaré  tel.  Si  les  catholiques  ne  peuvent  pas 
souffrir  l'emploi  de  la  Bible  dans  nos  écoles,  qu'ils  fondent  des 
écoles  pour  leur  usage,  et  qu'ils  nous  laissent  la  liberté  de  lire 
tous  les  jours  les  Saintes  Ecritures!  De  nombreux  exemples 
nous  montrent  que  nous  devons  prendre  à  tout  moment  et  dans 
toutes  les  circonstances  la  parole  de  Dieu  pour  guide.  Lorsque 
les  Israélites  quittèrent  l'Egypte  pour  se  rendre  dans  la  terre 
promise,  Dieu  leur  ordonna  d'attacher  ses  commandements  sur 
leur  front,  sur  leurs  mains,  etc.,  et  de  les  avoir  toujours  sous 
les  yeux.  Nous  savons  que  les  Israélites  prospérèrent  pendant 
qu'ils  obéirent  à  ces  commandements  ;  mais  lorsqu'ils  les  oubliè- 
rent ,  ils  tombèrent  dans  l'avilissement  et  furent  en  proie  aux  maux 
de  la  guerre. 

Je  crains  bien  que  notre  nation,  qui  est  cependant  si  sage  el 
si  prospère,  ne  subisse  le  même  sort  si  elle  suit  uniquement 
les  conseils  terrestres  et  si  elle  abandonne  le  Livre  saint  pour 
lire  des  romans. 

Pourquoi  la  civilisation  de  la  France  et  de  l'Espagne,  appuyée 
et  soutenue  par  tous  les  avantages  extérieurs,  s'est-elle  affai- 
blie et  éteinte  dans  notre  continent?  Pourquoi  continue-t-elle 
à  disparaître  tous  les  jours  devant  la  lumière  de  la  civilisation 
anglo-saxonne  ?  Pourquoi  la  Nouvelle-Angleterre  a-t-elle  été 
le  centre  étincelant  de  la  littérature,  de  la  politesse  et  des 
sciences  dans  ce  continent  ?  Parce  que  nous  avons  fondé  notre 
civilisation  sur  les  dix  commandements  de  la  loi  mosaïque,  en- 
seignés dans  nos  écoles  pendant  deux  heures  tous  les  jours. 
Nous  les  avons  attachés,  comme  le  bandeau  des  Pharisiens, 
entre  nos  yeux,  et  nous  nous  sommes  fermement  opposés  à 
toute   iimovation  qui   aurait   pu  les  affaiblir.   Quels   sont  les 


/|)^2  NORMAL    SCHOOLS. 

lioiiiiiK's  |)oliti(jiics  qui  facoiiiiciil  ropiiiioii  |iiiljli(|iie  aujuiii-d'liui 
aux  Hiats-L'nis?  (,1e  soul  ceux  (jui  dans  leur  jininesse  })assai(Mit 
six  heures  tous  les  jours  à  écouter  reuseigneiiieut  austère  des 
premiers  puritains. 

L'éducation  devrait  être  pour  chaqvie  enfant  de  ce  pays 
comme  l'air  que  nous  respirons.  Si  nous  voulons  mener  à  bien 
l'excellent  plan  d'éducation  qui  a  été  tracé  par  notre  fondateur, 
nous  devons  faire  reposer  noire  enseignement  moral  sur  le 
décalogue. 

Cependant  on  dit  :  «  Supprimez  la  Bible,  fermez-la,  nous 
n'en  avons  pas  besoin,  nous  n'avons  pas  le  temps  de  nous  en 
servir.  J'emploie  mon  temps  et  mon  argent  pour  m'instruire 
afin  d'être  utile  à  ceux  qui  m'entourent.  »  Mais  l'àme  ne  vaut- 
elle  pas  plus  que  toutes  ces  richesses  mondaines? 

Songez  au  bon  exemple  que  le  maître  donne  à  ses  élèves 
lorsqu'il  prend  la  Bible,  qu'il  prononce  le  nom  de  Dieu  et  qu'il 
leur  lit  les  saintes  promesses.  Il  n'est  pas  obligé  de  lire  un 
chapitre  entier;  il  peut  lire  quel({ues  versets. 

Cette  question  de  la  suppression  de  la  Bible  me  rappelle 
l'histoire  de  cet  honinie  qui  était  pressé  de  rentrer  sa  récolte. 
Il  loua  plusieurs  hommes  de  journée  pour  l'aider.  Il  avait 
l'habitude  de  faire  la  prière  en  commun  avec  toutes  les  per- 
sonnes de  sa  maison.  Mais  ce  matin-là  il  pensa  qu'il  n'avait  })as 
le  temps  de  prier,  et,  comme  les  hommes  qu'il  avait  loués  étaient 
là,  il  voulut  commencer  immédiatement  son  travail.  Ils  se  ren- 
dirent donc  au  champ;  mais  à  leur  grand  étonnement  ils  ne  • 
purent  pas  travailler.  Ils  furent  obligés  de  retourner  à  la  mai- 
son où  ils  firent  la  prière  en  conunun.  Ils  se  mirent  ensuite  à 
la  besogne,  et  ils  ramassèrent  plus  de  blé  ce  jour-là  qu'ils  n'en 
avaient  jamais  ramassé. 

Il  en  serait  de  même  de  nos  écoles.  Sans  la  Bible  elles 
pourraient  prospérer  pendant  quelque  temps,  mais  il  n'est 
pas  probable  que  cette  prospérité  duiàt. 

N'enlendons-nous  pas  souvent  parler  de  maîtres  pieux  et 
citer  les  bons  exemples  qu'ils  donnent  au  peuple  en  le  condui- 
sant dans  la  voie  du  Chi-ist. 

>ous  remarquons,  en  général,  que  si  un  maître  vient  à  perdre 
son  autorité  sur  ses  élèves,  il  peut  faire  plus  d'impression  sur 
leur  esprit  avec  la  Bible  que  par  tout  autre  moyen.  (Il  n'y  a 
évidemment  pas  de  règle  sans  exception.) 

On  regarde,  en  général,  la  règle  d'amour  comme  étant  beau- 
coup plus  puissante  que  la  règle  de  crainte.  On  pense  que  la 


PÉDAGOGIE.  433 

persuasion  vaut  mieux  que  la  rudesse,  que  le  raisonnement 
vaut  mieux  que  les  coups.  Nous  devrions  nous  attirer  le  respect 
de  nos  élèves,  gagner  leur  confiance  et  prendre  ainsi  sur  eux 
une  influence  qui  est  presque  sans  bornes.  On  peut  demander 
comment  il  est  possible  d'obtenir  ce  résultat.  Je  dirai  que  c'est 
en  prenant  pour  guide  le  nom  de  Dieu,  en  allant  chercher  du 
secours  à  la  source  de  toutes  les  grâces. 

Il  y  a  des  élèves  tellement  endurcis,  qu'ils  n'ont  de  respect 
ni  pour  eux-mêmes,  ni  pour  aucun  de  ceux  qui  les  entourent. 
Cependant,  par  moments,  des  éclairs  de  conviction  luisent  à 
leurs  yeux  et  alors  ils  prennent  la  résolution  de  s'amender.  Il 
faut  chercher  à  hâter  ces  moments  en  leur  parlant  de  Dieu  et 
en  leur  lisant  la  Bible  qui  contient  la  parole  sacrée. 

Il  me  semble  qu'il  est  tout  à  fait  inutile  d'envoyer  des  Bibles 
chez  les  païens  si  nous  sommes  assez  sages  pour  nous  en 
passer.  Ils  se  diront  que  si  nous  ne  voulons  pas  nous  servir  de 
ce  livre,  ils  ne  s'en  serviront  pas  non  plus. 

Je  pense  donc  que  si  nous  excluons  la  Bible  de  nos  écoles, 
il  y  aura  plus  de  danger  pour  nous  de  devenir  païens  que  pour 
les  païens  de  devenir  chrétiens.  Car,  après  avoir  retiré  la 
Bible  de  l'école,  nous  penserons  que  nous  n'en  avons  plus 
besoin  ni  à  l'église,  ni  ailleurs. 

Mais  nous  espérons  ne  jamais  voir  s'établir  dans  notre  pays 
une  loi  assez  impie  pour  interdire  la  lecture  de  la  Bible  dans 
nos  écoles  publiques. 

Édie  K. 
Age  :  di.K-ueuf  ans. 

Bloomsburgh,  comté  de  Columbia  (Pennsylvanie) . —  École  normale 
de  l'État. 


ô.  —  LES   FEMMES  DOIVENT-ELLES    ETRE   ADMISES 
DANS   NOS    COLLÈGES? 

Pourquoi  ne  procurerait-on  pas  aux  femmes  les  moyens  de 
s'instruire  et  de  se  mettre  ainsi  en  état  de  rendre  les  services 
qu'elles  ne  pourraient  pas  rendre  autrement  ?  Si  cette  idée  était 
universellement  admise,  et  si  les  femmes  non  mariées  pouvaient 
se  préparer  à  l'enseignement  supérieur,  on  verrait  des  femmes 
instruites  briller  comme  des  astres  au  firmament  de  notre  his- 
toire. Il  y  aurait  moins  de  mariages  précipités  et  le  célibat  des 
femmes  serait  plus  décent. 


4-3i-  NORMAL    SCIiOOLS. 

On  est  l)eauooiip  trop  disposiî  à  tourner  en  ridicule  le  célibat 
(les  fennnes.  La  plupart  d'entre  elles  sont  les  angles  gardiens 
du  lit  des  mourants.  Leurs  paroles  ressemblent  à  des  accents 
prophétiques  destinés  îv  guider  l'àme  tremblante  et  à  lui  faire 
traverser  en  sùrelé  le  lleuve  de  la  mort. 

Ouvrez  aux  femmes  tous  les  établissements  d'enseignement, 
et  vous  verrez  diminuer  sensiblement  le  nombre  de  ces  vieilles 
filles  si  redoutées-.  Elles  deviendront  de  bonnes  et  de  nobles 
femmes,  accomplissant  joyeusement  et  noblement  jusqu'au 
tombeau  leur  importante  mission. 

Lue  autre  raison  pour  laquelle  les  femmes  devraient  être 
admises  à  partager  avec  les  hommes  les  avantages  de  l'instruc- 
tion supérieure  des  Collèges,  c'est  qu'elles  sont  parfaitement 
en  état  d'en  recueillir  tous  les  fruits.  L'ancienne  objection 
fondée  sur  l'infériorité  intellectuelle  de  la  femme,  qui  ne  lui 
permettait  pas  de  suivre  le  cours  supérieur  d'études  des 
Collèges,  a  deijà  perdu  beaucoup  de  sa  force.  Le  jour  n'est 
pas  loin  où  l'homme,  ce  «  roi  de  la  création  »,  ayant  cons- 
cience du  mensonge  (ju'il  fait,  n'osera  plus  proférer  une  paniille 
ol)jection.  Partout  où  on  a  adm^is  la  femme  à  suivre  le  même 
cours  d'études  que  l'homme,  dans  nos  écoles  normales,  et 
tout  dernièrement  dans  nos  Collèges,  elle  a  tenu  son  rang 
d'une  manière  très-safisfaisante.  Ses  facultés  intellectuelles  ne 
sont  pas  restées  au-dessous  de  celles  de  l'homme. 

Ces  expériences,  faites  dans  quelques-uns  de  nos  établisse- 
ments d'enseignement,  tendent  à  prouver  que,  malgré  l'insuffi- 
sance de  l'instruction  donnée  jusqu'ici  aux  femmes,  elles  ne 
sont  pas  inférieures  aux  hommes. 

On  ne  saurait  nier  que  les  lois  qui  régissent  les  écoles 
publiques  de  notre  pays  ouvrent  ces  écoles  aux  filles  aussi 
bien  qu'aux  garçons.  Quoiqu'il  y  ait  toujours  eu  des  écoles 
pour  l'instruction  des  filles,  nous  demandons  davantage. 

Le  cours  d'études  que  l'on  suit  dans  ces  dernières  écoles 
n'est  pas  propre  à  donner  aux  élèves  la  force  de  penser  ni  à 
développer  complètement  leur  intelligence.  Aussi  leur  faudra- 
t-il  un  peu  de  temps  pour  se  préparer  aux  pensées  et  aux 
études  plus  sérieuses.  C'est  la  loi  de  la  nature  humaine. 
Lorsque  l'esprit  d'un  enfant  a  été  distrait  par  le  jeu  ou  par  une 
étude  superlicielle,  il  a  besoin  de  (|uel([ue  temps  pour  concen- 
trer toute  son  énergie  intellectuelle  sur  un  problème  difficile. 
Le  point  le  plus  important  dans  l'étude,  c'est  d'être  maître 
absolu  de  ses  facultés  intellectuelles.  Lorsqu'on  est  anùvé  là. 


PÉDAGOGIE.  435 

on  a  parcouru  la  partie  la  plus  difficile  et  la  plus  pénible  de  la 
route. 

La  femme  ne  peut  pas  effectuer  en  un  seul  jour  cette  con- 
quête qui  a  coûté  tant  de  peines  à  l'homme.  Nous  ne  revendi- 
quons pas  pour  la  femme  la  supériorité  intellectuelle,  mais 
nous  soutenons,  en  nous  appuyant  sur  les  exemples  fourni.s 
par  l'histoire,  et  sur  les  expériences  qui  ont  été  faites  de  nos 
jours  dans  les  établissements  d'enseignement,  qu'elle  est  natu- 
rellement l'égale  de  l'homme. 

Prenez  pour  exemple  Hannah  More  (1)  et  M™^  Barbauld  (-2), 
ces  deux  grandes  institutrices,  ces  deux  grandes  femmes  poètes. 
Le  père  de  M""^  Barbauld,  qui  était  principal  d'un  collège  de 
jeunes  gens,  fit  suivre  à  sa  fille  les  cours  de  cet  établissement. 
Elle  reçut  ainsi  une  éducation  classique  et  elle  passa  ses  exa- 
mens avec  beaucoup  d'honneur. 

L'Angleterre  regardera  toujours  M'''"  Barbauld  comme  une 
de  ses  plus  grandes  institutrices. 

Dans  les  sciences  nous  pouvons  citer  Mary  Sumerville,  et, 
chez  nous.  Miss  Mitchell  qui  a  pris  ses  diplômes  à  Vassar 
Collège  et  qui  s'est  acquis  une  réputation  par  ses  connaissances 
en  astronomie.  Il  y  a  d'autres  femmes  qui  ont  brillé  comme 
des  étoiles  dans  les  profondeurs  des  sciences  abstraites. 

Harriet  Beecher  Stowe  (3}  occupe  peut-être  le  premier  rang- 
parmi  les  romanciers.  Parmi  les  poètes  nous  pouvons  citer 
M="*  Browning  (4)  et  M™^  Hemans  (5).  Dans  les  arts  nous  citerons 
Rosa  Bonheur.  Quoique  son  goût  la  porte  à  se  livrer  à  un  genre 
de  peinture  exclusif,  la  supériorité  qu'elle  a  acquise  dans   ce 

(1)  Mrs.  Hannah  More,  1745-1833.  En  1809  elle  publia  Cœlebs  in 
search  of  a  ivife  (Cœlebs  à  la  recherche  d'une  épouse),  roman  où 
elle  indique  les  conditions  du  bonheur  domestique.  Elle  écrivit  plu- 
sieurs autres  ouvrages  religieux  et  moraux  en  prose  et  en  vers. 

(2)  Mrs.  Anna  Lœtitia  Barbauld  était  fille  du  révérend  J.  Aikin. 
Elle  écrivit,  en  collaboration  avec  son  frère,  le  docteur  John  Aikin, 
le  livre  classique  intitulé  :  Evenings  at  Jiome  (les  Soirées  à  la  mai- 
son). 

(3)  Auteur  de  Uncle  TorrCs  cabin  (la  Case  de  l'oncle  Tom). 

[i]  Mrs.  Browning  (Miss  Elisabeth  Barrelt),  femme  du  poëte  Robert 
Browning.  Elle  a  écrit  :  Essay  on  Mind,  The  Séraphin,  The  Romaunt 
ofthe  Page,  Casa  Guidi  Windows,  Aurora  Leigh,  et  plusieurs  autres 
poésies. 

(5)  Felicia  llemans,  1793-1835. 

(.Voies  du  Traducteur.) 


436  NORMAL   SCHOOLS. 

genre  prouve  son  génie.  La  sculpture  a  aussi  un  représentant 
dans  le  sexe  féminin  :  c'est  Ilarriel  Ilosmer. 

Les  esprits  étroits  nous  diront  :  Comparez  le  petit  nombre 
des  femmes  supérieures  au  grand  nombre  des  hommes  de 
génie,  et  vous  verrez  que  vous  ne  pourrez  pas  tirer  de  cette 
comparaison  un  argument  en  faveur  de  l'égalité  des  hommes 
et  des  femmes  au  point  de  vue  intellectuel.  Nous  ne  pouvons 
pas  faire  cette  comparaison  numérique,  parce  que  les  deux 
parties  n'ont  pas  eu  les  mêmes  occasions  de  s'instruire. 

Dans  l'histoire  de  la  Grèce  ancienne  elle-même,  nous  voyons 
par  l'exemple  de  Pénélope  et  d'Arété  que  les  femmes,  sans 
jouir  au  point  de  vue  de  l'éducation  des  mêmes  avantages 
que  leurs  frères,  pouvaient  cependant  charmer  et  fasciner  par 
leur  conversation  et  par  leurs  qualités  intellectuelles  ceux 
qui  se  regardaient  comme  leurs  supérieurs.  Les  courtisanes  de 
la  Grèce  étaient  renommées  pour  leur  science,  malgré  toutes 
les  difficultés  que  les  femmes  éprouvaient  à  cette  époque  pour 
s'instruire. 

Il  est  évident  qu'il  y  a  plus  de  savants  que  de  savantes.  Mais 
tout  ce  que  nous  voyons  nous  porle  à  croire  que  si  les  moyens 
étaient  égaux,  les  femmes  ne  le  céderaient  en  rien  aux  hommes 
pour  l'étude  des  connaissances. 

Vous  entendrez  dire  que  si  l'on  admettait  les  femmes  dans 
les  Collèges,  il  faudrait  abaisser  le  niveau  des  études  dans  ces 
établissements. 

Ceci  n'est  pas  exact.  Ouvrez-leur  les  portes  des  Collèges, 
recevez-les  dans  les  salles  de  classe  comme  vous  y  recevez 
leurs  frères,  témoignez  aux  uns  et  aux  autres  la  même  bien- 
veillance,  donnez -leur  les  mêmes  encouragements,  mais 
n'abaissez  pas  pour  elles  le  niveau  des  études.  Qu'elles  puissent 
se  préparer  comme  leurs  frères  pour  le  cours  des  études  clas- 
siques, qu'elles  puissent  acquérir  par  des  travaux  préparatoires 
le  niveau  d'instruction  que  vous  exigez  de  ceux  qui  sont  admis 
à  suivre  ce  cours. 

Ne  craignez  pas  que  cette  innovation  fasse  baisser  le  niveau 
des  études,  ni  qu'elle  affaiblisse  l'instruction  littéraire.  Les 
femmes  qui  se  feront  admettre  dans  les  établissements  d'en- 
seignement ainsi  ouverts,  stimuleront  plutôt  par  leur  pré- 
sence et  par  leur  exemple  le  zèle  de  leurs  nouveaux  cama- 
rades. IjOrsqu'elles  ne  seront  pas  capables  d'être  admises,  vous 
les  traiterez  comme  vous  traitez  maintenant  ceux  qui  sont 
dans  ce  cas.  Tout  ce   que  nous  vous  demandons,  et  tout  ce 


PÉDAGOGIE.  437 

que  nous  pouvons  vous  demander,  est  d'autoriser  les  femmes 
à  suivre  le  cours  d'études  des  Collèges  si  elles  le  désirent. 

Une  troisième  raison  qui  milite  en  faveur  de  l'admission  des 
femmes  dans  les  Collèges,  c'est  que  l'éducation  en  commun  des 
jeunes  gens  et  des  jeunes  filles  serait  très-favorable  au  déve- 
loppement de  leurs  facultés  intellectuelles.  Dans  la  question 
scolaire  telle  qu'elle  est  posée  aujourd'hui,  le  point  le  plus  con- 
troversé est  celui  de  savoir  si  les  garçons  et  les  tilles  doivent 
être  instruits  ensemble,  si  l'éducation  mixte  est  le  meilleur 
système.  Ce  point  est  discuté  dans  toutes  les  réunions  scolaires 
qui  ont  lieu  dans  ce  pays.  Ed.->'.  Mogill  de  Swathmore  Collège 
dit  que  cette  question  prend  différentes  formes  selon  la  localité 
où  on  la  traite.  Si  nous  la  traitions  aujourd'hui  dans  quelque 
ville  d'Orient,  voici  probablement  la  forme  qu'elle  prendrait  : 
Les  femmes  peuvent-elles  se  promener  dans  les  rues  sans 
voile,  peuvent-elles  s'asseoir  à  table  avec  leurs  maris  sans 
mettre  en  péril  la  morale  publique?  Si  nous  étions  à  Paris,  la 
question  se  poserait  ainsi  :  Les  jeunes  filles  honnêtes  peuvent- 
elles  se  promener  seules  dans  les  rues  ?  En  Palestine,  on  dirait  : 
les  femmes  sont-elles  faites  pour  de  plus  nobles  emplois  que 
Ceux  de  bêtes  de  somme?  A  Philadelphie  nous  demandons  si 
Les  jeunes  gens  et  les  jeunes  filles  peuvent  être  instruits 
ensemble  dans  le  môme  établissement,  si  les  femmes  peuvent 
développer  leurs  facultés  intellectuelles  comme  les  hommes? 
C'est  toujours  la  même  question  présentée  sous  des  formes 
diverses. 

Mogill  ajoute  que  la  postérité  apprendra  avec  étonnement  et 
avec  incrédulité  que,  dans  cette  ville,  dans  la  seconde  moitié 
du  xix^  siècle,  une  assemblée  scolaire  composée  de  personnes 
intelligentes  a  discuté  sérieusement  la  question  de  savoir  si 
les  femmes  étaient,  au  point  de  vue  intellectuel,  les  égales  des 
hommes,  et  si  dans  nos  établissements  d'enseignement  supé- 
rieur l'instruction  devait  être  donnée  aux  deux  sexes  en  mêm^ 
temps. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  l'égalité  qui  existe  au  point  de  vue 
intellectuel  entre  les  hommes  et  les  femmes.  Il  nous  reste  à 
examiner  s'il  y  aurait  avantage  à  donner  l'instruction  en  com- 
mun. Le  principal  argument  des  adversaires  de  l'instruction 
mixte  consiste  à  dire  que  lorsque  les  jeunes  gens  et  les  jeunes 
filles  sont  assemblés  dans  le  même  local,  leur  esprit  est  absorbé 
par  des  préoccupations  complètement  étrangères  à  l'étude. 
Nous  nions  ce  fait.  Et,  pour  le  nier,  nous  nous  appuyons  sur 


438  NORMAL    SeifOOLS. 

rexpérioiice  qui  eti  démontre  la  fausseté.  Voyez  ce  qui  se  passe 
dans  nos  écoles  normales,  où  les  jeunes  gens  et  les  jeunes 
filles  sont  réunis  au  réfectoire  et  dans  les  salles  de  récitation. 
Il  est  évident  que  dans  une  école  qui  comple  trois  ou  quatre 
cents  élèves  des  deux  sexes,  quelques-uns  se  laissent  distraire 
par  des  préoccupations  étrangères  à  leurs  livres  et  à  leurs 
études.  Mais  l'expérience  nous  montre  que  le  nombre  de  ces 
élèves  est  relativement  fort  restreint.  Ce  mélange  des  sexes 
paraît  plutôt  agir  comme  un  encouragement  au  travail,  et  for- 
tilîer  ainsi  les  études.  Il  y  a  bien  peu  d'élèves  dont  l'amour- 
propre  ne  soit  pas  excité  par  ce  moyen.  L'f'ducation  mixte 
produit  un  autre  effet  très-important  par  son  iniluence  morale 
et  sociale.  On  ne  saurait  nier  que  l'accomplissement  en  com- 
mun des  devoirs  de  la  vie  d'étudiant  sert  de  frein  aux  jeunes 
gens  et  aux  jeunes  filles,  et  les  fait  marcher  d'un  pas  plus 
ferme  dans  la  voie  de  la  morale.  Tout  le  monde  sait  quelles 
sont  les  tentations  qui  assiègent  un  jeune  homme  à  son  entrée 
dans  la  vie  de  collège.  Quelques-uns  sont  assez  forts  pour 
résister  à  ces  tentations,  mais  le  plus  grand  nombre  y  suc- 
combe. Il  faut  que  la  présence  de  dames  d'un  caractère  esti- 
mable et  respectable  les  fortifie  ou,  qu'en  leur  faisant  honte, 
elle  les  empêche  de  céder  à  leurs  mauvaises  pensées.  Ceci 
s'applique  également  à  la  jeune  fille.  La  présence  de  jeunes 
gens  qui  sont  ses  amis  l'empêchera  de  commettre  beaucoup 
de  mauvaises  actions.  De  cette  façon  ils  se  protégeront  mutuel- 
lement, et  cette  bonne  influence  scolaire  produira  ses  effets 
sur  le  reste  de  leur  vie.  Ainsi  le  mélange  des  deux  sexes  pro- 
duit naturellement  un  effet  moralisateur.  L'élève  ne  s'en  rend 
pas  compte,  il  subit  cette  influence  d'une  manière  incon- 
sciente. Cette  réunion  des  deux  sexes  exercera  aussi  son 
influence  sur  la  tenue  des  élèves,  car  ils  chercheront  naturel- 
lement à  paraître  avec  tous  leurs  avantages.  Elle  se  fera  éga- 
lement sentir  dans  leur  conversation  et  dans  leurs  manières. 
L'étudiant  n'aura  pas  besoin  de  s'écarter  de  son  chemin  ni  de 
négliger  ses  études  poiu-  acquérir  l'usage  du  monde.  Il  se 
trouvera  placé  au  milieu  de  la  société  et  il  n'aura  qu'à  confor- 
mer ses  pensées,  ses  sentiments  et  ses  manières  aux  cir- 
constances dans  lesquelles  il  se  trouvera  placé. 

Il  ne  sent  pas  plus  cette  influence  qu'il  ne  sent  l'air  qu'il 
respire,  mais  elle  agit  sur  ses  pensées  et  sur  ses  sentiments, 
elle  les  fortifie  et  les  développe  comme  le  rayon  de  soleil  for- 
tifie et  fait  pousser  le  brin  d'herbe. 


PÉDAGOGIE.  439 

L'éducation  ainsi  donnée  est  véritablement  conforme  à  la 
nature,  c'est  l'éducation  de  famille.  Le  frère  et  la  sœur 
deviennent  compagnons  inséparables  :  ils  jouent  ensemble  et 
travaillent  ensend)Ie.  Les  joies  intellectuelles,  physiques  et 
sociales  leur  sont  communes.  En  les  séparant,  en  envoyant 
l'un  d'un  côté,  l'autre  d'un  autre,  on  brise  le  lien  qui  devrait 
être  le  plus  saint  et  le  plus  étroit  qu'il  y  ait  sur  terre.  Par 
cette  séparation  on  remplit  leur  esprit  de  sottes  idées  senti- 
mentales qui  ont  souvent  une  fâcheuse  influence  sur  le  reste 
(le  leur  vie. 

Les  jeunes  gens  des  deux  sexes  devraient  être  instruits 
ensemble,  élevés  ensemble.  Ils  apprendraient  ainsi  à  se  voir 
sous  leur  véritable  jour,  et  ils  n'en  seraient  que  plus  capables 
de  distinguer  dans  l'humanité  les  qualités  nobles  et  vraies  de 
la  vaine  apparence  et  du  faux  brillant. 

Quand  même  il  se  formerait  à  l'école  des  attachements  qui 
se  termineraient  plus  tard  par  le  mariage,  serait-ce  une  objec- 
tion suffisante  contre  la  réunion  des  deux  sexes  ?  Si  les  études 
et  les  autres  devoirs  scolaires  n'en  souffrent  pas,  ne  vaut-il 
pas  mieux  qu'un  jeune  homme  et  une  jeune  fille  forment  un 
attachemeni  l'un  pour  l'autre  sous  l'influence  salutaire  de  la 
règle  de  l'école  où  ils  s'efforcent  tous  les  deux  d'atteindre  un 
noljle  but,  le  développement  de  leurs  facultés  intellectuelles,  la 
pureté  de  l'àme  ?  Préférez-vous  qu'ils  forment  cet  attachement 
au  milieu  des  lumières  éblouissantes  et  des  parfums  enivrants 
d'une  salle  de  bal  ?  Nous  répétons  qu'il  faut  que  les  femmes 
soient  admises  dans  nos  Collèges. 

