^
DICTIONNAIRE D'ARGOT
FIN-DE-SIÈCLE
DU MEME AUTEUR
PARIS-DOCUMENTAIRE
VOLUMES PARUS
1.
II.
III.
IV.
V.
VI.
Paris-oublié.
Paris-qui-s'efface.
Paris Canard.
Paris-Palette.
Paris-Impur.
Paris-Cocu.
VII.
VIII.
IX.
X.
XI.
Paris-Police.
Paris-Escarpe.
Paris-Boursicotier.
Paris-Galant.
Paris-Médaillé.
XII. Paris-Croque-Mort.
VOLUMES A PARAITRE
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
Paris
la-Nuil.
Ambulant.
Dompteur.
M as troque t.
Brasserie.
Bastringue.
Cabotin.
Palais.
Brocanteur,
Gargantua.
■Canotier.
Tripot.
à-Table.
Mendigo.
Paris-Prison.
Paris-Escrime.
Paris-qui-s'éveille.
Paris-Toqué.
Paris-Musicien.
Paris-Huissier.
Paris-Etudiant.
Paris-Domestique.
Paris-Gavroche.
Paris-Borgia.
Paris-Badaud.
Paris-Cafard.
Paris-Portière.
Paris-Bourgeois.
VOLUMES DIVERS EPUISES
La Commune de Paris,
1870-1871.
Les Maisons comi-
ques.
Mémoires secrets de
Troppmann.
Les Virtuoses du Trottoir.
Les Curiosités de Paris.
Les Sauterelles rouges.
Ces Dames du grand
monde.
Les Jeux et les Joueurs.
A Fniiicisqne SARCEY
HOMMAGE RESPECTUEUX
Ch. virmaitre.
DICTIONNAIRE
d'Argot
FlH-lDE-SI]Èel:iE
PAR
Charles VIRMAITRE
PARIS
A. CHARLES, LIBRAIRE
8, RUE MONSIEUR-LE-PRI\CE, 8
1894
^ln^\ FRANCISQUE SARCEY
, , A MON CHER ET HONORE CONFRERE
Permettez— moi de vous prier d'accepter l'hom-
mage de ce volume. Je suis persuadé que le nom du
maître critique lui portera bonheur.
J'ai essayé de faire juste, sans, comme mes devan-
ciers^ écarter volontairement des termes risqués.
Je les ai écrits comme ils sont employés dans les
milieux auxquels je les e?nprunte.
Pour écrire mes précédents ouvrages ^j' ai dû vivre
dans ces milieux, depuis l'atelier jusquaux bouges
les plus infects, inconnus des chercheurs^ et oîi^ d'ail-
leurs, nul n'oserait s' aventurer sans danger.
C'est donc un Dictionnaire vécti, étudié sur le vif
S'il n'est pas aussi savant que ceux de MM. Jean
Rigaud, Alfred Delvau et Lorédan Larchey, il a au
moins le mérite de n'être pas fantaisiste ; il n'est
pas l'écho atténué par une pudibonderie par trop
Bérengeriste des expressions en usage depuis des
siècles.
Des dames à un certain bal célèbre, mirent leur
chemise au vestiaire, j'ai fait comme elles, ce sera
moins beau sûrement, mais c'est aussi nature.
TO BE OR MOT TO BE
Veuillez agréer, mon cher Maître, mes remercie-
ment s ^etJL£x^r es sion de mes sentiments de confrater -
nité.'\^Vi /^ n ^t^^x
■' ' -f >, CH. VIRMAITRE.
Moti cher Confrère^
Vous ni'ûve^ fait grand plaisir en vous
souvenant du goût que fai toujours mon-
tré pour les études de linguistique. J\j' me
les locutions d'argot^ dont beaucoup sont
très pittoresques ; au lieu de les proscrire
toutes, comme font les dégoûtés, nous de-
vrions avoir à cœur de choisir les plus
expressives et de les introduire dans la con-
versation de la bonne compagnie, d^oii elles
passeraient dans le Dictionnaire de V Aca-
démie, qui leur donnerait ainsi leurs lettres
de naturalisation.
Je vous remercie et vous serre la main.
FRANCISQUE SARCEY.
PRÉFACE
Avant que les bonnes feuilles de ce Diction-
naire ne me tombassent sous les yeux, je ne
connaissais guère, je dois le dire à ma honte,
que Targot de Métcnier et celui de Bruant. Je
dois confesser que mon éducation était in-
complète. Et comme je crois que beaucoup
sont dans mon cas, il est de toute évidence
que ce Dictionnaire est destiné à rendre les
plus grands services aux femmes du monde
qui vont, au cabaret du Mirliton, quérir des
émotions un peu faisandées, et qui en revien-
nent mélancolieuses, oh ! combien ! et le
cœur tout en pantenne, les pauvres chères !
de ce qu'elles n'ont pas goûté, n'ayant pas
compris, toute la boue dont, à leur passage
II
DICTIONNAIRE D ARGOT
dans son bouge, les éclaboussa l'habile cabot-
limonadier.
Quel beau livre, quel livre puissant, de
quel haut intérêt, et de quelle portée morale,
philosophique et sociale, il y aurait à écrire
sur l'argot ! Quels coins de voile il soulève
sur ce monde mystérieux, inconnu, inquié-
tant, si loin de notre société bourgeoise, sur
ce monde du crime, où le vol et l'assassinat
portent cyniquement le même nom que la
retape de la fdlasse : le turbin î Le turbin
c'est-à-dire le Travail ! ! !
Ah ! nos lois ! nos règlements ! nos conven-
tions ! Ah ! nos morales! nos vertus ! nos de-
voirs ! Ah ! nos Godes, nos gendarmes î A
quels antipodes î
Il y a dans l'argot l'histoire de tout uft
monde, il y a la psychique de tout un peuple
qui pense, croit et agit tout contradictoire-
ment à nous, de même qu'il parle une autre
langue que nous, une langue difficile à saisir.
PREFACE XI
en dépit de tous les dictionnaires, parce que
sa mobilité est en raison directe des efYorts
faits par les profanes pour la pénétrer.
Je n'ai ni le temps, ni l'autorité qu'il siérait
pour essayer d'écrire, en tête de ce livre, le
(Commentaire qu'il faudrait. Je ne veux, je ne
puis que tenter quelques considérations sur
ce qu'est l'argot, au point de vue philolo-
gique, et sur la manière dont se forme et se
déforme, encore aujourd'hui, ou plutôt se
transforme en se déformant ce vocabulaire
d'une richesse si colorée et si sapidement et
intensément pittoresque.
Les dictionnaires d'argot, publiés jusqu'à
présent, n'ont pas assez, me semble-t-il, in-
sisté sur les modes de recrutement et de
transformation des vocables argotiques. Or,
précisément, ce côté philologique m'a tout
de suite paru, à moi, profane, comporter un
intérêt de premier ordre. Je sais bien qu'il
faudrait tout un livre pour écrire, expliquer
et commenter la longue et si accidentée bis-
XII DICTIONNAIRE D'ARGOT
toire philologique de l'argot, dont les com-
pétents font remonter les origines jusqu'au
xn^ siècle.
Toutefois, à défaut de cette étude savante
il y a tout au moins à donner la formule de
la mobilité de cette langue, qui, à dix ans
de distance, devient presque méconnaissable
et quasi incompréhensible pour qui n'en suit
pas les évolutions et n'en connaît pas le
mécanisme.
L'argot est un langage artificiel, un voca-
bulaire de convention.
Riche d'un fond de vieux mots français,
latins, ou d'importation étrangère (par le fait,
par exemple, des guerres), rargot,je le répète,
est une langue essentiellement bougeante et
fugace.
Cette mobilité est obtenue par divers prin-
cipaux procédés, tels que : déformation de
mots existants, substitution de mots, apport
de suffixes divers.
Le procédé de déformation le plus curieux
est celui qui consiste à remplacer la pre-
PREFACE XIII
mière lettre d'un mot par la lettre /, à la re-
jeter à la fin du mot, et à terminer le mot
par un suffixe, comme oqiiCj iqiie, ème, onche,
iichc.
C'est ainsi que le mot « fou ^) a produit loufo-
que. Uf de fou, remplacée par un / et pas-
sant à la fin du mot, a formé louf radical
auquel est venu s'ajouter le suffixe oque, soit
loufoque. C'est pareillement que linvé vient
de viugt, le z^ remplacé par 1'/, est passé à
la fin du mot, et le / est disparu euphonique-
incnt.
Quelquefois le suffixe s'intercale dans le
mot. Caler, mourir, devient calancher, par
l'addition du suffixe anche, qui est un suf-
fixe courant en argot, comme ique et oque.
Exemple: l)outique, x[ui fait boutoqueel bou-
ianche.
Un autre suffixe, qu'on retrouve un peu
partout, est la syllable(/w//ï. Roux — rouquin.
Lance, eau, fait lancequine et lancequiner
pleuvoir.
Le suffixe go entre dans la composition de
l)eaucoup de mots : icigo pour ici, remplaçant
XIV DICTIONNAIRE D ARGOT
icicaille qui est très vieux ; sergot^ mendi-
got, etc.
L'argot s'enrichit de mots nouveaux par la
méthode des synonymes et par métaphores.
C'est à dire, à plus exactement parler, que
les choses et les gens sont désignés par une
de leurs propriétés, une de leurs fonctions,
la plus saillante: une montre devient une
toquante, parce qu'elle fait toc, toc ; un juge
s'appelle un endormi, un avocat un bavard ;
l'avocat général V avocat bêcheur , une corde
ligottante.
Les dérivations par synonymes, donnent
parfois des résultats qui déconcertent de
prime abord. Comment expliquer que taupe,
femme, vient de marmite, qui désigne égale-
ment la femme. C'est que marmite, par subs-
titution de finale est devenue marmotte, et
que marmotte, ayant éveillé l'idée d'animal
qui dort sous terre, est un terme cousin
germain de taupe.
Une des conséquences à laquelle, par ce
procédé, on arrive vite, est le calembourg.
PREFACE XV
I/argot y a aussi recours pour se mo-
difier. C'est ainsi que ^^ini-Esprit devient
Sdinie-Essence, le portier cloporte, les la-
trines le numéro 100.
Suivant cet ordre d'idée, l'expression pas-
sera tabac, doit venir logiquement de r/ïzV/z/^'
qui en argot signifie l)attre] chiquer ùxeiW'dni
tout naturellement l'idée de tabac.
N'y aurait-il pas tout un chapitre à écrire
sur la poésie de certaines expressions, telle
que hlanchetle qui veut dire hiver, telle que
hrouillotte qui signifie la nuit? Et sur l'esprit
de certaines locutions imagées? Coucher sur
la plume de Beauce, n'est-ce pas joli pour
dire m coucher sur de la paille » ! Quand la
fille qui fait la retape rechasse les passants
(les reluque si vous voulez) pour les allumer,
on dit qu'elle distribue son prospectus.
Et combien d'autres ?
Ce Dictionnaire vient à son heure, il est
expression exacte de la langue actuelle
XVI DICTIONNAIRE D ARGOT
qu'on parle couramment dans les bouges. Il
émane de la plume d'un qui a beaucoup
retenu, après avoir beaucoup vu. Virmaitre
est plus qu'un écrivain documentaire, c'est le
Document lui même. Il est le seul homme de
Paris qui a été partout, là même, là surtout,
où la police, éventée à distance, n'entre pas.
Il a rapporté de cette ballade de touriste
dans le tréfond de Paris, tout une œuvre
d'un arôme spécial. Que si ces clichés pho-
tographiques effarouchent quelques pudeurs,
au moins ont-ils pour eux d'être d'une exac-
titude absolue, puisqu'ils ont été pris sur
le vif.
Ce Dictionnaire d Argot fin-desiède, en
dépit, et peut-être à cause, du cynisme de
certains vocables, et du pittoresque violent
de certaines locutions, n'est pas le moins
curieux morceau de sa collection.
Léo Trézenik.
I
EXPLICATIONS
Il est inutile de chercher les origines de l'argot,
car tous les auteurs qui ont essayé de les décou-
vrir sont en parfait désaccord.
D'ailleurs, où commence l'argot, où finit-il?
Chaque jour ce langage se forme, se déforme
<'l se transforme.
Ce qu'il faut reconnaître et simplement consta-
ter, c'est qu'il est des plus anciens. Il existe depuis
la création des associations de filous, de voleurs
et de mendiants ; ils avaient en effet besoin d'un
langage conventionnel pour se comprendre entre
<Mix, sans que le vulgaire non initié pût saisir le
véritable sens de leurs conversations.
Le moi Argot dérive-t-il du grec Argos, d'Argus
emblème de la vigilance ; de la vieille expression
XVIII DICTIONNAIRE D'ARGOT
Narqiiot (mendiant), de Ragot, truand du
XYi" siècle, du mot Argu, finesse, etc., etc?
Gela importe peu. Ce qu'il faut considérer c'est
que l'usage de l'argot est passé dans nos mœurs,
dans toutes les classes de la société ; on en retrouve
des expressions dans la langue courante.
Nous avons l'argot des voleurs, des soiiieneiirs .
des filles de la rue et du demi-monde, des ateliers,
des bouchers, des coulisses, An peuple, des trou-
piers, des bohèmes, des gens de lettres, des saltim-
banques, des Joueurs, des boursiers, des typogra-
phes, des bourgeois, des musiciens^ des mendiants,
etc.. etc.
Si les expressions employées dans ces divers
milieux diffèrent sensiblement comme étymologie
et comme sens, tout en signifiant la môme chose,
c'est que cette langue est très riche ; elle est si
riche que pour exprimer le mot tête, par exemple,
il existe plus de vingt vocables : Trogne, caboche.,
bobine, fiole, caillou, bouillotte, cafetière, coiia-
che, poire, hure, sorbonne, olive, nord, baptême, ■
trompette, globe, binette, cabéche, etc.. etc.
i
* * ;
L'étude de l'argot a tenté de grands écrivains, ■
EXPLICATIONS XIX
mais ils n'ont pu réussir à pénétrer dans les pro-
fondeurs de ce mystérieux langage.
Vidocq, le célèbre voleur, fut, dans notre siècle,
lo premier initiateur populaire de l'argot ; il était
placé pour cela, il avait vécu dans le monde des
prisons, au bagne, à la Force, et pendant qu'il fut
chef de la sûreté, il vit défder devant lui tous les
<liefs de bandes célèbres.
Après lui sont venus MM. Alfred Delvau, Jean
Uioraud et Loredan Larchev.
.le ne parle pas des auteurs qui n'ont fait qu'em-
prunter les expressions de nos devanciers, en
commettant de grossières erreurs sur le sens et la
A aleur des mots, erreurs qui prouvent qu'ils n'ont
rien pris sur le vif, et qu'ils se sont contentés d'em-
l)loyer les mots tels qu'ils les avaient entendus.
Ainsi, l'un d'eux dit cadelle pour cadenne
•haîne); />roff/e/' (manger), ipouv prou ter (colère),
r/est à l'infini.
Au XVI'" siècle, l'argot avait pris une telle exten-
sion que l'on songea à modifier ce langage et à
I unifier. Ce travail fut confié aux arcin-suppofs,
litre que prenaient les ca^owx, principaux officiers
du roi des Truands.
Voici ce que dit à ce sujet Ollivier Chereau ;
XX DICTIONNAIRE D ARGOT
« ... En un mot, ce sont les plus scavants, les
« plus habiles marpauts de toiitime V argot ^ qui
« sont des escoliers desbauchez et quelques rati-
« chons de ces coureurs qui enseignent le jargon
« a rouscailler bigorne qui ostent, retranchent,
« réforment l'arg-ot, ainsi qu'ils veulent, et ont
« ainsi une puissance de triicher sur le loutime
« sans ficher floutière. »
La méthode suivie par mes devanciers a ceci de
particulier : c'est qu'ils se sont évertués à aitribuer
à telles ou telles personnalités la paternité des
expressions nouvelles. Gela n'est pas juste, car
l'argot ne s'étudie pas dans les livres, il s'étudie
dans les rues, dans les ateliers, dans les bouges,
en un mot dans tous les mondes où il est la langue
usuelle.
C'est le peuple qui est le véritable créateur de
la langue verte , c'est lui qui trouve chaque jour
des mots nouveaux pour exprimer sa pensée ; ce
qu'il recherche avant tout, c'est la figure qui
frappe, l'image qui détermine l'objet ou la chose
qii'il veut désigner, voilà la raison pour laquelle
l'argot est si pittoresque, ne repose sur aucune
EXPLICATIONS XXI
règle fixe et n'appartient à personne parce qu'il
apparlienl à tous, à la masse.
Dans un atelier, deux ouvriers causent, l'un dit
à l'autre :
— Tu ne finiras pas ton travail?
L'autre lui répond :
- Non, c'est que je tousse.
L'apprenti (pii a entendu dans les faubourgs
dire d'un homme i[\ùj)cle : « Il est enrhumé » trans-
forme l'expression ; au lieu de dire : cest que je
tousse, il dit : cest que je pète.
Les deux expressions restent, la dernière com-
plète la première, et toutes deux sont dans la
circulation pour exprimer la môme pensée.
A qui appartiennent-elles? à tout le monde.
Qu'importe au peuple que les étymologistes se
torturent la cervelle pour prouver que gogo vient
de gaudium et baragouiner du Bas- Breton ?
Pour lui gogo est un imbécile, voilà tout.
Dans ce Dictionnaire cFArgot ]dii procédé d'une
toute autre manière que mes prédécesseurs ; je
ne cite personne, parce que, je le répète, c'est le
XXII DICTIONNAIRE D'ARGOT
peuple qui est l'auteur de tous les mots d'argot
en usage.
Depuis dix ans que je travaille à ce Dictionnaire,
j'en ai étudié les expressions sur le vif, dans \v<
prisons, dans les ateliers, dans les bas-fonds, dans
le monde des filles de la rue et des filles de la haute,
et ailleurs; j'ai acquis la certitude qu'attribuera
quelqu'un telles ou telles expressions c'est con-
traire à la vérité. Je me contente d'indiquer à la
suite de chaque mot à quel argot il est emprunte
et dans quel milieu il est en usage.
Certainement, j'ai employé des expressions bru-
tales, grossières, mais je n'en suis pas cause ; pour
être un photographe fidèle, je ne devais pas tour-
ner autour du pot, je ne devais pas hésiter à sou
lever le couvercle.
C'est ce que j'ai fait.
Le parfum du fricot ne sera peut-être pas du
goût de tout le monde, je le regrette; il y en a qui
aiment l'odeur de la peau d'Espagne et d'autres
qui lui préfèrent celle du vidangeur.
Toutes deux sont aussi bonnes l'une que l'autre,
la peau d'Espagne a fait la fortune du parfumeur,
et la merde celle du vidangeur.
EXPLICATIONS XXIII
D'ailleurs, une expression n'est grossière que
lorsqu'elle est voulue ; quand elle employée pour
déterminer un objet, un fait, un individu elle perd
sa grossièreté pour passer à l'état d'image, et
dans cinquante ans ce qui paraît brutal aujour-
dluii paraîtra sûrement anodin.
♦
Si, à l'époque où l'on poursuivait 3/ac/ame^oi'ar//
on nous avait dit qu'en 1894, l'Académie fran-
(jaise accorderait quatorze voix à l'auteur de Ger-
minal, de Xana et de V Assommoir, on aurait
conspué l'audacieux prophète.
V tout il faut s'attendre pour ne s'étonner de rien.
Je remercie mes collaborateurs du concours
([uils ont bien voulu me prôter pour accomplir ce
travail ; pour être conséquent avec mon système,,
je n'eu nomme aucun, car il en est qui ne\ou-
draient pas voir figurer leurs noms à côté de ceux
de Gamahut, d'Abadie et d'autres célèbres vo-
leurs et assassins qui ont été pour moi des lexico-
graphes.
Cil. VmMAITRE.
NOUVEAU
Dictionnaire d'Argot
SIGNES ABRÉVIATIFS
l.ci< noms suivis des mitiulcs L L .lunueiit, les oxplicaliuns do
M. Lorédan Larchey ; A i) celles de M. Alfred Delvau.
Les erreurs des autres auteurs cités par ces messieurs ne va-
lant pas la peine d'être relevées, je les passe sous silence.
Toutes les expressions nouvelles, ou celles l\ qui j'ai restitué
leur véritable sens sont suivies de lu lettre N.
ABATTUE : Faire des dettes,
L.L.
Abattre veut dire faire beau-
eoup d'ouvrage. — C'est
un ouvrier habile, il en abat
en un jour plus que ses coni-
|Kignoi)s en une semaine
Argot du peuple).
ABATTAGE : (En recevoir un)
être grondé à en être
abattu. Equivalent à rece-
voir ur. gras, un suif, en un
"lot, à être enlecé (Argot
du peuple). X.
ABATTAGE : (en avoir) être
grand, fort, d'une taille à
l'uniner. — Il a de Vabat-
'fje, il peut frapper lort
Argot du peuple). JSf.
ABADIS ou ABADIE : V.
Trépe.
ABAT-RELUrr : Cette ex-
pression désigne la visière
placée sur la casquette des
vieillards ou des gens
lai blés de la vue pour adou-
cir l'intensité de la lumière
(Argot des voleurs].
ABATIS : Les pieds ou les
mains.
Dans le peuple, oYi dit d'un
individu mal conformé : 11
a des abatis canailles, ou
encore il a des abatis à la
manque.
Quand deux hommes se
battent, la Ibule dit du plus
ABE
ABH
faible : il peut numéroter
ses ahatis (Argot du peuple) .
ABATTOIR : Lieu où l'on
ahat les animaux ; les
prisonniers ont donné ce
nom au cachot. des condam-
nés à mort (Argot des
voleurs) .
ABBAYE DE S'OFFRE-
A-TOUS : V. Bocard.
ABBAYE DE MONTE-A-
REGRET : La guillotine.
L'expression peut se pas-
ser d'explications : ceux qui
y montent le font sûrement
à regret (Argot des voleurs).
ABBAYE DE CINQ PIER-
RES : Les cinq dalles de
granit placées devant la Ro-
quette, sur lesquelles on
monte l'échafaud .
Lacenaire dédia ces stro-
phes à ces cinq dalles :
Oh! je vous connais bien, dalles
[qui faites place
Aux quatre jîieds de l'échafaud.
Dalles de pierres blanches ou
[ne reste plus trace
Du sang versé par le bourreau.
ABBAYE RUFFIANTE :
Four chaud, dans lequel
les vêlements des prison-
ni( rs sont passés au soufr >
pour détruire la vermine
(Argot des voleurs) .
J ABÉQUELSE : Maîtresse
d'hôtel ou nourrice :
elles donnent la becquée.
Cette expression s'appli-
que depuis peu uux voleuses
qui dévalisent les magasins
de nouveautés en se servant
d'un enfant.
Ce vol nécessite trois
personnages : la mère, la
nourrice et le momignard.
Tous trois entrent dans
un magasin. La mère se fait
montrer les étoffes. Elle
détourne l'attention du com-
mis par un manège quel-
«;onque. Profilant de ce mo-
ment, elle fait tomber à
terre une pièce d'étofl»?. La
nourrice se baisse, connue
pour y déposer l'enfant un
instant, et cache preste-
ment l'objet sous la pelisse
du petit. Aussitôt elle le
pince fortement. L'enfant
crie comme un possédé.
Elle Jiiit semblant d'essayer
de le calmer, mais elle le
pince encore plus fort. Ses
cris redoublent. Alors la
mère témoigne ime impa-
tience très vive.
— Te tairas-tu, lui dit-
elle ; allez-vous en, nour-
rice. Nous reviendrons une
autre fois.
Leur manière d'opérer
se nomme le vol à la nour-
rice (Argot des voleurs) . A''.
ABBESSE : Maîtresse d'une
maison de tolérance.
Allusion aux filles qui
AHO
ACC
xoiilcloîlivesc(»nmi«Mlaiisuu
couvent (Ai'got du peuple).
AlîKTl : Lourd, pâteux, nou-
clialaiit.
iMot à mot : abruti par
des pratiques personnelles
ou de naissanec (Ar^ol du
peui)le). X.
AIÎLOQUKK: Aclielerenlas,
en bloc.
Les brocanteurs bloquent
un tas de marchandises les
plus disparates (Argot des
camelots). V. recidage.
AliOXNÉ AU GIIGXON :
Déveine persistante, qu'au-
»uu ell'ort ne peut con-
jiu-er.
On dit aussi : « 11 a si
}>eu de chance (pi'il se noie-
rait dans un crachat (Ar-
got du peuple).
AHOULEU : Se dit dans le
peuple d'un récalcitrant qui
ne veut pas payer «-ffôow/^r
la monnaie.
— Aboulez donc, mon
vieux, fimt y passer.
On dit aussi à quelqu'un
qui attend : Un peu de pa-
tience, il va abouler (Ar-
got du peuple).
AROYEUR : Nom donné dans
les prisons à l'auxiliaire
chargé d'appeler les détenus
à voix haute pour le greflé
ou pour l'instruction.
Ce nom est également
donné aux crieurs qui, dans
les ventes publiques, a5of(?«^
la mise à prix des objets à
adjuger (Argot des voleurs).
ABUEUVOIIl : La boutique
du marchand de vins où les
ouvriers ont l'habitude cha-
que matin de boire la goutte.
Quand la station a été
trop prolongée, que l'homme
rentre au logis éméchéà'A\\'&
les grandes largeurs, la mé-
nagère lui dit d'un ton ro-
gne : As-tu assez abreucé
ton cochon ? (Argot du peu-
pie).
ACCAGNAfiDIR (s'j : Être
indolent qui s'amuse à des
bagatelles, qui piétine sur
place et dormirait, comme
dit le proverbe, le cul dans
la rivière par dix degrés au-
dessous de zéro (Argot du
peuple).
ACCIDEiNTIEK : Voleur qui
profite des accidents, et
sait au besoin les faire
naître pour dévaliser ceux
qui en sont les victimes.
Le voleur s'empresse au-
tour du blessé, et pendant
que lui et un de ses com-
plices le portent chez le
pharmacien, ils dévalisent
le pauvre diable en route.
Ce genre de vol est nou-
veau (Argot des voleurs).
ACCORDAILLES : Syno-
nyme de fiançailles ; il y a
toutefois une légère nuance :
elles se font généralement
ACH
AFF
sans le secours du maire ;
les conjoints ne sont pas
liés [)ar l'écliarpe niunici-
[»ale (Ai'got du peuple). A^.
ACCORDEUR DE FLUTES :
Juge de paix (Argot du
peuple). Y. Bidon.
ACCOUCHER : Avouer, par-
ler.
Quand un prévenu garde
un mutisme obstiné, les
agents chargés de le « cui-
siner » lui disent : Accou-
che donc, puisque c'est le
même prix (Argot des vo-
leurs).
ACCOUPLÉES : Expression
qui désigne dans un monde
spécial les habituées du
Rat Mort, de la Souris
ou du Hanneton, deux
iennnes qui s'aiment avec
une ardente passion et en
conséquence détestent les
hommes (Argot des filles).
V Gougnottes. A".
ACCROCHER SON PALE-
TOT : Yoleur qui, chez le
juge d'instruction, farde
la vérité.
Mol à mot : Mentir (Ar-
got des voleurs). A'.
ACCUREUSE : Commode
(Argot des voleurs). A^.
ACHETER QUELQU'UN : Se
moquer, lui faire croire des
choses insensées, se payer
sa tête.
Mot à mot : prendre un in -
dividu pour un imbécile.
Acheter à la course.
voler en passant un objet
quelconque à un étalage
(Argot du peuple).
ACRÉE ou ACRIER ou
ACRE : Méfie-toi, prends
garde, il y a du pet (dan-
ger), voilà la rousse (Argol
des voleurs).
ACTEUR : La tournure que
portent les femmes [)our
faire bouffer leur robe.
Celle tournure est ainsi
nommée parce qu'elle e>t
au-dessus du trou du souf-
fleur (Argot du peuple). X.
ACTIE : Ne se prend pas, dans
le monde où ce mot est
employé, dans le sens à\ic-
ticité.
H veut dire que V actif
est l'amant du passif (Ar-
got des pédérastes). V. Pas-
sif.
AFFALER SON GRELOT :
Se taire.
Dans le peuple, on dit
d'une femme bavarde (ju'elle
est un moulin à paroles.
Quand elle bavarde trop ,
bruyamment, on lui con-
seille de mettre du papier
dans sa sonnette.
L'image est fort juste, la
sonnette ne tinte plus (Ar-
got du peuple). A^.
AFFAMÉE (1') : La bouche.
Allusion à la k\m\ ou à
A FF
AFF
la l'einme hystérique af-
famée do baisers (Ar^ot
(les voleurs). N.
\FFR (P) : L'àme.
Son affe se débine.
