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Full text of "Dictionnaire d'argot fin-de-siècle"

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^ 


DICTIONNAIRE    D'ARGOT 

FIN-DE-SIÈCLE 


DU  MEME  AUTEUR 


PARIS-DOCUMENTAIRE 


VOLUMES  PARUS 


1. 

II. 
III. 
IV. 

V. 
VI. 


Paris-oublié. 

Paris-qui-s'efface. 

Paris  Canard. 

Paris-Palette. 

Paris-Impur. 

Paris-Cocu. 


VII. 
VIII. 

IX. 
X. 

XI. 


Paris-Police. 

Paris-Escarpe. 

Paris-Boursicotier. 

Paris-Galant. 

Paris-Médaillé. 


XII.  Paris-Croque-Mort. 


VOLUMES  A  PARAITRE 


Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 
Paris 


la-Nuil. 

Ambulant. 

Dompteur. 

M  as  troque  t. 

Brasserie. 

Bastringue. 

Cabotin. 

Palais. 

Brocanteur, 

Gargantua. 

■Canotier. 

Tripot. 

à-Table. 

Mendigo. 


Paris-Prison. 

Paris-Escrime. 

Paris-qui-s'éveille. 

Paris-Toqué. 

Paris-Musicien. 

Paris-Huissier. 

Paris-Etudiant. 

Paris-Domestique. 

Paris-Gavroche. 

Paris-Borgia. 

Paris-Badaud. 

Paris-Cafard. 

Paris-Portière. 

Paris-Bourgeois. 


VOLUMES  DIVERS  EPUISES 


La  Commune  de  Paris, 
1870-1871. 

Les  Maisons  comi- 
ques. 

Mémoires  secrets  de 
Troppmann. 


Les  Virtuoses  du  Trottoir. 
Les  Curiosités  de    Paris. 
Les  Sauterelles  rouges. 
Ces     Dames     du     grand 

monde. 
Les  Jeux  et  les  Joueurs. 


A    Fniiicisqne   SARCEY 


HOMMAGE   RESPECTUEUX 


Ch.  virmaitre. 


DICTIONNAIRE 
d'Argot 


FlH-lDE-SI]Èel:iE 


PAR 


Charles  VIRMAITRE 


PARIS 
A.     CHARLES,     LIBRAIRE 

8,    RUE   MONSIEUR-LE-PRI\CE,    8 
1894 


^ln^\  FRANCISQUE  SARCEY 


,       ,  A   MON   CHER   ET   HONORE  CONFRERE 


Permettez— moi  de  vous  prier  d'accepter  l'hom- 
mage de  ce  volume.  Je  suis  persuadé  que  le  nom  du 
maître  critique  lui  portera  bonheur. 

J'ai  essayé  de  faire  juste,  sans,  comme  mes  devan- 
ciers^ écarter  volontairement  des  termes  risqués. 

Je  les  ai  écrits  comme  ils  sont  employés  dans  les 
milieux  auxquels  je  les  e?nprunte. 

Pour  écrire  mes  précédents  ouvrages  ^j' ai  dû  vivre 
dans  ces  milieux,  depuis  l'atelier  jusquaux  bouges 
les  plus  infects,  inconnus  des  chercheurs^  et  oîi^  d'ail- 
leurs, nul  n'oserait  s' aventurer  sans  danger. 

C'est  donc  un  Dictionnaire  vécti,  étudié  sur  le  vif 
S'il  n'est  pas  aussi  savant  que  ceux  de  MM.  Jean 
Rigaud,  Alfred  Delvau  et  Lorédan  Larchey,  il  a  au 
moins  le  mérite  de  n'être  pas  fantaisiste  ;  il  n'est 
pas  l'écho  atténué  par  une  pudibonderie  par  trop 
Bérengeriste  des  expressions  en  usage  depuis  des 
siècles. 

Des  dames  à  un  certain  bal  célèbre,  mirent  leur 
chemise  au  vestiaire,  j'ai  fait  comme  elles,  ce  sera 
moins  beau  sûrement,  mais  c'est  aussi  nature. 

TO  BE  OR  MOT  TO  BE 

Veuillez  agréer,  mon  cher  Maître,  mes  remercie- 
ment s  ^etJL£x^r  es  sion  de  mes  sentiments  de  confrater  - 

nité.'\^Vi  /^  n  ^t^^x 

■'      '   -f        >,  CH.    VIRMAITRE. 


Moti  cher  Confrère^ 

Vous  ni'ûve^  fait  grand  plaisir  en  vous 
souvenant  du  goût  que  fai  toujours  mon- 
tré pour  les  études  de  linguistique.  J\j' me 
les  locutions  d'argot^  dont  beaucoup  sont 
très  pittoresques  ;  au  lieu  de  les  proscrire 
toutes,  comme  font  les  dégoûtés,  nous  de- 
vrions avoir  à  cœur  de  choisir  les  plus 
expressives  et  de  les  introduire  dans  la  con- 
versation de  la  bonne  compagnie,  d^oii  elles 
passeraient  dans  le  Dictionnaire  de  V Aca- 
démie, qui  leur  donnerait  ainsi  leurs  lettres 
de  naturalisation. 
Je  vous  remercie  et  vous  serre  la  main. 

FRANCISQUE  SARCEY. 


PRÉFACE 


Avant  que  les  bonnes  feuilles  de  ce  Diction- 
naire ne  me  tombassent  sous  les  yeux,  je  ne 
connaissais  guère,  je  dois  le  dire  à  ma  honte, 
que  Targot  de  Métcnier  et  celui  de  Bruant. Je 
dois  confesser  que  mon  éducation  était  in- 
complète. Et  comme  je  crois  que  beaucoup 
sont  dans  mon  cas,  il  est  de  toute  évidence 
que  ce  Dictionnaire  est  destiné  à  rendre  les 
plus  grands  services  aux  femmes  du  monde 
qui  vont,  au  cabaret  du  Mirliton,  quérir  des 
émotions  un  peu  faisandées,  et  qui  en  revien- 
nent mélancolieuses,  oh  !  combien  !  et  le 
cœur  tout  en  pantenne,  les  pauvres  chères  ! 
de  ce  qu'elles  n'ont  pas  goûté,  n'ayant  pas 
compris,  toute  la  boue  dont,  à  leur  passage 

II 


DICTIONNAIRE   D  ARGOT 


dans  son  bouge,  les  éclaboussa  l'habile  cabot- 
limonadier. 


Quel  beau  livre,  quel  livre  puissant,  de 
quel  haut  intérêt,  et  de  quelle  portée  morale, 
philosophique  et  sociale,  il  y  aurait  à  écrire 
sur  l'argot  !  Quels  coins  de  voile  il  soulève 
sur  ce  monde  mystérieux,  inconnu,  inquié- 
tant, si  loin  de  notre  société  bourgeoise,  sur 
ce  monde  du  crime,  où  le  vol  et  l'assassinat 
portent  cyniquement  le  même  nom  que  la 
retape  de  la  fdlasse  :  le  turbin  î  Le  turbin 
c'est-à-dire  le  Travail  !  !  ! 

Ah  !  nos  lois  !  nos  règlements  !  nos  conven- 
tions !  Ah  !  nos  morales!  nos  vertus  !  nos  de- 
voirs !  Ah  !  nos  Godes,  nos  gendarmes  î  A 
quels  antipodes  î 

Il  y  a  dans  l'argot  l'histoire  de  tout  uft 
monde,  il  y  a  la  psychique  de  tout  un  peuple 
qui  pense,  croit  et  agit  tout  contradictoire- 
ment  à  nous,  de  même  qu'il  parle  une  autre 
langue  que  nous,  une  langue  difficile  à  saisir. 


PREFACE  XI 


en  dépit  de  tous  les  dictionnaires,  parce  que 
sa  mobilité  est  en  raison  directe  des  efYorts 
faits  par  les  profanes  pour  la  pénétrer. 

Je  n'ai  ni  le  temps,  ni  l'autorité  qu'il  siérait 
pour  essayer  d'écrire,  en  tête  de  ce  livre,  le 
(Commentaire  qu'il  faudrait.  Je  ne  veux,  je  ne 
puis  que  tenter  quelques  considérations  sur 
ce  qu'est  l'argot,  au  point  de  vue  philolo- 
gique, et  sur  la  manière  dont  se  forme  et  se 
déforme,  encore  aujourd'hui,  ou  plutôt  se 
transforme  en  se  déformant  ce  vocabulaire 
d'une  richesse  si  colorée  et  si  sapidement  et 
intensément  pittoresque. 


Les  dictionnaires  d'argot,  publiés  jusqu'à 
présent,  n'ont  pas  assez,  me  semble-t-il,  in- 
sisté sur  les  modes  de  recrutement  et  de 
transformation  des  vocables  argotiques.  Or, 
précisément,  ce  côté  philologique  m'a  tout 
de  suite  paru,  à  moi,  profane,  comporter  un 
intérêt  de  premier  ordre.  Je  sais  bien  qu'il 
faudrait  tout  un  livre  pour  écrire,  expliquer 
et  commenter  la  longue  et  si  accidentée  bis- 


XII  DICTIONNAIRE   D'ARGOT 

toire  philologique  de  l'argot,  dont  les  com- 
pétents font  remonter  les  origines  jusqu'au 
xn^  siècle. 

Toutefois,  à  défaut  de  cette  étude  savante 
il  y  a  tout  au  moins  à  donner  la  formule  de 
la  mobilité  de  cette  langue,  qui,  à  dix  ans 
de  distance,  devient  presque  méconnaissable 
et  quasi  incompréhensible  pour  qui  n'en  suit 
pas  les  évolutions  et  n'en  connaît  pas  le 
mécanisme. 

L'argot  est  un  langage  artificiel,  un  voca- 
bulaire de  convention. 

Riche  d'un  fond  de  vieux  mots  français, 
latins,  ou  d'importation  étrangère  (par  le  fait, 
par  exemple,  des  guerres),  rargot,je  le  répète, 
est  une  langue  essentiellement  bougeante  et 
fugace. 

Cette  mobilité  est  obtenue  par  divers  prin- 
cipaux procédés,  tels  que  :  déformation  de 
mots  existants,  substitution  de  mots,  apport 
de  suffixes  divers. 

Le  procédé  de  déformation  le  plus  curieux 
est    celui  qui  consiste  à  remplacer  la  pre- 


PREFACE  XIII 


mière  lettre  d'un  mot  par  la  lettre  /,  à  la  re- 
jeter à  la  fin  du  mot,  et  à  terminer  le  mot 
par  un  suffixe,  comme  oqiiCj  iqiie,  ème,  onche, 
iichc. 

C'est  ainsi  que  le  mot  «  fou  ^)  a  produit  loufo- 
que. Uf  de  fou,  remplacée  par  un  /  et  pas- 
sant à  la  fin  du  mot,  a  formé  louf  radical 
auquel  est  venu  s'ajouter  le  suffixe  oque,  soit 
loufoque.  C'est  pareillement  que  linvé  vient 
de  viugt,  le  z^  remplacé  par  1'/,  est  passé  à 
la  fin  du  mot,  et  le  /  est  disparu  euphonique- 
incnt. 

Quelquefois  le  suffixe  s'intercale  dans  le 
mot.  Caler,  mourir,  devient  calancher,  par 
l'addition  du  suffixe  anche,  qui  est  un  suf- 
fixe courant  en  argot,  comme  ique  et  oque. 
Exemple:  l)outique,  x[ui  fait  boutoqueel  bou- 
ianche. 

Un  autre  suffixe,  qu'on  retrouve  un  peu 
partout,  est  la  syllable(/w//ï.  Roux  —  rouquin. 
Lance,  eau,  fait  lancequine  et  lancequiner 
pleuvoir. 

Le  suffixe  go  entre  dans  la  composition  de 
l)eaucoup  de  mots  :  icigo  pour  ici,  remplaçant 


XIV  DICTIONNAIRE    D  ARGOT 

icicaille  qui   est  très  vieux  ;  sergot^  mendi- 
got,  etc. 

L'argot  s'enrichit  de  mots  nouveaux  par  la 
méthode  des  synonymes  et  par  métaphores. 
C'est  à  dire,  à  plus  exactement  parler,  que 
les  choses  et  les  gens  sont  désignés  par  une 
de  leurs  propriétés,  une  de  leurs  fonctions, 
la  plus  saillante:  une  montre  devient  une 
toquante,  parce  qu'elle  fait  toc,  toc  ;  un  juge 
s'appelle  un  endormi,  un  avocat  un  bavard  ; 
l'avocat  général  V avocat  bêcheur ,  une  corde 
ligottante. 

Les  dérivations  par  synonymes,  donnent 
parfois  des  résultats  qui  déconcertent  de 
prime  abord.  Comment  expliquer  que  taupe, 
femme,  vient  de  marmite,  qui  désigne  égale- 
ment la  femme.  C'est  que  marmite,  par  subs- 
titution de  finale  est  devenue  marmotte,  et 
que  marmotte,  ayant  éveillé  l'idée  d'animal 
qui  dort  sous  terre,  est  un  terme  cousin 
germain  de  taupe. 

Une  des  conséquences  à  laquelle,  par  ce 
procédé,  on  arrive  vite,  est  le  calembourg. 


PREFACE  XV 


I/argot  y  a  aussi  recours  pour  se  mo- 
difier. C'est  ainsi  que  ^^ini-Esprit  devient 
Sdinie-Essence,  le  portier  cloporte,  les  la- 
trines le  numéro  100. 

Suivant  cet  ordre  d'idée,  l'expression  pas- 
sera tabac,  doit  venir  logiquement  de  r/ïzV/z/^' 
qui  en  argot  signifie  l)attre]  chiquer  ùxeiW'dni 
tout  naturellement  l'idée  de  tabac. 


N'y  aurait-il  pas  tout  un  chapitre  à  écrire 
sur  la  poésie  de  certaines  expressions,  telle 
que  hlanchetle  qui  veut  dire  hiver,  telle  que 
hrouillotte  qui  signifie  la  nuit?  Et  sur  l'esprit 
de  certaines  locutions  imagées?  Coucher  sur 
la  plume  de  Beauce,  n'est-ce  pas  joli  pour 
dire  m  coucher  sur  de  la  paille  »  !  Quand  la 
fille  qui  fait  la  retape  rechasse  les  passants 
(les  reluque  si  vous  voulez)  pour  les  allumer, 
on  dit  qu'elle  distribue   son  prospectus. 

Et  combien  d'autres  ? 


Ce  Dictionnaire  vient  à  son  heure,    il   est 
expression   exacte    de   la    langue    actuelle 


XVI  DICTIONNAIRE  D  ARGOT 

qu'on  parle  couramment  dans  les  bouges.  Il 
émane  de  la  plume  d'un  qui  a  beaucoup 
retenu,  après  avoir  beaucoup  vu.  Virmaitre 
est  plus  qu'un  écrivain  documentaire,  c'est  le 
Document  lui  même.  Il  est  le  seul  homme  de 
Paris  qui  a  été  partout,  là  même,  là  surtout, 
où  la  police,  éventée  à  distance,  n'entre  pas. 
Il  a  rapporté  de  cette  ballade  de  touriste 
dans  le  tréfond  de  Paris,  tout  une  œuvre 
d'un  arôme  spécial.  Que  si  ces  clichés  pho- 
tographiques effarouchent  quelques  pudeurs, 
au  moins  ont-ils  pour  eux  d'être  d'une  exac- 
titude absolue,  puisqu'ils  ont  été  pris  sur 
le  vif. 

Ce  Dictionnaire  d  Argot  fin-desiède,  en 
dépit,  et  peut-être  à  cause,  du  cynisme  de 
certains  vocables,  et  du  pittoresque  violent 
de  certaines  locutions,  n'est  pas  le  moins 
curieux  morceau  de  sa  collection. 

Léo  Trézenik. 


I 


EXPLICATIONS 


Il  est  inutile  de  chercher  les  origines  de  l'argot, 
car  tous  les  auteurs  qui  ont  essayé  de  les  décou- 
vrir sont  en  parfait  désaccord. 

D'ailleurs,  où  commence  l'argot,  où  finit-il? 

Chaque  jour  ce  langage  se  forme,  se  déforme 
<'l  se  transforme. 

Ce  qu'il  faut  reconnaître  et  simplement  consta- 
ter, c'est  qu'il  est  des  plus  anciens.  Il  existe  depuis 
la  création  des  associations  de  filous,  de  voleurs 
et  de  mendiants  ;  ils  avaient  en  effet  besoin  d'un 
langage  conventionnel  pour  se  comprendre  entre 
<Mix,  sans  que  le  vulgaire  non  initié  pût  saisir  le 
véritable  sens  de  leurs  conversations. 


Le  moi  Argot  dérive-t-il  du  grec  Argos,  d'Argus 
emblème  de  la  vigilance  ;  de  la  vieille  expression 


XVIII  DICTIONNAIRE   D'ARGOT 

Narqiiot     (mendiant),    de     Ragot,     truand     du 
XYi"  siècle,  du  mot  Argu,  finesse,  etc.,  etc? 

Gela  importe  peu.  Ce  qu'il  faut  considérer  c'est 
que  l'usage  de  l'argot  est  passé  dans  nos  mœurs, 
dans  toutes  les  classes  de  la  société  ;  on  en  retrouve 
des  expressions  dans  la  langue  courante. 

Nous  avons  l'argot  des  voleurs,  des  soiiieneiirs . 
des  filles  de  la  rue  et  du  demi-monde,  des  ateliers, 
des  bouchers,  des  coulisses,  An  peuple,  des  trou- 
piers, des  bohèmes,  des  gens  de  lettres,  des  saltim- 
banques, des  Joueurs,  des  boursiers,  des  typogra- 
phes, des  bourgeois,  des  musiciens^  des  mendiants, 
etc..  etc. 

Si  les  expressions  employées  dans  ces  divers 
milieux  diffèrent  sensiblement  comme  étymologie 
et  comme  sens,  tout  en  signifiant  la  môme  chose, 
c'est  que  cette  langue  est  très  riche  ;  elle  est  si 
riche  que  pour  exprimer  le  mot  tête,  par  exemple, 
il  existe  plus  de  vingt  vocables  :  Trogne,  caboche., 
bobine,  fiole,  caillou,  bouillotte,  cafetière,  coiia- 
che,  poire,    hure,  sorbonne,  olive,  nord,  baptême,    ■ 

trompette,  globe,  binette,  cabéche,  etc..  etc. 

i 

*   *  ; 

L'étude  de  l'argot  a  tenté  de  grands  écrivains,    ■ 


EXPLICATIONS  XIX 


mais  ils  n'ont  pu  réussir  à  pénétrer  dans  les  pro- 
fondeurs de  ce  mystérieux  langage. 

Vidocq,  le  célèbre  voleur,  fut,  dans  notre  siècle, 
lo  premier  initiateur  populaire  de  l'argot  ;  il  était 
placé  pour  cela,  il  avait  vécu  dans  le  monde  des 
prisons,  au  bagne,  à  la  Force,  et  pendant  qu'il  fut 
chef  de  la  sûreté,  il  vit  défder  devant  lui  tous  les 
<liefs  de  bandes  célèbres. 

Après  lui  sont  venus  MM.  Alfred  Delvau,  Jean 
Uioraud  et  Loredan  Larchev. 

.le  ne  parle  pas  des  auteurs  qui  n'ont  fait  qu'em- 
prunter les  expressions  de  nos  devanciers,  en 
commettant  de  grossières  erreurs  sur  le  sens  et  la 
A  aleur  des  mots,  erreurs  qui  prouvent  qu'ils  n'ont 
rien  pris  sur  le  vif,  et  qu'ils  se  sont  contentés  d'em- 
l)loyer  les  mots  tels  qu'ils  les  avaient  entendus. 

Ainsi,   l'un    d'eux    dit    cadelle    pour    cadenne 

•haîne);  />roff/e/' (manger),  ipouv  prou  ter  (colère), 
r/est  à  l'infini. 


Au  XVI'"  siècle,  l'argot  avait  pris  une  telle  exten- 
sion que  l'on  songea  à  modifier  ce  langage  et  à 
I  unifier.  Ce  travail  fut  confié  aux  arcin-suppofs, 
litre  que  prenaient  les  ca^owx,  principaux  officiers 
du  roi  des  Truands. 

Voici  ce  que  dit  à  ce   sujet  Ollivier   Chereau  ; 


XX  DICTIONNAIRE  D  ARGOT 

«  ...  En   un  mot,  ce  sont  les  plus  scavants,  les 

«  plus  habiles  marpauts  de  toiitime  V argot ^  qui 

«  sont  des  escoliers  desbauchez  et  quelques  rati- 

«  chons  de  ces  coureurs  qui  enseignent  le  jargon 

«  a  rouscailler   bigorne   qui  ostent,  retranchent, 

«  réforment  l'arg-ot,  ainsi  qu'ils  veulent,   et  ont 

«  ainsi  une  puissance  de  triicher  sur  le  loutime 

«  sans  ficher  floutière.  » 


La  méthode  suivie  par  mes  devanciers  a  ceci  de 
particulier  :  c'est  qu'ils  se  sont  évertués  à  aitribuer 
à  telles  ou  telles  personnalités  la  paternité  des 
expressions  nouvelles.  Gela  n'est  pas  juste,  car 
l'argot  ne  s'étudie  pas  dans  les  livres,  il  s'étudie 
dans  les  rues,  dans  les  ateliers,  dans  les  bouges, 
en  un  mot  dans  tous  les  mondes  où  il  est  la  langue 
usuelle. 


C'est  le  peuple  qui  est  le  véritable  créateur  de 
la  langue  verte ,  c'est  lui  qui  trouve  chaque  jour 
des  mots  nouveaux  pour  exprimer  sa  pensée  ;  ce 
qu'il  recherche  avant  tout,  c'est  la  figure  qui 
frappe,  l'image  qui  détermine  l'objet  ou  la  chose 
qii'il  veut  désigner,  voilà  la  raison  pour  laquelle 
l'argot  est  si  pittoresque,  ne  repose  sur  aucune 


EXPLICATIONS  XXI 


règle  fixe  et  n'appartient  à  personne  parce  qu'il 
apparlienl  à  tous,  à  la  masse. 


Dans  un  atelier,  deux  ouvriers  causent,  l'un  dit 
à  l'autre  : 

—  Tu  ne  finiras  pas  ton  travail? 
L'autre  lui  répond  : 

-  Non,  c'est  que  je  tousse. 

L'apprenti  (pii  a  entendu  dans  les  faubourgs 
dire  d'un  homme  i[\ùj)cle  :  «  Il  est  enrhumé  »  trans- 
forme l'expression  ;  au  lieu  de  dire  :  cest  que  je 
tousse,  il  dit  :  cest  que  je  pète. 

Les  deux  expressions  restent,  la  dernière  com- 
plète la  première,  et  toutes  deux  sont  dans  la 
circulation  pour  exprimer  la  môme  pensée. 

A  qui  appartiennent-elles?  à  tout  le  monde. 

Qu'importe  au  peuple  que  les  étymologistes  se 
torturent  la  cervelle  pour  prouver  que  gogo  vient 
de  gaudium  et  baragouiner  du  Bas- Breton  ? 

Pour  lui  gogo  est  un  imbécile,  voilà  tout. 


Dans  ce  Dictionnaire  cFArgot  ]dii  procédé  d'une 
toute  autre  manière  que  mes  prédécesseurs  ;  je 
ne  cite  personne,  parce  que,  je  le  répète,  c'est  le 


XXII  DICTIONNAIRE  D'ARGOT 

peuple  qui  est  l'auteur  de  tous  les  mots  d'argot 
en  usage. 

Depuis  dix  ans  que  je  travaille  à  ce  Dictionnaire, 
j'en  ai  étudié  les  expressions  sur  le  vif,  dans  \v< 
prisons,  dans  les  ateliers,  dans  les  bas-fonds,  dans 
le  monde  des  filles  de  la  rue  et  des  filles  de  la  haute, 
et  ailleurs;  j'ai  acquis  la  certitude  qu'attribuera 
quelqu'un  telles  ou  telles  expressions  c'est  con- 
traire à  la  vérité.  Je  me  contente  d'indiquer  à  la 
suite  de  chaque  mot  à  quel  argot  il  est  emprunte 
et  dans  quel  milieu  il  est  en  usage. 


Certainement,  j'ai  employé  des  expressions  bru- 
tales, grossières,  mais  je  n'en  suis  pas  cause  ;  pour 
être  un  photographe  fidèle,  je  ne  devais  pas  tour- 
ner autour  du  pot,  je  ne  devais  pas  hésiter  à  sou 
lever  le  couvercle. 
C'est  ce  que  j'ai  fait. 

Le  parfum  du  fricot  ne  sera  peut-être  pas  du 
goût  de  tout  le  monde,  je  le  regrette;  il  y  en  a  qui 
aiment  l'odeur  de  la  peau  d'Espagne  et  d'autres 
qui  lui  préfèrent  celle  du  vidangeur. 

Toutes  deux  sont  aussi  bonnes  l'une  que  l'autre, 
la  peau  d'Espagne  a  fait  la  fortune  du  parfumeur, 
et  la  merde  celle  du  vidangeur. 


EXPLICATIONS  XXIII 


D'ailleurs,  une  expression  n'est  grossière  que 
lorsqu'elle  est  voulue  ;  quand  elle  employée  pour 
déterminer  un  objet,  un  fait,  un  individu  elle  perd 
sa  grossièreté  pour  passer  à  l'état  d'image,  et 
dans  cinquante  ans  ce  qui  paraît  brutal  aujour- 
dluii  paraîtra  sûrement  anodin. 
♦ 

Si,  à  l'époque  où  l'on  poursuivait  3/ac/ame^oi'ar// 
on  nous  avait  dit  qu'en  1894,  l'Académie  fran- 
(jaise  accorderait  quatorze  voix  à  l'auteur  de  Ger- 
minal, de  Xana  et  de  V Assommoir,  on  aurait 
conspué  l'audacieux  prophète. 

V  tout  il  faut  s'attendre  pour  ne  s'étonner  de  rien. 

Je  remercie  mes  collaborateurs  du  concours 
([uils  ont  bien  voulu  me  prôter  pour  accomplir  ce 
travail  ;  pour  être  conséquent  avec  mon  système,, 
je  n'eu  nomme  aucun,  car  il  en  est  qui  ne\ou- 
draient  pas  voir  figurer  leurs  noms  à  côté  de  ceux 
de  Gamahut,  d'Abadie  et  d'autres  célèbres  vo- 
leurs et  assassins  qui  ont  été  pour  moi  des  lexico- 
graphes. 

Cil.  VmMAITRE. 


NOUVEAU 
Dictionnaire    d'Argot 

SIGNES     ABRÉVIATIFS 

l.ci<  noms  suivis  des  mitiulcs  L  L  .lunueiit,  les  oxplicaliuns  do 
M.  Lorédan  Larchey  ;  A  i)  celles  de  M.  Alfred  Delvau. 

Les  erreurs  des  autres  auteurs  cités  par  ces  messieurs  ne  va- 
lant pas  la  peine  d'être  relevées,  je  les  passe  sous  silence. 

Toutes  les  expressions  nouvelles,  ou  celles  l\  qui  j'ai  restitué 
leur  véritable  sens  sont  suivies  de  lu  lettre  N. 


ABATTUE  :  Faire  des  dettes, 
L.L. 

Abattre  veut  dire  faire  beau- 
eoup  d'ouvrage.  —  C'est 
un  ouvrier  habile,  il  en  abat 
en  un  jour  plus  que  ses  coni- 
|Kignoi)s  en  une  semaine 
Argot  du  peuple). 

ABATTAGE  :  (En  recevoir  un) 
être  grondé  à  en  être 
abattu.  Equivalent  à  rece- 
voir ur.  gras,  un  suif,  en  un 
"lot,  à  être  enlecé  (Argot 
du  peuple).  X. 

ABATTAGE  :  (en    avoir)  être 

grand,  fort,   d'une  taille  à 

l'uniner.  —  Il  a  de  Vabat- 

'fje,  il  peut   frapper   lort 

Argot  du  peuple).  JSf. 


ABADIS    ou    ABADIE  :   V. 

Trépe. 

ABAT-RELUrr  :  Cette  ex- 
pression désigne  la  visière 
placée  sur  la  casquette  des 
vieillards  ou  des  gens 
lai  blés  de  la  vue  pour  adou- 
cir l'intensité  de  la  lumière 
(Argot  des  voleurs]. 

ABATIS  :  Les  pieds  ou  les 
mains. 

Dans  le  peuple,  oYi  dit  d'un 
individu  mal  conformé  :  11 
a  des  abatis  canailles,  ou 
encore  il  a  des  abatis  à  la 
manque. 

Quand  deux  hommes  se 
battent,  la  Ibule  dit  du  plus 


ABE 


ABH 


faible  :    il  peut  numéroter 

ses  ahatis  (Argot  du  peuple) . 

ABATTOIR  :  Lieu  où  l'on 
ahat  les  animaux  ;  les 
prisonniers  ont  donné  ce 
nom  au  cachot. des  condam- 
nés à  mort  (Argot  des 
voleurs) . 

ABBAYE  DE  S'OFFRE- 
A-TOUS  :  V.  Bocard. 

ABBAYE  DE  MONTE-A- 
REGRET  :  La  guillotine. 

L'expression  peut  se  pas- 
ser d'explications  :  ceux  qui 
y  montent  le  font  sûrement 
à  regret  (Argot  des  voleurs). 

ABBAYE  DE  CINQ  PIER- 
RES :  Les  cinq  dalles  de 
granit  placées  devant  la  Ro- 
quette, sur  lesquelles  on 
monte  l'échafaud . 

Lacenaire  dédia  ces  stro- 
phes à  ces  cinq  dalles  : 

Oh!  je  vous  connais  bien,  dalles 
[qui  faites  place 
Aux  quatre  jîieds  de  l'échafaud. 
Dalles  de  pierres  blanches  ou 
[ne  reste  plus  trace 
Du  sang  versé  par  le  bourreau. 

ABBAYE      RUFFIANTE     : 

Four  chaud,  dans  lequel 
les  vêlements  des  prison- 
ni(  rs  sont  passés  au  soufr  > 
pour    détruire   la    vermine 

(Argot  des  voleurs) . 

J  ABÉQUELSE     :      Maîtresse 


d'hôtel      ou      nourrice      : 
elles  donnent  la  becquée. 

Cette  expression  s'appli- 
que depuis  peu  uux  voleuses 
qui  dévalisent  les  magasins 
de  nouveautés  en  se  servant 
d'un  enfant. 

Ce  vol  nécessite  trois 
personnages  :  la  mère,  la 
nourrice  et  le  momignard. 

Tous  trois  entrent  dans 
un  magasin.  La  mère  se  fait 
montrer  les  étoffes.  Elle 
détourne  l'attention  du  com- 
mis par  un  manège  quel- 
«;onque.  Profilant  de  ce  mo- 
ment, elle  fait  tomber  à 
terre  une  pièce  d'étofl»?.  La 
nourrice  se  baisse,  connue 
pour  y  déposer  l'enfant  un 
instant,  et  cache  preste- 
ment l'objet  sous  la  pelisse 
du  petit.  Aussitôt  elle  le 
pince  fortement.  L'enfant 
crie  comme  un  possédé. 
Elle  Jiiit  semblant  d'essayer 
de  le  calmer,  mais  elle  le 
pince  encore  plus  fort.  Ses 
cris  redoublent.  Alors  la 
mère  témoigne  ime  impa- 
tience très  vive. 

—  Te  tairas-tu,  lui  dit- 
elle  ;  allez-vous  en,  nour- 
rice. Nous  reviendrons  une 
autre  fois. 

Leur  manière  d'opérer 
se  nomme  le  vol  à  la  nour- 
rice (Argot  des  voleurs) .  A''. 

ABBESSE  :  Maîtresse  d'une 

maison  de  tolérance. 

Allusion   aux    filles    qui 


AHO 


ACC 


xoiilcloîlivesc(»nmi«Mlaiisuu 
couvent  (Ai'got  du  peuple). 

AlîKTl  :  Lourd,  pâteux,  nou- 
clialaiit. 

iMot  à  mot  :  abruti  par 
des  pratiques  personnelles 
ou  de  naissanec  (Ar^ol  du 
peui)le).  X. 

AIÎLOQUKK:  Aclielerenlas, 
en  bloc. 

Les  brocanteurs  bloquent 
un  tas  de  marchandises  les 
plus  disparates  (Argot  des 
camelots).  V.  recidage. 

AliOXNÉ  AU  GIIGXON  : 
Déveine  persistante,  qu'au- 
»uu  ell'ort  ne  peut  con- 
jiu-er. 

On  dit  aussi  :  «  11  a  si 
}>eu  de  chance  (pi'il  se  noie- 
rait dans  un  crachat  (Ar- 
got du  peuple). 

AHOULEU  :  Se  dit  dans  le 
peuple  d'un  récalcitrant  qui 
ne  veut  pas  payer  «-ffôow/^r 
la  monnaie. 

—  Aboulez  donc,  mon 
vieux,  fimt  y  passer. 

On  dit  aussi  à  quelqu'un 
qui  attend  :  Un  peu  de  pa- 
tience, il  va  abouler  (Ar- 
got du  peuple). 

AROYEUR  :  Nom  donné  dans 
les  prisons  à  l'auxiliaire 
chargé  d'appeler  les  détenus 
à  voix  haute  pour  le  greflé 
ou  pour  l'instruction. 

Ce  nom  est  également 
donné  aux  crieurs  qui,  dans 
les  ventes  publiques,  a5of(?«^ 


la  mise  à  prix  des  objets  à 
adjuger  (Argot  des  voleurs). 

ABUEUVOIIl  :  La  boutique 
du  marchand  de  vins  où  les 
ouvriers  ont  l'habitude  cha- 
que matin  de  boire  la  goutte. 
Quand  la  station  a  été 
trop  prolongée,  que  l'homme 
rentre  au  logis  éméchéà'A\\'& 
les  grandes  largeurs,  la  mé- 
nagère lui  dit  d'un  ton  ro- 
gne :  As-tu  assez  abreucé 
ton  cochon  ?  (Argot  du  peu- 
pie). 

ACCAGNAfiDIR  (s'j  :  Être 
indolent  qui  s'amuse  à  des 
bagatelles,  qui  piétine  sur 
place  et  dormirait,  comme 
dit  le  proverbe,  le  cul  dans 
la  rivière  par  dix  degrés  au- 
dessous  de  zéro  (Argot  du 
peuple). 

ACCIDEiNTIEK  :  Voleur  qui 
profite  des  accidents,  et 
sait  au  besoin  les  faire 
naître  pour  dévaliser  ceux 
qui  en  sont  les  victimes. 

Le  voleur  s'empresse  au- 
tour du  blessé,  et  pendant 
que  lui  et  un  de  ses  com- 
plices le  portent  chez  le 
pharmacien,  ils  dévalisent 
le  pauvre  diable  en  route. 

Ce  genre  de  vol  est  nou- 
veau (Argot   des    voleurs). 

ACCORDAILLES  :  Syno- 
nyme de  fiançailles  ;  il  y  a 
toutefois  une  légère  nuance  : 
elles  se  font  généralement 


ACH 


AFF 


sans  le  secours  du  maire  ; 
les  conjoints  ne  sont  pas 
liés  [)ar  l'écliarpe  niunici- 
[»ale  (Ai'got  du  peuple).   A^. 

ACCORDEUR  DE  FLUTES  : 

Juge  de  paix  (Argot  du 
peuple).  Y.  Bidon. 

ACCOUCHER  :  Avouer,  par- 
ler. 

Quand  un  prévenu  garde 
un  mutisme  obstiné,  les 
agents  chargés  de  le  «  cui- 
siner »  lui  disent  :  Accou- 
che donc,  puisque  c'est  le 
même  prix  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ACCOUPLÉES  :  Expression 
qui  désigne  dans  un  monde 
spécial  les  habituées  du 
Rat  Mort,  de  la  Souris 
ou  du  Hanneton,  deux 
iennnes  qui  s'aiment  avec 
une  ardente  passion  et  en 
conséquence  détestent  les 
hommes  (Argot  des  filles). 
V   Gougnottes.  A". 

ACCROCHER  SON  PALE- 
TOT :  Yoleur  qui,  chez  le 
juge  d'instruction,  farde 
la  vérité. 

Mol  à  mot  :  Mentir  (Ar- 
got des  voleurs).  A'. 

ACCUREUSE     :     Commode 

(Argot  des  voleurs).  A^. 

ACHETER  QUELQU'UN  :  Se 

moquer,  lui  faire  croire  des 
choses  insensées,  se  payer 
sa  tête. 


Mot  à  mot  :  prendre  un  in  - 
dividu  pour  un  imbécile. 

Acheter  à  la  course. 
voler  en  passant  un  objet 
quelconque  à  un  étalage 
(Argot  du  peuple). 

ACRÉE  ou  ACRIER  ou 
ACRE  :  Méfie-toi,  prends 
garde,  il  y  a  du  pet  (dan- 
ger), voilà  la  rousse  (Argol 
des  voleurs). 

ACTEUR  :  La  tournure  que 
portent  les  femmes  [)our 
faire  bouffer  leur  robe. 

Celle  tournure  est  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  e>t 
au-dessus  du  trou  du  souf- 
fleur (Argot  du  peuple).  X. 

ACTIE  :  Ne  se  prend  pas,  dans 
le  monde  où  ce  mot  est 
employé,  dans  le  sens  à\ic- 
ticité. 

H  veut  dire  que  V actif 
est  l'amant  du  passif  (Ar- 
got des  pédérastes).  V.  Pas- 
sif. 

AFFALER   SON    GRELOT  : 

Se  taire. 

Dans  le  peuple,  on  dit 
d'une  femme  bavarde  (ju'elle 
est  un  moulin  à  paroles. 

Quand  elle  bavarde  trop  , 
bruyamment,    on    lui  con- 
seille de  mettre  du  papier 
dans  sa  sonnette. 

L'image  est  fort  juste,  la 
sonnette  ne  tinte  plus  (Ar- 
got du  peuple).  A^. 

AFFAMÉE  (1')  :  La  bouche. 
Allusion  à  la  k\m\  ou  à 


A  FF 


AFF 


la  l'einme  hystérique  af- 
famée do  baisers  (Ar^ot 
(les  voleurs).  N. 

\FFR  (P)  :  L'àme. 

Son  affe  se  débine. 
Mot  à  mot  :  il  rend  rame 
(Ar^ot  des  voleurs).  N. 

AFKUHriHK  M  H  SES 
ANCUKS  :  Fille  pnl)lique 
([ui  renâcle  sur  le  turbin 
\)onr  faire  tortorer  son 
souteneur. 

Cette  expression  ancienne 
est  fré  juemment  employée, 
car  l'image   est  frappante. 

Affburchée.  i  m  mobile 
comme  le  vaisseau  amarré 
dans  le  port. 

Sur  ses  ancres,  sm*  ses 
Jani'tes. 

Fa  lille  ne  trimarde i^a^^ 
(Argot  des  souteneurs). 

AFFRANCHI  fètre)  :  Ne  rien 
craindre. 

On  dit  dans  le  peuple 
d'une  lille  qui  a  perdu  son 
capital  :  elle  est  affran- 
chie (Argot  du  peuple). 

AFFRANCHIR  :  Exciter  un 
individu  mâle  ou  femelle  an 
vice  ou  au  vol. 

S''affranchir  d'une  tu- 
telle gênante  (Argot  des  vo- 
leurs). 

AFFRANCHIR  :  Châtrer, 
faire  ablation  des  parties 
génitales  h  un  animal  quel- 
confjue. 

Fç  tondeur  de  chiens  est 


Xaffranchisseur  des  chats, 
comme  le  chanoine  Fulhert 
le  fut  pour  Abélard  (Argot 
du  peuple). 

AFFRANCHTSSEUR  :  Vo- 
leur qui  pousse  un  hon- 
nête homme  pressé  par  le 
besoin  à  voler  'Argot  des 
voleurs). 

AFFUR  ou  AFFILE:  Profit, 
bénéfice. 

—  J'ai  mon  fade  d'affure 
(part  de  vol  ou  d'une  opé- 
ration quelconque)  (Argot 
des  voleurs). 

AFFIIRER  :  Tromper,  faire 
un  profit  illicite.  A  I). 

Cette  expression  signifie  : 
gagner. 

L'argent  que  les  croupiers 
étouffent  sur  la  cagnotte, 
les  sous  que  l'enfant  dé- 
tourne d'une  commission  ; 
It^  conducteur  d'omnibus 
qui  oublie  de  sonner  un 
voyageur,  c'est  de  Vaffure 
(Argot  des  voleurs). 

AFFUTER  :  Tromper.  A  D. 

J'ignore  où  il  a  pu  en- 
tendre que  ce  mot  avait 
cette  signification,  il  est 
pourtant  depuis  longtemps 
en  usage  dans  le  monde  des 
ouvriers. 

^y^î^^^r  un  outil, le  passer 
sur  la  meule  pour  le  rendre 
tranchant. 

Quand,  dans  les  ateliers, 
on  embauche  un    ouvrier. 


AID 


AÏM 


il  attend  sa  paye  du  samedi 
ou  de  la  fin  du  mois  pour 
être  affûté^  savoir  ce  qu'il 
gagnera  (Argot  du  peuple). 

N- 

AFFUTER  DP:S  PINCETTES 

(s')  :  Courir,  se  sauver  à 
grande  vitesse  (Argot  des 
voleurs). 

AGENOUILLÉE  :  Fille  du 
demi-monde  et  même  du 
demi-quart  qui  a  des  apti- 
tudes spéciales. 

L'expression  est  suffi- 
samment expliquée  par  la  po- 
sition d'être  agenouillée... 
pas  sur  les  dalles  d'une 
église  pour  prier  le  bon 
Dieu  (Argot  des  filles).  N. 

AGOBILLES:  Outils  employés 
par  les  malfaiteurs  pour 
voler 

Ce  mot  est  très  ancien 
(Argot  des  voleurs). 

AGITA  ou  AGOUA  :  Eau. 

Corruption  du  mot  latin 
aqua  (Argot  des  voleurs). 

AGUALURO  :  Jeter,  bannir. 
On  emploie  celte  expres- 
sion pour  envoyer  promener 
quelqu'un  loin  de  soi  (Argot 
des  voleurs). 

AIDE-MARI  :  L'amant. 

Il  aide  à  la  besogne  con- 
jugale, sans  en  avoir  les 
désagréments. 

On  dit  aussi  Vautre. 

Pour  les  omnibus  traînés 


par  trois  chevaux,  on   dil  : 
ménage  à  trois. 

Allusion  à  ce  qu'ils  tireiit 
les  uns  après  les  autres 
(Argot  du  peuple).  N. 

AIGLE  BLANC  :  Chef  de 
bande  de  voleurs. 

Sans  doute  parce  que 
l'aigle  vole  haut  (Argot  des 
voleurs).  V.  Méqiiard.  N- 

AIGLON  :  Apprenti  voleur 
(Argot  des  voleurs).  N- 

AIGUILLE  :  Fausse  clé  (Ar- 
got des  voleurs). 

AIGUILLEUR  :  Vol  au  moyen 
de  fausses  clés  (Argot  des 
voleurs). 

AILERONS  ou  AILE  :  Bras. 

—  Mademoiselle,  voulez- 
vous  accepter  mon  aile. 

Couvrir  une  femme  d'une 
aile  protectrice. 

—  Prends  mon  aile,  s'y 
te  touche,  je  le  crève  (Ar- 
got du  peuple).  y.Ahatis. 

AIMER  A  CRÉDIT  :  Ê(re 
l'amant  de  cœur  d'une 
femme. 

Ne  la  payer  qu'en  nature. 

De  la  famille  des  maque- 
reaux (Argot  des  filles). 

AIMER  POUR  PEAU  DE 
BALLE  :  Aimer  pour  rien 
Perdre  son  temps  et  sa 
jeunesse,  amour  qui  ne 
rapporte  pas  (Argot  des 
filles).  N. 

AIMER  AU  CHASSE:  Aimer 


ALI 


ALL 


I 


à  l'œil,  l'aire  une  (jneue  à 
son  souteneui'  avec  un  pas- 
sant   galbeux   (Argot  des 

lilles).  N. 

\LARM1STKS  :  Ci»ien  <lr 
garde. 

1/animal  donne  Yaîarme 
à  ses  maîtres. 

En  18i8,  les  alarmistes 
étaient  des  bourgeois  ([ni 
répandaient  chaque  jour  des 
mauvaises  nouvelles  (Argot 
des  voleurs). 

ALB.VCJIK  :  Faux  nom,  en 
donner  un. 

On  nonune  ainsi  1«'  vo- 
leur qui  donne  un  faux  nom 
pour  dissinniler  son  iden- 
tité (Argot  des  voleurs).  X. 

ALBOCIIE  :  Allemand. 

Autrefois  les  ouvriers  di- 
saient hoche,  pour  qualifier 
un  lourdoau,  al  a  été  ajouté 
l)our  désigner  les  Alle- 
mands en  général  (Argot 
du  peuple).  N. 

AEP]NTOIR  :  Aux  environs, 
aux  alentours. 

—  Nib  de  Tronche  fait 
le  'pet  aux  alenloirs  pen- 
dant que  les  aminches,  ra- 
tiboisent la  cambroiissedii 
garnaffler  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ALIGNER  fs')  :  Les  duellistes 

s'alignent  pour  se  battre. 

Quand  un  travail  est  (rès 

soigné    l'onvrior    dit    avec 


lierté  :  Hein  !  conune  c'es 
aligné. 

Quand  il  s'agit  d'argent. 
aligner  est  synonyme  d'al- 
hiiiger  (Arçot  des  voleurs). 

ALFA  :  Cheveux  blonds. 

On  sait  que  Xalfa  plante 
textile  nui  sert  h  fabriquer 
la  pâte  au  papier,  a  abso- 
lunuml  l'aspect  d'un  pa- 
quet de  filasse. 

Allusion  de  fait  et  de 
couleur  (Argot  des  voleurs). 
N. 

ALLEZ   VOUS    ASSEOIR  : 

Terme  employé  pour  en- 
voyer promener  un  individu 
ennuyeux. 

Cette  expression  an- 
cienne a  servi  à  un  chan- 
sonnier de  I8i8  pour  com- 
poser une  chanson  dont  le 
refrain  :  Allez  vous  asseoir 
est  resté  célèbre  (Argot  du 
peuple). 

ALLER  A    DACIIE:   Mot  îi 

mot  allez  vous  faire  voir, 
vous  m'ennuyez  (Argot  du 
peuple). 

ALLER  A  DAME  :  Etre  as- 
sommé à  coups  de  poings 
et  tomber  comme  une 
masse  sur  le  pavé  (Argot 
du  peuple).  V.  Fluxion  de 
pavé. 

ALLER  A  NIORT.  Nier. 

Recommandation  qu'ont 
soin  de  faire  les   voleurs  à 


ALL 


ALL 


leurs   complices  quand    ils 
v.;iit  h  l'inslrucliou. 

lis  se  souviennent  du 
mot  du  boucher  Avinain 
qui,  la  tète  sous  le  couteau, 
cria:  N'avouez  jamais  (Ar- 
i<ot  des  voleurs). 

ALLER  AU  RAPPORT  SANS 
ARME  :  Moucharder  ses  ca- 
marades. 

Expression  employée  dans 
les  ateliers  pour  indiquer 
que  l'un  des  leurs  va  cha- 
que jour  au  rapport,  chez 
le  patron  pour  lui  raconter 
ce  qui  se  passe  et  même  ce 
qui  ne  se  passe  pas  (Argot 
du  peuple). 

ALLER  AU  REFIL  :  Dénon- 
cer un  complice  (Argot  des 
voleurs).  ^ .Mouton  N- 

ALLER  OU  LE  ROI  VA  A 
PIED  :  Satisfaire  un  besoin 
dans  le  silence  d'un  cabinet 
qui  n*a  rien  de  ministériel. 
L'allusion  est  juste;  mal- 
gré sa  grandeur,  le  roi  ne 
pourrait  y  aller  en  voiture 
(Argot  du  peuple.) 

ALLER  VOIR  DËFILER 
LES  DRAGONS  :  Ne  pas 
manger. 

Etre  de  Ja  revue  signifie 
la  même  chose  (Argot  du 
peuple) . 

ALLEZ  VOIR  LA-RAS  SI 
J'I^SUIS  :  Ce  qui  veut  dire 
nettement  à  une  personne  : 
Foutez-moi  le  camp  (Argot 
du  peuple). 


ALLIANCES  :  Poucettes. 
V  Les  gendarmes  mettent 
X^'^poiicettes  aux  prisonniers 
pour  les  conduire  de  bri- 
gade en  brigade.  (Argot  des 
voleurs)  V.  Cabriolet. 

ALLUMAGE  (professeur  d')  : 
Grec  qui  apprend  à  ses 
élèves  le  moyen  à  o^mployer 
pour  allumer  les  joueurs 
naïfs. 

Il  y  avait  anciennement 
au  boulevard  du  Temple,  un 
café  où  se  rencontraient  les 
grecs,  il  était  connu  sous  le 
nom  de  café  d'allumage 
(Argot  des  grecs).  V.  Snil- 
fart. 

ALLUMER  :  Faire  de  l'œil  à 
un  passant. 

Chautïér  une  salle  d(^ 
théâtre  ou  une  réunion  pu- 
blique pour  faire  éclater 
l'enthousiasme  et  assurer  le 
succès. 

Frapper  ses  animaux  à 
coups  de  f.  net  poiu*  les 
exciter. 

Compères  chargés  dans 
les  salles  de  ventes  d'allu- 
mer les  acheteurs  (Argdi 
du  peuple). 

ALLUMER  LAQUITOURNE  : 

Fille  qui  fait  la  fenêtre,  qui 
raccroche  en  chambre. 

A  la  tombée  de  la  nuit 
elle  allume  sa  lampe.  Comme 
elle  la  tourne  de  laçons  dif- 
férentes pour  signaler  aux 
passants    qu'elle   est  lihvc 


ALP 


AME 


ou  occupée,  de  Ih,  la  qui- 
tovrne    (Argot  des  filles.) 

ALïA.MFilR  SONPKTROr.K: 

Rendre     quelqu'un    amou- 
reux. 
Mot  à  mol  XenfUihimer. 

—  ï.e  grand  l'a  done  pla- 
(juée? 

—  Comme  un  pet. 

—  T'a  pas  su  -^enflammer 
h'  péti'v/e  (Argot  des  tilles). 

AIJAIMKUR  :  Agent  provoca- 
teur chargé  d'organiser  un 
eonqdol  politique  quaud  le 
gouvernement  a  besoin  d'el- 
IVayer  la  population  pour 
laire  voler  une  loi  réac- 
tionnaire. 

(hi  en  trouve  un  curieux 
<'\enq)le  dans  les  Mémoires 
(le  Claude,  à  propos  de 
Y I  nier  nationale  et  des 
allumeurs  de  la  rue  des 
(iravilliers.  (Arnot  du  peu- 
ide;, 

ALPAGl  K  :  Abréviation d'a/- 

paija. 

—  Je  vais  me  halader, 
N'iiii  passe-moi  mon  alpa- 
(jue  (Argot  du  peuple). 

ALPHONSE  :  Souteneur. 
Ou  a  attribué  cette  ex- 
pression à  M.  Alexandre 
Dumas  (jui  en  a  lait  le  titre 
d'une  pièce  ;  elle  était  con- 
nue d -puis  plus  de  vingt 
ans  par  la  chanson  si  popu- 
laire de  Lacombe  :  Al- 
phonse du  Gros-Caillou 
^Vrgot  du  peuple). 


ALTftQUE  :  beau,  plus  que 
beau  (Argot  des   voleurs). 

ALZINCl'E  :  Même  significa- 
tion i\\\\ilpague. 

AMANDES  DE  PAINS  D'I^- 
PICE.  V.  Dominos. 

AMARRK;  :  Allusion  aux  «;w«r- 
res  qui  fixent  les  bateaux 
sur  la  jetée,  dans  les  ports. 

Amarrer  quelqu'un,  se 
l'attacher. 

— J'ai  amarré nn  chouette 
gonce  (pii  casque  tout  le 
temps    (Argot  du   peuple.) 

AMRILANTE  :  Fille  qui  va 
de  cafés  en  cafés ,  tan- 
tôt à  Montmartre  tan  lut  à 
Grenelle.  C'est  générale- 
ment une  fille  rangée  qui 
n'a  pas  de  soiiteneur.  Elle 
passe  dans  son  quartier 
pour  une  laborieuse  ouvrière 
([ui  va  travailler  au  loin. 

Elle  ne  ramène  jamais 
chez  elle  (x\rgot  du  peuple). 
N. 

AMÈRE  (la  trouver  mauvaise). 

Les  voleurs  principale- 
ment trouvent  toujours  leurs 
condamnations  amères. 

Synonyme  de  il  faut 
avaler  la  pilule  (Argot  du 
peuple). 

AMÉniCAINE    fVolàl').  Ce 

vol  fut  iiiventé  par  llurand, 

qui  en  184 i,  était  détenu  à 

la  prison  de  la  Force. 

On  sait  en  quoi  consiste 

1. 


10 


ANG 


ANI 


ce  vol  qui  est  fréquemment 
pratiqué. 

Il  a  donné  naissance  au 
vol  au  charriage  qui  se  di- 
vise en  plusieurs  catégories. 
(Argot  des  valeurs).  V. 
Charriage. 

AMINCllE:  Ami. 

Quand  deux  voleui's  sont 
associés  ils  sont  aminches 
d'aff'.   (Argot  des  voleurs). 

AMINCITES  D'AFF  :  Amis 
d'affaires. 

Un  vol  pour  un  voleur 
est  une  affaire,  comme 
voler  c'est  travailler  (Ar- 
got des  voleurs), 

AMOCHER  :  Recevoir  des 
coups. 

Quant  ils  laissent  de 
fortes  traces  on  dit  que 
l'ami  a  été  rudement  amo- 
ché (Argot  du  peuple).  V. 
Trinquer. 

ANDOUILLE  MAL  FICE- 
LEE :  Individu  déguin- 
gandé.  à  la  démarche  traî- 
nante. 

Se  dit  surtout  de  quel- 
qu'un mal  habillé,  ayant 
(les  allures  ridicules. 

On  dit  aussi  :  }\^\  fagoté 
(Argot  du  peuple). 

ANGLAIS  :  Créancier. 

Celte  expression  se  trouve 
dans  Marot,  elle  était  tombée 
en  désuétude  lorsqu'elle 
revit  le  jour  vers  1804. 

Napoléon  I^'"  avait  plu- 


sieurs commis  attachés  à  un 
cabinet  spécial.  Il  remarqua 
à  différentes  reprises  que 
l'un  d'eux  arrivait  depuis 
quelques  matin,  deux  heures 
au  moins  avant  ses  col- 
lègues. 

L'empereur  intrigué  lui 
en  demanda  les  motifs. 

—  Sire,  répondit  le  com- 
mis c'est  à  cause  des  an- 
glais. 

—  Je  ne  vous  comprends 
pas. 

—  Sire ,  les  anglais 
sont  vos  ennemis ,  mes 
créanciers  sont  les  miens. 

—  Bien,  fit  l'Empereur, 
donnez  m'en  la  liste,  je  vous 
en  débarrasserai ,  comme 
moi  des  autres. 

Le  mot  est  resté  et  est 
employé  fréquemment  (Ar- 
got du  peuple). 

ANGLAIS  (ils  débarquent). 

Il  est  aussi  brave, 
Que  sensible  amant. 
Des  anglais  il  brave, 
Le  débarquement. 

(Argot     du     peuple),      V. 

Bande  sur  l'affiche. 

ANGLUCE  :  Oie  (Argot  des 
voleurs).  V.  Ornichon. 

ANGOULÈME  :  La  bouche 
(Argot  des  voleurs).  V.  Af' 
famée. 

ANGUILLE  :  Ceinture. 

Allusion  à  sa  souplesse 
(Argot  des  voleurs). 

ANITERGE  :   Mouchoir  (Ar- 


ANT 


AQU 


11 


^ot  (les  voleurs).  V.  BJa- 
vi/i. 

ANTIF  ou  ANTII  Fl.t:  :  Mai- 
chor. 

—  Que  fiiit  la  uiôme? 

—  Klle  bal  \  antif  ^our 
défjoter  un  îniché  CArçot 
des  souteneiu>  . 

ANTIFFE  :  Eglise  ^Ai-gol  des 
voleurs).  V.  Aiitonne. 

ANTIUIITÉ  :  Vieille  femme 
Au  teuips  de  sa  jeunesse 
Théophile  Gautier,  en  eom- 
|>ai^nie  d'un  de  ses  amis,  se 
promenail  dans  le  jardin  des 
Tuileries.  11  avisa  une 
vieille  femme  velue  d'une 
robe  à  ramaj^es  qui  dalait 
au  moins  du  Directoire. 

11  s'approcha  d'elle,  le 
tliapeau  à  la  main. 

—  Madame,  lui  dil-il,  je 
raftblt^  des  antiquités,  vou- 


lez-vous 


me  permettre  de 


baiser  le  bas  de  votre  robt 
Elle  réjjondit  fièrement  : 
—  Si  monsieur  veut 
embrasser  mon  cul,  il  a 
vingt  cinq  ans  de  plus  que 
ma  robe  (Argot  du  peuple) 

ANTONNE  :  Eglise. 

Du  vieux  mot  :    Antie 
Ai^ot  des  voleurs). 

ANTONNEUR  :  Voleur  qui  a 
la  spécialité  de  dévaliser 
les  églises. 

Il  vole  l'aident   contenu 
dans    les    troncs    à    l'aide 


d'une    baleine   enduite    de 
glu  (Argot  des  voleurs). 

APASCLINER    (s')  :     S'ac- 
climater. 

\jaminche  s'apascHne 
doucettenu^nt  à  tmiobé  (Ar- 
got des  voleurs),  N. 

APPACIIOiNNER   :  Attirer  à 


—  J'ai  appachonné  un 
rnortiiigiie  dans  la  valade 
d'jm  (joncier  pendant  (pii 
baillait  devant  les  signes 
de  la  Boutmtche  d'un  ha- 
hinceur  de  braise  (Ai-got 
des  voleurs).  N' 

APOTRES  :  Les  doigts  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  J//- 
nistre  de  l' Intérieur. 

AQUARIUM  :  Lieu  oîi  se  réu- 
nissent les  souteneurs. 


Allusion  aux  poissons 
Aq^^ariu 
des  députés 


K  poisso 
:  ta  Chu 


unbn 


Celte  expression  n'esi 
pas  très  polie  pour  ces  mes- 
sieurs, qui  assurément  ne 
sont  pas  tous  des  poissons, 
mais  comme  elle  est  d'ori- 
gine anarchiste,  elle  ne 
surprendra  personne  (Ar^ot 
du  peuple).  N. 

AQUIGER  :   Battre,  blesser. 
On  dit  par  corruption  de 
celui  qui  est  battu  :    il    est 
altigé  (Argot du  peuple). 

AQUIGER  :  Prendre. 

Aquiger  n'est  pas  le  vrai 


12 


ARD 


ARM 


mot,  c'est  qiiiger  (Argot  des 
voleurs). 

AQUKïEL'R  :  Voleur  qui  cher- 
che quereUe  h  un  passant. 
Pendant  qu'il  le  bat,  un 
complice  le  dévalise  pro- 
prement et  lestement  (Ar- 
got des  voleurs). 

ARAIGNËE  DANS  LE  PLA- 
FOND (avoir  une)  :  Syno- 
nyme de  loufoque. 

Avoir  la  cervelle  détra- 
quée (Argol  du  peuple). 

ARCASINEUR  :  Voleur  au 
trésor  caché. 

Le  voleur  se  nomme  ar- 
casien  parce  qu'il  procède 
au  moyen  d'une  lettre  (ar<^ 
cai)  écrite  d'une  prison 
quelconque  à  l'individu 
qu'il  s'agit  d'escroquer. 

L'aixat  indique  généra- 
lement un  trésor  caché  à 
l'étranger.  Des  naifs  mordent 
to  ijours  dans  l'espoir  d'un 
gros  gain  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

ARCO  :  Avare  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Grippe-sous. 

ARÇONNIER  :  Celui  qui 
donne  le  signal  de  l'alarme 
convenu  entre  les  voleurs. 
Au  temps  de  Vidocq,  le 
('  ligure  à  l'aide  du  pouce 
sur  la  joue  droite  signiJiait  : 
])rene/-garde  voilà  la  l'ousse 
(Argot  des  voleins). 

ARDENTS  :  Les  yeux  (Argot 
des  voleurs). 


ARDOISE  (boire  h  1'):  Il  exis- 
tait autrefois  un  marchand 
de  vin  à  la  barrière  iMont- 
parnasse  ;  le  patron  ne  sa- 
chant ni  lire  ni  écrire,  les 
clients  marquaient  eux- 
mêmes  leurs  dépenses  sur 
une  ardoise  à  1  aide  d'un 
morceau  de  craie. 

Un  jour  le  brave  homme 
s'aperçut  que  les  consom- 
mateurs s'entendaient,  et 
que  le  dernier  qui  marquait 
etï'açait  avec  sa  manche, 
comme  par  mégarde,  les 
comptes  précédents. 

Il  coupa  le  crédit,  mais 
l'expression  de  boire  à  l'ar- 
doise est  restée  (Ai-got  du 
peuple).  V.  Marquer  à  la 
fourchette.  N. 

ARLEQUINS  :  Détritus  de 
toutes  sortes  de  mets  que 
les  cuisiniers  des  restau- 
rants vendent  à  des  mar- 
chandes des  Halles. 

Ces  débris  sont  triés  avec 
soin,  et  elles  en  font  des 
assiettes  assorties  que  les 
malheureux  achètent  un  ou 
deux  sous. 

Cette  expression  vient  de 
l'habit  à' Arlequin,  qui  esi 
composé  d'étoifes  de  di  lié- 
rentes  couleurs  (Argot  (!;i 
peuple). 

ARMOIRE  A  CLACE   :  Sac 

du  troupier  (Argot  du  trou- 
pier). V.  As  de  CMrreau. 
ARMOIRE  A  RICIIER  :  Le 
ventre.  ' 


ARX 


ARP 


13 


» 


Allusion  aux  nialièivs  f»'- 
cales  que  conlionnent  les 
inleslins  (Ar^'ot  du  peiplei. 

ARNACIIK  :  A^eiU  de  poliee. 
A.D. 

Arnache  :  trompeur.  L. 
L, 

Les  voleurs  disent  :  .4/*- 
naque. 

Cette  expression  vient  du 
vieux  mot  français  :  har- 
Macher  ;  il  est  employé, 
sans  doute,  par  les  voleurs, 
parce  que  h's  agents  les 
harwichenl  eu  les  ligot- 
Uml,  soit  avee  les  allian- 
ces, soit  avec  le  cabriolet 
(Argot  des  voleurs). 

AUNAQUE  :  Nom  d'un  jeu 
(jui  se  joue  sur  la  voie  pu- 
blique et  sur  les  boulevards 
extérieurs;  il  est  connu  éga- 
lement sous  l(^  nom  de 
tourne-vire. 

Ce  jeu  consiste  en  une 
roue  posée  à  piaf  sur  un 
pivot,  la  table  est  composée 
de  trois  planches  mobiles, 
supportées  par  deux  tré- 
teaux ;  ces  planches  sont 
recouvertes  d'une  toile  cirée; 
cette  toile  est  divisée  eu 
«carrés  qui  forment  cases, 
ces  cases  se  distinguent  par 
des  emblèmes  ditïerents, 
les  quat:  e  rois  :  trèfle, cœur, 
pique  et  carreau,  une  an- 
crei  un  cœur,  un  dé  et  un 
soleil.  Les  joueurs  misent 
sur  une  case,  la  roue  tourne 


et  c.dui  (jui  gagne  reçoit 
dix  fois  sa  mise. 

Kn  évidence,  sur  la  table, 
il  y  a  des  paquets  de  tabac, 
des  cigares,  des  pipes  et 
autres  objets,  mais  c'est 
pour  la  frime,  le  tenancier 
du  jeu  paie  le  gagnant  en 
nioiuiaie.  Ce  jeu  est  un  vol. 

Autour  de  la  table,  il  y 
a  toujours  deux  ou  trois 
engayeurs,  ils  sont  de  pré- 
férence à  cbacpie  bout  (la 
table  est  un  carré  long)  ;  au 
moment  oîi  la  plume  va 
s'arrêter  sur  une  case,  par 
un  mouvement  impercep- 
tible, un  des  engaijeurs 
s'appuie  sur  la  planche  mo- 
bile du  milieu,  la  plume 
dévie  et  le  tour  est  joué  ;  si 
c'est  un  engayeur  qui  ga- 
gne, il  partage  avec  ses 
complices  (Argot  des  came- 
lots). N. 

ARPETTE  :  Apprenti  de  n'im- 
porte quel  métier. 

Ce  mot  se  prend  aussi 
dans  le  sens  de  petit,  mouf- 
flet^  diminutif  de  moutard 
I  Argot  du  peuple). 

ARPIONS  :  Vieille  expression 
([ui  veut  dire  :  pieds. 

.fean  lliroux  disait  au 
])résideat  des  assises  : 

—  Je  demande  qu'on 
fasse  sortir  le  gendarme,  il 
plombe  des  ar pions. 

—  Gendarme,  répondit 
le   président,    remuez    vos 


14 


ARR 


AS 


pieds  dans  vos  bottes  d'or- 
donnance. 

Prévenu,  la  punition  com- 
mence (Argot  des  voleurs). 

ARRACHER  UN  PAVÉ  :  V. 

Rouscailler. 

ARRACHEUR  DE  CHIEN- 
DENT :  Voleur  qui  cherche 
une  occasion  de  voler  (Ar- 
got des  voleurs). 

ARRANGEMANN  :  Arranger. 

Arranger  quelqu'un  en 
lui  fiiisant  faire  une  opéra- 
tion ruineuse. 

Les  grues  arrangent  les 
pan  tes. 

Une  femme  arrange  un 
homme  en  lui  communi- 
(juant  un  mal  vénérien. 

On  arrange  un  homme 
en  le  battant  à  plate  cou- 
ture. 

—  Il  e^l arrangemannie 
gonce,  il  ne  rebiffera  pas, 
il  est  foutu  d'en  crapser 
(Argot  des  souteneurs).  N. 

ARRONDIE  :  Montre. 

Allusi  n  à  sa  forme  ronde 
(Argot  des  voleurs). 

ARROSER  :  Donner  un  ac- 
compte  sur  une  dette. 

Un  huissier  cesse  les  pour- 
suites commencées  quand 
1(^  débiteur  arrose. 

Donner  de  l'argent  à  un 
fonctionnaire  pour  obtenir 
un  privilège ,  c'est  Var- 
roser. 

Nos  députés  le  furent  lar- 


gement   par     Arton    }ioiu' 
l'affaire  du  Panama. 

Martingaler  son  enjeu 
c'est  arroser  le  tapis  (Ar- 
got du  peuple).  JV. 

ARROSEURDE  VERDOUZE  : 

Jardinier    (Argot    d-s   vo- 
leurs), 

ARTIE  DE  MEULAN  :  Pain 
blanc. 

Allusion  à  la  blancheur 
des  farines  produites  par 
les  moulins  de  celte  ville 
(Argot  des  voleurs). 

ARTIE  DU  GROS  GUIL- 
LAUME :  Painabominahle- 
ment  noir  qui  rappelle  celui 
du  siège  de  Paris,  en  1870. 
qui  contenait  de  tout,  ex- 
cepté de  la  farine  (Arg{.t 
des  voleurs). 

ARTIE  :  V.  Bricheton. 

ARTICHE  (1')  :  Le  derrière. 

—  Je  vais  t'enlever  Var- 
tiche. 

On  nomme  artiches,  par 
abréviation  à' artichauts, 
les  barres  de  fer  pointues 
et  hérissées  qui  couronnent 
les  murs  et  les  grilles  des 
prisons  (Argot  des  voleurs) 

AS  DE  CARREAU  :   Sac  du 

fantassin  (Argot   du  trou- 
pier). V.  Armoire  à  glace. 

AS  DE  PIQUE  :  Se  dit  d'nn(! 
femme  qui  possède  abon- 
damment ce  que   d'autres 


ASS 


ATO 


iionl  que  très  peu...  (Aryol 
(lu  peuple).  V.  Fourni- 
tures. 

ASPllALTFXSE  :  Fille  qui 
raccroche  sur  le  trot- 
loir. 

Elle  foule  X asphalte  eu 
tous  sens  (Argot  des  filles). 

ASPERGE  MONTEE  :  (îraïuie 
lenuiio  toute  eu  jambes, 
maigre  et  sèclie  coujiue  \m 
copeau. 

()ii  dit  aussi  :  longue 
comuie  un  jour  sans  pain 
(Ai^ol  dn  pouide). 

ASPIC  :  Avare. 

Aspic  signifie  anssi  mau- 
vaise langue,  langue  de  vi- 
père. 

Cette  expression  est  em- 
pruntée au  proverbe  :  Mieux 
vaut  un  coup  d'épée  qu'un 
coup  de  langue  (Argot  du 
peuple).  N. 

ASSOMMOIR  :  Boutique  où 
Ton  vend  des  liqueurs  vî- 
.triolées  qui  assomment  les 
buveurs. 

liC  premier  assoinmoir, 
bien  avant  celui  du  fameux 
Paul  Niquet,  fut  créé  vers 
1810,  rue  de  la  Corderie, 
près  du  Temple,  par  un 
nommé  Montier. 

Cet  empoisonneur  chari- 
table avait  fait  établir  dans 
son  arrière-boutique  une 
chambre  spéciale  pour  les 
assommés;  la    paille   ser- 


vait de  litière,    des    pavés 
servaient  d'oreillers. 

Celle  chambre  s'appelait 
la  Morgue  (Argot  du  peu- 
ple). 

ASTIQUE  :  Bien  avant  que 
les  Aztèques  ne  vinssent 
du  fond  du  Brésil,  celte 
expression  servait  à  dési- 
gner les  êtres  chélifs  et 
malingres  (Argot  du  peu- 
})le).  V.  Acorton, 

ATTACHER  LE  BIDON  :  Dé- 
noncer un  camarade. 

Synonyme  de  remuer  la 
casserole  (Ai^ot  des  vo- 
leurs). 

ASTICOT  :  Vermicelle  (Argot 

des  voleurs).  N. 
ASTICOT  :  Fille  publique. 
Asticot  :  personne  mince 
conune  un  fil  (Argot  du  peu- 
ple). 

ASTICOT  DANS  LA  NOI- 
SETTE :  Personne  qui  a 
des  absences  de  mémoire. 
On  sait  que  Vasticot  dé- 
vore l'amande  de  ce  fruit, 
par  analogie  il  dévore  la 
cervelle  (Argot  du  peuple). 


Avoir  des  atouts  dans 
son  jeu. 

Un  zouave  rencontre  son 
capitaine  accompagné  de  sa 
femme,  il  leur  lance  au  nez 
un  pet  à  tout  casser  en 
criant  :  Atout.    Le    capi- 


IC) 


ATT 


AU  S 


taine,  se  retournant,  lui 
envoie  ini  magistral  coup 
de  pied  dans  le  cul  en  di- 
sant :  Je  coii^pe.  Le  soldat 
répond  :  Ah  !  je  ne  savais 
pas  que  vous  aviez  la  dame 
seconde  ! 

Ilecevoir  un  atout  :  être 
sérieusement  blessé. 

C'est  sans  doute  (Vatout 
que,  par  corruption,  on  a 
lait  attiger  (Ar^ot  du 
peuple).  N. 

ATTIGNOLES  :  Rognures  de 
viandes  hachées  et  vendues 
sous  forme  de  boulettes. 

L'expression  est  nor- 
mande, mais  elle  est  de- 
venue parisienne  en  s'éloi- 
gnant  du  sens  primitif. 

Dans  le  peuple,  pour  ex- 
primer qu'un  individu  a  été 
fortement  endommagé  dans 
imerixe,  on  dit  :  Il  a  reçu 
de  rudes  attignoles  (Argot 
du  peuple).  N. 

ATTOUCHEMENTS  :  Être 
assez  indiscret  pour  vouloir 
s'assurer  si  une  jolie  femme 
porte  un  pantalon  et  met 
ses  jarretières  au-dessus 
du  genou: 

Synonyme  àepehter  (Ar- 
got du  peuple)  V.  Bai- 
aeiises. 

ATTOUCflEUSE:  Fille  pu- 
blique. 

Le  mot  est  suffisamment 
expressif. 

Allusion    aux  ménagères 


qui  tàtent  la  viande  chez  V 
boucher  pour  s'assurer  d«? 
son  degré  de  fraîcheiu'  (Ar- 
got des  filles). 

ATTRIQUER:  Acheter  des 
effets  volés,  sans  pour  cela 
être  un   receleur  habituel  : 

Fourgat  ou  Meunier  (Ar- 
got des  voleurs). 

ATTRIQUELÎSE:  Vendre  des 
objets  volés  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ATTRISTÉ  :  Voleur  qui  ne 
travaille  que  la  nuit,  sans 
se  soucier  des  pendus  gla- 
c/5(Becs  de  gazj  (Argot  des 
voleurs). 

AUBERT  :  Argent  (Argot  des 
voleurs). 

AUMONIER  :  Vol  à  \au- 
mône. 

Autrefois,  cette  expres- 
siom  désignait  les  dévali- 
seurs  de  bijoutiers . 

Le  voleur  marc'handait 
des  bijoux,  un  mendiant 
survenait  et  sollicitait  une 
aumône. 

L'attention  du  bijoutier 
était  détournée  pendant 
qu'on  lui  dévalisait  ses  vi- 
trines ;  quand  ii  s'aperce- 
vait du  vol,  les  voleurs 
étaient  loin  (Argot  des  vo- 
leurs). 

AUSEICxNOT  :  Auxiliaire. 
Détenu  qui  par  faveur  et 
moyennant    une     modique 


AVA 


AVA 


n''ti"il)Uti()ii,  remplit  dans  la 
prison  lesloiutioiis  les  plus 
^rossières  (Argot  des  vo- 
leurs). 

\l  TEL  DE  BESOIN  :  Femme 
ou  lille. 

Allusion  à  Pliôtel  qui 
s'ouvre  pour  ecuv  qui 
paient. 

Avtel  surlecpiel  l'Iionune 
sacritie  par  nécessité. 

Se  dit  souvent  dans  le 
pfuple  d'une  femme  légi- 
time (Artîotdes  souteneurs). 

AITOR  ET  D'ACIIÂIID  (d)  : 

Abréviation  ^'autorité  et 
(Vac/iaj'i/ement. 

Lorsque  deux  jouein's 
l'ont  une  partie  d'éearlé  et 
que  l'un  demande  des  car- 
tes à  son  adversaires,  l'au- 
tre lui  répond  :  Non,  j'y 
vais  iVautor  et  d'achard 
(Arçol  du  peuple). 

AlVERPIN  :  Auvergnat. 
On  flit  aussi  :  Auverpfum 
et    Bovffuat     l'ArLtot     du 
peuple). 

AVA[J:-Ta  T-CnU  :  Syno- 
nyme de  Va  de  fa  gueiife, 
Gueulard,  Bouffe-tout  et 
Ventre  a  tous  fjrains. 

Ces  expressions,  dnns  le 
peuple,  signitient  :  (îros 
mangeur. 

Lue  certaine  catégorie 
de  voleurs  se  sont  emparés 
de  l'expression  :  Amile- 
frn'f-rri' .  pf)Mi'  dt'signer  un 


genre  de  vol  assez  original. 
I^e  voleur  se  fait  montrer 
par  le  bijoutier d<'s  diamants 
non  montés,  sur  carte  ;  il 
jiaraît  avoir  la  vue  basse,  il 
les  regarde  de  près  et  d'im 
coup  de  langue  habile  il 
en  ff77«/('(pielques-uns  (.\r- 
got  des  voleurs). 

AVALER  LE  f.lRON:  Com- 
munier, 

On  dit  aussi  :  acater 
/'^?/rrryw«/,  parce  que  sans 
doute,  comme  lui,  Dieu 
n'est  ni  liomme  ni  femme 
(Argot  des  voleurs). 

AVALER     SA    CUILLER  : 

Mourir. 

Etre  moins  heureux  que 
le  commis  des  Magasins  du 
Print«^mps  ;  il  est  vrai  qu'il 
n'avait  avalé  qu'une  four- 
chette   (Argot  du  peuple). 

AVALER  LE  PEPIN  :  Etre 
enceinte. 

— Elle  en  aune  de  bedaine 
la  frangine.  Qu'a-t-elle 
donc  mangé  ? 

—  Elle  a  avalé  le  pépin 
(Argot  du  peuple). 

AVALER  SA  CHIQUE  :  Mou- 
rir. 

Allusion  au  chiqueur  qui 
s'étoufferait  en  avalant  son 
pruneau  (Argot  du  peuple). 

A  VALOIR  :  La  gorge. 

Elle  avale  tout  en  effet, 
f  Argot     du     peuple).     V. 

Dalle. 


18 


AVO 


AVO 


AVANT-COURRIER  :  Mèche 
en  acier  dont  se  servent  les 
voleurs  pour  percer  les  de- 
vantures des  boutiques  de 
bijoutiers  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  VriUeurs. 

AVANT-SCÈNE  :  Les  seins. 
Ils  avancent,  en    effet, 
quand...  il  y  en  a.    (Argot 
du  peuple).  V.    Capiton- 
née. 

AVANTAGE  :  Les  seins. 

Avantage,  oui,  quand  il 
fait  Froid,  mais  pendant  les 
grandes  chaleurs  ?  (Argot 
du  peuple).  V.  Capiton- 
née. 

AVOIR  PERDU  SA  CLÉ  : 
Etre  atteint  d'une  foire  à 
tout  inonder  et  ne  pouvoir 
se  retenir. 

On  comprend  (ju'il  s'agit 
d'une  clé  que  le  serrurier 
ne  peut  remplacer  (Argot 
du  peuple). 

AVOIR  UN  PÉPIN  :  Aimer. 
En    tenir    momentané- 
ment pour  quelqu'un  (Ar- 
got du  peuple). 

AVOIR  LE  VENTRE  EN  AC- 
CORDÉON :  F'emme  dé- 
formée qui  a  eu  des  masses 
d'enfants. 

Allusion  au  plissage  du 
ventre  (Argot  du  peuple). 

AVOIR    LE    VENTRE     EN 


PERSIENNE:  Voir  ci-dos- 
sus. 
AVOIR  SA  PISTACHE  :  Etre 
complètement   gris    (Argot 
du  peuple).  N. 

AVOIR  DU  PAIN  SUR  LA 
PLANCHE  :  Etre  riche  et 
ne  pas  avoir  à  s'occuper  du 
lendemain. 

Etre  condamné  à  un  cer- 
tain nombre  d'années  de 
prison    (Argot  du  peuple). 

AVOIR    LE    NEZ    SALE  : 

Avoir  trop  bu. 

Quand  au  lendemain  du 
lundi  un  ouvrier  dort  sur 
son  travail,  les  amis  lui  di- 
sent :  Tu  t'es  sali  le  nez 
hein  !  (Argot  du  peuple.) 

AVOIR  LA  GUEULE  DE 
ROIS  :  S'être  pochardé  la 
veille. 

L'ivrogne  boit  de  l'eau 
le  lendemain  pour  éteindre 
le  feu  qui  lui  dessèche  la 
gorge. 

Mot  à  mot  :  Il  a  la  gueule 
sèche  (Argot   du   peuple.) 

AVOIR  MANGÉ  LA  SOUPE 
A  LA  QUÉ-QUÉTE  :   V. 

Avaler  le  pépiii 
AVOIR  MANGÉ   DES  POIS 
PAS  CUITS  :   V.  Araler 
le  pépin. 

AVOIR  QUELQU'UN  A  LA 
DONNE  :  Etre  très  cama- 
rade, ne  jamais  se  quitter, 
vivre  comme  deux  frères 
(Argot  du  peuple.) 


AVO 


AZO 


19 


AVOIR  DEUX  ŒUFS  SUR 
LE  PLAT  :  On  omploie 
cette  expression  pour  une 
l'emme  qui  a  des  seins  à 
l'état  de  soupçon. 

Ce  à  (juoi  elle  répond  : 
J'en  ai  assez  pour  un  hon- 
nête homme  (Âruot  du 
[Hupie).  A^. 

AVOIR  UN  PET  DE  TRA- 
VERS :  Se  dit  d'un  j>er- 
sonnajjçe  grincheux  que  l'on 
ne  sait  jamais  par  quel  Ijoul 
prendre  et  qui  gémit  sans 
cesse,  du  matin  au  soir  et 
(hi  soir  au  matin  (Argot  du 
peuple).  A". 

AVOIR  UN  RÉGUIN  :  Etre 
coi  Hé  de  quelqu'un  ou 
de  (juelqu'une. 

S'aimer  à  l'œil,  ce  qui 
ne  fait  pas  bouillir  la  mar- 
mite. 

C'est   pas    ['béguin  qui  fait 
[bouillir  la  soupe. 
J'te  vas  coller  un  pain. 

(Argot  des  souteneurs). 

AVOIR  SON   PAIN   CUIT  : 

Mourir  (Argot  des  boulan- 
gers). 

AVOIR  QUELQU'UN  DANS 
LE  SANG  :  Aimer  violem- 
iiKMit  (Argot  des  lilles). 


AVOIR  UN  POLICHINELLE 
DANS  LE  TIROIR  :     V. 

Avaler  leprpin. 

AVOIR  UN  POT  DE  CIIAM- 
RRE  CASSÉ  DANS  L'ES- 
TOMAC: V.  Trouilhter 
de  la  hurletie. 

AVOIR  UNE  CAROTTE 
DANS    LE    PLOMB  :  V. 

ci-dessus. 

AVOIR  SON  COMPTE  :  Etre 
pochard. 

Avoir  reçu  une  formi- 
dalde  volée  dans  une  ba- 
taille   (Argot    du    peuple). 

AVOIR  UN  PALETOT  SANS 
MANCHES  :  Etre  clnué 
dans  un  cercueil  (Argot 
du  peuple). 

AVOILVUPÉTER  LE  LOUP 
SUR  UNE  PIERRE  DE 
ROIS  :  Les  Lyonnais  em- 
ploient cette  expression 
pour  dire  qu'une  fille  a 
])erdu  tout  droit  à  la  fleur 
d'oranger  (Argot  du  peu- 
].le).  À^ 

AVORTON  :  Etre  difforme, 
petit  adversaire  (Argot  du 
peuple) . 

AZOR  :   V.  As  de  carreau. 


20 


RAB 


BAC 


B 


BABANQUER  :  Vivre. 

Synonyme  de  bie7i  ban- 
queter (Arijot  des  voleurs). 

N. 

BABII.LARD  :  Aumônier  de 
prison. 

Allusion  à  ce  qu'il  bahil- 
larde  sans  cesse  sans  que 
son  inlerloculeur  lui  ré- 
ponde (Argot  des  voleurs). 
A". 

BABILLARD    :    Tjvre     im- 
primé. 

On  dit  aussi  ;  bavard 
(Argot  des  voleurs). 

BABILLARDE  :  Montre. 

Allusion  à  son  tic-tac 
(jui  malgré  sa  monotonie 
babille  et  égaie  la  solitude 
(Argot  des  voleurs). 


BABILLARDE  :  Lettre. 

—  T'en  fais  du  chi-chi 
dans  la  menteuse  de  babil- 
lards (Argot  des  voleurs). 

BABILLARDER  :  Ecrire  (At- 
got  des  voleurs). 

BABILLEl  SE  (la)  :   BiMio- 
thèque. 

Allusion  aux  livres  ba- 
billards qu'elle  contient 
(Argot  des  voleurs). 

BAfJÏE  :  Casquette. 

Elle  al)rite  la  îête  comme 
\{\  bâche  \q'?<  voitures  (Argoi 
des  voleurs). 

BACHER  :  Se  eouclier  (  Argol 
des  voleurs. 

BACCANTE  :  Barhe,  favoris. 
Il  en  est    <|ui    écrivent  : 


liAF 


i;A( 


bocchantes,  f'«'st  rorllio- 
lii-aplu'  Hiiejo  domio  (jui  esl 
i;i  1)011111'. 

Pour  lavoris,  on  dit 
aussi  :  côtetettes  (Aigot 
des  voleurs  I.  X- 

lîACCON     :     (îoilion    (Ari;ol 
dos  voleurs  I. 

iiÂCLEK  :  Faire  vile,  ii  h. 
hàle  une  eliose  ([ui  d  'Uian- 
derail  à  èlre  soi^e.ée.  lu 
maire  pressé  bucle  un 
mariage,  un  médecin  hade 
un  pansement,  un  auleur 
dr.unalKiue  bcich  une  pièee. 
Mot  \\\\\u\b:iclcr  :  s«>  dé- 
•  ptH-her  (Argot  du    peuple.,) 

BADUiKONNKR  LA  FKMMK 
AU  IHITS  :  Farder  la 
vérité.  On  sait  (pie  la  vérité 
sort  nue  d'un  puils  ;  la  ba- 
diijeonner  c'est  mentir  (Ar- 
got des  voleurs). 

BAFOIILLFU  :  S'embar- 
quer dans  un  discours  et 
uiélauger  les  phrases  de 
iaron  à  les  rendre  incom- 
prélieusibles. 

Vouloir  faire  le  beau  par- 
leur et  s'exprimer  diltici- 
Icment. 

Dans  le  peuple  ou  ap- 
pelle celui  qui  bafouille  un 
hafoiiilleur  et  ou  lui  ollre 
un      démêloir     lArgot     du 

p.MipI.-    . 

r.AI'FlîK  :  lu   coup  de  poing 
sur  la  ligure. 

Dans     le    peuple,     cette 


expression     est    renq)lacée 
par  celle-ci  : 

—  Je  vais  te  coller  un 
pain  sur  la  gueule. 

—  Je  vais  le  loiurer  ime 
bè(j7ie  (pie  lu  n'eu  verras 
(pi-  du  feu  lArgol  du  peu- 
ple!. N 

lîAFFUFU  :  Manger  avec  une 
grande  avidité  (Argot  du 
peui)lei. 

DACATFLLF  (taire  laj  :  Faire 
l'am  ur. 

Quand  la  maquilleuse  de 
brèmes  lire  les  cartes^  à 
une  jeune  tille  et  que  l'as 
de  pique  sort,  elle  lui  an- 
nonc(;  ([u'elle  fera  la  ba- 
gatelle (Argot  des  tilles). 

DACLNOLF  :  Bouge,  masure. 
Se  dit  ('gaiement  d'uiu! 
vi(3ille  voilure  qui  gémit 
sur  ses  ressorts  njuillés  et 
cabote  le  voyageur  (Argot 
du  peuplej.  ^V. 

BA(U  ENAl  DER  :  Flâner, 
errer  par  les  chemins  sans 
avoir  un  but  déterminé. 

Etre  longtemps  sans  ou- 
vrage (Argot  du  peuple). 
BAGNENALDES    :   Poches. 
Expression    usitée   chez 
les  marbriers,    surtout  les 
samedis  avanl  la  paye. 

—  J'ai  dix  ronds  (jui  se 
baladent  dans  mes  bifjue- 
naudes,  les  mettons-nous 
dans  le  commerce  ?  (chez  le 
mastroquet  voisin)  (Argot 
du  i)cuple). 


BAL 


BAL 


BAIGNEDANSLEBELIIKE: 

On  sait  que  le  maquereau 
maître  d'hôtel  est  appelé 
par  les  ménagères  :  la  mort 
au  beurre. 

Kotliscliild  aussi  baigne 
dans  le  leurre,  mais  par 
la  richesse  (Argot  du  peu- 
pie). 

BAIC.NOIRE  A  BON  DIEU  : 

Le  calice. 

Cette  tigure  peint  bien 
riiostie  consacrée  baignant 
dans  le  saint-ciboire  (Argot 
des  voleurs). 

BAISER  LE  CUL  DE  LA 
VIEIL F.E  :  Joueur  dévei- 
nard qui  perd  la  partie 
sans  marquer  un  point. 

Dans  le  peuple  on  dit 
aussi  :  passer  sous  la  table 
(Argot  (lu  peuple). 

BAJOUES  :  La  face. 

Les  voleurs  emploient 
cette  expression  pour  gri- 
maces (Argot  des  voleurs). 

BALANCÉ  :  Etre  renvoyé  de 
sa  place. 

—  J'ai  balancé  ma  femme 
elle  était  par  trop  rasante 
(Argot  du  peuple).  N.- 

BALANCER  SON  RONDIN  : 

Aller  au  cabinet. 

Allusion  à  la  forme  ronde 
des  excréments  (Argot  du 
peuple).  ÎV^. 

BALANCER  SES  ALÊNES  : 

Quitter  le  métier  de  voleur. 
Deux  escarpes  sont  embus- 


quées au  coin  d'une  rue  ; 
de  loin,  ils  voient  passer 
un  garçon  de  recettes,  une 
lourde  sacoche  sur  l'épaule. 
—  Quel  dommage,  dit 
l'un,  que  l'on  ne  puissse 
eft'aroncker  son  pognon 
Je  balancerai  mes  alênes 
et  j'irai  vivre  lionnête  dans 
mon  patelin  (Argot  des 
voleurs). 

BALANÇON  :  Marteau. 

Pour  frapper  vigoureu- 
sement il  faut  balancer  son 
marteau  par  le  manche  (Ar- 
got des  voleurs) .  N> 

BALANCEUR  DE  BRAISE  : 

Changeur. 

Allusion  à  l'argent  ipii  ne 
fait  que  passer  par  ses 
mains,  il  le  balance  aussi 
facilement  qu'il  le  reçoit 
(Argot des  voleurs).  ]S[. 

BALANCEURDE  LAZA(;NE: 

Ecrire  une  lettre  d'une  pri- 
son et  l'adresser  à  quel- 
qu'un (Argot  des  voleurs). 
Y.  Arcasineiir. 

BALANCEUR  DE  TINET- 
TES :  Auxiliaires  des  pri- 
sons qui  vident  les  tinettes. 

Quand  elles  sont  pleines 
de  rnoiiscaille,  elles  sont 
lourdes  ;  ils  impriment  un 
balancement  i>our  les  vi- 
der :  Une,  deux  et  trois. 

C'est  fait. 

Les  troupiers  disent  : 
Passer  la  jambe  a  Jules. 


\\\[. 


BAN 


Qiiaïul  la  liiiolle  déborde 
un  loustic  s'écrie  : 

—  Prenez-la  par  les 
oreilles. 

Dans  le  peu[)l<î  on  dit  : 
Passer  la  Jambe  à  Tho- 
:ias  (Argot  du  peuple). 

.  vLAXSÏIQUEH:  Jeter. 

( i'est une  aniplilication de 
balancer  :  se  débarrasser 
de  quelque  cbose  qui  gène, 
ou  d'une  personne  dont  on 
a  assez  (Ai"got  des  voleurs). 
N. 

n.VLCON  (Avoir  du    monde 
^      au)  :  Fennne  qui    possède 
des  seins   volumineux  (Ar- 
^    got  du  peuple).  V.  Capi- 
tonnée. 

BALLE  :  Celle  femme  me 
:  boite,  elle  fait  ma  halle 
'     (Ai^ot  du  peuple).  Y.  i^/o/. 

BALLON  :  Prison. 

Allusion  à  la  forme  splié- 
rique  de  Mazas  (Ai-got  des 
voleurs).  N^. 

1>\1.1J)\  :  Postérieur  co- 
pieux. 

Je  vais  t'enlever  le  bal- 
/o7i,  pour  coup  de  pied  dans 
le  derrière(  Argot  du  peuple) . 

P>ALLC1I0N  :  Petit  paquet 
que  les  compagnons  por- 
taient jadis  au  bout  d'un 
bâton  sur  l'épaule,  en  fai- 
sant leur  lourde  France. 

Ce  baluchon  contenait 
leurs  vêtements. 


La  coutume  s'est  perpé- 
tuée dans  le  peuple  :  des 
outils  et  la  blouse  de  tra- 
vail en  paquet  composent 
un  baluchon  (Argot  du 
peuple). 

BANC  DE  TEKllE  NELVE  : 
De  la  Bastille  à  la  Made- 
leine, et  de  Belleville  à 
Montparnasse,  on  y  pèclie 
la  morue  sans  hameçons 
(Argot  du  peuple). 

BANDE  A  L'AISE  :  N'en 
prendre  <[u'à  son  tenq)s  el 
n'en  laire  qu'à  sa  volonté. 

Dans  le  peuple  on  em- 
ploie cette  expression  par 
ironie  vis  à  vis  d'un  vieil- 
lard qui,  au  lieu  de  remiser 
^on  fiacre  court  après  les 
lilles  (Ai-got  du  peuple).  M- 

BANDE  A  PAPiT  (Faire)  : 
Fuir  ses  camarades  d'ate- 
lier, aller  boire  el  manger 
seuL 

Synonyme  à' ours  (Argot 
du  peuple). 

BANDE  SUR  L'AFFICHE  : 

Bande  de  papier  que  les  di- 
recteurs font  coller  sur 
l'aftiche,  annonçant  le  spec- 
tacle du  jour,  atin  d'indi- 
quer au  public  un  change- 
ment i)ar  suite  de  Yindis- 
position  subite  d'un  artiste 
ou  parfois  relâche. 

Se  dit  par  analogie  dans 
le  peuple  pour  indiquer 
qu'une  femme  a  son  échéance 
de  fin  de  mois. 


HA.\ 


HAO 


Il  y  a  U7ie  bande  sur 
l'affiche  pour  relâche  (Ai-- 
gol  du  peuple) .  N- 

liANQUE  (la  grande)  :  Ba- 
raque des  grands  i'oi'ains 
dans  le  monde  des  saltim- 
banques qui  a,  connue  pai- 
loul,  ses  matadors  et  ses 
miséreux  (Argot  des  saltim- 
banques). 

BANQUE  (la  laire)  :  Le  sa- 
medi, les  ouvriers  typo- 
graphes se  partagent  le 
prix  du  travail  de  la  se- 
maine (Argiit  d'inq)rimeri(^). 

BANQUE  :  Les  volcuis  qui 
se  partagent  le  produit  d'un 
vol  emploient  cette  expi-es- 
siou  (Argot  des  voleurs). 

BANQUE  (en  tailler  une)  : 
Tenir  les  cartes  au  jeu  de 
baccara. 

Mot  à  mot:  Etre  le  bau- 
qider  (Argot  des  joueurs). 

BANQUETTU:  Le  menton. 
Allusion  à  ce  qu'il  avance 
sur   le    visage   (Argot     du 
peuple).  N' 

BANQUISTE  :  Charlatan 
Tous  ceux  qui  fardent 
la  vérité  sont  des  ban- 
quistes,  à  quelque  class(; 
de  la  société  qu'ils  appar- 
tiennent. 

Tous  les  banqitistes  ne 
sont  pas  sur  des  tréteaux 
f Argot  du  peuple). 

BANNIÈRE  :  Sac. 

On  dit  de  celui    (jui    se 


promène  en  chemise  :  il 
se  trimballe  en  bannière. 

Allusioji  aux  pans  de  la 
chemise  qui  flottent  au 
vent. 

On  dit  aussi  :  Se  \\\'i^- 
mener  eji  ^«^«az5  (Argot  du 
[leuple). 

BAPTÊME  :  La  tète. 

Le  ruastroquet  baptise 
son  vin. 

Le  peuple,  (pii  a  horrciu' 
de  l'eau,  dit  des  vins  bai)- 
tisés  :    Ils  sont    chréliens 

Le  buveur  lait  sa  tèlc 
(Argot  du  peuple).  A". 

BAPTISÉ  D'EAU  DE  MO- 
RUE :  Ne  pas  avoir  (h' 
chance. 

Homme  ou  femme  à  (pii 
rien  ne  peut  réussir. 

Ce  qui  équivaut  à  de- 
veine  salée,  par  allusion  à 
l'eau  dans  laquelle  la  mo- 
rue a  été  dessalée  fArgol 
du  peuple;^.  N. 

BAPTISÉ  AU    SÉCATEUR  : 

Juif. 

Allusion  à  l'opération  de 
la  circoncision  que  subis- 
sent les  nouveaux-nés  sui- 
vant le  rit«' juif  (Argot  du 
peuple).  A^. 
BAQUET  :  Blanchisseuse 

On  dit  aussi  :  Baquet 
insolent.  On  sait  que  ces 
dames  ne  mâchent  pas  leurs 
paroles. 

Quand  une  ménagère, par 
économie,  va  laver  son 
linge  au  lavoir,  les  proies- 


HA1\ 


n\\\ 


sionnellos  rappelleul  : 
graillouneuse  ou  noyeme 
d'clrons  Ce  sont  les  plus 
uiij^iioniies  de  leurs  déjec- 
lioiis  (Ai'got  du  peuple). 

IIAII.VQUE  :  Maison  oons- 
Iruite  en  plaire,  en  loirhis, 
piovisoireinent. 

Maison  où  la  patronne 
va  par  détiance  au  niarelié 
avec  sa  bomie. 

Maison  où  l'on  enferme 
le  vin  et  les  licpieurs. 

Maison  où  l'on  chipote 
sur  lout,  où  l'on  rogne 
même  la  nourriture. 

—  Tenez,  voilî*  mon  ta- 
blier, je  n'en  veux  plus  de 
votre  baraque,  j'en  ai  plein 
le  dos  (Argot  du  peuple). 

BAUHAQLE  :  Jeu  de  hasard. 
Ce  jeu  se  joue  sur  un  bil- 
lard ordinaire  avec  un  ap- 
l)areil  spécial.  Un  joueur 
lient  la  queue,  les  parieurs 
sont  divisés  en  deux  camps  ; 
il  s'agit  de  mettre  une  bille 
désignée  dans  une  des  cavi- 
tés de  l'appareil. 

La  harraqiie  est  un  jeu 
prohibé  parce  que  l'on  peut 
avec  liîtbileté  voler  facile- 
ment (Argotdesjoueurs).  A". 

nAllDAQUE  :  Viande  (Argot 
des  voleurs).  V.  Bidoche. 

liARIîAUTIKKS  :  Gardiens 
de  prison. 

Cette  expri'ssion  vient- 
elle  de  ce  qu'ils  sont  char- 
gés de  garder  les  barboi- 
(eicrsl 


Vienl-elle  de  ce  qu'ils 
burbolte?it  les  prisoimiers 
conliés  à  leur  garde?  (Ar- 
got des  voleurs).  A'. 

lîAUBK  :  Beau  mâle,  gars 
solide. 

—  Mon    honnue    est   un 
.  rude  barbe. 

11  y  a  des  barbes  qui, 
dans  certains  quartiers,  sont 
en  réputation  comme  autre- 
fois les  terreurs  (Argot  des 
iilles  et  des  souteneurs). 

BAKBl':  :  Vieux. 

Par  corruption  on  dit  : 
bh'be. 

On  appelle  les  vieux  de 
18i8  qui  survivent  :  des 
vieilles  barbes  (Argot  du 
peuple). 

BARBE  (en  prendre  une;  :  Se 
pocharder. 

Dans  les  imprimeries 
quand  un  camarade  a  pris 
une  bai'be,  on  dit  aussi 
qu'il  était  chargé  à  cul. 

Allusion  au  cheval  qui  ne 
peut  pas  avancer  quand  sa 
charge  est  trop  lourde  (Ar- 
got d'imprimerie). 

BARBICIION  :  Capucin. 

Allusion  à  ce  que  ces  re- 
ligieux laissent  croître  leur 
barbe  (Argot  des  voleurs). 
A^. 
BARBILLON  :  Souteneur. 
Diminutif    de    brochet , 
quoitju'ils  soient  aussi  vo- 
races  l'un  que  l'autre  pour 
dévorer    la    recette  de    la 
o 


26 


BAR 


BAR 


marmite  (Argot  des  soiile- 
neurs). 

BARBILI.ON  DE  BEAUCE  : 

Légumes. 

Les  voleurs  disent  égale- 
ment :  larhUlon  de  Va- 
renne  pour  naxiel. 

Celte  dernière  expression 
est  des  plus  anciennes;  on 
lit  en  edet  dans  le  diction- 
naire d'Olivier  Chéreau  : 
harbillons  de  Varanne 
(Argot  des  voleurs). 

BARBISE  :   Apprenti  soute- 
neur. 

Il  en  existe  qui  n'ont  pas 
quinze  ans  et  qui  macrotent 
déjà  les  petites  bouquetiè- 
res, quelquefois  leurs  sœurs 
(Argot  des  souteneurs).  iSf. 

BARBISET  :    Diminutif    de 

barbe. 

Plus  jeune  et  moins  en 
faveur  (Argot  des  voleurs). 

N. 

BARBOIS  :  Voleurs. 

J^a  romance  du  pègre 
dit  : 

Pègres  et  barbais,  rappliquez  au 

I Sauvage 

Et  sans  traquer  livrez  vous  au 

iplaisir. 

On  aurait  tort  de  vouloir  être  sage 

Puisau'après  tout  on  sait  qu'il 

]faut  mourir. 

(Argot  des  voleurs). 

iîARBOTTER  :    EouiUer  les 
poches  de  quelqu'un. 

C'est  une  spécialité  (pii 
demande  une  certaine 
adresse. 


La  ménagère  souvent  la 
nuit,  pendant  que  son  mari 
sommeille,  pratique,  sans 
mandat,  une  visite  domi- 
ciliaire dans  les  poches  du 
dormeur  (Argot  du  peuplfi. 

BARBOTTIER:  CanapéfArgot 

des  voleurs).  JV. 

BARBUE  :  Plume. 

Allusion  à  la  barbe  des 
anciennes  plumes  d'oie  (Ar- 
got des  voleurs). 

BARON  DE  LA  GRASSE  : 

Individu  malpropre,  sale, 
puant,  dégoûtant,  ne  se 
débarbouillant,  suivant  une 
vieille  expression,  que  lors- 
qu'il pleut  (Argot  du  peu- 
pie). 

BARRE  :  Aiguille  (Argol  des 
voleurs).  A^. 

BARRE  :  Taisez-vous,  en 
voilà  assez. 

Fermez  çà,  barre. 

Barrée  (la  rue  est).  Elle 
l'est,  en  ellet,  pour  ceux 
qui  n'y  peuvent  passer  à 
cause  d'un  créancier  récal- 
citrant. 

On  dit  aussi  :  on  pace 
(Argot  du  peuple). 

RARRÉ  (Etre)  :  Individu  bou- 
ché, crédule,  ignorant,  qui 
comprend  diflicilement. 

Mol  à  mot  :  il  a  la  cerv^'Ue 
barrée  (Argol  du  peuple). 

BARRÉE  (La)  :  Échelle. 

Allusion  aux  échelons  qu 


BAS 


liAT 


l'onnenl  banvaiix  (Argot  dos 
voleurs).  V.  Montante. 

IIAS  PERCÉ:  Etre  à  fond  de 
cale,  à  bout  de  ressources. 
Allusion  aux  bas  percés 
qui  indiquent  la  misère  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Lac. 

IIASANE:  Peau. 

f  jes  tabliers  des  foi*gerons 
se  nomment  basane  (A^d^^^ 
du  peuple). 

IIASCL'LE  :  La  guillotine. 
Allusion  à  la  planche  qui 
bascule    pour    pousser   le 
condamné  sous    la  lunette 
I  Argot  des  voleurs). 

liASCULES  :  Épaules  (Argot 
des  voleurs).  V.  Porte 
turbin.  ^. 

r.AS  DU  CUL:  Petite  femme. 
Dans  le  peuple,  pour  bien 
caractériser  sa  petitesse,  on 
dit  :  quand  elle  pèle  elle 
fait  des  ronds  dans  le  sable. 
(Argot  du  peuple). 

r.AS  DE  BUFFET:  Injure  à 
l'adresse  des  vieilles  fem- 
mes prétentieuses  qui  se 
maquillent  outrageusement. 
Pour  accentuer  on  dit  : 
vieux  bas  de  buffet  f  Argot 
(\\\  peuple). 

lîASARDER  :  Vendre. 

—  Je  hasarde  mes  frus- 
ques, mon  mobilier. 

hasarder  veut  dire  aus- 
si rcHVovcM'  : 


—  Je  basarde  ma  maî- 
tresse (Argot  du  peuple). 

BASTRINGUE:  Bal  de  bas 

étage  où  se  doime  rendez- 
vous  la  canaille  du  quartier 
dans  lequel  il  est  situé. 

Bastringue ,  faire  du 
bruit,  du  ta|)age, 

Quand  Tbomme  rentre  au 
logis,  un  peu  humecté  et 
qu'il  casse  la  vaisselle,  la 
ménagère,  furieuse,  lui  dit  : 

—  T'as  pas  bientôt  lini 
ion  bastringue,  sale  cha- 
meau? (Argot  du  peuple). 

BASSE  (La):  La  terre. 

Pour  qualilier  un  fainéant 
qui  ne  veut  pas  travailler 
on  dit  :  il  a  les  eôtes  en 
long,  ce  qui  l'empêche  de 
se  baisser, 

La  terre  est  trop  basse 
(Argot  du  peuple).  N. 

BASSIN  :  Insipide,  ennuyeux 
(Ai'got  du  peuple).  V.  Bas- 
sinoire. 

BASSINOIRE  :  Individu  qui 
répète  cent  fois  la  même 
chose  pour  ne  rien  dire  (Ar- 
got du  peuple). 

BATACLAN  :  Outils  de  mal- 
faiteurs (Argot  des  voleurs) 
Y.  Agobilles. 

BATACLAN  :  Mobilier. 

Les  jours  de  terme  les 
ouvriers  disent  : 

—  Nous  déménageons  le 
bataclan,  ou  bien  :   nous 


28 


BAT 


BAT 


enlevons    le  Saint-Frus- 
qiiin  (Argot  du  peuple). 
BATAILLE  DES  JESUITES  : 
Habitudes  de  masturbation. 

Dans  les  ateliers,  quand 
un  apprenti  reste  trop  long- 
temps au  cabinet,  un  ou- 
vrier dit  à  un  autre  appren- 
ti : 

—  Vas  donc  voir  s'il  ne 
se  fait  pas  sauter  la  cer- 
velle. 

L'allusion  est  transpa- 
rente (Argot  du  peuple). 

BATII  AU  PIEU  :  Femme  qui 
a  des  qualités  extraordinai- 
res au  lit  (pieu), 

Terme  employé  par  les 
passionnés  qui,  générale- 
ment, s'y  connaissent  (Ar- 
got des  souteneiu's). 

BATH  AUX  POMiMES  :  Tout 
ce  qu'il  y  a   de  mieux,   le 

nec  2^lus  ultra  en   toutes 
choses  (Argot  du  peuple). 

fîATIF  ou  BATIVE  :  Beau  tout 
ce  qu'il  y  a  d'admirable,  de 
supérieur,  de   merveilleux. 

—  J'ai  un  homme,  y  en 
a  pas  de  pareil,  il  est  batk 
(Argot  des  tilles). 

BATIR  SUR  LE  DEVANT: 

fttre  enceinte. 

—  L'allusion  est  facile  à 
saisir  (Argot  du  peuple).  V. 
A  va  fer  le  pépin. 

BATON  :  Juge  de  paix  (Argot 

des   voleurs).  N. 
BATOUSE:  Toile  neuve,    de 

hatousier    (tisserand) 


—  J'ai  une  rouillarde 
en  hatouse  toute  battante 
(neuve) (Argot  des  voleurs). 
WRomllarde. 

BATOUSIER:  Voleur  de  toile 
ou  de  linge  que  les  blan- 
chisseurs de  la  campagne 
font  sécher  dans  les  prairies 
ou  sur  les  haies  (Argot  des 
voleurs). 

BATTAGE:  Se  moquer  de 
quelqu'un,  dire  ce  que  l'on 
ne  pense  pas. 

—  C'est  du  battage  il 
n'est  pas  plus  malade  que 
moi   (Argot  du  peuple). 

BATTANT:  Le  cœur  (Argot 
des  voleurs  ).  V,  (7r«^?^/  res- 
sort. 

BATTANT  :  L'estomac. 

—  J'ai  le  ventre  creux, 
rien  a  me  coller  dans  le 
battant  (\rgoi  du  peuple i. 

BATTANT,BATTANTE:Chose 

neuve. 

On  dil  dans  le  peu- 
ple a  tout  bout  de  champ  : 

—  Elle  est  battante, 
neuve  C'est  un  double  em- 
ploi (Argot  du  peuple).   A\ 

BATTANCOURT:  Soulier(  Ar- 
got des  voleurs).  V.  Ripa- 
tons. 

BATTANDIER  :  Mendier  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Aller  à 
la  chasse  avec  un  fusil  de 
toile. 


BAT 


BAT 


29 


r.ATTOIRS:  Les  mains,  allu- 
sion au  bruit  que  lonl  les 
hianchisseuses  a  vee  leur  ifl:/- 
toir  ;  quand  les  claqueurs 
applaudissent  troj)  hruyani- 
nient,  les  voyons  loj^és  au 
ponlaillei'  erient  :  Remisez 
donc  vos  battoirs  CAi'iïot  du 
peuple). 

HATTRE     UNE     RASANE: 

(i«'ste  familier  aux  gamins 
qui  se  frappent  la  cuisse  du 
revers  delà  main  droite. 

Ce  iijeste  veux  dire  :  Merde 
(Argot  du  peuple). 

IJATTRELERRIQlETrErot- 

ter  en  marchant  les  deux 
jamlies  de  son  pantalon 
l'une  contre  l'autre  (Argot 
du   peuple). 

r.ATTRE  LACOl  VERTl  RE  : 

Ne  savoir  que  faire  et  rester 
couché  toute  la  journée  (Ar- 
got des  troupiers). 

IJATTRE  LE.TOR:  Y.  Battre 
coïDtois. 

HATTRE  COMTOIS:  Un  com- 
père bat  comtois  en  deman- 
dant un  gant  devant  une 
baracjue  de   lutteur. 

Les  spectateurs  le  prennent 
pour  un  adversaire  sérieux: 
dans  l'arène  il  se  laisse  tom- 
ber. 

Un  accusé  bat  comtois 
en  leigr.ant  de  ne  ])as  com- 
prendre les  quesîions  du 
juc-e  d'instruction, 

Une  femme  bat  corntois 


lorsquelle  vient  de  coucher 
avecson  amant  et  qu'ellejure 
à  son  uiarien  rentrant  qu'elle 
lui  est  lidèle  (Argot  du  peu- 
ple). 

RATTRE  ENTIEEE  :  Fair(>  le 
niais,  l'imbécile. 

—  Tu  battras  entijfe 
(juant  le  quart  te  deman- 
dera comment  tu  as  rousti 
la  tocante  à  ta  dabe  (Ar- 
got  des  voleurs) 

RATTRE     LA     SEMELLE  : 

Dans  les  grands  froids  les 
trou[)iers  battent  la  semelle 
pour  se  réchauller  les  pieds, 
soit  qu'ils,  frappent  sur  le 
sol,  soit  qu'ils  frappent  en 
cadence  semelles  contre 
semelles  (Argot  des  trou- 
piers) 

RATTRE  LA  SEMELLE:  Ar- 
penter le  trottoir,  faire  les 
cent  pas  en  attendant  quel- 
qu'un (Argot  du  peuple) 

RATTRE     LA     SEMELLE: 

Se  dit  d'une  femme  sans 
homme  qui,  à  l'instar  de 
certain  photographe,  opère 
elle  même. 

Elle  bat  la  semelle  mais 
ne  frappe  pas  aussi  fort  que  le 
cordonnier  sur  son  pavé 
(Argot  du  peuple).  N . 

RATTRE  DE  LA  FAUSSE 
M(  )NNAIE  :  Rat  tre  sa  femme 
(Argot  du  peuple).  N. 

RATTRE     UN    DIG  -  DIG  : 

Simuler  une  fausse  atiaque 

2. 


30 


BEC 


BEC 


d'épilepsie  sur  la  voie  publi- 
que. 

L'homme  qui  pratique  ce 
truc  pour  donner  à  l'atta- 
que simulée  l'apparence  de 
la  vérité,  se  met  préalable- 
ment dans  la  bouche  un 
morceau  de  savon.  En  le 
mâchonnant  le  savon  mousse 
et  lui  amène  l'écume  aux 
lèvres  comme  si  l'attaque 
était  naturelle. 

Les  batteurs  de  dig-dig 
font  souvent  de  fortes  re- 
celtes (Argot  des  voleurs). 

BAUCE  ou  BAUSSE  :  Patron. 
Dans  toutes  les  chapelleries 
de  France  on  emploie  ce 
terme  (Argot  des  chape- 
liers). 

BAVASSER  :  Personnage  qui 
ne  sait  ce  qu'il  dit,  qui  ha- 
rasse \i  tort  et  à  travers. 

Mot  à  mot  baver  des  pa- 
roles vides  de  sens  (Argot  du 
peuple).  iV^. 

BAVAROISE  AU  LARD:  Ab- 
sinthe épaisse  à  couper  au 
couteau  (Argot  du  peuple). 

N. 

BAVER  DES  CLIGNOTS  : 
Pleurer. 

Le  peuple  plus  expressif 
dit  :  chier  des  chasses  (Ar- 
got du  peuple).  V.  ce  mot. 

BEC  DE  GAZ  :  Sergent  de 
ville. 

Il  éclaire  les  malfaiteurs 
quand  il  n'est  pas  chez  le 
marchand  de  vins  en  train 


à' étouffer  un  glacis  (Argot 
des  souteneurs).  N. 

BEC  DE  GAZ  :  A  la  maïiille 
aux  enchères,  quand  le 
joueur  auquel  le  point  est 
adjugé  rencontre  un  jeu  sur 
lequel  il  ne  comptait  pas 
dans  les  mains  d'un  de  ses 
adversaires,  il  dit  :  J'ai 
rencontré  un  bec  de  gaz 
(Argot  du  peuple).  N. 

BÉCANE  :  Mauvaise  machine 
à  vapeur  rafistolée  par  les 
Auvergnats  de  la  rue 
de  Lappe,  qui  marche 
comme  une  montre  réparée 
par  un  charron  (Argot  (\\\ 
peuple).  V.  Seringue. 

BECHER  EN  DOUCE  :  Bla- 
guer un  ami  doucettement 
mais  lui  dire  de  dures  véri- 
tés sous  des  apparences  de 
bonhomie  (Argot  du  peu- 
ple). 

BECHEUR  :  Avocat  général. 

II  bêche  le  prévenu  pour 
le  faire  condamner  quand 
même. 

Pour  V avocat  bêcheur  il 
n'y  a  pas  d'innocents. 

Ou  le  bêcheur  commence    à 
(  Jaspiner. 

(Argot  des  voleurs). 

BËCOT  :  Bouche,  baiser. 
—  Mon     petit    homme, 
donne-moi  un  bécot. 

Embrasse-moi  (Arffotdes 
fdles). 


BEL 


BEC 


31 


r.KGOTTER  :  Embrasser. 

—  C'est  dégoûtant  !  Ces 
jeunes  mariés  se  bécottenl 
toute  la  journée  (Argot  du 
peuple). 

liKCQlETER  :  iManger. 

—  J'ai  encore  cent  ronds 
à  becqueter.  Viens-tu  inan- 
(jer  une  Triture  à  Anieuil 
(Argot  du  peuple). 

IJEDON  :  Gros  ventre. 

En  Normandie  on  dit  be- 
dolle  pour  bedon  (Argot 
du  peuple). 

r.EFFEUR  (C'est un)  :  homme 

((ui  fait  des  dupes. 

Honime  d'à  liai  res  marron 

Ses  clients  le  sont  plus 

souvent  que  lui  (Arçot  des 

voleurs). 

IIÉGUIN  :  Petit  serre-tête  en 
toile  (jue  l'on  met  sur  la 
tète  des  enfants  nouveau- 
nés  (Argot  des  nourrices). 
V.   Acoir  un  béguin. 

liKGUIN  CARABINÉ  :  Avoir 
tni  amour  de  première  force 
auquel  il  est  impossible  de 
résister  (Argot  du  peuple). 


15ELETTE 

se  use. 


V.  Blanchis- 


HELLE  (faire  la)  :  Jouer  une 
troisième  partie  qui  déci- 
dera quel  sera  le  vainqueur 
des  deux  adversaires  ayant 
perdu  chacun  une  manche 
(Ai^ot  du  peuple). 


BELLE  DE  NUIT  :  Fille  pu- 
blique déjà  vieille  qui  rac- 
croche la  nuit  parce  que 
la  mtit  tous  les  chats  sont 
gris. 

Celte  expression  est  an- 
cienne. Vers  1850,  on 
chantait  dans  un  •  revue  in- 
tiiulée  :  Vice  la  Joie  et 
les  Pommes  de  terre  re- 
présentée aux  Folies-Dra- 
matiques, à  l'ancien  boule- 
vard du  Temple. 

Tous    les    soirs    l'amateur 

I  contemple 

Les  belles  de  nuit  qui  sïunt 

I  voir, 

Sur  le  boulevard  du  Temple. 

(Ai-got  du  peuple). 

BÉNISSEUR  :  Homme  qui 
tronvc;  toujours  tout  très 
bien  et  n'a  jamais  une  pa- 
role amère  pour  personne. 
Le  critique  IL  de  La- 
pommeraye  fut  et  restera 
le  plus  illustre  bénisseur 
du  siècle  (Argot  du  peuple). 

BENOIT  :  Maquereau. 

Benoit,  (lans  le  langage 
populaire,  est  synonyme 
d'imbécile,  de  niais,  n'en 
déplaise  à  ceux  qui  portent 
ce  nom. 

Il  veut  dire  aussi  ma- 
quereau, dans  le  monde 
des  filles  (Argot  des  soute- 
neurs). N. 