Si  l'éducation  libérale  perfectionne  et  ennoblit  l'homme,  si 
elle  le  rapproche  des  fins  pour  lesquelles  Dieu  l'a  créé,  elle 
doit  avoir  la  même  influence  sur  l'esprit  et  sur  Vùme  de  la 
femme.  Pour  remplir  les  devoirs  qui  lui  sont  assignés  dans 
cette  vie,  la  femme  a  besoin  de  l'intelligence  la  plus  nette  et 
de  l'àme  la  plus  pure  qui  puissent  animer  un  être  humain. 

Je  répète  que  les  femmes  sont  parfaitement  capables  de 
suivre  le  cours  d'études  des  Collèges.  Mais  quand  même  l'expé- 
rience démontrerait  iju'au  point  de  vue  intellectuel  elles  sont 
inférieures  aux  hommes,  cette  objection  ne  serait  pas  suffi- 
sante pour  leur  faire  fermer  les  portes  des  Collèges.  Qu'elles 
aient  le  même  sort  que  les  garçons  et  les  jeunes  gens;  que  les 
examens  décident  de  leur  degré  d'instruction.  On  ne  change 
rien  à  la  question  en  prétendant  que  la  plupart  des  jeunes 
filles  ne  se  prépareront  pas  à  suivre   le  cours  d'études  des 


440  NORMAL    SCilOOLS. 

Collèges.  Mais  j)Oun{uoi  exclure  les  femmes  de  certains  éta- 
blissements d'enseignement,  tandis  que  nous  les  admettons 
dans  d'autres?  Voudrions-nous  leur  imposer  le  cours  d'études 
qu'elles  doivent  suivre  ?  Faites  tourner  sur  leurs  gonds 
rouilles  les  vieilles  portes  de  tous  nos  établissements  d'in- 
struction alin  que  les  hommes  et  les  femmes  puissent  y  recevoir 
en  même  temps  les  connaissances  qu'ils  désirent  acquérir. 

EVANGELINE    G. 

Millersville  (Pennsylvanie).  —  École  normale  de  l'État. 


4.    —   LE   CENTENAIRE   DE   L  EDUCATION. 

De  tous  les  progrès  qui  se  sont  accomplis  aux  États-Unis 
pendant  les  cent  ans  qui  viennent  de  s'écouler,  les  plus  impor- 
tants ont  été  faits  dans  l'éducation.  Nous  avons  toujours 
eu  le  plus  grand  soin  de  l'éducation.  Dès  IGI 9  la  Com})agnie 
de  Londres  sentait  la  nécessité  d'établir  des  écoles  dans 
cette  colonie.  En  IG^l  la  première  école  gratuite  fut  établie  à 
Charles  City  dans  la  Virginie.  On  établit  aussi  de  très-bonne 
heure  des  écoles  libres  dans  le  Massachusetts.  Bientôt  après 
on  décida  que  tout  village  de  cent  familles  aurait  une  Grammar 
school,  et  tout  village  de  cinquante  familles  une  Primary 
school.  On  établit  dans  l'État  plusieurs  collèges  dont  le  princi- 
pal était  Harvard  Collège,  à  Cambridge,  dont  l'établissement 
date  de  163(3.  En  1858  il  y  avait  quatre  écoles  normales. 

C'est  dans  cet  état  que  les  écoles  publiques  ont  pris  nais- 
sance. 

Les  premières  écoles  n'étaient  pas  entièrement  gratuites, 
les  élèves  devaient  payer  une  certaine  somme  en  entrant,  mais 
les  écoles  avaient  d'autres  ressources.  Elles  étaient  unies  à 
l'église  qui  les  entretenait  en  partie.  La  religion  tenait  une 
place  importante  dans  l'inslruction.  L'insiruclion  plus  déve- 
loppée donna  naissance  à  des  croyances  religieuses  diverses, 
de  sorte  qu'il  devint  presque  impossible  d'enseigner  la  reli- 
gion dans  les  écoles  publiques.  Aujourd'hui  il  est  défendu  à 
toute  secte  d'y  enseigner  ses  "doctrines.  Il  existe  aux  États- 
Unis  quelques  écoles  confessionnelles  {denominational  schools)  ; 
il  y  en  a  beaucoup  dans  l'État  de  New  York. 

Cette  séparation  de  la  religion  et  de  l'instruction  scolaire 


PÉDAGOGIE.  441 

eut  un  mauvais  effet  sur  la  morale,  qui  fut  complètement 
négligée.  Le  peuple  pensa  que  la  religion  et  la  morale  étaient 
une  seule  et  même  chose  et  qu'il  fallait  les  bannir  des  affaires 
publiques. 

Pendant  la  guerre  de  la  Révolution,  l'éducalion  fut  fort 
négligée  pour  plusieurs  raisons.  On  était  alors  trop  absorbé 
par  la  guerre  pour  avoir  le  temps  de  s'occuper  de  l'éducation. 
D'un  autre  côté,  la  guerre  avait  appauvri  le  peuple,  qui  n'avait 
pas  le  moyen  d'entretenir  des  écoles.  Mais  lorsque  cette  guerre 
fut  terminée,  on  s'occupa  de  nouveau  de  l'éducation  qui, 
depuis  lors,  n'a  cessé  de  se  répandre  en  se  perfectionnant. 

Aujourd'hui  les  États-Unis  possèdent  un  système  d'écoles 
publiques  qui  est  l'un  des  meilleurs  du  monde.  D'abord  ce 
système  a  été  très-imparfait,  et  il  ne  pouvait  pas  en  être  autrcr 
ment;  mais  dans  ces  derniers  temps  il  s'est  beaucoup  perfec- 
tionné, et  maintenant  nous  avons  un  système  d'écoles  très-bien 
graduées  {[).  Cependant  il  y  a  encore  dans  les  campagnes  et 
dans  quelques  États  des  écoles  non  graduées,  mais  le  nombre 
en  diminue  rapidement. 

Il  n'y  a  pas  d'universités  aux  États-Unis.  Cependant  on  y 
trouve  des  établissements  qui  portent  ce  nom,  par  exemple 
rUniversité  de  Ann  Arbor;  mais  ce  sont  plutôt  des  collèges. 
Les  principaux  collèges  des  États-Unis  sont  ceux  de  'Vale, 
Cambridge  et  Howard. 

Outre  notre  système  d'écoles  publiques,  nous  avons  beau- 
coup d'autres  établissements  où  sont  placés  les  condamnés  et 
les  enfants  qui  n'ont  pas  de  parents.  Dans  quelques-uns  de  ces 
établissements  les  condamnés  sont  obligés  d'apprendre 
quelque  métier  utile,  et  beaucoup  d'entre  eux  deviennent  des 
citoyens  honnêtes  et  laborieux  lorsqu'ils  quittent  ces  écoles 
après  avoir  subi  leur  condamnation. 

Les  États-Unis  ont  aussi  fait  de  grands  progrès  dans  la  mé- 
thode de  l'enseignement.  On  se  servait  d'abord,  dans  nos 
écoles,  de  livres  classiques.  On  apprenait  par  cœur.  Le  maître 
enseignait  beaucoup  de  choses  sans  se  préoccuper  de  la  ma- 
nière dont  il  les  enseignait  et  sans  se  demander  si  ses  élèves 
le  comprenaient.  Maintenant,  au  contraire,  on  se  préoccupe 
beaucoup  de  la  méthode  d'enseignement,  et  l'on  s'efforce  de 

n  I  Graded  schnol,  école  divisée  en  classes  distinctes  ayant  un  pro- 
gramme régulier;  ungraded  school,  école  à  une  seule  classe,  sans 
organisation  pédagogique  bien  arrêtée. 


•ii^  NORMAL   SCIIOOLS. 

développer  les  facultés  intellectuelles,  surtout  chez  les  jeunes 
élèves.  D'abord  on  pensait  que  la  méthode  d'enseignement 
importait  peu  dans  les  écoles  inféri(;ures.  Cette  méthode, 
disait-on,  n'avait  d'utilité  que  pour  les  élèves  qui  étaient  en 
état  de  suivre  les  cours  des  coliépfes  ou  des  écoles  supérieures. 
En  conséquence  les  petites  écoles  étaient  confiées  à  des  maîtres 
sans  expérience.  Mais,  de  nos  jours,  on  s'est  aperçu  qu'on  ne 
pouvait  obtenir  aucun  résultat  satisfaisant  si  la  base  de  l'in- 
struction avait  été  négligée.  On  a  recomm  qu'il  fallait  dès  le 
commencement  s'occuper  très-sérieusement  de  l'instruction  des 
élèves.  Aussi  a-t-on  fait  d'importantes  modifications  dans  les 
écoles  inférieures,  tant  sous  le  rapport  de  la  méthode  que 
sous  celui  des  programmes  d'études. 

Axxii-:  1). 
Age  :  dix-huit  ans. 
Milwaukcc  (Wisconsin).  —  Normal  doj)artmcnL 


0.  —  HISTOIRE   DE  L  EnUCATION. 

1.  Quelle  importance  y  a-t-il  à  connaître  l'histoire  d'un  art 
ou  d'une  science  pour  ceux  qui  veulent  devenir  habiles  dans 
cel  art  ou  dans  cette  science  ? 

Rép.  —  La  connaissance  de  cette  histoire  est  très-importante 
parce  qu'elle  sert  de  base  à  tout  ce  que  nous  apprendrons  dans 
cet  art  ou  dans  cette  science.  Si  une  personne  ignore  qu'un 
certain  perfectionnement  a  été  apporté  à  une  machine,  et 
qu'à  la  suite  de  longues  recherches  elle  invente  le  même  per- 
fectionnement, elle  prouvera  qu'elle  a  autant  de  génie  que  le 
premier  inventeur,  mais  son  invention  ne  sera  d'aucune  utilité 
pratique  parce  qu'elle  était  déjà  connue.  Si  cette  même  per- 
sonne avait  employé  son  travail  et  ses  soins  à  inventer  quelque 
chose  de  nouveau,  son  génie  lui  aurait  permis  de  rendre  de 
grands  services  à  l'humanité.  Ainsi  elle  n'aurait  perdu  ni  son 
temps  ni  son  énergie  intellectuelle. 

L'histoire  d'un  art  ou  d'une  science  est  encore  trés-im})or- 
tante,  parce  qu'elle  nous  montre  comment  les  grands  hommes 
de  cette  épo((ue  travaillaient  et  qu'elle  nous  donne  ainsi  un 
bon  exemple  à  imiter.  Lorsqu'on  découvre  de  nouveaux  prin- 
cipes, on  a  souvent  beaucoup  de  peine  à  les  faire  admettre  par 
tout  le  monde.   Autn.'fois  on  persécutait,  et  l'on  condamnait 


PÉDAGOGIE.  i43 

même  à  mort  les  inventeurs  de  nouvelles  doctrines.  Bien  qu'au- 
jourd'hui on  n'ait  plus  recours  à  ces  procédés  indignes,  les 
auteurs  des  théories  modernes  ont  cependant  hien  souvent  à 
lutter  contre  une  violente  opposition.  11  est  donc  important  pour 
eux  de  savoir  comment  les  penseurs  d'autrefois  résistaient  à 
l'opinion  puhlique  et  souvent  en  triomphaient.  Les  exemples 
illustres  de  ces  hommes  de  génie  les  encourageront  dans  leurs 
premiers  essais,  et  les  porteront  à  faire  de  nouveaux  efforts. 
Or  ces  exemples,  nous  les  trouvons  dans  l'histoire  des  arts 
et  des  sciences. 

"2.  Quel  était  l'idéal  de  l'éducation  chez  les  Grecs  ?  Princi- 
paux pédagogues  grecs. 

Rép.  —  L'idéal  des  Grecs  dans  l'éducation  était  le  beau  et  le 
bon.  Ils  se  proposaient  pour  but  la  vigueur  et  la  force  physi- 
ques et  intellectuelles,  le  développement  de  l'àme  et  du  corps. 
C'était  le  résultat  qu'ils  s'elTorçaient  d'obtenir  par  la  gymnas- 
tique et  par  tout  le  cours  de  leur  éducation.  D'un  autre  côté, 
les  Grecs  attachaient  une  grande  importance  à  l'autorité  de 
l'État  qu'ils  faisaient  passer  avant  toutes  les  relations  de  famille. 
Pendant  rà,:?e  héroïque  de  la  Grèce,  l'éducation  était  patriar- 
cale :  le  père  instruisait  le  fils  ;  la  fille  était  instruite  par  la 
mère.  Les  liens  de  la  piété  filiale  attachaient  les  enfants  à  leurs 
parents.  Le  père  était  le  chef  de  la  famille,  il  avait  droit  de 
vie  et  de  mort  sur  ses  entants.  Pendant  l'âge  historique,  l'édu- 
cation par  l'État  fut  substituée  à  l'éducation  par  la  famille.  Dès 
leur  tendre  enfance,  les  garçons  étaient  confiés  à  l'État  qui  les 
élevait  jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans,  époque  à  laquelle  ils 
entraient  dans  l'armée.  Les  filles  restaient  chez  elles,  et  elles 
étaient  élevées  par  leurs  mères.  Pendant  l'âge  héroïque,  l'édu- 
cation avait  surtout  pour  but  la  culture  physique  et  morale  ; 
plus  tard  on  s'attacha  davantage  à  développer  les  facultés  intel- 
lectuelles. 

Les  deux  principaux  États  de  la  Grèce,  au  point  de  vue  de 
l'éducation,  étaient  la  Doride  et  l'Ionie  (1).  Sparte  et  Athènes  en 
étaient  les  villes  principales.  Elles  n'avaient  pas  les  mêmes 
opinions  sur  la  manière  d'élever  la  jeunesse.  Le  Spartiate  exi- 
geait la  force  physique,  l'obéissance  passive,  enfin  la  précision 
militaire  et  toutes  les  qualités  qui  sont  nécessaires  à  un  bon 
guerrier.  L'Athénien,  au  contraire,  recherchait  la  beauté  plas- 
tique; il  préférait  l'agilité  et  la  grâce  à  la  force  ;  il  avait  aussi 

fl;  Confusion  entre  les  races  et  les  États. 


4M  NORMAL   SCHOOLS. 

du  g'oùt  pour  la  pliilosophie  et  pour  les  sciences.  La  fennne 
tenait  un  rang  plus  élevé  (mi  Doride  qu'en  lonie,  ce  qui  est 
démontré  par  ce  fait  qu'il  y  avait  beaucoup  de  fennues  poêles 
en  Doride,  tandis  qu'il  n'y  en  avait  pas  à  Athènes. 

Les  pédagogues  grecs  les  plus  éminents  furent  Socrate, 
Aristote  et  Platon,  à  Athènes  ;  Pylhagore,  à  Sparte.  Les  lois  de 
Lycurgue  eurent  beaucoup  d'inlluence  sur  l'éducation  à  Sparte. 
Athènes  subit  également  l'influence  des  lois  de  Selon.  Mais 
nous  ne  pouvons  pas  mettre  ces  deux  législateurs  au  nombre 
des  instituteurs  proprement  dits. 

8.  En  quoi  l'idéal  de  l'éducation  chez  les  Romains  différait- 
il  de  celui  des  Grecs?  Principaux  pédagogues  romains. 

Rép.  —  Le  système  d'éducation  chez  les  Romains  était  surtout 
utilitaire  et  pratique  ;  il  s'éloignait  beaucoup  plus  de  l'idéal 
que  celui  des  (irecs.  Toutes  leurs  pensées  et  toutes  leurs 
actions  avaient  un  but  pratique.  Ils  donnaient  de  l'éducation  à 
leurs  enfants,  non  pas  parce  que  l'éducation  est  en  elle-même 
une  chose  bonne  et  désirable,  non  pas  parce  qu'elle  tend  à 
ennoblir  l'homme,  à  cultiver  son  esprit  et  son  cœur,  mais  sim- 
plement parce  qu'elle  devait  les  aider  à  gagner  leur  vie.  Ils 
n'estimaient  l'art  (jue  pour  sa  beauté,  et  ils  mettaient  moins  de 
soin  que  les  Grecs  à  le  cultiver.  Leurs  maisons  étaient  d'une 
construction  commune  et  grossière,  mais  les  temples  qu'ils 
élevaient  aux  dieux  étaient  magnifiques,  et  tous  les  bâtiments 
de  l'État  étaient  des  modèles  d'architecture.  Il  est  vrai  que 
c'était  aux  Grecs  qu'ils  avaient  emprunté  cette  architecture. 

Au  point  de  vue  moral  aussi,  surtout  dans  les  derniers 
temps,  les  Romains  étaient  bien  inférieurs  aux  Grecs.  C'est  ce 
que  nous  voyons  parjeurs  fêtes,  qui  étaient  une  imitation  de 
celles  des  Grecs,  mais  où  régnaient  la  licence,  l'intempérance 
et  le  vice.  \  Rome,  la  mère  occupait  dans  la  famille  une  place 
plus  élevée  qu'en  Grèce.  C'était  elle  qui,  jusqu'à  un  certain 
point,  était  chargée  de  l'éducation  des  enfants.  Les  Romains 
avaient  en  général  plus  d'estime  pour  la  femme  que  les  Grecs. 
Ils  encourageaient  son  émancipation,  loin  d'y  mettre  obstacle  ; 
et  ils  jetaient  ainsi  les  fondements  de  l'œuvre  (|ue  les  nations 
modernes  ont  mission  de  compléter. 

Les  principaux  pédagogues  romains  furent  :  Numa  Pompilius, 
Varron,  Cicéron,  Sénèque  et  Ouinlilien. 

i.  État  de  l'éducation  au  Moyen  Age. 

Rép.  —  On  peut  diviser  le  moyen  âge  en  trois  périodes.  La 
première  s'étend  de  1  à  500  après  J.-C.  et  comprend  la  chute  de 


PÉDAGOGIE.  445 

Rome.  La  seconde  va  de  500  au  xiii^  siècle,  c'est  ce  qu'on  appelle 
les  siècles  de  barbarie.  La  troisième  va  du  xiii*'  au  xvi*  siècle, 
c'est  l'épofiue  de  la  Renaissance.  Pendant  la  première  de  ces 
trois  périodes,  l'éducation  fut  presque  entièrement  accaparée 
par  Rome,  qui  la  mit  entre  les  mains  de  l'Église.  L'éducation  se 
donnait  alors  dans  les  monastères  par  les  soins  des  moines  : 
elle  avait  un  caractère  exclusivement  religieux.  Il  n'y  avait  pas 
alors  d'établissements  d'enseignement  particuliers. 

La  scolastique  et  le  monachisme  régnaient  alors  partout. 
L'enseignement  du  christianisme  était  perverti.  Les  écoles 
étaient  des  écoles  païennes.  C'est  pour  cette  raison  que  les  doc- 
teurs et  les  ministres  chrétiens  voyageaient  de  tous  côtés  pour 
rassembler  des  étudiants  qu'ils  instruisaient. 

Le  cours  d'instruction  suivi  dans  les  monastères  comprenait 
le  trivium,  c'est-à-dire  la  grammaire,  la  rhétorique  et  la  logique, 
et  le  quadrivium,  c'est-à-dire  l'arithmétique,  la  musique,  la 
géométrie  et  l'astronomie.  On  regardait  presque  comme  un 
prodige  de  science  celui  qui  avait  achevé  ce  double  cours 
d'études . 

La  période  qui  s'écoula  du  v°  au  xiii^  siècle  reçut  le  nom  de 
siècles  de  barbarie,  parce  qu'aucun  progrès  ne  fut  fait  dans  les 
différentes  branches  de  connaissances.  Les  n-ations  orientales 
firent  seules  exception.  Elles  firent  de  rapides  progrès  à  cette 
époque.  Les  arts  et  les  sciences  fleurirent  chez  elles  et  parvin- 
rent presque  à  leur  apogée.  En  Europe,  le  pape  et  l 'empereur  se 
disputèrent  la  suprématie,  et  cette  querelle  eut  aussi  une  mau- 
vaise influence  sur  l'éducation.  Le  clergé  était  corrompu  et  son 
enseignement  était  pernicieux;  bref,  la  confusion  régnait  par- 
tout, et  dans  la  politique  et  dans  la  religion. 

Ce  fut  du  v^  au  commencement  du  xvi^  siècle  que  s'élevèrent 
la  plupart  des  universités  de  l'Europe.  En  1500,  il  y  en  avait 
environ  64  dont  la  plus  grande  partie  était  en  Italie.  C'était  la 
scolastique  qui  régnait  dans  toutes  ces  universités. 

Deux  grands  événements  politiques  eurent  beaucoup  d'in- 
fluence sur  l'éducation  pendant  le  moyen  âge  :  les  Croisades, 
qui  durèrent  du  xi^  au  xiii''  siècle,  et  le  système  féodal,  qui 
exista  du  ix"^  au  xiii«  siècle.  Cette  influence  fut  assez  bonne. 

Les  Croisades  eurent  pour  eflet  d'éclairer  le  peuple  en  met- 
tant en  contact  des  nations  qui,  pour  la  plupart,  étaient  com- 
plètement étrangères  les  unes  aux  autres.  Le  commerce  fut 
aussi  pratiqué  sur  une  plus  grande  échelle.  La  Féodalité  vit 
naître  la  chevalerie  et  le  respect  de  la  femme. 


■U6  NORMAL   SCIIOOLS. 

La  péiiodo  qui  s'rloiid  du  \iii-  nu  \\V  siècle  est  appelée  la 
Ucnaissnnce  de  la  liltéralure  classique.  Le  monachisme  et  la 
scolastique  furent  abolis,  et,  depuis  cette  époque,  l'éducation 
n'a  pas  cessé  de  faire  des  progrès. 

5.  Quelles  furent  les  causes  tle  la  Renaissance  de  la  Littéra- 
ture classique,  (|uels  en  furent  les  résultats? 

Rép.  —  Les  principales  causes  de  la  flenaissance  de  la  Litté- 
rature classique  furent  : 

La  corruption  du  clergé  :  on  s'aperçut  que  les  pensées  pures 
devaient  être  exprimées  dans  un  langage  pur  (1). 
Le  développement  et  la  force  de  l'esprit  humain. 
Les  excès  de  la  scolastique  :  on  se  fatigua  de  cette  philo- 
sophie qui  coupait  un  cheveu  en  deux  (2),  et  on  n'y  prit  plus' 
aucun  intérêt. 

La  chute  de  Constantinople  :  cette  ville  avait  été  le  centre 
de  la  science  en  Orient.  Lorsqu'elle  fut  détruite,  tous  les  sa- 
vants se  répandirent  dans  les  dillérentes  parties  de  l'Europe, 
et  ainsi  leur  science  et  leur  sagesse  furent  à  la  portée  d'un 
plus  grand  nombre  de  personnes.  Le  résultat  de  cette  diffusion 
des  connaissances  fut  naturellement  bon,  puisque  en  Orient  il 
n'y  avait  pas  eu  de  siècles  de  barbarie,  et  que  les  progrès  des 
sciences  n'y  avaient  pas  été  interrompus. 

Les  Croisades,  qui  eurent  un  effet  civilisateur. 
L'abolition  de  la  Féodalité,  qui  eut  pour  résultat  de  répandre 
l'instruction  d'une  manière  plus  générale. 

La  Renaissance  de  la  Littérature  classique  eut  pour  résultat 
de  faire  disparaître  complètement  la  scolastique  et  de  donner 
une  nouvelle  impulsion  à  l'éducation.  Le  Monachisme  fut  aussi 
banni  des  établissements  d'instruction,  où  l'on  enseigna  dès 
lors  le  véritable  Christianisme. 

Plusieurs  traductions  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament 
avaient  été  faites  en  langue  vulgaire,  de  sorte  que  le  bas 
peuple  pouvait  lire  et  comprendre  ces  livres. 

La  Renaissance  opéra  une  révolution  et  une  réforme  com- 
plètes dans  les  Écoles. 

(^.  Quelle  modification  apporta-t-on  à  l'éducation  auxvi*  siè- 
cle? Quels  sont  les  pa\squi  furent  à  la  tète  de  ce  mouvement? 


(1)  Toxtc  inintelligible. 

{'2}  If  hjs  wit  bc  not  apt  to  dislinguish  or  find  différence,  let  Jiim 
stiuly  Ihe  Scboohiien,  for  thcy  are  «  Cymini  sectores  ».  Bacon's 
Eiisnijs  (of  Studies).  (Notes  du  Traducteur.) 


rÉDACOGIK.  447 

Oiiols  furent,  los  principaux  pé(lagogues  dans  chacun  de  ces 
]»ays? 

Rép.  —  On  reprit  l'étude  du  latin  et  du  grec  anciens,  et  on 
bannit  la  scolastique.  L'enseignement  des  Universités  fut  fondé 
sur  la  fîible  et  non  plus,  comme  autrefois,  sur  les  ouvrages 
mal  interprétés  d'Aristote.  Au  xvr  siècle,  on  remplaça  le 
verbalisme  par  le  réalisme,  c'est-à-dire  qu'on  attacha  plus 
d'importance  aux  pensées  qu'aux  mots. 

Le  xvi"  siècle  vit  se  fonder  l'ordre  des  Jésuites.  Leurs  écoles 
eurent  une  grande  influence  sur  l'éducation,  car  elles  se  répan- 
dirent dans  tous  les  pays,  et  elles  furent  fréquentées  par  des 
élèves  appartenant  à  toutes  les  nationalités. 

A  la  tète  du  mouvement  qui  s'opéra  ainsi  dans  l'enseigne- 
ment, se  placèrent  l'Allemagne  et  l'Angleterre.  L'Italie  fut 
aussi  une  des  premières  nations  qui  marchèrent  dans  la  nou- 
velle voie;  mais  c'est  au  xiV  et  au  xv*  siècle  qu'elle  fut  dans 
toute  l'apogée  de  sa  gloire.  Alors  florissaient  Dante,  Pétrarque, 
Boccace  et  ces  maitres  dont  l'iniluence  fut  universelle  :  Guarino 
el  Vilterino  di  Falto.  Cependant  l'influence  de  l'Italie  se  fit 
sentir  après  cette  époque  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  Les 
savants  de  ces  pays  allaient  étudier  à  Florence,  et  à  leur  retour 
dans  leur  patrie  ils  enseignaient  ce  qu'ils  avaient  appris,  et 
propageaient  ainsi,  au  moyen  de  leurs  élèves,  l'influence 
italienne. 

Les  pédagogues  lespbjs  célèbres  du  xvi*  siècle  furent,  en 
Allemagne  :  Luther,  Luizeudorf,  Sturm,  Wolfgang  ,  Ratich; 
en  Angleterre  :  sir  Francis  Bacon,  Linacre,  Robert  Greene , 
William  Lilly,  John  Colet  et  Thomas  Morus. 

7.  Nommez  les  principaux  «  Progressistes  »,  et  discutez  les 
principes  qu'ils  professaient  en  commun  sur  l'éducation. 

Rép.  —  Les  plus  éminents  Progressistes  furent  Basedow, 
Kant,  Fichte,  Richter,  Hegel,  Schopenhauer ,  Rosenkranz, 
Beneke,  Herbart,  Pestalozzi,  Frœbel. 

lis  voulurent,  non  pas  perfectionner,  mais  changer  complè- 
tement la  méthode  d'enseignement.  Us  composèrent  des  manuels 
d'après  leurs  principes,  et  ils  disaient  que  toute  personne,  in- 
telligente ou  non,  pouvait  apprendre  quelque  chose  en  suivant 
exactement  leurs  livres.  Ils  se  demandèrent  même  si  un  pro- 
fesseur médiocre  qui  se  conformerait  à  la  méthode  d'ensei- 
gnement contenue  dans  leurs  livres  ne  serait  pas  préférable  à 
un  professeur  dont  l'enseignement  serait  plus  indépendant.  Us 
disaient  que  l'enseignement  des  règles  de  grammaire  était 


448  NORMAL    SCIIOOLS. 

enliùi'Cluent  niélliodiquc,  qu'on  no  luisait  que  marcher  à  tâtons, 
sans  se  proposer  ni  but  ni  lin.  Ils  voulaient  animer  l'instruction 
en  mettant  en  mouvement  l'intellig-ence  et  l'activité  de  l'enfant. 

Ils  n'avaient  aucune  confiance  dans  la  science  acquise  dans 
les  livres,  et  ils  n'attachaient  pas  d'importance  au  développe- 
ment de  la  mémoire.  Beaucoup  d'entre  eux  ignoraient  même 
complètement  l'existence  de  cette  faculté.  Ils  voulaient  qu'on 
n'étudiât  que  les  sciences  réelles. 

De  même  qu'ils  négligeaient  la  mémoire,  ils  ne  faisaient 
aucune  attention  à  l'imagination,  plus  encore  dans  la  théorie 
que  dans  la  pratique. 