Mot à mot : il rend rame
(Ar^ot des voleurs). N.
AFKUHriHK M H SES
ANCUKS : Fille pnl)lique
([ui renâcle sur le turbin
\)onr faire tortorer son
souteneur.
Cette expression ancienne
est fré juemment employée,
car l'image est frappante.
Affburchée. i m mobile
comme le vaisseau amarré
dans le port.
Sur ses ancres, sm* ses
Jani'tes.
Fa lille ne trimarde i^a^^
(Argot des souteneurs).
AFFRANCHI fètre) : Ne rien
craindre.
On dit dans le peuple
d'une lille qui a perdu son
capital : elle est affran-
chie (Argot du peuple).
AFFRANCHIR : Exciter un
individu mâle ou femelle an
vice ou au vol.
S''affranchir d'une tu-
telle gênante (Argot des vo-
leurs).
AFFRANCHIR : Châtrer,
faire ablation des parties
génitales h un animal quel-
confjue.
Fç tondeur de chiens est
Xaffranchisseur des chats,
comme le chanoine Fulhert
le fut pour Abélard (Argot
du peuple).
AFFRANCHTSSEUR : Vo-
leur qui pousse un hon-
nête homme pressé par le
besoin à voler 'Argot des
voleurs).
AFFUR ou AFFILE: Profit,
bénéfice.
— J'ai mon fade d'affure
(part de vol ou d'une opé-
ration quelconque) (Argot
des voleurs).
AFFIIRER : Tromper, faire
un profit illicite. A I).
Cette expression signifie :
gagner.
L'argent que les croupiers
étouffent sur la cagnotte,
les sous que l'enfant dé-
tourne d'une commission ;
It^ conducteur d'omnibus
qui oublie de sonner un
voyageur, c'est de Vaffure
(Argot des voleurs).
AFFUTER : Tromper. A D.
J'ignore où il a pu en-
tendre que ce mot avait
cette signification, il est
pourtant depuis longtemps
en usage dans le monde des
ouvriers.
^y^î^^^r un outil, le passer
sur la meule pour le rendre
tranchant.
Quand, dans les ateliers,
on embauche un ouvrier.
AID
AÏM
il attend sa paye du samedi
ou de la fin du mois pour
être affûté^ savoir ce qu'il
gagnera (Argot du peuple).
N-
AFFUTER DP:S PINCETTES
(s') : Courir, se sauver à
grande vitesse (Argot des
voleurs).
AGENOUILLÉE : Fille du
demi-monde et même du
demi-quart qui a des apti-
tudes spéciales.
L'expression est suffi-
samment expliquée par la po-
sition d'être agenouillée...
pas sur les dalles d'une
église pour prier le bon
Dieu (Argot des filles). N.
AGOBILLES: Outils employés
par les malfaiteurs pour
voler
Ce mot est très ancien
(Argot des voleurs).
AGITA ou AGOUA : Eau.
Corruption du mot latin
aqua (Argot des voleurs).
AGUALURO : Jeter, bannir.
On emploie celte expres-
sion pour envoyer promener
quelqu'un loin de soi (Argot
des voleurs).
AIDE-MARI : L'amant.
Il aide à la besogne con-
jugale, sans en avoir les
désagréments.
On dit aussi Vautre.
Pour les omnibus traînés
par trois chevaux, on dil :
ménage à trois.
Allusion à ce qu'ils tireiit
les uns après les autres
(Argot du peuple). N.
AIGLE BLANC : Chef de
bande de voleurs.
Sans doute parce que
l'aigle vole haut (Argot des
voleurs). V. Méqiiard. N-
AIGLON : Apprenti voleur
(Argot des voleurs). N-
AIGUILLE : Fausse clé (Ar-
got des voleurs).
AIGUILLEUR : Vol au moyen
de fausses clés (Argot des
voleurs).
AILERONS ou AILE : Bras.
— Mademoiselle, voulez-
vous accepter mon aile.
Couvrir une femme d'une
aile protectrice.
— Prends mon aile, s'y
te touche, je le crève (Ar-
got du peuple). y.Ahatis.
AIMER A CRÉDIT : Ê(re
l'amant de cœur d'une
femme.
Ne la payer qu'en nature.
De la famille des maque-
reaux (Argot des filles).
AIMER POUR PEAU DE
BALLE : Aimer pour rien
Perdre son temps et sa
jeunesse, amour qui ne
rapporte pas (Argot des
filles). N.
AIMER AU CHASSE: Aimer
ALI
ALL
I
à l'œil, l'aire une (jneue à
son souteneui' avec un pas-
sant galbeux (Argot des
lilles). N.
\LARM1STKS : Ci»ien <lr
garde.
1/animal donne Yaîarme
à ses maîtres.
En 18i8, les alarmistes
étaient des bourgeois ([ni
répandaient chaque jour des
mauvaises nouvelles (Argot
des voleurs).
ALB.VCJIK : Faux nom, en
donner un.
On nonune ainsi 1«' vo-
leur qui donne un faux nom
pour dissinniler son iden-
tité (Argot des voleurs). X.
ALBOCIIE : Allemand.
Autrefois les ouvriers di-
saient hoche, pour qualifier
un lourdoau, al a été ajouté
l)our désigner les Alle-
mands en général (Argot
du peuple). N.
AEP]NTOIR : Aux environs,
aux alentours.
— Nib de Tronche fait
le 'pet aux alenloirs pen-
dant que les aminches, ra-
tiboisent la cambroiissedii
garnaffler (Argot des vo-
leurs).
ALIGNER fs') : Les duellistes
s'alignent pour se battre.
Quand un travail est (rès
soigné l'onvrior dit avec
lierté : Hein ! conune c'es
aligné.
Quand il s'agit d'argent.
aligner est synonyme d'al-
hiiiger (Arçot des voleurs).
ALFA : Cheveux blonds.
On sait que Xalfa plante
textile nui sert h fabriquer
la pâte au papier, a abso-
lunuml l'aspect d'un pa-
quet de filasse.
Allusion de fait et de
couleur (Argot des voleurs).
N.
ALLEZ VOUS ASSEOIR :
Terme employé pour en-
voyer promener un individu
ennuyeux.
Cette expression an-
cienne a servi à un chan-
sonnier de I8i8 pour com-
poser une chanson dont le
refrain : Allez vous asseoir
est resté célèbre (Argot du
peuple).
ALLER A DACIIE: Mot îi
mot allez vous faire voir,
vous m'ennuyez (Argot du
peuple).
ALLER A DAME : Etre as-
sommé à coups de poings
et tomber comme une
masse sur le pavé (Argot
du peuple). V. Fluxion de
pavé.
ALLER A NIORT. Nier.
Recommandation qu'ont
soin de faire les voleurs à
ALL
ALL
leurs complices quand ils
v.;iit h l'inslrucliou.
lis se souviennent du
mot du boucher Avinain
qui, la tète sous le couteau,
cria: N'avouez jamais (Ar-
i<ot des voleurs).
ALLER AU RAPPORT SANS
ARME : Moucharder ses ca-
marades.
Expression employée dans
les ateliers pour indiquer
que l'un des leurs va cha-
que jour au rapport, chez
le patron pour lui raconter
ce qui se passe et même ce
qui ne se passe pas (Argot
du peuple).
ALLER AU REFIL : Dénon-
cer un complice (Argot des
voleurs). ^ .Mouton N-
ALLER OU LE ROI VA A
PIED : Satisfaire un besoin
dans le silence d'un cabinet
qui n*a rien de ministériel.
L'allusion est juste; mal-
gré sa grandeur, le roi ne
pourrait y aller en voiture
(Argot du peuple.)
ALLER VOIR DËFILER
LES DRAGONS : Ne pas
manger.
Etre de Ja revue signifie
la même chose (Argot du
peuple) .
ALLEZ VOIR LA-RAS SI
J'I^SUIS : Ce qui veut dire
nettement à une personne :
Foutez-moi le camp (Argot
du peuple).
ALLIANCES : Poucettes.
V Les gendarmes mettent
X^'^poiicettes aux prisonniers
pour les conduire de bri-
gade en brigade. (Argot des
voleurs) V. Cabriolet.
ALLUMAGE (professeur d') :
Grec qui apprend à ses
élèves le moyen à o^mployer
pour allumer les joueurs
naïfs.
Il y avait anciennement
au boulevard du Temple, un
café où se rencontraient les
grecs, il était connu sous le
nom de café d'allumage
(Argot des grecs). V. Snil-
fart.
ALLUMER : Faire de l'œil à
un passant.
Chautïér une salle d(^
théâtre ou une réunion pu-
blique pour faire éclater
l'enthousiasme et assurer le
succès.
Frapper ses animaux à
coups de f. net poiu* les
exciter.
Compères chargés dans
les salles de ventes d'allu-
mer les acheteurs (Argdi
du peuple).
ALLUMER LAQUITOURNE :
Fille qui fait la fenêtre, qui
raccroche en chambre.
A la tombée de la nuit
elle allume sa lampe. Comme
elle la tourne de laçons dif-
férentes pour signaler aux
passants qu'elle est lihvc
ALP
AME
ou occupée, de Ih, la qui-
tovrne (Argot des filles.)
ALïA.MFilR SONPKTROr.K:
Rendre quelqu'un amou-
reux.
Mot à mol XenfUihimer.
— ï.e grand l'a done pla-
(juée?
— Comme un pet.
— T'a pas su -^enflammer
h' péti'v/e (Argot des tilles).
AIJAIMKUR : Agent provoca-
teur chargé d'organiser un
eonqdol politique quaud le
gouvernement a besoin d'el-
IVayer la population pour
laire voler une loi réac-
tionnaire.
(hi en trouve un curieux
<'\enq)le dans les Mémoires
(le Claude, à propos de
Y I nier nationale et des
allumeurs de la rue des
(iravilliers. (Arnot du peu-
ide;,
ALPAGl K : Abréviation d'a/-
paija.
— Je vais me halader,
N'iiii passe-moi mon alpa-
(jue (Argot du peuple).
ALPHONSE : Souteneur.
Ou a attribué cette ex-
pression à M. Alexandre
Dumas (jui en a lait le titre
d'une pièce ; elle était con-
nue d -puis plus de vingt
ans par la chanson si popu-
laire de Lacombe : Al-
phonse du Gros-Caillou
^Vrgot du peuple).
ALTftQUE : beau, plus que
beau (Argot des voleurs).
ALZINCl'E : Même significa-
tion i\\\\ilpague.
AMANDES DE PAINS D'I^-
PICE. V. Dominos.
AMARRK; : Allusion aux «;w«r-
res qui fixent les bateaux
sur la jetée, dans les ports.
Amarrer quelqu'un, se
l'attacher.
— J'ai amarré nn chouette
gonce (pii casque tout le
temps (Argot du peuple.)
AMRILANTE : Fille qui va
de cafés en cafés , tan-
tôt à Montmartre tan lut à
Grenelle. C'est générale-
ment une fille rangée qui
n'a pas de soiiteneur. Elle
passe dans son quartier
pour une laborieuse ouvrière
([ui va travailler au loin.
Elle ne ramène jamais
chez elle (x\rgot du peuple).
N.
AMÈRE (la trouver mauvaise).
Les voleurs principale-
ment trouvent toujours leurs
condamnations amères.
Synonyme de il faut
avaler la pilule (Argot du
peuple).
AMÉniCAINE fVolàl'). Ce
vol fut iiiventé par llurand,
qui en 184 i, était détenu à
la prison de la Force.
On sait en quoi consiste
1.
10
ANG
ANI
ce vol qui est fréquemment
pratiqué.
Il a donné naissance au
vol au charriage qui se di-
vise en plusieurs catégories.
(Argot des valeurs). V.
Charriage.
AMINCllE: Ami.
Quand deux voleui's sont
associés ils sont aminches
d'aff'. (Argot des voleurs).
AMINCITES D'AFF : Amis
d'affaires.
Un vol pour un voleur
est une affaire, comme
voler c'est travailler (Ar-
got des voleurs),
AMOCHER : Recevoir des
coups.
Quant ils laissent de
fortes traces on dit que
l'ami a été rudement amo-
ché (Argot du peuple). V.
Trinquer.
ANDOUILLE MAL FICE-
LEE : Individu déguin-
gandé. à la démarche traî-
nante.
Se dit surtout de quel-
qu'un mal habillé, ayant
(les allures ridicules.
On dit aussi : }\^\ fagoté
(Argot du peuple).
ANGLAIS : Créancier.
Celte expression se trouve
dans Marot, elle était tombée
en désuétude lorsqu'elle
revit le jour vers 1804.
Napoléon I^'" avait plu-
sieurs commis attachés à un
cabinet spécial. Il remarqua
à différentes reprises que
l'un d'eux arrivait depuis
quelques matin, deux heures
au moins avant ses col-
lègues.
L'empereur intrigué lui
en demanda les motifs.
— Sire, répondit le com-
mis c'est à cause des an-
glais.
— Je ne vous comprends
pas.
— Sire , les anglais
sont vos ennemis , mes
créanciers sont les miens.
— Bien, fit l'Empereur,
donnez m'en la liste, je vous
en débarrasserai , comme
moi des autres.
Le mot est resté et est
employé fréquemment (Ar-
got du peuple).
ANGLAIS (ils débarquent).
Il est aussi brave,
Que sensible amant.
Des anglais il brave,
Le débarquement.
(Argot du peuple), V.
Bande sur l'affiche.
ANGLUCE : Oie (Argot des
voleurs). V. Ornichon.
ANGOULÈME : La bouche
(Argot des voleurs). V. Af'
famée.
ANGUILLE : Ceinture.
Allusion à sa souplesse
(Argot des voleurs).
ANITERGE : Mouchoir (Ar-
ANT
AQU
11
^ot (les voleurs). V. BJa-
vi/i.
ANTIF ou ANTII Fl.t: : Mai-
chor.
— Que fiiit la uiôme?
— Klle bal \ antif ^our
défjoter un îniché CArçot
des souteneiu> .
ANTIFFE : Eglise ^Ai-gol des
voleurs). V. Aiitonne.
ANTIUIITÉ : Vieille femme
Au teuips de sa jeunesse
Théophile Gautier, en eom-
|>ai^nie d'un de ses amis, se
promenail dans le jardin des
Tuileries. 11 avisa une
vieille femme velue d'une
robe à ramaj^es qui dalait
au moins du Directoire.
11 s'approcha d'elle, le
tliapeau à la main.
— Madame, lui dil-il, je
raftblt^ des antiquités, vou-
lez-vous
me permettre de
baiser le bas de votre robt
Elle réjjondit fièrement :
— Si monsieur veut
embrasser mon cul, il a
vingt cinq ans de plus que
ma robe (Argot du peuple)
ANTONNE : Eglise.
Du vieux mot : Antie
Ai^ot des voleurs).
ANTONNEUR : Voleur qui a
la spécialité de dévaliser
les églises.
Il vole l'aident contenu
dans les troncs à l'aide
d'une baleine enduite de
glu (Argot des voleurs).
APASCLINER (s') : S'ac-
climater.
\jaminche s'apascHne
doucettenu^nt à tmiobé (Ar-
got des voleurs), N.
APPACIIOiNNER : Attirer à
— J'ai appachonné un
rnortiiigiie dans la valade
d'jm (joncier pendant (pii
baillait devant les signes
de la Boutmtche d'un ha-
hinceur de braise (Ai-got
des voleurs). N'
APOTRES : Les doigts (Ar-
got des voleurs). V. J//-
nistre de l' Intérieur.
AQUARIUM : Lieu oîi se réu-
nissent les souteneurs.
Allusion aux poissons
Aq^^ariu
des députés
K poisso
: ta Chu
unbn
Celte expression n'esi
pas très polie pour ces mes-
sieurs, qui assurément ne
sont pas tous des poissons,
mais comme elle est d'ori-
gine anarchiste, elle ne
surprendra personne (Ar^ot
du peuple). N.
AQUIGER : Battre, blesser.
On dit par corruption de
celui qui est battu : il est
altigé (Argot du peuple).
AQUIGER : Prendre.
Aquiger n'est pas le vrai
12
ARD
ARM
mot, c'est qiiiger (Argot des
voleurs).
AQUKïEL'R : Voleur qui cher-
che quereUe h un passant.
Pendant qu'il le bat, un
complice le dévalise pro-
prement et lestement (Ar-
got des voleurs).
ARAIGNËE DANS LE PLA-
FOND (avoir une) : Syno-
nyme de loufoque.
Avoir la cervelle détra-
quée (Argol du peuple).
ARCASINEUR : Voleur au
trésor caché.
Le voleur se nomme ar-
casien parce qu'il procède
au moyen d'une lettre (ar<^
cai) écrite d'une prison
quelconque à l'individu
qu'il s'agit d'escroquer.
L'aixat indique généra-
lement un trésor caché à
l'étranger. Des naifs mordent
to ijours dans l'espoir d'un
gros gain (Argot des vo-
leurs) .
ARCO : Avare (Argot des vo-
leurs). V. Grippe-sous.
ARÇONNIER : Celui qui
donne le signal de l'alarme
convenu entre les voleurs.
Au temps de Vidocq, le
(' ligure à l'aide du pouce
sur la joue droite signiJiait :
])rene/-garde voilà la l'ousse
(Argot des voleins).
ARDENTS : Les yeux (Argot
des voleurs).
ARDOISE (boire h 1'): Il exis-
tait autrefois un marchand
de vin à la barrière iMont-
parnasse ; le patron ne sa-
chant ni lire ni écrire, les
clients marquaient eux-
mêmes leurs dépenses sur
une ardoise à 1 aide d'un
morceau de craie.
Un jour le brave homme
s'aperçut que les consom-
mateurs s'entendaient, et
que le dernier qui marquait
etï'açait avec sa manche,
comme par mégarde, les
comptes précédents.
Il coupa le crédit, mais
l'expression de boire à l'ar-
doise est restée (Ai-got du
peuple). V. Marquer à la
fourchette. N.
ARLEQUINS : Détritus de
toutes sortes de mets que
les cuisiniers des restau-
rants vendent à des mar-
chandes des Halles.
Ces débris sont triés avec
soin, et elles en font des
assiettes assorties que les
malheureux achètent un ou
deux sous.
Cette expression vient de
l'habit à' Arlequin, qui esi
composé d'étoifes de di lié-
rentes couleurs (Argot (!;i
peuple).
ARMOIRE A CLACE : Sac
du troupier (Argot du trou-
pier). V. As de CMrreau.
ARMOIRE A RICIIER : Le
ventre. '
ARX
ARP
13
»
Allusion aux nialièivs f»'-
cales que conlionnent les
inleslins (Ar^'ot du peiplei.
ARNACIIK : A^eiU de poliee.
A.D.
Arnache : trompeur. L.
L,
Les voleurs disent : .4/*-
naque.
Cette expression vient du
vieux mot français : har-
Macher ; il est employé,
sans doute, par les voleurs,
parce que h's agents les
harwichenl eu les ligot-
Uml, soit avee les allian-
ces, soit avec le cabriolet
(Argot des voleurs).
AUNAQUE : Nom d'un jeu
(jui se joue sur la voie pu-
blique et sur les boulevards
extérieurs; il est connu éga-
lement sous l(^ nom de
tourne-vire.
Ce jeu consiste en une
roue posée à piaf sur un
pivot, la table est composée
de trois planches mobiles,
supportées par deux tré-
teaux ; ces planches sont
recouvertes d'une toile cirée;
cette toile est divisée eu
«carrés qui forment cases,
ces cases se distinguent par
des emblèmes ditïerents,
les quat: e rois : trèfle, cœur,
pique et carreau, une an-
crei un cœur, un dé et un
soleil. Les joueurs misent
sur une case, la roue tourne
et c.dui (jui gagne reçoit
dix fois sa mise.
Kn évidence, sur la table,
il y a des paquets de tabac,
des cigares, des pipes et
autres objets, mais c'est
pour la frime, le tenancier
du jeu paie le gagnant en
nioiuiaie. Ce jeu est un vol.
Autour de la table, il y
a toujours deux ou trois
engayeurs, ils sont de pré-
férence à cbacpie bout (la
table est un carré long) ; au
moment oîi la plume va
s'arrêter sur une case, par
un mouvement impercep-
tible, un des engaijeurs
s'appuie sur la planche mo-
bile du milieu, la plume
dévie et le tour est joué ; si
c'est un engayeur qui ga-
gne, il partage avec ses
complices (Argot des came-
lots). N.
ARPETTE : Apprenti de n'im-
porte quel métier.
Ce mot se prend aussi
dans le sens de petit, mouf-
flet^ diminutif de moutard
I Argot du peuple).
ARPIONS : Vieille expression
([ui veut dire : pieds.
.fean lliroux disait au
])résideat des assises :
— Je demande qu'on
fasse sortir le gendarme, il
plombe des ar pions.
— Gendarme, répondit
le président, remuez vos
14
ARR
AS
pieds dans vos bottes d'or-
donnance.
Prévenu, la punition com-
mence (Argot des voleurs).
ARRACHER UN PAVÉ : V.
Rouscailler.
ARRACHEUR DE CHIEN-
DENT : Voleur qui cherche
une occasion de voler (Ar-
got des voleurs).
ARRANGEMANN : Arranger.
Arranger quelqu'un en
lui fiiisant faire une opéra-
tion ruineuse.
Les grues arrangent les
pan tes.
Une femme arrange un
homme en lui communi-
(juant un mal vénérien.
On arrange un homme
en le battant à plate cou-
ture.
— Il e^l arrangemannie
gonce, il ne rebiffera pas,
il est foutu d'en crapser
(Argot des souteneurs). N.
ARRONDIE : Montre.
Allusi n à sa forme ronde
(Argot des voleurs).
ARROSER : Donner un ac-
compte sur une dette.
Un huissier cesse les pour-
suites commencées quand
1(^ débiteur arrose.
Donner de l'argent à un
fonctionnaire pour obtenir
un privilège , c'est Var-
roser.
Nos députés le furent lar-
gement par Arton }ioiu'
l'affaire du Panama.
Martingaler son enjeu
c'est arroser le tapis (Ar-
got du peuple). JV.
ARROSEURDE VERDOUZE :
Jardinier (Argot d-s vo-
leurs),
ARTIE DE MEULAN : Pain
blanc.
Allusion à la blancheur
des farines produites par
les moulins de celte ville
(Argot des voleurs).
ARTIE DU GROS GUIL-
LAUME : Painabominahle-
ment noir qui rappelle celui
du siège de Paris, en 1870.
qui contenait de tout, ex-
cepté de la farine (Arg{.t
des voleurs).
ARTIE : V. Bricheton.
ARTICHE (1') : Le derrière.
— Je vais t'enlever Var-
tiche.
On nomme artiches, par
abréviation à' artichauts,
les barres de fer pointues
et hérissées qui couronnent
les murs et les grilles des
prisons (Argot des voleurs)
AS DE CARREAU : Sac du
fantassin (Argot du trou-
pier). V. Armoire à glace.
AS DE PIQUE : Se dit d'nn(!
femme qui possède abon-
damment ce que d'autres
ASS
ATO
iionl que très peu... (Aryol
(lu peuple). V. Fourni-
tures.
ASPllALTFXSE : Fille qui
raccroche sur le trot-
loir.
Elle foule X asphalte eu
tous sens (Argot des filles).
ASPERGE MONTEE : (îraïuie
lenuiio toute eu jambes,
maigre et sèclie coujiue \m
copeau.
()ii dit aussi : longue
comuie un jour sans pain
(Ai^ol dn pouide).
ASPIC : Avare.
Aspic signifie anssi mau-
vaise langue, langue de vi-
père.
Cette expression est em-
pruntée au proverbe : Mieux
vaut un coup d'épée qu'un
coup de langue (Argot du
peuple). N.
ASSOMMOIR : Boutique où
Ton vend des liqueurs vî-
.triolées qui assomment les
buveurs.
liC premier assoinmoir,
bien avant celui du fameux
Paul Niquet, fut créé vers
1810, rue de la Corderie,
près du Temple, par un
nommé Montier.
Cet empoisonneur chari-
table avait fait établir dans
son arrière-boutique une
chambre spéciale pour les
assommés; la paille ser-
vait de litière, des pavés
servaient d'oreillers.
Celle chambre s'appelait
la Morgue (Argot du peu-
ple).
ASTIQUE : Bien avant que
les Aztèques ne vinssent
du fond du Brésil, celte
expression servait à dési-
gner les êtres chélifs et
malingres (Argot du peu-
})le). V. Acorton,
ATTACHER LE BIDON : Dé-
noncer un camarade.
Synonyme de remuer la
casserole (Ai^ot des vo-
leurs).
ASTICOT : Vermicelle (Argot
des voleurs). N.
ASTICOT : Fille publique.
Asticot : personne mince
conune un fil (Argot du peu-
ple).
ASTICOT DANS LA NOI-
SETTE : Personne qui a
des absences de mémoire.
On sait que Vasticot dé-
vore l'amande de ce fruit,
par analogie il dévore la
cervelle (Argot du peuple).
Avoir des atouts dans
son jeu.
Un zouave rencontre son
capitaine accompagné de sa
femme, il leur lance au nez
un pet à tout casser en
criant : Atout. Le capi-
IC)
ATT
AU S
taine, se retournant, lui
envoie ini magistral coup
de pied dans le cul en di-
sant : Je coii^pe. Le soldat
répond : Ah ! je ne savais
pas que vous aviez la dame
seconde !
Ilecevoir un atout : être
sérieusement blessé.
C'est sans doute (Vatout
que, par corruption, on a
lait attiger (Ar^ot du
peuple). N.
ATTIGNOLES : Rognures de
viandes hachées et vendues
sous forme de boulettes.
L'expression est nor-
mande, mais elle est de-
venue parisienne en s'éloi-
gnant du sens primitif.
Dans le peuple, pour ex-
primer qu'un individu a été
fortement endommagé dans
imerixe, on dit : Il a reçu
de rudes attignoles (Argot
du peuple). N.
ATTOUCHEMENTS : Être
assez indiscret pour vouloir
s'assurer si une jolie femme
porte un pantalon et met
ses jarretières au-dessus
du genou:
Synonyme àepehter (Ar-
got du peuple) V. Bai-
aeiises.
ATTOUCflEUSE: Fille pu-
blique.
Le mot est suffisamment
expressif.
Allusion aux ménagères
qui tàtent la viande chez V
boucher pour s'assurer d«?
son degré de fraîcheiu' (Ar-
got des filles).
ATTRIQUER: Acheter des
effets volés, sans pour cela
être un receleur habituel :
Fourgat ou Meunier (Ar-
got des voleurs).
ATTRIQUELÎSE: Vendre des
objets volés (Argot des vo-
leurs).
ATTRISTÉ : Voleur qui ne
travaille que la nuit, sans
se soucier des pendus gla-
c/5(Becs de gazj (Argot des
voleurs).
AUBERT : Argent (Argot des
voleurs).
AUMONIER : Vol à \au-
mône.
Autrefois, cette expres-
siom désignait les dévali-
seurs de bijoutiers .
Le voleur marc'handait
des bijoux, un mendiant
survenait et sollicitait une
aumône.
L'attention du bijoutier
était détournée pendant
qu'on lui dévalisait ses vi-
trines ; quand ii s'aperce-
vait du vol, les voleurs
étaient loin (Argot des vo-
leurs).
AUSEICxNOT : Auxiliaire.
Détenu qui par faveur et
moyennant une modique
AVA
AVA
n''ti"il)Uti()ii, remplit dans la
prison lesloiutioiis les plus
^rossières (Argot des vo-
leurs).
\l TEL DE BESOIN : Femme
ou lille.
Allusion à Pliôtel qui
s'ouvre pour ecuv qui
paient.
Avtel surlecpiel l'Iionune
sacritie par nécessité.
Se dit souvent dans le
pfuple d'une femme légi-
time (Artîotdes souteneurs).
AITOR ET D'ACIIÂIID (d) :
Abréviation ^'autorité et
(Vac/iaj'i/ement.
Lorsque deux jouein's
l'ont une partie d'éearlé et
que l'un demande des car-
tes à son adversaires, l'au-
tre lui répond : Non, j'y
vais iVautor et d'achard
(Arçol du peuple).
AlVERPIN : Auvergnat.
On flit aussi : Auverpfum
et Bovffuat l'ArLtot du
peuple).
AVA[J:-Ta T-CnU : Syno-
nyme de Va de fa gueiife,
Gueulard, Bouffe-tout et
Ventre a tous fjrains.
Ces expressions, dnns le
peuple, signitient : (îros
mangeur.
Lue certaine catégorie
de voleurs se sont emparés
de l'expression : Amile-
frn'f-rri' . pf)Mi' dt'signer un
genre de vol assez original.
I^e voleur se fait montrer
par le bijoutier d<'s diamants
non montés, sur carte ; il
jiaraît avoir la vue basse, il
les regarde de près et d'im
coup de langue habile il
en ff77«/('(pielques-uns (.\r-
got des voleurs).