BÉQUILLARDS(Les):  Vieil- 
lards infirmes  et  mendiants 
que -la  police  arrête  quoti- 


32 


RER 


RET 


dieniiemenl  et  qu'elle  est 
forcée  de  relâcher  faille 
de  délit. 

Ainsi  nommés  parce 
qu'ils  ont  des  béquilles  ou 
qu'ils  boitent  s'appuyant 
sur  une  canne  (Argot  des 
voleurs).  A^. 

REIIDOUILLE  :  Ventre. 

—  Que  houIottes-U\  donc, 
mon  vieux,  pour  avoir  une 
sacrée  berdouiUe  comme 
ça? 

On  dit  aussi  bedaine 
(ArgOc  du  peuple). 

BERCE  :  Brigadier. 

Pour  distinguer  un  sous- 
ordre,  on  ne  dit  pas  un 
sous-brigadier^  mais  par 
abréviation  un  S.  B.  (Ar- 
got des  agents  de  policel.  A'^. 

BEliGE  :  Année. 

—  Je  tire  cinq  berges  à  la 
Centrousse  de  Melun  (Ar- 
got des  voleurs). 

BERGERONNETTE  :  Année. 
Diminutif  de  berge  (Ar- 
got des  voleurs). 

BÉQUILLER  :    Manger  (Ar- 
got des    voleurs).  V.  BêC- 

ter. 


BERLINE  :  Couverture  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

BERLINE  DE  COMMERCE  : 

Commis-voyageur      (Argot 
des  voleurs). 

BERNIQUE    :    Non.    Je   ne 
veux  pas. 


On  dit  aussi  Bernique 
Sansonnet  (Argot  .du  peu- 
ple). V.  Brenide. 

BESSONS  :  Les  deux  seins 

(Argot  des  voleurs). 

BERTELO  :  Un  franc  (Argot 
des  voleursj,. 

BÉTA  :  Niais,  crétin,  super- 
latif d'imbécile  (Argot  du 
peuple). 

BÊTASSE  :  Mou,  flasque 
(Argot  du  peuple). 

BÊTE   A    CHAGRIN  :    Une 

femme  légitime. 

Quand  elle  est  acariâtre, 
et  elle  l'est  souvent  par  les 
nécessités  de  la  vie,  on  lui 
donne  ce  nom  peu  aimable 
(Argot  du  peuple).  N. 

BÉTE  A  BON    DIEU  :     Y. 

Bête  à  pain. 

BÊTE  A  CORNES  :  Four- 
chette (Argot  des  voleurs). 

N. 

BÊTE  A  PAIN  :  Homme  bon 
et  simple. 

Mot  à  mot  :  bon  comme 
du  bon  pain  (Ai^ot  du 
peuple). 

BETINET  :  Queue  rouge. 
Le  peu[)le  donne  ce  nom 
aux  paillasses  qui  font  le 
boniment  sur  les  plact^s  pu- 
bliques ou  devant  les  ba- 
ra^jues  de  saltimbanques 
pour  amasser  la  foule. 
L'un    d'eux   lut   célèbre 


Hin 


me 


33 


sous  le  nom  de  Bétinet,  de 
IcSiO  à  ISrJO,  sur  la  place 
(le  la  Hasiille.  Il  était  re- 
iionmié  pour  ses  bêtises 
sîupétianles  (Argot  du  peu- 
pie). 

III. IMPLANT  :  Café  chantant 
o!i  les  spectateurs  chantent 
«'u  chd'ur  avec  les  artistes. 
Les  deux  plus  célèbres 
lurent  le  Beuglant  de  la 
lue  Contrescarpe  et  le  Di- 
ran  japonais  de  Jehan 
Sarrazin  (Argot  du  peuple). 

lU.lGLKK  :  Enfixnt  qui  crie 
à  en  perdre  haleine. 

—  As-tu  fini  de  beugler, 
horrible  crapaud  (Argot  du 
peuple). 

RKl  RUE  PANS  LES  ÉPl- 
NAllDS  (en  avoir  ou  en 
mettre)  :  Bourgeois  qui 
augmente  sa  fortune  par 
tous  les  moyens  possibles. 

On  sait  qur»  les  cuisiniers 
appellent  les  épinards  la 
mort  au  beurre,  parce  qu'ils 
tu  absorbent  considérable- 
ment. 

L'allusion  est  facile  à 
comprendre  (Argot  du  peu- 
ple). 

lîlIîASSE  :  Vieille  femme. 
Arrivée  à  un  certain  âge, 
la  femme  c'est  comme  les 
vieux  souliers,  ça  boit  ;  elle 
hibasse  dans  les  bars  (Ar- 
Udl  du  peuple). 


HIHASSOX,  BIBASSIEll  : 
Vieillard  (Argot  du  peuple). 
V.  Birbe. 

BIBERON  :  Pochard  qui  boit 
comme  une  éponge,  sans 
soif. 

iMot  à  mot  :  il  tète  ou 
suce  tous  les  liquides  j)os- 
sibles  (Argot  du  pen[)lej. 
V.  Suce-Canel/e. 

BIBI  :  Instrument  de  cam- 
brioleur (Argot  des  voleurs). 
V.  Tàteuse. 

BIBINE  :  Assommoir  de  bas 
étage,  où  tous  les  liquides 
les  j)lus  étranges,  connue 
jadis  à  la  bibi^ie  du  Lapin 
blanc^  chez  le  père  Mauras, 
sont  servis  aux  consonnna- 
leurs  (Argot  du  peuple).  V. 
Assommoir. 

BICHER  :  Ça  prend, ça  mord. 
Dupe  qui,  comme  le  pois- 
son, mord  à  l'hameçon  (Ar- 
got des  gens  d'à  flaires  et 
des  pêcheurs). 

BICIIET  :  Mensonge  (Argot 
des  voleurs). 

BICHON  :  Petit  chien  à  tout 
faire. 

Cet  animal  est  fort  afl'ec- 
tionné  des  dames  d'un  cer- 
tain monde  qui  évitent  avec 
lui  les  accidents  et  les  ma- 
ladies de  neuf  mois  (Argot 
des  filles). 

BICHON  :  Outil  de  chapeHer. 
C'est  une  sorte  de  petit 


34 


BID 


BIF 


tampon  de  soie  ou  de  ve- 
lours qui  sert  à  bichonner 
les  chapeaux  de  soie  et  à 
leur  donner  le  coup  de  fion 
(Argot  des  chapeliers). 

BICIIONiNER  (se)  :  Homme 
qui  a  grand  soin  de  lui- 
même  et  qui  se  hicJionne 
comme  une  petite  maîtresse 
(Argot  du  peuple).  V.  Pom- 
madin. 

BICIIONNET  :  Menton. 

Ce  mot  exprime  bien 
l'habitude  qu'ont  certaines 
gens  de  se  passer  à  tout 
moment  la  main  sur  le 
menton  pour  se  bichonner 
(se  caresser)  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Banquette. 

BIGLER  :  Pour  cligner  de 
l'œil. 

Bicler  est  une  très  vieille 
expression  (Argot  des  vo- 
leurs) V.  Guigne  à  gauche. 

RIDARD  :  Heureux,  veinard. 

C'est  un  nommé  Bidard 
qui  gagna  \m  gros  lot  à  une 
loterie  quelconque. 

On  en  fit  une  chanson 
qui  courut  les  rues  : 

Le  père  Bidard,  la  mère 
Bidard,  etc.  Depuis  ce 
temps,  les  chançards  sont 
des  Bidards  (Argot  du 
peuple).  N- 

BIDET  :  Yase  intime  que  l'on 
rencontre  dans  les  cabinets 
de  toilette  un  peu  chics. 
Bidet,  ainsi  noimné  par 


allusion  au  bidet  sur  lequel 
monte  le  cavalier  ;  madame 
se  met  à  cheml  dessus,  et 
généralement  l'eau  ne  pour- 
rait servir  qu'à  faire  du  Thé 
de  la  Caravane  r\ri.mt  des 
filles).  i\^. 

BIDET  :  La  ficelle  qui  sert 
aux  prisonniers  pour  se 
transmettre  leurs  corres- 
pondances d'étages  en  éta- 
ges. 

Allusion  au  bidet  de 
poste  (Argot  des  voleurs). 
V.  Postillon. 

BIDOCHE  :  Viande. 

Cette  expression  est  con- 
nue depuis  1830. 

Le  nom  de  la  mère  Bi- 
doche  avait  été  donné  à  la 
marchande  de  soupe  qui  te- 
nait le  restaurant  des  Pieds 
humides  à  l'ancien  marché 
des  Innocents,  aux  Halles. 

Le  mot  est  resté  dans  le 
peuple,  ((ui  dit  aussi  quand 
la  bidoche  est  trop  dure  : 
c'est  de  la  carne  (Argot  du 
peuple). 

BIDON  :  Ventre. 

Corruption  de  .bedo?i; 
on  dit  aussi  hidoiiard. 

S'emplir  le  bidon  chez 
le  mastroquet  :  boire  (Ari 
got  du  peuple). 

BIEFxVRD  :  Bourgeois  (Argot 
des  voleurs). 

BEEFSTEACK  A  CORBEAU 

Vieille  fille  publique  qui  î 


lilL 


BIX 


stTvi  (le  litière  à  tout  un 
régiment  de  cuirassiers  (Ar- 
-lot  du  peuple).  N'. 

lîEEFSTEACK     A    MAC- 
QUART. 

Macquart  est  réqiiarris- 
seur  qui  a  la  spécialité  d'a- 
battre les  vieux  chevaux, 
les  carnes  hors  de  service 
(Arjj;ot  du  peuple). 

IFFIX  :  Chinounier. 

Ainsi   dénommé    par  le 
[   peuple  à  cause  de  son  cro- 
chet  qui  lui  sert   à   deua; 
fins  :   à  se  délendre  et  à 
travailler. 

Depuis  18i8,  on  dit  d'un 
chiflbimier  qu'il  eslmembre 
du  comité  de  recherches. 

Allusion  à  ce  qu'il  fouille 
dans  les  tas  d'ordures  pour 
y  trouver  sa  vie  (Argot  du 
peuple). 
RII-FETON  :  Billet. 

Quelques-uns  écrivent 
HiiffetoUj  c'est  une  er- 
reur (Argot  des  camelots). 

iîi.I()i:tier  sur  le  ge- 
nou :  Savetier. 

Allusion  aux  clous  nom- 
més bijoux  avec  lescjuels 
il  ferre  les  semelles  des 
souliers  (Argot  du  peuple). 
V.  Gniaff. 

HIEBOQUET  :  grosse  femme. 

Il  paraît  pourtant  impos- 
sible de  jongler  avec  elle. 

C'est  sans  doute  par  al- 
lusion à  la  houle  du  bilbo- 
quet (Argot  des  voleurs). 


BHjEANCER  :  Condamné  qui 
a  lait  sa  prison. 

C'est  la  corruption  de 
billancher,  payer  ;  en 
elfet,  le  prisonnier  qui  a  fait 
sa  prison  a  payé  sa  dette 
(Argot  des  voleurs).  N. 

BILLANCHER  :  Payer. 

—  C'est  dégoûtant,  il 
faut  toujours  billancher 
(Argot  du  peuple). 

BILLER  :  Diminutif  de  bil- 
lancher. 

Même  signification  (Ar- 
got du  peuple). 

BILLET  DE    LOGEMENT  : 

Quand  les  tilles  vont  à  Mon- 
tretout  (la  visite  sanitaire), 
si  elles  sont  malades,  elles 
sont  retenues  et  dirigées 
sur  l'inlirmerie  de  Saint- 
Lazare;  le  médecin  inscrit 
la  nature  de  la  maladie  sur 
un  bulletin  dont  la  couleur 
varie  suivant  la  gravité  du 
cas. 

Une  fois  installées  dans 
leur  lit,  le  bulletin  est  placé 
à  la  tète  du  lit  dans  un 
petit  cadre  spécial. 

De  là  le  nom  de  billet  de 
logement  (Argot  des  lilles). 

BINELLE  :  Faillite. 

—  Il  est  tombé  en  bi~ 
nelle,  mais  si  les  Anglais 
se  tapent.,  il  a  carré  \o- 
seille  {Xr'^ot  des   voleurs). 


36 


BLA 


BLA 


BIKBE  :  Vieillard  (Argot  du 
peuple). 

BIRIBI  (dés)  :  Ce  jeu  se  joue 
dans  les  foires  et  dans  les 
fêtes  publiques.  C'est  un 
vol  audacieux.  (Argot  des 
camelots). 

BISOT  :  Ami  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Aminches. 

BISTOURNE  :  Cor  de  chasse. 
Allusion  à  la  forme  tour- 
née de  l'instrument  (Argot 
du  peuple). 

BISTRO  :  Marchand  de  vins. 

On  dit  aussi  des    petits 

commis   des    magasins    de 

nouveautés   qu'ils  sont  des 

bistros  (Ai^'ot  du  peuple). 

BlTURE(s'en  flanquer  une):  Se 
saouler  comme  un  cochon 
(Argot  du  peuple). 

BLAIRE  :  Nez. 

Cette  expression  est  en 
usage  depuis  plus  de  cin- 
quante ans  dans  L  s  fau- 
bourgs, où  les  terreurs  à  la 
sortie  des  bals  publics  se 
bouffaient  le  blaire  (Argot 
des  souteneurs). 

BLANCIIETTE  :  Hiver. 

Allusion  à  la  neige  cl  au 
givre  qui  couvre  les  rues  et 
les  toits  d'une  nappe  blaii- 
cheikv^Qi  des  voleurs).  N. 

BLANCIIISSELSE  :  Pièce  de 
cinquante  centimes  (Argot 
des  voleurs).  JSf. 


BLANCHISSEUR  :    Avoc:.i. 

Ce  mol  date  du  procès 
du  fameux  empoisonneur 
Couty  de  Laponmierais. 

Dans  les  couloirs  du  pa- 
lais, avant  l'audience  des 
assises,  on  discutait  la  con- 
damnation ou  l'acquitte- 
ment; la  majorité  des  avocats 
étaient  d'avis  qu'il  serait 
acquitté  parce  que  Lachaud 
blanchit. 

Lachaud  était  le  défen- 
seur de  Lapommerais. 

Les  voleurs  se  souvien- 
nent du  calembour  (Argot 
des  voleurs).  N. 

BLANCHISSEUSE  DE  TU- 
YAUX DE  PIPES  :  Blan- 
chisseuse qui  ne  blanchit 
jamais  rien,  elle  n'a  que 
l'apparence. 

Elle  habite  géné^lement 
aux  environs  des  hôtels, 
pour  avoir  la  clientèle  des 
commis-voyagenrs  qui  dé- 
sirent être  servis  à  la  mi- 
nute (Argot  du  peuple). 

BLANCHOUILLARDE:  Hiver 

Diminutif  de  blanchette 
(Argot  des  voleurs). 

RLAGUE  A  TABAC  :  Vieilles 
tétasses  molles  et  flasques 
qui  tombent  outrageuse- 
ment (Argot  du  peuple). 

BLANQUETTE  :  Aigenl(Mie 
(Argot  des  voleurs).  N. 

BLAVE  :  La  cravate  (Argot 
des  voleurs).  N- 


BLE 


BOB 


37 


HLAVIN  :  Mouchoir. 

Une  vieille  ciiaiisou  dil  : 

\.Q  parrain  care  sâfrime  dans 

I  son  blaoin. 

Argot    des  voleurs).     Y . 

Aniterge. 

r.l.AVlMSTE  :  Voleur  (pii  a 
la  spécialité  de  faire  le  b/a- 
vi)l  (Mouchoir  I  i  \ruoi  des 
voleurs). 

lU.AZE  :  Numéro  (Argot  des 
voleurs).  N. 

lîLÉ  :  Aident  monnayé  (Ar- 
got des  voleurs),  V.  Aubert. 

lîLÉClIARD  :  Laid,  disgràeié 
(le  la  nature. 

Dans  les  fauhourgs  ou  dil 
(l'une  femme  dans  ce  cas  : 

—  Elle  est  rien  blèche 
Argot  du  i)euple). 

r.LÉCnARDE:  C'est  le  super- 
latif de  bléchard. 

Pour  bien  accentuer  on 
ajoule  qu'elle  a  une  gueule  à 
faii'e  tourner  la  soup  *  au 
lait  (Argot  du  peuple). 

lu. EU  (Passer  au  bleu):  Faire 
disparaître  un  objet  ({uel- 
conque. 

Le  samedi  de  paye  quand 
l'ouvrier  care  un  peu  de 
fjaltouze,  la  ménagère  dit  : 

—  Mon  vieux  tu  m'as  fait 
passer  cent  sous  au  bleu 
(Arçot  du  peuple). 

I5LEU  :  Jeune  soldat. 


Se  dit  de  tous  les  hommes 
qui  arrivent  au  régiment. 

Ils  sont  bleii  juscpi'à  ce 
qu'ils  soient  passés  à  l'école 
de  peloton  (Argot  des  trou- 
piers). 

BLEU  (J'en  suis):  Etre  étonné, 
ne  rien  eompn  ndre,  en  res- 
ter ébahi  (Argot  du  peuple). 

ULEU  (N'y  voir  que  du)  : 
Etre  volé  sans  s'en  aperce- 
voir (Argot  du  peuple). 

BLEUET  :  Billet  de  banipie. 
Allusion  à  la  couleur  ô/^/^^ 
des  précieux   papiers  (Ar- 
got des  voleurs).   V.  2'al- 
biu  d'altèqiie. 

BLOKAUS  :  Chapeau  haut 
de  forme  (Argot  dii peuple). 
Y.  Bloiuii. 


BLOUM  :  Même  signiûcation 
que  précédemment  (Argot 
du  peuple). 

BLOT  (C'est  mon  blot)_: 

J'ai  ce  que  je  désire,  elle 

fait  bien  mon  blot. 

Ça  fait  le  blot,  ça  fait  le 

compte  (Argot   du  peuple). 

Y.  Balle.  N. 

BOBËCIION  (Se  monter  le)  : 
On  dit  aussi  se  monter  le 
bourrichon. 

Croire  qu'une  chose  fausse 
est  vraie  et  prendre  un  dé- 
sir pour  une  réalité  (Argot 
du  peuple).  lY. 

3 


38 


BOI 


BOI 


BOBINE  :  Tête  (Argot  du 
peuple).  V.  Tronche. 

BOBINCUE  :  L'ancien  théâtre 
Bohino. 

Les  étudiants  disaient 
Bohinsky  (Argot  des  étu- 
diants). 

BOBINO  :  iMontre  (Argot  des 
voleurs).  V.  Babillarde. 

BOBINO  EN  JONC  :  Montre 
en  or  (Argot  des   voleurs). 

BOBINO  EN  PLATBE:  Mon- 
tre en  argent  (Argot  des 
voleurs) . 

BOCAUD  :  Maison  de  tolé- 
rance (Argot  du  i^euple). 
V.  Magasin  de  Uanc. 

BOGUE  :  Allemand  (Ai-got  du 
peuple).  V.  Alboche. 

BOG  EN  JONC  :  Montre  en  or 

Quelques-uns    écrivent 

bogues  et  baube,  mais  ce 

n'est  pas  exact    (Argot  des 

voleurs) . 

BOILAÎID  :  Le  temps  (Argot 
des  volem*s). 

BOIRE  DU  LAIT  :  Etre  con- 
tent. Se  réjouir  du  mal  qui 
arrive  à  un 
du  peuple). 

BOIRE  A  LA  GRANDE 
TASSE  :  Se  jeter  dans  la 
Seine. 

En  efïet,  l'homme  qui  se 
noie  peut  boire  à  son  aise, 
la  tasse   est  assez  large  et 


assez    profonde   (Argot  du 
peuple). 

BOIT  SANS  SOIF  :  Ivrogne 
(Argot  du  peuple).   V.  Sac 

à  vin. 

BOITE  (La  grande)  :  La  pré- 
fecture de  police  (Ai^ol  des 
voleurs).  V.  Tour  poin- 
tue. 

BOITE  A  CORNES  :  Cha- 
peau. 

Allusion  aux  cocus  qui  y 
cachent  leurs  cornes  (Ar- 
got du  peuple). 

BOITE  A  OUVRAGE  :  L'ou- 
til avec  lequel  les  lilles  ga- 
gnent leur  vie. 

Quand  l'une  d'elles  va 
au  Dispensaire,  elle  dit 
qu'elle  va  faire  voir  sa  boUe 
à  outrage  (Aii^^ot  des 
filles).  N. 

BOITE  AUX   CAILLOUX   : 

Prison  où   l'on  couche  sur 
la  dure. 

Allusion  aux  matelas  qui 
sont  rembourrés  avec  des 
noyaux  de  pêches  (Argot 
des  voleurs).  A'^. 

BOITE  A  DOMINO  :  Bran- 
card couvert  qui  sert  dans 
les  hôpitaux  à  transporter 
les  morts  de  leur  lit  à  l'am- 
phithéâtre. 

Allusion  de  foi'me  (Argot 
du  peuple). 

BOITE   A    DOMINOS  :    La 

bouche. 


BOI 


BOM 


39 


Allusion  à  la  blancheur 
di^s  (lents  et  à  leur  forme 
(|ui  ressemble  aux  dés  (Ai - 
i^ot  du  peuple). 

nom:  a  LAIT:  Les  seins. 
L'allusion  est  jolie.  Les 
seins  d'une  jolie  fennne 
soîit  certainement  des  boi- 
le.s  à  lait  à  même  les- 
(juelles  on  voudrait  boire 
(Argot  des  voleurs).  N. 

BOITE  A  PANDORE  :  C'ost 
u;ie  boîte  ronde  qui  a  la 
lorme  exacte  d'une  montre 
ordinaire.  Elle  contient  une 
(lie  molle  très  u»alléable 
j) réparée  pour  prendre  les 
empreintes  des  serrures 
(les  maisons  marquées  pour 
être  dévalisées. 

Ce  travail  est  fait  parh's 
larbiniers  qui  préparent  la 
beso^^nie  des  cambrioleurs 
LVrgot  des  voleurs). 

BOITE  A  PANTES  :  Maison 
de  tolérance. 

Cette  expression  n'est 
pas  juste  ;  il  n'est  pas  né- 
cessaire d'èire  un  pante, 
c'est-à-dire  un  imbécile, 
l>our  s'oHrir  une  satisfaction 
avec  C  D.  G.  (Argot  des 
voleurs).  V.  Bocard. 

BOITE  A  SIGUES  :  Gilet. 
Allusion  aux  poches  qui 
X  ivent  à  mettre  des  pièces 
fie  vingt  francs  [sif/ues].  .  . 
(jiiand  on  en  a  (Argot  des 
voleurs).  N'. 


BOITE  A  YÉUOLE  :  Fille  de 
barrières  ou  rôdeuse  de 
casernes  qui  s'allranchit  d(î 
la  visite  sanitaire  et  en  fait 
d'eau  ne  connaît  que  l'eau 
d'art"  (Argot  du  peuple). 

BOITE  A  VIANDE  :  Cer- 
cueil. 

Ce  n'est  pas  une  bt^le 
de  conserve  (Argot  des  vo- 
leurs). iV. 

BOISSEAU  :  Chapeau  haut 
de  forme. 

Allusion  de  forme  et 
aussi  à  la  grandeur  de  cer- 
tains cliapeaux  (jui,  assuré- 
ment, pourraient  servir  à 
niesurer  des  pommes  de 
terre  (Argot  du  peuple).  V. 
B/ouili. 

BOITEUX  D'UN   CHASSE  : 

Borgne. 

Manchot  eiit  été  plus 
juste  (Ai*got  des  voleurs). 
V.  Caliborgne. 

BOMBE  :  Mesure  non  classée 
qui  contient  environ  un  de- 
mi-litre de  vin. 

Quand  un  ouvrier  en  a 
bu  un  certain  nombre,  ses 
camarades  disent  :  Il  est  en 
bombe. 

Quand  il  rentre  au  logis, 
la  ménagère  fait  une  scène 
épouvantable  ;  les  voisins 
entendant  le ^(/^artZ  disent  : 
la  ôowi^(?  éclate,  gare  !  (Ar- 
got du  peuple).  N . 


40 


BON 


BON 


BON  A  NIB  :    î\.ressj:ix. 
Mot  à  mol  :    bon  à  rien 
(Argot  des  voleurs). 

BONBON  A  LIQUEURS  : 
Bouton  qui  suinte  constam- 
ment une  humeur  liquide. 
Individu  qui  a  des 
écrouelles  (Argot  du  peu- 
ple). AT. 

BONBONNIÈRE:  Tonneau  de 
vidange. 

Allusion,  sans  doute,  à 
ce  qu'en  l'ouvrant  on  prend 
une  prise. 

Dans  le  peuple  on  dit 
d'un  vidangeur  qu'il  en 
prend  plus  avec  son  nez 
qu'avec  une  pelle  (Argot 
du  peuple). 

BONBONNIÈRE  AEILOUS  : 

Omnibus. 

Les  voyageurs  sont  ser- 
rés, le  vol  à  la  tire  est  fa- 
cile; il  y  a  des  voleurs  qui 
n'ont  que  la  spécialité  de 
voler  les  morlingues  en 
hotibonnière  (Argot  des 
voleurs).  ^V. 

BONDE  :  Prison  Centrale. 

Dans  les  prisons,  le  fro- 
mage réglementaire  est  le 
bondon,  sorte  de  fromage 
rond  qui  se  fabrique  à  Neuf- 
chàtel. 

La  portion,  une  moitié,  se 
nomme  un  sijslènte. 

Par  corruption,  on  a  fait 
bonde  (Argot  des  voleurs). 

BONNET  A  POIL  :    Le  bon- 


net ({ue  portaient  les  grena- 
diers et  les  sapeurs. 

Cette  coiffure  a  été  sup- 
primée. On  l'applique  à  un 
tout  autre  objet  (Argot 
du  peuple).  V.  As  de 
pique.  N'. 

BONNETEAU  :  Jeu  des  trois 
cartes. 

Ce  jeu  ou  plutôt  ce  voj 
s'exécute  à  Auteuil,  Saint- 
Ouen  et  dans  les  Avagons 
de  chemin  de  fer. 

M.  Marcel  Schwob,  pour 
arriver  à  expliquer  l'expres- 
sion de  bomieteiii\  dit 
qu'il  faut  passer  par  des 
intermédiaires  :  bonnet. 
bo7ineteur,  lingerie. 

Bannet,  dans  les  «le- 
liers,  signifie  se  réunir  plu- 
sieurs pour  former  une  co- 
terie, résister  au  patron  ou 
aux  autres  camarades. 

Los  bonneteurs  sont  ;4 v'- 
néralement  trois  pouro^M'- 
rer  :  le  bonneleur  i\;v\\ù'^\n 
le  jeu,  Yengayeur  «{ui 
ponte  pour  allécher  les 
naïfs,  le  nonneur  qui  est 
en  ga/fe  pour  avertir  si  la 
rousse  décale. 

Ce  trio  forme  donc  bien 
un  bonnet,  et  bonnetenr 
en  dérive  tout  naturclle- 
menr,  et  il  n'est  nullement 
question  de  lingerie. 

Bonneûel  bonneteur  sont 
deux  expressions  en  circu- 
lation depuis  plus  de  cin- 
quante ans  ;  Vldocq  en  parie 


BON 


BOU 


41 


dans  ses    Voleurs   (ArL^ot 
(lu  peuple). 

r.ONNKTDE  M  IT  ;  Triste 

connue  un  bonnet  de  nuit. 
Iloninjclacilurne,  uiélan- 
(■oli(pie,  dont  la  tristesse 
est  eonnnunicalive,  sa  pré- 
sence dans  une  réunion 
jette  nu  froid  (Arj^ot  du 
[)euple). 

IIOMMKNT  :  Discours  pour 
attirer  la  foule. 

Forains,  orateurs  de  réu- 
nions puMicpies,  hommes 
[toiitiques  et  autres  soni  de 
rudes  bonimcnteurs. 

Quand  un  boniment  est 
par  trop  fort,  on  dit  dans 
le  peuple  :  c'est  un  bo7ii- 
ncnt  à  la  graisse  de  che- 
vaux de  bois  (Argot  du  peu- 
pie). 

BUNNIR  :  Parler. 

On  appelle  le  pitre  qui  fait 

le  boniment  le  bonnisseur 
(Argot  des  camelots). 

BONMR  Ql  E  PEAU  :  Etre 
nuiet  connne  une  carpe  (Ar- 
got des  voleurs). 

BONJOURIER  :  Vol  au  bon- 
jour. 

Ce  vol  se  praiiqne  dans  les 
clianii)res  d'hùtels. 

Le  bonjourier  monteles- 
tenient  les  escaliers  comme 
s'il  allait  faire  nne  visite, 
généralement  le  matin  à 
l'heure  à  laquelle  les  gens 
dorment  encore  ;  il  voit  une 


clé  sur  la  porte,  il  entre 
doucement.  Si  le  dormeur 
s'éveille,  il  lui  souhaite  le 
bonjour  et  s'excuse  de  s'ê- 
tre trompé  de  porte;  au  cas 
contraire,  il  vole  rapide- 
ment ce  (pii  lui  tombe  sous 
la  main  et  s'esquive. 

11  y  a  six  mois,  on  arrêta 
une  bande  de  bonjouriers 
^  qui  avaient  la  spécialité  de 
voler  les  souliers  des  loca- 
taires. 

Ils  avaient  sous  le  bras 
une  serviette  d'avocat  gon- 
llée  de  vieux  journaux  ;  ils 
les  jetaient  dans  un  coin  du 
couloir  et  les  remplaçaient 
par  les  bottines  et  les  sou- 
liers (Argot  des  voleurs). 

BOQUABELLE  :  La  boucjie 
(Argot  des  voleurs).  V.  Af- 

famce. 

BOUCAN  :  Bruit,  tapage, 
chahut,  scandale. 

Un  boucan  s'organise 
pour  empêcher  un  orateur 
de  parler  ou  un  acteur  de 
remplir  son  rôle. 

Les  étudiants  sont  passés 
maîtres  dans  l'art  d'orga- 
niser un  boucan  (Argot  du 
peuple). 

BOUCARD  :  Boutique  (Argot 
des  voleurs).  V.  Bon  tan- 
che. N. 

BOUCARDIER  :  Le  petit  pé- 
griot  qui  s'introduit  dans 
la  boutique  pour  aider  son 


42 


BOU 


BOU 


complice  à  voler  (Argot  des 
voleurs).  V.  Raton. 

BOUCHER  :  Chirurgien. 

On  dit  aussi  charcutier. 

Il  charcute  les  chairs  du 

patient  (Argot  du  peuple). 

BOUCHON  :  Mauvaise  gar- 
gote où  l'on  vend  du  vin 
sans  raisin. 

Allusion  h  l'usage  ancien 
de  placer  comme  enseigne, 
au-dessus  de  la  porte  d'en- 
trée, une  branche  de  sapin 
ou  de  houx  ;  cela  se  nomme 
un  bouchon  (Argot  du  peu- 
ple). 

BOUCHON    DE    PAHJ.E  : 

Objets  à  vendre. 

()n  place  un  bouchon  de 
paille  au  collier  ou  à  la 
cpieue  d'un  chien  (pie  l'on 
désire  vendre. 

On  dit  de  certains  indi- 
vidus dont  la  moralité  est 
plus  que  douteuse  :  Ils  ont 
un  bouchon  de  paille  à  la 
conscience. 

Mot  à  mot  :  elle  est  à 
vendre  (Argot  du  peuple). 
N. 

BOUCLER  :  Enfermer. 

Dans  les  prisons,  on  bou- 
cle les  prisonniers  chaque 
soir  dans  leurs  cellules. 

On  boucle  la  lourde 
(fermer  la  porte)  (Argot  des 
voleurs). 

BOUDER  AU  TURBIN  :  Ou- 
vrier qui  cherche  tous  les 


moyens   possibles  pour  ne 
pas  travailler. 

Fille  publique  qui  ne 
veut  [)his  tîirbiner  pour 
son  souteneur.  Dans  la  fa- 
meuse chanson  :  Lamenta- 
tions d'un  souteneur,  on 
lit  : 

Quoi?  C'est  éteint...  Tu  r"bu.tes 

j  au  flanche, 

Y'a  pu  de  trottinage   à  la   clé, 

Des  dattes  pour  que  tu   fass'la 

I  planclie, 

L'anse  de  la  marmite  est  cassé. 

Pour  parer  c'gnon  qui    ni"met 

I  su'l'  sable, 

Comme     ta    peau    n'veut    plus 

I  quTeignanter, 

J'vas  me  rcoller  avec   ta  dabe, 

Qui  ne  r'toul'  pas  pour  turbiner. 

(Argot  des  souteneurs). 

BOUDINOTS  :  Cuisses  (Argot 
des  voleurs).  N- 

BOUILLON  DE  ONZE  HEU- 
RES :  Dans  le  peuple,  on 
est  persuadé  que  l'on  vous 
administre  dans  les  hôpi- 
taux un  bouillon  qui  lait 
mourir. 

Cette  légende  vient  de  ce 
qu'un  malade  à  qui  on 
donna  un  bouillon  à  onze 
heures  mourut  à  midi. 

Quand  il  arrive  quelque 
chose  de  désagréable  à  quel- 
qu'un, on  lui  dit  : 

—  Comment  trouves-tu 
le  bouillon"^  (Argot  du 
peuple). 

BOUÏS-BOUIS  :  Endroit  mal 
famé. 

Se  dit  d'un  café  comme 


BOU 


BOU 


43 


d'un  théâtre  do  dernier  or- 
dre (Argot  du  peujde). 

ilOlFKARDE  :  Pipe. 

Allusion  à  la  bouffée  de 
fumée  (juo  le  l'unieur  tire 
par  intervalles  de  sa  pipe 
et  ianee  dans  le  vide  (Argol 
du  peuple). 

l'.orFFE-TOl  T  :  Il  est  des 
individus  atteints  de  Xwhou- 
limie,  (pii  mangent  tout  ee 
((ui  se  présente. 

Thomas  l'Ours,  le  mo- 
dèle bien  connu  de  Mont- 
martre, mangeait  en  guise 
de  hors^l'œuvre  huit  livn's 
de  pain  en  buvant  un  se:!U 
de  vin. 

J.es  rapins  racontent  en- 
core qu'un  jour  de  lamine 
Thomas  l'Ours  avait  dévoré 
un  poêle  de  laïence  (Argot 
du  peuple). 

BOUFFER      LA      BOTTE  : 

Amour  platonique...  faute 
de  mieux  (Argot  du  peu- 
ple). 

BOUFFER  SON  CRAN  :  Ne 
pas  être  content,  mar- 
ronner. 

On  dit  aussi  :  bouffer 
son  bœuf  (Argot  d'impri- 
merie). 

BOUFFER  A  L'AS  :  Dîner  par 
cœur. 

Même  signification  que 
passer  à  l'as,  passer  de- 
vant Chevet,  regarder  mais 


ne  pas  toucher  (Argot  du 
peuple). 

BOUFFER  DES  BRIQUES 
A  LA  SAUCE  AUX  CAIL- 
LOl'X  :  Se  dit  par  ironie. 
Mot  à  mol  n'avoir  rien  à 
se  mettre  sous  la  dent  (Ar- 
got du  peuple).  A^ 

BOUFFI:  Noyé. 

Allusion  à  l'eau  qui 
gonlle  la  lace  de  l'individu 
qui  reste  longtemps  im- 
mergé   (Argot  du  peuple). 

BOUFFI  :  Êtrejoulllu. 

D'un  vaniteux  on  dit 
qu'il  est    bouffi  d'orgueil. 

On  dit  aussi  ironique- 
ment :  tu  l'as  dit  bouffi, 
dans  le  sens  i\\}  grosse  bête. 
Bouffi  est  le  synonyme  (Ar- 
got du  peuple). 

BOUGE  :  Endroit  infect. 

Bouge  vient  certaine- 
ment de  b'iuge  où  les  co- 
chons se  Vautrent  dans  la 
boue  et  dans  leurs  excré- 
ments. 

C'est  dans  les  bouges 
que  se  réunissent  les  vo- 
leurs de  bas  étage  (Argot 
des  voleurs).  V.  Bagnole. 

B0UX;NAT  :  Charbonnier. 

Il  y  a  fort  peu  de  temps 
que  cette  expression  est  en 
usage,  depuis  la  liberté  des 
marchands  de  vin  (Argot 
du  peuple).   V.  Auverpin. 

BOUILLOTTE  :  La  tète. 

Dans  le  peuple  pour  ex- 


44 


BOU 


BOU 


primer  que  Ton  a  une  forte 
migraine  on  dit  :  Ma  c^r- 
velle  bout. 

Bouillotte  est  la  consé- 
quence (Argot  du  peuple). 
Y.  Tronche. 

BOULE  DE  LOTO  :  Gros 
yeux  presque  à  ileur  de 
tète  (Argot  du  peuple). 

BOULE  DE  SON  :  Pain. 

Ainsi  nonuiié  à  cause  de 
sa  forme  ronde  et  de  sa 
couleur,  car  autrement  il 
n'entre  pas  de  son  dans  la 
confection  du  pain  de  mu- 
nition, pas  plus  que  dans 
celui  qui  se  fabrique  à  la 
boulangerie  centrale  de 
Saint-Lazare  pour  les  pri- 
sons de  la  Seine  (Argot  des 
voleurs) . 

BOULEAU  :  Travail. 

Ce  mot  a  pris  naissance 
chez  les  sculpteurs  sur  bois, 
parce  que  tout  morceau  de 
bois  à  travailler  est  un 
louleau. 

Cette  expression  s'est 
étendue  à  tous  les  corps  de 
métiers  qui  disent  : 

—  Je  cherche  du  bouleau 
(Argot  du  peuple).  N- 

BOULENDOS  :  Bossu. 

On  dit  aussi  :  boscando. 
Dans"  le  peuple  par  allusion 
à  la  gibbosité  on  dit  éi^ale- 
ment  : 

—  Il  a  volé  îm  pain. 

—  Il  a  un  orgue  de 
Barbarie  dans  le  dos. 


—  Il  a  un  durillon 
dans  le  dos. 

Les  troupiers  disent  d'un 
bossu  : 

—  Il  a  le  sac  au  dos 
(Argot  du  peuple). 

BOULER  :   Envoyer   prome- 
ner quelqu'un. 

Sabouler  veut  dir  •  la 
même  chose. 

—  Je  l'ai  salement  sa- 
boulé  ce  pierrot-là  (Argot 
du  peu])le). 

B  )ULET  :    Femme  légitime. 

—  Tu  traînes  toujours  ton 
boulet  mon  vieux  JBoireau  ? 

—  Mon  Dieu  oui,  elle 
ne  veut  pas  crever. 

—  Fous-lui  un  lavement 
au  verre  pilé. 

Boulet.'AWmion  au  forçat 
condamné  aux  travaux  for- 
cés qui  en  traînait  un  autre- 
fois pendant  la  durée  de  sa 
peine  (Argot  du  peuple). 
Y.  Paillasse. 

BOULETTE  :  Commettre  une 
erreur,  se  tromper. 

—  J'ai  fait  une  rude 
houlette    en    me  mariant. 

—  Quelle  boulette  j'ai 
faite  en  quittant  ma  place. 

La  dernière  boulette  est 
de  mourir  (Argot  du  peu- 
pie). 

BOULETTES  :  Billes  de  bil- 
lard. 

Allusion  à  la  forme  ronde 
(Argot  des  voleurs).  N. 


Bor 


roi: 


45 


BOILKTTE  :  Mélange  de 
cliair  à  saucisse  et  de  bœul" 
bouilli,  liaehé  menu. 

Elles  sont  rondes,  de  \h  : 
boulette  {Sv'^oi  du  peuple). 
V.  AttifjnoUes. 

BOri;MICllE  :  Abréviation 
de  boulevard  Saint-Michel 
(Argot  des  étudiants). 

lîOl'LIX  :  Perche  de  sapin  qui 
sert  au  maçon  pour  cons- 
truire ses  échafaudages  (Ar- 
got du  peuple). 

UOriJNE  :  Cette  expression 
désigne  une  vieille  coutume 
en  usage  dans  les  petites 
listes  locales. 

Les  camelots  qui  font 
ces  letes  sa  cotisent  pour 
produire  une  certaine  sonmie 
elle  est  destinée  à  faire  boire 
le  garde -champêtre  pour 
détourner  sa  surveillance 
ou  à  l'indemniser  s'il  y  con- 
sent pendant  qu'un  des 
compères  qui  lient  un  jeu 
de  hasanl  vole  les  paysans, 

Bouliner,  faire  le  tour 
de  la  bouline  (Argot  des 
camelots). 

BOULOTTAGE  :  Nourriture 
(Argot  du  peuple). 

BOULOTTE  :  Femme  ronde- 
lette, grassouillette,  bien 
en  chair,  ayant  du  monde 
devant  et  derrière  (Ai'got 
du  peuple).  Y. 

BOULOTTER  :  Manger  (Ar- 
got du  peuple). 


BOULOTTEK  :  Faire  ses  pe- 
tites allaires. 

Quant  ya  va  bien  on  dit  : 
ça  boulotte  à  la  douce, 
comme  le  marchand  de  ce- 
rises. 

On  sait  que  ce  dernier 
])Our  annoncer  sa  marchan- 
dise crie  : 

—  A  la  douce,  à  la  dou- 
ce (Argot  du  peuple). 

BOITIBEUX  :  Paysan. 

Allusion  à  ce  que  pen- 
dant la  saison  des  pluies  il 
est  toujours  couvert  de  houe 
(Argot  des  voleurs).  V.  Pê- 
trousquin. 

BOURSICOTIER  :  Agioteur 
qui  boursicote  des  valeurs 
qui  n'en  ont  pas. 

Tripoteur,  qui  vend  et 
achète  des  résidus  au  war- 
ché  des  pieds  humides  à 
tous  les  négociants  qui , 
voulant  faire  une  jolie  fail- 
lite, achètent  des  valeurs 
tombées  pour  justifier  de 
grosses  pertes  vis-à-vis  du 
syndic  (Argot  des  bour- 
siers). 

BOURDON  :  Fille  qui  fait  le 
trottoir. 

Cette  expression  vient  de 
ce  que  les  fdies  chantent 
sans  cesse,  ce  qui  produit 
aux  oreilles  des  passants 
un  bourdonnement  sem- 
blable à  celui  du  petit  in- 
secte que  l'on  nomme  bour- 
don (  Argot  des  soute  - 
neurs). 


46 


BOU 


BOU 


BOURGUIG.^ON  :  Le  soleil. 
Il  (ait  mûrir  les  bons  vins 
de  Bourgogne  (Argot  des 
voleurs). 

BOURRASQUE  :  Rafle  faite 
par  des  agents. 

—  Ne  vas  pas  ce  soir  au 
bistro,  il  y  aura  une  bour- 
rasque à  cause  du  gonce 
estoiirbi  par  la  Saucisse. 

Bourrasque  })eint  bien 
les  agents  arrivant  sur  les 
boulevards  et  les  balayant 
comme  une  trombe,  ou  pé- 
nétrant dans  une  maison 
comme  un  ouragan  (Argot 
des  voleurs).  N- 

BOURRE-COQUIN  :  Haricots 

(Argot  des  voleurs). 

BOURREUR  DE  PÈGRES  : 

Le  Code  pénal . 

Généralement  les  figures 
employées  sont  plus  exac- 
tes; mieux  vaudrait  dire 
bourreur  de  bondes,  car 
c'est  d'après  le  Code  que 
les  prisons  sont  bourrées 
et  non  lea  pègres  (Argot  des 
voleurs). 

BOURRIQUE  :  Indicateur  (Ar- 
got des  voleurs).  A^. 

BOUTERNIÈRE  (La)  :  C'est 
une  voleuse  qui,  dans  les  foi- 
res de  villages,  expose  dans 
une  vitrine  nommée  bouter- 
ne  des  bijoux  véritaljles. 

Les  paysans,  alléchés  de 
courir  la  chance  de  gagner 


une  montre  en  or  pour  deux 
sous,  prennent  des  jjillels 
mais  ils  ne  gagnent  jamais. 
Les  dés  sont  plombés 
(Argot  des  voleurs). 

BOUSCULADE  (Vol  àla)  :  Ce 
vol  est  une  variété  du  vol  à 
Vesbrouffe. 

Il  y  a  quelques  années, 
un  facteur  lut  victime,  pla- 
ce de  la  Bourse,  du  vol 
d'un  pli  chargé  contenant 
quarante  mille  francs. 

Ce  vol  est  très  commun 
(Argot  des  voleurs).  V.  Es- 
broiiffe. 

BOU  SI  LLER  :  Fia  iier,gouaper . 
Mettre  quinze  jours  sur  un 
ouvrage  6ù  il  en  faudrait 
deux  et  ensuite  le  terminer 
rapidement  avec  une  mal 
façon  (Argot  du  peuple). 
V.  Saboter. 

BOUSILLEUR  :  Ouvrier  qui 
bousille  (Argot  du  peuple). 

BOUT  COUPÉ  :  Juif  (Argot 
du  peuple).  V.  Baptisé  au 
sécateur. 

BOU-CI  BOU-LA  :  Deux  nu- 
méros tète-bêche 

0) 
CD 

(Argot  du  peuple). 
BOUTANCIIE  :  Boutique. 
Quelques-uns  disent  que 
boutanche  veut  dire   bou- 
teille,   c'est    une    erreur. 
Boutanche    veut     dire 


BOY 


BRA 


47 


boutique  (Argot  (1<'<  m^- 
\G\\Yh).S .  Botœard. 

nOlTIQUEA  SI  IIPIUSKS: 

Maisons  (|ui,  on  appariMico, 
vendent  (les  livres,  des  ta- 
bleaux ou  de  la  parfumerie 
et  chez  lesquelles  l'aelieleur 
trouve  tout  autre  eliose  (jue 
la  mari'liandise  annoncée. 

Ces  maisons  ne  sont  pas 
au  coin  du  (juai,  on  ne  rend 
pas  l'argent  si  le  client  n'est 
pas  content  (Argot  des  ÏA- 
les).  N. 

nOTTOClIE:  Fusil  (Ai^'ot  des 

voleurs).  N. 

HOUSSOr.E  :  Tèle. 

La  tète,  comme  la  bous- 
sole, dirige  (Argot  du  peu- 
ple). 

BOUTORD  :  Tabac  à  chiquer. 

Ou  sait  que  ce  qui  atlecte 
le  plus  le  prisonnier  c'est  la 
privation  du  tabac. 

Une  chanson  célèbre  dans 
les  prisons  centrales  :  Pour 
(lu  tabac,  dit  ceci  : 

Pour  du  tabac,  disait  un  nègre. 
Et  pour  trois  pouces  de  Saint- 
I  Père, 
.l'ai  hasardé  ma  viande  hier. 
Et  j'ai  turbiné  comme  un  no,'re 
Pour  un  petit  bout  de  bouturd. 
Je  vends  ma  bonde  et  mon  pain 

I  même 
Et,    bourreau   de    mon    pauvre 

I  corps, 
Je  suis  doublement  au  système 
Pour  du  tabac,  pour  du  tabac. 

(Argot  du  peuple).  iV. 
nOYAU   :   11    a   toujours    un 


bot/au  de  vide  pour  soi /fer 
(Argot  du  peuple).  V.  Poi- 
vrot. 

BOX  ON  :  Maison  de  tolérance. 

Maison  7>ial  famée,  dit 
le  sénateur  Bérenger,  sans 
doute  i)arce  qu'il  y  a  de  fort 
Jo/ies  femmes. 

(^)ueslion  d'appréciation 
(Argot  du  peuple).  V.  Bo- 
card. 

BBAGQUEMAUD   :  Pennis. 
V.  Paf. 
(Argot  du  peuple). 

BIIAIS^:  :  Argent. 

Allusion  à  la  braise  du 
boulanger  (pii  enllammetrès 
vite  le  charbon  ou  le  bois. 

Doniuu'  de  la  braise  à 
une  lille  c'est  Tenllammer. 

La  braise  passe  vite  dans 
les  deux  cas  (Argot  des 
filles). 

BUANDILLANTE:  Sonnette. 
Par   le  mouvement  que 
lui  imprime  le  cjrdon,  elle 
brandille  (Argot   des  vo- 
leurs). iV". 

BRANCARDS  :  Jambes. 

Elles  traînent  le  corps. 

Cette  expression  a  donné 
naissance  à  une  autre. 

Se  mettre  dans  les  bra^i- 
cards. 

La  situation  explique  le 
fait,  surtout  si  on  ajoute 
d'une  femme  passionnée  : 
elle  rue  dam  les  brancards 
(Argot  des  souteneurs).  iV. 


48 


BRE 


BRI 


BRANLEUSE  DE  GENDAR- 
MES :  Allusion  au  fer  à  re- 
passer qui  porte  ce  nom. 

Les  blanchisseuses  bran- 
lent pour  repasser  ce  fer 
toute  la  journée  (Ai"got  des 
blanchisseuses). 

BRA*^SEUR  DE  FAFFES  : 

Fabricant  de  faux  papiers  à 
l'usage  des  filles  de  maisons 
et  des  voleurs  (Argot  des 
voleurs).  V.  Lopheur. 

BREDOUILLE  :  Suivre  une 
femme  et  ne  pas  réussir  à 
la  lever. 

Aller  à  la  chasse  et  re- 
venir bredouille  (n'avoir 
rien  tué). 

Aller  chercher  de  l'ar- 
gent et  n'en  pas  recevoir. 

Mot  à  mot,  bredouille 
est  le  sy.ionyme  de  rater 
(Argot  du  peuple), 

BRÈME  DE  FOND  :  Pièce 
de  cinq  francs  en  argv-nt. 
(Argot  du  peuple). 

BRÈMES  :  Les  cartes  (Argot 
des  filles). 

BRÈME     DE     PATELINS  : 

Cartes  de  pays. 

Elles  servent  aux  rabat- 
teurs de  sorgues  pour  se 
guider  (Argot  des  voleurs). 

BREMER  ;  Jouer  aux  cartes 
(Argot  des  voleurs). 

BRENICLE  :  Non. 

C'est  une  corruption  de 

bernique    (Argot    des   vo- 
leurs). iV. 


BRICULE:  Officier  de   paix 
(Argot  des  voleurs). 

BRIDE  :  Chaîne  de  montre. 
Elle  bride  le  gilet  (Argot 
des  voleurs).  V.  Cordelettes. 

BRIDOUX  :    Fou  (Argot  d»s 
voleurs). 

BRIFFE  :     Pain  (Argot    des 
voleurs).  V.  Bricheton. 

BRIFFER  :  Manger. 

Vient  de  briffe  (Argot 
du  peuple). 

BRIGEANT  :  Cheveux  (Argol 
des  voleurs).  Y.  Alfa. 

BRIGEANTE  :   Perruque. 
On   dit    aussi    réchauf- 
fante, en  effet,  elle  préserve 
les  cheveux  du  froid  (Argol 
des  voleurs).  N.' 

BRIGNOLET:    Pain    (Argot 
du  peuple).  V.  Bricheton. 

IILLA] 

francs. 

Elle  brille  (Argot  des 
voleurs^   V.  Signes. 

BRINGUE  :    Grande    femme 
haute  en  jambes. 

Quand  elle  est  mal  ficelée 
mal  habillée,  c'est  une 
bringue  {kv^oi  du  peuple). 
V.  Asperge  montée. 

BRISEURS  :  Bande  noire. 
Cette  bande  est  compo- 
sée de  plusieurs  Auvergnats 
qui   achètent  des  marchan- 
dises    neuves    et    qui    les 


lîRl 


lUR 


49 


ùrisc'/il  pour  les  revendre 
eiisuiie  à  la  leiTaille  connue 
iH  a  r  c  11  an  dise  s  d'occasion 
(Argot  des  voleurs). 

lUlOCIIET  :  Marlou,  soute- 
neur (Argot  du  peuple). 
V.  Barbillon. 

l'.l'.OQUE  :  Un  sou  (Argot 
des  voleurs). 

I5H0QI ILLE  :  Minutes  (Ar- 
got des  voleurs). 

imOQriLLEl  RS  :  Les  vo- 
leurs qui  portent  ce  nom 
pratiquent  le  col  à  l' éti- 
quette. 

Ce  vol  consiste  à  faire 
fabricpier  des  bagues  en 
toc  ornées  de  pierres  lausses 
(  t  à  les  substituer  adroite- 
ment aux  vraies  dans  les 
écrins  que  niontrentles  bi- 
jout'ers  aux  Taux  aclieleurs 
'  Ai-got  des  voleurs).  N. 

liliOlILLÉ  AVEC  LE  DI- 
RECTEUR DE  LA  MON- 
NAIE :  N'avoir  pas  le  sou 
(Argot  du  peuple),  V.  Les 
toiles  se  touchent. 

BROUILLOTTE  :  La  nuit 
(Argot  des  voleurs). V.  Bru- 
nette. 

BRÛLÉ  :  Affaire  manquée. 

Se  dit  plus  communé- 
ment d'un  agent  chargé 
d'une  surveillance,  lorsqu'il 
est  éventé  par  le  surveillé 
il  est  brûlé. 

On  brûle  paiement  une 


carie  vue  par  les  joueurs 
(Argot    des    voleurs). 

BRULE-GUEULE  :  Pipe  dont 
le  tuyau  est  très  court. 

En  fumant,  la  pipe  vous 
brûle  la  gueule  (Xv'^oi  du 
peuple).  V.  Bouffarde. 

BRULER     LE     PÉGRIOT  : 

Faire  disparaître  les  tra- 
ces d'un  vol  (Argot  des 
voleurs). 

BRULOTTE  :  Lanterne  (Ar- 
got des  voleurs). 

BRUNETTE  :  La  nuit  (Arçot 
des     voleurs).  V.   Brouil- 

lotte.    N. 

BUCIIE  :  Imbécile. 

Borné,  bête,  grossier 
comme  une  bûche. 

Bûche  :  une  ligure, dame, 
roi  ou  valet,  qui  ne  compte 
pas  au  jeu  de  baccara. 
(Argot  des  voleurs). 

BUCHER  :  Travailler. 

—  Je  suis  dans  mon  dîu\ 
je  bûche  ferme. 
(Argot  du  peuple). 

BUCHER  :  F'rapper  fort, 
allusion  au  bûcheron. 

Biicher  (se)  :  Se  battre 
avec  acharnement. 

Bûcher  le  bouleau,  :  atta- 
quer avec  énergie  une  pièce 
de  bois  (Argot  des  sculp- 
teurs). JV. 

BUREAU  DES  PIEDS  :  Salle 
du  Dépôt  de  la  Préfecture 
de  Police  où   xVI.   Bertillon 


50 


BUQ 


BUT 


fait  passer  les  ilctonus  à  la 
mensuration  pour  recon- 
naître leur  identité  (Argot 
des  voleurs).  ÎV. 

BURETTE  :     Visage     (Argot 
des  voleurs).  iV- 

BURLINGUE  :  Bureau. 

J'ai  été  au  hurlingiie  du 
qua7't  (Argot  des  voleurs). 

BUQUER  :       Voleurs       qui 
dévalisent  dans  les  boutiques 


sous  le  prétexte  de  deman- 
der de  la  monnaie  (Argot 
des  voleurs). 

BUTTE  (Monter  à  la)  :  Quand 
réchalaud  avait  treize  mar- 
ches, celte  expression  était 
juste,  aujourd'hui  qu'il  est 
de  plein-pied,  elle  n'a  plus 
de  raison  d'être  (Argot  des 
voleurs). 

BUTTER  :  Tuer  (Argot  des 
voleurs). 


CAB 


GAB 


51 


^ 


(A  (11  a  (le)  :  Se  dit  de  quel- 
(lu'iin  qui  possède  beaucoup 
(hirgenl. 

Les  filles,  pour  vauterles 
aijfréments  d'un  homme,  di- 
sent :  //  a  de  rà  ;  mais  ce 
n'est  pas  d'argent  qu'il  s'a- 
git (Argot  du  peuple). 

CAHASSEl'Il  :  Cancanier  ou 
cancanière. 
Argot  du  peuple). 

(  ABASSER  :  Bavarder  sans 
c.'sse    à   tort  et  à  travers 
Argot  du  peuple). 

CAiJESTAN  :  OlfiGierde  paix. 
Il    fait    virer   ses    sous- 
ordres  (Argot  des  voleurs). 
V.  Bricule. 

r.  A  BOCHE:  Tète  (Argot  des 
voleursj. 


CABOMBE    :    La    chandelle. 

Quelques-uns  écrivent  c«- 

lombeow  calbombe  ;  le  vrai 

mot   est    cahomhe   (Argot 

du  peuple) . 

CABOT    :    Chien   (Argot    du 
peuple).  V.  Alarmiste. 

CABOT  FEURË  :  Gendarme. 
Allusion  aux  clous  qui 
garnissent  les  semelles  de 
bottes  des  gendarmes  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Hiron- 
delle de  potence. 

CABOT  :  Chien  du  commis- 
saire de  police. 

Par  abréviation  on  dit 
simplement  le  cahot  du 
quart    (Argot  du  peuple). 

CABRIOLET  :  Corde  de  bovau 


52 


CAD 


(CAF 


de  chat,  ou  forte  ficelle  de 
fouet,  terminée  par  deux 
chevilles. 

Les  gardes  et  les  agents 
passent  le  cabriolet  au 
poignet  des  prisonniers 
pour  prévenir  les  évasions 
et  empêcher  les  récalcitrants 
de  se  révolter. 

(Argot  des  voleurs). 

GABOULOT  :  Cabaret  de  bas 
étage. 

Brasserie  où  les  consom- 
mateurs sont  servis  par  des 
femmes. 

CahoiUot  n'est  pas  juste, 
on  devrait  dire  maison  to- 
lérée. 

Cette  expression  a  pour 
berceau  le  quartier  latin 
(Argot  du  peupli'). 

CACHALOT  :  Femme  qui  a 
des     aptitudes      spéciales. 
Elle  rend  par  le  nez  ce 
qu'elle  a  avalé  par  la  bou- 
che (Argot  des  lilles).  N- 

CAGIIE-FRLXGUES  :  Ar- 
moire (Argot  des  voleurs). 

N. 

CACHET  DE  M.  LE  MAIRE  : 

Tache  à  la  chemise,  der- 
rière, ce  qui  indique  l'oubli 
du  papier  traditionnel  (Ar- 
got du  peuple). 

CADENi^^E  :  Chaîne  de  mon- 
tre. 

Quelques-uns  écrivent 
cadelle,  mais  c'est  bien 
cadenne,  car  on  appelait 
ainsi  la  grande  chaîne  de 


forçats  qui  autrefois  par- 
taient de  Bicètre  po'ii'  les 
bagnes  de  Brest  ou  de  Tou- 
lon. 

Cette  expression  est  res- 
tée (Argot  des  voleurs). 

CADET  :  Le  postérieur. 

—  Viens  ici,  bibi,  qii? 
je  torche   ton  petit  cadet. 

—  Tu  as  une  ligure  qui 
ressemble  à  mon  cadet  (Ar- 
got du  peuple). 

CADETS  :  Outils  de  voleurs 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Agobilles. 

CADRAN  SOLAIRE  :  Le  der- 
rière. 

Allusion  à  sa  forme  ronde. 

Cette  expression  vient  du 
Pont  cassé,  pièce  repré- 
sentée au  théâtre  Séraphin, 
au  Palais-Royal. 

Nicolas,  le  comique  de  la 
troupe  de  marionnettes,  ré- 
pondait il  l'ofticier,  le  jeune 
premier,  qui  lui  demandait 
l'heure,  en  lui  montrant  son 
derrière. 

En  même  temps  il  lui 
chantait  : 

Voilà  le  cadran  solaire. 
Tire  lire,  lire.... 
(Argot  du  peuple). 

CAFARD  :  Individu  qui  af- 
fecte   des  dehors  religieux. 

Hypocrite  qui  n'en  croit 
pas  un  traître  mot  et  ex- 
ploite la  crédulité  publique. 

Cafard     est      employé 


CAL 


CAL 


53 


comine    terme    de    mépris 
(Ai'got  du  peuple).  iV. 

(VFARD  :  Ouvrier  qui,  daus 
les  ateliers,  caple  la  coii- 
tiauce  de  ses  camarades 
pour  ia[)porler  aux  patrous 
t'O-^cju'ils  peiiseut  elceciu'ils 
disent    (Argot  du  peuple). 

CAFARDE  :  La  lune  (Argot 
des  voleurs).  V.  Mou- 
charde. 

CAFARDER  :  iMoucharder, 
dénoncer  (Argot du  peuple). 
\. 

CAFIOT  :  Mauvais  ca'é  lait 
avec  de  la  chicorée  ou  avec 
des  résidus  de  vieux  nuire 
de  café  déjà  épuisés  (Argot 
du  peuple).  V.  Jm  de  cha- 
peau. 

CAILLOF  :Tète. 

Il  a  rien  un  sale  caillou 
(Argot  du  peuple). 

CAISSE   D'ÉPARGNE  :  Le 

marchand  de  vin. 

C'est  là,  en  eft'et,  (jue 
les  ouvriers  placent  non 
seidenient  leurs  économies, 
mais  souvent  l'argent  de  la 
paie  (Argot  du  peuple).  JV". 

CALANGIIER  :  Mourir. 

Pour  indiquer  qu'un  oh- 
jet  n'est  pas  d'aplomh,  on 
dit  :  il  calanche  (penche)  à 
droite  ou  à  gauche  (Argot 
du  peuple). 


CALEBASSE  :  Seins. 

Se  dit  quand  les  mal- 
heureux sont  sans  consis- 
tance, qu'ils  pendent  et  se 
répandent  (Argot  du  peii- 
ple). 

CAEÈGflE  DU  PRÉFET  : 
Ee  panier  à  salade  qui  trans- 
porte les  voleurs  des  postes 
de  police  au  Dépôt  de  la 
prélecture  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CALENDRLNER  SUR  LE 
SABLE  :  Être  dans  une 
misère  noire  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CALER  :  On  cale  un  meuble 
avec  un  coin  de  bois. 

Un  homme  riche  est  cale. 

Les  typogra'jhes  em- 
ploient cette  "expression 
pour  dire  qu'ils  attendent 
de  la  copie,  ils  calent  (Ar- 
got du  peuple). 

CALER  LES  JOUES  :  Bien 
boire  et  bien  manger. 

Allusion  aux  joues  qui 
gonflent  lorsqu'elles  sont 
pleines  (Argot  du  peuple). 

CALIRORGNE  ouGALIBOR- 
G\ON  :  Rorgne  (Argot  des 
voleurs).  V.  Guigne  à  gau- 
che. 

CALOQUET  :  Chapeau  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Bloum. 

CALOTS  :  Les  yeux  mau- 
vais. 

Calots  à  la  manque 
(Argot  des  voleurs). 


54 


CAM 


CAM 


CALOT  :  Grosse  bille  avec 
laquelle  les  enfants  jouent 
à  la  poucette  (Argot  du 
peuple). 

CALTER  :  S'ew  aller. 

Calter  est  synonyme  de 
débiner;  on  dit  à  quel- 
qu'un en  danger  :  calle  au 
plus  vite  ou  bien  débine- 
toi  (Argot du  peuple). 

CAMARDE  :  La  mort.     ' 

Mais  si  la  grice, 
Parfois  arrive, 
Pour  nous  seruir, 
Nous  sw'cre  ou  nous  courir, 
Cont'  la  camarde. 
Toujours  en  garde, 
On  a  bien  soin, 
De  jouer  du  surin. 
{Ifoinance  du  Pègre). 

(Argot  des  voleurs). 

CAMARLUCIIE  :  Camarade 
(Ai^ot  du  peuple). 

CAMAROS  :  Même  significa- 
tion. Même  argot. 

CAMBOLA  :  Faux  épilep- 
tique  (Argot  des  voleurs). 
V.  Battre  un  dig-difj. 

CAMBRIOLEUR  :  Vol  à  la 

camt)riotte. 

Ce  vol  l'ut  célébré  par  B. 
Maurice  : 

Travaillant  d'ordinaire, 
La  sorgue  dans  Pantin, 
Pour  mainte  et   mainte    alïaire, 
Faisant  très  bon  chopin. 
Ma  gente  canibriotte, 
Rendoablée  de  camelotte, 
De  la  dcdle  au  finquet. 
Je  vivais  sans  disgrâce, 
Sans  regout  ni  morace, 
Sans  ta'fet  sans  regret. 


Le  quart-d'œil  lui  jabotte  : 

Mange  sur  tes  nonneurs  ; 

Lui  tire  une  carotte. 

Lui  montrant  la  couleur. 

L'on  vient,  l'on  me  ligoite, 

Adieu,  ma  cainbrioite, 

Mon  beau  jjieu.  mes  dardan(.<. 

Je  monte  à  la  Cigogne. 

On  me  gerbe  à  la  grotte, 

Au  tup  et  pour  douze  ans    (1). 

CAMBROUSIER  :  Escarpe 
qui  vole  tout  ce  qui  lui 
tombe  sous  la  main  en  par- 
courant la  France. 

Ce  nom  lui  vient  de  ce 
qu'il  opère  dans  les  ca/iu- 
bronsses  (maison)  (Argot 
des    voleurs) 

CAMBUSE  :  Maison  qui  lu' 
tient  pas  debout,  bâtie  avec 
de  la  boue  et  du  cracha  L 
Cambuse  :  cabaret  oii 
l'on  sert  mal  et  de  mau- 
vaise marchandise  (Argot 
du  peuple). 

CAMBUSIER  :  Le  maître  de 
la  cambuse. 

Cambusier  :  qui  tient  la 
cantine  au  bagne  ou  à  bor>l 
(Argot  du  peuple). 

CAMELOTTE  :  Marchandise. 
Pour    qualifier    q:ielque 
chose    d'inférieur  on   dit  : 
c'est  de  la  camelotte  (Ar- 
got du  peuple). 

CAMOUFLE  :  Chandelle  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Ca- 
bombe. 

(1)  La  traduction  de  tontes  ces 
expressi<.ins  est  dans  le  Dfction- 
naire. 


CAN 


CAN 


55 


(  \MOrFLER(se)  :  Changer 
(le  eostiimos  et  de  physio- 
nomie afin  (le  n'tMic  |):is 
reconnu  (Argot  des  soute- 
neurs ef 
Sûreté). 

CAMOUFLER  :  Réparer. 
On   camoufle    mi  décor 
(Argot  des  artistes). 

(lANAPK  :  Femme  copieuse- 
ment douée  du  coté  des 
fesses. 

Le  mot  est  en  usage 
chez  h^s  |)édérastes  qui  ne 
recherchent  pas  cet  avan- 
tage (hi  coté  féminin  (Ar- 
got des  voleurs). 

(ANARD  :  Mauvais  journaL 
Quand  un  journal  est 
mal  rédigé,  mal  imprimé, 
pas  même  bon  pour  certain 
usage,  car  le  papier  se  dé- 
chire, c'est  un  canard  [kv- 
got  du  peuple  et  des  jour- 
nalistes). 

(ANARD  :  Terme  de  mépris 
employé  dans  les  ateliers 
vis-à-vis  d'un  mauvais  ca- 
marade. 

—  Bec  salé,  c'est  un 
sale  canard  (Argot  du 
peuple).  X. 

CANARD  :  Nouvelle  fausse 
ou  exagérée. 

Ce  système  est  employé 
par  certains  journaux  aux 
at  ois. 

On  pourrait  en  citer  cin- 
quante exemples  depuis  les 


ecrevisses  mises  par  n^ 
mauvais  plaisatit  dans  un 
bénitier  de  l'église  Notre- 
Dame-de-Lorette  et  qui  re- 
tournèrent à  la  Seine  en 
descendant  par  les  ruisseaux 
delà  rue  I)r<)U()l  ;  jns(ju'au 
fameux  canard  belge. 

Lu  huissier  à  l'aide  d'une 
ficelle  pécha  vingt  canards 
qui  s'enfilèrent  suecessiv(;- 
ment,  connue  Trufaldin  dans 
les  Folies  Espagnoles  da 
Pignault  Lebrun,  il  fut  en- 
levé dans  les  airs,  mais  la 
ficelle  se  cassa  et  il  Unnhw 
dans  un  étang  ou  il  se  noya. 

Ce  canard  fit  le  tour  du 
monde  arrangé  ou  plutôt 
dérangé  par  chacun,  il  y  a 
à  peinte  quelques  années 
qu'il  était  reproduit  par  un 
journal,  mais  la  lin  était 
moins  tragique,  l'huissier 
était  sauvé  par  un  membre 
de  la  Société  des  Sauve- 
leurs  ù  qui  on  décernait 
une  médaille  de  1'°  classe. 

Pour  sauver  un  huissier 
on  aurait  dû  lui  fourrer  dix 
ans  de  prison  (Argot  du 
peuple). 

CANARDER  SANS  FAFFS  : 
Braconner  sans  port  d'ar- 
mes (Argot  des  voleurs). 

CANASSON  :  Vieux  cheval 
liors  de  service. 

On  appelle  aussi  les 
vieillards  :  canasson  (Argot 
du  peuple).  V.  Gaye. 


56 


CAN 


CAR 


CANFOUINE  :  Domicile  (Ar- 
got des  voleurs). 

CANICHE  :  Ballot  à  oreilles. 
Allusion     aux      longues 
oreilles    de     chien-mouton 
(Argot  des  voleurs).  iV. 

CANER  :  Avoir  peur,  reculer. 

Caner    :    synonyme    de 

làcliettj  (Argot  du  peuple). 

CANER  LA  PEGRENNE  : 

Mourir  de  faim  (Argot  des 
voleurs) . 

CANNE  D'AVEUGEE  :  Bou- 
gie. 

Allusion  à  la  forme  droite 
comme  la  canne  sur  la- 
quelle s'appuie  Vaveugle 
(Argot  des  voleurs). 

CANON  :  Verre  de  vin. 

Allusion  à  la  forme  splié- 
ri(iue  du  verre  (Argot  du 
peuple) . 

CANONNER  :  Boire  des  ca- 
nons sur  le  zinc  du  mas- 
troquet  (Argot  du  peuple). 

CANONNIER  DE  LA  PIÈCE 
HUMIDE  :  Soldat  infirmier 
c[ui  opère  sur  les  derrières 
de  l'armée  (Argot  du  peu- 
pie). 

CANONNIER  :  Les  cambrio- 
leurs. V.  ce  mot. 

CANTON  :  Prison. 

Le  prisonnier  y  est  en 
effet  cantonné  (Argot  des 
voleurs). 


CAPISTON  :  Capitaine  (Ar- 
got des  troupiers). 

CAPITONNÉE  :  Femme  bien 
en  chair,  qui  a  une  gorge 
bien  développée,  qui  se 
tient  ferme  sans  le  secours 
du  corset. 

On  dit  aussi  qu'elle  est 
meublée. 

—  Ah  !  Gugusse,  mince 
de  viande,  ça  ferait  rien  un 
bath  traver: 
peuple).  N. 

CAPSULE  :  Chapeau  (Argot 
du  peuple).  S .  Bloum 

CARAMBOLAGE  :    Choc  de 
deux  voitures  dans  la  rue. 
Les      voyous     que    cela 
amuse  disent  : 

—  Ah  zut,  mince  de 
de  caram])olage  (Argot  du 
peuple) . 

CARAMBOLER  :  Au  billard, 
faire  toucher  les  trois  billes 
(Argot  du  peuple).  N. 


CARAMBOLER  :  Y 

cailler. 


Rous- 


CARCAGNOT  :  Brocanteur, 
usurier,  juif  qui  achète  tout 
à  vil  prix  sans  s'occuper  de 
la  provenance  (Argot  des 
voleurs).  N. 

CARCASSER  :  Tousser. 

—  Carcasse-àowQ,  ton 
dernier  poumon  tu  ne  nous 
emmerderas  plus  la  nuit 
(Argot  du  peuple). 


CAR 


CAR 


57 


CAK!<:  :  (Vol  à  la  care)  :  Les 
careuses  entrent  clans  un 
magasin ,  pi'inci|)alen!ent 
dans  les  hureaiix  «le  tabacs 
et  demandent  à  changer  des 
pièces  d'un  certain  millé- 
sime contre  d'autres. 

Prulilant  de  l'inattention 
des  commerçants,  elles  es- 
camotent une  partie  des 
pièces    (Argot  des  voleurs j. 

CAUGOT  :  Cantinier. 

Ce  n'est  pas  une  corrup- 
tion,de  (jarfjotier.CAV  d'a- 
près les  règlements  des  pri- 
sons le  cargot  ne  fait  pas 
de  cuisine  et  ne  vend  que 
des  aliments  froids,  du  fro- 
mage et  de  la  cliarcuterie. 

Comme  les  cantiniers 
sont  arabes,  qu'ils  étran- 
glent le  plus  qu'ils  peuvent, 
on  les  a  baptisés  du  nom  de 
cargot,  synonyme  à'usu- 
rier,  abréviation  de  carca- 
gnot  (Ai-gotdes  voleurs).  X. 

CARRÉMENT  :  N'aie  pas 
})eur,  vas-y  carrément. 

Maintenant   que    tu    n'as    plus 
[  q'ta  chemise, 
Tu  poux  y  aller  carrément. 

(Argot  du  peuple). 

CARME  :  Argent  (Argot  des 
souteneurs).  V,  Aubert. 

CARME  A    L'ESTORCIE  : 

Fausse  monnaie  (Argot  des 
voleurs). 

C ARMER  :  Payer  (Ai^ot  des 
voleurs).  V.  Billancher. 


CARNE  :  Viande  dure. 

On  dit  d'un  lionnue  im- 
pitoyal)le  : 

—  11  est  dur  connue 
une  vieille  carne. 

E'ouvrier  qui  ne  veut 
rien  faire  est  également  une 
carne  (Argot  du  peuple). 

CAROTTE  :  Mensonge  pour 
ti'omper  ou  duper  ([uel- 
qu'un. 

Tirer  une  carotte  :  em- 
prunter de  l'argent. 

'ï'wvA'wwQ  carotte  de  lon- 
gueur: la  préparer  de  lon- 
gue main. 

Le  troupier  tire  une  ca- 
rotte à  sa  famille  quand  il 
lui  écrit  qu'il  a  perdu  la 
clé  du  champ  de  uianœu- 
vre,  ou  qu'il  a  cassé  une 
l)ièce  de  canon  (Argot  du 
peuple). 

CAROTTIER  :  Homme  qui 
fait  le  métier  d'en  tirer 
pour  vivre  (Argot  du  peu- 
ple). 

CARRE  DES  PETITES  GER- 
RES  :  La  police  correc- 
tionnelle (Argot  des  vo- 
leurs). 

CARRÉ   DE  RERECTAGE  : 

La  Cour  de  cassation. 

Quelquefois  elle  diminue 
la  peine  du  condamné  ou 
l'acquitte  complètement. 

11  est  rebecqueté. 

Rebecqueté  se  dit  pour 
raccommoder,  se  rapprocher 
(Argot  des  voleurs). 


58 


CAS 


CAS 


CARREAUX  :  Les  yeux  (Argot 
des  voleurs). 

CARREAUX  :  Outils  spéciaux 
des  malfaiteurs  (Argot  des 
voleurs).  V.  Tateiise. 

CARREAUX  :  Fer  à  repas- 
ser dont  se  servent  les  tail- 
leurs pour  aplatir  les  cou- 
tures (Argot  du  peuple). 

CAROUBLE  :  Clé  employée 
par  lescarroubleurs  (Argot 
des  voleurs). 

CAROUBLEUR  :  Vol  à  l'em- 
preinte à  l'aide  de  fausses 
clés  (Argot  des  voleurs). 
V.  Boile  de  Pandore. 

CARRUCHE  :  Prison  (Argot 
des  voleurs).  V.  Gerh:. 

CASIMIR  :  Gilet. 

Allusion  à  l'étolfe  (x\rgot 
des  voleurs).  V.  BoU^e  à 
Signe. 

CASQUE  (Avo'rle):  Être  ma- 
lin, savoir  profiter  des  oc- 
casions, les  saisir  aux  clie- 
veux,  même  lorsqu'elles 
sont  chauves. 

Acoir  son  casque  :  avoir 
bu   a  en  être  saturé. 

—  Il  a  son  casque,  il 
en  a  plein  la  peau  (Argot  du 
peuple). 

CASQUER  :  Payer  (Ai'got  des 
tilles).  V.  Billanclier. 

CASTU  :  Infirmerie,  hôpital 
(Argot  des  voleurs). 


CASUEL  :  Vente  de  hasard 
sur  laquelle  on  ne  comptait 
pas. 

Casuel  :  ce  que  les  ma- 
riages, les  baptêmes  et  les 
enterrements  ra])porlent 
aux  curés. 

Casuel  :  le  miche  que 
fait  la  fille  en  dehors  de 
son  entreteneur  (Argot  du 
peuple).  N. 


CASSANTES 


dents 


(Argot  du  peuple).  V.  Do- 

minos. 

CASSER  LA  IIANE  :  Cou- 
p(U'  la  bourse  (Argot  des 
voleurs). 

CASSER  DU  SUCRE  :  Dé- 
noncer. 

Casser  du  sucre  sur 
quelqu'un  :  en  dire  du  mal 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Mouton. 

CASSE -POITRINE  :  Mau- 
vaise eau-de-vie. 

En  effet,  elle  casse  ru- 
dement la  poitrine  de  ceux 
qui  en  boivent  (Argot  du 
peuple).  V.  Eau  d'aff. 

CASSER  SA  CANNE  :  Rom- 
})re  sa  surveillance. 

Casser  sa  camie  :  mou- 
rir. 

Casser  une  canne  : 
dormir  (Argot  du  peuple). 
V.  Sonjûer. 

CASSER  SA  PIPE  :  Mourir. 
On  donne  pour  origine  à 


CAÏ 


CER 


59 


cetlo  expression  qu'un  f;i- 
nu'ui',atUil)lé  dans  un  caba- 
ivt,  uioiu'iil  stibilenient.  Sa 
pipe  lui  loniba  des  lèvres 
el  se  cassa.  Quand  on  le  re- 
leva, un  des  assistants  s'é- 
cria : 

—  Tiens  il  a  cassé  sa 
pipe  (Ai^ol  du  peuple). 

CASSER   UNE    LOIRDE   : 

Briser  une  porte  (Ai^ot  des 
Toleurs). 

CASSER  SA  FICELLE  :  S'é- 
vader de  la  pristm. 

Allusion  au  hanneton  qui 
s'évade  ([uand  le  fil  qu'il  a  à 
la  p;itte  se  brise  (Ai'gol  des 
voleurs).  X. 

CASSER  SON  VERRE  DE 
MONTRE  :  Tomber  sur  le 
derrière  (Argot  du  peuple). 
V.  Tomber  pile. 

<  ASSEROLE  (La  remuer)  : 
Dénoncer. Mot  à  mot  :  cuisi- 
ne)' (faire  pailer).  Allusion 
au  cuisinier  qui  remue 
lu  casserole  (Argot  des 
voleurs). 

C.VTIN  :  Fille  publique. 
Catin  :  petite  poupes. 
Câlin    :    nom    d'amitié 
donné  à  une  maîtresse. 

C'est    aujourd'hui  la   St-Crépin 
Les  savetiers  se  frisent 
Mon  cousin  ira  vuir  catin. 


Argot  du  p  uple). 


CATICIIE  :  Diminutif  de  ca- 
tin (Argot  du  peuple). 

GAVALER  :  Se  sauver. 

—  Cacale-io'i  v'ia  la 
roiisse  (Ai^'ot  du   peuple). 

CAVE  :  lloninie. 

Allusion  à-  l'estomac  de 
riionnne  qui  emmagasine 
une  foule  de  choses  (Argot 
des  voleurs). 

CELLOTTE  :  Cellule  (Ai-got 
des  Yoleirs). 

CENT  PIEDS    DE    MERDE 

(Je  voudrais  te  voir  dans)  : 
Souhait  d'un  gendre  à  sa 
belle-mere  féroce  ou  à  une 
femme  crampon  (Ar^got  du 
peuple).  A'. 

CENTRE  :  Nom. 

Quant  une  pcr^oinie 
donne  un  faux  nom,  c'est 
un  centre  à  Vestor(jue\kx- 
got  des  voleurs). 

CENTROUSSE  :  Maison  cen- 
trale (Argot  des  voleurs). 

CERF- VOLANT  :  Jouet  d'en- 
fant composé  de  baguettes 
d'osier,  recouvertes  de 
feuilles  de  papier,  -cjne  les 
gamins  enlèventen  l'air  avec 
une  ficelle. 

FjCs  voleuses  qui  dans 
les  jardins  publics  s'em- 
parent des  boucles  d'oreilles 
des  jeunes  enfants  se  nom- 
ment des  cerf  -  volants^ 
l)arce  que  le  vol   accompli 


GO 


CHA 


CHA 


elle  se  sauvent  en  courant 
c  mme  un  cerf  (Argot  des 
voleurs). 

CES  MESSIEURS  :  Agents 
de  police. 

—  Ne  vous  hasardez  pas 
ce  soir  sur  le  trottoir,  ces 
messieurs  y  seront  (Argot 
des  filles). 

C'EST  PLUS  FORT  QUE  DE 
JOUER  AU  DOUCHON 
AVEC  DES  PAINS  A  CA- 
CHETER DANS  SIX 
PIEDS  DE  NEIGE  :  Ex- 
pression employée  pour 
inanpier  le  comble  de  l'éton- 
nement. 

On  dit  aussi  c'est  fort 
de  café  (Argot  du  peuple). 
N. 

CHARANNAIS  :  Faire  du  la- 
page,  du  bruit. 

—  Allons,  viens  boire  le 
dernier  verre, 

—  Y  a  pas  de  pet,  la 
bourgeoise  ferait  un  rude 
chabannais. 

Faire  du  chahannais 
dans  une  assemblée  :  trou- 
bler l'ordre  (Argot  du 
peuple). 

CIIABLER  :  Lancer  des 
pierres  dans  un  arbre  pour 
en  abattre  les  fruits. 

Chahler  est  le  synonyme 
de ^«z^/(?r (Argot  du  peuple) 
N. 

CIIAMBARD  (En  faire):  Faire 


un  potin  infernal  (Argot  du 
peuple).  V.  Chambarder. 

CHAMBARDER  :  Tout  cas- 
ser, tout  démolir,  boule- 
verser une  maison  de  fond 
en  comble,  renouveler  son 
personnel. 

Mot  à  mot  :  faire  halai 
neuf  (Argot  du  peuple). 

CHAMBERTER  :  S'amuseï . 
Quant  les  troupiers  met- 
tent les  lits  en  bascules, 
qu'ils  chahutent  toute  la 
chambrée,  ils  chamhertent 
les  camarades  (Argot  du 
troupier). 

CHAMP  DE  NAVET  :  Ci- 
metière d'Ivry . 

Il  est  ainsi  nommé  })arce 
qu'il  est  sur  l'emplacement 
de  champs  dans  lesquels 
jadis  les  paysans  cultivaient 
des  navets. 

Au  Château  d'Eau  sur 
l'emplacement  de  la  ca- 
serne du  prince  Eugène  (ci- 
devant)  il  existait  un  bal 
qui  se  nommait  aussi  pour 
les  mêmes  raisons ,  vers 
185^),  le  Champ  de  Nac et 
(Argot  du  peuple). 

CHANDELLE  (Moucher  la)  : 
On  dit  cela  au  moutard  qui 
laisse  pendre  sous  son  nez 
un  filet  de  morve. 

On  appelait  autrefois 
chandelle  les  troupiers  qui 
faisaient    le     service    des 


dix 


CHA 


Gl 


|)osles  (le  Paris  pour  con- 
duire les  voleurs  aux  bu- 
reaux (les  commissaires  de 
[)olice. 

—  J'ai  élc  conduit  entre 
quatre  chandelles. 

Allusion  à  la  raideur  du 
lusil  (Argot  du  peuple). 

CHANGER  SON  POISSON 
D'EAU  :  Aller  pisser. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got du  peuple). 

(;iian(;ek  sonklsild'é- 

PAl  LE  :  Changer  d'avis 
ou  d'opinion. 

On  dit  pour  exprimer  la 
UK^'uie  chose  :  mettre  son 
drapeau  dans  sa  poche. 

Ou  bien  encore  :  retour- 
ner sa  veste  (Argot  du 
peuple). 

CHANGEUR  :  Le  fripier  chez 
le(|uel  les  voleurs  vont  se 
cainoufler  moyennant  un 
abouuemenl  :  tout  comme 
les  avocats  chez  le  costu- 
mier du  bari*eau. 

Ils  trouvent  là  tous  les 
costumes  nécessaires  pour 
leurs  transformations  (Ar- 
got des  voleurs), 

CHAPARDER  :  Aller  à  la 
maraude  (Argot  des  trou- 
piers). 

CHAPARDEUR  :  Qui  cha- 
parde (Même  argot). 

CHAPELET     DE     SAINT - 


FRANÇOIS  :  Chaîne  qui 
sert  à  attacher  les  condam- 
nés. 

C'est  un  chapûlet  ([ue 
volontiers  ils  n  'égrèneraient 
bien  jjas  (Argot  des  voleurs). 

CHAPELLE  RLANGHE  :  Le 

lit. 

Allusion  à  la  blancheur 
des  draps  (Argot  du  peuple). 

N. 

CHAPELURE  SUR  LE  JAM- 
BONNEAU (Pas  de)  :  Ab- 
sence complète  de  cheveux. 

(jcnou  hors  ligne. 

On  dit  aussi  :  pas  de 
cresson  sur  le  caillou, 
(Argot  du  peuple). 

CHAPERONNER  :  Prott-er 
(piekiu'un. 

Mot  à  mot  :  lui  servir  de 
chaperon  pour  le  couvrir 
(Argot  du  peuple). 

CHARGÉ  :  Quand  une  iille 
fait    un    miche    elle    dit  : 

— :  J'ai  chargé. 

Dans  la  nuit  elle  fait  le 
contraire  elle  le  décharge 
de  son  morlingue  (Argot 
des  filles).  N. 

CHARGÉ  PARLACULASSE: 

Prendre  un  lavement. 

Les  passifs  se  chargent 
également  par  le  même 
C(jté. 

Allusion  aux  canons  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Pas- 
sifs. 


62 


CHA 


CHA 


GHAKLEMAGNE  (faire)  :  Se 
mettre  au  jeu  avec  peu  d'ar- 
gent, gagner  une  certaine 
sonune  et  se  retirer  de  la 
partie  sans  donner  de  re- 
vanche (Argot  des  joueurs). 

GIIATELLERAULT  :  Cou- 
teau . 

Allusion  à  la  ville  re- 
nommée pour  sa  fabrication. 

On  pourrait  aussi  bien 
dire  TJmrs  ou  Noniron 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Lingre. 

CHARRIAGE  A  LA  MÉCA- 
NIQUE :  Ce  genre  de  vol 
est  l'enfance  de  l'art  ;  un 
mouchoir  suffît.  Le  voleur  le 
jette  au  cou  d'un  |)assant, 
il  l'étrangle  à  moitié,  le 
charge  sur  son  épaule  pen- 
dant qu'un  complice  le  dé- 
valise. 

C'est  exactement  le  coup 
dît  père  François,  toutefois 
pour  exécuter  celui-ci  les 
voleurs  se  servent  d'une 
courroie  llexible  ou  d'un 
foidard  de  soie  (Argot  des 
voleiH's) . 

CHARRIAGE  AU    POT  :  Ne 

demande  pas  non  plus  un 
grand  effort  d'imagination  : 
un  pot  et  un  imbécile  aussi 
bête  que  lui  suflisent. 

Deux  voleurs  abordent  un 
individu  à  l'air  naïf.  Après 
quelques  stations  dans  les 
cabarets,  ils  lui  oH'rent  de 
le  conduire  dans  un  hocard 


éloigné.  En  chemin,  ils 
avisent  un  terrain  vague, 
l'un  des  deux  voleurs  ex- 
prime à  ses  compagnons  la 
crainte  d'être  volé  car  il 
porte  sur  lui  une  grosse 
sonune.  Devant  eux  il  la  ca- 
che dans  le  pot  qu'il  en- 
terre. Plus  loin  il  se  ravise 
et  dit  aunaïf  d'aller  déterrer 
l'argent  caché,  mais  aupa- 
ravant il  lui  fait  donner  ce 
qu'il  a  sur  lui.  Le  naïf  part, 
ne  trouve  que  des  rouleaux 
de  plomb  dans  le  pot  et 
quand  il  revient  les  voleurs 
sont  loin  (  Argot  des  voleurs j. 

CHARRIAGE  AU  COFFRET  : 

Ce  vol  là  est  plus  drôle. 

Un  individu,  ayant  l'as- 
pect d'un  anglais  s'adresse 
à  la  dame  de  comptoir  d'un 
grand  café,  et  lui  confie  un 
coffret  y  mais  avant  de  le 
fermer  à  clé  il  lui  fait  voir 
qu'il  contient  une  quantité 
de  rouleaux  d'or.  Il  le 
ferme,  la  damt^e  serre  pré- 
cieusement. Dans  la  soirée, 
il  revient  dire  qu'il  a  perdu 
sa  clé,  et  lui  emprunte 
(|uelques  centaines  de  francs. 
Sans  crainte  (elle  est  ga- 
rantie), elle  les  lui  donne, 
et  ne  le  revoit  jiius.  Fina- 
lement, on  fait  ouvrir  le  cof- 
fret, il  n'y  a  (|ue  des  je- 
tons de  cercles  (Argot  des 
voleurs). 

CHARRIER  :  Signifie  se  mo- 
quer de  quelqu'un. 


CHA 


Cil  A 


03 


wSyiJonyme  de  mener  en 
bateau  (Argot  du  peuplo). 

CHAR  LOT  :  Le  bourreau 
(Argot  des  voleurs). 

CnARLOTTK  :  Pince  (Ai-got 
(les  voleurs).  V.  Monsei- 
(jneiir. 

CIlARIBOTKi:  :  Kii  avoir  sa 
charge. 

Cela  veut  aussi  dire 
beaucoup. 

—  Elle  a  une  charibotée 
d'enfants  (Arçot  du  peuple). 
V.  Tiolée. 

CHARMANTE  :  La  gàle. 

Par  allusion  aux  vives 
(léniangeaisons  (jue  cause 
celle  maladie,  on  la  nomme 
aussi  la  frotte  (Argot  du 
peuple). 

CriAROGNE  :  Individu  ru- 
gueux, diilieile  à  vivre,  être 
insociable. 

(  )n  dit  aussi  de  quelqu'un 
([ui  seul  mauvais  : 

—  Tu  pues  comme  urie 
charogne. 

De  charogne  on  a  f;»it 
charognard. 

Généralement  les  patrons 
ou  les  contremaîtres  qui 
commandent  durement  sont 
qualiliés  tels  par  les  ou- 
vriers (Argot  du  peuple). 
X. 

CHASSES  :  Les  yeux. 

On    dit  d'une   femme  qui 

pleure  : 


—  Elle  chie  des  yeux 
(Argot  du  peuple). 

CHASSER  AVEC  IN  ELSIL 
DE  TOILE  :  Mendier  dans 
les  campagnes. 

Allusion  à  la  besace  de 
toile  que  portent  les  men- 
diants pour  y  mettre  ce 
qu'on  leur  donne  (Argot  des 
voleurs). 

CHATAIGNE  :  Soufllet. 

—  Je  vais  te  coller  une 
châtaigne,  ou  je  vais  te 
plaquer  un  marron  (Argot 
du  peuple). 

CIL\TTE  :  Homme  aimé  des 
l)édérastes  pour  ses  ma- 
nières câlines. 

La  fenmie  aussi  est  c/i«^/^; 
si  elle  est  câline  à  ses 
heures,  à  d'autres  elle  sait 
g  ri /fer  (Argot  du  peupl»»). 
N. 

CHAUD  (Il  est)  :  Malin,  rusé, 
méfiant. 

Se  dit  de  quelqu'un  dif- 
ficile à  tromper  (Argot  du 
peuple). 

CHAUD    DE    LA    PINCE   : 

Hommes   pour   qui    toutes 
les  femmes  sont  bonnes. 

On  dit  d'un  homme 
chaud  : 

—  Chien  enragé  mord 
partout  (Argot   du  peuple). 

CHAUDE  LANCE  :  Maladie 
qui  se  soigne  à  l'hôpital 
Ricord,  ou  chez  les  charla- 


64 


CHA 


CITE 


tans  qui  vantent  leurs  spé- 
cifiques dans  les  pissotières. 

—  Traitement  facile  à 
suivre,  en  secret,  même  en 
voyage  ,  guéri  son  radicale 
sans  rechute  (Argot  du 
peuple). 

CHAUDE  COMME  BRAISE  : 

Femme  hystérique  qui  aime 
tous  les  hommes  (Argot  du 
peuple). 

CHAUFFE   LA    COUCHE    : 

Homme  qui  fait  dans  son 
ménage  Touvrage  de  la 
femme. 

Il  soigne    les  enfants,  il 

cliaujfe  la  couche  (Argot 
du  peuple). 

CHAUFFE    GRIPPARD    : 

Chaulferette  (Argot  du  peu- 
ple). 

CHAUFFER  :  On  cliai^jfe  une 
pièce  poTU'  la  faire  réussir 
et  obtenir  un  succès. 

Chauffer  une  réunion  pu- 
blique. 

Chauler  une  femme  :  la 
serrer  de  près,  lui  faire  une 
cour  assidue. 

On  disait  autrefois  :  cou- 
cher une  femme  en  joue. 
On  ajoute  de  nos  jours,  par 
ironie  : 

—  ïu  ne  la  tireras  i)as, 
ou  bien  encore  :  Ce  n'est 
pas  pour  toi  que  le  four 
chauffe. 

Chauffer  une  affaire  pour 
attirer  les  actionnaires  (Ar- 
got du  peuple). 


CHAUSSETTES    RUSSES  : 

Etre  nu-pieds  dans  ses  sou- 
liers (Argot  du  peuple). 

CHAUSSON  :  Putain. 

Femme  pour  qui  tout 
homme  est  bon. 

On  dit  putain  comme 
chausson,  parce  que  le 
chausson  prête  beaucoup 
et  va  à  tous  les  pieds  (Ar- 
got du  peuple). 

CHAUSSURE  A  SON  PIED  : 

Femme  laide  et  défectueuse 
qui  trouve  quand  même  un 
amant  on  à  se  ,marier. 

Elle  a  trouvé  chaussure 
à  son  pied  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

CHELINGOTER  DE  LA 
GUEULE:  Puer  de  la  bou- 
che (Argot  du  peuple).  V. 
Trouilloter  de  lahurletle. 

CHENILLE  :  Femme  laide 
(Argot  du  peuple).  i\^. 

CHEVALIER    GRIMPANT  : 

Les  cambrioleurs. 

Allnsion  à  ce  que  les  vo- 
leurs opèrent  aux  étages  su- 
périeurs des  maisons  et 
qu'ils  gravissent  tous  les 
escaliers  (Ar^ot  des  voleurs) . 

CHEVALIER  DE  LA  GRI- 
PETTE  :  Homme  qui  suit 
les  femmes  (Ai^ot  du  peu- 
file).  N. 

CHEVRONNÉ  :    Voleur    ré- 


I 


cm 


cidivisle  qui  a  lail  [)liisiiNU-s 
congés  en  prison. 

Allusion  aux  anciens  im- 
cards  de  l'armée  qui  por- 
taient des  cJiecrons  sur  h; 


cm 


65 


ClIIAr.KR  :  Pleurer. 

Ou  dit  aussi  :  y  aller  de 
sa  larme  (Argot  du  peujjle). 

CIIIAHD  :  Petitenlant. 

Allusion  à  ce  qu'il  fait 
dans  ses  couches  (Argot  du 
peuple).  .V. 

CIIIASSF  (Avoir   la)  :   Avoir 
peur. 

Mot  à  mot  :  se  lâcher 
dans  sa  culotte  (Ai-gol  du 
peuple).  V.  2'af. 

CIIIASSE  :  Vieille    fdle   pu- 
blique. 

C'est  le  dernier  dc^gré  de 
l'abaissement  (Argot  des 
souteneurs). 

CIIICAN:  Marteau  (Argot  des 
voleurs).  V.  Balançon. 

IllC  :  Il  a  du  chic,  il  est 
bien . 

C'est  une  femme  c^î'c,  un 
beau  porte-manteau,  sa  toi- 
lette est  bien  accrochée. 

L'origine  de  celte  expres- 
sion n'est  pas  éloignée. 

Un  ministre  de  l'Empire, 
habitué  des  coulisses  de 
l'Opéra,  envoya  deux  dan- 
seuses du  corps  de  liallet 
souper  à  ses  irais  chez  le 
restaurateur    Maire.     Très 


^ 


modestes,  elles  ne  dépen- 
sèrent à  elles  deux  que 
quinze  francs. 

Quand  le  ministi'e  de- 
manda la  note,  il  lit  la  moue. 
Ee  soir  même  il  leur  en  lit 
le  reproche  et  leur  dit  : 
Vous  mancpiez  de  chic,  pjs 
de  chic. 

Quelques  jours  plus  tard 
il  renvoya  deux  autres  dan- 
seuses souper  au  même  res- 
taurant. Elles  dépensèrent 
cinq  cents  francs.  Quand  il 
paya  il  lit  une  grimace  sé- 
rieuse :  Tro|)  de  chic^  trop 
de  chic,  fit-il. 

Le  mot  fit  fortune  dans 
les  coulisses  et  est  resté 
(Argot des  filles). 

CHICANE  (Crinchir  à  lai: 
Variété  du  vol  à  la 
rencontre. 

Chicaner  un  individu 
pour  le  battre,  pendant 
qu'un  complice  le  dévalise 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Aquigeurs. 

CIIICIIE  :'  Avare  de  son  ar- 
gent, lésineur  qui  tondrait 
un  (i'uf. 

Chiche  de  ses  pas,  de  sa 
personne,  qni  ne  rendrait 
jamais  un  service  à  qui  que 
ce  soit. 

Chiche  veut  aussi  dire: 
défier  quelqu'un  de  faire 
quelque  chose. 

—  Chiche  de  faire  ça 
(Argot  du  peuple). 

4. 


G6 


CHI 


CHI 


CIIIE  TOUT  DEBOUT  :  Se 
dit  d'un  ouvrier  indolent, 
nonchalant, 

Synonyme  de  dort  de- 
bout (Argot  du  peuple).  ^Y. 

CHIEN  TOUT  PUR  :  Eau-de- 
vie. 

Allusion  au  buveur  qui  a 
la  voix  rauque  et  aboie  en 
])arlant  (Argot  du  peuple). 
Y.  Ecm  d'ajf. 

CHIEN  (Avoir  du)  :  Posséder 
un  aplomb  remarquable. 

Femme  qui  n'est  pas 
belle,  mais  qui  a  beaucoup 
d'audace  et  plaît  quand 
même. 

Elle  a  du  chien  (Argot 
du  peuple). 

CHIÉE  (En  avoir  une)  :  Avoir 
une  ckiée  d'enfants. 

Avoir  une  chiée  d'ennuis 
h  ne  savoir  oîi  donner  de  la 
tète  (Argot  du  peuple).  JV. 

CIIIER  (Tu  me  fais)  :  Tu  m'en- 
nuies (Argot  du  peuple). 

CIIIER  DANS  MON  PANIER 
JUSQU'A  L'ANSE  (Il  a)  : 
Je  n'en  veux  plus,  j'en  ai 
plein  le  dos. 

Ou  dit  aussi  :  il  a  chié 
dans  ma  malle  (Argot  du 
peuple).  N. 

CIIIER    DU    POIVRE  :    Se 

sauver     des     mains      des 
agents. 

S'en  aller  sans  tambour 
ni  trompette. 


Synonyme  de  pisser  à 
l'anglaise  (Arçot  du  peu- 
ple).iY. 

CIIIER  DES  CORDES  A 
PUITS  :  Individu  qui  est 
tellement  constipé  qu'il  reste 
une  heure  sur  la  tinette  en 
poussant  des  soupirs  à  fen- 
dre l'âme  (Argot  du  peuple). 

CIIIER  DES  YEUX  :  Pleurer 
(Argot  du  peuple).  Y.  Ba- 
ver des  clignots. 

CHIEUR  D'ENCRE  :  Ecrivain 
(Argot  du  peuple).  Y.  Cul 

de  plomb. 

CllIFFARDE  :  Pipe  (Argot 
du  peuple).  V.  Bouffarde. 

CHINER  :  Blaguer  quelqu'un. 
—  Il  est  tellement  chi- 
neur   que    tout  le   monde 
passe  à  la  chimie  (Argot  du 
peuple).  iA^. 

CHINER  :  Courir  les  rues  ou 
les  canqiagnes  pour  vendre 
sa  carnelotte. 

Chiner  est  synonyme  de 
fouiner. 

Conuue  superlatif  on  dit 
chignoler  (Argot  du  peu- 
ple). 

CHINEUR  :  Genre  de  voleurs 
dont  les  procédés  se  rap- 
prochent de  ceux  des  char- 
rieurs. 

Ils  sont  pour  la  plupart 


CIIO 


cm 


G7 


originaires  du    Midi   (Argot 
(les  voleurs). 
CIIIPKR  :  Prendre  (Argot  du 

llfU|.l.'.. 

ClIlKnEK:  Marchander. 
Chipoler  dans    son   as- 
siette avant  de  manger  (Ar- 
got du  peuple).  ^Y. 

ClilQL  ER-CONTRK  :  WBat- 

ire  comtois. 

CULASSE  :  Saoul  à  ne  pas 
ItMiir  debout  (Argot  dos  sou- 
teneurs). X. 

CIIOPLN  (Faire  un)  :  Bonne 
allaire. 

Mettre  la  main  sur  une 
femme  qui  possède  des  qua- 
lités exeeptionnelles. 

Si  la  chose  faite  ne  vaut 
rien,  on  dit  : 

—  Tu  as  fait  un  sale 
Chopin  (Argot  du   peuple). 


ClIOrCROUTMANN 

mand. 


AUe- 


Allusion  au  mangeur  de 
choucroute  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

CHOUETTE  :  Superlatif  de 
tout  ce  qu'il  y  a  de  plus 
beau,  le  sui)rème  de  l'admi- 
ration. 

Chouette  (être  fait)  :  être 
arrêté  par  les  agents. 

Ce  n'est  pas  chouette  : 
ce  n'est  pas  bien. 

Elle  n'est  pas  chouette  : 


elle    est    laide    (Argot   du 
peuple). 

CIRIGE  :  Cigarette  (Argot  du 
peuple). 

CKÎOGNE  :  Le  Dépôt  de  la 
l*réfecture  de  police  (Argot 
des  voleurs). 

CINGLER  LE  BLAIRE  (Se)  : 

Se  saouler. 

Se  pi({uer  le  nez  (Argot 
du  peuple). 

CIPAL  :  Abréviation  de  mu- 
nicipal. 

Il  est  franc  et  loyal, 
Y  craint  pas  le  cipal. 

(Argot  du  peuple). 

CL\Q  CONTRE  UN  :  Y.  Ba- 
taille des  jésuites. 

CINQ    ET     TROIS     FONT 
.  HUIT  :  Boiteux. 

On  dit    aussi   han-han. 
Allusion  au  balancement 
du    boiteux    en    marchant 
(Argot  du  peuple). 

CIREUX  :  Qui  a  de  la  cire 
aux  yeux . 

Dans  le  peuple  on  dit  de 
celui  qui  est  afiligé  de  cette 
infirmité  qu'il  fournit  les 
cierges  au  Sacré-Cœur  (Ar- 
got du  peuple). 

CIREUR  :  Yol  à  la  cire. 

Yoleur  qui  barbotte  les 
couverts  dans  les  rares  res- 
taurants où  l'on  se  sert 
encore  d'argenterie. 


68 


CLA 


CLO 


Il  s'attable,  déjeune  tran- 
quillement, puis,  profitant 
du  mouvement  occasionné 
par  le  service,  il  colle  adroi- 
tement avec  de  la  cire  un 
couvert  sous  la  table,  puis 
s'en  va  tranquillement. 

Quelques  instants  plus 
tard  un  complice  vient  s'as- 
seoir à  la  même  table  et 
fourre  le  couvert  dans  sa 
poche. 

Ce  vol  est  sans  danger, 
si  on  s'aperçoit  de  la  sous- 
traction, le  voleur  demande 
que  l'on  le  fouille,  comme 
on  ne  trouve  rien  on  lui 
fait  des  excuses  (Argot  des 
voleurs). 

CITRON  :  Se  dit  d'un  indivi- 
du qui  n'a  jamais  à  la  bou- 
che que  des  paroles  amères 
pour  tous  (Ariïol  du  peuple). 

N. 

CLAQUE  :  Maison  de  tolé- 
rance. 

Abréviation  de  claqne- 
dents  (Argot  du  peuple). 

CLAQUER  :  Donner  une  cla- 
que sur  la  figure  ou  sur  le 
contraire. 

Synonyme  de  gifle. 

Allusion  au  bruit  que 
produit  la  main  (Argot  du 
peuple), 

CLAQUER  :  Mourir. 

Allusion  à  un  objet  qui 
claque,  qui  casse  (Argot 
du  peuple). 


CLAQUER  DU  BEC  :  Avoir 
faim  et  ne  rien  avoir  à  se 
mettre  sous  la  dent. 

La  faim  donne  la  fièvre, 
les  dents  claquent  (Argot 
du  peuple). 

CLAQUEURS  :  Applaudis- 
seurs  à  gages  (Argot  du 
peuple).  V.  Romains. 

CLAVINS  :  Clous. 

Les  voleurs  ne  connais- 
sent pourtant  guère  le  lai  in. 
Clavin  vient  de  clacus 
(Argot  des  voleurs). 

CLICNOTS  :  Yeux  (Argot  des 
voleurs).  V.  Chasses. 

CLIQUETTES  :  Oreilles  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Es- 
gourdes. 

CLOCHE  DE  BOIS  :  Démé- 
nager furtivement  sans  pré- 
venir son  propriétaire. 

Quand  le  déménagement 
s'opère  par  la  fenêtre  on 
dit  :  déménager  à  la  fi- 
celle. 

Brûler  ses  meubles,  c'est 
déménager  par  la  chemi- 
née. 

On  dit  aussi  :  déménager 
a  la  cloche  de  cuir  ou  à  la 
sonnette  de  bois. 

CLOU  :  Le  mont-dc-piété. 

On  va,  les  jours  de  dè- 
che,  y  accrocher  ses  habits. 

On  dit  aussi  :  aller  chez 
ma  tant'.,  mon  oncle  en 
aura  soin. 


COL 


COL 


09 


On    dit    également  :   au 
plan  (Argot  du  peuple). 

CLOUS  :  Fausses  clés  (Argot 
des  voleurs).  V.  Carou- 
bles. 

CLOUS  :  Terme  de  mépris 
employé  dans  les  ateliers. 

—  Tu  n'es  qu'un  chu 
(Argot  du  i>euple). 

COCU  :  Pourquoi  diable  fait- 
on  dériver  cor»  de  coucou'} 
Si  Ton  suivait  la  véritable 
étyniologie  du  mot,  ce  n'est 
pas  le  mari,  mais  bien 
y  amant  qu'on  devrait  ap- 
peler cocii\  en  elfet.  la  lé- 
gende veut  (|ne  le  coucou 
tasse  ses  petits  dans  le  nid 
des  autres  oiseaux. 

t.Hii  cinquante  ans  aura  vécu 
i:t  jeune  femme  éi)Ousera, 
S'il  est  galeux  se  grattera 
Avec  les  ongles  d'un  cocu. 

(Ai-got  du  peuple;. 

COGNE  :  (gendarme  (Argot 
des  voleurs).  V.  Hiron- 
delle de  potence. 

COIFFÉ  :  Être  né  coi/fé, 
avoir  de  la  chance,  rénssir 
toutes  ses  entreprises. 

Coiffé  de  quelque  chose 
ou  de  quekpi'un  (Argot  du 
peuple).  V,  Béguin. 

COHIF  :  Ferme  ou  métairie 
(Argot  des  voleurs). 

COLBACF  :  Conscrit. 

C'est  une  erreur  d'écrire 


colbasse  pas  plus  que  col- 
hack. 

Ce  mol  est  employé  par 
les  vieux  briscards  qni 
n'aiment  [)as  les  bleus. 

11  l'est  également  par  les 
anciens  marions  pour  dési- 
gner les  jeunes  souteneurs 
inexpérinlentés  (Argot  des 
souteneurs). 

COLLE  :  Mensonge. 

Synonyme  de  craque. 

—  Tu  penses  que  l'on  ne 
croit  pas  à  tes  craques 
(Argot  du  peuple). 

COLLlil  (Être)  :  Vivre  mari- 
talement avec  une  femme 
sans  avoir  passé  par  la 
niairie  (Argot  du  peuple). 

COLLÉ  (Être)  à  un  examen. 
Avoir  sa  bille  au  billard, 
collée  sous  bande. 

Être  collé  :  être  pris  en 
ilagrant  délit  de  mensonge 
(Argot  du  peuple). 

COLLÈGE  :  Prison. 

Cetteexpressionest  d'une 
grande  justesse;  c'est,  en 
ellél,  en  prison  que  les  vo- 
leurs se  perfectionnent  dans 
leur  art  et  que  nos  grands 
financiers  du  jour  appren- 
nent à  ne  plus  se  faire  re- 
pincer (Ai^'ot  des  voleurs). 

COLIS  :  Les  courti-rs  ou 
placeurs  qui  racolent  les 
femmes  sur  la  voie  publi- 
que pour  les  expédier  dans 


70 


COM 


CON 


les  maisons  de  tolérance; 
nomment  les  femmes  des 
colis  : 

—  J'ai  à  vous  expédier 
un  colis  de  50  kilos  (Argot 
des  souteneurs).  N. 

COLIFICHET  :  Pain  (Argot 
des  voleurs),  y .Bricheton. 

COLLIGNON  :  Cocher  de 
fiacre. 

Cette  expression  date  de 
l'assassinat  de  M.  Juge  par 
un  cocher  de  fiacre  nommé 
Coin  gnon,  qui  fut  arrêté 
par  l^roudiiou  ,  rue  de 
l'Ouest. 

Collignon  fut  exécuté. 

Ce  nom  esl  resté  im 
terme  de  mépris  (Argot  du 
peuple). 

COMBERGE  :  Aller  à  con- 
fesse (Argot  des  voleurs), 

COMBERGO   (Aller   à)  :  V. 

Comberge. 

COMPAS  (L'a  voir  dans  l'œil)  : 
Ouvrier  qui  a  le  coup  d'œil 
juste,  qui  réussit  une  pièce 
d'un  coup  comme  s'il  avait 
pris  ses  mesures  avec  un 
compas  (Argot  du  peuple). 
N. 

COMPLET  (Il  est)  :  Avoir  lui 
outre  mesure  (Aigol  du 
peuple).  N> 

COMMANDITE  :  Association 
d'un  certain  nombre  d'ou- 
vriers   compositeurs    pour 


faire  un  journal  (Argot  d'im- 
primeriej. 

COMPTER  SOI^  LINGE  :  Vo- 
mir (Argot  du  peuple).  V. 

Mettre  du  cœur  sur  du 
carreau. 

CONGE  DE  CASTU:  Infir- 
mier d'hôpital, 

Couce  doit  être  une  cor- 
ruption de  gonce  (Argot 
des  voleurs). 

CONDÉ  (Avoir  un;  :  Indivi  lu 
qui  obtient  l'autorisation  de 
tenir  un  jeu  ou  une  bouti- 
que ambulante  sur  la  voie 
j)ublique,  à  condition  de 
rendre  des  services  à  la 
préfecture  de  police. 

Avoir  un  condé  c'est 
être  protégé  et  faire  ce 
que  les  autres  ne  peuvent 
pas  (Argot  des  camelots) . 

CONASSE  :  Fille  peu  au 
courant  du  métier,  qui  rac- 
croche à  n'importe  quel 
prix  (Argotdes  souteneurs). 

CONNERIE  :  Bêtise, 

—  Tu  dcconnes,  tu  ne  sais 
pas  ce  que  tu  dis. 

Mot  à  mot  :  tu  es  un 
c-o-n,  pantoufle,  un  cré- 
tin. 

Ce  mot  ancien  vient  de 
conard. 

Il  est  enqiloyé  dans  le 
peuple    pour   désigner   un 


COP 


COR 


71 


autre  objet  lAi};;ol  du  peu- 
ple). 

CONSOLATION  (S'en  cH'iir 
inie)  :  Aller  boire  un  coup 
et  même  phisieurs  cliez  le 
marchand  de  vin  pour  faire 
passer  un  chagrin  réel  ou 
imaginaire. 

l'n  assommoir  de  Belle- 
ville  avait  pris  C(>tte  ensei- 
gne ;  les  buveurs  se  conso- 
laient  en    s'empoisoimant 
Argot  du  peuple) . 

CONSOLATION  :  leu  qui  se 

joue  dans  les  wagons  de 
eliemins  de  Ter  au  relour 
(les  courses. 

Les  ho7i')ieieurs  offrent 
la  consolation  aux  jou<>urs 
malheureux,  qui  ont  celle 
(le  se  voir  enc(jre  dépouil- 
lés (Argot  des  camelot  s). 

CONTRE-COLP  :  Contre- 
mai  tre. 

Quand  un  ouvrier  fait  un 
loup  (manque  une  pièce), 
c'est  le  contremaître  (pii 
re<:oit  le  contre-coup  du 
patron  (Argot  du  peuple). 
iV. 

:.CONVALESCENCE  (Être 
en)  :  Sous  la  surveillance 
de  la  haute  police  (Argot  des 
voleurs).  V.  Surbine. 

COPAIN  :  Camarade  de  col- 
lège, compagnon. 

(>e  mot  d'appartient  pas 
à  ]]d.  About,  connue  le  dit 


M.  Lorédan  Larchey,  c'est 
un  dérivé  du  vieux  mot 
français  coin  pain  g. 

Copaille  pour  copain 
(Argot  des  voleurs). 

COQUER  :  Dénoncer  (Argot 
des  voleiu-s).  V.  Mouton. 

COQl  ER  DE  RIFLE  :  Allu- 
mer une  femme. 

S'enllammer  en  la  regar- 
dant (Argot  des  voleurs). 

COQl  ER  LA  LOFFITLDE  : 

Prêtre  qui  donne  l'absolu- 
tion. 

—  J'ai  été  à  comberge 
et  le  ratichon  m'a  coque 
la  ïoffitude  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CORDEAU  :  Frère  ignoranliji. 
Quand  les  gamins  ren- 
contrent uu  frère,  ils  crient  : 
Couac l  couac!  imitant  le 
croassement  du  corijeau 
(Argot  du  peuple). 

CORBILLARD  :  On  écrivait 
autrefois  corbeillard,  par- 
ce ([ue  ce  mot  désignait  le 
coche  d'eau  qui  faisait  le 
service  entre  Paris  et  Cor- 
beil. 

On  a  écrit  également 
corbillas  et  corbillat. 

Goulfé  a  chanté  la  lugu- 
bre voilure  : 

Que  j'aime  à  voir  un  corbillard; 

Ce  goùt-là  vous  étotine?- 
Mais  il  faut  partir  tôt  ou  tard, 

Le  sort  ainsi  l'ordonne 


72 


COR 


COU 


]*]t  lu  n  de  craincl;"e  l'avenir, 
Moi  de  cette  aventure 
Je  n'aperçois  que  le  plaisir 
D'aller  en  voiture. 

L'expression  de  corhil- 
hcrd  date  de  1793,  époque 
de  la  création  de  ces  voilu- 
res (x\rgot  du  peuple).  N. 

CORBUCIÏE  LOFF  :  Faux 
ulcère. 

Les  mendiants,  pour  ex- 
citer la  charité  publique, 
employent  toutes  sortes  de 
moyens  ;  ils  se  font  man- 
chots, culs-de-jatte,  boi- 
teux, etc. 

Le  truc  le  plus  usité  est 
celui  des  Ihux  ulcères  ;  une 
simple  mouche  de  Milan 
suflit  pour  produire  une 
plaie  arliiicielle  qui  peut 
disparaître  par  un  simple 
lavage. 

Les  troupiers  carottiers 
pratiquent  ce  moyen  pour 
aller  à  l'intirmerie  (Argot 
des  voleurs).  A^. 

GORCIFË  :  La  prison  de  la 
Conciergerie  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CORDELETTE  :  Chaîne  de 
montre  (Argot  des  voleurs). 
V.  Cadenne. 

CORNARD  :  Vient  de  cor- 
nette, de  la  cornette  des 
femmes. 

Autref  is,  un  mari  qui 
se  laissait  tromper  })ar  sa 
femme  était  appelé  jjor^^^r 


de  cornette  (Argot  d u  peu- 
ple;. 

COSQSIS  :  ^ .  Balanceur  de 
tinettes. 

COSTEL  ou  CAUSTEL  :  Sou- 
teneur. 

Balance  moi-là;  et  ne  sois  plus 

I  causteL, 

Casser  des  lourdes  vaut  mieux 

I  que...  des  chats. 

(Argot  des  souteneurs). 

COTES  EN  LONG  :  Fainéant 
(Argot  du  peuple).  V.  la 
Basse. 

COTELETTE  DE  PERRU- 
QUIER :  Deux  sous  de  Iro- 
mage  de  Brie  (Argot  du 
peu|>le) . 

COTTERET  :    Forçat    libéré. 

Cotteret  :  Petit  fagot  de 
bois. 

Cotteret  de  bordel  : 
Paquet  de  petites  bûchettes 
qui  coûte  dix  centimes  el 
s'allume  instantanément. 