Ils  s'opposaient  à  l'étude  de  l'histoire,  et  donnaient  les  plus 
grands  éloges  au  temps  dans  lequel  ils  vivaient.  Ils  deman- 
daient des  salles  d'écoles  bien  aérées,  et  ils  favorisaient  les 
exercices  gymnastiques.  Ils  voulaient  que  l'élève  eût  bien 
conscience  de  tout  ce  qu'il  faisait  et  de  tout  ce  qu'il  disait.  Ils 
ne  permettaient  pas  à  un  enfant  de  parler  d'une  chose  qu'il 
ne  comprenait  pas.  Ils  voulaient  (jue  toutes  ses  pensées  fussent 
claires  et  clairement  exprimées. 

Ils  s'intéressaient  à  l'étude  des  langues  modernes,  et  com- 
battaient la  prééminence  du  latin.  Us  enseignaient  les  langues 
par  la  méthode  de  la  conversation. 

Une  secte  des  Progressistes  voulait  qu'on  instruisît  les  en- 
fants d'après  une  méthode  uniforme,  sans  avoir  égard  au 
caractère  particulier  de  chacun  d'eux  :  c'était  la  secte  démo- 
cratique. La  secte  aristocratique  des  Progressistes  voulait  que, 
dans  l'enseignement,  on  prît  en  considération  le  caractère 
particulier  de  chaque  enfant. 

Ils  voulaient  qu'on  enseignât  la  musique  et  la  poésie  au  point 
de  vue  rationnel.  Us  n'appréciaient  pas  la  beauté  de  ces  deux 
arts,  et  ils  se  donnaient  fort  peu  de  peine  pour  les  cultiver.  Us 
analysaient  les  poèmes  au  point  de  ne  plus  y  laisser  de  poésie. 
Ils  enseignaient  la  musique  froidement,  et  ils  la  présentaient 
comme  un  art  qui  se  rattache  plus  à  la  raison  qu'à  la  sensi- 
bilité. 

Les  Progressistes  se  rattachaient  par  certains  côtés  aux 
Pélagiens.  Us  avaient  pour  devise  :  «  Sequi  naturam.  » 

8.  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  les  principes  de  Bacon'et 
ceux  de  Piousseau  sur  l'éducation? 

Rép.  ■ —  Bacon  accomplit  une  révolution  dans  l'enseignement 
de  son  temps  :  il  vivait  au  xvi«  siècle.  Il  voulait  qu'on  étudiât 
les  choses  réelles  telles  qu'elles  existent  dans  la  nature,  sans 


PÉDAGOGIE.  -449 

se  contenter  d'en  apprendre  ce  qu'en  disent  les  livres.  Il  fut 
ainsi  le  véritable  créateur  du  réalisme.  Si  l'on  ne  pouvait  pas 
se  procurer  les  objets  réels,  il  fallait,  disait-il,  se  servir  de 
tableaux  représentant  ces  objets.  Par  ce  moyen, on  développe- 
rait à  la  fois  et  l'intelligence  et  la  perception  extérieure  de 
l'élève,  au  lieu  d'exercer  simplement  sa  mémoire. 

Quoique  le  caractère  personnel  de  Bacon  ne  soit  pas  très- 
recommandable,  il  faut  avouer  cependant  que  sa  philosophie 
mérite  d'être  louée  à  plusieurs  points  de  vue,  et  qu'elle  pro- 
duisit en  général  de  bons  résultats. 

Rousseau  voulait  qu'on  s'attachât  fortement  à  suivre  la  nature. 
La  civilisation  de  son  temps  le  dégoûtait,  et  il  l'a  combattue 
dans  tous  ses  ouvrages.  Il  produisit  sur  l'éducation  une 
influence  indirecte,  mais  très-grande,  surtout  par  son  «  Emile  >. 
Dans  cet  ouvrage,  il  développe  ses  idées  sur  une  éducation 
idéale.  Il  veut  que  l'enfant  soit  élevé  et  instruit  tout  seul 
jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans.  Alors  il  pourra  entrer  dans  la 
société,  voir  le  monde  et  fréquenter  ses  semblables  sans  avoir 
à  craindre  aucune  influence  pernicieuse,  car  son  cœur  ne  con- 
naîtra ni  l'envie,  ni  la  jalousie,  ni  la  malice,  ni  tous  les  autres 
vices.  Ce  livre  eut  beaucoup  de  succès,  il  fut  lu  par  la  plupart 
des  grands  penseurs  de  son  temps.  Quoique  Rousseau  pousse 
ses  principes  jusqu'à  l'extrême,  beaucoup  de  philosophes  mo- 
dernes les  ont  cependant  pris  pour  base  de  leur  philosophie, 
et  ils  ont  mis  en  pratique  ses  plans  et  ses  pensées. 

9.  Quelle  fut  l'influence  de  Pestalozzi  sur  l'éducation  ? 

Rép.  —  Pestalozzi  naquit  de  parents  pauvres  à  Genève  au 
commencement  du  xviii*  siècle.  Quoiqu'il  eût  à  lutter  contre 
la  pauvreté  pendant  sa  jeunesse,  il  parvint  à  s'instruire,  et  il 
prit  beaucoup  d'intérêt  à  toutes  les  questions  d'éducation  de 
son  temps.  Il  fonda  un  grand  nombre  d'établissements  d'in- 
struction pour  les  enfants  pauvres.  Il  en  fonda  d'autres  plus 
tard  pour  les  enfants  dont  les  parents  avaient  le  moyen  de 
payer  une  rétribution  scolaire. 

Plusieurs  de  ses  premiers  essais  échouèrent  complètement. 
Cependant  il  ne  se  découragea  pas,  et  le  dernier  établissement 
qu'il  fonda  à  Yverdun  jouit  pendant  vingt-cinq  ans  d'un  succès 
remarquable,  et  donna  enfin  à  celui  qui  l'avait  fondé  la  satis- 
faction qu'il  méritait.  Le  succès  de  cet  étabhssement  fut  dû  en 
partie  aux  soins  de  sa  femme,  Anna  Shulthess,  qui  fut,  pendant 
toute  sa  vie,  sa  compagne  fidèle.  Après  la  mort  de  cette  der- 
nière l'établissement  déclina  rapidement, 

19 


450  NORMAL    SCHOOLS. 

Dans  sa  jeunesse,  Peslalozzi  se  proposa  (r/'Uidier  le  droit; 
mais  les  ouvrages  de  Rousseau  qu'il  lut  attentivement,  eurent 
tant  d'influence  sur  lui  qu'il  changea  sa  détermination  et  se  fit 
professeur. 

C'est  à  son  incapacité  d'organiser  et  à  l'impossibilité  où  il 
était  de  surveiller  les  nombreux  établissements  qu'il  avait 
fondés,  qu'il  faut  attribuer  les  nombreux  échecs  qu'il  éprouva 
pendant  la  première  partie  de  sa  vie.  Malgré  ces  échecs,  il  sut 
inspirer  à  tous  ceux  qui  l'approchèrent  le  plus  grand  enthou- 
siasme et  le  plus  grand  inlérèt  pour  ses  vues  et  ses  idées.  Il 
écrivit  plusieurs  ouvrages,  dont  les  principaux  sont  :«  Léonard 
et  Gertrude  »  et  «  Comment  Gertrude  instruit  ses  enfants  ». 
Dans  ces  ouvrages  il  nous  présente  le  portrait  d'une  mère  idéale  ; 
il  nous  montre  comment  elle  doit  élever  sa  famille,  et  nous  dit 
quelle  peut  être  son  influence  si  elle  l'exerce  convenablement. 
11  soutient  que  la  famille  doit  être  le  centre  de  toute  éducation, 
et  la  mère  le  premier  précepteur. 

Ce  qui  recommande  son  système  d'éducation,  c'est  qu'il  vou- 
lait soumettre  l'esprit  aux  lois  organiques  qui  régissent  la  nature 
physique.  11  voulait  que  toutes  les  facultés  de  l'être  humain 
reçussent  un  développement  complet  et  méthodique.  11  suivait 
scrupuleusement  la  nature  dans  le  cours  de  son  enseignement. 
11  pensait  qu'on  devait  donner  l'instruction  sous  une  forme 
agréable  et  que  la  discipline  devait  être  douce. 

Son  principal  défaut  était  l'incapacité  d'organiser  et  de  sur- 
veiller. Son  ardeur  et  son  ambition  lui  faisaient  embrasser 
trop  dechosesà  la  fois.  11  n'avait  aucun  égard  pour  le  caractère 
particulier  des  élèves,  et  il  appliquait  la  même  méthode  aux 
intelligences  vives  et  aux  intelligences  paresseuses. 

10.  Théorie  de  Herbert  Spencer  sur  l'éducation, 

Rép  —  Herbert  Spencer  pensait  que  le  premier  devoir  d"un 
professeur  était  de  s'informer  de  l'ordre  de  développement  des 
facultés  d'un  enfant.  11  y  a,  dit-il,  un  certain  ordre  constant  dans 
lequel  se  développent  les  diû'érentes  facultés,  et  certaines 
branches  d'études  sont  adaptées  à  chaque  degré.  L'éducation, 
continue-t-il,  se  propose  deux  fins,  la  discipline  et  l'instruction 
oue  l'on  peut  atteindre  par  les  mêmes  branches  d'études.  Selon 
lui  le  dernier  but  de  l'éducation  est  la  connaissance  de  la  vie. 
Car  nous  devons  savoir  connnent  traiter  notre  corps,  comment 
traiter  notre  esprit.  Il  faut  que  nous  puissions  vaquer  k  nos 
affaires,  que  nous  connaissions  nos  devoirs  de  citoyen,  que  nous 
sachions  élever  notre  famille.  Il  faut  que  nous  sachions  faire 


PÉDAGOGIE.  451 

un  bon  usage  de  nosfacuUés  intellectuelles,  et  tirer  le  meilleur 
parti  des  talents  que  la  nature  nous  a  donnés.  C'est  par  ce 
moyen  seul  que  nous  pourrons  être  heureux.  Il  attachait  la 
plus  grande  importance  à  l'enseignement  de  tout  ce  qui  pou- 
vait apprendre  à  élever  une  famille,  car  le  plus  grand  nombre 
des  hommes  ont  ce  devoir  à  remplir.  Il  indique  quelques-uns 
des  principes  que  l'on  doit  suivre  dans  l'enseignement  :  aller 
toujours  du  simple  au  composé,  du  connu  à  l'inconnu,  du  défini 
à  l'indéfini  et  du  concret  à  l'abstrait.  Il  veut  qu'on  attache 
beaucoup  d'importance  au  développement  personnel  et  à  la  dis- 
cipline personnelle. 

11  n'a  pas  une  grande  confiance  dans  les  punitions  corpo- 
relles, mais  il  est  fermement  partisan  du  système  de  réaction 
naturelle. 

Adûlphine  B. 
Age  :  dix-sept  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin).  —  Normal  deparlment. 


6.  —  PHILOSOPHIE   DE   L'ÉDUCATION. 

1.  Montrez  comment  l'étude  de  l'histoire  peut  servir  à  culti- 
ver la  mémoire,  l'imagination  et  le  jugement. 

Rép.  —  L'histoire,  en  tant  qu'étude,  a  une  valeur  empirique. 
Le  principal  but  de  cette  étude  est  la  connaissance  des  vérités 
ou  des  faits.  Toute  étude  qui  a  une  valeur  empirique,  doit  né- 
cessairement cultiverla  mémoire,  dont  la  fonction  incontestable 
est  de  retenir  les  faits.  L'histoire  enregistre  les  actes  d'hé- 
roïsme, les  mots  patriotiques  qui  respirent  une  ardente  poésie. 
Ils  inspirent  à  tous  ceux  qui  les  lisent  avec  intelligence  ou  avr.c 
sympathie  quelque  chose  de  cette  émotion  qui  remplissait  le 
cœur  du  héros  et  du  patriote.  L'imagination  du  lecteur  lui 
représentera  le  champ  de  bataille  et  la  supériorité  numérique 
des  envahisseurs.  Il  verra  le  petit  nombre  de  ceux  que  l'intré- 
pidité d'un  seul  homme,  peut-être,  a  sauvés.  11  se  laisse  aller 
à  ce  rêve  charmant  de  son  imagination  jusqu'cà  ce  que  la  scène 
ainsi  représentée  n'ait  plus  la  moindre  ressemblance  avec  le 
fait  historique  :  c'est  presque  un  tableau  maginaire  qu'il  a 
sous  les  yeux.  La  nature  et  le  climat  du  pays  exercent  leur 
influence  sur  le  caractère  de  la  nation,  et  les  membres  de  cette 
nation  exercent  de  l'influence  les  uns  sur  les  autres.  La  manière 


.152  NORMAL    SCIIOOLS. 

dont  on  discute  les  questions  du  jour  dépend  beaucoup  du 
caractère  du  peuple.  L'histoire  enregistre  les  actes  du  peuple. 
La  recherche  des  causes  des  événements  historiques  déve- 
loppe le  jugement. 

2.  Qu'entend-on  par  lois  de  l'association  des  idées?  Indiquez 
les  principales?  Quel  est  le  devoir  de  la  maîtresse  en  vue  de 
l'association  des  idées? 

Rép.  —  Ce  n'est  pas  le  hasard  qui  guide  nos  idées.  Il  y  aune 
raison  qui  fait  qu'une  certaine  idée  en  suggère  une  autre.  Les 
lois  d'après  lesquelles  nos  idées  s'associent  s'appellent  lois  de 
l'association  des  idées. 

Les  idées  s'associent  : 

1°  Lorsqu'elles  ont  quelque  rapport  avec  des  faits  qui  se  pas- 
sent dans  le  même  temps. 

2°  Lorsqu'elles  ont  quelque  rapport  avec  des  objets  qui  occu- 
pent le  même  lieu. 

3°  Lorsqu'il  existe  entre  elles  une  relation  de  cause  ù  effet, 
du  tout  à  la  partie,  du  moyen  à  la  fin. 

-ï"  Lorsqu'il  existe  entre  elles  une  relation  de  similitude  et 
de  contraste. 

S**  Lorsqu'elles  sont  le  résultat  de  la  même  faculté  ou  de 
acuités  différentes  agissant  sur  le  même  objet. 

6°  Lorsque  l'une  est  le  signe,  et  l'autre  la  chose  signifiée. 

7°  Lorsque  le  sens  en  est  accidentellement  indiqué  par  le 
même  son. 

La  maîtresse  ne  doit  pas  rompre  cette  harmonie  des  idées. 
Sachant  dans  quel  ordre  les  idées  s'associent,  elle  doit  tracer 
le  plan  de  ses  leçons  de  telle  manière  qu'elles  puissent  suggérer 
à  l'esprit  des  élèves  les  idées  dans  leur  ordre  naturel. 

3.  Définissez  et  expliquez  la  synthèse  et  l'analyse. 

Rép.  — ■  La  synthèse  consiste  à  rétablir  les  effets  d'après 
leurs  causes.  L'analyse  consiste  à  décomposer  les  elTets  en 
leurs  causes.  Par  exemple,  le  sel  neutre  est  l'effet  de  la  com- 
binaison d'un  acide  et  d'un  alcali.  Pour  analyser  cette  sub- 
stance,on  la  diviserait  en  ses  éléments  et  l'on  trouverait  qu'elle 
se  compose  d'un  acide  et  d'un  alcali.  Pour  faire  la  synthèse, 
on  reconstituerait  le  sel  neutre  au  moyen  de  l'acide  et  de  l'al- 
cali. Nos  conceptions  elles-mêmes  sont  complexes,  car  elles 
sont  composées  d'une  multitude  de  petites  notions.  Le  procédé 
analytique  consiste,  en  philosophie,  à  dégager  de  ces  notions 
complexes  les  notions  élémentaires  ou  les  causes  qui  y  sont 
renfermées  et  qui  les  constituent,  Le  procédé  synthétique,  au 


PÉDAGOGIE.  -453 

contraire,  consiste  à  combiner  ces  conceptions  individuelles 
pour  en  former  une  grande  conception  ou  une  conclusion  géné- 
rale. 

•4.  Qu'entend-on  par  les  connaissances  humaines  relatives  ? 

Réf.  —  Nous  ne  connaissons  qu'autant  que  nous  avons  une 
faculté  de  connaître  en  général.  Cette  faculté  est  aussi  soumise 
aux  lois  qui  en  limitent  et  qui  en  dirigent  les  allions.  C'est  par 
le  moyen  des  sens,  dont  le  nombre  est  déterminé,  que  nous 
acquérons  nos  connaissances.  Nous  pouvons  concevoir  des 
choses  dont  nous  ne  pourrions  pas  connaître  l'existence  par 
l'expérience.  Nos  connaissances  seraient  ainsi  limitées  par  le 
nombre  de  nos  sens.  Nos  sens  eux-mêmes  pourraient  être  im- 
parfaits et  alors  nos  connaissances  seraient  relatives.  L'objet 
lui-même  pourrait  être  modifié  par  le  milieu  à  travers  lequel  il 
se  manifeste  à  nos  sens.  Dans  ce  cas  encore  nos  connaissances 
seraient  relatives. 

5.  L'attention.  Ses  relations  avec  la  conscience.  Son  impor- 
tance. Comment  la  cultive-t-on? 

Rép.  —  L'attention  est  l'application  de  l'esprit  à  un  certain 
sujet,  à  l'exclusion  de  tous  les  autres.  L'attention  a  trois  degrés  : 
le  premier  est  synonyme  de  conscience,  ce  n'est  qu'un  acte 
vital  et  irrésistible.  Le  second  est  un  acte  déterminé  par  le 
désir,  mais  auquel  la  volonté  peut  résister.  Le  troisième  est  un 
acte  libre  de  volonté. 

L'attention  n'est  autre  chose  que  la  conscience  concentrée 
sur  un  objet.  Le  pouvoir  de  l'attentionest  d'une  grande  valeur, 
car  c'est  par  l'attention  seule  que  nous  pouvons  nous  rendre 
maître  d'un  sujet  ou  même  acquérir  une  idée  claire  de  ce  sujet. 
On  peut  cultiver  cette  qualité  en  l'exerçant  tellement  qu'elle 
devienne  une  habitude. 

S.\LLIE  H. 

Cincinnati  (Ohio.)  —  École  normale  municipale. 


/ .  —  PRINCIPES   ELEMENTAIRES  D  EDUCATION. 

(ii*  année.) 

Le  devoir  des  instituteurs  consiste  ù.  présenter  la  vérité  de  la 
science  de  façon  à  exciter  l'activité  de  l'esprit. 

Quiconque  entreprend  d'instruire  des  enfants  doit    savoir 


454  NORMAL   SCIIOOLS. 

que  l'éducation  d'une  personne  n'est  autre  chose  que  le  déve- 
loppement de  toutes  ses  facultés,  et  (ju'on  ne  peut  arriver  à  ce 
résultat  qu'en  éveillant  l'activité  personnelle  de  l'élève. 

Les  instituteurs  seront  donc  portés  à  se  faire  cette  question  : 
«  Quelle  est  la  manière  d'exciter  cette  activité?  » 

Nous  pouvons  répondre  d'une  façon  générale  que  la  science, 
présentée  d'une  manière  convenable  et  dans  une  .condition 
convenable,  produira  cette  activité. 

On  demandera  ensuite  :  «  Comment  peut-on  arriver  à  ce 
résultat  ?  » 

On  a  répondu  à  cette  question,  et  on  peut  y  répondre  de 
mille  manières.  Pour  donner  à  ce  sujet  une  réponse  qui  put 
satisfaire  tout  le  monde,  en  supposant  qu'une  telle  chose  soit 
possible,  il  faudrait  écrire  un  volume. 

Cependant,  malgré  la  diversité  des  opinions  sur  ce  point, 
nous  pensons  que  l'on  peut  trouver  des  méthodes  de  présenter 
la  science  qui  soient  si  bien  en  rapport  avec  l'ordre  naturel  du 
développement  de  l'intelligence,  ({ue  personne  ne  pourra  refuser 
de  les  admettre. 

Considérons  l'enseignement  d'une  science  expérimentale: 
nous  savons  que  l'on  peut  faire  constamment  des  découvertes 
dans  cette  science.  Ceux  qui  ne  font  pas  ces  découvertes  par 
eux-mêmes  peuvent  néanmoins  se  servir  des  découvertes  faites 
par  d'autres. 

Nous  pourrons  nous  instruire  en  considérant  attentivement 
les  résultats  oîi  sont  arrivés  ceux  qui  ont  consacré  une  partie 
de  leur  temps  à  étudier  le  sujet  qui  nous  occupe.  L'observation 
attentive  des  méthodes  employées  par  la  nature,  pour  diriger 
et  instruire  ses  enfants,  sera  pour  nous  une  autre  source  d'en- 
seignements beaucoup  plus  féconde.  Les  recherches  que  d'autres 
auront  faites  pourront  ici  nous  être  d'un  grand  secours. 

Quiconque  ne  compte,  pour  instruire  des  élèves,  que  sur  la 
science  qu'il  a  acquise  dans  les  livres,  est  impropre  à  exercer 
la  profession  d'instituteur. 

Il  faut  naturellement  que  l'instituteur  possède  cette  science 
que  donnent  les  livres,  qu'il  conqirenne  les  méthodes  d'ensei- 
gnement et  les  lois  du  développement  intellectuel.  Mais  il  faut 
aussi  qu'il  sache  appliquer  ces  méthodes  générales  aux  cas 
particuliers,  et  qu'il  puisse  vérifier  par  lui-même  l'exactitude 
de  ces  lois.  Or,  l'expérience  de  l'enseignement  peut  seule  lui 
donner  cette  science. 

Il  ne  faut  pas  qu'un  enfant  puisse  jamais  })enser  que  son 


PÉDAGOGIE.  455 

devoir  consiste  ù  assister  passivement  à  la  classe  et  à  se  laisser 
instruire. 

Tous  les  enfants  aiment  à  s'occuper  d'une  manière  ou  d'une 
autre,  il  faut  toujours  qu'ils  travaillent  ou  qu'ils  jouent.  Si  on 
ne  leur  fournit  pas  un  objet  convenable  sur  lequel  ils  puissent 
exercer  ce  besoin  d'activité,  il  en  résulte,  comme  nous  le 
savons  parfaitement,  que  leurs  petites  mains  ne  restent  pas 
oisives  et  qu'elles  s'occupent  à  faire  quelque  méchanceté. 

On  peut  présenter  le  travail  aux  enfants  de  manière  à 
éveiller  leur  intérêt ,  et  alors  ils  s'empresseront  de  s'y 
livrer. 

11  en  est  de  l'esprit  comme  du  corps.  L'esprit  d'un  enfant  est 
toujours  actif,  et  le  maître  doit  profiter  de  cette  activité,  et 
employer  toute  son  influence  à  lui  donner  une  bonne  direction. 
L'esprit  d'un  enfant  s'occupe  des  sujets  qui  l'intéressent  le  plus. 
Si  le  maître  sait  rendre  intéressantes  les  choses  que  son  élève 
étudie,  celui-ci  leur  consacrera  toutes  ses  pensées.  Mais  si  le 
maître  ne  fait  aucun  effort  en  ce  sens,  ou  si  les  efforts  qu'il  fait 
ne  sont  pas  couronnés  de  succès;  si  l'élève  considère  les  leçons 
et  la  classe  comme  des  maux  nécessaires,  ou  du  moins  comme 
des  maux  qu'il  est  oblii(é  de  souffrir  momentanément,  vous 
pouvez  être  assuré  que  l'esprit  de  cet  élève  s'exerce  activement 
sur  des  sujets  complètement  étrangers  à  ceux  qui  font  l'objet 
de  votre  enseignement. 

Ainsi  donc  la  première  chose  que  vous  devez  vous  proposer, 
c'est  d'intéresser  vos  élèves.  Lorsque  vous  aurez  atteint  ce  but, 
vous  serez  sûr  que  leur  attention  ne  sera  pas  distraite.  Les 
enfants  aiment  la  science.  11  })eut  se  faire  qu'ils  n'aiment  pas  à 
apprendre  ce  qu'ils  trouvent  dans  les  livres,  mais  ils  aiment  à 
savoir.  Ils  aiment  à  apprendre  tout  ce  qui  est  nouveau  ou  tout 
ce  qui  a  de  l'attrait  pour  eux.  Ils  veulent  apprendre. 

Nous  aurons  beau  faire,  il  faudra  qu'ils  apprennent  quelque 
chose,  bon  ou  mauvais. 

Puisqu'il  en  est  ainsi,  les  instituteurs  ne  devraient-ils  pas 
faire  tous  leurs  efforts  pour  empêcher  le  fruit  que  les  élèves 
cueillent  à  l'arbre  de  la  science  de  se  transformer  pour  eux  en 
poison?  >'e  devraient-ils  pas  essayer  de  donner  à  ce  fruit  toutes 
les  qualités  propres  à  en  faire  une  nourriture  saine  et  forti- 
fiante pour  leurs  élèves? 

Certaines  qualités  sont  nécessaires  pour  rendre  un  sujet  inté- 
ressant. Nul  d'entre  nous  n'est  insensible  aux  charmes  de  ce  qui 
est  nouveau  ou  de  ce  qui  nous  est  présenté  d'une  manière  nou- 


456  NORMAL   SCIIOOLS. 

velle.  Mais  le  sujet  le  plus  attrayant  devient  monotone  si  l'on 
s'y  arrête  trop  longtemps. 

C'est  là  une  loi  de  notre  nature,  qui  s'applique  surtout  aux 
enfants.  Il  suit  de  là  que  nous  ne  devons  jamais  perdre  de  vue 
cette  loi,  lorsque  nous  développons  un  sujet  devant  notre 
classe. 

Un  instituteur  habile  trouvera  de  nouvelles  explications,  11 
saura  présenter  d'une  façon  nouvelle  les  sujets  qui  pourraient 
manquer  d'intérêt  pour  ses  élèves. 

Il  faut  aussi  que  notre  enseignement  soit  appro})rié  à  l'intel- 
ligence de  ceux  que  nous  voulons  instruire. 

Un  traité  où  l'on  exposerait  quelipes-unes  des  théories  de  la 
philosophie  morale  n'aurait  aucun  intérêt  pour  des  enfants  de 
la  Prhnanj  School,  quand  même  l'exposition  de  ces  théories 
serait  entièrement  nouvelle.  Il  faut  que  la  science  qu'on 
enseigne  à  l'élève  soit  telle,  qu'elle  puisse  se  rattacher  à 
quehjue  autre  science  qu'il  possède  déjà  :  nous  sommes  obligés 
de  gravir  la  colline  de  la  science  pas  à  pas,  nous  ne  pouvons 
pas  prendre  notre  essor  et  atteindre  le  sommet  d'un  seul  coup 
d'aile. 

Nous  répétons,  en  terminant,  que  tout  ce  qui  est  intéressant 
pour  un  enfant  ne  manquera  pas  d'attirer  son  attention. 

Nous  pourrions  donc  abréger  cette  loi  et  dire  que  le  devoir 
des  instituteurs  consiste  à  rendre  l'école  et  les  devoirs  de 
l'école  intéressants  pour  leurs  élèves. 

Éloïse  B. 
Ypsihuiti  (Michigan.)  —  École  normale  de  l'État. 


8.  —  DE  L\  DISCIPLINE  OU   DU   GOUVERNEMENT   DE  l'ÉCOLE. 

1.  —  A  quelle  forme  de  gouvernement  appartient  le  gouver- 
nement de  l'école?  Raisons. 

Rép.  —  Le  gouvernement  de  l'école  est  monarchique. 
Puisque  le  père  transmet  au  maître  son  autorité  sur  son  enfant, 
cette  transmission  doit  être  complète,  et  toute  autre  autorité 
que  celle  du  maître  est  inutile. 

L'autorité  du  maître  doit  être;  absolue,  définitive  et  com- 
plète en  ce  qui  touche  à  l'instruction  de  Tenfant. 


l'ÉDAGOGIE.  4-57 

Si  riiistruclioli  n'était  pas  améliorée  par  la  transmission  de 
l'autorité  paternelle  au  maître,  il  serait  inutile  de  confier  plus 
longtemps  à  ce  dernier  l'instruction  des  enfants.  Ceux-ci  pour- 
raient s'instruire  chez  eux  et  acquérir  autant  de  connaissances 
que  s'ils  étaient  entre  les  mains  du  maître.  L'autorité  du 
maître  doit  être  absolue,  excepté  dans  quelques  cas  excep- 
tiomiels.  Lorsque  le  maître  abuse  de  son  autorité  ou  lorsqu'il 
n'esl  pas  capable  de  s'acquitter  convenablement  de  ses 
devoirs,  le  père  peut  lui  retirer  son  enfant. 