AVALER LE f.lRON: Com-
munier,
On dit aussi : acater
/'^?/rrryw«/, parce que sans
doute, comme lui, Dieu
n'est ni liomme ni femme
(Argot des voleurs).
AVALER SA CUILLER :
Mourir.
Etre moins heureux que
le commis des Magasins du
Print«^mps ; il est vrai qu'il
n'avait avalé qu'une four-
chette (Argot du peuple).
AVALER LE PEPIN : Etre
enceinte.
— Elle en aune de bedaine
la frangine. Qu'a-t-elle
donc mangé ?
— Elle a avalé le pépin
(Argot du peuple).
AVALER SA CHIQUE : Mou-
rir.
Allusion au chiqueur qui
s'étoufferait en avalant son
pruneau (Argot du peuple).
A VALOIR : La gorge.
Elle avale tout en effet,
f Argot du peuple). V.
Dalle.
18
AVO
AVO
AVANT-COURRIER : Mèche
en acier dont se servent les
voleurs pour percer les de-
vantures des boutiques de
bijoutiers (Argot des vo-
leurs). V. VriUeurs.
AVANT-SCÈNE : Les seins.
Ils avancent, en effet,
quand... il y en a. (Argot
du peuple). V. Capiton-
née.
AVANTAGE : Les seins.
Avantage, oui, quand il
fait Froid, mais pendant les
grandes chaleurs ? (Argot
du peuple). V. Capiton-
née.
AVOIR PERDU SA CLÉ :
Etre atteint d'une foire à
tout inonder et ne pouvoir
se retenir.
On comprend (ju'il s'agit
d'une clé que le serrurier
ne peut remplacer (Argot
du peuple).
AVOIR UN PÉPIN : Aimer.
En tenir momentané-
ment pour quelqu'un (Ar-
got du peuple).
AVOIR LE VENTRE EN AC-
CORDÉON : F'emme dé-
formée qui a eu des masses
d'enfants.
Allusion au plissage du
ventre (Argot du peuple).
AVOIR LE VENTRE EN
PERSIENNE: Voir ci-dos-
sus.
AVOIR SA PISTACHE : Etre
complètement gris (Argot
du peuple). N.
AVOIR DU PAIN SUR LA
PLANCHE : Etre riche et
ne pas avoir à s'occuper du
lendemain.
Etre condamné à un cer-
tain nombre d'années de
prison (Argot du peuple).
AVOIR LE NEZ SALE :
Avoir trop bu.
Quand au lendemain du
lundi un ouvrier dort sur
son travail, les amis lui di-
sent : Tu t'es sali le nez
hein ! (Argot du peuple.)
AVOIR LA GUEULE DE
ROIS : S'être pochardé la
veille.
L'ivrogne boit de l'eau
le lendemain pour éteindre
le feu qui lui dessèche la
gorge.
Mot à mot : Il a la gueule
sèche (Argot du peuple.)
AVOIR MANGÉ LA SOUPE
A LA QUÉ-QUÉTE : V.
Avaler le pépiii
AVOIR MANGÉ DES POIS
PAS CUITS : V. Araler
le pépin.
AVOIR QUELQU'UN A LA
DONNE : Etre très cama-
rade, ne jamais se quitter,
vivre comme deux frères
(Argot du peuple.)
AVO
AZO
19
AVOIR DEUX ŒUFS SUR
LE PLAT : On omploie
cette expression pour une
l'emme qui a des seins à
l'état de soupçon.
Ce à (juoi elle répond :
J'en ai assez pour un hon-
nête homme (Âruot du
[Hupie). A^.
AVOIR UN PET DE TRA-
VERS : Se dit d'un j>er-
sonnajjçe grincheux que l'on
ne sait jamais par quel Ijoul
prendre et qui gémit sans
cesse, du matin au soir et
(hi soir au matin (Argot du
peuple). A".
AVOIR UN RÉGUIN : Etre
coi Hé de quelqu'un ou
de (juelqu'une.
S'aimer à l'œil, ce qui
ne fait pas bouillir la mar-
mite.
C'est pas ['béguin qui fait
[bouillir la soupe.
J'te vas coller un pain.
(Argot des souteneurs).
AVOIR SON PAIN CUIT :
Mourir (Argot des boulan-
gers).
AVOIR QUELQU'UN DANS
LE SANG : Aimer violem-
iiKMit (Argot des lilles).
AVOIR UN POLICHINELLE
DANS LE TIROIR : V.
Avaler leprpin.
AVOIR UN POT DE CIIAM-
RRE CASSÉ DANS L'ES-
TOMAC: V. Trouilhter
de la hurletie.
AVOIR UNE CAROTTE
DANS LE PLOMB : V.
ci-dessus.
AVOIR SON COMPTE : Etre
pochard.
Avoir reçu une formi-
dalde volée dans une ba-
taille (Argot du peuple).
AVOIR UN PALETOT SANS
MANCHES : Etre clnué
dans un cercueil (Argot
du peuple).
AVOILVUPÉTER LE LOUP
SUR UNE PIERRE DE
ROIS : Les Lyonnais em-
ploient cette expression
pour dire qu'une fille a
])erdu tout droit à la fleur
d'oranger (Argot du peu-
].le). À^
AVORTON : Etre difforme,
petit adversaire (Argot du
peuple) .
AZOR : V. As de carreau.
20
RAB
BAC
B
BABANQUER : Vivre.
Synonyme de bie7i ban-
queter (Arijot des voleurs).
N.
BABII.LARD : Aumônier de
prison.
Allusion à ce qu'il bahil-
larde sans cesse sans que
son inlerloculeur lui ré-
ponde (Argot des voleurs).
A".
BABILLARD : Tjvre im-
primé.
On dit aussi ; bavard
(Argot des voleurs).
BABILLARDE : Montre.
Allusion à son tic-tac
(jui malgré sa monotonie
babille et égaie la solitude
(Argot des voleurs).
BABILLARDE : Lettre.
— T'en fais du chi-chi
dans la menteuse de babil-
lards (Argot des voleurs).
BABILLARDER : Ecrire (At-
got des voleurs).
BABILLEl SE (la) : BiMio-
thèque.
Allusion aux livres ba-
billards qu'elle contient
(Argot des voleurs).
BAfJÏE : Casquette.
Elle al)rite la îête comme
\{\ bâche \q'?< voitures (Argoi
des voleurs).
BACHER : Se eouclier ( Argol
des voleurs.
BACCANTE : Barhe, favoris.
Il en est <|ui écrivent :
liAF
i;A(
bocchantes, f'«'st rorllio-
lii-aplu' Hiiejo domio (jui esl
i;i 1)011111'.
Pour lavoris, on dit
aussi : côtetettes (Aigot
des voleurs I. X-
lîACCON : (îoilion (Ari;ol
dos voleurs I.
iiÂCLEK : Faire vile, ii h.
hàle une eliose ([ui d 'Uian-
derail à èlre soi^e.ée. lu
maire pressé bucle un
mariage, un médecin hade
un pansement, un auleur
dr.unalKiue bcich une pièee.
Mot \\\\\u\b:iclcr : s«> dé-
• ptH-her (Argot du peuple.,)
BADUiKONNKR LA FKMMK
AU IHITS : Farder la
vérité. On sait (pie la vérité
sort nue d'un puils ; la ba-
diijeonner c'est mentir (Ar-
got des voleurs).
BAFOIILLFU : S'embar-
quer dans un discours et
uiélauger les phrases de
iaron à les rendre incom-
prélieusibles.
Vouloir faire le beau par-
leur et s'exprimer diltici-
Icment.
Dans le peuple ou ap-
pelle celui qui bafouille un
hafoiiilleur et ou lui ollre
un démêloir lArgot du
p.MipI.- .
r.AI'FlîK : lu coup de poing
sur la ligure.
Dans le peuple, cette
expression est renq)lacée
par celle-ci :
— Je vais te coller un
pain sur la gueule.
— Je vais le loiurer ime
bè(j7ie (pie lu n'eu verras
(pi- du feu lArgol du peu-
ple!. N
lîAFFUFU : Manger avec une
grande avidité (Argot du
peui)lei.
DACATFLLF (taire laj : Faire
l'am ur.
Quand la maquilleuse de
brèmes lire les cartes^ à
une jeune tille et que l'as
de pique sort, elle lui an-
nonc(; ([u'elle fera la ba-
gatelle (Argot des tilles).
DACLNOLF : Bouge, masure.
Se dit ('gaiement d'uiu!
vi(3ille voilure qui gémit
sur ses ressorts njuillés et
cabote le voyageur (Argot
du peuplej. ^V.
BA(U ENAl DER : Flâner,
errer par les chemins sans
avoir un but déterminé.
Etre longtemps sans ou-
vrage (Argot du peuple).
BAGNENALDES : Poches.
Expression usitée chez
les marbriers, surtout les
samedis avanl la paye.
— J'ai dix ronds (jui se
baladent dans mes bifjue-
naudes, les mettons-nous
dans le commerce ? (chez le
mastroquet voisin) (Argot
du i)cuple).
BAL
BAL
BAIGNEDANSLEBELIIKE:
On sait que le maquereau
maître d'hôtel est appelé
par les ménagères : la mort
au beurre.
Kotliscliild aussi baigne
dans le leurre, mais par
la richesse (Argot du peu-
pie).
BAIC.NOIRE A BON DIEU :
Le calice.
Cette tigure peint bien
riiostie consacrée baignant
dans le saint-ciboire (Argot
des voleurs).
BAISER LE CUL DE LA
VIEIL F.E : Joueur dévei-
nard qui perd la partie
sans marquer un point.
Dans le peuple on dit
aussi : passer sous la table
(Argot (lu peuple).
BAJOUES : La face.
Les voleurs emploient
cette expression pour gri-
maces (Argot des voleurs).
BALANCÉ : Etre renvoyé de
sa place.
— J'ai balancé ma femme
elle était par trop rasante
(Argot du peuple). N.-
BALANCER SON RONDIN :
Aller au cabinet.
Allusion à la forme ronde
des excréments (Argot du
peuple). ÎV^.
BALANCER SES ALÊNES :
Quitter le métier de voleur.
Deux escarpes sont embus-
quées au coin d'une rue ;
de loin, ils voient passer
un garçon de recettes, une
lourde sacoche sur l'épaule.
— Quel dommage, dit
l'un, que l'on ne puissse
eft'aroncker son pognon
Je balancerai mes alênes
et j'irai vivre lionnête dans
mon patelin (Argot des
voleurs).
BALANÇON : Marteau.
Pour frapper vigoureu-
sement il faut balancer son
marteau par le manche (Ar-
got des voleurs) . N>
BALANCEUR DE BRAISE :
Changeur.
Allusion à l'argent ipii ne
fait que passer par ses
mains, il le balance aussi
facilement qu'il le reçoit
(Argot des voleurs). ]S[.
BALANCEURDE LAZA(;NE:
Ecrire une lettre d'une pri-
son et l'adresser à quel-
qu'un (Argot des voleurs).
Y. Arcasineiir.
BALANCEUR DE TINET-
TES : Auxiliaires des pri-
sons qui vident les tinettes.
Quand elles sont pleines
de rnoiiscaille, elles sont
lourdes ; ils impriment un
balancement i>our les vi-
der : Une, deux et trois.
C'est fait.
Les troupiers disent :
Passer la jambe a Jules.
\\\[.
BAN
Qiiaïul la liiiolle déborde
un loustic s'écrie :
— Prenez-la par les
oreilles.
Dans le peu[)l<î on dit :
Passer la Jambe à Tho-
:ias (Argot du peuple).
. vLAXSÏIQUEH: Jeter.
( i'est une aniplilication de
balancer : se débarrasser
de quelque cbose qui gène,
ou d'une personne dont on
a assez (Ai"got des voleurs).
N.
n.VLCON (Avoir du monde
^ au) : Fennne qui possède
des seins volumineux (Ar-
^ got du peuple). V. Capi-
tonnée.
BALLE : Celle femme me
: boite, elle fait ma halle
' (Ai^ot du peuple). Y. i^/o/.
BALLON : Prison.
Allusion à la forme splié-
rique de Mazas (Ai-got des
voleurs). N^.
1>\1.1J)\ : Postérieur co-
pieux.
Je vais t'enlever le bal-
/o7i, pour coup de pied dans
le derrière( Argot du peuple) .
P>ALLC1I0N : Petit paquet
que les compagnons por-
taient jadis au bout d'un
bâton sur l'épaule, en fai-
sant leur lourde France.
Ce baluchon contenait
leurs vêtements.
La coutume s'est perpé-
tuée dans le peuple : des
outils et la blouse de tra-
vail en paquet composent
un baluchon (Argot du
peuple).
BANC DE TEKllE NELVE :
De la Bastille à la Made-
leine, et de Belleville à
Montparnasse, on y pèclie
la morue sans hameçons
(Argot du peuple).
BANDE A L'AISE : N'en
prendre <[u'à son tenq)s el
n'en laire qu'à sa volonté.
Dans le peuple on em-
ploie cette expression par
ironie vis à vis d'un vieil-
lard qui, au lieu de remiser
^on fiacre court après les
lilles (Ai-got du peuple). M-
BANDE A PAPiT (Faire) :
Fuir ses camarades d'ate-
lier, aller boire el manger
seuL
Synonyme à' ours (Argot
du peuple).
BANDE SUR L'AFFICHE :
Bande de papier que les di-
recteurs font coller sur
l'aftiche, annonçant le spec-
tacle du jour, atin d'indi-
quer au public un change-
ment i)ar suite de Yindis-
position subite d'un artiste
ou parfois relâche.
Se dit par analogie dans
le peuple pour indiquer
qu'une femme a son échéance
de fin de mois.
HA.\
HAO
Il y a U7ie bande sur
l'affiche pour relâche (Ai--
gol du peuple) . N-
liANQUE (la grande) : Ba-
raque des grands i'oi'ains
dans le monde des saltim-
banques qui a, connue pai-
loul, ses matadors et ses
miséreux (Argot des saltim-
banques).
BANQUE (la laire) : Le sa-
medi, les ouvriers typo-
graphes se partagent le
prix du travail de la se-
maine (Argiit d'inq)rimeri(^).
BANQUE : Les volcuis qui
se partagent le produit d'un
vol emploient cette expi-es-
siou (Argot des voleurs).
BANQUE (en tailler une) :
Tenir les cartes au jeu de
baccara.
Mot à mot: Etre le bau-
qider (Argot des joueurs).
BANQUETTU: Le menton.
Allusion à ce qu'il avance
sur le visage (Argot du
peuple). N'
BANQUISTE : Charlatan
Tous ceux qui fardent
la vérité sont des ban-
quistes, à quelque class(;
de la société qu'ils appar-
tiennent.
Tous les banqitistes ne
sont pas sur des tréteaux
f Argot du peuple).
BANNIÈRE : Sac.
On dit de celui (jui se
promène en chemise : il
se trimballe en bannière.
Allusioji aux pans de la
chemise qui flottent au
vent.
On dit aussi : Se \\\'i^-
mener eji ^«^«az5 (Argot du
[leuple).
BAPTÊME : La tète.
Le ruastroquet baptise
son vin.
Le peuple, (pii a horrciu'
de l'eau, dit des vins bai)-
tisés : Ils sont chréliens
Le buveur lait sa tèlc
(Argot du peuple). A".
BAPTISÉ D'EAU DE MO-
RUE : Ne pas avoir (h'
chance.
Homme ou femme à (pii
rien ne peut réussir.
Ce qui équivaut à de-
veine salée, par allusion à
l'eau dans laquelle la mo-
rue a été dessalée fArgol
du peuple;^. N.
BAPTISÉ AU SÉCATEUR :
Juif.
Allusion à l'opération de
la circoncision que subis-
sent les nouveaux-nés sui-
vant le rit«' juif (Argot du
peuple). A^.
BAQUET : Blanchisseuse
On dit aussi : Baquet
insolent. On sait que ces
dames ne mâchent pas leurs
paroles.
Quand une ménagère, par
économie, va laver son
linge au lavoir, les proies-
HA1\
n\\\
sionnellos rappelleul :
graillouneuse ou noyeme
d'clrons Ce sont les plus
uiij^iioniies de leurs déjec-
lioiis (Ai'got du peuple).
IIAII.VQUE : Maison oons-
Iruite en plaire, en loirhis,
piovisoireinent.
Maison où la patronne
va par détiance au niarelié
avec sa bomie.
Maison où l'on enferme
le vin et les licpieurs.
Maison où l'on chipote
sur lout, où l'on rogne
même la nourriture.
— Tenez, voilî* mon ta-
blier, je n'en veux plus de
votre baraque, j'en ai plein
le dos (Argot du peuple).
BAUHAQLE : Jeu de hasard.
Ce jeu se joue sur un bil-
lard ordinaire avec un ap-
l)areil spécial. Un joueur
lient la queue, les parieurs
sont divisés en deux camps ;
il s'agit de mettre une bille
désignée dans une des cavi-
tés de l'appareil.
La harraqiie est un jeu
prohibé parce que l'on peut
avec liîtbileté voler facile-
ment (Argotdesjoueurs). A".
nAllDAQUE : Viande (Argot
des voleurs). V. Bidoche.
liARIîAUTIKKS : Gardiens
de prison.
Cette expri'ssion vient-
elle de ce qu'ils sont char-
gés de garder les barboi-
(eicrsl
Vienl-elle de ce qu'ils
burbolte?it les prisoimiers
conliés à leur garde? (Ar-
got des voleurs). A'.
lîAUBK : Beau mâle, gars
solide.
— Mon honnue est un
. rude barbe.
11 y a des barbes qui,
dans certains quartiers, sont
en réputation comme autre-
fois les terreurs (Argot des
iilles et des souteneurs).
BAKBl': : Vieux.
Par corruption on dit :
bh'be.
On appelle les vieux de
18i8 qui survivent : des
vieilles barbes (Argot du
peuple).
BARBE (en prendre une; : Se
pocharder.
Dans les imprimeries
quand un camarade a pris
une bai'be, on dit aussi
qu'il était chargé à cul.
Allusion au cheval qui ne
peut pas avancer quand sa
charge est trop lourde (Ar-
got d'imprimerie).
BARBICIION : Capucin.
Allusion à ce que ces re-
ligieux laissent croître leur
barbe (Argot des voleurs).
A^.
BARBILLON : Souteneur.
Diminutif de brochet ,
quoitju'ils soient aussi vo-
races l'un que l'autre pour
dévorer la recette de la
o
26
BAR
BAR
marmite (Argot des soiile-
neurs).
BARBILI.ON DE BEAUCE :
Légumes.
Les voleurs disent égale-
ment : larhUlon de Va-
renne pour naxiel.
Celte dernière expression
est des plus anciennes; on
lit en edet dans le diction-
naire d'Olivier Chéreau :
harbillons de Varanne
(Argot des voleurs).
BARBISE : Apprenti soute-
neur.
Il en existe qui n'ont pas
quinze ans et qui macrotent
déjà les petites bouquetiè-
res, quelquefois leurs sœurs
(Argot des souteneurs). iSf.
BARBISET : Diminutif de
barbe.
Plus jeune et moins en
faveur (Argot des voleurs).
N.
BARBOIS : Voleurs.
J^a romance du pègre
dit :
Pègres et barbais, rappliquez au
I Sauvage
Et sans traquer livrez vous au
iplaisir.
On aurait tort de vouloir être sage
Puisau'après tout on sait qu'il
]faut mourir.
(Argot des voleurs).
iîARBOTTER : EouiUer les
poches de quelqu'un.
C'est une spécialité (pii
demande une certaine
adresse.
La ménagère souvent la
nuit, pendant que son mari
sommeille, pratique, sans
mandat, une visite domi-
ciliaire dans les poches du
dormeur (Argot du peuplfi.
BARBOTTIER: CanapéfArgot
des voleurs). JV.
BARBUE : Plume.
Allusion à la barbe des
anciennes plumes d'oie (Ar-
got des voleurs).
BARON DE LA GRASSE :
Individu malpropre, sale,
puant, dégoûtant, ne se
débarbouillant, suivant une
vieille expression, que lors-
qu'il pleut (Argot du peu-
pie).
BARRE : Aiguille (Argol des
voleurs). A^.
BARRE : Taisez-vous, en
voilà assez.
Fermez çà, barre.
Barrée (la rue est). Elle
l'est, en ellet, pour ceux
qui n'y peuvent passer à
cause d'un créancier récal-
citrant.
On dit aussi : on pace
(Argot du peuple).
RARRÉ (Etre) : Individu bou-
ché, crédule, ignorant, qui
comprend diflicilement.
Mol à mot : il a la cerv^'Ue
barrée (Argol du peuple).
BARRÉE (La) : Échelle.
Allusion aux échelons qu
BAS
liAT
l'onnenl banvaiix (Argot dos
voleurs). V. Montante.
IIAS PERCÉ: Etre à fond de
cale, à bout de ressources.
Allusion aux bas percés
qui indiquent la misère (Ar-
got du peuple). V. Lac.
IIASANE: Peau.
f jes tabliers des foi*gerons
se nomment basane (A^d^^^
du peuple).
IIASCL'LE : La guillotine.
Allusion à la planche qui
bascule pour pousser le
condamné sous la lunette
I Argot des voleurs).
liASCULES : Épaules (Argot
des voleurs). V. Porte
turbin. ^.
r.AS DU CUL: Petite femme.
Dans le peuple, pour bien
caractériser sa petitesse, on
dit : quand elle pèle elle
fait des ronds dans le sable.
(Argot du peuple).
r.AS DE BUFFET: Injure à
l'adresse des vieilles fem-
mes prétentieuses qui se
maquillent outrageusement.
Pour accentuer on dit :
vieux bas de buffet f Argot
(\\\ peuple).
lîASARDER : Vendre.
— Je hasarde mes frus-
ques, mon mobilier.
hasarder veut dire aus-
si rcHVovcM' :
— Je basarde ma maî-
tresse (Argot du peuple).
BASTRINGUE: Bal de bas
étage où se doime rendez-
vous la canaille du quartier
dans lequel il est situé.
Bastringue , faire du
bruit, du ta|)age,
Quand Tbomme rentre au
logis, un peu humecté et
qu'il casse la vaisselle, la
ménagère, furieuse, lui dit :
— T'as pas bientôt lini
ion bastringue, sale cha-
meau? (Argot du peuple).
BASSE (La): La terre.
Pour qualilier un fainéant
qui ne veut pas travailler
on dit : il a les eôtes en
long, ce qui l'empêche de
se baisser,
La terre est trop basse
(Argot du peuple). N.
BASSIN : Insipide, ennuyeux
(Ai'got du peuple). V. Bas-
sinoire.
BASSINOIRE : Individu qui
répète cent fois la même
chose pour ne rien dire (Ar-
got du peuple).
BATACLAN : Outils de mal-
faiteurs (Argot des voleurs)
Y. Agobilles.
BATACLAN : Mobilier.
Les jours de terme les
ouvriers disent :
— Nous déménageons le
bataclan, ou bien : nous
28
BAT
BAT
enlevons le Saint-Frus-
qiiin (Argot du peuple).
BATAILLE DES JESUITES :
Habitudes de masturbation.
Dans les ateliers, quand
un apprenti reste trop long-
temps au cabinet, un ou-
vrier dit à un autre appren-
ti :
— Vas donc voir s'il ne
se fait pas sauter la cer-
velle.
L'allusion est transpa-
rente (Argot du peuple).
BATII AU PIEU : Femme qui
a des qualités extraordinai-
res au lit (pieu),
Terme employé par les
passionnés qui, générale-
ment, s'y connaissent (Ar-
got des souteneiu's).
BATH AUX POMiMES : Tout
ce qu'il y a de mieux, le
nec 2^lus ultra en toutes
choses (Argot du peuple).
fîATIF ou BATIVE : Beau tout
ce qu'il y a d'admirable, de
supérieur, de merveilleux.
— J'ai un homme, y en
a pas de pareil, il est batk
(Argot des tilles).
BATIR SUR LE DEVANT:
fttre enceinte.
— L'allusion est facile à
saisir (Argot du peuple). V.
A va fer le pépin.
BATON : Juge de paix (Argot
des voleurs). N.
BATOUSE: Toile neuve, de
hatousier (tisserand)
— J'ai une rouillarde
en hatouse toute battante
(neuve) (Argot des voleurs).
WRomllarde.
BATOUSIER: Voleur de toile
ou de linge que les blan-
chisseurs de la campagne
font sécher dans les prairies
ou sur les haies (Argot des
voleurs).
BATTAGE: Se moquer de
quelqu'un, dire ce que l'on
ne pense pas.
— C'est du battage il
n'est pas plus malade que
moi (Argot du peuple).
BATTANT: Le cœur (Argot
des voleurs ). V, (7r«^?^/ res-
sort.
BATTANT : L'estomac.
— J'ai le ventre creux,
rien a me coller dans le
battant (\rgoi du peuple i.
BATTANT,BATTANTE:Chose
neuve.
On dil dans le peu-
ple a tout bout de champ :
— Elle est battante,
neuve C'est un double em-
ploi (Argot du peuple). A\
BATTANCOURT: Soulier( Ar-
got des voleurs). V. Ripa-
tons.
BATTANDIER : Mendier (Ar-
got des voleurs). V. Aller à
la chasse avec un fusil de
toile.
BAT
BAT
29
r.ATTOIRS: Les mains, allu-
sion au bruit que lonl les
hianchisseuses a vee leur ifl:/-
toir ; quand les claqueurs
applaudissent troj) hruyani-
nient, les voyons loj^és au
ponlaillei' erient : Remisez
donc vos battoirs CAi'iïot du
peuple).
HATTRE UNE RASANE:
(i«'ste familier aux gamins
qui se frappent la cuisse du
revers delà main droite.
Ce iijeste veux dire : Merde
(Argot du peuple).
IJATTRELERRIQlETrErot-
ter en marchant les deux
jamlies de son pantalon
l'une contre l'autre (Argot
du peuple).
r.ATTRE LACOl VERTl RE :
Ne savoir que faire et rester
couché toute la journée (Ar-
got des troupiers).
IJATTRE LE.TOR: Y. Battre
coïDtois.
HATTRE COMTOIS: Un com-
père bat comtois en deman-
dant un gant devant une
baracjue de lutteur.
Les spectateurs le prennent
pour un adversaire sérieux:
dans l'arène il se laisse tom-
ber.
Un accusé bat comtois
en leigr.ant de ne ])as com-
prendre les quesîions du
juc-e d'instruction,
Une femme bat corntois
lorsquelle vient de coucher
avecson amant et qu'ellejure
à son uiarien rentrant qu'elle
lui est lidèle (Argot du peu-
ple).
RATTRE ENTIEEE : Fair(> le
niais, l'imbécile.
— Tu battras entijfe
(juant le quart te deman-
dera comment tu as rousti
la tocante à ta dabe (Ar-
got des voleurs)
RATTRE LA SEMELLE :
Dans les grands froids les
trou[)iers battent la semelle
pour se réchauller les pieds,
soit qu'ils, frappent sur le
sol, soit qu'ils frappent en
cadence semelles contre
semelles (Argot des trou-
piers)
RATTRE LA SEMELLE: Ar-
penter le trottoir, faire les
cent pas en attendant quel-
qu'un (Argot du peuple)
RATTRE LA SEMELLE:
Se dit d'une femme sans
homme qui, à l'instar de
certain photographe, opère
elle même.
Elle bat la semelle mais
ne frappe pas aussi fort que le
cordonnier sur son pavé
(Argot du peuple). N .
RATTRE DE LA FAUSSE
M( )NNAIE : Rat tre sa femme
(Argot du peuple). N.
RATTRE UN DIG - DIG :
Simuler une fausse atiaque
2.
30
BEC
BEC
d'épilepsie sur la voie publi-
que.
L'homme qui pratique ce
truc pour donner à l'atta-
que simulée l'apparence de
la vérité, se met préalable-
ment dans la bouche un
morceau de savon. En le
mâchonnant le savon mousse
et lui amène l'écume aux
lèvres comme si l'attaque
était naturelle.
Les batteurs de dig-dig
font souvent de fortes re-
celtes (Argot des voleurs).
BAUCE ou BAUSSE : Patron.
Dans toutes les chapelleries
de France on emploie ce
terme (Argot des chape-
liers).
BAVASSER : Personnage qui
ne sait ce qu'il dit, qui ha-
rasse \i tort et à travers.
Mot à mot baver des pa-
roles vides de sens (Argot du
peuple). iV^.
BAVAROISE AU LARD: Ab-
sinthe épaisse à couper au
couteau (Argot du peuple).
N.
BAVER DES CLIGNOTS :
Pleurer.
Le peuple plus expressif
dit : chier des chasses (Ar-
got du peuple). V. ce mot.