Allusion  à  la  courte  du- 
rée de  la  passe  qui  ne  dure 
pas  plus  que  le  petit  pa- 
quet de  bois  (Argot  du 
peuple) . 

GOUACHE  :  Tète  (Argot  des 
voleurs). 

COUCHE  (En  avoir  une)  : 
Être  bête  à  manger  du 
foin. 

Allusion  à  la  couche à^ïw- 
mier  que  niellent  les  maraî- 


cou 


cou 


73 


cliei's  dans  leurs  cliàssis 
pour  faire  hâtivement  pous- 
ser les  melons;  plus  la 
couche  est  (;'paisse,  meil- 
leur est  le  résultat  (Ar^'ot 
<ui  peuple),  .y. 

(OICIIER  A  LA  BELLE 
ETOILE  :  Dormir  dans  les 
champs. 

On  dit  aussi  :  coucher 
dans  le  lit  aux  pois  certs 
(Ai-got  du  peuple). 

tCOUlLLE  EN  BATON  (De 
la)  :  C'est  une  bêtise. 

Mot   à    mot   :    ce    n'est 
rien  (Argot  du  peuple). 
• 

COUILLON  :  Imbécile,  peu- 
reux (Argot  du  peuple). 

COULAGE  (Avoir  du)  :  Ne 
pas  surveiller  ses  ouvriers. 

Perdre  sur  une  com- 
mande ou  sur  une   vente. 

Couler  le  patron  :  le 
ruiner  petit  à  petit  (Ai-got 
du  peuple). 

COULE  (Être  à  la)  :  Malin 
qui  croit  que  personne  ne 
peut  le  tromper. 

On  dit  :  //  la  connaît 
dans  les  coins  ;  pas  moyen 
de  lui  introduire  :  il  est  à 
la  coule  (Ai^ot  du  peuple). 

^ULER  DOUCE  (Se  la)  : 
Faire  le  moins  de  travail 
possible  et  vivre  pour  le 
mieux  (Argot  du  peuple). 


COULER  UN  ENEANT  :  Faire 
avorter  une  l\'nune  (Argot 
du  peuple  I. 

COULER  ULKLUL'UN  : 
Collier  un  individu  dans 
l'esprit  de  quehpi'un  en 
disant  de  lui  |)is  que  pen- 
dre ;  le  perdre  dans  l'es- 
time d'autrui  (Argot  du 
j)euple). 

COULEURS  (En  faire  voir  de 
toutes  les)  :  Mentir,  trom- 
per. 

Faire  à  quehpi'un  tous 
les  tours  possibles  (Argot 
du  peuple). 

COUILLONADE  :  Il  ne  faut 
pas  faire  attention  à  ce 
qu'il  dit,  il  ne  raconte  ja- 
mais que  des  coidllonades 
(Argot  du  peuple). 

COUP  :  Procédé  secret  et 
particulier  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

COUP  DE  BAS  :  Coup  dan- 
gereux. 

Achever  quelqu'un,  le 
finir  (Argot  des  voleurs). 

COUP  DE    FLAN  :  Voler  an 

hasard     (Argot     des    vo- 
leurs). 

COUP  DE  FUSIL  :  Vendre  à 
n'importe  quel  prix  (Argot 
des  camelots). 


COUP  A  MONTER  :  Piège  à 
tendre. 


74 


COU 


cou 


Tromper  quelqu'un  (Ar- 
got des  voleurs). 

COUP  DE  LA  BOUFFÉE  : 

Genre  de  vol  pratiqué  chez 
les  grands  bijoutiers. 

Le  voleur  l'urne  un  énorme 
cigare,  il  lance  au  visage 
de  la  bijoutière  un  formi- 
dable jet  de  fumée  ;  aveu- 
glée, elle  ne  voit  pas  les 
mains  du  voleur  travailler 
(Argot  des  voleurs). 

COUP  DE  CHASSES  :  Coup 
d'œil. 

Système  employé  par 
certaines  filles  pour  raccro- 
cher les  passants. 

—  Tu  ne  marches  pas, as- 
tu  vu  ce  coup  de  chasses  ? 
(Argot  du  peuple). 

COUP  DE  CANIF  DANS  LE 
CONTRAT  :  Homme  qui 
lrom[)e  sa  femme  ou  femme 
qui  trompe  son  mari. 

On  dit  aussi,  quand  une 
femme  a  une  masse  d'a- 
mants, que  le  contrat  est 
criblé  de  coups  de  sabre 
(Argot  du  peuple). 

COUP  DE  FION  :  Terminer 
un  ouvrage  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Fignoler. 

COUP    DU    CHANDELIER 

(Le)  :  Dans  les  maisons  de 
rendez-vous  ou  chez  les 
femmes  publiques  un  peu 
cossues,  une  fois  la  séance 
terminée,    la    bonne    vous 


reconduit  en  vous  éclairant 
(c'est  à  charge  de  revan- 
che), on  lui  donne  généra- 
lement un  pourboire;  elle 
vous  remercie  gracieuse- 
ment, en  ajoutant  comme 
Bilboquet  : 

—  Si  vous  êtes  coulent 
et  satisfait,  envoyez-nous 
du  monde. 

C'est  le  coup  du  chan- 
'"?r  (Argot  des  lilles). 

COUP  DU  LAPIN  :  Achever 
un  adversaire,  lui  donner 
le  coup  suprême. 

Le  bourreau  donne  le 
coup  du  lapin  au  con- 
damné à  mort  (Argot  des 
voleurs). 

COUP  DU  MALADE  :  Le  vo- 
leur va  chez  un  bijoutier 
choisir  des  bijoux;  il  de- 
mande qu'on  lui  porte  sa 
commande  à  son  apparte- 
ment ;  il  s'en  va,  et,  aus- 
sitôt rentré,  il  se  couche 
en  attendant  le  commis  et 
sinuile  un  mal  subit. 

Quand  le  commis  arrive 
il  trouve  l'acheteur  entouré 
de  lioles  et  de  pommades, 
gémissant,  il  paraît  soufti'ir 
mille  douleurs. 

Il  renvoie  le  commis  cher- 
cher un  autre  objet  qu'il  dit 
avoir  commandé  la  veille  ; 
le  commis  part  sans  dé- 
fiance en  laissant  les  bijoux 
sur  la  cheminée;  aussitôt  le 
malade  se  lève  et  se  sauve 


p 


cou 


cou 


75 


:iii  plus  vile.  Qiiaïul  le  com- 
mis revient,  visage  de  bois 
(Argot  des  voleurs). 

COUP  DE  MARTEAU  :  Fou 

par  instant  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Mailloche. 

( OUP  DU  MOINEAU  :    Un 

in'griot  a  un  pierrot  ap- 
privoisé ;  il  avise  une  bouti- 
(pie  et  laehe  son  oiseau;  ce- 
lui-ci se  sauve  derrière  les 
sacs  ;  il  entre,  pleure,  se 
désole  : 

—  Mon  pierrot,  mon 
[lierrot. 

Ues  garçons,  le  patron,  la 
[)atronne,  tout  le  monde  est 
après  le  pierrot.  Lepégriol 
profile  de  cette  chasse  im- 
provisée pour  fouiller  dans 
le  comptoir  et  prendre  une 
|>oignée  de  monnaie. 

Le  pierrot  est  pris,  le 
i^amin  se  sauve  en  remer- 
ciant, le  tour  est  joué  (Ar- 
ot  des  voleurs).  V. 

LOUP  DU  PÈRE  FRAN- 
ÇOIS :  Ce  coup  est  très 
ancien.  Aulrei'ois  les  déte- 
nus remployaient  pour  se 
débarrasser  d'un  person- 
nage qui   moutonnait. 

Il  consiste  simplement  à 
l'Uangler  un  passant  à  l'aide 
d'un  ibulard  de  soie. 

Louis  le  Bull-Dogue, 
'•lève  du  père  François 
<  xplique  ainsi  la  manière 
d'opérer  : 


Pour    faire    le    coup  ûu   Père 

I  François, 

"Vous prenez  un  Ibulard  de  soie; 

Prés  du  client  en  tapinois 

Vous  vous    glissez    sans   qu'il 

I  vous  voie 

Et  crac  !  vous  lui  coupez  la  voix. 

Sitôt  qu'il  est  devenu  de  bois 

Vous  lui  prenez  son  os.  ses  noix. 

Et  c'est  ainsi   qu'un   Pantinois 

Peut    faire    fortune   avec    ses 

I  doigts. 

COUP  DE  POUCE  :  System-^ 
em|)loy6  par  certains  com- 
merçants pour  aider  la  ba- 
lance à  pencher  du  côté  de 
la  pesée. 

Les  bouchers  jouissent 
d'une  grande  habileté  pour 
le  coup  de  pouce  (Argot 
du  peuple). 

COUP  DE  SOLEIL  :  Avoir 
trop  bu  du  petit  bourgui- 
gnon. 

On  dit  aussi  un  coup  de 
siroj)  (Argot  du  peuple). 

COUPE   SIFFLET  :  Couteau 
(Argot    des    voleurs).    V. 
f7'e. 


COUPER  :  Echapper. 

—  Tu  ji'y  échapperas 
pas,  tu  n'y  couperas  pas. 

On  coupe  à  une  corvée, 
à  une  obligation  quelcon- 
que (Argot  du  peuple). 

COURIR  (D'une  peur  et  d'une 
envie  de)  :  Voleur  qui 
s'offre  un  paletot  à  l'étalage 
sans  s'occuper  du  prix. 

—  Te  voilà  bien  rupin, 
ma  vieille  branche,  combien 
que  la  pelure  te  coûte? 


CRA 


CRA 


—  Un  '  peur  et  une  en- 
vie de  courir  (Argot  du 
peuple).  V.  Foire  d'em- 
poigne. N. 

COURTAUD  DE  BOUÏAN- 
GHE  :  Lourdaud  de  bouti- 
que. 

Synonyme  de  calicot 
(Argot  des  voleurs). 

COURTIER  :  Voleur  (jui  pré- 
pare le  coup  à  faire  (Argot 
des  voleurs).  V.  Nourris- 
seiir  de  poupard. 

CRACHER  DANS  LE  SAC  : 

Allusion  à  la  tête  du  con- 
damné à  mort  qui  tombe 
dans  le  sac  de  sciure. 

On  dit  aussi  :  élernuer 
dans  le  sac  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CRACHER  DES  PIÈCES  DE 
QUATRE  SOUS  :  Avoir  la 
gorge  sèche  au  lendemain 
d'une  soulographie. 

Allusion  à  l'absence  de 
salive  (Argot  du  peuple). 
V.  Gueule  de  bois. 

CRACHER  AU  BASSINET  : 
Faire  cracker  (payer)  un 
débiteur  dur  à  la  détente 
(Argot  du  peuple). 

CRAIE  D'AUVERPIN:  Char- 
bon (Argot  du  peupl<>). 

CRAMPE     (La     tirer)  :    V. 

Rouscailler. 

CRAMPON  :  Femme  ou  maî- 


tresse qui  ne  vous  lâche 
pas  et  dont  rien  ne  peut 
vous  débarrasser  pas  même 
la  mort  —  quand  on  en 
rêve  (x\rgot  du  peuple) 

CRAMPONNER  (Être)  :  V. 

Co-ampon. 

CRAN  (Être  à  craiij  :  Être 
furieux. 

On  dit  aussi  :  être  à  crin 
(Argot  du  peuple). 

CRANEUR  (Faire  le):  Honnne 
qui  se  fait  plus  fort  qu'il 
ne  l'est,  au  physique  connue 
au  moral. 

Un  souteneur  qui  veut 
tenir  le  haut  du  pavé,  est  un 
crâneur  (Argot  du  peuple). 

CRAPAUD  :  Cadenas  (Argot 
des  voleurs). 

CRAPAUD  :  Moutard  (Argot 
du  peuple). 

CRAPSER  :  Mourir. 

D'aucuns  écrivent 
clarnser  ou  krapser.  C'est 
crapser  qui  e:^t  le  vrai 
mot  (Argol  des  voleurs). 

CRAPULARD  :  Superlatif 
de  crapule. 

Synonyme  de  canaille, 
gredin,  scélérat. 

Injure  adressée  à  des 
individus  assez  adroits  pour 
conmiettre  des  délits  sans 
tomber  sous  l'application 
des  lois. 


CRE 


CRO 


Ternie  très  usité  dans  le 

peuple    (Ai'Lrol  (\\\    peuple I, 

(IIAQIELH  :  Menteur  (Ar- 
iiot  du  peuple). 

(.HKME  :  C'est  une  cré7)ie 
d'homme  pour  dire  :  i/  est 

hou. 

Même  signilication  que  : 
c'est  un  beurre 

Lts  bourgeois  pour  ex- 
primer (pf  un  être  est  beau 
(lisent  également  : 

—  C'est  une  crêrae. 

—  C'est  une  bonne  pâte 
d'homme  (Argot  du  peuple). 

nîF:PER      LE     CHIGNON 

'  Se)  :  Se  dit  de  deux  fem- 
mes qui  se  battent  avec 
aeharnenement. 

C'est  le  contraire  qu'il 
faudrait  dire,  car  après  la 
bataille,  le  cliignoyi  est  plus 
(pie  décrêpé  (Argot  du  peu- 

CRESSON  SUR  LE  CAIL- 
LOU (N'en  plus  en  avoir): 
Homme  chauve  (Argot  du 
peuple). 

CREVER  LE  BOCAL  (S'en 

faire)  :  Avoir  trop   mangé. 

S'être   bourré    au   point 

que  le   bocal    (ventre)    en 

crève  (Argot  du  peuple). 

CREVETTE  :  Nom  donné  aux 
tilles  du  demi-monde. 
On  appelle  aussi  crevette 


une  fenuiie  maigre  (Argot 
dubonlevard  1.  V.  Agenouil- 
lée. 

CRIBLER  A    LA     GRIVE  : 

Crier  à  la  garde.  Appeler 
au  secours  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CRIBLEUR  DEVERDOUZE: 
Marchand  des  quatre  sai- 
sons (Ai^ot  des  voleurs). 

CRIBLEUR  DE  ERUSQUES  : 

Marchand  d'habits  (Argot 
des  voleurs). 

CRIER  AUX  PETITS  PA- 
TES :  Eemme  qui  accouche 
difficilement  et  qui  crie 
comme  une  baleine  (Argot 
du  peuple). 

CRIGNE  :  Viande  dure  comme 
une  vieille  semelle  (Argot 
des  voleiirs)  V.  Bidoche. 

CRIGNOLIER  :  Boucher. 
Marchand  de  crigne  (Ar- 
g  )t  du  peuple). 

CRIN    (Être    comme     un)    : 
Homme  sans  cesse  furieux. 
Individu  plus  gênant  que 
gêné  (Argot  du  peuple). 

CRIN-CRIN  :  Violon. 

Allusion  au     grincement 
.  de  l'archet   sur   les  cordes 
(Argot  du  peuple). 

CROCHETTES:  Clés  (Argot 
des  voleurs).  V.  Caro%bIe. 


78 


CRO 


GUI 


CROMPER  LA  TANTE  :  Dé- 
tenu qui  s'emploie  pour 
faire  évader  un  de  ses  ca- 
marades (Argot  des  vo- 
leurs). 

CRONÉE  :  Écuelle. 

Une  cronée àeharMllons 
de  Beauce,  voilà  h  pitance 
à  la  Centroiisse. 

CROQUE-MORT  :  Porteur  de 
mort. 

Monsieur  le  Mort,  laissez- 

I  vous  faire, 

Il  ne  s'agit  que  du  salaire. 

Le  croque-mort  est  gé- 
néralement joyeux,  il  a 
toujours  le  'petit  mort  pour 
rire.  C'est  l'un  d'eux  qui  a 
trouvé  que  la  meilleure  bière 
est  celle  de  sapin  (Argot 
du  peuple). 

CROQUANT:  Paysan  (Argot 
du  peuple).  V.  Pétronsquin. 

CROQUENEAUX  VER- 
NEAUX  :  Souliers  vernis 
(Argot  du  peuple). 

CROSSEUR  :  L'avocat  géné- 
ral (Argot  des  voleurs).  Y. 

Bêcheur. 

CROTTE  DE  PIE  :  Pièce  de 
cinquante  centimes   (Argot 


des  voleurs) 


Poire 


CROTTE  D'ERMITE 

cuite. 

Allusion  à  la  forjne  (Ar 
got  des  voleurs). 


CROUSTILLAGE  :  Nourri- 
ture (Argot  du  peuple).  N. 

CROUSTILLANT  :  Quelque 
chose  qui  croustille  sous  la 
dent. 

Pain  appétissant,  bien 
cuit. 

Jolie  fdle  dont  les  appâts 
sont  pleins   de  promesses. 

Un  récit  vif,  animé,  plein 
de  situations  égrillardes, est 
croustillant. 

Paul  de  Kock  et  Pigault 
Lebrun  sont  restés  les  maî- 
tres du  genre  (Ai^ot  du 
peuple). 

C ROUTER  :  Casser  la  croûte. 

Le  matin,  avant  de  com- 
mencer la  journée  et  à  qua- 
tre heures,  les  ouvriers 
mangent  un  morceau  sur  le 
pouce. 

Ils   cassent  une  croûte. 

On  dit  aussi  :  l'heure  de 
la  croustille  (kv^^Qi  An  peu- 
ple). N. 

CROUTON  :  Vieillard  bon  à 
rien  (Argot  du  peuple).    V. 

Birhe. 

CRU  DU  CHATEAU  LA 
POMPE  :  Eau. 

Se  dit  par  ironie  (Argot 
du  peuple). 

CUILLER  DANS  LA  TASSE 

(L'avoir  laissée)  :  Femme 
enceinte  (Argot  du  peuple). 
V.  Avaler  le pt 


CUL 


COEU 


79 


(".riR  :  Peau  (Argot  du  peu- 
ple). 

Cl  IR  A  RASOIR  :  Tétasses 
d'une  vieille  femme  dont  la 
peau  est  dure  comme  du 
cuir. 

On  pourrait  repasser  ses 
rasoirs  dessus  (Argot  du 
peuple).  V.  Calebasse. 

C USINER  :  Quand  un  pri- 
sonnier ne  veut  pas  avouer, 
les  agents  le  «  cuisinent  » 
pendant  trois  ou  (piatre 
heures  s'il  le  faut. 

Ils  réussissent  presque 
toujours,  et  le  prisonnier 
ne  trouve  jamais  cette  cui- 
sine à  son  goût  (Argot  des 
voleurs). 

CUITE  (En  prendre  une)  :  Se 
saouler  royalement  (Argot 
du  peuple).'  V.  Culotte. 

CILBUTE  OU  CULBUTANT  : 

Pantalon  (Argot  du  peuple). 
V.  Fahar. 

CULBUTE  (Faire  la)  :  Négo- 
ciant qui  lait  faillite . 
-^    Il    fait    liltéralement    la 
culbute  (Argot  du  peuple). 


CUL  DE  PLOMB  :  Employ 
rivé  h  son  lauleuil  d'un 
bout  de  l'année  à  l'autre 
(Argot  du  peuple). 

CULOTTE  (En  prendre  une)  : 
Être  abominableriient  po- 
chard . 

On  dit  également  :  il  est 
cuit,  il  a  trop  chatiffé  le 
four  (Arçot  du  peuple). 


CULOTTE  (Prendre  une)  : 
Perdre  une  grosse  somme 
au  jeu  (Argot  des  joueurs). 

CUL  TERREUX:  Paysan. 

L'allusion  est  transpa- 
rente (Arçot  du  peuple).  V. 
Pétronsquin. 


CAMPAGNE    : 

tout    faire,   qui 


CURE    DE 

Femme  à 

sait  se   retourner  à  l'occa 

sion  (Argot  des  filles). 


CURIEUX  :  Juge  (Argot  des 
voleurs).  V.  Palpeurs. 

COEUR  SUR  LE  CARREAU 

(Mettre  le)  :  Vomir  (Argot 
du  peuple). 


80 


DAN 


DAX 


DAB  ou  DABE  :  Père  (Argot 
du  peuple). 

DAB    DES   RENIFLEI  RS  : 

Préfet  de  police  (Argot  des 
voleurs). 

DABIER  :   Père     (Argot    du 
peuple). 

DADA    (Avoir    un).  V.  3fa- 

rotte. 

DAIM    :  Imbécile  (Argot    du 
peuple).  V.  Coiiillon. 

DANDILLANTE  :  La  cloche. 

Dans  les  usines,  la  cloche 
sonne  les  heures  d'entrées 
et  de  sorties  et  aussi  l'heure 
des  repas. 

—  Si  je  suis  en  retard 
c'est  parce   que  tu  as  tbutu 


un  coup  de  pouce  à  la  to- 
cante  du  singe. 

Mot  à  mot  :  la  cloche 
clandille  (Argot  du  peuple). 

DAiN DINETTE  :  Diminutif  de 
danse,  battre  légèrement. 

Dandinette  est  une  cor- 
rection infligée  à  un  enfant 
désobéissant  (  Argot  du 
peuple). 

DANDILLER  :  Sonner. 

Les  faubouriens  en  ont 
fait  dardillei\  de  dard. 

—  Je  dardille  pour  une 
belle  fille  (Argot  du  peuple). 
N. 

DANSE  (En    donner    une)   : 
Battre  un  individu. 

Entrer  en  danse,   entrer 


DAU 


DEB 


81 


dans  une  alïaire.  apparaître 
(Argot  (lu  peuple). 

DANSER  :  Faire  danser 
qaeKjifun. 

Synonyme  de  faire  payer 
(Ai^ot  du  peuple). 

DANSER  DU  BEC  :  Puer  de 
la  bouche  (Ai'gotdu  peuple). 
V.  Trouiilotter  delà  hur- 
lette. 

DANSER  L'ANSE  DE  PA- 
NIER (La  faire)  :  Donics- 
liquc  qui  majore  les  denrées 
(pi'elle  achète  et  lait  payer 
cent  sous  à  la  patronne  ce 
qui  en  vaut  quarante  (Ar- 
got du  peuple). 

DARDANTS  :  Mes  amours  (Ar- 
got des  voleurs). 

DARDUNNE  :  Cinq  francs 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Time. 

DARIOLE  :  Soufflet,  coup  de 
poing.  A.  D. 

La  dariole  est  une  pâtis- 
serie commune  qui  se  vend 
dans  les  fêtes  publiques. 

Le  pâtissier  se  nomme 
darioleur  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

DARON  :  V.  Dahe. 

DARONNE  :  Mère  ;  dans  le 
peuple  on  dit  la  dahiiche 
(Ai^ot  du  peuple). 

DAUF  :  V.  Paf. 


DAUDÉE  (Passer  à  la)  :  Sou- 
teneur qui  floppe  sa  mar- 
mite quand  elle  ne  rapporte 
pas  de  pognon  (Argot  (h^s 
souteneurs).  ]S[. 

DÉBÂCHER  LA  ROULOTTE  : 

Changer  la  voiture  de  phice.* 
Les  forains  emploient 
cette  expression  pour  indi- 
quer qu'il  vont  d'une  ville 
à  une  autre.  (Argot  des  sal- 
timbanques). 

DÉliAGOULER:  Cetteexpres- 
sion  est  usitt'c  dans  h's  lau- 
bourgs  pour  qualifier  un 
orateur  de  réunion  publique 
qui  débagoiile  sou  boni- 
ment (Argot  du  peuple). 

DÉBALLAGE  :  Etalage  par 
les  camelots  de  marchan- 
dise sur  la  voie  publique  ou 
dans  des  boutiques  louées 
au  mois. 

Déballage  se  dit  aussi 
dans  le  peuple  d'une  femme 
avec  qui  on  couche  pour  la 
première  fois. 

—  Tu  la  crois  dodue, 
bien  faite  tu  vas  la  voir 
au  déballage  ;  elle  a  été 
moulée  dans  un  cor  de 
chasse  (Argot  du  peuple). 


Soulager  ses 


DÉBALLER 

entrailles  pour  quinze  cen 
times,  ce  que  ne  pouvait 
digérer  Villemessant  qui 
trouvait  exorbitant  d'être 
forcé  de  donner  trois  sous 
pour  restituer  un  petit  pain 

5. 


82 


DÉB 


DÉB 


qui  n'en  coûtait  qu'un  et 
tncore  en  laissant  la  mar- 
chandise (Argot  du  peuple). 

DÉBALLONNER  (Se)  :  S'é- 
vader. 

Mot  à  mot:  se  sauver  du 
ballon  (prison). 

Déballonner  :  accoucher. 

Se  défaire  de  son  ballon 
ou  mieux  du  lève- jupes 
(Argot  des  voleurs). 

DÉBINE  :  Se  prend  de  ma- 
nières différentes. 

Etre  dans  la  misère  la 
plus  complète. 

—  Je  suis  dans  la  dé- 
bine. 

—  Je  m'en  vais,  je  me 
sauve,  je  me  débine  (Argot 
du  peuple). 

DÉBINER  :  Dire  du  mal  de 
quelqu'un. 

—  Nous  l'ayons  tellement 
débiné  qu'il  n'a  \m  réussir 
(Argot  du  peuple). 

DÉBINER  LE  TRUC  :  Com- 
père mécontent  qui  révèle  le 
secret  de  son  associé  (Ar- 
got des  voleurs). 

DÉBOUCLER  SA  VALISE  : 

Mourir. 

On  devrait  plutôt  dire 
boucler  car  le  voyage  est 
assez  long  (Argot  des  com- 
mis voyageurs). 

DÉBOULER  :  Arrivée  subite 
de  quelqu'un  que  l'on  n'at- 
tendait pas. 


—  Il  déboule  subito  (Ar- 
got du  peuple). 

DEBOULER  :  Femme  qui  ac- 
couche. 

Allusion  de  forme  ;  en- 
ceinte à  pleines  ceintures, 
elle  est  ronde  comme  une 
boule  ;  accouchant  elle  dé- 
boule (Argot  du  peuple). 

DÉBOULONNER  SA  CO- 
LONNE :  Mourir. 

Cette  expression  n'est 
employée  que  depuis  1871, 
lorsque  les  communards  je- 
tèrent la  colonne  Yendôme 
par  terre  parce  qu'elle 
gênait  Courbet  (Argot  du 
peuple). 

DÉBOURRER  SA  PIPE  :  V. 

Déballer. 

DÉBRIDOIRE  :  Outil  de 
malfaiteurs  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Tâteuse. 

DÉBOUTONNER  :  Parler, 
avouer. 

—  Tu  peux  le  débou- 
tonner mon  vieux,  il  faut 
que  nous  sachions  ce  que 
tu  as  dans  le  ventre. 

On  dit  aussi  :  Déculotte 
tapetisée[k.T^oiàvi  peuple). 

DÉBROUILLARD  :    Individu 

qui  sait  se   débrouiller  au 

milieu  des  ennuis  de  la   vie 

et  qui  en  sort  victorieux. 

On  emploie,  dans  les  aie- 


DEC 


DEC 


83 


Hors,  celle  imago  caracté- 
ristique, mais  p(Mi  parl'u- 
mée  : 

—  II  sortirait  de  cent 
pieds  de  merde  (Arçot  du 
peuple). 

DÉCALITRE  :  Ciiapeau. 

Il  a,  eu  elVet,  la  forme 
d'un  boisseau  (Ariiot  du 
peuple) . 

DÉCAMPER  SAXS  TAM- 
ROl  R  M  TROMPETTE  : 

Lâcher  une  femme  ou  un 
patron  sans  les  prévenir. 

Fausser  compagnie  à 
cpielqu'un. 

Laisser  une  affaire  en 
plan  (Argot  du  peuple). 

DECANILLER  :  Se  lever  de 
sa  chaise  ou  de  son  lit. 

—  Allons, paresseux,  dé- 
canille  plus  vile  que  ça 
(Ai^otdu  peuple). 

DÉCARADE  :  S'en  aller  au 
plus  vite. 

En  un  mot,  décarrer, 
partir. 

Une  vieille  chanson  dit  : 

Allons,  Flipote, 
Met  ta  capote, 
Et  puis,  décarrons-ï[o\x%. 

(Argot  du  peuple). 

DÉCARCASSER  (Se)  :  S'é- 
chiner à  faire  un  travail 
qui  produit  peu. 

Se  décarcasser  à  courir 
pour  arriver  à  l'heure  de  la 
cloche. 


—  J'ai  beau  me  décarcas- 
ser,]*? ne  suis  pas  plus  avancé 
une  année  que  l'autre  (Ar- 
got du  peuple). 

DÉCARRER   DE    RELLE   : 

Sortir  de  prison  à  la  suite 
d'une  ordonnance  de  non- 
lieu. 

Mot  à  mot  :  Je  l'échappe 
l)(>lle  (Argot   des   voleurs). 

DÉCARTONNER  :  Mourir  de 
consomption. 

Les  conunères  disent  : 
mourir  à  petit  feu. 

Décarlonner  est  syno- 
nyme de  décoller  (Argot 
du  peuple). 

DÉCIIARD  :  Qui  est  dans  la 
dèche   (Argot   du    peuple). 

DÉCHE  :  Synonyme  de  dé- 
bine. 

Cette  expression  est  due 
à  une  circonstance  cu- 
rieuse : 

Un  colosse,  nommé  Ha- 
che, marchand  de  riboiiis 
au  marché  du  Temple,  avait 
la  passion  du  théâtre  ;  il 
figurait  au  cirque  de  l'an- 
cien l)oidevard  du  Temple. 
Il  occupait  l'emploi  de  tam- 
bour-major de  la  garde  ; 
c'était  insufiisant  pour  son 
ambition  :  il  voulait^parler. 
A  force  d'obsessions,  il  ob- 
tint de  Laloue  de  dire  un 
mot  dans  une  pièce.  Il  de- 
vait dire  à  Napoléon  : 


84 


DEC 


DEC 


—  Quel  échec,  mon  Em- 
pereur ! 

La  langue  lui  fourcha,  il 
avait  oublié  sa  phrase. 

x\lors,  à  tout  hasard,  il 
s'écria  : 

—  Sire,  ah  !  cpielle 
dècTie  ! 

L'expression  est  resiée, 
et,  dans  le  peuple,  quand 
on  veut  indiquer  un  grand, 
malheur  elle  est  employée 
(Ai^ot  du  peuple). 

DÉGJIIRER  SA  TOILE  :  Pes- 
ter. 

Allusion  au  bruit  qui  sou- 
vent ressemble  à  un  déchi- 
rement (Argot  du  peuple). 
V.  Peaiij  courte. 

DÉCORS  :  Bijoux. 

L'expression  est  jolie.  On 
dit  dans  le  peuple,  d'une 
femme  chargée  de  bijoux  : 
Elle  est  décorative  (Argot 
du  peuple). 

DÉCRASSER  :  Les  filles  dé- 
crassent un  homme  en  le 
débauchant  d'abord,  en  le 
ruinant  ensuite. 

Les  voleurs  décrassent 
un  pante  en  le  volant. 

Décrasser,  dans  un  autre 
sens,  est  synonyme  de  dé- 
niaiser (Argot  du    peuple). 

DÉCROCHER  UN  LARDON  : 

Faire  avorter   une    femme. 

Les    spécialistes    qui    se 

livrent  à    cl*   ijenre  de   tra- 


vail se  nomment  des  fai- 
seuses d'anges  (Argot  du 
peuple).  N. 

DÉCROCHER  LA  LUNE 
AVEC  LES  DENTS  :  Vou- 
loir accomplir  une  chose 
impossible. 

Expression  employée  par 
ironie  (Argot  du  peuple). 

DÉCROCHER  LATIMBALE  : 

Arriver  bon  premier,  réus- 
sir. 

Allusion  au  mât  de  co- 
cagne, où  le  premier  arrivé 
au  sommet  décroche  le  pre- 
mier prix  qui  est  générale- 
ment une  timbale. 

Cette  expression  est  po- 
pulaire depuis  la  représen- 
tation de  la  pièce  intitulée 
la  Timbale  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

DÉCROCHEZ-MOI  ÇA  :  Vê- 
tements fripés  que  vendent 
les  marchandes  à  la  toi- 
lette. 

Comme  les  vêtements 
sont  accrochés  Qi  étiquetés, 
inutile  de  marchander;  on 
n'a  qu'à  dire  à  la  vendeuse  : 
Décrochez-moi  ça. 

Toute  personne  mal  ha- 
billée sent  le  décrochez- 
moi  ça  {kv%QX  du  peuple). 

DÉCROCHER  SES  TA- 
BLEAUX :  Individu  qui 
sans  cesse  se  fourre  les 
doigts  dans  le  nez  [)0ur  en 
retirer  les  oriluies. 


DÉF 


DEG 


85 


—  Tu  reçois  donc  du 
inonde  que  tu  décroches  tes 
tableaux  ?  (Ai-got  du  pini- 
ple). 

hl.GlLOTTK  :  Homme  qui 
a  mis  son  mobilier  ou  son 
oonnnerce  au  nom  de  sa 
femme. 

Il  ne  porte  plus  la  cu- 
lotte. 

Déculotté  aussi  quand 
la  fenmie  est  maîtresse  au 
logis  :  elle  porte  les  cu- 
lottes (Argot  du  peuple). 

DJ<  FARGUER  :  Pâlir. 

Le  parrain  fargue, 
Le  bêcheur  détargue. 

dit  une  vieille  chanson  (Ar- 
got des  voleurs). 

DKFARGUER  :  Les  joueurs 
disent  cela  d'une  carte  qui 
les  gêne. 

knpolignac  ih  ^e  dé fai'- 
gue^it  du  valet  de  pique 
(Argot  des  voleurs).  ^V. 

DÉFENDRE    SA    QUEUE  : 

Défendre  sa  peau  dans  une 
bataille. 

Quand  deux  chiens  se 
battent  dans  la  rue,  les 
spectateurs  crient  : 

—  Jolo, dé  fend  ta  queue. 
Défendre  sa  queue,  c'est 

défendre  ses  intérêts  de 
toutes  manières  (Argot  du 
peuple). 

DÉFILER  LA  PARADE  :  Se 

dit  à  quelqu'un  que  l'on 
chasse. 


—  Allons,  défilez  la 
parade,  et  plus  vite  que 
«:a  (Argot  du  peuple). 

DÉFLEURIR  ou  DÉFLOUER 
LA  PICOUSE  :  Voler  le 
linge  qui  sèche  dans  les 
campagnes,  sur  des  haies 
(Ai^got  des  voleurs).  V.  Ba- 
tousier. 

DÉFOURAGER  :  S'en  aller, 
quitter  un  endroi  t  pour  un  au- 
tre. 

—  Je  défourage  de  la 
Centrousse  pour  renquil- 
ler  à  Pantin  (Argot  des 
voleurs).  ^ 

DÉGLINGUE  (Tomber  dans 
la)  :  Être  tout  à  fait  par 
terre. 

Plus  misérable  que  les 
misérables  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

DÉGOBILLER  :  Vomir  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Mettre 
du  cœur  sur  le  carreau. 

DÉGOTTER  :  Se  dit  de  quel- 
qu'un mal  habillé. 

—  Tu  la  dégottes  mal. 
Dégotter,  signifie  égale- 
ment trouver. 

—  11  y  a  deux  mois  que  je 
la  cherche,  j'ai  fini  par  la 
iégotter. 

2)^'^o/'^^r  quelqu'un  :  faire 
quelque  chose  mieux  que 
lui. 

Vietor-ITugo,  parexemple 


DÉG 


DEM 


dégotte  Sarrazin,  le  poète 
aux  olives  (Argot  du  peuple). 

DÉGOURDI  :  Se  dit  par  iro- 
nie d'un  homme  lourd  et 
pâteux. 

—  J'ai  froid,  je  vais  mar- 
cher vite  pour  me  dégour- 
dir les  jambes. 

On  dit  d'une  gamine  qui 
connaît  à  six  ans  ce  qu'elle 
devrait  ignorer  à  quinze  : 
elle  est  dégourdie  pour  son 
Age  (Argot  du  peuple). 

DËGHAISSEUR  :  Le  garçon 
de  banque  qui  à  chaque 
échéance  vient  dégraisser 
les  débiteurs  (Argot  du 
peuple).  N. 

DÉGRINGOLADE.    V.    Dé- 

gringoler. 

DÉGRINGOLADE  A  LA 
FLUTE  :  Vol  commis  par 
une  fille  sur  un  miche  de 
passage. 

L'expression  p^ûie  est 
assez  significative  (Argot 
des  voleurs). 

DÉGRINGOLER  :  Tomber 
d'une  haute  situation  dans 
la  misère. 

Dégringoler  un  'j^ante  : 
tuer  un  bourgeois. 

Dégringoler  des  hau- 
teurs d'un  succès  pour  tom- 
ber dans  la  médiocrité  (Ar- 
got du  peuple). 


DÉGUEULAS,  DÉGUEULA- 
TIF,  DÉGUEULDIF,  DÉ- 
GOUTATIF  ET  EMMER- 
DATOIRE  :  Individu  à  l'as- 
pect tellement  dtîgoûtant 
que  sa  vue  soulève  le  cœur 
et  donne  envie  de  vomir 
(Argot  du  peuple).  iV. 

DÉGUISER  EN  CERF  (Sej  : 

Se  sauver  le  plus  rapide- 
ment possible. 

—  Je  t'invite  à  un  bal 
masqué,  quel  costume  pren- 
dras-tu ? 

—  Je  me  déguise  en 
cerf. 

iMot  à  mot  :  Je  n'y  vais 
pas    (Argot  du  peuple).  iV^. 

DÉMARQUEUR  DE  LINGE  : 

Homme  de  lettres  qui  pille 
ses  confrères  sans  façon. 

Démarquer  un  article 
de  journal  :  changer  simple- 
ment les  phrases. 

Allusion  aux  voleurs  qui 
déniarquent  le  linge  avant 
de  le  bazarder  au  fourgat 
(x\rgot  du  peuple). 

DEMI-AUNE  :  Le  bras. 

Les    mendiants    disent  : 

—  Je  tends  la  demi- 
aune. 

C'est  une  façon  de  ne 
pas  avoir  l'air  que  l'on 
ten<l  la  main  (Argot  des 
mendiants. 

DEMI-RÉCOLTE  :  Personne 
petite,  naine,  chélive. 


DEM 


DEP 


87 


On  (lit  dans  le  peuple  : 

—  Sa  mère  devait  élre 
conciei^'C,  un  locataire  aura 
demandé  le  cordon  au  bon 
moment  (Argot  du  peuple). 
V.  Bas  du  cuL 

DEMOISELLE  DE  PAYEUR  : 

Sorte  de  pilon  en  bois  gar- 
ni à  sa  base  d'un  fort  uior- 
ceau  de  fer.  Il  sert  à  enlon- 
cer  les  pavés  pour  égaliser 
la  rue. 

Ce  pilon  a  deux  anses  en 
forme  de  bras  ;  pour  le  sou- 
lever, les  paveurs  le  jtren- 
nent  par  les  bras. 

Allusion  au  bras  que 
l'on  donne  aux  demoiselles 

Elles  sont  généralement 
moins  dures  à  soulever  que 
la  demoiselle  du  paveur  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

DÉMONTER    SON    CIIOU- 
BERSKI  :  Mourir. 

L'expression  n'est  pas 
juste,  on  devrait  plutôt 
dire  :  7nonter  son  ckou- 
herski,  car  chacun  sait  que 
ce  poêle  n'ariende  conunun 
avec  l'elixir  de  longue  vie 
(Argot  du  peuple).  N. 

DEMORGANER   :    Accepter 
une  observation. 

Comprendre  que  la  mor- 
gue est  inutile  (Argot  du 
peuple). 

DMMORRE   :  Homme  (Argot 
des  voleurs). 


DEMURGER  :  Fuir. 

Cette  expression  est  fré- 
quenunent  employée  par 
les  souteneurs  au  cours 
d'une  bataille  : 

—  Yoilh  la  rousse,  de- 
mur  ge.  ou  y  vont  te  faire 
choucUe.  La  copaille  va 
rendre  Vaffe,  il  est  saigné 
au  bon  coin  (Argot  des 
voleurs). 

DÉNICHEUR  DE  FAUVET- 
TES :  Terme  ironique  em- 
ployé pour  se  moquer  d'un 
individu  qui  se  vante  de 
prendre  la  virginité  des 
lilles  (Argot  du  peuple).  V. 
Dépticeleur  de  nourrices. 

DÉPAILLER:  Jusqu'ici  celte 
expression  élait  employée 
pour  dire  qu'une  chaise  n'a- 
vait plus  de  paille  :  elle 
était  dépaillée. 

Dans  les  quartiers  pau- 
vres, les  ouvriers  n'ont  gé- 
néralement pas  de  som- 
miers ;  ils  couchent  sur  des 
paillasses^avmQ^  défaille 
de  seigle  ;  quand  un  proprié- 
taire, un  vautour  impi- 
toyable, veut  les  faire  ex- 
pulser, ils  disent  : 

—  Tu  peux  aller  cher- 
cher le  quart  et  tous  ses 
sergots.  tu  ne  me  feras  pas 
démailler. 

Mot  à  mot  :  abandonner 
ma  paille  (Argot  du  peu- 
ple). N. 


88 


DÉP 


d?:p 


DÉFENDEUR  D'ANDOUIL- 

LES  :  Homme  grand  comme 
une  perche  à  houblon. 

Allusion  à  ce  qu'il  pour- 
rait sans  échelle  dépendre 
les  andoviUes  suspendues 
au  plafond  (Argot  du  peuple) . 

DÉPENSER    SA    SALIVE  : 

Orateur  qui  parle  à  un  au- 
ditoire distrait  ;  il  parle  en 
pure  perte  et  dépense  sa 
salive  inutilement. 

On  dépense  sa  salive  à 
vouloir  convaincre  quelqu'un 
qui  ne  veut  rien  savoir  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

DÉPIAUTER  :  Synonyme  de 

dépouiller. 

Terme  commun. 

—  Je  me  déshabille,  je 
me  dépiaute. 

Quand  les  voleurs  s'en 
veulent  pour  un  motif  quel- 
conque, ils  tentent  de  5'«r- 
racher  la  peau. 

Mot  à  mot  :  se  dépiauter 
comme  un  lapin  (Argot  des 
souteneurs). 

DEPITE  :  Ennuyé,  éprouver 
du  dépit.,  dans  le  sens  de 
déception. 

Dans  le  peuple  on  appli- 
que cette  expression  aux 
députés  non  réélus. 

Le  mot  français  est  de- 
venu un  mot  d'argot. 

—  C'est  un  dépité  de  la 
Seine  ou  d'ailleurs. 

On  dit  encore  qu'il  a  été 


dépoté,  prenant  la  Cham- 
bre pour  un  pot . 

Ou  bien  : 

—  Les  électeurs  l'ont 
enfin  déporté  (Argot  du 
peuple).  A^. 

DÉPLANQUER  :  Quand  un 
voleur  est  en  prison,  il  est 

en  planque. 

Il  est  également  enplan- 
que  quand  il  est  filé  par 
un  agent  ;  quand  il  sort  de 
prison  ou  quand  il  grille 
l'agent,  il  se  déplanqiie 
(Argot  des  voleurs).  V.  Dé- 
planqueiir. 

DÉPLANQUEUR  :  Complice 
qui  déterre  les  objets  volés 
pendant  que  son  camarade 
subit  sa  peine. 

C'est  un  usage  chez  les 
voleurs  d'enterrer  pour  les 
soustraire  à  la  justice,  les 
objets  volés  ;  au  moins  s'ils 
subissent  une  peine  ils  ne 
font  pas  du  plan  de  couil lé 
(Argot  des  voleurs). 

DÉPONER  :  levare   ventris 

omis.  Â.  D. 

Nous  voilà  suffisamment 
renseigné  si  on  ajoute  pour 
comprendre  que  déponer 
vient  de  ponant,  derrière, 
et  que  déponer  est  syno- 
nyme de  débourrer. 

Quand  un  individu  vous 
cramponne  par  trop,  on 
l'envoie...  déponer  sur  la 
plancMe  où  il  met  son  pain 
(Argot  du  peuple). 


di:p 


DES 


89 


DÉPOTOIR  :  Confessionnal. 
C'est  bien  en  efl'et  un 
dépotoiry  puisque  l'on  y 
laisse  ses  ordures,  une  fois 
l'absolution  reçue.  (Arçot 
(les  voleurs).  V.  Comberge. 

DKPOT  :  Prison  située  sous 
le  Palais  de  Justice,  où  l'on 
conduit  par  le  panier  à  sa- 
lade tous  les  individus  ar- 
rêtés par  les  agents. 

C'est  un  lieu  infect,  in- 
difjne  de  noire  éjwque,  en 
laison  de  la  promiscuité  des 
déteiuis  et  de  l'absence 
d'air  et  de  lumière. 

Ce  n'est  pas  dépôt  que 
l'on  devrait  dire,  mais  bien 
dépotoir,  car  il  y  passe 
annuellement  67,000  indi- 
vidus. 

Environ  13,000  vaga- 
bonds et  22,000  filles  pu- 
bliques. 

Je  ne  compte  pas  les  vo- 
leurs qui  ont  horreur  de  ce 
lieu  de  détention  surnommé 
la  Cigogne  (Arçot  des  vo- 
leurs). N. 

DÉPUCELECR  DE  NOUR- 
RICE :  Fanfaron  qui  s'i- 
magine avoir  trouvé  la  pie 
au  nid  et  qui  y  trouve  sou- 
vent une  chose  désagréable. 
(Argot  du  peuple). 

DÉPLCELEUR  DE  FEMME 
ENCEINTE.  V.  Enfon- 
ce^ir  déporte  ouverte. 


DÉRONDINER  :  Un  sou  se 
nommant  un  rond^  de  là 
l'expression  pour  indiquer 
que  l'on  s'en  sépare  en 
payant  : 

—  Je  me  dérondine  tous 
les  jours  pour  sorguer 
(Argot  du  peuple). 

DÉROUILLER  :    Recouvrer 

sa  souplesse,  se  mettre  au 
tait  d'un  service  Z.  L. 

Dérouiller:  enlever  la 
rouille  d'une  pièce  de  fer 
ou  d'acier. 

Dérouiller  :  perdre  ses 
habitudes  casanières  pour 
reprendre  ses  relations. 

Dérouiller  a  dans  le 
peuple  une  autre  significa- 
tion . 

Pour  dérouiller,  ce  n'est 
pas  le  papier  émeri  qui  est 
employé,  mais  la  première 
femme  venue  (Argot  du 
peuple).  N- 

DÉSATILLER  :  Châtrer  (Ar- 
got des  voleurs). 

DESCENDRE  LA  GARDE  : 

Mourir  (Argot  du  peuple). 

DESCENDRE  A  LA  CRÉ- 
MERIE :  Cette  expression 
est  employée  par  les  filles 
qui  n'aiment  pas  les  hommes; 
elle  est  suffisamment  claire. 
Par  la  satisfaction  qu'el- 
les éprouvent,  elles  boivent 
du  lait  non   écrémé  (Argot 


90 


DES 


DÉT 


des  filles).   V.  Accouplée. 

N. 

DESCENTE  DE   GOSIER  : 

Avoir  une  soif  perpétuelle 
Pochard  jamais   rassasié 
(Argot  du  peuple). 

DESCENTE  DE  LIT  :  Femme 
facile,  qui  se  couche  au 
moindre  signe. 

Synonyme  de  paillasse 
(Argot  du  peuple).  i\^. 

DËSENFLAQUER  :  Se  tirer 
d'un  mauvais  pas. 

Mot  à  mot  :  sortir  de  la 
merde. 

Un  prisonnier  est  en/la- 
qué; le  désenflaquer ^  c'est 
lui  rendre  la  liberté  (Argot 
des  voleurs). 

DËSENTIFLAGE  :  Rompre 
avec  quelqu'un  avec  qui  on 
était  lié. 

Mot  à  mot  :  se  désenti- 
fler,  se  quitter,  se  séparer. 

C'est  l'opération  con- 
traire à  celle  d'entifler  (Ar- 
got du  peuple). 

DESSALÉ  :  Noyé  que  l'on 
retire  de  l'eau , 

Allusion  à  la  morue 
que  les  ménagères  font  des- 
saler avant  de  la  manger 
(Argot  du  peuple). 

DESSALEURS  :  C'était  une 
compagnie  d'assasins  qui 
attendaient  sur  les  quais 
déserts    du    canal    Saint- 


Martin  les  passants  attar- 
dés. 

Ils  les  dépouillaient  d'a- 
bord et  les  jetaient  ensuite 
à  l'eau. 

Le  lendemain  matin  ils 
arrivaient  comme  par,  ha- 
sard sur  la  berge,  armés 
d'un  croc  et  repêchaient  le 
dessalé  poar  avoir  la  prime. 

L'opération  était  double- 
ment fructueuse. 

La  bande  fut  arrêtée  et 
condamnée. L'expression  est 
restée  dans  le  peuple  ;  tout 
noijé  pour  lui  est  un  des- 
salé (Argot  du  peuple).  T. 

DÉTACHER  LE  DOUCIION  : 

Vider  ses  intestins. 

Allusion  à  la  bouteille  qui 
se  vide  le  bouchon  retiré 
(Argot  du  peuple).  V.  Dé- 
bourrer sa  pipe. 

DETOCE  :  Détresse,  misère. 

^  Quand      les     amijicàes 

n'ont  plus    à'os,   ils    sont 

dans  la  détoce  (Argot  du 

peuple). 

DÉTOURNE UR  :  Voleur. 
Détourner  un  objet  de 
sa    destination    (Argot   du 
voleurs). 

DÉTOURNEUSE  :  Voleuse 
qui  opère  spécialement  dans 
les  grands  magasins  de 
nouveautés. 

Il  y  a   bien  des  manières 
de  pratiquer   ce  vol,  elles 


DÉV 


DIL 


91 


sont  expliquées  à  leur  place 
(Argot  des  voleurs). 

Dl^LRNEUSE  AU  MOMI- 
GNARD  :  V.  Abéqueuse. 

DF.UX  SŒURS  (mes)  :  Dans 
le  peu|»le,  par  abrévialion, 
on  (lit  :  mes  deux  pour  te 
fiiire  une  paire  de  lunettes . 

Ce  n'est  pas  des  fesses 
qu'il  s'agit,  comme  le  dit 
Delvau,  mais  des  testicules. 

On  appelle  aussi  deux 
sœurs,  les  deux  nattes  de 
cheveux  que  les  femmes 
portent  sur  leurs  épaules 
(Argot  du  peuple). 

1H:VIDAGE  A  L'ESTOR- 
GUE  :  Acte  d'accusation 
lu  en  cours  d'assises  par 
le  grelïier. 

Dévider  :  parler  :  h  l'es- 
torgue,  faussement  (Argot 
des  voleurs). 

Dévider  :  promenade  en 
dévidoir  que  font  les  pri- 
sonniers sur  le  préau  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Queue 
de  cervelas. 

DÉVIDER  SON  CHAPELET: 

Les  portières  se  chargent 
de  cette  opération  en  can- 
canant sur  les  locataires 
(Argot  du  peuple). 

DÉVISSER  SON  RILLARD  : 

Mourir. 

Quand  le  hiUard  est 
dévissé,     adieu    la  partie. 

Un  à   peu  près  dit  qu'il 


n'y  a  plus  Moyaux  de  ftiire 
une  partie  de  Billoir 
quand  on  joue  Troppnann 
(Argot  du  peuple). 

DIADLE  :  Agent  provocateur. 

Malgré  que  ce  mot  fasse 
partie  du  vocabulaire  des 
voleurs,  il  n'est  pas  d'usage 
que  les  agents  de  la  sûreté 
provoquent  les  voleurs  ^ 
commettre  uii  vol;  ils  n'ont 
pas  besoin  d'être  stimulés 
pour  cela. 

En  politique  c'est  un  fait 
constant,  car,  sous  l'Em- 
pire, jamais  il  n'y  a  eu  un 
complot  sans  que,  parmi  les 
pseudo-conspirateurs,  il  n'y 
se  soient  trouvés  plusieurs 
agents  de  la  préfecture  de 
police. 

Il  y  en  eut  même  un  du 
service  du  fameux  Lagrange 
dans  l'alîaire  des  bombes 
d'Orsini. 

Dans  le  peuple  on  dit 
simplement  mouchard  (Ar- 
got du  peuple). 

DIGELETTES  ou  DÉGE- 
LETTES  :  Ragues  (Argot 
du  peuple). 

DILIGENCE  DE  LYON  : 
(La  promettre). 

Chose  invraisemblable  que 
promit  un  jour  une  fdle  à 
un  client  de  hasard. 

Elle  mourut  subitement 
avant  d'avoir  réalisé  sa 
promesse . 


92 


DIS 


DON 


C'était,  à  ce  qu'il  paraît, 
vraiment  fantastique  :  il 
fallait  cin({uante  mètres  de 
cable,  une  ancre  de  marine 
en  acier  fondu,  cinq  kilos 
de  chandelles-des-six,  un 
tonneau  de  mélasse,  un 
kilo  d'essence  de  géranium, 
trente  éponges,  la  graisse 
d'un  guillotiné,  un  fémur 
de  fille  vierge,  dix  lilres  de 
pétrole,  deux  cartouches  de 
dynamite.... 

Le  client  parcourut  le 
monde  entier  à  la  recherche 
de  la  diligence  de  Lyon, 
il  mourut  à  son  tour  sans 
la  rencontrer  (Ar^ot  des 
fdles).  N. 

DINDORNIER  DE  CASTU  : 

Infirmier. 

Prisonnier  employé 
comme  auxiliaire  pour  rem- 
plir ces  fonctions  dans  les 
infirmeries  des  prisons  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

DINGUER  :  Envoyer  din- 
guer  quelqu'un,  c'est  l'en- 
voyer promener. 

Quand  deux  hommes  se 
battent  et  que  l'un  tombe 
sur  le  pavé,  sa  tète  din- 
gue. 

Synonyme  de  sonner 
(Argot  du  peuple). 

DISTRICT  :  Maison  de  tolé- 
rance. 

Ces  maisons  sont  par- 
quées dans  des  quartiers 
spéciaux.  C'est  un  restant 


des  vieilles  coutumes  du 
moyen-àge,  où  les  ribaudes 
étaient  parquées  dans  les 
clapiers  de  la  Cité. 

xMot  à  mot  :  maison  dans 
un  district  (Argot  des  sou- 
teneurs). V.  Bocard. 

DIX-lILIT  :  Ce  mot  est  né 
d'un  calem bourg. 

Un  soulier  ressemelé  est 
deux  fois  neuf. 

â  fois  9  18  (Argot  du 
peuple). 

DOIGT  DANS    L'OEIL   (Se 

fourrer  le)  :  Prendre  ses 
désirs  pour  la  réalité,  croire 
que  s'est  arrivé . 

S'imaginer  être  aimé 
pour  soi-même. 

Se  figurer  avoir  du  ta- 
lent (Argot  du  peuple). 

DOMREUR  :  Pince  qui  sert 
aux  voleurs  pour  fracturer 
les  portes  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Monseigneur. 

DONNER  :  Dénoncer. 

Les  nonneurs  en  dénon- 
çant, mot  à  mot  :  donnent 
(livrent)  leurs  complices  à 
la  justice  (Argot  des  vo- 
leurs). 

DONNEZ-LA  :  Prenez  garde, 
il  y  a  du  danger. 

Mot  d'avertissement  pour 
prévenir  de  l'arrivée  de  la 
police. 

Synonyme  Sacrée  (Ar- 
got des  voleurs). 


DOR 


DOR 


03 


DONNER  UN  COUI>  DE 
PILON  :  Les  niondianls 
qui  ont  une  jambe  de  bois 
comment  eetle  jambe  un 
pilon. 

L'allusion  de  lornie  est 
juste. 

Quand  ils  vont  mendier 
à  une  porte,  ils  ont  soin  de 
l'aire  voir  leur  inlirmité,  de 
là  l'expression  donner  un 
coup  de  pilon  (Arj^ot  des 
mendiants).  iV^. 

DONNER  A  LA  BOURBON- 
NAISE (La)  : 

Vouloir  du  nud  à  un  indi- 
vidu, n'oser  lui  en  faire,  ne 
lui  rien  dire,  mais  le  regar- 
der d'un  maucais  œil. 

—  Qu'est-ce  que  tu  as 
donc  que  tu  la  donnes  à  la 
Bourbonnaise  sur  le  har- 
bauttierl 

—Y  m'a  loutu  Xmûjornes 
de  fra7ic  carreau  (Argot 
des  voleurs). 

DORANCHER  :  Pour  dorer, 
par  extension  comme  hil- 
l  anche  r  pour  M  lier. 

On  trouve  fréquemment 
dans  l'argot  du  peuple  un 
changement  de  finale  pour 
exprimer  un  mot  (Argot  du 
peuple) . 

DORMIR  A  LA    CORDE   : 

Avant  l'invention  d«^s  refu- 
ges municipaux  (les  haras 
(le  la  vermine)  il  existait, 
rue  des  Trois- Bornes,  un 
bouge  tenu  parle  père  Jean. 


]/uni((ue  salle  avait  à 
pe;i  près  vingt  mètres  de 
long  sur  (rois  mètres  de 
largeur.  Dans  toute  la  lon- 
gueur, une  grosse  corde 
était  tendue  ;  A\^  était  ter- 
minée par  deux  forts  an- 
neaux (juila  fixaient  àchaque 
extrémité. 

Les  clients,  la  ])lupar( 
des  giverneurs,  payaient 
trois  sous  d'entrée;  cette 
somme  leur  donnait  le  droit 
de  s'accroupir  les  bras  sur 
la  corde  et  de  dormir . 

Cinquante  environ  pou- 
vaient)' trouver  place. 

A  cinq  heiu'es  du  matin 
le  père  Jean  sonnait  le  ré- 
veil en  tapant  avec  un  mor- 
ceau de  1er  sur  une  vieille 
casserole. 

Parmi  les  dormeurs  il  y 
en  avait  dont  le  sommeil 
était  dur  :  ils  ne  se  levaient 
pas.  Alors  le  père  Jean  dé- 
crochait la  corde  et  les 
dormeurs  tombaient  sur  les 
dalles. 

Dormir   à  la  corde  est 
resté  légendaire  (Argot  du 
.    peuple).  N. 

DORMIR  DANS    L'AUGE  : 

Paresseux  pour  qui  le  tra- 
vail est  un  supplice. 

Allusion  au  cochon,  qui, 
lorsqu'il  est  gavé,  s'endor! 
dans  son  auge  (Argot  du 
peuple).  N. 

DORMIR    EN     CHIEN   DE 


94 


DOR 


DOU 


FUSIL  :    Dormir    en    cer- 
ceau . 

Allusion  à  la  forme  de 
l'ancien  chien  de  fusil  à 
pislon  (Argot    du  peuple.) 

DORMIR  D'UN  OEIL  :  Faire 
semblant  de  dormir,  avoir 
Vœil  ouvert  et  l'oreille  aux 
aguets. 

Le  prévenu  enfermé  dans 
sa  cellule  avec  un  mouton 
ne  dorl  que  d'ion  œil  pour 
ne  pas,  pendant  son  som- 
meil, laisser  écriapper  des 
révélations. 

On  dit  aussi  dormir  en 
gendarme  (être  en  éveil) 
(Argot  du  peuple). 

DORMIR  SUR  LE  PAN  DE 
LA  CHEMISE  DE  SA 
FEMME  :  Quand  un  ou- 
vrier arrive  en  relard  à  l'a- 
telier, les  camarades  le 
plaisantent  et  le  saluent 
par  cette  phrase,  qui  a  un 
sens  caché. 
— 'Tu  as  dormi  sur  le  pan 
de  la  chernise  de  ta  femme 
(Argot  du  peuple.  N. 

DORMIR    SUR  LE  ROTI: 

Être  couché  avec  sa  femme 
et  s'endormir  au  moment 
psychologique. 

'^'i^' endormir  sur  son  tra- 
vail (Argot  du  peuple).  N. 

DORT  EN  CIIIANT  :  Ouvrier 
qui  va  fréquemment  au  ca- 
binet et  y  reste  longtemps  : 


pendant  ce   temps-là  il  ne 
travaille  pas. 

Cette  expression  s'appli- 
que surtout  aux  maçons  qui 
restent  accroupis  jusqu'à  ce 
que  les  jambes  leur  fassent 
mal. 

Dans  le  peuple  on  dit  : 
—  Tu  chies  comme  le^ 
maçons  (Argot  du  peuple). 
N' 

DOURLE-SIX  :  Nègre  (Argot 
des  voleurs). 

DOUBLEUR  DE  SORGUE  : 

Voleur  de  nuit. 

Il  double  la  journée  (Ar- 
got des  voleurs).  V.J./M.s^^'. 

DOS  VERT  :  Maquereau. 

Ce  poisson,  en  elfet,  est 
mélangé  de  plusieurs  cou- 
leurs sur  le  dos. 

L'allusion  est  transpa- 
rente. (Argot  du  peuple). 

DOSSIÈRÊ  :  Chaise  (Argot 
du  peuple).  N- 

DOUCE  (S'en  offrir  une)  :  V. 

Bataille  des  Jésuites.  N. 

DOUCETTE  :  V.  Mordante. 

DOUILLARD  :  Peut  s'enten- 
dre de  deux  manières. 

Clovis  Hugues  a  beau- 
coup de  douilles  (che- 
veux). 

Rothschild  a  beaucoup  de 
douilles  (ai'gent)  (Argot  du 
peuple). 


DRO 


DUR 


9d 


DOILOUREUSE  (La)  :  La 
carte  à  payer. 

Quand  on  paye  c'est  tou- 
jours douloureux,  c'est  l'é- 
ternel quart  d'heure  de 
Rabelais  (Argot  du  peu- 
ple). 

DOllLLLS  :  Cheveux  (Argot 
«lu  peuple).  V.  Alfa. 

DOUILLES   SAVONNÉES  : 

Cheveux  blancs. 

Lorsque  les  cheveux  com- 
uïoncent  à  grisonner,  la 
chevelure  est  poicre  et  sel 
(Argot  du  peuple).  N. 

DOL'SSIN  :  Plomb  (Argot  des 
voleurs).  V.  Gras  double. 

DRAGEOIRES  :  Les  joues 
(Argot    des     voleurs).    V. 

Jaffles. 

DRAGUE  :  Le  médecin. 

Allusion  à  la  drague  qui 
nettoyé  la  Seine. 

Le  médecin  de  prison 
<iui  a  le  purgatif  facile,  dra- 
gue les  intestins  des  mala- 
des qui  sont  au  castu  (Ar- 
got des  voleurs). 

DRLNGUE  :  Pièce  de  cinq 
francs  en  argent  (Argot  des 
voleurs).  V.  Tune. 

DROGUER  :  Demander. 

Allusion  à  droguer,  at- 
tendre. 

— Voilà  deux  heures  que  ce 
pierrot-là  me  fait  droguer 


potu'  la  peau  (Argot  du  peu- 
ple et  des  voleurs). 

DROGUEURDE  LA  HAUTE  : 

Voleur  du    grand    monde 
(Argot  des  voleurs). 

DUC  DE  GUICHE  :  Guiche- 
tier. 

A  l'instar  des  anciens  ducs 
féodaux  ,  il  règne  sur  ses 
vassaux  :  —  les  prisonniers 
(Argot  des  voleurs). 

DUCONNEAU  :  Être  niais, 
—  Tu  es  plus  bète  que 
celui  d'où  tu   sors    (Argot 
du  peuple).  N. 

DU  MÊME  TONNEAU  :  La 

même  chose. 

Un  homme  politique  veut 
tout  réformer ,  il  fait  de 
belles  promesse  à  ses  élec- 
teurs et  ne  fait  pas  mieux 
que  ses  devanciers. 

C'est  du  même  tonneau. 

Du  vin  à  douze  ou  du 
vin  à  seize,  Bordeaux  ou 
Bourgogne  : 

C'est  du  même  tonneau 
(Argot  du  peuple).  1^. 

DUO  D'AMOUR  :  Yeux  po- 
chés (Argot  des  voleurs).  iV". 

DUR  :  n  est  au  dur  :  en  pri- 
son). 

C'est  dur:  pénible,  diffi- 
cile. 

C'est  dur  à  digérer  : 
grosse  sottise  ou  blague  im- 
possible à  avaler. 


96 


DUR 


DUR 


Dur  à  cidre:  vieux  trou- 
pier qui  ne  ressent  rien. 

Dur  (être  dans  son)  : 
être  ce  jour-là  plus  coura- 
geux qu'à  Tordinaire  (Argot 
des  voleurs). 

pURAlLLE  : 

des  voleurs). 

DIjRAILLE   sur   mince  : 

Diamant  sur  carte  (Argot 
des  voleurs).  N- 

DURE  (La)  :  Terre. 


Les  vagabonds,  (pii  y 
couchent  souvent,  savent 
par  expérience  qu  elle  n'a 
pas  la  mollesse  d'un  lit  de 
plume  (Argot  des  voleurs». 

DURÈME  :    Fromage    blanc 
(Argot  des  voleurs), 

DURINER  :  Ferrer. 

Allusion  à  la  dureté  des 
chaînes  avec  lesquelles  au- 
trefois on  ferrait  les  for- 
çats (Argot  des  voleurs). 


EAi: 


ECL 


97 


£ 


I  Vi:    D'AFF    :     Eau-de-vie 
Argot  du  peuple). 

1  AU  DE  SAVON  :  Absinthe. 
Allusion  à  l'eau  troublée 
par  la  dissolution  qui  res- 
semble à  de  Veau  de  sa- 
von surtout  l'absinthe  blan- 
che (Ai-got  du  peuple).  Y. 
Poileuse. 

KAUX  BASSES  :  Les  eaux 
sont  basses  quand  arrive  la 
lin  de  la  semaine. 

Quand  la  rivière  est 
basse  les  bateaux  ne  circu- 
lent pas,  quand  les  eaux 
sont  basses  qu'il  n'y  a  plus 
d'argent  pas  mèche  de  na- 
viguer (Argot  du  peuple). 


ECARTER      DU      FUSIL   : 

Lancer  en  parlant  des  jets 
de  salive. 

On  dit  aussi  :  lancer  des 
postillons 

Quand  quelqu'un  a  cette 
infirmité  on  ouvre  son  pa- 
rapluie* en  l'écoutant  et  on 
ajoute  : 

—  Tu  baves  et  tu  dis 
qu'il  pleut  (Argot  du  peu- 
ple). 

ÉCHAPPÉ     DE  CAPOTE   : 

Chétif,  malingi'e  (Argot  du 
peuple).  V.  Acorton. 

ÉCLAIRER  :  Payer. 

—  C'est  mon  vieu.v  qui 
tient  le  flambeau,. 

Mot  à  mot  qui  éclaire. 

6 


ECU 


ÉGR 


ÉCOPPER  :  Épuiser  Teaii 
d'un     bateau     avec     une 

écoppe. 

Écopper  :  recevoir  un 
mauvais  coup  dans  une  ba- 
garre. 

Dans  les  faubourgs  on 
dit  par  ironie  : 

—  Tu  boiras  de  l'anis 
dans  une  écoppe. 

D* écopper  y  par  corrup- 
tion, on  dit  de  celui  qui  est 
blessé  :  il  esiescloppé  (Ar- 
got du  peuple). 

ÉCORNER  LES  BOUTAN- 
CIIES  :  Forcer  les  portes 
des  boutiques. 

Cela  indique  bien  Fac- 
tion de  la  pince-monseigneur 
qui  fait  éclater  le  bois  par 
la  pesée  (Argot  des  voleurs) . 

ÉCREYISSE  DANS  LA 
TOURTE  (Avoir  une)  :  Être 
à  moitié  toqué  (Argot  du 
peuple). 

ÉCURER  LE  CHAUDRON  : 

Aller  à  confesse  (Argot  des 
voleurs).  V.  Comberge  et 
Dépotoir. 

ÉCUREUIL  (Faire  1')  :  Faire 
une  besogne  inutile,  mar- 
cher sans  avancer.  A.  D. 
On  nomme  écureuil  les 
ouvriers  qui  tournent  la 
roue  chez  les  petits  tour- 
neurs en  bois  ;  c'est  au  con- 
traire un  métier  extrême- 
ment fatiguant. 


Autrefois  les  écureuils  \ 
réunissaient  au  carré  Saint 
Martin  ;  c'était  un  ramassis 
de  toute  la  fripouille  pari- 
sienne; depuis  que  la  ma- 
chine à  vapeur  s'est  vulga- 
risée ils  ont  presque  dis- 
paru. 

On  les  nomme  ausïi 
chiens  de  cloutier. 

C'est  une  allusion  au 
pauvre  animal  qui  tourne  la 
roue  toute  la  journée  pour 
actionner  les  soufilets  de 
forge,  allusion  également  à 
l'écureuil  qui  tourne  sans 
cesse  dans  sa  cage  (Argot 
du  peuple).  N. 

EFFAROUCHER  :  Prendre, 
s'évanouir  sur  la  monnaie. 

Cela  arrive  fréquemment 
dans  les  cercles,  où  Ton  a 
remplacé  l'expression  effa- 
roucher par  celle  d' appri- 
voiser. 

—  J'ai  apprivoisé  un 
signe. 

ÉGRUGEOIR  (1')  :  Une  tri- 
bune quelconque. 

L'orateur  égruge  ses  pa- 
roles. 

Égrugeoir  :  la  chaire  à 
prêcher. 

Égrugeoir  :  les  petites 
boîtes  qui  ressemblent  à  un 
comptoir  dans  lequel  se 
tiennent  les  sœurs  qui  font 
la  lecture  aux  prisonnières 
de  Saint-Lazare. 

Allusion      h       l'antique 


EMB 


EMM 


99 


égntgeoir  qui  sert  à  piler 
le  sel  (Argot  du  peuple).  N. 

ELLK  KST  ENCEINTK  D'UN 
PET  ELLE  ACCOUCHERA 
IVUNE  MERDE  DEMAIN  : 

Se  dit  d'une  femme  qui  a 
\m  gros  ventre  sans  pour 
cela  être  enceinte  (Argot 
(lu  peuple).  N- 

EMBALLEUR  :  Les  agents 
de  la  sûreté. 

Rs  emballent  en  effet  les 
prisonniers  dans  le  panier 
à  salade. 

[BARDER  :  Entrer  dans 
me  affaire  (Argot  du  peu- 
)le). 

IBAUDER  :  Voler  de  force, 

rd'aulorité. 

W   est  évident  que  per- 

, sonne  ne  se  laisse  voler  de 
►onne  volonté,  mais  il  est 
les  voleurs  qui  reculent 
levant  l'emploi  de  la  force. 

Emhauder  :  signifie  vo- 
leur que  rien  n'arrête,    pas 

lême  la  police  et  qui  assas- 
[sine  à  l'occasion  (Argot  des 

roleups). 

IBOITÉ  (R  est)  :  Suivi  ou 
^arrêté. 

On  embolie  le  pas  à 
fquelqu'ui  pour  le  suivre 
[sans  le  perdre. 

Être  e^nboUé  dans  une 
affaire. 
Emboîté,      embauché  ; 


mot  à  mot  :  entrer  dans  la 
botte. 

—  Je  vais  V emboîter  (te 
battre)  (Argot  du  peuple). 

.¥. 

EMBRASSADE  (Le  vol  à  1')  : 
Le  voleur  feint  de  recon- 
naître un  ami  dans  un 
homme  qui  vient  de  faire 
un  encaissement  ;  il  se  jette 
dans  ses  bras  et  l'embrasse 
chaleureusement. 

En  un  tour  de  main  il  lui 
vole  son  portefeuille  ou  son 
porte  monnaie:  il  s'excuse 
de  l'erreur  qu'il  a  conmise 
grâce  à  une  ressemi)lance 
extraordinaire,  puis  il  file 
lestement. 

Ce  toup  s'exécute  aux 
environs  de  la  Banque  de 
France  et  des  grandes  mai- 
sons de  crédit  (Argot  des 
voleurs), 

ÉMÉCIIÉ  (Être)  :  N'avoir  pas 
assez  bu  pour  être  pochard 
mais  suffisamment  pour 
avoir  une  légère  pointe  ; 
être  allumé. 

Allusion  à  la  rougeur  du 
visage  (Argot  du  peuple). 

EMMAILLOTER  UN  MOME  : 

Combiner  un  vol. 

C'est  une  redondance  de 
nou7'rir  un  poupard  (Ar- 
got des  voleurs). 

EMMANCHÉ  :  Individu  qui 
se  tient  raide  comme  un 
pieu. 


100 


EMP 


END 


Dans  le  peuple,  on  dit 
qu'il  à  un  manche  à  balai 
de  cassé  quelque  part. 

On  emmanche  une  af- 
faire. 

Emmanché  se  dit  aussi 
dans  une  autre  sens . 

—  J'ai  emmanché  la 
gosse  (Argot  du  peuple). 

EMMERDi;:  :  Eètre  jusqu'à 
la  garde. 

N'avoir  plus  rien  à  es- 
pérer. 

C'est  un  démenti  au  dic- 
ton po[)ulaire  qui  prétend 
que  marcher  dans  la  merde 
cela  porte  bonheur  (Argot 
du  peuple). 

EMMERDEMENT  :  J'en 
éprouve  un  à  cinquante  francs 
par  têtes. 

Se  dit  de  tous  les  ennuis 
possibles. 

Travailler,  par  exemple, 
est  un  emmerdement  i)er- 
pétuel  (Argot  du   peuple). 

ÉMOUCHEUR  :  V.   Bêle  à 

chagrin. 
EMPAVES  :  Drap  de  lit. 

—  Je  vais  m'empaver 
dans  mon  pieu  (Argot  des 
voleurs).  i\^, 

EMPAILLÉ  :  Imbécile  qui  ne 
remue  pas  plus  que  s'il 
était  empaillé  dans  une  vi- 
trine du  Musée^  zoologique 
(Argot   du  peuple). 

EMPIFFRER  :  Manger  comme 


un  cochon  (Argot   du   ])eu- 
pie). 

EMPOUSTEUR:  Truc  tns 
commun  employé  par  des 
placiers. 

Ils  déposent  chez  des 
commerçants  des  mauvaisi's 
marchandises,  à  condition  ; 
des  compères  les  achètent  ; 
les  marchands  alléchés  pren- 
nent  de  nouveaux  dépôts 
qui,  cette  fois,  leur  restent 
pour  compte  (Argot  des  vo- 
leurs). 

EMPROSEUR  :  Variété  de  pé- 
déraste (Argot  des  voleurs). 

ENCALDOSSÉ   :    Superlatif 

(Vendossé  (Argot  des  vo- 
leurs). Y.  Passif. 

ENCHTIBÉ  (Il  est)  :  Être 
pris,  arrêté  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ENCLOUÉ  :  Allusion  au  ca- 
non dont  on  encloue  la  lu- 
mière (Argot  des  voleui'S). 
V.  Passif. 

ENDORMI  :  Juge. 

Allusion  à  ce  que  les 
juges  dorment  dans  leur 
fauteuil  pendant  que  les 
avocats  plaident  (Argot  des 
voleurs),  N. 

ENDORMEl  R  :  Individu  qui 

sans     cesse     promet     une 

chose  et  ne  la  tient  jamais. 

Endormir  est  aussi  sy- 

nonvme  de  voler. 


ENF 


ENQ 


101 


—  II  s'est  endormi  sur 
(Jes  bijoux  (Argot  des  vo- 
leurs). 

INDORMEIR  :  Voleur  qui 
opère  au  moyen  d'un  nar- 
cotique. 

Les  romanichels  se  ser- 
vent pour  ce  geine  de  vol 
d'une  décoction  de  datura 
stramonium. 

Ce  vol  se  pratique  en 
wagon.  Le  voleur  profite  du 
sonmieil  d'un  voyageur  pour 
lui  couvrir  le  visage  d'un 
mouchoir  imbibé  de  chloro- 
forme. 

Les  voleurs  qui  ont  cette 
spécialité  forment  une  secte 
à  part  (Arç;ot  des  voleurs). 

I:NDR0GUER  :  Chercher  un 
coup  à  faire. 

Le  voleur  drogue  (at- 
tend) sur  le  trottoir  l'occa- 
sion favorable  (Ai*got  des 
voleurs).  V.  Arracheur 
de  chiendent. 

ENFIGNEUR  :  Tient  de  /?- 
gnoion. 

Ce  dernier  mot  en  dit 
assez .  C'est  \  actif  an  'pas- 
sif (Argot  du  peuple). 

ENFLAQUÉ(Être):  Enfermé, 
emprisonné  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ENFLÉE  :  Femme  enceinte. 
On  dit  aussi  :  avoir    une 
fluxion  de   neuf  mois  (Ar- 
got du  peuple). 


ENFONCEUR  :  Ranquier  ([ui 
promet  50  0(0  par  mois 
aux  imbéciles  et  qui  ter- 
mine ses  opérations  en  em- 
l)ortant  la  grenouille  à 
l'étranger  (Argot  du  peu- 
ple). 

ENFONCEUR  DE  PORTE 
OUVERTE  :  Homme  qui 
se  vante  d'avoir  pris  la  vir- 
ginité d'une  liUe  alors 
(lu'elle  était  enceinte  de 
six  mois  (Ai-got  du  peuple). 
N. 

ENFRliMER  ou  ENFRI- 
MOUSSER  :  Dévisager 
quelqu'un. 

Les  agents  de  la  Sûreté 
enfriment  les  voleurs  pour 
reconnaître  les  récidivistes 
(Argot  des  voleurs). 

ENGAYEUR  :  Complice  qui 
attire  le  trèpe  (la  foule) 
pendant  que  son  complice 
explore  les  poches  des  ba- 
dauds. 

Vengayeur  est  indis- 
pensable à  tous  les  came- 
lots ;  c'est  lui  qui  le  pre- 
mier achète  l'objet  mis  en 
vente,  pour  entraîner  les 
acheteurs. 

Vengayeur  est  le  com- 
plice du  bonneteur  ;  il  mise 
pour  engager  les  pontes  à 
jouer  (Argot  des  camelots). 

ENQUILLER  :  Ehtrer. 

—  11  y  a   longtemps  que 

6. 


102 


ENT 


ENT 


je  cherche   à  m'enquiller  pour  les  reprendre  au  sor 

dans  cette  boîte  (\rgot    du  ''    ' 

peuple). 


ExNQUILLEUSE  :  Voleuse 
qui  opère  dans  les  grands 
magasins  de  nouveautés. 

Elle  enquille  la  mar- 
chandise volée  entre  ses 
cuisses. 

Il  faut  vraiment  être  orga- 
nisée particulièrement  pour 
cacher  un  coupon  de  ^soie 
à  cet  endroit-là  (Argot  des 
voleurs). 

ENRHUMÉ  DU  CERVEAU  : 

Allusion  au  nez   qui  coule 
sans  cesse. 

Mais  ce  n'est  pas  du  nez 
qu'il  s'agit  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Lazzi-loff. 

ENTAILLER  :  Tuer  quel- 
qu'un. 

C'est  en  effet  une  fameuse 
entaille. 

AvinainetBilloir  étaient 
deux  rudes  entaillettrs 
(Argot  des  prisons). 

ENTAULER  :  Entrer  dans 
une  taule  (maison)  (Argot 
des  voleurs). 

ENTAULER  A  LA  PLAN- 
QUE :  Entrer  dans  une  ca- 
chette pour  se  soustraire 
aux  recherches  de  la  po- 
lice. 

On  entaule  aussi  à  la 
planque  des  objets  volés 


tir  de  prison  (Argot  des 
leurs). 

ENTERREMENT  :  Morceau 
de  gras-double,  de  lard  et 
de  pain  que  les  femmes 
vendent  aux  environs  des 
halles. 

On  les  appelle  Mesdames 
la  po"le,  parce  qu'elles 
font  frire  leur  marchandise 
dans  cet  instrument  de  cui- 
sine. 

Un  enterrement  de  pre- 
mière classe  coûte  trois 
sous,  de  deuxième  deux 
sous,  de  troisième  un  sou . 

Ces  femmes  gagnent  de 
dix  à  douze  francs  par  jour 
(Argot  du  peuple).  iV. 

ENTOILE  :  Emprisonné. 

Synonyme     à^enflaqxic. 

Cette  expression  vient  de 
ce  que  dans  les  camps,  la 
salle  de  pohce  est  sons  une 
tente-abri  :  de  là   entoilé. 

Mot  à  mot  :  emprisonné 
sous  la  toile. 

Sa' entoiler  :  se  coucher, 
se  fourrer  dans  ses  draps 
(Argot  du  peuple).  iV". 

ENTRAVES  :  Les  cordes  et  les 
courroies  qui  ligottent  les 
condamnés  à  mort  pour  en- 
traver leurs  mouvements 
quand  ils  marchent  à  l'é- 
chafaud  (Argot  des  vo- 
leurs). 


ENV 


ÉPA 


103 


ENTRAVER  :  Empêcher  une 
a  Ha  ire. 

Meltre    des  bâtons  dans 
les  roues. 
Entraver  :  comprendre. 

—  J'entrave  bigorne. 

Mot  à  mot  :  Je  com- 
prends l'argot  et  non  pas 
je  \e  parle. 

Entraver  a  un  double 
sens  : 

—  J'entrave  nihergiie 
ou  niente. 

Je  n'entends  rien,  je  ne 
comprends  pas  (Argot  des 
voleurs). 

ENTRECOTE  DE  BRODEU- 
SE :  L'ne  saucisse  de  deux 
sous  ou  une  côtelette  panOe 
que  les  charcutiers  tiennent 
au  chaud  dans  des  boîtes 
de  fer  blanc,  et  que  les  ou- 
vrières mangent  pour  leur 
déjeuner  —  pas  la  boîte, 
mais  la  côtelette  (Argot  du 
peuplcy. 

ENTROLER  :  Emporter  des 
objets  volés. 

l'ro/Z^r  serait  plus  exact, 
car  ce  mot  signifie  porter 
(Argot  des  voleurs). 

ENVOYER  UNE  LETTRE 
CHARGÉE  AU  PAPE  : 

Allusion  au  papier  employé 
qui  est  en  elFet  chargé 
d'un  singulier  cachet  (Argot 
du  peuple).  V.  Déballer. 

ENVOYER  AUXPELOTTES  : 


Envoyer  promener  quel- 
qu'un. 

On  dit  aussi  envoyer  h 
la  balançoire,  ou  va  te 
baigner  (^Argot  du  peuple) . 
Y.  Dingner. 

ENVOYER  A  LA  COUILLE: 

Jeter  quelque  chose  en 
l'air,  au  hasard. 

Jeter  une  poignée  de  sous 
à  des  enfants  (Argot  du 
peuple) . 

EPARGNER   LE   POITOU  : 

Cette  expression  se  com- 
prend peu;  en  elfet,  Poitou 
veut  dire  public,  or,  il  n'est 

F  as  d'usage  que  les  voleurs 
épargnent,  puisque  c'est 
lui  justement  qui  forme 
toute  sa  clientèle. 

Poitou  veut  aussi  dire 
non 


EPASTROUILLANT  :  Extra- 
ordinaire (Argot  du  peuple) . 

ÉPATANT  :  M.  Jean  Rigaud, 
dans  ^awDictionnaired''  ar- 
got moderne  (1881)  dit  à 
ce  propos  du  mot  épater  : 

—  Epater,  épate  et 
leurs  dérivés  viennent  du 
mot  épenter,  qui  signifiait 
au  XVIII-  siècle  intimider. 

Il  y  a  quelques  années, 
M.  Francisque  Sarcey  écri- 
vait que  le  vocable  apparte- 
nait à  Edmond  About,  qu'il 
avait  été  dit  par  Pradeau 


104 


EPA 


ÉPO 


dans  le  Savetier  et  le  Fi- 
nancier^ pièce  représentée 
en  1877  aux  Bouffes  Pari- 
siens ;  le  savant  écrivain 
ajoutait  que  huit  jours 
après,  le  «  Tout-Paris»  ré- 
pétait ce  mot. 

Cette  expression,  n'en 
déplaise  au  maître  critique 
et  à  M.  Jean  Rigaud,  n'pp- 
partient  ni  au  XVIIP  siècle 
ni  à  Edmond  About,  elle  a 
cinquante  quatre  ans  seu- 
lement d'existence. 

Elle  a  pris  naissance  au 
Café  Saint-Louis ,  rue 
Saint-Louis,  au  Marais  (au- 
jourd'hui rue  de  Turenne). 

Des  ouvriers  ciseleurs  sur 
bronze  jouaient  au  billard 
une  partie  de  doublé.  A  la 
la  suite  d'un  hlcc  fumant., 
Catelin,  une  contrebasse  du 
Petit  Lazzari ,  qui  avait 
parié  pour  un  des  joueurs 
et  qui  perdait  par  ce  coup, 
se  leva  furieux,  et  d'un 
brusque  mouvement  fit  tom- 
ber son  verre  sur  la  table 
de  marbre. 

Le  verre  se  décolla  net. 

—  Tiens,  dit  Catelin,  mon 
verre  est  é^gaté  —  le  verre 
n'avait  plus  de  pied. 

A  chaque  coup,  les  joueurs 
répétaient  à  l'adversaire  : 
tu  es  épaté  et,  quand  la 
partie  se  termina  par  un 
coup  merveilleux,  un  des 
joueurs  dit  au  vainqueur  : 
—  Si  nous  sommes  épatés, 
lu  es  épatant. 


Catelin,  sans  le  savoir, 
se  servait  du  mot  épaté 
qui  est  en  usage  depuis  des 
siècles  dans  les  verreries, 
parmi  les  ouvriers  verriers . 

Ils  disent  d'un  verre  sans 
pied,  mis  à  la  refonte  pour 
ce  motif,  il  est  épaté. 

Epaté  signifie  étonne- 
ment  (Argot  de  tout  le 
monde).  N. 

ËPLNGLE  AU  COL(En mettre 
une)  :  Avaler  un  demi  se- 
tier  d'un  seul  trait. 

On  dit  aussi  :  mettre  une 
épingle  à  sa  cravate  (Ar- 
got du  peuple).  N, 

ÉPOILANT  :  Plus  fort  que 
tout  ce  que  l'on  peut  rêver. 

Pourtant  la  source  de  ce 
mot  est  des  plus  simples  et 
ne  signifiait  au  début  rien 
d'extraordinaire. 

A  l'école  de  Saumur,  en 
faisant  un  travail  dans  le 
manège,  un  cheval  tomba 
et  se  couronna  les  deux 
genoux.  En  le  relevant, 
l'élève  dit  : 

—  Mon  pauvre  cheval 
est  époilé. 

L'expression  est  restée, 
mais  elle  est  autrement  ap- 
pliquée (Argot  du  peuple). 
N. 

ÉPOUFFER  :  Saisir  à  l'im- 
proviste  un  passant  par 
derrière,  comme  cela  se 
pratique  pour  exécuter  le 


ESB 


ESC 


105 


coup  du  père  François 
(Argot  (les  voleurs) . 

EPOUSER     LA      VEUVE  : 

fltre  guillotiné. 

C'est  Chariot  ((ui  rem- 
plit roflice  (le  maire  et  les 
aides  i\w\  servent  de  témoins 
pour  ce  mariage  forcé  (Ar- 
got des  voleurs). 

i';f>ouser  la  foucandii:- 

HE  :  Quand  un  voleur  est 
pris  par  les  agents  en  fla- 
grant délit,  en  se  sauvant, 
il  jette  sur  la  voie  pu- 
hlicpie  ou  dans  les  égouts, 
s'il  le  peut,  l(^s  objets  vo- 
lés, afin  de  se  débarrasser 
des  preuves  compromet- 
tantes (Argot  des  voleurs). 

i;PPRENER  :    Appeler  quel- 
qu'un. 

Xj'anseigyiot  vient  dV^))- 
prener  hancalo  pour  aller 
au  rastue  (grefle)  (Argot 
des  voleurs).  N . 

ERMITE  :    Voleur  de  grands 
cliemins. 

Ainsi  nommé  parce  qu'il 
opère  généralement  seul. 
*  On  dit  aussi  un  56)/i7«î><? 
(Argot  des  voleurs). 

ESBlGNER(s')  :  Se  sauver. 
Dans  les  faul  ourgs , 
quand  un  voyou  sait  qu'il 
va  recevoir  une  maîtresse 
correction,  il  s'eshigne[kv- 
got  du  peuple). 


ESBROUEEE  (En  faire)  : 
Faire  des  embarras,  du 
vent,  de  la  mousse. 

Eshroîi/fe  est  un  vieux 
mot  qui  vient  iVesbouffer, 
éclabousser. 

C'est  Théophile  Gautier 
qui  a  transformé  ce  mot 
dans  le  sens  de  ve7it  et  de 
mousse. 

Les  escarpes  se  sont  em- 
parés du  mot  esbroît/l'er 
j)our  désigner  un  genre  de 
vol  assez  répandu. 

Ce  vol  consiste  à  bous- 
Ciiler  un  passant  dans  la 
rue,  à  profiter  de  sa  sur- 
prise pour  le  voler  et  s'ex- 
cuser ensuite  (Argot  des 
voleurs). 

ESBROUEFER  :  Dire  des 
sottises  à  quelqu'un,  le  se- 
couer vertement  (Argot  du 
peuple). 

ESBROUFFEUR  :  Qui  fait 
des  esbrou/l'es. 

Voleur  à  Vesbrou/feiXr- 
got  des  voleurs). 

ESCABRANTE  :  Echelle  (Ar- 
got des  voleurs)  V.  Mo7i- 
tante^. 

ESCARGOT  :  Vagabonds,  les 
habitués  des  refuges,  les 
gouapeurs  des  halles,  les 
hirondelles  du  Pont- 
Neuf. 

Dans  la  pièce  des  Bohé- 


106 


ESC 


ESP 


miens  de  Paris,  Golbnm 
chantait  : 

Sur  mon  dos  comme  un  limaçon, 
Portant  mon  bagage. 
Mon  mobilier  et  ma  maison. 
(Argot  du  peuple). 

ESCARGOT  :  Casquette  que 
portaient  les  souteneurs 
avant  la  david,  laquelle 
fut  à  son  tour  détrônée 
par  la  casquette  à  trois 
ponts  (Argot  des  soute- 
neurs). N- 

ESCARGOT  D'HIVER  :  Vieil- 
lard impuissant. 

L'allusion  est  on  ne  peut 
mieux  trouvée. 

Comme  l'escargot  il  ren- 
tre dans  sa  coquille  (Argot 
du  peuple) .  N. 

ESCARPE  :  Voleur,  assassin. 
A.  Delvau  pense  que  cette 
exprer.sioH  vient  de  scar'p 
mot  allemand  qui  signifie 
instrument  tranchant  et 
aigu  ou  bien  du  couteau 
d'escalpe  {du  scalp  des  sau- 
vages). 

C'est  aller  chercher  bien 
loin  une  étymologie  bien 
simple . 

Les  voleurs  et  les  assas- 
sins travaillent  dans  des  en- 
droits isolés,  escarpés  (Ar- 
got des  voleurs). 

ESCARPER  UN  ZIGUE  A 
LA  CAPAHUT  :  Assassi- 
ner un  complice  pour  lui 
voler  sa  part  de  butin. 


wSjr  les  deux  mots  il  y 
en  a  un  de  trop,  capahut 
co.nme  escarpe  voulant  dire 
assassin  (Argot  des  voleurs). 

N. 

ESCOFFIER  :  Rlesser  ou  tuer 
quelqu'un. 

Se  dit  également  au  point 
vue  moral. 

—  Je  l'ai  rudement  es- 
coffié  dans  l'estime  de  ses 
amis  (Argot  du  peuple). 

ESCOLE  :  Trois  francs  (Ar- 
got des  voleurs). 

ESCLOTS  :  Sabots  (Argot 
des  voleurs). 

ESCRACIIE  :  Passeport,  pa- 
pier. Z.  L. 

Escrache  veut  dire  vo- 
leur ;  c'est  le  synonyme  d'es- 
carpe et  de  fripotdlle  (Ar- 
got du  peuple)  iV 

ESGOURDES  ou   ESGOUR- 

NES  :  a-eilles. 

Quand  elles  sont  déme- 
surées on  dit  :  Ah  !  quelles 
feuilles  de  chou. 

On  dit  également  :  plat 
a  harhe. 

Les  voleurs  disent:  cli- 
quettes. 

ESPATROUILLANT  :  Cette 
expression  est  employée  pour 
exprimer  le  comble  de  l'ad- 
miration. 

C'est  le   mot   épaté  al- 


ESS 


ETO 


107 


longé   (Argot    du   peuple). 

i:SQUINE  :  Le  temps  (Argot 
des  voleurs).  V.  Boilard. 

ESQUINTÉ  :  Fatigué,  moulu, 
rompu. 

L'ouvrier  qui  iravaille 
mal  esquinte  son  ouvrage. 

Quand  deux  individus  se 
battent,  le  plus  fort  esquinté 
son  adversaire. 

Dans  une  polémique,  on 
esquinte  son  contradicteur 
pour  avoir  raison  (Argot  du 
peuple). 

ESTAFFIOUouESTAFFION  : 
Chat. 

Estaffiou  veut  dire  aussi 
./lie,    bal    " 
voleurs). 

ESTAMPER  :  Tromper  quel- 
qu'un. 

Emprunter  de  l'argent 
sens  le  rendre,  c'est  estam- 
per le  prêteur. 

Allusion  au  balancier  de 
machine  qui  frappe. 

L'estampeur  tape  (Ar- 
got du  peuple). 

ESTAMPEUR.  Y.  Estamper. 

ESTOURBIR  :  Tuer  un  in- 
dividu par  surprise  (Ar- 
got des  voleurs). 

ESSENCE  DE  CHAUSSET- 
TES :  Sueur  des  pieds  (Ar- 
got du  peuple). 


ÉTALER  SA  BIDOCHE  :  Se 

décolleter  par  en  haut. 

Raccourcir  ses  jupes  par 
en  bas. 

Mot  à  mot  :  étaler  sa 
viande. 

Les  fdles  appellent  cette 
manière  de  s'habiller  ou 
plutôt  de  se  déshabiller  Vé- 
loqiienee  de  la  chair  car 
elles  ne  pratiquent  pas  le 
proverbe  :  A  bon  vin  pas 
d'enseigne  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

ETEIGNOIR  :  Cafard  qui 
éteint  l'intelligence  des  en- 
fants qu'il  est  chargé  d'ins- 
truire. 

Eteignoir  :  individu  mo- 
rose qui  éteint  toute  gaieté 
dans  une  réunion. 

Eteignoir  :  nez  monu- 
mental. 

—  Dérange  donc  ton  nez 
que  je  voie  la  tour  Eifl'el 
(Argot  du  peuple). 

ÉTOUFFER  :  Du  vieux  mot 
estou/fer,  prendre,  cacher, 
faire  disparaître  (Argot  du 
peuple).  V.  É touffeur.  ■ 


ETOUFFEUR  :  On  étouffe 
une  affaire,  un  scandale. 

Un  libraire  étouffe  un 
livre  qu'il  ne  sait  pas  lancer. 

Le  caissier  qui  vole  son 
patron  étouffé  la  monnaie. 

C'est  surtout  dans  les 
cercles  que  les  croupiers 
étouffent  les  jetons. 

On  et  ou  ffenw  perroquet. 


108 


ETT 


EXP 


Fiou/fer^en  un  mot,  est 
le  synonyme  de  voler  (Ar- 
got du  peuple). 
ËTOUFFOIR  :  Agence  d'af- 
faires ou  de  renseignements 
(Argot  des  voleurs).  iV. 

ÊTRE  CHARGÉ    A   CUL    : 

Être  saoul  comme  la  bour- 
rique à  Robespierre. 

Allusion  à  une  voiture 
chargée  à  cul  qui  ne  peut 
avancer  ;  l'ivrogne  fait  de 
même  (Argot  du  peuple). 

ÊTRE  EN  FINE  PÉGRAINE  : 

Être  sur  le  point  de  mourir. 
— Le  raticlion  vient  d'être 
epp'éné  au  castir,  pour 
l'aire  avaler  le  père  la  Tuile 
au  frisé,  il  va  tourner  de 
l'œil  (Argot  des  voleurs). 

ET  TA  SOEUR?  Façon  iro- 
nique de  répondre  à  une 
question  ennuyeuse. 

Il  arrive  fréquemment  que 
la  réponse  est  raide. 

—  Et  ta  sœuri 


—  Elle  est  à  Saint-La- 
zare qui  bat  du  beurre; 
quand  elle  battra  de  la 
merde  la  crème  sera  pour 
toi. 

—  Et  ta  sœur^ 

• —  Elle  est  couverte  d'ar- 
doises, les  crapauds  ne  mon- 
tent pas  dessus. 

—  Et  ta  sœur} 

—  Elle  est  à  Saint-La- 
zare qui  fait  de  la  charpie 
pour  la  tienne. 

—  Et  ta  sœur} 

—  Elle  est  au  Panthéon 
qui  prie  le  bon  Dieu  pour 
que  tu  soies  moins.. .  melon. 

On  pourrait  varier  à  l'in- 
fini ces  citations  (Argot  du 
peuple).  JSf. 

ETUI  :  V.  Cuir. 

EUSTACIIE  :  Couteau  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Lingre. 

EXPULSER  UN  LOCA- 
TAIRE GÊNANT  :  Péter 
(Argot  du  peuple). 


PAC 


FAI' 


109 


lABE  :   Poches    (Argot   des 
voleurs).  V.  Fouilleuse. 

FAIJRIQUÉ  :  Fait,  cuit,  pris. 

Fabriquer  quelqu'un  :  le 
prentlre  dans  un  piège  sans 
(pi'il  s'en  doute. 

Fabriquer  est  synonyme 
de  voler  (Argot  du  peuple). 
N. 

FACE  :  Argent. 

Allusion  à  l'elligie  des 
pièces  de  monnaie. 

—  As-tu  des  faces,  nous 
irons  voir  jouer  la  misloque 
(Argot  des  voleurs). 

^\GTIONNAIRES  (En  rele- 
ver un)  : 

Aux  Halles,  les  porteurs 
ne  peuvent  abandonner  leur 


poste  tous  à  la  fois  pour 
aller  boire  chez  le  marchand 
de  vin,  ils  laissent  le  verre 
dt!  chaque  camarade  au 
comptoir,  le  bistro  donne 
un  jeton\  quand  le  cama- 
rade vient  boire  son  verre, 
il  relève  le  factionnaire, 

A  la  fin  de  la  journée  le 
jeton  souvent  répété  devient 
une  contremarque  pour  la 
sorgue  car  la  soulographie 
est  complète  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

FAFFES  A  L'ESTORGUE  : 

Faux  papiers. 

Il  faut  que  les  filles  aient 
vingt-et-un  ans  pour  être 
admises  dans  les  maisons 
de  tolérance  ;  il  existe  des 

4 


110 


FAF 


FAI 


fabriques  de  faux  papiers 
pour  maquiller  les  étais 
civils  ;  (l'uue  brune  on  en 
fait  une  blonde,  d'une  Mar- 
seillaise on  en  fait  une  Lil- 
loise (Argot des  souteneurs). 
y .  Lopheur.  N. 

FAFIOT  A  PIPER  :  Mandat 
d'amener  délivré  par  le 
juge  d'instruction. 

Ce  sont  les  agents  de  hi 
sûreté  qui  sont  chargés  du 
mandat  à  prendre. 

Mot  à  mot  :  fafiot,  ])a- 
pier;  pipé,  pris  (Argot  des 
voleurs] . 

FAFIOTS  A  PARER  :  Pa- 
piers en  règle. 

Il  est  à  remarquer  qu'il 
n'y  a  que  les  gens  qui  n'ont 
pas  la  conscience  nette  qui 
sont  toujours  munis  des 
meilleurs  papiers  (Argot 
des  voleurs). 

FAFIOT  SEC  :  Livret. 

Fajiot  à  rouloiter  : 
l)apier  pour  circuler. 

Fafiot  à  rouloiter  : 
papier  à  cigarettes. 

Fafiot  garaté  :  billet 
de  banque,  quand  c'était 
M.  Garât  qui  les  signait. 

Fafiot  du  Bourg  ui- 
gnon  :  quand  il  était  signé 
Soleil  (Argot  des  voleurs). 
V.  Talbin  d'altèipuc. 

FAFIOTEUR  :  Ranquier. 


Allusion  aux  billets  d( 
banque  ou  à  ordre  qu'il  ma- 
nie sans 
voleurs). 

FAFFLARDD'EMRALLACE: 

Même  signilication  que  fa- 
fiot à  piper  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

FAGOTS  (En  débiter)  :  Pas- 
ser son  temps  à  dire  des 
niaiseries,  à  raconter  des 
histoires  de  grand'mères 
(Argot  du  peuple). 

FAIBLARD  :  Un  homme  en 
convalescence  après  une 
longue  maladie,  est  fai- 
blard. 

Un  article  de  journal  mat 
conçu,  mal  écrit,  sans  con- 
clusion, est  faiblard. 

Faiblard  :  synonyme  de 
rachitique. 

On  dit  aussi  quelquefois, 
pourexprimer  la  même  pen- 
sée. 

—  C'est  faiblot  (Argot 
du  peuple).  iV- 

FAIRE  ALLER  EN  RATEAU  : 

TrimJialler  quelqu'un  et  le 
remettre  toujours  au  lejide- 
main  (Argot  du  peuple;. 

FAIRE     CHAPELLE     :     Il 

existe  une  catégorie  d'indi- 
vidus certainement  malades 
du  cerveau,  car  leur  passion 
idiote  ne  peut  autrement 
s'expliquer. 

Ils   s'arrêtent  devant  la 


FAI 


FAI 


111 


(It'vanliire  des  nia^^asiiis  ou 
Iravailloiit  les  jeunes  lilles, 
généralenjcnt  des  modistes, 
ils  enlr'ouvrent  leur  pale- 
tot, en  tenant  un  pan  de 
chaque  main  et  font  voir  ce 
(jue  contient  leur  culotte 
déboutonnée. 

Ces  cochons  opèrent  éga- 
lement dans  les  jardins  pu- 
l'iics  ou  jouent  les  petites 
lilles. 

Ce  n'est  pas  la  police  cor- 
rectionnelle qu'il  leur  fau- 
drait mais  bien  un  cabanon 
à  Charenton. 

On  les  nomme  aussi  des 
exhibitio7i7iistes,  de  ce 
(ju'ils  font  une  exhibition 
(Ai-got  du  peuple). 

FAIRE  CHAPELLE:  Ecarter 

les  jambes  et  retrousser  ses 
jupes  pour  se  chauffer  de- 
vant le  feu. 

Une  accouplée  se  chauffe 
(le  cette  manière,  l'autre 
(|ui  la  regarde  lui  dit  : 

—  Fais  -le  assez  cuire  car 
je  ne  l'aime  pas  saignant 
•Argot  des  filles).  N. 

FAIIIE  CHIBIS  :  S'enfuir 
(Tune  prison  avec  le  con- 
cours d'un  camarade,  sans 
piévenir  le  gardien. 

C'est  briller  la  politesse 
:tii  directeur  (Argot  des  vo- 
li'urs). 

FAIRE  CUIRE  SON  HO- 
MARD :  Rougir  subite- 
ment. 


Synonyme  (k' piquer  sou 
fard  (Ai-got  du  peuple). 

FAIRE  DES  YEUX  DE  HA- 
RENGS :  Crever  les  yeux 
à  quelqu'un  au  moyen  d'un 
coup  bien  connu  des  vo- 
leurs. 

Allusion  à  l'œil  vide  du  ha- 
reng (piand  il  arrive  des  ports 
de  mer  sur  nos  marchés 
(Argot  du  peuple). 

FAIRE  DES  PETITS  PAINS  : 

Faire  des  manières. 

Prendre  des  airs  mysté- 
rieux pour  causer  avec 
quelqu'un,  lui  dire  des 
riens  et  avoir  l'air  de  lui 
parler  de  choses  intéres- 
santes. 

Faire  la  cour  à  une 
fenmie  c'est  faire  des  pe- 
tits pains  (Argot  du 
peuple] .  A^. 

FAIRE  DU  POTIN  :  Faire  du 
bruit,  du  tapage  (Argot  du 
peuple). 

FAIRE  ÉTERNUER  SON 
CYCLOPE  :  Inscrire  cent 
sous  sur  son  carnet  de  dé- 
penses sous  cette  rubrique 
significative  ; 

On  n'est  pas  de  bois  ! 
(Argot  du  peuple).  iV. 

FAIRE  FAUX-BOND  A  L'F% 
CHÉANCE : 

Manquer  à  un  rendez- 
vous,  ne  pas  payer  une 
traite  (Argot  du  peuple). 


112 


FAI 


FAI 


FAIRE  L'EGARD  :  Gyrder  la 
part  d'un  vol  qui  revient  à 
un  complice. 

Ce  derrait  être  plutôt 
faire  V écart,  à  moins  que 
ce  ne  soit  pris  dans  le  sens 
de  manquer  d'égard  en  ne 
partageant  pas  (Argot  des 
voleurs). 

FAIRE   DE   L'IIARMONE  : 

Parler  bruyamment  dans  un 
lieu  public. 

Abréviation  d'harmonie 
(Argot  du  peuple). 

FAIRE  LA  GRANDE  SOU- 
LASSE :  Assassiner  tous 
les  habitants  d'une  maison 
(Argot  des  voleurs) . 

FAIRE  LA  NIQUE  :  Se  mo- 

querde  quelqu'un  au  moyen 
d'un  geste  familier  aux 
voyous  (Argot  du  peuple). 
^^  Battre  ïine  hasane. 

FAIRE  LA  PAIRE  (Sej  :  Se 
sauver  à  toutes  jambes. 

Ou  dit  aussi  :  se  tirer 
des  deux  (Argot  du  peu- 
ple). 

FAIRE  LA  SOURIS  :  Fille 
qui  vole  son  client  pendant 
qu'il  dort. 

Albert  Glatigny  a  dit  à 
ce  sujet  : 

En  robes  plus  ou  moins  poni- 
I  peuses, 
Elles  vont  comme  des  soaris. 
Ce  sont  les  jeunes  retapeuses 
Qui  font  la  gloire  de  Paris. 

(Argot  des  fdles). 


FAIRE  LE  JACQUES  :  Faii. 

l'imbécile. 

On  .fait  le  Jacques  au- 
près d'une  femme  pendant 
qu'elle  est  la  maîtresse  d'un 
autre  (Argot  du  peuple). A'. 

FAIRE  LE  LÉZARD  :  Ralii.' 
sa  flemme  sur  l'iierbe,  le 
ventre  au  soleil. 

On  dit  aussi  :  manger 
une  soupe  à  l'herbe  (Ar- 
got du  peuple),  V.  Zou- 
peur. 

FAIRE  LE  POIREAU  :  At- 
tendre longtemps  quelqu'  ui  i . 
si  la  personne  ne  vient  pas. 
celui  qiii  attend  est  planté 
là  pour  reverdir. 

On  dit  aussi  :  poiroter. 

Synonyme  de  :  Attends- 
moi  sous  Vorme  (Argot  du 
peuple). 

FAIRE  NONNE  :  Se  rendre 
le  complice  d'un  vol  pré- 
paré de  longue  main  par  1(' 
nonneur  lui-même  (Argot 
des  voleurs). 

FAIRE  SA  GUEULE  :  Fain 
une  figure  renfrognée. 

l]tre  mécontent  sans  en 
rien  dire  (Argot  du  peuple). 

N. 

FAIRE  SA  MERDE  :  Faiseur 
d'embarras. 

Les  gascons  ont  ce  pri- 
vilège (Argot  du  peuple». 

FAIRE    SA  POIRE  :  Ne  ja- 


FAI 


FAX 


113 


mais  rien  Irouver  de  bien  ; 
s'iniaginer  êlre  au-dessns 
(le  tout  et  de  tous  (Argot 
du  peuple).  I^. 

FAIRE  SA  SOPHIE  :  Faire 
le  dt^'oùlé,  h  table  ne  man- 
^'t'r  ([ue  du  bout  des  lèvres. 

Mot  à  n«ot  :  faire  des 
manières. 

Synonyme  de  chipie  (  Ar- 
i;ol  du  peuple).  i\^. 

I  VIHE  SES  ORGES  :  Grat- 
Irr. 

Faire  danser  /'anse  du 
panier. 

Engraisser  ses  poches 
aux  dépens  de  celles  des 
autres  (Arçot  du  peuple). 

FAIRE  SON  BEURRE  a  la 
même  signilication. 

I  AIRE  SUER  :  Faire  suer 
une  atl'aire,  lui  laire  rendre 
liinpossible. 

Faire  suer,  expression 
employée  par  les  cuisiniers 
pour  faire  revenir  certaines 
viandes  très  légèrement 
dans  la  casserole. 

Dire  à  quelqu'un  :  Vous 
me  faites  suer,  signilie  : 
VoîiS  m'embêtez  f  Ai^ot  du 
peuple; . 

FAIRE  SUER  LE  CIIÈNE  : 

Tuer  un  homme  (Argot  des 
voleurs). 

FAIRE  SUISSE  :  Ouvrier 
qui  boit  seul  et  ne  frater- 
nise jamais  avec  ses  cama- 


rades   (Argot    du  peuple). 
Y.  Oitrs. 

FAIRE  UN  HOMME  :  Action 
de  tecer  au  bal  ou  ailleurs 
un  individu  à  la  recherche 
(Vime  bonne  ou  d'une  mau- 
vaise fortune,  i\  l'heure,  à 
la  course  ou  à  la  nuit  (Ar- 
got des  filles). 

FAIRE  UN  RKIOLO  :  Vol 
identique  h  celui  (pie  l'on 
nomme  V embrassade. 

L'homme  volé  n'a  guère 
envie  (h7'igo/eroi  ne  trouve 
[)as  rif/o/o  le  vol  dont  il  est 
victime  (Ai^got  des  voleurs). 

FAIRE  UN  TROU  DANS  LA 
LUNE  :  Faire  banqueroute 
(Argot  du  peuple). 

FALOURDE   ENGOURDIE  : 

Un  cadavre. 

Allusion  à  la  rigidité 
(Argot  du  peuple). 

FANAL  :  La  gorge. 

—  Viens -tu  nous  arroser 
le  fanal. 

1/ivrogne,  en  buvant  son 
premier  verre  de  vin,  s'é- 
crie: 

—  Place- toi  bien,  mon 
vieux,  il  y  aura  foule  ce 
soir  (Argot  du  peuple).   ]V. 

FALZAR   :  Pantalon    (Argot 
des  voleurs). 

FANANDEL  :  Ami. 

Expression  usitée  dans 
les  prisons  (Argot  des  vo- 
leurs). 


114 


FAR 


FAU 


FANEE    :   Tabatière    (Argot 
des  voleurs). 

FANTABOCIIE   :    Fantassin 
(Argot  du  peuple). 

FANTAISIE  SUR  LA  TRIN- 

CLE    :   V.    Bataille   des 

Jésuites.  N. 

FARAUDENE  :  Madame  (Ar- 
got des  voleurs) . 

FARAUDEC  :  Mademoiselle. 
Ce  mot  vient  àa  faraude  ; 
c'est  un  simple  changement 
de    finale    (Argot  des  vo- 
leurs). 

FARCHER  DANS  LE  PONT  : 

Tomber  dans  un  piège 
tendu  par  les  agents  (Ar- 
got des  voleurs). 

FARFOUILLARD  pour  FAR- 
FOUILLEUR  :  Individu 
obstiné  et  méticuleux  qui 
cherche  sans  cesse  ce  qu'il 
ne  trouve  jamais,  excepté 
(juand  il  farfouille  les  po- 
ches d'un  homme  cossu. 
On  dit  également  ;  il  cherche 
la  petite-bête.  (Argot  du 
})euple). 

FARFOUILLER  DANS  SES 
ESGOURDES  (Se)  :  Net- 
toyer ses  oreilles  pour  en 
enlever  les  mucosités  (Ar- 
got du  peuple). 

FARGUER  :  Rougir  (Argot 
des  voleurs). 

FARIDONDAINE  (Étreà  la)  : 


Être  dans  la  purée  la  plus 
complète. 

Par  abréviation,  on  dit 
être  à  la  faridon  (Argot 
du  peuple). 

FAUCHANTS   :   Les  ciseauv 
(Argot  des  voleurs). 

FAUCHÉ  :  Guillotiné. 

Par  allusion  au  supplicié 
qui  est  sans  tête,  on  dit 
d'un  homme  sans  le  sou, 
qui  n'a  pas  de  faces  dans 
ses  poches  : 

—  Il  est  fauché  (Argot 
des  voleurs). 

FAUCIIE-ARDENTS    :    Los 

mouchettes. 

Les  mouchettes  cou- 
pent, en  effet,  la  mèche  de 
la  chandelle  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

FAUCIIEMANN    :     Fauche. 

—  Je  suis  fauchemauii 
(Argot  des  souteneurs).  A'. 

FAUCHEUR  :  Le  bournmi 
(Argot  des  voleurs). 

FAUX-BLAZE  :  Donner  un 
faux  numéro  (Argot  des  vo- 
leurs). 

FAUSSE  COUCHE  :  Homme 
petit,  chétif,  qui  n'a  pas 
été  terminé. 

Terme  de  mépris  em- 
ployé dans  les  ateliers  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Avor- 
ton. 


FEN 


FER 


115 


I 


!  AUVKTTEATÉTENOIRK  : 

Gendarme. 

Allusion  au  chapeau  bi- 
corne (Arj^ot  des  voleurs). 
V.  Hirondelle  de  Potence. 

;  !':r:  atx  yeux  verts 

(La)  :  Absinthe. 

Klle  charme  les  buveurs, 
(|ni  ne  savent  se  soustraire 
à  son  inllu 
boulevard). 

KEICNANT  :  Propre  à  rien. 
Lâche,  poltron,  paresseux. 

Ucscends-donc  deton  cheval, 
I  eh!  feignant! 

Apostrophe  d'im  voyou 
charitable  à  Henri  IV  sur 
le  Pont-Neuf  pour  lui  offrir 
un  canon. 

On  dit  également  fei- 
gnasse  (Argot  du  peuple). 

VVAA\  :  Toqué,  un  peu  fou. 

—  Il  a  le  coco  fêlé. 
Allusion  à  une   marmite 

fêlée,  elle  fuit;  par  la  fê- 
lure de  la  tête,  la  mé- 
moire s'en  va  (Argot  du 
|)euple). 

FENDRE  A    S'ËCORCÏIER 

(Se)  :  Dépenser  tout  son 
argent  sans  profit. 

—  Albîis  fends  -  toi 
d'une  tournée  (Argot  du 
peuple). 

1  I:NDRE  L'ARCHE  :  Quand 
un  homme  pressé  marche 
vile,    les  vovous  lui  crient  : 


—  Prends  garde,  tu  vas 
te  fendre  f  arche. 

Couper  une  carte  de  son 
adversaire,  c'est  lui  fendre 
r arche  (Argot  du  peuple). 

FEiNDRE  L'OREILLE  :  Mise 
à  la  retraite  de  quelqu'un, 
lùnctionnaire,  ofiicier  ou 
employé  avant  l'âge  révolu. 

—  Sacré  nom  de  Dieu, 
les  cochons  m'ont  fendu 
r  oreille  :  J'ai  pourtant  en- 
core du  sang. 

Allusion  à  la  coutume  de 
fendre  l'oreille  aux  che- 
vaux mis  à  la  réforme  (Ar- 
got des  troupiers). 

FENÊTRE  :  V.  Carreau. 

FERLAMPIER  :  Homme  à 
qui  tous  les  métiers  sont 
bons. 

Mendiant,     voleur,  sou- 
teneur    (Argot     des     vo- 
'  leurs). 

FERME  ÇA  :  Ferme  ta  bouche 
(Argot  du  peuple). 

FERMÉ     SON     VASISTAS 

(Avoir)  :  Mourir  (Ai'got  du 
peuple). 

FERRÉ  A  GLACE  :  Sachant 
parfaitement  ce  qu'il  doit 
savoir.  A.  D. 

Dans  le  peuple,  cette  ex- 
expression signifie  être 
affranchi,  ne  rien  craindre. 

C'est  la  conséquence  d'un 
vieux  proverbe  : 


116 


FEU 


FIG 


—  Il  est  ferré  à  glace. 
il  ne  craint  ni  putain  ni 
garce  (Argot  du  peuple).  A^. 

FERTANCE  ou  FERTILLE  : 

\a\  paille. 

—  Dans  mon  garno  à 
quatre  ronds  la  sorgue^  y 
a  (les  pégoces  dans  la  fer- 
tance  (Argot  des  voleurs). 

FESTILLANTE  :  La  queue 
du  chien  ;  il  la  remue  pour 
témoigner  sa  joie  à  son 
maître. 

Elle  frétille. 

Festillante  est  la  cor- 
ruption de  frétillante  (Ar- 
got des  voleurs). 

FESTONNER  :  Puchard  qui 
ne  lient  pas  sur  ses  jambes. 
Il  festonne  en  marchant 
pour  essayer  de  maintenir 
son  équilibre  (Argot  du 
peuple). 

FESSER  LA  MESSE  :  Prêtre 
qui  expédie  à  la  vapeur  une 
messe  d'enterrement  de 
dernière  classe. 

—  Le  ratichon  a  fessé 
sa  messe  en  xîinq  secs  (Ar- 
got du  peuple). 

FEUILLES    DE     CHOUX  : 

Oreilles  (Argot  du  peuple). 
V.  Es  gourdes. 

FEUILLE  DE  CHOU  :  Mau- 
vais journal  qui  ne  se  vend 
qu'au  poids  (Argot  d'im- 
primerie). 


FICELÉ  :  Se  dit  de  quelqu'un 
bien  habillé,  tiré  à  quatre 
épingles  (Argot  du  peuple  i. 

FICELEUSE  :  La  ceinture 
(Argot  du  peuple).  V.  An- 
guille. 