11  faut  que  les  élèves  comprennent  bien  que  l'autorité  du 
maître  est  définitive.  Car,  au  moindre  petit  ennui,  les  élèves 
demanderaient  à  leurs  parents  de  les  retirer  de  l'école.  Ils 
pourraient  encore  essayer  de  faire  renvoyer  le  maître.  Dans  ces 
cas  le  maître  doit  résister  et  bien  montrer  que  son  droit  est 
indiscutable.  La  forme  monarchique  est  la  meilleure  pour 
atteindre  le  but  que  l'on  se  propose.  En  effet,  tous  les  élèves 
sont  soumis  au  maître,  qui  a  ainsi  entre  les  mains  tous  les 
éléments  du  succès. 

2.  —  D'où  l'autorité  dérive-t-elle  ?  Caractères  qui  en 
résultent. 

Rép.  —  L'autorité  dérive  du  père.  Elle  est  monarchique, 
bienveillante  et  catholique.  Puisqu'elle  est  bienveillante,  elle 
doit  être  indulgente  dans  tout  ce  qu'elle  exige  de  l'élève.  Il  ne 
doit  exister  dans  l'école  aucune  distinction  entre  les  enfants 
des  classes  pauvres  et  ceux  des  classes  riches.  Lorsque  les 
enfants  sont  confiés  aux  soins  de  leur  parents,  cette  distinction 
existe.  Le  père  qui  appartient  aux  classes  pauvres  ne  peut  pas 
instruire  ses  enfants,  car,  le  plus  souvent,  il  lui  faut  gagner 
son  pain  quotidien  et  il  n'a  pas  le  temps  de  songer  à  leur 
instruction.  Le  père  (jui  appartient  aux  classes  riches  confie 
ses  enfants  à  des  précepteurs  et  à  des  institutrices  qui  ne 
pourvoient  à  leurs  besoins  qu'autant  que  le  veulent  bien  les 
enfants  eux-mêmes.  Ils  ne  peuvent  pas  poursuivre  jusqu'au 
bout  le  but  qu'ils  se  sont  proposé  au  commencement,  parce 
que  leur  position  dépend  des  parents,  qui  peuvent  les  congédier 
s'ils  refusent  d'exécuter  leurs  instructions. 

L'autorité  étant  catholique,  met  tout  le  monde  de  niveau  et 
devient  universelle.  Elle  a  égard  à  tous  les  sentiments  et  elle 
s'exerce  toujours  avec  bonté.  Elle  inspire  aux  élèves  de  la 
bienveillance  les  uns  pour  les  autres,  elle  les  rend  attentifs  à 
leurs  études,  et,  sous  son  influence,  ils  se  montrent  bons  et 
prévenants  pour  leur  maître. 


458 


NORMAL   SCHOOLS. 


3.  —  0))stacles  à  vaincre. 
Réponse  : 

I 


Arridontcls. 


Obstacles  à  vaincre 
pour  que  le  gou- 
verneineut  de  l'é- 
cole soit  bon. 


f  Bâtiments. 
Extérieurs.  ]  Cour  de  récréation. 
'  Emplacement. 

(Cartes    gcograplii- 
ques. 
inieneurs.    \  Cartes  marines 
I  Sphères. 
l  Tableaux  noirs. 


Organique.-! 


Extérieurs. 


Intérieurs. 


de 


Parents. 
Administration 
l'école. 

Division  en  classes 
d'après  la  force 
des  élèves. 

Nombre  des  Pro- 
fesseurs. 

Nombre  des  jours 
de  classe. 

Nombre  des  dépar- 
tements. 


Sociaux 


{  De  la  part  des  parents. 


De  la  part  de  la  société  propre- 
ment dite. 
De  la  part  des  fonctionnaires. 


Les  ob-stacles  sont  accidentels,  organiques  ou  sociaux.  Les 
obstacles  accidentels  qui  viennent  de  l'extérieur  sont  les  bâti- 
ments. 11  y  en  a  qui  sont  trop  étroits  pour  contenir  les  élèves. 
Ils  sont  mal  aérés.  Le  plan  en  a  été  mal  tracé. 

Souvent  la  cour  de  récréation  est  trop  petite.  Les  enfants  ([ui 
demeurent  près  de  l'école  sont  souvent  forcés  de  rester  dans 
la  salle  de  classe  pendant  les  récréations,  parce  que  la  cour 
est  encombrée.  Ceux  qui  demeurent  loin  prennent  de  l'exer- 
cice en  se  rendant  à  l'école  ou  en  retournant  chez  eux,  ils  ont 
donc  !noins  besoin  déjouer  au  grand  air. 

Les  écoles  sont  souvent  mal  situées.  Elles  devraient  être 
placées  dans  un  endroit  central, afin  qu'elles  fussent  plus  facile- 
ment accesssibles  aux  enfants  de  tous  les  districts  et  do  tous 
les  quartiers. 

Les  obstacles  accidentels  intérieurs  sont  les  caries,  les 
sphères,  etc.  beaucoup  d'écoles  ne  possèdent  pas   un  nond)re 


PÉDAGOGIE.  459 

suffisant  de  cartes,  le  maître  ne  peut  donc  pas  indiquer  aux 
élèves  la  position  des  lieux  dont  il  leur  parle.  Il  n'y  a  pas  de 
sphères.  Les  enfants  qui  auront  vu  la  forme  du  monde  figurée 
par  une  sphère  retiendront  plus  facilement  cette  idée  et  feront 
plus  de  progrès  dans  l'étude  de  la  géographie. 

L'absence  des  cartes  marines  et  des  tableaux  noirs  dans  une 
école  est  un  grand  obstacle.  En  effet,  la  moitié  de  l'instruction 
se  donne  au  moyen  du  tableau  noir.  Les  progrès  des  élèves 
se  ressentent  donc  de  la  privation  de  ces  objets. 

Il  arrive  parfois  que  les  parents  vont  se  plaindre  à  l'admi- 
nistration de  quelque  désordre  qui  a  eu  lieu  dans  l'école. 
L'administration  soutiendra  le  professeur  s'il  a  bien  agi,  puis 
elle  fera  voir  aux  parents  qu'il  a  été  obligé  de  faire  ce  qu'il  a  fait. 

Les  obstacles  organiques  intérieurs  sont  le  système  de  divi- 
sion en  classes  d'après  la  force  des  élèves,  le  nombre  des  pro- 
fesseurs, des  jours  de  classe  et  des  départements.  Beaucoup 
d'enfants  sont  placés  dans  des  classes  trop  fortes  ou  trop 
faibles.  La  division  en  classes  d'après  la  force  des  élèves  remé- 
die à  cet  inconvénient  :  ils  se  trouvent  ainsi  mis  à  la  place  qui 
leur  convient.  On  n'a  pas  assez  de  professeurs  pour  diviser 
tous  les  élèves  en  classes  d'après  leur  force.  Le  nombre  des 
départements  est  aussi  trop  restreint. 

Les  obstacles  qui  viennent  des  parents  et  de  la  société  sont 
semblables  à  ceux  que  nous  avons  appelés  organiques  exté- 
rieurs. Les  obstaclesqui  viennent  des  fonctionnaires  ou  de  l'au- 
torité extérieure  tendent  à  l'amélioration  générale  de  l'école. 

4.  —  Particularités  de  caractère,  propres  à  l'enfant  et  à 
l'adolescent,  dont  il  faut  tenir  compte  pour  gouverner  l'école. 

Rép.  — Les  particularités  de  caractère  propres  aux  enfants 
et  aux  adolescents  sont  individuelles  et  générales,  ou  inhé- 
rentes et  contingentes.  Les  particularités  de  caractère  indivi- 
duelles sont  celles  qui  regardent  l'individu.  Les  particularités 
de  caractère  générales  sont  celles  qui  ont  une  influence  exté- 
rieure. Les  particularités  inhérentes  et  contingentes  peuvent 
être  divisées  en  particularités  intellectuelles  et  particularités 
physiques.  Les  premières  sont  la  spontanéité,  l'activité,  le 
défaut  de  méthode  et  le  défaut  de  persévérance.  Les  secondes 
sont  la  gymnastique,  la  turbulence  et  le  besoin  de  mouvement. 

Les  particularités  générales  sont  le  mélange  des  sexes  et  le 
caractère  hétérogène  des  élèves. 

Spontanéité.  L'esprit  de  l'enfant  est  toujours  actif,  éveillé  et 
prêt  à  recevoir  l'instruction.  On  retient  toujours  beaucoup 


460  NOliMAL    SCIIOOLS. 

mieux  tout  co  qui  se  présente  à  l'esprit  spontanément  que  ce 
qu'on  a  api)ris  par  une  longue  étude. 

Activité.  L'enfant  regarde  attentivement  tout  ce  qui  se  passe 
autour  de  lui.  Son  esprit  aura  l'activité  que  l'on  remarque  dans 
son  corps. 

Objectivité.  Ce  que  l'enfant  retient  le  mieux,  c'est  ce  ((u'il 
perçoit  par  la  vue  ou  par  tout  autre  sens. 

L'observation  fait  faire  de  grands  progrès  à  l'enfant. 

Défaut  de  méthode.  Les  enfants  ne  font  rien  méthodique- 
ment ;  il  faut  qu'on  leur  apprenne  à  agir  ainsi.  Il  faut  donc 
que  le  maître  fasse  tout  avec  méthode  dans  sa  classe. 

Défaut  de  persévérance.  Ce  défaut  se  manifeste  dans  leurs 
éludes  et  dans  leurs  autres  actions. 

La  principale  particularité  physique  de  caractère  est  la  gym- 
nastique. Il  faut  modérer  les  exercices  gymnastiques  à  l'école 
selon  les  individus.  Par  exemple,  dans  une  école  de  campagne 
011  les  enfants  ont  à  faire  deux  ou  trois  milles  pour  aller  à 
l'école  ou  pour  retourner  chez  eux,  il  ne  faut  pas  exiger  qu'ils 
fassent  des  exercices  de  gymnastique,  qu'ils  sautent,  qu'ils 
courent.  Dans  la  ville,  lorsque  la  cour  de  récréation  est  petite 
et  que  les  élèves  demeurent  près  de  l'école,  ces  exercices  sont 
très-utiles,  parce  qu'ils  donnent  de  la  force  et  de  la  souplesse 
au  corps  et  qu'ils  amusent  l'enfant. 

Le  mélange  des  sexes.  Les  uns  pensent  qu'il  vaut  mieux  sé- 
parer les  élèves  et  mettre  les  garçons  d'un  côté  et  les  lilles  de 
l'autre  dans  la  même  école.  Les  autres  croient  qu'il  est  préfé- 
rable de  les  mettre  ensemble  dans  la  même  salle,  sous  la  sur- 
veillance de  la  même  personne,  parce  que,  disent-ils,  les  enfants 
se  modifient  les  uns  par  les  autres.  Peut-être  la  plus  grande 
punition  que  l'on  pourrait  infliger  à.  une  petite  lille  serait-elle, 
à  un  certain  moment,  de  la  forcer  à  s'asseoir  près  d'un  petit 
garçon.  Mais  comme  les  enfants  ont  été  habitués  à  ce  voisinage, 
ils  ne  le  regardent  pas  comme  une  punition.  Dans  beaucoup  de 
cas,  il  vaut  mieux  que  la  personne  qui  tient  l'école  soit  une 
femme,  parce  que  les  petits  garçons  seront  plus  polis  avec  elle. 

Le  gouvernement  de  l'école  s'applique  aux  adolescents  aussi 
bien  qu'aux  enfants,  mais  il  faut  l'exercer  d'une  autre  façon  : 
on  doit  moins  se  préoccuper  du  résultat  de  la  leçon  que  de  la 
discipline  de  l'élève. 

5.  Discuter  quelques-uns  des  principaux  éléments  du  gou- 
vernement de  l'école  pris  en  soi. 

Rép.  —  Le  premier  élément  est  l'ordre,  qui  comprend  l'arran- 


l'ÉDAGOGIE.  461 

gement  et  la  direction.  L'ordre  est  la  direction  de  l'école 
d'après  les  indications  du  maître,  pour  obtenir  les  meilleurs 
résultats.  L'arrangement  est  cette  partie  de  l'ordre  qui  com- 
prend la  disposition  méthodique  des  récréations,  des  études, 
des  heures,  etc.  La  première  condition  de  l'arrangement,  c'est 
qu'il  soit  simple.  Le  maître  doit  disposer  l'école  de  telle  sorte 
que  les  élèves  puissent  voir  et  comprendre.  Le  maître  doit 
agir  franchement  dans  tout  ce  qu'il  fait,  il  ne  doit  employer 
aucun  détour.  La  direction  est  cette  partie  de  Tordre  qui  com- 
prend l'exécution  complète  du  système  d'arrangement  qui  a 
été  adopté.  Dans  la  direction,  le  maître  doit  agir  sans  aucune 
hésitation  et  faire  agir  les  élèves  de  même.  Il  doit  être  calme, 
maître  de  lui,  et  avoir  beaucoup  d'entrain. 

6.  Quelle  est  la  limite  de  l'autorité  de  l'école  sur  les  enfants  ? 
Rép.  —  Le  maître  a  autorité  sur  les  élèves  tant  qu'ils  sont 

dans  l'école  ou  dans  ses  dépendances.  Le  maître  n'a  pas  auto- 
rité pour  punir  les  fautes  commises  hors  de  l'école,  mais  il 
peut  en  parler  à  ceux  qui  les  ont  commises  et  les  engager  ta  ne 
pas  recommencer. 

7.  Distinction  entre  ordre  et  discipline. 

Rép.  —  L'ordre  est  mécanique.  La  discipline  est  le  résultat 
du  développement  moral  de  l'élève.  L'ordre  a  pour  élément  la 
rectitude;  la  discipline  a  pour  élément  l'ordre. 

L'ordre  est  la  direction  des  affaires  de  l'école,  d'après  les 
indications  du  maître,  pour  assurer  les  résultats  convenables. 
La  discipline  est  cette  partie  du  gouvernement  de  l'école  qui  a 
pour  but  d'assurer  au  maître  l'autorité  nécessaire  pour  pro- 
duire le  développement  moral. 

8.  Tableausynoptique  des  éléments  contenus  dansla  discipline. 
Rép  : 

^  Modération. 

Législative.  !  Exigence..)  JJ^turel. 
"  '  -      ''  I  Rondeur. 

\j  Fermeté. 

I  !  Conviction.     ^ 

nisrinlinp      Judiciaire..  ]  Jugement..)  Investigation.!  Témoignage. 
^       P^'"'-;^  (Décision.         j  Circonstances. 

(/  Simple. 
Témoignage..)  Multiple. 
(  Simultané. 

f  Détail \  Accidentel. 

V  i  Circonstancié. 


■Hj^l  NORMAL    SCHOOLS. 

U.  Discutoz  les  caractères  généraux  da  témoignage  et  les 
qualités  requises  des  témoins. 

Rép.  —  Le  témoignage  doit  être  immédiat  et  circonstancié. 
Le  témoin  doit  avoir  l'âge  voulu  pour  témoigner.  Il  doit  con- 
naître tous  les  faits.  Il  ne  doit  pas  être  indisposé  contre  le 
coupable. 

lu.  Des  récompenses  et  de  leur  rôle. 

Rép.  —  Les  récompenses  qui  sont  légales  et  utiles  dans  les 
écoles  sont  celles  qui  sont  la  conséquence  des  efforts  faits  par 
les  élèves. 

Alice  B. 

Mihvaukec  (Wisconsin).  —  Normal  doparlmoiit. 


9.  —  PHILOSOPHIE   MENTALE. 

Marche  à  suivre  dans  l'éducation  pour  arriver  à  un  développement 
harmonique  des  facultés. 

La  première  faculté  à  développer  est  la  îiicuhé  présentative 
qui  doit  servir  de  base  à  tout  le  reste.  En  elïet,  pour  savoir  il 
faut  observer,  et  pour  retenir  il  faut  acquérir. 

Dans  les  classes  du  degré  inférieur,  c'est  au  moyen  des 
leçons  de  choses  que  l'on  cultive  cette  faculté.  Elle  est  égale- 
ment cultivée  dans  les  classes  de  tous  les  degrés  au  moyen  de 
l'enseignement  objectif. 

Ensuite  vient  la  mémoire,  faculté  reproductive.  Il  serait 
inutile  pour  nous  d'acquérir  si  nous  ne  pouvions  pas  retenir; 
et  ce  serait  en  vain  que  nous  retiendrions  si  nous  ne  pouvions 
pas  reproduire. 

On  cultive  la  mémoire  en  l'exerçant,  en  la  forçant  à  retenir 
les  morceaux  de  prose  et  de  poésie  qu'on  lui  a  confiés.  On  peut 
encore  cultiver  cette  faculté  en  prêtant  une  grande  attention 
au  sujet  dont  on  s'occupe,  en  s'y  intéressant,  et  en  l'associant 
à  d'autres  objets.  L'étude  de  l'histoire,  de  la  géographie  et  du 
calcul  développe  la  mémoire. 

Pour  que  ce  que  nous  avons  retenu  puisse  nous  servir,  il 
faut  que  nous  puissions  le  reproduire  et  le  représenter. 

i'our  reproduire  une  chose,  il  faut  l'avoir  considérée  avec 
beaucoup  d'attention,  sous  toutes  ses  faces,  l'avoir  bien  gravée 
dans  son  esprit  en  l'associant  avec  quelque  autre  chose. 


PÉDAGOGIE.  463 

V imaginai  ion  ou  la  faculté  représentative  vient  après  la 
faculté  reproductive. 

Dans  les  leçons  de  l'école,  on  devrait  attacher  moins  d'impor- 
tance au  travail  mécanique,  afin  que  les  enfants  pussent  donner 
à  leurs  pensées  un  plus  libre  essor. 

On  cultive  l'imagination  en  étudiant  la  nature  et  les  ouvrages 
d'imagination,  en  écrivant  de  petites  compositions  fictives,  en 
écoutant  ou  en  faisant  de  petits  contes. 

L'histoire,  la  littérature  et  les  études  qui  demandent  du 
goût,  par  exemple,  la  musique,  le  dessin,  la  peinture,  la  poésie, 
la  sculpture  et  les  autres  beaux-arts,  développent  l'imagination. 

L'étude  des  sciences  et  des  mathématiques  développe  la 
faculté  élaborative  qui  comprend  les  classifications,  les  géné- 
ralisations et  le  raisonnement.  Les  études  qui,  reposant  sur 
des  lois  bien  établies  ou  sur  des  faits  dûment  constatés,  ne 
laissent  que  peu  de  place  à  l'originalité  et  à  l'imagination, 
aident  puissamment  à  développer  cette  faculté. 

Le  cours  d'études  doit  tendre  à  cultiver  toutes  les  facultés 
et  à  les  développer  dans  leur  ordre  naturel. 

Mary  G. 

Cincinnati  (Ohioj.  —  École  normale  municipale. 


10.    —   DES   PUNITIONS. 

La  punition  est  une  peine  infligée  à  celui  qui  a  commis  une 
faute.  Elle  doit  être  proportionnée  à  la  faute  commise.  Dans 
un  sens  général,  la  punition  a  pour  objet  de  protéger  la  so- 
ciété et  tous  ceux  qui  en  font  partie  de  toute  espèce  de  dom- 
mage, et  d'en  assurer  le  développement  moral  et  religieux. 

A  l'école,  la  punition  a  pour  objet  de  réformer  celui  qui  a 
commis  une  faute  et  de  le  faire  servir  d'exemple  aux  autres 
pour  qu'ils  ne  commettent  pas  la  même  faute.  On  peut  diviser 
les  punitions  de  l'école  en  deux  grandes  classes  :  le  châtiment 
corporel  et  les  réprimandes.  Le  châtiment  corporel  est  une 
punition  qui  afl^ecte  le  corps.  Elle  existe  actuellement  dans  nos 
écoles,  mais  c'est  l'espèce  de  punition  La  plus  odieuse  qu'on 
ait  jamais  inventée.  Elle  outrage  l'enfant  au  physi([ue  et  au 
moral.  (Quoique  cette  punition  n'ait  pas  toujours  été  suivie  de 
blessures  graves,  ce  cas  s'est  présenté  cependant  assez  sou- 
vent  pour  justifier  ce  que  nous  avançons. 


i04  NORMAL   SCIIOOLS. 

L'outrage  fait  au  caractère  moral  de  l'enfant  par  ce  châti- 
ment est  très-grand.  C'est  une  honle  pour  lui  d'être  ainsi  puni 
devant  ses  camarades,  et  cette  punition  lui  inspire  de  la  liaine 
pour  la  Maîtresse  et  pour  lui-même  (1),  11  perd  tout  respect 
pour  lui-même,  et  alors  tout  est  perdu.  S'il  ne  se  met  plus  en 
défaut,  c'est  plutôt  par  crainte  de  la  douleur  que  par  un  désir 
de  bien  faire.  Quinlilien  considérait  le  châtiment  corporel 
connue  «  un  signe  de  négligence  et  d'indolence  de  la  part  du 
Maître  ».  Locke  l'appelait  un  instrument  de  «  châtiment  expé- 
ditif  au(juel  a  recours  un  Maître  indolent  »  (2),  et  il  pensait 
qu'on  ne  devait  l'employer  que  dans  «  les  cas  extrêmes  de 
méchanceté,  d'entêtement  et  de  mensonge  >. 

Nous  espérons  qu'il  viendra  un  moment  oîi  ce  mode  de  châ- 
timent sera  complètement  banni  de  nos  Écoles,  et  oii  il  ne  sera 
pas  laissé  à  la  discrétion  des  Maîtres,  car  beaucoup  y  ont 
recours  à  toute  occasion  comme  le  moyen  le  plus  court  de 
triomplier  d'un  enfant. 

Réprimandes.  En  faisant  une  réprimatule,  la  Maîtresse 
doit  s'adresser  à  la  raison  de  l'enfant,  faire  appel  à  son  hon- 
neur, et  s'efforcer  de  lui  inspirer  le  désir  de  bien  faire.  Les 
réprimandes  peuvent  être  particulières  ou  publiques.  Chez  la 
plupart  des  enfants,  une  réprimande  particulière  faite  par  la 
Maîtresse  pourrait  produire  le  meilleur  effet;  mais  lorsqu'on 
fait  une  réprimande,  il  faut  avoir  égard  au  caractère  de  l'en- 
fant. Avec  un  enfant  d'un  caractère  fier  et  sensible,  une  répri- 
mande publique  serait  presque  fatale,  tandis  qu'elle  serait 
absolument  nécessaire  avec  certains  naturels  pour  leur  faire 
sentir  la  honte.  Une  Maîtresse  doit  s'efforcer  de  punir  le  moins 

(1)  Les  écoliers  anglais  n'ont  pas  toujours  partagé  cet  avis  : 

«  Chose  étrange,  le  fouet  n'est  pas  impopulaire  dans  les  écoles 
d'Angleterre.  Il  y  a  cinquante  ans,  à  Charterhouse,  les  élèves,  appre- 
nant qu'on  voulait  le  remplacer  par  une  amende,  se  révoltèrent  aux 
cris  de  :  «  A  bas  l'amende,  vive  le  fouet!  »  et  le  lendemain  refirent 
connaissance  avec  leurs  verges  bien-aimées.  (H.  Taine.  Notes  sur 
V Angleterre,  chap.  iv.) 

(2)  The  usual,  lazy  and  short  way  by  chastisement,  and  the  rod, 
which  is  the  only  instrument  of  government  that  Tutors  ^'enerally 
know,  or  ever   think  of,    is  the   most   unfit   of  any  to   be   used    in 

éducation and  therefore  very  rarely  to  be  applicd,  and  that  only 

in  greal  occasions  and  cases  of  extremity.  (J.  Locke,  Some  thoughts 
concerning  Education,  gg  4.7  et  5i',  édition  de  Londres,  1772.) 

[Note   s  (lu  Traducteur.) 


PÉDAGOGIE.  465 

possible.  Elle  doit  se  proposer  d'inspirer  à  ses  élèves  l'amour 
de  l'étude  et  l'amour  de  l'école.  Si  elle  les  punit  continuelle- 
ment, elle  leur  inspirera  la  haine  de  ces  deux  choses.  Goménius 
pensait  que  «  aucune  punition  ne  doit  être  mêlée  à  l'enseigne- 
ment )).  Je  ne  suis  pas  de  son  avis,  mais  je  crois  que  lors- 
(|u'une  Maîtresse  juge  à  propos  d'y  avoir  recours,  elle  doit  user 
d'une  rrrande  modéi'ation. 


Dayton  (Ohio).  —  École  normale  municipale. 


Clara  B. 


11.    —   LEÇONS   DE   CHOSES. 
(Questions  d'examen.) 

1.  Quels  sont  les  principaux  résultats  que  l'on  doit  reclier- 
cher  dans  les  leçons  de  choses? 

Rép.  —  Fortitier  et  cultiver  l'intelligence  en  présentant  à 
l'esprit  des  données  sur  lesquelles  il  puisse  s'exercer.  Inté- 
resser les  enfants  et  éveiller  leur  activité  personnelle.  Rendre 
le  sujet  de  l'instruction  plus  clair  et  plus  agréable  à  l'enfant. 
Développer  la  faculté  du  discernement  dans  son  esprit.  Forti- 
fier et  développer  la  perception,  la  conception.  Apprendre  à 
l'enfant  à  tirer  des  conclusions  et  à  porter  des  jugements  en  le 
conduisant  pas  à  pas.  Lui  apprendre  à  observer,  à  faire  des 
comparaisons,  et  enfin  l'amener  à  la  classification. 

2.  Quels  principes  d'enseignement  doit-on  suivre  pour  ren- 
dre la  leçon  utile  et  profitable? 

Rép.  —  Il  y  a  certains  principes  auxquels  on  doit  se  con- 
former pour  rendre  une  leçon  de  choses  utile  et  profitable. 

1°  La  Maîtresse  ne  doit  s'occuper  que  d'une  seule  chose  à  la 
fois.  Si  elle  s'occupe  de  plusieurs  choses  à  la  fois,  elle  jette  de 
la  confusion  dans  l'esprit  des  enfants.  Ils  ne  voient  pas  un  seul 
point  se  détacher  clairement  et  distinctement  de  tous  les  au- 
tres. La  leçon  ne  leur  rapporte  donc  aucun  profit. 

2°  11  faut  apprendre  peu  de  choses  aux  enfants  à  la  fois. 

3°  Il  faut  répéter  souvent  et  former  dans  l'esprit  de  l'enfant 
une  association  d'idées. 

i"  La  Maîtresse  doit  aller  du  connu  à  l'inconnu. 

5"  Elle  doit  aller  de  ce  qui  est  près  à  ce  qui  est  éloigne. 

6*^  Du  simple  au  composé. 

30 


466  NORMAL    SCIIUOLS. 

7«  Du  concret  à  l'ahslrail.  • 

S"  La  iMaîIresse  ne  doit  pas  dire  ù  l'onfant  ce  ([u'il  peut 
rouver  par  lui-même. 

9°  La  Maîtresse  doit  poser  les  questions  très-clairement  et 
sans  aucune  hésitation. 

10"  L'idée  doit  précéder  le  mot  qui  l'exprime. 

1 1°  11  faut  conduire  et  non  pas  porter  l'enfant. 

3.  Pourquoi  la  plupart  des  leçons  de  choses  n'atteignent-elles 
pas  leur  but? 

Ixéi).  —  Il  y  a  plusieurs  raisons  : 

1"  La  Maîtresse  ne  montre  pas  assez  d'énergie. 

2"  La  Maîtresse  ne  sait  ni  enthousiasmer,  ni  intéresser  les 
enfants. 

3°  La  Maîtresse  ignore  ou  viole  les  principes  sur  lesquels 
repose  l'art  de  l'enseignement.  Alors  les  élèves  ne  font  pas  de 
progrès.  La  Maîtresse  se  décourage,  car  voyant  tju'elle  ne  peut 
pas  intéresser  sa  classe,  elle  cesse  de  l'essayer  en  se  disant 
qu'il  est  impossible  d'y  parvenir. 

4°  Beaucoup  de  Maîtresses  ne  comprennent  pas  toute  llm- 
portance  des  leçons  de  choses,  ni  les  avantages  qu'on  peut  en 
retirer;  en  conséquence,  elles  n'y  apportent  pas  tous  leurs 
soins. 

5«  Il  y  a  des  Maîtresses  qui  entreprennent  de  faire  des 
eçons  de  choses  sans  savoir  quel  but  elles  doivent  se  proposer 
d'atteindre:  leur  enseignement  ne  porte  nécessairement  aucun 
fruit. 

6"  Souvent  la  Maîtresse  choisit  des  sujets  qui  n'ont  aucun 
intérêt  pour  l'enfant  et  qu'il  ne  peut  pas  com}»rendre. 