BEC DE GAZ : Sergent de
ville.
Il éclaire les malfaiteurs
quand il n'est pas chez le
marchand de vins en train
à' étouffer un glacis (Argot
des souteneurs). N.
BEC DE GAZ : A la maïiille
aux enchères, quand le
joueur auquel le point est
adjugé rencontre un jeu sur
lequel il ne comptait pas
dans les mains d'un de ses
adversaires, il dit : J'ai
rencontré un bec de gaz
(Argot du peuple). N.
BÉCANE : Mauvaise machine
à vapeur rafistolée par les
Auvergnats de la rue
de Lappe, qui marche
comme une montre réparée
par un charron (Argot (\\\
peuple). V. Seringue.
BECHER EN DOUCE : Bla-
guer un ami doucettement
mais lui dire de dures véri-
tés sous des apparences de
bonhomie (Argot du peu-
ple).
BECHEUR : Avocat général.
II bêche le prévenu pour
le faire condamner quand
même.
Pour V avocat bêcheur il
n'y a pas d'innocents.
Ou le bêcheur commence à
( Jaspiner.
(Argot des voleurs).
BËCOT : Bouche, baiser.
— Mon petit homme,
donne-moi un bécot.
Embrasse-moi (Arffotdes
fdles).
BEL
BEC
31
r.KGOTTER : Embrasser.
— C'est dégoûtant ! Ces
jeunes mariés se bécottenl
toute la journée (Argot du
peuple).
liKCQlETER : iManger.
— J'ai encore cent ronds
à becqueter. Viens-tu inan-
(jer une Triture à Anieuil
(Argot du peuple).
IJEDON : Gros ventre.
En Normandie on dit be-
dolle pour bedon (Argot
du peuple).
r.EFFEUR (C'est un) : homme
((ui fait des dupes.
Honime d'à liai res marron
Ses clients le sont plus
souvent que lui (Arçot des
voleurs).
IIÉGUIN : Petit serre-tête en
toile (jue l'on met sur la
tète des enfants nouveau-
nés (Argot des nourrices).
V. Acoir un béguin.
liKGUIN CARABINÉ : Avoir
tni amour de première force
auquel il est impossible de
résister (Argot du peuple).
15ELETTE
se use.
V. Blanchis-
HELLE (faire la) : Jouer une
troisième partie qui déci-
dera quel sera le vainqueur
des deux adversaires ayant
perdu chacun une manche
(Ai^ot du peuple).
BELLE DE NUIT : Fille pu-
blique déjà vieille qui rac-
croche la nuit parce que
la mtit tous les chats sont
gris.
Celte expression est an-
cienne. Vers 1850, on
chantait dans un • revue in-
tiiulée : Vice la Joie et
les Pommes de terre re-
présentée aux Folies-Dra-
matiques, à l'ancien boule-
vard du Temple.
Tous les soirs l'amateur
I contemple
Les belles de nuit qui sïunt
I voir,
Sur le boulevard du Temple.
(Ai-got du peuple).
BÉNISSEUR : Homme qui
tronvc; toujours tout très
bien et n'a jamais une pa-
role amère pour personne.
Le critique IL de La-
pommeraye fut et restera
le plus illustre bénisseur
du siècle (Argot du peuple).
BENOIT : Maquereau.
Benoit, (lans le langage
populaire, est synonyme
d'imbécile, de niais, n'en
déplaise à ceux qui portent
ce nom.
Il veut dire aussi ma-
quereau, dans le monde
des filles (Argot des soute-
neurs). N.
BÉQUILLARDS(Les): Vieil-
lards infirmes et mendiants
que -la police arrête quoti-
32
RER
RET
dieniiemenl et qu'elle est
forcée de relâcher faille
de délit.
Ainsi nommés parce
qu'ils ont des béquilles ou
qu'ils boitent s'appuyant
sur une canne (Argot des
voleurs). A^.
REIIDOUILLE : Ventre.
— Que houIottes-U\ donc,
mon vieux, pour avoir une
sacrée berdouiUe comme
ça?
On dit aussi bedaine
(ArgOc du peuple).
BERCE : Brigadier.
Pour distinguer un sous-
ordre, on ne dit pas un
sous-brigadier^ mais par
abréviation un S. B. (Ar-
got des agents de policel. A'^.
BEliGE : Année.
— Je tire cinq berges à la
Centrousse de Melun (Ar-
got des voleurs).
BERGERONNETTE : Année.
Diminutif de berge (Ar-
got des voleurs).
BÉQUILLER : Manger (Ar-
got des voleurs). V. BêC-
ter.
BERLINE : Couverture (Ar-
got des voleurs). N.
BERLINE DE COMMERCE :
Commis-voyageur (Argot
des voleurs).
BERNIQUE : Non. Je ne
veux pas.
On dit aussi Bernique
Sansonnet (Argot .du peu-
ple). V. Brenide.
BESSONS : Les deux seins
(Argot des voleurs).
BERTELO : Un franc (Argot
des voleursj,.
BÉTA : Niais, crétin, super-
latif d'imbécile (Argot du
peuple).
BÊTASSE : Mou, flasque
(Argot du peuple).
BÊTE A CHAGRIN : Une
femme légitime.
Quand elle est acariâtre,
et elle l'est souvent par les
nécessités de la vie, on lui
donne ce nom peu aimable
(Argot du peuple). N.
BÉTE A BON DIEU : Y.
Bête à pain.
BÊTE A CORNES : Four-
chette (Argot des voleurs).
N.
BÊTE A PAIN : Homme bon
et simple.
Mot à mot : bon comme
du bon pain (Ai^ot du
peuple).
BETINET : Queue rouge.
Le peu[)le donne ce nom
aux paillasses qui font le
boniment sur les plact^s pu-
bliques ou devant les ba-
ra^jues de saltimbanques
pour amasser la foule.
L'un d'eux lut célèbre
Hin
me
33
sous le nom de Bétinet, de
IcSiO à ISrJO, sur la place
(le la Hasiille. Il était re-
iionmié pour ses bêtises
sîupétianles (Argot du peu-
pie).
III. IMPLANT : Café chantant
o!i les spectateurs chantent
«'u chd'ur avec les artistes.
Les deux plus célèbres
lurent le Beuglant de la
lue Contrescarpe et le Di-
ran japonais de Jehan
Sarrazin (Argot du peuple).
lU.lGLKK : Enfixnt qui crie
à en perdre haleine.
— As-tu fini de beugler,
horrible crapaud (Argot du
peuple).
RKl RUE PANS LES ÉPl-
NAllDS (en avoir ou en
mettre) : Bourgeois qui
augmente sa fortune par
tous les moyens possibles.
On sait qur» les cuisiniers
appellent les épinards la
mort au beurre, parce qu'ils
tu absorbent considérable-
ment.
L'allusion est facile à
comprendre (Argot du peu-
ple).
lîlIîASSE : Vieille femme.
Arrivée à un certain âge,
la femme c'est comme les
vieux souliers, ça boit ; elle
hibasse dans les bars (Ar-
Udl du peuple).
HIHASSOX, BIBASSIEll :
Vieillard (Argot du peuple).
V. Birbe.
BIBERON : Pochard qui boit
comme une éponge, sans
soif.
iMot à mot : il tète ou
suce tous les liquides j)os-
sibles (Argot du pen[)lej.
V. Suce-Canel/e.
BIBI : Instrument de cam-
brioleur (Argot des voleurs).
V. Tàteuse.
BIBINE : Assommoir de bas
étage, où tous les liquides
les j)lus étranges, connue
jadis à la bibi^ie du Lapin
blanc^ chez le père Mauras,
sont servis aux consonnna-
leurs (Argot du peuple). V.
Assommoir.
BICHER : Ça prend, ça mord.
Dupe qui, comme le pois-
son, mord à l'hameçon (Ar-
got des gens d'à flaires et
des pêcheurs).
BICIIET : Mensonge (Argot
des voleurs).
BICHON : Petit chien à tout
faire.
Cet animal est fort afl'ec-
tionné des dames d'un cer-
tain monde qui évitent avec
lui les accidents et les ma-
ladies de neuf mois (Argot
des filles).
BICHON : Outil de chapeHer.
C'est une sorte de petit
34
BID
BIF
tampon de soie ou de ve-
lours qui sert à bichonner
les chapeaux de soie et à
leur donner le coup de fion
(Argot des chapeliers).
BICIIONiNER (se) : Homme
qui a grand soin de lui-
même et qui se hicJionne
comme une petite maîtresse
(Argot du peuple). V. Pom-
madin.
BICIIONNET : Menton.
Ce mot exprime bien
l'habitude qu'ont certaines
gens de se passer à tout
moment la main sur le
menton pour se bichonner
(se caresser) (Argot du peu-
ple). V. Banquette.
BIGLER : Pour cligner de
l'œil.
Bicler est une très vieille
expression (Argot des vo-
leurs) V. Guigne à gauche.
RIDARD : Heureux, veinard.
C'est un nommé Bidard
qui gagna \m gros lot à une
loterie quelconque.
On en fit une chanson
qui courut les rues :
Le père Bidard, la mère
Bidard, etc. Depuis ce
temps, les chançards sont
des Bidards (Argot du
peuple). N-
BIDET : Yase intime que l'on
rencontre dans les cabinets
de toilette un peu chics.
Bidet, ainsi noimné par
allusion au bidet sur lequel
monte le cavalier ; madame
se met à cheml dessus, et
généralement l'eau ne pour-
rait servir qu'à faire du Thé
de la Caravane r\ri.mt des
filles). i\^.
BIDET : La ficelle qui sert
aux prisonniers pour se
transmettre leurs corres-
pondances d'étages en éta-
ges.
Allusion au bidet de
poste (Argot des voleurs).
V. Postillon.
BIDOCHE : Viande.
Cette expression est con-
nue depuis 1830.
Le nom de la mère Bi-
doche avait été donné à la
marchande de soupe qui te-
nait le restaurant des Pieds
humides à l'ancien marché
des Innocents, aux Halles.
Le mot est resté dans le
peuple, ((ui dit aussi quand
la bidoche est trop dure :
c'est de la carne (Argot du
peuple).
BIDON : Ventre.
Corruption de .bedo?i;
on dit aussi hidoiiard.
S'emplir le bidon chez
le mastroquet : boire (Ari
got du peuple).
BIEFxVRD : Bourgeois (Argot
des voleurs).
BEEFSTEACK A CORBEAU
Vieille fille publique qui î
lilL
BIX
stTvi (le litière à tout un
régiment de cuirassiers (Ar-
-lot du peuple). N'.
lîEEFSTEACK A MAC-
QUART.
Macquart est réqiiarris-
seur qui a la spécialité d'a-
battre les vieux chevaux,
les carnes hors de service
(Arjj;ot du peuple).
IFFIX : Chinounier.
Ainsi dénommé par le
[ peuple à cause de son cro-
chet qui lui sert à deua;
fins : à se délendre et à
travailler.
Depuis 18i8, on dit d'un
chiflbimier qu'il eslmembre
du comité de recherches.
Allusion à ce qu'il fouille
dans les tas d'ordures pour
y trouver sa vie (Argot du
peuple).
RII-FETON : Billet.
Quelques-uns écrivent
HiiffetoUj c'est une er-
reur (Argot des camelots).
iîi.I()i:tier sur le ge-
nou : Savetier.
Allusion aux clous nom-
més bijoux avec lescjuels
il ferre les semelles des
souliers (Argot du peuple).
V. Gniaff.
HIEBOQUET : grosse femme.
Il paraît pourtant impos-
sible de jongler avec elle.
C'est sans doute par al-
lusion à la houle du bilbo-
quet (Argot des voleurs).
BHjEANCER : Condamné qui
a lait sa prison.
C'est la corruption de
billancher, payer ; en
elfet, le prisonnier qui a fait
sa prison a payé sa dette
(Argot des voleurs). N.
BILLANCHER : Payer.
— C'est dégoûtant, il
faut toujours billancher
(Argot du peuple).
BILLER : Diminutif de bil-
lancher.
Même signification (Ar-
got du peuple).
BILLET DE LOGEMENT :
Quand les tilles vont à Mon-
tretout (la visite sanitaire),
si elles sont malades, elles
sont retenues et dirigées
sur l'inlirmerie de Saint-
Lazare; le médecin inscrit
la nature de la maladie sur
un bulletin dont la couleur
varie suivant la gravité du
cas.
Une fois installées dans
leur lit, le bulletin est placé
à la tète du lit dans un
petit cadre spécial.
De là le nom de billet de
logement (Argot des lilles).
BINELLE : Faillite.
— Il est tombé en bi~
nelle, mais si les Anglais
se tapent., il a carré \o-
seille {Xr'^ot des voleurs).
36
BLA
BLA
BIKBE : Vieillard (Argot du
peuple).
BIRIBI (dés) : Ce jeu se joue
dans les foires et dans les
fêtes publiques. C'est un
vol audacieux. (Argot des
camelots).
BISOT : Ami (Argot des vo-
leurs). V. Aminches.
BISTOURNE : Cor de chasse.
Allusion à la forme tour-
née de l'instrument (Argot
du peuple).
BISTRO : Marchand de vins.
On dit aussi des petits
commis des magasins de
nouveautés qu'ils sont des
bistros (Ai^'ot du peuple).
BlTURE(s'en flanquer une): Se
saouler comme un cochon
(Argot du peuple).
BLAIRE : Nez.
Cette expression est en
usage depuis plus de cin-
quante ans dans L s fau-
bourgs, où les terreurs à la
sortie des bals publics se
bouffaient le blaire (Argot
des souteneurs).
BLANCIIETTE : Hiver.
Allusion à la neige cl au
givre qui couvre les rues et
les toits d'une nappe blaii-
cheikv^Qi des voleurs). N.
BLANCIIISSELSE : Pièce de
cinquante centimes (Argot
des voleurs). JSf.
BLANCHISSEUR : Avoc:.i.
Ce mol date du procès
du fameux empoisonneur
Couty de Laponmierais.
Dans les couloirs du pa-
lais, avant l'audience des
assises, on discutait la con-
damnation ou l'acquitte-
ment; la majorité des avocats
étaient d'avis qu'il serait
acquitté parce que Lachaud
blanchit.
Lachaud était le défen-
seur de Lapommerais.
Les voleurs se souvien-
nent du calembour (Argot
des voleurs). N.
BLANCHISSEUSE DE TU-
YAUX DE PIPES : Blan-
chisseuse qui ne blanchit
jamais rien, elle n'a que
l'apparence.
Elle habite géné^lement
aux environs des hôtels,
pour avoir la clientèle des
commis-voyagenrs qui dé-
sirent être servis à la mi-
nute (Argot du peuple).
BLANCHOUILLARDE: Hiver
Diminutif de blanchette
(Argot des voleurs).
RLAGUE A TABAC : Vieilles
tétasses molles et flasques
qui tombent outrageuse-
ment (Argot du peuple).
BLANQUETTE : Aigenl(Mie
(Argot des voleurs). N.
BLAVE : La cravate (Argot
des voleurs). N-
BLE
BOB
37
HLAVIN : Mouchoir.
Une vieille ciiaiisou dil :
\.Q parrain care sâfrime dans
I son blaoin.
Argot des voleurs). Y .
Aniterge.
r.l.AVlMSTE : Voleur (pii a
la spécialité de faire le b/a-
vi)l (Mouchoir I i \ruoi des
voleurs).
lU.AZE : Numéro (Argot des
voleurs). N.
lîLÉ : Aident monnayé (Ar-
got des voleurs), V. Aubert.
lîLÉClIARD : Laid, disgràeié
(le la nature.
Dans les fauhourgs ou dil
(l'une femme dans ce cas :
— Elle est rien blèche
Argot du i)euple).
r.LÉCnARDE: C'est le super-
latif de bléchard.
Pour bien accentuer on
ajoule qu'elle a une gueule à
faii'e tourner la soup * au
lait (Argot du peuple).
lu. EU (Passer au bleu): Faire
disparaître un objet ({uel-
conque.
Le samedi de paye quand
l'ouvrier care un peu de
fjaltouze, la ménagère dit :
— Mon vieux tu m'as fait
passer cent sous au bleu
(Arçot du peuple).
I5LEU : Jeune soldat.
Se dit de tous les hommes
qui arrivent au régiment.
Ils sont bleii juscpi'à ce
qu'ils soient passés à l'école
de peloton (Argot des trou-
piers).
BLEU (J'en suis): Etre étonné,
ne rien eompn ndre, en res-
ter ébahi (Argot du peuple).
ULEU (N'y voir que du) :
Etre volé sans s'en aperce-
voir (Argot du peuple).
BLEUET : Billet de banipie.
Allusion à la couleur ô/^/^^
des précieux papiers (Ar-
got des voleurs). V. 2'al-
biu d'altèqiie.
BLOKAUS : Chapeau haut
de forme (Argot dii peuple).
Y. Bloiuii.
BLOUM : Même signiûcation
que précédemment (Argot
du peuple).
BLOT (C'est mon blot)_:
J'ai ce que je désire, elle
fait bien mon blot.
Ça fait le blot, ça fait le
compte (Argot du peuple).
Y. Balle. N.
BOBËCIION (Se monter le) :
On dit aussi se monter le
bourrichon.
Croire qu'une chose fausse
est vraie et prendre un dé-
sir pour une réalité (Argot
du peuple). lY.
3
38
BOI
BOI
BOBINE : Tête (Argot du
peuple). V. Tronche.
BOBINCUE : L'ancien théâtre
Bohino.
Les étudiants disaient
Bohinsky (Argot des étu-
diants).
BOBINO : iMontre (Argot des
voleurs). V. Babillarde.
BOBINO EN JONC : Montre
en or (Argot des voleurs).
BOBINO EN PLATBE: Mon-
tre en argent (Argot des
voleurs) .
BOCAUD : Maison de tolé-
rance (Argot du i^euple).
V. Magasin de Uanc.
BOGUE : Allemand (Ai-got du
peuple). V. Alboche.
BOG EN JONC : Montre en or
Quelques-uns écrivent
bogues et baube, mais ce
n'est pas exact (Argot des
voleurs) .
BOILAÎID : Le temps (Argot
des volem*s).
BOIRE DU LAIT : Etre con-
tent. Se réjouir du mal qui
arrive à un
du peuple).
BOIRE A LA GRANDE
TASSE : Se jeter dans la
Seine.
En efïet, l'homme qui se
noie peut boire à son aise,
la tasse est assez large et
assez profonde (Argot du
peuple).
BOIT SANS SOIF : Ivrogne
(Argot du peuple). V. Sac
à vin.
BOITE (La grande) : La pré-
fecture de police (Ai^ol des
voleurs). V. Tour poin-
tue.
BOITE A CORNES : Cha-
peau.
Allusion aux cocus qui y
cachent leurs cornes (Ar-
got du peuple).
BOITE A OUVRAGE : L'ou-
til avec lequel les lilles ga-
gnent leur vie.
Quand l'une d'elles va
au Dispensaire, elle dit
qu'elle va faire voir sa boUe
à outrage (Aii^^ot des
filles). N.
BOITE AUX CAILLOUX :
Prison où l'on couche sur
la dure.
Allusion aux matelas qui
sont rembourrés avec des
noyaux de pêches (Argot
des voleurs). A'^.
BOITE A DOMINO : Bran-
card couvert qui sert dans
les hôpitaux à transporter
les morts de leur lit à l'am-
phithéâtre.
Allusion de foi'me (Argot
du peuple).
BOITE A DOMINOS : La
bouche.
BOI
BOM
39
Allusion à la blancheur
di^s (lents et à leur forme
(|ui ressemble aux dés (Ai -
i^ot du peuple).
nom: a LAIT: Les seins.
L'allusion est jolie. Les
seins d'une jolie fennne
soîit certainement des boi-
le.s à lait à même les-
(juelles on voudrait boire
(Argot des voleurs). N.
BOITE A PANDORE : C'ost
u;ie boîte ronde qui a la
lorme exacte d'une montre
ordinaire. Elle contient une
(lie molle très u»alléable
j) réparée pour prendre les
empreintes des serrures
(les maisons marquées pour
être dévalisées.
Ce travail est fait parh's
larbiniers qui préparent la
beso^^nie des cambrioleurs
LVrgot des voleurs).
BOITE A PANTES : Maison
de tolérance.
Cette expression n'est
pas juste ; il n'est pas né-
cessaire d'èire un pante,
c'est-à-dire un imbécile,
l>our s'oHrir une satisfaction
avec C D. G. (Argot des
voleurs). V. Bocard.
BOITE A SIGUES : Gilet.
Allusion aux poches qui
X ivent à mettre des pièces
fie vingt francs [sif/ues]. . .
(jiiand on en a (Argot des
voleurs). N'.
BOITE A YÉUOLE : Fille de
barrières ou rôdeuse de
casernes qui s'allranchit d(î
la visite sanitaire et en fait
d'eau ne connaît que l'eau
d'art" (Argot du peuple).
BOITE A VIANDE : Cer-
cueil.
Ce n'est pas une bt^le
de conserve (Argot des vo-
leurs). iV.
BOISSEAU : Chapeau haut
de forme.
Allusion de forme et
aussi à la grandeur de cer-
tains cliapeaux (jui, assuré-
ment, pourraient servir à
niesurer des pommes de
terre (Argot du peuple). V.
B/ouili.
BOITEUX D'UN CHASSE :
Borgne.
Manchot eiit été plus
juste (Ai*got des voleurs).
V. Caliborgne.
BOMBE : Mesure non classée
qui contient environ un de-
mi-litre de vin.
Quand un ouvrier en a
bu un certain nombre, ses
camarades disent : Il est en
bombe.
Quand il rentre au logis,
la ménagère fait une scène
épouvantable ; les voisins
entendant le ^(/^artZ disent :
la ôowi^(? éclate, gare ! (Ar-
got du peuple). N .
40
BON
BON
BON A NIB : î\.ressj:ix.
Mot à mol : bon à rien
(Argot des voleurs).
BONBON A LIQUEURS :
Bouton qui suinte constam-
ment une humeur liquide.
Individu qui a des
écrouelles (Argot du peu-
ple). AT.
BONBONNIÈRE: Tonneau de
vidange.
Allusion, sans doute, à
ce qu'en l'ouvrant on prend
une prise.
Dans le peuple on dit
d'un vidangeur qu'il en
prend plus avec son nez
qu'avec une pelle (Argot
du peuple).
BONBONNIÈRE AEILOUS :
Omnibus.
Les voyageurs sont ser-
rés, le vol à la tire est fa-
cile; il y a des voleurs qui
n'ont que la spécialité de
voler les morlingues en
hotibonnière (Argot des
voleurs). ^V.
BONDE : Prison Centrale.
Dans les prisons, le fro-
mage réglementaire est le
bondon, sorte de fromage
rond qui se fabrique à Neuf-
chàtel.
La portion, une moitié, se
nomme un sijslènte.
Par corruption, on a fait
bonde (Argot des voleurs).
BONNET A POIL : Le bon-
net ({ue portaient les grena-
diers et les sapeurs.
Cette coiffure a été sup-
primée. On l'applique à un
tout autre objet (Argot
du peuple). V. As de
pique. N'.
BONNETEAU : Jeu des trois
cartes.
Ce jeu ou plutôt ce voj
s'exécute à Auteuil, Saint-
Ouen et dans les Avagons
de chemin de fer.
M. Marcel Schwob, pour
arriver à expliquer l'expres-
sion de bomieteiii\ dit
qu'il faut passer par des
intermédiaires : bonnet.
bo7ineteur, lingerie.
Bannet, dans les «le-
liers, signifie se réunir plu-
sieurs pour former une co-
terie, résister au patron ou
aux autres camarades.
Los bonneteurs sont ;4 v'-
néralement trois pouro^M'-
rer : le bonneleur i\;v\\ù'^\n
le jeu, Yengayeur «{ui
ponte pour allécher les
naïfs, le nonneur qui est
en ga/fe pour avertir si la
rousse décale.
Ce trio forme donc bien
un bonnet, et bonnetenr
en dérive tout naturclle-
menr, et il n'est nullement
question de lingerie.
Bonneûel bonneteur sont
deux expressions en circu-
lation depuis plus de cin-
quante ans ; Vldocq en parie
BON
BOU
41
dans ses Voleurs (ArL^ot
(lu peuple).
r.ONNKTDE M IT ; Triste
connue un bonnet de nuit.
Iloninjclacilurne, uiélan-
(■oli(pie, dont la tristesse
est eonnnunicalive, sa pré-
sence dans une réunion
jette nu froid (Arj^ot du
[)euple).
IIOMMKNT : Discours pour
attirer la foule.
Forains, orateurs de réu-
nions puMicpies, hommes
[toiitiques et autres soni de
rudes bonimcnteurs.
Quand un boniment est
par trop fort, on dit dans
le peuple : c'est un bo7ii-
ncnt à la graisse de che-
vaux de bois (Argot du peu-
pie).
BUNNIR : Parler.
On appelle le pitre qui fait
le boniment le bonnisseur
(Argot des camelots).
BONMR Ql E PEAU : Etre
nuiet connne une carpe (Ar-
got des voleurs).
BONJOURIER : Vol au bon-
jour.
Ce vol se praiiqne dans les
clianii)res d'hùtels.
Le bonjourier monteles-
tenient les escaliers comme
s'il allait faire nne visite,
généralement le matin à
l'heure à laquelle les gens
dorment encore ; il voit une
clé sur la porte, il entre
doucement. Si le dormeur
s'éveille, il lui souhaite le
bonjour et s'excuse de s'ê-
tre trompé de porte; au cas
contraire, il vole rapide-
ment ce (pii lui tombe sous
la main et s'esquive.
11 y a six mois, on arrêta
une bande de bonjouriers
^ qui avaient la spécialité de
voler les souliers des loca-
taires.
Ils avaient sous le bras
une serviette d'avocat gon-
llée de vieux journaux ; ils
les jetaient dans un coin du
couloir et les remplaçaient
par les bottines et les sou-
liers (Argot des voleurs).
BOQUABELLE : La boucjie
(Argot des voleurs). V. Af-
famce.
BOUCAN : Bruit, tapage,
chahut, scandale.
Un boucan s'organise
pour empêcher un orateur
de parler ou un acteur de
remplir son rôle.
Les étudiants sont passés
maîtres dans l'art d'orga-
niser un boucan (Argot du
peuple).
BOUCARD : Boutique (Argot
des voleurs). V. Bon tan-
che. N.
BOUCARDIER : Le petit pé-
griot qui s'introduit dans
la boutique pour aider son
42
BOU
BOU
complice à voler (Argot des
voleurs). V. Raton.
BOUCHER : Chirurgien.
On dit aussi charcutier.
Il charcute les chairs du
patient (Argot du peuple).
BOUCHON : Mauvaise gar-
gote où l'on vend du vin
sans raisin.
Allusion h l'usage ancien
de placer comme enseigne,
au-dessus de la porte d'en-
trée, une branche de sapin
ou de houx ; cela se nomme
un bouchon (Argot du peu-
ple).
BOUCHON DE PAHJ.E :
Objets à vendre.
()n place un bouchon de
paille au collier ou à la
cpieue d'un chien (pie l'on
désire vendre.
On dit de certains indi-
vidus dont la moralité est
plus que douteuse : Ils ont
un bouchon de paille à la
conscience.
Mot à mot : elle est à
vendre (Argot du peuple).
N.
BOUCLER : Enfermer.
Dans les prisons, on bou-
cle les prisonniers chaque
soir dans leurs cellules.
On boucle la lourde
(fermer la porte) (Argot des
voleurs).
BOUDER AU TURBIN : Ou-
vrier qui cherche tous les
moyens possibles pour ne
pas travailler.
Fille publique qui ne
veut [)his tîirbiner pour
son souteneur. Dans la fa-
meuse chanson : Lamenta-
tions d'un souteneur, on
lit :
Quoi? C'est éteint... Tu r"bu.tes
j au flanche,
Y'a pu de trottinage à la clé,
Des dattes pour que tu fass'la
I planclie,
L'anse de la marmite est cassé.
Pour parer c'gnon qui ni"met
I su'l' sable,
Comme ta peau n'veut plus
I quTeignanter,
J'vas me rcoller avec ta dabe,
Qui ne r'toul' pas pour turbiner.
(Argot des souteneurs).
BOUDINOTS : Cuisses (Argot
des voleurs). N-
BOUILLON DE ONZE HEU-
RES : Dans le peuple, on
est persuadé que l'on vous
administre dans les hôpi-
taux un bouillon qui lait
mourir.
Cette légende vient de ce
qu'un malade à qui on
donna un bouillon à onze
heures mourut à midi.
Quand il arrive quelque
chose de désagréable à quel-
qu'un, on lui dit :
— Comment trouves-tu
le bouillon"^ (Argot du
peuple).
BOUÏS-BOUIS : Endroit mal
famé.