FICELLE  :  Être  ficelle,  ma- 
lin, rusé,  employer  toutes 
sortes  déficelles  pour  réus- 
sir dans  une  affaire. 

—  Je   la   connais,  vous 
•  êtes  trop  ficelle  pour  ma 

cuisine. 

—  Vous  ne  me  trompe- 
rez pas,  je  vois  la  ficelle 
(Argot  du  peuple). 

FIÈVRE       CÉRÉBRALE    : 

Condamné  à  mort. 

Il  meurt  en  effet  subite- 
ment (Argot  des  voleurs). 

FIGNE  :  Le  ^odex  (Argot 
des  voleurs). 

FIGNOL  :  Joli  (Argot  des  vo- 
leurs). 

FIGNOLER  :  Polir  une  pit.N» 
d'ouvrage,  l'achever  avec 
un  soin  tout  particulier 
(Argot  du  peuple). 

FIGNOTON  :  Derrière  (Argoi 
du  peuple).  N. 

FIGURE  DE   CAMPAGNE  : 

Faire     ses     nécessités    en 
plein  air. 

On  comprend  quelle  fi- 
gure est  au  vent  (Argot  du 
peuple). 


FIG 


Fir. 


117 


L 


FIGURANTS   DU  SALON   : 

('orlaines  maîtresses  de 
luaisons  de  lolérance  pour 
l'aire  croire  à  une  clienlèle 
choisie,  paient  clKupie  soir 
[)lusieurs  individus (jui  jigu- 
rent  au  Salon. 

Rue  Sainte- Âppoline, 
une  de  ces  maisons  eut 
pour  figurants  pendant 
plusieurs  années  deux  ac- 
teurs devenus  très  célè- 
bres (4i^ot  du  peuple).  N. 

FIGURE  A  CLAQUES  :  Yi- 

saiïe  ingrat,  pas  précisé- 
ment laid,  mais  antipalhi- 
({ue  de  prime  abord. 

Dans  le  peuple,  tout  in- 
dividu qui  ne  vous  regarde 
l)as  en  face,  franchement, 
comme  on  dit  Tœil  dans 
l'œil,  est  une  figure  à  cla- 
ques. 

—  Tiens,  Va  me  dégoûtes, 
ta  gueule  appelle  la  claque 
(Argot  du  peuple). 

FIGURE      D'ECUMOIRE    : 

Homme  affreusement  grêlé 
(Argot  du  peuple).  V.  Poêle 
à  marrons. 

FK.URE  DE  PAPIER  M ACIIÉ 

Personne  sans  couleur,  aux 
joues  creuses  et  à  visage 
pâle. 

Le  peuple,  sans  pitié, 
ne  manque  jamais  d'em- 
ployer eelteexpression  pour 
un  malheureux  qui  meurt 
de  consomption. 


—  Il  ne  tient  pas  debout 
avec  sa  figure  de  papier 
mâché  (Argot  du  peuple). 

FIL  A  LA  PATTE  (En  avoir 
un)  :  Etre  gêné  par  quel- 
qu'un. 

Être  entravé  dans  ses 
affaires,  n'avoir  pas  ses 
coudées  franches. 

Une  femme  crampon  est 
un  rude  fil  à  la  patte  (Ar- 
got du  peuple). 

FIL  A  RETORDRE  (Avoir 
du)  :  Peiner  pour  réussir 
une  affaire. 

Essayer  de  convenir  un 
incrédule. 

—  Pas  moyen  de  venir 
à  bout  de  celte  mauvaise 
tète  d'Alfred.  En  voilà  un 
enfant  qui  m'a  donné  du 
fil  à  retordre  (Argot  du 
peuple) . 

FILATURE  :  Terme  employé 
par  les  agents  de  la  sûreté 
pour  indiquer  qu'ils  filent 
un  voleur  (Argot  des  vo- 
leurs). 

FIL  DE  SOIE  :  Filou,  vo- 
leur (Argot  du  peuple). 

FIL  EN  QUATRE  :  Eau-de- 
vie  supérieure  (Argot  du 
peuple). 

FILER  :  Suivre. 

Pour  organiser  une  fila- 
ture, les  agents  se  mettent 
deux,   l'un  devant  le  filé, 

4. 


118 


FIL 


FLA 


l'autre  derrière,  de  façon 
à  ce  qu'il  ne  puisse  échap- 
per. 

Il  y  a  des  filatures  qui 
sonl  extrêmement  mouve- 
mentées, c'est  une  véritable 
chasse  où  toutes  les  ruses 
sont  mises  en  œuvre. 

Le  gibier  cherche  toutes 
les  occasions  de  se  dérober 
pour  éviter  le  sapement 
(Argot  des  voleurs). 

FILER  LA  COMÈTE  :  Mal- 
heureux qui  n'a  pas  de  do- 
micile et  qui  marche  toute 
la  nuit  pour  éviter  d'être 
emballé  par  les  agents. 

Quand  il  n'y  a  pas  de 
comète  il  file^  les  étoiles 
quand  il  n'est  pas  filé  lui- 
même  (Argot  du  peuple). 

FILER  UN  SINVE  :  Filer, 
suivre,  sinve,  homme  fa- 
cile à  duper. 

Mot  à  mot  :  le  filer  jus- 
qu'au moment  favorable  pour 
le  dévaliser  sans  danger 
(Argot  des  voleurs). 

FILOCHE  :  Bourse. 

Avoir  sa  floche  à  jeun, 
c'est  être  sans  le  sou  (Ar- 
got du  peuple). 

FINIR  EN  QUEUE  DE 
POISSON  :  Chose  qui 
commence  bien  et  finit  mal 
ou  pas  du  tout. 

Un  livre  qui  commence 
en  empoignant  ses  lecteurs 
et    se    termine    bêtement, 


c'est  finir   en  queue  de 
poisson  (Argot  du  peuple;. 

FLAC  D'AL  :  Sacoche  à  ar- 
gent. 

Flac  sac,  dal  argent  : 
abréviation  A'altèque. 

Pour  flaquer,  on  dit 
anssi  je  vais  à  flacdal  (Ar- 
got du  peuple). 

FLAGORNER  :  Flatter  quel- 
qu'un bassement. 

Trouver  une  croûte,  une 
œuvre  de  maître. 

Comparer  un  mauvais 
vaudevilliste  à  Molière  ou  à 
Legouvé. 

Mol  à  mot  :  prodiguer 
des  éloges  tarifés  ou  inté- 
ressés (Argot  du  peuple). 

FLAGORNEUR  :  Flatteur, 
Race  assez  commune.  Il 

y  en  a  toujours  au  moins  un 

dans  un  atelier. 

Le   flagorneur  descend 

sans   vergogne  au  rôle  de 

mouchard  (Argot  du  peuple). 

FLAMAND  :  Amis  (Argot  des 
voleurs).  V.  Aminche. 

FLAMBEAU  (En  avoir  un)  : 

—  Je  connais  le  flam- 
beau, c'est-à-dire  je  con- 
nais la  chose. 

Faire  une  belle. invention 
c'est  avoir  un  chouette 
flambeau. 

—  Tu  ne  me  monteras 
pas  le  coup,  mon  vieux,  je 
sais  ou  est  le  flambeau. 


FLA 


FLI 


119 


Être  très  habile  dans  un 
métier  c'est  avoir  le  flam- 
beau 

Flambeau,  dans  le  peu- 
ple, veut  dire  être  supé- 
rieur aux  gens  de  sa  pro- 
fession. 

Francisque  Sarcey,  Bou- 
guereau,  Ambroise  Tlion^as, 
Clovis  Hugues,  sont  des 
flambeaux. 

Emile  de  Cirardin,  Victor 
llui^o,  Lamartine,  Diaz, 
etc.,  étaient  des  flambeaux 
(Argot  du  p(Miple).  N- 

FLANCHER  :  Avoir  peur  (Ar- 
got du  peuple). 

KLÂXCIlEïl  :  Jouer  sur  les 
places  publiques  au  bou- 
rhon {radin)  on  à  V anglaise 
I  iiionac). 

En  général  de  tous  jeux 
on  dit  flancher  (Argoi  du 
peuple) . 

FLANXIIEÏ  :   Pari    de   vol. 

Lot  qui  échoit  à  un  bro- 
canteur. 

Morceau  de  viande  qui 
lorme  la  poinle  dans  l'in- 
térieur du  bœuf  (Divers  ar- 
gots). 

FLANCIIEUR  :  Qui  flanche 
(Argot  du  peuple). 

FLANELLE  (Faire)  :  Entrer 
dans  une  maison  de  tolé- 
rance, peloter  le  personnel 
-ans  consommer  (Argot  des 
>()Uteneurs). 


FLAQUER  :  V.  Déballer. 

FLAQUET  :  L'endroit  ou  le 
dos  change  de  nom. 

Dans  le  peuple  on  ne 
l)rend  pas  de  mitaine  pour 
donner  au  flaque t  son  vrai 
nom  (Argot  du  peuple). 

FLEMME  :    Maladie  que    la 
plupart  des  ouvriers  ont  les 
lundis. 
Ondil  :  battre  une  flemme. 

Bien  souvent  la  flemme,  la 

I  flemme. 

Bien  souvent  la  flemme  me 

I  prend. 

En  hiver  comme  en  été, 

Elle  ne  m'a  jamais  quitté. 

(Arçotdu  peuple). 

FLEURE-FESSES  :  Homme 
qui  moucharde  ses  compa- 
gnons d'alelier  et  est  sans 
cesse  derrière  le  patron 
(Argot  du  peuple).  \. Lèche- 
cul. 

FLEUR    DE    SACRISTIE  : 

Calotin  qui  fréquente  les 
églises  sans  en  croire  un 
mot. 

C'est  un  commerce  comme 
un  autre. 

On  dit  aussi  :  o^at  de 
sacristie  (Argot  du  peu- 
ple).   iV. 

FLIQUE  ou  FLICK:  Sergent 
de  ville  (Argot  du  peuple). 
V.  Bec  de  gaz. 

FLIC  A  DARD  :  Sergent  de 
ville. 

Allusion  à  ce   que   dans 


120 


FLO 


FLO 


les  manifestations,  ils  met- 
tent sabre  au  clair,  ils  lar- 
dent les  manifestants. 

Dans  le  peuple,  le  mot 
est  soudé,  on  dit  flicadard 
(Argot  du  peuple).  N. 

FLINGOT  :  Fusil  (Argot  des 
troupiers).     V.     Boltoche. 

FLOME  :   Femme. 

Cette  expression  est  nou- 
velle dans  les  faubyurgs. 

D'où  vient-elle  ? 

Probablement  de  ce  que 
les  iemmes  d'ouvriers,  pen- 
dant que  leurs  maris  tra- 
vaillent, flentmcnt  chez  les 
voisines. 

Fl(jme e^iune  corruption 
de  flemme,  comme  flem- 
mard pour  paresseux,  et 
une  adjonction  de  finale  à 
flemme  (Argot  du  peuple). 

FLOPPÉE  :  En  donner  une 
ou  la  recevoir. 

Être  battu  ou  battre  vio- 
lemment. 

Quand  la  marmite  du 
souteneur  ne  rapporte  pas, 
elle  reçoit  une  floppée. 

Allusion  au  cordonnier 
qui  bat  son  cuir  pour  l'as- 
souplir :  il  le  floppe  (Argot 
des  souteneurs). 

Fr.OTTE  :  Eau. 

La  rivière  flotte. 
On  dit  d'une   personne 
mince  dans  des    vêtements 
trop  larges  : 


—  Ses  membres  flottent . 

Toute  la  flotte  (l'ate- 
lier en  entier)  a  été  manger 
une  friture. 

Nous  étions  une  flotte 
pour  nous  étions  un  tas 
(Argot  du  peuple).  N. 

FLOTTANT  :  Bal  où  se  réu- 
nissent les  souteneurs  du 
quartier. 

Toute  la  flotte  s'y  donne 
rendez- vous. 

Les  souteneurs  n'ont  pas 
de  préjugés,  une  expression 
même  injurieuse  glisse  sur 
les  oreilles  de  ces  messieurs. 

Ils  savent  très  bien  que 
le  mot  flottant  vient  de 
flotte,  eau,  or  les  poissons 
sont  dans  leur  élément  (Ar- 
got des  souteneurs).  iV. 

FLOUMANN  :  Floueur,  lilou. 

Mann,  en  allemand  veut 
dire  homme.  Mot  à  mol, 
en  retournant  la  finale, 
cela  fait  homme  floueur. 

Etre  floué,  est  synonyme 
d'être  trompé. 

Ainsi,  un  homme  épouse 
une  femme  qu'il  croyait 
vierge,  elle  sort  de  la  ma- 
ternité. 

—  Il  est  floué {kr^o{  du 
peuple).  N. 

FLOUPLN  :  Diminutif  de 
flomnann,  comme  pégriot 
l'est  àa  pègre. 

Un  floupin  est  un  petit 
filou  qui  travaille  dans  les 
bas  prix. 


FOI 


FOR 


121 


—  Il  vole  un  niouelioir  ; 
le  floitmann  vole  des  mil- 
lions (Ai'gol  (lu  peuple).. V. 

I  IX>rT!i:i{K:  Hien. 

Au  XVI*^  siècle  on  cri  ti- 
quait les  aiehi-suppôts 
chaînés  de  réformer  le  lan- 
i^age  (l'argot) en  usage  dans 
les  iours  des  Miracles  ;  on 
(lisait  d'eux...  sans  ficher 
flontière  . 

l.e  mot  est  resté  en 
usage  (Argot  du  peuple). 

KLITES  :  Jambes. 

On  dit  d'une  femme  mai- 
gre :  Elle  a  volé  les  flûtes 
du  boulanger. 

FliUe,  synonyme  de  zut 
(Je  ne  veux  ])as)  (Argot  du 
peuple) . 

I-Ll  TENCUL  :    Pbarmacien. 

Bonjour  Mam'/.elleZirzabelle 

J'vous  apporte  uup"tit  lave- 

I  ment, 

Ça  Vous  r'I'ra  le  tempérament. 

Allons,   tournez-vuus,  mam' 

i  zelle. 

Fi!     Monsieur,    pas  tant 

l  d'raideur, 

(Jar  jamais  apothicaire 

Ne  verra  c'que  par  pudeur 

Je  n'fais  voir  qu'à  ma  chère 

I  mèrr-! 

(Argot  du  peuple). 

I  ï  IJXION  DE  PAVÉS  :  Po- 

ebard  qui  tombe  et  s'abime 
la  ligure  :  elle  enlle  comme 
s'il  avait  mal  aux  di^nts. 

De  là  Fexpression  (Ar- 
got du  peuple). 

FOIHE  D'EMPOIGNE  :  Vo- 


ler à   la   force   du  poignet 
(Argot  des  voleurs). 

EOIUEUX  :  Poltron. 

On  dit  aussi  :  foirejtx 
comme  un  geai. 

L'ami  Mac-Nab  nous  a 
laissé  une  cbanson  connue, 
à  ce  sujet  : 

Il  reste  les  Napoléon, 

Des  mulfs  qu'a  toujours  la 

I  colique 

Et  qui  foire  dans   ses  pan- 

I  talons 

Pour   em...  bèter  la  Répu- 

1  blique. 

Allusion  à  la  fuite  de 
Craint-plomb,  pendant  la 
guerre  de  Crimée  (Ai^got  du 
peuple). 

FOIRON  :   Le    derrière  (Ar- 
got du  i)euple). 

FOND  DE  PECHE  :  Le  nom- 
bril (Argot  des  voleurs).  A^ 

FONDRIÈRES  :  Les  poches. 
Allusion    à  leur  profon- 
deur (Argot  du  peuple). 

FORTANCHE  :  Fortune. 

C'est  un  chang(Mnent  (h; 
finale  comme  boutanche 
pour  boutique,  dorancher 
pour  dorer,  brodancher 
pour  broder,  etc.,  etc. 

—  Turbiner,  c'est  bon 
pour  les  pantes,  j'ai  fait 
ma  fortanche  à  la  foire 
d'empoigne  (Argot  des  vo- 
leurs). iV. 

FORT  EN  GUEULE  :    Crier 
beaucoup. 

Les  poissardes  bavardes 


122 


FOU 


FOU 


et  insolentes  sont  fortes  en 
gueule  (Argot  du  peuple). 

FOU  :  Marteau  (Argot  du 
peuple).  V.  Balançon. 

i  GUETTER  DU  BEC  :  Avoir 
une  haleine  fétide  qui  ex- 
hale une  odeur  d'égout  (Ar- 
got du  peuplej. 

FOUILLE  AU  POT  :  Petit 
cuisinier  qui  sert  les  ou- 
vriers dans  les  gargotes. 

—  11  fouille  aiiyot  pour 
en  retirer  les  légumes  (Ar- 
got du  peuple). 

FOUILLE  MERDE  :  Tatillon 
qui  fourre  son  nez  partout 
(Argot  du  peuple). 

FOUILLER  (Tu  peux  te)  :  Tu 
n'auras  rien,  ou  il  ne  reste 
rien  (Argot  du  peuple). 

FOriLLEUSES:  Poches  (Ar- 
got du  peuple). 

FOUINETTE  :  Juge. 

Diminutif  de  fouinard, 
malin,  rusé,  chercheur  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Pal- 
peur. 

FOULER  (Ne  pas  se)  :  :  Ou- 
vrier ou  employé  jamais 
pressé,  plus  exact  à  la 
soupe  qu'au  travail. 

—  Tu  vas  te  fouler  la 
rate. 

—  Prends  garde  de  te 
casser. 

Même  signification  (Argot 
du  peuple). 


FOUR  (En  faire  un)  :  Man- 
quer une  affaire  (Argot  du 
peupl  ). 

FOURBI  :  Piège,  malice.  .1. 
/>. 

C'est  une  erreur.  Cette 
expression  très  usitée  vient 
du  régiment,  où  le  caporal 
chargé  de  l'ordinaire  gratte 
sur  la  nourriture  des  lioni- 
mes. 

Fourhi  signifie  bénéfice 
(Argot  du  peuple).  i\^.  " 

FOURCHETTE  :  Voleur  à  la 
tire. 

Allusion  à  ce  que  les  vo- 
leurs qui  ont  cette  spécia- 
lité, ne  se  servent  que  des 
deux  doigts  de  la  main 
droite  qui  forment  four- 
chette pour  extraire  les 
porte-monnaies  des  poches 
des  badauds  (Argot  des  vo- 
leurs). iY. 

FOURGAT  :  Receleur  qui 
achète  les  objets  volés  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Meu- 
nier. 

FOURGUER  :  Vendre  des 
objets  volés  (Ai-got  des  vo- 
leurs). 

FOURLINES  :  Voleurs  et 
meurtriers  à  l'occasion  (Ar- 
got des  voleurs). 

FOURMILLON  :  Marché. 

La  foule  fourmille  :  en- 
droit propice  pour  les  vo- 
leurs. 

—  11  y  a  un  riche  coup  h 


FOU 


FRA 


123 


(aire  sur  la  placarde  du 
fourmilion  (Arçot  des  vo- 
leurs). 

FOURNAISE  :  On  sait  que 
les  mornifleurs-tarte  sont 
réunis  en  tierce  i^^v  trois). 
Le  rnornifleur,  le  faux 
nionnayeur,  le  gaffe  qui 
délient  la  réserve  des  pièces 
fausses,  et  l'émettenr  qui 
écoule  les  pièces  chez  les 
commerçants. 

L'émettenr  se  nomme  la 
fournaise. 

L'allusion  est  juste,  car 
il  est  dans  le  feu,  courant 
à  chaque  minute  le  risque 
d'élre  pincé. 

Mot  à  mot  :  il  est  dans 
la  gue%ile  du  loup  (Argot 
des  voleurs).  N. 

KOURNE  AU  :  Vagabond , men- 
diant habitué  du  fourneau 
de  charité.  Z.  L. 

Fourneau,  signifie  cré- 
tin, imbécile. 

Quand  on  imprime  dans 
les  journaux  que  nos  mi- 
nistres et  nos  députés  sont 
des  fourneaux  ils  ne  sont 
pas  je  pense  habitués  des 
asiles  de  nuit  (Argot  du 
peuple).  N. 

FOURNEAUTLN  :  Diminutif 
de  fourneau  (Argot  du 
peuple).  N. 

FOURNITURE  :  Allusion  aux 
fines  herbes  que  l'on  met 
dans   la     salade    pour    lui 


donner  du  goût  et  la  parer 
(Argot  du  peuple).  V.  As 
de  pique. 

FOURRACIION  :  Le  lit  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Jvge 
de  paix. 

FOUTAISE  :  Rien. 

—  Tu  m'offres  cent  sous 
d'acomple  sur  mille  francs 
la  11  elle  foutaise. 

—  Tu  nous  en  raconte 
des  /b«^aî5^5.  On  dit  aussi  : 

— .  C'est  de  la  fouterie 
de  pauvre  (Argot  du  peu- 
ple). 

FOUTIMASSER  :  S'applatir 
sur  un  ouvrage,  le  faire 
traîner  en  longueur. 

C'est  une  corruption  de 
deux  mots  accouplés  foutîi, 
mauvais,  rnasseîtr.  travail- 
leur (Argot  du  peuple).   N. 

FRANC  CARREAU  :  Quand 
un  prisonnier  est  incorri- 
gible il  est  mis  au  cachot. 
On  lui  enlève  sa  literie, 
il  couche  alors  sur  le  franc 
carreau  (Argot des  voleurs). 
N. 

FRACASSÉ  :  Être  vêtu  d'un 
habit,  d'un  frac. 

C'est  un  mauvais  calem- 
bour. 

—  J'en  ai  du  frac  assez. 

Il  me  rappelle  la  célè- 
bre scie  d'atelier  sur  le 
mot  Afrique  : 

—  J'ai  de  la  fricassée, 


124 


FRI 


FRI 


du  fracandeau,  de  la  fri- 
pouille, de  la  friture, 
etc.,  etc.  (Argot  des  ate- 
liers). 

FRANC  DE  COLLIER:  Che- 
val qui  remplit  sa  besogne 
en  conscience. 

Homme  franc  ,  ouvert, 
loyal. 

—Il  est  franc  du  collier 
(Argot  du  peuple).  N. 

FRANGIN  :  Frère  (Ai^ot  du 
peuple). 

FRANGINE  :  Sœur  (Argot  des 
voleurs). 

FRÈRE  FRAPPART  :  Mar- 
teau. 

L'allusion  est  frappante 
(Argot  des  forgerons).    V. 

Balançon. 

FRÈRE  JACQUES  :  Pince 
(Argot     des    voleurs).     V. 

Monseigneur. 

FPiÉROT  DE  LA  CAQUE  : 
Filou  (Argot  des  voleurs). 

FRÉTILLON  :  Grisette  chan- 
tée par  Réranger. 

L'expression  est  heu- 
reuse, rien  de  plus  frétil- 
lant en  effet  qu'une  tille  du 
peuple  qui  s'a.nuse  et  aime 
pour  son  compte  (Argot  des 
bourgeois).  V.  Grisette. 

FRIAUCIIE    :  V.   Aller  au 

rebectaye . 

FRIC-FRAC  (Vol  au). 


Ainsi  nommé  à  cause  du 
bruit  que  produit  l'outil  «*n 
fracturant  les  portes  (Ar- 
got des  voleurs). 

FRICADIER  :  Un  son. 

C'était  l'expression  fi!- 
vorile  de  Pradier,  le  cé- 
lèbre bàtonniste  qui  tra- 
vaillait devant  l'Institut  (sur 
la  place)  (Argot  du  peuple  i. 

FRICASSÉE  DE  MUSEAU  : 

S'embrasser  mutuellement. 

Cela  indique  bien  le  frot- 
tement de  deux  visages. 

Mot  à  mol  :  s'embrasser 
avec  effusion  (Argot  du 
peuple). 

FRIMASSARD  :  Le  froid  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Frisbi. 

FRIME  :  La  figure. 

Tomber  en  frime,  se 
rencontrer  face  à  Aice  avec 
quelqu'un  (Argot  du  peuple) . 

FRIME  (Pour  la):  Pour  rien. 

Faire  semblant  (Argot  du 
peuple). 

Frimer  :  Faire  de  l'em- 
barras. 

—  Il  est  bien  mis,  il 
/>*/w(?  (Argot  du  peuple). 

FRIMOUSSE  :  Vieille  ex- 
pression qui  veut  dire  vi- 
sage. 

On   la    trouve    dans   la 

ffenriade  travestie  (Argot 
du  peuple). 

FRINGUER  :  S'habiller. 


FRI 


F  Ri: 


i>: 


Rabelais  dans  Panta- 
gruel écrit  fringuez  (Ar- 
got du  peuple). 

KlUPE  :  Nourriture. 

—  L'heure  de  la  fripe 
va  sonner  (Argot  d'inipri- 
merie^ . 

,  FRIPES  :  Mauvais  vête- 
ments que  revendent  les 
fripiers  sur  le  carreau  du 

'         Temple  (Argol  du  pouplo). 

\?        V.  Loques. 

FlîlPOUILLE  :  Rien  de  hou. 

Dans  le    peuj)le,    ipiand 

on  a  dit  d'un  homme  c'est 

une  fripouille,  c'est  tout 

dire. 

Fripouille  est  certaine- 
ment une  corruption  de 
friperie,  donc  ou  avait 
fait  fripaille  (Argot  du 
peuple). 

FRIQFET:  Mouchard,  ^.i). 
Z.  L. 

C'est  une  erreur,  friquei 
est  un  moineau,  c'est  une 
variété  du  pierrot  parisien, 
l'eflronté  gavroche  de  la 
gent  ailée  (Argot  du  peu- 
pie). 

l  RISBI  :  Froid. 

Ou  dit  aussi  :  il  fait 
fridt,  frisquet,  et  conuiie 
superlatif  : 

—  Nom  de  Dieu,  que  ça 
pince  il  gèle  à  pierre  feiite 
(pour  fendre)  (Argot  du 
p«'nple>. 


FRISE  :  Juif  (Argot  des  vo- 
leurs). 

FRISER  SON  NAZ  :  Être 
mécontent. 

Friser  son  naz  est  une 
variai! t(;  de  la  vieille  ex- 
pression, même  adressée  à 
un  chauve  : 

—  Ça  te  défrise,  mon 
vieux  (Apgot  du  peuple). iV. 

FROMGY  :  Fromage  (Argot 
du  peuple). 

FHOrrE-ROTTES  :  Domes- 
li(pie  (Argot  du  peuph'), 

FROTTÉE  :  Recevoir  une 
bonne  frottée  ou  la  don- 
ner. 

Se  battre  (Argot  du  peu- 
ple). 

FROTTER  :  Faire  la  cour  à 
une  lêmme. 

—  Elle  est  rien  raide, 
faut  pas  s'y  frotter  (Argot 
du  peuple).  N. 

FROTTIN  :  Billar<l. 

—  Yiens-tu  faire  une 
partie  de  frottin^.  (Argot  du 
peuple). 

FROUSSàRI)  :  Individu  (pn 
a    peur  (Argot  du  peuple). 

N. 

FROUSSE  :  V.  Taf. 

FRUSQUES  :  Vêtements. 
Pour  indiquer  des  habits 


126 


FUM 


FUN 


en  mauvais  état,  on  dit  des 

frusques  houlinées. 

Quand  ils  sont  tout  à 
fait  eltilochés,  on  dit  que 
Ton  pourrait  y  accrocher 
toute  une  batterie  de  cui- 
sine   (Argot   du    peuple). 

FUITE  DE  GAZ  (En  avoir 
une)  :  Laisser  échapper  un 
pet  en  sourdine  ;  si  on  ne 
l'entend  pas,  on  le  sent. 

Allusion  à  l'odeur  insup- 
portable du  gaz,  quand  un 
conduit  est  crevé  (Argot 
du  peuple). 

FUMER  SANS  TABAC  :  Être 
lurieux,  fumer  de  colère 
(Argot  du   peuple).  A'. 

FUMER  SES  TERRES:  Être 

enterré  dans  sa  propriété. 

Épouser  une  fille  riche 
((uand  on  n'a  pas  le  sou. 

Déposer  dans  son  jardin 
ce  que  l'on  dépose  pour 
trois  sous  dans  un  chàlel 
de  nécessité  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

FUMERONS  :  Les  jambes. 

—  Il  est  à  moitié  décati, 
il  ne  tient  plus  sur  ses  fu- 
merons. 

Pour  exprimer  la  même 
idée,  on  dit  aussi  : 

—  Il  tremble  sur  ses 
fils  de  fer  (Argot  du  peu- 
ple). 

FUMERON   :     Calopin     qui 


fume  dans  la  rue  en  allant 
à  l'école. 

—  Comment  tu  fumes 
saie  crapaud? 

—  Mais  oui. 

—  Tu  as  raison  les  étrons 
fument  bien!  (Argot  du 
peuple).  N. 

FUMIER  DE  LAPIN  :    Bon 

à  rien,  individu  inutile. 

On  dit  aussi  :  il  ne  vaut 
pas  un  'pet  de  lapin  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

FUMISTE  :  Farceur,  mysti- 
ficateur, qui  cherche  toutes 
les  occasions  possibles  de 
faire  des  blagues. 

Les  plus  grands  fumistes 
des  temps  passés  furent 
Romieu  et  Sapeck. 

Ils  sont  remplacés  par 
Lem  ice-  Terrieux . 

A  pro[)os  de  Sapeck  dont 
la  réputation  est  encore 
grande  au  quartier  latin  ;  la 
fameuse  farce  des  bougies 
coupées  ne  lui  appartient 
pas,  elle  fut  faite  quarante 
ans  avant  lui.  on  la  raconte 
dans  nue  brochure  intitulée  : 
Les  mystères  de  la  Tou,r 
de  N  estes  (Paris  183.*>). 
(Argot  du  peuple).  N- 

FUNICULÉ  (Être)  :  Refuser 
de  marcher  ou  de  tra- 
vailler. 

Allusion  au  funiculaire 
de  Belleville,  qui  marche 
quand  il  veut. 


FUS 


Fl'S 


127 


Funiculé  remplace  le 
mot  capricieux  et  modi- 
fiera le  dicton  :  capricieux 
comme  une  jolie  femme. 

—  Cette  jolie  femme  est 
funiculée  (Argot  du  })eu- 
j)le).  N. 

FUSAIN  :  Curé. 

Allusion  au  vêlement 
noir  (Arçot  du  peuple). 

FUSEAUX  :  Jambes  minces 
comme  des  baguettes  de  fu- 
sil. 

Dans  le  peuple,  on  dit  : 
Minces   du  bas,  fines  du 
haut. 

On   dit   également  : 
J[/îWC(?  d'aiguilles  à  trico- 
ler  (Argot  du  peuple).  N. 

FUSEE  (En  lâclter  une): 
(Juand  un  ivrogne  a  Iroj) 
bu,  il  soulage  son  estomac 
en  lâchant  une  fusée. 


Allusion  à  ce  que  la  dé- 
jection retombe   en    gerbe. 

Quand  elles  se  suivent, 
on    dit    dans    le    peuple  : 

—  Quel  riche  feu  d'arti- 
lice,  voilà  le  bouquet  (Ar- 
got du  peuple). 

FUSEU  :  Fusée  d'un  autre 
genre  qui  ne  s'envole  pas 
par  le  même  côté. 

—  Où  donc  qu'il  est,  Du- 
manet  ? 

—  Il  est  en  train  de  fu- 
ser (Argot  des  troupiers). 

FUSILLER  :  Donner  un  mau- 
vais dîner.  A.  D. 

Fusiller  se  dit  des  sol- 
deurs (pli  fusillent  des 
marchandises  volées. 

Ils  les  vendent  à  n'im- 
porte quel  prix. 

On  les  nomme  des  fu- 
silleurs  (Argot  des  came- 
lots). N. 


128 


GAG 


TiAF 


GABARI  :  Perdre  au  jeu,  jar- 
gon des  ouvriers  de  fer. 
i.  L. 

Le  gahari  est  une  pla- 
que de  tôle  ou  de  zinc  tail- 
lée sur  un  modèle  donné 
pour  que  l'ouvrier  mécani- 
cien ou  menuisier  puisse 
confectionner  exactement  sa 
pièce. 

Avant  l'invention  de  la 
machine  à  diviser,  une  roue 
d'engrenage  ne  pouvait  être 
juste  sans  le  secours  du 
gahari  pour  aligner  les 
dents  (Argot  des  ouvriers). 
N. 

(.ACFIER  DU  GROS  :  Aller 
pisser  comme  les  poules. 

Allusion  aux  maçons  qui 
mangent  énormément  et  qui 


font  de  même  (Argot    du 
peuple). 

GACHEUR  :  Le  président  de 
la  Cour  d'assises. 

Quand  il  condamne,  il 
gâche  la  vie  des  gens  (Ar- 
got des  voleurs).  i\^. 

GADIN  :  Vieux  chapeau.  L.  L. 

Le  gadhi  est  im  bouchon . 

Le  jeu  qui  consiste  à 
abattre  le  bouchon  chargé 
de  gros  sous  se  nomme 
gadiner. 

n  y  a  plus  de  cinquante 
ans  que  cette  expression 
est  populaire  (Argot  du 
peuple).  N. 

GAFFE  (En  commettre  une)  : 
Dire  ou   faire  une  bêtise. 


(;a( 


(iAM 


14'J 


parler  trop  et  à  côté  (Arj^'ol 
j;ol  (lu  peuple). 

(iAFFE  :  Faire  le  guet  pour 
avertir  des  complices  de 
Tarrivée  de  la  rousse  ou  des 
j)assants  qui  pourraient  les 
déranger  (Argot  des  vo- 
leurs). 

CAFFE  DE  SORGUE  :  (.ar- 
dieii  de  marché  ou  surveil- 
lant de  maisons  en  cons- 
truction. 

Autrefois,  c'étaient  'des 
invalides  qui  remplissaient 
ces  fonctions  (Argot  des 
voleurs). 

tiAFFELR  :  Qui  commet  des 

gaffes. 

Il  y  en  a  de  célèbres, 
par  exemple,  dire  au  maî- 
tre de  la  maison  dans  la- 
quelle on  est  invité  : 

—  Qui  est  donc  cette 
vilaine  bossue  qui  fait  tant 
de  grimaces. 

—  Monsieur,  c'est  ma 
femme  (Argot  du  peuj)le) . 

CAGNER  LE  GROS  LOT  : 

C'est  assez  extraordinaire 
de  ne  pas  mettre  à  une  lo- 
terie et  d'avoir  cette  chan- 
ce. 

Ce  gros  lot  se  gagne  sans 
billet. 
I.a  garde  qui  veille  aux  barriè- 
[res  du  Louvre 
N'en  défend  pas  les  rois. 

On  dit  aussi  :  je  suis  as- 
saiso/uié  (Argot    du   peu- 


ple). V.  Quinte,  quatorze 
et  le  point. 

GAILLARDES  :  Joues  (Argot 
des  voleurs).  V.  Jaffles. 

GAJARD  :  Gros  homme  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

GALDELX  :  Avoir  du  galbe, 
posséder  un  visage  correct 
et  avenant. 

On  dit  d'une  jolie  fille  : 

—  Elle  est  galbeuse. 
Au   superlatif  :    elle  est 

truffée  de  galbe  (Argot  des 
liUes). 

GALETTE  :  Ai^'ent  (Argot 
du  peuple).  V.  Aubert. 

(iALOURET  (En  avoir)  : 
Posséder  une  belle  voix  ou 
crier  bien  fort. 

On  dit  d'un  chanteur 
émérite  : 

—  Il  a  un  rude  galou- 
bet. 

GALTOUZE  :  Argent  (Argot 
du  peuple).  V.  Aubert. 

GALURIN  :  Chapeau. 

On  dit  quand  il  a  une 
hauteur  exagérée  : 

—  Mince  de  galure 
(Argot  du  peuple).  Y. 
Bloum . 

GAMBETTES  :  Jambes. 

—  Elle  est  bien  molle- 
tonnée (montée  en  gam- 
bettes) (Argot  du  peuple). 
V.  Brancards. 


130 


GAM 


GAR 


GAMBILLER  :  Danser. 

Mot  à  mot  :  faire  marcher 

ses  gambettes   (Argot    du 
peuple). 

GAMBILLEUPi:  Danseur  (Ar- 
got du  peuple). 

GAMBIELEUR   DE    TOUR- 
TOUSE  :  Danseur  de  corde. 

Gamùii  1er, dnïi&er,  tow'- 
iouse,  corde. 

Cette  expression  servait 
autrefois  à  désigner  la  cor- 
de employée  par  le  bour- 
reau pour  expédier  ses 
clients  dans  l'autre  monde. 

L'image  est  juste ,  le 
i^.owàiimné  gamhi'lle  au  bout 
de  la  tourtouseJ^kY^aV  des 
voleurs). 

(GAMELLES  :  Seins. 

Les  troupiers,  dans  les 
jardins  publics,  se  placent 
de  préférence  sur  les  bancs, 
à  côté  des  nourrices  qui 
allaitent  leurs  nourrissons. 

Ils  se  pourléchent  les  lè- 
vres à  la  vue  des  nichons 
blancs  et  volumineux. 

—  Mademoiselle,  en  voilà 
un  heureux  gaillard  de 
manger  à  une  pareille  ga- 
melle. 

Quand  il  y  en  a  pour  un, 
il  y  en  a  pour  deusse. 

Le  camarade  se  penche  : 
«  Il  y  en  aurait  bien  pour 
troisse  »  (Argot  des  trou- 
piers). iV. 


GAMELLE  (En  attacher  une)  : 
Quitter  une  femme  avec  la- 
quelle on  est  collé,  sans  la 
prévenir. 

Rendre  son  tablier  sans 
faire  ses  huit  jours  (Argot 
du  peuple). 

GANGE  :  Bande. 

Association  de  malfai- 
teurs (Argot  des.  voleurs). 

GANDIN  D'ALTÈQUE  : 

Homme  décoré  d'un  ruban 
quelconque. 

Homme  portant  une  par- 
ticule (Argot  du  peuple). 

GANTS  (Pour  mes)  :  Pour- 
boire sous  quelque  forme 
que  ce  soit. 

Cette  expression,  néan- 
moins, est  plus  générale- 
ment employée  pour  les 
tilles  qui  réclament  un  sup- 
plément au  prix  con  verni. 

Gant  est  synonyme  d'r- 
pingle   (Argot  des  filles) 

GANTER  :  Il  ou  elle  me 
gante. 

Synonyme  de  chausse. 

— Cethomme  me  gante, 
il  a  une  rude  pointure. 

Pas  d'explications  su- 
perflues  (Argot  des  filles). 

GARÇON  :  Les  hôtes  habi- 
tuels des  prisons  appellent 
garçon  un  voleur. 

Le  garçon  de  campagne 
est  un  vol  ur  de  grand  che- 
min,  qui  a  pour    spécialité 


(;ar 


GAT 


131 


(le  dévaliser  les  garnaff'es. 
V.  ce  mol  l'Argot  «les   vo- 

lriii'>>. 

CARDl':  NATIONAL  :  l'a(itiel 
(le  couennes. 

On  dit  aussi  «tewi/d'épée, 
Allusion  à  la  forme  (Argot 
des  charcutiers). 

(VliDE    NATIONALK    (En 

I  Ire)  :  Fennne  pour  femme 
Argot  des  filles).  V.  Ac- 
■ouplées. 

MIE  A  FAFFl.AUDS  : 

Uureau. 

Allusion  à  Tutilité  de  ce 
meuble  pour  garer  ses  pa- 
piers. 

Garer,  seri-ei-,  faf/lards 
papiers  (Argot  des  voleurs), 

(VKER  SON  PITON  :  Mettre 
-on  nez  à  Tahri  des  coups 
•  pi'il  pourrait  r.'cevoir. 

Cette  précaution  est  né- 
cessaire dans  les  quartiers 
excentriques  où  les  soute- 
neurs mangent  sans  l'aire  de 
iaçon,  le  piton  du  bour- 
geois qui  n'apprécie  pas  les 
charmes  de  leurs  mar- 
mites. 

Avant  l'annexion  de  la 
banlieue  à  Paris,  Belleville 
et  la  Villette  étaient  renom- 
més pour  ce  genre  d'exer- 
cice (Argot  des  soute- 
neurs). 

IGAMELLE  :   Le  gosier. 

C'est    une     très    vieille 

^jipression  qui  a  été  rem- 


placée par  celles  plus  mo- 
dernes de  dalle,  sifflet 
cmiloir  (Arçot  du  peuple). 

(JARCOINE  :  La  bouche. 

Par  abréviation  :  la  gar- 
gue. 

Quehpies  -  uns  écrivent 
gargouenne  (Argot  du 
peuple).  V.  Affamée. 

CARCOTER  :  Cuisinière  qui 
rate  tous  ses  ragoûts. 

Mot  à  mot  :  faire  de  la 
mauvaise  cuisine,  de  la 
gargote. 

Gargoter  un  travail  ou 
le  savater,  le  gâcher  en 
mi  mot  (Argot  du  peuple). 

C  ARC  LE  :  La  bouche  (Argot 
du  peuple). 

CATE-SAUCE  :  Gar(.on  pâ- 
tissier. A.  D. 

Gàte-sauceno.  s'emploie 
pas  exclusivement  pour 
désigner  un  garçon  pâtis- 
sier, cette  expression  s'ap- 
plique à  tous   les   métiers. 

Dire  à  un  mari  qu'il  est 
cocu  et  troubler  la  félicité 
des  amants,  c'est  gâter  la 
sauce. 

Quand  un  commissaire 
de  police  tombe  comme  un 
aréolithe  au  milieu  d'un 
tripot,  la  sauce  est  gâtée 
pour  les  joueurs. 

Dans  le  peuple,  de  tout, 
ce  qui  va  mal,  la  sauce 
se  gâte. 

Le   synonyme  est    :    ça 


132 


G  EN 


(iJ-:R 


tourne   au  vinaigre    (Ar- 
got du  peuple). 

GAULES    DE     SCriTAilI)  : 

Barreau  de  prison. 

Gaule  :  allusion  à  la  ri- 
gidité du  fer  (Argot  des 
voleurs). 

GAU    PICANDI    :    Pou    qui 

pique. 

Quand  il  j)rovoque  des 
démangeaisons  trop  vives, 
({M^W  jpique  trop  fort,  comme 
aux  joiu's  d'orages,  par 
exemple,  pour  s'en  débar- 
rasser on  le  tue  ;  cela  s'ap- 
pelle :  basourdir  un  gau 
(Argot  du  peuple). 

GAVIOT  :  Le  gosier. 

Serrer  le  gaviot  :  faire 
passer  le  goût  du  pain. 

Mot  à  mot  :  étrangler  un 
individu  (Argot  du  peuple). 
V.  Qîci-Qui. 

GAYE  :  Cheval. 

Quand  le  cheval  est  vi( 
on  dit  qu'il  est  une  rc 
(Argot  des  maquignons). 

GENDARME  :  Fer  à  repas- 
ser. 

Gendarme  est  le  nom 
du  fiibricant  le  plus  re- 
nommé (Argot  des  blanchis- 
seuses). 

GÊNE  :  Malheureux  momen- 
tanément, embarrassé  dans 
ses  affaires. 


ieux 

'osse 


Gêné  dans  ses  en  tour- 
nures :  être  habillé  trop 
étroitement. 

GVw^f  par  quelqu'un  :  n'a- 
voir pas  ses  coudées  fran- 
ches, être  tenu  en  laisse. 

Gêné  :  être  mal  à  l'aise 
dans  un  milieu  auquel  on 
n'est  pas  habitué. 

Dans  le  peuple,  gêné  a 
une  signification  toute  dif- 
férente. 

Quand  une  femme  a  un 
amant,  elle  lui  dit  au  mo- 
ment psychologique  : 

—    Fais     comme    mon 

mari,   gêne -toi (Argot 

du  peuple).  N. 

GÉNÉRAL  PAYÉ  :  Les  filles 
publiques  qui  arpentent  les 
rues  du  malin  au  soir  à  la 
recherche  de  clients  sont 
entretenues  par  ce  général, 
qui  est  souvent  bien  dur 
pour  elles. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got du  peuple).  N- 

GERBE  :  Prison. 

Gerbe  :  condamné. 

Gerbe  à  vioc  :  être  con- 
damné aux  travaux  forcés 
à  perpétuité. 

Gerbe  à  la  passe  :  con- 
damné à  mort  (Argot  Ac^ 
voleurs). 

GERBIER  :  président  de  la 
Cour  d'assises  (Argot  des 
voleurs). 


GIG 


GIL 


133 


CKBCE  :  Feiiiine  (Arj^ol  du 
peuple). 

CKUMLNVSEll:  Membre  (l'un 
cercle  catholique  qui  cher- 
che à  pénélier  dans  un 
centre  ouvrier. 

La  conchunnation  qui 
frappa  un  personnage  cé- 
lèbre reconnu  coupable  d'un 
délit, qui  n'était  assurément 
([u'un  acte  de  folie  erotique 
a  donné  uaissance  à  cette 
expression  devenue  popu- 
laire (Argot  du  peuple). 

CIBKLOTTK  DE  (;OUT- 
TIÈHE  :  Il  existe  des  in- 
dustriels qui,  la  nuit,  vont 
chasser  les  chais  ! 

Ils  les  fourrent  dans  un 
sac  de  toile,  les  dépouil- 
lent, ])uis  les  vendent  aux 
restaui'aleurs  de  bas-étage 
qui  les  transforment  en 
lapin  sauté  ou  en  lapin 
chasseur. 

Ils  les  préparent  plus 
parliculièrement  en  gibe- 
lotte parce  que  le  vin  et  les 
épices  atténuent  un  peu 
l'odeur  sauvage  du  chat- 
lapin  . 

Dans  les  portions  servies 
au  public,  jamais  il  n'y  a  de 
tète  ;  elle  ferait  reconnaître 
facilement  la  nature  du 
lapin  {kv^oi  du  peuple). 

(ilGOLETTE  :  Fille  des  fau- 
bourgs qui,  à  l'âge  ou  les 
autres  vont  encore  à  l'école, 


a  déjà  jeté  son  IrhuicI  par 
dessus  la  Tour  Eillel. 

La  (jigolelte  travaille 
pour  l'amour  de  l'art. 

(iOnnmî  elle  fré<piente  les 
bals  publics  où  elle  yigotle 
avec  frénésie,  l'expression 
gigolette  est  indiquée  (Ar- 
got du  peuple). 

(iUîOLO  :  L'amoureux  de  la 
gigolette.  Un  vieux  re- 
frain très  po[)uIaire,  dit  : 

Si  tu  veux  être  ma  gigolette 
Moi,  je  serai  ton  gigoio. 

Gigolo  s'aj)plique  aussi 
à   un  individu  peu  ainiable. 

—  Qu'est-ce  qui  nous 
a  foutu  un  gigolo  aussi  bas- 
siiiant  (pie  toi  (Argot  du 
peuple). 

GKjOTS  :  Les  cuisses. 

—  Mon  cher  elle  a  des 

gigots  épastrouillants , 
c'est  de  la  bidoche  première 
catégorie  (Argot  du  peuple). 
V.  Boudinots. 

GIBIER  DE  POTENCE  :  Fi- 
lou, voleur,  souteneur  ;  tous  • 
ceux  qui,  en  un'  mot,  se 
mettent  en  dehors  des  lois 
et  sont  justiciables  de  la 
planche  à  pain  ou  du 
carré  des  petites  gerbes 
(Argot  du  peuple). 

GILET  :  La  poitrine. 

On  dit  d'une  fenune  qui 
en  possède  une  copieuse  : 

—  La  nature  à  rien  été 


134 


GIR 


GLA 


généreuse,   ])W^   àonc    le 
bath  devant  de  gilet. 
Oii  dit  également  : 

—  Elle  a  un  rude  plas- 
tron. 

Cela  a  donné  naissance 
à  un  jeu  de  mois  que  les 
farceurs  ne  manquent  jamais 
de  faire.  A  Tépoque  des 
éleclions,  ils  arrêtent  une 
fille  dans  la  rue  et  lui  de- 
mandent : 

—  Mademoiselle,  pour 
qui  vos  tétons'^ 

Une  autre  plaisanterie 
est  encore  commune  : 

— Mademoiselle  qu'avez- 
vous  donc  dans  votre  cor- 
set ? 

—  Du  foin  pour  amuser 
les  ânes?  (Argot  du  peuple). 
N. 

CINGLARD,  GUINGLET  ou 
REGINGLARD  :  Petit  vin 
aigre,   il  faut  se  crampon- 
ner à  la  table  pour  le  boire. 
Une  vieille  chanson  dit  : 

C'est  un  nectar,    un  vrai  chas- 

I  selas 

Ça  vous  coupe  la  gueule  à  quinze 

I  pas. 

Ce  petit  vin  tire  son  nom 
d'un  clos  très  ancien  qui 
était  situe  sur  les  hauteurs 
du  Mesnil-Montant  :  il  ap- 
partenait au  XVI'^  siècle  à 
un  nommé  Guinguet  (Argot 
du  peuple).  N' 

GIROFLÉE  A  CINQ  FEUIL- 
LES :  Gide. 


Allusion  aux  cinq  doigts 
(Argot  du  peuple).  V.  Sal- 
sifits. 

GIROLLE  :  Soit,  volontiers, 
je  marche. 

Par  abréviation  on  dit 
simplement  : 

—  Gy,  mon  ange  (Argot 
des  voleurs). 

GIRONDE  :  Relie  fennue. 
Le  souteneur  qui  se  la- 
men le  lorsqu'elle  vieillit,  lui 
chante  : 

Dans    ce    temps-là  t'étais    rien 

I  gironde. 

Maint'nant   tu  toquardes  de   la 

I  frime 

T'es  comme  une  planche  tou- 

j  jours  en  bombe, 

T'es  même  des  mois  sans  chan- 

I  ger  de  lime. 

(Argot  des  souteneurs). 

GIVERNEUR  :  Vagabond  ha- 
bitué des  refuges  munici- 
paux et  de  la  bouchée  de 
pain. 

Quand  le  giverneur  ne 
trouve  ])as  à  coucher,  il 
file  la  comète  (Argot  des 
voleurs) . 

GLACE  :  Verre. 

On  dit  également  glacis. 

—  Allons-nous  sucer  un 
glacis  ?  (Argot  du  peuple). 

GLAVIOT  :  Crachat. 

Un  poitrinaire  qin  crac/ie 
ses  poumons  lâche  son  gla- 
viot. 

Dans    les   ateliers,    par 


GLr 


GNO 


435 


plaisanterie,  on  compte  les 
glaciots  ;  arrivés  à  onze, 
les  ouvriers,  sans  pitié,  di- 
sent an  malheureux  : 

—  Il  n'en  faut  plus  qu'un 
pour  faire  la  douzaine  de 
Portugaises. 

Pas  ragoûtant  pour  les 
amateurs  d'huîtres  (Argot 
du  peuple).  N. 

GLlERrLe  diable. 

Quand  quelqu'un  vous 
ciubèle  par  trop,  on  dit 
(huis  le  peuple  : 

—  Va-L'en  aux  cinq 
icnis  diables, 

—  Que  le  diable  t'em- 
porte. 

—  Que  le  diable  te  pa- 
tafiole. 

Dans  le  monde  des  pri- 
sons on  dit  : 

—  Que  le  glier  Venta  le 
en  son  patelin. 

Patelin  (l'enfer)  ,  le 
pays  du  diable  (Argot  des 
voleurs). 

GLISSER  (Se  laisser)  :  ^Mou- 
rir (Argot  du  peuple). 

GLOBE  :  La  tête. 

Allusion  de  forme  (Argot 
des  voleurs). 

t;  LU  AU  I  Lâcher  son)  :  Débal- 
ler. 

Pisser  son  gluau  :  ac- 
coucher. 

Allusion  à  l'aspect  gélati- 
neux du  nouveau-né  (Argot 
du  peuple). 


GLUAU  (En  poser  un): 
Quand  les  agents  tendent 
un  piège  pour  prendre  des 
voleurs,  ils  posent  un 
gluau. 

Allusion  au  chasseur  qui 
pose  des  gluaux  dans  les 
arlires  pour  prendre  les  pe- 
tits oiseaux. 

—  Ne  va  pas  rôder  avec 
la  fine,  vous  allez  vous 
faire  poser  un  gluau. 

Mot  à  mot  :  ne  va  pas 
avec  l"s  autres,  vous  allez 
vous  faire  mettre  en  prison 
(Argot  des  voleurs). 

GNIAF  :  Plusieurs  degrés  au- 
dessous  du  savetier. 

On  apj)elle  gniaf  tout 
individu  qui  gâte  un  ou- 
vrage 

Se  conduire  comme  un 
gniaf  :  commettre  des 
bassesses  (Argot  du  peu- 
pie). 

(;MAFFERIE  (En  faire  une): 
Faire  une  malpropreté  à  un 
camarade. 

Mot  à  mot  :  se  conduire 
vis  à  vis  de  lui  comme  un 
goujat. 

GNIASou  GNIASSE:  Soi- 
même. 

—  Pas  mèche  de  me 
gerber,  il  n'y  a  que  7iib  sur 
mon  gniasse  (Argot  des 
voleurs) 

GNOLLE  ou  GNOLE  :  Imbé- 
cile aussi  niais  qu'il  est 
possible  de  l'être, 


13G 


CxOR 


GOR 


—  Si  ton  point  de  côté 
savait  que  nous  pagnotons 
ensemble,  il  te  carderait 
le  cuir. 

—  Y  a  pas  de  pet,  il  est 
trop  gnolle,  il  a  de  la 
merde  dans  les  chasses 
(Argot  du  peuple). 

GNON  :  Donner  un  coup  ou 
le  recevoir. 

—  Ce  pauvre  Léon,  il 
est  crapsé  du  gnon  que 
lui  a  foutu  sa  poi^ffiace 
(Argot  des  souteneurs). 

(;N0UGN01JTTE  :  Cette  ex- 
pression est  employée  par 
les  filles  dont  ce  n'esl  pas 
la  profession  (Vaimer  à 
crédit. 

Pas  de  galette,  pas  de 
gnougnoutte. 

L'expression  est  claire  : 
pas  d'argent,  pas  de  viande 
(Argot  des  fdles). 

GOBE  MOUCIIP:  :  Planeur 
(|ui  s'arrête  à  chaque  bou- 
tique. 

Allusion  à  ce  qu'il  bait/e 
ébahi  (Argot  du  peuple). 

GOBE-SON  :  Le  calice. 

A  l'élévation  le  prêtre 
gobe  son  hostie  (Argot  des 
voleurs).  V.  Baignoire  à 
J)ondieu. 

GOBER  :  Aimer  quelqu'un. 
Gober  :    croire  à    quel- 
cjue    chose,    même   à    une 
chose  fausse. 


GOBER  LA  CHÈVRE  :  Être 
furieux  d'une  chose  qui  va 
de  travers. 

On  dit  aussi  pour  ex- 
primer la  même  idée  : 
bouffer  son  bœuf 

Ce  que  font  souvent  les 
typographes  quand  les  cas- 
ses sont  embrouillées  et 
que  les  lettres  de  différents 
corps  y  sont  mélangés. 

Rs  gobent  aussi  la  chè- 
vre quand  un  auteur  méti- 
culeux, qui  ne  connaît  pas 
le  métier,  se  mêle  de  leur 
donner  des  conseils  (Argot 
d'imprimerie).   , 

GOBER  la  pilule. 

Gober  une  aventure  ex- 
traordinaire. 

Gober  (se)  :  s'imaginer 
valoir  plus  que  les  autres 
(Argot  du  peuple). 

GORET  :  Morceau  de  viande, 
bœuf  ou  mouton  entier. 

—  Je  ne  veux  pas  de 
cette  viande  coupée,  elle  a 
été  tripotée. 

—  Je  vais  vous  en  cou- 
per dans  un  gobet,  répond 
le  boucher  (Argot  des  bou- 
chers). 

GOBEÏTE:  Gobelet  de  fer- 
blanc  qui  mesure  33  centi- 
litres. 

Ce  gobelet  sert  aux  dé- 
tenus dans  les  prisons  pour 
prendre  une  ration  de  vin 
à  la  cantine  où  ils  ont  droit 


GOD 


GOl 


137 


c'est  prendre  une   tournée 
chez  le   marchand   de    vin 


à  trois   (johetles  par  jour, 
en  payant,  i)ien  enlenihi. 

Passer    à   la   gohelte, 

st  prench'e 

îz  le   marc! 
(Argot  des  voleurs).  N. 

r.OBEUR  :  Individu  qui  avale 
tout,  même  les  bourdes  les 
plus  impossibles  (Argot  du 
peuple). 

GODAILLER  :  Courir  les  ca- 
barets. 

Ce  verbe  est  un  souvenir 
de  l'occupation  de  Paris 
par  les  Anglais,  amateurs 
de  good  aie.  A.  Z>. 

Godailler  est  synonyme 
d'èlre  en  'patrouille  et 
aussi  de  flâner. 

Manquer  un  travail,  c'est 
le  fjodailler. 

Godailler,  c'est  ne  ja- 
mais se  trouver  bien  nulle 
part. 

—  On  n'en  fera  jamais 
rien,  c'est  un  mauvais  ou- 
vrier, il  godaille  sans 
cesse  (Argot  du  peuple).  iV^. 

GODAN  (Donner  dans  le)  : 
Croire  à  un  mensonge. 

Synonyme  de  couper 
dans  le  pont  (Argot  du 
peuple). 

GODAN  (Le  connaître)  : 
Éventer  le  mensonge  et  ne 
pas  se  laisser  tromper  (Ar- 
got du  peuple). 

GODETS:  Les  yeux    (Argot 


des  vohîurs),  V.  Boule  de 
loto. 

GODILLER  :  Se  réjouir,  être 
content.  A.  D. 

Godiller  veut  dire  con- 
voiter une  fenmie. 

Ce  couplet  de  la  célèbre 
chanson  d'Alphonse  du 
Gros  Caillou  me  dispen- 
sera   d'explication  : 

Pourtant,    des   fois,   fallait 

I  être  solide 

Le  15  août,  Tète  de  l'empe- 

I  reur. 

C'était  chez  nous  tout  rem- 

I  pli  d'invalides, 

De  fantassins,  de   dragons, 

I  d'artilleurs, 

Dame!  Ce    jour-là,    ce  que 

I  le  soldat  (^oc^/Y^e! 

Eh  bien  tout  ça  sortait  con- 

.    I  tent  de  chez  nous 

r  Godille  vient  du  mot  an- 
cien gaudille  (Argot  du 
peuple). 

GODINETTE  :  Grisette. 

Elle  gode  pour  tous  les 
hommes  (Argot  du  peuple). 

GOGUENOT  :  Pot  de   cham- 
bre. 

Le  locataire  de  la  table 
de  nuit  (Argot  du  peuple). 

GOINFRE  :    Gourmand     qui 
mange  à  en  crever. 

On  dit  aussi  :  goulaffe 
(Argot  du  peuple). 

GOINFRE:  Chantre. 

Sans  doute  parce  qu'ils 
ouvrent,  pour  chanter,  des 

5 


138 


GOU 


GOU 


bouches  aussi  grandes   que 
des  fours. 

On  y  engamerait  un 
pain  de  deux  livres  (Argot 
des  voleurs).  N. 

GOLGOTHE  :  Martyr  imagi- 
naire. 

Ceux  qui  sont  atteints  du 
délire  de  la  persécution  gol- 
gothent  sans  cesse  (Argot 
du  peuple) . 

GONCE,  GONCIER  :  Bour- 
geois facile  à  tromper  (Argot 
des  voleurs). 

GONDOLER  (Se)  :  Se  tordre 
de  rire. 

Riro  à  s'en  mordre  l'œil. 

C'est  gondolant  (Argot 
du  peuple).  N- 

GONGONNER  :  Terme  em- 
ployé dans  les  ménages 
d'ouvriers  lyonnais  et  aussi 
par  Gnaff'ron  dans  les  Gui- 
gnols : 

—  Ma  vieille  colombe 
go7igonne  toujours  quand  je 
licàe  une  chopine. 

—  Tais-toi  donc,  vieux 
g  on  g  on. 

Gongonner,  synonyme 
de  bougonner  et  de  o^on- 
chonner  (Argot  du  peuple). 
N. 

GOUALER  :  Chanter. 

On   se  souvient    de  la 
goualeuse    des  Mystères 
de  Paris. 
La  goualante   signifiant 


chanson,  la  chanter,  goua- 
1er,  cela  va  de  soi  (Argot 
du  peuple). 

GOUAPEUR  :  Individu  qui 
ne  travaille  jamais  (Argot 
du  peuple).   V.   Loupeur. 

GOUGNOTTE  :  Femme  qui 
déleste  les  hommes  et  qui 
a  des  mœurs  à  part. 

On  dit  aussi  gousse  (Ar- 
got des  filles).  V.  Accou- 
plées. 

GOULU  :  Dévorer  ses  ali- 
ments (Argot  du  peuple). 
V.  Bajfrer. 

GOUPINER  :  Voler. 

On  applique  également 
ce  mot  à  quelqu'un  de  mal 
babdlé. 

—Est-il  goiipinét  (Argot 
des  voleurs). 

GOUPINEURS  :  Voleurs  qui 
ont  la  spécialité  de  dévali- 
ser les  pochards  qui  s'en- 
dorment sur  la  voie  pu- 
blique. 

Ils  goupinent  les  pro- 
fondes (Argot  des  voleurs). 

GOUPLL\E:  Litre  de  vin. 
—  C'est  pas  malin  que 
nous  étions  chlasse  ;  à  qua- 
tre, nous  avons  étranglé 
douze  gouplines  de  gin- 
glard  à  Charonne,  au  Pe- 
tit Bonhomme  qui  chie 
(Argot  du  peuple).  N. 


GRA 


GRA 


139 


(iOURDE  :  Homme  pàleux, 
paysan  mal  dégrossi. 

Au  superhilif  :  crème 
de  gourde  (Argot  du  peu- 
ple).A^. 

(iOURDIFFLOT  :  Petite 
gourde  (Argot  du  peuple). 

(iOUREURS  :  Les  goureiirs 
sont  des  individus  qui  se 
déguisent  en  marins  étran- 
gers venant  des  pays  loin- 
tains. 

Ils  offrent  au  public  des 
marchandises  qu'ils  ont  soi- 
disant  rapportées  de  l'Inde 
ou  de  la  Perse,  et  qui  pro- 
viennent tout  bonnement 
d'un  bazar  quelconque  (Ar- 
got des  voleurs). 

(;0U\  ERNEMENT  :  Ëpée  à 
l'École  Polytechnique.  A. 
J). 

Gouvernement  :  La 
femme  dans  les  ménages 
d'ouvriers. 

—  Mon  vieux,  pas  Wî^c/^^ 
d'aller  gouaper  avec  toi, 
mon  gouvernement  est  tel- 
lement rosse  que  je  serais 
engtieiilé  toute  la  semaine 
(Argot  du  peuple).  N. 

GRAILLON  :  Cuisinière,  la- 
veuse de  vaisselle. 

Fille  sale  qui  pue  la 
mauvaise  graisse  (Argot  du 
peuple). 

(iRAILLONNEUSE  :   Ména- 


gère qui  va  laver  acciden- 
tellement son  linge  au  lavoir 
(Argot  des  blanchisseuses). 
V.  Baquet. 

GRAISSER  :  Je  vais  dégrais- 
ser, te  battre. 

Graisser  les  poches  de 
quelqu'un:  y  mettre  de  l'ar- 
gent. 

Graisser  sa  femme  :  allu- 
sion au  graissage  de  l'es- 
sieu pour  que  la  voiture 
roule  mieux  (Argotdes  sou- 
teneurs) . 

GRAISSER  LES  ROTTES  : 
Mourir.  L.  L. 

Graisser  les  hottes  : 
l'exlrème-onction. 

Mot  à  mot  :  graisser  les 
hottes  pour  le  voyage  loin- 
tain (Argot  du  peuple).  N. 

GRAND  PRÉ  (Le)  :  Ragne. 
Les  voleurs,  autrefois, 
appelaient  ainsi  Toulon  et 
Rrest  ;  depuis  ils  disent  la 
Nouvelle  (Argot  des  vo- 
leurs). 

GRAND     RESSORT    :     Le 

cœur. 

C'est  en  effet  le  grand 
ressort  de  la  vie. 

Quand  un  individu  meurt 
on  dit:  le  grand  ressort 
est  cassé  (Argot du  peuple). 

GRAS  (Il  y  a)  :  Il  y  a  beau- 
coup d'argent. 

—  Nous  pouvons    net- 


liO 


GRA 


GRE 


loyer  le  gonce,  il  y  a  gras 
flans  sa  cambrousse. 

C'est  de  cette  expression, 
gras,  qu'est  née  celle  de 
dégraisseur  (le  gai^-on  de 
banque),  pour  exprimer 
qu'il  enlève  le  gras  (Argot 
des  voleurs).  N- 

GliAS  DOUBLE:  Ploml) (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Li- 
mousinier. 

GRATIN  :  Il  y  a  du  gratin, 
il  y  a  de  quoi. 

Il  est  gratin  :  il  est  à  la 
mode. 

Pour  un  homme  du 
monde,  on  dit  :  C'est  un 
homme  du  gratift. 

On  traduit  dans  le  peu- 
ple :  persomia  grata  par 
personne  gratinée,  àw  gra- 
tin. 

Les  moutards  préfèrent 
manger  le  gratin  qui  s'at- 
tache à  la  casserole,  quand 
la  mère  prépare  la  bouillie 
du  petit  frère  (Argot  du 
peuple).  N- 

CHATOUILLE:  La  gale  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Char- 
mante. 

CHATTE-CUL  :  Vieille  femme 
repoussante,  laide  à  faire 
peur. 

—  Elle  est  laide  comme 
un  cul  gratté  à  deux 
mains  (Argot  du  peuple). 

GRATTE-PAPIER  :  Employé 


aux  écritures  (Argot  du 
peuple).  V.  Chieur  d'en- 
cre. 

GRATTE  (En  faire)  :  Chiper 
sa  patronne  en  majorant  les 
achats  (Argot  du  peuple). 
V.  Gratter. 

GRATTER:  Rattrequelqu'un. 

—  .levais  \ç^  gratter. 
Gratter  :  prendre,  gra- 

piller  sur  tout  pour  gros- 
sir son  lopin  (Argot  du 
peuple). 

GRATTER    LA    COUENNE 

(Se  faire)  :  Se  faire  raser 
(Argot  du  peuple). 

GREFFER  :  Attendre  (Argot 
des  voleurs). 

GREFFIER  :  Chat  (Argot  ihi 
peuple). 

GRÊLE  :  Patron. 

II  tombe  souvent  sur  le 
dos  des  ouvriers  comme  hi 
grêle  sur  les  vignes. 

—  Attention,  gare  la 
g7'êle. 

Signal  pour  prévenir  les 
camarades  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

GRELOT  :  La  voix  (Argot 
du  peuple).  V.  Affaler  son 
grelot. 

GRENADIER  :  Pou  énorme. 

Allusion    à    l'expression 

populaire    qui      dit     d'un 


(iH[ 


(;ri 


141 


(Mifanl  poiiilU'ux  :   il   a  une 
rude  i^arnison. 

Grenadier  :  pou  d'élite. 
(^ Argot  du  peu[)le). 

GRENAFE  :  Grange. 

Les  Hiondiaiits  qui  voya- 
i^^ent  couchent  <lans  les  yre- 
?iafes. 

Cela  vient  de  ce  que  la 
grange  abrite  les  gre- 
iiail/es  (Argot  des  voleurs). 

(.liENOUïLLE  :  Femme  de 
rien  (Argot  du  peuple). 

(.lUACIIES  :  Seaux  qui 
étaient  dans  les  cellules  des 
|>risonniers  et  dans  lesquels 
ils  faisaient  leurs  ordures. 
Ce  ferme  était  employé 
dans  les  prisons  vers  1790; 
on  le  trouve  dans  un  rap- 
port sur  la  Conciergerie, 
adressé  au  roi,  qui  voulait 
détruire  l'horrible  infection 
({ui  empoisonnait  les  mal- 
îieurcux  (Argot  des  pri- 
sons). 

CIllB'LOGE  :  Individu  qui  se 
plaint  lorsqu'il  est  battu 
Argot  des  voleurs). 

(.HILLE  :  Une  affaire  est 
(jrillée  quand  on  n'en  peut 
plus  rien  tirer. 

Un  agent  est  grille  quand 
il  est  démasqué  par  ceux 
qu'il  est  chaîné  de  pour- 
suivre (Argot  des  voleurs). 
V.  BnMé, 


GIÎIEEE  (Jeter  de  la)  :  Ar- 
rêter un  ûidividu  au  nom 
de  la  loi. 

—  11  n'y  a  pas  de  grille 
(il  n'y  a  pas  de  danger) (Ar- 
got du  peuple). 

GRILLEUSES  DE  BLANC  : 

Les  repasseuses  sont  sou- 
vent distraites  par  les  pas- 
sants qui  admirent  leurs 
bras  blancs  ;  alors,  si  le  fer 
est  trop  chaud,  tant  pis 
pour  la  chemise  elle  est 
grillée  (Argot  du  peuple). 

GRIMPANT:  Pantalon  (Argot 
«lu  peuple).  Y.  Falzar. 

GRINCHE  :  Voler  (Argot  des 
voleurs). 

GRINClllSSEUR  :  Voleur 
(Ai^ot  des  voleurs). 

GRINCIIISSEUSE  A  LA  MI- 
TAINE :  Voler  avec  les 
pieds. 

La  voleuse  laisse  tomler 
un  objet  qu'elle  cache  pres- 
tement dans  son  soulier 
sans  empeigne  (Argot  des 
voleurs). 

GRINGALE  :  Pain  (Argot  des 
voleurs).  V.  Bricheton. 

GRINGALET  :  Mièvre,  ma- 
lingre, enfant  pas  réussi 
(Argotdu  peuple).  V.  Avor- 
ton. 

GRIPPARD  et  non  Griffard: 


142 


GRI 


GRO 


Chat  (Argot  du  peuple).  V. 

Greffier. 

GRIPPE-SAUCISSES  :  Ap- 
prenti qui  va  cherclier  le 
déjeuner  des  ouvriers  et  qui 
en  chemin  égratigne  un  petit 
morceau  de  chaque  sau- 
cisse (Argot  du  peuple] .  A^. 

GRIPPE-SOIIS  :  Avare  qui 
pousse  sa  passion  jusqu'à  se 
relover  la  nuit  pour  mettre 
un  bouchon  dans  la  douille 
de  son  soufflet  pour  en  éco- 
nomiser le  vent  (Argot  du 
peuple).  N' 

GRIS  COMME  UN  CORDE- 
LIER  :  Saoul  à  n'en  plus 
pouvoir,  incapable  de  re- 
trouver sa  maison  et  être 
obligé  de  s'asseoir  sur  une 
borne  pour  attendre  qu'elle 
passe. 

Gris,  allusion  à  la  cou- 
leur de  la  robe  de  ces  reli- 
gieux (Argot  du  peuple). 

GRISAILLE  :  Sœur  de  cha- 
rité (Argot  des  voleurs). 
V.  Pampine. 

GRISETTE  :  Jeune  tille,  ou- 
vrière plumassière,  fleu- 
riste, modiste  ou  polis- 
seuse qui  lit  la  joie  de  nos 
pères  et  le  désespoir  des 
leurs. 

Depuis  qu'elle  a  passé 
les  ponts,  ce  n'est  plus 
qu'une  vulgaire  cocotte. 


Type  charmant,  grisette  sémLl- 

I  iante, 

Au  frais   minois,    sous  un    pi- 

I  quant  bonnet 

Où    donc    es-tu,    genlille    étu- 

I  diante 

Reine  sans    fard    de    nos  bals 

I  sans  apprêts. 

Ainsi  s'exprime  la  chan- 
son en  vogue  autrefois  au 
quartier  latin  (Argot  du 
peuple). 

GRIVIER  :  Soldat  de  la 
ligne  (Argot  du  peuple).  Y. 
Lignard. 

GROSSE  CULOTTE  :  Ivro- 
gne, beau   parleur.    L.  L. 

Grosse  culotte  est  en- 
core en  usage  dans  les  ate- 
liers de  forgerons. 

C'est  une  expression  con- 
nue. Chez  les  compagnons 
forgerons  depuis  la  création 
du  compagnonnage,  on 
l'applique  à  l'ouvrier  le 
plus  habile  de  la  partie,  à 
celui  qui  était  appelé  à  tinir 
les  grosses  pièces  avant  l'in- 
vention des  marteaux  pi- 
lons. 

Deux  d'entre  eux  furent 
célèbres,  on  s'en  souvient, 
encore  dans  les  ateliers  ; 
ils  se  nommaient  Dany  et 
Pierre  Yirmaitre,  dit  Bour- 
guignon. 

Grosse  culotte  est  tou- 
jours un  terme  consacré 
(Argot  des  ouvriers).  N. 

GROSSES  LÉGUMES:  Gens 
millionnaires,  magistrats 
élevés,  généraux,  etc. 


GUE 


GUE 


143 


Quand,  sous  la  Goin- 
iiiuue,  un  voyou  demandait 
il  être  noninié  général,  à 
outrer  dans  les  grosses  lê- 
ijumes,  il  donnait  pourrai- 
son  qu'une  de  plus  ou  de 
moins  dans  le  las  ça  ne 
paraîtrait  pas  f Argot  du 
(teupltt).  N. 

GROSSES  UtVHKS  :  La  ti- 
nette. 

Allusion  aux  rebords  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

(.liOTTE  :  Prison  (Arçol  des 
voleurs).  V.  Gerbe. 

'^KUE  :  Fille  publique,  jolie 
mais  bête  à  manger  du 
loin. 

De  cette  allusion  est  né 
un  mauvais  caleni  bourg  : 

Les  camelots  crient  :  De- 
mandez V Indicateur  des 
ijrues  de  Paris  pour  rues 
(Argot  du  peuple). 

<.ri::NlLLON  :  Femme  mal 
habillée. 

Traîneuse  des  rues. 
On    dit     aussi  :    vieille 
Huenipe  (Argot  du  peuple). 

(lELLE  EN  CUL  DE 
POLLE  :  Individu  mâle  ou 
l'emell(?  qui  en  faisant  la 
moue  serre  les  lèvres  (Ar- 
got du  peuple) . 

(.lEULE  EN  COLl»  DE 
SABRE  :  Bouclie  léndue 
jusqu'aux  oreilles. 


—  Il  peut  manger  la 
soupe  avec  une  cuiller  à  pot 
(Argot  du  peuple). 

Cl  EULE  D'EAlPEICNE  :  Pa- 
lais babitué  aux  liqueurs 
fortes.  Z.  Z. 

Dans  tous  les  ateliers  de 
de  France,  gueule  d'em- 
peigne signilie  bavard  inta- 
rissable qui  a  le  verbe  haut, 
(pii  gueule  constamment. 

C'est  un  sobi'i(pnt  géné- 
ralement donné  aux  Pari- 
siens qui  Ibnt  partie  du 
compagnonnage  (Argot  du 
peuple).  K. 

(;UETTE  AU  TROU  :  Sage- 
femme  (Argot  du  peuple). 

Cl'EUSARD  :  Rideau  (Argot 
des  voleurs).  N. 

CUEUX  :  Misérable. 

Tout  le  monde  connaît  la 
chanson  de  Déranger  : 

Les  gueux,  les  gueux 
Sont  des  gens  heureux, 
lis  s'aident  entre  eux, 
Vivent  les  gueux  ! 

(Argot  du  peuple). 

GUEUX  :  Coquin,  canaille, 
gredin. 

—  Vous  êtes  un  gueux 
d'avoir  commis  une  aussi 
mauvaise  action  (Argot  du 
peuple) . 

(iCEUX  :  Petit  vase  en  argihï 
<pii  sert  de  chaufferette  aux 
portières  ou  aux  marchandes 
des  halles. 


Ul 


GIJ 


C.Ul 


(Vesl  la  cliaufl'erctte  pii- 
luitive. 

Le  gueux  a  donné  nais- 
sance à  une  plaisanterie 
assez  clrùle. 

A  la  foire  de  Sainl-Ro- 
main,  qui  a  lieu  à  Rouen 
tous  les  ans  le  l^^"  novem- 
bre, une  marchande,  pour 
utiliser  son  feu,  fait  cuire 
des  harengs;  elle  a  son 
gueux  sous  ses  jupons,  un 
gamin  lui  crie  : 

—  lié  ?  la  mère,  tes  ha- 
rengs vont  brûler. 

—  A  pas  peur,  petit,  j'ai 
:eil    c 

peuple). 

GUIBOLLES  :  Jambes  (Argot 
dvi  peuple).  V.  Brancards. 

GUICHES  :  Les  cheveux  que 
les  souteneurs  ramènent  sur 
les  tempes. 

On  dit  aussi  rouffla- 
quettes  (Argot  du  peuple). 


GU1(;NE  a  GAUCHE:  Se  dit 

d'une  personne  qui  louche. 
Dans  le  peuple,  on  dit 
de  celui  qui  est  affligé  d'une 
semblable  infirmité,  qu'il 
trempe  la  soupe  et  renverse 
les  légumes  dans  les  cendres, 
ou  bien  qu'il  regarde  «ii 
Bourgogne  si  la  Champagne 
brûle  (Argot  du  peuple).  X. 

GUINAL  :  Juif  (Argot  des 
voleurs).  Y.  Bout  coupé. 

(iUINCHE  :  Bal  de  barrière 
(Argot  du  peuple). 

GUINCHER  et  non  Guin- 
guer  :  Danser,  fréquenter 
la  gimiche  (Argot  du  peu- 
ple). 

GUITARE  :  Soulïlet  dont  se 
servent  les  plombiers. 

Allusion  de  forme  (Ai"got 
du  peuple). 


HAR 


HIB 


145 


H 


HABIT  A  QUEUE  DE  MO- 
RUE :  Habit  de  soirée. 

Les  pans  ressemblent,  en 
effet,  à  une  queue  de  oiiorue 
(Argot  du  peuple) . 

HABIT  A  QUEUE  DE  PIE  : 

Même   signification    (Même 
ai-got). 

HABILLÉ  DE  SOIE  :  Cochon 
ou  sanglier. 

Allusion  à  la  [)eau  dont 
les  soies  servent  aux  cor- 
donniers pour  préparer  leur 
fil  (Argot  du  peuple). 

HARICOT  VERT  :  Voleur  en 
grande  réputation  dans  le 
monde  des  prisons  (Argot 
des  voleurs). 

HARPE  :  Barreau  de  prison. 


Les  voleurs  disent  plus 
connnunément  d'un  prison- 
nier qui  s'ennuie  : 

—  Il  pince  de  la  guitare 
à  travers  ses  barreaux  (Ar- 
got des  voleurs). 

HAUTOCHER  :  Monter  à  une 
certaine  hauteur. 

—  J'ai  ^aw^0C/^(?  jusqu'au 
sixième  (Argot  des  voleurs). 

HERBE  A  LA  VACHE  :  L'as 
de  trèfle  (Argot  du  peuple). 

HERBE  SAINTE  :  L'absinthe 
(Ai-got  du  peuple). 

HIBOU  :  Voleur  solitaire  qui 
ne  travaille  que  la  nuit  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  At- 
tristée 

y 


146 


HOS 


HUS 


HIRONDELLES  :  Les  mous- 
taches. 

Les  voleurs  emploient 
généralement  l'expression 
plus  caractéristique  d'om- 
ôreuses  (Argot  des  voleurs.) 

HIRONDELLES  D'HIVER  : 

Les  ramoneurs  et  les  mar- 
chands de  marrons. 

Quand  les  hirondelles 
partent  pour  un  climat  plus 
doux,  on  les  voit  arriver 
(Argot  du  peuple). 

HIRONDELLES  DE  POTEN- 
CE :  Les  gendarmes  (Argot 
des  voleurs). 

HIRONDELLES  DU  PONT- 
NEUF  :  Messieurs  les  Gi- 
verneurs  viennent  l'été  cou- 
cher sous  le  pont  ;  ils  y  font 
fréquemment  de  bonnes  ri- 
pailles avec  les  produits 
des  vols  de  la  journée  (Ar- 
got du  peuple). 

HOMELETTE  :  Homme  tout 
petit. 

La  ménagère  n'a  pas  mis 
la  quantité  d'œufs  néces- 
saire (Argot  du  peuple).  N- 

HOSTO  :  Prison  (Argot  des 
voleurs). 


HOTEL  DES  QUATRE  CO- 
LONNES (L')  :  Salle  com- 
mune du  Dépôt  de  la  pré- 
fecture de  police  où  sont 
enfermés  les  prévenus,  vo- 
leurs, souteneurs  et  vaga- 
bonds. 

La  raison  de  ce  nom  est 
que  quatre  colonnes  sup- 
portent les  voûtes  de  cette 
salle  (Argot des  voleurs).  N. 

HUGREiMENT  :  Deaucoup. 
Corruption  de   l'expres- 
sion bougrement ,  qui  signi- 
fie   beaucoup     (Argot    du 
peuple). 

HUMILIÉ  (L')  :  Le  dos. 

On  dit  d'un  homme  qui 
^'humilie  :  il  baisse  le  dos 
(Argot  des  voleurs).  iV- 

HURE  :   La   tête   (Argot  du 
peuple).  V*  Tro7iche. 

HUS -MUS  :    Grand    merci 
(Argot  des  voleurs). 

HUSSARDS  DE  LA  VEUVE  : 

Les  gendarmes  ou  la  garde 
républicaine  qui  entourent 
l'échafaud  les  matins  où  l'on 
exécute  un  condamné  à  mort 
(Ai-got  des  voleurs). 


ILP 


IMP 


147 


ICICO  :  Ici. 

On  dit  aussi  icicaiUe. 
Icicaille  est  un  vieux 
mot  français  ;  on  le  trouve 
en  effet  dans  une  édition 
du  Jargon,  imprimée  à 
Troyes,  de  1686  à  1711. 

Icicaille  est  le  théâtre 
Du  petit  Dardant. 

On  avait  attribué  cet 
opuscule  à  Cartouche,  le 
célèbre  voleur,  mais  M.Mar- 
cel Schwob  détruit  cette  lé- 
gende. 

Il  faut  croire  que  les  vo- 
leurs ont  le  respect  de  la 
tradition,  puisque  le  mot 
icicaille  est  encore  en 
usage  (Argot  des  voleurs). 

IL  PLEUT  :  Quand  un  étran- 


ger pénèlre  dans  un  atelier 
de  compositeurs-  typogra-- 
phes,  les  ouvriers  crient  : 
il  pleut  pour  avertir. 

Il  pleut  veut  dire  :  si- 
lence. 

Ce  mot  est  en  usage  chez 
les  forains  ;  quand  un  pitre 
allonge  par  trop  son  boni- 
ment,   le   patron    lui  dit  : 

—  Ecoute  s'il  pleut  (si- 
lence). 

//  fleut  est  également 
un  terme  ironique,  une 
façon  de  répondre  négati- 
vement à  une  demande  : 

Prête-moi  cent  sous. 

—  Il  pleut. 
(Argot  du  peuple).  N. 

IMPAIR  :  Commettre  un  im- 
pair :  se  couper  dans  un 


148 


INS 


INV 


iuleiTogatoire  vA  dire  ce 
qu'il  ne  faudrait  pas. 

Faire  un  impair  à  quel- 
qu'un, c'est  lui  manquer 
de  respect. 

Impair  :  commettre  une 
faute,  se  tromper  dans  l'ap- 
préciation de  la  valeur 
d'une  aftaire. 

Aller  un  peu  trop  de  l'a- 
vant, c'est  commettre  un 
impair  (Argot  du  peuple). 
N. 

INGONOHRÉ  :     Inconnu    ou 
étranger. 

On  dit  aussi  :  incommau 
bataillon  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

INSEPARABLE:    Cigare    à 
♦     sept  centimes  et  demi. 
Petites  perruches. 
Femmes    qui      s'aiment 
(Argot  du  peuple).  V.  Ac- 
couplée. 

INSINUANT  :  Pharmacien. 
Malgré  l'invention  du  doc- 
teur Eguisier,  qui  permet 
avec  le  petit  appareil  que 
l'on  sait,  d'opérer  seul,  le 
mot  insinuant  est  resté 
pour  caractériser  le  phar- 
macien, descendant  de  l'a- 
pathicaire  Flutencid,  qui 
insinuait  la  canule  de  la 
seringue  dans  le  derrière 
du  malade  (Argot  du  peu- 
ple). 

INSOUMISE  :  Fille  en 
carte   qui    s'allVanchit    vo- 


lontairement de  la  visite 
sanitaire  imposée  par  le 
règlement. 

Les  insoumises  sont  très 
nombreuses  à  Paris  et  for- 
ment la  majeure  partie  du 
personnel  de  la  prostitu- 
tion (Argot  des  filles).  N. 

INSPECTER  LES  PAVÉS  : 

Fille  qui  raccroche  à  la 
jlan  (au  hasard). 

Elle  espère  voir  sui'gir 
des  clients  (Argot  des  tilles). 

INSPIRÉ  :    Le  front  (Ai^ot 

des  voleurs).  N. 

INTERMITTENTE  :  Fennne 
qui  fréquente  par  intervalle 
irrégulier,  suivant  les  be- 
soins de  son  ménage,  les 
maisons  de  rendez-vous  ;  , 
elle  est  toujours  servie 
comme  nouvelle  aux  étran- 
gers (Argot  des  filles) .  N- 
m 

ISOLEE  :  Fille  publique  qui 
travaille  seule  dans  les  rues, 
loin  de  son  quartier,  et 
qui  n'a  pas  de  souteneur. 

Visolée  fait  les  bureaux 
d'omnibus,  les  jardins  pu- 
blics, les  églises  et  les  ci- 
metières. (Argot  des  filles). 


ITALO  :    Abréviation    d'Ita- 
lien (Argot  du  peuple;. 

INVALO  :  Invalide. 

Il  est  k  remarquer  que 


i 


i 


INV  I\V  149 


l'ai^ot  moderne  a  une  len-  Ce  procédé  est  des  plus 

dance  h  transformer  la  finale  simples  ;   il  suffit  de  couper 

de  la  plupart  des  exprès-  le  mot  et  d' v  ajouler  le  suf- 

sions   :    sergent,    sergot\  tixe  o  :    invalide,   invalo 

mendiant,  mendigot  ;  Saint-  (Argot  du  peuple).  A''. 
l.azare,  Sftivt-T/iqo.  etc. 


150 


JAG 


JAC 


JABOT  :  La  gorge. 

Allusion  au  jabot  du  din- 
don. 

Dans  Targot  des  voleurs, 
on  dit  aussi  ^'/«/,  sans  doute 
par  analogie  avec  Vétal  du 
boucher,  sur  lequel  il  passe 
toutes  sortes  de  viandes 
(Argot  des  voleurs) .  N. 

JABOT  (S'arroser  le)  :.  Boire. 

—  Toute  la  tine  s'arrose 

\e Jabot  (Argot  des  voleurs). 


peuple).  V.  Fricadier. 

Jacques  :  mollets  (Argot 
du  peuple).  V.  Jacquots, 

JACQUELINE  :    Grisette. 
—  J'ai  été  promener  ma 


petite  Jacqueline    (Argot 
du  peuple).  A^. 

JACQUOT  :  Niais,  bavard  im- 
portun. A.  D. 

Jacquot  :  mollet  (Ai^ot 
du  peuple).  A". 

JACOBIN  :  Pince  à  l'usage  des 
cambrioleurs  (Argot  des  vo- 
leurs).   V.    Monseigneur. 

N. 

JACTE  :  Crie  (Argot  des  vo- 
leurs). 

JACTER  :  Parler,  crier. 

Si  quelque  pante 

Se  glisse  et  entre 

Et  se  permet 
Chez  nous  de  faire  ^npet 
On  ïsaigne,  on  VfroUe, 
Et  c'est  fini  par  là. 


JAM 


JAV 


151 


S'il  se  caoale  et  jade  dans  la 

I  rue 

Pour  ameuter  tous  les  daims 

I  contre  nous. 

dit   une   des  plus    vieilles 
chansons  d'argot  connue. 

J acier  vient  sûrement 
de  yac^â^;v  (Argot  des  vo- 
leurs] . 

JAFFLES  ou  JAFFES  :  Les 

JOUPS. 

En  Normandie,  on  dit 
îaffe  pour  soufflet  (Argot 
du  peuple). 

JAMBES  EN  L'AIR:  Potence. 
A.D. 

Il  est  vrai  que  le  pendu 
a  les  jmnhes  en  l'air  ;  mais 
le  peuple  ne  donne  pas  du 
tout  le  même  sens  à  celte 
expression  quand  il  dit  : 
faire  une  partie  de  jambes 
en  Vair. 

Généralement  cette  par- 
tie se  joue  sans  témoins. 

Ce  jeu  est  connu  chez 
tous  les  peuples  (Argot  du 
peuple).  iV. 

JAMBES  EN  MANCHE  DE 
VESTE:  Individu  mal  bâti, 
tordu,  qui  festonne  en  mar- 
chant (Argot   du   peuple). 

N. 

JAMBES  DE  LAINE  :  Indi- 
vidu peu  solide  sur  ses 
jambes. 

Quand  un  homme  sort  de 
l'hôpital,  il  a  généralement 


des  jambes  de  laine  :  il  fla- 
geole. 

Autrefois  on  disait,  pour 
exprimer  la  même  image  : 
jambes  de  coton  (Argot  du 
peuple).  iV^. 

JAMBONNEAU  :  Les  cuisses 
(Argot  du  peuple) .  V.  Boii- 
dinots. 

JARDINER  :  Médire  de  quel- 
qu'un, fouiller  dans  sa  vie, 
comme  \çi  jardinier  fouille 
dans  la  terre  pour  en  mettre 
à  jour  les  coins  les  plus  se- 
crets. 

Jardiner  est  synonyme 
de  bêcher  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

JARDINIER  :  Nom  donné  au 
complice  des  voleurs  à  Va- 
méricaine  (Argot  des  vo- 
leurs). 

JARNAFFLEou  JARNAFFE: 

Jarretière  (Argot   des    vo- 
leurs). 

JASANTE  :  Prière. 

—  Y  me  fait  suer  le  rati- 
chon  avec  sa  jasante  en 
lalimpem  (Argot  des  vo- 
leurs). 

JASPINER  :  Signe  convenu 
d'aboyer  sur  la  voie  pu- 
blique pendant  que  des 
complices  dévalisent  les 
poches  des  badauds  (Argot 
des  voleurs). 

J  A  YARD  :  Lin  que  les  pay- 


152 


JES 


JEU 


sans  mettent  en  javelles 
avant  le  rouissage  (Argot 
des  voleurs).  N. 

J'MENFOUTISTE  :  Gens  qui 
se  fouteiil  de  tout  et  de 
tous. 

Cette  catégori'^  devient 
chaque  jour  de  plus  en 
plus  nombreuse. 

—  Que  pensez-vous  de 
la  politique? 

—  J'm'en  fous. 

—  Votre  femme  vous 
trompe. 

—  J'ifrien  fous  (Argot 
du  peuple).  N- 

JE  ME  LA  BRISE:  Je  m'en 
vais. 

Quand  un  individu  vous 
ennuie,  dans  le  peuple  on 
lui  dit  sans  façon  : 

-^  Tu  peux  te  la  briser^ 
il  y  aura  moins  de  perte 
qu'une  pièce  de  vin  (Argot 
(lu  peuple) .  A''. 

J'EN  AI  MON  PIED  :  J'en  ai 
assez. 

Yen  ai  soupe  signifie  la 
même  chose. 

J'ai  soupe  de  ta  fiole, 
de  même. 

Donne-moi  mon  pied 
veut  dire  :  Donnez-moi  ma 
part. 

Ça  ïii\{\Qpied,  synonyme 
de  ça  fait  \ejoi7it  (l'affaire) 
(Argot  des  voleurs).  iV. 

JÉSUITE  :  Dindon. 

Ce  sont  les  jésuites  qui, 


en  1570,  ont  introduit  le 
dindon  en  France  ;  mais 
tous  ceux  qui  ont  été  leurs 
victimes  ne  pensent  pas 
comme  les  voleurs  (Argot 
des  voleurs). 

JÉSUS  :  Jeune  homme  à  l'as- 
pect efféminé,  frisé,  parfu- 
mé, qui  sert  d'appât  pour 
attirer  les  individus  à  pas- 
sions honteuses. 

Souvent  il  travaille  réel- 
lement pour  son  compte 
(Argot  des  voleurs). 

JETER  SON  BONNET  PAR 
DESSUS  LES  MOULINS: 

Traîner  sa  tleur  d'oranger 
dans  les  ruisseaux  (Argot 
du  peuple). 

JETER  UN  FROID:  Au  mi- 
lieu d'une  soirée  joyeuse, 
raconter  une  histoire  ma- 
cabre. 

L'invité  au  maître  de  la 
maison  : 

— ■  Quelle  est  donc  cette 
horrible  femme, laide, vieille, 
sèche  et  revêche  qui  fait 
tapisserie. 

—  C'est  ma  sœur. 

Voilà  qui  s'appelle  jeter 
un  froid  (Argot  du  peuple). 

JEUNE  HOMME  (Avoir  son)  : 
Être     ivre     (Argot     du 
peuple). 

JEUNEHOMME(Suivez-moi): 

Rubans  que  les  femmes 


JOU 


JOU 


153 


laissent  pendre  sur  leur  dos 
(Argot  du  peuple).  iV. 

JONC  :    Or  (Argot  des  vo- 
leurs). 

JONCS  :  Lit  des  prisonniers. 

Allusion    à  la  duret(^  de 

la  paille  des  matelas  (Argot 

des  voleurs).    V.    Plumes 

de  beaxice. 

JONQUILLE  :  Cocu. 

Allusion  à  la  couleur 
jaune  qui  est  l'emblème  des 
prédestinés  (Argot  du  peu- 
pie). 

JORNE  :  Le  jour  (Argot  des 
voleurs).  A^. 

JOSEPH  :  Homme  trop  chaste. 
A.D. 

Joseph^  dans  le  peuple, 
est  le  patron  des  cocus. 

On  ne  dit  pas  :  tu  fais 
ton  Joseph,  mais  bien  :  tti 
es  un  Joseph^  à  celui  qui  a 
assez  de  cornes  sur  la  tête 
pour  alimenter  de  manches 
une  fabrique  de  couteaux 
(Ai^ot  du  peuple).  iV. 

JOSÉPHINE  :  Mijaurée,   bé- 
gueule. A.  D. 

Joséphine  est  le  nom 
donné  à  la  tête  de  carton 
sur  laquelle  les  modistes 
essayent  l'elfet  des  chapeaux 
avant  de  les  ajuster  sur  la 
tète  de  la  cliente  (Argot  du 
peuple).  iV. 

JOUER    A    LA      MAIN 


CHAUDE  :  Être  guillotiné. 

Celte  expression  n'est 
plus  juste,  car,  comme  au- 
trefois, le  condamné  ne 
s'agenouille  plus  pour  re- 
cevoir le  coup  fatal,  il  est 
couché  sur  la  planche. 

On  dit  :  //  fait  la 
planche  (Argot  des  vo- 
leurs). iV". 

JOUER  UN  AIR  DE  VIO- 
LON :  Prisonnier  qui  scie 
les  barreaux  de  sa  cellule 
pour  s'évader  (Argot  des 
voleurs) . 

JOUER  UN  PIED  DE  CO- 
CHON :  Jouer  un  bon  tour 
à  quelqu'un;  s'en  aller,  le 
laisser  en  plan  au  moment 
de  payer  son  écot,  sachant 
qu'il  est  sans  le  sou  (Argot 
du  peuple).  .Y. 

JOUR  DE  LA  SAINT-JEAN- 
BAPTISTE  (Le)  :  Le  jour 
de  l'exécution  d'un  con- 
damné. 

A  la  prison  de  la  Roquette, 
le  jour  d'une  exécution,  les 
prisonniers  ne  descendent 
pas  à  l'atelier  à  l'heure 
réglementaire,  ils  savent  ce 
que  cela  veut  dire  :  c'est  le 
jour  de  la  Saint-Jean- 
Bapiisie  :  on  décolle  un 
copain  (Argot  des  voleurs). 

JOURNAILLE  :  La  journée. 

On  dit    d'un   paresseux 

qu'il  trouve  la  journaille 

9. 


154 


JUG 


JUT 


plus  longue  que  la  queue 
au  pain  (Argot  du  peuple). 

JOURNALISÏESARICHER: 

Les  vidangeurs. 

Cette  expression  vient 
d'un  mauvais  calembour. 

Les  journalistes  pu- 
blient souvent  des  fausses 
nouvelles. 

Les  vidangeurs  recher- 
chent les  fosses  nouvelles 
(Argot  du  peuple).  iV. 

JUDÉE  :    La  préfecture    de 
police. 

Ce  mot  n'est  plus  en 
circulation  depuis  la  démo- 
lition de  la  rue  de  Jérusa- 
lem (Argot  des  voleurs). 

JUGE  DE  PAIX  :  Le  lit. 

Dans  le  peuple,  on  trouve 
qu'après  une  dispute  et 
même  une  bataille,  le  lit 
est  un  instrument  de  rac- 
comodement. 

Cette  expression  vient 
d'une  enseigne  d'un  mar- 
chand de  meubles  établi 
boulevard  de  Belle  ville. 

L'enseigne  figurait  un 
lit  complet,  et  sur  l'oreiller 
placé  au  milieu,  il  y  avait 
cette  inscription  : 

Ai«  tlug-c  de  Paix. 

(Argot  du  peuple).  N. 

JUGE  DE  PAIX  :   Un  cornet 


contenant  trois  dés,  la  par- 
tie qui  se  nomme  Zanzibar 
se  joue  sur  le  comptoir  du 
marchand  de  vins. 

Ce  jeu  est  ainsi  appelé 
parce  qu'il  met  les  joueurs 
d'accord  (Argot  du  peuple). 
N. 

JUGEOTTE  (En  avoir)  : 

Bien  juger  les  choses, 
avoir  wn  jugement  sain  (Ar- 
got du  peuple). 

JULES    :    Pot  de    chambre 
(Argot  du  peuple).  V.  Qo- 


JUS  DE  CHAPEAU:  Mauvais 

café,,  celui  que  les  femmes 
vendent  le  matin  au  coin 
des  rues,  aux  ouvriers  qui 
se  rendent  à  leur  travail. 

Quand  il  pleut  sur  un 
chapeau,  le  jus  a  exacte- 
ment la  couleur  de  ce  café 
(Argot  du  peuple). 

JUTEUX  :  Il  a  du  jus,  il  est 
rupin. 

Une  affaire  e?,i  juteuse, 
quand  elle  donne  beaucoup 
de  bénéfices. 

Tomber  à  l'eau,  c*est 
tomber  dans  \%jus. 

Boire  du  vin,  llcher  un 
coup  de  jus. 

Faire  du  jus^  faire  de 
l'embarras  (Argot  du  peu- 
ple). i\r. 


KAN 


KLÉ 


155 


KANGUROO  (Le  vol  au)  : 
Ce  vol  consiste  à  englou- 
tir les  dentelles  ou  les  cou- 
pons volés  aux  étalages 
dans  une  vaste  poche  dis- 
simulée sous  la  robe  (Ar- 
got des  voleurs). 

KILO  :  Litre  (Argot  du  peu- 
ple). iV. 


KLÉBER  :  Manger. 

Ce  mot  vient  du  russe 
lileh  (manger). 

Nos  soldats  l'ont  rap- 
porté de  la  guerre  de  Cri- 
mée, et  il  est  resté  en  usage 
dans  le  peuple  (Argot  du 
peuple). 


136 


LAC 


LAC 


LAC  (Être  dans  le)  :  Être 
pendu.  L.  L. 

Être  dans  le  lac,  c'est 
ne  plus  rien  avoir  à  espérer, 
être  aussi  bas  que  possi- 
ble. 

Lac,  ici,  est  synonyme 
de  lacet,  être  enlacé,  pris 
par  la  misère,  enserré  dans 
les  filets  d'une  femme  ou 
d'un  usurier,  comme  le 
pauvre  oiseau  dans  le  lac 
du  braconnier  (Argot  du 
peuple).  N' 

LACETS  :  Menottes. 

Le  gendarme  ou  l'agent 
sont  des  marchands  àe. pas- 
se-lacets (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Alliances, 

LACHARD  :  Diamant  de  vi- 
trier (Argot  des  voleurs. 
N. 


LACHER  LA   BONDE  :    Se 

comprend  ded<^ux  manières. 

Lâcher  la  bonde  :  taire 
ses  besoins. 

Lâcher  la  honde  à  son 
tempérament:  donner  cours 
à  sa  violence,  à  son  mau\ais 
caractère. 

Dans  les  ateliers,  quand 
le  contre-coup  gueule  trop 
fort,  on  dit  :  Gare,  il  a  lâ- 
ché sa  honde  (Argot  du 
peuple).  N. 

LACHEZ-MOI  D'UN  CRAN  : 

Allez- vous  en. 

Compliment  peu  flatteur 
fait  habituellement  aux  gens 
qui  vous  importunent. 

On  lâche  sa  ceinture 
d'un  cran  quand  on  a  trop 
mangé. 

On  la  serre  d'un  cran 


LAC 


LAI 


15: 


quand  on  a  faim. 

On  lâche  sa  femme  ou 
sa  maîtresse  d'un  cran 
([uand  elle  est  par  trop  em- 
bêtante. 

Mourir,  c'est  lâcher  la 
vie  d'u7i  cran. 

Quand  un  homme  est 
uiaussade  en  société,  on  lui 
dit  : 

—  Allons,  lâchtz-voiis 
.  d'un  cran,  déboutonnez- 
vous. 

Ce  à  quoi  un  farceur  ré- 
pond .  —  Ah  !  non ,  il  y  a 
des  dames. 

On  dit  aussi  :  remonter 
d'un  cran  dans  l'estime 
du  monde  (Argot  du  peu- 
ple). JSf. 

LACHER   LES  ÉCLUSES  : 

Pisser. 

L'allusion  est  juste,  mal- 
gré que  cela  ne  fasse  pas 
monter  la  Seine. 

On  dit  aussi  :  mon  pan- 
talon ne  tient  pas  l'eau  (Ar- 
got du  peuple).  N- 

LACHER  LA  RAMPE:  Mou- 
rir (Argot  des   serruriers). 

LACHER  SON  GAZ  :  Éter- 
nuer  bruyamment  par  en 
bas. 

Quand  cela  arrive  à  quel- 
qu'un dans  la  rue,  les  ga- 
mins lui  disent  : 

—  Dieu  vous  bénisse  ! 
(Argot  du  peuple).  N' 

LACHER  UNE  TUBÉ- 
REUSE •  Pet  foireux   qui 


répand  une  odeur  qui  ne 
rappelle  pas  précisément  la 
rose  (Argot  du  peuple). 

LACHER  UNE  SOURNOISE: 

Vesser  en  sourdine. 

Pet  avorté  (Argot  (hi 
peuple). 

LACHETON  :  Diamant  de 
vitrier  (Argot  du  peuple). 
V.  Lachard. 

LAFEE  :  Soupe. 

On  dit  aussi  :  mouise, 
tamhouille. 

Les  maçons  disent  mor- 
tier, parce  qu'ils  empilent 
du  pain  dans  le  bol  tant 
qu'il  en  peut  tenir,  ce  qui 
forme  une  pîUée  épaisse  qui 
ressemble  à  du  mortier 
(Argot  du  peuple) .  iV. 

LAISSEZ  PISSER  LE  MÉ- 
RINOS :  Ne  vous  tour- 
mentez pas,  laissez  mar- 
cher les  choses,  elles  vont 
bien. 

Autrefois     on     disait    : 
Laissez  pisser  le  mou- 
ton, ce  qui  est  absolument 
la  même  chose  (Argot  du 
peuple) 

LAISSER  TOMBER  UNE 
PERLE  :  Ces  ;perles-\k  ne 
pourraient  guère  se  mettre 
aux  oreilles  des  dames  car 
elles  n'ont  pas  le  parfum 
de  celles  de  la  gazelle  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Pousser 
sa  moulure. 


158 


LAI 


LAN 


LAIT  A  BRODER  :  Encre. 

Dans  les  prisons,  quand 
le  lazagneur  écrit  une 
lettre  pour  un  camarade,  il 
dit  qu'il  se  sert  du  lait  à 
hrodancher  pour  attendrir 
celui  à  qui  on  écrit. 

Brodancher  pour  bro- 
der. 

Encre  est  ici  une  figure, 
car  souvent  c'est  le  lait 
qui  en  sert. 

Dans  les  prisons  on  sait 
que  toutes  les  lettres  des'dé- 
tenus  adressées  à  des  pa- 
rents ou  à  des  amis  passent 
par  le  greffe. 

Le  greffier  ou  le  direc- 
teur lit  la  lettre  et  si  elle 
ne  contient  rien  de  con- 
traire au  règlement  il  la 
vise  par  ce  signe  :  V . 

Le  plus  grand  souci  des 
prisonniers  est  d'éviter  cette 
formalité  gênante  surtout 
si  la  lettre  est  adressée  à 
un  complice. 

Alors  ils  emploient  le 
lait  pour  écrire  entre  les 
lignes  écrites  à  V encre. 

Pour  cela  il  faut  du  lait 
écrémé  et  du  papier  non 
glacé,  parce  que  l'écriture 
serait  grasse,  brillante  et 
la  supercherie  serait  appa- 
rente. 

Pour  faire  apparaître 
l'écriture  il  suffit  de  frapper 
fortement  la  lettre  avec  un 
chausson  plein  de  pous- 
sière ;   la  poussière  s'atta- 


che aux  caractères  qui  de- 
viennent lisibles. 

Autrefois  dans  les  pri- 
sons on  se  servait  d'oi- 
gnons, mais  le  truc  fut  dé- 
couvert, on  n'en  vend  plus 
dans  les  cantines,  tandis 
que  l'on  y  trouve  du  lait 
(Argot  des  voleurs).  A^. 

LAMPISTRON    :    Lanterne. 

Vient  de  lampiste,  c'est 

le  mot  déformé  (Argot  des 

voleurs),  V.  Brulotte.  N. 

LANCE  :  Eau,  pluie. 

—  Il  tombe  de  la  lance 
à  ne  pas  mettre  un  chien 
dehors. 

Le  peuple  a  emprunté  ce 
mot  à  l'argot  des  voleurs. 

LANCIER    DU    PRÉFET  : 

Balayeur. 

Allusion  au  long  manche 
du  balai  qui  ressemble  à 
celui  de  la  lance  des  lan- 
ciers (Argot  du  peuple). 

LANGUE  DE  CHAT:  Petit 
morceau  de  savon  très 
mince,  en  forme  de  langue 
de  chat,  que  les  vagabonds 
portent  constamment  dans 
leur  poche. 

On  nomme  aussi  langue 
de  chat,  une  sorte  de  petit 
gâteau  sec  que  l'on  mange 
en  buvant  du  thé  (Argot  du 
peuple).  N. 


LAN  SQU  AILLER 

besoins. 


Faire  ses 


LAN 


LAT 


159 


'  ■    viens    de    mettre  clans    un 

I  trou  rond 

({u'uu  jour  avec  impudence 

■  ministre  Thiers  sur  un  bal- 

I  con 

Fit  voir  aux  citoyens  de  France. 

Ce  quatrain  est  de  Gé- 
laril  de  Nerval  (Argot  des 
voleurs). 

I.VXSQUINE  :  Eau.  pluie 
(Argot  du  peuple).  V. 
Zance. 

lANSQUINER:  Pleuvoir. 

—  II  lansquine  à  tor- 
rent. 

Lansquiner  des  chasses: 
Pleurer. 

Ea  pluie  tombe  des  yeux 
(^ Argot  du  peuple). 

LANSQUINEUR:  Petit  men- 
diant qui  fait  semblant  de 
pleurer  à  ehaudes  larmes 
sur  la  voie  publique  pour 
attendrir  les  passants  (Ar- 
got du  peuple). 

LANTERNER  :     Faire    une 

chose  mollement,  accomplir 
un  travail  à  regret  :  lanter- 
ner pour  l'achever. 

Lanterner  :  synonyme 
de  muser  (abréviation  de 
^'amuser).  Marcher  comme 
un  chien  qu'on  fouette  (Ar- 
got du  peuple). 

LANDIER  :  Employé  de  l'oc- 
troi. 

Autrefois,  lorsque  la  foire 
du  landit  battait  son  plein, 


toutes  les  marchandises  de- 
vaient payer  un  droit  fixe, 
des  employés  étaient  pré- 
posés pour  le  percevoir  ;  les 
haudeurs  nombreux  les 
nommaient  les  tandiers. 

Dans  le  [)euple,  on  dit 
des  (jabelous,  en  souvenir 
de  ia  gabelle  (Argot  du 
peuple) . 

r.ANDIÈRE  :  Roulique  do 
marchand  forain. 

Ce  mol  est  également  un 
souvenir  de  la  célèbre  foire 
du  landit  où  les  escholiers 
de  la  rue  du  Fouarre  allaient 
en  procession  s'approvi- 
sionner de  papier. 

Une  chronique  du  temps 
dit  que  la  tète  de  la  colonne 
était  à  la  Plaine-Saint-De- 
nis, alors  que  la  queue  était 
encore  sur  le  parvis  Notre- 
Dame  (Arçot  des  forains). 

LANTIPONNER  :  Synonyme 
de  rasoir  et  de  bassinant. 
Généralement,  les  con- 
cierges passent  leur  temps 
à  lanti'ponner ,  c'est-à- 
dire  à  bavarder  (Argot  du 
peuple). 

LAPIN  (En  poser  un)  :  Pro- 
mettre cinq  louis  à  une 
fdle,  ne  pas  les  lui  donner 
et  lui  faire  son  mouchoir. 

Faire  attendre  quelqu'un 
dans  la  rue  par  dix  degrés 
de  froid  (Argot  des  filles). 


160 


LAR 


LAR 


LAPIN  FERRÉ  :  Gendarme  à 
cheval  (Argot  des  voleurs). 

LAPIN  (Un  rude)  :  Homme 
fort,  un  risque  tout,  en 
tout  et  en  toutes  choses. 

Dans  le  peuple,  une 
lenuiie  dit  : 

—  Mon  homme  est  un 
rude  lapin  (Argot  du  peu- 
ple). A^. 

LAPIN  DE  COLLIDOR  :  Do- 
mestique . 

Quand  une  femme  vient 
aux  halles  accompagnée  d'un 
larhin,  les  marchandes,  en 
remettant  les  achats  au  do- 
mestique pour  les  porter  à 
la  voiture,  lui  disent  : 

—  Tiens,  mon  vieux  lapin 
de  collidor  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

LAPINEUR  :  Genre  de  vol 
accompli  par  le  conducteur 
d'omnibus  qui  oublie  de 
sonner  les  voyageurs. 

Zajpineur y lenl  sans  doute 
du  nom  du  voyageur,  qu'on 
désignait  jadis  sous  le  nom 
de  lapin  (Argot  des  vo- 
leurs). . 

LARBIN  :  Domestique  (Argot 
du  peuple). 

LARBINIER  :  Complice  qui 
se  déguise  en  domestique 
pendant  que  le  cambrioleur 
opère. 

C'est  le  larbinier  qui  va 
préalablement  en  reconnais- 


sance pour  préparer  le  vol 
(Argot  des  voleurs). 

LARD  (Vieux)  :  Terme  de  mé- 
pris employé  pour  qualifier 
les  vieilles  rouleuses. 

Superlatif  :  Vieux  lard 
rance  (Argot  du  peuple). 
N. 

LARDON  :  Enfant. 

Diminutif  de  la7'd. 

Dans  le  peuple,  pour  la 
chair  de  l'homme  ou  de  la 
femme,  on  dit  :  le  lard; 
comme  V enfant  est  le  pro- 
duit des  deux  sexes,  de  là, 
lardon. 

Quand  quelqu'un,  dans 
une  conversation,  vous  pi- 
que à  chaque  moment,  on 
dit: 

—  As-tu  bientôt  fini  de 
me  larder  ? 

Allusion  au  veau  que  le 
charcutier  pique  de  lardons 
(Argot  du  peuple).  N- 

LARGUE  :  Femme  publique. 

Les  voleurs  disent  /«r- 
guepé  par  une  adjonction 
de  finale. 

M.  Marcel  Schwob  dit 
que  largue  s'explique  par 
marqué  (Villon.  /.  de 
Varg.),  qu'on  a  eu  las- 
quemé^  puis  que  la  finale 
î??(9' est  tombée;  de  là  largue. 

Ilalbert  d'Angers  donne 
largue  ou  lasque. 

C'est  largue  qui  a  sub- 
sisté (Argot  des  voleurs). 


LAT 


LAV 


161 


LAIIMON  :  Etain  (Argot  des 
voleurs).  iV. 

I . ARTIF  o»  LARTILLE  :  Pain 
(Argot des  voleurs).  V.  Bri- 
cheton. 

I.ARTON  :  Pain  (Argot  des 
voleurs).  V.  Bricheton. 

LVRTONNIER  :  Voleur  qui  a 
pour  spécialité  de  dévaliser 
les  boutiques  de  boulangers. 
Lartonnier  est  impro- 
pre ;  on  devrait  dire  lar- 
tonneur  (Argot  des  voleurs) . 
N. 

LASQUÉ  :  Vingt  centimes 
(Argot  des  voleurs).  iV. 

LA  SEMAINE  DES  QUATRE 
JEUDIS  :  On  dit  d'une  per- 
sonne sale  et  crasseuse 
qu'elle  se  débarbouille  la 
semaine  des  quatre  jeudis, 
c'est-à-dire  jamais. 

Un  paresseux  ne  travaille 
jamais  que  celte  semaine- 
là. 

—  Quand  allez-vous  me 
payer  mon  terme  ?  demande 
im  propriétaire  à  son  loca- 
taire. 

—  La  semaine  des  qua- 
tre jeudis. 

Cette  expression  est  sy- 
nonyme de  remettre  aux 
cale7ides  grecques  (Argot 
du  peuple).  N. 

LA  TAREE  EST  xMISE  :  Les 

enfants  du  peuple   portent 


des  pantalons  fendus  j>ar 
derrière,  on  en  comprend  la 
raison. 

Quand  le  moutard  a  fait 
ses  besoins,  il  oublie  d«> 
rentrer  sa  chemise  ;  il  en 
passe  toujours  un  lambeau, 
souvent  taché  de  moutar- 
de ;  les  gamins  lui  crient  : 

—  La  table  est  mise. 

Allusion  à  la  nappe  (Ar- 
got du  peuple).  A''. 

LATIF  :  Linge  blanc  (Argot 
des  voleurs). 

LAUMIR  :  Perdre. 
—  Il  a  laumi  son  pognon 
(Argot  des  voleurs). 

LAVER  :   Vendre   ses  frus- 


On  dit  a(.ssi  nettoyer 
son  complet  (Argot  du  peu- 
ple). 

LAVER  LA  VAISSELLE:  V. 

Descendre  à  la  crémerie, 

LAVER  SON  LINGE  (Avoir)  : 
Le  condamné  qui  a  subi  sa 
peine  a  lavé  son  linge. 

Il  sort  de  prison  blanc 
comme  neige  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

LAVER  SON  LINGE  SALE 
EN  FAMILLE  :  Se  dispu- 
ter dans  son  intérieur,  se 
faire  des  reproches  san- 
glants  (Argot  du  peuple). 

LAVEU'R  :  Complice  qui  vend 


162 


LEC 


LEO 


aux  receleurs  les  efîejs  vo- 
lés (Argot  des  voleurs). 

LAVETTE  :  Langue. 

Dans  le  peuple,  cette 
expresssion  veut  dire  mou. 

On  dit  aussi  :  Mou 
comme  une  chiffe,  apocope 
de  chiffon  rouge,  langue 
(Argot  des  voleurs).  N- 

LAVOIR  :  Confessionnal. 

Mot  à  mot,  on  y  lave  sa 
conscience  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Planche  à  lave- 
ment. 

LAZAGNE  :  Lettre  (Argot 
des  voleurs). 

LAZAGNEUR:  Prisonnier 
qui  écrit  pour  ses  camarades 
de  prison  (Argot  des  vo- 
leurs). 

LAZZLLOFF:  M.Prudhomme 
tient  son  fils  par  la  main, 
un  collégien  de  quinze  ans, 
rue  Notre  -  Dame  -  de  -  Lo- 
rette  ;  il  hèle  l'omnibus  Ra- 
tignoUes-Clichy-Odéon  : 

—  Gond uctem%  vous  pas- 
sez rue  de  Tournon,  de- 
vant chez  Ricord  ? 

—  Oui,  Monsieur. 
Alors,  poussant  son  fils 

dans  la  voiture  : 

—  Montez,  petit  cochon  ! 
(Argot   du    peuple).    V. 

Chaude-lance. 

LE  36  DU  MOIS  :  Réponse  à 
un  créancier  qui  demande  : 


—  Quand  me  paierez- 
vous?   (Argot   du  peuple). 

N. 

LÉCIIARD    ;  Jeune   homme 

(Argot  des  voleurs).  iV. 

LÈCIIE-CUL  (V.  Fleitre- 
fesse. 

LÉCHER  :  Peindre  un  ta- 
bleau avec  un  soin  méticu- 
leux . 

Dans  les  ateliers,  on  dit 
d'un  peintre  lécheur  qu'il 
fait  de  la  peinture  de  de- 
moiselle (Argot  des  artistes 
peintres).  iV. 

LECTURE  (Être  en):  Femme 
occupée  sur  sa  chaise  lon- 
gue (Argot  des  filles).    ]<[. 

LËDÉ  :  Dix  centimes  (Argot 
des  voleurs).  Isf. 