/j-.  Pourquoi  doit-on  faire  des  leçons  de  forme,  et  dans  quel 
ordre  doit-on  les  faire? 

Rép.  —  On  doit  faire  des  leçons  sur  la  to  me  des  choses, 
parce  que  c'est  la  forme  des  choses  qui  frappe  tout  d'abord 
l'enfant.  Un  cours  complet  de  leçons  sur  la  forme  des  choses 
peut  seul  développer  toutes  les  facultés  intellectuelles  de  Ten- 
ant :  la  perception,  la  conception,  la  mémoire,  le  jugement, 
l'imagination,  le  discernement,  le  raisonnement  et  la  classifi* 
cation.  Commencez  par  les  points  et  par  les  lignes,  ensuite 
vous  passerez  aux  choses  plus  complexes,  bn  effet,  lorsqu'on 
commence  une  étude,  il  faut  d'abord  s'occuper  de  ce  qui  est 
simple  et  facile  ;  on  passe  ensuite  à  ce  qui  est  difficile  et 
complexe. 

Dans  les  leçons  sur  la  forme  des  choses,  commencez  par  les 


PÉDAGOGIE.  467 

points,  puis  passez  aux  lignes  droites  dans  dilférenles  positions, 
aux  lignes  courbes,  brisées,  parallèles.  Vous  étudierez  ensuite 
le  carré,  les  figures  oblongues  dans  leurs  diverses  positions, 
les  triangles,  le  triangle  rectangle,  acutangle,  obtusangle  dans 
ses  diverses  positions.  Puis  vous  passerez  au  cercle,  au  dia- 
mètre, à  la  circonférence,  aux  surfaces  planes  et  courbes,  aux 
solides:  cubes,  boules,  cylindres,  cônes,  spliéras,  enfin  à  toutes 
les  ligures   géométriques  que  l'on  rencontre  dans  le  dessin. 
5.  Indiquez  une  méthode  pour  enseigner  les  angles. 
Rép.  —  Lorsque  les  élèves  ont  étudié  les  lignes  horizontales 
et  verticales,  prenez  deux  bâtons  que  vous  joindrez   de  telle 
sorte  que  l'un  soit  perpendiculaire  à  l'autre.  Vous  pouvez  rem- 
placer les  bâtons  par  les  ardoises  des  élèves.  Si  vous  demandez 
aux  élèves  comment  s'appelle  l'espace  compris  entre  les  deux 
bâtons  placés  dans  cette  position,  ou  entre  le  côté  horizontal  et 
le  côté  perpendiculaire  de  leurs  ardoises,  ils  répondront  pro- 
bablement que  cela  s'appelle   un  coin.  S'ils  ne  peuvent   pas 
trouver  un  autre  mot,  le  Maître  leur  dira  que  ces  coins-là  s'appel- 
lent des  angles.  Il  leur  demandera  ensuite  de  lui  indiquer  un 
angle  dans  la  salle.  Lorsque  les  élèves  auront  prouvé  qu'ils 
reconnaissent  un  angle  à  la  vue,  le  Maître  pourra  en  tracer  sur 
le  tableau  et  en  faire  tracer  par  les  élèves  sur  leurs  ardoises. 
Le  Maître  doit  enseigner  aux  élèves  qu'un  angle   peut   avoir 
toutes  les  positions.  Un  livre  suffira  pour  enseigner  les  angles 
droits,  aigus  et  obtus.  On  l'ouvrira  d'abord  de  manière  à  for- 
mer un  angle   droit  ;  on  le  fermera  un  peu  pour  former  un 
angle  aigu,  en  indiquant  la  différence  entre  ces  deux  angles  : 
l'un  est  plus  petit  que  l'autre.  Pour  l'angle  obtus,  ouvrez  la 
couverture  du  livre  plus  que  vous  ne  l'avez  ouverte  pour  l'angle 
droit.  Demandez  aux  élèves  la  différence  qu'il  y  a  entre  l'angle 
obtus  et  l'angle  droit.  Us  répondront  que  le  premier  est  plus 
grand  que  le  second,   et  ils  diront  peut-être   qu'il  n'est  pas 
pointu  (1).  Alors  on  pourra  leur  apprendre  le  terme  géomé- 
trique obtus,  s'ils  ne  le  trouvent  pas  tout  seuls. 

6.  Qu'est-ce  qui  doit  déterminer  l'espèce  de  leçon  de  choses 
que  l'on  doit  faire  à  une  classe  ? 

Rép.  —  L'âge  des  enfants  :  l'enseignement  approprié  à  une 
classe  ne  conviendrait  pas  à  une  classe  plus  avancée.  11  faut 
aussi  considérer  le  degré  d'intelligence  des  enfants  :  les  uns 
sont  naturellement  bien  doués,  les  autres  ont  une  intelligence 

(1/  Texte  :  It  is  blunt,  littéralement  :  il  est  émouSsé,  obtus. 


468  NORMAL   SCIIOOLS. 

lenle  et  paresseuse.  L'intérêt  témoigné  par  les  enfants  indi(iue 
le  genre  d'instruction  qui  leur  convient. 

7.  —  Quels  sont,  au  point  de  vue  de  la  pratique  et  de  l'éduca- 
tion, les  avantages  de  renseignement  de  la  couleur? 

Rép. — Il  est  important  d'étudier  la  couleur,  parce  qu'il  n'est 
guère  d'occupation  qui  n'en  nécessite  pas  l'emploi.  Elle  est 
très-nécessaire  à  l'artiste,  au  peintre,  au  teinturier,  au  com- 
merçant, au  photographe,  au  chimiste,  etc.  Les  drapeaux  de 
différentes  couleurs  sur  les  voies  ferrées,  les  feux  de  couleur 
sur  la  côte,  à  bord  des  navires,  dans  les  phares,  sont  autant  de 
signaux  destinés  à  indiquer  un  endroit  sûr  ou  un  endroit  dan- 
gereux. Il  faut  que  la  signification  des  couleurs  employées  soit 
bien  comprise  par  ceux  qui  ont  affaire  dans  ces  endroits.  Beau- 
coup d'accidents  sont  arrivés  sur  les  chemins  de  fer  à  des  per- 
sonnes qui  ne  savaient  pas  distinguer  la  couleur  des  signaux 
ainsi  employés.  Il  y  a  beaucoup  de  personnes  qui  ne  peuvent 
pas  distinguer  les  couleurs  primitives.  Elles  prennent  le  vert 
pour  le  rouge,  et  réciproquement.  Elles  ne  voient  pas  les 
couleurs,  et  une  étude  de  la  couleur  diminuerait  beaucoup 
cette  espèce  de  cécité.  Les  personnes  dont  l'oreille  n'a  pas  été 
cultivée  peuvent  remédier  à  ce  défaut  par  l'éducation.  Pour- 
quoi, en  exerçant  l'œil  de  la  même  manière,  ne  parvien- 
drait-on pas  à  triompher  de  la  cécité  dont  nous  parlons? 

L'étude  de  la  couleur  est  utile,  parce  que,  en  exerçant  l'œil, 
elle  le  rend  plus  propre  à  distinguer  les  objets.  Une  étude  con- 
venable de  la  couleur  développe  le  goût  de  l'élève.  Elle  lui 
enseigne  à  distinguer  entre  les  couleurs  celles  qui  se  marient 
ensemble  et  celles  qui  font  contraste.  Elle  lui  apprend  à  ne  pas 
employer  les  couleurs  qui  produisent  un  éclat  trop  voyant  et  de 
mauvais  goût.  L'étude  de  la  couleur  a  aussi  de  l'influence  sur 
l'imagination. 

8.  Indiquez  une  méthode  pratique  pour  enseigner  les  teintes 
foncées  et  les  teintes  claires  de  la  couleur. 

Rép.  —  Avant  d'enseigner  à  un  élève  les  nuances  et  les 
teintes,  il  faut  qu'il  connaisse  bien  les  couleurs  primitives  qui 
servent  à  former  les  autres.  Pour  enseigner  la  teinte  foncée, 
prenez  le  rouge,  par  exemple.  Vous  tracez  sur  le  tableau  une 
ligne  rouge  avec  cle  la  craie  de  couleur;  l'élève  pourra  dire 
que  c'est  du  rouge.  Tracez  alors  une  autre  ligne  rouge  que 
vous  recouvrirez  de  noir,  de  telle  sorte  que  le  rouge  de  cette 
ligne  paraisse  plus  foncé  que  celui  de  la  ligne  précédente  :  les 
élèves  diront  alors  que  l'une  des  couleurs  est  plus  sombre  que 


PEDAGOGLE. 


469 


l 'autre,  ou  bien  que  l'une  est  soml)re  et  que  l'autre  est  claire. 
Pour  développer  l'idée  de  comparaison,  tracez  sur  le  tableau 
deux  lignes,  dont  l'une  sera  plus  longue  que  l'autre  :  vous  ferez 
ainsi  concevoir  aux  élèves  l'idée  d'une  ligne  plus  longue  ou 
plus  courte  qu'une  autre.  Vous  leur  direz  ensuite  que  l'une 
des  lignes  étant  plus  foncée  que  l'autre,  parce  qu'on  a  mêlé  du 
noir  au  rouge,  on  dit  que  la  première  est  une  teinte  foncée.  On 
peut  employer  plusieurs  couleurs  pour  expliquer  ce  point.  On 
tracera  ensuite  sur  le  tableau  une  autre  ligne  rouge,  que  l'on 
rendra  plus  claire  en  y  ajoutant  du  blanc  :  les  élèves  diront 
que  cette  ligne  est  plus  claire  que  la  première.  Alors  on  leur 
(lira,  s'ils  ne  le  savent  pas,  que  les  couleurs  rendues  ainsi  plus 
claires  par  l'addition  du  blanc  s'appellent  des  teintes  claires. 
On  pourra  répéter  cette  expérience  en  employant  d'autres  cou- 
leurs que  l'on  mêlera  avec  du  blanc. 

9.  Donnez  une  classification   de  la  couleur  que  l'on  puisse 
enseigner  dans  les  Écoles  de  Districts. 

Rouge  pur 1  Carmin. 


Teintes  foncées. 


Marron. 

Cramoisi. 

Magenta. 

Grenat. 

Vénitien. 


Rouge. 


Bleu 


f  Écarlate. 

Teintes  moyennes...)  Vermiiion, 

I  Crète  de  coq. 
\  Couperosé. 

(  Couleur  cToeillel. 
Teintes  claires )  Rose. 

(  Incarnat. 

Bleu  pur 1  Bleu  d'outre-mer. 

/  Indigo. 

Teintes  foncées ^  Mazarine. 

I  Bleu  de  Prusse. 
\  Bleu  prune. 

f  Cobalt. 
Teintes  moyennes...)  Turquoise. 

/  Bleu  de  France. 


i'  Bleu  clair. 

Teintes  claires j  Bleu  d'azur. 

f  Bleu  de  ciel. 


470 


Jaune 


Orange, 


Veht  , 


Pourpre 


Bru:<. 


Teintes  movenncs. 


Teintes  claires. 


NORMAL   SCHOOLS. 
/  Jaune  pur [  Jaune  de  chrome 

rointes   foncées f  •'^^u'^e  foncé. 

(  J;iunc  si'fran. 

Jaune  soufre. 
Jaune  d'or. 
Jaune  serin. 
Jaune  citron. 
\  Ocre. 

Jaune  paille. 

Jaune  primerose. 
Jaune  filasse. 

{  Gris  d'ardoise. 

Gris )  ^'''^  perle. 

i  Gris  français. 

\  Gris  d'acier. 
'  Orange  pur j  Orange. 

I  Teintes  foncées (  Ambre. 

I  l  Clîène. 

I  Teintes  moyennes...  (  Saumon. 
l  Chamois. 

V  Teintes  claires I  Café  au  lait. 

Vert  pur |   Vert  pré. 

Teintes  foncées (  Olive. 

t  Vert  bouteille. 

(  Émeraude. 
Teintes  moyennes...     pojs  ^ert. 

(  Vert  de  mer. 

Teintes  claires ^  ^'«^l't  de  béryl. 

/  Vert  thé. 

Pourpre  pur |  Pourpre. 

Teintes  foncées \  Pourpre  royale. 


Teintes  moyennes. 


Teintes  claires. 


l  Amarante. 
Violet. 
Mauve. 
Améthyste. 

Lavande. 
Lilas. 


/  Brun  pur |  Brun. 

\  /  Terre  d'ombre. 

Teintes  foncées hf^^'f?'" 

/  I  Chocolat. 

'  (  Brun  puce. 


.       PÉDAGOGIE.  471 

/ 


Teintes  moyennes 


Châtain. 
Roux. 
Noisette. 
Vin  de  Bordeaux 
Bkln /  \  Tabac  à  priser. 


Teintes  claires. 


'  Brunette. 

\  Pierre. 

i  Drap  brun. 

'  Brun  clair. 


Blanc 


i  Argent. 

J  Lait. 

I  Perle. 

\  Blanc  pur. 


10.  Qu'est-ce  qui  doit   déterminer  en  général  la  méthode 


d'enseignement? 


Rép.  —  La  méthode  d'enseign^^ment  est  déterminée  par  la 
nature  de  l'esprit  qui  doit  le  recevoir.  Si  les  facultés  de  cet 
esprit  sont  encore  très-peu  développées,  on  peut  employer  Ja 
méthode  qui  consiste  à  faire  des  questions  très-simples,  en 
passant  très-lentement  du  simple  au  composé.  Si  l'élève  est 
très-intelligent  et  s'il  saisit  rapidement,  le  Maître  devra  aller 
plus  vite  et  exiger  plus  de  l'élève. 

Il  y  a  des  méthodes  qui  développent  une  faculté  plutôt  qu'une 
autre;  aussi,  lorsque  l'on  commence  à  instruire  un  enfant, 
doit-on  s'informer  de  la  faculté  intellectuelle  qu'il  est  nécessaire 
de  développer.  La  méthode  doit  être  choisie  en  conséquence. 
Il  faut  employer  des  méthodes  différentes  pour  enseigner  des 
sujets  différents. 

JULIA  K. 

Mihvriukee  (Wisconsin).  —  Normal  department. 


12.  —  LEÇONS  DE   CHOSES. 

Il  y  a  plusieurs  années,  lorsque,  pour  la  première  fois  dans 
l'enseignement,  on  émit  l'idée  de  faire  servir  le  monde  maté- 
riel à  former  dans  l'esprit  des  enfants  la  grande  fondation  et 
le  grand  édifice  de  toute  science,  cette  idée  fit  sourire.  On 
n'avait  que  du  mépris  pour  une  innovation  qui  paraissait  si 
peu  importante,  et  on  la  traitait  d'absurde. 

Les  partisans  de  l'ancienne  méthode  d'enseignement  n'avaient 


472  NORMAL    SCHOOLS. 

ni  assoz  d'énergio,  ni  assez  d'amour  pour  la  science,  pour  voir 
l'importance  des  noml)reux  avanta.^es  d'une  instruction  ainsi 
donnée  au  moyen  du  mondi;  matéiiel.  Ils  prirent,  fort  peu 
de  peine  pour  découvrir  ce  que  la  nouvelle  méthode  pouvait 
avoir  de  bon,  et  ils  déclarèrent  qu'elle  ne  tarderait  pas  à 
échouer.  Pour  eux,  il  était  inutile  de  présenter  la  science 
d'une  manière  concrète,  comme  on  peut  le  faire  au  moyen  des 
choses  elles-mêmes,  et  ils  continuaient  à  enseigner  de  la  ma- 
nière la  plus  âpre  et  la  plus  abstraite. 

.Semblable  à  la  petite  fleur  du  printemps  qui  boit  avide- 
ment la  première  goutte  de  rosée  du  matin,  l'esprit  de  l'enfant  a 
soif  de  tout  ce  qui  peut  fortifier,  orner  et  cultiver  ses  facultés 
intellectuelles. 

C'est  dans  la  jeunesse  (jue  les  facultés  au  moyen  desquelles 
nous  percevons  directement  les  objets  du  monde  matériel,  sont 
le  plus  vives  et  le  plus  actives. 

Etant  donnée  cette  activité  qui  se  manifeste  dans  certaines 
facultés  de  l'esprit,  il  est  bien  évident  que  chaque  maître  devrait 
être  pénétré  de  l'importance  qu'il  y  a  pour  lui  à  employer  une 
bonne  méthode  pour  faire  naître,  fortifier,  développer  et  culti- 
ver ces  facultés  de  l'esprit  humain. 

Parmi  toutes  les  méthodes,  la  plus  pratique  et  la  plus  con- 
crète est  celle  qui  consiste  à  faire  des  leçons  de  choses.  Car, 
dans  la  nature,  c'est  par  les  sens  que  nous  connaissons  direc- 
tement les  objets.  Pour  fortifier  et  développer  ces  facultés 
intellectuelles,  il  faut  que  le  maître  comprenne  bien  sur  quoi 
et  avec  quoi  il  travaille.  Il  travaille  sur  un  instrument  bien 
délicat,  auquel  on  peut  faire  rendre  des  sons  très-harmonieux 
ou  très-discordants.  Si  le  maître  emploie  la  méthode  convenable 
pour  introduire  la  science  dans  l'esprit,  pour  l'arranger  et  pour 
la  classer,  il  aura  le  plaisir  et  la  satisfaction  de  voir  régner 
une  merveilleuse  harmonie  dans  les  différents  degrés  par  les- 
quels passera  l'esprit  du  jeune  enfant.  Si,  au  contraire,  on  n'a 
})as  égard  aux  aptitudes  du  jeune  esprit,  si  on  lui  présente 
l'abstrait  avant  le  concret,  les  connaissances  ainsi  acquises  par 
l'enfant  ne  seront  qu'une  masse  confuse  de  faits  n'ayant  aucun 
rapport,  aucune  liaison  avec  les  choses  qui  lui  sont  familières. 

Dans  la  jeunesse,  les  sens  sont  très-vifs,  et  un  enfant  peut 
apprendre,  pendant  qu'il  est  tout  jeune,  beaucoup  de  choses 
sur  les  objets  elles  faits  qui  se  présentent  tous  les  jours  à  ses 
yeux. 

Le  maître  ne  peut   pas  ignorer  que  la  lecture,  l'écriture. 


PÉDAGOGIE.  473 

J'arithmétique  et  les  autres  branches  de  l'enseignement  ordi- 
naire ne  constituent  pas  la  seule  base  de  l'éducation  élémen- 
taire. Il  doit  voir  que  les  faits  nombreux  appris  par  les  élèves 
pendant  les  leçons  de  choses  forment  une  partie,  et  une  partie 
très-importante  de  leurs  connaissances. 

Dans  les  leçons  de  choses,  le  maître  ne  doit  pas  se  proposer 
pour  unique  objet  d'entasser  des  connaissances  dans  l'esprit 
des  enfants  pour  les  y  laisser  dormir  jusqu'à  ce  que  le  hasard 
en  nécessite  l'application.  Il  doit  tout  d'abord  se  proposer  un 
but  plus  élevé,  celui  de  cultiver  toutes  les  facultés  de  l'enfant. 
Avec  un  esprit  encore  jeune,  il  faut  commencer  par  la  percep- 
tion au  moyen  des  sens.  C'est  ce  que  le  maître  fera  en  attirant 
l'attention  de  l'enfant  et  en  l'arrêtant  sur  les  différentes  pro- 
priétés des  choses  que  l'on  peut  découvrir  par  les  sens.  Le 
plus  souvent  i'eijfant  pourra  nommer  ces  propriétés  en  voyant 
l'objet.  Par  exemple,  à  la  vue  d'une  pierre,  il  pourra  dire 
qu'elle  a  la  propriété  d'être  ronde;  il  découvrira  aussi  qu'elle 
est  lourde,  qu'elle  a  des  dimensions,  et  beaucoup  d'autres 
propriétés  trop  nombreuses  pour  que  nous  les  nommions 
ici.  Il  y  a  cependant  des  propriétés  qu'il  ne  peut  pas  décou- 
vrir aussi  facilement.  Que  le  maître  se  garde  bien  d'ap- 
prendre à  l'enfant  ce  que  celui-ci  ne  peut  pas  apercevoir  du 
premier  coup  d'œil  :  il  commettrait  une  très-grande  faute.  Il 
doit  attendre  que  l'enfant  ait  fait  tout  son  possible  pour  décou- 
vrir la  propriété  en  question  ou  toute  autre  chose  qu'on  veut  lui 
apprendre.  Alors  le  maître  devra  employer  toute  son  habileté 
et  tout  son  tact  pour  mettre  l'enfant  sur  la  voie.  Si,  malgré 
toutes  ces  précautions,  l'enfant  ne  peut  pas  arriver  où  on  veut 
l'amener,  alors  le  maître  pourra  lui  nommer  la  chose  claire- 
ment et  distinctement.  Il  aura  soin  de  lui  faire  répéter  plu- 
sieurs fois  ce  qu'il  lui  a  dit  afin  que  l'impression  se  grave  plus 
profondément  dans  son  esprit. 

Si  nous  jetons  un  coup  d'œil  sur  les  enfants  qui  nous  en- 
tourent, nous  verrons  qu'ils  exercent  sans  cesse  cette  faculté 
de  percevoir  par  les  sens.  Ils  voient  telle  ou  telle  propriété 
d'une  chose.  Le  sens  du  toucher  leur  apprend  que  telle 
chose  est  rude,  dure  ou  lisse.  Leurs  autres  sens  leur  en 
apprennent  les  autres  propriétés.  Cet  exercice  continuel  de 
leur  activité  prouve  très-clairement  à  l'observateur  que  l'édu- 
cation intellectuelle  se  fait  par  la  perception  au  moyen  des 
sens. 

La  culture  et  le  développement  de  cette  faculté  transforme 


474  NORMAL    SCHOOLS.      • 

un  enfant  qui  paraissait  dépourvu  d'intolligenco  en  un  petit 
être  actif,  éveillé  et  plein  d'animation.  A  l'appui  de  ce  que 
j'avance  je  citerai  un  fait  jiersonnel. 

Un  enfant  qui  paraissait  avoir  douze  ans,  avait  été  déclaré,  par 
les  maîtres  cpii  l'avaient  eu  jusqu'alors  dans  leurs  classes,  inca- 
pable de  rien  ap})rendre.  Us  le  regardaient  même  comme  un 
imbécile,  expression  peu  élégante  et  qui  ne  lui  convei\ait  pas  du 
tout.  Lorsque  je  fus  chargé  delà  classe  dont  il  faisait  partie, je 
m'intéressai  vivement  à  cette  classe.  Comme  je  n'avais  pas  encore 
fait  de  leçons  de  choses,  je  passais  tous  les  jours  beaucoup  de 
temps  à  préparer  ma  leçon  avant  de  paraître  dans  la  classe.  Je 
découvris  bientôt  que  tous  les  élèves  avaient  été  habitués  à  ré- 
pondre ensemble  aux  nombreuses  questions  qu'on  leur  posait.  Je 
remarquai  aussi  qu'il  n'y  avait  qu'un  petit  nombre  d'élèves  qui 
répondaient.  Les  autres  comptaient  sur  eux  et  les  imitaient  dans 
leurs  réponses.  Le  remède  fut  bientôt  trouvé  :  je  désignai  de  la 
main  ceux  qui  devaient  répondre  tout  haut.  Par  ce  moyen  je  réta- 
blis l'ordre  et  je  forçai  les  élèves  à  être  attentifs.  Le  premier  jour 
j'appelai  l'enfant  dont  j'ai  parlé.  11  ne  voulut  pas  répondre.  Je  lui 
})arlai  avec  douceur  et  je  le  priai  de  se  lever.  Je  pensais  que  si 
je  réussissais  à  le  faire  lever,  je  pourrais  l'amener  à  me  dire 
({uelque  chose  sur  l'objet  que  je  lui  montrais.  Il  me  regarda 
d'un  air  ébahi,  et  jene  pus  pas  en  tirer  autre  chose.  Ne  vou- 
lant pas  attirer  sur  lui  l'attention  de  toute  la  classe,  je  lui  dis 
d'être  bien  attentif  à  ce  qu'on  allait  dire.  J'ajoutai  que  le  len- 
demain je  lui  demanderais  de  me  nommer  quelques-unes  des 
qualités  de  l'objet  qui  auraient  été  découvertes  par  ses  cama- 
rades. Le  lendemain  lorsque  j'entrai  dans  la  classe,  je  n'étais 
pas  très-sùr  de  mon  succès.  Après  avoir  fait  diverses  questions 
à  la  classe  entière,  je  dis  :  Eh  bien,  Henri,  que  pouvez-vous 
nous  dire  sur  notre  leçon  d'hier?  Il  parut  vouloir  dire  quelque 
chose,  mais  la  timidité  l'arrêta.  Encouragé  par  son  air,  je  lui 
dis  de  se  lever.  Il  obéit,  mais  avec  beaucoup  de  lenteur.  Après 
lui  avoir  posé  plusieurs  questions  je  réussis  à  lui  faire  dire 
deux  choses  différentes  sur  la  leçon  précédente.  Depuis  ce 
moment  il  fit  des  progrès.  Ces  progrès  n'étaient  pas  assez  sen- 
sibles pour  être  remarqués  par  toutes  les  personnes  qui  le 
voyaient,  mais,  en  l'interrogeant  tous  les  jours  avec  les  autres 
élèves,  je  m'apercevais  qu'il  était  plus  animé,  plus  actif,  et  lors- 
qu'il me  fallut  quitter  ma  classe,  je  pus  me  dire  que  les 
facultés  intellectuelles  de  cet  enfant  s'étaient  fortifiées  et  déve- 
loppées. 


PÉDAGOGIE.  475 

Pour  réussir  dans  les  leçons  de  choses,  il  est  nécessaire  de 
préparer  soigneusement  ces  leçons.  Lorsque  le  maître  paraît 
devant  ses  élèves,  il  doit  avoir  si  bien  tracé  le  plan  de  son  sujet 
dans  son  esprit,  qu'il  sache  parfaitement  tout  ce  qu'il  doit 
dire. 

C'est  ce  genre  de  leçons  qui  nécessite  l'étude  la  plus  atten- 
tive. Le  maître  est  livré  à  ses  propres  ressources,  et  si,  comp- 
tant trop  sur  ses  forces,  il  n'a  pas  préparé  la  leçon  sur  le  sujet 
qu'il  doit  traiter,  il  pourra  bien  éprouver  des  sentiments  sem- 
blables à  ceux  d'un  homme  qui  se  trouverait  jeté  sur  l'océan 
sans  guide,  n'ayant  aucun  port  en  vue,  et  qui  s'accrocherait 
tantftt  à  un  objet,  tantôt  à  un  autre  sans  rien  voir  bien  distinc- 
tement. 

C'est  à  l'absence  d'études  sérieuses  et  de  préparation  conve- 
nable qu'il  faut  attribuer  la  plupart  des  échecs  qu'on  a  éprouvés 
dans  les  leçons  de  choses. 

En  effet,  rexperience  a  démontré  qu'un  sujet  qui  n'est  pas 
préparé  est  généralement  traité  d  une  manière  vague,  diûuse 
et  légère.  Un  sujet  bien  préparé,  au  contraire,  est  traité  d'une 
manière  claire,  animée,  et  produit  tout  son  effet. 

Lorsque  le  sujet  est  bien  déterminé,  le  maître  est  prêt  à 
relever  les  erreurs,  à  faire  remarqueras  omissions,  à  soumettre 
à  l'investigation  de  ses  élèves  les  points  les  plus  difliciles,  et  à 
les  conduire,  par  une  série  de  questions  savamment  graduées, 
au  but  oîi  il  veut  les  amener. 

Quant  à  la  matière  d'une  leçon  de  choses,  elle  doit  être 
telle  que  l'élève  puisse  toujours  la  comprendre  tout  entière 
après  la  leçon. 

Une  des  fautes  que  l'on  commet  le  plus  ordinairement  dans 
les  leçons  de  choses,  consiste  à  choisir  des  matières  trop  dftî- 
ciles  pour  l'esprit  des  jeunes  enfants.  L'enfant  ne  peut  avoir 
alors  qu'une  idée  confuse  du  sujet.  C'est  pour  lui  quelque  chose 
de  lointain  qu'il  ne  voit  qu'imparfaitement,  et  que  son  esprit, 
qui  n'est  pas  encore  développé,  ne  peut  ni  saisir,  ni  retenir.  Il 
est  vrai  qu'il  pourra  apprendre  quelque  chose  sur  les  objets 
qu'on  lui  présente,  mais  ces  notions  lui  seront  données  en  des 
termes  si  abstraits  qu'elles  n'auront  pas  pour  lui  plus  de  sens 
que  s'il  ne  les  avait  jamais  eues. 