Se dit d'un café comme
BOU
BOU
43
d'un théâtre do dernier or-
dre (Argot du peujde).
ilOlFKARDE : Pipe.
Allusion à la bouffée de
fumée (juo le l'unieur tire
par intervalles de sa pipe
et ianee dans le vide (Argol
du peuple).
l'.orFFE-TOl T : Il est des
individus atteints de Xwhou-
limie, (pii mangent tout ee
((ui se présente.
Thomas l'Ours, le mo-
dèle bien connu de Mont-
martre, mangeait en guise
de hors^l'œuvre huit livn's
de pain en buvant un se:!U
de vin.
J.es rapins racontent en-
core qu'un jour de lamine
Thomas l'Ours avait dévoré
un poêle de laïence (Argot
du peuple).
BOUFFER LA BOTTE :
Amour platonique... faute
de mieux (Argot du peu-
ple).
BOUFFER SON CRAN : Ne
pas être content, mar-
ronner.
On dit aussi : bouffer
son bœuf (Argot d'impri-
merie).
BOUFFER A L'AS : Dîner par
cœur.
Même signification que
passer à l'as, passer de-
vant Chevet, regarder mais
ne pas toucher (Argot du
peuple).
BOUFFER DES BRIQUES
A LA SAUCE AUX CAIL-
LOl'X : Se dit par ironie.
Mot à mol n'avoir rien à
se mettre sous la dent (Ar-
got du peuple). A^
BOUFFI: Noyé.
Allusion à l'eau qui
gonlle la lace de l'individu
qui reste longtemps im-
mergé (Argot du peuple).
BOUFFI : Êtrejoulllu.
D'un vaniteux on dit
qu'il est bouffi d'orgueil.
On dit aussi ironique-
ment : tu l'as dit bouffi,
dans le sens i\\} grosse bête.
Bouffi est le synonyme (Ar-
got du peuple).
BOUGE : Endroit infect.
Bouge vient certaine-
ment de b'iuge où les co-
chons se Vautrent dans la
boue et dans leurs excré-
ments.
C'est dans les bouges
que se réunissent les vo-
leurs de bas étage (Argot
des voleurs). V. Bagnole.
B0UX;NAT : Charbonnier.
Il y a fort peu de temps
que cette expression est en
usage, depuis la liberté des
marchands de vin (Argot
du peuple). V. Auverpin.
BOUILLOTTE : La tète.
Dans le peuple pour ex-
44
BOU
BOU
primer que Ton a une forte
migraine on dit : Ma c^r-
velle bout.
Bouillotte est la consé-
quence (Argot du peuple).
Y. Tronche.
BOULE DE LOTO : Gros
yeux presque à ileur de
tète (Argot du peuple).
BOULE DE SON : Pain.
Ainsi nonuiié à cause de
sa forme ronde et de sa
couleur, car autrement il
n'entre pas de son dans la
confection du pain de mu-
nition, pas plus que dans
celui qui se fabrique à la
boulangerie centrale de
Saint-Lazare pour les pri-
sons de la Seine (Argot des
voleurs) .
BOULEAU : Travail.
Ce mot a pris naissance
chez les sculpteurs sur bois,
parce que tout morceau de
bois à travailler est un
louleau.
Cette expression s'est
étendue à tous les corps de
métiers qui disent :
— Je cherche du bouleau
(Argot du peuple). N-
BOULENDOS : Bossu.
On dit aussi : boscando.
Dans" le peuple par allusion
à la gibbosité on dit éi^ale-
ment :
— Il a volé îm pain.
— Il a un orgue de
Barbarie dans le dos.
— Il a un durillon
dans le dos.
Les troupiers disent d'un
bossu :
— Il a le sac au dos
(Argot du peuple).
BOULER : Envoyer prome-
ner quelqu'un.
Sabouler veut dir • la
même chose.
— Je l'ai salement sa-
boulé ce pierrot-là (Argot
du peu])le).
B )ULET : Femme légitime.
— Tu traînes toujours ton
boulet mon vieux JBoireau ?
— Mon Dieu oui, elle
ne veut pas crever.
— Fous-lui un lavement
au verre pilé.
Boulet.'AWmion au forçat
condamné aux travaux for-
cés qui en traînait un autre-
fois pendant la durée de sa
peine (Argot du peuple).
Y. Paillasse.
BOULETTE : Commettre une
erreur, se tromper.
— J'ai fait une rude
houlette en me mariant.
— Quelle boulette j'ai
faite en quittant ma place.
La dernière boulette est
de mourir (Argot du peu-
pie).
BOULETTES : Billes de bil-
lard.
Allusion à la forme ronde
(Argot des voleurs). N.
Bor
roi:
45
BOILKTTE : Mélange de
cliair à saucisse et de bœul"
bouilli, liaehé menu.
Elles sont rondes, de \h :
boulette {Sv'^oi du peuple).
V. AttifjnoUes.
BOri;MICllE : Abréviation
de boulevard Saint-Michel
(Argot des étudiants).
lîOl'LIX : Perche de sapin qui
sert au maçon pour cons-
truire ses échafaudages (Ar-
got du peuple).
UOriJNE : Cette expression
désigne une vieille coutume
en usage dans les petites
listes locales.
Les camelots qui font
ces letes sa cotisent pour
produire une certaine sonmie
elle est destinée à faire boire
le garde -champêtre pour
détourner sa surveillance
ou à l'indemniser s'il y con-
sent pendant qu'un des
compères qui lient un jeu
de hasanl vole les paysans,
Bouliner, faire le tour
de la bouline (Argot des
camelots).
BOULOTTAGE : Nourriture
(Argot du peuple).
BOULOTTE : Femme ronde-
lette, grassouillette, bien
en chair, ayant du monde
devant et derrière (Ai'got
du peuple). Y.
BOULOTTER : Manger (Ar-
got du peuple).
BOULOTTEK : Faire ses pe-
tites allaires.
Quant ya va bien on dit :
ça boulotte à la douce,
comme le marchand de ce-
rises.
On sait que ce dernier
])Our annoncer sa marchan-
dise crie :
— A la douce, à la dou-
ce (Argot du peuple).
BOITIBEUX : Paysan.
Allusion à ce que pen-
dant la saison des pluies il
est toujours couvert de houe
(Argot des voleurs). V. Pê-
trousquin.
BOURSICOTIER : Agioteur
qui boursicote des valeurs
qui n'en ont pas.
Tripoteur, qui vend et
achète des résidus au war-
ché des pieds humides à
tous les négociants qui ,
voulant faire une jolie fail-
lite, achètent des valeurs
tombées pour justifier de
grosses pertes vis-à-vis du
syndic (Argot des bour-
siers).
BOURDON : Fille qui fait le
trottoir.
Cette expression vient de
ce que les fdies chantent
sans cesse, ce qui produit
aux oreilles des passants
un bourdonnement sem-
blable à celui du petit in-
secte que l'on nomme bour-
don ( Argot des soute -
neurs).
46
BOU
BOU
BOURGUIG.^ON : Le soleil.
Il (ait mûrir les bons vins
de Bourgogne (Argot des
voleurs).
BOURRASQUE : Rafle faite
par des agents.
— Ne vas pas ce soir au
bistro, il y aura une bour-
rasque à cause du gonce
estoiirbi par la Saucisse.
Bourrasque })eint bien
les agents arrivant sur les
boulevards et les balayant
comme une trombe, ou pé-
nétrant dans une maison
comme un ouragan (Argot
des voleurs). N-
BOURRE-COQUIN : Haricots
(Argot des voleurs).
BOURREUR DE PÈGRES :
Le Code pénal .
Généralement les figures
employées sont plus exac-
tes; mieux vaudrait dire
bourreur de bondes, car
c'est d'après le Code que
les prisons sont bourrées
et non lea pègres (Argot des
voleurs).
BOURRIQUE : Indicateur (Ar-
got des voleurs). A^.
BOUTERNIÈRE (La) : C'est
une voleuse qui, dans les foi-
res de villages, expose dans
une vitrine nommée bouter-
ne des bijoux véritaljles.
Les paysans, alléchés de
courir la chance de gagner
une montre en or pour deux
sous, prennent des jjillels
mais ils ne gagnent jamais.
Les dés sont plombés
(Argot des voleurs).
BOUSCULADE (Vol àla) : Ce
vol est une variété du vol à
Vesbrouffe.
Il y a quelques années,
un facteur lut victime, pla-
ce de la Bourse, du vol
d'un pli chargé contenant
quarante mille francs.
Ce vol est très commun
(Argot des voleurs). V. Es-
broiiffe.
BOU SI LLER : Fia iier,gouaper .
Mettre quinze jours sur un
ouvrage 6ù il en faudrait
deux et ensuite le terminer
rapidement avec une mal
façon (Argot du peuple).
V. Saboter.
BOUSILLEUR : Ouvrier qui
bousille (Argot du peuple).
BOUT COUPÉ : Juif (Argot
du peuple). V. Baptisé au
sécateur.
BOU-CI BOU-LA : Deux nu-
méros tète-bêche
0)
CD
(Argot du peuple).
BOUTANCIIE : Boutique.
Quelques-uns disent que
boutanche veut dire bou-
teille, c'est une erreur.
Boutanche veut dire
BOY
BRA
47
boutique (Argot (1<'< m^-
\G\\Yh).S . Botœard.
nOlTIQUEA SI IIPIUSKS:
Maisons (|ui, on appariMico,
vendent (les livres, des ta-
bleaux ou de la parfumerie
et chez lesquelles l'aelieleur
trouve tout autre eliose (jue
la mari'liandise annoncée.
Ces maisons ne sont pas
au coin du (juai, on ne rend
pas l'argent si le client n'est
pas content (Argot des ÏA-
les). N.
nOTTOClIE: Fusil (Ai^'ot des
voleurs). N.
HOUSSOr.E : Tèle.
La tète, comme la bous-
sole, dirige (Argot du peu-
ple).
BOUTORD : Tabac à chiquer.
Ou sait que ce qui atlecte
le plus le prisonnier c'est la
privation du tabac.
Une chanson célèbre dans
les prisons centrales : Pour
(lu tabac, dit ceci :
Pour du tabac, disait un nègre.
Et pour trois pouces de Saint-
I Père,
.l'ai hasardé ma viande hier.
Et j'ai turbiné comme un no,'re
Pour un petit bout de bouturd.
Je vends ma bonde et mon pain
I même
Et, bourreau de mon pauvre
I corps,
Je suis doublement au système
Pour du tabac, pour du tabac.
(Argot du peuple). iV.
nOYAU : 11 a toujours un
bot/au de vide pour soi /fer
(Argot du peuple). V. Poi-
vrot.
BOX ON : Maison de tolérance.
Maison 7>ial famée, dit
le sénateur Bérenger, sans
doute i)arce qu'il y a de fort
Jo/ies femmes.
(^)ueslion d'appréciation
(Argot du peuple). V. Bo-
card.
BBAGQUEMAUD : Pennis.
V. Paf.
(Argot du peuple).
BIIAIS^: : Argent.
Allusion à la braise du
boulanger (pii enllammetrès
vite le charbon ou le bois.
Doniuu' de la braise à
une lille c'est Tenllammer.
La braise passe vite dans
les deux cas (Argot des
filles).
BUANDILLANTE: Sonnette.
Par le mouvement que
lui imprime le cjrdon, elle
brandille (Argot des vo-
leurs). iV".
BRANCARDS : Jambes.
Elles traînent le corps.
Cette expression a donné
naissance à une autre.
Se mettre dans les bra^i-
cards.
La situation explique le
fait, surtout si on ajoute
d'une femme passionnée :
elle rue dam les brancards
(Argot des souteneurs). iV.
48
BRE
BRI
BRANLEUSE DE GENDAR-
MES : Allusion au fer à re-
passer qui porte ce nom.
Les blanchisseuses bran-
lent pour repasser ce fer
toute la journée (Ai"got des
blanchisseuses).
BRA*^SEUR DE FAFFES :
Fabricant de faux papiers à
l'usage des filles de maisons
et des voleurs (Argot des
voleurs). V. Lopheur.
BREDOUILLE : Suivre une
femme et ne pas réussir à
la lever.
Aller à la chasse et re-
venir bredouille (n'avoir
rien tué).
Aller chercher de l'ar-
gent et n'en pas recevoir.
Mot à mot, bredouille
est le sy.ionyme de rater
(Argot du peuple),
BRÈME DE FOND : Pièce
de cinq francs en argv-nt.
(Argot du peuple).
BRÈMES : Les cartes (Argot
des filles).
BRÈME DE PATELINS :
Cartes de pays.
Elles servent aux rabat-
teurs de sorgues pour se
guider (Argot des voleurs).
BREMER ; Jouer aux cartes
(Argot des voleurs).
BRENICLE : Non.
C'est une corruption de
bernique (Argot des vo-
leurs). iV.
BRICULE: Officier de paix
(Argot des voleurs).
BRIDE : Chaîne de montre.
Elle bride le gilet (Argot
des voleurs). V. Cordelettes.
BRIDOUX : Fou (Argot d»s
voleurs).
BRIFFE : Pain (Argot des
voleurs). V. Bricheton.
BRIFFER : Manger.
Vient de briffe (Argot
du peuple).
BRIGEANT : Cheveux (Argol
des voleurs). Y. Alfa.
BRIGEANTE : Perruque.
On dit aussi réchauf-
fante, en effet, elle préserve
les cheveux du froid (Argol
des voleurs). N.'
BRIGNOLET: Pain (Argot
du peuple). V. Bricheton.
IILLA]
francs.
Elle brille (Argot des
voleurs^ V. Signes.
BRINGUE : Grande femme
haute en jambes.
Quand elle est mal ficelée
mal habillée, c'est une
bringue {kv^oi du peuple).
V. Asperge montée.
BRISEURS : Bande noire.
Cette bande est compo-
sée de plusieurs Auvergnats
qui achètent des marchan-
dises neuves et qui les
lîRl
lUR
49
ùrisc'/il pour les revendre
eiisuiie à la leiTaille connue
iH a r c 11 an dise s d'occasion
(Argot des voleurs).
lUlOCIIET : Marlou, soute-
neur (Argot du peuple).
V. Barbillon.
l'.l'.OQUE : Un sou (Argot
des voleurs).
I5H0QI ILLE : Minutes (Ar-
got des voleurs).
imOQriLLEl RS : Les vo-
leurs qui portent ce nom
pratiquent le col à l' éti-
quette.
Ce vol consiste à faire
fabricpier des bagues en
toc ornées de pierres lausses
( t à les substituer adroite-
ment aux vraies dans les
écrins que niontrentles bi-
jout'ers aux Taux aclieleurs
' Ai-got des voleurs). N.
liliOlILLÉ AVEC LE DI-
RECTEUR DE LA MON-
NAIE : N'avoir pas le sou
(Argot du peuple), V. Les
toiles se touchent.
BROUILLOTTE : La nuit
(Argot des voleurs). V. Bru-
nette.
BRÛLÉ : Affaire manquée.
Se dit plus communé-
ment d'un agent chargé
d'une surveillance, lorsqu'il
est éventé par le surveillé
il est brûlé.
On brûle paiement une
carie vue par les joueurs
(Argot des voleurs).
BRULE-GUEULE : Pipe dont
le tuyau est très court.
En fumant, la pipe vous
brûle la gueule (Xv'^oi du
peuple). V. Bouffarde.
BRULER LE PÉGRIOT :
Faire disparaître les tra-
ces d'un vol (Argot des
voleurs).
BRULOTTE : Lanterne (Ar-
got des voleurs).
BRUNETTE : La nuit (Arçot
des voleurs). V. Brouil-
lotte. N.
BUCIIE : Imbécile.
Borné, bête, grossier
comme une bûche.
Bûche : une ligure, dame,
roi ou valet, qui ne compte
pas au jeu de baccara.
(Argot des voleurs).
BUCHER : Travailler.
— Je suis dans mon dîu\
je bûche ferme.
(Argot du peuple).
BUCHER : F'rapper fort,
allusion au bûcheron.
Biicher (se) : Se battre
avec acharnement.
Bûcher le bouleau, : atta-
quer avec énergie une pièce
de bois (Argot des sculp-
teurs). JV.
BUREAU DES PIEDS : Salle
du Dépôt de la Préfecture
de Police où xVI. Bertillon
50
BUQ
BUT
fait passer les ilctonus à la
mensuration pour recon-
naître leur identité (Argot
des voleurs). ÎV.
BURETTE : Visage (Argot
des voleurs). iV-
BURLINGUE : Bureau.
J'ai été au hurlingiie du
qua7't (Argot des voleurs).
BUQUER : Voleurs qui
dévalisent dans les boutiques
sous le prétexte de deman-
der de la monnaie (Argot
des voleurs).
BUTTE (Monter à la) : Quand
réchalaud avait treize mar-
ches, celte expression était
juste, aujourd'hui qu'il est
de plein-pied, elle n'a plus
de raison d'être (Argot des
voleurs).
BUTTER : Tuer (Argot des
voleurs).
CAB
GAB
51
^
(A (11 a (le) : Se dit de quel-
(lu'iin qui possède beaucoup
(hirgenl.
Les filles, pour vauterles
aijfréments d'un homme, di-
sent : // a de rà ; mais ce
n'est pas d'argent qu'il s'a-
git (Argot du peuple).
CAHASSEl'Il : Cancanier ou
cancanière.
Argot du peuple).
( ABASSER : Bavarder sans
c.'sse à tort et à travers
Argot du peuple).
CAiJESTAN : OlfiGierde paix.
Il fait virer ses sous-
ordres (Argot des voleurs).
V. Bricule.
r. A BOCHE: Tète (Argot des
voleursj.
CABOMBE : La chandelle.
Quelques-uns écrivent c«-
lombeow calbombe ; le vrai
mot est cahomhe (Argot
du peuple) .
CABOT : Chien (Argot du
peuple). V. Alarmiste.
CABOT FEURË : Gendarme.
Allusion aux clous qui
garnissent les semelles de
bottes des gendarmes (Ar-
got des voleurs). V. Hiron-
delle de potence.
CABOT : Chien du commis-
saire de police.
Par abréviation on dit
simplement le cahot du
quart (Argot du peuple).
CABRIOLET : Corde de bovau
52
CAD
(CAF
de chat, ou forte ficelle de
fouet, terminée par deux
chevilles.
Les gardes et les agents
passent le cabriolet au
poignet des prisonniers
pour prévenir les évasions
et empêcher les récalcitrants
de se révolter.
(Argot des voleurs).
GABOULOT : Cabaret de bas
étage.
Brasserie où les consom-
mateurs sont servis par des
femmes.
CahoiUot n'est pas juste,
on devrait dire maison to-
lérée.
Cette expression a pour
berceau le quartier latin
(Argot du peupli').
CACHALOT : Femme qui a
des aptitudes spéciales.
Elle rend par le nez ce
qu'elle a avalé par la bou-
che (Argot des lilles). N-
CAGIIE-FRLXGUES : Ar-
moire (Argot des voleurs).
N.
CACHET DE M. LE MAIRE :
Tache à la chemise, der-
rière, ce qui indique l'oubli
du papier traditionnel (Ar-
got du peuple).
CADENi^^E : Chaîne de mon-
tre.
Quelques-uns écrivent
cadelle, mais c'est bien
cadenne, car on appelait
ainsi la grande chaîne de
forçats qui autrefois par-
taient de Bicètre po'ii' les
bagnes de Brest ou de Tou-
lon.
Cette expression est res-
tée (Argot des voleurs).
CADET : Le postérieur.
— Viens ici, bibi, qii?
je torche ton petit cadet.
— Tu as une ligure qui
ressemble à mon cadet (Ar-
got du peuple).
CADETS : Outils de voleurs
(Argot des voleurs). V.
Agobilles.
CADRAN SOLAIRE : Le der-
rière.
Allusion à sa forme ronde.
Cette expression vient du
Pont cassé, pièce repré-
sentée au théâtre Séraphin,
au Palais-Royal.
Nicolas, le comique de la
troupe de marionnettes, ré-
pondait il l'ofticier, le jeune
premier, qui lui demandait
l'heure, en lui montrant son
derrière.
En même temps il lui
chantait :
Voilà le cadran solaire.
Tire lire, lire....
(Argot du peuple).
CAFARD : Individu qui af-
fecte des dehors religieux.
Hypocrite qui n'en croit
pas un traître mot et ex-
ploite la crédulité publique.
Cafard est employé
CAL
CAL
53
comine terme de mépris
(Ai'got du peuple). iV.
(VFARD : Ouvrier qui, daus
les ateliers, caple la coii-
tiauce de ses camarades
pour ia[)porler aux patrous
t'O-^cju'ils peiiseut elceciu'ils
disent (Argot du peuple).
CAFARDE : La lune (Argot
des voleurs). V. Mou-
charde.
CAFARDER : iMoucharder,
dénoncer (Argot du peuple).
\.
CAFIOT : Mauvais ca'é lait
avec de la chicorée ou avec
des résidus de vieux nuire
de café déjà épuisés (Argot
du peuple). V. Jm de cha-
peau.
CAILLOF :Tète.
Il a rien un sale caillou
(Argot du peuple).
CAISSE D'ÉPARGNE : Le
marchand de vin.
C'est là, en eft'et, (jue
les ouvriers placent non
seidenient leurs économies,
mais souvent l'argent de la
paie (Argot du peuple). JV".
CALANGIIER : Mourir.
Pour indiquer qu'un oh-
jet n'est pas d'aplomh, on
dit : il calanche (penche) à
droite ou à gauche (Argot
du peuple).
CALEBASSE : Seins.
Se dit quand les mal-
heureux sont sans consis-
tance, qu'ils pendent et se
répandent (Argot du peii-
ple).
CAEÈGflE DU PRÉFET :
Ee panier à salade qui trans-
porte les voleurs des postes
de police au Dépôt de la
prélecture (Argot des vo-
leurs).
CALENDRLNER SUR LE
SABLE : Être dans une
misère noire (Argot des vo-
leurs).
CALER : On cale un meuble
avec un coin de bois.
Un homme riche est cale.
Les typogra'jhes em-
ploient cette "expression
pour dire qu'ils attendent
de la copie, ils calent (Ar-
got du peuple).
CALER LES JOUES : Bien
boire et bien manger.
Allusion aux joues qui
gonflent lorsqu'elles sont
pleines (Argot du peuple).
CALIRORGNE ouGALIBOR-
G\ON : Rorgne (Argot des
voleurs). V. Guigne à gau-
che.
CALOQUET : Chapeau (Ar-
got du peuple). V. Bloum.
CALOTS : Les yeux mau-
vais.
Calots à la manque
(Argot des voleurs).
54
CAM
CAM
CALOT : Grosse bille avec
laquelle les enfants jouent
à la poucette (Argot du
peuple).
CALTER : S'ew aller.
Calter est synonyme de
débiner; on dit à quel-
qu'un en danger : calle au
plus vite ou bien débine-
toi (Argot du peuple).
CAMARDE : La mort. '
Mais si la grice,
Parfois arrive,
Pour nous seruir,
Nous sw'cre ou nous courir,
Cont' la camarde.
Toujours en garde,
On a bien soin,
De jouer du surin.
{Ifoinance du Pègre).
(Argot des voleurs).
CAMARLUCIIE : Camarade
(Ai^ot du peuple).
CAMAROS : Même significa-
tion. Même argot.
CAMBOLA : Faux épilep-
tique (Argot des voleurs).
V. Battre un dig-difj.
CAMBRIOLEUR : Vol à la
camt)riotte.
Ce vol l'ut célébré par B.
Maurice :
Travaillant d'ordinaire,
La sorgue dans Pantin,
Pour mainte et mainte alïaire,
Faisant très bon chopin.
Ma gente canibriotte,
Rendoablée de camelotte,
De la dcdle au finquet.
Je vivais sans disgrâce,
Sans regout ni morace,
Sans ta'fet sans regret.
Le quart-d'œil lui jabotte :
Mange sur tes nonneurs ;
Lui tire une carotte.
Lui montrant la couleur.
L'on vient, l'on me ligoite,
Adieu, ma cainbrioite,
Mon beau jjieu. mes dardan(.<.
Je monte à la Cigogne.
On me gerbe à la grotte,
Au tup et pour douze ans (1).
CAMBROUSIER : Escarpe
qui vole tout ce qui lui
tombe sous la main en par-
courant la France.
Ce nom lui vient de ce
qu'il opère dans les ca/iu-
bronsses (maison) (Argot
des voleurs)
CAMBUSE : Maison qui lu'
tient pas debout, bâtie avec
de la boue et du cracha L
Cambuse : cabaret oii
l'on sert mal et de mau-
vaise marchandise (Argot
du peuple).
CAMBUSIER : Le maître de
la cambuse.
Cambusier : qui tient la
cantine au bagne ou à bor>l
(Argot du peuple).
CAMELOTTE : Marchandise.
Pour qualifier q:ielque
chose d'inférieur on dit :
c'est de la camelotte (Ar-
got du peuple).
CAMOUFLE : Chandelle (Ar-
got du peuple). V. Ca-
bombe.
(1) La traduction de tontes ces
expressi<.ins est dans le Dfction-
naire.
CAN
CAN
55
( \MOrFLER(se) : Changer
(le eostiimos et de physio-
nomie afin (le n'tMic |):is
reconnu (Argot des soute-
neurs ef
Sûreté).
CAMOUFLER : Réparer.
On camoufle mi décor
(Argot des artistes).
(lANAPK : Femme copieuse-
ment douée du coté des
fesses.
Le mot est en usage
chez h^s |)édérastes qui ne
recherchent pas cet avan-
tage (hi coté féminin (Ar-
got des voleurs).
(ANARD : Mauvais journaL
Quand un journal est
mal rédigé, mal imprimé,
pas même bon pour certain
usage, car le papier se dé-
chire, c'est un canard [kv-
got du peuple et des jour-
nalistes).
(ANARD : Terme de mépris
employé dans les ateliers
vis-à-vis d'un mauvais ca-
marade.
— Bec salé, c'est un
sale canard (Argot du
peuple). X.
CANARD : Nouvelle fausse
ou exagérée.
Ce système est employé
par certains journaux aux
at ois.
On pourrait en citer cin-
quante exemples depuis les
ecrevisses mises par n^
mauvais plaisatit dans un
bénitier de l'église Notre-
Dame-de-Lorette et qui re-
tournèrent à la Seine en
descendant par les ruisseaux
delà rue I)r<)U()l ; jns(ju'au
fameux canard belge.
Lu huissier à l'aide d'une
ficelle pécha vingt canards
qui s'enfilèrent suecessiv(;-
ment, connue Trufaldin dans
les Folies Espagnoles da
Pignault Lebrun, il fut en-
levé dans les airs, mais la
ficelle se cassa et il Unnhw
dans un étang ou il se noya.
Ce canard fit le tour du
monde arrangé ou plutôt
dérangé par chacun, il y a
à peinte quelques années
qu'il était reproduit par un
journal, mais la lin était
moins tragique, l'huissier
était sauvé par un membre
de la Société des Sauve-
leurs ù qui on décernait
une médaille de 1'° classe.
Pour sauver un huissier
on aurait dû lui fourrer dix
ans de prison (Argot du
peuple).
CANARDER SANS FAFFS :
Braconner sans port d'ar-
mes (Argot des voleurs).
CANASSON : Vieux cheval
liors de service.
On appelle aussi les
vieillards : canasson (Argot
du peuple). V. Gaye.
56
CAN
CAR
CANFOUINE : Domicile (Ar-
got des voleurs).
CANICHE : Ballot à oreilles.
Allusion aux longues
oreilles de chien-mouton
(Argot des voleurs). iV.
CANER : Avoir peur, reculer.
Caner : synonyme de
làcliettj (Argot du peuple).
CANER LA PEGRENNE :
Mourir de faim (Argot des
voleurs) .
CANNE D'AVEUGEE : Bou-
gie.
Allusion à la forme droite
comme la canne sur la-
quelle s'appuie Vaveugle
(Argot des voleurs).
CANON : Verre de vin.
Allusion à la forme splié-
ri(iue du verre (Argot du
peuple) .
CANONNER : Boire des ca-
nons sur le zinc du mas-
troquet (Argot du peuple).
CANONNIER DE LA PIÈCE
HUMIDE : Soldat infirmier
c[ui opère sur les derrières
de l'armée (Argot du peu-
pie).
CANONNIER : Les cambrio-
leurs. V. ce mot.
CANTON : Prison.
Le prisonnier y est en
effet cantonné (Argot des
voleurs).
CAPISTON : Capitaine (Ar-
got des troupiers).
CAPITONNÉE : Femme bien
en chair, qui a une gorge
bien développée, qui se
tient ferme sans le secours
du corset.
On dit aussi qu'elle est
meublée.
— Ah ! Gugusse, mince
de viande, ça ferait rien un
bath traver:
peuple). N.