LÈGRE  :  Foire,  marché  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Lé- 
greur. 

LEGRER  :  Lever,  tromper 
(Argot  des  voleurs).  ]Sf. 

LÉGREUR  (Le)  :  Est  un  fo- 
rain qui  tient  un  jeu  dans 
les  foires  et  qui  annonce, 
pour  allécher  le  public,  des 
lots  imaginaires  (Argot  des 
voleurs).  N, 

LÉON  :  Le  président  de  la 
cour  d'assises. 

—  Quelle  tapette, \e  léon 
de  la  planche  à  pain. 
Léon,  dans  le  peuple,  est 


LES 


LEV 


163 


employé  à  tout  propos  :  — 
—  Vas  y  Z5'ow,lape  dessus. 
(Argot  du  peuple). 

LENTILLE  :  Punaise  (Argot 

des  voleurs).  N- 

LESBONDE  :  V.  Accouplée, 

LES  ROUTES  SONT  SURES 
ICI,  ON  NE  VERSE  PAS 
SOUVENT  :  Exclamation 
d'un  ivrogne  dans  une  mai- 
son où  l'on  verse  à  boire 
avec  parcimonie  (Argot  du 
peuple).  N' 

LES  TOILES  SE  TOU- 
CHENT :  Cette  expression 
.signifie  ne  pas  avoir  d'ar- 
gent :  les  toiles  des  poches 
se  touchent  (Argot  du  peu- 
ple). .V. 

LES  VINGT-HUIT  JOURS  : 

Quand  les  réservistes  par- 
tent, ils  emportent  géné- 
ralement dans  un  mouchoir 
quelques  menus  objets  de 
toilette. 

Quand  les  agents  arrê- 
tent un  individu,  on  le  con- 
duit au  poste  de  police  où 
on  le  fouille  très  minutieu- 
sement; les  objets  qu'il 
possède  sont  enveloppés 
dans  un  mouchoir.  Quand 
le  lendemain,  à  9  heures 
du  matin,  on  le  conduit  au 
bureau  du  commissaire  de 
police,  l'agent  qui  le  tient 
porte  le  petit  paquet  ; 
comme    généralement     ils 


sont  huit  ou  dix  à  la  file, 
quand  ils  passent,  le  peuple 
dit  par  allusion  :  Tiens  ! 
/es  vingt-huit  jours  !  (Ar- 
got du  peuple).  N- 

LESSIVANT  :  Avocat  d'of- 
fice (Argot  des  voleurs). 

LESSIVEUR  :  Avocat. 

Il  y  a  souvent  des  clients 
qui  en  ont  besoin  d'une 
rude  de  lessive  pour  blan- 
chir leur  conscience.  V. 
Blanchisseur. 

LESSIVEUR  DE  PÉTROUS- 
QUIN  :  Voleur  qui  dévalise 
les  paysans.  Motàmotrll 
les  lessive  (Argot  des  vo- 
leurs). 

LEVAGE    AU    CRACHOIR 

(Un)  : 

Lever  une  femme  par 
une  faconde  intarissable, 
l'éblouir  par  un  luxe  de 
paroles,  pour  l'empêcher 
de  songer  à  la  galette  (Ar- 
got du  peuple). 

LEVANQUÉ  :     Deux    francs 

(Argot  des  voleurs).  N. 

LÈVE-PIEDS  :  V.  3fon- 
lante. 

LEVER  :  Lever  une  affaire, 
la  prendre  à  un  autre. 

Lever  im  homme  au  café 
ou  sur  une  promenade  pu- 
blique. 

—  A  quelle  heure  vous 
levez-^ow'?^  ? 


164 


LÏG 


LIM 


-  Quand  on  me  couche. 
(Argot  des  filles). 

LEVER  LA  LETTRE  :  Pren- 
dre les  lettres  dans  la  casse 
pour  aligner  les  mots  dans 
le  composteur  et  former 
les  phrases  (Argot  d'im- 
primerie). 

LEVER   LE  CLL  DEVANT 

(S'être)  :  Eti-e  de  mauvaise 
humeur. 

On  dit  aussi  :  il  est  de 
mauvais  poil  (Argot  du  peu- 
ple). 

LEVER  LE  PIED  :V.3/^//n^ 

la  dé  sous  la  porte. 

[JCHANCE  :  Repas  épatant 
où  les  convives  repus  rou- 
lent sous  la  table. 

—  A  la  noce  de  mon  cousin 
Ro-bosse.  il  y  a  eu  une  si 
balh  lichance,  que  j'en  ai 
boulotte  pour  quinze  jours 
(Argot  du  peuple). 

LICIIE-FRITE  :  Pommes  de 
terre  frites  (Argot  du  peu- 
ple). 

LIGNARD  :  V.  Fantahoche. 

LIGOTTANTE  :  La  corde 
(Argot  des  voleurs). 

LIGOTTER  :  Attacher  les 
mains. 

Quand  le  prisonnier  est 
trop  récalcitrant,  on  le 
ficèle  comme  un  saucisson 
(Argot  du  peuple). 


rJMACE  :  V.  Rôdeuse. 

LL\IAGE  :  Chemise  (Argot  du 
peuple). 

LLMANDE  :  Plate  comme  un  ' 

limande. 

—  Prends  garde,  la  li- 
mande va  te  couper  dans 
le  pieu. 

On  dit  également  d'une 
femme  qui  a  la  figure  en 
lame  de  couteau  : 

—  Elle  a  une  gueule  de 
limande. 

Quand  elle  grimace  : 

—  Elle  a  une  gueule  de 
raie  (Argot  du  peuple).  V. 

.  Sac  à  os. 

LIME  :  Diminutif  de  limace 
(Argot  des  souteneurs). 

LIMER  :  Fait  qui  se  produit 
après  trente  ans  de  mariagf 
(Argot  du  peuple). 

LIMONADE  :  Eau. 

Tomber  dans  la  limo- 
nade, ce  n'est  pas  «  se  lais- 
ser choir  dans  l'eau  », 
comme  le  dit  A.  Delvau, 
c'est  tomber  dans  la  mi- 
sère :  —  Il  est  tombé  dans 
la  limonade. 

Il  existe  à  ce  -^ujet  une 
chanson  : 

Ah  !    il  est  tombé  dans  la 
I  limonade 
(Argot  du  peuple).  N. 

LIMOrSINIER  :  Voleur  de 
tuyaux  de  plomb  dans  hs 
maisons  en  construction. 


LIN 


LOC 


165 


Il  se  noiniiie  V'J?'»^^'" 
iiieul  \o\euv(\e  f/rasdoub/e, 
jiînce  ((lie  les  feuilles  de 
[ilouib  ou  (le  ziuc  roulées 
ressenihlent  aux  rouleaux 
(le  tripes  que  l'ou  voit  k 
lï'lalage  des  tripiers  (Argot 
du  peuple). 

MNCÉ  :  Vingt-cinq  cenliines 
(Ai-got  des  voleurs). 

LLNGE  liAVÉ  (Avoir  sou)  : 
Les  voleurs  en  prison 
connue  les  troupiers,  n'ont 
plus  à  s'occuper  de  la  blan- 
chisseuse (Ai^jjot  des  vo- 
leurs). 

IJNCOT  :  Forain  qui  met  de 
la  porcelaine  ou  de  la  ver- 
rerie en  loterie. 

La  roue  qui  tourne  pour 
indiquer  le  nuuKJro  gagnant 
se  nomme  un  /itif/ol  (Ai^got 
des  forains).  iV. 

LINGRE  :  Couteau. 

Quelques  auteurs  disent 
lingue,  c'est  une  erreur, 
lingre  est  une  corruption 
de  Langres,  ville  renom- 
mée pour  la  fabrication  de 
ses  couteaux  (Argot  des  vo- 
leurs). 

LINGRELK  :  Assassin  qui 
tue  à  l'aide  d'un  couteau 
(Arçot  des  voleurs). 

LLNSPRE  ou  L'L\SAPRÉ: 
C'est  plutôt  celte  dernière 
expression  qui  est  la  vraie, 


car  elle  signifie  inspecteur 
et  non  prince  (Argot  des 
bouchers). 

LLWÉ  :  Un  franc  (Ai-got  des 
voleurs).  N. 

LIQUETTE  :  V.  Limace. 

LIQUIDE  DE  BACCIIUS   : 

Vin  (Arçot  du  peuple). 

LIQUIDE  DE  CANARI)  : 
Eau  (Argot  du  peuple).  V. 
Lance. 

LIRE  AUX  ASTRES  :  Syno- 
nyme de  bailler  à  la  lune, 
ujettre  trois  heures  pour 
faire  une  course  de  cinq  mi- 
nutes (Argot  du  peuple). 
V.  Gohe-7nouches. 

LISDRÉ  :  V.  Fricadier. 

LITARGE  :  V.  Lance. 

LIVRAISON  DE  BOIS  DE- 
VANT LA  PORTE  :  V.  Ca- 

pito7inée. 

LOCANDIER  :  V.  Bonjon- 
rier. 

LOCANDIER  :  Variété  de 
voleur  au  bonjour  (Argot 
des  voleurs).  V.  Bonjou- 
rier. 

LOCHE  :  Oreilles  (Argot  des 
voleurs).  V.  Esgourdes. 

LOCHE  :  Paresseux,  fainéant. 
Allusion  à  la  loche  qui  se 
traîne  péniblement. 


166 


LOP 


LOU 


On  dit  égaleiuenl 


Pa- 


resseux comme  un  loir. 

Le  loir  dort  au  soleil 
(Argot  du  peuple).  N. 

LOCIIER  ;   Branler,  tomber. 

—  Tu  branles  dans  le 
manche,  tu  vas  être  renvoyé 
de  ta  place. 

Ce  à  quoi  les  farceurs 
répondent  : 

—  Tout  ce  qui  branle  ne 
tombe  pas  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

LOGER  RUE  DU  CROIS- 
SANT :  Si  tous  les  maris 
cocus  devaient  rester  rue  du 
Croissant,  il  faudrait  pro- 
longer cette  rue  jusqu'à 
Vincennes  (Argot  du  peuple) . 
V.  Joseph.  N. 

LOITÉ  :  Quinze  centimes  (Ar- 
got des  voleurs).  ISf. 

LONG  DU  MUR  (Le)  :  Les 

murs  sont  blancs;  quand  on 
s'y  frotte,  on  blanchit  ses 
elïéts. 

Allusion  à  une  bonne  qui, 
avant  d'entrer  en  place,  de- 
mande ce  qu'elle  gagnera  : 

—  Nourrie,  vingt  francs 
par  mois,  un  jour  de  sortie. 

—  Et  blanchie  ? 

— ■  Le  long  des  murs 
(Argot  du  peuple).  iV". 

LONGE  :  V.  Berge. 

LOPHEUR  :  Fabricant  de  faux 
papiers  (Argot  des  voleurs) . 


LOQUES  :  Vieux  vêlements 
usés  jusqu'à  la  corde. 

Cette  expression  s'ap- 
plique également  aux  vieux 
morceaux  de  ferrailles  qui 
servent  d'enjeu  aux  enfants 
(Argot  du  peuple). 

LORCEFÉ  DES  PONIFEES  : 
Prison  de  Saint-Lazare 
(Argot  des  filles). 

LORGNE  :  Borgne. 

On  dit  aussi  :  lorgne- 
bé.  Le  borgne  ne  lorgne 
que  d'un  œil. 

On  dit  aussi  :  11  ne  peut 
voir  que  à^un  bon  œil  (Ar- 
got du  peuple). 

LOUCIIONNE  :    La   cuillère 

(Argot  des  voleurs).  N. 

LOU  F  :  Abréviation  de  lou- 
foque  (Argot  du  peuple). 

LOUFIARDER  :  Vesser  sour- 
dement (Argot  du  peuple). 

N. 

LOUFOQUE  :  Fou  (Argot 
des  bouchers). 

LOUP  :  V.  Contre-coup. 

LOUPEUR  :  Mauvais  ouvrier 
qui  flâne,  qui  tue  le  temps 
en  loupant  pour  attendre 
l'heure  de  la  sortie  et  qui 
a  plus  souvent  les  yeux 
fixés  sur  la  pendule  que 
sur  son  ouvrage. 

En  18i8,   un  marchand 
de  vins,  boulevard  de  Bel- 


LUI 


LUS 


167 


leville,  avait  pris  pour  en- 
seigne :  Aie  camp  de  la 
hiipe,  tenu  par  Feigyiant 
(Argot  du  peuple). 

l.OUPEUR  :  Désigne  le  vo- 
leur qui,  à  la  tombée  de  la 
nuit,  vole  des  diamants  chez 
les  bijoutiers  au  moyen 
d'une  loupe  à  deux  bran- 
ches (Argot  des  voleurs). 

I.OUP-CERVIER  :  Alors  que 
les  boîirsiers  seréunissaient 
devant  Tortoni,  on  les  nom- 
mait ainsi. 

Aujourd'hui,  l'expression 
n'est  plus  eu  vogue,  mais  le 
boursier  est  toujours  syno- 
nyme de  loup-cervier  (Ar- 
got des  boursiers). 

KOUPIOT  :  Enfant  (Argot  du 
peuple). 

i.OLRDIEK  (Le)  :  V.  Pessi- 

gner  les  lourdes. 

LUISANT  :  Le  jour  (Argot 
des  voleurs).  iV. 


LUISARD  :  V.  Bourguignon. 

LUiMIGNON   :  V.  Bourgui- 
gnon. 


LUNE  (La  faire  voir)  ;  Mon- 
trer son  cul  : 

Quand  j'étais   petit   je   n'étais 
I  ^)as  grand 
Je  montrais  mon  cul  a  tous  les 
(  passants. 
Allusion  à  la  rondeur  ;  fa- 
cile à   comprendre   (Argot 
du  peuple). 

LUQUELR  :  Voleur  qui  es- 
croque les  gens  à  l'aide  de 
faux  papiers  (Argot  des 
voleurs). 

LUSQUINEUR  :  Voleur  qui 
s'habille  en  charbonnier  pour 
dévaliser  les  baquets  des 
véritables  charbonniers. 
C'est  une  variété  du  rou- 
lottier  (Argot  des  voleurs). 

LUSQUIN  :  Charbon  (Argot 
des  voleurs). 

LUSTRE  :  V.  Palpeurs. 


168 


MAI- 


MAC 


M 


MAC  :  Diiniimlir  de  n);i((ue- 
reau. 

Quelques- nus  écrivent 
mec,  d'autres  mecque. 

C'est  mac  qui  est  le 
vrai  mot  (Aruot  des  soute- 


MACADAM  :  Accoster  les 
hommes.  L.  L. 

On  voit  d'ici  les  filles 
faire  le  macadam  qui  est 
la  chaussée  des  houlevards, 
pour  raccrocher  sans  doute 
les  omnibus,  les  fiacres  et 
les  becs  de  gaz. 

Macadam  est  le  nom 
rlonné  à  un  vin  blanc  épais, 
venant  soi-disant  de  Mont- 
bazillac,  qui  est  vendu  par 
les  mastroquets  au  moment 
des  vendanges  (Argot  du 
peuple).  N' 


MACARONER:  Vient  (\e  ma- 
caron. 

Macaron  dans  le  peu- 
])le  veut  dire  huissier  ; 
dans  l'argot  des  voleurs,  il 
veut  dire  traître. 

II  est  vrai  qu'il  n'y  a 
pas  grande  différence  entre 
les  deux. 

Un  voleur  est  traître  en 
dénonçant  ses  complices  ; 
un  huissier  est  traitre  vis- 
à-vis  des  malheureux  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

MACÉDOINE  :  Combustible. 
L.  L. 

Macédoine  est  une  sa- 
lade composée  de  toutes 
sortes  de  légumes  ;  on  la 
nomme  salade  russe. 

Macédoine    est    égale- 


MAD 


MA( 


\{\\) 


ment  syiiouyiut;  d'arlequin 
(Ai^çîot  du  peuple).  A'. 

MACIŒK  LES  MOTS  uNe 
pas)  :  Dire  ean'énieut  à 
(|uelqu'un  ee  (jue  l'on  pense. 
Parler  gros.sièrenient  : 
ainsi,  dansle  peu[)le,  quanti 
on  (lit  vierde  à  quelqu'un, 
on  r('pontl  :  mâche  (Arj,M>t 
(lu  peuple).  X- 

MACUOTIN  :  Petit  nuMpie- 
leau  d'oceasion  (jui  j^dane 
par-ei  par-là  quelques  sous, 
en  attendant  qu'il  soit  assez 
ioit  pour  avoir  une  mar- 
mite à  lui  seul. 

Le  petit  macrotin  coni- 
nienee  généralement  à  être 
ratoji  et  pégriot  (Argot 
des  souteneurs).  N. 

MACCiL\BÉE  :  Cadavre. 

Se  dit  plus  parliculière- 
ment  d'un  noyé  que  les  ma- 
riniers retirent  de  l'eau. 

Les  croque-morts  diseni 
aussi  du  mort  qu'ils  vont 
enlever  : 

—  Emballons  vivement 
le  macchabée,  il  fouette  à 
en  ci'ever  (Ai-got  du  peu- 
ple). V.  Bouffi. 

.\L\DAME  LA  HESSOLRCE  : 

La  marchande  à  la  toilette, 
la  brocanteuse,  le  mont-de- 
piété  (ma  tante),  tous  ces 
rongeurs  sont  madame  la 
Ressource  pour  les  pauvres 
gens  qui  venden  t  ou  engagent 


leurs  dernières  nippes( Argot 
du  peuple). 

MADEMOISELLE  DU  lil- 
TUME  :  Péripatétitienne 
qui  foule  le  bitume  du  ma- 
tin au  soir. 

Le  bitume,  c'est  son 
atelier,  sou  champ  de  nia- 
meuvres,  elle  y  règne  en 
souveraine,  elle  l'a  conquis 
à  la  pointe  de  ses  bottines 
(  Ai-got  du  peuple). 

MADEMOISELLE  DU  PONT 
NEUF  :  Fille  publique. 
L'allusion  est  typique. 
Connue  sur  le  Pont-neuf 
tout  le  monde  y  passe  libre- 
ment, avec  cette  dillérence 
toutefois  que  h^  pont  est  à 
péage  (Argot  du  peuple). 
N. 

MADKICE  :  Finesse. 

Vient  de  madré, 

—  lia  roulé  le  palpeur. 
il  est  rieixmadrice, lego/tce 
(Argot  des  voleurs). 

MAGASLN  DE  BLANC  :  Mai- 

son  de  tolérance. 

Il  est  assez  difficile  d'ex- 
pliquer le  pourquoi  de  cette 
expression  ;  elle  vient  sans 
doute  de  ce  que  dans  le 
))euple,  tous  ceux  qui  vi- 
vent de  la  fennne  sont  des 
mangeurs  de  blanc. 

La  maquerelle  est  dans 
ce  cas  (Argot  du  peuple). 
N. 

10    . 


170 


MAI 


MAL 


MAGNES  :    Abréviation    de 

manières. 

Magne  est  ici  pour  fa- 
çon. 

—  Ne  fais  donc  pas  tant 
de  magnes,  il  fout  y  aller 
carrément. 

—  Tu  fais  des  magnes 
ma  vieille,  ça  ne  prend  pas 
Argot  du  peuple).  A^. 

MAILLOCHE  (Il  est)  :  Syno- 
nyme d'avoir  reçu  un  coup 
de  marteau. 

On  connaît  la  légende  de 
Martin  et  Martine,  de  l'hor- 
loge de  Cambrai,  qui  a 
donné  naissance  au  dicton 
populaire  pour  qualifier  un 
être  déséquilibré  : 

—  Il  a  passé  à  Cambrai, 
il  a  reçu  un  coup  de  mar- 
teau. 

Mot  à  mot  :  il  est  tim- 
bré (Argot  du  peuple).  A^. 

MAILLOCHONS  :  Les  pieds. 

Allusion    au    bruit    que 

font  les  pieds  en  marchant. 

—  Ils  frappent  le  pavé, 
ce  qui  produit  des  coups  de 
mailloche  (Argot  des  vo- 
leurs). A^. 

MAITRES  CHANTEURS:  In- 
dividus qui  font  payer  des 
imbéciles  pour  acheter  leur 
silence. 

Il  y  en  a  de  différentes 
catégories. 

Le  maître  chanteur  fi- 
nancier qui  fait  chanter  les 
sociétés  financières. 


Le  maître  chanteur  qui 
se  sert  d'un  Jésus  pour 
l'aire  chanter  l'homme  à 
passions  contre  nature, 

Il  y  a  des  maîtres  chan- 
teurs dans  toutes  les  clas- 
ses de  la  société  (Argot  du 
peuple) . 

MAITRESSE   DE    PIANO   : 

Professeur  qui  apprend  aux 
cocottes  illettrées  le  moyen 
de  tirer  des  carottes  par 
correspondance  à  leurs 
amants. 

En  fait  de  musique  elle 
coupe  les  cors  et  tire  les 
cartes. 

Elle  procure  au  besoin 
(Argot  des  filles). 

MAJOR  DE  TABLE  D'HOTE  : 

Individu  à  tout  faire,  qui 
est  maquereau  à  l'occasion. 
Le  major  a  toutes  les 
apparences  d'un  militaire 
en  retraite  ;  il  porte  à  la 
boutonnière  une  rosette  mul- 
ticolore d'ordres  exotiques. 
Le  major  de  table  d'hôte 
est  un  rastaqiiouère  de 
premier  ordre  (Argot  du 
peuple  et  des  filles) . 

MAL  BLANCHI  :  Nègre. 

{}nQ  plaisanterie  popu- 
laire très  usitée  consiste  à 
dire  à  un  nègre  : 

—  Si  on  te  conduit  chez 
le  commissaire,  je  ne  te 
vois  pas  blanc  (Argot  du 
peuple).  N. 


MAN 


MAN 


171 


MALADIE  :  Emprisoiiiu 
gol  des  voleui's). 


(Ai- 


MALTAISE  :  Pièce  de  viiigl 
francs  (Argot  des  voleurs) . 
V.  Signe. 

MALTOUSE  :  Contrebande. 

Ilalbert  d'Angers  dit  j:>a6- 
quiner  la  maltoiise. 

C'est  une  erreur;  c'est 
pastiquer,  parce  que  ce 
mot  veut  dire  passer. 

Mot  à  mot,  pasHquer  la 
maltouse  :  passer  de  la 
contrebande,  faire  la  fraude 
sur  des  objets  soumis  aux 
droits  de  roclroi  (Argot  des 
voleurs) . 

MAMAX-MACA  :  Maquerelle 
qui  lient  une  maison  de  to- 
lérance. 

Les  pensionnaires  appel- 
lent la  tenancière  maman; 
quand  elle  est  vieille,  ce  qui 
est  fréquent,  elles  y  joi- 
gnent le  mot  maca,  abré- 
viation de  macaque  qui, 
dans  le  peuple ,  signilie 
vieille  guenon  (Argot  des 
tilles).  N. 

MANCHE  (Faire  la)  :  Mendier, 
quêter. 

Les  voleurs  restés  en  li- 
berté font  la  manche  pour 
venir  en  aide  à  un  cama- 
rade qui  est  en  prison. 

Les  sœurs  de  charité 
font  la  manche  dans  les 
maisons  aisées  pour  soulager 
les  pauvres  et  les  malades 


des  hôpitaux  (Argot  des 
voleurs).  iV. 

MANCHE  A   MANCHE  : 

Quand  deux  adversaires  ont 
perdu  chacun  une  partie,  ils 
sont  manche  à  manche 
(Argot des  voleurs).  V.ii^//^. 

MANCHON  (Avoir  des  vers 
dans  son)  :  Avoir  le  crâne 
dénudé  par  place. 

Allusion  aux  mites  qui 
font  des  stries  dans  les  étof- 
fes de  laine  (Argot  du  peu- 
ple). 

MANDOLLE  (Eu  jeter  une)  : 
Donner  un  soufllet  à  quel- 
qu'un (Argot  des  voleurs). 
V,  Giroflée  à  cinq  feuilles. 

MANGER  LA  GRENOUILLE: 

Caissier  qui  mange  le  con- 
tenu de  la  caisse. 

Notaire  qui  vole  les  fonds 
qui  lui  sont  confiés. 

Sergent-major  qui  lève 
le  pied  avec  la  solde  de  sa 
compagnie. 

Se  dit  en  général  de  tous 
ceux  qui  mangeyit  l'argent 
qui  ne  leur  appartient  pas. 

Cette  expression  vient  de 
ce  que,  en  Hollande,  les 
banquiers  avaient  pour  em- 
blème prolecteur,  sur  la 
serrure  de  leur  coffre-fort, 
une  grenouille  en  bronze  ; 
lorsque  le  colfre-fbrt  était 
fracturé,  la  grenouille  était 
déplacée.  De  là;  manger  la 


172 


MAN 


MAQ 


grenouille  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

MANGER   LE    MORCEAU  : 

Dénoncer  ses  complices,  ou 
avouer  ses  méfaits  (Argol 
«les  voleurs).  V.  Mouton. 

MANGER  DE  LA  VACHE 
ENRAGÉE  :  Malheureux  qui 
ne  mange  pas  tous  les  jours. 
—  Ah  !  tu  ne  veux  pas 
travailler,  propre  à  rien,  tu 
vas  foutre  le  camp,  tu  man- 
geras de  la  vache  enragée 
(Argol  du  peuple). 

MANGER  DU  PALN  ET  DU 
FROMAGE  :  Repas  de  fu- 
nérailles. 
C'est  une  vieille  coutume. 
Quand  on  enterre  un  ca- 
marade, on  mange  du  pain 
et  du  fromage,  ou  on  casse 
la  gueule  à  un  lapin  en  sou- 
venir du  mort  (Argot  du 
peuple). 

MANGER   LE  BON  DIEU  : 

Communier. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got du  peuple). 

MANGER  SUR    L'ORGUE  : 

Charger  un  complice. 

Mot  à  mot  :  lui  mettre 
ses  méfaits  sur  le  dos  pour 
essayer  de  s'en  décharger 
(Argot  des  voleurs). 

MANGEUR    DE     BLANC  : 

Homme  qui  vit  aux  dépens 
des  autres,  et  particulière- 


ment des  femmes  qui  se  li- 
vrent à  la  prostitution. 

L'allusion  est  suffisam- 
ment claire  pour  se  passer 
d'explication  (Argot  du  peu- 
ple). 

MANGEUSE  DE  MANDE 
CRUE  :  Cette  figure  dégoû- 
tante, mais  très  caractéris- 
tique, désigne  une  fille  pu- 
blique qui  a  une  certaine 
spécialité  (Argot  des  soute- 
neurs). 

MANNEQUIN  (Tu  n'es  qu'un): 
Pas  grand'chose  de  bon. 

Mannequin  :  indivirlu 
guindé,  habillé  à  la  der- 
nière mode. 

Mot  à  mot,  qui  ressem- 
ble à  un  mannequin  expos«'' 
à  la  porte  d'un  tailleur. 

Mannequin  :  liotte  «le 
chiffonnier  (Argot  «lu  peu- 
ple). 

MANNEQUIN  DE  MACHA- 
BÉES  :  Corbillard. 

Allusion  au  panier  dans 
lequel  est  jeté  le  condamné 
après  l'exécution  (Argot  des 
voleurs).  V.  Omnibus  de 
coni. 

MAQUEREAU   :   Les   uns 

croient  que  ce  mot  vient  de 
l'hébreu  machar.,  qui  si- 
gnifie vendre,  parce  que 
c'est  le  métier  de  ces  sortes 
de  gens  de  vendre  les  fti- 
veurs  des  filles. 


MAQ 


MAO 


173 


D'autres  font  dériver 
celte  expression à'aquarius 
ou  iVaquario/as,  parce  que 
chez  les  Romains  les  por- 
teurs d'eau  étaient  les  in- 
termédiaires de  la  prosli tu- 
lion,  d'où  nous  avons  fait, 
en  ajoutant  la  lettre  J/, 
Maqnariohis.  et  que  de  là 
s'est  formé  le  nom  de  ma- 
quereau. 

D'autres  encore  affirment 
que  ce  mot  vient  du  latin 
macalarellus,  parce  que 
dans  les  anciennes  comédies, 
à  Rome,  les  proxénètes  de 
la  débauche  portaient  des 
habits  bizarres,et  ils  étayent 
leur  opinion  sur  ce  que  ce 
nom  n'a  été  donné  à  l'un 
de  nos  poissons  de  mer  que 
parce  qu'il  est  mélangé  de 
plusieurs  couleurs  dans  le 
dos  (Dassessart,  Diction- 
naire de  police,  Bnlenger 
opuscul.) 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  si- 
gnification du  mot  maque- 
reau est  de  vivre  aux  dé- 
pens de  quelqu'un,  mais 
l'expression  s'applique  plus 
généralement  à  ceux  qui 
vivent  de  la  prostitution 
des  femmes. 

Soute7ieur,  qui  vit  des 
filles  publiques,  ou  mari 
qui  laisse  sa  femme  se  pros- 
tituer, lequel  est  unmaqîce- 
reau  légitime  (Argot  du 
peuple). 

MAQUERELLE:  Maîtresse  de 


maisons  de  tolérance  ou  de 
maisons  de  rendez -vous, 
femme  qui  vit  du  travail 
des  filles  (Argot  du  peuple), 
V.  Maraan-Maca. 

MAQUECÉE  :  Abbesse  d'une 
maison  de  tolérance. 

Vient  des  deux  mots  : 
maq,  abréviation  de  maqiie- 
relle,  et  de  ce,  femme  d'ar- 
gent; de  là  maquecée  (Ar- 
got des  souteneurs).  iV. 

MAQUILLER  :    Se  farder  le 
visage. 

Pour  réparer  des  nuits  l'irrépa- 
I  rable  outrage. 

Quand  un  ouvrage  est 
raté,  on  le  maquille  pour 
le  faire  accepter. 

Maquiller  un  tableau. 
11  existe  des  peintres  spé- 
ciaux qui  font  du  vieux 
avec  du  neuf. 

Une  toile  est  fabriquée 
par  un  rapin  quelconque, 
une  signature  de  maître 
figure  au  bas,  Xemaqnilleur 
lui  donne  l'aspect  de  la 
vétusté,  et  un  amateur  naïf 
l'achète. 

Il  y  a  comme  cela  des 
Velasquez  peints  à  Mont- 
martre (Argot  des  filles  et 
des  peintres).  i\r. 

MAQUILLEUSE    DE    BRÈ- 
MES :  La  tireuse  de  cartes. 
Il  en  existe  de  célèbres 
dans    le   monde   des  filles. 

10. 


174 


MAR 


MAR 


Elles  font  des  recettes  fruc- 
tueuses. 

La  maquilleuse  de  brè- 
mes ne  se  borne  pas  à  tirer 
les  cartes,  elle  procure  pour 
les  deux  sexes. 

Généralement,  c'est  une 
ancienne  fille  sur  le  retour 
qui  ne  peut  plus  peloter 
que  le  valet  de  cœur  (Argot 
des  filles). 

MARBRE  :  Ainsi  nommé  parce 
que  c'est  une  table  en  fonte. 

Table  sur  laquelle  les  ty- 
pographes alignent  les  ^a- 
^W(?^5  corn  posant  les  articles. 

Avoir  un  article  sur  le 
marbre  :  attendre  son  tour 
pour  être  imprimé. 

Quand  un  article  reste 
trop  longtemps  sur  le  mar- 
bre, il  faut  le  distribuer. 

Marbre  est  une  ironie 
pour  les  pauvres  journa- 
listes. 

Leurs  articles  refroi- 
dissent sur  le  marbre  (Ar- 
got d'imprimerie).  iV. 

MARCANDIER  :  Cette  ex- 
pression désigne  les  mar- 
chands, quel  que  soit  leur 
commerce  (Argot  des  vo- 
leurs). 

MARCHAND  DE  MORT  SU- 
BITE :  Le  maître  d'armes 
et  le  bourreau. 

Le  maître  d'armes  ap- 
prend   à    ses    élèves    les 


moyens  de  tuer  un  homme 
proprement. 

Le  bourreau  coupe  la 
tète  du  condamné  pour  lui 
apprendre  à  vivre  (Argot  du 
peuple).  iV. 

MARCHER  DEDANS  :  Mettre 
les  pieds  sur  une  senti- 
nelle. 

Marcher  dans  la  merde, 
suivant  un  dicton  populaire, 
cela  porte  bonheur. 

On  dit  d'un  homme  heu- 
reux en  toutes  choses,  à  qui 
tout  réussit  : 

—  C'est  pas  possible,  il 
a  marché  dans  la  merde 

On  dit  également  : 

—  Il  a  écrasé  un  colora- 
bin  (Argot  du  peuple),  N. 

MARCHER  SUR  LE  DER- 
NIER QUARTIER  •   User 

le  restant  de  ses  souliers . 

Par  dérision,  on  dit  à 
un  homme  dont  les  souliers 
boivent  l'eau  du  ruisseau  : 

—  Tes  'pafs  sont  fo- 
chards. 

On  dit  encore  : 

—  Tu  vas  t'enrhumer, 
tes  rigodons  ont  un  cou- 
rant d'air  (Argot  du  peuple). 
N. 

MARCHEUSE  :  Belle  femme 
qui  figure  à  l'Opéra, 

Marcheiise  :  la  femme 
qui  appelait  les  passants  en 
termes  très  engageants  ;  elle 
détaillait  avec  complaisance 
les  charmes  de  la  marchan- 


MXW 


MAR 


175 


(lise  qui  était  dans  l'iiiU!- 
l'ieiir  de  la  maison. 

La  marcheuse  était  gé- 
néralement un  heefteack  à 
corbeau  hors  d'âge  et  de 
service. 

Les  marcheioses  furent 
supprimées  à  la  porte  dos 
maisons  de  tolérance  par 
arrêté  de  M.  Andrieux,  pré- 
fet de  police,  en  1881  (Ar- 
got des  souteneurs). 

MARGOT  :  Femme  de  peu. 

—  Tu  n'es  qu'une  sale 
Margot. 

l*ourquoi  chercher  dans 
Margot  le  diminutif  de 
Marguerite"^ 

Toutes  les  Marguerites 
ne  sont  pas  de  Bourgogne. 

11  y  en  a  qu'on  aimerait 
à  effeuiller. 

On  dit  aussi  Margoton 
(Argot  du  peuple).  iV. 

MARGOULETTE  :  La  bou- 
che. 

Il  existe  en  Boui^ogne 
des  vases  en  terre  vernissée 
qui  ont  un  goulot  sem- 
blable à  la  bouche.  Pour 
cette  raison,  on  appelle  ces 
vases  des  gouleltes. 

Mar  a  tout  simplement 
été  ajouté,  déformant  le 
mot  primitif  pour  en  for- 
mer un  autre  qui  a  le  même 
sens,  car  les  nourrices  di- 
sent aux  enfants  : 

—  Viens  que  j'embrasse 
ta  petite  goulette. 


Rincer  la  margouletle 
h  un  ami,  c'est  lui  payer  à 
boire  (Argot  du  peuple). 
X. 

MARGOUf.lN  :  Débiteur  de 
mauvaises  boissons.  . 

Marchand  de  vin  qui  a 
une  fontaine  dans  sa  cave 
pour  fabriquer  le  fameux 
cru  de  Château  la  Poinpe. 

Margoulin  :  méchant; 
ouvrier,  fainéant,  grossier, 
brutal,  qui  lève  plus  sou- 
vent le  coude  qu'un  mar- 
teau. 

C'est,  dans  le  peuple,  un 
gros  terme  de  mépris  que 
de  dire  h  un  individu  : 

—  Tu  n'es  qu'un  mar- 
goulin 1  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

MARIAGE  A  LA  DÉ- 
TREMPE :  Mariage  à  la 
colle.  Quand  elle  est  trop 
détrempée,  le  papier  ne 
tient  pas. 

Autrefois,  avant  l'an- 
nexion de  la  banlieue  à  Pa- 
ris, on  disait  : 

—  Ils  sont  mariés  au 
treizième  arrondissement . 

Parce  qu'il  n'y  en  avait 
que  douze. 

Aujourd'hui  on  dit  au 
vingt  et  unième,  parce  qu'il 
n'y  en  a  que  vingt  (Argot 
du    peuple).  N- 

MARIE -COUCHE-TOI- LA  : 

Femme  qui    se   met  sur  le 


176 


MAR 


MAR 


dos  pour  un  oui  ou  un  non. 
Rôdeuse  de  caserne  (Ar- 
got des  troupiers).  iV. 

MARIE-SAG-AU-DOS  : 

Femme  toujours  prête. 

Allusion  aux  troupiers 
qui,  quand  le  quartier  est 
consigné  en  vue  d'un  évé- 
nement quelconque,  cam- 
pent dans  la  cour  de  la  ca- 
serne sac  au  dos,  'prêts  à 
partir  (Argot des  troupiers). 
V.  Rem'par denses.  N. 

MARIE-PIQUE- REMPART  : 

Femme  qui  rôde  la  nuit  sur 
les  remparts,  aux  environs 
des  postes  de  soldats. 

On  devine  ce  qu'elle  cher' 
che  :  un  gîte  et  un  restant 
de  soupe. 

Huit  ou  dix  jours  plus 
tard,  le  troupier  sait  ce 
qu'elle  a  apporté  (Argot 
des  troupiers).  iV. 

MARIOLE  :  Malin,  rusé,  rou- 
blard. 

On  est  mariole  ou  on  le 
fait. 

Dans  les  ateliers,  un  ma- 
riole passe  pour  un  phé- 
nix. 

Mariole  doit  être  pris 
ici  comme  synonyme  de 
marlou. 

—  Tu  n'as  pas  coupé  la 
patte  à  coco,  tu  n'es  pas 
si  tnarioleqneça,  on  pour  • 
rait  bien  te  river  ton  clou. 

11  existe  une  chanson  qui 
dit  : 


Tant    qu'il     y    aura    des 

I  pantes. 

Les    marioles    buulotte- 

I  ront. 

(Argot  du   peuple  et    des 
souteneurs).  N. 

MARKOUSE  :  Carte  mar- 
quée visiblement  par  le 
honneteur  .  Mais  aussitôt 
qu'elle  a  été  vue  par  la  dupe, 
elle  est  démarquée. 

Il  la  devine,  mais  ce  n'est 
plus  la  même  (Argot  des 
camelots). 

MARLOU  :  Individu  qui  vit 
de  la  prostitution  des 
femmes. 

Marlou  vient  du  vieux 
mot  mar lier,  avec  un  chan- 
gement de  finale  (Argot  des 
filles). 

MARLOU  A  LA  MIE  DE 
PAIN  :  Marlou  qui  ne  sait 
pas  faire  travailler  sa  mar- 
onite ou  qui  en  a  une  récal- 
citrante. 

Je  lis  dans  les  Lamenta- 
tions d'un  souteneur  : 

Quoi  ?    C'est     éteint...    tu 

I  r'buttes  au  flanche. 

Y'a  pu   de  trottinage   à  la 

I  clé. 

Des    dattes    pour    aue    tu 

I  fass'la  planche, 

L'anse    de  la  marmite   est 

!  cassée. 

(Argot  des  souteneurs).  N. 

MARLOUPliN  :  Jeune  mar- 
lou qui  fait  son  apprentis- 
sage dans  les  bals  publics. 
On  dit  aussi  goussepin  : 


MAU 


M  Ali 


177 


petit  vagabond  dont  la  pre- 
mière étape  est  la  petite  Ro- 
({uotte  et  la  dernière  sou- 
vent, la  grande. 

Goussepin  gouspiné  : 
voler  (Argot  des    voleurs). 

MAULOIJSIER  :  Malin,  rusé, 
diniinutirde  marlou  (Ar- 
got des  soulen'urs). 

MARMITE  :  D'après  M.   Lo- 

rédan  Larchey,  c'est  une 
lille  publique  nourrissant 
son  souteneur. 

Un  souteneur  sans  sa 
marmite  est  un  ouvrier  sans 
ouvrage,  dit  Canler. 

La  marmite  de  terre  est 
une  prostituée  qui  ne  gagne 
pas  de  pognon  à  son  soute- 
neur. 

La  marmite  de  fer  com- 
mence à  être  cotée;  elle 
gagne  un    peu  de  galette. 

La  marmite  de  cuivre^ 
suivant  Halhert,  c'est  une 
mine  d'or. 

J/«rwî7^, d'après  Pierre, 
est  une  femme  qui  n'aban- 
ilonne  pas  son  mari  ou  son 
amant  en  prison  et  lui  porte 
des  secours. 

Le  peuple  qui  ne  cherche 
ni  si  haut  ni  si  loin,  consi- 
dère tout  tranquillement  la 
femme  comme  une  mar- 
iiiite. 

Quand  elle  trompe  son 
mari  avec  son  consente- 
ment, elle  fait  bouillir  la 
marmite. 


Quand  elle  fait  la  noec 
jtour  son  compte,  qu'ell.»  ne 
rapporte  pas,  il  y  a  un 
crêpe  sur  lamarmite  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

MARMITE    AXARCmSTE  : 

Comme  la  précédente,  celle- 
là  ne  rapporte  pas  ;  elle  fait 
sauter  —  pas  les  écus,  mais 
les  maisons. 

C'est  une  marmite  qui 
n'est  guère  en  faveur,  car 
elle  fait  perdre  la  tète  (Argot 
du  peuple).  N. 

MARMITEUX  :  Homme  qui 
a  sans  cesse  la  larme  à 
l'œil. 

Corruption  par  exten- 
sion du  mot  miteux  (qui  a 
la  cire  aux  yeux)  (Argot  du 
peuple).  N. 

MARMITON  DE  D0MAN(;E  : 

Vidangeur. 

On  dit  aussi  :  marmiton 
de  Richer  (Argot  du  peu- 
ple). 

MARMOTTE  :  Madras  que 
les  marchandes  portent  en- 
core sur  la  tète  en  guise  de 
coiffure. 

Marmotte  :  diminutif  de 
marmite. 

—  Tu  n'es  qu'une  sale 
marmotte  (Argoi  du  peu- 
ple). 

MARMOUSET  :  Le  pot  au 
feu. 

—  Amène-ta  morue  ce 


178 


MAR 


MAR 


soir,  nous  boiùlotierons, 
mince  de  hidoche  dans  le 
marmouset: 

Allusion  au  bruit  que  fait 
l'eau  en  bouillant  :  elle 
marmoiise  (Argot  des  vo- 
leurs). 

MARNER  :  Signifie  travailler. 

Les  voleurs  disent  éga- 
lement marner  pour  voler, 
puisque  voler  est  pour  eux 
travailler. 

Marner  est  une  variété 
du  vol  à  V embrassade ^  à 
l'exception  toutefois  qu'il 
est  généralement  pratiqué 
par  des  femmes  (Argot  des 
voleurs). 

MARNEUSES  :  Filles  publi- 
ques qui  travaillent  au  bord 
des  rivières 

On  dit  aussi  :  jponiffes  et 
magneiises. 

Cette  dernière  expres- 
sion indique  une  spécialité 
(Argot  des  souteneurs). 

MARNOIS  :  Souliers  énor- 
mes. 

Synonyme  de  péniche 
('Argot  des  voleurs). 

MARRAINE  :  Témoin  femelle 
(Argot  des  voleurs). 

MARRÉ    :    En    avoir  assez, 

s'ennuyer  d'être  en  prison. 

—  jfe  vais   me  marrer 

pendant  cinq  berges  (Argot 

des  voleurs) . 

MAROTTE  (Avoir  une)  :  Idée 
fixe  qui  varie  suivant  les 
tempéraments, 


Tous  les  collectionneurs 
sont  des  gens  à  marotte. 

Marotte  est  synonyme 
de  dada. 

Marotte  signifie  égale- 
ment chanter. 

—  A  toi,  la  Saucisse, 
c'est  ton  tour  de  raarotte 
(Argot  des  voleurs).  N. 

MARRON  :  Livre  imprimé 
clandestinement  (Argot  d'im- 
primerie). 

MARRONNER  UN  GRIN- 
CHISSAGE  :  Celte  expres- 
sion n'est  pas  juste,  car 
marronner  veut  dire  en 
vieux  français  'pirate.^  et,  en 
même  temps,  bouder,  mur- 
murer entre  ses  dents. 

Les  voleurs  l'emploient 
pour  dire  qu'ils  ont  man- 
qué un  Dol  (Argot  des  vo- 
leurs). N' 

MARQUE-MAL  :  Se  dit  de 
quelqu'un  qui  a  un  vilain 
aspect  (Argot  du  peuple). 

MARQUÉ  OU  MARQUETS  : 

Mois  (Argot  des  voleurs). 

MARQUÉ  (Il  est)  :  Être  gra- 
vé par  la  petite  vérole  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Poêle  à 
marrons. 

MARQUÉ  :  Être  ridé  comme 
une  vieille  pomme  (Argot 
du  peuple). 

MARQUE  DE  CE  :  Femme 
légitime  de  voleur. 


MAS 


MAT 


179 


ï 


Femme  d'ai^'ent  (Ai^ot 
(les  voleurs). 

MVKQUER  (Ne  plus)  :  Fem- 
me qui  n'a  plus  d'échéance 
à  chaque  fin  de  mois  (Ai-got 
(hi  peuple). 

MARQUER  A  LA  l'OlR- 
CHETTE:  Marchand  de  vin 
(|ui  majore  ses  notes. 

Allusion  aux  quatre  dents 
<1(*  la  Iburchette;  il  fait  qua- 
tre raies  à  la  fois  (Argot 
(lu  peuple), 

MARQUIS  DE  LA  BOURSE 
PLATE  :  Homme  absolu- 
ment sans  le  sou  (Argot  du 
peuple).  V.  les  toiles  se 
1 0  lichen  û. 

MASTIC  :  Terme  usité  en  im- 
primerie pour  indiquer  qu'il 
y  a  erreur  dans  le  classe- 
ment des  phrases  et  des 
alinéas,  ce  qui  rend  l'arli- 
cle  tout  à  fait  incompréhen- 
.sible  (Argot  d'imprimeur). 

MASTIC  (Péter  sur  le)  :  Le 
peintre  en  bâtiment  qui,  le 
lundi,  veut  llàner,  emploie 
cette  expression  pour  dire 
qu'il  ne  veut  pas  travailler  : 
—  .le  péie  sur  le  mastic 
(Argot  du  peuple).  N- 

MASTROQUET  :  Marchand 
(le  vin. 

Dernière  transformation 
(lu  mot  mannezingue. 

Mann,    homme,    zinc, 


par  corruption  zmgue , 
comptoir (Ai^ot  du  peuple). 
V.  Bistro. 

MASSEPAIN  :  Ce  nom  se 
doime  généralement  à  une 
sorte  de  gâteau  que  l'on 
vend  dans  les  Ibires;  il  a 
aujourd'hui  une  signitiea- 
tion  bien  autrement  «  fin- 
de-siècle  »;  il  sert  à  dési- 
gner la  catégorie  d'indivi- 
dus qui  ont  à  Paris  des  sa- 
lons d'essayages  pour  da- 
mes, avant  de  les  expédi<M' 
dans  les  maisons  hospita- 
lières de  France  ou  de  l'é- 
tranger (Argot  des  soute- 
neurs). iV^. 

MASSER  :  Travailler,  peiner 
ferme. 

Allusion  au  cantonnier 
qui  casse  avec  une  masse 
les  cailloux  sur  les  routes. 
Il  n'existe  pas  de  métier 
plus  pénible,  il  est  vrai 
qu'ils  n'en  prennent  qu'à 
leur  aise,  car  la  sueur  des 
cantonniers  n'a  pas  de  prix. 
Ce  n'est  sûrement  pas 
eux  qui  ont  créé  la  fameuse 
légende  ,  que  les  riches 
mangeaient  la  sueur  du  peu- 
ple (Argot  du  peuple).  N. 

MASTARDIER:  Faire  le  wza^- 
tar  au  gras  double  (Argot 
des  voleurs).  V.  Limousi- 
nier. 

MATADOR  :  Homme  riche  ou 
qui  en  a  les  apparences. 


180 


MAL 


MEL 


—  Tu  fais  le  matador, 
pour  :  Tu  fais  rudement  tes 
embarras  (Argot  du  peuple). 

iMATADOR  :  Partie  de  domi- 
nos. 

Les  gros  dés  :  double-six, 
double-cinq,  etc.,  sont  les 
matadors  (Argot  du  bou- 
levard). A". 

MATELASSÉE  :  Femme  qui 
a  des  seins  énormes. 

Son  estomac  est  mate- 
lassé. 

Quand  c'est  une  fille  et 
qu'elle  maigrit,  son  soute- 
neur lui  dit  : 

— Tu  t'débines  des  mate- 


Quand  une  femme  est 
plate  comme  une  limande 
elle  se  matelasse  en  bour- 
rant son  corset  d'assez  de 
coton  pour  donner  l'illu- 
sion. 

Les  femmes  fin-de-siècle 
en  })ortenl  en  caoutchouc 
qu'elles  gontlen  t  chaque  ma- 
tin (Argot  des  souteneurs). 

MATIIURINS  :  Dés  pipés  qui 
servent  aux  camelots  pour 
voler  au  7,  au  passe- dix 
et  à  la  consolation  (Argot 
des  camelots). 

xMAZAGRAN  :  Café  servi  dans 
un  verre. 

Par  abréviation  on  dit  un 
rnazag.  (Argot  du  peuple). 


MEC  pour  me  g  :  Chef,  pa- 
tron, Dieu,  le  mec  plus  ul- 
tra (Argot  des  voleurs). 

MEC  A  LA  COLLE  FORTE 

Se  dit  d'un  voleur  redouta- 
ble, par  opposition  au  mec 
à  la  mie  de  pain. 

Voleur  de  rien  (Argot  des 
voleurs). 

MÈCHE  :  Les  mauvais  ou- 
vriers qui  voyagent  sans 
cesse  demandent  mèche 
dans  les  ateliers  qu'ils  ren- 
contrent sur  leur  routt;  : 

—  Y  a-t-il  mèche  de  tra- 
vailler ? 

Mèche  pour  moyen  (Ar- 
got du  peuple). 

MÉDAILLE  ou  MÉDAILLON  : 

Y.  Pièce  de  dix  sous. 

MÉDAILLON  :  Derrière. 

Les  joueurs  de  manille 
appellent  ainsi  les  as,  par 
corruption  de  maniflnu] 
quelques-uns  disent  le  mer- 
daillon  (Argot  du  peuple). 

MEC  DE  LA  ROUSSE  (Le 

grand)  :  Le  préfet  de  police 
(Argot  des  voleurs).  V. 
Dabe  des  reniflews. 

MÉLASSE  (Être  dans  la] 
Dans  la  misère  jusqu'au  cou 
(Argot  du  peuple)  Y.  Pu- 
rée. 

MÊLÉ  CASS.:  Mélange  d'eau- 


MEiN 


MER 


181 


cle-vio  et  de  cassis  (jue  les 
ouvriers    boiveiil    le   matin 
sur  le  zinc    pour   tuer    le 
rer. 
On  dit  dans  le  peuple  : 

—  Faire  ses  dévotions  à 
Notre-Dame  de  Mélé-Cassis 
(Argot  du  peuple).  A^. 

MIXEÏ  :  Petit,  petite  (Argot 
des  voleurs). 

MENKE  :  Une  douzaine. 

—  Nous  étions  une  me- 
née pour  ratiboiser  ]e  (/on- 
de r  ;  pas  mèche  d'en  venir 
à  bout,  c'était  un  ri(de  la- 
pin (Argot  des  voleurs). 

MENDIGOT  :  Mendiant. 

D'un  petit  mendiant  on 
dit  qu'il  mendigotte. 

Mendigotj  changement 
detinale  (Argot  du  peuple). 

MKNER  PAS  LARGE  (N'en): 
Être  fort  mal  à  son  aise. 

iMot  à  mot  :  serrer  les 
fesses  ou  n'être  pas  dans 
ses  petits  papiers. 

Le  condamné  qui  va  être 
exécuté  7i'en  mène  pas 
large  (Argot  du  peuple. 

MtNESSE  :  Femme  (Ai^ot 
des  souteneurs). 

MENTEUSE  :  Langue. 

On  dit  par  opposition 
d'une  langue  d'animal  : 

—  Allons  manger  une 
langue  qui  n'a  jamais  menti. 

Parce  qu'elle  ne  parle  pas 
(Argot  du  peuple). 


MENOUILLE  :  Monnaie  (Ar- 
got du  peuple). 

MFNTON  DE  GALOCHE  : 
Menton  qui  avance  comme 
celui  du  classique  Polichi- 
nelle. 

On  dit  de  celui  ou  de 
celle  qui  possède  un  menton 
semblable  qu'il  lait  carna- 
val avec  son  nez  (Argot  du 
peuple). 

MÉQl^'ARD  :  Commandant 
d'ime  bande  de  voleurs  (Ar- 
got des  voleurs). 

MERCE  :  Pour  merci  (Arçot 
des  voleurs). 

MERDAILLON  :  Moins  que 
rien,  une  sous-merde  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Avor- 
ton. 

MERDE  :  A  bout  d'ai-gument, 
dans  le  peuple,  on  dit  : 

—  Merde,  est-ce  fran- 
çais ? 

C'est-à-dire  :  Me  com- 
prends-tu ? 

Ce  à  quoi  on  répond  : 

—  Goûtes  tes  paroles. 

—  Tu  peux  te  retourner 
et  te  mettre  à  table. 

—  S'il  pleuvait  de  la 
njerde  et  que  chacun  en  ait 
suivant  son  grade,  t'en  au- 
rais un  rude  paquet,  car  tu 
es  le  colonel  des  imbéciles 
(Argot  du  peuple).  N. 

n 


182 


MES 


MET 


MÈRE  AU  BLEU  :  La  guillo- 
tine. Les  voleurs  veulent  faire 
croire  que  c'est  le  chemin 
du  ciel.  A.  D. 

Pas  du  tout,  c'est  parce 
que  le  condamné  n'y  voit 
que  du  hleu  (Argot  des  vo- 
leurs). 

MÈRE   D'OCCASION  :   Les 

mendiantes  louent  à  des 
industriels  du  quartier 
MoulFetard  des  petits  en- 
fants qu'elles  Iraînent  dans 
les  rues  pour  exciter  la  cha- 
rité publique. 

Ces  enfants  changent 
chaque  jour  de'iuère;  de  là. 
mère  d'occasion  ou  de  ren- 
contre (Argot  du  peuple). 
N. 

MERLAN  (Rouler des  yeux  de 
merlan  frit). 

Homme  langoureux  el 
timide  qui,  n'osant  adresser 
la  parole  à  une  femme,  la 
regarde  en  roulant  des  yeux 
(Argot  du  peuple).  N. 

MERLAN  :  Coiftl-ur  perru- 
quier. 

Quand  le  perruquier  met 
de  la  poudre  de  riz  à  son 
client,  il  l'enfariné  comme 
le  merlan  avant  d'être  mis 
dans  la  poêle  à  frire  (Argot 
du  peuple). 

MESSE  (Être  à  la)  :  Quand 
un  ouvrier  arrive  à  l'atelier 
cinq  minutes  après  la  clo- 
che, la  porte  est  fermée,  il 


perd  un  tiers  ou  une  demie 
journée  ;  il  va  pendant  ce 
temps  boire  des  canons  sur 
le  zijic,  l'autel  des  pochards; 
le  mastroquet  officie. 

De  là,  aller  à  la  7nesse 
(Argot  du  peuple). 

METTRE  A  L'OMBRE  :  Aller 
en  prison. 

En  effet,  on  ne  craint  pas 
l'ardeur  du  soleil  (Argot  du 
peuple). 


METTRE    AU  CHAUD 

Rouscailler. 


V. 


METTRE  DANS  LE  MILLE: 

Réussir  une  affaire  du  pre- 
mier coup. 

Terme  usité  chez  les  pé- 
dérastes; raille:  podexi^r- 
got  du  peuple). 

METTRE  EN  BRINDE- 
ZINGUE  (Se)  :  Faire  îa 
noce. 

Être  dans  les  hrinde- 
zingues:  être  pochard  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

METTRE    EN    BRINGUE  : 

Mettre  en  morceaux,  bri- 
ser. A.  D. 

Bringue,  signifie  femme 
maigre,  l'expression  est 
donc  fausse. 

Mettre  en  bringue,  est 
synonyme  de  brindezin giie 
(Argot  du  peuple).  N. 

METTRE  EN    PATE    :   Les 

compositeurs  lient  les  pa^ 


MET 


M  EU 


183 


qmts  lie  caractères  avec 
une  ficelle. 

Quand  \e  paquet  est  mal 
lié  ou  que  le  bout  de  la 
ficelle  est  emprisonné,  le 
metteur  en  pages  met  le 
paquet  en/;a^e,  c'est-h-dire 
(jue  les  caractères  se  mé- 
langent et  qu'il  faut  recom- 
poser. 

Quand,  dans  lupaquet^W. 
y  a  des  lettres  qui  ne  sont 
pas  du  corps,  ou  que  le  pa- 
quet n'a  pas  été  assez 
mouillé,  en  le  déliant,  si  les 
It'ttres  tournent,  on  appelle 
cela  :  faire  un  soleil  (Ar- 
got d'imprimerie).  .Y. 

METTRE    LA   TÈTE  A  LA 

FENÊTRE  :  Condamné  à 
mort  qui  passe  la  tète  dans 
la  lunette  (Argot  des  vo- 
leurs). 

METTRE  LA  CLEF  SOUS 
LA  PORTE  :  Se  sauver, 
déménager  furtivement . 

Se  dit  communément  d'un 
connnerçant  qui,  ne  faisant 
pas  ses  affaires,  abandonne 
sa  boutique  (Argot  du 
peuple). 

METTRE  LA  CLEF  SOLS 
LE      PAILLASSON.     V. 

Mettre  la  clef  sous  la 
porte. 

METTRE   LES    BOLCllÉES 
DOUBLES  :    Se   dépêcher 
de  faire  quelque  chose. 
Synonyme     de     manger 


un  morceau  sur  le  pouce,  à 
la  hâte. 

Cette  expression  est  em- 
ployée pour  tout  ce  qui  est 
fait  précipitamment  (Argot 
du  peuple). 

METTRE  DU  PAPIER  DANS 
SA  SONNETTE  :  V.  Affa- 
ler son  grelot. 

METTRE  SUR  LES  FONDS 
DE  BAPTÊME  (Se):  Quand 

le  nourrisseur  de  pou- 
pard  a  mal  renseigné  ses 
complices  et  qu'ils  sont 
dans  une  position  difficile, 
pour  se  sauver  et  n'être 
pas  paumés  marrons  : 

—  Ils  sont  sur  les  fonds 
de  baptême  (Argot  des  vo- 
leurs). 

METTRE  UNE  ÉPINGLE  A 
SA  CRAVATE  :  S'enfiler 
un  demi-selier  (Argot  du 
peuple).  N- 

MEULARD  :  Veau. 

Allusion  à  la  mollesse  de 
la  viande. 

On  dit  aussi  :  un  bœuf 
en  bas  âge  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

MEULE  :  Vide. 

C'est  veule  qu'il  faudrait 
dire,  veule  signifie  mou. 

Meule  Q%\.  une  corruption 
(Argot  des  souteneurs).  N, 

MEUNIER  :  Receleur  qui  a 
la  spécialité  d'acheter  aux 
mastardiers  ou  voleurs  de 


184 


MIE 


MIR 


(jras  double,  le  [»loiu!>, 
Tétaiii  ou  le  zine,  volés  dans 
les  maisons  en  consli'uclion 
(  Ai'got  des  voleurs). 

MEZIGUE  :  Moi. 

On  dit  aussi  medgo  (  Ai'- 
got  des  voleurs). 

MICIIÉ  :  Homme  qui  monte 
avec  une  tille,  en  payant, 
ou  qui  y  couche. 

Miche  était  déjà  connu 
en  1764.  Merard  de  Saint- 
Just  dit  ceci  : 

D'où  vient  qu'on  appelle   miche 

Quiconque  va  de  nuit  et  se  glisse 

j  en  cachette 

Chez  des  filles  d'amour,  Barbe, 

I  Rose  ou  Fanchette  ^ 

(Argot  des  souteneurs). 

MlCIlÉ  DE  CAftTON  :  Homme 
à  qui  une  fille  demande 
cinq  louis  et  qui  lui  ollre 
quarante  sous. 

On  dit  aussi  :  rniché  à 
la  mie  de  pain  (Argot  des 
lilles). 

MICHETON  :  Petit  miche 
qui  raie  sur  le  prix  des  fa- 
veurs des  filles  (Argot  des 
souteneurs) . 

MIE  DE  PAIN  :  Moins  que 
rien , 

Les  typos,  par  la  grande 
habitude,  savent,  du  pre- 
mier coup  d'œil,  discerner 
un  bon  article  d'un  mau- 
vais. 

Le  mauvais,  c'est  de  la 
mie  de  pain  (Argot  d'im- 
1  rimerie). 


MIE  DE  PAIN  :  Pou. 

On  sait  combien  une  mie 
de  pain  est  désagréable  sur 
la  peau  ;  le  poio  occasionne 
une  démangeaison  sem- 
blable (Argot  des  voleurs). 

MIJOU  (Faire  le)  :  Simuler 
une  maladie  (Argot  des  vo- 
leurs). 

MILLED  :  Billet  de  mille  francs 
(Argot  des    voleurs).  N. 

MILLERIE  :  Loterie  que  tien- 
nent les  camelots  dans  les 
fêles  publiques  (Argot  des 
camelots). 

MINCE  :  Rien. 

Mais,  dans  le  peuple, 
cette  expression  sert  à  ma- 
nifester Télonnement. 

—  Ah  !  mince  alors,  elle 
en  a  une  nichée  dans  la 
paillasse  (Argot  du  peuple). 

MINETTE  :  V.  Descendre  à 
la  crémerie. 

MINISTRE  DE  L'INTÉ- 
RIEUR :  Doigt. 

Allusion  à  ime  coutume 
très  en  usage  dans  les  cou^ 
vents  de  jeunes  filles  (Argot 
du  peuple). 

MIOU  :  Enf-mt. 

Allusion  au  miaou  du 
jeune  chat  (Argot  du  peu- 
ple). 

MIRADOU  :  V.  Mirante. 


IIÎANTE  :  La  glace   (Argot 
des  voleurs. 


:mis 


MOL 


185 


MIRETTES  :  Les  yeux  (Argot 
(les  voleurs). 

MJROIH  A  PUTAINS  :   Joli 
i^arçon  qui  s'en  croit  beau- 


coup, une  espèce 


de   «  Ni- 


colas »  (le  faubourg. 

Dis-lui  qu'un  miroir  à  putain 
^^JU^  dompter  le  pays  latin 
Ksi  un  fort  mauvais  personnage. 

Celle  expression  triait  em- 
ployée au  temps  de  Searron 
(Argot  du  peuple). 

MUIULIN  :  Bonnet. 

—  J'ai  vu  une  (jerce  au 
rastue  de  Saint-Layo  ; 
elle  t'tait  rudement  gironde 
avec  sou  melet  mirquin; 
il  y  manquait  un  ra?/07t 
de  miel  (Argot  des  vo- 
leurs). .Y 

MlFiZALES  :  Boucles  d'oreilles 
(Argot  des  voleurs). 

MISE-BAS  :  Quand  une 
(îquipe  de  compositeurs  est 
mécontenie  pour  ime  raison 
ou  pour  une  autre,  elle  met 
bas,  elle  quitte  le  travail 
(Argot  d'imprimerie) . 

MISÉREUX  :  Malheureux. 
Homme  qui  est  dans  une 
profonde  misère  (Argot  du 
peuple).  iV. 

MISLOQUE  :  Théâtre  (Argot 
des  voleurs). 

MISTOUFLES  :  Fairedes  mi- 
sères, causer  des  désagré- 
ments à  quelqu'un  (Argot 
du  peuple). 


MITARD  :  Cachot  (Argot  des 
voleurs) . 

MI-TEMPS  :  Milieu. 

A.  Delvau  écrit  mitan, 
(•(>  n'est  pas  exact  (Argot  du 
peuple). 

MITRE  :  Cachot. 

Allusion  à  la  mitre  de 
l'évèque,  qui  est  un  signe 
de  dignité. 

Être  au  cachot,  pour  un 
voleur,  est  un  titre  à  la  con- 
sidération de  ses  pareils. 

—  Où  donc  est  Barbe-à- 
Poux  ? 

—  11  est  mitre  pour  huit 
jornes  (Argot  des  voleurs) . 

MOINE  :  Qu'une  épreuve  ty- 
pographique soit  faite  à  la 
brosse  ou  à  la  machine,  la 
partit'  qui  ne  prend  pas 
l'encre  se  nomme  un  moine 
(Argot  d'imprimerie). 

MOISSONNEUR  :  Le  com- 
missaire de  police. 

En  effet,  il  moissonne 
ceux  qui  sont  amenés  à  son 
hurlingue. 

Mot  à  mot  :  il  les  fauche 
comme  des  blés  murs. . .  pour 
la  prison  (Argot des  voleurs). 
V.  Q,uart  d'œil. 

MOEARD  :  Cracher  des  mu- 
cosités qui  fdent  comme  du 
macaroni. 

Graitlonner  salement. 

Quand  un  large  crachat 
s'étale  sur  un  trottoir,  on 
dit: 


186 


MOM 


MON 


—  Quel  beau  molard 
(Argot  du  peuple). 

MOLETTE  :  La  bouche. 

Je  ne  vois  pas  bien  qui  a 
pu  donner  naissance  à  cette 
expression. 

La  molette  sert  à  un 
éperon,  elle  sert  aussi  à 
couper  la  pâte  pour  une 
certaine  espèce  de  gâteau  ; 
enfin,  quoi  qu'il  en  soit,  ce 
mot  est  usuel  (Argot  des 
voleurs).  N. 

MOME  :  Petit. 

On  appelle  aussi  une 
femme  la  môme. 

11  y  en  a  de  célèbres  :  la 
Môme-FromageM  Môme- 
Goutte-de-Sperme,  la  Mô- 
me-Caca. 

On  dit  aussi  momaque 
(Argot  du  peuple).  iV. 

MOME  D'ALTËQUE  :  Jeune 
homme  beau  et  efféminé 
que  l'on  rencontre  vêtu 
d'un  ça  ne  te  gêne  pas 
da7is  le  /)«rc  (veston),  d'un 
pantalon  collant  gris  clair, 
d'une  cravate  voyante  à 
larges  bouts,  et  maquillé  la 
plupart  du  temps, 

Op  le  rencontre  dans  la 
galerie  d'Orléans,  au  Pa- 
lais-Royal, ou  au  passage 
Jouffroy. 

Ce  n'est  pas  l'omnibus 
qu'il  attend. 

On  les  nomme  aussi 
chouard.   en    souvenir  du 


fameux  procès  Germiny  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

MOMIGNARD  :  Diminutif  de 

môme. 

Petit  enfant  (Argot  des 
voleurs).  V.  Abéquense. 

MOMINETTE  :  Absinte  ser- 
vie dans  un  petit  verre 
mousseline. 

Allusion  à  la  petitesse 
du  verre,  qui  est  un  mô)/ie, 
en  le  comparant  à  un  grand 
verre  (Argot  du  peuple). iV. 

MONSEIGNELiR(Pince)  :  Ou- 
til qui  sert  spécialement  à 
fracturer  les  portes  ;  il  est 
tout  spécialement  employé 
par  les  cambrioleurs. 

Cet  outil  en  acier  me- 
sure 45  centimètres  de  hau- 
teur et  23  millimètres  de 
circonférence. 

11  est  connu  depuis  le 
xvni°  siècle. 

C'était  un  des  princi- 
paux instnnnents  dont  se 
servait  le  légendaire  Car- 
touche (Argot  des  voleurs). 

MONTANT  :  Paiitalon. 

Il  monte  en  effel  le  long 
des  jambes. 

Le  montant  à  pattes 
d'éléphant  est,  depuis  des 
années,  le  signe  distinctif 
des  citoyens  à  trois  ponts 
(Argot  (les  souteneurs).  Y. 
Falzar.  N. 

MONTANTE  :  Échelle. 


MON 


MON 


187 


L'image  est  frappante. 
Quand,  autrefois,  l'écha- 
iauil  était  élevé  de  treize 
marches  (pie  le  condanmé 
devait  gravir,  on  nonmiait 
les  marches  la  montante  du 
catraire  (Argot  des  vo- 
leurs). .V. 

MONTE    EN    L'AIR        l<"s 
cambrioleurs. 

Ils  sont  ainsi  nommés 
parce  que  ces  voleurs  opè- 
rent généralement  dans  les 
chambres  de  domestiques 
situées  aux  étages  supé- 
rieurs. 

\hmontent  en  Vair  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

MONTER  UN  BATEAU:  Faire 
croire  à  une  atlaire  ima- 
ginaire; présenter  à  des 
îiiais  un  projet  de  mise  en 
actions  pour  exploiter  une 
fonderie  de  pavés  ou  une  fi- 
lature de  pains  de  sucre. 

Monter  un  bateau,  sy- 
nonyme de  inonter  le  coup 
(Argot  du  peuple) .  N. 

MONTER   LE    VERRE  EN 

FLEUR  (Se)  :  Se  mo7iter 
le  conp  à  soi-même.  S'illu- 
sionner sur  toutes  choses. 

S'imaginer  être  aimé  par 
désintéiessement. 

En  un  mot,  croire  que 
c'est  arrivé 

—  Mon  tniché  ({111  s'est 
monté  le  verre  en  fleur 
que  j'y  allais  de  mon  voyage, 


faut-y  qu'il  soit  poire  (Ar- 
got du  peuple) .  N- 

MONTER  LE  JOB  (Se)  :    Se 
monter  le  coup. 

Croire  que  c'est  arrivé 
ou  vouloir  le  faire  croire  à 
un  autre  (Argot  du  peu- 
ple). 

MONTER   A   L'ÉCHELLE  '' 

Être  guillotiné. 

Mot  à  mot  :  mont-  r  à 
l'échelle  de  l'échafaud.   L. 

L. 

Monter  à  l'échelle  a 
une  toute  autre  significa- 
tion  dans  le  peuple  ;  cela 
veut  dire:  faire  mettre  quel- 
qu'un en  colère. 

_  n  a  la  tête  près  du 
bonnet,  il  s'enlève  comme 
une  soîipe  au  lait. 

On  dit  aussi  : 

—  11  a  un  si  sale  carac- 
tère qu'il  grimpe  à  tout 
bout  de  champ  (Argot  du 
peuple).  N. 

MONTER  UN  SCIITOSSE  : 
Mentir.. 

Svnonyme  de  monter  le 
coup  à  quelqu'un. 

Sloss  en  allemand  veut 
dire  coup. 

Ce  mot  s'est  francisé  et 
court  les  ateliers. 

—  Pour  faire  le  lundi  et 
ne  pas  avoir  son  sac,  on 
monte  un  schiosse  au  pa- 
tron en  lui  disant  que  Ton 
va  à  l'enterrement  de  son 
père. 


188 


MOR 


MOR 


Il  en  est  qui  ont  enterré 
leur  père  autant  qu'il  y  a  de 
jours  dans  l'année  (Argot  du 
peuple).  iV. 

MONNAIE  DE  SINGE  :    Une 

monnaie  qui  n'a  pas  cours  à 
la  Banque  de  France,  car 
les  garçons  de  recette  n'ac- 
cepteraient pas  des  (jri- 
maces  en  paiement  (Argot 
du  peuple). 

MONTRETOUT  (Aller  à)  : 
Quand  les  tilles  vont  au  dis- 
pensaire, tous  les  quinze 
jours,  pour  passer  la  visite 
sanitaire,  elles  montrent 
tout  au  docteur  (Argot  des 
filles). 

MORACE  :  Cri. 

—  Si  le  pante  morace 
et  que  les  hecs  de  gaz  ac- 
courent, lingre  le  pour  ne 
pas  être  paumé  (Argot  des 
voleurs).  N. 

MORBAC  :  Moutard  désagréa- 
ble. 

Morhac,  diminutif  de 
morpion  (Argot  du  peu- 
ple). 

MORCEAU  DE  GRUYÈRE  : 

Individu  grêlé  dont  le  visage 
est  percé  de  trous  comme 
une  passoire. 

Morceau  de  gruyère  est 
une  allusion  aux  innom- 
brables trous  dont  ce  li'o- 
mage  est  percé  (Argot  du 
peuple).  N. 


MORDANTE  :  Lime. 

On  dit  d'un  individu  fiel- 
leux, qui  ne  peut  prononcer 
une  parole  sans  dire  une 
méchanceté,  qu'il  est  mor- 
dant comme  une  râpe  ^  Ar- 
got des  voleurs). 

MORFE  :  Repas. 

Refaite  du  matin,  déjeu- 
ner. 

Refaite  du  jorne,  dîner. 

Refaite  à^  sorgue,  souper. 

Refaite  exprime  bien 
l'action  de  se  refaire  l'es- 
tomac. 

Morfer  est  ici  pour  man- 
ger (Argot  des  voleurs). 

MORFIAILLER  :  Manger. 

Vieux  mot  employé  par 
Rabelais  au  Propos  des 
Beuveurs. 

Où  dial)le  les  escarpes 
ont-ils  été  dénicher  cette 
expression  ?  (Argot  des  vo- 
leurs). 

MORFILLER  LE  DARDANT 

(Se)  :  Se  faire  du  mauvais 
sang,  se  manger  le  cœur. 
A.  D. 

Morfiller  veut  bien  dire 
manger,  mais  dardant  si- 
gnifie amour. 

C'est  morfiller  le  ver- 
meil (sang)  ou  \e  palpitant 
(cœur)  (Argot  des  voleurs). 

MORLINGUE    :    Porte-mon- 
naie. 

D'aucuns    disent    mor- 


MGR 


MOU 


189 


Il  serait  plus  juste  de 
dire  mornillinque,  puisque 
momifie  veutc^ire  monnaie 
(Argot  des  voleurs).  iV. 

MORNANTE  :  Bergerie  (Argot 
des  voleurs). 

MORNIFFLE  :  Gille. 

—  Je  vais  te  plaquer 
uue  moniiffle  sur  la  hure 
si  tu  m'emmerdes  longtemps 
(Argot  du  peuple).  Y.  Giro- 
flée à  cinq  feuilles. 

MORMFFLELR  :  Fabricant 
de  finisse  monnaie,  argent, 
or,  ou  billets  de  banque 
(Argoc  des  voleurs). 

MORNOS  :  La  bouche. 

Manger  une  bouchée, 'ava- 
1er  une  mornée  (Argot  des 
voleurs). 

MORPION  :  Insecte  qui  occa- 
sionne des  démangeaisons 
fort  désagréables. 

Par  analogie,  on  dit  de 
quelqu'un  dont  on  se  débar- 
rasse difTicilement  : 

—  11  colle  comme  un 
morpion. 

On  dit  également  :  mille 
pattes  (Argot  du  peuple). 

MORUE  :  Terme  employé  par 
les  femmes  des  halles  pour 
répondre  aux  râleuses  qui 
leur  ofTrent  un  prix  déri- 
soire de  leurs  marchan- 
dises. 

—  Va  donc,  morue,  fau- 
drait-y    pas    te   foutre  du 


beurre  avec  et  te  le  porter 
à  ton  poussier  (Argot  du 
peuple). 

MOUCOMMEUNECIIIQUE: 

Homme  de  peu  de  consis- 
tance, sans  volonté,  qui  tra- 
vaille mollement. 

Allusion  au  morceau  de 
tabac  qne  le  chiqueur  a 
mâché  toute  une  journée  :  il 
est  mou. 

De  là,  mou  comme  une 
chique  (Argot  du  peuple). 

MOU    POUR  TON   CHAT  : 

Quand  on  regarde  avec  in- 
sistance une  jolie  fille  et  que 
cela  ne  lui  plaît  pas,  elle 
répond  : 

—  Ça,  mon  vieux,  c'est 
pas  du  mou  pour  ton  chat. 

D'aucunes,  plus  expres- 
sives, disent  : 

—  Tu  peux  regarder,  c'est 
pas  de  la  ciande  pour  ton 
serin  (Argot  du  peuple).  N. 

MOUCHARDE  :  La  lune. 
Elle  se  montre  souvent 
fort  mal  à  propos  pour  dé- 
ranger messieurs  les  voleurs 
dans  leurs  expéditions  noc- 
turnes (Argot  des  voleurs). 
N. 

MOUCHE  :   Laid,  bête,  ridi- 
cule. 

—  Elle  est  rien  mouche, 
la  môme  à  Poil-aux-pattes 
(Argot  du  peuple). 

MOUCHES  (Tuer  les)  :  On  dit 
11, 


190 


MOU 


MOU 


de  quelqu'un  qui  a  une  ba- 
leine infecte  : 

—  Il  tue  les  mouches  à 
quinze  pas  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Pot  de  chambre 
cassé  dans  Vestomac. 

MOUCHER  LE  QUINQUET 

(Se  faire)  :  Recevoir  une 
verte  correction,  une  for- 
midable volée  (Argot  dii 
peuple). 

MOUCIIIQUE  :  Laid  à  faire 
peur. 

Vient  du  mot  russe  me- 
jiks  (Argot  du  peuple).  N. 

MOUCIIIQUE  A  LA  SEC- 
TION :  Mal  noté  dans  son 
quartier. 

Quartier  est  synonyme  de 
section,  depuis  la  division 
des  arrondissements  en  sec- 
tions pour  les  votes  (Argot 
du  peuple).  N. 

MOULE  A  GAUFRE  :  Indi- 
vidu dont  le  visage  a  été 
ravagé  par  la  petite  vérole. 
Allusion  au  moule  employé 
par  les  gaufriers  (Argot  du 
peuple).  N. 

MOULE   A   PETS  :   Homme 
qui  se  làcbe  facilement. 
Dans  le    peuple  on  dit  : 

—  Avec  un  vent  pareil, 
il  va  pleuvoir  de  la  merde. 

On  dit  également  : 

—  Si  on  chante  comme  ça 
à  ton  enterrement,  il  y  aura 
plus  de  cochons  que  de  cu- 
rés (Argot  du  peuple).  iV^. 


MOULE  EST  CASSÉ  (Le)  : 

Se  dit  d'un  personnage  ex- 
ceptionnel, inimilaile.  L-L. 
Celte  expression  n'est 
pas  prise  dans  ce  sens  par- 
mi le  peuple  ;  elle  est  em- 
])loyée  pour  dire  d'une 
iemme  qui  a  passé  l'âge, 
qui  wQmarque  plus,  qu'elle 
ne  peut  plus  faire  d'enfants  : 
le  moule  est  cassé  (Argot 
du  peuple).  N. 

MOULIN  ;  Boutique  du  rece- 
leur. 

C'est  pour  cette  raison, 
sans  doute,  que  l'on  nomme 
le  receleur,  le  'ineunier[\i'- 
got  des  voleurs).  iV. 

MOULIN   A   MERDE    :    La 

bouche. 

En  mangeant,  elle  tra- 
vaille poiu'  Richer  (Argoi 
du  peuple). 

MOULIN     A     PAROLES    : 

Femme  bavarde  qui  ne  ta- 
rit pas,  qui  parle  avec  vo- 
lubilité. 

Elle  broie  les  paroles 
comme  le  moulin,  le  café 
(Argot  du  peuple). 

MOULIN  A  VENT  :  Le  der- 
rière. 

Dans  la  Chanson  du 
Propriétaire  on   trouve  : 

Moulin  à    eau   par  devant, 
Moulin  à  vent  pur  derrière. 

(Argot  du  peuple).  .V. 

MOUILLANTE  :     La    soupe 
(  Argot  du  peuple) .  V .  Laff'e . 


MOU 


MUF 


191 


MOUSCAILLE  :  La  marchan- 
dise que  l'on  abandonne 
avec  salisfaclion  dans  les 
cliàlets  de  nécessité. 

Monscailler  :  faire  ses 
besoins  (Argot  du  peuple). 

MOUSQrKT.URE  (iRlS  : 
Pou. 

Allusion  à  la  couleur  de 
cet  horrible  animal  que 
pourtant  certains  adorent. 
Un  amateur  marchande 
un  pou  à  un  chillonnier  ;  il 
lui  ollïv  d'un  pou  magni- 
fique un  prix  dérisoire.  1/é- 
leveur  le  remet  délicate- 
ment dans  sa  chemise  en  lui 
chantant  le  relrain  célèbre  : 

Tu  n'en  veux  pas  !  J'I'remets 
I  dans  ma  chemise. 
Ça  n'mange  pas  il'pain. 

(Argot  du  peuple).  N. 

MOUSSANTE  :  Bière  (Argot 
du  peuple). 

MOUSSERIE  :  Fosse  d'ai- 
sance des  prisons  (Argot 
des  voleurs). 

MOUSTIQUE  DANS  LA 
BOITE  AU  SEL  :  V.  .4.?^?- 
cot  dans  la  noisette. 

MOUTON  :  Dénonciateur  qui 
vend  ses  complices. 

Prisonnier  qu'on  place 
dans  une  cellule  avec  un 
autre  prévenu  pour  le  mou- 
tonner. 

C'est-à-dire  le  faire 
avouer  dans  la  conversation 
(Ai^otdes  voleurs). 


MOUTON  :  Matelas. 

Quand  il   est    plus   que 

plat,  on  dit  :  galette  (Ar- 
got du  peuple). 

^R)UVETTl:  :  Indicateur  qui 
fournit  des  indications  à  la 
police. 

C'est  généralement  un 
camelot  ;  il  se  meut  d'un 
point  à  un  autre,  suivant 
les  cas  (Argot  des  voleurs). 
N. 

MUETTE  (Avoir  une  puce  à 
la)  :  Condamné  qui  a  des 
remords. 

On  dit  aussi  :  jouer  à  la 
muette  (ne  pas  parler)  (Ar- 
got du  peuple). 

MUFFÉE  (En  avoir  une)  : 
S'être  empiffré  jusqu'à  en 
étouffer. 

Avoir  une  soulographie 
numéro  un. 

3Iuffée  :  n'en  plus  pou- 
voir (Argot  du  peuple).  N- 

MUFFLE:  Communément,  ce 
sont  les  maçons  qu'on  ap- 
pelle ainsi. 

La  chanson  dit  : 

Tous  les    muffles  que  nous 
I  connaissons 
Ne  sont  pas  à  la  grève. 

En  effet,  il  y  a  plusieurs 
genres  de  muffles  : 

Tout  individu  qui  se  con- 
duit mal  avec  quelqu'un  est 
un  mu f fie. 

Muffle  est  synonyme  de 
goujat   (Argot  du  peuple). 


192 


MUS 


MUS 


MURON  :  Sel. 

Muronnière  :  la  salière 
(Argot  des  voleurs). 

MUSETTE  (S'en  faire  jouer 
un  air)  :  Expression  em- 
ployée dans  les  maisons  de 
rendez-vous  pour  désigner 
un  certain  travail  très  esti- 
mé des  écoliers  (Argot  dès 
filles). 


MUSETTE  (Couper  la)  :  Em- 
pêcher quelqu'un  de  par- 
ler. 

On  dit  aussi  :  lui  couper 
la  chique  (Argot  du  peu- 
ple). 

MUSICIEN  :  V.   Mouton. 


NEP 


NEP 


193 


N 


NAZ  :  Nez. 

On  (lit  aussi  7iase. 

C'est  certainement  une 
abréviation  de  naseau  (Ar- 
içot  du  peuple). 

m:  pas  attacher  son 
chien  avec  des  sau- 
CISSES :  Avare. 

C'est  une  expression  très 
populaire,  superlatif  de 
chien,  (/rippe-soiis. 

On  ne  peut  rien  dire  plus 
d'im  homme  (  Argot  du 
peuple).  iV. 

NE  KIEN  AVOIR  DANS  LE 
FUSIL  :  Avoir  le  ventre 
vide. 

L'allusion  est  facile  à  sai- 
sir : 

.l'sens  l'paquet  d'tripes  qui  s'ca- 
I  vale. 
(Argot  du  peuple). 


NEG  AU  PETIT  CROCH  : 
Chiffonnier. 

I\^eg  est  une  aliréviation 
de  néyocia7it,  et  croch  de 
crochet,  outil  indispensable 
aux  chiffonniers  (Argot  du 
peuple). 

NÈ(ïRE  :  Heure  de  minuit,  à 
laquelle  l'obscurité  est  la 
plus  profonde  (Argot  des 
voleurs). 

NÉGRESSE  :  Puce. 

Allusion  de  couleur  (Ar- 
got du  peuple). 

NÉGRESSE  :  Bouteille. 

—  Allons-nous  étouffer 
une  négresse  de  ginglard 
à  Argenteuil?  (Argot  du 
peuple). 

NEP  :  Rastaquouère  vendant 
aux  imbéciles  des  décora- 


194 


NIB 


NIP 


lions  exotiques  (Argot  fies 
voleurs). 

NETTOYÉ  :  N'avoir  plus  rien, 
être  absolument  à  sec. 

Nettoyé,  être  à  l'agonie, 
se  sentir  mourir. 

—  Le  médecin  m'a  dit  que 
j'étais  nettoyé  (Argot  du 
peuple). 

NEZ  CULOTTÉ  :  Nez  d'ivro- 
gne. 

Dans  le  peuple  on  dit  : 

—  Si  on  lui  pressait  le 
piton  il  en  sortirait  du  vin. 

Le  nez  culotté  a  été  cé- 
lébré par  Ch.  Colmance  : 

Un  nez  culotté; 

Piquante  parure, 

Gracieuseté 

De  dame  nature. 

Heureux  l'elTronté  doté 

D'un  nez  culotté. 

11  y  a  des  nez  culottés 
qui  coûtent  plus  cher  que 
s'ils  étaient  en  or  (Argot 
du  peuple). 

NEZ   RETROUSSÉ  :    Nez  à 

narines  larges  et  ouvertes. 

—  11  va  te  pleuvoir  dans 
le  nez. 

—  Elle  se  pleure  dans  le 
nez  quand  elle  a  du  chagrin 
(Argot  du  peuple). 

NIB  :  Signifie  rien. 

Ce'.te  expression  n'est 
pourtant  pas  toujours  prise 
dans  ce  sens. 

Quand  on  dit  :  nib  de 
blaire,  par  exemple,  pour 


qualifier  un  nez  énorme,  nih 
devient  synonyme  At  mince 
qui  veut  dire  beaucoup  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

NIB  DE  BRAISE  :  Pas  d'ar- 
gent. 

—  Par  un  houryiiignon 
pareil  tu  restes  à  la  'piaule, 
allons  décanille. 

—  Nib  de  braise,  les 
valades  sont  dégraissées 
(Argot  des  voleurs). 

NICHE  A  SEINS  :  Corset. 
Allusion  à  ce  qu'il  sou- 
tient les  forts,  augmente  le 
volume  des  faibles,  disci- 
pline les  vagabonds  et  pro- 
tège les  égarés  (Argot-  du 
peuple).  N. 

NICHONS  :  Les  seins. 

—  Laissez-moi  tàter  vos 
jolis  nichons. 

—  Combien  qu'tu  payes? 
(Argot  du  peuple). 

NIÈRE  :  Homme  quelconque, 
lui. 

—  Le  g  once  a  rudement 
le  tr.ac  pour  son  nière. 

On  dit  aussi  :  mon  nière 
bobécUon  pour  moi. 

Bobéchon,  ici,  fait  dou- 
ble emploi  (Argot  des  vo- 
leurs). 

NIE   :  Non    (Argot   des   vo- 
leurs). 
NIPPÉ  :  Bien  habillé. 

—  J'avais  olus  rien,  les 
requins  m'avaient  bazar- 
dée pour  payer  mon  pro- 


NON 


NOU 


19: 


bloque^  j'ai  dégoilénn  mi- 
che qui  m'a  renippée,  à 
j)ivscnt  je  suis  rupine  je 
|)eux  trimardcr  (Arçjot  du 
peuple) 

MQLE  DE  MÈCHE  :  N'avoir 

pas  (le  complice. 

—  J'ai  fait  mon  coup  de 
vogue  saos  nique  de  mèche 
(Argot  des  voleurs). 

MQIE  DE  MÈCME  :  Refus 
d'un  complice  de  partager 
le  produit  d'un  vol. 

—  Xique  de  mèche,  je 
ne  fade  pas  le  pognon 
(Argot  des  voleurs). 

MORTE:  Viande  (Argot  des 
voleurs"^.  V.  Cri  g  ne. 

NOCE  DE  TAILLEUR  : 
Faire  une)  :  Se  promener 
le  long  des  berges  et  faire 
des  ronds  dans  l'eau  avec 
des  cailloux  f  Ai-got  du  peu- 
ple). N. 

NOIX  (En  avoir)  :  Avoir 
beaucoup  de  bijoux  (Argot 
des  voleurs). 


.NONNE    (Faire) 
foule. 


Faire    la 


Rien  de  plus  simple  : 
les  nonneurs  (complices) 
se  groupent  autour  de 
l'un  d'eux,  qui  simule  un 
mal  subit,  de  prélérence 
dans  une  rue  barrée  ;  les 
badauds  s'amassent,  le  ti- 
reur  peut  à  l'aise  explorer 


les  poches,    et  souvent    la 
moisson  est  féconde. 

Quand  l'un  d'eux  est 
ju'is  et  qu'il  se  met  à  table, 
on  dit  qu'il  mange  sur  ses 
nonneurs  (complices)  (Ar- 
got des   voleurs). 

NON  N  EL  R  S  :  Complices  de 
voleurs,  plus  parliculière- 
nieiit  des  pick-pockets  (Ar- 
got des  voleurs). 

NORD  :  Tèlc. 

Dans  le  peuj)le,  du  dit 
souvent  de  quelqu'un  qui 
devient  fou  : 

—  Il  perd  le  nord  (Ar- 
got du  peupKO- 

NOZIÈRES  :  Qui  ?  (Argot 
des  voleurs).  N. 

NOURISSEUR  DE  POU- 
DARDS  :  Complice  qui 
prépare  les  vols  à  accom- 
plir. 

Un  bon  nourrisseur  de 
pohpards  est  très  recher- 
ché par  les  voleurs  (Argot 
des  voleurs). 

NOUSAILLES  :  Nous. 

Nosigues  est  beaucoup 
plus  usité  (Argot  des  vo- 
leurs). 

NOUVELLE  (La):  Le  bagne. 

Abrévfation  de  Nouvelle 
Calédonie. 

Autrefois,  quand  les  ba- 
gnes étaient  à  Rrest  et  à 
Toulon,  on  disait  \q  grand 
pré. 


196 


NOY 


NU  A 


—  Il  est  sapé  à  faucher 
h  grand  pré  à  perpète 
(Argot  des  voleurs). 

NOYEUSE  D'ÉTRONS:  Mère 
de  famille  qui  va  au  lavoir 
public  laver  le  linge  de  ses 
enfants. 


Allusion  aux  déjections 
des  bébés  qui  souillent  les 
couches  (Argot  du  peuple). 

NUAGE  :  La  tournure  que 
portent  les  femmes  ;  ainsi 
nommé  parce  qu'il  cache  la 
Itine  (Argot  du  peuple).  A^. 


OEI 


OKI 


19: 


\ 


ŒU.  A  LA  COQrE  :  Ueco- 
voir  sur  l'a 'il  un  iormi- 
(lalde  coup  de  poing  qui  le 
poche  et  en  fait  un  œil  me 
beurre  noir. 

La  violence  du  coup  fait 
extravaser  le  sang  et  le 
lendemain,  l'œil  est  couvert 
par  une  large  lâche  noire. 

On  appelle  alors  le  blessé  : 
fape  à  l'œil  (Argot  du  peu- 
ple). 

OLIL  EN  COULISSE  :  Re- 
garder quelqu'un  amoureu- 
sement, tendrement,  avoir 
l'air  de  lui  dire  : 

—  Veux-tu  ? 

Faire  le  genou  à  sa 
voisine  sous  la  table,  est 
aussi  significatif  et  beau- 
coup moins  visible,  surtout 


si  le  mari  est  là  (Ai^ot  du 
peuple). 

ŒIL  QUI  DIT  MERDE  A 
L'AUTRE  :  Deux  yeux  qui 
ne  vivent  pas  en  bonne  in- 
telligence, qui  se  regardent 
en  chiens  de  faïence  (Argot 
du  peuple).  V.  Guigne  à 
gauche. 

OEIL  (Faire  de  l')  :  Les  filles 
font  de  Vœil  aux  passants 
qu'elles  veulent  raccrocher: 

Ses  deux  beaux   chasses  vous 

!  rembroquaient 

Puis  à  la  piaule  tous  lesgonces 

I  rappliquaient. 

dit  la  chanson  du  marlou 
(Argot  des  filles), 

OEIL  (Faire  1')  :  Avoir  à  cré- 


198 


OIS 


ONG 


dit  chez  les  fournisseurs. 

Dans  le  peuple,  quand 
on  oublie  de  payer,  le  four- 
nisseur refuse  crédit  ;  alors 
on  dit  que  Yœil  est  crev6 
(Argot  du  peuple). 

0. PRESSE  :  La  procureuse 
ou  la  proxénète,  bouquetière 
ou  marchande  à  la  toilette  ; 
elle  donne  cent  sous  aux 
tilles  quand  elle  touche 
viiîgt  francs,  elle  leur  vend 
mille  francs  ce  qui  vaut 
cent  francs. 

Mot  à  mot  :  V ogresse  les 
mange  toutes  crues  (Argot 
des  filles). 

OCxRESSE  :  Eemme  friande 
de  chair  fraîche  appartenant 
à  son  sexe  (Argot  des  filles). 
V.  Accouplées. 

OIGNON  (L')  :  Il  s'appelle 
aussi  trou  de  halle  (Argot 
des  souteneurs).  V.  Figne. 

N. 

OICNON  :  Montre  énorme. 
Argot  du  peuple  qui    dit  : 

ognon. 

—  Ton  ognon  marque-t- 
il  l'heure  et  le  linge  ?  (Ar- 
got du  peuple). 

OISEAU  :  Ilélas  !  quand  il 
est  envolé  c'est  pour  long- 
temps et  les  regrets  si 
amers  qu'ils  soient  sont 
super  (lus. 

Heureux    encore    s'il  ne 


laisse  pas  un  petit  dans  la 
cage. 

—  Elle  a  perdu  son  oi- 
seau (Argot  du  peuple).  .Y. 

OLIVIER    DE   SAVETIER  : 

Navet. 

Comme  ils  sont écononxs 
pour  la  plupart,  ils  se  ser- 
vent de  l'huile  de  nai'eltc 
qui  se  vend  bon  marché 
pour  assaisonner  leur  sa- 
lade. 

C'est  exactement  la 
même  chose  que  pour  les 
pommes  déterre;  on  dit  des 
oranges  de  limousins 
(Argot  du  peuple). 

OMNIBUS  :  Femme  à  tous. 

On  dit  aussi  :  wagons 
et  omnibusardes. 

Fréquemment,  ces  omni- 
bus là  donnent  une  corres- 
pondance pour  l'hôpital  (îu 
Midi  (Argot  du  peuple). 

OMNIBUS  A  CONI:  Voi- 
lure qui  emporte  le  guillo- 
tiné du  lieu  d'exécution  au 
cimetière  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ONCLE  :  Le  guichetier  qui 
garde  la  première  porte 
d'entrée  d'une  prison. 

Je  ne  vois  pas  trop  pour- 
quoi on  l'appelle  mon  oncle 
car  il  n'a  guère  de  tendresse 
pour  les  visiteurs,  à  moins 
que  ce  ne  soit  un  à  peu  près. 
Quand  on  va  au  clou,  mon 


ORG 


ORP 


199 


oncle  proiid  soin  dos  objets 
déposés  (Arj,'ot  dos  prisons). 

ONGLES  CROCHES  (Les 
avoir)  :  Ce  sont  généraU*- 
lement  les  Normands  qui 
ont  cette  spécialité,  car  on 
dit  très  souvent  d'un  grippe- 
sous  (pie  Ton  pourrait  le 
jeter  au  plalond  (ju'il  ne 
le tomberait  i)as. 

Avoir  les  ongles  crèches 
est  synonyme  de  poser  zéro 
et  de  retenir  tout  (Argot 
du  peuple). 

(HIANGERDE  SAVETIER: 

Pied  de  sarriette,  que  les 
savetiers  placent  dans  leur 
échoppe  à  côté  d'eux  f  Argot 
du  peuple. 

OUDLNAIRE  :  La  soupe  et  le 
bœuf  que  les  ouvriers  man- 
gent le  malin. 

Comme  presque  toute 
l'année  c'est  la  nourriture 
ordinaire,  de  là,  le  nom 
(Argot  du  peuple). 

ORDINAIRE  :  Homme  habi- 
tué à  venir  à  heure  et  h 
jour  tixe  chez  une  lille. 

C'est  un  protecteur  inter- 
mittent (Argot  des  filles. 

ORCUE  :  Homme. 

Mon  orgue,  moi. 
Ton  orgue,  toi. 
Son  orgue,  lui. 
Leur  orgue,  eux. 
(Argot.des  voleurs). 


ORGIE  (Jouer  de  T)  :  Ronfler. 

Il  roidle  comme  un  tuyau 
iVorgue. 

Il  ronlle  comme  une  tou- 
pie  d'Allemagne. 

Allusion  au  ronflement 
sonore  que  fait  la  toupie  en 
tournant  sur  elle-même  (Ar- 
got du  peuple). 

ORNICHON  :  Oie,  volaille. 
Les  voleurs  qui  ont  la 
spécialité  de  dévaliser  les 
poulaillers  dans  les  cam- 
pagnes se  nomment  des 
nettoyeurs  d'ornic/ions 
(Argot  des  voleurs).  V,  An- 
gluce. 

ORNIE  DE  BALLE  :  Dindiu. 
(Argot  des  voleurs). 

ORPHELIN  DE  MURAILLE: 

Les  élrons  qui  s'alignent  le 
long  des  murs  isolés. 

Pourquoi  orphelins  ? 

Us  sont  parfois  en  nom- 
breuse société  et  beaucoup 
ne  peuvent  être  pris  pour 
des  vagabonds  étant  munis 
de  papiers  (Argot  du  peuple) . 

ORPHELIN  :  Bout  de  cigare 
ou  de  cigarette  que  le  fu- 
meur abandonne  dédaigneu- 
sement. 

Ils  sont  aussitôt  recueillis 
par  le  ranmsseur  de  mégots 
qui  leur  fait  un  sort  (Ar- 
got du  pe  iple). 

ORPHELIN  :  Verre  de  vin  à 
moitié    bu   que  le   buveur 


200 


OSE 


oss 


abandonne  sur  le  comptoir 
du  maslroquet. 

Quand  un  consommateur 
boit  seul  sans  trinquer,  il 
étouffe  %m  orphelin. 

Dans  les  bars,  ii  ne  man- 
que pas  de  Saint-Vincent- 
de-Paul  pour  les  recueillir 
(Argot  du  peuple). 

OSEILLE  :  La  faire  à  l'o- 
seille. 

Jouer  un  tour  désagréable 
à  quelqu'un.  A.  D. 

11  attribue  ce  mot  à  un 
cabotin  habitué  d'une  petite 
gargote  de  la  rue  de  Malte 
où  mangeaient  les  artistes 
des  théâtres  du  boulevard 
et  du  Temple. 

Selon  lui,  ce  mot  date  de 
1861  environ. 

Comme  cette  locution:  la 
faire  à  l'oseille  est  très 
répandue,  il  est  bon  de  ré- 
tablir son  origine. 

Le  petit  père  Vinet,  mort 
il  y  a  deux  ans  dans  un 
taudis  de  la  rue  de  Tour- 
tille,  à  Belleville,  était 
vers  1840  un  chansonnier 
en  vogue. 

Il  avait  été  sauvage  au 
Caveau  des  Aveugles,  au 
Palais-Royal,  avant  le  père 
Blondelet  ;  il  mangeait  dans 
la  gargote  citée  par  Del- 
vau. 

La  gargote  était  non  rue 
de  Malte,  mais  rue  de  la 
Tour.  Un  après-déjeuner,  il 
composa  une  chanson  inti- 


tulée :  Vous  me  la  faites  à 
l'oseille.  ho\x\2ivA,Vhomrûe 
à  la  vessie  la  chantait  en- 
core en  1848,  place  de  la 
Bastille. 

Voici  un  couplet  de  cette 
chanson  : 

Comme    papa  j'suis  resté  gar- 
I  çon 
Tour  bonne  j'ai  pris  Gervaise. 
Elle  est  maîtresse  à  la  maison 
Je  la  troiwe  mauoaise 
De  la  cave  au  grenier 
La  danse  du  panier 
Que  c'est  une  merveille. 
Elle  mange  à  son  goût 
Mes  meilleurs  ragoûts. 
Vous  me  la  faites  à  l'ossille. 

Comme  on  le  voit,  il  y  a 
plus  de  cinquante  ans  que 
Ton  connaît  cette  expres- 
sion (Argot  du  peuple j.  .V. 

OS  :  Argent,  or  ou  monnaie. 

—  J'ai   de  Vos  à  moelle 

dans  ma   poche  (plusieurs 

pièces  de  cent  sous)  (Ai-got 

du  peuple). 

OSEILLE  :  Argent  (Argot  du 
peuple).  V.  Aubert. 

OSEILLE  (La  faire  à  l'i  : 
Réussir  un  bon  vol  qui  a 
été  bien  nourri. 

Sûrement  c'est  la  faire 
à  l'oseille  à  celui  qui  a  été 
dévalisé. 

Les  voleurs  sont  quel- 
quefois facétieux  (Argot  des 
voleurs). 

OSSELETS  :  Les  cinq  doigts. 
lies  gamins  jouent  un  jeu 


OUR 


OUV 


201 


(jui  se  noinnie  osselet  avec 
(les  os  de  pied  de  mouton 
(  Ai*gol  du  peuple).  V.  Apô- 
tres. 

01  KLER  LE  BEC  :  Besogne 
terminée 

Quand  un  ouvriergraveui" 
met  sa  signature  au  bas  de 
sa  planclie  ou  de  son  l)ois, 
le  bec  est  ourlé  (Argot  d'a- 
telier). 

()l  RS  :  llonnne sombre, triste. 
Dans  les  ateliers,  on  dit 
d'un  ouvrier  qui  fuit  ses 
eama rades  :  c'est  un  ours. 
En  réalité,  ours  mal 
léché  est  synonyme  de 
ïïiufle  (Argot  du  peuple). 

OLRS  :  Mauvais  livre  qui 
reste  pour  compte  à  l'édi- 
teur. 

Mauvais  manuscrit  de 
pièce  qui  dort  dans  les  car- 
tons du  directeur. 

En  un  mot,  tout  ce  qui 
ne  vaut  rien,  qui  est  raté, 
est  un  ours  (Argot  du  peu- 
pie). 

OURS  (En  poser  un)  :  Quit- 
ter sa  casse  pour  raser  un 
copain  ;  la  séance  se  pro- 
longeant, les  camarades 
crient  : 

—  Mince  d'onrs  (Argot 
d'imprimerie). 

OURSER  :  \\  est  très  difficile 
d'expliquer  le  sens  brutal 
de  ce  mol  autrement  que 
conmie  ceci  : 


Mari  qui  renqilil  ses  de- 
voirs conjugaux  comme  un 
ours  (Argot  du  peuple). .V. 

OUTIL  :  Vieille  lénune. 

Objet    de  reliul   qui   ne 

peut  servir  à    aucun  usage. 

Terme    de    mépiis    fré- 

(jucmment  employé  : 

—  Sale  outil  (Argot  du 

peuple). 

01  TIL  DE  BESOIX  :  Fennne 
ou  fille. 

Elles  ne  deviennent  oî/iîV 
que  par  l'habit  ide  de  la  co- 
habitation. 

Un  souteneur  qui  n'a  [)as 
de  poigne  pour  défendre  sa 
marmite  est  également  un 
outil  de  besoin...  jusqu'à 
temps  qu'elle  en  trouve  un 
autre  (Argot  du  peuple). 

OUVRIR     SA     SOUPAPE  : 

Péter  bruyamment. 

Allusion  à  la  soupape  de 
la  chaudière  qui  se  soulève 
pour  laisser  échapper  la  va- 
peur quand  la  pression  est 
trop  haute. 

On  crie  à  celui  qui  s'ou- 
blie aussi  fort  : 

—  Ferme  ta  soupape, 
ça  pue  (Argot  du  peuple». 
N. 

OUVRIR  SA  TABATIÈRE    : 
Péter. 

Par  allusion  à  l'odeur, 
on  dit  :  Quelle  rude  prise  ! 
On  en  prend  plus  avec  son 
nez  qu'avec  une  pelle  (Ar- 
got du  peuple).  N. 


202 


PAF 


PAG 


PAF  :  Celle  expression  dé- 
signe Tobjel  qui  distingue 
l'homme  de  la  femme. 

Ce  sont  les  voyous  qui 
ont  inventé  le  mot. 

Quand  un  tenaneier  d'une 
maison  de  tolérance  se  re- 
tire des  affaires  et  qu'il  se 
l'ait  construire  une  maison 
à  la  campagne,  s'il  éprouve, 
par  vanité,  le  besoin  de 
mettre  au  fronton  de  sa 
maison  un  écusson,  il  peut  y 
ajouter  cette  devise  qui  ex- 
plique le  mot  paf  : 

Pêne  erexit  dom  uni 
(Argot  du  peuple].  iV. 

PAF  (Être)  :  Être  gris. 

—  Je  me  suis  pd/fë  hier 


soir  que  c'en  est  dégoûtant. 

—  Paf,  (;a  y  est. 

Chose  accomplie.  Syno- 
nyme de  :  J'en  ai  mon 
pied.  (Argot  du  peuple). 

PAFFS  :  Souliers. 

C'est  à  peu  près  le  meil- 
leur mot  d'argot  pour  dési- 
gner le  bruit  que  fait  le 
marcheur  en  frappant  le 
sol  du  pied. 

C'est  une  image  :  pa^! 
paffl  (Argot  du  peuple). 

PAGNE  :  Lit. 

Allusion  au  pagne  qui 
entoure  la  taille  des  sau- 
vages ;  les  draps  cachent 
également  la  nudité  de 
l'homme  et  de  la  femme 
(Argot  du  peuple).  A^. 


PAI 


PAL 


•203 


PAGNE  :  Provision. 

On  n'ics  but'jilus,    car   c'est  un 

I  mauvaiïj  Hanche, 

^    tn  a  toujours    qui   sont  pau- 

j  niés  marrons, 

Mais  sans  r'niftler,  pour  eux  on 

I  fait  la  manche, 

'  'v  leur  envoie    le    pagne    au 

I  violon. 

Argot  des  voleurs). 

PAGNOTER  (Se)  :    Se  coii- 
(Iier. 

Maliçré  le  double  eiiiploi, 
ou  dit  dans  le  peuple  : 

—  Je  vais  me  paynotc)' 
dans  mon  pieu  avec  mes 
dardants  (Argot  du  peu- 
ple). 

PAILLASSE  :  Femme. 

Ln  homme  se  promène, 
sa  femme  au  bras  ;  il  est 
rencontré  par  un  ami  : 

—  Tiens,  lu  déjnénages, 
Chariot? 

—  Pourquoi  donc? 

—  Puisque  t'as  ta  pail- 
lasse sous  le  bras  (Argot 
du  peuple).  V.  Boulet. 

PAILLASSE    A    SOLDAT: 

Fenmie  smr  laquelle  tout 
un  régiment  couche. 

Mot  à  mot  :  qui  sert  de 
liuillasse  (Argot  du  peu- 
pie).  N. 

PAILLASSE  :  Pitre  qui   lait 
le  boniment  devant  les  ba- 
raques de  saltimbanques. 
Paillasses  :  les  hommes 

f)olitiques  qui  servent  tous 
es  gouvernements,  pourvu 
qu'ils  paient. 


Paillass',  mon  ami, 

N'saui'  pas  à  demi. 

Saute  pour  tout  le  monde. 

(Ai-got  du  peuple). 

PAILLE  (C'est  une)  :  Signe 
d'étonnement  qui  veut  dire 
beaucoup,  trop  gros  fardeau 
à  porter  : 

C'est  une  paille  que  de 
porter  ça  là  bas  (Argot  du 
peuple).  iV. 

PAILLE  AL  CUL  (Avoir  la): 
Être  mis  à  la  réforme.  Z. 
Z 

S'en  aller  la  paille  au 
Ctily  c'est  quitter  le  régi- 
ment en  ayant  encore  de  la 
salle  de  police  ou  de  la 
prison  à  faire. 

Allusion  à  la  paille  sur 
laquelle  couchent  les  pri- 
sonniers (Argot  des  trou- 
piers). iV. 

PALABRE  :  Discours  en- 
nuveux,     prudhommesque. 

Palabra^  en  langue  es- 
pagnole, signifie  parole, 
il  est  vrai,  mais  ce  n'est 
pas  le  sens  dans  le  langage 
populaire. 

Palabre  trembleuse  : 
figure  de  bourgeois  qui 
tremble  à  propos  de  rien, 
qui  a  peur  de  son  ombre, 
qui  se  cache  au  moindre 
bruit. 

Palabre  signifie  figure  : 

—  Le  bi/fard  a  telle- 
ment   la   frousse  que  sa 


204 


PAM 


PAN 


(•in<| 


palabre  défargue  (Argot 
(lu  peuple).  A^. 

PALAIS  :     Pièce 
francs. 

Allusion  à  la  forme  plaie 
du  palais  qui  sert  pour 
jouer  au  tonneau  (Argot  du 
peuple].  V.  Tune. 

PALLAS  :  Discours. 

—  Tu  ne  vas  pas  bien- 
tôt nous  lâcher  le  coude 
avec  ton  pallas  à  dormir 
debout. 

—  \'iens-tu  entendre  le 
bénisseur,  il  va  pallasser 
sur  la  tombe  de  son  ami 
(Argot  des  voleurs). 

PALLASSEUR  :  Individu  qui 
parle  d'abondance,  longue- 
ment, sur  tout  ce  qu'il  ne 
sait  pas. 

—  Gare  aux  inondations  ! 
le  pallasseur  a  ouvert  son 
robinet  (Argot  du    peuple). 


Juge  d'inslruc- 


PALPEUR 

lion. 

11  palpe  en  effet  les  pri- 
sonniers pour  les  faire 
avouer. 

Cette  expression  est  plus 
jolie  que  l'ancienne  :  cu- 
rieua;  (Argot  des  voleurs). 
N. 

PALPITANT  :  Le  cœur  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Grand 

ressort.  I^. 

PAMPLNE:  Sœur  de  charité 
(Argot  des  voleurs). 


PANAMISTE  :  Cette  expres- 
sion date  de  1892. 

Ce  sont  les  dénonciations 
faites  par  M.  Andrieux 
contre  les  lOi  députés  qui 
auraient  touché  des  chèques 
à  la  caisse  du  Panama  qui 
ont  donné  naissance  à  ce 
mot  (Argot  du  peuple).  A^. 

PANADE  :  Soupe  de  pain 
qui  mijote  lentement  sur  un 
feu  doux. 

Dans  le  })euple,  être  dans 
la  panade,  c'est  être  dans, 
la  misère.    ■ 

Allusion  à  ce  que  la  pa- 
nade est  généralement  faite 
avec  des  croûtes  de  pain 
(Argot  du  peuple).  A^. 

PANAIS  :  Pan  de  chemise. 

Être  en  panais,  être  en 
chemise. 

Dans  le  peuple,  pafiais 
est  employé  comme  néga- 
tion. 

—  Veux-tu  me  prêter 
cent  sous? 

—  Des  parlais,  tu  le 
fouterais  de  ma  fiole  (Ar- 
got du  peuple).  A^. 

PANIER:  Lit. 

—  Mon  petit  homme, 
veux-tu  venir  avec  moi 
faire  une  séance  de  panier, 
tu  verras  comme  je  suis.  . . 
aimable  (Arçot  des  filles). 

PANIER  A  SALADE  :  Voi- 
lure cellulaire  pour  con- 
duire  les   prisonniers   des 


PAN 


PAR 


203 


posles  (le  police  au  Dépôt 
(le  la  préroeliire,  ainsi 
Momnu'e  parce  (pi'aulrel'ois 
celte  voiture  était  à  claire- 
voie  (Arjiol  (li's  voleurs). 

I»ANIKU  A  DKl  X  ANSKS  : 

Avoir  une  lennne  à  chaque 
liras  (Argot  du  peuple). 

PANIER  V¥J\Œ  :  llonnne 
(pii  n'a  rien  à  lui. 

Allusion  au  panier  sans 
Ibnd  que  jamais  on  ne  peut 
emplir  (Argot  du  peuple). 

PANSU  :  Terme  de  mépris 
employé  par  le  peuple;  i)our 
(pialitier  un  bourgeois  qui 
lait  un  dieu  de  stm  ventre 
et  qui  a  une  panst'  arron- 
die. 

Pansu  :  égoïste  qui  ne 
songe  qu'à  lui  (Argot  du 
peuple).  N. 

PANTIN  :  Paris. 

Quancï  on  a  bien  hillanclté 

I  pour  son  compte, 

On  defourage  et  renquiUe  à 

I  Pantin. 

L'iong  du  triinard,  beqial- 

I  lant  son  décompte, 

De    gueule    en    gueule    on 

I  pique  vm  gai  refrain. 

Pantin:  Argot  du  peu- 
ple. 

Pantruche  :  Argot  des 
voleurs. 

PANTE  :     Imbécile     qui    se 
laisse  facilement  duper. 

Inutile,  je  pense,  de  dire 
{\\w  panle  vient  d(!  pantin: 
gens  de  Paris  (Argot  des 
voleurs). 


PANTKE  AKGOTÉ  :  Imbé- 
cile de  la  pire  esp(^ce,  plus 
Itéte  (pie  ses  pieds  ;  être 
facile  -A  lronq»er  (AipH  des 
v(  (leurs  j. 

PANTKE   AUNAlî  :   Mot    à 

mot:  individu  qui  renaude, 
(pii  marronne  en  s'aperc(v 
vanl  (pi'il  vient  d'être  vic- 
time d'un  vol  (Arçot  des 
voleurs'. 

PANUCIIE  :  Femme  élégam- 
ment mise,  Z.  Z. 

Panucàe  eai  la  maîtresse 
d'une  maison  de  tolérance 
(Argot  des  souteneurs).  V. 
Maman-maca. 

PAPILLON  :  Blanchisseur  de 
campagne  (Argot  des  vo- 
leurs). 

PAPILLON  :  Vol  à  la  mar- 
que. 

Il  se  pratique  dans  les 
voitures  de  blanchisseu- 
ses qui  viennent  de  la  cam- 
pagne et  contient  leurs  voi- 
tures à  la  garde  d'un 
enfant  (Argot  des  voleurs). 

PAQUET  :  Homme  ou  femme 
gros,  court  sur  pattes,  sans 
élt^gance,  ressemblant  à  un 
^paquet  de  chair  (Argot  du 
peuple). 

PARANGONNER  :  Arranger 
au  moyen  d'interlignes  des 
caractères  de  différents 
corps  (Argol  d'imprime- 
rie). 


206 


PAR 


PAS 


PARAPHE  (l<:n  délacliei' uuj: 
Donner  un  souftlet  à  quel- 
qu'un. 

On  dit  aussi  : 

—  Je  vais  te  poser  un 
cachet . 

Détacher  un  paraphe 
est  rarement  employé,  c'est 
trop  long  ;  hègne  vaut 
mieux  (Argot  du  peuple). 

PARC     AUX     HUITRES     : 

Mouchoir. 

L'allusion  n'est  pas  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  distin- 
gué, mais  l'image  est  juste 
(Argot  du  peuple).  N. 

PARFAIT  AMOUR  DE  CHIF- 
FONNIER :  Eau-de-vie 
vendue  dans  les  assom- 
moirs (Argot  du  peuple). 

PARFUMEUR  :  Avocat. 

Mot  à  mot  :  il  couvre  son 
client  de  lleurs  (Argot  du 
peuple).  V.  Blanchisseur. 

PARISIEN   A  GROS  DEC  : 

Quand,  dans  les  ateliers,  un 
provincial  lait  de  l'embar- 
ras, qu'il  prend  des  airs 
casseurs,  qu'il  fait  le  crâne 
et  dit  :  nous  autres  Pari- 
siens, parce  qu'il  habite  la 
capitale  depuis  &ix  mois,  on 
lui  répond  : 

—  Tu  n'es  qu'un  Pari- 
sien à  gros  bec  (Argot  du 
peuple).  N. 

PARLOIR    DES    SINGES  : 

Parloir  des  prisons. 

Allusion  aux  trois  grilles 


entre  lesquelles  sont  enfer- 
més les  visiteurs  et  les  pri- 
sonniers (Argot  des  vo- 
leurs). 

PAROUFLE  :  La  paroisse. 
C'est   un    sale    parou- 
flard  ;  pour  sale  paroissien 
(Argot  des  voleurs).  N". 

PARRAIN  :  Avocat. 

Il  sert  en  elfet  de  par- 
rain à  l'accusé,  il  le  tient 
sur  les  fonds  baptismaux  en 
cour  d'ar.sises  (Argot  des 
voleurs).  iV. 

PASCAILLER  :  Passer. 

—  Le  go?ice  a  pascaillé 
avant  toi  au  carré  des  pe- 
tites gerbes,  il  est  enfla - 
qiié  pour  dix  berges. 

Pascailler  veut  dire  éga- 
lement prendre  le  tour  ou 
la  place  de  quelqu'un. 

— rtxipascaiiléh  31  orne 
Livarot  au  Rouquin  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

PAS  CUIT  :  Un  courtier  de- 
mande à  un  libraire  un  livre 
ou  une  revue  ;  s'ils  ne  sont 
pas  })arus,  on  lui  répond 
laconiquement  :  pas  cuit . 
Mot  à  mot  :  ils  sont  en- 
core au  four  (en  confection) 
(Argot  des  libraires).  N. 