L'esprit  d'un  enfant  ne  s'intéresse  pas  à  ce  qui  est  abstrait. 
Pour  éveiller  le  goût  et  l'amour  de  l'étude,  il  faut  que  la  ma- 
tière soit  présentée  de  la  manière  la  plus  concrète.  Que  le 
maître  conduise  l'élève  dans  les  vastes  champs  de  la  nature, 


i7G  NORMAL   SCHOOLS. 

(jn'il  lui  fasse  traverser  les  gorges,  les  vallons,  les  forêts;  qu'il 
lui  montre  cà  et  là  des  rochers  menaçants,  des  torrents  qui  se 
précipitent  avec  bruit.  Dame  Nature  nous  montre  beaucoup  de 
choses  propres  à  guider  l'esprit  vers  des  pensées  plus  nobles 
et  plus  pures.  C'est  en  contemplant  les  œuvres  splendidesde  la 
nature  que  l'homme  éprouve  ces  impulsions  intimes  qui  élèvent 
son  âme  vers  Celui  qui  est  le  créateur  et  le  bienfaiteur  de  toute 
l'humanité.  Sa  miséricorde  inhnic  et  son  affectueuse  tendresse 
veillent  toujours  sur  nous.  En  contemplant  les  œuvres  de  Dieu, 
Jans  leur  grandeur  et  dans  leur  sublimité,  nous  voyons  sa  ten- 
dresse et  sa  bonté  infinies,  et  nos  idées  du  vrai,  du  beau  et  du 
bon  s'harmonisent  avec  la  source  divine  d'où  elles  découlent. 

Nous  trouvons  également  dans  le  règne  minéral,  végétal  et 
animal  des  matières  abondantes  et  variées  pour  les  leçons  de 
choses.  Presque  tous  les  animaux  qui  sont  familiers  à  l'enfant 
pourront  être  le  sujet  d'une  importante  leçoij  de  choses.  On 
pourra  ainsi  lui  apprendre  beaucoup  de  détails  qu'il  ignore, 
parce  qu'il  n'a  pas  observé  ces  animaux  avec  assez  d'attention. 

Un  fait  surprenant  et  qui  n'en  est  pas  moins  vrai,  c'est  que 
beaucoup  de  personnes  dont  l'intelligence  est  très-développée, 
ignorent  une  infinité  de  petits  détails  concernant  les  objets  les 
plus  communs.  Dans  ce  cas  n'est-il  pas  nécessaire  de  choisir 
dans  la  nature  les  objets  les  plus  connnuns  et  d'en  faire  le  sujet 
de  leçons  de  choses? 

Le  règne  végétal  présente  un  vaste  champ  où  l'on  peut  aller 
chercher  des  sujets  pour  les  leçons  de  choses.  La  plante, 
l'arbre,  le  feuillage  peuvent  fournir  la  matière  d'une  leçon. 
Prenez  une  feuille  par  exemple.  L'enfant  ne  l'a  jamais  regardée 
qu^  connneune  feuille.  Il  n'a  jamais  songé  que  la  feuille  avait 
des  parties,  une  forme,  dos  dimensions  et  l3eaucoup  d'autres 
propriétés.  Lorsque  le  maître  veut  faire  une  leçon  sur  un  certain 
sujet,  il  serait  bon  qu'il  l'annonçât  à  la  classe  précédente,  alin  de 
donner  aux  élèves  le  temps  de  recueillir  tous  les  renseignements 
qu'ils  pourront  se  procurer.  Si,  par  exemple,  il  s'agit  d'une 
feuille,  les  élèves  auront  le  temps  d'en  ramasser  de  différentes 
espèces  pour  les  apporter  en  classe.  Après  leur  avoir  fait 
découvrir  les  différentes  parties,  et  les  différentes  propriétés  de 
la  feuille,  après  les  avoir  familiarisés  avec  la  forme  des  diverses 
espèces,  on  pourra  leur  enseigner  les  termes  sous  lesquels  on 
les  désigne  en  botanique.  Dans  ces  leçons  il  faut  que  le  maître 
se  souvienne  que  le  but  qu'il  doit  se  proposer  n'est  \ins  d'en- 
tasser confusément  des  faits  dans  l'esprit,  comme  les  algues 


PEDAGOGIE.  4/7 

marines  et  les  galets  que  la  mer  roule  sur  le  rivage.  Il  doit  se 
j)roposer,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  de  développer  et  de  fortifier 
les  facultés  intellectuelles. 

C'est  une  grande  erreur  de  croire  qu'on  puisse  parvenir  à 
cultiver  la  perception  au  moyen  des  sens  par  les  seules  leçons 
de  choses.  Il  est  vrai  que,  dans  la  jeunesse,  la  faculté  de  perce- 
voir par  les  sens  est  plus  active  que  toutes  les  autres,  mais  ce 
n'est  pas  une  raison  pour  qu'on  s'en  occupe  presque  exclusive- 
ment. 

Un  enfant  n'est  pas  seulement  capable  de  voir  un  objet.  Il 
peut  a})pi'endre  au  sujet  de  cet  objet  beaucoup  de  choses  qu'il 
retiendra  et  qu'il  répétera  lorsque  l'occasion  se  présentera.  Il 
exercera  ainsi  sa  mémoire.  Il  peut  se  représenter  une  image 
de  l'objet  non  pas  tel  que  son  maître  le  lui  a  montré,  mais  avec 
de  nouvelles  combinaisons,  et  en  faire  le  plus  bel  objet  quil 
ait  jamais  vu.  11  exercera  ainsi  son  imagination.  En  maniant 
les  objets,  l'enfant  les  comparera,  remarquera  les  rapports 
qu'ils  ont  entre  eux,  leurs  ressemblances  et  leurs  différences. 
Il  exercera  ainsi  son  intelligence. 

On  pourrait  se  demander  si  les  leçons  de  choses  laissent  une 
seule  faculté  intellectuelle  inactive.  Elles  les  exercent  toutes  à 
différents  degrés. 

Bacon  est  un  des  premiers  qui  ait  introduit  dans  l'enseigne- 
ment la  forme  concrète  :  c'est  sous  celle  forme  qu'il  présenta 
tous  ses  arguments.  Il  n'a  pas  fondé  d'école,  mais  il  a  fait 
quelque  chose  de  bien  plus  important  :  il  a  découvert  la  mé- 
thode qui  consiste  à  interroger  directement  la  nature.  C'est 
une  méthode  qui  est  à  la  portée  de  tout  le  monde  :  on  peut 
ainsi  nourrir  l'esprit  de  l'étudiant  sans  avoir  recours  anx  tré- 
sors des  bibliothèques.  La  nature  nous  offre  un  vaste  champ  où 
nous  pouvons  faire  d'abondantes  moissons. 

La  nature  nous  présente  beaucoup  de  faits  importants  et 
intéressants  qui  peuvent  servir  à  nous  instruire.  L'expérience 
nous  montre  que  dans  toute  entreprise  le  commencement  doit 
être  bon.  N'est-il  donc  pas  essentiel  que  le  maître  soit  pé- 
nétré de  l'importance  de  donner  un  bon  fondement  à  l'in- 
struction de  l'enfant?  En  effet,  si  ce  fondement  est  bon,  l'enfant, 
lorsqu'il  sera  plus  grand,  découvrira  aussitôt  une  erreur  qui 
se  sera  glissée  dans  la  méthode  d'enseignement  et  il  se  mettra 
naturellement  en  garde  contre  cette  erreur.  Mais  si,  au  contraire, 
on  lui  présente  la  science  d'une  manière  abstraite,  si  on  n'a  éta- 
bli dans  son  esprit  aucune  base  solide,  tout  ce  qu'on  lui  ensei- 


478  NORMAL   SCHOOLS. 

gnera  sera  incorrect,  confus,  et  ne  lui  sera  d'aucune  utilité 
dans  la  pratique.  Le  jardinier  donne  tous  ses  soins  aux  jeunes 
plantes,  il  les  élève  et  les  dirige  à  sa  volonté.  Les  plantes  plus 
vieilles  demandent  moins  de  soins,  parce  qu'elles  sont  plus 
vigoureuses.  Il  en  est  de  même  de  l'esprit  de  l'enfant  :  il 
demande  plus  de  soins,  il  a  besoin  d'être  fortilié,  il  est  timide 
et  il  faut  le  conduire  délicatement  dans  les  champs  de  la 
science.  Or,  pour  atteindre  ce  but,  est-il  un  meilleur  moyen 
qu'un  système  de  leçons  fondées  sur  un  iilau  bien  délini?  Nous 
soutenons  que  les  leçons  de  choses  sont  importantes  puisqu'elles 
fournissent  des  faits  qui  forment  la  base  et  l'édifice  de  la  science. 

Ella  M. 

Millersville  (Pciinsvlvanie.)  —  École  normale  de  l'État. 


13.    —   LEÇONS  DE   LIEU. 
i. 

Les  leçons  de  lieu  roulent  sur  la  position  relative  des  objets, 
sur  leur  description,  leur  représentation,  leur  distance,  etc. 

Elles  ont  pour  but  de  développer  chez  les  élèves  l'attention, 
le  sentiment  de  la  perception,  la  mémoire,  le  jugement  et  le 
langage.  Elles  forment  une  base  pour  leurs  études  géogra- 
pbiques.  Elles  donnent  aux  enfants  des  connaissances  géné- 
rales. 


Facultés  de  l'esprit  qui  sont  surtout  développées  par  la 
nécessité  où  l'on  est  d'observer  la  position  relative  des  objets 
sur  la  table  et  ailleurs,  pour  pouvoir  décrire  celle  position  et 
replacer  les  objets  dans  l'ordre  qu'ils  occupaient  d'abord. 

En  étant  forcés  de  se  rappeler  la  position  relative  des  objets, 
les  enfants  cultivejit  leur  mémoire. 

lis  cultivent  surtout  leur  jugement  en  étudiant  de  quelle 
longueur  seront  les  lignes  qui  représentent  le  bord  du  sommet 
de  la  table,  et  en  apprenant  à  s'orienter. 


Le  travail  qui  consiste  à  apprendre  à  s'orienter  pour  la 
seconde  année,  ne  dilfère  de  celui  de  première  année  (jue 
parce  qu'il  est  plus  difficile.  Dans  la  première  aimée,  les  enfants 


PÉDAGOGIE.  ilO 

apprennent  à  connaître  le  devant,  le  derrière,  le  cùté  droit,  le 
côté  g-aiiche.  Dans  la  seconde  année,  on  leur  montre  que  ces 
points  sont  variables  et  on  leur  fait  connaître  les  points  cardi- 
naux ainsi  que  les  points  intermédiaires. 

Le  travail  est  plus  difticile,  parce  que  les  enfants,  étant  plus 
âgés,  peuvent  comprendre  des  choses  plus  difficiles  dans  l'art 
de  s'orienter. 


Objet  : 

1.  Développer  la  perception  par  les  sens,  la  mémoire,  le 
jugement  et  le  langage. 

2.  Donner  l'idée  du  mot  Nord-Est  et  apprendre  ce  mot. 
Matière  : 

Toute  direction  entre  le  Nord  et  l'Est,  s'appelle  le  Nord-Est. 
Plan  : 

1.  Révision.  Révision  de  Nord  et  d'Est. 

a.  Faites  nommer  par  des  enfants  des  objets  qui  sont  au 
Nord,  et  des  objets  qui  sont  à  l'Est  par  rapport  à  eux,  etc. 

b.  Le  maître  nomme  des  objets  qui  sont  au  Nord  et  à  l'Est, 
les  enfants  disent  dans  quelle  direction  ils  sont  : 

2.  Développement  : 

a.  Le  maître  demandera  la  direction  d'un  objet  qui  est  au 
Nord-Est. 

Parmi  les  enfants,  les  uns  croiront  d'abord  qu'il  est  au  Nord, 
les  autres  qu'il  est  à  l'Est. 

b.  Le  maître  leur  fera  dire  qu'il  n'est  ni  au  Nord,  ni  à  l'Est, 
mais  qu'il  est  entre  le  Nord  et  l'Est. 

c.  Les  enfants  nommeront  d'autres  objets  qui  sont  entre  le 
Nord  et  l'Est.  Exercice. 

d.  Le  maître  leur  dira  le  mot.  Il  le  leur  fera  répéter. 

e.  Exercice.  Résumé. 

5. 

Le  travail  de  troisième  année,  qui  a  pour  but  la  représen- 
tation des  objets^  diffère  du  même  travail  de  la  seconde  année^ 
parce  qu'il  est  plus  difficile.  Dans  la  seconde  année,  les  enfants 
dessinent  un  plan  du  parquet  de  la  salle  d'école  à  telle 
échelle,  etc.  Dans  la  troisième  année,  ils  dessinent  un  plan  de 
l'enq^lacement  de  l'école  à  telle  échelle,  un  plan  de  la  ville  à 
telle  échelle,  et  un  plan  de  l'État  à  telle  échelle.  La  raison  de 
cette  différence  est  (|ue  les  enfants  de  troisième  année  étant 


-480  NORMAL   SCIIOOLS. 

plus  àg-és  et  plus  avancés,  on  tloil  leur  donner  des  objets  plus 
difliciles  à  représenter. 


Ti'avail  de  représentation. 

Première  année. 

On  dessine  sur  l'ardoise  un  plan  du  sommet  de  la  table  avec 
et  sans  objets.  On  dessine  de  la  même  manière  ce  plan  sur  le 
tableau  noir. 

Seconde  année. 

On  dessine  sur  l'ardoise  et  sur  le  tableau  noir  avec  et  sans 
échelle,  le  plan  du  panpiet  de  la  salle  d'école,  du  rez-dd- 
chaussée  et  de  la  cour  de  la  maison  d'école. 

Troisième  année. 

Plan  d'emplacement  de  l'école,  plan  des  emplacements  voi- 
sins, plan  de  la  ville  et  plan  de  l'État,  dessinés  à  telles  échelles, 

7. 

Objet: 

\.  Développer  la  perception  par  les  sens,  la  mémoire,  le 
jugement  et  le  langage. 

:2.  Faire  concevoir  l'idée  de  limites  appliquée  aux  objets  qui 
entourent  la  cour  de  l'école  et  faire  prononcer  ce  mot. 
Matière: 

Les  objets  qui  entourent  et  qui  touchent  la  cour  de  l'école 
forment  ce  qu'on  appelle  les  limites  de  l'école. 

i.  Faites  dire  que  la  rue  touche  la  cour  de  l'école  à 
l'Est.  Même  chose  pour  les  autres  côtés. 

a.  Faites  dire  que  tous  ces  objets  touchent  la  cour  de 
l'école. 
^.  Faites  dire  que  les  objets  entourent  la  cour  de  ré3ole. 

3.  Faites  dire  par  les  enfants  que  les  objets  entourent 
et  touchent  la  cour  de  l'école. 

i.  Apprenez-leur  le  mot  limites.  Faites  écrire  la  phrase 
au  tableau.  Exercice. 

5.  Résumé. 
Méthode  : 

1.  —  La  maîtresse.  —  Où  jouez-vous  pendant  la  récréation, 
Emma? 

Emma.  —  Dans  la  cour  de  l'école. 

M.  —  Qu'est-ce  qui  est  à  l'Est  de  cette  cour,  Lea? 

L.  —  La  rue. 


PÉDAGOGIE.  481 

}I.  —  Coinnient  la  rue  est-elle  située  par  rapport  à  la  cour 
lie  l'école,  Joe? 

J.  —  Elle  en  est  voisine. 

M.  —  Bien.  Si  je  vous  disais  d'aller  vous  mettre  debout  entre 
la  cour  et  la  rue,  où  vous  placeriez-vous,  Horalio? 

H.  —  Je  ne  pourrais  pas  me  tenir  debout  entre  la  cour  oi 
la  rue  ? 

M.  —  Pourquoi  ? 

H.  —  Parce  qu'il  n'y  a  pas  d'espace  entre  elles. 

M.  —  Alors  comment  la  cour  est-elle  située  par  rapport  à 
kl  rue  ? 

H.  —  La  rue  touche  la  cour. 

La  classe,  interrogée,  approuve  cette  réponse. 

M.  —  C'est  bien.  Qu'est-ce  qui  touche  la  cour  au  Sud, 
Walter? 

W.  —■■  La  rue. 

M.  —  Quels  sont  les  objets  qui  touchent  la  cour  au  >'ord? 

IF.  —  Des  lots  de  terrain. 

Même  chose  pour  les  autres  côtés. 

-1/.  —  Que  dites-vous  des  rues,  des  lots  de  terrain,  etc.,  par 
rapport  à  la  cour  ? 

L'élève,  —  Qu'ils  touchent  la  cour. 

M.  —  C'est  exact.  Puisqu'ils  touchent  la  cour,  ils  sont ? 

E.  —  Ils  sont  autour  de  la  cour. 

3/.  —  Jusqu'où  sont-ils  autour  de  la  cour? 

E.  —  Ils  sont  tout  autour. 

-]/.  —  C'est  bien.  Quel  mot  synonyme  de  tout  autour  pouvons- 
nous  employer  pour  exprimer  cette  idée. 

Les  élèves  ne  savent  pas. 

.][.  —  Nous  pouvons  dire  qu'ils  entourent  la  cour. 

Exercice  sur  ce  mot. 

.>/.  —  Qu'est-ce  que  vous  avez  appris  aujourd'hui,  "Wilhie  ? 

W.  —  J'ai  appris  que  des  objets  entourent  et  touchent  la 
cour  de  l'école. 

M  —  Comment  appelle-t-on  les  objets  qui  entourent  et  qui 
touchent  l'école  ? 

Les  enfants  ne  savent  pas. 

M.  —  On  les  appelle  les  limites  de  la  cour  de  l'école. 

Le  maître  fait  répéter  le  mot  limites.  Exercice.  On  écrit  la 
phrase  au  lal)leau,  exercice.  'On  efface  la  phrase,  nouvel 
exercice. 

31 


NORMAL   SCHOOLS. 


Résumé. 
M.  —  Qu'est-ce  que  vous  avez  appris  aujourd'hui,  William? 
W.  —  J'ai  appris  que  les  objets  qui  eiitour(>nt  et  qui   tou- 
chent la  cour  de  l'école  s'appellent  les  liiuiles  de  celte  couij. 
On  exerce  les  enfants  sur  le  mot  limites. 


Cinq  questions  adressées  aux  enfants  pour  ini  examen 
à  ta  fin  du  trimestre. 

1.  Nommez  les  points  cardinaux  principaux  et  intermé- 
diaires. 

2.  Dessinez  le  plan  de  notre  ville  à  réchelle  d'un  pouce 
carré  pour  un  mille  carré. 

3.  Dans  quelle  direction  se  trouvent  le  State-House  (1), 
rhospice  des  aveugles,  l'hospice  des  sourds-muets,  par  rapport 
à  l'école? 

ï.  Dans  quel  État  sonnnes-nous  ?   Indiquez-en  les   limites. 
Nonmiez  trois  des  plus  importantes  productions  de  cet  Etat. 
5.  Où  sont  la  prison  et  l'Université  de  l'Étal? 

9. 

Réponses  à  cinq  autres  questions  posées  à  des  enfants 
pour  un  examen  trimestriel. 

1 .  Les  plus  grandes  villes  de  l'Indiana  par  ordre  d'impor- 
tance sont:  Indianapolis,  Evansville,  Fort  Wayne,  Terre- 
Ilaule,  La  Fayette,  >'ew  Albany,  Madison  et  Uichmond. 

2.  Indianapolis  est  la  capitale  de  l'Jndiana.  Elle  a  cinquante- 
six  ans  d'existence.  Sa  population  est  de  100,000  ànjes. 

3.  Vincennes,  la  plus  ancienne  ville  de  l'Indiana,  est  dans  la 
partie  occidentale  de  l'État,  sur  le  lleuve  Wabash.  Elle  fut 
fondée  par  les  Français  en  1735. 

4.  Les  principaux  produits  de  l'Indiana  sont:  le  charbon, 
le  blé,  le  froment,  le  seigle,  l'orge,  l'avoine,  l'herbe,  le  tabac, 
les  pommes  de  terre,  les  fruits  et  les  bestiaux. 

5.  Parmi  les  arbres  forestiers,  on  remarque  le  noyer,  l'é- 

(1)  On  appelle  State-House  aux  États-Unis  le  Capitolc  ou  édifice 
ou  siège  l'Assemblée  législative  de  chaque  État. 


PÉDAGOGIE.  483 

rable  à  sucre,  le  hêtre,  le  chêne,  le  frêne,  le  sycomore,  le 
hickory  (1),  le  peuplier,  le  bouleau,  le  sassafras  (;2)  et  le 
mûrier. 

SusiE  B. 
Indianapolis  (Indianaj.  —  Training-  school. 


ii.  —  DE  l'enseignement  de  la  lecture. 


Avantages  quiui  enseignement  convenable  de  la  lecture  peut 
procurer  aux  élèves. 

i.  Développement  de  l'intelligence. 

î2.  Développement  du  corps. 

3.  Une  bonne  articulation,  une  bonne  énonciation  et  une 
bonne  prononciation. 

ï.  La  faculté  de  s'approprier  les  pensées,  les  sentiments, 
les  volontés  de  l'auteur  que  l'on  lit. 

5.  La  faculté  d'exprimer  en  langage  convenable  et  de  la 
manière  convenable  les  pensées,  les  sentiments  et  les  volontés 
d'un  auteur  qu'on  s'est  appropriés. 

G.  Habitude  d'attention  et  d'exactitude  dans  les  pensées  et 
dans  les  actions. 

2. 

Travail  que  les  élèves,  doivent  faire  pour  acquérir  une  bonne 
articulation,  une  bonne  énonciation  et  une  bonne  pronon- 
ciation. 

Pour  arriver  à  ce  résultat,  le  maître  devra  les  faire  épeler 
très-souvent  par  sons,  et  leur  faire  analyser  les  mots  par  svl- 
labes  et  par  sons. 

Le  maître  doit  prononcer  les  mots  rapidement  et  avec  exac^ 
litude,  et  les  enfants  doivent  l'imiter. 

Il  faut  d'abord  apprendre  aux  enfants  à  prononcer  correc- 

(1)  Espèce  de  noyer  particulière  à  l'Amérique. 

(2)  Arbre  de  la  famille  du  laurier. 

{^otes  du  Traducteur.) 


484  NOIIMAL   SCHOOLS. 

tement  et  facileiueiit  cliacuiic  des  syllabes  d'un  mot,  \mïs 
toutes  les  syllabes  ensemble  ou  le  mot  entier,  et  enfin  })lusicurs 
mots  ensemble. 

Le  maître  doit  constanunent  exercer  ses  élèves  sur  ces  points 
et  ne  jamais  les  laisser  parler  d'une  manière  indistincte. 


Faut-il  conunencer  par  apprendre  à  parlei;,  ajiprendrc  à 
LIRE  ou  apprendre  à  épeler  ? 

Il  faut  enseigner  d'abord  les  mots  parlés,  parce  qu'ils  sont 
l'expression  des  idées  et  que  les  enfants  doivent  apprendre  à 
exprimer  leurs  idées  aussitôt  qu'ils  en  ont. 

il  faut  leur  enseigner  ensuite  les  mots  imprimés,  qui  sont  la 
représentation  des  mots  parlés. 

Après  les  mots  imprimés,  on  leur  enseignera  les  sons  élé- 
mentaires, qui  sont  des  parties  de  mots  imprimés  :  la  partie 
doit  être  enseignée  après  le  tout. 

Puis  viendront  les  lettres,  qui  représentent  des  sons  élémen- 
taires et  sont  des  parties  de  mots  imprimés. 


Trois  espèces  d'exercices  préparatoires  aux  leçons  de  leclure. 

i°  La  gynmaslique  ;  '2"  exercices  sur  la  respiration  ;  Snravail 
de  la  voix. 

La  gymnastique  est  recommandée  comme  exercice  prépara- 
toire, parce  qu'elle  intéresse  les  élèves,  elle  les  réveille,  et,  en 
fortifiant  leurs  organes,  elle  met  leur  corps  dans  une  meilleure 
condition. 


Du  choix  des  textes  de  lecture. 

Il  faut  que  les  textes  choisis  pour  les  leçons  de  lecture 
soient  :  1"  intéressants;  :2^  instructifs;  3''  propres  à  développer 
Les  facultés  de  lesprit;  impropres  à  exercer  une  influence 
morale  ;  5"  d'un  style  correct. 

Le  texte  doit  être  intéressant,  pour  que  l'élève  ne  se  fatigue 
pas  avant  la  fin  de  la  leçon,  et  qu'il  puisse  y  prêter  volontaire- 
ment toute  son  attenfion  et  en  retirer  ainsi  le  plus  de  fruit 
possible. 


PÉDAGOGIE.  48a 

11  faut  que  le  style  en  soit  correct,  pour  donner  un  bons 
exemple  à  l'élève.  Si  l'élève  entend  toujours  des  pensées  expri- 
mées correctement,  il  fera  naturellement  tous  ses  efforts  pour 
exprimer  les  siennes  de  la  même  manière.  Il  acquerra  ainsi  des 
habitudes  qui  lui  serviront  pendant  toute  sa  vie. 

C). 
A  quoi  le  maître  doit-il  veiller  pendant  la  leçon  de  lecture? 

11  doit  reprendre  l'élève  au  point  de  vue  de  l'articulation, 
de  renonciation  et  de  la  prononciation  ;  au  point  de  vue  de 
l'élévation,  de  la  force  et  de  l'ampleur  des  tons,  Il  faut  aussi 
surveiller  la  position  du  corps,  des  pieds,  des  mains,  du  livre, 
et  l'expression. 

Pendant  la  leçon  de  lecture,  il  faut  reprendre  l'élève  par 
rapport  à  l'élévation,  à  la  force  et  au  volume  des  tons,  afin  de 
lui  donner  l'habitude  de  lire  doucement,  naturellement  et 
d'une  manière  agréable.  11  apprendra  ainsi  à  exprimer  les 
pensées,  les  volontés  et  les  sentiments  de  l'auteur  comme  s'ils 
étaient  les  siens  propres.  Par  ce  moyen,  il  acquerra  aussi  un 
son  de  voix  agréable  dans  la  conversation. 

Il  faut  surveiller  la  position  du  corps,  parce  que  le  corps  est 
l'instrument  de  l'esprit.  Si  le  corps  n'est  pas  en  bonne  condi- 
tion, ce  qui  n'aura  pas  lieu  s'il  n'est  pas  dans  la  position  con- 
venable, l'esprit  ne  pourra  pas  agir  comme  il  devrait  le  faire, 
et  alors  l'élève  ne  retirera  pas  de  sa  leçon  tout  le  fruit  qu'elle 
doit  lui  procurer. 

Il  faut  aussi  faire  attention  à  la  position  du  livre,  parce  que 
c'est  de  là  que  dépend  en  grande  partie  la  clarté  de  la  lecture. 
Si  l'élève  tient  son  livre  trop  bas,  par  exemple,  sa  tète  se  pen- 
chera en  avant,  son  organe  vocal  n'aura  pas  toute  sa  liberté, 
et  la  lecture  sera  indistincte. 


Di^fauts  observés  dans  renseignement  de  la  lecture.  Comment 
y  porter  remède  ? 

J'ai  remarqué  que  certains  professeurs  permettent  à  leurs 
élèves  de  s'arrêter  et  d'épeler  les  mots  qu'ils  ne  peuvent  pas 
prononcer.  D'autres  leur  laissent  prononcer  le  mol  sans  les 
interroger  sur  le  sens.  D'autres  encore  lisent  la  leçon  et  disent 


486  ■        NORMAL    SCHOOLS. 

aux  enfants  de  les  imiter,  ce  qui  produit  ce  résultat  de  ne  pas 
apprendre  à  l'enfant  à  lire  par  lui-même.  D'autres  enfin  font 
lire  les  élèves  à  tour  de  rôle;  alors  les  élèves  ne  sont  pas 
attentifs. 

Je  combattrais  le  premier  défaut  en  exerçant  les  enfants  sur 
les  mots  entiers  jusqu'à  ce  (ju'ils  fussent  capables  de  les  recon- 
naître à  première  vue  sans  être  obligés  de  les  épeler. 

Je  combattrais  le  dernier  défaut  en  a}>pelant  au  hasard  un 
élève  de  la  classe  et  en  lui  faisant  continuer  la  lecture.  De  cette 
foçon  la  reponsabilité  serait  la  même  pour  tous. 

Nettie  >". 

Indianapolis  (buliana).  —  Traiiiing  school. 


15.  —    DE   l'enseignement   de   la   GnAMMAUŒ. 

(1'^  année.) 

Examen  sur  la  méthode. 

Quest.  1.  —  D'après  combien  de  méthodes  générales  peut- 
on  présenter  le  sujet  de  la  grammaire  anglaise  ? 