CAPSULE : Chapeau (Argot
du peuple). S . Bloum
CARAMBOLAGE : Choc de
deux voitures dans la rue.
Les voyous que cela
amuse disent :
— Ah zut, mince de
de caram])olage (Argot du
peuple) .
CARAMBOLER : Au billard,
faire toucher les trois billes
(Argot du peuple). N.
CARAMBOLER : Y
cailler.
Rous-
CARCAGNOT : Brocanteur,
usurier, juif qui achète tout
à vil prix sans s'occuper de
la provenance (Argot des
voleurs). N.
CARCASSER : Tousser.
— Carcasse-àowQ, ton
dernier poumon tu ne nous
emmerderas plus la nuit
(Argot du peuple).
CAR
CAR
57
CAK!<: : (Vol à la care) : Les
careuses entrent clans un
magasin , pi'inci|)alen!ent
dans les hureaiix «le tabacs
et demandent à changer des
pièces d'un certain millé-
sime contre d'autres.
Prulilant de l'inattention
des commerçants, elles es-
camotent une partie des
pièces (Argot des voleurs j.
CAUGOT : Cantinier.
Ce n'est pas une corrup-
tion,de (jarfjotier.CAV d'a-
près les règlements des pri-
sons le cargot ne fait pas
de cuisine et ne vend que
des aliments froids, du fro-
mage et de la cliarcuterie.
Comme les cantiniers
sont arabes, qu'ils étran-
glent le plus qu'ils peuvent,
on les a baptisés du nom de
cargot, synonyme à'usu-
rier, abréviation de carca-
gnot (Ai-gotdes voleurs). X.
CARRÉMENT : N'aie pas
})eur, vas-y carrément.
Maintenant que tu n'as plus
[ q'ta chemise,
Tu poux y aller carrément.
(Argot du peuple).
CARME : Argent (Argot des
souteneurs). V, Aubert.
CARME A L'ESTORCIE :
Fausse monnaie (Argot des
voleurs).
C ARMER : Payer (Ai^ot des
voleurs). V. Billancher.
CARNE : Viande dure.
On dit d'un lionnue im-
pitoyal)le :
— 11 est dur connue
une vieille carne.
E'ouvrier qui ne veut
rien faire est également une
carne (Argot du peuple).
CAROTTE : Mensonge pour
ti'omper ou duper ([uel-
qu'un.
Tirer une carotte : em-
prunter de l'argent.
'ï'wvA'wwQ carotte de lon-
gueur: la préparer de lon-
gue main.
Le troupier tire une ca-
rotte à sa famille quand il
lui écrit qu'il a perdu la
clé du champ de uianœu-
vre, ou qu'il a cassé une
l)ièce de canon (Argot du
peuple).
CAROTTIER : Homme qui
fait le métier d'en tirer
pour vivre (Argot du peu-
ple).
CARRE DES PETITES GER-
RES : La police correc-
tionnelle (Argot des vo-
leurs).
CARRÉ DE RERECTAGE :
La Cour de cassation.
Quelquefois elle diminue
la peine du condamné ou
l'acquitte complètement.
11 est rebecqueté.
Rebecqueté se dit pour
raccommoder, se rapprocher
(Argot des voleurs).
58
CAS
CAS
CARREAUX : Les yeux (Argot
des voleurs).
CARREAUX : Outils spéciaux
des malfaiteurs (Argot des
voleurs). V. Tateiise.
CARREAUX : Fer à repas-
ser dont se servent les tail-
leurs pour aplatir les cou-
tures (Argot du peuple).
CAROUBLE : Clé employée
par lescarroubleurs (Argot
des voleurs).
CAROUBLEUR : Vol à l'em-
preinte à l'aide de fausses
clés (Argot des voleurs).
V. Boile de Pandore.
CARRUCHE : Prison (Argot
des voleurs). V. Gerh:.
CASIMIR : Gilet.
Allusion à l'étolfe (x\rgot
des voleurs). V. BoU^e à
Signe.
CASQUE (Avo'rle): Être ma-
lin, savoir profiter des oc-
casions, les saisir aux clie-
veux, même lorsqu'elles
sont chauves.
Acoir son casque : avoir
bu a en être saturé.
— Il a son casque, il
en a plein la peau (Argot du
peuple).
CASQUER : Payer (Ai'got des
tilles). V. Billanclier.
CASTU : Infirmerie, hôpital
(Argot des voleurs).
CASUEL : Vente de hasard
sur laquelle on ne comptait
pas.
Casuel : ce que les ma-
riages, les baptêmes et les
enterrements ra])porlent
aux curés.
Casuel : le miche que
fait la fille en dehors de
son entreteneur (Argot du
peuple). N.
CASSANTES
dents
(Argot du peuple). V. Do-
minos.
CASSER LA IIANE : Cou-
p(U' la bourse (Argot des
voleurs).
CASSER DU SUCRE : Dé-
noncer.
Casser du sucre sur
quelqu'un : en dire du mal
(Argot des voleurs). V.
Mouton.
CASSE -POITRINE : Mau-
vaise eau-de-vie.
En effet, elle casse ru-
dement la poitrine de ceux
qui en boivent (Argot du
peuple). V. Eau d'aff.
CASSER SA CANNE : Rom-
})re sa surveillance.
Casser sa camie : mou-
rir.
Casser une canne :
dormir (Argot du peuple).
V. Sonjûer.
CASSER SA PIPE : Mourir.
On donne pour origine à
CAÏ
CER
59
cetlo expression qu'un f;i-
nu'ui',atUil)lé dans un caba-
ivt, uioiu'iil stibilenient. Sa
pipe lui loniba des lèvres
el se cassa. Quand on le re-
leva, un des assistants s'é-
cria :
— Tiens il a cassé sa
pipe (Ai^ol du peuple).
CASSER UNE LOIRDE :
Briser une porte (Ai^ot des
Toleurs).
CASSER SA FICELLE : S'é-
vader de la pristm.
Allusion au hanneton qui
s'évade ([uand le fil qu'il a à
la p;itte se brise (Ai'gol des
voleurs). X.
CASSER SON VERRE DE
MONTRE : Tomber sur le
derrière (Argot du peuple).
V. Tomber pile.
< ASSEROLE (La remuer) :
Dénoncer. Mot à mot : cuisi-
ne)' (faire pailer). Allusion
au cuisinier qui remue
lu casserole (Argot des
voleurs).
C.VTIN : Fille publique.
Catin : petite poupes.
Câlin : nom d'amitié
donné à une maîtresse.
C'est aujourd'hui la St-Crépin
Les savetiers se frisent
Mon cousin ira vuir catin.
Argot du p uple).
CATICIIE : Diminutif de ca-
tin (Argot du peuple).
GAVALER : Se sauver.
— Cacale-io'i v'ia la
roiisse (Ai^'ot du peuple).
CAVE : lloninie.
Allusion à- l'estomac de
riionnne qui emmagasine
une foule de choses (Argot
des voleurs).
CELLOTTE : Cellule (Ai-got
des Yoleirs).
CENT PIEDS DE MERDE
(Je voudrais te voir dans) :
Souhait d'un gendre à sa
belle-mere féroce ou à une
femme crampon (Ar^got du
peuple). A'.
CENTRE : Nom.
Quant une pcr^oinie
donne un faux nom, c'est
un centre à Vestor(jue\kx-
got des voleurs).
CENTROUSSE : Maison cen-
trale (Argot des voleurs).
CERF- VOLANT : Jouet d'en-
fant composé de baguettes
d'osier, recouvertes de
feuilles de papier, -cjne les
gamins enlèventen l'air avec
une ficelle.
FjCs voleuses qui dans
les jardins publics s'em-
parent des boucles d'oreilles
des jeunes enfants se nom-
ment des cerf - volants^
l)arce que le vol accompli
GO
CHA
CHA
elle se sauvent en courant
c mme un cerf (Argot des
voleurs).
CES MESSIEURS : Agents
de police.
— Ne vous hasardez pas
ce soir sur le trottoir, ces
messieurs y seront (Argot
des filles).
C'EST PLUS FORT QUE DE
JOUER AU DOUCHON
AVEC DES PAINS A CA-
CHETER DANS SIX
PIEDS DE NEIGE : Ex-
pression employée pour
inanpier le comble de l'éton-
nement.
On dit aussi c'est fort
de café (Argot du peuple).
N.
CHARANNAIS : Faire du la-
page, du bruit.
— Allons, viens boire le
dernier verre,
— Y a pas de pet, la
bourgeoise ferait un rude
chabannais.
Faire du chahannais
dans une assemblée : trou-
bler l'ordre (Argot du
peuple).
CIIABLER : Lancer des
pierres dans un arbre pour
en abattre les fruits.
Chahler est le synonyme
de ^«z^/(?r (Argot du peuple)
N.
CIIAMBARD (En faire): Faire
un potin infernal (Argot du
peuple). V. Chambarder.
CHAMBARDER : Tout cas-
ser, tout démolir, boule-
verser une maison de fond
en comble, renouveler son
personnel.
Mot à mot : faire halai
neuf (Argot du peuple).
CHAMBERTER : S'amuseï .
Quant les troupiers met-
tent les lits en bascules,
qu'ils chahutent toute la
chambrée, ils chamhertent
les camarades (Argot du
troupier).
CHAMP DE NAVET : Ci-
metière d'Ivry .
Il est ainsi nommé })arce
qu'il est sur l'emplacement
de champs dans lesquels
jadis les paysans cultivaient
des navets.
Au Château d'Eau sur
l'emplacement de la ca-
serne du prince Eugène (ci-
devant) il existait un bal
qui se nommait aussi pour
les mêmes raisons , vers
185^), le Champ de Nac et
(Argot du peuple).
CHANDELLE (Moucher la) :
On dit cela au moutard qui
laisse pendre sous son nez
un filet de morve.
On appelait autrefois
chandelle les troupiers qui
faisaient le service des
dix
CHA
Gl
|)osles (le Paris pour con-
duire les voleurs aux bu-
reaux (les commissaires de
[)olice.
— J'ai élc conduit entre
quatre chandelles.
Allusion à la raideur du
lusil (Argot du peuple).
CHANGER SON POISSON
D'EAU : Aller pisser.
L'allusion est claire (Ar-
got du peuple).
(;iian(;ek sonklsild'é-
PAl LE : Changer d'avis
ou d'opinion.
On dit pour exprimer la
UK^'uie chose : mettre son
drapeau dans sa poche.
Ou bien encore : retour-
ner sa veste (Argot du
peuple).
CHANGEUR : Le fripier chez
le(|uel les voleurs vont se
cainoufler moyennant un
abouuemenl : tout comme
les avocats chez le costu-
mier du bari*eau.
Ils trouvent là tous les
costumes nécessaires pour
leurs transformations (Ar-
got des voleurs),
CHAPARDER : Aller à la
maraude (Argot des trou-
piers).
CHAPARDEUR : Qui cha-
parde (Même argot).
CHAPELET DE SAINT -
FRANÇOIS : Chaîne qui
sert à attacher les condam-
nés.
C'est un chapûlet ([ue
volontiers ils n 'égrèneraient
bien jjas (Argot des voleurs).
CHAPELLE RLANGHE : Le
lit.
Allusion à la blancheur
des draps (Argot du peuple).
N.
CHAPELURE SUR LE JAM-
BONNEAU (Pas de) : Ab-
sence complète de cheveux.
(jcnou hors ligne.
On dit aussi : pas de
cresson sur le caillou,
(Argot du peuple).
CHAPERONNER : Prott-er
(piekiu'un.
Mot à mot : lui servir de
chaperon pour le couvrir
(Argot du peuple).
CHARGÉ : Quand une iille
fait un miche elle dit :
— : J'ai chargé.
Dans la nuit elle fait le
contraire elle le décharge
de son morlingue (Argot
des filles). N.
CHARGÉ PARLACULASSE:
Prendre un lavement.
Les passifs se chargent
également par le même
C(jté.
Allusion aux canons (Ar-
got du peuple). V. Pas-
sifs.
62
CHA
CHA
GHAKLEMAGNE (faire) : Se
mettre au jeu avec peu d'ar-
gent, gagner une certaine
sonune et se retirer de la
partie sans donner de re-
vanche (Argot des joueurs).
GIIATELLERAULT : Cou-
teau .
Allusion à la ville re-
nommée pour sa fabrication.
On pourrait aussi bien
dire TJmrs ou Noniron
(Argot des voleurs). V.
Lingre.
CHARRIAGE A LA MÉCA-
NIQUE : Ce genre de vol
est l'enfance de l'art ; un
mouchoir suffît. Le voleur le
jette au cou d'un |)assant,
il l'étrangle à moitié, le
charge sur son épaule pen-
dant qu'un complice le dé-
valise.
C'est exactement le coup
dît père François, toutefois
pour exécuter celui-ci les
voleurs se servent d'une
courroie llexible ou d'un
foidard de soie (Argot des
voleiH's) .
CHARRIAGE AU POT : Ne
demande pas non plus un
grand effort d'imagination :
un pot et un imbécile aussi
bête que lui suflisent.
Deux voleurs abordent un
individu à l'air naïf. Après
quelques stations dans les
cabarets, ils lui oH'rent de
le conduire dans un hocard
éloigné. En chemin, ils
avisent un terrain vague,
l'un des deux voleurs ex-
prime à ses compagnons la
crainte d'être volé car il
porte sur lui une grosse
sonune. Devant eux il la ca-
che dans le pot qu'il en-
terre. Plus loin il se ravise
et dit aunaïf d'aller déterrer
l'argent caché, mais aupa-
ravant il lui fait donner ce
qu'il a sur lui. Le naïf part,
ne trouve que des rouleaux
de plomb dans le pot et
quand il revient les voleurs
sont loin ( Argot des voleurs j.
CHARRIAGE AU COFFRET :
Ce vol là est plus drôle.
Un individu, ayant l'as-
pect d'un anglais s'adresse
à la dame de comptoir d'un
grand café, et lui confie un
coffret y mais avant de le
fermer à clé il lui fait voir
qu'il contient une quantité
de rouleaux d'or. Il le
ferme, la damt^e serre pré-
cieusement. Dans la soirée,
il revient dire qu'il a perdu
sa clé, et lui emprunte
(|uelques centaines de francs.
Sans crainte (elle est ga-
rantie), elle les lui donne,
et ne le revoit jiius. Fina-
lement, on fait ouvrir le cof-
fret, il n'y a (|ue des je-
tons de cercles (Argot des
voleurs).
CHARRIER : Signifie se mo-
quer de quelqu'un.
CHA
Cil A
03
wSyiJonyme de mener en
bateau (Argot du peuplo).
CHAR LOT : Le bourreau
(Argot des voleurs).
CnARLOTTK : Pince (Ai-got
(les voleurs). V. Monsei-
(jneiir.
CIlARIBOTKi: : Kii avoir sa
charge.
Cela veut aussi dire
beaucoup.
— Elle a une charibotée
d'enfants (Arçot du peuple).
V. Tiolée.
CHARMANTE : La gàle.
Par allusion aux vives
(léniangeaisons (jue cause
celle maladie, on la nomme
aussi la frotte (Argot du
peuple).
CriAROGNE : Individu ru-
gueux, diilieile à vivre, être
insociable.
( )n dit aussi de quelqu'un
([ui seul mauvais :
— Tu pues comme urie
charogne.
De charogne on a f;»it
charognard.
Généralement les patrons
ou les contremaîtres qui
commandent durement sont
qualiliés tels par les ou-
vriers (Argot du peuple).
X.
CHASSES : Les yeux.
On dit d'une femme qui
pleure :
— Elle chie des yeux
(Argot du peuple).
CHASSER AVEC IN ELSIL
DE TOILE : Mendier dans
les campagnes.
Allusion à la besace de
toile que portent les men-
diants pour y mettre ce
qu'on leur donne (Argot des
voleurs).
CHATAIGNE : Soufllet.
— Je vais te coller une
châtaigne, ou je vais te
plaquer un marron (Argot
du peuple).
CIL\TTE : Homme aimé des
l)édérastes pour ses ma-
nières câlines.
La fenmie aussi est c/i«^/^;
si elle est câline à ses
heures, à d'autres elle sait
g ri /fer (Argot du peupl»»).
N.
CHAUD (Il est) : Malin, rusé,
méfiant.
Se dit de quelqu'un dif-
ficile à tromper (Argot du
peuple).
CHAUD DE LA PINCE :
Hommes pour qui toutes
les femmes sont bonnes.
On dit d'un homme
chaud :
— Chien enragé mord
partout (Argot du peuple).
CHAUDE LANCE : Maladie
qui se soigne à l'hôpital
Ricord, ou chez les charla-
64
CHA
CITE
tans qui vantent leurs spé-
cifiques dans les pissotières.
— Traitement facile à
suivre, en secret, même en
voyage , guéri son radicale
sans rechute (Argot du
peuple).
CHAUDE COMME BRAISE :
Femme hystérique qui aime
tous les hommes (Argot du
peuple).
CHAUFFE LA COUCHE :
Homme qui fait dans son
ménage Touvrage de la
femme.
Il soigne les enfants, il
cliaujfe la couche (Argot
du peuple).
CHAUFFE GRIPPARD :
Chaulferette (Argot du peu-
ple).
CHAUFFER : On cliai^jfe une
pièce poTU' la faire réussir
et obtenir un succès.
Chauffer une réunion pu-
blique.
Chauler une femme : la
serrer de près, lui faire une
cour assidue.
On disait autrefois : cou-
cher une femme en joue.
On ajoute de nos jours, par
ironie :
— ïu ne la tireras i)as,
ou bien encore : Ce n'est
pas pour toi que le four
chauffe.
Chauffer une affaire pour
attirer les actionnaires (Ar-
got du peuple).
CHAUSSETTES RUSSES :
Etre nu-pieds dans ses sou-
liers (Argot du peuple).
CHAUSSON : Putain.
Femme pour qui tout
homme est bon.
On dit putain comme
chausson, parce que le
chausson prête beaucoup
et va à tous les pieds (Ar-
got du peuple).
CHAUSSURE A SON PIED :
Femme laide et défectueuse
qui trouve quand même un
amant on à se ,marier.
Elle a trouvé chaussure
à son pied (Argot du peu-
ple). N.
CHELINGOTER DE LA
GUEULE: Puer de la bou-
che (Argot du peuple). V.
Trouilloter de lahurletle.
CHENILLE : Femme laide
(Argot du peuple). i\^.
CHEVALIER GRIMPANT :
Les cambrioleurs.
Allnsion à ce que les vo-
leurs opèrent aux étages su-
périeurs des maisons et
qu'ils gravissent tous les
escaliers (Ar^ot des voleurs) .
CHEVALIER DE LA GRI-
PETTE : Homme qui suit
les femmes (Ai^ot du peu-
file). N.
CHEVRONNÉ : Voleur ré-
I
cm
cidivisle qui a lail [)liisiiNU-s
congés en prison.
Allusion aux anciens im-
cards de l'armée qui por-
taient des cJiecrons sur h;
cm
65
ClIIAr.KR : Pleurer.
Ou dit aussi : y aller de
sa larme (Argot du peujjle).
CIIIAHD : Petitenlant.
Allusion à ce qu'il fait
dans ses couches (Argot du
peuple). .V.
CIIIASSF (Avoir la) : Avoir
peur.
Mot à mot : se lâcher
dans sa culotte (Ai-gol du
peuple). V. 2'af.
CIIIASSE : Vieille fdle pu-
blique.
C'est le dernier dc^gré de
l'abaissement (Argot des
souteneurs).
CIIICAN: Marteau (Argot des
voleurs). V. Balançon.
IllC : Il a du chic, il est
bien .
C'est une femme c^î'c, un
beau porte-manteau, sa toi-
lette est bien accrochée.
L'origine de celte expres-
sion n'est pas éloignée.
Un ministre de l'Empire,
habitué des coulisses de
l'Opéra, envoya deux dan-
seuses du corps de liallet
souper à ses irais chez le
restaurateur Maire. Très
^
modestes, elles ne dépen-
sèrent à elles deux que
quinze francs.
Quand le ministi'e de-
manda la note, il lit la moue.
Ee soir même il leur en lit
le reproche et leur dit :
Vous mancpiez de chic, pjs
de chic.
Quelques jours plus tard
il renvoya deux autres dan-
seuses souper au même res-
taurant. Elles dépensèrent
cinq cents francs. Quand il
paya il lit une grimace sé-
rieuse : Tro|) de chic^ trop
de chic, fit-il.
Le mot fit fortune dans
les coulisses et est resté
(Argot des filles).
CHICANE (Crinchir à lai:
Variété du vol à la
rencontre.
Chicaner un individu
pour le battre, pendant
qu'un complice le dévalise
(Argot des voleurs). V.
Aquigeurs.
CIIICIIE :' Avare de son ar-
gent, lésineur qui tondrait
un (i'uf.
Chiche de ses pas, de sa
personne, qni ne rendrait
jamais un service à qui que
ce soit.
Chiche veut aussi dire:
défier quelqu'un de faire
quelque chose.
— Chiche de faire ça
(Argot du peuple).
4.
G6
CHI
CHI
CIIIE TOUT DEBOUT : Se
dit d'un ouvrier indolent,
nonchalant,
Synonyme de dort de-
bout (Argot du peuple). ^Y.
CHIEN TOUT PUR : Eau-de-
vie.
Allusion au buveur qui a
la voix rauque et aboie en
])arlant (Argot du peuple).
Y. Ecm d'ajf.
CHIEN (Avoir du) : Posséder
un aplomb remarquable.
Femme qui n'est pas
belle, mais qui a beaucoup
d'audace et plaît quand
même.
Elle a du chien (Argot
du peuple).
CHIÉE (En avoir une) : Avoir
une ckiée d'enfants.
Avoir une chiée d'ennuis
h ne savoir oîi donner de la
tète (Argot du peuple). JV.
CIIIER (Tu me fais) : Tu m'en-
nuies (Argot du peuple).
CIIIER DANS MON PANIER
JUSQU'A L'ANSE (Il a) :
Je n'en veux plus, j'en ai
plein le dos.
Ou dit aussi : il a chié
dans ma malle (Argot du
peuple). N.
CIIIER DU POIVRE : Se
sauver des mains des
agents.
S'en aller sans tambour
ni trompette.
Synonyme de pisser à
l'anglaise (Arçot du peu-
ple).iY.
CIIIER DES CORDES A
PUITS : Individu qui est
tellement constipé qu'il reste
une heure sur la tinette en
poussant des soupirs à fen-
dre l'âme (Argot du peuple).
CIIIER DES YEUX : Pleurer
(Argot du peuple). Y. Ba-
ver des clignots.
CHIEUR D'ENCRE : Ecrivain
(Argot du peuple). Y. Cul
de plomb.
CllIFFARDE : Pipe (Argot
du peuple). V. Bouffarde.
CHINER : Blaguer quelqu'un.
— Il est tellement chi-
neur que tout le monde
passe à la chimie (Argot du
peuple). iA^.
CHINER : Courir les rues ou
les canqiagnes pour vendre
sa carnelotte.
Chiner est synonyme de
fouiner.
Conuue superlatif on dit
chignoler (Argot du peu-
ple).
CHINEUR : Genre de voleurs
dont les procédés se rap-
prochent de ceux des char-
rieurs.
Ils sont pour la plupart
CIIO
cm
G7
originaires du Midi (Argot
(les voleurs).
CIIIPKR : Prendre (Argot du
llfU|.l.'..
ClIlKnEK: Marchander.
Chipoler dans son as-
siette avant de manger (Ar-
got du peuple). ^Y.
ClilQL ER-CONTRK : WBat-
ire comtois.
CULASSE : Saoul à ne pas
ItMiir debout (Argot dos sou-
teneurs). X.
CIIOPLN (Faire un) : Bonne
allaire.
Mettre la main sur une
femme qui possède des qua-
lités exeeptionnelles.
Si la chose faite ne vaut
rien, on dit :
— Tu as fait un sale
Chopin (Argot du peuple).
ClIOrCROUTMANN
mand.
AUe-
Allusion au mangeur de
choucroute (Argot du peu-
ple). N.
CHOUETTE : Superlatif de
tout ce qu'il y a de plus
beau, le sui)rème de l'admi-
ration.
Chouette (être fait) : être
arrêté par les agents.
Ce n'est pas chouette :
ce n'est pas bien.
Elle n'est pas chouette :
elle est laide (Argot du
peuple).
CIRIGE : Cigarette (Argot du
peuple).
CKÎOGNE : Le Dépôt de la
l*réfecture de police (Argot
des voleurs).
CINGLER LE BLAIRE (Se) :
Se saouler.
Se pi({uer le nez (Argot
du peuple).
CIPAL : Abréviation de mu-
nicipal.
Il est franc et loyal,
Y craint pas le cipal.
(Argot du peuple).
CL\Q CONTRE UN : Y. Ba-
taille des jésuites.
CINQ ET TROIS FONT
. HUIT : Boiteux.
On dit aussi han-han.
Allusion au balancement
du boiteux en marchant
(Argot du peuple).
CIREUX : Qui a de la cire
aux yeux .
Dans le peuple on dit de
celui qui est afiligé de cette
infirmité qu'il fournit les
cierges au Sacré-Cœur (Ar-
got du peuple).
CIREUR : Yol à la cire.
Yoleur qui barbotte les
couverts dans les rares res-
taurants où l'on se sert
encore d'argenterie.
68
CLA
CLO
Il s'attable, déjeune tran-
quillement, puis, profitant
du mouvement occasionné
par le service, il colle adroi-
tement avec de la cire un
couvert sous la table, puis
s'en va tranquillement.
Quelques instants plus
tard un complice vient s'as-
seoir à la même table et
fourre le couvert dans sa
poche.
Ce vol est sans danger,
si on s'aperçoit de la sous-
traction, le voleur demande
que l'on le fouille, comme
on ne trouve rien on lui
fait des excuses (Argot des
voleurs).
CITRON : Se dit d'un indivi-
du qui n'a jamais à la bou-
che que des paroles amères
pour tous (Ariïol du peuple).
N.
CLAQUE : Maison de tolé-
rance.
Abréviation de claqne-
dents (Argot du peuple).
CLAQUER : Donner une cla-
que sur la figure ou sur le
contraire.
Synonyme de gifle.
Allusion au bruit que
produit la main (Argot du
peuple),
CLAQUER : Mourir.
Allusion à un objet qui
claque, qui casse (Argot
du peuple).
CLAQUER DU BEC : Avoir
faim et ne rien avoir à se
mettre sous la dent.
La faim donne la fièvre,
les dents claquent (Argot
du peuple).
CLAQUEURS : Applaudis-
seurs à gages (Argot du
peuple). V. Romains.
CLAVINS : Clous.
Les voleurs ne connais-
sent pourtant guère le lai in.
Clavin vient de clacus
(Argot des voleurs).
CLICNOTS : Yeux (Argot des
voleurs). V. Chasses.
CLIQUETTES : Oreilles (Ar-
got du peuple). V. Es-
gourdes.
CLOCHE DE BOIS : Démé-
nager furtivement sans pré-
venir son propriétaire.
Quand le déménagement
s'opère par la fenêtre on
dit : déménager à la fi-
celle.
Brûler ses meubles, c'est
déménager par la chemi-
née.
On dit aussi : déménager
a la cloche de cuir ou à la
sonnette de bois.
CLOU : Le mont-dc-piété.
On va, les jours de dè-
che, y accrocher ses habits.
On dit aussi : aller chez
ma tant'., mon oncle en
aura soin.
COL
COL
09
On dit également : au
plan (Argot du peuple).
CLOUS : Fausses clés (Argot
des voleurs). V. Carou-
bles.
CLOUS : Terme de mépris
employé dans les ateliers.
— Tu n'es qu'un chu
(Argot du i>euple).
COCU : Pourquoi diable fait-
on dériver cor» de coucou'}
Si Ton suivait la véritable
étyniologie du mot, ce n'est
pas le mari, mais bien
y amant qu'on devrait ap-
peler cocii\ en elfet. la lé-
gende veut (|ne le coucou
tasse ses petits dans le nid
des autres oiseaux.
t.Hii cinquante ans aura vécu
i:t jeune femme éi)Ousera,
S'il est galeux se grattera
Avec les ongles d'un cocu.
(Ai-got du peuple;.
COGNE : (gendarme (Argot
des voleurs). V. Hiron-
delle de potence.
COIFFÉ : Être né coi/fé,
avoir de la chance, rénssir
toutes ses entreprises.
Coiffé de quelque chose
ou de quekpi'un (Argot du
peuple). V, Béguin.
COHIF : Ferme ou métairie
(Argot des voleurs).
COLBACF : Conscrit.
C'est une erreur d'écrire
colbasse pas plus que col-
hack.
Ce mol est employé par
les vieux briscards qni
n'aiment [)as les bleus.