PAS  SI  CHER  :  Silence, 
parlez  plus  bas,  on  nous 
écoule. 

Expression  employée 
dans  les  prisons  pour  signa- 
ler l'arrivée   d'un    gardien 


PAS 


PAS 


•207 


([ui  punirait  les  causeurs. 
Synonyme  de  :  il  pleut, 
employé  dans  les  imprime- 
ries quand  le  proie  ou  le 
patron  entre  à  l'atelier  (Ar- 
got des  voleurs). 

PAS    MÈCHE    :    Impossible 
de  réussir. 
Mèche  |)Our  moyen. 
—  J'ai  l)eau  la  chauffer, 
pas  mèche  d'y  arriver  (Ar- 
got du  peuple). 

PASSE  (Être  gerhé  à  lai  : 
Mauvaise  allaire  pour  celui 
qui  est  dans  ce  cas-là. 

Être  (jerbé  à  la  passe, 
c'est  être  condamné  à  mort. 
La  passe,  c'est  la  guil- 
lotine (Argot  des  voleurs) . 

PASSE  (Faire  une)  :  Fille 
qui  raccroche  sur  la  voie 
publique  et  conduit  ses 
clients  de  hasard  au  pre- 
mier hôtel  venu. 

Elle  ne  fait  que  passer. 
Faire   une    passe    vient 
aussi  de  faire  un  passant 
(Argot  des  filles). 

PASSE-BOURGEOISE  : 

Femme  mariée,  habituée 
des  maisons  tle  rendez- 
vous  et  qui,  par  ses  passes, 
aide  à  faire  bouillir  la  mar- 
mite   (Argot    du  peuple). 

PASSER  A  LA  PIPE  :  Quand 
un  individu  est  arrêté  et 
conduit  dans  un  poste,  les 
agents  h;  battent. 


On  le  passe  (i  la  pipe. 

Mot  à  mot  :  il  est  fumé. 

Synonyme  de  passer   à 

tabac  (Argot   du  peuple). 

PASSER  DE  RELLE  (Se)  : 
Ne  pas  recevoir  sa  part 
d'un  vol  ou  d'une  affaire. 

Il  s\m  passe  de  belles  : 
homme  qui  vit  joyeuse- 
ment. 

Mot  à  mot  :  qui  passe  de 
belles  journées. 

Il  s'en  2^asse  de  belles 
pour  exprimer  que  dans  tel 
endroit  il  se  ^a56'<?  de  ci- 
laines  choses. 

Il  en  fait  de  belles  : 
commettre  de  mauvaises 
actions. 

—  Il  en  fait  de  belles 
ton  vilain  sujet,  il  crèvera 
sur  l'échalaufl  (Argot  du 
peuple  et  des  voleurs).  N. 

PASSER  DEVAMLEFOUR 
DU  BOULANGER  :  Voilà 
une  expression  qui  n'est 
pas  banale  et  qui  est  très 
usitée. 

Quand  un  gamin  ou  une 
gamine  sont  trop  précoces, 
qu'ils  ont  l'esprit  plus 
éveillé  qu'il  ne  faudrait,  on 
emploie  ce  mot. 

Mais  il  est  plus  typique 
dans  ce  sens. 

Quand  une  toute  jeune  fille 
a  avalé sonpépinel qu'elle 
pose  quand  même  pour  la 
vertu,  on  lui  dit  : 

—  Ne    fais     donc    pas 


208 


PAS 


IWT 


tant  ta  gueule,  tu  as  passé 
devant  le  four  du  bou- 
langer. 

Mot  à  mot,  elle  a  vu  en- 
fourner  (Argot  du  peuple). 
N. 

PASSER  LE  GOUT  DU 
PAIN  :  Etrangler  un  indi- 
vidu, lui  faire  passer  le 
(joïU  du  pain  (Argot  du 
peuple). 

PASSER  DEVANT  LA 
GLACE  :  Payer. 

Allusion  à  la  glace  qui 
est  toujours  derrière  le 
comptoir,  chez  le  marchand 
de  vin  (Argot  du  peuple). 

PASSER  L'ARME  A  GAU- 
CHE :  Mourir  (Argot  du 
peuple) . 

PASSER  L'ÉPONGE  :  Ou- 
blier, pardonner. 

Mot  à  mot  :  laver  le  passé 
(Argot  du  peuple). 

PASSER  A  TABAC  :  Cette 
expression  est  toute  récente. 
Quand  un  individu  est 
arrêté  et  conduit  dans  \m 
poste  de  police,  il  est  sou- 
vent frappé  par  la  police, 
de  là  :  passer  à  tabac  (Ar- 
got du  peuple). 

PASSÉ-SINGE  :  V^oné.A.D. 

Singe  ne  doit  pas  ici  être 

pris  dans  le  sens  de  patron  ; 

singe  est  l'animal   de  ce 

nom. 

Passé-singe,  passé  maî- 


tre dans  l'art  de  faire  des 
grimaces  et  de  se  contor- 
sionner. 

Synonyme  de  souplesse 
et  d'agilité. 

—  Il  est  donc  passé- 
singe  qu'il  a  pu  cromper 
la  tant',  malgré  V oncle  et 
les  barbaultiers  (Argot 
des  voleurs).  2Ç'. 

PASSE  VANTERNE:  Échelle. 
Mot  à  mot  :  passer  par 
la   fenêtre  f'Argol  des   vo- 
leurs). 

PASSIFS  :  Souliers. 

Il  en  est  peu,  en  effet, 
qui  résistent  au  mauvais 
temps,  surtout  depuis  l'in- 
vention des  semelles  en  cuir 
factice  (Ai^ot  du  peuple). 

PASSIF:  Homme  pour  homme, 
celui  qui  subit. 

Habitué  des  latrines  de 
la  berge  du  Pont-Neuf,  des 
bains  de  la  rue  de  Penihiè- 
vre  ou  des  pissotières  des 
Champs-Elysées. 

Dans  le  peuple  on  dit  : 

—  Il  va  ramasser  des 
marrons  dans  l'allée  des 
Veuves. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got du  peuple). 

PATAPOUF  :  Homme  gros 
et  court  sur  jambes,  qui 
peut  à  peine  soufller  en  mar- 
chant. 

Dans  le  peuple  on  dit  : 

—  Ce  patapouf  souflle 


PAT 


PA\^ 


209 


comme  un  phoque  (Argot  du 
peuple). 

PATELIN  :  Pays. 

Corrupliou'  du  vieux  mot 
pasqiielin,  qui  signifiait  la 
même  chose  (Argot  du  peu- 
ple). 

PATINER  (Se)  :   Se  sauver. 

—  Je  me  ^«^/«^  parce  que 
je  suis  en  relard. 

Allusion  aux  patineurs 
(pii   avancent    ra[>idement. 

Patiner  veut  aussi  dire 
se  dépécher  de  terminer 
une  besogne. 

—  Je  me  patine  de  finir 
ma  pièce,  autrement  samedi 
pas  de  galette. 

Patiner  du  chiffon 
rouge,  se  patiner  de  la 
langue  :  parler  vite  (Argot 
du  peuple).  N. 

PATOUILLER  :  Manier. 

—  Vous  n'avez  pas  bien- 
tôt fini  de  me  patouiller 
avec  vos  sales  pattes  ? 

On  patoviUe  dans  un 
coft're-forl . 

On  dit  également  ^a^rî- 
fouillcr. 

—  Ce  cochon  de  quart 
d'œil  a  passé  deux  heures 
à  pairifouiller  dans  mes 
frusques  pour  trouver  de 
quoi  me  faire  sapé,  mais  il 
est  grinchi.  C'était  au 
moulin. 

Patri fouiller  est  le  su- 
perlatif de  fouiller  (Ar- 
got des  voleurs).  K- 


PATRICOTAGE  :  Les  dan- 
seurs patricotent  des  jam- 
bes. 

On  dit  aussi  : 

—  Il  a  patricoté  dans  la 
caisse. 

Patricoter  est  ici  pour 
tricoter  (Argot  du  peuple). 
N. 

PAUMER  :  Perdre. 

—  Tu  fais  une  drôle  de 
gueule. 

—  J'avais  deux  sigues 
d'amure  et  j'en  paume 
quatre,  y  a  de  quoi. 

—  Fallait  pas  jouer  (Ar- 
gol  des  voleurs).  A^. 

PAUMÉ  :  Être  pris,  empoi- 
gné. 

Les  agents  arrêtent  un 
voleur  en  lui  mettant  géné- 
ralement la  paume  de  la 
main  sur  Tépaule. 

L'allusion  est  claire. 

Être  empaumé  :  être 
fourré  en  prison  (Argot  des 
voleurs). 

PAUMÉ  MARRON  :  Paumé, 
pris,  marron,  l'être. 

Je  suis  marron  signifie 
être   refait. 

Vn  gogo  est  marron 
dans  une  affaire  qui  rate. 

—  On  m'a  pris  ma  place, 
je  suis  marron. 

Synonyme  de  rester  en 
panne  (Argot  des  voleurs). 
A". 

PAVE  (On)  :  Rue  dans  la- 
quelle on  ne  peut  passer  à 

12. 


210 


PÉG 


PEL 


cause  d'un  créancier  (Argot 
du  peuple). 

PAYEPt  UN  HOMME  (Se)  : 

Moyen  que  possèdent  toutes 
les  femmes  sans  débourser 
d'argent. 

Cette  expression  est  gé- 
nf^ralement  employée  par 
les  femmes  à  caprices. 

—  Elle  se  ^aye  autant 
d' hommes  i}^\W\'à  change  de 
chemises  (Argot  des  fillt^s). 
N. 

PEAU  COUPxTE  (Avoir  laj  : 
Accident  qui  arrive  à  ceux 
qui  mangent  trop  de  hari- 
cots. 

Mol  à  mot  :  'peter  f  Argot 
du  peuple). 

PEAU    DE    LAPIN    :    Nom 

donné  aux  ouvrières  car- 
tonnières  : 

—  Jamais  mes  'peaux  de 
lapins  ne  turbinent  le 
lundi  (Argot  du  peuple). 
N. 

PÉDÉRASTE  :  Ce  mot  est 
trop  connu  pour  avoir  be- 
soin de  l'expliquer  autre- 
ment que  j)ar  ceci  :  homme 
qui  commet  volontairement 
des  erreurs  de  grammaire 
et  met  au  masculin  ce  qui 
devrait  être  au  féminin 
(Argot  du  peuple). 

PÉGOCE:  Pou. 

On  dit  aussi  gau. 
Abasourdir  des  gaux: 
tuer  les  poux   qui  morga- 


nent  sur  son  cuir  (Argot des 
voleurs). 

PÈGRES  :  Voleurs. 

Les  pègres  forment  deux 
catégories  :  la  haute  et  la 
basse  pègre  (Argot  des 
voleurs). 

PÉGRÏOT  :  Petit  voleur. 
Diminutif  de  ^(^^r^. 
Le  pégriot  est  d'une 
très  grande  utilité  pour  les 
ratiboiseurs  de  boutan- 
ches^  qui  pratiquent  le  vol 
au  radin  (Argot  des  vo- 
leurs). 

PEIGNER  UN  DIARLE  QUI 
N'A  PAS  DE  CHEVEUX  : 
Réponse  d'un  débiteur 
malheureux  à  un  créancier 
obstiné   (Argot  du  peuple). 

PEIGNE-CUL  :  Homme  vil, 
bas,  tlatteur. 

Mot  à  mot  :  homme  de 
rien. 

Terme  de  profond  mé- 
pris, enusage  dans  les  ate- 
liers, pour  qualitier  un  ou- 
vrier qui  donne  toujours 
raison  au  patron  (Argot  du 
peuple; . 

PÉLAGO  :  La  prison  de 
Sain  if -Pélagie. 

Cette  expression  est  une 
défiguratîondu  moi  Pélagie 
par  l'emploi  du  suffixe  go. 
Ce  fait  se  produit  sou- 
vent en  argot  (Argot  des 
voleurs). 


PEX 


PEN 


•211 


l»KLO  :  Sou. 

—  Je  suis  dans  une 
dèche  carabinée,  <loj)uis 
un<'  semaine  je  n'ai  pas 
loiiclié  un  pélo  (Argot  du 
peuple). 

PELOTER  LE  CARME  :  On 

sait  que  les  changeurs,  pour 
attirer  les  regards,  placent 
dans  leurs  vitrines  des  sé- 
biles remplies  d'or  ;  les 
pauvres  diables  s'arrêtent 
a  contempler  ces  richesses 
comme  le  savoyard  mange 
son  pain  à  l'odeur  des  cui- 
sines du  Café  Anglais. 

Ils  pelotent  le  carme... 
moralement  (Argot  du  peu- 
pie). 

PELURE  :  Paletot  ou  ves- 
ton . 

—  J'enquille  ma  pe- 
lure à  manger  le  rôti  (Ar- 
got du  peuple). 

PENDARDS  :  Seins  qui  pen- 
dent comme  de  vieilles  ves- 
sies . 

Celte  expression  est  at- 
tribuée à  Talleyrand. 

Il  assistait  à  la  toilette 
d'une  grande  dame.  Il  re- 
gardait une  femme  de 
chambre  lui  lacer  son  cor- 
set ;  elle  lui  dit  en  minau- 
dant : 

—  Vous  regardez  mes 
petits  coquins  ? 

—  Vous  pourriez  dire 
vos  grands  pendards  (Ar- 
got du  peuple). 


PENDL  (Se  payer  un)  :  On 
sait  que  les  brocantem-s 
pendent  à  lem*  étalage  les 
vêtements  qu'ils  ont  h  ven- 
dre. 

Ils  passent  les  manches 
dans  un  bâton,  ce  qui 
donne  l'aspect  des  bras. 

Vu  d'un  j)eu  loin,  on  ju- 
rerait un  pendu. 

Se  payer  un  pendu, 
c'est  acheter  ce  vêtement 
(Argot  du  peuple). 

PENDU  GLACÉ  :  Le  candé- 
labre en  forme  de  potence 
qui  supporte  le  bec  de  gaz. 
Les  voleurs  n'aiment  pas 
beaucoup  ces  ^^W6?«5-là. 

—  J'ai  été  paumé  pour 
avoir  barbotté  un  pante, 
sans  ce  chameau  de  pendu 
glacé,  je  me  cavalais  à  la 
frime  du  sergot  (Argot  des 
voleurs).  N. 

PENDULARD  :  Voleur  de 
pendules. 

Les  Allemands,  en  1870, 
nous  ont  donné  un  joli 
échantillon  de  leur  savoir 
faire  dans  ce  genre  de  vol. 
Ce  sont  les  bonjouriers 
qui  pratiquent  ce  vol,  prin- 
cipalement dans  les  loges 
de  concierges  (Argot  des 
voleurs).  Ù. 

PENDULE  A  PLUMES  :  Le 

coq  qui  chante  chaque  ma- 
tin à  heures  tixes. 

On  dit  également  réveil- 
matin. 


212 


PER 


PER 


C'en  est  un  très  écono- 
mique qui  n'a  pas  besoin 
d'être  remonté  et  qui  a 
l'avantage  de  pouvoir  être 
mangé  quand  il  a  cessé  de 
plaire    (Argot  du  peuple). 

PÉNICHES  :  Souliers,  lors- 
qu'ils sont  d'une  dimension 
démesurée  (Argot  du  peu- 
ple). 

PÉPÈTES  :  Sous. 

—  Ça  commence  à  être 
rudement  rasant,  pas  un 
pé-pète  à  la  clé  (Argot  du 
peuple). 

Pt]PIN  :  Avoir  un  pépin,  ai- 
mer quelqu'un. 

Se  dit  aussi  à  la  poule 
qui  se  joue  au  billard. 
Quand  un  joueur  a  derrière 
lui  un  adversaire  maladroit, 
il  est  protégé  par  un  pépin, 
il  est  couvert. 

Fépin,  par  le  même 
motif,  signifie  parapluie 
(Argot  du  peuple).  N. 

PERCHER  :  Lojjer  au  ha- 
sard, tantôt  ici,  tantôt  là. 

Allusion  à  l'oiseau  qui 
perche  tantôt  sur  une 
branche  tantôt  sur  une  au- 
tre (Argot  du  peuple). 

PERDRE  SES  BAS: Oublier. 

—  Tu  perds  donc  tes 
bas,  que  tu  manques  au 
rendez-vous  que  tu  m'as 
donné  ? 

—  Prêtez- moi  mille 
francs. 


—  Vous  perciez  donc 
vos  bas,  mon  vieux  ? 

Ici  le  sens  est  ironique. 
On  dit  aussi  : 

—  Tu  fais  dans  tes  bas. 
Pour  :  Tu  te  moques  de 

moi  (Argot  du  peuple). 

PÈRE  PEINARD  (En)  :  Y 
aller  doucement,  sans  se 
presser,  sans  se  faire  de 
bile. 

Les  agents  arrivent  en 
Père  Peinard  pour  sur- 
prendre un  voleur  en  flagrant 
délit  (Argot  du  peuple).  X. 

PERLOT  :  Tabac  —dérivé 
de  semper.  L.  L. 

Semper  s'écrit  Sainl- 
Père  dans  toutes  les  pri- 
sons. 

k\2iCentroîisseàe  Melun, 
on  chante  depuis  des  années  : 

Pour  du  tabac,  disait  un  pègre, 

Et  pour  trois  pouces  de  Saint- 

I  Père. 

(Argot  des  voleurs). 

PERSIL  :  Faire  le  persil, 
aller  au  persil:  raccrocher. 
On  n'est  pas  iixé  sur  l'o- 
rigine et  la  valeur  de  cette 
expression.  Francisque  Mi- 
chel la  fait  venir  de  pes- 
ciller  ;  Delvau  dit  qu'elle  a 
pour  motif  que  les  filles 
raccrochent  dans  les  terrains 
vagues  où  pousse  le  persil; 
le  peuple,  qui  ne  connaît  ni 
l'un  ni  l'autre,  applique  cette 
expression  aussi  bien  aux 
filles  de  la  rue  qu'à  celles 


PES 


pi<:t 


•213 


(lu  boulevard,  parce  que  la 
lille  trotte  rians  la  houe  et 
((u'ello  a  les  pieds  sales;  or, 
depuis  plus  de  cinquaute 
:ius,  on  dit  d'une  fdle  qui  a 
les  pieds  nialproi)res  : 

—  Elle  a  du  persil  dans 
les  pieds  ;  de  là  :  faire  sou 
persil    ('.\rt,'o!    (W<    soute- 


IM'.JIIIOQEET:  Absiullie. 
Allusion  à  la  couleur  verte 
de  la  liqueur,  qui  ressemble 
à  celle  du  {«'rroquel  (Argot 
du  peuple).  V.  Poileuse. 

l'KPilUQEE  :  Vieille  perru- 
(/ne,  vieux  serin,  honiuie 
qui  n'cbt  pas  fin-de-sièc/e. 
Perruque  (En  faire  une)  : 
Vendre  des  matériaux  qui 
appartiennent  à  autrui  (Ar- 
KOt  des  entrepreneurs). 

IMSCILLER    D'ESBROUF- 

l"T.  :  Prendre  d'autorité. 

Le  voleur  à  Xeshroiiffe 
p  esc  if  le  de  celte  (îiçon  le 
portefeuille  ou  le  porle- 
inonnaie  du  bourgeois  (Ar- 
i^ot  des  voleurs).  V.  Vol  à 
l^eshrouffe. 

PESSIGXEH    ou   PESSI- 
<:rER  :  Ouvrir. 

—  J'ai  une  carouhle  qui 
pessigne  tc-utes  les  lourdes 
vans  fric-frac  (Argot  des 
\oIeurs). 

IM.STAILLES  :   Ageuts  de  la 
iireié  ou  sergents  de  ville. 


Pour  les  voleurs,  ce  sont 
des  pestes;  ils  ont  ajouté  la 
finale  de  railles,  l'ancien 
mol,  et  n'en  ont  fait  qu'un 
(Argot  des  voleurs).  N' 

PET  :  Signal  convenu  pour 
prévenir  ses  complices  qu'il 
y  a  du  danger. 

—  Pet,  pet^  v'Ia  les  pes- 
tait les. 

On  dit  également  : 

—  Au  bastringue  du  Pou 
Volant,  il  y  aura  du  pet  ce 
soir  (Argot  des  voleurs). 

PET   A   VLNGT    ONGLES  : 

Enfant   nouveau-né   (Argot 
du  peuple). 

PÉTARD  :  Sou. 

C'est  une  corruption  du 
mot  patard,  expression 
employée  par  François  Vil- 
lon. 

En  Suisse,  il  y  a  des 
siècles,  patard  était  une 
monnaie  divisionnaire  ;  en 
terme  de  mépris,  on  disait  : 
un  patard  de  vache  (Argot 
du  peuple).  N. 

PÉTARD  :  E.e  derrière. 

—  Crois-tu  qu  elle  est 
bien  en  viande?  Quel  riche 
pétard  !  On  en  mangerait 
une  tranche. 

L'allusion  se  devine  ;  sou- 
vent il  tire  des  feux  d'arti- 
tice  (Argot  du  peuple).  N. 

PÉTARDIER ,     PÉTARDIÉ- 

RE  :  Faire  du  tapage,  du 
bruit. 


214 


PÉT 


PET 


—  Ah  !  tu  sais,  il  ne  faut 
pas  remmener  quand  il  a  le 
nez  sale,  c'est  un  yétardier 
(Argot  du  peuple). 

PÉTASE  :  Chapeau  ridicule 
comme  en  portent  les  pay- 
sans les  jours  de  fête. 

Ce  chapeau  se  transmet 
de  père  en  fils,  tant  pis  si 
la  tête  est  plus  ou  moins 
forte. 

11  en  est  qui  datent  du 
siècle  dernier  (Argot  du 
peuple). 

PËTASSE  :  Vieille  femme 
avachie  qui  perd  ?>e?,vestiges 
en  marchant. 

Putain  et  soularde  (Argot 
des  souteneurs). 

PKTE-SEC  (Monsieur)  :  Indi- 
vidu qui  ne  rit  jamais  et 
paraît  toujours  en  colère. 

Surnom  donné  au  régi- 
ment aux  ofliciers  dont  la 
rigueur  est  proverhiale  (Ar- 
got du  peuple). 

PÉTER  :  Se  plaindre. 

—  Ah  !  mon  vieil  amin- 
che,  comme  ta  frime  est 
toquarde,  tu  as  les  douilles 
savonnées,  d'où  que  tu 
sors  ?     . 

—  De  la  boUe  aux  cail- 
loux.. A  cause  d'un  mec  qui 
a  pelé  Siu  moissonneur,  ]i\\ 
paisse  à  la  planche  à  pain. 

Péter,  mot  à  mot  :  faire 
à^pet,   se  plaindre  à  la 


Justice  (Argot  des  voleurs). 

N. 

PÉTER  LA  SOUS -VEN- 
TRIÈRE (S'en  faire) :  Teime 
ironique  employé  pour  dire 
à  quelqu'un  qui  vous  fait 
une  demande  saugrenue  : 

—  Tu  t'en  ferais  péter 
la  sons-ventrière. 

Synonyme  de  :  Tu  n'en 
poudrais  pas. 

Avoir  mangé  à  s'en  faire 
péter  la  -  sous-ventrière 
(Argot  du  peuple).  N. 

PÉTER  PLUS  HAUT  QUE 
LE  CUL  :  Yvàve  de  l'em- 
barras, de  l'esbroulle,  vou- 
loir prouver  que  l'on  est 
riche  lorsque  l'on  n'a  pas 
le  sou. 

Homme  ou  femme  qui 
s'hatiille  élégamment  en  se 
privant  sur  la  nourriture  : 

—  Ils  veulent  j9(?'/^r  plvs 
haut  qu'ils  n'ont  le  cul. 

C'est  le  cas  des  fdles  de 
boutique  et  des  commis  de 
magasins. 

Dans  le  peuple,  par  iro- 
nie, on  les  appelle  : 

Tout  sur  le  dos,  rien 
dans  l'estomac  (Argot  du 
peuple).  N. 

PÉTEUR  :  Dénonciateur. 
Comme  pour  dénoncer 
il  faut  parler,  le  mot  je- 
teur doit  être  pris  dans  le 
sens  de  péter  du  hec  (Ar- 
got des  voleurs). 


PET 


PÉZ 


215 


IM/riT  MONDE  :  Lentille. 
Oïl  (lit  aussi  par  allusion 
(le    (orme    et    presque   de 
couleur  :    punaise    (Argot 
•  les  voleurs). 

I M  PILLARDS  :  Diamants. 
Pétiller    est     dit   pour 
hriller.  C'en  est  le  super- 
latif. 

—  I-ies  durailles  de  la 
lonzesse  sont  pétillants 
aux  pendus  glacés  (Argot 
des  voleurs).  N. 

»ÊTIT  SALÉ:  Petit  enfant. 

—  Tu  ne  vas  pas  faire 
taire  ton  salé  ;  fous-y 
donc  sa  gamelle  pourquoi 
ne  chialle  plus  (Argot  du 
peuple). 

PETITE  FILLE  :   Demi-bou- 
>illo. 

—  Viens- lu    boire    une 
mteille  ? 

—  Non ,  une  petile- 
llle  surtira  (Argot  du  peu- 
le). 

'ROLE  :     Mauvaise   eau- 
vie  servie  dans  les  as- 
tommoirs. 
Elle  brûle  l'estomac  (Ar- 
)t  du  peuple).  iV. 

ÎTROLSQLIN  :  La  partie 
[du  corps  sur  laquelle  on 
[lombele  plus  souvent.  A .  D. 

Pétrousquin,  paysan. 

Malgré  la  croyance  po- 
hpulaire,  le  paysan  n'est  ])as 
[aussi  cul  qu'il  le  paraît. 


Ce  n'est  donc  pas  de  là, 
que  vient  l'expression. 

Pétrousquin,  ne  vien- 
drait-il pas  de  Pétrus,  avec 
une  finale  ajoutée  (Argot 
du  peuple). 

l'ETSOUILLE  :  Cette  expres- 
sion est  sulïisammentclaire. 
Elle  désigne  un  jardi- 
nier liabitué  à  travailler  la 
terre  ;  elle  est  un  ternie  de 
mépris  lorsqu'elle  est  em- 
ployée vis-à-vis  d'un  bour- 
geois (Argot  du  peuple). 

PÈRE  LA  TUILE  (Le):  Dieu. 

Il  n'est  pourtant  jamais 
tomhé  sur  persom^e. 

Cette  expression  est  en 
usage  dans  le  monde  des 
prisons. 

—  As- lu  entendu  le  ra- 
ticJion  balancer  sa  ja- 
sante au  Père  la  Tuile 
(Argot  des  voleurs). 

PÈZE  ou  PÈSE  :  Argent. 

L'expression  est  due  à 
Frédérick-Lemaître . 

Il  jouait  avec  Clarisse  Mi- 
roy  à  la  Porte-Saint-Mar- 
lin  sous  la  direction  Ilarel. 
Ce  dernier  n'aimait  pas 
payer  ;  un  soir  qu'il  était 
en  retard  avec  les  appoin- 
tements du  grand  artiste, 
celui-ci  ne  voulut  pas  entrer 
en  scène  avant  d'être  réglé. 
Il  envoya  Clarisse  à  la 
caisse;  elle  en  revint  peu 
après  avec  un  énorme  sac 


216 


PIA 


PIE 


(le  pièces  de  cent  sous.  Elle 
le  tend  il  à  Frederick. 

—  Tiens,  pèse  ? 
Depuis  ce  temps,  on  dit 

dans  le  peuple  : 

—  As-tu  àxxpèset  (Ar- 
got du  peuple). 

PlIILÉMON-  BALCIS  : 

Quand  deux  bourgeois 
jouent  aux  dominos,  et  que 
Tun  d'eux  se  dé!)arrasse  du 
double -six,  il  s'écrie  en 
riant  : 

—  Filez  mon  beau  six 
(Argot  des  bourgeois). 

PIANO  DU  PAUVRE  (Le;  : 
Des  haricots. 

Allusion  au  bruit  du 
lendemain  (Argot  du  peu- 
pie). 

PIAU  :  Cette  expression  est 
employée  dans  les  ateliers 
de  composition  en  réponse  à 
une  question  indiscrète  ou 
ridicule.  Piau,  c'est  tout 
dire. 

Quand  on  ne  veut  pas 
répondre,  on  se  contente  de 
dire  : 

■ —  Il  est  derrière  lejjjêle 
chez  Cosson.  C'est  tout. 

Si  l'insistance  est  trop 
grande,  on  dit  : 

—  Va  donc  chier  dans  le 
cassetin  aux  apostrophes. 

Cette  dernière  expression 
est  également  employée 
(juand  un  camarade  devient 
riciie  : 

—  //  a  chié  dans  le 


cassetin  aux  apostrophes. 
En  ce  cas',  elle  ne  sert 
pas  souvent,  car  nos  cama- 
rades, les  typos,  nous  res- 
semblent, le  travail  ne  les 
enrichit  guère  (Argot  d'im- 
primerie).  N. 

PIAULE  :  La  maison. 

—  Y  a  pas,  faut  rapp/i- 
querk  la  piaule  (\eh\daùe, 
sans  ça  pas  de  houlotlage  à 
la  clé. 

Pourquoi  piaule  ? 

Delvau  dit  que  c'est 
une  allusion  aux  nondjreux 
entants  qui  piaillent  dans 
la  maison.  Ne  serait-ce 
])as  plutôt  à  cause  àiMpieu 
(lit)  dont  par  déforn)atioa.4 
on  a  fait  piaule  ? 

C'est  plus  que  probable 
(Argot  du  peuple). 

PICIIENET  :  Petit  vin  aigre  ^ 
que  l'on  boit  à   Argenteuil 
(Argot  du  peuple). 


chemins. 

Le  picorage  est  le  vdU 
commis  au  hasard  sur  le  i 
passant  qui  e^i picoré,  ou- 
dans  les  fermes  isolées. 

Le  voleur  picore  comme-"^ 
la  poule,  dans  les  armoires;* 
il  y  trouve  plus  de   butin 
que  sur   le  fumier  (Argot 
des  voleurs). 

PIED     DE     DICIIE  :    Pince^ 

(Argot  des    voleurs).     V.'' 
Monseigneur.  \ 


PIG 


PIL 


217 


IMKDS  FLMCLLÉS  i  A  voir 
les)  :  Refuser  de  marcher. 
Allusion  au  funiculaire 
(le  Belleville  ((ui  marche 
quand  il  veut  (Argot  du 
peuple).  N. 

IMEURK  A  AFFl  TEll  :  Le 

[)ain . 

En  le  coupant,  cela  n'af- 
fûte pourtant  pas  le  cou- 
teau, mais  c'est  une  allu- 
sion au  va  et  vient  du  cou- 
teau sur  la  pierre  à  repas- 
ser, quand  le  rémouleur 
lui  donne  le  fil,  ou  quand 
le  boucher  l'aiguise  sur 
son  fusil  (Argot  du  peuple). 

PIERREUSE  :  Fille  publique 
qui  bat  son  quart  dans  les 
lerrains  vagues,  où  il  se 
trouve  plus  de  cailloux 
que  d'herbe  (Argot  des 
souteueurs). 

PIEU  :  Le  lit. 

Se  fourrer  au  pieu. 

Se  coller  dans  le  pieu. 

Allusion  à  ce  que  l'on 
s'y  enlonce  comme  le  pieu 
s'enlonce  dans  la  terre  (Ar- 
got du  peuple). 

PIÈCE  DE  DIX  SOUS  :  Mon- 
naie alFectionnée  par  les  pé- 
dérastes. 

Ils  la  préfèrent  particu- 
lièrement quand  elle  est 
neuve  (Argot  du  peuple).  N. 

PIGE  :  Année. 

Synonyme  de  berge  CAr- 
got  des  voleurs  j. 


PKiE  :  l^x pression  employée 
dans  les  imprimeries  pour 
constater  quel  est  celui  des 
compositeurs  (pii  lève  le 
plus  de  lignes  à  l'heure 
(Argot  des  imprimeurs). 

PIGE  :  Employé  par  les  en- 
fants quand  ils  jouent  aux 
billes;  à  Taide  d'une  paille 
ou  d'un  petit  morceau  de 
b  is,  ils  mesurent  la  dis- 
tance de  la  bille  la  phis  près 
du  but  pour  trancher  le 
dillérend  (Argot  du  peuple) . 

PIGEON   :    Homme   facile  à 

plumer. 

Plumer  un  pigeon,  c'est 
plumer  un  individu  qui  a 
un  béguin  pour  une  fille. 

—  Je  liens  mon  pigeon, 
il  laissera  sinAcvmîiVQ  plume 
dans  mon  alcôve  (Argot  des 
filles). 

PIGNOCIIER  :  Terme  em- 
ployé dans  les  ateliers  de 
peintres  pour  désigner  un 
artiste  qui  piint  à  petits 
coups  de  pinceau. 

Il  pignoche  sa  toile. 

Meissonier  était  le  roi 
des  pignocheurs {Argoldes 
artistes). 

PIGNOUF  :  Un  r/iické  qui 
pose  un  lapin  à  une  tille  est 
un  pi  gnou  f  (Argot  des 
filles). 

PILE  (En  recevoir  une)  :  Être 
battu  à  plate  couture  (Ar- 
got du  peuple). 

13 


218 


PIL 


PIX 


PILE  (Une)  :  Cent  Irancs  (Ar- 
got des  voleurs). 

PILER  DU  POIVRE  :  Indi- 
vidu ({iil  a  des  chaussures 
neuves  qui  lui  font  niai  ;  il 
niarclie  sur    la    pointe   des 
pieds. 
11  'pile  du  poivre. 
On  dit  également  : 
—  II  est  dans  la  prison 
de  Saint-Crcpin. 

Quand  une  personne  (  st 
absente  et  que  Ton  médit 
d'elle,  on  pile  du  poivre 
sur  son  compte. 

On  connaît  cette  anecd(jte 
de  Tortoni  : 

11  y  avait  une  vingtaine 
de  journalistes  réunis.  Cha- 
que fois  que  l'un  s'en  allait, 
aussitôt  il  était  arrangé  de 
belle  façon,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'au  dernier. 

Celui-là,  en  partant,  se 
dit  :  au  moins  on  ne  pilera 
pas  de  poivre  sur  mon 
compte  ;  je  reste  seul. 

Le  garçon  l'accompagna 
et  dit  en  fermant  la  porte  : 
—  Quel  crétin  que  ce  coco- 
là,  il  se  croit  l'égal  de  Vic- 
tor Hugo  et  il  est  plus  bête 
que  trente-six  cochons. 

Le  garçon  pilait  du 
poivre. 

Faire  piler  du  poivre 
à  quelqu'un  :  lui  casser  la 
tète  sur  le  pavé  (Argot  du 
peuple).  N- 

PILIER    DE     CABARET    : 


Soulard  qui  ne  quille  pas 
le  mastroquet. 

C'est,  en  ellet,  une  des 
colonnes  de  la  boutique. 

Les  ménagères  emploient 
souvent  cette  expression 
(juand  leur  mari  rentre  "^'àx 
trop  imbibé  (Argot  du  peu- 
ple). 

PILIER  DE  COUR  D'AS- 
SISES :  Récidiviste  qui  a 
subi  plusieurs  condamna- 
tions. 

Cheval  de  retour  (Argot 
du  peuple). 

PINCEAU  :  Balai. 

—  Quel  riche  coup  de  pin- 
ceau (Argot  du  peuple). 

PINCE-CUL  :    Bal    de    bas 

étage  où  l'on  pelote  la  mar- 
chandise avant  de  l'emme- 
ner hacher  (Argot  des  sou- 
teneurs). 

PINCÉ  :  Être  pincé ^  être 
pris. 

Etre  pincé  :  être  amou- 
reux. 

—  Je  suis  pincé  pour 
Nana.  Je  n'en  dors  plus. 

En  pincer  pour  quel- 
qu'un, c'est  avoir  un  ardent 
désir  (Argot  du  peuple).  .Y. 

PINCER  DE  LA  ^iUITARE  :     . 

Toutes  les  fenêtres  des  cel-      r 
Iules  des    prisonniers  sont 
garnies  de  barreaux  de  fer. 
Ih  pincent  de  la  guitare 
avec  les  barreaux.  . 


PIN 


IMP 


210 


Allusion  aux  cordes  de 
la  guitare  (Argol  des  vo- 
leurs). 

FMNCE-LOQUES  :  Aiguille, 
l/aiguille,  en  ellet.  sert 
à  repriser  les  loques,  à  les 
raccommoder.  Klle  raj)j>ro- 
clie  les  trous,  elle  les  phice 
i\i"gotdes  voleurs). 

IMNCER  DES  ERÉTIE- 
EANÏES  :  Danser. 

L'image  est  jolie,  les 
jambes  fréiillent. 

Quand  la  Goulue  pince 
des  frétillantes  dans  un 
cavalier  seul  distingué,  elle 
pince  le  pas  du  hareng 
saur  en  détresse  (Ai^oi  du 
peuple). 

PINCETTES  :  Jambes,  quand 
elles  sont  minces. 

—  Tu  fais  sécher  les 
bas  sur  des  mncettes  (Ar- 
got du  peuple). 

PINGAUD  (Il  est)  :  Il  est  joli, 
bien  élevé. 

—  Ah  !  Madame,  le  joli 
enfant  que  vous  avez  là. 

—  Fais  voir  à  Madame 
que  tu  es  pingaud  ;  sou- 
haite-lui le  bonjour. 

—  Est-ce  que  je  la  con- 
nais, c'te  vache-là. 

—  Oh  !  c'est  y  Dieu  pos- 
sible, un  enftmt  que  j'ai 
porté  neuf  mois  dans  mon 
sein ... 

—  Fous-moi  le  cul  dans  ta 
hotte,  tu  me  porteras  trois 


mois  de  plus  ;    ça  fera  un 
an  (Argol  (hi  peuple). 

PIXGHE  :  Avare  qui  rai)ine 
sur  tout. 

Ee  roi  des  pingres  était 
un  nommé  Crétin,  un  des 
plus  riches  j)ropriétaires  de 
Lyon  ;  il  déchij-ait  les  mar- 
ges blanches  des  afliches 
ap|K)sées  sur  les  murs,  pour 
en  laire  des  quittances  pour 
toucher  ses  loyers. 

Quand  il  jileuvait,  il  lâ- 
chait ses  poules  dans  les 
champs  ;  elles  lui  rappor- 
taient à  leurs  pattes  la 
terre  du  voisin  !  (Ar^ot  du 
peuple). 

PIOCHER  :  Travailler  dur  et 
hn'me. 

—  Je  pioche  mon  exa- 
men. 

Piocher  est  synonyme  de 
fouiller. 

Allusion  à  l'ouvrier  qui 
fouille  la  terre  en  la  pio- 
chant (Argot  du  peuple). 

PIONCER  :  Dormir  à  poings 
fermés  (Ai^ot  du  peuple). 

PIPE  (Tète  de)  :  La  tête. 

Allusion  à  ce  que  la  plu- 
part de  nos  grands  hommes 
ont  eu  l'honneur  d'être  mou- 
lés en  terre  de  pipe  et  fu- 
més par  le  peuple,  culottés 
quelquefois. 

Il  existe  une  chanson  sur 
ce  sujet  : 


2-20 


PIO 


PIS 


Ilsdis"nten  le  voyant  picter 

Sa  pipe  enfin  commence  à 

I  s'ciiluiter. 

Ou  dit  d'un  individu  gro- 
tesque qu'il  a  une  tête  de 
pipe  (Argot  du  peuple). 

PIPÉ  :  Château. 

Il  est  presque  impossible 
de  trouver  le  pourquoi  des 
principales  expressions  em- 
ployées par  les  voleurs  pour 
désigner  des  choses  spé- 
ciales, telles  que  bergerie, 
grange,  ferrae,  etc.,  etc. 

J'en  ai  questionné  un  cer- 
tain nombre,  tous  m'ont  ré- 
pondu   : 

—  Ça  s'appelle  comme 
ça,  voilà  tout  (Argot  des 
voleurs). 

PIQUE-PRUNE:  Ouvrier 
tailleur.  Allusion  à  la  mar- 
che (le  l'aiguille. 

On  dit  aussi  :  Tique- 
puce  ai  pique-poux. 

C'est  un  terme  de  métier 
(Argot  du  peuple). 

PIQUER  UNE  ROMANCE  : 
Dormir. 

Allusion  au  ronllement  du 
dormeur  qui  est  une  sorte 
de  chansoa  en  laux-bour- 
don  (Argot  du  peuple). 

PIQUER  LENEZ(Se):Se payer 
une  belle  soulographie  (Ar- 
got du  jie.iple). 

PIQUER  SON  MOULIN  :  Sa- 
lade trop  épicée. 
Elle  vous  pique  le  mou- 


lin (la  bouche)   (Argot  du 
peuple).   N. 

PIQUER  SON  FARD  :  Rougir 
en  entendant  un  propos 
grossier  (Argot  du  peuple). 

PIQUE-VERT  :  Petite  scie 
fabriquée  avec  un  ressort 
de  montre  (Argot  des  vo- 
leurs). 

PIQUETTE  :  Fourchette. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got des  voleurs).  N. 

PISSER  DE  L'OEIL:  Pleurer. 

—  Depuis  que  mon  homme 
a  foutu  le  camp,  je  pisse 
de  l'œil  comme  une  ion  laine 
Wallace  (Argot  du  peuple). 

N. 

PISSE  -  FROID  :  Homme 
guindé,  raide,  froid,  dont 
l'aspect  vous  glace. 

Homme  qui,  en  parlant, 
laisse  tomber  ses  mots  avec 
une  lenteur  monotone. 

Se  dit  de  tout  homme  à 
l'aspect  peu  sympathique 
(Argot  du  peuple). 

PISSER  COMME  LES  POU- 
LES :  Aller  au  cabinet. 

Pour  qualitier  un  individu 
très  niais,  on  dit  : 

—  Il  a  une  gueule  à  me- 
ner les  poules  pisser  (Ar- 
got (kl  peuple). 

PISSER  DES  LAMES  DE 
RXSOIR   EN   TRAVERS: 

Celui  qui  est  dans  ce  cas-là 
n'est  pas  heureux. 


^ 


PIS 


PIV 


•J-21 


L'image  est  juste  pour 
indiquer  les  douleurs  .cui- 
santes ([u'éprouvent  les  pau- 
vres diables  qui  ont  reçu 
un  coup  de  pied  de  Vémis. 

Pour  témoigner  à  une 
personne  qu'elle  vous  impa- 
tiente, on  lui  dit  :  Vous 
nie  faites  pisser  des  lames 
de  rasoir  en  travers  (Ar- 
got du  peuple). 

pissi':r  une  côtelette  : 

Accoucher. 
On  dit  aussi  : 
—  Elle  pisse  des  os. 
Pisser  une  côtelette  est 

une  allusion   à  la   légende 

biblique    d'Adam     et    Eve 

(Ai^got  du  peuple). 

PISSER    A   L'ANGLAISE  : 

S'en  aller    subrepticement 
sans  payer  son  écot. 

Pisser  à  l'anglaise  : 
quitter  un  salon  sans  sa- 
luer les  maîtres  de  la  mai- 
son pour  ne  pas  jeter  le 
trouble  dans  la  réunion.  .  . 
ou  parce  que  l'on  s'embête 
à  quarante  Irancs  par  tête 
(Argot  du  peuple). 

>ISTOLE  :  Pièce  de  dix  francs 
dans  l'argot  des  maquignons 
et  des  bouchers. 

La  pis  tôle,  dans  les  pri- 
sons, est  une  chambre  à 
part  où  les  détenus,  par  fa- 
veur et  moyennant  une  re- 
devance quotidienne,  jouis- 
sent de  quelques  douceurs. 
Sous  la  Révolution,  pour 


être  à  la  pistole,  à  la  Con- 
ciergerie, les  prisonniers 
payaient  pour  un  lit  27  li- 
vres 12  sous  le  premier 
mois,  et  25  livres  10  sous 
les  mois  suivants. 

Sous  la  Terreur,  les  pri- 
sonniers payaient  io  livres 
par  nuit.  Chaque  lit  rap- 
portait 22,000  livres  par 
mois. 

Alboize  et  A.  Maquel  qui 
me  donnent  ces  chiflh  sdans 
leur  Histoire  des  prisons 
de  r Europe,  ajoutent  que 
la  Conciergerie  élait  le  pre- 
mier hôtel  garni  de  Paris. 

Les  détenus  qui  sont  à  la 
pistole  s'appellent  des  pis- 
toliers  (Argot  des  voleurs). 

PITON  :  Nez  extraordinaire 
qui  se  rapproche  de  la 
trompe  de  l'éléphant. 

—  Monsieur,  ôtez  vo- 
tre nez  de  là,  dit  Gavroche 
à  un  homme  affligé  d'un  pi- 
ton phénoménal,  pour  que 
je  voie  l'heure  à  Notre- 
Dame  (Argot   du    peuple). 

PIVE  :  Vin  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Pivois. 

PI  VOIS  :  Vin  rouge. 

Je  ne  vois  guère  qu'une 
raison  à  celte  expression  : 
c'est  une  allusion  de  cou- 
leur. 

Pivois  vient  certaine- 
ment de  pivoine  (Argot  du 
peuple). 


222 


PLA 


PLA 


PI  VOIS  DE  BLANCIIIMONT  : 

Vin  blanc  (Argot  des    vo- 
leurs). 

PLACARDE  :  La  place. 

Non  pas  seulement 
comme  le  dit  A.  Delvau  la 
place  oîi  se  font  les  exécu- 
tions, mais  bien  n'importe 
laquelle. 

La  placarde  du  four- 
milion :  la  place  du  mar- 
ché (Argol  des  voleurs). 

PLACE  D'ARMES  :  La  poi- 
trine (Argot  du  peuple). 

PLAN  DE  COUILLE  :  Faire 
de  la  prison  pour  un  autre. 

Faire  de  la  prison  sans 
avoir  joui  du  produit  de  son 
vol. 

Coiiillé  est  le  diminulil' 
de  couillon. 

Dialogue  au  Dépôt  : 

• —  Pourquoi  que  t'es 
ici? 

—  J'ai  pas  de  piaule 
pour  pagnoter. 

—  Je  file  la  comète  ;  j'ai 
été  fabriqué  par  \\n  sale 
s  ergot. 

—  Et  ton  7iière  ? 

—  Mon  orgue  ?  J'étais 
méquard  de  la  bande  à 
Bibi. 

—  Alors  tu  vas  aller  au 
carré  des  petites  gerbes. 

—  Veux-tu  me  désen- 
flaquer  et  m'aider  h  casser 
la  ficelle^. 

—  Pour  aller  à  la  hotte 
aux  cailloîoœ,    où  y  a  pas 


mèche  de  faire  chibis  ; 
où  on  ne  boulotte  que 
des  bourres-coquins  et  où 
onxw.  lampe  (\\x<à  an  sirop  de 
macchabée  ?  y  a  pas  de  pet. 

—  Je  te  donne  la  paire 
de  sigues,  mais  tu  ne  bon- 
ni-ras  que  peau. 

—  Tes  sigues,  c'est  du 
carme  à  Vestorgue. 

—  Non,  c'est  du  bath. 

—  C'est  pas  assez,  car 
si  les  palpeurs  me  Ibutent 
deuxbergesde  Centrousse, 
ça  serait  du  plan  de 
couillé. 

Mot  à  mot  :  de  la  prison 
pour  rien  (Argot  des  vo- 
leurs). 

PLAN  :  Le  Mont-de-Piélé. 
Allusion    à   la   planche 
sur  laquelle  on  emmagasine 
les  etfets  engagés  (Argot  du 
peuple). 

PLAN  :  Prison. 

• —  Je  tire  dix  berges  de 
plan . 

Tomber  en  plan:  se 
faire  arrêter. 

Etre  en  plan  :  rester  en 
gage  pour  un  écot . 

Laisser  sa  lémme  en  pi  a  n 
c'est  synonyme  delà  lâcher 
(Argot  dupeiiple). 

PLANTEUSE  DE  BOIS  : 
Femme  qui  fait  son  mari 
cocu. 

Motàmot:  elle  luiplanie 
du  bois  sur  la  lèle  (Argol 
(bi  peuple).  N» 


IMA 


PLA 


'2-23 


PLANCHE  A  PAIN  :  Cour 
(l'assises. 

Se  (lit  aussi  (Vune  fem- 
me maigre  (Argot  des  vo- 
leurs). iV". 

PLANCHE  A  LAVEMENT  : 
Le  conlessionnal. 

On  y  lave  sa  conscience  ; 
pour  certains,  il  faudrait 
une  rude  lessive  (Argot  des 
voleurs). 

PLANQLE  (En  ^faire  une)  : 
Agent  i[n\  s^i' planque  pour 
surveiller  des  individus. 

Être  en  planque,  être 
filé. 

Mot  à  mot  :  planque, 
attendre. 

La  chanson  des  mecs 
dit  : 

Jadis  pour    une     fille,    la   plus 

I  chouette  des  catins 

Tous  les  mecs  se  niettaieiu  en 

I  planque 

C'qui  lui  valait  le  flac  dont  cas- 

I  quaieni  les  rupins 

Sans  les  grinchiv  ni    d7rac    ni 

i  ni  ^'banque. 

(Argot  des  voleurs). 

PLANQUE  A  LARBIN  :  Bu- 

n^au  de  placement  spécial 
pour  les  domestiques  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Suce- 
larbin. 

PLANQUER  :  Cacher. 

—  Pour  dépister  la 
rousse,  ]Q\A\smQ  planquer 
un  marqué chezun garnaf- 
fier  de  mes  aminches  (Ar- 
got des  voleurs). 


PLANTER  UN  DRAPEAU  : 

Autrefois  on  disait  faire  an 

Les  ouvriers  et  les  petits 
employés  ont  Thahitude  de 
manger  à  la  semaine  ou  ati 
mois  chez  leur  restaurateur; 
frécpicmment  quand  ils 
quittent  leur  place,  ils  ne 
pavent  pas  le  gargotier. 

'_.  Pourquoi  ne  passes- 
lu  pas  par-là  ? 

—  J'ai  planté  un  dra- 
peau. 

Allusion  au  drapeau 
planté  par  les  cantonniers 
sur  la  voie  publique  qu'ils 
réparent  pour  avertir  qu'il 
ne  faut  pas  passer  là  (Argot 
du  peuple).  N. 

PLATRE  (En  avoir)  :  Possé- 
der beaucoup  d'argent. 

Allusion  au  propriétaire 
qui  fait  construire  une  mai- 
son :  il  a  du  plâtre  (Argot 
du  peuple). 

PLAT-CUL  :  Tomber  sur  le 
côté  pile. 

Les  typographes  disent 
sur  le  côté  de  deux. 

Allusion  à  l'envers  de  la 
page  (Argot  du  peuple). 

PLATS  A  BARBE  :  Oreilles 
démesurées,  se  détachant 
du  visage. 

—  Faudrait  un  balai 
pour  nettoyer  tes  plats  à 
barbe  (Argot   du  peuple). 

I»LAT   DU   JOUR   :  Femme 


224 


PLO 


PLU 


nouvelle  servie  aux  habi- 
tués des  maisons  de  ren- 
dez-vous avant  qu'elle  ne 
serve  au  public  (Argot  des 
filles).  N. 

PLAT  DE  CHAT  :  Il  ne  s'a- 
git pas  de  la  gibelotte  de 
goiàtière  servie  chez  les 
Borgias  à  vingt-trois  sous 
(Argol  des  filles).  V.  Ac- 
couplées. 

PLAT- GUEUX  :  Homme 
lâche  (Argot  du  peuple).  V. 

Plat-ventre. 

PLAT-VENTRE  (Se  mettre 
à)  :  Se  dit  de  quelqu'un 
qui  rampe  devant  un  su- 
périeur. 

Se  mettre  à  plat  ventre, 
c'est  le  comble  de  l'humi- 
liation et  de  l'abaissement 
(Argot  du  peuple). 

PLEL\  COMME  UN  BOU- 
DIN (Être)  :  Être  repu 
de  nourriture  et  de  bois- 
son. 

Mot  à  mot  :  avoir  mangé 
comme  un  cochon  (Argot 
du  peuple). 

PLOMB  (Avoir  une  carotte 
dans  le)  :  Puer  de  la 
bouche. 

Plomb  est  une  expres- 
sion déjà  ancienne. 

Théophile  Gautier  fai- 
sant goûter  à  Alexandre 
Dumas  père  de  la  fine 
Champagne  excessivement 
rare,    celui-ci    avala     son 


petit  verre  d'un  seul  coup. 

—  Ah!  dit  Théophile 
Gautier,  lu  jettes  ça  dans 
le  plomb  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

PLOMBÉ  :  Ivre;  l'homme 
ivre  est  lourd  comme  du 
plomb.  L.  L. 

Plombé  veut  dire  atteint 
d'une  maladie  qui  a  fait  la 
fortune  de  Charles  Albert. 

—  Elle  m'a  plom.bé  jus- 
qu'à la  moelle  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

PLOMBES  :  Heures. 

—  Voilà  dix  plombes  i\\\\ 
se  décrochent  au  tinta- 
marre de  Vantonne;  le  ra- 
ticho7i  va  grimper  à  son 
zinc  pour  débagouler  sa 
jasante  au  père  la  Tuile. 

Plombes,  allusion  au 
marteau  qui  tombe  d" aplomb 
sur  la  cloche  (Argot  des 
voleurs). 

PLOMBER  DE  LA  GAR- 
GUE  :  Sentir  mauvais  de 
la  bouche.  Tuer  les  mou- 
ches au  vol  (Argot  du  peu- 
pie). 

PLUMARD  :  Lit  de  plumes. 
C'est  un  simple  change- 
ment de  tinale,  comme  pour 

épicemar  et  frimard  (Ar- 
got du  peuple). 

PLUMES  :  Cheveux. 

—  Tu  veux  toujours  pa- 
raître jeune,  mais  lu  te  dé- 
plumés. 


POC 


POI 


22; 


¥ 


—  Tu  as  rudement  grandi; 
ta  tète  dépasse  tes  cheveux 
(Argot  du  peuple). 

IMllMES     DE    BEAUCE  : 

Bottes  de  paille. 

On  sait  que  les  plaines 
(le  la  Beauce  sont  îertiles 
en  graminées  ;  le  blé,  le 
seigle  et  l'avoine  y  sont 
cultivés  avec  soin. 

Dans  les  prisons  où  les 
détenus  n'ont  pour  literie 
qu'une  simple  paillasse,  ils 
(lisent,  par  ironie,  qu'ils 
couchent  sur  de  la  plume 
(le  Beauce  (Argot  des  pri- 
sons). 

PLUMER  :  Dépouiller. 

Allusion  à  l'oiseau  que 
la  cimnnQve  plume  pour  le 
faire  rôtir. 

Ruiner  un  individu,  lui 
prendre  jusqu'à  sa  dernière 
plume. 

—  Il  faut  à  tout  prix  que 
vous  sortiez  de  celte  af- 
faire, vous  y  laisseriez  vos 
plumes  (Argot  du  peuple). 

POCHETTES  :  Les  joues. 
Comme  les  poches,  elles 
se  gontlent   (Argot  du  peu- 
ple). 

POCHETÉE  (Avoir  une)  : 
Avoir  une  forte  dose  de 
bêtise. 

—  Il  en  a  une  rude  po- 
che tée. 

Synonyme  de  gourde 
(Argot  du  peuple). 


POÊLE   A  MARRONS  : 

Homme  grêlé. 

Allusion  à  la  poêle  pe  cée 
de  trous  (Argot  du  peupIeV 

N. 

POGNON  :  Argent,  monnaie. 

Allusion  à  l'argent  mis  à 
même  la  poche  et  que  l'on 
prend  à  poignée. 

Une  poignée  d'argent  ; 
de  là,  pognon  (Argot  des 
souteneurs). 

POIGNE  (Avoir  de  la)  :  Raide, 
dur  comme  une  barre  de 
fer. 

Diriger  une  affaire  avec 
énergie,  commander  avec 
rudesse. 

Cette  expression  date  de 
l'Empire,  qui  inventa  les 
préfets  à  poigne  (Argot  du 
peuple). 

POIL  DE  BRIQUE  :  Femme 
ou  homme  à  cheveux  rou- 
ges, rou/ttin. 

On  dit  dans  le  peuple, 
par  allusion  à  la  couleur  : 

—  Trois  jours  de  plus 
dans  le  ventre  de  sa  mère, 
elle  était  rôtie  (Argot  du 
peuple).  N'. 

POIL  (En  avoir  quelque  part)  : 
Homme  courageux  qui  ne 
redoute  rien. 

Dans  le  peuple,  on  dit  le 
mot  carrément  (Argot  du 
peuple). 

POIL  (En  recevoir  un)  :  Être 
fortement  grondé. 

13. 


226 


POI 


POI 


Chi  dit  aussi  recevoir  un 
galop  ou  un  gras. 

Ce  mot  remplace  suif 
(Argot  du  peuple) . 

POILS  (Être  à)  :  Être  dans 
un  costume  primitif,  comme 
Geneviève  de  Brabant,  avoir 
ses  cheveux  pour  vêtement, 
ou,  comme  au  bal  des  Qua- 
tr'z'Arts,  avoir  laissé  sa 
chemise  au  vestiaire  (Argot 
du  peuple). 

POIL  DANS  LA  MAIN  (En 

avoir  un)  :  Paresseux  qui 
ne  veut  pas  travailler,   qui 


pas 
;  lesi 


fête  tous  les  jours  la  Sainte- 
Flemme. 

—  Il  faudrait  une  rude 
paire  de  ciseaux  pour  lui 
couper  le  poil  qu'il  a  dans 
la  main  (Argot  du  peuple). 

POILEUSE  :  Absinthe. 

Dans  les  assommoirs  où 
l'on  débite  de  l'absinthe 
commune  à  la  mesure,  on 
emploie    celte    expression. 

Elle  vient  de  ce  que 
riiomme,  abruti  par  cette 
boisson,  ne  peut  plus  tra- 
vailler ;  il  est  poileux. 

Mot  à  mot  :  il  a  un  poil 
(Argot  du  peuple).  N. 

POINCELETS  :  Clés  fabri- 
quées d'une  certaine  ma- 
nière. 

Au  lieu  d'avoir  un  an- 
neau à  son  extrémité  comme 
les  clés  ordinaires,  lepoin- 
celet  se  termine  en  poitite 


et  peut  servir  à  deux  usa- 
ges :  à  caroubier  les  por- 
tes ou  h  pratiquer  une  pe- 
sée pour  faire  sauter  les 
gâches  des  serrures  (Argot 
des  voleurs). 

POINT  DE  COTÉ  :  Créancier. 
Maître-chanteur  exploitant 
les  hommes  qui  ont  un  cer- 
tain vice. 

Allusion  à  la  gène  cau- 
sée par  le  mal  de  ce  nom. 
L.L. 

Point  de  côté  :  tiers  gê- 
neur. Celui  qui,  par  exem- 
ple, vous  empêche,  par  sa 
présence,  de  lecer  une 
iémme  et  de  l'emmener 
après  l'avoir  levée.  A.  I). 

Point  de  côté,  mari  gê- 
nant, ombrageux,  jaloux, 
qui  surveille  sa  femme 
comme  Bartholo  sa  nièce  : 

—  Je  ne  peux  pas  sortir, 
mon  point  de  côté  est  à  la 
maison,  il  ne  me  lâche  pas 
d'une  semelle  (Argot  du 
peuple).  N- 

POIRE  :  Tête. 

On  dit  d'un  homme  naïf 
et  simple  : 

—  11  a  une  bonne  poire, 
il  est  facile  à  acheter. 

—  Vous  n'allez  pas  long- 
temps vous  moquer  de  ma 
poire,  je  suppose? 

Se  payer  la  têt£  de 
(juelqu'un  est  synonyme  de 
se  payer  sa  poire  (Argot 
du  peuple). 


POI 


POI 


227 


POIKOTËK:  V.  Faire  le  poi- 
reau. 

POISSE  :  Volour.  A.  D. 

C'est  absolument,  tout  le 
contraire  ;  un  poisse  est  un 
a^^ent  de  la  sûreté. 

La  poix  du  cordonnier 
s'attache  aux  mains  en 
poissant  le  lii;  Tarent  s'at- 
tache au  voleur,  il  le  poisse. 

Il  le  lait  bon  pour 
Poissy. 

Nous  seinmes  poissés  : 
nous  sommes  pris  [Argot 
des  voleurs).  N. 

I>OISSÉ  SUR  LE  TAS  :  Être 
pris  en  flagrant  délit  de 
vol. 

Poissé  de  poisse.,  agent  ; 
tas,  terrain  (Argot  des  vo- 
leurs). iV. 

POISSER  DES  PHILIPPES: 

Poisser^  voler;  philippes. 
pièces  de  cinq  francs. 

Mot  à  mot  :  voler  des 
pièces  de  cinq  francs  (Ar- 
got du  peuple). 

POISSON      SOUFFLEUR  : 

Rendre  par  les  narines, 
comme  le  font  certains  fu- 
meurs de  cigarettes,  ce  qui 
est  aspiré  par  la  bouche. 

Se  prend  dans  deux  sens 
(Arçot  du  peuple). 

POITOU  :  Non.  A.  D. 

Poitou  :  Public.  A.  D. 
Poitou    :   Nulle    chose. 
Z.  Z. 


C'est  assez  difficile  h  ac- 
corder. Qui  a  raison  des 
deux  auteurs? 

Moi,  je  crois  que  poitoîc 
veut  dire  silence,  prenez- 
garde,  car  ce  mot  est  em- 
ployé dans  les  prisons  à 
l'arrivée  d'un  surveillant 
(Argot  des  voleurs).  N'. 

POIVRE  ET  SEL  :  Cheveux 
qui  commencent  à  grison- 
ner. 

L'allusion  est  claire  (Ar- 
got du  peuple). 

POIVRER  :  Quand  la  cuisi- 
nière poivre  trop  ses  mets, 
elle  met  le  feu  au  i>alais 
des  convives. 

Quand  une  femme  poivre 
un  homme,  le  poivré  mau- 
dit Christophe  Colomb 
comme  F'rançois  I^""  la  belle 
Ferronnière  (Argot  du  peu- 
pie). 

POIVRIER  :  Voleur  qui  dé- 
valise les  ivrognes  qui  s'en- 
dorment sur  les  bancs  ou 
sur  l'herbe  des  fortifica- 
tions. 

Ce  vol  est  connu  sous  le 
nom  de  vol  au  poivrier 
(Argot  des  voleurs). 

POIVROT  :  Ivrogne  qui  se 
colle  des  hitures  à  tout 
casser. 

Poivrot  vient  sûrement 
de  ce  que  dans  les  assoiïi- 
moirs,  on  débite  de  l'eau- 
de-vie  qui  ressemble  à  une 


228 


POM 


POM 


flécoclion  de  poivre  long. 
Il  est  saoul,  il  est  poi- 
vré, de  là  poivrot  (A.rgot 
du  peuple). 

POLOCHON  :  Le  traversin 
qui  complète'  la  fourniture 
du  troupier  à  la  caserne. 

Quand  on  a  bu  un  coup 
de  trop,  on  a  reçu  un  coup 
de  polochon. 

Allusion  à  la  farce  qui  se 
fait  dans  les  chambrées  aux 
jeimes  conscrits  :  on  les 
'étovrdit  à  coups  de  polo- 
chon (Argot  des  troupiers). 

POMMADEUR  :  Piéparateur 
de  vieux  meubles  à  qui  il 
donne  l'apparence  du  neuf 
en  les  truquant  avec  de  la 
cire  et  de  la  gomme  laque 
(Argot  du  peuple). 

POMMADEUR  t  Flatteur. 

Passer  de  la  pommade  à 
quelqu'un,  lui  trouver  tou- 
tes les  qualités  possibles. 

Dire  à  un  bossu,  par 
exemple,  qu'il  est  droit 
comme  un  cierge.  On  en  a 
fait  ce  calembour  :  la  louange 
comme  le  tonnerre  fout 
droit  (Arg;>t   du   peuple). 

POMMADIN  :.  Individu  infa- 
tué de  lui-même,  qui  ne 
songe  qu'à  soigner  sa  tète. 
Mot  à  mot  :  qui  ressem- 
ble à  une  poupée  de  coif- 
feur C Argot  du  peuple). 


POMPER  :  Boire  comme  un 
trou. 

Dialogue  devant  le  comp- 
toir d'un  marchand  de  vins  : 

—  Voulez- vous,  en  bu- 
vant, ressembler  à  deux 
empereurs  romains  ? 

—  Comment? 

—  Soyez  César  et  pom- 
pez (Argot  des  bourgeois 
facétieux).  ISf. 

POMPER  :  Travailler  ferme. 
Quand  le  travail  se  ra- 
lentit, le  metteur  en  pages 
dit  : 

—  Allons,  les  amis,  en- 
core un  petit  coup  de 
pompe  (Argot  des  typo- 
graphes). 

POMPEZ,SEIGNEUR,POUR 
LES  BIENSDELA  TERRE 
ET  LE  REPOS  DU  PAU- 
VRE MILITAIRE. 

Fomper  signifie  pleu- 
voir ;  alors  le  soldat  coupe 
à  la  corvée  ou  à  la  revue 
(Argot  des  troupiers). 

POMPON  (Vieux)  :  Se  dit 
d'un  vieux  soldat  : 

Le  soldat    est  comme  son 

I  pompon 

rius  il  devient  vieux,    plus 

I  il  devient...  melon. 

(Argot  des  troupiers). 

POMPON  (En  avoir  un)  :  Être 
abominablement  gris. 

Avoir  la  face  rouge  comme 
une  pivoine. 

Allusion    à    la     couleur 


POR 


POS 


229 


ro'ige  du  pompo)i  des  gre- 
nadiers (Argot  du  peuple). 

PONTES     POUR    L'AFF    : 

Ponte  doit  être  pris  dans 
lesensde  bailleur  de  fmds 
assemblés  pour  lancer  une 
affaire  plus  ou  moins  vé- 
reuse. 

On  sait  que  le  yonte 
(joueur)  est  généralement 
peu  scrupuleux  (Argot  des 
boursiers). 

POXAME:   Fille  publique. 
On  dit  également  yonette 
quand  elle  est  jeune  (Arçot 
des  voleurs).  iV^. 

ïM)MFLE  :  Raccrocheuse  de 
bas  étage. 

Ponifle  est  le  diminutif 
de  poni/ler,  aimer  (Argot 
des  souteneurs). 

PORC-ËPIC:  L'ostensoir. 
Allusion  aux  rayons  qui 
l'entourent  (Argot  des  vo- 
leurs). 

PORTE-BONHEUR  :  Le  ca- 
briolet que  les  agents  pas- 
sent aux  poignets  des  pri- 
sonniers. 

Allusion  de  forme  (Argot 
des  voleurs).  iV. 

l'ORTE-EFFETS,  PORTE- 
TURBIN 

Porte-tiirhin  est  une  ex- 
pression heureuse  ;  elle  dé- 
signe à  merveille  les  épaii- 
les  du  coltineur  (Argot  des 
voleurs).  V.  Bascules.  JSf. 


PORTEFEUILLE  :  Le  lit. 
—  Je  vais    me    fourrer 
dans  mon  porteléuille. 

Allusion  de  lorme  (Argot 
du  peuple j. 

PORTER  LE  BÉGUIN  :  Pâ- 
lir, perdre  sa  fraîcheur. 

Celui  des  deux  jeunes 
mariés  qui  est  le  moins  ro- 
buste ou  le  plus  gourmand, 
porte  le  béguin  le  premier 
(Arçot  du  peuple). 

PORTER  LES  CULOTTES  : 

Virago  qui  traite  son  mari 
comme  un  petit  garçon  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Décu- 
lotté. 

PORTE-MORNIFLE  :  Porte- 
monnaie  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Morlingue. 

PORTION:  Fille  publique. 

Allusion  à  l'heure  de  la 
soupe . 

Quand  le  soldat  a  faim, 
il  tombe  sur  la  bidoche  (Ar- 
got des  troupiers). 

POSE  TA  CHIQUE  ET  FAIS 
LE  MORT:  Reste  tran- 
quille et  ne  parle  pas  (Ar- 
got du  peuple). 

POSER  UN  GLUAU  :  Ce  ne 
sont  pas  les  oiseaux  qui  se 
prennent  dans  ce  gluaii-h^ 
mais  le  plus  souvent  les  pieds 
(Ai^ot  du  peuple). 

POSTICHE  :  Quand,  dans  un 
atelier  do  composition,  un 
compagnon  raconte  une  his- 


230 


POT 


POU 


toire  à  dormir  debout,  on 
lui  crie  : 

—  A  Chaillot  le  posti- 
cheur. 

Postiche  :  faire  un  boni- 
ment sur  la  voie  publique 
pour  amasser  le  trèpe  (la 
foule). 

Les  saltimbanques  qui 
font  des  tours  de  caries  ou 
jonglent  avec  des  poids  sur 
les  places  publiques,  font 
une  postiche. 

Postiche  :  travail  (Argots 
divers).  N. 

POSTILLON  :  Baver  en  par- 
lant, c'est  lancer  des  pos- 
tillons (Argot  du  peuple). 

POSTILLON  :  Boulette  de 
mie  de  pain  dans  laquelle 
est  un  billet  laconique. 

Cette  boulette  est  lancée 
dans  la  cour  où  se  trouve  le 
prisonnier  que  l'on  veut 
prévenir  qu'un  de  ses  com- 
plices s'est  mis  à  table. 

Le  postillon  est  aussitôt 
ramassé,  et  ouvert  ;  le  bil- 
let est  collé  sur  la  muraille  ; 
quand  les  gardiens  s'aper- 
çoivent du  coup,  il  est  trop 
tard  (Argot  des  voleurs). 

POSTILLON  D'EAU 
CHAUDE  :  Infirmier  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Canon- 
nier  de  la  pièce  humide. 

POT  A  COLLE  :  Ouvrier  me- 
nuisier (Ai^ot  du  peuple) . 


POT  A  TABAC:  Homme  énor- 
mément gros  et  court,  par 
analogie  avec  le  cochon 
gras. 

On  dit  aussi  dans  le  peii- 
ple  :  bon  à  tuer  (Argot  du 
[)euple). 

POT  DE  VIN  :  Argent  donné 
pour  obtenir  un  privilège, 
un  monopole,  une  adjudica- 
tion en  dehors  des  voies  lé- 
légales. 

Un  maître  maçon  donne 
un  pot  de  vin  à  un  archi- 
tecte pour  obtenir  des  tra- 
vaux (Argot  (lu  peuple). 

POT  DE  VINARD  :  Qui  ac- 
cepte le  pot  devin. 

Nous  en  avons  eu  un 
triste  exemple  dans  l'alfaire 
du  Panama  (Argot  du  peu- 
ple). 

POTEAU  :  Ami. 

La  figure  en  juste  ;  un 
poteau  soutient. 

Poteau  veut  dire  aussi 
complice  (Argot  des  vo- 
leurs). 

POTEAUX  :  Jambes  énormes, 
comme  disent  les  vojous  : 
grosses  du  bas  et  énormes 
du  haut  (Argot  du  peuple). 

POUBELLE  (La)  ;  Boîte  à 
ordures  qui  lire  son  nom 
du  préfet  de  la  Seine  qui  en 
a  ordonné  l'usage. 

Avant,  les  ordures  étaient 
jetées  en  tas  dans  la  rue 
(Ai"got  du  peuple).  A^- 


POl 


PRE 


231 


POIFFIACE  :  Fille  publi- 
(jiu'  avariée. 

On  dit  aussi  :  chameau, 
rhiasse,  camelolte  (Ar^'ot 
(les  souleneurs). 

POULE  D'EAU  :  Blanchis- 
eliisseuse. 

Elle  est  bien  nommée, 
j)uis!jirelle  passe  sa  vie  à 
l'eau  (Arçot  du  peuple). 

POULET  DE  CARftME  : 
Hareng  saur. 

C'est  un  triste  poulet  qui 
pourtant  t'ait  le  bonlieur 
(l'un  las  de  pauvres  j^ens. 
Le  hareng  se  nomme  aussi 
un  gendai^me  (Argot  du 
peuple). 

l^OUSSAII  :  Homme  gros, 
ventripotent,  qui  a  peine  à 
i rainer  son  corps  dillornie 
sur  ses  jambes  courtes  (Ar- 
got du  peuple). 

POUSSE-MOULLN  :  Eau. 
Allusion   à  ce  que  Teau 
sert  de  moteur  pour  faire 
tourner  la  roue   du  moulin 
(Argot du  peuple). 

POUSSE-FAUTEUIL  :  Valit 
(Ai^ot  du  peuple). 

POUSSE-MOU  :  Homme  mou 
qui  travaille  avec  mollesse, 
sans  courage  (Argot  du 
peuple). 

POUSSER   SA  MOULURE  : 
Faire  ses  besoins. 
Allusion  à    la   moulure 


ronde  qu'il  faut  pousser 
avec  ellbrt  sous  le  1er  du 
rabot  (Argot  du  |)euple). 

POUSSER   A    LA    PEAU  : 

Femme  de  l'eu,  amoureuse, 
ciiaude  comme  braise  dont 
l'ensemble  parle  aux  sens. 
Elle  pousse  à  la  peau 
(Argot  du  peuple). 

POUSSIER  :  Lit  malpropre. 
Poussier^  cbambre  pau- 
vre, en  désordre. 

—  Comment  peux -tu 
vivre  dans  un  pareil  pous- 
sier"^ 

Synonyme  de  taudis  (S^v- 
got  du  i)euple). 

PRÉ  AU  DAR  COURT  TOU- 
JOURS :  Prison  de  Mazas 
(Argot  des  voleurs). 

PRÉFECTANCE  :  La  Préf.  c- 
ture. 

Quelques-uns  écrivent  : 
Préfectanche  (Argot  du 
peuple). 

PRENDRE  LE  COLLIER  DE 
MISÈRE  :  Aller  travailler. 

L'établi  est  bien  un  col- 
lier de  misère,  c'est  même 
un  collier  de  force,  car 
l'ouvrier  ne  peut  le  laclier,  il 
subit  ce  ca/'ca;r  jusqu'à  la 
tombe. 

Ce  qui  fait  dire  quand 
l'un  d'eux  meurt  : 

—  II  a  quitté  le  collier 
de  misère  (Ai-got  du  peu- 
ple). 


232 


PRO 


PRU 


PRENDRI]  LA  VACHE  PAR 

LES (ce  que  porle  le 

taureau  entier)  :  Prendre 
les  choses  au  rebours,  com- 
mencer quelque  chose  par 
la  fin  (Argot  du  peuple). 

PRENDRE    UN   PLAT  :  V. 

Rouscailler. 

PRÊTER  LOCHE  :  Prête 
moi  ton  oreille. 

Écoute  bien  ce  que  je 
vais  te  dire  (Argot  des  vo- 
leurs), 

PRINCESSE  :  Vivre  pour 
rien.  Vivre  aux  frais  de  la 
princesse  (Argot  du  peu- 
ple). 

PRORLOQUE  :  Propriétaire 

(Argot  du  peuple).  iV. 

PROCUREUSE  :  Ancienne 
fille  publique  qui  fait  mé- 
tier de  procurer  sur  com- 
mande des  jeunes  filles  aux 
vi  ux  cochons. 

Elle  alimente  les  maisons 
clandestines. 

Souvent,  c'est  une  mar- 
chande à  la  toilette  qui 
masque  sa  honteuse  pro- 
fession sous  les  apparences 
de  son  commerce  (Argot  du 
peuple). 

PRODUISANTE  :  La  terre. 
L'allusion   est  juste  :  la 
terre  produit    (Argot  des 
voleurs). 

PROFONDES  :  Poches. 

Elles  sont,  hélas  !  parfois 


si  profondes.,  que  l'on  ne 
peut  parvenir  à  y  trouver 
le  moindre  maravédis  (Ar- 
got du  peuple). 

PROLO  :  Abréviationde^ro- 
létaire. 

Travailleur  de  n'importe 
quel  métier  qui  n'a  d'au- 
tres ressources  que  ses  dix 
doigts  pour  vivre  (Argot  du 
peuple).  N. 

PROPRIO  :  Abréviation  de 
propriétaire  (Argot  du  peu- 
ple). 

PROUTER  :  Marronner,  ne 
pas  être  content  (Argot  du 
peuple).  V.  A  cran. 

PROXÉNÈTE  :  Ou  maque- 
relle  ;  c'est  la  même  chose. 

La  proxénète eslîx  l'affût 
de  toutes  les  misères  pour 
livrer  les  malheureuses  à  la 
prostitution. 

Celle-là  ne  connaît  pas 
la  grève  des  mineures. 

Elle  revêt  toutes  les 
formes,  depuis  la  grande 
dame  qui  a  «  eu  des  mal- 
heurs »,  qui  tient  une 
agence  dramatique,  jus- 
qu'à l'ancienne  cuisinière 
qui  tient  un  bureau  dépla- 
cement (Argot  du  peuple). 

PRUNEAU  :  Tabac  en  ca- 
rotte qui  se  nomme  gross<^ 
ou  petite  ficelle  ;  il  se  chi- 
que. Gomme  le  morceau, 
une  fois  mâché,  est  noir  et 


PUX 


PUT 


V33 


juteux,  on  le  nomme  un 
'pruneau  CArgol  du  peu- 
ple). 

IMIUSSIEN  :  Leclenière. 
-*   Je  vais  le  fourrer  un 
coup  (le  pied  dans  le  prus- 
sien (Argot  du  peuple). 

PUCE  DE  MEUNIER :\.P/- 

(loce. 

I  LCE  TRAVAILLEUSE  : 
(l'est  l'ancienne  expression 
pour  désigner  les  femmes 
pour  femmeSi 

C'est  dans  les  maisons  de 
rende/.-vous,  où  il  y  a  des 
coijeurs  (voyez  ce  mot), 
que  ce  travail  s'accomplit, 
à  la  grande  satisfaction  des 
vieux  érotomanes  qui  vien- 
nent là,  chercher  par  les 
yeux  un  spectacle  écœurant 
pour  émoustillercequi  leur 
reste  de  sens. 

Les  femmes  qui  opèrent 
dans  ces  maisons  sont  payées 
à  la  séance  (Argot  du  peu- 
ple). 

PUCELAGE  :  Petit  oiseau 
qui  s'envole  quand  il  lui 
pousse  une  queue. 

On  sait  que  les  petits 
sortent  du  nid  quand  cet 
appendice  caudal  arrive  à 
point  (Argot  du  peuple).  N. 

PI  NAISE  :  Cette  expression 
date  de  1862  ;  elle  est  due 
à  un  voyou.  Sur  le  boule- 
vard Montmartre,  une  tille 
hèle  un  cocher. 


—  Au  Rois,  lui  dit-elle. 

—  Au  bois  de  lit,  pu- 
naise, fait  le  gamin. 

Le  mot  e 
du  peuple). 

PURÉE  (Être  dans  1:,^  :  V. 
Mélasse. 

PURÉE  :  Absinthe. 

Quand  elle  est  forte,  la 
liqueur  épaisse  ressemble, 
en  effet,  à  une  purée  de 
pois  cassés  (Argot  du  peu- 
ple). 

PURGATION  :  Quand  un 
avocat  plaide  en  cour  d'as- 
sises ou  en  police  correc- 
tionnelle, les  voleurs  de  pro- 
tession  appellent  sa  plai- 
doirie une  purgation. 

—  As-tu  entendu  mon 
blanchisseur  ;  ce  qu'il  a 
assis  l'amcal  bêcheur  et 
les  Honneurs.  Quelle  pur- 
gation! (Argot  des  vo- 
leurs). 

PUROTAIN  :  Qui  est  dans  la 
purée  (Argot  du  peuple)  V. 
Mélasse. 

PUTAIN  :  Femme  qui  va  à 
tous,  soit  à  l'œil,  soit  par 
métier. 

La  putain  est  vieille 
comme  le  monde  ;  depuis  le 
lupanar  antique  elle  existe. 

Malgré  la  brutalité  de 
cette  expression,  on  la  re- 
trouve chez  tous  les  poètes 
anciens. 


!234 


PUT 


PUT 


r.e  Dict  des  rues  de  Paris, 
par  Guillot  (1270),  publié 
on  175i  par  I'al)b6  Fleurv  . 


Y  entrai  dans  la  maison  Luce 
Qui  maint  en  la  rue  Tyron. 
Des  Dames  hymnes  vous  diron, 


Une  femme  vi  destrecié 
Pour  toi  pignier  qui  me  donna 
Au  bon  vin  ma  voix  a  donné 
Où  l'on  trouve  bien  por  denier 
Femmes,  par  son  cors  sulacier 
Où  il  a  maintes  tencheresses 
Qui  ont   maint  homme  pris  au 
brai. 


(Argot  du  peuple). 


OUA 


OUA 


235 


Q 


Ql'ANTKS?  :  BuMivenuo  que 
paie  un  ouvrier  nouvelie- 
ntent  embauché  dans  uu 
aUïlier. 

Tant  qu'il  n'a  pas  satis- 
fait à  cette  vieille  coutume, 
qui  date  du  compagnon- 
nage, les  camarades  lui 
crient  :  quanùèsf  (Argot 
du  peuple).  K. 

QUART  D'OEIL  :  Commis- 
saire de  police  (Argot  du 
peuple) 


V.  Moissonneur 
Se- 


ULART  DE  MARQUF 
main\ 

Le  quart  du  mois  [mar- 
qué) (Argot  des  voleurs). 

QUATRE-VINGT-DIX  :  Truc, 
secret  de  métier. 

Vendre  le  quatre-vingt- 


dix  :  révéler  le  secret.  ^4. 
D. 

Le  quatre-vingt-dix  est 
une  loterie  composée  de 
quatre-vingt-dix  billets 
qui  sont  contenus  dans  un 
sac  ;  le  90  gagne  le  gros 
lot.  Les  90  numéros  sont 
divisés  par  30  cartons  qui 
sont  placés  dans  le  public, 
deux  compères  (engayeurs) 
prennent  deux  cartons  ;  le 
tenancier  du  jeu  s'arrange 
de  façon  à  les  faire  gagner 
par  un  truc  ingénieux  ;  le 
public  volé  n'y  voit  que  du 
ien  (Argot  des  saltimban- 
ques). À^. 

QUATRE-COINS  :  Mouchoir. 
La  figure  coule  de  source. 
Il    y  a  aussi  un  jeu  cpii 


236 


OUI 


OUO 


se  nomme  les  quatre-coins , 
il  faut  èlre  cinq  pour  le 
jouer. 

Chaque  joueur  se  place 
à  l'angle  du  carré,  le  cin- 
quième au  milieu  fait  le  pot 
(le  chambre,  et  essaye  de 
prendre  un  des  coins  ;  s'il 
y  arrive,  celui  qui  a  perdu 
sa  place  prend  la  sienne 
(Argot  du  peuple). 

QUELPOIQUE  :  Rien  (Argot 
des  voleurs). 

QUEUE  :  Faire  une  queue  à 
sa  femme  :  la  tromper  avec 
une  autre  et  réciproque- 
ment. 

On  fait  également  une 
queue  à  un  fournisseur,  en 
achetant  chez  sou  concur- 
rent. 

Laisser  une  queue  :  ne 
donner  qu'un  acompte  sur 
une  dette. 

Se  tirer  la  queue,  se... 
battre  (Argot  du  peuple). 

QUEUE     DE     CERVELAS 

(Faire  la)  :  Promenade 
dans  les  promenoirs  des 
])risons  (Argot  des  voleurs). 
V.  Dévidage. 

QUI  A  DU  ONZE  CORPS- 
BEAU  ?  :  Quand  un  curé 
entre  dans  un  atelier  de 
composition,  cette  question 
salue  son  apparition. 


On  répond    en   chœur  : 

—  Ache  (Argot  d'impri- 
merie). 

QULMPER:  Tomber  (Argot 
des  voleurs). 

QUINTE  ET  QUATORZE  ET 
LE  POINT  :  V.  Plombé. 

QUIQUI  :  Rognures  de  viandes 
ramassées  par  les  chiffon- 
niers dans  les  ordures. 

Ils  les  revendent  aux 
Borgias  à  1  fr.  13  qui  eu 
font  des  potages  (Argot  du 
peuple). 

QUI-QUI  :  Le  col. 

—  Si  tu  rebiffes,  je  vais 
te  serrer  le  qui-qui.  (Argot 
du  peuple). 

QUINQUET:    Les  yeux.  La 

marmotte  allumeXt  pante 
du  quinquet  (Argot  des 
souteneurs).  V.  Chasses. 

QUOQUANTE:  Armoire  à 
glace  (Argot  des   voleurs). 

N. 

QUOQUARD  :  Arbre. 

—  J'ai  flanqué  la  gal- 
touze  sous  le  premier  quo- 
quard  à  gauche  de  la  gar- 
naffe  (Argot  des  voleurs). 
iV. 

QUOQUERET  :  Rideau  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Gueu- 
sard. 


UAB 


UAH 


•237 


R 


RAFiATTEURS  :  Individus 
qui  font  le  métier  de  rabat- 
tre les  filles  pour  les  hom- 
mes et  les  hommes  poul- 
ies filles. 

On  peut  lire  la  monogra- 
phie curieuse  de  cette  ca- 
tégorie d'individus  dans 
Trottoirs  et  Lupanars 
(Argot  des  souteneurs).  N. 

RABATTEURS  A  LA  SOR- 
GUE  :  Voleurs  qui  opèrent 
la  niiil. 

C'est  un  redoublement 
de  syllabe;  ils  ne  rabattent 
pas,  ils  s' abattent  sur  les 
maisons  à  dévaliser. 

Les  rabatteurs  sont  les 
complices  qui  nourrissent 
le  poiipard  (Ai^got  des 
voleurs). 


RABIAGE  :  En  avoir,  c'est 
posséder  des  renies  (Argot 
des  voleurs). 

RABIBOCHER  :  Quand  un 
ménage  est  en  désaccord  et 
qu'un  raccomodage  a  lieu, 
il  est  rabiboché. 

Le  rabibochage  n'est  le 
plus  souvent  qu'un  replâ- 
trage. 

Quand  les  enfants  jouent 
aux  billes,  ceux  qui  ont 
perdu  disent  au  gagnant  : 

—  Veux-tu  nous  rabibo- 
cher'^ 

C'est-à-dire  nous  rendre 
quelques  billes  (Argot  du 
peuple). 

RABIOT  :  Faire  plus  de  temps 
qu'il  n'a  été  convenu. 


238 


RAC 


RAC 


Au  régiment,  un  lionim  ' 
puni  fait  autant  de  jours  de 
présence  en  plus  qu'il  a  eu 
de  jours  de  punition. 

Avoir  dîù  rahiot:  avoir 
du  bon,  toucher  un  reliquat 
sur  lequel  on  ne  comptait 
pas  (Argot  du  peuple). 

RABOTÉ  :  Synonyme  de  net- 
toyé, plus  rien. 

On  dit  aussi  d'une  lemme 
mince  : 

—  Elle  a  été  rabotée 
(Argot  du  peuple) 

RABOTER  LE  SIFFLET(Se): 

Boire  un  verre  d'eau-de-vie 
qui  gratte  si  fort  le  gosier 
qu'il  semble  en  emporter 
des  lambeaux. 

L'eau-de-vie,  qui  joue  le 
rôle  du  fer  du  rabot,  enlève 
des  copeaux  dans  le  sifflet 
du  buveur  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

RABOUIN  :  Le  diable  (Argot 
des  voleurs). 

RAGLNE  DE  BUIS  :  Dents. 
Ainsi  nommées  lorsqu'elles 
sont  sales  et  noires. 

Vesinier,  membre  de  la 
Commune  en  1871,  fut  sur- 
nommé par  Henri  Roche- 
forl  :  racine  de  buis,  par 
allusion  à  la  racine  de  c  et 
arbuste  qui  est  noueuse  avec 
des  protubérances  qui  res- 
semblent à  des  verrues  dif- 
formes. 
Racine  de  huis  caracté- 


rise la  iéledca  individus  qui 
ressemblent  à  cette  racin«; 
(Argot  du  peuple).  N". 

RACAILLE  :  Moins  que  rien. 

Terme  suprême  de  mé- 
pris plus  fort  que  crapide  ; 
résidu  de  tout  ce  qu'il  y  a 
de  plus  abjet. 

—  Tu  n'es  qu'une  sale 
racaille  {kv^oi  du  peuple). 

RACOLER:  Fille  qui  racole 
les  passants  (Argot  des 
souteneurs). 

RACCROCHER  A  LA  FLAN  : 

Fille  qui  n'a  pas  de  poste 
fixe  ;  elle  part  de  chez  elle 
à  l'aventure. 

Elle  raccroche  à  la 
flan,  au  hasard  (Argot  des 
souteneurs). 

RACCOURCIR  :  Se  dit  d'un 
condamné  à  mort  à  qui  on 
coupe  la  tête.  Il  est  en  ellet 
raccourci  d'autant. 

Le  mot  est  vieux  ;  il  date 
de  Martinville. 

Il  était  devant  le  tribu- 
nal révolutionnaire.  Fou- 
quier-Tinville  lui  dit  : 

—  Citoyen  de  Martin- 
ville,  qu'as-lu  à  répondre, 

—  Je  ne  suis  pas  ici  pour 
i\\\'oum''allo7ige,  mais  pour 
qu'on  me  raccourcisse  (Ar- 
got des  voleurs). 

RACLETTE  :  Agent  de  police 
de  la  Sûreté  ou   sergent  de 
ville. 
Allusion  à  la  raclette  du 


HAD 


RAF 


239 


l'anioiieiir    i|ui     enlève     la 
suie  des  elieminées. 

Les  agents  raclent  les 
niallaiteurs  qui  sont  la  suie 
(1<»  la  société  (Argot  des  vo- 
leurs). iV. 

1;AI)E  ou  radeau  :  Tiroir 
de  comptoir  oîi  sont  les  ra- 

Signifie  aussi    boutique. 

IA.D. 
Ce  n'est  ni  rade  ni  ra- 
deau, c'est  radin. 
Le  vol  au  radin  est  cé- 
lèbre; ceux  qui  le  prati- 
qu  nt  se  nonniient  le  radi- 
neur  et  le  raton  (Argot  des 
Toleurs).  iV. 

RADICAILLE  :  Ceux  qui 
professent  des  opinions  ra- 
dicales (Argot  au  peuple). 

RADIS  :  V.  Fricadier. 

RADIS  NOIR  :  Prêtre. 

Allusion  à  la  robe  noire. 

Cette  expression  date  du 
temps  où  l'on  jouait  à  l'Am- 
bigu la  pièce  des  Mystères 
de  Paris. 

Rodin,  célèbre  type  de 
canaille,  mangeait  pour  son 
dîner  un  plat  àç^  radis  noir 
Argot  du  peuple).  iV- 

RADIXER  :  Revenir. 

—  Je  radihe  à  la  piaule. 

Radiner:  faire  le  radin, 
voler  le  tiroir-caisse  d'un 
'  omptoir. 

Ce  tiroir  est  nommé  ra- 


din parce  qu'il  leid'ernie 
des  radis  (sous)  (Argot  des 
voleurs). 

RADURER  :  Repasser  son 
couteau  sur  une  meule. 

—  Je  radure  mon  lin- 
yr^  afin  que  le  pante  soit 
fait  d'un  coup  et  qu'il  n'ait 
pas  le  temps  de  cribler  à 
la  y rù'^  (Argot des  voleurs). 

RAFFALE  (Je  suis  dans  lu)  : 
Etre  au  plus  mal,  près  di; 
mourir  (Argot  des  voleurs). 

RAFFALÉS  :  Être  dans  la 
misère,  emporté  par  la 
rajfale  de  la  dèche  (Argot 
des  voleurs). 

RAFLE,  RAFLER  :  Pren- 
dre. 

Quand  un  crime  est  com- 
mis et  (pie  les  auteurs  sont 
introuvables,  la  police  or- 
ganise des  rafles  dans  les 
lieux  suspects  et  dans  les 
endroits  où  se  réunissent 
les  vagabonds. 

On  nomme  ces  rafles 
un  coiiy  d'êperdier,  parce 
que  l'on  y  prend  générale- 
ment beaucoup  de  pois- 
sons. 

Quand  les  filles  publiques 
deviennent  par  trop  encom- 
brantes, on  les  rafle  en 
masse. 

Le  croupier  o'afle  l'ar- 
gent des  joueurs. 

Le  voleur  rafle  l'argent 


240 


RAI 


RAM 


des  passants  (Argot  des 
souteneurs). 

RAFFURER  :  Regagner. 
C'est    le     redoublement 

à'affure  (gagner). 

—  J'ai  raffuré  du  ter- 
rain sur  les  pescailles  qui 
voulaient  me  paumer  (Ar- 
got des  voleurs). 

RA(;OUT  :  Soupçon. 

—  J'ai  du  ragoût  sur 
sézières,  il  s' esl  mis  à  table 
sur  mon  orgue. 

—  Fais  attention  de  ne 
^2i's,  faire  deragoia,\Qqîmrt 
nous  a  au  chasse  (Argot 
des  voleurs). 

RAGOUT    DE   POITRINE  : 

Femme  ragoûtante  qui  a 
sur  la  poitrine  des  tétons 
volumineux  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Capitonnée. 

RAIDIR  :  Mourir  (Argot  des 
voleurs). 

RAILLE  :  Cette  expression 
est  ancienne,  elle  se  trouve 
dans  les  Mystères  de  Pa- 
ris (Argot  des  voleurs).  V. 
Arnaque. 

RAIGUISÉ  :  Avoir  tout  perdu. 
Mot   à   mot  :    il  est  ré- 
guisé,  il    va  mourir  (Argot 
du  peuple). 

RAISINÉ  :  Sang. 

—  J'ai  lin  gré  le  gonce, 
il   a   répandu  son  raisiné 


sur  le  trimard  (Argot  des 
voleurs). 

RAMASSER  :  Se  faire  ra- 
masser, c'est  se  faire  ar- 
rêter. 

Quand  un  individu  tient 
un  langage  imprudent  ou 
qu'il  dit  des  bêtises,  il  se 
fait  ramasser  (rappeler  à 
l'ordre) . 

Dans  le  peuple,  on  dit  : 

—  Nous  l'avons  relevé 
du  péché  de  paresse. 

On  dit  également  à  une 
femme  qui  vous  embête  : 

—  Allons,  rainasse  tes 
cliques  et  les  claques  et 
fous  le  camp  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

RAMASSEUR  DE  MÉGOTS  : 

Ramasseur  de  bouts  de  ci- 
gares et  de  débris  de  ciga- 
rettes. 

Ces  mégots  sont  séchés, 
triés,  hachés,  puis  vendus 
par  paquets  aux  ouvriers. 

La  bourse  aux  mégots  se 
tient  place  Maubert,  au 
pied  de  la  statue  d'Etienne 
Dolet  (Argot  du  peuple). 

RAMASSER  UNE  PELLE  : 

Être  certain  de  roussir  une 
affaire  et  la  rater. 

Faire  la  cour  six  mois  à  - 
une   fénnne   au   bout  des-  ^, 
quels  elle  vous  envoie  pro- 
mener. I 

Ramasser  une  pelle,  ses 
dit  de  tout  ce  qui  manquel 
(Argot  du  peuple).  iY.  1 


RAN 


RAP 


■241 


|{AMASTIULi:i  K  :  Désigne 
io  j;enre  de  vol  qui  consiste 
à  7'amasser  à  terre  un  bi- 
jou faux  qu'un  compère  a 
préalablement  laissé  tom- 
ber (Argot  des  voleurs).  V. 
Trouceiirs. 

HAMENEUH  :  Homme  qui 
n'a  que  quelques  cheveux 
et  les  ramène  en  avant  sur 
son  front  ponr  faire  croire 
à  une  chevelure  abondante 
(Argot  du  peuple). 

UAMENEUSE  :  Fille  puMi- 
(jue  qui  ramène  les  hom- 
mes qu'elle  raccroche  à  sou 
garni. 

—  J'ai  une  chouette 
fjosse,  hier  elle  a  ramené 
<lix  fois  (Argot  des  soute- 
neurs). 

KAMOIXOT  :  Honnne  /ï/- 
inolli,%'A\\<>  consistance,  qui 
rabâche  vingt  fois  la  même 
chose. 

Le  capitaine  Ramollot 
a  fait  rire  tout  Paris. 

L'exj)ression  est  récente 
(Argot  du  peuple).  N. 

KANCARD    ou    RANCART. 

Mettre  quelque  chose  ou 
quc'Iqu'uu  dont  Oii  ne  veut 
plus  au  rancart  de  cùlé. 
Un  coup  de  rancart  est 
aussi  une  chose  imprévue, 
comme  le  fait  par  exemj)le 
de  raccrocher  u  le  lemme 
!;ms  lui  lieu  public  (Argot 
ies  souleueurs). 


.  RANCARD  :  Renseignements. 
.  —  J'ai  besoin  d'un  ran- 
card sur  un  tel. 

—  Le  rancard  du  'pro- 
bloque  est  tout  ce  qu'il  y  a 
de  i)lus  mouche. 

Le  rancard  est  un  terme 
convenu  pour  la  correspon- 
dance des  tenanciers  de 
claquedents  avec  les  pla- 
ciers qui  les  alimentent  de 
camelotles  (Argot  des  sou- 
teneurs). 

RAPAPILLOTER  :  Un  mé- 
nage désuni  se  rapajjil- 
lotte. 

Mot  à  mot  :  se  raccoia- 
i II  ode. 

La     chanson     populaire 
dit  : 

Je  me  rapapiUote 
Avec  Charlotte. 

(Argot  du  peuple).  A^. 

RAPE  :  Le  dos. 

Râpe,  avare. 

—  Il  est  dur  comme  la 
râpe  du  menuisier. 

C'est  de  râpe  qu'on  a 
fait  rapiat  pour  désigner 
•  les  auvergnats,  qui,  comme 
on  le  sait  n'attachent  pas 
leur  chien  avec  des  saucisses 
(Argot  des  voleurs  et  du 
peuple).  N- 

RAPER  :  Chanter. 

Vieille      expression    de 
goguolle  pour  qualitiei-  un- 
chanteur  qui  écorchait  les 

14 


242 


RAT 


\\\r 


oreilles  de  ses  auditeurs. 

Mot  à  mot  :  il  râpait  sa 
chanson  (Argot  du  peuple). 

A^. 

lUPPFJQUER  :  Revenir. 
—  Depuis  huit  jornes 
que  je  suis  en  horclée,  je 
rapplique  à  la  piaule, 
mince  de  siiifsi  la  clé  (Ar- 
got du  peuple). 

llÂPIOTiai  :  Fouiller  dans 
les  puches  de  quelqu'un. 

Ce  devrait  être  dépioter 
puisque  l'on  le  fouille  dans 
l'intention  de  le  dévaliser. 

Cette  expression  est 
néanmoins  employée  par 
les  voleurs. 

Les  ouvriers  tailleurs 
sont  plus  logiques.  Vom  ra- 
piécer (mettre  une  pièce), 
ils  disent  rapioter  (Argot 
des  voleurs  et  des  tail- 
leurs) . 

RAPPOINTIS  :  Morceau  de 
fer  pointu,  forgé  par  un 
apprenti. 

On  appelle  ainsi  les  ché- 
tifs  (Argot  du  peuple).  A'. 
Avorton.  N. 

RASEUR  :  Être  ennuyeux, 
qui  vous  raconte  des  riens 
pendant  des  heures  en- 
tières (Argot  du  boulevard) 
V.  Crampon. 

RAT  (Courir  le)  :  Voler  la 
nuit. 

Allusion  au  chat  qui  ne 


sort  que  la  nuit  pour  chas- 
,ser  le  rat,  excepté  qu'ici 
-  il  faut  retourner  le  l'ait, 
c'est  le  rat  qui  chasse  le 
chat  —  le  passant  (Argot 
des  voleurs).  N.- 

RAT  DE  PRISON  :  Avocat. 
Allusion  à  ce  que  ces  mes- 
sieurs grignottent  à  i)elles 


dents  l'argent,  des  prison- 
niers qui  ont  besoin  de  leurs 
services. 

Sangsue  serait  plus  juste 
que  rat  (Argot  des  voleurs). 

RAT  DE  PALAIS  :  Clerc 
d'huissier  qui  attend  les 
malheureux  avant  l'audience 
des  référés  pour  accrocher 
une  pièce  de  cent  sous. 

Hommes  d'affaires  véreux 
qui  passent  leur  existence 
dans  la  salle  des  Pas-Per- 
dus à  la  recherche  d'un 
imbécile. 

Rat  de  palais,  en  un 
mot  tous  les  rongeurs  qui 
rongent  les  plaideurs  (Argot 
du  peuple).  A^. 

RATATOUILLE  (En  recevoir 
une)  :  Être  battu. 

—  Je  vais  te  fiiutre  une 
ratatouille,  numéro  un. 

On  dit  également  : 

—  Je  vais  te  tremper 
une-soiipe  (Argot  du  peu- 
ple). .V. 

RATÉ  :  Manquer  une  affaire, 
rater  un  coup...  de  fusil, 
un  examen. 


RAT 


RXT 


243 


D'un  homme  petit,  on 
(lit  :  il  est  raté. 

En  lilléralnre,  en  mu- 
sique, en  peinture,  une 
œuvre  est  ratée  lorsqu'elle 
est  incomplète. 

Un  homme  qui  donnait 
(le  belles  espérances  et  qui 
n'arrive  à  rien  est  un  raté. 

En  un  mot,  j'aie  se  dit 
(le  toutce  qui  n'est  pas  l)ien 
(Argot  du  peuple). 

KATEAU  :   Agents  de  police. 
Ils  ratissent  les  voleurs 
(Ai^got  des  voleurs). 

KATIBOISÉ  :  Plus  le  sou. 

—  Je  n'ai  plus  le  sou,  je 

n'ai   plus  de  criîdit  et  pas 

envie  de  bien  laire,  je  suis 

ratiboisé  (Argot  du  peuple) . 

RATIBOISEUR  DE  CABOT  : 

Voleur  de  chiens. 

C'est  une  industrie  toute 
spéciale,  elle  est  florissante 
au  printemps  quand  les 
chiennes  sont  amoureuses. 
Les  chiens  une  lois  volés, 
sont  tondus,  maquillés  pour 
les  rendre  méconnaissables, 
puis  expédiés    en    Angle- 

,  terre  à  une  association  afli- 
li(;e  aux  voleurs  parisiens. 
Ce  vol  est  des  plus  sim- 
ples, il  faut  être  deux  pour 
l'accomplir.  Pendant  que 
l'un  lait  la  cour  à  la  boi::ie 
qui  promène  Tom  ou  Mirza, 
le  complice  profite  de  son 

V   inattention,     il    enlève   le 


cahot  (Argot  des  voleurs). 
N. 
RATIBOISEUR    DE     LAN- 
DAU A  BALEINES  :  Vo- 
leur de  parapluies. 

On  les  nomme  aussi  dès 
ratiboiseurs  à  réchange. 

Le  voleur  entre  dans  un 
grand  café,  il  a  un  mauvais 
parapluie  à  la  main,  il  le 
place  au  porte-parapluie, 
au  milieu  des  autres.  Il 
s'assied  h  c(*)té  ptjur  gui- 
gner de  l'œil  le  plus  beau, 
il  paye  sa  consommation, 
se  lève  sans  afieclation  en 
emportant  le  parapluie  sur 
qui  il  a  jeté  son  dévolu. 

Si  l'on  s'aperçoit  de 
l'échange,  il  s'excuse  de 
s'être  trompé,  puis  s'en  va 
tranquillement. 

Il  est  rare  que  ce  vol  ne 
réjssisse  pas  (Argot  du 
peuple).  N. 

RATICIION  :  Curé. 

Ratichon  est  un  mot  an- 
cien. On  le  trouve  dans  Oli- 
vier Chéreau  à  propos  des 
Arche-Suppots  chargés  de 
réformer  le  langage,  mais  là, 
il  n'est  pas  pris  dans  le 
sens  de  prêtre  (Argot  des 
voleurs). 

RATISSER  :  Voler,  retour- 
ner la  poche  d'un  individu, 
le  ratisser  avec  autant  de 
soin  que  le  jardinier  en 
met  à  ratisser  ses  allées 
(Argot  du  peuple). 

RATISSER     LE    BAS  DES 


241 


RAV 


RER 


REINS  AVEC  UNE  BRI- 
QUE :  Ce  n'est  guère  ré- 
créatif, c'est  pourtant  ce  que 
l'on  dit  aux  personnes  qui 
s'ennuient. 

—  Ah  !  comme  je  m'en- 
nuie. 

—  Ratissez-vous  le  bas 
des  reins  avec  une  brique. 

Ou  bien  encore  : 

—  Bàclez-vous  les  os 
des  jambes  avec  un  tesson 
de  bouteille  (Argot  du  peu- 
ple). 

RATON  :  Apprenti  voleur  qui 
s'introduit  par  l'inipuste 
dans  une  boutique  et  se 
cache  dans  un  coin.  Quand 
tout  bruit  a  cessé,  il  ouvre 
la  porte  à  son  complice 
(Argot  des  voleurs). 

RAVAGEUR  :  Individu  qui, 
aux  bords  de  la  Seine,  re- 
cherche les  débris  de  fer- 
railles et  d'os. 

Autrefois  les  ravaneurs 
formaient  une  puissante  cor- 
poration ;  ils  opéraient  dans 
les  ruisseaux  qui  coulaient 
au  milieu  des  rues  de  Paris 
(Argot  du  peuple). 

RAVIGNOLE   :    Récidiviste. 

Ce  doit  être  une  corrup- 
tion de  revignole. 

Gnole  yQwiàivQ  imbécile, 
de  revient  oa  a  fait  revi 
on  y  a  soudé  gnok.,  de  là 
l'expression. 

Mot  à  mot  : 


^-  Tu  reviens  imbécile 
(Argot  des  voleurs). 

RAVIGNOLET  (Se  payer  un)  : 
V.  Bataille  des  fésitites. 

REBIFFE  (Il  y  a  de  la)  :  Re- 
venir à  la  charge,  retomber 
sur  un  adversaire  plus  fort 
que  soi . 

Se  rebiffer  contre  une 
autorité  quelconque  (Argot 
du  peuple). 

REBONNETER  :  Amadouer 
un  individu  pour  le  fourrer 
dans  une  affaire. 

Cacher  ses  griffes  sous 
un  gant  de  velours,  faire  le 
patelin  pour  mieux  trom- 
per. 

—  As-tu  rebonneté  le 
pante  pour  l'afft 

— ■  Oui,  il  est  boni 
Rebonneter  dans  le  peu- 
ple veut  dire  raccommoder 
(Argot  du  peuple).  N. 

REBONNETEUR  :  Le  confes- 
seur. 

Il  rebonnète  le  pécheur 
avec  Dieu. 

iMot  à  mot  ;  il  le  récon- 
cilie dans  la  'planche  à 
lavement  (Argot  des  vo- 
leurs). 

REBOUISER  DU  CORRI- 
DOR :  Sentir  affreusement 
mauvais  de  la  bouche. 

—  Ce  cochon-là  pue  tel- 
lement qu'il  fait  tourner  le 


lŒC 


REC 


245 


bouillon  (Argot  du  peuple). 

.¥. 

IlEBROUSSE-POIL  (A)  : 
Prendre  les  choses  de  tra- 
vers, à  l'envers,  du  côté  où 
ça  n'est  pas  vrai. 

Ne  pas  savoir  prendre 
les  gens  par  leur  côté  lai- 
ble 

iMot  à  mot  :  les  prendre  à 
rebrousse-poil  (Argot  du 
peuple). 

lïEBUTTER  :  Ne  plus  vou- 
loir. 

Synonyme  de  refouler 
et  de  renifler. 

On  rebutte  sur  un  ou- 
vrage qui  déplaît  ou  qui 
dure  trop  longtemps  (Ar- 
got du  peuple). 

IIÉCALCITRANT  :  Coftre- 
lorl. 

Les  voleurs  éprouvent 
souvent  de  la  résistance 
à  l'ouvrir  ;  de  là  l'expres- 
sion (Argot  des  voleurs). 
N. 

RECEVOm  UN  SAVON  OU 
EN  DONNER  UN  :  Gron- 
der quelqu'un,  être  grondé. 

—  Quand  un  ouvrage  est 
mal  fait,  on  reçoit  un  sa- 
von. 

—  Attends  un  peu  mon 
neveu,  je  vais  te  savonner 
la  tète  (Argot   du  peuple) . 

RECHASSER  :  Regarder 
quelqu'un  ou  quelque  chose. 


—  As-tu  vu  ce  coup  de 
chasse  1 

Les  tilles  rechassent  les 
passants  pour  les  dlliimer. 

Cela  se  nomme  :  distri- 
buer son  prospectus.  (Ar- 
got des  tilles). 

RÉCHAUFFANTE  :  Perru- 
que. 

Elle  tient  chaud  h  la  tête 
et  ceux  qui  en  portent  ne 
craignent  pas  de  se  prendie 
aux  cheveux. 

Un  coilleur  de  la  rue  de 
Bondy  avait  pris  celle  en- 
seigne : 

D'Abdalon    pendu    par  la 

I  nuque, 

Passants,    contemplez    la 

I  duuleur! 

S'il  avait  porté  perruque. 

11  eût  eviié  ce  malheur. 

(Argot  du  peuple). 

RECHAUFFÉ  (C'est  du)  : 
Quand  un  individu  fait  un 
discours  émaillé  de  lieux 
communs,  ou  raconte  une 
histoire  à  dormir  debout, 
c'est  du  réchauffé. 

Allusion  aux  mets  ré- 
chauffés qui  ne  valent  plus 
rien. 

On  dit  également  : 

—  Lâche-non^  avec  tes 
boniments  ;  c'est  de  la 
vingtième  resucée  (Argot 
du  peuple). 

RÈCHE  :  Sou 

—  Pas  un  rèche  dans 
mes  profondes  ;  je  ne  suis 
pas  réchard. 

14, 


24G 


RED 


REF 


Rèche  veut  aussi  dire  : 
femme  qui  a  un  caractère 
cassant. 

—  Elle  est  tellement 
mauvaise  que  Ton  ne  peut 
pas  la  toucher  avec  des 
pincettes  (Argot  du  peuple). 

RECONOBRER     :     Recon- 
naître. 

Quelques  -  uns  écrivent 
conobrer.  Ce  n'est  pas 
exact.  Conobrer  veut  dire 
connaître  et  non  recon- 
naître (Argot  des  voleurs). 

RECORDER  :     Reconcilier. 
L.  L. 

Recorder  veut  dire 
prévenir,  remonter  le  mo- 
ral à  un  désespéré  ;  lui 
apprendre  ce  qu'il  doit 
faire  (Argot  du  peuple). 
N. 

RECOURIR     A     L'ËiMÉTI- 

QUE   :   Escompter  de  faux 
billets  (Argot  du   peuple). 

RÉDAM  :  Grâce. 

Comme  ledit  A.  Delvau, 
redam  ne  peut  venir  de 
rédemption. 

C'est  une  corruption  de 
retam. 

Allusion  à  la  casserole 
qui  est  neuoe  lorsqu'elle 
est  étamée. 

Dans  le  peuple  on  dit 
rétamé  pour  étamé  :  le  vo- 
leur gracié  est  rétamé,  il 
est  remis  à  neuf  (Argot  des 
voleurs).  N. 


REDINGUE  :  Abréviation  de 
redingote  (Argot  du  })eu- 
ple). 

REDOUBLEMENT  DE  FIÈ- 
VRE :   Fièvre^  révélation. 

Quand  un  voleur  a  été 
dénoncé,  il  a  la  fièvre. 

Une  nouvelle  révélation 
à  sa  charge  lui  occasionne 
un  redoiiblement  de  fièvre 
(Argot  des  voleurs). 

REDRESSE  (Être  à  la). 

—  Il  est  à  la  redresse  le 
mec,  pas  moyen  de  lui 
monter  le  verre  en  fteiir  ; 
il  la  connaît,  c'est  lui  (jui  a 
inventé  les  queues  de  bil- 
lard cintrées  pour  faire  les 
elfets  dans  les  coins. 

Être  à  la  redresse  ,  ru- 
sé, malin. 

On  dit  aussi  :  être  à  la 
hauteur  (Argot  du  peuple). 

REFILER: Veut  dire:  donne- 
moi. 

Le  souteneur   dit    à    sa 

marmite  : 

—  Refile-mo\  le   po- 


Re filer  quelqu'un  :  c'est 
le  suivre  ou  le  rechercher. 

—  J'ai  eu  beau  le  re- 
filer, c'est  comme  si  j'a- 
vais cherché  une  aiguille 
dans  une  botte  de  foin  (Ar- 
got des  voleurs).  N- 

REFROIDIR  :    Tuer  un  indi- 
vidu. 

Refroidi  :   Allusion   au 


RE(i 


HEL 


247 


ciidaYre  (jui,  aiissilùl  la 
mort,  (leviciil  froid  comme 
le  inarl)ro  (Ai|,'(>l  des  vo- 
leurs). 

REFLCiES  :  Les  croyants 
disent  au  péclieur  :  ref'ti- 
(/iez-yons  dans  le  sein  de 
Dien. 

C'est  un  refuge  qui  est 
l»oui,'i'enienl  haut. 

Ees  giccrneurs  préfèren  t 
de  beaucoup  les  refuges 
niuiiieipaux  et  d'autres, 
inconnus  de  la  masse  des 
I*arisiens  :  rue  Galande,  rue 
.lui ien-le- Pauvre,  rue  St- 
Denisetrue  Sl-Séverin,  où 
l'on  couche  pour  quatre 
sous,  sur  un  liane,  avec  une 
soupe  par  dessus  le  mar- 
ché. 

Ces  refuges  oni  pour  en- 
seigne :  Crémerie.  Je  ne 
conseille  pas  aux  lecteurs 
de  s'y  aventurer,  s'ils  ne 
veulent  pas  être  saignés 
(Argot  du  peuple).  N. 

RÉGLER  SONTRIMESTRE  : 

Rallre  quelqu'un. 

Synonyme  de  régler  son 
compte. 

Quand  une  marmite  ne 
rend  pas,  le  souteneur  dit  : 

—  Je  vais  lui  régler  son 
trimestre. 

Pour  certaines  de  ces 
malheureuses,  le  trimestre 
est  tous  les  jours  (Argot 
des  souteneurs).  JSf. 

REGON  :  Dette» 


llegon  est  une  corrup- 
tion de  regout  (rancune). 

Quand  un  voleur  a  été 
donné  par  un  nonneur,  il 
a  du  regout,  de  la  rancune, 
il  a  coulracté  une  dette  de 
haine  qu'il  lui  paiera  tôt  ou 
lard  (Argot  (les  voleurs). 
N. 

REGOUT  :  Rancune. 

Avoir  du  regout  contre 
quelqu'un,  lui  vouloir  du 
mal. 

Les  voleurs  ont  du  re- 
gout contre  un  complice 
qui  les  a  dénoncés. 

—  Je  renqiiille  dans 
Pantin  sans  regout  ni  mo- 
race. 

Mot  à  mot  :  Je  rentre  à 
Paris  sans  colère,  sans  ran- 
cune et  sans  cri  (Argot  des 
voleurs).  iV". 

RÉJOUISSANCE    :    Qui   ne 

réjouit  pas  du  tout  la  mé- 
nagère, lorsque  le  boucher 
lui  donne  plus  d'os  que  de 
viande(Argot  des  bouchers). 

RELEVEUR  DE  CHANDE- 
LIER :  Quand  un  miche 
monte  avec  une  lille,  il  ne 
lui  donne  pas  toujours  l'ar- 
gent de  la  main  à  la  main; 
discrètement,  avant  de  s*; 
mettre  en  chantier,  il  lait 
sa  mise  sous  \q chandelier; 
aussitôt  partis,  le  souteneur 
arrive  et  relève  la  monnaie 
qui  est  sous  le  chandelier 
(Argot  des  souteneurs). 


248 


REM 


REM 


RELEVEURDE  PESOCIIE: 
Garçon  de  banque  qui  la 
relève  les  l^r^  15^1  30  de 
chaque  mois. 

La  pesoche  est  le  sac  où 
il  enferme  la  monnaie  (Ar- 
got, des  voleurs). 

RELUQUER  :  Regarder. 

—  Qu'avez- vous  donc  à 
me  reluquer  comme  ça, 
est-ce  qne  je  vous  ai  vendu 
des  pois  qui  n'ont  pas  vou- 
lu cuire? 


-moi  un  peu 
ce  canard,  en  a-t-il  une 
trompette  (Argot  du  peu- 
ple). 

RELICHERSONMORVIAU  : 

Voilà  une  image  qui  n'est 
pas  propre. 

Dans  le  peuple  on  dit  à 
un  enfant  qui  ne  se  mouche 
pas  et  qui  de  son  nez  laisse 
pendre  deux  chandelles  : 

—  Reliche  ton  mor- 
viau  (Argot  du  peuple).  N- 

RELUIT  :  L'œil  (Argot  des 
voleurs).  V.  Ahal-relmt. 

REMRINER  :  Quand  on  a 
bien  débiné  un  individu, 
on  le  rembine. 

Rembiner  est  synonyme 
de  rebonneter  (Argot'  du 
peuple). 

REMBROCARLE  (Elle  est)  : 
Beau  visage  que  Ton  peut 
regarder. 

—  Tu  n'en  perdras  pas 


la  vue  ni  le  poil  de  dessus, 
la  môme  est  rerubrocable. 
Mot  à  mot  :  tu  peux  la 
regarder^  elle  vaut  la  se- 
cousse (Argot  des  voleurs). 