Rép.  —  D'après  deux  méthodes  générales  : 

D'après  la  méthode  orale  ou  d'induction,  dans  laquelle  on 
conduit  l'élève  à  observer,  à  généraliser  et  à  former  la  propo- 
sition. Dans  cette  méthode,  on  va  du  particulier  au  général,  du 
connu  à  Tinconnu. 

D'après  la  méthode  de  déduction,  dans  laquelle  on  se  sert 
d'un  livre  de  classe.  Dans  cette  méthode  on  apprend  par  cœur 
la  proposition  et  on  l'explique  ensuite. 

Quest.  2.  —  ludiquez  la  marche  que  l'on  suit  dans  la  méthode 
d'iiuluction. 

Rép.  —  Dans  cette  méthode,  nous  allons  du  particulier  au 
général,  du  connu  à  l'inconnu.  Nous  nous  occupons  :  1?  des 
objets  ;  il"  des  idées  ;  3°  des  noms.  Dans  un  devoir  de  classe, 
nous  considérons  :  1"  la  révision  ;  :2"  le  développement  de  la 
nouvelle  idée;  3°  nous  exerçons  les  élèves  par  des  questions 
orales  ou  par  un  travail  fait  au  tableau  noir;  i"  nous  formons 
la  proposition. 

Qne.'it.  3.  —  Comment  vous  y  prendriez-vous  pour  développer 
l'idée  d'analyse? 

Rép.  —  Pour  développer  la  détinition  du  mot  analyse,  je 


PÉDAGOGIE.  487 

prenJrais  un  objet  qui,  composé  de  parties,  forme  cependant 
u.i  tout  unique.  Par  exemple,  prenant  une  montre,  je  dirais  à 
mes  élèves  : 
Une  montre  forme-t-elle  un  tout  unique  ? 

—  Oui. 

—  Est-elle  composée  de  parties  ? 

—  Oui. 

—  Quelles  sont  les  parties  qui  la  composent? 

—  La  boîte,  le  cadran,  les  aiguilles,  le  verre,  le  ressort,  les 
roues. 

.J'écrirais  au  tableau  le  nom  de  ces  parties  à  mesure  que  les 
élèves  les  indiqueraient.  Je  parlerais  ensuite  d'une  horloge,  et 
je  ferais  nommer  par  mes  élèves  les  parties  d'une  horloge  qui 
ne  se  trouvent  pas  dans  une  montre. 

Les  élèves.  —  La  montre  est  composée  de  parties. 

Le  Maître.  —  Comment  appelez-vous  ce  que  je  viens  d'é- 
crire ? 

Les  élèves.  —  \Si\e  phrase. 

Le  Maître.  —  Les  parties  d'une  montre  ont-elles  toujours  été 
unies  ensemble? 

Les  élèves.  —  Non. 

Le  Maître. —  Qu'en  concluez-vous? 

Les  élèves.  —  Nous  en  concluons  que  puisqu'elles  n'ont  pas 
toujours  été  unies  ensemble,  on  peut  encore  les  séparer. 

Le  Maître.  —  Croyez-vous  qu'on  puisse  aussi  diviser  la 
phrase  en  ses  parties  ? 

Les  élèves.  —  Oui. 

Le  Maître.  —  Comment  votre  père  ou  l'horloger  s'y  pren- 
drait-il pour  diviser  une  montre  en  ses  parties? 

Les  élevés.  —  Il  la  démonterait  méthodiquement  et  en  met- 
trait soigneusement  toutes  les  parties  de  coté. 

Le  Maître.  —  Comment  vous  y  prendriez-vous  pour  diviser 
une  phrase  en  ses  parties  ? 

Les  élèves.  —  J'opérerais  avec  méthode,  prenant:  i"  le 
sujet  ;  i^"  le  prédicat;  3"  le  complément  du  sujet;  i"  le  c<)ni- 
plément  du  prédicat. 

Le  Maître.  —  Quel  est  le  sujet  ? 

Les  élèves.  —  C'est  «  montre  ». 

Le  Maître.  —  Quel  est  le  prédicat  ? 

Les  élèves.  —  C'est  «  est  composée  >. 

Le  Maître.  —  Quel  est  le  complément  du  sujet? 

Les  élevés.  —  C'est  «  la  ». 


488  NORMAL   SCHOOLS. 

Le  Maître.  —  Quel  est  le  complément  du  prédicat  ? 

Les  élèves.  —  C'est  «  de  parties  d. 

Quest.  ï.  —  Ouellos  sont  les  idées  qui  sont  développées  et 
({uel  est  le  rôle  du  maître? 

Bép.  —  On  développe  les  idées  de  l'élève  sur  des  objets 
connus,  l.e  rôle  du  maître  consiste  à  diriger  la  classe. 

Quest.  ô.  —  Comment  peut-on  s'assurer  que  les  élèves  ont 
Inen  compris? 

flèp,  —  Je  m'en  assurerais  en  les  envoyant  au  tableau,  oii  je 
leur  ferais  écrire  une  phrase  qu'ils  devraient  diviser  en  ses 
parties.  Je  demanderais  alors  aux  élèves  ce  qu'ils  viennent  de 
faire.  Ils  me  répondraient  qu'ils  viennent  de  «  diviser  un»- 
phrase  en  ses  parties  » . 

Je  leur  demanderais  ensuite  quel  est  le  i-ôle  de  chaque  mol 
dans  cette  phrase.  S'ils  divisaient  cette  phrase  et  s'ils  me 
répondaient  sans  hésitation,  j'en  conclurais  qu'ils  ont  bien  com- 
pris la  leçon. 

Quest.  (3.  —  Expliquez  comment  on  arrive  à  une  définition. 
Prenez  pour  exemple  le  mot  analyse. 

Uép.  —  Après  m'être  assuré  que  les  élèves  ont  bien  compris 
mes  explications,  je  leur  ferais  écrire  sous  leur  phrase  renon- 
ciation de  ce  qu'ils  ont  fait,  c'est-à-dire  «  diviser  une  phrase 
en  ses  parties  ».  Eh  bien,  mes  enfants,  leur  dirais-je  alors,  il 
y  a  un  mot  qui,  à  lui  tout  seul,  en  dit  tout  autant  que  les  six 
mots  que  vous  venez  d'écrire.  Qui  est-ce  qui  sait  quel  est  ce 
mot?...  Personne?  Eh  bien,  le  mot  qui  signifie  «  diviser  une 
phrase  en  ses  parties  »,  c'est  analfjse.  Je  ferais  dire  par  toute 
la  classe  que  l'opération  qui  consiste  à  diviser  une  phrase  en 
ses  parties  s'appelle  analyse.  Je  verrais  ensuite  si  l'un  des 
élèves  peut  répéter  la  même  chose  en  commençant  par  le  mot 
analyse,  et  j'obtiendrais  ainsi  la  définition  de  ce  mot. 

T.a  méthode  que  je  viens  d'exposer  s  applique  à  toutes  les 
définitions  quelles  qu'elles  soient  :  j'ai  choisi  le  mot  analyse 
pour  donner  plus  de  clarté  à  mon  exposition. 

Quest.  7.  —  A  quoi  servent  les  révisions? 

Hép.  —  Je  ferais  des  révisions  pour  trois  motifs  : 

1"  Pour  graver  plus  fermement  la  leçon  dans  l'esprit  d»^ 
rélève. 

:2°  Pour  m'assurer  que  la  leçon  a  été  bien  comprise. 

;>  Pour  rattacher  la  nouvelle  leçon  à  celle  qui  l'a  précédée. 

Quest.  8.  —  Quelle  observation  pouvons-nous  faire  sur  la 
mise  en  pratique  de  la  méthode  d'induction  ? 


PKDAGOr.lE.  489 

Rép.  —  Nous  pouvons  remarquer  que  si  cette  méthode  est 
lente,  elle  est  sûre  ;  les  élèves  étudient  avec  beaucoup  d'intérêt 
et  ils  retiennent  longtemps  ce  qu'ils  ont  appris.  Elle  apprend 
à  l'enfant  à  compter  sur  lui-même,  elle  lui  apprend  à  observer, 
et  elle  exige  de  grands  efforts  de  la  part  du  maître. 

Quest.  9.  —  Commenceriez-vous  par  enseigner  le  mot  ou  la 
phrase  ? 

Rép.  —  Je  commencerais  par  enseigner  la  phrase;  mais  on 
pourrait  commencer  par  l'un  ou  par  l'autre.  Je  commencerais 
par  enseigner  la  phrase,  parce  que  l'enfant  se  sert  de  phrases 
})0ur  parler  :  il  observe  le  tout  avant  d'en  observer  les  parties. 

Quest.  10.  —  A  quelle  époque  peut-on  mettre  un  livre  de 
classe  entre  les  mains  des  enfants?  A  quelle  époque  peut-on 
leur  faire  faire  des  compositions? 

Rép. — L'époque  à  laquelle  on  peut  mettre  un  livre  de  classe 
entre  les  mains  des  enfants  dépend  beaucoup  de  leur  âge  et 
des  progrès  qu'ils  ont  faits. 

Je  ferais  faire  des  compositions  aux  enfants  dès  qu'ils  pour- 
raient écrire  une  phrase.  Quand  ils  peuvent  écrire  une  phrase, 
ils  peuvent  en  écrire  davantage. 

Adah  C. 
Ypsilanti  (Michigam.  —  École  normale  de  l'État. 


1().  —  RAPPORTS  FAITS  PAR  LES  ÉLÈVES  DE  L'ÉCOLE  NORMALE 
APRÈS  LEURS  VISITES  DANS  LES  CLASSES  DE  l'ÉCOLE  PRIMAIRE 
ANNEXE. 

L'inspection  du  matin  dans  celte  salle  n'a  pas  été  très-bril- 
lante. L'atmosphère  était  lourde.  Les  enfants  étaient  réunis 
dans  la  salle  d'école,  ils  étaient  à  leurs  places.  La  maîtresse 
leur  faisait  chanter  un  air  vif;  mais  l'apathie  générale  et  la 
difficulté  de  régler  la  voix,  car  les  enfants  étaient  enrhumés, 
firent  échouer  presque  entièrement  cette  tentative.  On  laissa 
ensuite  les  élèves  faire  ce  qu'ils  voulurent  à  leurs  places:  ils 
n'étudièrent  pas,  mais  ils  ne  firent  pas  de  bruit. 

La  maîtresse  commença  ensuite  l'exercice  religieux  en  chan- 
tant une  hymne,  et  les  enfants  l'accompagnèrent.  Elle  lut  en- 
suite un  passage  de  la  Bible,  que  le  bruit  de  la  toux  des  enfants 
nous  empêcha  presque  d'entendre.  A  un  signal  donné,  toutes 
les  tètes  s'inclinèrent,  et  les  élèves  répétèrent,  après  la  mai- 


490  NO!lM\L    SCHOOLS. 

tresse,  rOraisoii  lluiuiiiicalc,  qui  leriuiiia  la  pi-ièro  du  lualiii. 

Pendant  ces  exercices,  il  y  avait  dans  les  manières  de  la 
maîtresse  beaucoup  de  calme  et  de  gravité,  et  pendant  la 
prière,  elles  prirent  une  aimable  solennité. 

La  maîtresse  ne  témoigna  pas  une  seule  fois  la  moindre 
irritation,  malgré  les  circonstances  <iui  empècliaicnl  (rubtenii- 
des  élèves  toute  la  promptitude  et  toute  l'atlenlion  qu'on 
obtient  dans  d'autres  moments.  Les  enfants  ne  furent  pas  irrités 
et  excités,  comme  ils  l'auraient  été  si  leur  maîtresse  avait 
témoigné  son  déplaisir  pour  une  cliose  qu'ils  ne  pouvaient  pas 
empêcher. 

Les  élèves  qui  faisaient  le  plus  de  bruit  en  toussant  sem- 
blaient fnire  tous  leurs  elforts  pour  se  retenir.  Lit  ce  bruit  ne 
produisait  pas  de  mauvais  effet  sur  les  autres. 

Les  enfants  se  conformèrent  par  sympathie  aux  sentiments 
de  calme  et  de  respect  témoignés  par  la  maîtresse.  El  quoiqu'ils 
ne  se  rendissent  compte  ni  des  causes  ni  des  effets  de  ces  sen- 
timents, ils  n'en  prenaient  pas  moijis  l'habitude  d'éprouver 
ces  senliments,  et  chacun  d'eux  s'habitue  ainsi  à  s'unir  prompte- 
menl  et  tranquillement  avec  les  antres  pour  faire  le  tiavail 
imposé  pour  le  moment. 

Degré  élémentnii-e.  —  Classe  supérieure 

A  notre  entrée  dans  la  salle,  la  maîtresse  était  absente,  mais 
les  élèves  étaient  tous  à  leurs  places;  ils  étudiaient.  Ils  conti- 
nuèrent d'apprendre  leurs  leçons  jusqu'à  9  heures  moins  5  mi- 
nutes. Alors  la  quatrième  année  fit  un  exercice  de  calcul.  Vn 
élève  de  chaque  section  quittait  sa  place,  se  mettait  devant  ses 
camarades  et  dictait  deux  additions.  Il  appelait  un  de  ses 
camarades,  celui  qu'il  voulait,  pour  donner  la  réponse;  il  re- 
tournait ensuite  à  son  juipitre,  et  il  était  rem])lacé  par  un 
autre. 

Les  élèves  firent  cet  exercice  tout  seuls,  et  ils  y  mirent  autant 
d'entrain  et  autant  de  bonne  volonté  que  s'ils  avaient  récité 
leurs  leçons  à  la  maîtresse. 

[jtt  élève  de  troisième  année  faisait  le  tour  des  pupitres  en 
examinant  les  ardoises  de  sa  section,  puis  il  rendait  conqite  il.i 
travail  à  la  maîtresse. 

L'élève  désigné  pour  faire  cette  inspection  ne  témoignait 
aucun  sentiment  de  supériorité  sur  ses  camarades  de  section, 
qui,  de  leur  côté,  ne  manifestaient  aucun  sentiment  d'envie. 


PÉDAGOGIE.  -491 

Ces  exercices,  qui  se  fuiil  avant  Theurc  de  la  classe,  ont  pour 
but  d'empêcher  les  retards  et  de  préparer  l'esprit  des  enfants 
à  l'étude.  La  nature  de  ces  exercices  fortifie  chez  eux  l'apti- 
tude à  l'observation,  et  les  habitue  à  se  diriger  eux-mêmes. 
Us  ont  aussi  conscience  de  leurs  talents,  qu'ils  développent  de 
cette  façon.  Ils  sentent  croître  en  eux  le  désir  de  la  science  et 
de  riiabileié  :  c'est  pour  cela  qu'ils  s'intéressent  tant  à  ces 
exercices. 

Les  exercices  religieux  se  composèrent  d'un  chant  suivi  de 
l'Oraison  Dominicale,  et  d'un  autre  chant  suivi  du  Psaume  23. 
Les  élèves  se  joignirent  à  la  maîtresse  pour  faire  ces  exercices. 

Les  manières  de  la  maîtresse  étaient  respectueuses,  et  pres- 
que tous  les  élèves  témoignèrent  beaucoup  de  recueillement  et 
d'attention. 

Pour  une  cause  quelconque,  quelques  élèves  ne  s'unirent 
pas  d'intention  avec  le  reste  de  l'école.  Par  là  ils  perdirent  la 
grâce  que  cet  exercice  spécial  leur  aurait  attirée,  et  ils  furent 
soustraits  à  l'influence  qu'il  aurait  eue  sur  leur  esprit  penda'nl 
tout  le  jour. 

On  remarquait  dans  cette  salle  un  progrès  évident  sur  la 
Primanj  Room.  Dans  la  Primanj,  on  amusait  les  enfants  pour 
les  faire  rester  tranquilles,  tandis  qu'ici  ils  avaient  plus  d'ini- 
licùve  personnelle  et  étaient  plus  studieux.  Le  respect  témoigné 
par  les  premiers  était  plus  inconscient,  le  respact  témoigné  par 
les  seconds  était  plus  réfléchi. 

Et  cependant  les  élèves  de  ces  deux  classes  étaient  unis 
d'intention  avec  la  maîtresse  qui,  par  ses  manières,  leur  inspi- 
rait l'amour  et  le  respect  qui  sont  dus  à  l'Èlre  suprême. 

•    Bertha  ^Y. 
Indianapolis  (Indianai.  —  Training  school. 


17.    —   MOBILIER   DE   l'ÉCOLE. 

Le  choix  du  mobilier  d'une  école  a  une  grande  importance, 
non-seulement  pour  développer  chez  les  élèves  le  sens  de 
l'esthétique,  mais  encore  pour  les  faire  travailler  convenable- 
ment. Les  pupitres  doivent  être  commodes  ;  il  faut  qu'ils  soient 
un  peu  inclinés,  simples  et  non  doubles  comme  ils  l'étaient 
autrefois.  Il  ne  doit  pas  y  en  avoir  plus  de  cinquante  dans  une 
salle;  il  doit  y  avoir  entre  les  rangées  des  espaces  suffisants 
pour  permettre  de  passer  facilement. 


10:2  NORMAL    SCHOOLS. 

Il  faut  aussi  choisir  avec  soin  le  tableau,  alin  qu'il  puisse 
servir  d'ornement  à  la  salle,  et  en  même  temps  rendre  le  tra- 
vail de  la  classe  plus  distinct  et  plus  intelligible.  La  maîtresse 
pourrait  donner  encore  plus  d'attrait  à  la  salle  de  classe,  en 
dessinant  sur  le  tableau  quebpie  objet  qui  puisse  plaire  aux 
yeux,  ou  bien,  si  elle  ne  sait  pas  dessiner,  en  y  inscrivant  une 
citation  à  la  portée  de  Tintelligence  des  élèves. 

Dans  les  classes  supérieures,  elle  pourrait  inspirer  à  ses 
élèves  un  si  grand  désir  de  voir  toujours  le  tableau  propre, 
qu'elles  se  chargeraient  elles-mêmes  de  l'entretenir  dans  cet 
état. 

Une  estrade  serait  très-commode.  Elle  permet  à  la  maîtresse 
d'embrasser  d'un  seul  coup  d'œil  toute  la  salle  et  de  mieux 
tenir  ses  élèves.  La  présence  de  la  maîtresse  sur  l'estrade  lui 
donne  un  air  de  dignité  qui  a  une  grande  influence  sur  l'esprit 
des  élèves.  Lorsque  l'on  fera  des  exercices  publics  ou  géné- 
raux, cette  estrade  sera  d'une  grande  utilité  pour  les  élèves 
et  pour  les  visiteurs,  qui  pourront  voir  et  entendre  l'orateur 
plus  distinctement  que  s'il  était  de  plain-pied  avec  eux. 

Il  y  a  d'autres  petits  meubles  moins  importants  dont  le  choix 
dépend  beaucoup  du  jugement  et  du  goût  de  la  maîtresse. 
Parmi  ceux-ci,  il  faut  placer  une  horloge,  qui  servira  à  la  maî- 
tresse à  déterminer  la  durée  des  récitations,  l'heure  à  laquelle 
elle  doit  terminer  la  classe,  l'heure  des  récréations,  etc.  Ce 
fidèle  moniteur  pourra  aussi  donner  d'importantes  leçons  aux 
enfants.  Ajoutez-y  des  pointes  de  graveur  et  du  pastel  pour 
l'usage  des  élèves. 

Il  faut  mettre  dans  un  coin  un  panier  pour  les  papiers,  et 
un  thermomètre  qui  servira  à  régler  la  température  de  la 
salle. 

Dans  les  Intermcdiate  Scliools,  High  Schools  et  Xonnal 
Scliools,  il  serait  bien  à  désirer  qu'il  y  eût  une  bibliothèque, 
quelque  restreinte  qu'elle  fût,  contenant  des  livres  de  rensei- 
gnements. Il  devrait  aussi  y  avoir  dans  ces  écoles  une  table, 
outre  celle  de  la  maîtresse,  oi^i  les  élèves  pourraient  aller 
s'asseoir  pouf  lire  et  pour  écrire. 

En  dernier  lieu  viennent  les  objets  destinés  à  développer 
chez  les  élèves  le  sentiment  du  beau.  Ces  objets  ne  sont  pas 
les  moins  importants  :  ils  peuvent  se  composer  de  supports,  de 
vases,  de  statues,  de  tableaux  et  d'une  jardinière. 

S'il  n'est  pas  possible  à  une  maîtresse  de  se  procurer  tous 
les  objets  dont  je  viens  de  parler,  il  faut  absolume^nt  que  les 


PÉDAGOGIE.  493 

clioses  qui  sont  sous  sa  responsabilité  et  sous  celle  des  enfants 
soient  entretenues  avec  le  plus  grand  soin. 

Son  pupitre,  ses  registres,  les  règles,  la  gonnne  élastique, 
les  paillassons,  les  pointes  de  graveur,  etc.,  doivent  toujours 
être  en  bon  ordre. 

Que  les  livres  des  élèves  soient  proprement  rangés  dans 
leurs  pupitres  lorsqu'ils  ne  s'en  servent  pas,  que  toutes  les 
choses  inutiles  soient  serrées  :  ils  contracteront  ainsi  des 
habitudes  d'ordre  et  de  propreté  qui  leur  seront  très-utiles 
dans  la  suite. 

Anna  W. 

Dayton  (Oliioj.  —  École  normale  municipale. 


J8.  —  DE  l'enseignement  du  dessin. 

1.  Quelle  est  l'espèce  de  dessin  qu'on  peut  enseigner  le  plus 
avantageusement  dans  les  Coiiimon  Schools? 

Rép.  —  Le  dessin  que  l'on  jteut  enseigner  le  plus  avanta- 
geusement dans  les  Common  Schools  ne  consiste  pas  à  faire 
de  simples  copies,  ni  à  peindre.  On  doit  enseigner  les  propor- 
tions, les  principes  et  les  éléments  du  dessin  pratique,  des 
figures  de  la  géométrie  plane  et  rendre  familière  aux  élèves  la 
beauté  des  formes. 

On  veut  ordinairement  que  les  enfants  puissent  dessiner  au 
tableau,  ce  qui  suppose  la  connaissance  des  principes  de  la 
perspective,  de  la  lumière  et  de  l'ombre.  Or  pour  connaître  ces 
choses  il  faut  une  longue  expérience  et  une  étude  approfondie 
des  éléments  du  dessin.  11  serait  impossible  pour  les  élèves  de 
reproduire  des  dessins  compliqués,  si  la  connaissance  des 
principes  élémentaires  ne  leur  permettait  pas  de  les  réduire 
aux  formes  simples.  Il  faut  rendre  le  dessin  intelligible  pour 
l'élève.  Il  faut  qu'il  puisse  distinguer  et  expliquer  les  principes 
élémentaires  de  chaque  figure. 

2.  Quel  avantage  l'élève  retire-t-il  de  l'étude  du  dessin  dans 
les  Public  ScJiools? 

Rép.  —  Si  l'étude  du  dessin  est  bien  faite  dans  les  Public 
Schools,  elle  apprendra  à  l'élève  la  loi  des  proportions,  elle 
cultivera  son  jugement.  L'analyse  et  l'étude  attentive  du  mo- 
dèle lui  apprendront  à  observer.  La  perception  par  les  sens, 
l'imagination,  l'intelligence  de  l'élève  seront  ainsi  cultivées. 


494  NORMAL  scnooLs. 

Le  goùl  ot  le  seiiliineiit  du  beau  se  développeront  en  lui. 
L'élude  complète  du  dessin  riMid  familiers  à  l'élève  les  éléments 
de  la  géométrie.  L'explication  des  ligures  qu'il  a  dessinées  lui 
donne  la  facilité  d'exprimer  ses  pensées  dans  le  langage  le 
plus  élégant  ou  dans  un  bon  style. 

3.  Comment  vous  y  prendriez-vous  pour  donner  une  leçon 
de  dessin  sur  l'ardoise  et  sur  le  tableau. 

Ih'p.  —  f^our  donner  une  leçon  de  dessin  sur  l'ardoise,  la 
maîtresse  doit  donner  à  la  classe  la  copie  d'une  figure  facile  à 
analyser.  Ensuite  elle  enlèvera  la  copie  et  dictera  aux  élèves. 
Elle  leur  dira  d'abord  de  dessiner  sur  leurs  ardoises  les  con- 
tours, les  lignes  d'une  certaine  longueur,  qu'elle  tracera  elle- 
même  au  tableau  noir,  afin  que  les  élèves  puissent  comparer 
et  rectifier  leur  propre  travail.  La  maîtresse  doit  donner  les 
indications  promptement  et  forcer  tous  les  élèves  à  travailler 
ensemble.  Lorsque  les  élèves  auront  dessiné  les  contours,  la 
maîtresse  dictera  le  nombre  de  divisions,  de  lignes,  etc.,  jus- 
qu'à ce  que  la  figure  soit  achevée.  Tout  cela  doit  être  dessiné 
en  lignes  ponctuées  ou  en  lignes  pleines  très-légères.  La  maî- 
tresse dira  ensuite  aux  élèves  de  joindre  les  points  par  des 
lignes  pleines  et  d'effacer  les  lignes  de  construction. 

La  leçon  de  dessin  au  tableau  noir  se  donne  à  peu  près  de  la 
même  manière,  en  dictant.  Mais,  dans  ce  cas,  la  maîtresse 
n'accompagne  })as  les  élèves,  qui  doivent  dessiner  tout  seuls 
d'après  les  indications  de  la  maîtresse.  Les  proportions 
doivent  être  beaucoup  plus  grandes  que  dans  la  leçon  précé- 
dente. Les  élèves  complètent,  joignent  les  points  par  des  lignes 
pleines  et  eflacenl  comme  il  a  été  dit  ci-dessus. 

4.  Quels  sont  les  divers  procédés  que  doit  employer  un  élève 
pour  dessiner  d'après  une  copie? 

Rép.  —  11  doit  d'abord  analyser  la  figure  et  la  décomposer 
en  ses  éléments,  reconnaître  les  lignes  de  construction  qui 
doivent  servir  de  base  à  la  figure,  et  déterminer  les  proportions 
des  diverses  parties.  11  doit  ensuite  esquisser  les  lignes  de 
construction.  Les  lignes  de  géométrie  plane  doivent  avoir  cer- 
taines proportions  conformes  aux  éléments  inférieurs.  11  dessi- 
nera d'abord  les  éléments  importants,  auxquels  il  ajoutera  les 
éléments  particuliers  au  modèle.  Après  avoir  terminé  sa  figure, 
il  joindra  les  points  par  des  lignes  pleines  et  il  effacera  les 
lignes  de  construction. 

5.  CiOnnnent  faut-il  s'y  prendre  pour  faire  dessiner  les  élèves 
avec  propreté  et  avec  soin  ? 


PÉDAGOGIE.  495 

Réf.  —  Il  faut  \('S  faire  dessiner  sur  TanJoise  jusqu'à  ce 
qu'ils  soient  assez  forts  pour  dessiner  sur  le  papier  ou  sur 
le  cahier. 

La  maîtresse  doit  ramasser. les  cahiers  de  dessin  et  les  garder 
jusqu'à  ce  que  les  élèves  en  aient  besoin.  Elle  doit  les  exami- 
ner, montrer  aux  élèves  les  fautes  qu'ils  ont  faites  et  leur 
indiquer  la  manière  de  les  éviter. 

Ne  permettez  pas  aux  élèves  de  dessiner  sur  leur  cahier 
avant  qu'ils  aient  suflisamment  étudié  la  figure  sur  leur  ar- 
doise. Faites-leur  comprendre  le  mauvais  effet  produit  par  la 
vue  d'un  dessin  mal  soigné.  La  niaîtresse  devra  comparer  le 
travail  des  différents  élèves  et  leur  montrer  la  différence  qu'il 
y  a  entre  un  cahier  propre  et  bien  tenu  et  un  autre  cahier  sale 
et  mal  tenu.  Si  les  élèves  persistent  à  présenter  un  travail  mal 
fait,  il  faut  les  priver  de  l'usage  de  leurs  cahiers.  Ce  moyen 
produira  assurément  de  l'effet,  car  ils  aiment  bien  mieux  dessi- 
ner sur  leurs  cahiers  que  sur  les  ardoises. 

JULIA  K. 

Age  :  dix-sept  ans. 
Mihvaukee  (Wisconsin.)  —  >'ormal  départaient. 


19.  —  l'exercice. 

L'autre  jour,  en  cherchant  des  sujets  de  dissertation,  je 
trouvai  celui-ci,  qui  me  parut  avoir  une  importance  considé- 
rable surtout  pour  nous  autres  écolières.  Car  nous  prenons  un 
vif  intérêt  à  nos  études  et  nous  sommes  portées  à  nous  oublier 
nous-mêmes  et  à  nous  livrer  avec  excès  à  ce  qu'on  peut  appe- 
ler l'exercice  mental.  Assurément  il  n'en  est  pas  ainsi  de 
nous  toutes  (je  fais  moi-même  exception). 