11 l'est également par les
anciens marions pour dési-
gner les jeunes souteneurs
inexpérinlentés (Argot des
souteneurs).
COLLE : Mensonge.
Synonyme de craque.
— Tu penses que l'on ne
croit pas à tes craques
(Argot du peuple).
COLLlil (Être) : Vivre mari-
talement avec une femme
sans avoir passé par la
niairie (Argot du peuple).
COLLÉ (Être) à un examen.
Avoir sa bille au billard,
collée sous bande.
Être collé : être pris en
ilagrant délit de mensonge
(Argot du peuple).
COLLÈGE : Prison.
Cetteexpressionest d'une
grande justesse; c'est, en
ellél, en prison que les vo-
leurs se perfectionnent dans
leur art et que nos grands
financiers du jour appren-
nent à ne plus se faire re-
pincer (Ai^'ot des voleurs).
COLIS : Les courti-rs ou
placeurs qui racolent les
femmes sur la voie publi-
que pour les expédier dans
70
COM
CON
les maisons de tolérance;
nomment les femmes des
colis :
— J'ai à vous expédier
un colis de 50 kilos (Argot
des souteneurs). N.
COLIFICHET : Pain (Argot
des voleurs), y .Bricheton.
COLLIGNON : Cocher de
fiacre.
Cette expression date de
l'assassinat de M. Juge par
un cocher de fiacre nommé
Coin gnon, qui fut arrêté
par l^roudiiou , rue de
l'Ouest.
Collignon fut exécuté.
Ce nom esl resté im
terme de mépris (Argot du
peuple).
COMBERGE : Aller à con-
fesse (Argot des voleurs),
COMBERGO (Aller à) : V.
Comberge.
COMPAS (L'a voir dans l'œil) :
Ouvrier qui a le coup d'œil
juste, qui réussit une pièce
d'un coup comme s'il avait
pris ses mesures avec un
compas (Argot du peuple).
N.
COMPLET (Il est) : Avoir lui
outre mesure (Aigol du
peuple). N>
COMMANDITE : Association
d'un certain nombre d'ou-
vriers compositeurs pour
faire un journal (Argot d'im-
primeriej.
COMPTER SOI^ LINGE : Vo-
mir (Argot du peuple). V.
Mettre du cœur sur du
carreau.
CONGE DE CASTU: Infir-
mier d'hôpital,
Couce doit être une cor-
ruption de gonce (Argot
des voleurs).
CONDÉ (Avoir un; : Indivi lu
qui obtient l'autorisation de
tenir un jeu ou une bouti-
que ambulante sur la voie
j)ublique, à condition de
rendre des services à la
préfecture de police.
Avoir un condé c'est
être protégé et faire ce
que les autres ne peuvent
pas (Argot des camelots) .
CONASSE : Fille peu au
courant du métier, qui rac-
croche à n'importe quel
prix (Argotdes souteneurs).
CONNERIE : Bêtise,
— Tu dcconnes, tu ne sais
pas ce que tu dis.
Mot à mot : tu es un
c-o-n, pantoufle, un cré-
tin.
Ce mot ancien vient de
conard.
Il est enqiloyé dans le
peuple pour désigner un
COP
COR
71
autre objet lAi};;ol du peu-
ple).
CONSOLATION (S'en cH'iir
inie) : Aller boire un coup
et même phisieurs cliez le
marchand de vin pour faire
passer un chagrin réel ou
imaginaire.
l'n assommoir de Belle-
ville avait pris C(>tte ensei-
gne ; les buveurs se conso-
laient en s'empoisoimant
Argot du peuple) .
CONSOLATION : leu qui se
joue dans les wagons de
eliemins de Ter au relour
(les courses.
Les ho7i')ieieurs offrent
la consolation aux jou<>urs
malheureux, qui ont celle
(le se voir enc(jre dépouil-
lés (Argot des camelot s).
CONTRE-COLP : Contre-
mai tre.
Quand un ouvrier fait un
loup (manque une pièce),
c'est le contremaître (pii
re<:oit le contre-coup du
patron (Argot du peuple).
iV.
:.CONVALESCENCE (Être
en) : Sous la surveillance
de la haute police (Argot des
voleurs). V. Surbine.
COPAIN : Camarade de col-
lège, compagnon.
(>e mot d'appartient pas
à ]]d. About, connue le dit
M. Lorédan Larchey, c'est
un dérivé du vieux mot
français coin pain g.
Copaille pour copain
(Argot des voleurs).
COQUER : Dénoncer (Argot
des voleiu-s). V. Mouton.
COQl ER DE RIFLE : Allu-
mer une femme.
S'enllammer en la regar-
dant (Argot des voleurs).
COQl ER LA LOFFITLDE :
Prêtre qui donne l'absolu-
tion.
— J'ai été à comberge
et le ratichon m'a coque
la ïoffitude (Argot des vo-
leurs).
CORDEAU : Frère ignoranliji.
Quand les gamins ren-
contrent uu frère, ils crient :
Couac l couac! imitant le
croassement du corijeau
(Argot du peuple).
CORBILLARD : On écrivait
autrefois corbeillard, par-
ce ([ue ce mot désignait le
coche d'eau qui faisait le
service entre Paris et Cor-
beil.
On a écrit également
corbillas et corbillat.
Goulfé a chanté la lugu-
bre voilure :
Que j'aime à voir un corbillard;
Ce goùt-là vous étotine?-
Mais il faut partir tôt ou tard,
Le sort ainsi l'ordonne
72
COR
COU
]*]t lu n de craincl;"e l'avenir,
Moi de cette aventure
Je n'aperçois que le plaisir
D'aller en voiture.
L'expression de corhil-
hcrd date de 1793, époque
de la création de ces voilu-
res (x\rgot du peuple). N.
CORBUCIÏE LOFF : Faux
ulcère.
Les mendiants, pour ex-
citer la charité publique,
employent toutes sortes de
moyens ; ils se font man-
chots, culs-de-jatte, boi-
teux, etc.
Le truc le plus usité est
celui des Ihux ulcères ; une
simple mouche de Milan
suflit pour produire une
plaie arliiicielle qui peut
disparaître par un simple
lavage.
Les troupiers carottiers
pratiquent ce moyen pour
aller à l'intirmerie (Argot
des voleurs). A^.
GORCIFË : La prison de la
Conciergerie (Argot des vo-
leurs).
CORDELETTE : Chaîne de
montre (Argot des voleurs).
V. Cadenne.
CORNARD : Vient de cor-
nette, de la cornette des
femmes.
Autref is, un mari qui
se laissait tromper })ar sa
femme était appelé jjor^^^r
de cornette (Argot d u peu-
ple;.
COSQSIS : ^ . Balanceur de
tinettes.
COSTEL ou CAUSTEL : Sou-
teneur.
Balance moi-là; et ne sois plus
I causteL,
Casser des lourdes vaut mieux
I que... des chats.
(Argot des souteneurs).
COTES EN LONG : Fainéant
(Argot du peuple). V. la
Basse.
COTELETTE DE PERRU-
QUIER : Deux sous de Iro-
mage de Brie (Argot du
peu|>le) .
COTTERET : Forçat libéré.
Cotteret : Petit fagot de
bois.
Cotteret de bordel :
Paquet de petites bûchettes
qui coûte dix centimes el
s'allume instantanément.
Allusion à la courte du-
rée de la passe qui ne dure
pas plus que le petit pa-
quet de bois (Argot du
peuple) .
GOUACHE : Tète (Argot des
voleurs).
COUCHE (En avoir une) :
Être bête à manger du
foin.
Allusion à la couche à^ïw-
mier que niellent les maraî-
cou
cou
73
cliei's dans leurs cliàssis
pour faire hâtivement pous-
ser les melons; plus la
couche est (;'paisse, meil-
leur est le résultat (Ar^'ot
<ui peuple), .y.
(OICIIER A LA BELLE
ETOILE : Dormir dans les
champs.
On dit aussi : coucher
dans le lit aux pois certs
(Ai-got du peuple).
tCOUlLLE EN BATON (De
la) : C'est une bêtise.
Mot à mot : ce n'est
rien (Argot du peuple).
•
COUILLON : Imbécile, peu-
reux (Argot du peuple).
COULAGE (Avoir du) : Ne
pas surveiller ses ouvriers.
Perdre sur une com-
mande ou sur une vente.
Couler le patron : le
ruiner petit à petit (Ai-got
du peuple).
COULE (Être à la) : Malin
qui croit que personne ne
peut le tromper.
On dit : // la connaît
dans les coins ; pas moyen
de lui introduire : il est à
la coule (Ai^ot du peuple).
^ULER DOUCE (Se la) :
Faire le moins de travail
possible et vivre pour le
mieux (Argot du peuple).
COULER UN ENEANT : Faire
avorter une l\'nune (Argot
du peuple I.
COULER ULKLUL'UN :
Collier un individu dans
l'esprit de quehpi'un en
disant de lui |)is que pen-
dre ; le perdre dans l'es-
time d'autrui (Argot du
j)euple).
COULEURS (En faire voir de
toutes les) : Mentir, trom-
per.
Faire à quehpi'un tous
les tours possibles (Argot
du peuple).
COUILLONADE : Il ne faut
pas faire attention à ce
qu'il dit, il ne raconte ja-
mais que des coidllonades
(Argot du peuple).
COUP : Procédé secret et
particulier (Argot des vo-
leurs) .
COUP DE BAS : Coup dan-
gereux.
Achever quelqu'un, le
finir (Argot des voleurs).
COUP DE FLAN : Voler an
hasard (Argot des vo-
leurs).
COUP DE FUSIL : Vendre à
n'importe quel prix (Argot
des camelots).
COUP A MONTER : Piège à
tendre.
74
COU
cou
Tromper quelqu'un (Ar-
got des voleurs).
COUP DE LA BOUFFÉE :
Genre de vol pratiqué chez
les grands bijoutiers.
Le voleur l'urne un énorme
cigare, il lance au visage
de la bijoutière un formi-
dable jet de fumée ; aveu-
glée, elle ne voit pas les
mains du voleur travailler
(Argot des voleurs).
COUP DE CHASSES : Coup
d'œil.
Système employé par
certaines filles pour raccro-
cher les passants.
— Tu ne marches pas, as-
tu vu ce coup de chasses ?
(Argot du peuple).
COUP DE CANIF DANS LE
CONTRAT : Homme qui
lrom[)e sa femme ou femme
qui trompe son mari.
On dit aussi, quand une
femme a une masse d'a-
mants, que le contrat est
criblé de coups de sabre
(Argot du peuple).
COUP DE FION : Terminer
un ouvrage (Argot du peu-
ple). V. Fignoler.
COUP DU CHANDELIER
(Le) : Dans les maisons de
rendez-vous ou chez les
femmes publiques un peu
cossues, une fois la séance
terminée, la bonne vous
reconduit en vous éclairant
(c'est à charge de revan-
che), on lui donne généra-
lement un pourboire; elle
vous remercie gracieuse-
ment, en ajoutant comme
Bilboquet :
— Si vous êtes coulent
et satisfait, envoyez-nous
du monde.
C'est le coup du chan-
'"?r (Argot des lilles).
COUP DU LAPIN : Achever
un adversaire, lui donner
le coup suprême.
Le bourreau donne le
coup du lapin au con-
damné à mort (Argot des
voleurs).
COUP DU MALADE : Le vo-
leur va chez un bijoutier
choisir des bijoux; il de-
mande qu'on lui porte sa
commande à son apparte-
ment ; il s'en va, et, aus-
sitôt rentré, il se couche
en attendant le commis et
sinuile un mal subit.
Quand le commis arrive
il trouve l'acheteur entouré
de lioles et de pommades,
gémissant, il paraît soufti'ir
mille douleurs.
Il renvoie le commis cher-
cher un autre objet qu'il dit
avoir commandé la veille ;
le commis part sans dé-
fiance en laissant les bijoux
sur la cheminée; aussitôt le
malade se lève et se sauve
p
cou
cou
75
:iii plus vile. Qiiaïul le com-
mis revient, visage de bois
(Argot des voleurs).
COUP DE MARTEAU : Fou
par instant (Argot du peu-
ple). V. Mailloche.
( OUP DU MOINEAU : Un
in'griot a un pierrot ap-
privoisé ; il avise une bouti-
(pie et laehe son oiseau; ce-
lui-ci se sauve derrière les
sacs ; il entre, pleure, se
désole :
— Mon pierrot, mon
[lierrot.
Ues garçons, le patron, la
[)atronne, tout le monde est
après le pierrot. Lepégriol
profile de cette chasse im-
provisée pour fouiller dans
le comptoir et prendre une
|>oignée de monnaie.
Le pierrot est pris, le
i^amin se sauve en remer-
ciant, le tour est joué (Ar-
ot des voleurs). V.
LOUP DU PÈRE FRAN-
ÇOIS : Ce coup est très
ancien. Aulrei'ois les déte-
nus remployaient pour se
débarrasser d'un person-
nage qui moutonnait.
Il consiste simplement à
l'Uangler un passant à l'aide
d'un ibulard de soie.
Louis le Bull-Dogue,
'•lève du père François
< xplique ainsi la manière
d'opérer :
Pour faire le coup ûu Père
I François,
"Vous prenez un Ibulard de soie;
Prés du client en tapinois
Vous vous glissez sans qu'il
I vous voie
Et crac ! vous lui coupez la voix.
Sitôt qu'il est devenu de bois
Vous lui prenez son os. ses noix.
Et c'est ainsi qu'un Pantinois
Peut faire fortune avec ses
I doigts.
COUP DE POUCE : System-^
em|)loy6 par certains com-
merçants pour aider la ba-
lance à pencher du côté de
la pesée.
Les bouchers jouissent
d'une grande habileté pour
le coup de pouce (Argot
du peuple).
COUP DE SOLEIL : Avoir
trop bu du petit bourgui-
gnon.
On dit aussi un coup de
siroj) (Argot du peuple).
COUPE SIFFLET : Couteau
(Argot des voleurs). V.
f7'e.
COUPER : Echapper.
— Tu ji'y échapperas
pas, tu n'y couperas pas.
On coupe à une corvée,
à une obligation quelcon-
que (Argot du peuple).
COURIR (D'une peur et d'une
envie de) : Voleur qui
s'offre un paletot à l'étalage
sans s'occuper du prix.
— Te voilà bien rupin,
ma vieille branche, combien
que la pelure te coûte?
CRA
CRA
— Un ' peur et une en-
vie de courir (Argot du
peuple). V. Foire d'em-
poigne. N.
COURTAUD DE BOUÏAN-
GHE : Lourdaud de bouti-
que.
Synonyme de calicot
(Argot des voleurs).
COURTIER : Voleur (jui pré-
pare le coup à faire (Argot
des voleurs). V. Nourris-
seiir de poupard.
CRACHER DANS LE SAC :
Allusion à la tête du con-
damné à mort qui tombe
dans le sac de sciure.
On dit aussi : élernuer
dans le sac (Argot des vo-
leurs).
CRACHER DES PIÈCES DE
QUATRE SOUS : Avoir la
gorge sèche au lendemain
d'une soulographie.
Allusion à l'absence de
salive (Argot du peuple).
V. Gueule de bois.
CRACHER AU BASSINET :
Faire cracker (payer) un
débiteur dur à la détente
(Argot du peuple).
CRAIE D'AUVERPIN: Char-
bon (Argot du peupl<>).
CRAMPE (La tirer) : V.
Rouscailler.
CRAMPON : Femme ou maî-
tresse qui ne vous lâche
pas et dont rien ne peut
vous débarrasser pas même
la mort — quand on en
rêve (x\rgot du peuple)
CRAMPONNER (Être) : V.
Co-ampon.
CRAN (Être à craiij : Être
furieux.
On dit aussi : être à crin
(Argot du peuple).
CRANEUR (Faire le): Honnne
qui se fait plus fort qu'il
ne l'est, au physique connue
au moral.
Un souteneur qui veut
tenir le haut du pavé, est un
crâneur (Argot du peuple).
CRAPAUD : Cadenas (Argot
des voleurs).
CRAPAUD : Moutard (Argot
du peuple).
CRAPSER : Mourir.
D'aucuns écrivent
clarnser ou krapser. C'est
crapser qui e:^t le vrai
mot (Argol des voleurs).
CRAPULARD : Superlatif
de crapule.
Synonyme de canaille,
gredin, scélérat.
Injure adressée à des
individus assez adroits pour
conmiettre des délits sans
tomber sous l'application
des lois.
CRE
CRO
Ternie très usité dans le
peuple (Ai'Lrol (\\\ peuple I,
(IIAQIELH : Menteur (Ar-
iiot du peuple).
(.HKME : C'est une cré7)ie
d'homme pour dire : i/ est
hou.
Même signilication que :
c'est un beurre
Lts bourgeois pour ex-
primer (pf un être est beau
(lisent également :
— C'est une crêrae.
— C'est une bonne pâte
d'homme (Argot du peuple).
nîF:PER LE CHIGNON
' Se) : Se dit de deux fem-
mes qui se battent avec
aeharnenement.
C'est le contraire qu'il
faudrait dire, car après la
bataille, le cliignoyi est plus
(pie décrêpé (Argot du peu-
CRESSON SUR LE CAIL-
LOU (N'en plus en avoir):
Homme chauve (Argot du
peuple).
CREVER LE BOCAL (S'en
faire) : Avoir trop mangé.
S'être bourré au point
que le bocal (ventre) en
crève (Argot du peuple).
CREVETTE : Nom donné aux
tilles du demi-monde.
On appelle aussi crevette
une fenuiie maigre (Argot
dubonlevard 1. V. Agenouil-
lée.
CRIBLER A LA GRIVE :
Crier à la garde. Appeler
au secours (Argot des vo-
leurs).
CRIBLEUR DEVERDOUZE:
Marchand des quatre sai-
sons (Ai^ot des voleurs).
CRIBLEUR DE ERUSQUES :
Marchand d'habits (Argot
des voleurs).
CRIER AUX PETITS PA-
TES : Eemme qui accouche
difficilement et qui crie
comme une baleine (Argot
du peuple).
CRIGNE : Viande dure comme
une vieille semelle (Argot
des voleiirs) V. Bidoche.
CRIGNOLIER : Boucher.
Marchand de crigne (Ar-
g )t du peuple).
CRIN (Être comme un) :
Homme sans cesse furieux.
Individu plus gênant que
gêné (Argot du peuple).
CRIN-CRIN : Violon.
Allusion au grincement
. de l'archet sur les cordes
(Argot du peuple).
CROCHETTES: Clés (Argot
des voleurs). V. Caro%bIe.
78
CRO
GUI
CROMPER LA TANTE : Dé-
tenu qui s'emploie pour
faire évader un de ses ca-
marades (Argot des vo-
leurs).
CRONÉE : Écuelle.
Une cronée àeharMllons
de Beauce, voilà h pitance
à la Centroiisse.
CROQUE-MORT : Porteur de
mort.
Monsieur le Mort, laissez-
I vous faire,
Il ne s'agit que du salaire.
Le croque-mort est gé-
néralement joyeux, il a
toujours le 'petit mort pour
rire. C'est l'un d'eux qui a
trouvé que la meilleure bière
est celle de sapin (Argot
du peuple).
CROQUANT: Paysan (Argot
du peuple). V. Pétronsquin.
CROQUENEAUX VER-
NEAUX : Souliers vernis
(Argot du peuple).
CROSSEUR : L'avocat géné-
ral (Argot des voleurs). Y.
Bêcheur.
CROTTE DE PIE : Pièce de
cinquante centimes (Argot
des voleurs)
Poire
CROTTE D'ERMITE
cuite.
Allusion à la forjne (Ar
got des voleurs).
CROUSTILLAGE : Nourri-
ture (Argot du peuple). N.
CROUSTILLANT : Quelque
chose qui croustille sous la
dent.
Pain appétissant, bien
cuit.
Jolie fdle dont les appâts
sont pleins de promesses.
Un récit vif, animé, plein
de situations égrillardes, est
croustillant.
Paul de Kock et Pigault
Lebrun sont restés les maî-
tres du genre (Ai^ot du
peuple).
C ROUTER : Casser la croûte.
Le matin, avant de com-
mencer la journée et à qua-
tre heures, les ouvriers
mangent un morceau sur le
pouce.
Ils cassent une croûte.
On dit aussi : l'heure de
la croustille (kv^^Qi An peu-
ple). N.
CROUTON : Vieillard bon à
rien (Argot du peuple). V.
Birhe.
CRU DU CHATEAU LA
POMPE : Eau.
Se dit par ironie (Argot
du peuple).
CUILLER DANS LA TASSE
(L'avoir laissée) : Femme
enceinte (Argot du peuple).
V. Avaler le pt
CUL
COEU
79
(".riR : Peau (Argot du peu-
ple).
Cl IR A RASOIR : Tétasses
d'une vieille femme dont la
peau est dure comme du
cuir.
On pourrait repasser ses
rasoirs dessus (Argot du
peuple). V. Calebasse.
C USINER : Quand un pri-
sonnier ne veut pas avouer,
les agents le « cuisinent »
pendant trois ou (piatre
heures s'il le faut.
Ils réussissent presque
toujours, et le prisonnier
ne trouve jamais cette cui-
sine à son goût (Argot des
voleurs).
CUITE (En prendre une) : Se
saouler royalement (Argot
du peuple).' V. Culotte.
CILBUTE OU CULBUTANT :
Pantalon (Argot du peuple).
V. Fahar.
CULBUTE (Faire la) : Négo-
ciant qui lait faillite .
-^ Il fait liltéralement la
culbute (Argot du peuple).
CUL DE PLOMB : Employ
rivé h son lauleuil d'un
bout de l'année à l'autre
(Argot du peuple).
CULOTTE (En prendre une) :
Être abominableriient po-
chard .
On dit également : il est
cuit, il a trop chatiffé le
four (Arçot du peuple).
CULOTTE (Prendre une) :
Perdre une grosse somme
au jeu (Argot des joueurs).
CUL TERREUX: Paysan.
L'allusion est transpa-
rente (Arçot du peuple). V.
Pétronsquin.
CAMPAGNE :
tout faire, qui
CURE DE
Femme à
sait se retourner à l'occa
sion (Argot des filles).
CURIEUX : Juge (Argot des
voleurs). V. Palpeurs.
COEUR SUR LE CARREAU
(Mettre le) : Vomir (Argot
du peuple).
80
DAN
DAX
DAB ou DABE : Père (Argot
du peuple).
DAB DES RENIFLEI RS :
Préfet de police (Argot des
voleurs).
DABIER : Père (Argot du
peuple).
DADA (Avoir un). V. 3fa-
rotte.
DAIM : Imbécile (Argot du
peuple). V. Coiiillon.
DANDILLANTE : La cloche.
Dans les usines, la cloche
sonne les heures d'entrées
et de sorties et aussi l'heure
des repas.
— Si je suis en retard
c'est parce que tu as tbutu
un coup de pouce à la to-
cante du singe.
Mot à mot : la cloche
clandille (Argot du peuple).
DAiN DINETTE : Diminutif de
danse, battre légèrement.
Dandinette est une cor-
rection infligée à un enfant
désobéissant ( Argot du
peuple).
DANDILLER : Sonner.
Les faubouriens en ont
fait dardillei\ de dard.
— Je dardille pour une
belle fille (Argot du peuple).
N.
DANSE (En donner une) :
Battre un individu.
Entrer en danse, entrer
DAU
DEB
81
dans une alïaire. apparaître
(Argot (lu peuple).
DANSER : Faire danser
qaeKjifun.
Synonyme de faire payer
(Ai^ot du peuple).
DANSER DU BEC : Puer de
la bouche (Ai'gotdu peuple).
V. Trouiilotter delà hur-
lette.
DANSER L'ANSE DE PA-
NIER (La faire) : Donics-
liquc qui majore les denrées
(pi'elle achète et lait payer
cent sous à la patronne ce
qui en vaut quarante (Ar-
got du peuple).
DARDANTS : Mes amours (Ar-
got des voleurs).
DARDUNNE : Cinq francs
(Argot des voleurs). V.
Time.
DARIOLE : Soufflet, coup de
poing. A. D.
La dariole est une pâtis-
serie commune qui se vend
dans les fêtes publiques.
Le pâtissier se nomme
darioleur (Argot du peu-
ple). N.
DARON : V. Dahe.
DARONNE : Mère ; dans le
peuple on dit la dahiiche
(Ai^ot du peuple).
DAUF : V. Paf.
DAUDÉE (Passer à la) : Sou-
teneur qui floppe sa mar-
mite quand elle ne rapporte
pas de pognon (Argot (h^s
souteneurs). ]S[.
DÉBÂCHER LA ROULOTTE :
Changer la voiture de phice.*
Les forains emploient
cette expression pour indi-
quer qu'il vont d'une ville
à une autre. (Argot des sal-
timbanques).
DÉliAGOULER: Cetteexpres-
sion est usitt'c dans h's lau-
bourgs pour qualifier un
orateur de réunion publique
qui débagoiile sou boni-
ment (Argot du peuple).
DÉBALLAGE : Etalage par
les camelots de marchan-
dise sur la voie publique ou
dans des boutiques louées
au mois.
Déballage se dit aussi
dans le peuple d'une femme
avec qui on couche pour la
première fois.
— Tu la crois dodue,
bien faite tu vas la voir
au déballage ; elle a été
moulée dans un cor de
chasse (Argot du peuple).
Soulager ses
DÉBALLER
entrailles pour quinze cen
times, ce que ne pouvait
digérer Villemessant qui
trouvait exorbitant d'être
forcé de donner trois sous
pour restituer un petit pain
5.
82
DÉB
DÉB
qui n'en coûtait qu'un et
tncore en laissant la mar-
chandise (Argot du peuple).
DÉBALLONNER (Se) : S'é-
vader.
Mot à mot: se sauver du
ballon (prison).
Déballonner : accoucher.
Se défaire de son ballon
ou mieux du lève- jupes
(Argot des voleurs).
DÉBINE : Se prend de ma-
nières différentes.
Etre dans la misère la
plus complète.
— Je suis dans la dé-
bine.
— Je m'en vais, je me
sauve, je me débine (Argot
du peuple).
DÉBINER : Dire du mal de
quelqu'un.
— Nous l'ayons tellement
débiné qu'il n'a \m réussir
(Argot du peuple).
DÉBINER LE TRUC : Com-
père mécontent qui révèle le
secret de son associé (Ar-
got des voleurs).
DÉBOUCLER SA VALISE :
Mourir.
On devrait plutôt dire
boucler car le voyage est
assez long (Argot des com-
mis voyageurs).
DÉBOULER : Arrivée subite
de quelqu'un que l'on n'at-
tendait pas.
— Il déboule subito (Ar-
got du peuple).
DEBOULER : Femme qui ac-
couche.
Allusion de forme ; en-
ceinte à pleines ceintures,
elle est ronde comme une
boule ; accouchant elle dé-
boule (Argot du peuple).
DÉBOULONNER SA CO-
LONNE : Mourir.
Cette expression n'est
employée que depuis 1871,
lorsque les communards je-
tèrent la colonne Yendôme
par terre parce qu'elle
gênait Courbet (Argot du
peuple).
DÉBOURRER SA PIPE : V.
Déballer.
DÉBRIDOIRE : Outil de
malfaiteurs (Argot des vo-
leurs). V. Tâteuse.
DÉBOUTONNER : Parler,
avouer.
— Tu peux le débou-
tonner mon vieux, il faut
que nous sachions ce que
tu as dans le ventre.
On dit aussi : Déculotte
tapetisée[k.T^oiàvi peuple).
DÉBROUILLARD : Individu
qui sait se débrouiller au
milieu des ennuis de la vie
et qui en sort victorieux.
On emploie, dans les aie-
DEC
DEC
83
Hors, celle imago caracté-
ristique, mais p(Mi parl'u-
mée :
— II sortirait de cent
pieds de merde (Arçot du
peuple).
DÉCALITRE : Ciiapeau.
Il a, eu elVet, la forme
d'un boisseau (Ariiot du
peuple) .
DÉCAMPER SAXS TAM-
ROl R M TROMPETTE :
Lâcher une femme ou un
patron sans les prévenir.
Fausser compagnie à
cpielqu'un.
Laisser une affaire en
plan (Argot du peuple).
DECANILLER : Se lever de
sa chaise ou de son lit.
— Allons, paresseux, dé-
canille plus vile que ça
(Ai^otdu peuple).
DÉCARADE : S'en aller au
plus vite.
En un mot, décarrer,
partir.
Une vieille chanson dit :
Allons, Flipote,
Met ta capote,
Et puis, décarrons-ï[o\x%.
(Argot du peuple).
DÉCARCASSER (Se) : S'é-
chiner à faire un travail
qui produit peu.
Se décarcasser à courir
pour arriver à l'heure de la
cloche.