REMBROQUAGE  DE  PAR- 
I{AI^'  :  Confrontation  avec 
le  'parrain  fargiieur  (té- 
moin à  charge). 

Le  parrain  rembroque 
(regarde)  le  détenu  pour 
voir  s'il  le  r 
du  peuple). 

REMBROQUER  :  Regarder. 

Ses  deux  beaux    chasses  vous 

(  rembroquaient, 

Puis  à  la  piaule  tous  le»  go"ces 

I  la  refilaient. 

Elle  fit  mince  casquer  les  mar- 

I  lous, 

dit  la  chanson  du  7nac  de 
Grenelle  (Argot  des  soute- 
neurs). 

REMÈDE    A     L'AMOUR    : 

Femme  laide  à  faire  reculer 
même  le  plus  intrépide. 

—  Quelle  bouillotte  , 
mon  vieux,  s'il  n'y  avait 
qu'elle  et  moi  sur  terre  nous 
ne  ferions  pas  de  petits. 

Elle  guérirait  de  l'a- 
mour pour  la  vie  (Argot  du 
peuple). 

REMONTER  SA  PENDULE: 

Battre  sa  femme,  mot  à 
mot  :  la  faire  marcher.  Z. 
L. 

Remonter  sa  pendule  se 
dit  d'une  personne  qui  re- 


REN 


RE\ 


21!) 


nifle  pour  remonter  sa 
morve  et  éviter  de  se  mou- 
cher. 

Remonter  le  moral  A' yine 
personne  désespérée  (Argot 
du  peujtle).  N. 

RlvMOrCIIER  :  Regarder. 

—  Remouche  moi  cette 
[»elile  gueule-là,  elle  rcrail 
relever  un  morl. 

On  dit  aussi  : 

—  Je  vais  te  remeiicher 
poiu'  :  te  battre  (Ai^ot  du 
peuple). 

HE.MPARDEUSE  :  Fille  qui 
fait  les  soldats  autour  des 
casernes,  sur  les  glacis  ou 
dans  les  fossés  des  furtili- 
calions  (Argot  des  trou- 
piers). 

RENACIIÉ  :  Fromage  (Argot 
«les  voleurs). 

RFNARD  (Le  hkher)  :  Dé- 
gueuler. 

Expression  ancienne;  dans 
les  ateliers,  quand  un  ou- 
vrier a  trop  bu,  il  lâche  son 
renard;  un  camarade  cha- 
ritable dit  alors  quand  il 
est  copieux  :  il  en  a  une 
de  queue. 

Une  vieille  chanson  de 
compagnon  dit  : 

Quand  je  sens  que  ça  me  çar- 
I  gouille, 
Je  lâche  le  renard. 

(Argot  du  peuple). 
RENAUD  :  Faire  des  repro- 


ches à  quelqu'un,  c'est  lui 
pousser  un  renand. 

—  Y  m'en  a  foutu  \\\\  de 
renaiid  h  l'inslruction,  y 
m'a  dit  que  je  crapserai 
d'une  fièvre  cérébrale  soi- 
gnée par  Chariot  (Argot 
des  voleurs). 

RENAUDER  :  Ne  pas  être 
content. 

Ce  mot  vient  du  verbe 
arnaiider. 

Avoir  du  renaud  contre 
quelqu'un  veut  également 
dire  :  avoir  de  la  rancune. 

Synonyme  de  l'expression 
être  à  feu  (Argot  du  peuple). 

RENDEZ-MOI  (Le  vol  au)  ; 
C'est  très  simple.  L'un  des 
complices  jette  un  louis  sur 
le  comptoir;  pendant  que  le 
marchand  rend  la  monnaie, 
l'autre  ramasse  pièce  et 
monnaie  et  se  sauve. 

Cette  manière  de  procé- 
der se  nomme  par  abrévia- 
tion :  le  rendent  [Argot  des 
voleurs). 

RENDOUBLÉE  :  Signifie 
plusieurs  choses. 

Dans  le  peuple  on  dit  : 

ReJidoublée  de  putain, 
pour  exprimer  qu'il  est 
impossible  de  l'être  davan- 
tage. 

On  dit  d'une  femme  en- 
ceinte : 

—  Elle  est  rendoublée 
pour  doublée  (Argot  du 
peuple). 


250 


REN 


REX 


RErsDRE  L'AME  :    Mourir. 

Rendre  sou  àme  à  Dieu 
ou  au  diable. 

On  dit  aussi  d'un  po- 
cliard  qui  a  le  renard  fa- 
cile : 

—  Il  a  rendu  tripes  et 
boyaux  jusqu'à  son  âme. 

Là,  il  n'en  meurt  pas.,  il 
recommence  le  lendemain 
(Argot  du  peuple). 

RENCARD  :  A  l'écart. 

On  met  un  objet  au  ren- 
card quand  on  en  a  assez. 

La  faire  au  rencard  : 
lever  une  femme  qui  est 
seule  sur  un  banc,  dans  un 
square,  ou  sur  une  prome- 
nade publique. 

Les  courtiers  qui  lèvent 
les  bonnes  pour  les  placer 
dans  les  maisons  de  tolé- 
rance disent  : 

—  J'ai  fait  la  môme 
au  rencard  (Argot  des 
souteneurs).  N- 

RENCOEUR  :  En  avoir  gros 
sur  le  cœur  contre  quel- 
qu'un 

Ne  pouvoir  avaler  ou 
digérer  une  affaire. 

Synonyme  de  la  locution 
très  populaire  : 

—  Je  travaille  à  contre- 
cœur. 

—  Je  n'y  vais  pas  de 
Ion  cœur,  je  n'y  vais  pas 
avec  courage. 

Epouser  un  homme  mal- 


gré soi,  c'est  avoir  un  ren- 
cœur  (Argot  du  peuple). 

RENFONCEMENT  :  Vigou- 
reux  coup  de  poing  appli- 
qué sur  un  chapeau  haut 
de  forme. 

Quand    les     voyous    se 
battent,  le  coup  du  ren- 
foncement.,  c'est  un  coup 
de    tète    donné   en  pleine  ^ 
poitrine  (Argot  du  peuj)lej. 

RENGAINER  SON  COM- 
PLIMENT ;  Faire  du  plat 
à  ,une  femme,  elle  vous 
envoie  'aVouts,  il  faut  ren- 
gainer son  compliment. 

Être  en  tête-à-tèle  avec 
une  femme  mariée  pour  la 
première  ibis  ;  au  iiioment 
psychologique,  lemari  ar- 
rive... il  faut  rengainer 
son  compliment  (Ai-got  du 
peuple).  N' 

RENIFLANTES  :  Des  bot- 
tes. 

L'image  est  heureuse  : 
quand  un  pauvre  diable  a 
des  bottes  éculées  et  per- 
cées, elles  reniflent  l'eau 
des  ruisseaux  (Arçot  du 
peuple). 

RENIFLER  :  Ne  rien  vou- 
loir faire. 

—  Tu  renifles  sur  le 
truc. 

Mot  à  mot  ;  rebuter 
(Argot  des  voleurs). 


UKN 


UEP 


251 


UKMtLK.lHS  :  Agents  de 
la  sùrelé. 

Il  faut  avoir  im  certain 
nez,  un  certain  llair,  pour 
laire  ce  métier. 

Quand  les  agents  arrê- 
tent un  voleur,  ils  le  re- 
diflent  (Argol  des  vo- 
leurs). 

IIKMFLEIK  DE  CÂVIE- 
EOTTE    A   LA   FLANC  : 

Voleur  qui  flâne  au  hasard 
pour  dévaliser  le  premier 
étalage  qui  se  présente  à 
lui  (Argot  des  voleurs). 

KENQLILLER  :  Rentrer. 

—  Je  renqiiille  à  la 
piaule. 

Renquiller  veut  dire 
aussi  retourner. 

—  Je  renquille  au  pa- 
telin  (Argot    du    peuple). 

:NQLILLER  :  Faire  for- 
tune, devenir  gros  et  gras 
(Argot  d'imprimerie). 

INVERSER  SA  CHAUF- 
FERETTE :  Mourir. 

Synonyme  à^éteindre  sa 
braise  (Argot  du  peuple). 

RENVERSER     SA     MAR- 
MITE :  Mourir. 

Renverser  la  marmite  : 
ne  plus  tenir  table  ouverte, 
évincer  les  parasites. 

Renverser  la  marmite  : 
refuser  le  service. 

Allusion   aux  Janissaires 


qui  rencersaient  la  mar- 
mite pour  indiquer  qu'ils 
se  mettaient  en  étal  d'in- 
surrection. 

Nous  avons,  c'esi  le  pro- 
grès, la   marmite  à  re7t- 
versement  des  anarchistes 
(Argot  du  j)euple).  N. 

REPASSE  :  N'avoir  plus 
rien. 

Quand  un  créancier  te- 
nace importune  son  débi- 
teur, ce  dernier  par  ironie 
lui  dit  : 

—  Vous  repasserez. 

C'est  le  créancier  qui  est 
repassé  quand  on  ne  le 
paye  pas  (Argot  du  peuple). 

REPÉSIGNÉ  :  Arrêté  de 
nouveau.  A.  D. 

Résigner  veut  dire 
ouvrir. 

Il  faut  donc  prendre  le 
mot  repésigner  dans  le 
sens  de  voir  ouvrir  à  nou- 
veau la  porte  de  la  prison 
et  non  dans  celui  d'arrêter 
(Argot  des  voleurs). 

REPIGER  :  Je  vais  te  repi- 
ger au  demi-cercle. 

On  dit  de  quelqu'un  qui 
a  été  pigé  —  pris  une 
première  ibis  : 

—  Je  vais  te  repiger 
une  seconde  (Argot  du  peu- 
pic). 

REPIQUER  :  Deux  joueurs 
font  une  partie  ;  l'un  joue 


25-2 


REP 


RES 


'pique,  l'autre  répond  :  re- 
pique. 

Repiquer  de  riffe  :  rap- 
pliquer d'aulorité  (Argot 
du  peui)le). 

REPIQUERAI  TRUC  :  Re- 
venir à  la  charge. 

Avoir  été  chassé  par  la 
porte  et  rentrer  par  la  Ce- 
lle tre. 

Demander  à  crédit  et  se 
le  voir  refuser,  le  rede- 
mander à  nouveau,  c'est 
repiquer  au  truc  (Argot 
du  peuple).  N' 

REPORTER  SON  OU- 
VRAGE :  Dans  le  peuple, 
quand  un  médecin  suit  le 
convoi  d'un  malade  qu'il  a 
soigné,  les  voyous  disent  : 
—  Tiens,  le  docteur  qui 
reporte  son  ouvrage  (Ar- 
got du  peuple). 

REPOUSSER  DU  GOULOT: 

Puer  de  la  bouche. 

L'image  est  typique  ; 
ceux  qui  sont  affligés  de 
cette  infirmité  repoussent 
en  effet  tous  ceux  qui  les 
approchent  (Argot  du  peu- 
ple). 

REPOUSSER  LES  URINES  : 

Il  est,  je  pense,  inutile 
d'expliquer  cette  expres- 
sion ;  sa  l-rulalilé  la  rend 
très  compréhensible. 

Allusion   au  piston  qui 
repomse  la  viai)eur  dans  le 


cj/a>^^/'^(Argotdesvovous). 

N. 

REPOUSSER  DU  PARLE- 
MENT :  V.  TrouiUoter  de 
la  hurlette. 

REQUIN  DE  TERRE  :  Huis- 
sier. 

Voilà  un  nom  qui  n'est 
pas  volé.  En  effet,  comme 
le  requin  dont  on  trouva 
dans  le  ventre  une  paire  de 
botles,  une  araioire  à  glace 
et  un  poêle  de  iaVence, 
Vhuissier  dévore  tout  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

RESSAUT  (Avoir  du)  :  Être 
surpris  à  en  ressauter. 

Une  proposition  saugre- 
nue fait  ressauter  d'élon- 
nement  celui  à  qui  elle  est 
faite. 

On  ressaute  à  la  pen- 
sée de  faii'e  une  chose  qui 
ne  plait  pas  (Argot  des  sou- 
teneurs). N. 

RESTANT    DE    SOUPER   : 

Terme  de  mépris  employé 
dans  le    peuple   à   l'égard 
d'une  fille  qui  a  roulé  peu-  . 
dant  vingt  ans  les  restau- 
rants de  nuit. 

Restant  de  souper,  mot 
à  mot  :  tout  le  monde  a 
mangé  sur  son  cuir. 

On  dit  également  pour 
exprimer  une  idée  phis 
basse:  roj?iures  d'abattoir', 
c'est  le  sujU'è  ne  debout 
(Argot  du  peuple).  N'. 


I 


KET 


i{i:v 


•253 


\ 


UÉSL'IUIECTION  (Laj  : 
Prison  de  Saint-Lazare. 

Allusion  biblique  à  La- 
zare le  ressuscité.  Z.  Z. 

En  quoi  cette  prison  d'où 
les  femmes  sortent  plus 
pourries  moralement  qu'à 
leur  entrée  peut -elle  è^--^ 
ime  résîinrcHo7i? 

Ce  n'est  une  résitrrec- 
/ioJi  que  pour  celles  qui 
sortent  guéries  de  l'inlirme- 
rie,  parce  qu'elles  peuvent 
recommencer  leur  com  - 
merce  (Argot  du  peuple). 

K  ETAPE  :  On  retape  un 
vieux  chapeau  pour  lui  don- 
ner l'aspect  d'un  neuf. 

On  relape  une  seconde 
fois  un  ami  déjà  tapé  une 
première. 

Les  tilles  du  trottoir  re- 
tapent les  hommes,  mais 
l>as  pour  les  rendre  neufs, 
car  quelquefois  elles  laissent 
des  souvenirs  qui  ne  sont 
pas  tapés. 

Mot  à  mot  :  retaper, 
raccrocher  (Ai^ol  des  sou- 
teneurs). 

Il  ETl RATION  (Être  en)  :  Ou- 
vi'ier  typographe  qui  com- 
mence à  vieillir  et  qui  trouve 
difficilement  de  l'ouvrage. 
Le  progrès  n'a  pas  encore 
inventé  la  machine  à  tuer 
ceux  qui  ne  peuvent  plus 
travailler  après  avoir  fait  la 
fortune  des  patrons  (Argot 
d'imprimerie). 


RETOLRNEK  LA  MOLLE  : 

V.  Avaler  le  pépin. 

RETOURNER   SA  VESTE  : 

Changer  d'opinion. 

Reproche  fait  souvent  à 
la  plupart  de  nos  hommes 
politiques  par  le  peuple  qui 
ne  connaît  pas  le  mot  de 
Thiers  : 

—  n  n'y  a  que  l'Iiomme 
absurde  qui  ne  change  ja- 
mais (Argot  du  peuple).  N. 

RETOURNER  (Savoir  se)  : 
Se  tirer  d'embarras.  L.  L. 

S'en  retourner ,  c'est 
vieillir. 

Dans  le  peuple,  cette  ex- 
pression n'est  pas  prise 
dans  ce  sens;  ceux  qui  font 
métier  de  se  retourner, 
ont  pour  atelier  Xqa  Champs- 
Elysées. 

On  les  appelle  plus  com- 
munément des  ramasseurs 
de  marrons  (Argot  du  peu- 
ple). 

REVENDRE  :  Révéler  un  se- 
cret confié. 

Commerson  disait  à  ce 
sujet  que  les  secrets  c'est 
le  contraire  des  fruits,  que 
ce  n'est  pas  ceux  qu'on 
veut  garder  qu'on    confie. 

Revendre  :  commettre 
une  indiscrétion  qui  amène 
l'arrestation  de  quelqu'un. 

—  Il  est  revendu  à  la 
police  (Argot  des  voleurs), 
N. 

15 


254 


REV 


RIF 


KEVIDAGE  :  Recision  des 
marchandises  achetées  par 
les  brocanteurs  dans  les 
ventes  publiques. 

La  reDîsion  consiste  en 
ceci  : 

—  Pour  ne  pas  faire 
monter  les  enchères  et 
acheter  bon  marché,  un  ou 
deux  de  la  bande  noire 
pousse  les  enchères.  Les  ob- 
jets en  vente  sont,  par  ce 
système,  généralement  ad- 
jugés à  vil  prix. 

La  vente  terminée,  ils 
se  réunissent  dans  le  cabi- 
net d'un  marchand  de  vin 
voisin  et  ils  procèdent  au 
revidage,  c'est-à-dire  à  de 
nouvelles  enchères. 

Chacun  prend  alors  le 
lot  de  marchandises  qu'il 
peut  écouler  dans  sa  bouti- 
que, et  la  différence  entre 
le  total  de  la  vente  publi- 
que et  l'opération  du  revi- 
dage est  partagée  égale- 
ment. 

Cette  opération  illicite 
est  défendue,  c'est  pour- 
quoi elle  se  pratique  au 
grand  jour  (Argot  des  l)ro- 
canteurs). 

REVISER  :  V.  Revidage. 

REVOLVER  :  Femme  légi- 
time. 

Les  voleurs  qui  emploient 
cette  expression  estiment 
qu'elle  suicide  son  mari 
quand  elle  est  par  trop  aca- 


riâtre (Argot  des  volenrs). 

N. 

RIBOLIS  :  Souliers. 

Au  carreau  du  Temple, 
c'est  une  spécialité. 

Les  ribouiseurs  achè- 
tent toutes  les  vieilles 
chaussures  ;  ils  ont  des  ou- 
vriers qu'on  nomme  des 
jpassifleurs,  ils  les  ri- 
bouisent  si  bien  que  sou- 
vent on  les  prend  pour  du 
neuf,  pas  les  jours  de  pluie 
par  exemple,  car  les  mal- 
heureux qui  les  chaussent 
rentrent  chez  eux  sans  ser 
melles  (Argot  du  peuple). 

RIC-A-RAC  :  Avoir  du  res- 
saut pour  payer. 

Payer  ric-à-rac  :  par 
acomptes,  prolonger  la  dette 
le  plus  longtemps  possible 
(Argot  du  peuple). 

RIGIIONNER  :  Rire. 

—  Tu  richonnes  à  te 
mordre  l'œil,  ce  n'est  pour- 
tant pas  richonnant  (Ar- 
got des  voleurs). 

RIFFAUDER  :  Brûler. 

Riffaudante  :  llamme. 

Une  vieille  chanson  qui 
date  au  moins  de  cinquante 
ans,  bien  connue  des  voleurs, 
dit  : 

L'autre  jour,   fumant  ma  haya- 

I  daise, 

Je  rifflatidais,    la  lumant  dans 

I  un  coin. 

Rifflauder  voudrait  donc 


IIIF 


RIG 


•255 


(lire  sonmieiller  (Argot  des 
voleurs). 

|;IF  ouRIFLt:  :  Feu. 

—  Passe-moi  un  peu  de 
l'if  que  j'allume  Joséphine 
(Argot  du  peuple). 

i'.iFFE  :    Prendre  de  force, 
(l'autorité. 

—  Il  a  pris  une  fille  de 
rilfe. 

Synonyme  de  violer  (Ar- 
got des  voleurs) . 

KIFFLARD  :  Parapluie. 

Le  mol  date  de  Picard  et 
(le  la  Petite  Ville,  comédie 
dans  laquelle  il  y  a  un  per- 
sonnage nommé  Rifflard, 
(pii  ne  raarclie  qu'escorté 
d'un  parapluie.  A.  D. 

Au  quinzièm  '  siècle,  on 
trouve  déjà  ce  mol  employé 
dans  des  comédies  ou  mys- 
tères avec  un  sens  satirique 
et  boullbii.  RifilanL  houf- 
f'ard,  narinard,  dentard 
étaient  des  épitliètes  bur- 
lesques que  les  acteurs  se 
renvoyaient  constamment  — 
même  quand  elles  n'étaient 
pas  dans  leur  rôle. 

Le  personnage  le  plus 
important  de  la  Passion, 
mystère  d'Arnould  Gresban, 
bacli  lier  en  théologie,  qui 
fut  joué  avec  un  immense 
succès  au  quinzième  siècle, 
resl  im  berger  nommé  Rif- 
flard, qui  se  plaint  amère- 
ment et  impudemment  des 
impôts    excessifs    dont    le 


peuple  était  accablé.  Il  fau- 
drait pouvoir  ci  1er  la  scène 
où  Rif/lard  est  amené  de- 
vant un  magistrat  qu'il  ap- 
pelle Maclieibin  : 

Comment  te  nomme-t-oti  .' 

Rifflard, 
Tout    norry  de  pois  et  de  lard. 

Plus  tai-d,  le  mot  rifflard 
fut  appliqué  aux  sergents, 
ainsi  que  nous  le  voyons  par 
une  charte  citée  par  Du- 
cange. 

Picard,  en  appelant,  dans 
sa  comédie  de  la  Petite 
Ville,  un  de  ses  person- 
nages François  Rifflard, 
n'a  fait  qu'emprunter,  ce 
(ju'ignorait  sans  doute  Del- 
vau,  ce  nom  au  mystère 
d'Arnould  Gresban  (Argot 
du  peuple). 

RIFLER  :  Brûler  (Argot  du 
peuple). 

RIFFLER  :  Veut  également 
dire  brûler. 

Ri f fier  est  aussi  le  syno- 
nyme de  soitffl  r  :  prendre. 

En  ce  cas,  c'est  une  cor- 
ruption de  rafler  (Argot 
du  peuple). 

RIGODON  (En  pincer  un)  : 
Vieux  mot  qui  veut  dire 
danser  (Argot  du  peuple). 

RIGODONS  :  Souliers. 

Dans  le  peuple,  on  dit 
d'un  homme  qui  a  ses  sou- 
liers percés  et  éculés  : 


t>56 


UIG 


RIO 


—  Ses  rigolons  engueu- 
lent le  pavé. 

On  dit  également  des  ri- 
gadins  (Argot  du  peuple). 

RIGOLARD  :  Chose  très  amu- 
sante (Argot  du  peuple). 

RIGOLBOGIIE  :  Quelque 
chose  de  supérieurement 
amusant,  beaucoup  plus  fort 
que  rigolo. 

Rigolboche  était  connue 
à  Bullier  sous  le  nom  de 
Marie  la  Huguenote  ;  ce 
nom  lui  venait  de  ce  qu'elle 
protestait  sans  cesse  quand 
le  municipal  la  rappelait  à 
l'ordre  ou  plutôt  à  la  dé- 
cence. 

Elle  débuta  aux  Délasse- 
ments-Comiques en  1860 
sous  le  nom  de  Rigolboche. 

On  la  nommait  aussi  Bo- 
hoche. 

Ce  n'est  pas  elle  l'inven- 
teur de  ce  mot;  il  était  connu 
dans  les  ateliers  depuis 
1840. 

On  dit  également,  pour 
affirmer  que  l'on  s'est  bien 
amusé  : 

—  Nous  avons  rudement 
rigolboche  (Argot  du  peu- 
ple). 

RIGOLETTE  :  Nom  donné  par 
Eugène  Sue  à  un  des  per- 
sonnages des  Mystères  de 
Paris 

Ce  nom  est  resté  pour 
désigner  une  jeune  fille 
joyeuse. 


—  Elle  est  rigolotte  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

RIGOLO  :  Attaque  nocturno. 
L.  L. 

Rigolo  :  terme  employé 
dans  les  ateliers  pour  qua- 
lifier un  camarade  qui  ri- 
gole sans  cesse,  qui  amu>c 
les  autres. 

Ilyeut.enl866,  un  muld 
qui  portait  ce  nom  au  Cirque- 
Napoléon  ;  il  fit  courir  tout 
Paris,  tant  il  était  amusant, 
rigolo  (Argot  du  peuple).  K. 

RIGOLO  :  Sinapisme  de  farine 
de  moutarde. 

Rigolo^  c'est  le  nom  de 
l'inventeur. 

Autrement,  cette  appel- 
lation serait  une  amère  iro- 
nie, car  un  sinapisme  n'est 
pas  plus  rigolo  que  d'avoir 
un  clou  planté  dans  les  fesses 
(Argot  du  peuple).  N. 

RIGOLO  :  Pince. 

Si  elle  fait  rigoler  quel- 
qu'un, ce  n'est  certainement 
pas  la  victime  du  vol  avec 
effraction. 

Elle  est  rigolo  pour  le 
voleur,  car  avec  l'argent 
volé  il  peut  se  payer  de  la 
rigolade  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Monseigneur. 

RIGOUILLARD  :  Chosedrùlc, 

c'est  plus  fort  que  rigolo. 

C'est  tellement  rigouil- 

lard  qu'il  y  a  de  quoi  s'en 

tamponner  le  coquillard, 


RIP 


RIO 


c'est  à  se  tordre,  c'est  cre- 
vant (Argot  du  peuple).  iV. 

PilNXÉ  :  Être  rincé  comme 
un  verre  à  bière,  n'avoir  plus 
lien. 

Recevoir  une  rincée:  être 
battu  comme  des  œufs  h  la 
neige. 

Rincer  quelqu'un  :  le 
voler  jusqu'à  son  dernier 
sou  (Ài'got  du  peuple).  V. 
Raboté. 

IIINCER  LA  DALLE  (Se 
laire)  :  Se  faire  régaler  par 
un  camarade. 

—  Je  lui  ai  tellement 
rincé  la  dalle  qu'il  n'a  pas 
une  dent  dans  la  gueule  qui 
ne  me  coûte  au  moins  vingt 
francs  (Argot  du  peuple). 

RIOLE  :  Ruisseau  ou  rivière 
dans  l'argot  des  voleurs. 

Riole  se  dit  aussi  dans 
le  peuple  de  quelqu'un  qui 
est  pochard  : 

—  Il  est  en  riole. 

Ce  n'est  pourtant  pas 
dans  la  rivière  que  le  vin 
a  été  puisé  (Argot  du  peu- 
pie). 

RIPATINS  :  Brodequins  (Ar- 
got des  voleurs). 

RIPATONS  :  Souliers  (Argot 
du  peuple). 

RIPATONNER  :  Le  passi- 
fleur  qui  racommode  les 
vieux  souliers,  ripatonne 
(Argot  du  peuple). 


RIPER  :  Embrasser  tendre- 
ment. A.  D. 

C'est  une  singulière  fa- 
çon d'embrasser  tendre- 
ment les  gens  que  de  les 
voler  car  riper  dans  le 
peuple  signifie  :  'prendre. 

—  Je  lui  ai  ripé  sa  ga- 
lette (Argot  du  peuple).  iV. 

RIPOPÉE  :  Quelque  choso 
qui  ne  vaut  rien. 

Synonyme  de  rata- 
touille. 

On  dit  aussi  : 

-—  Ton  Borgia  à  23 
sous  ne  nous  fait  boulotter 
que  de  la  ragougnace  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

RIQUET  :  Tout  petit. 

Sobriquet  donné  dans  les 
ateliers  aux  apprentis  mal 
formés. 

—  Viens  ici,  mon  petit 
riquet. 

C'est  un  pléonasme  d'ac- 
coupler ces  deux  mots  iden- 
tiques, mais  dans  le  peu- 
ple, on  n'y  regarde  pas  de 
si  près  (Argot  du  peuple). 
N. 

RIQLIQUI  :  Mauvaise  eau-de- 
vie. 

Riquiqui  est  générale- 
ment employé  peur  peindre 
quelque  chose  de  mesquin, 
de  petit,  d'élroit. 

—  Son  esprit  est  comme 
sa  taille,  c'est  riquiqui. 

—  Ah  !      regardez- moi 


258 


RIR 


RIV 


cette  toilette,  est-elle  assez 
riqiiiqui  ? 

Il  existait  jadis  une  li- 
queur appelée  riquiqui\  ou 
ne  la  connaît  plus  (Argol 
du  peuple). 

RIRE    COMME    UN   CUL  : 

Rire  sans  desserrer  les 
dents. 

Veut  dire  aussi  rir(> 
comme  im  imbécile,  sans 
savoir  pourquoi. 

Être  cul,  dit  M.  Lorédan 
Larchey,  c'est  être  bêle  et 
grossier. 

Ce  pauvre  cnl  n'a  vrai- 
ment pas  de  chance,  car, 
non  content  d'en  faire  le 
synonyme  de  tout  ce  qui 
«.'St  sale,  on  en  fait  le  syno- 
nyme de  tout  ce  qui  esthète 
et  ridicule. 

S'il  pouvait  répondre  au- 
trement qu'en  pétant!  (Ai- 
got  du  peuple).  N. 

RIRE  JAUNE  :  N'être  pas 
content  et  être  forcé  derire 
quand  même  ;  avoir  les 
larmes  dans  les  yeux  et  le 
cœur  gros  et  être  forcé  de 
paraître  joyeux. 
On  dit  aussi  : 
--  Son  rire  est  jon- 
quille. Allusion  au  cocu 
qui  rit  y«?f^^  quand  la  sage- 
femme  lai  présente  son  der- 
nier en  lui  disant  : 

C'est  tout  le  portrait  d'son  père, 
Quel  cochon  d'enfant  ! 
(Argot  du  peuple). 


RISETTE  :  Surnom  donné  Ji 
une  jeune  fille  rieuse  et  ai- 
mable quia  toujours  leson- 
rire  sur  les  lèvres. 

C'est  un  vieux  boniment 
enq)loyé  dans  les  foires  : 

—  Entrez,  mesdames  cl 
messieurs,  vous  verrez  la 
femme  colosse;  cent  kilos 
sur  l'estomac  et  le  sourire 
sur  les  lèvres. 

Quand  une  amie  est  fâ- 
chée, qu'elle  boude,  on  l'em- 
brasse et  on  lui  dit  : 

—  Allons,  fais  une  petite 
risette  à  papa,  il  revient 
d'Afrique. 

Quand  une  femme  vous 
fait  des  risettes,  on  peut  y 
aller  carrément  (Argot  du 
peuple).  N- 

RISQUER     LE     PAQUET  : 

Synonyme  de  tout  risqii^\ 
c'est-à-dire  de  tenter  l'a- 
venture. 

—  Tu  n'oses  pas  !  risque 
donc  le  'paquet  (Argot  du 
peuple). 

RIVANCHER  :  Aimer  (Ar- 
got des  voleurs). 

RIVER  SON  CLOU  :  Quand 
un  bavard  intarissable 
ennuie  quelqu'un  par  un 
discours  filandreux,  on  lu' 
rive  son  cloto  en  lui  disant 
carrément  : 

—  Tais  ta  gueule  ou  j 
chie  dedans. 

Mot  à  mot  :  river  le 
clou,  c'est  empêcher  d'allei 


^i 


R0( 


ROM 


259 


plus  loin  (Arç;ot  du  peuple). 

iV. 

IlIVETTE  :  Prostituée,  du 
verbe  rioancher,  se  livrer 
à  l'amour.  Z.  L. 

Cette  expression  ne  s'ap- 
plique pas  aux  femmes 
(Argot  des  pédérastes).  V. 
Passif. 

IlOBE  DE  ClIAiMBRE  :  Cer- 
cueil. 

Ce  n'est  pas  un  vête- 
ment bien  ouaté,  surtout 
([uand  c'est  la  bière  des 
imuvres  (Argot  du  peuple). 

nOBIGXOLE  :  Mot  employé 
comme  superlatif  d'admira- 
tion pour  une  chose  extra- 
ordinaire «  qui  dépasse 
nation.  » 

Une    évasion    auda- 
cieuse, c'est  rohignoL 

—  La  môme  est  rohi- 
gnoU  elle  gouale  sans 
cesse. 

RohignoU  en  ce  cas,  est 
pour  joyeux  et  joyeuse  (Ar- 
got dès  voleurs). 

ROCAMBOLE  :  Moins  que 
rien. 

—  Finis-donc  avec  tes 
7'ocamholes,  nous  ne  cou- 
pons pas  dans  le  pont. 

Rocamhole,  synonyme  de 
hlagiie,  en  souvenir  de 
Ponson  du  Terrail  et  de 
son  célèbre  roman  qui  porte 
ce  titre  ("Argot  du  peuple). 


R0CIIP:T  :  Evêquc. 

Allusion  au  rochet  que 
porte  ce  dignitaire  de  l'église 
(Argot  des  voleurs). 

RODEUSE  :  Fille  publique 
qui  n'a  pas  de  poste  fixe, 
(pli  fait  son  persil  dans  les 
terrains  vagues. 

On  l'appelle  ainsi  pour 
cette  raison  (Argot  des 
souteneurs). 

ROGNOLER  :  Marronner. 
Ne  jamais   trouver  rien 
de  bien  (Argot  du  peuple). 
V.  Ronchonner. 

ROGNURE  DE  SOUFFRICE  : 

Terme  employé  dans  le  peu- 
ple, pour  qualifier  une 
vieille  fille  publique. 

L'usine  Soulfrice  a  le 
monopole  de  faire  des 
graisses  avec  les  rognures 
pourries  des  animaux  noyés 
qui  viennent  s'échouer  sur 
les  bords  de  la  Seine  (Ai^ot 
du  peuple).  N. 

ROGUE  :  Se  dit  de  quel- 
qu'un qui  a  des  allures 
hautaines,  cassantes  :  il  a 
l'air  rngue. 

On  trouve  cette  expres- 
sion en  Normandie.  Les 
marchandes  de  harengs  vous 
disent  .  il  est  rogué  pour 
œuvé  ("Argot  du  peuple). 
N. 

ROMAGNOLouROMAGNONt 


260 


RON 


ROS 


Trésor  caché  (Argot  des 
voleurs). 
ROMAINS  :  Individus  qui, 
moyennant  un  faible  sa- 
laire ,  applaudissent  les 
acteurs  (A'got  des  coulis- 
ses). 

ROMPEZ  :  Allez-vous  en, 
foutez-moi  le  camp. 

Allusion  au  commande- 
ment de  rom/pez  les  rangs 
(Argot  du  peuple). 

RONCHONNER  :  Père  ron- 
chon qui  trouve  à  redire  à 
tout. 

Le  colonel  Ronchonot 
est  célèbre  depuis  quelques 
années  (Argot  du  peuple). 

ROND-DE-GUIR  :  Employé 
de  bureau. 

Allusion  au  rond  de  cuir 
ou  de  caoutchouc  que  les 
employés  mettent  sur  leurs 
chaises  pour  économiser 
leur  fond  de  culotte  (Argot 
du  peuple). 

ROND COMME UNE BOULE  : 

Être  pochard  à  rouler  par 
terre  (Argot  du  peuple).  iV^. 

RONDINS:  Les  seins...  quand 
ils  sont  ronds  (Argot  du 
peuple)    V.  Capitonnée. 

RONDIN  JAUNE  :  Pièce  de 
vingt  francs. 

Allusion  à  la  forme  ronde 
(Argot  des  voleurs). 

RONDOUILLARD  :  Plus  que 
beau. 


Dans  le  peuple  on  dit 
d'une  femme  qui  possède 
des  qualités  surprenantes  : 

—  Elle  est  rondouil- 
larde. 

Quand  elle  est  houloUe, 
ronde.,  on  dit  également 
par  allusion  à  la  forme  : 

—  Elle  est  rondoidl- 
larde  (Argot  du  peuple). 
N. 

RONFLAN  :  C'est  ron/lau, 
beau,  bien,  chouette,  tapé 
(Argot  du  peuple).  ?i. 

RONFLER  DU  BOURRE- 
LET :  Péter  longuement. 

Le  Pétomane  célèbre 
chantait  du  bourrelet 
(Argot  du  peuple). 

ROSSARD  :  De  rosse,  dur. 
cruel  (Argot  du  troupier). 

ROSSIGNANTE  :  Flûte  (Ar- 
got des  voleurs). 

ROSSIGNOL  :  Marchandises 
défraîchies  ou  hors  de  sai- 
son. 

Dans  les  magasins,  les 
commis  qui  écoulent  les 
rossignols  touchent  une 
prime  qui  se  nomme  la 
(jiielte  (Argot  des  bour- 
geois). 

ROSSIGNOL  :  Fausse  clef 
(Argot  des  voleurs). 

ROSSIGNOL  A  GLAND  :  Un 

cochon. 

Quand  un  individu  a  la 
manie,  dans  une  société,  de 


I 


ROU 


ROU 


261 


vouloir  toujours  chanter,  et 
qu'il  le  lait  comme  une  cré- 
celle, on  lui  dit  : 

—  Ali!  ferme  ta  boUe, iu 
|i   chantes  conmie  un  rossigiiol 

à  gland  (Arçot  du  peuple). 
N. 

ROTIN  :  Sou. 

—  Je  suis  à  fond  de  cale, 
pas  un  rotin  (Argot  du 
peuple). 

ROUBIGNOLE  :  Petite  boule 
de  liège  dont  les  roubigno- 
leui'S  se  servent  pour  le 
jeu  de  cocange,  jeu  qui 
vole  les  paysans  dans  les 
foires  (Arçot  des  voleurs). 

R0UBIGN0LLES:V.5'œMr5. 

ROUBION  :  Fille  publique 
laide  comme  les  sept  péchés 
capitaux  (Argot  des  soute- 
neurs). 

ROUBLARD  :  Les  voleurs 
disent  d'un  homme  aifreu- 
sement  laid  qu'il  est  un 
roublard.  A.  D. 

Ce  n'est  pas  le  vrai  sens 
aujourd'hui. 

Roublard  veut  dire  ma- 
lin, lin  comme  un  renard. 

Un  homme  qui  sait  habi- 
lement se  tirer  d'un  mauvais 
pas  est  un  roublard. 

Roublard  :  homme  qui 
cache  soigneusement  sa  pen- 
sée, qui  est  pétri  de  rou- 
blardise (Argot  du  peuple). 
N. 


ROUCm  :  Homme  sans  con- 
science, pour  qui  le  Code 
est  un  bréviaire. 

Terme  méprisant  très  en 
usage  (Argot  du  peuple). 

ROUCIIIE  :  Femme  avachie, 
usée. 

Vient  de  mauvais  cheval  : 

rouchi. 

Quand  une  fille  est  trop 
vieille,  qu'elle  a  rendu  trop 
de  services  à  l'humanité 
sou(rrante,qu'ellenerue  plus 
dans  les  brancards,  c'est 
une  rouchie  (Ai^ot  des 
souteneurs). 

ROUE    DE     DERRIÈRE    : 

Pièce  de  cinq  francs  en  ar- 
gent. 

Quand  on  n'en  possède 
qu'une,  la  voilure  va  cahin- 
caha,  mais,  quand  il  y  en  a 
plusieurs,  on  roule  vive- 
ment (Argot  du  peuple). 

ROUE  (Être  à  la)  :  Malin, 
roublard  (Argot  du  peuple). 

N. 

ROUFFLÉ  :  Battre  un  indi- 
vidu à  coups  de  pieds  et  à 
coups  de  poings. 

—  Je  vais  te  foutre  une 
bath  rouf  fié  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ROUGET  :  Cuivre  (Argot  des 
voleurs). 

ROU  LANCE  :  Quand  une 
équipe  de  compositeurs  ty- 

15. 


262 


ROU 


ROU 


pogi'ii plies  est  mécontente, 
ses  membres  le  manifestent 
en  frappant  tous  à  la  fois  la 
casse  avec  un  outil  quel- 
conque ;  le  bruit  produit 
une  sorte  de  roulement, 
de  là,  rouiance{Xrgoi  d'im- 
})rimerie). 

ROUILLARDE  :  Rlouse. 

On  sait  que  la  blouse  est 
le  vêtement  favori  des  roît- 
liers,  de  là  l'expression 
rouillarde. 

Les  voleurs  disent  souil- 
laude  (Argot  des  voleurs). 
N. 

ROULER  SA  ROSSE  :  Ou- 
vrier trimardeur ,  qui 
n'a  pas  de  domicile  fixe,  qui 
roule  sa  bosse  de  ville  en 
ville. 

C'est  un  mendiant  dé- 
guisé qui  cherche  de  l'ou- 
vrage et  prie  le  bon  Dieu 
de  n'en  pas  trouvei'  (  Aii^ol 
du  peuple). 

ROULER  SA  VIANDE  DANS 
LE  TORCHON  :  Se  cou- 
cher. 

On  dit  plus  communé- 
ment : 

—  Je  vais  remiser  ma 
viande  .(Argot  du  peuple). 

ROULEUSE  :  Fille  publique. 

Elle  roule  partout  pour 
trouver  pratique. 

Elle  roule  ses  clients  de 
hasard,    car    elle    promet 


mais  ne  tient  jamais  (Argot 
du  peuple). 

ROULOTTE  :  Voiture. 

Les  voleurs  qui  prati- 
quent le  vol  à  la  roulotte 
disent  : 

—  Grinchir  une  rou- 
lotte en  salade  (Argot  des 
voleur  sL 

ROULOTTIERS   :  Vol   à  la 

roulotte. 

Quand  un  camionneur  dé- 
charge une  livraison,  le 
roulottier,  vêtu  comme  un 
employé  des  messageries, 
prend  un  ballot  ;  un  com- 
plice est  à  quelques  pas 
plus  loin,  avec  une  voiture 
à  bras,  toujours  au  détour 
d'une  rue  ;  il  charge  le  bal- 
lot sur  sa  voiture,  et  en 
route  (Argot  des  voleurs  >. 
V.  Fusilleurs. 

ROUPIE  DE  SINGE  :  Mau- 
vais café  qui  a  la  couleur  de 
la  roupie  qui  pend  au  nez 
du  priseur  (Argot  du  peu- 
ple). 

ROUPILLER  :  Dormir. 

Quand  on  ne  dort  que 
quelques  instants,  on  fait 
un  petit  roupillon. 

—  Il  est  tellement  goua- 
peur  qu'il  roupille  sur  son 
ouvrage  (Argot  du  peuple). 

ROUSCAILLER    :      Voulait 
dire  autrefois  parler. 
Les  voleurs    en  ont  fait 


ROI 


RUE 


263 


le  synonyme  iV aimer,  mais 
pas  dans  le  sens  platonique 
(Argot  des  voleurs). 

UOUSSELETTE  :  Moins  que 
rien  (Arçot  des  souteneurs'^. 
V.  Came  lot  te. 

UOUSSIN  :  Tous  ceux  qui 
appartiennent,  de  près  ou 
de  loin,  à  la  police,  sont  des 
roiissins. 

Autrefois,  les  agents  en 
bourgeois  étaient  vêtus  de 
la  redingote  sombre,  d'un 
ton  roussâtre.  De  Va  est 
née  l'expression  : 

—  Voila  les  roiisses  ! 
(Argot  des  voleurs). 

IlOl  SSINFR  :  Faire  arrêter 
par  la  pulice.  L.  L. 

Roussiner  veut  dire^/- 
ter  mollement  et  puer  forte- 
ment. 

—  Il  roiissme  à  faire  ro- 
i'  r  un  vidangeur  (Argot  du 
peuple).  N. 

ROUSPANT  :  Homme  qui 
fournit  des  sujets  aux  tan- 

fes. 

C'est  le  procureur  des 

'dérast( 
teneurs). 

ROUSTENPANNE  :  iMoins 
que  rien  (Argot  du  peuple). 


ROUSTIR    :    Prendre,  s'ap- 
proprier le  bien  d'autrui. 

Être   rousti  :   être    pris 
Argot  des  voleurs). 


ROUSTISSURE  :  Mauvaise 
plaisanterie.  A.  D. 

MoHstissîcre,  dont  par 
corruption  on  a  fait  roics- 
tenpanne,  veut  dire  moins 
que  rien  (Argot  du  peuple). 
V.  Rousselette. 

ROUSPÉTANCE  (Fairede  la). 
V.  Rouspéter. 

ROUSPÉTER  :  Récriminer, 
{•MVQàwpet,  du  bruit  (Ar- 
got des  voleurs). 

ROYAUME    DES  TAUPES. 

V.  Les  pissenlits  pousser 
par  la  racine. 

RUBIS  SUR  L'ONGLE  :  Être 

régulier,  payer  recta  ses 
dettes  à  l'écliéance. 

Boire  son  verre  jusqu'à 
la  dernière  goutte. 

—  Il  a  séché  son  glacis 
rubis  sur  V ongle  (Argot  du 
peuple).  N. 

RUER  DANS  LES  BRAN- 
CARDS :  Femme  amoureuse 
qui,  au  moment  psycholo- 
gique, se  démène  furieuse- 
ment, comme  le  cheval  em- 
ballé. 

La  figure  peut  se  passer 
de  commentaires  (Argot  du 
peuple).  N. 

RUE   AIT  PAIN   (La)   :    Le 

gosier. 

Le  pain  y  passe. 

Mauvaise  affaire  quand  la 
rue  est  barrée  (Argot  du 
peuple) . 


264 


RUP 


RUT 


RUE  DU  BEC  DÉPAVÉ  :  La 

bouche,  quand  elle  n'a  plus 
de  dents. 

Elle  ne  peut  guère  ali- 
menter sa  voisine,  la  rue 
au  pain  (Argot  du  peuple). 

RUPIN  :  Homme  riche,  calé, 
cossu. 

Au  fiuperhûf  mpin-sko/f, 
alors  c'est  unhommQpoîcrri 
de  chic. 

Les  souteneurs  disent  à 
leur  marmite  : 

—  Lève  donc  le  go7ice, 
il  esl  rupin ^  il  doit  être  au 
sac  (Argot  des  souteneurs). 


RUTIÈRE  :  Voleuse  ou  fill»' 
publique,  souvent  les  deux 
à  la  fois  (Argot  des  voleurs). 

RUTILANT,    RUTILANTE  : 

Il  est  rutilant  (joyeux). 

Elle  est  rîUi/ante,  res- 
plendissante de  fraîcheur  et 
de  beauté. 

Une  chose  est  rutilante 
(éclatante) . 

Ce  mot  est  très  français, 
mais  il  est  employé  par  le 
peuple  dans  un  tout  autre 
sens  que  celui  indiqué  par 
les  dictionnaires  classiques 
(Argot  du  peuple).  N'. 


SAB 


SAR 


265 


SABIR  :  Bois,  forêt. 

Quelques-uns  écrivent  : 
sah7n. 

C'est  la  finale  retournée 
(Argot  des  voleurs). 

SABLER  :  Il  est  des  voleurs 
qui  se  servent  d'un  os  de 
mouton^  arme  dangereuse, 
pour  estourbir  le  pante. 

Gela  laisse  des  traces  très 
faciles  à  constater. 

Un  autre  moyen  a  été 
imaginé. 

On  remplit  de  sable  fin. 
ou  (le  grès  pulvérisé,  un  sac 
(?n  peau,  et  on  assomme  le 
client  avec. 

Quand  on  le  relève,  on  le 
déclare  mort  d'une  conges- 
tion ou  d'une  attaque  d'apo- 
plexie (Argot  des  voleurs). 


SABOT  :  Barque. 

—  Nous  allons  embar- 
quer dans  le  sabot  pour  la 
Nouvelle^  disent  les  vo- 
leurs. 

Dans  le  peuple  on  dit 
d'un  homme  qu'un  coup  de 
canon  ne  réveillerait  pas  : 

—  Il  dort  comme  un  sa- 
bot. 

Allusion  à  la  toupie  que 
les  enfants  nomment  sabot  y 
laquelle  ronfle  comme  un 
tuyau  d'orgue  (Argot  des 
voleurs  et  du  peuple). 

SABOTER  :  Ouvrage  mal  f\»it, 
gâché. 

Allusion  au  sabotier,  qui 
travaille  son  bois  à  gi*ands 
coups  de  sabre  pour  l'é- 
quarrir. 

Un   ouvrage  saboté   est 


266 


SAC 


SAC 


bien   près   d'èlre  im   loup 
(Argot  du  peuple). 

SABOULER  :  Décrotter.  A. 
D. 

Sahouler  veut  dire  chas- 
ser. 

—  Je  l'ai  sahoiUé  de  la 
piaule  avec  perte  et  fracas. 

On  saboule  un  ouvrier 
qui  ne  fait  pas  l'affaire  (ne 
sait  pas  travailler)  (Argot du 
peuple).  N. 

SABOULETTE  :  Table  de  toi- 
lette. 

Elle  supporte  le  savon  et 
les  brosses  qui  saboiUent 
la  crasse. 

C'est  ainsi  que  les  voleurs 
nomment  les  lavabos  com- 
muns qui  leur  servent  dans 
les  prisons  (Argot  des  vo- 
leurs). N. 

SABRE  :  Bâton. 

Sabre  :  être  gris.  A.  D. 
C'est  sas  qu'il  faudrait 
dire. 

Être  sas,  être  blùidé  i 
saoul, est  un  vieux  mot  nor- 
mand très  fréquemment  em- 
ployé dans  le  peuple. 

—  Q.miie-nous  le  coude, 
t'es  sas  comme  une  bour- 
rique (Argot  du  peuple). 

SAC  :  L'affaire  est  dans  le 
sac,  elle  est  conclue. 

Être  pris  en  flagrant  délit 
de  vol,  c'est  avoir  son  affaire 
dans  le  sac. 


Être  laide  ou  jolie,  c'est 
être  ou  n'être  pas  dans  le 
sac. 

Il  y  a  une  vieille  chanson 
là-dessus  : 

EU'  n'est  pas  mal 
Pour  foutre  clans  l'canal. 
Elle  est  encore  mieux 
Pour  fouir'  clans  les  lieux. 

(Argot  du  peuple). 

SAC     (Avoir    le)  :    Posséder 
beaucouj)  d'argent. 

—  Il  a  un  Ibrt  sac. 

—  11  est  au  sae. 

Avoir  un  sac  dans  lequel 
il  y  a  une  mauvaise  pierre, 
c'est  être  condamné  par  les 
médecins  (Argot  du  peuple). 

SAC  A  OS  :    Femme  maigre. 

On  dit  dans  le  peuple  : 
—  On   peut  lire  son  jour- 
nal   au    travers. 

Il  y  eut  longtemps,  il  y 
a  une  trentaine  d'années, 
une  lémme  diaphane  qui  se 
faisait  voir  dans  une  baraque 
à  la  foire  aux  pains  d'é- 
pices. 

Le  pitre  pour  exciter  la 
foule  à  entrer,  disait  : 

—  Avec  une  chandelle, 
on  peut  lui  compter  les  côtes 
(Argot  du  peuple). 

SAC  A  MERDE  :  Le  ventre. 
L'image  n'est  pas  propre, 
mais  elle  exprime  bien   le 
fait. 

On  se  souvient  de  ce  gé- 
néral du  premier  Empire  à 


SAF 


SAI 


267 


qui  Napoléon  avait  recom- 
mandé le  plus  grand  silence 
:i  un  grand  dîner. 

Le  général  se  tint  coi, 
comme  il  l'avait  promis, 
mais  au  dessert  il  ne  put  ré- 
sister, il  frappa  sur  le  ventre 
(le  son  voisiîi,  un  archi<luc, 
en  lui  disant  : 

—  Eh  bien  !  mon  vienx, 
maintenant  que  t'as  bien 
mangé,  y  en  a  beaucoup  là- 
dedans  ?  (Argot  du  peuple). 

S\C  PLFIN  (Avoir  le)  :  Être 
ivre.  A.  D. 

Avoir  le  sac  plein  se 
dit  d'une  femme  sur  le  point 
d'accoucher  (Argot  du  peu- 
ple). iV. 

SAC  A  VIN  :  Ivrogne  pour 
(jui  toutes  les  boissons  s(mt 
bonnes. 

Mot  à  mot  :  il  engloutit 
tous  les  li(juides  dans  son 
sac  (Argot  du  peuple). 

SACRISTAIN  :  Maître  d'une 
maison  de  tolérance. 

Mol  à  mot  :  il  est  le 
sacristain  de  V abhay eàowi 
sa  femme  est  l'abbesse, 
puisque  c'est  elle  qui,  d'a- 
près le  règlement,  est  la 
propriétaire  du  livre  {kv^oi 
des  souteneurs). 

SAFRAN  :  Mari  trompé,  voué 
au  jonquille  comme  on 
voue  les  enfants  au  bleu. 

On  dit  aussi  d'un  mari 
dans  ce  cas  : 


—  Il  a  h  Jaunisse  toute 
l'année  (Ai^ot  du  peuple). 

SAIGNER  :  Synonyme  de 
bufer. 

Cette  expression  est  gé- 
néralement employée  par 
les  bouchers  qui  conservent 
dans  la  vie  les  habitudes  de 
l'abattoir  (Argot  des  bou- 
chers). 

SAIGNER  :  Emprunter  de 
l'argent  à  quelqu'un. 

Mot  à  mot  :  laire  une 
saignée  à  s  n  porte-mon- 
naie ou  à  son  coîlVe-fort. 

Faire  une  saignée  blan- 
che :  ce  n'est  pas  un  méde- 
cin qui  est  chargé  de  faire 
celte  opération  à  moins  que 
ce  ne  soil  une  doctoresse 
(Argot  du  peuple).  ^Y. 

SAINT-DOMINGUE  :  Tal  ac. 

Dans  les  prisons,  par 
abréviation,  on  dit  :  Saint- 
Dome. 

Saint-Domingue,  allu- 
sion au  pays  où  prospèrent 
les  plantations  de  tabac 
(Argot  des  voleurs).  N. 

SAINT- FRUSQUIN    :    Lot 

d'objets    ou    de    mobilier 
(Argot  du  peuple). 

SAINT- LAGO  :  Abréviation 
de  Saint-Lazare;  les  filles 
disentégalement  *S'«^w^Zc^. 
Quand  elles  sont  dans 
cette  prison,  elles  disent 
qu'elles  .sont  à  \2i campagne. 


268 


SAI 


SAL 


—  Tiens,  voilà  six  mois 
que  Ton  ne  le  voit  plus  ? 

—  J'étais  en  villégiature, 
je  sors  de  ma   campagne. 

On  sait  ce  que  cela  veut 
dire  (Argot  des  tilles). 

SAINT-PÈRE  :  Tabac  à  fu- 
mer (Argot  des  voleurs). 

SAINT- VINCENT-DE- 
PAUL  :  Les  ramasseurs 
de  mégots. 

Ils  sont  les  Saint-Vin- 
cent-de-Paul des  orphe- 
lins qui  traînent  devant 
les  terrasses  des  cafés 
(Argot  du  peuple). 

SAINTE-TOUCHE  (Le  jourde 
la)  :  La  paye  de  chaque 
semaine  ou  de^  fin  du  mois. 
La  Sainte  Espérance 
est  la  veille  de  la  Sainte- 
Touche. 

C'est  une  sainte  bien 
fêtée  par  les  ouvriers  (Ar- 
got du  peuple). 

SAINT-JEAN  :  Signal  con- 
venu entre  les  voleurs  ])our 
avertir  un  complice. 

Ce  signal  consiste  à  lever 
l'index  et  le  médium.  On  dit 
aussi  d'un  individu  qui  n'est 
pas  à  la  hauteur  pour  faire 
(|uelque  chose  : 

--  Il  est  de  la  Saint- 
Jean  (Argot  du  peuple). 
N. 

SAISISSEMENT  :  Terme  em- 
ployé par  les  voleurs    pour 


désigner  les  liens  qui  ser- 
vent pour  ligotter  le  con- 
damné à  mort  au  moment 
de  la  toilette. 

Il  y  a  de  quoi  en  effet 
être  saisi  (Argot  des  vo- 
leurs). 

SALÉE  (La)  :  La  mer  (Argot 
des  voleurs). 

SALÉ   A  LA  BANQUE  (En 

demander)  :  Demander  au 
metteur  en  pages  ou  au 
prote  une  avance  sur  la  se- 
maine. 

Salé  :  travail  payé  d'a- 
vance. 

Saler  une  note:  addition- 
ner le  numéro  du  cabinet 
avec  la  carte  (Argot  d'im- 
primerie] . 

SALIÈRES  :  Une  femme  qui 
a  la  poitrine  creuse,  a 
des  salières,  c'est-à-dire 
des  trous  en  guise  de  seins. 
On  dit  également  qu'elle 
a  les  tétons  dans  le  dos 
(Argot  du  peuple). 

SALIVERNE  :  Gamelle  ou 
écuelle  qui  sert  dans  les 
hôpitaux  aux  malades  pour 
cracher. 

Ils  salivent  dedans  (Ar-? 
gol  des  voleurs). 

SALLE   A    MANGER    :   La 

bouche. 

Pour  indiquer  qu'un  in-  ^ 
dividu  n'a  pas  de  j^dents,  on 
dit  dans   le  peuple  :  ' 


SAP 


SAU 


2G9 


—  Il  n'a  plus  de  tabou- 
rets dans  la  salle  à  manger 

Argot  du  peuple). 

SAI.SIFITS  :  Doigts. 
Les  voyous   disent  : 

—  Je  vais  te  coller  une 
[>oignée  de  salsifits  sur  la 
luire  (Argot  du  peuple). 

SANG  DE  NAVET  :  Homme 
sans  courage,    qui  n'a   pas 
(le  sang  dans  les  veines. 
On  dit  également  : 

—  Il  a  les   fuies   blancs 
(Argot  du  peuple).  N. 

SViNS  BLAGUE  :  C'est 
vrai,  je  ne  mens  pas  (Argot 
du  peuple). 

SANS-FEUILLE  :  La  po- 
tence (Argot  des   voleurs). 

s  VXS-GÈNE  :  Indiscret,  mal 
élevé. 

Cracher  par  terre  dans 
un  saion,  ôler  ses  bottes 
dans  un  wagon,  se  moucher 
avec  ses  doigts  (Argot  du 
peuple). 

SAPÉ  :  Condamné. 

Allusion  au  bûcheron 
qui,  de  sa  cognée,  sape  un 
arbre  (Ai^ot  des  voleurs). 

SAPEMENT  :  Jugement  (Ar- 
got des  voleurs).  V.  Sapé. 

SAPEUR.  V.  As  dépique. 

SAPIN  :  Sentir  le  sapin. 

Etre  sur  le  point  de  mou- 
rir. 


Sapin  :  cercueil . 

Sapin  :  plancher  (Argot 
du  peuple  et  argot  des  vo- 
leurs). 

SAQUÉ  :  On  m'a  dit  de  pas- 
ser au  bureau  pour  y  régler 
mon  compte. 

L'expression  vient  des 
corporations  où  bs  ouvriers 
lournissent  leurs  outils  ;  ils 
les  mettent  généralement 
dans  un  sac  ;  quand  ils 
quittent  l'atelier,  ils  les 
remportent  ;  ils  reprennent 
leuri'ac;  de  là,  saqué  (kv^ol 
du  peuple). 

SARRAZIN  :  Les  ouvriers 
typographes  qui  travaillent 
au-dessous  du  tarif  réglé 
par  la  Société  et  qui  sont 
souvent  la  proie  du  syndi- 
cat, lequel  les  considère 
misérablement  (Argot  d'im- 
primerie) . 

SARRAZINEUR  :  Ouvrier 
qui  va  d'un  atelier  à  un  au- 
tre, suivant  sa  fantaisie 
ou  les  exigences  du  travail 
(Argot  d'imprimerie). 

SATOU  :  Bâton  (Argot  des 
voleurs). 

SAUMON  :  Homme  riche. 
—  Emballons  le  samnon 
avec  précaution  ;  il  y  a  du 
pèze    (Argot    des   croque- 
morts). 

SAUT  DE  COU:  Foulard 
(Argot  des  voleurs). 


270 


SAIT 


SCH 


SAUTE-AU-KRACK  :  Sur- 
nom donné  aux  filles  pu- 
bliques audacieuses  (Argot 
des  souteneurs). 

SAUTE-MOUTON  (Le  coup 
du)  :  Ce  sont  les  remisiers 
pour  (lames  (les  tripo- 
teuses  du  marché  des  pieds 
humides)  qui  le  prati- 
quent. 

La  joueuse  vend  mille 
francs  de  rente.  Le  remi- 
sier pour  dames  exécute 
cet  ordre  ;  il  vend  immédia- 
tement, mais  il  attend  la 
iermeture  de  la  Bourse  pour 
en  informer  sa  cliente.  S'il 
y  a  baisse,  comme  il  a  ven- 
du ferme,  il  encaisse  tran- 
(juillement  la  différence  ; 
si  la  rente  reste  au  même 
taux,  il  lui  raconte  qu'il  y 
a  écart  de  deux  ou  trois 
centimes;  dans  tous  les  cas 
elle  est  volée  (Argot  des 
boursiers).  N. 

SAUTE-RONDEf.LES.      V. 

Fafioleur. 

SAUTE-RULSSEAU  :  Petit 
clerc  d'huissier  ou  de  no- 
taire qui  porte  à  domicile 
les  pièces  de  l'étude  (Argot 
du  peuple). 

SAUTER  A  LA  CAPAIÏUT  : 

Tuer  un  complice  pour  ne 
pas  lui  donner  sa  part  de 
vol. 

C'est  un  fait  assez  rare, 
car  chez  les  voleurs  il  existe 


une  sorte  de  probité  que 
l'on  ne  trouve  pas  chez  cer- 
tains qui  se  disent  honnêtes 
gens  (Argot  des  voleurs). 

SAUTER    LA    CERVELLE 

(Se  faire).  V.  Bataille  des 
jésuites. 

SAUTER   A   LA  PERCHE  : 

Avoir  très  faim. 

En  ce  cas  on  est  plus  lé- 
ger que  de  coutume  et  on 
peut  sauter  facilement. 

Synonymede:y^«ï'(?«/^'rc? 
(Argot  du  peuple).  .V. 

SAUTEUSE  :  Puce. 

Elle  saute,  en  effet,  sans 
cesse  (Argot  du  peuple). 

SAUVAGE  (S'habiller  en)  : 
Etre  dans  un  costume  pri- 
mitif, n'avrir  pas  même  la 
feuille  de  vigne  si  chère  à 
M.  Bérenger,  le  Caton  mo- 
derne (Argot  du  peuple). 

SAVOIR  LIRE:  Être  au  cou- 
rant de  toutes  les  ruses  du 
métier. 

Connaître  tous  les  Irues 
pour  voler  (Argot  des  vo- 
leurs). 

SAVOYARDE  :  Malle. 

Allusion  aux  commission- 
naires, tous  savoyards  pour 
la  plupart,  qui  transpor- 
tent les  malles  sur  leur  dos 
(Argot  des  voleurs). 

SCIINOC  :  Quand  on  ne  veut 
pas  dire  à  un  individu  c-o-n 


SEC 


SEN 


271 


pantoufle,  on  emploie  cette 
expression  qui  est  un  terme 
(le  mépris  :  vieux  schnoc 
(Argot  du  peuple).  N. 

SCÏINOFFE  (Deux  ronds  de): 
Deux  sous  de  tabac  h  priser 
I  Argot  du  peuple).  N. 

SCIIPHOMME  :  Faire  du 
tapage  dans  un  endroit 
public   (Arçot  du  peMi|)le'). 

SCIITIGNER  :  Puer  (Argot 
(hi  peuple).  A^. 

St'IE  :  Femme  légitime. 

Quand  un  ouvrier  me- 
nuisier porte  sa  scie,  les 
voyous  lui  disent  : 

—  Tu  trimballes  la  légi- 
time. 

Scier  quelqu'un  :  l'en- 
nuyer, le  raser  (Argot  du 
peuple). 

SCION  :  V.  Lîoigre. 

SCIONNER  :  Tuer  quelqu'un 
avec  un  couteau  (Argot  des 
voleurs). 

SKCIIÉ  :  Au  lendemain  d'une 
forte  soulographie,  l'ivro- 
gne est  séché  (Argot  du 
peuple). 

SIXOUER     LES    PUCES  : 

Stimuler  un  endormi,  le 
secouer  du  péché  de  pa- 
resse (Argot  du  peuple). 

SECOUER  SON  PANIER  A 
CROTTES  :  Se  dit  dans  le 


f)cuple  d'une  danseuse  dé- 
ïanchée  qui  fait  le  contraire 
de  la  danse  du  ventre,  et 
remue  les  fesses  agréai  dé- 
ment (Argot  du  peuple). 

SECOUSSE  :  Dans  le  peu- 
ple, on  dit  d'une  jolie  lille 
pour  indiquer  qu'on  cou- 
cherait volontiers  avec  elle: 
elle  vaut  la  secousse.  C'est 
suflisamment  clair  (Argot 
du  peuple).  N. 

SEIGNEUR   A    MUSIQUE  : 

Assassin  (Argot  des  vo- 
leurs). 

SE  METTRE  A  TAREE  :  Dé- 
noncer, manger  sur  le  dos 
d'un  c  ;mplice  (Argot  des 
voleurs).  V.  Mouton. 

SE  METTRE  LA  CORDE  AU 

COU  :  Se  marier. 

Le    peuple   se    souvient 
de  la  vieille  chanson  : 

Pan,  pan,  mariez-vous, 
Mettez-vous  dans  la  misère; 
Pan,  pan,  mariez-vous, 
Mettez-vous    la    corde    au 
I  cou. 
(Argot  du  peuple). 

S'EMBROCIIINER:  Se  coller 
avec  une  femme. 

Synonyme  de  s'acoqui- 
ner (Argot  du  peuple). 

SENTIR  MAUVAIS  :  Quand 
un  voleur  est  sur  le  point 
d'être  pris,  quand  on  éveille 
un  condamné  à  mort  pour 
sauter  le  pas,   quand   on 


SEN 


SER 


est  embarqué  dans  une  sale 
affaire,  cela  sent  mauvais 
(Argot  du  peuple).  N. 

SENTIR  LE  LAPIN  :  Après 
avoir  dansé  toute  une  nuit, 
une  femme  sue  des  aisselles 
et  d'ailleurs  ;  elle  sent  le 
lapin. 

On  sait  que  lorsqu'on 
ouvre  le  ventre  de  cet  ani- 
mal, une  odeur  chaude  et 
nauséabonde  vous  prend  au 
nez  et  à  la  gorge  (Argot  du 
peuple). 

S'EN  FOUTRE  COMME 
UN  POISSON  D'UNE 
POMME  :  Se  moquer  de 
tout  et  de  tous. 

Mettre  l'opinion  et  le 
quand  dira-l-on  sous  ses 
pieds  (Argot  du  peuple). 

S'EN  FOUTRE  COMME 
D'UNE  GUIGNE  :  Se  mo- 
quer de  tout. 

On    dit   également  :    Je 

m'en  moque  comme  de  ma 
première  chemise. 

C'est  une  nouvelle  secte 
créée  par  les  indifférents  : 

les  fmen  foutistes  (Argot 
du  peuple).  N. 

SENTINELLES  :  Élrons  dé- 
posés le,  long  des  murs  par 
des  passants  pressés  (Argot 
du  peuple) . 

SENTIR  LE  ROUSSI  :  Sy- 
nonyme de  sentir  mauvais 
(Argot  du  peuple).  1S[. 


SERINGUE  :  Machine  à  va- 
peur qui  fonctionne  mal  ; 
allusion  au  bruit  du  piston 
(x\rgot  des  ouvriers). 

SERINER  :  Divulguer.  L.  L. 

Seriner  :  Apprendre 
quelque  chose  à  quelqu'un 
qui  a  la  tête  dure,  en  lui 
serina^it  sans  cesse. 

Vient  d'un  petit  instru- 
ment qui  n'a  qu'un  air  :  la 
serinette. 

On  serine  un  merle,  un 
geai,  un  chanteur  ignorant 
la  musique,  une  leçon,  un 
discours  ;  en  un  mol  seri- 
ner veut  dire  apprendre 
(Argot  du  peuple).  N. 

SERINETTE  :  Jouer  un  air 
de  serinette  à  quelqu'un 
(Argot  des  voleurs j.  V. 
Maîtres  chanteurs. 

SERRÉ:  V.  QerU. 

SERRER  SA  CEINTURE 
D'UN  CRAN  :  Compression 
du  ventre,  afin  d'empêcher 
les  intestins  de  crier  la- 
mine (Argot  du  peuple). 

SERRER    LA    CUILLÈRE 

(Se)  :    Poignée    de    main. 
Par  al.réviation,    on    dit  : 
je  te  la  serre,  ou  bien  en-  .■ 
core  :    serre-xm\  la  pince 
Argot  du  peuple). 

SERRER  LA  VIS  :  Etran- 
gler quelqu'un  (Argot  du 
peuple). 


sni 


SLN 


SERCOT  :  V.  Bec  de  gaz. 

SERI>ILLi:ilK  :  Soutane  du 
curé  (Ar^ot  dos  voleurs). 

SKIIPII.UKUK  :  Tabiior  des 
caiabins. 
(Argol  des  voleurs). 

SKKVIK  DE  HELEE:  Dé- 
nonce!' un  cou»[)lice  faus- 
sement (Argot  des  voleurs). 

SERVIR  (Faire)  :  Faire  arrê- 
ter quelqu'un  (Argot  des 
voleurs). 

SEZIÈRES  :  Lui  (Argot  des 
voleurs). 

SIFFLER  AU  DISQUE  :  De- 
mander de  l'argent  à  quel- 
qu'un ;  le  .solliciter  d'ouvrir 
son  porte-monnaie. 

Allusion  au  mécanicien 
qui  sifjle  au  disque  pour 
demander  l'ouverture  de  la 
voie  (Argot  du  peuple). 

SIFFLET  D'ÉBÈNE  :  Y.  Ha- 
bit à  queue  de  morue. 

SIGNER    DES    ORTEILS  : 

Le  pendu,  dans  ses  der- 
niers tressaillements,  agile 
les  pieds  (Argot  du  peuple). 

SIGUE  :  Pièce  de  vingt  francs 
(Argot  des  voleurs) . 

SIGUE  (Un  demi)  :  Pièce 
de  dix  francs  (Argot  des 
voleurs). 

SLME  :  Patrouille. 


J'ai  clierclié  en  vain  la 
raison  de  celte  expression, 
elle  n'a  pu  m'élre  expliquée, 
mémo  par  des  récédivistes; 
eonune  elle  est  usuelle,  je 
la  «loniie (Argot des  voleurs). 

SIMONE  (La)  :  Vol  à  la  tire- 
lire. 

Ce  vol  est  pratiqué  pai* 
(le  faux  vidangeurs  On 
nomme  ces  voleurs  des 
simonneurs  parce  ((ue  ce 
truc  fut  inventé  par  un 
nommé  Simon  (Argot  des 
voleurs). 

SINGE:  Patron. 

Presque  tous  les  corps 
de  métiers,  à  l'exception  des 
chapeliers,  nonmient  leur 
patron  un  singe. 

Singe,  ouvrier  composi- 
teur. 

Ce  n'est  pourtant  pas 
dans  un  atelier  de  typogra- 
phie qu'il  faut  chercher  des 
grimaces  (Argot  du  peuple). 

SING LEURS  :  Les  doigts 
(Argot  du  peuple).  V.  Salsi- 
fits. 

SINVE  :  Bonne  tète,  bon  à 
fabriquer. 

Synonyme  de  patite  ar- 
gotê. 

Affranchir  un  since  : 
rendre  un  imbécile,  canaille 
et  voleur. 

Il  u'yasouventpasgrande 
besogne  à  faire  (Argot  des 
voleurs). 


274 


SOL 


SON 


SIROP  DEMACGUABÉE: 

Allusion  aux  gens  qui  se 
noient. 

Ils  sirotent  bien  malgré 
eux  Veati.  de  la  rivière  (Ar- 
got des  voleurs). 

SKATING  A  MOUCHE  :  La 

tète. 

Les  mouches ,  quand 
riiomnie  est  chauve,  y  pa- 
tinent à  leur  aise  (Argot 
du  peuple).  JS'. 

SOIFFARD  :    Ilonune    qui  a 
toujours  soif. 

Dans  le  peuple,  comme 
superlatif,  on  dit  :  11  boirait 
la  mer  et  les  poissons  (Ar- 
got du  peuple). 

S(JIFFER  :  Boire  comme  une 
éponge   (Argot  du  peuple). 

SOISSONNAIS  :  Dos  liaricols 
(Argot  des  voleurs). 

SOLDE  ;  .Quand  un  négo- 
ciant veut  liquider,  il  solde 
le  restant  de  ses  marchan- 
dises. 

Elles  sont  généralement 
achetées  par  des  juifs  qui, 
à  leur  tour  les  soldent,  par- 
tout où  ils  peuvent  en  y 
joignant  souvent  des  mar- 
chandises volées  (Argot  du 
peuple). 

SOLIR  :  Vendre. 

Ce  mot  a  donné  naissance 
à  une  expression  des  plus 
piltoresques.  Pour  dire  que 


Ton  achète  sur  parole,  on 
emploie  cette  phrase  : 

Solirsiir  le  verbe  (Argot 
des  voleurs). 

SOLLICEUR  DE  ZIF  :  Com- 
mis-voyageur marron  qui 
vend  sur  faux  échantillons. 

C'est  une  variété  du 
goiireur . 

Zif  veut  dire  marchan- 
dise imaginaire. 

Le  solliceur  à  la  po- 
(/nô  est  le  frère  du  solli- 
ceur de  zif  (Argot  des  vo- 
leurs). 

SONDEUR  :  Avocat.   L.   L. 
Sondeur,    sonder  quel- 
qu'un pour  savoir  ce  qu'il  a 
dans  le  ventre. 

Allusion  au  sondage  d'un 
terrain  pour  en  reconnaître 
la  nature  (Argot  du  peuple). 

SONNER  :  Quand  un  client 
fait  du  tapage  dans  une 
maison  de  tolérance,  le  \ 
garçon  le  jette  à  la  porte, 
et  s'il  se  rehilfe,  il  lui  casse 
la  tète  sur  l'angle  du  trot- 
toir ;  la  tête  a  sonné  (Ar- 
got des  souteneurs).  iV. 

SONNETTES  :  Pièce  de  cent 

SOUS-^ 

Allusion  au  tintement  que 
produisent  en  se  heurtant 
les  pièces,  dans  la  poche 
du  pantalon  (Argot  du  peu- 
ple). 


sou 


sou 


SO^■^ET^ES  :  Giigneuaudes 
«le  houe  qui  pendent  aux 
poils  des  chiens.  A.  D • 

^S'o^^^i^/Z^s'appliqueùtou- 
les  les  yriynenandes  qu'el- 
les soient  de  boue  ou  d'autres 
matières. 

Inutile  d'insister  (Argot 
du  peuple). 

SOKBONiNP::  Tête. 

Vieille  expression  ;  on  lit 
en  ellet,    dans    la   chanson 

du  Camtel  : 

Iles  réflexions  m'trottaient  dans 
I  la  Sorbonne. 

(Argot  des  voleurs). 

SOliGUE  :  La  nuit  (Argotdes 
voleurs). 

SORGUER  :  Dormir. 

C'est  une  très  vieille  ex- 
pression. 

D'autres  écrivent  sor(jne\ 
i;"cst  une  erreur  {Argot  des 
voleurs). 

SOUGUEK  A  LA  PAIRE   : 

Coucher  à  deux    (Argot  des 
voleurs). 

SORGUELIR  :  Voleur  de  nuit 
(Argot  des  voleurs). 

SORTE  :  Quand  un  camarade 
quitte  son  O'ang  pour  aller 
raconter  à  un  copain  une 
histoire  de  brigand  inventée 
de  toutes  pièces,  l'autre  lui 
répond  : 

—   Laisse-moi    avec   ta 

Pour  une  mauvaise  plai- 


santerie l'aile  à  un  cama- 
rade, la  réponse  est-  la 
uiênie. 

L'expression  sorte  vient 
de  ce  que,  lorsqu'il  man- 
que des  caractères  dans  un<' 
casse,  la  sorte  est  absente. 

Sortier,  celui  qui  lait 
des  sortes  (Argot  d'impri- 
merie). 

SORLOTS  :  Souliers  (Argot 
du  peuple).   V.  Rijjatons. 

STRAPONTIiN  :  Femme  qui  a 
l'estomac  bien  garni. 

Elle  possède  un  strapon- 
poniin  supérieurement  rem- 
bourré —  ce  n'est  pourtant 
pas  une  place  pour  s'asseoir. 

Ou  appelle  aussi  stra- 
pontin la  tournure  que  les 
femmes  njettent  sous  leurs 
jupons,  peur  paraître  avoir 
un  postérieur  engageant 
(Argot  du  peuple).  iV- 

SOUBASSEMENT  :  Lespieds. 

Ils    supportent   le  corps 

comme     le     soubassement 

d'un  piédestal  supporte  la 

statue  (Arçot  du  peuple). 

SOUFFLt^.T  (Le  vol  au)  :  Ce 
genre  de  vol  est  très  origi- 
nal, il  est  à  la  portée  de 
tous  et  ne  demande  ni  ins- 
trument ni  apprentissage.  Il 
s'agit  simplement  d'entrer 
dans  un  magasin  au  moment 
où  une  femme  tire  son  porte- 
monnaie  de  sa  poche  pour 
solder  une  empiète,  de  se 


27(; 


sol: 


SOI 


précipiter  en  lui  llanquanl  un 
soufflet  à  en  voir  trente- 
six  chandelles,  en  lui  disant 
à  voix  haute  : 

—  Ah  !  coquine,  voilà 
où  passe  l'argent  du  mé- 
nage. 

Pendant  que  la  femme 
revient  de  sa  surprise,  le 
faux  mari  est  loin  (Argot 
des  voleurs). 

SOUFFLET  :  Le  derrière. 
Il  ne  fait  guère  bon  être 
sous   le  vent  qu'il  produit 
(Argot  du  peuple). 

SOUFFLEUR  DE  BOUDLN  : 

Individu  à  visage  bour- 
souflé, joufflu. 

Allusion  au  compagnon 
charcutier  dont  les  joues 
gonflent  quand  il  souffle 
dans  le  boyau. 

Cette  expression  est  éga- 
lement employée  d'une  au- 
tre manière,  sous  forme  de 

proposition (Argot    du 

peuple).  N. 

SOUFFRANTES  PERLÉES  : 

Allumettes  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

SOULOGRAPIIE    :   Pochard 
qui  prend  trop  souvent    la 

harhe. 

Soulographie  (en  avoir 
une  belle)  :  être  pochard 
(Argot  d'imprimerie). 

SOULOIR  :  Un  verre. 

L'allusion  est  claire;  plus 
le  pochard  boit  de  verres  y 


plus  il  est  saoul  (Argot  du 
peuple).  A^. 

SOULOIRDESRATICIIONS: 

Autel  sur  lequel  le  prèlri; 
dit  la  messe. 

La  figure  est  fausse;  c'«  st 
le  ciboire  qui  contient  le 
vin  qui  est  le  souloir  (Ar- 
got des  voleurs). 

SOUPAPE  :  Casquette  (Argot 
des  souteneurs). 

SOUPE    A    L'HERBE    (En 

manger  une)  :  Aller  gouaper 
dans  les  champs  sans  avoir 
le  so'j  et  s'allonger  sur 
l'herbe  pour  dormir  : 

—  Qui  dort  dîne  (Argot 
du  peuple) .  N. 

SOUPE  ET  LE  BOEUF  :  La 

femme  dit  cela  du  mari  et, 
naturellement,  le  mari  de 
sa  femme. 

^^wousmQàcpot-au-feu. 

Cette  expression  a  donné 
naissance  à  un  dicton  qui 
est  très  ancien  : 

—  Toujours  du  bouilli, 
jamais  de  rôti  (Argot  du 
peuple).  A^. 

SOUPE  DE  TA  FIOLE  :  Jai 

assez  de  ta  figure  (Argot  du 
peuple).  N. 

SOUS  PRESSE  :  Femme  très 
occupée  sur  sa  chaise  longue 
à  écouter  le  récit  d'un  ex- 
plorateur (Argot  des  filles). 


sou 


suc 


iLll 


l  RICIKUK  (La)  :  Est  une 
iiinexe  du  Dépôt  de  la  Pré- 
Icclure  de  Police;  les  pré- 
venus passent  là  avant  de 
»  oniparaî Ire  devant  les 
«  liambres  coiTectionnelles  ; 
ils  Y  repassent  après  juge- 
ment pour  monter  en  panier 
a  salade  et  être  dirigés  sur 
l(^s  prisons  où  ils  doivent 
>ubir  leur  peine. 

La  souricière  est  aussi 
appelée  les  trente-six  car- 
reaux, parce  que  chaque 
ienèlre  a  ce  nombre  de  vi- 
tres. 

On  dit  'A\x?,û:  établir  une 
souricière  pour  pincer  les 
complices  qui  viennent  au 
gîte  (Argot  des  voleurs). 

SOURICIÈRE  :  Cabaret  con- 
nu de  la  police,  tenu  par  un 
patron  ([ui  nomie  sur  l'o?'- 
tjv.e  le  ses  clien  ts  dont  la  plu- 
l)arl  sont  des  voleurs. 

La  pèche  se  fait  là 
sans  hameçon  (Argot  des 
voleurs). 

SOURD  OC  HE  :  Lanterne 
sourde  (Argot  des  voleurs). 

'  )UTENEUR  :  Individu  qui 
vit  des  fdies  qui  se  livrent 
à  la  proslituti  )n,  fainéant, 
voleur  et  assassin  si  l'occa- 
sion se  présente;  on  le 
trouve  en  haut  comme  en 

[bas  de  l'échelle  sociale  (Ar- 

[got  du  peuple). 

>US-VEiMRIÈRE  :  Ëcbar- 
ipe. 


—  As-tu  vu  le  quart- 
d'œil  avec  sa  sous- ven- 
trière, y  la  dé(jotte  mal  ? 

Allusion  à  la  sous-ven- 
trière du  cheval  (Argot  du 
peuple). 

STORES  :  Paupières  qui  s'a- 
baissent et  se  relèvent  à 
volonté  (Argot  des  voleurs). 

STUC  :  Part  de  vol. 

Synonyme  de  fade. 
comme  stuquer  (partager) 
l'est  de  fader. 

Stuquer  est  encore  pris 
dans  le  sens  d'étrenner  : 
recevoir  des  coups. 

—  La  gosse  a  stuqué 
(Argot  du  peuple).  iV". 

SURLIMER  :  Travailler  alors 
que  les  autres  dorment. 

Il  faut,  en  eiïét,  être  su- 
blime de  courage. 

Cela  ne  se  voit  guère  de 
nos  jours,  où  huit  heures  de 
travail  c'est  encore  de  trop, 
ce  qui  n'empêche  pas  les 
poètes  de  chanter  le  su- 
blime ouvrier  (Argot  du 
peuple). 

SUCE-CANELLE  :  Ivrogne 
invétéré  qui  suce  jusqu'à 
la  dernière  goutte. 

Une  vieille  chanson  que 
le  pitre  de  Moreau,  le  tireur 
de  cartes,  récitait  sur  la 
place  de  la  Rastille,  vers 
1848-18i9,  dit  : 

Si  je  meurs  que  l'on  m'enterre 
Dans  la  cave  où  est  le  vin, 

16 


278 


SIX 


SUR 


Le  ne/,  contre  Ja  muraille 
Et  la  tète  sous  le  robin. 
S'il  en  reste  une  goutte  encore, 
(Je  sera  pour  me  rafraîchir, 
Et  si  le  tonneau  défonce, 
J'en  boirai  à  mon  loisir. 

(Argot  du  peui)le). 

SLGE-LAIIBIN  :  Bureau  de 
placement  (Argot  des  vo- 
leurs). 

SUCER    LA  PRALmE  :   Il 

est  absolument  impossible 
d'e.xpliquer  cette  expression 
(Argot  (les  filles).  V.  Ac- 
cou^lées. 

SUCER  LA  POMME  (Se)  : 
S'embrasser. 

Allusion  au  moutard  qui 
suce  ime  pomme  avant  de 
la  manger  (Argot  du  peu- 
pie].  N. 

SUCER  UNE  PÊCHE  :  Boire 
un  coup  (Argot  du  peuple). 

SUÇON  :  Faire  une  consom- 
mation fantastique  de  sucres 
d'orge.  L.  Z. 

Suçon  :  en  faire  un  sur 
l'épaule  ou  sur  la  gorge 
d'une  jolie  femme,  ce  n'est 
pas  précisément  sucer  du 
sucre  d'orge,  c'est  lui  faire 
venir  le  sang  à  la  peau.  Ce 
qui  adonné  naissance  à  cette 
expression  :  ce  n'est  pas  de 
l'amour,  c'est  de  la  rage, 
pour  ceux  qui  embrassent 
de  cette  manière  (Argol  du 
peuple).  N. 

SUCRE  DE  POMME  :  Pince 


qui  sert  à  fracturer  les  por- 
tes. 

—  Avant  de  cavahr  as- 
sure-loi que  ton  sucre  de 
pomme  poui-ra  pessigner  la 
lourde  (Argot  des  volein-s). 
N. 

SUCRE  :  Se  dit  d'une  feimnc 
mijaurée  :  elle  fait  sa  .v^'- 
crée. 

Se  croire  plus  Si'<-r-' 
qu'un  autre  :  s'imaginer  lui 
être  supérieur. 

Il  a  été  sucré  [)oviv  sa/é. 

Les  joueurs  ont  adopié 
cette  expression  pour  mar- 
quer les  points  avec  des  je- 
tons :  il  faut  sucrer  mon- 
sieur (Argot  du  peuple) .  X. 

SllFFART  :  Grec  habile  à 
corriger  le  hasard,  voletu' 
cosmopolite  qu'on  rencontre 
dans  tous  les  endroits  où 
l'on  joue. 

Il  est  connu  sous  dillé- 
rents  noms  :  graisseur, 
bédouin,  philosophe  (Argot 
des  joueurs) . 

SUIVEUR  :  Homme  tenace 
qui  suit  les  femmes  dans 
la  rue  ;  quand  il  tombe  sur 
une  vierge  il  la  sidt  jusqu'à 
temps  qu'il  la  perde  (Argot 
du  peuple).  N. 

SURBINE  :  Surveillance.  Ètrr 

en  surhine  :  élre  surveille. 

Rompre    sa    surhine    : 

quitter  la  ville  où  l'on  était 


I 


SUR 


SYS 


279 


(Il  surveillance    poui-   aller 
dans  une  autre  ville. 
Autrefois  on  disait  :  ro7n- 
re  son  banc;  c'est  vieux 
'  Ml  (Argot  des  voleurs). 

S!  liFIXE  :  Sœur  de  charité 
Argot  des  voleurs).  N. 

SI  IIGEKBER  :  Être  con- 
damné en  appel  (Argot  des 
voleurs). 

sriUiN  :  Couteau. 

Surin  m  net  :  canne  plom- 
bée ;  elle  surine  sans  îruit. 

SI  lllXER  :  Assassinera  coups 
de  eoul  au. 

Celle     expression     rein- 


plaet!    celle   de    chonriner 
(Argot  des  voleurs). 

SOEURS  (Les  deux)  :  Nattes 
de  ciieveux  que  les  femmes 
portent  tressées  sur  leurs 
épaules. 

Mes  deux  sœurs,  pour  : 
lest icules(Argot des  voyous i. 

SYDOME  :  La  tête  de  car- 
ton, ou  le  mannequin  sur 
lesquels  la  modiste  et  la 
couturière  essayent  leurs 
chapeaux  et  leurs  robes 
(Argot  du  peuple).  N. 

SYSTÈME  :  Portion  servie 
aux  prisonniers  dans  les 
maisons  centrales  (Argot 
des»  voleurs).  V.  Bonde. 


I 


280 


TAF 


TAL 


TABAC  :  Misère. 

—  Je  suis  dans  le  tabac 
mistoufle  (Argot  du  peuple) . 

TABAR  :  Manteau. 

Cette  expression  est  con- 
nue depuis  le  XV^  siècle 
(Argot  des  voleurs). 

TABLE  RASE  :  Faire  un 
nettoyage  complet  dans 
une  maison,  liquider  un 
arriéré,  renouveler  un  per- 
sonnel après  avoir  fait  table 
rase  (Argot  du  peuple). 

TAF  :  Individu  qui  a  peur  de 
son  ombre. 

Qui  a  le  trac,  qui  serre 
les  fesses  à  la  moindre 
alerte  (Argot  du  peuple). 

TAFFEUR  :  Poltron. 


—  Il  est  tellement  lafjeur 
([ue  l'on  ne  lui  fourrerait 
pas  une  feuille  de  papier  à 
cigarette  entre  les  fes^^es 
(Argot  du  peuple).  iV. 

TAILLER  UNE  PLUME  :  Il 

est  des  employés  qui  se  ser- 
vent encore  de  plumes  d'oie  ; 
à  la  lin  du  mois,  ils  vont 
s'en  faire  tailler  chez  des 
spécialistes  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

TALBIN  :  Billet. 

Talbin  d'altèque,  billet 
de  banque. 

Un  billet  de  faveur  pour 
un  théâtre  quelconque,  se 
nomme  un  talbin  d'enca- 
rade. 

Mot  à  mot  :  billet  d'en- 
trée. 


TAM 


TAN 


U81 


Los  voleurs  disent  aussi 
(le  l'ordre  du  Parquet,  de 
l'ordre  de  les  écrouer  à 
Mazas  ou  au  Dépôt  : 

—  Milice  de  hiffeton 
d'encarade  (Argot  des  vo- 
leurs). N. 

TALBIN  :  Huissier. 

Allusion  ce  à  qu'il  talhine 
un  prévenu  ou  un  témoin 
pour  l'assigner  en  police 
correctionnelle. 

Talbiner,  synonyme  d'as- 
signer (Argot  des  voleurs) 
N. 

TALONS  COURTS  (Avoir les): 
Fille  ou  femme  qui  suc- 
combe sans  résistance. 

L'image  n'est  pas  exacte  ; 
ce  fiùt  ne  se  produit  généra- 
lement que  lorsqu'une  lemme 
porte  des  talons  hauts;  elle 
perd  alors  l'équilibre  facile- 
ment (Argot  du  peuple). 

TAMBOUILLE  :  Ragoût,  fri- 
cot. 

Faire  la  tambouille, 
faire  sa  cuisine.  A.  D. 

Tamhoiàlle  :  battre. 

—  Je  vais  te  foutre  une 
tambouille  que  le  tonnerre 
de  Dieu  en  prendra  les 
armes  (Argot  du  peuple). A''. 

TAMPONNER  :  Donner  ou 
recevoir  un  coup  de  tam- 
pon —  un  coup  de  poing. 

Allusion  au  choc  de  deux 
trains  qui  se  tamponnent 
(Argot  du  peuple).  JSf. 


TANNANT  :  Assommant,  en- 
nuyeux. 

A  Corbeil,  on  devait  un 
dimanche  jouer  les  Mous- 
quetaires ;  la  troupe  y  don- 
nait des  représentations  de- 
puis environ  un  mois. 

L'actrice  chargée  des 
grands  pre.niers  rôles,  était 
mauvaise  à  faire  ronfler  un 
bec  de  gaz.  Au  moment  du 
lever  du  rideau,  le  régisseur 
dut  faire  une  aimonce.  L'ac- 
trice avait  dû  partir  précipi- 
tanmient  pour  enterrer  son 
père. 

Il  annonça  son  départ 
ainsi  : 

Madame  X . . . ,  ne  pourra 
jouer  ce  soir,  elle  est  à 
Nantes,  pour  les  obsèques 
de  son  père. 

Un  loustic  du  parterre 
s'écria  : 

—  Il  y  a  longtemps  qu'elle 
est  tannante. 

Ouf  !  (Argot  du  peuple). 
N. 


TANNER  LE  CUIR  :  Battre 
ju'un. 
Allusion  au  tanneur  qui 
bat  la  peau  pour  la  rendre 
souple  (Argot  du  peuple). 


q„el^. 


TANTE  :  Pédéraste,  homme 
à  double  fac  •  qui  retourne 
volontiers  la  tète  du  tôle  du 

mur  (Argot  du  peuple).  JSf. 

TANTE  :   Le   Mont-de-Piété 
—  Je  porte  ma  toquant 

16. 


282 


TAP 


ÏAP 


chez  ma  tante,  mon  oncle 
en  aura  soin  (Argot  du 
peuple). 

TAP  :  Se  disait  autrefois  des 
condamnés  à  être  exposés 
publiquement  et  marqués 
au  fer  rouge. 

Travaux  forcés  à  temps, 
T.  F.  T. 

Travaux  forcés  à  perpé- 
tuité T.  F.  p. 

Faire  le  tapin  c'était 
être  exposé  (Argot  des  vo- 
leurs). N. 

TAPANCÈ  :  Maîtresse  ou 
femme  légitime. 

Les  typographes  nom- 
ment ainsi  la  lemme  parce 
qu'elle  tape  souvent  à  la 
poche  ou...  autrement. 

La  tapance  du  mec,  c'est 
la  femme  du  patron. 

• —  Elle  est  rien  râleuse 
la  tapance  du  mec,  elle 
boufferait  des  cadratins  à 
la  sauce  blanche  (Argot 
d'imprimerie).  N- 

TAPE  (En  recevoir  une)  :  Re- 
cevoir un  coup  ou  le  don- 
ner. 

Voir  ses  espérances  s'ef- 
fondrer. 

Recevoir  une  tape  mo- 
ralement (Argot  du  peu- 
ple). 

TAPE  A  L'OEIL  :  V.  Œil  au 

leurre  noir. 


nion  de  personnes.    A.  D. 

Tapée  veut  dire  beau- 
coup, il  est  vrai,  mais  ce 
n'est  pas  le  sens  que  lui 
donne  le  peuple. 

Tapée  se  dit  d'une  jolie 
femme  : 

—  Elle  est  tapée. 

Une  phrase  bien  écrite  ou 
bien  dite  : 

—  C'est  tapé  (Argot  du 
peuple).  N. 

TAPER  :    Taper  quelqu'un, 
lui  emprunter  de  l'argent. 
On  lui  refuse    en   lui  di- 
sant également  : 

—  Tu  peux  te  taper. 
Synonyme  de  :  Tu  peux 

te  fouiller  (Argot  du  peu- 
ple). 

TAPER  A  TOUR  DE  BRAS  : 

Cogner  vigoureusement. 

—  J'ai  beau  taper  ma 
femme  a  tour  de  bras, 
quand  elle  me  fait  un  im- 
pair, elle  me  gobe  tout  de 
même  (Argot  du  peuple). 

TAPER  DANS  LE  TAS  : 
Prendre  une  femme  au  ha- 
sard. 

2\iper  dans  le  tas  :  at- 
taquer un  ouvrage  avec  vi- 
gueur. 

Taper  dans  le  tas  : 
frapper  dans  le  tas  d'une 
bande  de  rôdeurs  qui  vous 
attaquant  (Argot  du  peu- 
ple). 


TAPÉE  :  Foule,  'grande  réu-      TAPETTE  :  Pédéraste ^«55//*, 


TAR 


TAS 


283 


il  se  fait  taper  dans  le  las 
!  \rç;ot  du  peuple).  N- 

TAPETTHl  :  Homme  qui  parle 
sans  cesse. 

—  Il  en  a  une  rude  ta- 
;)ette  . 

On  dit  aussi  :  (orle  p/a- 
ine  (Argot  du  peuple). 

i  A  PIQUER  :   Habiter  (Argot 

(les  voleurs). 

TAPIS  DE  iMALADES  :  Can- 
liiies  des  prisons  (Argot  des 
(tleurs).  V.  Cargols. 

iA«,)UINER    LE    GOUJON  : 

Lt^    pêcheur   à  la  ligne /«- 
!iiuie  le  goujon. 

11  est  eu  elFet  taquiné 
tPèlre  pris  à  ITiameçon  (Ar- 
l;oi  du  peuple). 

TAQUINER   LE    CARTON: 

Jouer  aux  cartes. 

Je  ne  sais  pas  si  les  car- 
ies sont  taquinées  d'être 
/nillues,  mais  le  joueur  Test 
rudement  quand  il  perd  (Ar- 
got du  peuple).  iV. 

TAHAUDÉE  :  En  mécanique. 
tarauder  un  écrou  ou  un 
boulon,  c'est  faire  un  pas 
de  vis. 

On  a  appliqué  cette  ex- 
pression pour  dire  que  l'on 
bal  quelqu'un. 

—  Je  lui  ai  foutu  une 
rude  taraudée. 

—  Je  vais  te  tarauderiez 
côtes  (Argot  du  peuple).  N'. 


TAROQUAGE  :  Piquer  les 
cartes  d'un  signe  impercep- 
tible. 

Ce  truc  fut  employé  pour 
la  preniière  fois,  par  le  fa- 
meux grec  Garcia  (Argot 
des  grecs). 

TAUOQUE  :  La  marque  du 
linge. 

Quand  les  voleurs  ont 
dévalisé  la  voilure  d'un  pa- 
pillon,  ils  détaroqiient  le 
linge  pour  le  revendre  aux 
meuniers  (Argot  des  vo- 
leurs"). N. 

TARTINES  :  Souliers  avachis 
el  éculés. 

—  Ah!  mon  vieux,  quel- 
les sales  tartines  f  Argot  rhi 
peuple). 

TARTIR  :  Vider  ses  iules- 
lins. 
Quand  la  marchandise  est 
molle,  elle  s'aplatit  en  rond, 
comme  une  tarte,  dont, 
d'ailleurs,  elle  a  la  couleur. 
Dans  le  peuple,  on  dit  : 

—  Je  viens  de  faire  une 
tarte  bourbonnaise. 

Encore  un  emprunt  à  Ra- 
belais (Argot  des  voleurs). 

TAS  (Être  sur  le)  :  Être  à 
l'ouvrage. 

—  Nous  avons  un  tas  d»' 
besogne  pour  beaucoup. 
—  J'ai  un  tas  de  choses   à 
vous  écrire,  pour  quantité. 

—  Ma  marmite  est  sur  le 
tas. 


284 


TAU 


TEN 


Pour  indiquer  qu'elle 
est  couchée  avec  un  miche 
(Argot  du  peuple  et  des 
souteneurs).  N- 

TASSO  :  Nez. 

—  Je  vais  te  houffer  le 
tasso  (Argot  du  peuple).  V. 
Blaire. 

TATA  :  Les  enfants,  les  pe- 
tites lilles  disent  de  Tune 
d'elles  qui  fait  des  maniè- 
res : 

—  Elle  ftnt  sa  tata. 

Dans  le  mondes  des  équi- 
voques une  tata,  c'est  le 
passif. 

11  existe  un  chanson  sur 
ce  sujet  : 
C'est  nous  qui  sommes  les  tatas 
(Argot  du  peuple). 

TATE-MINETTE  :  Sage- 
femme  (Argot   du  peuple). 

TATEUSE  :  Fausse  clé. 

Ce  nom  indique  bien  l'ac- 
tion ;  avec  une  fausse  clé, 
si  bien  faite  soit  elle,  il  faut 
que  le  voleur  taie  la  ser- 
rure avant  de  l'ouvrir  (Ar- 
got des  voleurs). 

TAUDION  :  Chambre  mal- 
propre, infecte. 

—  N'entrez  pas  dans 
mon  iaudion,  un  chat  n'y 
trouverait  pas  ses  petits. 

—  Sa  chambre  est  un 
taudis. 

On  dit  aussi  un  chenil 
(Argot  du  peuple). 


TAULE  ou  TOLE  :  La  mai- 
son. 

Les  maîtres  de  maisons 
de  tolérance  sont  appelés 
des  tôliers. 

C'est  une  allusion  à  hi 
tôle  qui  barde  les  portes  de 
ces  maisons  dans  quelqiiis 
villes  de  province,  pour  h  s 
défendre  contre  les  tajia- 
geurs. 

C'est  tôle  qui  est  le  vrai 
mot  (Argot  des  souteneurs  . 

TAUPER:  Travailler.  Z.  Z. 

Tauper  veut  dire  accos- 
ter. 

Quand  les  compagnons 
faisaient  le  tour  de  France, 
et  que  deux  marchaient  en 
sens  inverse  sur  la  grande 
route,  ils  s'interpellaient  : 

—  Tojje.^  pays,  quelle 
vocation  ? 

—  Serrurier. 

—  Passe  au  large. 

S'ils  étaient  du  même 
métier,  ou  dé  la  même  so- 
ciété, ils  fraternisaient,  au- 
trement ils  se  battaient. 

Cela  s'écrit  toper  et  non 
tauper.  Toper  veut  aussi 
dire  :  conclure. 

—  Affaire  %ilé,  tope-Và 
(Argot  du  peuple). 

TENDEUR  :  Homme  qui  est 
toujours  prêt  à  satisfaire 
une  femme  gourmande  et 
passionnée  (Argot  du  peu- 
ple). 


Tirr 


TET 


•285 


TERRER  :  Tuer. 

Mot  à  mot  :  préparer  les 
gens  pour  la  terre. 

C'est  cette  expression  qui 
a  donné  naissance  au  mot 
enfouissage  pour  les  libre- 
penseurs  qui  ne  passent  pas 
par  Téglise  (Argot  des  vo- 
leurs et  du  peuple).  N. 

TERREUR  :  Nom  donné  aux 
maquereaux  dans  les  an- 
ciennes banlieues  de  Paris  ; 
il  y  a  généralement  une 
terreur  par  quartier  (Argot 
des  souteneurs). 

TER  RI  ÈRE  :  Raccrocheuse 
qui  pousse  son  persil  dans 
les  terrains  vagues  (Argot 
des  souteneurs). 

TESIÈRE  :  Toi. 

Il  y  a  plusieurs  variantes 
de  ce  mot  :  tesigiie,  te- 
aigo  et  téshigard. 

I'^5?<?r<? est  l'expression  la 
plus  usitée. 

—  La  Môme-Livarot  a 
un  béguin  carabiné  pour 
lesière  (Ai^ot  des  soute- 
neurs). 

TETASSES  :  Seins  qui  pen- 
dent jusque  dans  les  bas  de 
celles  qui  les  possèdent  (Ar- 
got du  peuple).  V.  Cale- 
basse, 

TÈTE  CARRÉE  :  V.  Albo- 
che. 

TÈTE  DE  ROIS  :  Visage  peu 
expressif. 


Dans  le  peuple,  on  dit 
aussi  :  il  a  été  sculpté  dans 
un  marron  d'Inde,  quand 
l'individu  à  qui  cette  ex- 
pression s'adresse  est  laid 
à  faire  peur  (Argot  du  peu- 
pie). 

TÈTE  DE  CARTON  :  Visage 
sans  expression. 

Allusion  à  la  poupée  (Jo- 
séphine) des  modistes  (Argot 
du  peuple). 

TÈTE  DE  CHOUCROUTE  : 
V.  Alboche. 

TÈTE  DE  PIOCHE  :  Individu 
à  la  tête  dure  qui  ne  veut 
rien  apprendre. 

Allusion  à  la  dureté  de 
l'acier  trempé  de  la  pioche 
(Argot  du  peuple).  N. 

TÉTER  UNE  GOUTTE  :  Faire 

téter  une  goutte,  à  quel- 
qu'un :  le  battre. 

Boire  une  goutte  :  se 
noyer. 

Au  régiment  quand  un 
soldat  est  atteint  de  la  nos- 
talgie, les  camarades  lui 
disent  : 

—  Tu  voudrais  bien  aller 
téter  une  goutte. 

Téter  une  goutte,  boire 
un  verre  sur  le  zinc  (Argot 
du  peuple).  N. 

TÈTES  DE  CLOUS  :  Carac- 
tères usés,  qui  n'en  peu- 
vent plus. 

—  Il  est  rien  dégueiUbif, 


286 


TIN 


TIR 


le  canard  que  nous  compo- 
sons avec  des  têtes  de  clous 
(Argot  d'imprimerie). 

TIC  HE  :  Bénéfices. 

Synonyme  de  guette. 

Prime  que  les  directeurs 
de  magasins  de  nouveautés 
donnent  aux  commis  qui 
parviennent  à  vendre  de  la 
marchandise  avariée  ou  des 
rossignols, 

Tiche.  en  ce  cas,  est  de  la 
même  famille  ({\\aff'ure 
(part  de  vol)  (Argot  des  ca- 
licots) . 

TIERCE  (La)  :  Association 
de  faux  monnayeurs  ;  comme 
ils  sont  généralement  trois  : 
le  fahricateur,  \ émetteur 
et  un  complice  de  réserve, 
de  ce  nombre,  la  tierce 
(Argot  des  voleurs), 

TIFFES  :  Les  cheveux. 

Ti(fe  est  une  corruption 
de  tignasse  (Argot  des  vo- 
leurs). A^- 

TIGNER    D'ESBROUFFE   : 

V.  Riffe. 

TIMBRÉ  :  A  moitié  fou. 

Avoir  reçu  un  coup  de 
marteau  (Argot  du  peuple). 
V.  Mailloche. 

TINE  :  La  foule. 

Réunion  de  souteneurs 
et  de  voleurs. 

Delvau  dit  dédaigneuse- 
ment que  cette  expression 


est  due  à  «  quelques  Vau- 
gelas  de  la  Roquette  »,  que 
le  vrai  mot  est  ligne. 

Pas  le  moins  du  monde  ; 
dans  le  peuple  on  dit  : 

TigneAé,  pour  :  le  pren- 
dre par  les  cheveux. 

ligner  est  également 
synonyme  de  rechigner 
(Argot  des  voleurs).  N. 

TIOLÉE  (En  avoir  une)  :  Se 
dit  dans  le  peuple  d'une 
lamille  qui  a  de  no.nbreux 
enfants  : 

Ils  sont  toute  une  tiolée. 

C'est  une  corruption  du 
mot  tôle  qui  veut  dire  mai- 
son. 

Il  y  en  a  plein  la  tôle 
(Argot  du  peuple).  N- 

TIRANTES  :  Jarretières.  A. 
D. 

Le  mot  est  impropre  ; 
c'est  serrantes. 

En  elïet,  la  jarretière 
serre  la  jambe  ou  la  cuisse 
suivant  la  façon  dont  elle 
est  placée. 

Il  est  vrai  qu'elle  tire 
le  bas,  mais  c'est  en  le 
serrant  (Argot  des  vo- 
leurs). 

TIRANTS  :  Bas. 

Tirants  radoucis  :  bas 
de  soie. 

Tirants  de  tremilet  : 
bas  de  fd. 

Tirants  de  ftlsangue  : 
bas  de  filoselle. 


TIR 


TOC 


287 


) 


Tirants  à  la  maïKjnc  : 
bas  déchirés. 

Allusioi)  aux  inailles  qui 
manquent  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

TIRE-JIS  :  Mouchoir. 

Le  mot  n'est  pas  ragoû- 
tant, mais  il  exprime  bien 
le  fait  de  tirer  le  fus  des 
narines  (Argot  du  peuple). 

TlHEiJHE  :  La  tète. 

Allusion  à  la  bouche  ((ui 
représente  exactement  l'ou- 
verturc  par  laquelle  on 
introduit  les  pièces  de 
monnaies  dans  une  tii'eiire. 

Tirelire  veut  aussi  dire 
le  contraire  de  la  tète,  mais 
celle-là  ne  contient  que  de 
la  monnaie  pour  la  compa- 
gnie Richer  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

TIHELIUE  :  Toutes  les  lilles 
publiques  mettent  l'argent 
que  les  miches  leur  don- 
nent pour  leurs  gants, 
dans  leurs  bas. 

Leurs  bas  sont  des  tire- 
iires{Xrgo[  des  souteneurs) 
X. 

TIRE-MONDE  (Madamei.  Y. 
Guette  au  trou. 

TIRER  LE  DL4BLE  PAR 
LA  QUELE  :  11  y  en  a  (la 
moitié  de  Paris)  qui  passent 
leur  temps  à  celle  b  sogne. 
sans  être  jamais  avancés  un 
irmr  pln«;  qn<^  r.-iijtrp. 


La  misère  ne  les  lâche 
pas. 

Ce  pauvre  diable,  depuis 
le  temps  que  l'on  la  lui 
tire ,  n'en  devrait  plus 
avoir  (Argot  du  peuple). 

TIRER  UN  BOUCHON  : 
Voleur  qui  t'ait  dix  ans  du 
pi'ison  (Argot  des  voleurs). 

TIRER  LA  LANGUE:  Courir 

à  en  perdre  haleine. 

Faire  tirer  la  langue 
à  un  débiteur  en  lui  pro- 
mettant de  l'argent. 

Tirer  la  langue  :  avoir 
faim,  attendre  après  quel- 
que chose  qui  ne  vient  ja- 
mais (Arçot  du  peuple). 
N. 

TOC  :  Bijoux  de  mauvais 
aloi. 

Personnage  contrelait  ;  se 
(iit  de  tout  ce  qui  n'est  ni 
bien  ni  correct  (Argot  du 
peuple) 

TOCASSE  :  Méchant. 

On  dit  également  tocas- 
serie  pour  méchanceté. 

Tocasserie  est  assuré- 
ment une  corruption  ^etra- 
casserie  (Argot  des  vo- 
leurs). 

TOC  AS  SON  :  Fille  qui  de- 
puis des  années  est  dans  la 
circulation,  qui  veut  conser- 
ver dos  airs  de  jeunesse  et 
se  l'efuse  k  dételer  %o\\ 
vieux  fiacre. 


288 


TOM 


TOO 


—  Crois-Ui  que  c'est  pas 
dégoûtant,  la  mère  Tocas- 
son  qui  ti'ime  encore  à  72 
herges  (Argot  des  tilles). 

TOILETTE  (La)  :  Avant  le 
règne  de  M.  Deibler,  la 
toilette  des  condamnés  à 
mort  durait  une  grande  de- 
mi-heure, une  éternité  ; 
aujourd'hui,  le  mot  est 
resté,  mais  pour  la  forme 
seulement,  car  on  ne  la  leur 
fait  plus. 

Chaque  semaine,  les  con- 
damnés sont  rasés  et  ont 
les  cheveux  coupés  :  on  leur 
épargne  ainsi  une  torture 
inutile. 

Ileindrich,  l'avant-der- 
nier  bourreau,  recomman- 
dait toujours  à  ses  aides  de 
se  dépêcher  pour  ne  pas 
laisser  le  condamné  vieillir 
(Argot  des  voleurs).  • 

TOLLARD  :  Bureau.  A.  D. 

C'est  une  grave  erreur. 
Tollard,  dans  les  prisons 
centrales,  veut  dire  :  bour- 
reau. 

Bureau,  c'est  hurlin- 
gue  (Argot  des  voleurs). 
N. 

TOMBER  MALADE:  Être 
arrêté,  alors  qu'on  se  croyait 
en  sûreté. 

Si  l'arrestation  a  lieu  à 
la  rencontre,  c'est-à-dire  si 
on  rencontre  fortuitement 
l'agent  qui  vous  recherchait, 


on  dit  :  tomber  le  nez  des- 
sus (\rgot  du  peuple).  N . 

TOMBER  A  PIC  :  On  va  se 
mettre  à  table,  vous  tom- 
bez à  pic. 

Mot  à  mot  :  Vous  arri- 
vez bien. 

—  J'étais  dans  la  purée, 
ma  tante  vient  de  claquer 
Cl  pic  (Argot  du  peuple). 

TOMBER  PILE  :  Tomber  sur 
le  cul. 

Les  ouvriers  typographes 
disent  : 

— Il  est  tombé  sur  le  côté 
de  deux  (Argot  du  peu- 
ple]. 

TOMBER  SUR  LE  DOS  ET 
SE  FAIRE  UNE  BOSSE 
AU  VENTRE  :  Cela  pa- 
raît être  un  fait  extraordi- 
naire ;  pourtant  rien  n'est 
plus  commun. 

C'est  la  secousse  qui 
est  cause  de  ce  phénomène 
qui  dure  neuf  mois  (Argot 
du  peuple). 

TOMBEUR  :  Homme  fort. 

Lutteur  qui  tombe  tous 
ses  adversaires. 

Tomber  une  femme  :  la 
séduire,  la  faire  céder. 

Dans  les  cercles,  le  crou- 
pier dit  :  cinq  louis  qui 
tombent  (Argot  du  peuple). 

TOQUANTE  :  Montre  de  peu 
de  valeur. 

Double   sens  :    elle  fait 


TOR 


TOR 


289 


iic-ioc  et  elle  est  en  toc 
(Argot  des  voleurs). 

TOQUARD  :  A.  Delvau  et 
M.  Loredan  Larchey  écri- 
vent tocard. 

Ces  écrivains,  pas  plus 
que  moi,  n'ont  inventé  l'ex- 
pression ;  j)our  trouver  la 
véritable  orthographe,  il 
était  donc  inutile  de  remon- 
ter à  la  source. 

Je  trouve  dans  une  vieille 
chanson  ceci  : 

Maiiit'nant    tu    i' toquardes 

I  de  la  frime, 

Tes  deux  oranges  tombent 

I  dans  tes  bas. 

T'es  des  mois   sans    chan- 

I  ger  de  lime, 

Va  mènre  des     mois  qu'tu 

I  n'en  a  pas. 

C'est  donc  toquard  qui 
est  le  vrai  mot  (Argot  du 
peuple), 

TOKCHKR  LE  CUL  DE 
MEKDE  (Se)  :  Ce  n'est 
pas  le  comble  de  la  pro- 
preté, mais  cette  expres- 
sion caractéristique  dit  bien 
le  peu  de  cas  que  l'on  fait 
de  quelqu'un  et  combien  on 
le  méprise  (Argot  du  peu- 
ple). 

TORD  BOYAUX  :  Mauvaise 
eau-de-vie. 

Elle  corrode  l'estomac 
et  tord  littéralement  les 
J)oyaux  des  malheureux 
abrutis  qui  recherchent  cet 
horrible  breuvage  (Argot  du 
peuple). 


TORPILLE    D'OCCASION  : 

Eille  publique. 

Ainsi  nommée  parce 
qu'elle  lait  sauter  la  bourse 
des  pautes  (Argot  des  sou- 
teneurs). 

TORTILLAxNÏE  :  Le  cep  de 

vigne  qui  pousse  en  espa- 
lier devant  les  maisons 
dans  les  campagnes. 

Allusion  au  bois  qui  se 
tortille  de  mille  façons. 

Claude Tillicr a  écrit  dans 
un  de  ses  pamphlets  : 

—  Nos  pères  étaient  faits 
de  ce  bois  noueux  et  tor- 
tillé dont  on  fait  les  forts 
(Argot  du  peuple).  . 

TORTILLARD  :    Fil  de   fer 
(Argot  des  voleurs). 

TORTILLER  :  Manger. 

—  Il  te  tortille  un  mor- 
ceaii  de  lartif  en  une  bro- 
quille. 

Se  tortiller  pour  ne  pas 
vouloir     dire  la    vérité  : 
chercher     des      faux- 
fuyants. 

—  As-tu  vu  comme  elle 
tortille  des  fesses  en  mar- 
chant ? 

—  Il  n'y  a  ipi\s  h  tortiller 
du  ciol,  il  faut  que  tu 
avoues. 

— Il  ne  faut  pas  tortiller, 
faut  y  passer  (Argot  du 
peuple). 

TORTU  :  Le  vin. 

—  Allons,   raastroquet, 

17 


290 


TOU 


TOU 


sers-nous  deux  choleltes  de 
tortu. 

Cholette  :  chopine,  tor- 
tu :  le  vin,  en  souvenir  du 
bois  torti(>  qui  produit  le 
raisin  (Argot  du  peuple). 

TORTORER  :  Manger  (Ar- 
got des  souteneurs). 

TORTORENT  :    Gargote    où 
l'on  mange  (Argot  des  sou 
teneurs), 

TOUILLER  :  Remuer. 

—  Touille  ton  café  pour 
faire  fondre  le  sucre  (Ar- 
got du  peuple).  N'. 

TOUPET  (Avoir    du)  :   Avoir 

un  aplomb  formidable. 
Se  payer  de  toupet  pour 

affronter  quelqu'un. 

On  dit  dans  le  peuple  : 
— 11   a  plus  de  toupet 

que  de  cheveux  (Argot  du 

peuple). 

TOUR  (LA)  :  La  Conciergerie 
et  le  Palais  de  justice. 

Allusion  à  la  tour  de 
l'horloge. 

A  ce  propos,  une  légende 
populaire  veut  que  cette 
horloge  ait  sonné  l'heure  du 
signal  pour  le  massacre  de 
la  Sainl-Rarthélémy  (Argot 
du  peuple). 

TOUR  POINTUE  (La)  :  Pré- 
fecture de  police  (Argot 
des  voyous). 

TOURBE  (Être  dans  la).  V. 
Purée. 


TOURBE  :  La  lie  du  peuple. 
Populace,  le  plus  bas  qu'il 
soit  possible  de  l'imaginer 
(Argot  du  peuple). 

TOURLADE  :  Les  forçats, 
autrefois,  quand  le  bagne 
était  à  2'oîclon,  appelaieni 
cette  ville  Tourlade.  Chan- 
gement d.'  finale  (Argot  d<'s 
voleurs). 

TOURNANTE  :  Clé. 

Elle  fait  en  elfet  tourner 
le  pêne  dans  la  serrure  (Ar- 
got des  voleurs). 

TOURNANTE:  V.  Anguille. 

TOURNE-YIS  :  V.  Hiron- 
delle de  potence. 

TOURNE-YIS:  Chapeau  ^ 
cornes  que  portent  les  gen- 
darmes. 

Ce   terme  s'est   généra 
lise,    il  est    employé  pour 
tous  les  chapeaux  quelles  que 
soient  leurs  lormes  (Argot 
du  peuple). 

TOURNER     DE     L'OEIL  : 

Mourir  (Argot  du  peuple). 

TOURNIGUE  :  V.  Blaire. 

TOURTOUSE  :  La  corde. 

Tourtoiiser  :  lier. 

Tourtoiisier  :  le  cordier 
(Argot  des  voleurs). 

TOURTOUSINE  :  La  ficelle. 
Allusion  à  la  torsion  du 
chanvre  par  le  cordier  (Ar- 
got du  peuple). 


TRA 


TRE 


291 


FRAC  :  Peur. 

Tracquer  :   avoir  peiu'. 

— ■  J'ai  un  Irac  à  tout 
casser  (Ai'u<>l  'lu  jMMipIc). 
V.  Taf. 

THAIN  11  (Le)  :  Les  jambes. 