Nous  voyons  avec  peine  quelques-unes  de  nos  amies  qui 
jouissaient  d'une  bonne  santé  et  qui  se  distinguaient  par  leur 
gaieté,  prendre  un  air  pâle  et  sérieux.  Presque  épuisées  par 
le  travail,  elles  attendent  avec  impatience  l'arrivée  du  vendredi, 
afin  d'avoir  quelques  moments  pour  repasser  une  leçon  qu'elles 
ont  négligée  pendant  la  semaine,  parce  qu'elles  n'avaient  pas 
le  temps  de  l'apprendre  aussi  bien  qu'elles  l'auraient  désiré. 

C'est  à  ces  amies  que  nous  voudrions  dire  :  «  Allons,  fai- 
sons un  peu  d'exercice.  » 

Cet  exercice  sera-t-il  mental  ou  physique?  Et  s'il  est  mental, 


4%  ^'OR.MAL    SCUOOLS. 

de  quelle  espèce  sera-t-il?  Prendrons-nous  le  damier  ou  réelii- 
quier?  Mais  comment  cet  exercice  pourra-t-il  convenir  à  un 
étudiant  latig'iié  par  l'étude  ou  à  un  honniie  d'affaires  qui  quitte 
son  travail  à  la  tombée  de  la  nuit,  la  tète  en  feu?  Son  corps 
tout  brisé  ressemble  à  un  amas  de  cendres  cbaudes.  11  est 
complètement  épuisé  par  les  efforls  (ju'il  a  faits  pendant  tout 
le  jour  pour  augmenter  de  dix  dollars  la  distance  qui  doit  sépa- 
rer sa  postérité  de  la  maison  des  pauvres.  Qu'un  tel  lionune, 
en  quittant  son  bureau,  aille  de  nouveau  se  mettre  la  tète  en 
feu  pour  résoudre  (|uelque  problème  d'échecs  bien  ardu,  n'est- 
ce  pas  comme  si  un  scieur  de  long,  voulant  se  reposer  de  ses 
fatigues  de  la  semaine,  demandait  sa  scie  et  passait  sa  soirée 
du  dimanche  à  scier  pour  s'amuser?  Nous  avons  assez  peu 
de  récréation  dans  tous  les  cas,  pernieftez-nous  donc  de  prendre 
cette  récréation  en  dehors  de  l'ordre  intellectuel. 

Assurément  les  échecs  ont  du  bon,  mais,  pour  ma  part,  jt; 
crois  qu'un  jeu  qui  nécessiterait  moins  l'enqjloi  de  l'intelligence 
conviendrait  mieux  dans  celte  circonstance.  La  nature  ne 
demande  pas  que  nous  fassions  des  efforls  continus.  Nous 
devons  prendre  l'exercice  convenable  dans  le  temps  conve- 
nable. 

Nous  entendons  souvent  demander  si  l'on  peut  considérer  la 
danse  comme  un  exercice  salutaire.  A  cette  question  nous 
répondons  ceci  :  Si  la  danse  vous  fait  du  bien  elle  vous  amuse, 
et  si  elle  vous  amuse  elle  vous  fait  du  bien.  Mais  il  y  a  beaucoup 
d'autres  divertissements  qui  nous  amuseraient  tout  autant  et 
qui  nous  forceraient  à  aller  au  grand  air.  Par  exemple,  nous 
pouvons  prendre  de  l'exercice  en  faisant  tous  les  jours  une 
longue  promenade  à  pied.  Assurément  ce  genre  d'exercice  n'est 
pas  parfait.  Ce  n'est  pas  un  jeu  qui  puisse  distraire  l'esprit  des 
soucis  quotidiens,  l'homme  inquiet  songe  à  ses  ennuis  tout  en 
marchant.  Chaque  mille  qu'il  fait  le  fatigue  au  physique  et  au 
moral.  On  peut  aussi  objecter  que  l'état  de  la  température  ne 
permettra  pas  toujours  de  se  livrer  à  cet  exercice. 

Nous  ne  pouvons  ni  faire  des  promenades  sur  l'eau  pendant 
l'hiver,  ni  patiner  pendant  l'été.  Pour  jouer  à  la  balle  il  faut 
avoir  des  camarades.  Pour  se  promener  à  cheval  il  faut  avoir 
de  l'argent.  Pour  tous  ces  exercices  il  faut  la  lumière  du  jour. 
H  semble  donc  qu'il  nous  soit  impossible  de  nous  procurer  tout 
l'exercice  dont  nous  avons  besoin.  Je  crois  cependant  que  nous 
pouvons  remplacer  avantageusement  ces  divertissements  en 
fréquentant  nos   écoles    publiques.   Elles  sont    généralement 


PKDAGOGIE.  407 

sil liées  dans  la  partie  la  plus  élevée  de  la  ville,  el  on  ne  peut  y 
accéder  de  tous  côtés  que  par  un  terrain  en  pente.  Pour  moi, 
lorsque  je  suis  un  peu  en  retard  et  ({ue  j'entends  le  plus  joyeux 
<le  tous  les  sons,  les  dernières  notes  de  la  cloche  qui  disent  aux 
élèves  de  se  hâter,  je  cours,  je  cours  de  toutes  mes  forces  jus- 
qu'à ce  que  je  sois  arrivée  au  dernier  étage.  Vous  savez  comme 
moi  qu'il  n'y  a  rien  île  plus  agréable  el  que  nous  aimons  toutes 
beaucoup  ce  genre  d'exercice.  Mais  je  crois  que  c'est  ce  qu'on 
appelle  gravir  la  colline  de  la  science,  genre  d'exercice  indis- 
pensable. Nous  continuerons  donc  de  travailler  assidûment  sans 
nous  plaindre,  persuadées  que,  dans  l'avenir,  nous  trouverons 
à  l'école  un  genre  d'exercice  auquel  nous  pourrons  toutes  nous 
livrer. 

Mary  M-^  V. 
Ypsilaiiti  (Michigaiii.  —  École  normale  de  l'État. 


IIN. 


32 


TABLE  DES  MATIÈRES 


PREMIERE    PARTIE 
Priniary  Schools. 

I.    —  Leçons  de  chosesi. 

Esquisse  d'une  leron  sur  les  propriétés  du  pain  (Indianapolisi.  1 

Esquisse  d'une  leçon  sur  Téponge  /Dayton) y 

Esquisse  d'une  leçon  sur  la  fusibilité  ilndianapolis) 6 

Esquisse  d'une    leçon  sur  la  comparaison  d'un  animal  et  d'une 

plante  (  Dayton  i 7 

Leçon  de  lecture  (combinée  avec  la  leçon  de  chosesj  (Cincinnati  i.  12 

II.  —  Langue  maternelle. 

Exercice  de  grammaire  (Cincinnati) 14. 

Exercice  de  grammaire  (Cincinnati; 15 

Exercice  de  grammaire  (Corry) 16 

Analyse  avec  diagramme  explicatif 17 

Analyse  ( Wbilewater) 18 

Orthographe  i  New  Jersey) 18 

Exercice  d'observation  et  d'expression  (New  Jersey i 19 

Exercice  de  description  (Cleveland) -20 

Description  dune  image  du  livre  de  lecture  i  Daytonj '2^ 

Description  de  la  même  image  (Dayton) 21 

Description  d'un.'  autre  image  ( Cleveland i 22 

Exercice  de  construction  (New  Jersey) 22 

Notre  école  (Cincinnati ) 23 

Noire  école  (  Cincinnati) 24 

Notre  école  (Cincinnati ) 25 

Notr3  école  (Cincinnati )   26 

Letti-2  (Littleton) 26 

Le  papier  ( New  Jersey) 27 

Lettre  d'une  petite  fille  indienne  (  Wyandott) 28 

Fragment  de  lettre  (Wyandott) 28 

Lettre  d'un  petit  Indien  (Wyandott) 29 


500  TABLE    DES    MATIÈRES. 

Il[.  —  Calcul  oral  et  écrit. 

Calcul    élémentaire  iClevoland) 21) 

Problèmes  iraritliméliquc  (Clcveland; ;]() 

IV.  —  Géographie. 

Questions  de  géographie  (3"  année).  (Cleveland) 31 

Questions  de  géographie  (i''  année).  (Cleveland) 31 

Autres  questions  de  géographie  (-1*  année).  (Clovclamli :]'! 

Questions  de  géographie  et  de   topographie  (Dayton) 33 

Examen  trimestriel  de  géographie  {"2^  année).  CNewporli 33 

Même  examen  (3"=  année),  i  Newport) 33 

V.  —  Dessin. 

Dessin  linéaire  (Newport) .]l 

Dessin  à  main  levée  (avec  une  ligure).  (Sandusky) 3i 

Autre  dessin  à  main  levée  (avec  une  figure).  ( Sandusky i :){\ 

Dessins  de  Mihvaukee 


DEUXIEMK   PARTIE 
Craniniai*  §»cliool»<i. 

I.   —  Langue  maternelle. 

Exercice  de  grammaire  et  de  rédaction  (Bay  City» 37 

Grammaire  (7®  année).  (Indianapolis) 39 

Crammaire  (6"  année).  (West  des  Moines i iJJ 

Exercice  de  rédaction   (  Fitchburgh ) II 

Composition  (Comté  de  Gloucester) 13 

Histoire  d'une  famille  (Comté  de  Middlesex) 13 

Piédaction  au  tableau  noir  :  Les  Vacances  (Boston) 15 

Maud  Muller  (Boston ) 17 

II.  —  Descriptions  d'objets  et  (ïiniages. 

Exercices  élémentaires  (  Indianapolis ) i8 

La  vendange  (  Avondalei lU 

Même  sujet  (avec  gravure),  (Cincinnati ) . .  50 

Même  sujet  (Cincinnati) 52 

Les  charpentiers  (Mihvaukee) 5:2 

Deux  vignettes  historicpies  (Boston) 53 

Les  églises  de  notre  ville  (York) 5i 

Notre  ville,  ses  rues  et  ses  édifices  (Indianapolis) 5(î 

Le  «  Common  »  de  Boston  (Boston) 50 

L'Exposition  de  Cincinnati  (Avondale) 57 

Description  d'un  incendie  (Cincinnati  ) 58 

Siloam  (Comté  de  Monmouth  ) f'O 

Mon  excursion  dans  l'Ouest  (Boston) '»l 


TABLE    DES    MATIÈRES.  501 

III.  —  Exercices  de  stijle  :  Narrations. 

Pa^es. 

Une  promenade  en  Street-car  (Mihvaukee) 6i 

Même  sujet  (Mihvaukee) 66 

Même  sujet  (  Mihvaukee  i 67 

Mèuie  sujet  (  Mihvaukee i 68 

Même  sujet  i  Mihvaukee). . .    69 

Même  sujet  i  Mihvaukee) 70 

La  neige   (avec  texte  anglais).  (Cincinnati » 7'2 

Le  sapin  (avec  texte  allemand).  (Cincinnati) 74 

Les  feuilles  (Boston) 75 

Les  fleurs  (Mihvaukee) 76 

Les  poches  (Newarkj 77 

Les  chemins  de  fer  (Mihvaukee) 78 

Les  Uvres  (Mihvaukee) 79 

Les  journaux  (Comté  d'Hudson) 81 

La  main  (Comté  de  Monmouth i   82 

La  sieste  de  l'après-midi  ( Boston j 84 

Histoire  d'un  petit  marchand  de  journaux  (Comté  de  Monmouth).  85 

Histoire  et  aventures  d'un  vieux  livre  (Cincinnatij 87 

Même  sujet  (Cincinnati ) 88 

Autobiographie  d'un  vieux  fusil  (Cincinnati) 89 

Histoire  et  aventures  d'un  vieux  fusil  (Cincinnati) 90 

Histoire  d'un  vieux  fusil  racontée  par  lui-même  (Cincinnati) ....  91 

Autobiographie  d'un  vieux  fusil  (Cincinnati) 92 

Le  travail  (  Leiperville ) 93 

Les  bonnes  manières  ( Boston) 94 

La  distinction   ( Leiperville) 96 

L'intempérance  (  Comté  de  Harren ) 97 

Plaisirs  de  la  lecture  (Mihvaukee) 98 

Les  enfants  d'aujourd'hui  (Comté  de  Gloucesteri 99 

L'amour  (Nouvelle-Orléans) 101 

Mon  été  à  Hillsborough  Farm  (Comté  de  Middlesex) 102 

IV.  —  Exercices  de  style  :  Lettres. 

A  une  cousine  ( Indianapolisj 105 

A  une  tante  (Boston) lOi 

A  une  amie  (Boston) 106 

A  une  amie  (Clarence). 107 

A  une  cousine  (Clarence) 108 

A  une  amie  (Indianapolis) 109 

A  une  amie  (Indianapolis) 109 

A  un  père  (Indianapolis) 110 

A  une  amie  (Indianapolis) 111 

A  un  cousin  ( Indianapolis) 111 


50:2  TABLE   DES    MATIÈRES. 

A  une  amie  (Dayton) 112 

A  une  amie  (Dayton) 113 

A  un  cousin   (Perrinevillc) 113 

A  u:ie  amie  (Bjston) 115 

Au  président  Grant  (Glendalej \Hj 

V.  —  Exercices  de  style  :  La  vie  domestique. 

Ma  première  expérience  de  ménage  (Comté  de  Uergen ) 118 

Le  ménage  (Avondale) l'20 

Je  vais  à  la  maison  (Comté  de  Middlesex) i2l 

Les  petites  filles  sont  la  joie  de  la  maison  (Comté  de  Cumberlandj.  122 

La  commèi-e  (York)   \±l 

L'exemple  vaut  mieux  que  le  précepte  (Comté  de  Burlington).. .  125 

La  mode   (Ncwportj 127 

La  mode  ( Newport) 128 

La  mode  (Newportj 12*,) 

VI.  —  Exercices  de  style  :  La  vie  de  V école  décrite  par  les  écoliers. 

L'école  (Cincinnati) 130 

Notre   école  (Rocliellei 131 

Noire  école  (Elkador) 131 

Notre  école  (Comté  de  Monmouthl 132 

Compte  rendu  du  dernier  examen  (Fitchburgli) 134 

Les  compositions   (York) 134 

Encore  les  compositions  (Newport) 135 

Critique  des   compositions  (Nouvelle-Orléansj 136 

La  vie  d'une  écolière  (Nouvelle-Orléans) 138 

Notre  pique-nique  scolaire  (Mihvaukee) 131) 

Notre  pique-nique  scolaire  (  Mihvaukee) 139 

Compte  rendu  d'une  conférence  publique  (Leipervillei 140 

Les  écoles  d'autrefois  (Boston) 141 

VII.  —  Exercices  de  style  :  A  propos  du  Centenaire. 

Le  Centenaire  (Newport) 152 

Offrande   pour  le  Centenaire    (avec  texte   anglais).    (Comté   de 

Huntcrdon) 153 

Les  premiers  cent  ans  de  notre  histoire  (Milwaukce) 154 

Progrès  de  ce  pays  en  cent  ans  (Leiperville) 155 

Jadis  et  aujourd'hui  (Patterson) . 156 

Dans  cent  ans  (Comté  de  Mercie) 157 

VIII.  —  Histoire. 

f-hristoplie  Colomb  (Milwaukce) 159 

Même  sujet  (Milwaukce) 160 


TABLE   DES    MATIÈRES.  503 

Pages. 

Ferdinand  de  Soto  ( Boslon  i 161 

Questions  d'histoire  (8*  année i.  (Indianapolisi 162 

Questions  d'iusloire  (examen  de  1''''  année).  (Nouvelle-Orléans).  163 

Questions  d'examen  (  District  de  Columbia) 164 

Questions  d'histoire  (7-  année).  (West  des  Moinesi 165 

Sur  Franklin  (West  des  Moines i 167 

George  Washington  (Clevelandi 168 

Même  sujet  (Clevelandi 170 

Même  sujet  (Glevelaudi 170 

Même  sujet  (Cleveland  ) 171 

Même  sujet  (  Milwaukee) 17-2 

La  Fayette  (Boston) 174- 

La  chevauchée  de  Paul  Révère  (  Boston  i 176 

Henri  Wilson  (  Boston  i 178 

Abraham  Lincoln  (Mihvaukeej   179 

Un  chapitre  sur  Napoléon  (Comté  de  Monmouth) 180 

Questions  sur  l'histoire  d'Angleterre  (Boston) 181 

Esquisses  biographiques  de  quelques  vovageurs  célèbres  (Comté 

du  Cap  Mav) ^  T 183 

Mound  Builders  (  Newport i 185 

IX.  —  Instruction  civique. 

Le  patriotisme  (  Milwaukee  ) 187 

Étude  de  la  Constitution  (District  de  Columbiai 188 

Questions  sur  la  Constitution  (Cleveland) 189 

Questions  d'histoire  contemporaine  (  Somerset i    190 

Coup  d'œil  sur  l'histoire  nationale  (  Lancaster) 190 

X.  —  Géographie. 

Questions  de  géographie  mathématique  (Chicago) 190 

Questions  de  géographie  physique  (District  de  Columbiai 191 

Questions  de  géographie  économique  (Xewporti 191 

Questions  de  géographie  générale  (  Saint-Louis  i 192 

Autres  questions  de  géographie  générale  (Saint-Louisi 193 

Questions  de  géographie  physique  (Saint-Louis) 193 

Questions  sur  la  géographie  de  l'Europe  (Bay  City  i 194 

Questions  sur  la  géographie  de  l'Amérique  (Spartaj 197 

Carte  de  l'Amérique  du  Nord  ( Sparta) 198 

Questions  sur  la  géographie   des  Étals-Unis  dndianapolis) 201 

Questions  d'examen  (Boston) 202 

Autres  questions  d'examen  (  Boston  i 203 

Révision  de  la  géographie  (Somerset)   204 

Riches  en  rochers  (  Boston ) 205 

XI.  —  Xotiotïs  dliistoire  naturelle  et  de  physique. 

Examen  d'histoire  naturelle  (Washington ) 207 

Questions  de  physique  (Washington) 208 


50  i  TAI5LE   Di:S    MATIÈRES. 

Formes  des  feuilles  (avec  figuresj.  ( Boston i 1>0J 

Racines,  troncs  et  arbres  (CoUinibus) rîlO 

Questions  tle  physique  (Sandusky) :2I0 

Questions  sur  les  climats  ( Burlington i -211 

Questions  de  physiologie  ( .Milwaukeei '2\'l 

XII.  —  Arithmétique. 

Calcul  mental  (degré  moyen).  (Newport) :213 

Calcul  mental  (examen  trimestriel,  degré  inférieur).  (Newport).  "lli 

Fractions  et  problèmes  iCIeveland) 214 

Questions  (7-  année).  (Saint-Louis i 216 

Questions  (7^  année).  (Saint-Louis) 217 

Questions  (8^  année).  (Indianiipolis) 218 

Problèmes  (  Memphis; 218 

Problèmes  sur  la  règle  d'intérêt  (Startford). 219 

Problèmes  (8"  année).  (Cincinnati) 219 

Problèmes  (3''  degré).  (District  de  Columbia ) 219 

Dessin  géométrique  (Newport) 221 

XIII.  —  Musique. 

Exercices  de  solfège  (Cambridge» 221 

Même  exercice  (Newport) 223 

Exercice  de  musique  i Nashville) 225 

Mélodie  composée  par  un  élève 227 

Mélodie  composée  par  un  élève 227 

Mélodie  composée  par  un  élève. 228 

Mélodie  composée  par  un  élève 228 

XIV.  —  Travail  des  enfants  chinois  élevés  aux  Etats-Unis. 

Ma  ville  natale  (West  Haven) 229 

Mon  voyage  de  Chine  eu  Amérique  (Startford) 229 

La  Chine  (Washington) 231 

Les  oiseaux  (  East  Hampton  ) 232 

L'hiver  (Stratford  ) 231 

XV.  —  Dessin. 

Éléments  de  perspective  d'après  la  méthode  de  Cleveland  (avec 

figures).   (Cleveland 1 235 

Dessin  dicté  (avec  ligures).  (Cleveland) 236 

Dessin  (5"^  année)  (avec  figure).   (Cleveland) 237 

Dessin  d'objets  (avec  figure).  (Cleveland) 238 


'  TABLE   DES    MATIÈRES.  505 

TROISIÈME    PARTIE 
Hi;;li  Schools. 

PR£iy|IÈRE  SECTION   :   COMPOSITIONS  LITTÉRAIRES. 

I.  —  Récits  scolaires. 

Pages. 

Le  jour  de  juin  ( Portsmouth ) ...  '2il 

Le  jour  d'examen  (  Aurora  i -  i" 

Les  écolières  (  Littleton  i -iB 

Nos  écoies  publiques  (West  des  Moincsi 24-9 

Les  écoles  françaises  (Sandusky). 251 

II.  —  Littérature. 

L'esprit  et  riiumour  (  Rochelle  i 253 

Du  style  ( Rocliellei 25(5 

Études  linguistiques  ( Mihvaukee; 256 

Questions  sur  la  ponctuation  (Bay  Citv  ) 259 

Origine  des  locutions  d'argot  (Mihvaukee) 261 

in.  —  Xarrations  et  fictions. 

Entrevue  du  soleil  et  de  la  lune  iGreenlîeld) 26i 

A  l'homme  dans  la  lune  (Mihvaukee) ' 268 

Les  parapluies  (York) 269 

Le  jour  de  déménagement  d'-  année).   (Mihvaukee) 271 

Le  jour  de  déménagement  (l""  année).  (Mihvaukee) 273 

Le  marché  (  Baltimore  i 27i 

Julia  Bruce  i  Sandusky  i 277 

Mon  rêve  (Aurora) 278 

Mon  rêve  (Aurora) 279 

Mon  rêve  (Aurora  ) 280 

IV.  —  Littérature  et  Histoire  littéraire. 

De  la  littérature  américaine  (  Lewsburgi 281 

Les  sciences  contre  les  classiques  (Aurora)   285 

Question  sur  la  littérature  anglaise.  (Reading) 288 

V.  —  Exercices  oratoires  en  public. 

La  vapeur  et  son  utilité  (Reading) 288 

Les  vieilles  choses  ont  passé  (Picadiagi 291 

Adieux  des  aînées   ( Nouvelle-Orléans) 294- 

Adieux  des  jeunes  (Nouvelle-Orléans) 297 


500  TADLE    DES    MATIÈRES. 

2-  SECTION  :  COMPOSITIONS  {«ORALES  ET  PHILOSOPHIQUES. 

VI.  —  Disserlalions. 

Piiges. 

Ainiisomcnts  innocents  (Mihvaukeej 298 

Amusements  innocents  (3^  année).  (Aurora) 301 

De  l'extension  des  coni^és  aux  Élats-rnis.  (Aurora) 303 

L'école  buissonnière  (Baltimore). 306 

Propos  de  table  (York) 308 

Faites  régner  le  bonheur  au  foyer  domestique  (Littleton) 309 

L'augmentation  de  la  richesse  produit-elle  un  bon  effet  sur  nos 

mœurs?  (Aurora)  310 

Dans  cent  ans  d'ici  (Mihvaiikee) 312 

Bienfaits  de  l'éducation   ( Mihvaukeei 315 

Laissez  entrer  le  soleil  (New  Brunswick  i 316 

La  beauté  (Aurora) 317 

Devoirs  et  droits  (Burlington) 320 

Peut-on  jamais  justifier  un  mensongo?  iMihvaukee) 322 

Honneur  aux  mains  calleuses   (Portsmouth  i 323 

3-  SECTION  :  COMPOSITIONS  HISTORIQUES  ET  POLITIQUES. 

VII.  —  Histoire. 

Étude  de  l'histoire  (Milwaukee) 328 

Histoire  ancienne  (Rochelle) 329 

Histoire  moderne  (Baltimore) - 331 

Histoire  de  France  (Baltimore) 332 

Jeanne  d'Arc  (Sanduskv) 335 

L'homme  sans  patrie  (Sanduskv) 336 

II  y  a  cent  ans  (Orange) 338 

Les  M  Détectives  »  de  l'histoire  (  Mihvaukee) 341 

VIll.  —  Compositions  politiques. 

Constitution   des  États-Unis  i Grcat  Bend ) 3i3 

Le  système  du  Jury  (Greenfield) 349 

Nos  présidents  i  Avondalej 354 

Tout  enfant  américain  espère  être  président  (Avondale) 356 

Notre  première   présidente  (  Mihvaukee  i   357 

Le  suffrage  étendu  aux  femmes  (Fitchburgh) 359 

La  seule  vraie  Bépuhlique  (West  des  Moines) 361 

L'immigration  (Aurora  i 364 

L'immigration  (Aurora) 370 

Actualités  (Corry) 373 

Les  élections  en  France  ( Plvmouth i 375 


TABLE    DES    MATIÈRES.  50" 


4^    SECTION:   COMPOSITIONS    LATINES. 

IX.  —   Versions  et  Thèmes  latins. 

Pages. 

Versions  et  exercices  (San  Francisco i 376 

Examen  de  latin  i Cleveland  i 378 

Autre  examen  iCieveland i 379 

Examen  écrit  (  Washington  i 380 

r.rcc  I Shelbyvillei 380 

X.  —  Traduction  libre. 

Le  i"  livre  de  ÏEnéide  de  Virgile,  traduit   en  forme  de  drame 

anglais,  en  trois  actes  (Newburyport) 381 

XI.  —  Compositions  françaises. 

Phrases  traduites  en  français  (Cincinnatij 394 

Exercices  français  (Cincinnati) 395 

Thèmes  français  (4^  année) .  (Cincinnati). . 395 

Composition  en  français  :  Joséphine.  iKirkwoodj 396 

5^  SECTION  :  COMPOSITIONS  SCIENTIFIQUES. 

XII.  —  Mathématiques. 

Algèbre  fWashingtonj 397 

Algèbre  (Washington ) 398 

Trigonométrie  (Californie; 399 

Astronomie  (Boston) 399 

XIII.  —  Sciences  physiques. 

Physique  (Cleveland  i 401 

Physique  (Californiej 403 

Solides  et  fluides  (Californie) 403 

Examen  de  physique  (Ballimorej 404 

Chimie  (Californie)    407 

Chimie  (Baltimore)   408 

Ciiimie  '3^  annéej .  (Cleveland) 411 

XIV.  —  Sciences  naturelles. 

Biologie  (  Milwaukec) 414 

Physidogie  (Corryj.'. 418 

Analyse  botanique  (La  Fayettej 423 

Céologie  (Californie) l'ii 


508  TABLE    DES    MATIÈRES. 

XV.  —  Dessin. 

Pages. 

Dessin  (l'archilecture  avec  figures 124 

Q  U  A  T  R  I  K  M  E    I'  A  1\  T  I  E 

\oriiial   ^cliools. 

La  lliblc  dans  les  écoles  publiques i'il 

La  IJible  dans  les  écoles  publiques  (Bloomsburgb; i^U 

Les  femmes  doivent^ellcs  être  admises  dans  nos  collèges?  (Mil- 

lersville) i3a 

Le  centenaire  de  l'éducation  (Milwaukee) 4 iO 

Histoire  de  l'éducation  (Milwaukee) il'i 

Philosophie  de  l'éducation  (Cincimiati) iôl 

Principes  élémentaires  d'éducation  (Upsilanti* 153 

De  la  discipline  ou  du  gouvernement  de  l'école  f.Mihvaukeej. . .  45G 

Philosophie  mentale  (Cincinnati) 40:2 

Des  punitions  (Dayton i 1(33 

Leçons  de  choses  (questions  (roxaiuen)  (Milwaukeci 465 

Leçons  de  choses  (Millersvillc) 171 

Leçons  de  lieu  (Indianapolis)-. 478 

De  l'enseignement  de  la  lecture  (Indianapolis) 483 

De  l'enseignement  de  la  gi-ammairc  (Upsilanti) 480 

Rajiports  faits  par  les  élèves  de  l'école  normale  après  leurs  visites 

dans  les  classes  de  l'école  primaire  annexe  (Indianapolis)...  48';) 

31obilier  de  l'école  (Dayton) 191 

Do  l'enseignement  du  dessin  (Milwaukee) 493 

L'exercice  (Upsilanti) 495 


FIN     LE    I.A    ÏADI.K     l)  K  S    MATIERES. 


i=*r'..<5.  —  nipnnihiur,  de   e.  martinet,  nue  mignon,  2 


^^ 


f^7c;  nnû70 


B932D 
,^.^,    Buisson     ,   oxiers 

recueilles  a  1  ^^P 
de  îbiladelP^^^ 


americai-ns, 


375.00973 

B932D 
Buisson 

Devoirs  d'écoliers  américains, 
recueillis  a  l'Exposition 
de  Philadelphie 


7^>»^