Ctlui  qui  ne  peut  pas  se 
l)ayer  do  voilure,  liacre  ou 
omnibus,  prend  le  train 
II. 

Quand  on  joue  au  lolo, 
celui  qui  ap[)elle  les  numé- 
ros, (piand  il  tire  le  nu- 
méro 11,  crie  : 

—  11,  les  deux  jambes 
à  ma  tante  (Argot  du  peu- 
ple). 

TRAÎNÉE  :  Fille  publique  qui 
traîne  partout  à  la  recher- 
che de  clients. 

Traînée  est  un  gros 
terme  de  mépris  employé 
par  le  peuple  vis-à-vis  d'une 
lemme. 

Ti'aînée  :  synonyme  de 
rouleuse  (Argot  du  peu- 
pie). 

ÏRAINELSE  :   V.  Rôdeuse. 

TRALNEUSE  :  Robe. 

Allusion  à  la  traîne  de 
la  robe  qui  balaye  les  trot- 
toirs. 

On  dit  également  :  une 
balayeuse  (Argot  du  peu- 
ple). 

TRA.\CIIE-LARD  :  Couteau. 
Allusion    au   couteau  du 
charcutier. 


On  dit  aussi  :  un  vmgt- 
deux  (Argot  du  peuple). 

TRANCHE:  Le  visage. 

Tranche  est  aussi  un 
terme  d'amitié  et  de  fami- 
liarité : 

—  Tiens,  comment  vas- 
tu,  ma  vieille  tranche  ? 
(Argot  du  peuple).  N'- 

TRAVAILLER    DANS    LE 
RATLMENT   :   Voler   avec 
ellraction  dans  les  maisons. 
L'expression    est    pitto- 
resque (Argot  des  voleurs). 

ÏRAVIOLES  :  Avoir  des  in- 
quiétudes. Z.  L. 

Tramoles  •  aller  de  tra- 
vers, pochard  (\\\\ festonne. 
Celui-là  est  loin  d'avoir  des 
inquiétudes,  car  il  ne  pense 
guère  au  lendemain. 

Lue  jeune  tille  qui  dé- 
raille et  devient  rosière  de 
la  Maternité,  va  de  tra- 
violes,  de  travers  dans  la 
vie  (Argot  du  peuple).   N. 

TRÈFLE  :  Tabac   (Argot  du 
peuple). 

TRÉFOIN  :  Tabac. 

Ce  mot  est  très  vieux;  il 
est  employé  par  Eugène  Sue 
dans  les  Mystères  de  Pa- 
ris. 

—  Pas  de  tréfoin  à 
mettre  dans  ma  chi/furde. 
(Argot  des  voleurs). 

TREMBLOTTE  :  La  fièvre. 
Allusion  au  trembleme7it 
qu'elle  produit. 


292 


TRI 


TRI 


On  dit  d'un  homme  qui  a 
peur  de  la  moindre  des  cho- 
ses :  il  a  la  tremhlotte. 

C'est  aussi  un  truc  em- 
ployé par  les  mendiants 
pour  exciter  la  charité  pu- 
blique ;  ils  font  semblant  de 
tremhler. 

Mot  à  mot  :  de  grelotter 
(Argot  du  peuple).  N- 

TliÈPE  :  Ne  veut  pas  dire  la 
foule,  comme  le  disent  les 
dictionnaires  d'argot  ;  ce 
mot  veut  dire  clientèle, 
d'après  LoysseL 

Faut  pas  blaguer,    le   trépe  est 

f  haih 

Dans  ce  taucUon,  i  s"ti'ouve  des 

I  rupins 

Si  queuq's  gonciers    traînent  la 

I  savate 

J'en    ai    r'buurré   qu'ont  d'scar- 

I  pins. 

(Argot  des  voleurs). 

TliESSER  DES  CHAUS- 
SONS DE  LISIÈRES  : 
Occupation  des  prisonniers 
dans  les  maisons  centrales. 
—  A  tresser  des  chaus- 
sons de  lisières  pendant 
dix  berges ,  j'ai  a/f'uré 
quatre  signes!  (Argot  des 
voleurs). 

TRICIIARD  :  Tricheur. 

Voler  au  jeu  (Argot  du 
peuple). 

TRICHER  :  V.  Gêné. 

TRIEOUILLÉE  :  Remuer, 
chercher  en  bousculant  tout. 
A.  D 


Trifouillée,  c'est  trois 
fois  fouiller,  mais  le  peuple 
ne  donne  pas  ce  sens  à  cette 
expression. 

Trifouillée  veut  dire 
battre. 

—  .Je  vais  te  colbr  une 
tri  fouillée  en  cm({  sec  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

TRIMARD  :  Chemin. 

Grand  trimard  :  grande 
route  (Argot  des  voleurs). 

TRIMARDER  :  Voyager. 

Qimnd  un  apprenti  a  ap- 
pris son  état,  pour  se  for- 
mer, il  fait  son  tour  de 
France. 

Il  trimarde,  mais  en 
travaillant. 

Mot  à  mot  :  parcourir 
les  grandes  routes. 

Ceux  qui  trimardent  ne 
sont  autre  chose  que  des 
vagabonds  ;  ils  ont  une  pro- 
fession, mais  ne  travaillent 
jamais.  Cette  profession 
leur  sert  pour  mendier. 

Le  truc  est  des  plus  sim- 
ples : 

Le  trimardeur,  suppo- 
sons le  compositeur  typo- 
graphe, entre  dans  un  ate- 
lier avec  la  quasi-certitude 
({u'il  ne  sera  pas  embauché, 
c'est  ce  qu'il  souhaite.  11 
demande  wzf<?/^^;  on  lui  ré- 
pond qu'il  n'y  a  pas  de 
place  vacante,  alors  il  lâche 
son  boniment  : 

—  Il  vient  de  loin,  de 
Paris  ;    il  a  été  malade  en 


TRI 


TRI 


293 


chemin,  il  est  dans  la  plus 
aflreuse  misère,  il  sollicite 
la  permission  de  l'aire  la 
cpiète.  Le  patron  donne,  les 
compagnons  donnent  aussi  ; 
il  savent  bien  (pie  c'est  un 
fainéant,  mais  les  typos  ont 
bon  cœur,  ils  préfèrent  être 
volés  dix  fois  que  d'en  re- 
fuser une  à  une  misère  vé- 
ritable. 

Avec  ce  métier,  les  tri- 
mardeiirs  sont  les  gens  les 
plus  heureux  du  monde 
(Ai^got   d'imprimerie).    N. 

TRIMARDEUSE  :  Fille  pu- 
blicpie  qui  fait  le  trottoir. 

L'asphalte  n'est  pas  la 
grande  route,  on  l'appelle 
néanmoins  le  triinard 
parce  que  la  lille  y  trime 
(Argot  des  souteneurs). 

TRL>L\NCHER  :  Marcher. 
Même    signification    que 
trimarder  (Argot  (bi  peu- 
ple). 

ÏRIMRALLEUR     DE     RE- 
FROIDIS :   Le  cocher  qui . 
conduit  les  corbillards. 

—  Ce  qui  m'emmerde, 
quand  je  serai  refroidi^ 
c'est  d'être  trimballé  par 
Voranibus  à  coni  (Argot  des 
voleurs). 

1T{IMER  :  Aller  et  venir  inu- 
tilement, se  morfondre.  A. 
D. 

De  trimer  on  a  fait  tri- 
raards  raccrocher,  c'est-à- 


dire  travailler,  c'est  le  vrai 
sens  du  mot. 

—  Je  trime  d'un  bout 
de  l'année  à  l'autre  pour 
élever  mes  gosses,  et  je 
n'en  suis  pas    plus  avancé. 

Trimer  veut  dire  tra- 
vailler péniblement  (Argot 
du  peuple).  iV. 

TRINQUER  :  Boire  en  cho- 
quant son  verre. 

Trinquer  :  recevoir  une 
volée  (Argot  du  peuple). 

TRIPAILLE  :  Enfant  (Argot 
des  voleurs).  V.  Loiipiau. 
N. 

TRIPATROUILLAGE  :  Tripo- 
ter dans  les  poches  de  quel- 
qu'un. 

Tricoter  dans  une  caisse 
ou  un  tiroir. 

—  Vous  n'allez  pas  bien- 
tôt finir  de  me  tripatrouil- 
ler,  vous  allez  me  chif- 
fonner (Argot  du  peuple). 
N. 

TRIPES  :  Tétons  déformés, 
élastiques  comme  un  mor- 
ceau de  caoutchouc. 

Allusion  au  morceau  de 
tripe  que  les  tripiers  nom- 
ment le  bonnet  :  c'est  la 
panse  (Argot  du  peuple). 

TRIPOTÉE  :  (En  donner  ou 
en  recevoir  une). 

—  Il  a  reçu  une  rude 
tripotée. 

On  dit  aussi  tripotée 
pour  beaucoup. 


294 


TRO 


TRO 


—  raiune  tripotée  d'en- 
fiints  qui  me  font  perdre  la 
lète  (Argot  du  peuple). 

TRIPOTEURS  :  Individu  qui 
t7'ipote  une  femme. 

Boursier  qui  tripote,  à 
la  Bourse,  des  affaires  mal- 
propres et  louches. 

On  dit  AUSSI  pairicoter 
(Argot  du  peuple) .  N'. 

ÏRIQUE  :  Surveillance. 

Casser  sa  trique,  rom- 
pre sa  surveillance. 

Tripier  (Être)  :  être 
condamné  à  la  surveillance. 

Allusion  ancienne,  quand 
autrefois  les  condamnés 
étaient  pendant  cinq  ou  dix 
ans  sous  la  trique  des  ar- 
gousins  (Argot  des  voleurs). 

TROGNE  :  Le  visage. 

Quand  un  individu  a  la 
trogne  couperosée,  dans  le 
peuple,  on  lui  lance  cette 
plaisanterie  : 

— ■  C'est  ta  femme  qui 
boit,  et  c'est  toi  qui  a  le 
nez  rouge. 

Avoir  une  trogne  de  vin 
de  Bourgogne,  c'est  une 
trogne  d'ivrogne  (Argot 
du  peuple). 

TROGNON  :  Expression  de 
tendresse,  comme  mon  pe- 
tit chat,  mon  petit  lapin 
bleu. 

Qu'il  est  joli,  qu'il  est  mignon, 
Qu'il  est  gentil  mon    p'tit  tro- 
I  gnon, 
(Argot  du  peuple). 


TROLLER  :  Porter.  A.    D. 

Troller  veut  dire  mar- 
cher. 

—  On  te  voit  troller 
partout,  tu  ne  travailles 
donc  pas? 

n  existe  au  faubourg  An  - 
toine  des  ouvriers  ébénistes 
en  chambre  qui  confection- 
nent des  meubles  pour  leur 
compte. 

Ils  troUent  pour  les 
*n'endre  depuis  la  rue  de  la 
Muette  jusqu'à  la  Bastille, 
généralement  le  samedi  ; 
ce  jour-là,  le  trottoir  se 
nomme  la  trolle  (Ai^ot  des 
ébénistes).  N- 

TROMBILLE  :  Bête,  quelle' 
que  soit  sa  race  (Argot  des 
voleurs). 

TROMBOLEER  :  Aimer  au- 
trement que  platonique- 
ment. 

—  Je  vais  tromboller 
ma  gonzesse  (Argot  des 
souteneurs). 

TROMPE-LA-MORT  :  Indi- 
vidu condamné  par  les  mé- 
decins, qui  n'en  meurt  pas 
plus  vite  pour  cela. 

—  Il  trompe  la  mort 
qui  le  guette. 

On  dit  également  : 

—  Il  a  repris  du  poil  de 
la  bête. 

Cette  expression  ;  trompe 
la  mort,  date  de  18i8. 

Un  ouvrier  forgeron,  ar- 
rêté sur  une  barricade,  lors 


TRO 


TRO 


295 


de  l'insurrection  de  Juin, 
fut  conduit,  avec  un  groupe 
(le  coml)atlants,  à  la  tom- 
bée de  la  nuit,  au  Champ 
de  Mars,  où  se  faisaient  en 
masse  les  exécutions  som- 
maires. On  fusillait  les  mal- 
lieureux  rang  par  rang. 

11  était  au  second  rang; 
par  une  présence  d'esprit 
incroyable,  à  ce  moment 
suprême,  il  tomba  en  même 
temps  que  le  premier  rang; 
on  n'y  lit  pas  attention. 

Vers  onze  heures  du  soir, 
l'exécution  terminée,  des 
tond)ereaux  vinrent  enlever 
les  cadavres  pour  les  trans- 
porter au  cimetière  Mont- 
martre et  les  jeter  dans  la 
fosse  commune. 

On  ne  les  recouvrait  j)as 
de  terre,  afin  que  les  fa- 
milles puissent  les  recon- 
naître le  lendemain. 

L'ouvrier  avait  eu  la 
nialechance  d'être  jeté  au 
fond  du  tombereau;  il  était 
inondé  du  sang  qui  coulait 
sur  lui. 

Pendant  le  trajet,  après 
des  efforts  inouïs,  il  parvint 
à  se  hisser  au-dessus  des 
cadavres;  il  sauta  h  bas 
de  la  lugubre  voiture  sans 
être  aperçu,  et  alla  se  ca- 
cher chez  un  ami. 

Le  calme  revenu,  il  ren- 
tra à  l'atelier.  Stupéfaction 
générale.  Les  camarades, 
qui  connaissaient  l'aventure, 
lui  crièrent  : 


—  Tiens  !  voilà  Trompe 
la  mort. 

Il  l'avait  rudement  trom- 
pée, car  il  ne  mourut  qu'en 
1888,  à  l'âge  de  quatre- 
vingts  ans. 

Trompe  la  mort  (Argot 
du  peuple). 

TRONCHE  :  Tête  (Argot  des 
voltîurs). 

TRONCHE  DE  REFROIDI  : 

Fromage  de  Hollande,  connu 
plus  généralement  sous  le 
nom  de  têle  de  mort  (Ar- 
got des  voleurs). 

TRONCHER  :  Le  vocable 
s'explique  suffisamment  par 
ceci  : 

—  Ribi  a  tronche  h  môme, 
elle  a  avalé  le  pépin  (Ar- 
got du  peuple). 

TRONE  (Être  sur  le)  :  Être 
assis  sur  la  lunette  des 
chiottes. 

Quand  ça  va  bien,  sûre- 
ment, on  est  plus  heureux 
qu'un  roi  assis  sur  le  trône 
(Argot  du  peuple). 

TROP  CUIT  :  Femme  ayant 
des  cheveux  rouges. 

—  Elle  a  été  trop  long- 
temps enfournée,  elle  est 
trop  cuite  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

TROP  TOT  VELE  :  Enfant 
venu  avant  terme. 

Allusion  au  veau  mort- 
né. 


296 


TRO 


TRO 


Avorton  chétif  et  ma- 
lingre (Argot  du  peuple). 

TROTTEUSE  :  Montre  qui 
marque  les  minutes. 

Trottevse-.  fille  publique 
infatigable  qui  trotte  du 
soir  au  malin  pour  raccro- 
cher (Argot  des  soute- 
neurs). 

TROTTIN  :  Apprenti  modiste 
que  l'on  rencontre  arpen- 
tant les  rues  de  Paris,  por- 
tant une  petite  boîte  qui 
contient  un  chapeau. 

C'est  le  gavroche  fe- 
melle des  ateliers  de  mo- 
distes. 

Le  mot  n'est  pas  nou- 
veau. Scarron  dit  quelque 
part  : 

Ensuite     il     appelle     un 
I  trottin. 

(Argot  du  peuple). 

TROTTINETTES  :  Bottines 
(Argot  des  voleurs). 

TROTTOIR  :  S'entend  de 
deux  façons. 

Faire  le  trottoir,  rac- 
crocher. 

Il  n'est  pas  nécessaire 
pour  faire  le  trottoir  d'être 
sur  le  trottoir. 

Le  trottoir  est  partout 
où  la  femme  lève  l'homme. 

Pendant  l'Exposition  de 
1889,  le  trottoir  de  ces 
dames  é(ait  le  pont  de 
l'Aima. 

A  ce  sujet,  on  avait  fait 
ce  calem bourg  : 


—  Les  putains  préfèrent 
le  pont  pour  voir  le  vélum 
(Ai^ot  des  filles).  N. 

TROU  DE  BALLE  :  Le  der- 
rière. 

On  dit  aussi  :  la  lu- 
mière (Argot  du  peuple). 

TROUFFION:  Petit  trou- 
pier (  Argot  du  peuple) .  N. 

TROUILLE  :  Domestique 
malpropre,  femme  du  peu- 
ple rougeaude  et  avachie. 
A.D. 

Trouille  ne  se  prend  pas 
en  ce  sens  ;  cela  veut  diie  : 
tu  n'as  pas  j;(?%r. 

Trouille  est  synonyme 
de  hardiesse. 

—  Tu  n'as  pas  la 
^rcz^«7/^  d'entreprendre  une 
tâche  aussi  diflicile  (Argot 
du  peuple).  N. 

TROUILLOTER  DE  LA  HUR- 
LETTE  :  Puer  de  la  bou- 
che (Argot  du  peuple).  i\^" 

TROUVER  MAUVAISE  (La): 

Quand,  par  un  verglas  abo- 
minable, on  se  casse  la  fi- 
gure, elle  est  mauvaise. 

Quand  votre  femme  vous 
pond  un  gosse  tous  les  ans, 
elle  est  înauvaise . 

Quand  on  a  acheté  cent 
mille  francs  de  Panama, 
elle  est  mauvaise. 

En  un  mot  on  trouve 
mauvais  tout  ce  qui  vous 
arrive  de  désagréable  dans 
la  vie  (Argot  du  peuple). iST. 


TR[I 


TRU 


V97 


TIIOLVEUR  OU  PART  A 
DEUX.  V.  Ramastiq^ieur . 

TROUVEURS-FAUX  VEN- 
DEURS: Genre  de  vol  pra- 
tiqué aux  environs  des  ga- 
res de  chemins  de  1er. 

Il  consiste  à  feindre  de 
trouver  une  bague  en  cui- 
vre placée  à  l'avance  par 
un  complice  dans  un  en- 
droit désigné,  et  à  la  vendre 
comme  de  Tor  à  un  naïf 
qui  débarque  (Argot  des  vo- 
leurs). V.  Ramastiqueurs . 
X. 

TUl  G  :  Gonnaître  le  triic^ 
être  malin. 

Avoir  du  t7'uc,  avoir  les 
moyens  de  réussir. 

Truc  :  machine  de  théâ- 
tre employée  dans  les  fée- 
ries pour  un  changement  de 
décors  à  vue. 

Trîic  :  moyen  secret  que 
possède  un  individu  de  faire 
quelque  chose  (Argot  des 
camelots  et  des  saltimban- 
ques). 

TRUGHE  :  Est  une  manière 
spéciale  de  voler. 

Le  voleur  qui  la  pratique 
est  un  truchehr  (Argot  des 
voleurs). 

TRUFFE  :  Nez,  lorsqu'il  est 
gros  eu  forme  de  groin. 

Allusion  au  cochon  qui 
s'en  sert  pour  cheicher  des 
truffes. 

Ue  peuple  dit  aussi  :  pi- 
ton (Argot  du  peuple). 


TRUFF'É  :  Grétin,  niais,  im- 
bécile. 

Synonyme  d'andouille. 
On  dit  dans  le  peuple  : 

—  Il  est  ^rw//^/ de  bêtise, 
il  arrive  de  son  patelin.,  il 
n'est  pas  dessalé  (il  n'est 
pas  dégrossi). 

On  dit  également  : 

—  Il  est  truffe  à' 2iV%eni. 
Truffé,  pour  :  beaucoup 

(Argot  du  peuple). 

TRUFFE    DE    SAVETIER: 

Des  marrons. 

Le  marron  remplace  la 
truffé  chez  le  savetier, 
comme  la  pomme  de  terre 
remplace  Voraiige  pour  le 
Limousin  (Arçot  du  peu- 
ple). 

TRUMEAU  :  Gomédie  ou  vau- 
deville Louis  XV.  A.  D. 

Trumeau  signifie  vieille 
femme. 

On  dit  dans  le  peuple  : 

—  Sale  trumeau,  ta 
gueule  est  bonne  à  loutre 
dans  les  lieux  pour  faire 
chier  les  gens  de  peur 
(Argot  du  peuple).  N . 

TRUQUAGE  :  Se  dit  d'un 
meuble,  d'im  tableau  ou 
d'un  objet  d'art  qui  a  subi 
un  truquage  pour  lui  don- 
ner l'apparence  de  la  vé- 
tusté ou  le  style  d'une  épo- 
que. 

Il  y  a  des  truquages  cé- 
lèbres qui  ont  trompé  les 
plus  grands  amateurs. 

17. 


298 


TUB 


TUI 


Un  des  i)lus  souvent  mys- 
tifiés est  M.  de  Rosthscliiïd. 

Tout  le  monde  a  présent 
à  la  mémoire  le  fameux 
bouclier  acheté  100,000  fr., 
comme  datant  du  XV°  siè- 
cle, lequel  avait  été  déni- 
ché à  Rome  chez  un  bro- 
canteur. 

Ce  bouclier  avait  été  fa- 
briqué de  toutes  pièces  dans 
une  cave  de  la  rue  Bourg- 
Labbô,  et  ne  valait  pas  cent 
sous  (Argot  des  artistes 
peintres).  JV. 

TRUQUEUR:  Le  truqueur 
est  un  fdou  qui  va  de  vil- 
lage en  village  et  de  foire  en 
foire,  avec  un  petit  jeu  de 
hasard  qu'il  exploite  habile- 
ment. 

Ce  jeu  est  généralement 
un  chandelier  lait  avec  les 
débris  d'un  vieux  chapeau  ; 
il  met  un  sou  sur  le  chan- 
delier qui  est  placé  dans 
une  assiette.  Il  s'agit,  au 
moyen  d'une  longue  ba- 
guette d'osier,  de  fttire  tom- 
ber le  chandelier  et  que  le 
sou   reste   dans    l'assiette. 

Cela  n'arrive  jamais,  à 
moins  de  connaître  le  truc. 

Il  y  a  une  masse  de  tru- 
queurs, surtout  en  cette 
fin-de-siècle  oti  tout  est 
truc  pour  gagner  sa  vie. 
(Argot  du  peuple).  ISf. 

TUBE    :    Chapeau    haut    de 
forme. 


On  dit  aussi  :  tuyau  de 
'poêle  (Argot  du  peuple). 

TUBE  :  Le  gosier. 

Dans  le  peuple,  on  dit  do 
celui  qui  a  le  ventre  creux  : 

—  11  n'a  rien  à  se  mettre 
dans  le  tube. 

Boire  un  bon  coup,  c'est 
se  rincer  le  tuhe. 

—  Il  est  quatre  heures, 
je  vais  me  coller  un  peu  de 
fripe  dans  le  tuhe. 

Mot  à  mot  :  je  vais  man- 
ger (Argot  du  peuple). 

TUER  LE  VER  :  Boire  la 
goutte,  le  matin,  ou  un 
verre  de  vin  blanc. 

Quand  on  suppose  que  le 
ver  est  solitaire  (dur  à  tuer), 
les  ouvriers  boivent  plu- 
sieurs tournées,  alors  ce 
n'est  pas  le  ver  qui  est  tué, 
mais  bien  le  buveur. 

Les  voleurs  disent  éga- 
lement qu'ils  ont  tué  le  ver 
lorsqu'ils  ont  des  remords. 

Ils  ne  le  tuent  pas  sou- 
vent (Argot  du  peuple  et 
des  voleursj. 

TUILE  :  Malheur  qui  arrive  à 
quelqu'un. 

—  J'ai  perdu  mon  porte- 
monnaie,  quelle  tuile  ! 

Quand  il  arrive  inopiné- 
ment une  douzaine  de  per- 
sonnes à  diner,  lorsqu'il  n'y 
en  a  que  pour  deux,  la  mé- 
nagère dit  : 

—  Quelle    tuile    nous 


Tl  R 


TUY 


299 


tombe  sur  la  lète  (Argot  du 
peuple). 
Il  NE  :  Pièce  de  5  francs   en 
;u'j,'ent  (Argot  du    peuple). 
V.  Brème  de  fonds. 

rUNE  :  Bicrlre,  l'ancien 
refuj^e  naturel  des  sujets  du 
roi  de  Thunes.  A.  D. 

Ce  n'est  pas  le  mot  Ume 
qui  est  vrai. 

C'est  tunobe. 

[a\  prison  de  la  Force, 
démolie  en  1830,  était  ainsi 
appelée  par  les  prisonniers. 

Dans  les  autres  diction- 
naires d'ai^ot,  on  ne  trouve 
que  iuneço7iy  expression 
qui  ne  veut  rien  dire  (Argot 
(les  voleurs).  N. 

TlNEIl  :  Mendier. 

Tuneur  :  mendiant. 

Il  est  pourtant  rare  qu'on 
donne  une  tune  à  un  men- 
diant. 

Tuner^  c'est  l'apocope 
du  mot  importuner  (Argot 
des  voleurs).  .Y. 

IIRBIN  :  Tout  travail,  quel 
qu'il  soit. 

Turbiner ,  c'est  dure- 
ment travailler. 

Aller  aiL  turbin,  c'est 
aller  à  l'atelier.     - 

Turbineiir    :    celui     qui 
travaille. 

Turbineur  :  qui  met  en 
mouvement  la  turbine,  de 
là,  turbin,  turbiner  (Ar- 
got du  peuple). 


TL'RNE  :  Poussier,  taudis, 
logement  malpropre  et  in- 
salubre, sans  air  ni  lumière. 

—  Si  lu  restes  éternel- 
lement dans  ta  turne,  lu  ne 
Irouveras  jamais  rien  à 
briffer. 

—  Comment  peux-tu  res- 
ter dans  une  pareille  turne  ! 
(Argot  du  peuple). 

TU-TU  :  Petit  paquet  de 
mousseline  cliargé  de  ca- 
cher ce  que  le  maillot  col- 
lant indique  trop  —  pour  le 
père  la  Pudeur  —  alias 
M.  Bérenger-Calon. 
La  vieille  chanson  dit  : 


Son  maillot  en  s'déchirant 

A  laisse  voir  son...   événement 

Ça  d'vait  la  gêner  su'  Tmoment. 

Ça  ne  gêne  pas  la  Môme 
Fromage  ni  Grille  d'E- 
gout,  moi  non  plus  (Argot 
du  peuple). 

TU  T'EN  FERAIS  MOURIR  : 

Réponse    ironique    à    une 
question  saugrenue. 

—  Payes-tu  à  déjeuner  ? 
prêtez -moi  conl  francs; 
avance-moi  mon  mois  ;  viens 
coucher  avec  moi  ? 

—  Tu  t'en  ferais  mou- 
rir. 

Mot  à  mot  :  Tu  ne  vou- 
drais pas  (Argot  du  peuple). 
N. 

TUYAU:  Le  gosier. 

Le   tuyau   est    bouché, 


300 


TYP 


TYP 


pas    mèche    de   boiUotter 
(Argot  du  peuple). 

TUYAUX    :    Renseignements 
confidentiels. 

Cette  expression  est  en 
usage  dans  le  monde  qui 
fréquente  les  champs  de 
courses. 

Un  bookmaker  qui  a  un 
cheval  chargé  de  paris  fait 
donner  par  un  émissaire  un 
faux  tuyau  sur  une  rosse  ; 
les  imbéciles  s'empressent 
de  prendre  ce  cheval,  qui 
n'arrive  jamais  (Argot  des 
bookmakers).  N. 

TUYAU  DE  POÊLE  :  Chapeau 
haut  de  forme. 

Allusion  juste,  car  il  a  la 
forme  et  la  couleur  d'un 
tuyau  (Argot  du  peuple). 

TYPE  :   Individu  quelconque. 
—  J'ai  un  type  qui  me 
cramponne. 


Avoir  un  bon  type, ù\oir 
un  bon  enfant  qui  se  laisse 
faire  (Argot  des  lilles).  N. 

TYPOTE  :  Femme  employée 
depuis  peu  d'années  dans 
les  ateliers  de  composition. 
C'est  un  compagnon  au 
même  titre  que  les  ouvriers 
typographes  ;  néanmoins , 
quand  les  typotes  sont  nom- 
breuses, on  se  croirait  plus 
volontiers  dans  une  volière 
du  Jardin  d'Acclimatation 
que  dans  un  atelier  de  com- 
position. 

Généralement,  la  typote 
est  plus  habile  à  soigner  un 
pot-au-feu  et  à  raccommo- 
der ses  bas  qu'à  leDe?-  la 
lettre. 

Enfin,  il  est  dit  qu'il  faut 
que  la  femme  lève  quelque 
chose  (Argot  d'imprimerie). 
iV. 


URG 


URS 


301 


T'N  DE  PLUS  :  Homme  qui  a 
(les  malheurs  conjugaux. 

Encore  \u\  de  plus  dans 
la  grande  confrérie. 

—  Mon  vieux,  lu  en  fois 
tm  de  plus. 

—  Il  vaut  mieux  être 
cocic  qu'aveugle;  on  peut 
voir  ses  confrères  (Ai'got  du 
peuple). 

l'RFE  :  Homme  chic. 

—  J'ai  leoé  un  miche  qui 
«^sl  rien  iirfe. 

Une  chose  îirfe  est  une 
belle  chose,  supérieure  (Ar- 
got des  tilles).  N". 

URGE  :  Expression  de  con- 
vention entre  les  filles  qui 
fréquentent  les  restaurants 
de  nuit  et  certains  bals  pu- 


blics pour  cote?'  un  homme. 
Un  homme  qui  ne  donne 
que  trois  urges  est  un 
miche  de  carton,  celui  qui 
donne  six  urges  est  pour 
le  moins  un  prince  russe 
(Argot  des  tilles). 

URLE  :    Parloir    de   prison. 
L.L. 

Ce  n'est  pas  urle  qui  est 
en  usage,  c'est  urloir. 

En  efîet,  les  visiteurs  sont 
forcés,  à  cause  des  grilles 
qui  les  séparent  des  déte- 
nus, de  hurler  pour  se  faire 
entendre  et  converser  (Argot 
des  voleurs).  V.  Parloir 
des  singes.  N. 

URSULE  :  Vieille  fille   qui  a 
doublé  le  cap  delà  cinquan- 


302 


URS 


VT 


laine  et  a  par  conséquent 
coitFé  deux  fois  Ste-Cathe- 
rine. 

Gomme  sa  patronne  Ur- 
sule, martyr  à  Cologne, 
elle  est  martyr  d'une  vir- 
ginité rentrée  et  martyrise 
les  autres  par  son  caractère 
acariâtre  (Argot  du  peuple). 
iV. 


UT  :  Quand  les  compagnons 
typographes  portent  1  a 
santé  d'un  des  leurs,  ils 
disent  :  ui. 

Ut  tibi  prosit  :  que  cela 
te  profite  (Argot  d'impri- 
merie) . 


\\c 


\\c 


303 


\  AC i lE  :  Expression  fréquem- 
iiioiU  employée  dans  le 
j)onple  ponr  qualifier  une 
tcmnie  qui  se  livre  au  pre- 
mier veim. 

Dans  le  peuple,  quand  on 
a  dit  d'une  femme  :  c'est 
une  pache,  il  est  impossible 
(le  rien  dire  de  plus. 

Quand  un  homme  épouse 
une  femme  enceinte,  on  lui 
dit  : 

—  Tu  prends  la  vache 
et  le  veau  (Argot  du  peu- 
])le). 

\  ACHE  :  Homme  mou,  bon 
à  rien. 

Vache,  quand  il  dénonce 
ses  camarades  ou  travaille 
au  rabais. 

—  Tu  n'es  qu'un  cochon. 


tu  passes  ta  vie  à  faire  des 
vacheries  (Argot  du  peu- 
ple). 

VACHE  :  Sergent  de  ville  ou 
agent  de  la  sûreté. 

Bans  les  prisons,  malgré 
les  règlements  et  la  surveil- 
lance active  pour  les  faire 
observer,  les  détenus  écri- 
vent leurs  pensées  sur  les 
murs. 

Les  plus  communes  sont 
celles-ci  : 

—  Mort  aux  vaches. 

—  Quand  je  serai  désen- 
flaqtié,  gare  à  la  vache  qui 
m'a  fait  chouette  et  qui 
m'a  Aiit  tirer  un  bouchon 
(Argot  des  voleurs).  N. 

VACHE  A   LAIT  :    Homme 
riche,  qui  a  le  louis  facile 


304 


VAC 


VAD 


et  que  les  tapeurs  trayent 
jusqu'à  extinction. 

Vache  à  lait  :  gogo  qui 
souscrit  à  toutes  les  émis- 
sions véreuses  sans  se 
lasser  jamais , 

Pour  le  souteneur,  la 
marmite  est  une  bonne  va- 
che à  lait. 

Une  affaire  qui  rend  bien, 
qui  rapporte  beaucoup,  sans 
risques  et  sans  efïbrts,  est 
une  vache  à  lait. 

Allusion  à  la  vache  lai- 
tière qui  est  une  fortune 
inépuisable  (Argot  du  peu- 
ple). 

VACHER  :  Individu  grossier 
en  paroles  ou  en  gestes. 

—  Il  est  grossier  comme 
du  pain  d'orge,  on  dirait 
qu'il  a  été  élevé  derrière  le 
cul  des  vaches . 

Allusion  aux  vachers 
qui  jurent  toute  la  journée. 
(Argot  du  peuple). 

VACHERIES  :  Saletés,  co- 
chonneries faites  à  quel- 
qu'un. 

Prendre  la  femme  d'un 
camarade  et  surtout  la  lui 
rendre,  c'est  une  vacherie. 
Emprunter  les  effets 
d'un  ami,  les  coller  chez 
ma  tante  et  ensuite  laver 
la  reconnaissance,  c'est  lui 
faire  une  vacherie  (Argot 
du  peuple).  N. 

VACHERIES  :  On  nomme 
ainsi   les  brasseries  où  les 


consommateurs  sont  servis 
par  des  femmes. 

Le  mot  est  juste,  car 
elles  sont  de  véritables  va- 
ches, pas  à  lait,  par  exem- 
ple (Argot  du  peuple).  N. 

VADE  :  Foule,  rassemble- 
ment. 

Synonyme  de  trépe. 
Le  camelot  fait  un  vade 
pendant  que  des  complices 
fabriquent  les  profondes 
des  badauds  (Argot  des 
voleurs). 

VA  CHERCHER  UN  DÉMÊ- 
LOIR :  Se  dit  de  quelqu'un 
qui  parle  d'une  façon  em- 
brouillée; on  ne  peut  dé- 
mêler ce  qu'il  veut  dire 
(Argot  du  peuple). 

VA  T'ASSEOIR  SUR  LE 
BOUCHON  :  Quand  un  in- 
dividu vous  rase,  on  lui  dit 
d'aller  s'asseoir;  s'il  in- 
siste, on  l'envoie  s'asseoir 
sur  le  houchon  (Argot  du 
peuple). 

VA-TE-LAVER  (Un)  :  Souf- 
flet. 

On  emploie  aussi  celle 
expression  pour  envoyer 
promener  un  gêneur  (Argot 
(kl  peuple). 

VADROUILLE    :   Celte   ex- 
pression dans  la  marine  si- 
gnifie :  brosse  à  plancher. 
Elle  s'applique  aux  filles 
qui  traînent  dans  les  ports 


VAL 


\\L 


305 


(le  mer  (Argot  des  soute- 
neurs). 

VADROUILLE  :    Faire    une 

radrouille,     en     pousser 
une. 

Vadrouiller  :  se  dé- 
ranger de  ses  habitudes, 
rôder  dans  des  milieux  aux- 
(juels  on  n'est  pas  habitué 
(Argot du  peuple). 

\  AGUE  (En  pousser  une)  : 
Synonyme  à'arracReiir  de 
chiendent,  aîler  au  hasard, 
vagueme7it,  avec  l'inten- 
tion de  voler  n'importe  qui 
ou  n'importe  quoi  (Argot 
des  voleurs). 

\  AGUE  :  Les  filles  qui  rac- 
crochent donnent  un  coup 
de  vague,  elles  font  leurs 
atlaires. 

Vaguer,  promener  au 
hasard,  est  une  corruption 
du  mot  français  vaquer 
(Ai"got  des  souteneurs). 

VAISSELLE   DE    POCHE  : 

C'est  une  vaisselle  que 
les  ou\riers  aiment  bien  à 
casser,  surtout  les  jours  de 
Sainte-Flemme  (Argot  du 
peuple). 

VALADE  :  La  poche. 

—  J'avais  caré  deux 
signes  dans  une  valade  de 
mon  falzar,  ma  scie  les  a 
dénichés,  je  vais  crapser 
de  la  pépie  pendant  tout  le 
marqué {kv^oi(\e?>  voleurs). 


VALANT  :  Pince  à  usage  des 
cambrioleurs  (Argot  des 
voleurs).  S  .Monseigneur. 

N. 

VALSER  :  Battre  quelqu'un. 

—  Je  vais  te  faire  valser 
sans  musique. 

Ce  qui  arrive  souvent  le 
samedi  de  i)aye,  quand  le 
mari  rentre  au  logis  plus 
qae'me'càé  :  il  lait  faire  un 
tour  de  valse  à  sa  ména- 
gère si  elle  ronchon7ie 
(Argot  du  peuple) . 

VALTREUSE  :  Valise. 

C'est  un  simple  change- 
ment de  finale  (Argot  du 
peuple). 

VALTREUSIER  :  Voleur  de 
valise. 

Ce  vol  est  pratiqué  sur 
une  grande  échelle  dans  les 
salles  d'attente  des  gares 
de  chemins  de  fer. 

Il  est  des  plus  simples  : 
Le  valtreusier  aune  va- 
lise à  la  main  qui  paraît 
gonllée;  pour  compléter  son 
apparence  de  voyageur,  il 
porte  une  couverture  de 
voyage.  Il  .se  promène  ayant 
l'air  indifférent,  mais  en 
réalité  il  guigne  un  voya- 
geur assis  à  côté  d'une  va- 
lise respectable.  Sans  affec- 
tation, il  s'assied  à  ses  côtés 
et  engage  la  conversation. 
Au  moment  de  prendre  un 
billet,  le  voyageur  se  dirige 
vers  le  guichet  et  laisse  sa 


306 


VAN 


VEI 


valise  à  la  garde  de  son 
compagnon  ;  aussitôt  celiii- 
ci  se  lève,  change  de  valise 
et  s'en  va  tranquillement. 
Neuf  fois  sur  dix,  le  volé  ne 
s'aperçoit  de  la  substi- 
tution qu'à  son  arrivée  à 
destination  :  la  valise  ne 
contient  en  fait  de  linge  que 
des  cailloux  (Argot  des  vo- 
leurs). 

VANNAGE  :  Tendre  un  piège, 
amorcer  un  individu  par 
des  promesses  alléchantes 
pour  le  duper  ])lus  facile- 
ment. 

M.  Loredan  Larchey  dit 
que  c'est  une  comparaison 
de  l'escroc  au  meunier  qui 
lâche  un  peu  d'eau  de  sa 
vanne  pour  faire  tourner 
le  moulin  (Argot  des  vo- 
leurs). 

VANNE  :  Mot  cher  aux  came- 
lots. 

Ils  disent  faire  un  vanne 
lorsqu'ils  vendent  un  jour- 
nal qui  annonce  une  fausse 
nouvelle  à  sensation  (Argot 
des  camelots).  iV- 

VANNÉ  :  Avoir  trop  fait  la 
noce  et  l'amour. 

Vanné:  n'avoir  plus  rien 
dans  le  ventre,  synonyme 
de  vidé.' 

Vanné  par  excès  de  tra- 
vail (Argot,  du  peuple).  N. 

VANTERNE  :  Lanterne. 
Vanterne  sans  loches. 
A.  D. 


M.  Lorédan  Larchey,  d'a- 
près IL  Monnier,  dit  que  le 
vanternier,  au  lieu  d'en- 
trer par  la  lourde,  préfère 
s'introduire  par  la  fenêtre. 

Vanterne  n'a  jamais  été 
une  lanterne,  pas  plus  ([ue 
vanterne  n'est  une  fenêtre. 
V.  Venter  ne. 

VASEUX  :  Paysan. 

Il  est  vaseux  parce  qu'il 
vit  dans  la  vase  quand  il 
pleut  (Argot  du  peuple).  ]S[. 

VEAU  :  Toute  jeune  fille  qui 
n'a  pas  grand  chemin  à  faire 
pour  devenir  vache. 

Il  existe  à  ce  sujet  une 
vieille  chanson  qu'il  serait 
impossible  de  citer  en  en- 
tier : 

Un  jour,  à  la  barrière, 

Un  veau, 

Un  veau, 
Tortillant  du  derrière. 

Fort  beau, 

Fort  beau. 
Je  la  ...  .  sur  parole. 

Neuf  jours  plus  tard,  le 
camarade  était  au  Midi  (Ar- 
got du  peuple). 

VEAU  :  Femme  de  barrière, 
rôdeuse  de  caserne  (Argot 
des  voyous). 

VEINARD  :  Homme  qui  a  de 
la  chance. 

Il  a  de  la  veine,  tout  lui 
réussi. 

Il  a  trouvé  une  bonne 
veine,  tout  lui  réussira. 

Il  existe  un  vieux  pro- 
verbe à  ce  sujet  : 


VEN 


VES 


307 


—  Qui  voit  ses  veines, 
voit  ses  j)^/«^5  (Argot  du 
peuple).  iY. 

Vi:i\ARnE  :  Fille  qui  a  la 
main  litMuruse  et  tombe  sur 
(les  miches  qui  se  fendent 
i;«Miéreusement  (Argot  des 
tilles). 

\I:L0:  Postillon. 

Vient  de  véloce,  poste 
aux  chevaux. 

Nos  vélocipédistes  mo- 
dernes qui  portent  une  cra- 
vache et  des  éperons  ])0ur 
ressembler  à  quel  pi'un, 
ignorent  certainement  ce  vo- 
cable ancien  (Argot  des  vo- 
leurs). 

VKLOCIPÉDISTE  :  Im'x'cile 
à  deux  ro.ies  (Argot  du 
peuple). 

\  KNTERNE  :  [.a  lenètre  (Ar- 
got des  voleurs). 

Vi:NTl':RNIER(Le):Ley^;i- 
ter)iier  est  une  variété  du 
cambrioleur^  avec  celte 
diflerence  toutefois  qu'au 
lieu  d'entrer  par  la  lourde. 
il  entre  par  la  venterne. 

Le  mnternier  opère  gé- 
néralement dans  les  cham- 
bres situées  aux  étages  su- 
périeurs ;  il  grimpe  sur  les 
toits  et  entre  dans  les  cham- 
bres par  les  fenêtres  à  ta- 
batières. 

Ces  voleurs  sont  nom- 
breux (Argot  des  voleurs) . 


VENTOUSE  :  V.    Venterne. 

VERONE  :   Pays  ou  ville. 

Vidocq  dit  : 

— •  J'ai  roulé  de  vergne 
en  vergne  pour  apprendre 
à  goupiner. 

A.  Delvau  dit  : 

—  Deux  plombes  cros- 
sent  à  la  vergne  (deux 
heures  sonnent  à  la  ville) 
(Argot  des  voleurs). 

VER-RON(.EUR  :  Un  fiacre. 
Lorsqu'on  le  lait  attendre 
longtemps  à  la  porte  d'une 
maison,  l'heure  s'écoule;  au 
moment  de  le  payer ,  il 
ronge  le  porte-monnaie  (Ar- 
got du  peuple). 

VERMINE  :  Avocat. 

Les  voleurs  ont  raison, 
les  avocats  sont  des  ver- 
mines qui  rongent  encore 
plus  que  les  huissiers  (Ar- 
got des  voleurs). 

VERTE  (La)  :  L'absinthe. 

Quatre  heures ,  c'est 
l'heure  de  la  verte. 

Allusion  de  couleur  (Ar- 
got du  peuple). 

VERVER  :  Pleurer  (Argot  des 
voleurs). 

VESSE  :  Peur. 

Lâcher  une  vesse  :  péter 
sournoisement. 

Vesser  :  un  pet  mou  (Ar- 
got du  peuple). 

VESSIE  :  Femme  avariée, 
grasse  à  lard. 


308 


VEU 


VIA 


Allusion  aux  vessies  de 
graisse  que  l'on  vend  à  la 
foire  au  jambon. 

Il  existe  une  chanson  à 
ce  sujet,  elle  n'est  pas  des 
plus  propres. 

La  voici  comme  docu- 
ment : 

Catau,  catau,  catau, 

Vessie,     pourriture    et    cha- 

I  rogne, 

Catau,  catau,  catau. 

Vessie,    pourriture    et    cha- 

I  nieau. 

(Argot  du   peuple). 

VESTE:  Remporter  un  et?^5^^. 
Avoir    compté     sur    un 
succès  et  faire  un  four  com- 
plet. 

Se  dit  d'une  pièce  mal 
accueillie  au  théâtre,  d'une 
opération  ratée,  en  un  mot 
de  tout  insuccès  (Argot  du 
peuple). 

VESTIGES  :  Légumes  que 
mangent  les  prisonniers. 

Dans  le  peuple,  on  dit 
d'un  passif  qui  pratique 
depuis  longtemps  : 

—  Tu  perds  tes  légumes. 
Dans  les  prisons  : 

—  Tu  perds  tes  vestiges. 
Cette  explication  suffit 
(Argot  des  voleurs). 

VEUVE  (La)  :  La  guillotine 
(Argot  des  voleurs). 

VEUVE  POIGNET  (En  soirée 
chez  la)  :  V.  Bataille  des 
Jésuites. 

VI  :  Voici  ce  que  dit  MathU' 
rin  Régnier  : 


Le  violet  tant  estimé 
Entre  vos  couleurs  singu- 
I  lières. 
Vous  ne  l'avez  jamais  aimé 
Que  pour  les  deux  lettres 
I  premières. 

A  la  prison  de  St-Lazare. 
une  fille  atteinte  d'une  ma- 
ladie épouvantable,  était  in- 
carcérée à  l'Infirmerie.  La 
sœur  l'exhortait  à  changer 
de  vie  ;  elle  lui  citait  des 
exemples  de  conversions  ab- 
solument édifiantes.  La  ma- 
lude,  impatientée, lui  répon- 
dit : 

—  Ma  sœur,  il  est  trop 
lard  pour  changer  de  vie, 
il  fallait  me  dire  cela  quinze 
jours  plutôt;  je  ne  serais 
pas  ici  (Argot  du   peuple). 

VIANDE  :    Chair. 

A.-  Delvau  trouve  que 
cette  expression  est  frois- 
sante pour  l'orgueil  hu- 
main. 

Pourquoi  donc  ? 

Est-ce  que  la  chair  hu- 
maine n'est  pas  de  la  viande 
au  même  titre  que  celle  de 
n'importe  quel  animal? 

Quand  une  femme  a  une 
belle  carnation,  rose,  fraî- 
che, c'est  un  hommage  que 
lui  rend  le  langage  populaire 
en  disant  : 

—  Ah  !  la  belle  viande, 
on  en  mangerait. 

C'est  assez  rare  en  cette 
fin-de-siècle,  pour  que  ce 
mot  soit  accepté  comme 
une  louange  et  non  coniUK^ 


vie 


VI D 


309 


une   grossièreté    (Ai^got  du 
[)eui)le). 

\l\ll»EU  :  Oublier tVéquom- 
nieiit  le  clieuiin  de  l'atelier 
|M)ur  viauper  eliez  les  nuir- 
clinnds  de  vins. 

—  Que  iiiit  la  lille  ? 

—  Ali  !  ne  m'en  jmrle 
|)as  ;  elle  viaiipe  avec 
Pierre  et  Paul. 

Mot  à  mot  :  ciawper  faire 
la  vie. 

Faire  la  vie  à  quehiu'un, 
c'est  lui  faire  une  scène 
désagréable. 

[.ui  rendre  la  vie  dure, 
c'est  le  tourmenter,  lui  re- 
tuser  à  manger,  être  cruel 
(Argot  du  peuple). 

VIDANGE  :    Accouclieujent. 

—  Ma  femme  est  en  vi- 
dange. 

Mot  à  mot  :  elle  se  vide. 

Elle  est  en  vidange,  car 
il  faut  qu'il  se  passe  quel- 
({ues  semaines  avant  de 
la  remplir  à  nouveau  (Argot 
du  peuple).  }( , 

VICE  (En  avoir)  :  Roué  qui 
la  coimaîl  dans  les  coins. 

—  On  ne  me  la  fera  pas, 
j'ai  trop  de  vice. 

Gela  est  la  cause  d'un 
mauvais  calembourg  par  à 
peu  près  : 

—  Les  serruriers  sont 
les  ouvriers  les  plus  malins 
du  monde,  parce  qu'ils  ne 
manquent  jamais  de  vis 
(Argot  du  peuple). 


YICELOT  :  Gavroche  qui  a 
tous  les  vices  en  germe  ;  il 
est  trop  jeune  pour  qu'ils 
soient  déveloj)pés. 

Dans  les  ateliers,  on  dit 
du  gosse  : 

—  Il  est  si  vicelot  qu'il 
en  remontrerait  à  père  et 
mère  (Ai^ot  du  peuple). 

VICTOIRE  :  Chemise. 

Ce  mot  n'est  pas  em- 
ployé, comme  le  dit  A. 
Del  va  u,  pour  consacrer  le 
souvenir  d'une  marchande 
qui  fournissait  les  chiffon- 
niers. 

—  Victoire!  J'ai  enlin 
j)u  gagner  de  quoi  m'acheler 
uni'  limace  pour  balancer 
celle  que  je  porte  depuis 
six  niois  (Ai-got  des  chif- 
fonniers), 

VIDER  SA  POCHE  A  FIEL  : 

Soulager  son  cœur,  dire 
tout  ce  que  l'on  pense  sans 
ménager  ses  expressions 
(Argot du  peuple).  N. 

VIDER  SON  PANIER  A 
CROTTES  :  Satisfaire  un 
besoin.  Il  est  aussi  agréa- 
ble de  Tider  son  panier  que 
de  l'emplir  (Argot  du  peu- 
pie). 

VIDER  SON  PETIT  POR- 
TEUR D'EAU  :  Expression 
employée  dans  les  couvents 
par  les  jeunes  filles,  pour 
dire  qu'elles  ont  un  petit 
besoin  à  satisfaire  (Argot  du 
peuple).  iV. 


310 


VIE 


VIL 


VIDER  UN  HOMME  :    11  y  a 

plusieurs  manières  de  le  vi- 
der. 

On  lui  vide  son  porte- . 
monnaie , 

On  le  vide  en  le  surme- 
nant. 

Une  maîtresse  amoureuse 
le  vide,  et  quand  il  rentre 
au  '  domicile  conjugal,  sa 
femme  peut  le  Ibuiller ...  et 
elle  aussi  (Argot  du  peuple). 
N. 

VIDOURSER  :  Terme  em- 
ployé dans  les  ateliers  pour 
qualifier  un  peintre  qui  ne 
se  préoccupe,  en  peignant 
son  tableau,  ni  du  ton  ni  de 
la  perspective. 

Il  le  vidourse,  il  le  lime 
il  le  lèche: 

Allusion  à  la  fameuse  ex- 
pression : 

Il  est  poli  comme  un  vi 
d'ours. 

De  là  :  vidourser  (Argot 
des  artistes).   ISf. 

VIE  DE  PATACHON  :  Mettre 
les  petits  plats  dans  les 
grands. 

Mener  la  vie  à  grandes 
guides. 

Faire  une  vie  de  hâtons 
de  chaises. 

Mot  à  mot  :  faire  ufie  vie 
de  chien,  comme  si  la  vie 
n'avait  pas  de  lendemain 
(Argot  du  peuple).  N. 

VIE    DE     POLICHINELLE 

(Faire  une)  :  Avoir  une  con- 


duite déréglée,  se  saouler, 
courir  la  gueuse,  se  battre; 
en  un  mot,  mener  une  vie 
désordonnée. 

On  sait  que  le  polichi- 
nelle du  guignol  lyonnais 
est  le  type  parfait  du  ham- 
hocheur  (Argot  du  [teu- 
ple).  .V. 

VIEILLE  PEAU  :  Expression 
méprisante  employée  dans 
le  peuple,  même  vis-à-vis 
d'une  personne  jeune. 

On  dit  d'un  vieillard  qui 
se  donne  des  allures  juvé- 
niles : 

—  C'est  un  jeune  homme 
dans  une  vieille  peau . 

Vieille  peau  signifie 
aussi  :  vieille  putain  (Ar- 
got du  peuple). 

VIGNES  (Être  dans  les  m- 
gnes  du  Seigneur)  :  Être 
pocliard. 

Dans  le  peuple,  on  dit 
d'un  homme  qui  est  tou- 
jours entre  deux  vijis  : 

—  11  ne  peut  plus  boire  ; 
il  est  saoul  avec  un  pet  de 
vigneron. 

L'expression  :  être  dans 
les  vignes.,  est  très  vieille 
et  usitée  en  Bourgogne  (Ar- 
got du  peuple). 

VILAIN  MERLE  :  Homme 
laid. 

—  Tu  vas  te  marier  avec 
ce  vilain  merle-la\  tu 
])ourras  chanter  au  roi  des 


VIO 


VIR 


au 


oiseaux  :  lu  auras  uu  beau 
merle  au  cuL 

Vilain  merle  :  niéclianl 
homme,  bilieux,  fielletix, 
qui  veut  du  mal  k  tout  le 
moiule  (Argot  du  peuple). 

VINASSE  :  Mauvais  vin   la- 
>       briqué    avec    du    bois   de 
campèche. 

Se     dit     couuniUKMuent 

quand  le  marchand  de  vin  a 

eu  la  main  trop  lourde  pour 

-     mouiller  le   vin  (Argot  du 

^      peuple). 

VINGT-DEUX  :  Couteau. 

Jouer  la  cingt-deux, 
donner  des  coups  de  cou- 
teau. 

Vingt-deux  :  les  deux 
cocottes. 

Vingt-deux  :  quand  le 
compagnon  placé  le  plus 
près  de  la  porte  voit  entrer 
le  proie  dans  l'atelier  de 
composition,  il  crie  : 

—  Vingt-deux! 
Synonyme  d'attention. 
Quand  c'est  le  patron,  il 

crie  : 

—  Q,uarante-quatre  ! 
En  raison  de  l'importance 

du  si?ige,  le  chillre  est 
doublé  (Argot  d'imprime- 
rie). N, 

VIOCH  :  Vieillard. 

Vieux  galanlin  qui  se 
croit  toujours  jeune,  qui  se 
maquille  comme  une  vieille 
roue  de  carrosse  pour  faire 
croire  que  le  bon  Dieu  l'a 


oublié  et  qu'il  n'a  pas  neigé 
sur  sa  chevelure...  quand 
il  a  des  cheveux  (Ai-got  des 
lilles).  N'. 

VIOCIIARD  :  Fauteuil. 

Allusion  au  fauieîdl  dans 
lequel  s'accroupissent  les 
vieillards  devant  un  bon 
leu,  en  attendant  que  la 
carlitie  vienne  frapper  à  la 
l)orte  (Argot  des  voleurs). 
iV. 

VIOLON  :  Cellule  du  poste 
de  police. 

Vieux  jeu  de  mots  qui 
date  du  temps  où  c'était 
Varcher  qui  vous  condui- 
sait au  violon  (Argot  du 
peuple). 

VIOLON  (Le  sentir)  :  Un  in- 
dividu sans  le  sou,  sans  do- 
micile, vagabond,  sent  le 
violon  (Argot  du  peuple). 

VIRGULE  :  Déranger  explique 
ce  mot  : 

Ah  !  prions  Dieu  pour  ceux  qui 
I  n'en  ont  guère. 

Ah  !  prions  Dieu  pour  ceux  qui 
j  I  n'en  ont  pas. 

Virgule  :  allusion  à  la 
forme;  ce  n'est  ni  guère, 
m  pas,  c'est  un  peu,  comme 
on  dit  dans  le  peuple  : 

—  Pas  de  quoi  faire  dé- 
jeuner le  chat. 

(Argot  du  peuple).  iV. 

VIRGULE  :  Dans  presque 
tous    les    lieux   d'aisances 


312 


VIS 


VIT 


des  maisons  populeuses  et 
des  ateliers,  il  y  a  au  mur 
des  virgules  qui  sont  au- 
tant de  signatures  des  co- 
chons qui  y  passent. 

Ce  qui  a  inspiré  à  un 
rimeur  d'occasion  : 

Vous  qui  venez  ici  soulager  vos 

I  entrailles, 

Léchez    plutôt    vos  doigts  que 

I  de  salir  les  murailles. 

(Argot  du  peuple).  lY. 

VIS  :  Serrer  la  vis  à  quel- 
qu'un, c'est  l'étrangler. 

Opération  qui  n'a  rien 
d'agréable  à  subir  au  point 
de  vue  physique. 

Au  point  de  vue  moral 
non  plus,  car  serrer  la  vis 
à  un  individu,  c'est  l'étran- 
gler au  point  de  vue  de 
l'existence. 

Être  dur,  injuste,  ne  rien 
jamais  trouver  de  bien  de 
ce  que  fait  un  individu, 
c'est  lui  serrer  la  vis  (Argot 
du  peuple). 

VISAGE  SANS  NEZ:  Le  der- 
rière. 

C'est  un  visage  qui  n'est 
pas  désagréable  à  voir,  sur- 
tout lorsqu'il  est  blanc, 
jeune,  dodu  et  ferme. 

Voiture  était  de  cet  avis  : 

....  Ce  visage  gracieux 
Qui  peut  faire  pâlir  le  nôtre, 
Contre  moi  n'ayant  point  d'ap- 
I  pas, 
Vous  m'en  avez  fait  voir  un 
I  autre 
Duquel  je  ne  nie  gardois  pas. 

Ce   visage    a    l'avantage 


sur  l'autre  de  ne  pas  faire 
de  grimaces  (Argot  du  peu- 
ple). 

VISAGE  DE  BOIS  :  Se  cas- 
ser le  nez  contre  une  porte 
ferinée. 

Éprouver  une  déception 
à  laquelle  on  ne  s'attendait 
pas. 

Aller  dîner  en  ville  et  ne 
trouver  personne  :  visage 
de  bois. 

On  dit  également  :  rester 
en  figure  (Argot  du  peuple). 

VISCOPE  :  Casquette  à  lon- 
gue visière,  comme  en  por- 
tent les  gens  faibles  de  la 
vue. 

Un  képi  de  troupier  se 
nomme  également  une  vis- 
cope. 

On  dit  aussi  un  abat-jour 
(Argot  du  peuple). 

VISE  AU  TRÈFLE  :  Infir- 
mier. 

L'allusion  est  amusante 
(Argot  du  peuple). 

VITELOTTE  :  Nez. 

Quand  un  individu  a  bu 
beaucoup  dans  sa  vie,  son 
nez  devient  rouge  et  tuber- 
culeux. 

Allusion  à  la  pomme  de 
terre  que  l'on  nomme  vite- 
lotte,  ou  plutôt  que  l'on 
nommait,  car  elle  a  disparu 
entièrement, au  grand  déses- 
poir des  amateurs  de  gibe- 
lotte. 


VIT 


VOl 


313 


Klle  était  la  sauce  du  lapin 
(Argot  du  peuple).  N- 

VITIIKS  :  Les  yeux. 

Vitre  :  le  lorgnon  ;  ■\l 
aide  à  voir  (Art;ot  du  peu- 
ple). 

VniUKUS  :  Les  chasseurs  de 
Vincennes.  —  Ils  portèrent 
d'abord  des  sacs  en  cuir 
verni  reluisant  au  soleil 
comme  la  pièce  de  verre 
(pie  les  citriers  portent  sur 
leur  dos.  L.  L. 

Ce  n'est  pas  cette  cause 
(pii  a  donné  à  ces  soldats  le 
nom  de  vUriers. 

En  1848,  aux  journées 
de  Juin,  les  gardes  mobiles 
et  les  chasseurs  de  Vin- 
cennes furent  lancés  aux 
endroits  les  plus  périlleux 
dans  les  faubourgs,  notam- 
mml  faubourg  dn  Temple, 
Ils  prirent  toutes  les  barri- 
cades avec  un  entrain  extra- 
ordinaire, mais  sans  cruauté 
inutile,  la  plupart  de  ces 
soldats  étant  des  enfants  de 
Paris. 

Au  lieu  de  tirer  sur  les 
insurgés,  ils  s'amusèrent  à 
casser  les  carreaux  sur  tout 
leur  passage. 

Depuis  le  boulevard  du 
Temple  jusqu'à  la  Courlillé, 
il  ne  resta  pas  une  seule 
vitre  aux  fenêtres. 

On  lit  une  chanson  à  ce 
sujet:  elle  est  restée  très 
populaire  : 


Encore  un  carreau  il'  cassé, 
V'iâ  l'vitrier  qui  passe. 
Encore  un  carreau  d'  cassé, 
V'ià  vitrier  passé. 

(Argot  du  peuple).  N. 

VOILA  LE  MARCHAND  DE 
SABLE  :  Dans  ie  peuple, 
quand  un  enlant  s'endort  à 
table,  on  dit  : 

—  Voilà  le  marchand  de 
sable  qui  passe  (Ai-tçot  du 
peuple). 

VOIK  LA  LLWE:  Quand  une 

femme  a   vu  cet   astre,   sa 

ileur  d'oranger  n'existe  plus. 

On    dit,    et    c'est    plus 

juste  : 

—  Elle  a  vu  la  comète. 
Inutile  d'insister   (Argot 

du  peuple. 

VOIR  LES  PISSENLITS 
POUSSER  PAR  LA  RA- 
CINE :  Être  sous  terre. 

Dans  le  peuple,  on  dit 
également  : 

Aller  dans  le  royaume 
des  taupes  (Argot  du  peu- 
ple). 

VOIR  LA  EEUILLE  A  L'EN- 
VERS :  Pour  la  voir,  il  ne 
faut  certes  pas  être  sur  le 
ventre. 

Il  existe  plusieurs  chan- 
sons qui  célèbrent  les  joies 
de  voir  la  feuille  à  l'en- 
vers : 

Sitôt,  par  un  doux  badinage, 

Il  la  jeta  sur  le  gazon. 

—  Ne  fais  pas,  dit-il,  la  sauvage, 

18 


314 


VOL 


VOU 


Jouis  de  la  belle  saison. 
-Pour  toi,  le  tendre  amour  mVn- 

...  I  8^Se, 

Et  pour  toi  je  porte  ses  fers. 

Ne  faut-il  pas,  clans  le  jeune  âge. 

Voir  un  peu  la  feuille  àl'enoem  i 

(ftestif  de  la  Bretonne, 

Les  Jolies  C rieuses.) 

Un  autre  auteur  a  écrit 
sur  le  même  sujet  : 

Oh  !  la  drôle  de  chanson 

Que  chantaient  Biaise  et  Toinon. 

(Argot  du  peuple). 

VOIR  SOPHIE  :  Cette  très 
désagréable  Sojihie  ne  rend 
visite  aux  femmes  qu'à  cha- 
que lin  de  mois. 

Elle  vient  sans  être  an- 
noncée (Argot  des  filles). 

VOLANT  :  Manteau. 

Allusion  à  ce  qu'il  oole  à 
tous  les  vents  (Argot  des 
voleurs). 

VOLE  :  Trompé  dans  ses  es- 
pérances . 

—  Je  comptais  toucher 
un  grosse  somme,  rien,  je 
suis  volé. 

—  Je  rencontre  une 
femme  qui  me  paraissait 
dpdue,  avoir  de  l'œil,  de  la 
dent,  des  seins  et  des  mol- 
lets. Quand  le  soir,  pour 
nous  coucher  elle  se  désha- 
bille, elle  met  un  œil  de 
verre  et  son  râtelier  sur  la 
table  de  nuit,  elle  relire  sa 
réchauffante',  des  tétons  en 
caoutchouc  garnissaient  son 
corset,  elle  portait   dix  gi- 


lets de  flanelle  et  six  paires 
de  bas. 

Ce  n'était  plus  qu'une 
planche,  j'étais  volé  (Argot 
du  peuple).  N. 

VOLÉE  (En  recevoir  ou  en 
donner  une)  :  Battre  ou 
être  battu. 

Recevoir  une  volée  de 
bois  verts  :  être  fortement 
grondé. 

Être  éreinté  par  un  ar- 
ticle de  journal  (Argot  du 
peuple) . 

VOLEUR  AU  CROQUAM  : 

Voleur  qui  dévalise  les  pay- 
sans. 

Ce  sont  les  grincMs- 
seurs  de  camhroiisse.  (Ar- 
got des  voleurs) . 

VOLIGE  :  Femme  d'une 
maigreur  telle  qu'il  est  im- 
possible de  la  toucher  sans 
se  couper. 

Allusion  h  la  planche 
nommée  volige  qui  est  la 
plus  mince  connue  en  me- 
nuiserie (Argot  du  peuple). 

VOUS  N'AVEZ  RIEN  ?  Dans 
le  peuple  on  nomme  ainsi 
les  employés  d'octroi  qui 
inspectent  les  passants  aux 
barrières,  parce  que  leur 
phrase  consacrée  est  celle- 
ci  : 

—  Yous  n'avez  rien  à 
déclarer  ? 

—  Si,  leur  répond  quel- 
quefois un  passant  facétieux, 


VOY 


VRI 


3i: 


jo  déclare  que  j'ai  bien  dé- 
jeuné (Argol  du  peuple). 

VOUSAILLE  :  Vous  (Argot 
des  voleurs). 

VOYAGE  (Le)  :  Les  saltim- 
banques qui  l'ont  le  tour  de 
France  dans  leur  roulotte 
voyagent  conslamnient. 

On  dit  de  ceux  qui  con- 
naissent parfaitenjent  leur 
topographie  : 

—  Ils  se  connaissent  en 
voyage.  (Argot  des  saltim- 
banques). 

VOYAGEUR  :  X'engayeur 
(jui  hat  comtois,  qui  lait  le 
eonij)ère  à  la  porte  des  ba- 
ra(|ues  de  lutteurs  se  nomme 
le  voyageur  (Argot  des 
saltimbanques). 

\()YAGEUKS  :  Pou,  puce,  pu- 
naise ou  morpion. 

Ces  insectes  désagréables 
voyagent  sur  le  corps  du 
jtauvre  bougre  qui  en  est 
allligé    (Argot  du   peuple). 

VOYEURS  :  11  existe  des 
voyeurs  poiu*  hommes  et 
pour  femmes. 

Ce  sont  des  trous  imper- 
ceptibles pratiqués  dans 
une  tapisserie,  qui  per- 
mettent aux  spectateurs  de 
voir  sans  être  vus. 

Il  y  a  des  maisons  de 
rendez-vous  célèbres,  où 
les  blasés  payent  cinq  louis 
pour  repaître  leurs  yeux 
d'un  spectacle  ignoble,  où 
i<.ni.K:  |,.^  lubricités  lesplus 


ordurières  s'étalent  (Argot 
des  lilles).  JSf. 

VOYOU  :  Le  voyou  n'est  pas 
à  comparer  à  l'ancien  titi, 
au  gamin,  au  gavroche. 

C'est  une  petite  crapule 
qui  a  en  lui  les  germes  de 
toutes  les  passions,  de  tous 
les  vices  et  de  tous  les 
crimes  imaginables. 

Le  gamin  de  Paris  est 
gouailleur,  spirituel,  cou- 
rageux, susccplible  de  dé- 
vouement, il  est  flâneur, 
c'est  vrai,  mais  sa  llànerie 
est  innocente. 

Le  voyou  a  un  langage 
à  part  ;  comme  le  moineau 
franc,  il  a  les  instincts  pil- 
lards, il  est  sans  cœur, 
n'aime  rien  et  convoite  tout 
(Argot  du  peuple). 

VOYOUTE  :  La  femelle  du 
voyou\  seulement,  en  plus, 
elle  est  putain  à  l'âge  où 
l'on  va  encore  à  l'école. 

A  douze  ans,  la  voyoute 
est  déjà  une  petite  mar- 
mite qui  gagne  an  pog7i07i 
à  son  voyou-soutejieur 
(Argot  du  peuple). 

VRILLE    :     Femme 
femme. 

Pourquoi  vrille  ? 

Elle  ne  perce  rien  (Argot 
des  souteneurs). 

VRILLEURS  :  hesvrilleurs 
sont  des  voleurs  de  nuit 
qui  dévalisent  les  boutiques 
des  bijoutiers . 


pour 


316 


VRI 


VRI 


Ce  vol  nécessite  une 
audace  extraordinaire. 

Avec  V  avant-courrier 
(mèche),  ils  percent  la  de- 
vanture en  tôle  de  plu- 
sieurs trous  en  carré  ;  avec 
une  scie  fine  introduite 
dans  l'un  des  trous,  ils 
scient  la  tôle  et  pratiquent 
une  ouverture  assez  large 
pour  y  passer  le  bras. 

A  l'aide  d'un  diamant, 
ils  coupent  la  glace  en 
carré  également,   ])0ur  que 


les  débris  ne  fassent  pas 
de  bruit  en  tombant;  préa- 
lablement, ils  appliquent 
sur  la  partie  coupée  un 
fort  tampon  de  mastic, 
après  quoi,  à  l'aide  d'une 
tringle  d'acier,  ils  attirent 
à  eux  tous  les  bijoux  qu'ils 
peuvent. 

Ils  en  est  qui  raflenl 
tout  un  étalage  en  quelques 
minutes  (Argot  des  vff- 
leurs).  N. 


AYA 


AVA 


317 


w 


WAGON  :  Chez  certains  mar- 
chands de  vin,  il  y  a  des 
buveurs  attitrés  qui  ont  des 
verres  qui  contiennent  une 
chopine  et  même  un  litre  de 
vin. 

Celui  qui  ne  l'avale  pas 
d'un  coup  —  pas  le  verre, 
le  vin  —  perd  la  tournée. 

On  nomme  également  ce 
verre  un  omnibus  (Argot 
du  peuple).  N. 

\\'AGON  :  Vieille  femme,  usée, 
avachie. 

Vieille  raccrocheuse  de 
bas  étage. 

Waijon  de  troisième 
classe,  parce  qu'il  n'y  en  a 
pas  de  quatrième. 


On  dit  aussi  vieux  com- 
parliiïient  (il  y  a  dix  pla- 
ces). 

On  peut  entrer  chez  elle 
avec  une  voiture  à  bras 
(Argol  du  peuple) . 

WATERLOO  :  Quand  une  af- 
faire ne  réussit  pas,  qu'elle 
rate  en  un  mot,  celui  qui 
l'a  entreprise  ou  conçue 
éprouve  une  défaite. 

Allusion  à  la  fameuse  ba- 
taille du  18  juin  1815. 

Il  en  est  qui  se  consolent 
facilement  et  s'écrient 
.     comme  Cambronne  , 

—  Merde  !  (Argot  du 
peuple) . 


18. 


318 


X  :  Inconnu,    secret  ;  sert  h      X  :  Ce  mystérieux  X  a  fait 


désigner  un  polytechnicien, 
ou  une  personne  qui  a  des 
dispositions  pour  les  mathé- 
matiques : 

Sur  l'affreux  chevalet  des  a?  et 
l  des  y 
a   dit  Victor  Hugo  (Argot 
des  gens  de  lettres). 


parler  de  lui  pendant  six 
mois  à  propos  de  l'affaire 
du  Panama. 

X,  l'inconnu,  c'est  tout 
le  monde  et  ce  n'est  per- 
sonne (Argot  du  peuple). 


YTO 


YOU 


319 


Y  ALLER  DE  SON  VOYAGE  : 

Quand  quelqu'un  vous  ra- 
conte une  histoire  à  dormir 
debout  et  que  Ton  Técoute 
attentivement,  on  y  va  de 
son  voyage. 

Y  aller  de  son  voyage 
est  pris,  dans  le  peuple, 
dans  un  sens  tout  dillêrend  : 

— ...  Ma  femme  y  va  en- 
core de  son  voyage  (Argot 
du  peuple).  N. 

V  TOMBERA  DU  BOUDIN 
r.RILLÉ. 

Vieille  formule  qui  veut 
dire  c'est  impossible. 

Elle  est  due  à  Achille,  un 
acteur  du  petit  Lazzari. 

Un  acteur  du  tiiéàtre  des 
Folies-Dramatiques  se  van- 
lait  d'avoir  un  talent  énor- 
me. 


—  Quand  il  dégottera 
Frederick  Lemaître  ,  dit 
Achille ,  y  tombera  du 
boudin  grillé. 

C'est-à-dire  jamais  (Ar- 
got du  peuple).  iV^. 

YEUX    SUR    LE    PLAT  : 

Quand  un  individu  fait  des 
yeux  blancs,  que  la  pru- 
nelle remonte  dans  l'orbite, 
on  dit  :  il  fait  des  yeux  sur 
le  plat. 

C'est  un  jeu  de  mots  fort 
juste  (Argot  du  peuple). 

YOUPIN  :  Juif. 

Celte  expression  depuis 
peu  remplace  dans  le  peu* 
pie  celle  de  youtre. 

C'est  le  superlatif  du 
mépris  : 


320 


YOU 


YOU 


—  Tu  n'es  qu'un  sale 
youpin  (Argot  du  peuple). 

YOUTRE  :  Juif. 

Dans  le  peuple  on  ne  dit 
pas  y  outre,  mais  youte. 

Vient  du  mot  allemand 
jude  (Argot  du  peuple).  F. 
Baptisé  au  sécateur.  N. 

YOUTRERIE  (La):  La  Syna- 


gogue quand  tous  les  juifs 
y  sont  réunis. 

Youtrerie  est  synonyme 
de  ladrerie,  d'avarice,  d'a- 
preté. 

Ce  mot  peint  bien  les 
estimables  rogneurs  de  piè- 
ces de  six  liards  (Argot  du 
peuple) . 


ZKZ 


ZIG 


3-21 


/  PIIIR  :  Quand  un  troupier 
iiKJiscipliné  t^st  envoyé  on 
AIrique,  aux  compagnies  de 
discipline,  pour  casser  des 
cailloux  sur  les  routes,  il 
devient,  de  par  son  incor- 
poration, un  zéphir. 

Quand  il  fait  un  vent 
doux,  on  dit  : 

—  Quel  doux  zéphir. 

Quand  un  malpropre  lâche 
une  tubéreuse,  c'est  un 
sale  zéphir  pour  celui  qui 
est  sous  le  vent  (Argot  du 
peuple). 

ZEZETTE  :  Une  petite  ab- 
sinlhe. 

Dans  les  cantines  de  la- 
voir, les  blanchisseuses  qui 
ne  crachent  pas  dessus  s'of- 
IVent  à    quatre  heur.'s  une 


petite  zezeite  de  trois  sous 
(Argot  des  blanchisseuses) . 

.¥. 

ZIP  :  Marchandises  imagi- 
naires (pi'un  commerçant 
fait  figurer  sur  son  cata- 
logue pour  avoir  Tair  d'être 
bien  assorti  (Argot  des 
bourgeois). 

ZIG  ou  ZIGUE:  Un  homme 
est  un  bon  ou  un  mauvais 
camarade. 

C'est  un  bon  zig  ou  un 
mauvais  zig.  (Argot  du 
peuple), 

ZIG  A  LA  REBIFFE  :  Voleur 
hon  enfant  qui  revient  au 
liout  de  quelques  jours  k 
la  prison. 


322 


ZIN 


ZUT 


Il  rehiffe,  il  récidive  (Ar- 
got des  voleurs), 

ZL\G  :  Argent  monnayé. 

—  J'ai  du  zinc  dans  ma 
profonde,  nous  pouvons 
aller  de  l'avant  (Argot  du 
peuple). 

ZINC  :  Le  comptoir  du  mas- 
troquet. 

Allusion  au  plomb  qui 
couvre  le  comptoir. 

Boire  sur  le  zinc,  c'est 
boire  debout. 

—  Viens-tu  licher  un 
glacis  sur  le  zinc,  j'ai  dix 
ronds  d'affure  (Argot  du 
peuple). 

ZINC  (Avoir  du)  :  On  ne  dit 
plus  chic,  à  ce  qu'il  pa- 
raît. C'est  rococo.  C'est 
bourgeois.  Et  quand  une 
femme  a  du  genre  et  de  l'é- 
légance, on  dit  qu'elle  a  du 
zinc.  A.  D. 

Avoir  du  zinc  ne  vient 
pas  du  tout  de  là. 

Les  fonctionnaires,  offi- 
ciers de  paix,  commissaires 
de  police  et  prétêts  portent 
des  habits  brodés  d'argent  ; 
les  préfets  surtout  en  ont 
sur  toutes  les  coutures  ;  les 
jours  de  cérémonie,  ils  sor- 
tent leur  zinc. 

—  As-tu  vu  le  dabe  des 
renifteurs,  mince  de  zinc 


sur  le  rable  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

ZINC    DES    RATICHONS   : 

L'autel  du  prêtre. 

En  effet,  pour  célébrer  la 
messe,  il  boit  un  coup  de 
pive  (Argot  des  voleurs). 

ZIOTER  :  Regarder. 

—  Qu'a-t-il  donc,  le 
mec  ?  Il  ne  fait  que  me  zio- 
ter  (Argot  du  peuple).  N. 

ZOZOTÏE  :  Argent. 

—  Pas  moyen  de  trim- 
baller ma  bidoche,  j'ai  pas 
de  zozotte. 

Zozotte  a  aussi  une  aulre 
signification  dans  le  même 
argot  : 

—  As-tu  bien  passé  la 
première  nuit  de  tes  noces  ? 

—  Mon  cochon  était  tel- 
lement poivre  qu'il  apion- 
ce  comme  une  marmotte 
toute  la  nuit. 

—  Alors,  pas  de  zozotte'? 
(Argot  des  blanchisseuses). 
N. 

ZUT    :    C'est  fini,  je  prends 
congé.  J'en  ai  assez. 

Que  mes  lecteurs  ne  pren- 
nent pas  ce  mot  dans  un 
mauvais  sens.  Je  voudrais 
qn'ils  le  traduisent  de  celte 
manière  : 

—  Au  revoir! 


Acn 


AFF 


323 


PETIT     SUPPLEMENT 


Au  fur  et  à  mesure  de  la  composition  du  diction- 
naire, de  nouvelles  expressions  m'ont  été  adressées 
par  d'aimables  correspondants,  il  a  été  impossible 
de  les  placer  à  leur  lettre  respective  ;  pour  être  aussi 
complet  que  possible  ,  on  les  trouvera  par  lettre 
alphabétique  dans  ce  Petit  Supplément,  où  le  lec- 
teur pourra  facilement  se  reconnaître. 


ACOEURER  :  Y  aller  de  bon 
cœur. 

Assommer   un   individu, 
l'accommoder    à   la   sauce 
pavé,  le  frapper  avec  en- 
Iraiu  (Argot  des  voleurs). 
AGHETOIRES  :  Monnaie. 

Cette  expression  est  très 
usitée  dans  le  peuple. 

Le  père  ne  travaille  pas, 
tout  est  au  most-de-piété, 
pas  de  feu  dans  le  poêle, 
l'enfant  pleure  : 

—  Maman,  maman,  j'ai 
froid,  j'ai  faim. 

—  Mon  pauvre  petit,  je 


n'ai  pas  à'acheloires  (Argot 
du  peuple). 

ACCESSOIRES  :  Objets  de 
théâtre. 

Dans  le  peuple,  on  donne 
à  ce  mot  un  tout  autre  sens  : 
accessoires,  les  testicules 
(Argot  du  peuple).  N. 

AFFAIRE  :  Pour  les  voleurs, 
tous  genres  de  vols  sont  des 
affaires  (Arçot  des  voleurs). 

AFFE  :  La  vie. 

Les  voleurs  vivant  dans 
des  transes  continuelles, 
comme  le  mourant,  ils  ont 
des  affres. 

Affres  en  français  signi- 


324 


AVO 


hXL 


fie    angoisses    (Argot  des 
voleurs).  V.  A^e  {Dicl.). 

AGACER  UiN  POLICHI- 
NELLE SUR  LE  ZINC  : 
On  nomme  polichinelle  un 
verre  d'eau-de-vie,  environ 
un  cinquième  de  litre,  que 
certains  pochards  abrutis 
boivent  sur  le  zinc. 

Il  en  est  qui  agacent 
jusqu'à  cinq  polichinelles 
dans  une  matinée  (Argot  du 
peuple).  N' 

APPUYER  :  Abaisser  un  dé- 
cor,  le  faire  descendre  des 
frises  sur  la  scène.  A.  D. 
Appuyer   est  pris  dans 
un  autre  sens  : 

—  Je  vais  m' appuyer' 
six  heures  de  chemin. 

—  Je  vais  m'uppuyer  ce 
vieux  birbe  sur  l'eslomac, 
quelle  corvée  ! 

—  Je  vais  m'appuger 
une  chopine  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

ARTONNER  :  Tromper  la 
police. 

C'est  l'insaisissable  Ai'- 
ton  à  qui  revient  l'honneur 
de  ce  mot. 

-^  Depuis  six  marqués, 
fartonne  l'arnaque  (Argot 
des  voleurs).  N. 

AVOIR  LE  FIL  :  Un  couteau 
qui  coupe  bien  a  le  fil. 

Un  individu  malin,  rusé, 
possède  le  fil. 

—  Y  a  pas  moyen  de  lui 
mettre  à  ce  g  once  là,  il  a 
lefiL 


Avoir  le  fil,  être  au  cou- 
rant de  toutes  choses  et  être 
constamment  en  éveil  (Ar- 
got du  peuple).  N. 

AVOIR  L'ÉTRENNE  :  S'olfrir 
une  chose  neuve. 

Elle  me  dit  :  Mon  vieux, 

Pâme-toi  si  tu  veux, 

Tu  n'en  auras  pas  Vétrenne. 

Faire  étrenner  un  cama- 
rade ;  lui  flanquer  une  bonne 
volée  (Argot  du  peuple).  N. 
AV  OIR  xMANGÉ  SES  PIEDS  : 
Plier  de  la  bouche  (Argot 
du  peuple). 


RAISSER  UNE  ESPACE  QUI 
LÈVE  :  Dans  les  ateliers 
de  typographie,  quand  un 
camarade  envoie  chercher 
un  litre  par  l'apprenti,  il  le 
met  sous  son  rang  —  le 
prote  n'aime  pas  que  l'on 
boive  pendant  le  travail  ;  — 
il  verse  une  rasade  et  fait 
dire  au  copain  qu'il  veut 
régaler  : 

—  Viens  donc  baisser 
une  espace  qui  lève. 

Synonyn^e  de  lever  le 
coude  (Argot  d'imprimerie). 
N. 

RALAYÉ  :  On  balaye  une 
foule  à  coups  de  canon. 

On  balaye  des  ouvriers 
qui  ne  font  pas  l'affaire  du 
patron. 

On  balaye  la  femme 
quand  elle  devient  par  trop 
gênante. 


BAT 


BIB 


3-25 


Balayé  :  synonyme  de 
netloijage  (Argot  du  peu- 
ple). N. 
I5AIIBE  A  POLX  :  Barbe  de 
capucin,  barbe  en  bi'ous- 
saille,  longue,  sale  el  cras- 
seuse, dans  laquelle  jamais 
le  peigne  ne  [)énclre  ;  les 
poux  peuvent  y  niciier  à 
Taise  sans  crainte  d'être 
dérangés  {Ai*got  du  peuple). 
N. 

BAROMtTRE  :  La  médaille 
des  députés. 

Pour  le  eoilVeiu'  ou  Tou- 
vrier  clia[)elier  (pii  «piitte 
son  rasoir  ou  balance  son 
tablier  par  un  caprice  du 
sulVrage  universel,  la  mé- 
daille qu'il  a  dans  sa  poche 
marque  le  beau  tixe  pendant 
quatre  ans. 

Elle  est  pour  lui  le  baro- 
71) être  du  bonheur  (Argot 
du  peuple).  N. 

BATTRE  LA  BRELOQUE: 

Les  tapins^  au  régiment, 
battent  la  breloque  \>oy\v 
annoncer  l'heure  de  la  soupe. 

Une  pendule  détraquée 
qui  marche  comme  les  mon- 
tres marseillaises,  lesquelles 
abattent  l'heure  en  quarante- 
cinq  minutes,  bat  la  bre- 
loque. 

Avoir  le  coco  fêlé,  ne 
plus  savoir  ce  que  l'on  fait, 
avoir  des  moments  d'ab- 
sence, c'est  battre  la  bre- 
loque. 

On  dit  également  :  battre 


la   campa g7ie    (Argot   du 
peuple). 

RiaiENGF'RISME  :  En  être 
atteint,  c'est  une  maladie 
bien  désagréable. 

Le  Père  la  Pudeur  (pii 
lonclionne  au  bal  de  l'Ely- 
séc-Montmarln;  bérengé- 
rise  les  danseuses  qui  lèvent 
la  jand)e  à  hauteur  de  r<eil, 
sans  pantalon  : 

—  Veux-tu  cacher  ton 
prospectus  ?  dit  le  vieil  em- 
})écheur  de  danser  en  rond. 

—  Ça  m'est  recommandé 
jtar  mon  médecin  de  lui 
laire  prendre  l'air,  répond 
la  Môme  Cer celas  (Argot 
du  peuple).  N. 

BÉQUET  :  Le  passi/teur  met 
dttabéquets,  des  pièces,  aux 
vieux  souliers  ;  il  en  existe 
qui  arrivent  à  une  perfection 
si  grande  qu'il  est  impos- 
sible de  découvrir  la  pièce 
(Argot  du  peuple). 

BÉQUET  :  Terme  d'imprime- 
rie. 

Petits  paquets  de  com- 
position pour  ajouter  ou 
compléter  un  grand  paquet. 

En  corrigeant  un  article, 
on  ajoute  des.  petits  béquets 
à  droite  et  à  gauche  pour  le 
corser  (Argot  d'imprime- 
rie). 

BIBARDER  :  Vieillir. 

—  C'est  extraordinaire 
comme  les  chagrins  te  font 
bibarder. 

19 


326 


BOU 


BOU 


Bibarder  veut  aussi  dire 
boire. 

—  Bibardons-nous  une 
tasse  ?  (Argot  du  peuple). 

iîlF.N  DE  LA  MAISON  (Es- 

lu)  :  Expression  employée 
au  jeu  de  manille. 

Dans  la  partie  à  quatre, 
les  joueurs  sont  deux  à 
deux  ;  ils  se  questionnent  à 
Yoix  haute  pour  savoir  com- 
ment diriger  leur  jeu  : 

—  Es-tu  bien  de  la 
maison  ?  As-tu  beaucoup 
d'atout  ?  (Argot  du  peuple). 
iV^.  ■ 

DINAISE    :    Abréviation    du 
mot  combinaison. 

Binais e  :  tirer  un  plan 
pour  faire  quelque  chose. 

—  Faisons  une  binaise 
pour  nous  olli'ir  un  kilo 
(Argot d'imprimerie).  N. 

BOEUF  (Avoir  un  màie)  :  Être 
fort  en  colère. 

Superlatif  de  bouffer  son 
bœuf  (Argot  d'imprimerie). 
BOUCHON  :  Bourse. 

Allusion  à  l'argent  qu'elle 
contient,  qui  sei-t  à  boucher 
des  trous. 

Pour  payer  une  dette,  on 
(lit  :  bouclier  un  trou  (Ar- 
got du  peuple). 
BOUIF  :  Mauvais  ouvrier. 

On  disait  cela  primitive- 
ment des  ouvriers  cordon- 
niers, mais  depuis,  cette 
expression  s'est  étendue  à 
tous  les  corps  de  métiers. 

Un  mauvais  écrivain  ou 


un  mauvais  acteur,  c'est  un 
bouif  {kv^oi  du  peuple). 

BOULANGER  (Le):  Le  diable 

(Argot  des  voleurs). 
BOULANGER  QUI  MET  LES 
AMES  AU  FOUR  (Le):  Le 
diable  qui  fait  cuire  les  gens 
en  enfer  (Argot  des  voleurs). 
BOULE  DE  SUIF:   Homme 
ou  femme  gras  à  lard  (Argot 
des  voleurs). 
BOULOÏTER  DE  LA  CALI- 
JATTE  :   Cette  expression 
très  pittoresque  aune  saveur 
toute  particulière  ;  elle  est 
connue  depuis  peu. 

Boulotter  :  manger  ;  ca~ 
lijatte  :  secret. 

Mot  à  mot  :  manger  du 
secret. 

On  sait  que  la  cellule  est 
la  terreur  du  plus  grand 
nombre  des  détenus,  mais 
elle  est  un  paradis  relatif 
quand  il  n'est  pas  au  secret. 

Être  au  secret  est  un 
supplice  épouvantable.  On 
comprend  que  les  plus  en- 
durcis voleurs  redoutent 
cette  torture;  cela  explique 
qu'ils  sont  parfois  empêchés 
de  commettre  un  acte  cri- 
minel ou  qu'ils  avouent  tout 
ce  qu'on  leur  demande  pour 
éviter  de  boulotter  de  la 
calijatte  pendant  de  lon- 
gues semaines  (Argot  des 
voleurs).  N. 
BOUQUET  :  Quand  un  noîir- 
risseur  de  poupard  a  bien 
préparé  une  alfaire,  et  (pie 


r>pj 


CAP) 


3v'7 


le  vol  a  élé  rriicUieux.  il 
reçoit  une  prime  de  ses 
complices,  quelcpietois  qua- 
laiile  pour  ceul.;  cela  se 
nomme  recevoir  un  bouquet 
(  Ari,'ot  des  voleurs). 

liOrUDON  :  Quand  le  met- 
teur en  page  ne  s'aperçoit 
pas  qu'un  mot  a  élé  oublié 
en  conq)osant  un  article,  ce 
dernier  devient  incompré- 
hensible. 

S'il  s'en  aperçoit  et  qu'il 
faille   remanier   le  paquet, 
c'est    enlever    le   bourdon 
-         (Argot  d'imprimerie). 

I  BRANCAPiD  :  Un  vieil  adage 
dit  que  les  femmes  c'est 
conune  les  souliers  :  quand 
c'est  vieux,  ça  boit. 

Toutes  ne  boivent  pas  ; 
il  en  est  qui,  trop  vieilles 
pour  continuer  leur  profes- 
sion, instruisent  les  jeunes 
et  leur  apprennent  les  se- 
crets du  métier. 

-^lot  à  mot  :  brancard, 
aller  traîner  les  appren- 
ties putains  sur  le  iHmard 
(Argot  des  lilles). 

lUUCOLE  A  CHEVEUX  :  Le 
peigne  ou  l'épingle  qui  fixe 
le  chignon  d'une  femme 
(Argot  des  voleurs).  N. 

lîllISER  :  S'en  aller. 

—  Mon  vieux,  il  est 
l'heure  de  la  mouise,  je  me 
la  brise  au  galop. 

Quand  une  commandite 
d'ouvriers  compositenrs  a 
achevé  son  travail,   le  met- 


teur en  page  frappe  sur  sa 
casse  avec  un  taqicoir. 

Ce  signal  veut  dire  :  c'est 
fini,  brisez  (Argot  d'impri- 
merie). 
lUiODEUSE   :    Homme  et 
lénnue  à  la  fois. 

De  la  lamille  des  pédé- 
rastes (Argot  du  peuple). 
nnULER  LA  CHANDELLE 
PAU  LES  DEUX  DOl  ÏS  : 
Individu  qui  dépense  sans 
compter,  qui  jette  son  ar- 
gent par  les  fenêtres. 

—  ïu  brûles  la  chan- 
delle par  les  deux  bouts 
(Argot  du  peuple).  N . 

BUSTIXGUE  :  Garni. 

Il  en  existe  un  célèbre 
dans  la  rue  de  Flandre,  à 
la  Villette.  C'est  là  que 
descendent  les  saltimban- 
ques et  les  phénomènes  qui 
viennent  se  faire  engager. 

On  nomme  bustingue 
tous  les  garnis  où  logent 
les  ambulants  (Argot  des 
voleurs). 


ÇA  NE  VA  QUE  D'UNE 
FESSE  :  Chose  qui  va  mal. 

Besogne  accomplie  avec 
répugnance. 

Être  très  malade  (Argot 
du  peuple).  iV. 

CABARET    DES    SIX-FES- 

SES  :  Auberge  tenue  par 
trois  femmes  (Argot  du  peu- 
ple). iY. 


328 


CAR 


CAR 


CACHET  DE  LA  RÉPUBLI- 
QUE :  C'est  un  coup  de 
pied  canaille. 

Quand  deux  hommes  se 
battent,  le  plus  fort,  d'un 
coup  de  talon,  écrase  la  fi- 
gure de  son  adversaire. 

Il  Impose  le  cachet  (Ar- 
irot  du  peuple). 

CAILLÉ  :  Poisson  cpielle  que 
soit  sa  nature. 

11  est  caillé,  il  a  des 
écailles  fArgot  des  vo- 
leurs). 

CALLOT  :  Teigneux 

Vient  de  calabre,  teigne 
(Argot  des  voleurs), 

CAMBROU  :  Domestique 
mâle. 

Il  garde  la  camhrouse 
(Argot  des  voleurs). 

CAMELOTTE  EN  POCNE  ; 
Voler  un  objet  quelconque 
dans  la  main  de  quel  {u'un 
(Argot  des  voleurs). 

CANULE  :  Petit   instrument 
placé  au  bout  d'une  serin- 
gue, d'un  irrigateur. 
Canule  :  Être  ennuyeux. 

—  Ah  !  làclie-nous,  voilà 
une  heure  que  tu  nous  ca- 
nules (Argot  du  peuple). 

CANELLE  ;  La  ville  de  Caen. 

—  Il  y  a  un  hath  chopin 
à  faire  à  Candie,  en  es-lu  ? 
(Argot  des  voleurs). 

CAPOU  :  Écrivain  public  (Ar- 
got des  voleurs). 

CARCAN  A  STRAPONTIN  : 
Vieille  fille  publique. 


De  carcan  :  vieux  che- 
val (Argot  des  filles). 

CARIBENER  :  Vol  à  la  carr. 

Le   voleur   qui   a    cette 
spécialité  se  nomme  un  ca- 
ribeneiir    (Argot    des  vo- 
leurs). 
CARLINE  (La)  :  La  mort. 

Ce  mot  est  usité  dans 
les  bagnes  pour  désigner 
cette  vilaine  personne. 

Allusion  au  personnage 
de  Carlin  dont  le  visage 
est  couvert  d'un  masque 
noir  (Argot  des  voleurs). 

CARRELEUR  DE  SOU- 
L1I']RS  :  Ouvrier  lorrain 
qui  vient  tous  les  étés  par- 
courir nos  campagnes  avec 
sa  hotte  sur  le  dos. 

Il  raccommode  les  sou- 
liers. 

Ce  nom  lui  vient  de  ce 
qu'il  crie  :  carreleur  de 
souliers. 

Ce  à  quoi  les  gamins  ré- 
pondent : 

—  Gare  l'aut'  soulier  ! 
(Argot  du  peuple). 

CAROTTE  FILANDREUSE  : 

Carotte  tirée  de  longueur, 
nais  peu  claire  comme 
explications. 

Allusion  à  une  vieille  ca- 
rotte pleine  de  filaments. 
qui  ne  se  digère  pas  facile- 
ment. 

—  Ça  ne  prend   pas,    la 
'  carotte    est    filandreuse 

(Argot  du  peuple).  N, 


CHI 


DÉB 


329 


C.VZIN  :  Partie  debillaid  qui 
se  .joue  avec  une  quille  au 
milieu  du  lapis  (Argol  du 
jieuple).  JV. 

CAZINER  :  Jouer  au  cazin. 
taire  toucher  par  la  bande 
les  billes,  en  jouant  avec  la 
rouge  (Argot  du  peuple). 

CHAT  (Mon     petit)  :   Ternie 
d'amilié   employé    souvent 
vis-à-vis  d'une  jeune  lille. 
Chat...  (Argot  du  peu- 
ple). V.  Tàte-minette.  N. 

CUATOLILLE  (Une)  :  Ine 
cliansonnette. 

Vieux  terme  degoguelle: 

—  Allons,  déffoise-nous 
ta  petite  chatouille  (Argot 
du  peuple).  N. 

CilENAH.LER  :  Faire  des 
reproches  à  quehpi'nn. 

C'est  une  latjon  polie  pour 
ne  pas  dire  engueuler. 

—  Je  ne  t'ai  pourlant 
rien  fait  pour  que  tu  soies 
toujours  à  me  chenaillcr 
(Argot  du  peuple).  iV^. 

CIIÉQUARDS  :  Les  députés, 
ou,  du  moins,  les  Cent- 
Quatre  à  qui  on  reprocha 
si  vivement  d'avoir  reçu 
des  chèques  du  baron  de 
Reinach  et  du  fameux  Ar- 
ton  (Argot  du  peuple).  N. 

CHEVALIER  DE  LA  RO- 
SETTE :  Homme  qui  aime 
son  sexe  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

CliirFARDE  :  La  pipe. 

—  Pas  mèche  de  fumer 


ma  chiffarde,  pas  de  saint- 
père  (Argot  du  peuple). 
CIROULOT  :  La  tète. 

Perdre  le  ciboulot  :  per- 
dre la  tète. 

Se  làire  sauter  le  cibou- 
lot :    se  brûler  la  cervelle. 

—  Son  ciboulot  est  vidé 
(Argot  du  peuple).  N. 
CLAIR  COMME  DE  L'EAU 
DE  ROUDIN  :  Affaire  obs- 
cure, end)rouillée. 

Mot  à  mot  :  aflaire  téné- 
breuse. 

Allusion  à  la  noirceur  de 
Veau  qui  sert  aux  charcu- 
tiers pour  faire  cuire  le  bou- 
din (Argot  du  peuple).  N, 
COUP  DOUBLE  :  Deux  ju- 
meaux. 

Ce  mot  peut  se  passer 
d'exi)lications  (Argot  du 
peuple).  N. 


DARONNE  DU  DARDANT  : 

La  déesse  Vénus. 

Baronne,   mère  ;    dar- 
dant, amour. 

Mot  à  mot  :  la  mère  des 

amours  (Argot  des  voleurs). 

DARONNE     DU     GRAND 

AURE  :    La  Sainte  Vierge. 

Je  n'ai  pu  trouver  nulle 
part  la  signification  du  mot 
a%ire  (Argot  des  voleurs). 
DËBRICADRAQUÉ  :  Un  bric- 
à-brac  monte  sa  boutique 
de  bric  et  de  broque,  ric- 
à-rac  (petit  à  petit). 

19. 


330 


FAG 


FIN 


On  construit  une  pièce 
avec  di  lièrent  s  morceaux, 
un  béqtoet  par-ci,  un  bcqiiet 
par-là.  Si  elle  ne  plaît  pas 
au  directeur,  il  laut  que 
l'auteur  la  retape,  qu'il  la 
débricahraque . 

Mot  à  mol  :  qu'il  la  dé- 
molisse pour  la  rebrica- 
braqi^er  (Argot  du  peuple). 

DËCADENER  :  Quand  le  gen- 
darme Ole  le  cabriolet  d'un 
prisonnier,  il  le  décadène. 

Mol  à  mot  :  il  le  de- 
chaîne. 

On  dit  également  dédu- 
railler  (Argot  des  voleurs). 
DËFILER  SON  CHAPELET  : 
Quand  deux  commères  se 
disputent,  c'est  un  déluge 
de  paroles  et  d'épilliètes 
interminable. 

—  As-tu  vu  comme  je 
lui  ai  défilé  mon  chapelet  ? 

Allusion  au  chapelet 
qu'une  dévote  fait  tourner 
toute  sa  vie  dans  ses  mains 
sans  en  trouver  la  fin  (Argot 
du  peuple).  N. 

DEGUI  :  Abréviation  de  dé- 
guisement (Argot  des  vo- 
leurs). 


FAGOT  AFFRANCHI  :  Forçai 
libéré. 

Mot  à  mol  :  il  est  affran- 
chi de  ses  fers  (Argot  des 
voleurs). 


FAGOT  A  PERTE  DE  VUE  : 

Condamné  aux  travaux  for- 
cés à  perpétuité. 

Par  abréviation  on  dit  : 

gerbe  à  perpète  (Argot  des 
voleurs). 

FAIRE  :  Les  bouchers  font 
un  animal  à  l'abattoir. 

Faire  :  tuer,  voler. 

Faire  quelqu'un  :  le  le- 
ver. 

Faire  :  synonyme  de  fa- 
briquer (Argot  du  peu[)le 
et  des  voleurs). 

FAIRE  LA  TORTUE  :  Ne 
rien  manger, 

Jeûner  volontairement 
ou  par  la  force  des  choses 
(Argot  des  voleurs).  N. 

FEMMEDECARÈME:Femm. 

outrageusement  maigre . 

Un  hareng  saur  en  ju- 
pons (Argot  du  peuple).  .Y. 

FERME  TA  GUEULE  OU  JE 
SAUTE  DEDANS  :  Ou  dit 

cela  à  un  individu  qui  haiile 
à  se  démantibuler  la  mâ- 
choire, ou  qui  braille  à 
vous  assourdir  (Argot  (hi 
peuple).  N. 

FIN-DE-SIÈCLE  :  Celte  ex- 
pression nouvelle  veut  dire 
bien  (les  choses. 

Un  chapeau  excentrique 
est  fin-de-siècle. 

Une  chanteuse  comme 
Yvelte,  une  danseuse  jiomme 
la  Goulue.,  un  livre  ou  une 
pièce  où  les  expressions 
sont  ce  qu'il   y   a   de  plus 


FON 


IIOT 


331 


réaliste,  tout    cela  est  fin- 
de-siècle  (Argots  divers). 

N. 

FLAMSIK  :  Flamand. 

C'est  une  corruption  du 
mot  flahut  (Argot  des  vo- 
leurs). 

ILAXCIIE  :  Alï'aire. 

—  Si  tu  veux,  uïon  vieil 
aininche,  nous  avons  un 
rude  flanche  en  vue? 

—  Je  le  connais  ton 
flanche  à  la  manque  (Argot 
des  voleurs). 

l'LAC'l'l'^T  :  Le  gousset  du 
pantalon,  ou  la  poche  du 
gilet. 

C'est  là  généralement  ou 
on  met  son  argent. 

Flac^  sac  ou  argent,  de 
là  flaquet  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

I  LEUR  DE  CONNERIE  : 
Suprême  imbécile,  crème 
de  crétin. 

Mot  à  mot  :  le  roi  des 
gaffeurs  (Argoi  du  peuple). 
N, 

FLOIE  :  La  foule. 

Quand  la  foule  est  nom- 
breuse, les  voleurs  peuvent 
travailler  à  leur  aise  (Argot 
des  voleurs). 

FONXÉE  :  Une  mariée  est 
en  bla7ic  le  matin,  le  soir 
elle  change  de  costume,  les 
loustics  disent  qu'elle  est 
en  foncée  (Argot  du  peu- 
ple). .Y. 

FONDANTS  :   Des    bonbons 


pustuleux  qui  suintent  sans 
cesse. 

On  dit  :  il  a  des  bon- 
bons fondants  (Argot  du 
peuple).  N> 
FOUINARD  :  Individu  qiii 
fouine  partout,  qui  fourre 
son  nez  dans  les  allaires  des 
autres. 

Fouinard  date  de  la 
pièce  de  Lesurques  ;  c'était 
l'acteur  Alexandre  qui  jouait 
le  rôle  de  ce  personnage 
(Argot  du  peuple). 

FOUKLINE:  Vient  de  fmr- 
loureur  .  Ce  mot  signitie  à 
la  fois  voleur  et  asssassin 
(Argot  des  voleurs). 

FRICOTEUR  :  Agent  d'allai- 
res,  synonyme  de  tripo- 
teur. 

Au  régiment,  les  trou- 
piers qui  coupent  aux  exer- 
cices, aux  corvées,  en  un 
mot  au  service,  sont  des 
fricote urs  (Argot  du  i)eu- 
ple). 

H 

HUILE    DANS  LA   LAMPE 

(N'avoir  plus  d')  :  Mourir. 
Allusion   à  la  lampe  qui 
déteint  faute  d'huile  (Argot 
du  peuple).  N. 

IIOTEL-DIDEROT  :  La  [)ii- 
son  de  Mazas. 

On  dit  également  J/«2:a,s- 
les-Bains  (Argot  du  j)ea- 
ple).  N. 


332 


MON 


MOT 


M 

iMALHEUREUX  (Être)  :  C'est 
l'état  de  pauvreté,  en  fran- 
çais. 

En  typographie  ,  celte 
expression  a  une  autre  si- 
gnification. 

Dans  une  équipe,  chacun, 
à  tour  de  rôle,  a  son 
tour  de  malheureux,  la 
liste  en  est  affichée  dans 
Tatelier  de  composition. 

Les  malheureux  restent 
après  les  autres  pour  corri- 
ger, faire  les  7»  or  as  s  es  et 
serrer  les  formes  (Argot 
d'imprimerie).  JV. 

MANCHE  (Avoir  son)  :  Être 
fornjidablement  en  colère. 

Un  compositeur  typogra- 
piie  qui  a  de  la  mauvaise 
copie  (la  mienne  par  exem- 
ple) qu'il  ne  peut  lire,  a 
son  manche  contre  l'auteur. 
Heureusement  que  ce 
n'est  pas  celui  du  balai. 

Synonyme  d'avoir  sa  chè- 
vre (Argot  (rim})rimerie), 

MESSIÈRES  :  Victimes. 

Cet  mot  est  très  vieux;  il 
a  été  employé  par  Eugène 
Sué,  à  propos  du  person- 
nage du  3Iailre  d'école,  à 
qui  la  Chouette  dit  : 

—  Ma  vieille  fourline, 
attention,  v'ia  le's  messiè- 
res  (Argot  des  voleurs). 

MON  LINGE  EST  LAVÉ  : 
Quand  deux    individus    se 


battent,  celui  qui  est  vaincu 
dit  qu'il  a  son  linge  lacé. 
Etre  arrêté  a  la  même 
signification  (Argot  des  vo- 
leurs) . 

MOULIN  A  CAFÉ  :  Le  tri- 
bunal correctionnel. 

Allusion  à  la  vitesse  avec 
laquelle  les  juges  expédient 
les  affaires. 

Les  prévenus  sont  con- 
damnés à  la  vapeur  (Argot 
du  palais).  N. 

MOUILLER  SES  BIBE- 
LOTS :  Pisser  dans  son 
pantalon  (Argot  du  peuple). 

MOTS  A  QUEUE  :  C'est  une 
plaisanterie  d'atelier  fort 
amusante. 

C'est  un  homme deVar- 
tichaud  Colas. 

On  en  a  fait  des  à-peu- 
près  tout  aussi  drôles  sur 
les  heures. 

Il  est  une  heure,  [teneur  \ 
de  livres. 

Deux  heures,  {deux 
sœurs)  de  charité. 

Trois  heures  [toiseur) 
vérificateur. 

Quatre  heures ,  {car- 
deur)  de  matelas. 

Cinq  heures,  {zingueur) 
plombier. 

Six  heures,  [ciseleur) 
sur  métaux. 

Sept  heures  (<?(?/^^  heure) 
est  la  mienne. 

Huit  heures,  {huîtres) 
d'Osten.le. 


NOI 


PLU 


333 


Neuf  heures,  {neveu) 
de  son  oncle. 

Dix  lieures,  (diseur)  de 
bonne  aventure. 

Onze  lieures.  {on  se)  ré- 
unira à  la  maison  njor- 
tuaire  pour  midi  (Argot 
des  ateliers). 


N 

N'KX     JKTKZ    PLIS,    LA 
COLll  EST  1MJ:L\E  :  De 

18 IS  1  18G0,  il  exista  un 
homme  mystérieux  qui 
chantait  dans  les  cours  ; 
son  élégance  et  sa  distinc- 
tion l'avait  fait  surnommer 
le  marquis. 

Avec  une 
aille,  il  chantait  le   réper- 
toire de  Désaugiers. 

Aussitôt  qu'il  arrivait, 
les  sous  commen(,\iient  à 
pleuvoir  drus  comme  grêle, 
il  s'arrêtait  avant  d'enta- 
mer une  nouvelle  chanson 
et  criait  : 

—  N'en  jetez  plus,  la 
cour  est  pleine. 

I/ex pression  est  restée 
comme  synonyme  de  :  j'en 
ai  assez {kv^oi  du  peuple). 
N. 
NOIRE  COMME  LE  CUL 
DU  DL\BLE  :  Se  dit  d'une 
femme  brune,  presque  mo- 
ricaude. 

On  dit  également  de 
quelqu'un  qui  a  la  cons- 
cience chargée  de  nombreux 
méfaits  : 


—  Son  âme  est  noire 
comme  le  cul  du  diable. 

Se  dit  aussi  d'une  aftaire 
embrouillée,  dans  laquelle 
personne  ne  voit  goutte 
(Argot  du  peuple). 


PATTE    DE    VELOURS 

(Faire)  :  Avoir  envie  de 
dire  des  injures  à  quel- 
qu'un et  au  contraire  lui 
faire  risette.. 

Avoir  envie  à'égrati- 
gner  et  au  contraire  cares- 
ser. 

Allusion  au  chat  qui 
rentre  ses  griffes  quand  il 
est  content  : 

—  H  fait  patte  de  ve- 
lours (Argot  du  peuple). 
N, 
PHILOSOPHES  :    Des   sou- 
liers. 

Ils  sont  bien  forcés  d'ac- 
cepter le  temps  comme  il 
est,  boue  ou  neige,  et  le 
pied  qui  les  chausse. 

On  appelle  également 
philosophes  des  grecs  qui 
opèrent  seuls  dans  les  cer- 
cles et  dans  les  tripots. 

Le  philosophe  d'allu- 
mage est  celui  qui  prépare 
les  pontes,  qui  en  ce  cas 
deviennent  des  pantes 
(Argot  du  peuple).  N. 

PLUS  DE  GAZ  DANS  SON 
COMPTEUR  :  Mourir. 
I^e  robinet  de  la  vie  est 


334 


SCI 


STO 


fermé,  les  yeux  sont  éteints 
(Argot  du  peuple).  N. 
PUTAINS  DES  PAUVRES  : 
Les  députés 

Cette  expression  nou- 
velle n'est  pas  très  polie 
pour  les  Bidards  du  suf- 
frage universel,  si  on  s'en 
rapporte  à  la  légende  de 
Sainte-Thérèse. 

Seulement  cela  ne  doit 
pas  être  pris  dans  le  même 
sens,  car  si  les  députés  sont 
putains  ce  n'est  pas  par 
charité  (Argot  du  i)euple). 
N. 

Q 

QUENOTTES  :  Les  dents. 
—  Fais  voir,  mon  petit 
ami,    tes    jolies  quenottes 
(Argot  du  peuple). 


S 


SANGLIER  :  Le  prêtre. 

Pourquoi  ? 

Le  prêtre  n'a  pourtant 
rien  du  sanglier,  ni  les  al- 
lures, ni  la  rudesse,  car  il 
ne  tient  pas  tête  à  ceux  qui 
le  combattent  (Argot  des 
voleurs). 
SCIER  SON  ARMOIRE  : 
Quand  le  contrebassiste , 
dans  un  orchestre,  fait  sa 
partie,  les  voyous  disent  : 

—  Il  scie  son  armoire. 

Allusion  de  forme  (Argot 
<hi  peuple).  N. 


SE  PAYER  UN  COUP  DE 
VEUVE  :  S'offrir  une  sa- 
tisfaction personnelle  soli- 
tairement. 

La  veuve,  c'est  madame 
Poignet. 

Quand  un  assassin  lùigrc 
m\  pante,  il  s'oftre  un  covi) 
de  veuve,  seulement  c'est 
Chariot  qui  opère  à  sa 
place,  et  la  satisfaction 
n'est  pas  synonyme  de 
jouissance  (Argot  du  peu- 
ple). N. 

SI  MA  TANTE  ÉTAIT  UN 
HOMME. 

Cette  expression  est  em- 
ployée communément  dans 
le  peuple  pour  exprimer 
l'absence  de  la  virilité  de 
la  femme  : 

—  Si  ma  tante  en  avait 
elle  serait  colonel  dans  la 
garde  nationale  (Argot  du 
peuple).  N- 

STOPPER  :  Stopper,  arrê- 
ter. 

Le  mécanicien  arrête  la 
machine,  il  stoppe. 

On  dit  à  un  orateur  qui 
fait  un  discours  maladroit  : 
stoppez,  dans  le  sens  de 
taisez- vous. 

La  science  du  tailleur  a 
créé  le  stoppeur,  celui  qui 
reprise  les  accrocs  aux  vê- 
tements. 

Il  est  regrettable  que 
son  aiguille  habile  ne  puisse 
repriser  les  consciences,  il 
aurait  eu  un  J'ude  ouvniLie 


ta:m 


TRO 


335 


au   Palais-Bourbon   (Argot 
(lu  peuple). 
SUIF  (En  reeevoir  un)  :  Être 
forlement  réprimandé    par 
le  patron. 

On  (lit  également  rece- 
voir un  gras 

—  J'ai  perdu  un  tiers,  (:e 
(pu'  le  contre-coup  n\'A 
graissé,  c'est  un  vrai 
beurre. 

Deux    mots  pour  expri- 
mer le  même  objet  (Argot 
(lu  peuple). 
SI  KETTE  :  Pomme. 

Allusion  à  l'acidité  de  ce 

IVuit  cpie  Ton  rencontre  en 

Normandie  sur  les  grandes 

roules  (Argot  des  voleurs). 

SYMBOLE  (Avoir  un)  : 

Avoir  un  compte  ouvert 
ehez  le  mastroquet  (Argot 
d'imprimerie). 


lABLEAU-RADIS  :  Toile  cpie 
le  marchand  n'a  pu  Vendre. 

Quand  il  retient  à  l'ale- 
lier"!!  on  dit  :  mon  tableau- 
radis. 

On  en  dit  autant  d'un 
livre  :  un  Hcre-radis. 

Allusion   au  radis  rose 
ou  noir  qui  occasionne  des 
renvois  (Argot  d'atelier). 
lAMBOUR  :  Chien. 

Quand  un  étranger  pé- 
nètre dans  une  maison,  les 
aboiementsréitérés  du  chien 


imitent  le   roulemeut   du 
tambour. 

E'expression  alarmiste., 
citée  plus  haut,  est  plus 
juste  (Argot  des  voleurs). 

ÏABTE  :  Chose  de  mauvaise 
qualité. 

Les  i'aux-monnayeurs  sont 

des  morni fleurs-tarte. 

Ils  écoulent  de  mauvais 
argent. 

Allusion  aux  tartes  faites 
avec  de  la  vieille  graisse  et 
de  la  l'arine  avariéi;  que  l'on 
vend  dans  les  têtes  foraines 
(Argot  des  voleurs).  N. 

TEMB   LA   CHANDELLE  : 

Mari  complaisant  qui  sait 
que  sa  fenune  le  trompe  et 
qui  accepte  ça  très  tranquil- 
lement. 

I/amant  de  cœur  d'une 
lille  entretenue. 

Ils  tiennent  la  chan- 
delle (Argot  du  \)euple). 

TIBE-BOGEE  :  Voleur  à  la 
tire  qui  a  la  spécialité  de 
faire  les  montres  (Argot 
des  voleurs). 

TOILE  D'EMBALLAGE:  Lin- 
ceul. 

Cette  expression  est  tou- 
toujours  en  usage,  malgré 
que  dans  les  h(jpitaux  on 
n'ensevelisse  plus  les  morts 
dans  des  serpillières  (Ar- 
got du  peuple). 

TROU  AUX  POMMES  DE 
TERRE  :  La  bouche  (Argot 
du  peuple). 


336 


VIO 


VOL 


VERTU    NAUFRAGÉE: 

Jeune  fille  qui  ne  pourrait 
plus  être  couronnée  ro- 
sière, même  laïque  ;  sa 
vertu  a  fait  naufrage  sur 
le  gazon  ou  ailleurs  (Argot 
du  peuple).  N . 

VIDER  LE  PLANCHER  : 
S'en  aller. 

—  Mon  p'iit,  ça  ne  mar- 
che plus,  tu  vas  vider  le 
plancher  (Argot  du  peu- 
ple). 

VIOLON  :  Les  serruriers, 
pour  percer  des  petits 
trous,  se  servent  d'un  foret 
emmanché  dans  une  bobine 
})our  l'activer  ;  ils  ont  une 
tige  d'acier  llexiljle,  garnie 


d'un  fil  d'archal,  ils  ap- 
puient le  pivot  du  foret  sur 
une  plaque  de  fer  assujétie 
sur  l'estomac  ;  cette  plaque 
se  nomme  conscience,  la 
tige  d'acier  se  nomme  un 
archet.  Par  le  va  et  vient 
du  foret,  l'ouvrier  joue  un 
air  de  violon  (Argot  du 
peuple).  iV. 

VOITURE  A  BRAS  :    Vieille 
femme. 

Celte  expression  est  em- 
ployée pour  dire  qu'elle  est 
une  vieille  charrette  qui 
a  traîné  la  moitié  du  Paris 
masculin  (Argot  du  peuple). 

VOLE-AU-VENT    :      Plume 


FIN 


Ail  moment  d'imprimer  celle  dernière  feuille,  il 
m'arrive  une  série  d'expressions  nouvelles  qui  seront, 
pour  compléter  ce  volume,  publiées  en  supplément, 
à  part. 


Imp.  Lambert,  Épinette  et  Cie,  231,  rue  Championnet. 


Pariï 


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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


PC  Virmaitre,  Charles 

3741  Dictionnaire  d'argot 

V3  fin-de -siècle