— J'ai beau me décarcas-
ser,]*? ne suis pas plus avancé
une année que l'autre (Ar-
got du peuple).
DÉCARRER DE RELLE :
Sortir de prison à la suite
d'une ordonnance de non-
lieu.
Mot à mot : Je l'échappe
l)(>lle (Argot des voleurs).
DÉCARTONNER : Mourir de
consomption.
Les conunères disent :
mourir à petit feu.
Décarlonner est syno-
nyme de décoller (Argot
du peuple).
DÉCIIARD : Qui est dans la
dèche (Argot du peuple).
DÉCHE : Synonyme de dé-
bine.
Cette expression est due
à une circonstance cu-
rieuse :
Un colosse, nommé Ha-
che, marchand de riboiiis
au marché du Temple, avait
la passion du théâtre ; il
figurait au cirque de l'an-
cien l)oidevard du Temple.
Il occupait l'emploi de tam-
bour-major de la garde ;
c'était insufiisant pour son
ambition : il voulait^parler.
A force d'obsessions, il ob-
tint de Laloue de dire un
mot dans une pièce. Il de-
vait dire à Napoléon :
84
DEC
DEC
— Quel échec, mon Em-
pereur !
La langue lui fourcha, il
avait oublié sa phrase.
x\lors, à tout hasard, il
s'écria :
— Sire, ah ! cpielle
dècTie !
L'expression est resiée,
et, dans le peuple, quand
on veut indiquer un grand,
malheur elle est employée
(Ai^ot du peuple).
DÉGJIIRER SA TOILE : Pes-
ter.
Allusion au bruit qui sou-
vent ressemble à un déchi-
rement (Argot du peuple).
V. Peaiij courte.
DÉCORS : Bijoux.
L'expression est jolie. On
dit dans le peuple, d'une
femme chargée de bijoux :
Elle est décorative (Argot
du peuple).
DÉCRASSER : Les filles dé-
crassent un homme en le
débauchant d'abord, en le
ruinant ensuite.
Les voleurs décrassent
un pante en le volant.
Décrasser, dans un autre
sens, est synonyme de dé-
niaiser (Argot du peuple).
DÉCROCHER UN LARDON :
Faire avorter une femme.
Les spécialistes qui se
livrent à cl* ijenre de tra-
vail se nomment des fai-
seuses d'anges (Argot du
peuple). N.
DÉCROCHER LA LUNE
AVEC LES DENTS : Vou-
loir accomplir une chose
impossible.
Expression employée par
ironie (Argot du peuple).
DÉCROCHER LATIMBALE :
Arriver bon premier, réus-
sir.
Allusion au mât de co-
cagne, où le premier arrivé
au sommet décroche le pre-
mier prix qui est générale-
ment une timbale.
Cette expression est po-
pulaire depuis la représen-
tation de la pièce intitulée
la Timbale (Argot du peu-
ple). N.
DÉCROCHEZ-MOI ÇA : Vê-
tements fripés que vendent
les marchandes à la toi-
lette.
Comme les vêtements
sont accrochés Qi étiquetés,
inutile de marchander; on
n'a qu'à dire à la vendeuse :
Décrochez-moi ça.
Toute personne mal ha-
billée sent le décrochez-
moi ça {kv%QX du peuple).
DÉCROCHER SES TA-
BLEAUX : Individu qui
sans cesse se fourre les
doigts dans le nez [)0ur en
retirer les oriluies.
DÉF
DEG
85
— Tu reçois donc du
inonde que tu décroches tes
tableaux ? (Ai-got du pini-
ple).
hl.GlLOTTK : Homme qui
a mis son mobilier ou son
oonnnerce au nom de sa
femme.
Il ne porte plus la cu-
lotte.
Déculotté aussi quand
la fenmie est maîtresse au
logis : elle porte les cu-
lottes (Argot du peuple).
DJ< FARGUER : Pâlir.
Le parrain fargue,
Le bêcheur détargue.
dit une vieille chanson (Ar-
got des voleurs).
DKFARGUER : Les joueurs
disent cela d'une carte qui
les gêne.
knpolignac ih ^e dé fai'-
gue^it du valet de pique
(Argot des voleurs). ^V.
DÉFENDRE SA QUEUE :
Défendre sa peau dans une
bataille.
Quand deux chiens se
battent dans la rue, les
spectateurs crient :
— Jolo, dé fend ta queue.
Défendre sa queue, c'est
défendre ses intérêts de
toutes manières (Argot du
peuple).
DÉFILER LA PARADE : Se
dit à quelqu'un que l'on
chasse.
— Allons, défilez la
parade, et plus vite que
«:a (Argot du peuple).
DÉFLEURIR ou DÉFLOUER
LA PICOUSE : Voler le
linge qui sèche dans les
campagnes, sur des haies
(Ai^got des voleurs). V. Ba-
tousier.
DÉFOURAGER : S'en aller,
quitter un endroi t pour un au-
tre.
— Je défourage de la
Centrousse pour renquil-
ler à Pantin (Argot des
voleurs). ^
DÉGLINGUE (Tomber dans
la) : Être tout à fait par
terre.
Plus misérable que les
misérables (Argot du peu-
ple). N.
DÉGOBILLER : Vomir (Ar-
got du peuple). V. Mettre
du cœur sur le carreau.
DÉGOTTER : Se dit de quel-
qu'un mal habillé.
— Tu la dégottes mal.
Dégotter, signifie égale-
ment trouver.
— 11 y a deux mois que je
la cherche, j'ai fini par la
iégotter.
2)^'^o/'^^r quelqu'un : faire
quelque chose mieux que
lui.
Vietor-ITugo, parexemple
DÉG
DEM
dégotte Sarrazin, le poète
aux olives (Argot du peuple).
DÉGOURDI : Se dit par iro-
nie d'un homme lourd et
pâteux.
— J'ai froid, je vais mar-
cher vite pour me dégour-
dir les jambes.
On dit d'une gamine qui
connaît à six ans ce qu'elle
devrait ignorer à quinze :
elle est dégourdie pour son
Age (Argot du peuple).
DËGHAISSEUR : Le garçon
de banque qui à chaque
échéance vient dégraisser
les débiteurs (Argot du
peuple). N.
DÉGRINGOLADE. V. Dé-
gringoler.
DÉGRINGOLADE A LA
FLUTE : Vol commis par
une fille sur un miche de
passage.
L'expression p^ûie est
assez significative (Argot
des voleurs).
DÉGRINGOLER : Tomber
d'une haute situation dans
la misère.
Dégringoler un 'j^ante :
tuer un bourgeois.
Dégringoler des hau-
teurs d'un succès pour tom-
ber dans la médiocrité (Ar-
got du peuple).
DÉGUEULAS, DÉGUEULA-
TIF, DÉGUEULDIF, DÉ-
GOUTATIF ET EMMER-
DATOIRE : Individu à l'as-
pect tellement dtîgoûtant
que sa vue soulève le cœur
et donne envie de vomir
(Argot du peuple). iV.
DÉGUISER EN CERF (Sej :
Se sauver le plus rapide-
ment possible.
— Je t'invite à un bal
masqué, quel costume pren-
dras-tu ?
— Je me déguise en
cerf.
iMot à mot : Je n'y vais
pas (Argot du peuple). iV^.
DÉMARQUEUR DE LINGE :
Homme de lettres qui pille
ses confrères sans façon.
Démarquer un article
de journal : changer simple-
ment les phrases.
Allusion aux voleurs qui
déniarquent le linge avant
de le bazarder au fourgat
(x\rgot du peuple).
DEMI-AUNE : Le bras.
Les mendiants disent :
— Je tends la demi-
aune.
C'est une façon de ne
pas avoir l'air que l'on
ten<l la main (Argot des
mendiants.
DEMI-RÉCOLTE : Personne
petite, naine, chélive.
DEM
DEP
87
On (lit dans le peuple :
— Sa mère devait élre
conciei^'C, un locataire aura
demandé le cordon au bon
moment (Argot du peuple).
V. Bas du cuL
DEMOISELLE DE PAYEUR :
Sorte de pilon en bois gar-
ni à sa base d'un fort uior-
ceau de fer. Il sert à enlon-
cer les pavés pour égaliser
la rue.
Ce pilon a deux anses en
forme de bras ; pour le sou-
lever, les paveurs le jtren-
nent par les bras.
Allusion au bras que
l'on donne aux demoiselles
Elles sont généralement
moins dures à soulever que
la demoiselle du paveur (Ar-
got du peuple). N.
DÉMONTER SON CIIOU-
BERSKI : Mourir.
L'expression n'est pas
juste, on devrait plutôt
dire : 7nonter son ckou-
herski, car chacun sait que
ce poêle n'ariende conunun
avec l'elixir de longue vie
(Argot du peuple). N.
DEMORGANER : Accepter
une observation.
Comprendre que la mor-
gue est inutile (Argot du
peuple).
DMMORRE : Homme (Argot
des voleurs).
DEMURGER : Fuir.
Cette expression est fré-
quenunent employée par
les souteneurs au cours
d'une bataille :
— Yoilh la rousse, de-
mur ge. ou y vont te faire
choucUe. La copaille va
rendre Vaffe, il est saigné
au bon coin (Argot des
voleurs).
DÉNICHEUR DE FAUVET-
TES : Terme ironique em-
ployé pour se moquer d'un
individu qui se vante de
prendre la virginité des
lilles (Argot du peuple). V.
Dépticeleur de nourrices.
DÉPAILLER: Jusqu'ici celte
expression élait employée
pour dire qu'une chaise n'a-
vait plus de paille : elle
était dépaillée.
Dans les quartiers pau-
vres, les ouvriers n'ont gé-
néralement pas de som-
miers ; ils couchent sur des
paillasses^avmQ^ défaille
de seigle ; quand un proprié-
taire, un vautour impi-
toyable, veut les faire ex-
pulser, ils disent :
— Tu peux aller cher-
cher le quart et tous ses
sergots. tu ne me feras pas
démailler.
Mot à mot : abandonner
ma paille (Argot du peu-
ple). N.
88
DÉP
d?:p
DÉFENDEUR D'ANDOUIL-
LES : Homme grand comme
une perche à houblon.
Allusion à ce qu'il pour-
rait sans échelle dépendre
les andoviUes suspendues
au plafond (Argot du peuple) .
DÉPENSER SA SALIVE :
Orateur qui parle à un au-
ditoire distrait ; il parle en
pure perte et dépense sa
salive inutilement.
On dépense sa salive à
vouloir convaincre quelqu'un
qui ne veut rien savoir (Ar-
got du peuple). N.
DÉPIAUTER : Synonyme de
dépouiller.
Terme commun.
— Je me déshabille, je
me dépiaute.
Quand les voleurs s'en
veulent pour un motif quel-
conque, ils tentent de 5'«r-
racher la peau.
Mot à mot : se dépiauter
comme un lapin (Argot des
souteneurs).
DEPITE : Ennuyé, éprouver
du dépit., dans le sens de
déception.
Dans le peuple on appli-
que cette expression aux
députés non réélus.
Le mot français est de-
venu un mot d'argot.
— C'est un dépité de la
Seine ou d'ailleurs.
On dit encore qu'il a été
dépoté, prenant la Cham-
bre pour un pot .
Ou bien :
— Les électeurs l'ont
enfin déporté (Argot du
peuple). A^.
DÉPLANQUER : Quand un
voleur est en prison, il est
en planque.
Il est également enplan-
que quand il est filé par
un agent ; quand il sort de
prison ou quand il grille
l'agent, il se déplanqiie
(Argot des voleurs). V. Dé-
planqueiir.
DÉPLANQUEUR : Complice
qui déterre les objets volés
pendant que son camarade
subit sa peine.
C'est un usage chez les
voleurs d'enterrer pour les
soustraire à la justice, les
objets volés ; au moins s'ils
subissent une peine ils ne
font pas du plan de couil lé
(Argot des voleurs).
DÉPONER : levare ventris
omis. Â. D.
Nous voilà suffisamment
renseigné si on ajoute pour
comprendre que déponer
vient de ponant, derrière,
et que déponer est syno-
nyme de débourrer.
Quand un individu vous
cramponne par trop, on
l'envoie... déponer sur la
plancMe où il met son pain
(Argot du peuple).
di:p
DES
89
DÉPOTOIR : Confessionnal.
C'est bien en efl'et un
dépotoiry puisque l'on y
laisse ses ordures, une fois
l'absolution reçue. (Arçot
(les voleurs). V. Comberge.
DKPOT : Prison située sous
le Palais de Justice, où l'on
conduit par le panier à sa-
lade tous les individus ar-
rêtés par les agents.
C'est un lieu infect, in-
difjne de noire éjwque, en
laison de la promiscuité des
déteiuis et de l'absence
d'air et de lumière.
Ce n'est pas dépôt que
l'on devrait dire, mais bien
dépotoir, car il y passe
annuellement 67,000 indi-
vidus.
Environ 13,000 vaga-
bonds et 22,000 filles pu-
bliques.
Je ne compte pas les vo-
leurs qui ont horreur de ce
lieu de détention surnommé
la Cigogne (Arçot des vo-
leurs). N.
DÉPUCELECR DE NOUR-
RICE : Fanfaron qui s'i-
magine avoir trouvé la pie
au nid et qui y trouve sou-
vent une chose désagréable.
(Argot du peuple).
DÉPLCELEUR DE FEMME
ENCEINTE. V. Enfon-
ce^ir déporte ouverte.
DÉRONDINER : Un sou se
nommant un rond^ de là
l'expression pour indiquer
que l'on s'en sépare en
payant :
— Je me dérondine tous
les jours pour sorguer
(Argot du peuple).
DÉROUILLER : Recouvrer
sa souplesse, se mettre au
tait d'un service Z. L.
Dérouiller: enlever la
rouille d'une pièce de fer
ou d'acier.
Dérouiller : perdre ses
habitudes casanières pour
reprendre ses relations.
Dérouiller a dans le
peuple une autre significa-
tion .
Pour dérouiller, ce n'est
pas le papier émeri qui est
employé, mais la première
femme venue (Argot du
peuple). N-
DÉSATILLER : Châtrer (Ar-
got des voleurs).
DESCENDRE LA GARDE :
Mourir (Argot du peuple).
DESCENDRE A LA CRÉ-
MERIE : Cette expression
est employée par les filles
qui n'aiment pas les hommes;
elle est suffisamment claire.
Par la satisfaction qu'el-
les éprouvent, elles boivent
du lait non écrémé (Argot
90
DES
DÉT
des filles). V. Accouplée.
N.
DESCENTE DE GOSIER :
Avoir une soif perpétuelle
Pochard jamais rassasié
(Argot du peuple).
DESCENTE DE LIT : Femme
facile, qui se couche au
moindre signe.
Synonyme de paillasse
(Argot du peuple). i\^.
DËSENFLAQUER : Se tirer
d'un mauvais pas.
Mot à mot : sortir de la
merde.
Un prisonnier est en/la-
qué; le désenflaquer ^ c'est
lui rendre la liberté (Argot
des voleurs).
DËSENTIFLAGE : Rompre
avec quelqu'un avec qui on
était lié.
Mot à mot : se désenti-
fler, se quitter, se séparer.
C'est l'opération con-
traire à celle d'entifler (Ar-
got du peuple).
DESSALÉ : Noyé que l'on
retire de l'eau ,
Allusion à la morue
que les ménagères font des-
saler avant de la manger
(Argot du peuple).
DESSALEURS : C'était une
compagnie d'assasins qui
attendaient sur les quais
déserts du canal Saint-
Martin les passants attar-
dés.
Ils les dépouillaient d'a-
bord et les jetaient ensuite
à l'eau.
Le lendemain matin ils
arrivaient comme par, ha-
sard sur la berge, armés
d'un croc et repêchaient le
dessalé poar avoir la prime.
L'opération était double-
ment fructueuse.
La bande fut arrêtée et
condamnée. L'expression est
restée dans le peuple ; tout
noijé pour lui est un des-
salé (Argot du peuple). T.
DÉTACHER LE DOUCIION :
Vider ses intestins.
Allusion à la bouteille qui
se vide le bouchon retiré
(Argot du peuple). V. Dé-
bourrer sa pipe.
DETOCE : Détresse, misère.
^ Quand les amijicàes
n'ont plus à'os, ils sont
dans la détoce (Argot du
peuple).
DÉTOURNE UR : Voleur.
Détourner un objet de
sa destination (Argot du
voleurs).
DÉTOURNEUSE : Voleuse
qui opère spécialement dans
les grands magasins de
nouveautés.
Il y a bien des manières
de pratiquer ce vol, elles
DÉV
DIL
91
sont expliquées à leur place
(Argot des voleurs).
Dl^LRNEUSE AU MOMI-
GNARD : V. Abéqueuse.
DF.UX SŒURS (mes) : Dans
le peu|»le, par abrévialion,
on (lit : mes deux pour te
fiiire une paire de lunettes .
Ce n'est pas des fesses
qu'il s'agit, comme le dit
Delvau, mais des testicules.
On appelle aussi deux
sœurs, les deux nattes de
cheveux que les femmes
portent sur leurs épaules
(Argot du peuple).
1H:VIDAGE A L'ESTOR-
GUE : Acte d'accusation
lu en cours d'assises par
le grelïier.
Dévider : parler : h l'es-
torgue, faussement (Argot
des voleurs).
Dévider : promenade en
dévidoir que font les pri-
sonniers sur le préau (Ar-
got des voleurs). V. Queue
de cervelas.
DÉVIDER SON CHAPELET:
Les portières se chargent
de cette opération en can-
canant sur les locataires
(Argot du peuple).
DÉVISSER SON RILLARD :
Mourir.
Quand le hiUard est
dévissé, adieu la partie.
Un à peu près dit qu'il
n'y a plus Moyaux de ftiire
une partie de Billoir
quand on joue Troppnann
(Argot du peuple).
DIADLE : Agent provocateur.
Malgré que ce mot fasse
partie du vocabulaire des
voleurs, il n'est pas d'usage
que les agents de la sûreté
provoquent les voleurs ^
commettre uii vol; ils n'ont
pas besoin d'être stimulés
pour cela.
En politique c'est un fait
constant, car, sous l'Em-
pire, jamais il n'y a eu un
complot sans que, parmi les
pseudo-conspirateurs, il n'y
se soient trouvés plusieurs
agents de la préfecture de
police.
Il y en eut même un du
service du fameux Lagrange
dans l'alîaire des bombes
d'Orsini.
Dans le peuple on dit
simplement mouchard (Ar-
got du peuple).
DIGELETTES ou DÉGE-
LETTES : Ragues (Argot
du peuple).
DILIGENCE DE LYON :
(La promettre).
Chose invraisemblable que
promit un jour une fdle à
un client de hasard.
Elle mourut subitement
avant d'avoir réalisé sa
promesse .
92
DIS
DON
C'était, à ce qu'il paraît,
vraiment fantastique : il
fallait cin({uante mètres de
cable, une ancre de marine
en acier fondu, cinq kilos
de chandelles-des-six, un
tonneau de mélasse, un
kilo d'essence de géranium,
trente éponges, la graisse
d'un guillotiné, un fémur
de fille vierge, dix lilres de
pétrole, deux cartouches de
dynamite....
Le client parcourut le
monde entier à la recherche
de la diligence de Lyon,
il mourut à son tour sans
la rencontrer (Ar^ot des
fdles). N.
DINDORNIER DE CASTU :
Infirmier.
Prisonnier employé
comme auxiliaire pour rem-
plir ces fonctions dans les
infirmeries des prisons (Ar-
got des voleurs). N.
DINGUER : Envoyer din-
guer quelqu'un, c'est l'en-
voyer promener.
Quand deux hommes se
battent et que l'un tombe
sur le pavé, sa tète din-
gue.
Synonyme de sonner
(Argot du peuple).
DISTRICT : Maison de tolé-
rance.
Ces maisons sont par-
quées dans des quartiers
spéciaux. C'est un restant
des vieilles coutumes du
moyen-àge, où les ribaudes
étaient parquées dans les
clapiers de la Cité.
xMot à mot : maison dans
un district (Argot des sou-
teneurs). V. Bocard.
DIX-lILIT : Ce mot est né
d'un calem bourg.
Un soulier ressemelé est
deux fois neuf.
â fois 9 18 (Argot du
peuple).
DOIGT DANS L'OEIL (Se
fourrer le) : Prendre ses
désirs pour la réalité, croire
que s'est arrivé .
S'imaginer être aimé
pour soi-même.
Se figurer avoir du ta-
lent (Argot du peuple).
DOMREUR : Pince qui sert
aux voleurs pour fracturer
les portes (Argot des vo-
leurs). V. Monseigneur.
DONNER : Dénoncer.
Les nonneurs en dénon-
çant, mot à mot : donnent
(livrent) leurs complices à
la justice (Argot des vo-
leurs).
DONNEZ-LA : Prenez garde,
il y a du danger.
Mot d'avertissement pour
prévenir de l'arrivée de la
police.
Synonyme Sacrée (Ar-
got des voleurs).
DOR
DOR
03
DONNER UN COUI> DE
PILON : Les niondianls
qui ont une jambe de bois
comment eetle jambe un
pilon.
L'allusion de lornie est
juste.
Quand ils vont mendier
à une porte, ils ont soin de
l'aire voir leur inlirmité, de
là l'expression donner un
coup de pilon (Arj^ot des
mendiants). iV^.
DONNER A LA BOURBON-
NAISE (La) :
Vouloir du nud à un indi-
vidu, n'oser lui en faire, ne
lui rien dire, mais le regar-
der d'un maucais œil.
— Qu'est-ce que tu as
donc que tu la donnes à la
Bourbonnaise sur le har-
bauttierl
—Y m'a loutu Xmûjornes
de fra7ic carreau (Argot
des voleurs).
DORANCHER : Pour dorer,
par extension comme hil-
l anche r pour M lier.
On trouve fréquemment
dans l'argot du peuple un
changement de finale pour
exprimer un mot (Argot du
peuple) .
DORMIR A LA CORDE :
Avant l'invention d«^s refu-
ges municipaux (les haras
(le la vermine) il existait,
rue des Trois- Bornes, un
bouge tenu parle père Jean.
]/uni((ue salle avait à
pe;i près vingt mètres de
long sur (rois mètres de
largeur. Dans toute la lon-
gueur, une grosse corde
était tendue ; A\^ était ter-
minée par deux forts an-
neaux (juila fixaient àchaque
extrémité.
Les clients, la ])lupar(
des giverneurs, payaient
trois sous d'entrée; cette
somme leur donnait le droit
de s'accroupir les bras sur
la corde et de dormir .
Cinquante environ pou-
vaient)' trouver place.
A cinq heiu'es du matin
le père Jean sonnait le ré-
veil en tapant avec un mor-
ceau de 1er sur une vieille
casserole.
Parmi les dormeurs il y
en avait dont le sommeil
était dur : ils ne se levaient
pas. Alors le père Jean dé-
crochait la corde et les
dormeurs tombaient sur les
dalles.
Dormir à la corde est
resté légendaire (Argot du
. peuple). N.
DORMIR DANS L'AUGE :
Paresseux pour qui le tra-
vail est un supplice.
Allusion au cochon, qui,
lorsqu'il est gavé, s'endor!
dans son auge (Argot du
peuple). N.
DORMIR EN CHIEN DE
94
DOR
DOU
FUSIL : Dormir en cer-
ceau .
Allusion à la forme de
l'ancien chien de fusil à
pislon (Argot du peuple.)
DORMIR D'UN OEIL : Faire
semblant de dormir, avoir
Vœil ouvert et l'oreille aux
aguets.
Le prévenu enfermé dans
sa cellule avec un mouton
ne dorl que d'ion œil pour
ne pas, pendant son som-
meil, laisser écriapper des
révélations.
On dit aussi dormir en
gendarme (être en éveil)
(Argot du peuple).
DORMIR SUR LE PAN DE
LA CHEMISE DE SA
FEMME : Quand un ou-
vrier arrive en relard à l'a-
telier, les camarades le
plaisantent et le saluent
par cette phrase, qui a un
sens caché.
— 'Tu as dormi sur le pan
de la chernise de ta femme
(Argot du peuple. N.
DORMIR SUR LE ROTI:
Être couché avec sa femme
et s'endormir au moment
psychologique.
'^'i^' endormir sur son tra-
vail (Argot du peuple). N.
DORT EN CIIIANT : Ouvrier
qui va fréquemment au ca-
binet et y reste longtemps :
pendant ce temps-là il ne
travaille pas.
Cette expression s'appli-
que surtout aux maçons qui
restent accroupis jusqu'à ce
que les jambes leur fassent
mal.
Dans le peuple on dit :
— Tu chies comme le^
maçons (Argot du peuple).
N'
DOURLE-SIX : Nègre (Argot
des voleurs).
DOUBLEUR DE SORGUE :
Voleur de nuit.
Il double la journée (Ar-
got des voleurs). V.J./M.s^^'.
DOS VERT : Maquereau.
Ce poisson, en elfet, est
mélangé de plusieurs cou-
leurs sur le dos.
L'allusion est transpa-
rente. (Argot du peuple).
DOSSIÈRÊ : Chaise (Argot
du peuple). N-
DOUCE (S'en offrir une) : V.
Bataille des Jésuites. N.
DOUCETTE : V. Mordante.
DOUILLARD : Peut s'enten-
dre de deux manières.
Clovis Hugues a beau-
coup de douilles (che-
veux).
Rothschild a beaucoup de
douilles (ai'gent) (Argot du
peuple).
DRO
DUR
9d
DOILOUREUSE (La) : La
carte à payer.
Quand on paye c'est tou-
jours douloureux, c'est l'é-
ternel quart d'heure de
Rabelais (Argot du peu-
ple).
DOllLLLS : Cheveux (Argot
«lu peuple). V. Alfa.
DOUILLES SAVONNÉES :
Cheveux blancs.
Lorsque les cheveux com-
uïoncent à grisonner, la
chevelure est poicre et sel
(Argot du peuple). N.
DOL'SSIN : Plomb (Argot des
voleurs). V. Gras double.
DRAGEOIRES : Les joues
(Argot des voleurs). V.
Jaffles.
DRAGUE : Le médecin.
Allusion à la drague qui
nettoyé la Seine.
Le médecin de prison
<iui a le purgatif facile, dra-
gue les intestins des mala-
des qui sont au castu (Ar-
got des voleurs).
DRLNGUE : Pièce de cinq
francs en argent (Argot des
voleurs). V. Tune.
DROGUER : Demander.
Allusion à droguer, at-
tendre.
— Voilà deux heures que ce
pierrot-là me fait droguer
potu' la peau (Argot du peu-
ple et des voleurs).
DROGUEURDE LA HAUTE :
Voleur du grand monde
(Argot des voleurs).
DUC DE GUICHE : Guiche-
tier.
A l'instar des anciens ducs
féodaux , il règne sur ses
vassaux : — les prisonniers
(Argot des voleurs).
DUCONNEAU : Être niais,
— Tu es plus bète que
celui d'où tu sors (Argot
du peuple). N.
DU MÊME TONNEAU : La
même chose.
Un homme politique veut
tout réformer , il fait de
belles promesse à ses élec-
teurs et ne fait pas mieux
que ses devanciers.
C'est du même tonneau.
Du vin à douze ou du
vin à seize, Bordeaux ou
Bourgogne :
C'est du même tonneau
(Argot du peuple). 1^.
DUO D'AMOUR : Yeux po-
chés (Argot des voleurs). iV".
DUR : n est au dur : en pri-
son).
C'est dur: pénible, diffi-
cile.
C'est dur à digérer :
grosse sottise ou blague im-
possible à avaler.
96
DUR
DUR
Dur à cidre: vieux trou-
pier qui ne ressent rien.
Dur (être dans son) :
être ce jour-là plus coura-
geux qu'à Tordinaire (Argot
des voleurs).
pURAlLLE :
des voleurs).
DIjRAILLE sur mince :
Diamant sur carte (Argot
des voleurs). N-
DURE (La) : Terre.
Les vagabonds, (pii y
couchent souvent, savent
par expérience qu elle n'a
pas la mollesse d'un lit de
plume (Argot des voleurs».
DURÈME : Fromage blanc
(Argot des voleurs),
DURINER : Ferrer.
Allusion à la dureté des
chaînes avec lesquelles au-
trefois on ferrait les for-
çats (Argot des voleurs).
EAi:
ECL
97
£
I Vi: D'AFF : Eau-de-vie
Argot du peuple).
1 AU DE SAVON : Absinthe.
Allusion à l'eau troublée
par la dissolution qui res-
semble à de Veau de sa-
von surtout l'absinthe blan-
che (Ai-got du peuple). Y.
Poileuse.
KAUX BASSES : Les eaux
sont basses quand arrive la
lin de la semaine.
Quand la rivière est
basse les bateaux ne circu-
lent pas, quand les eaux
sont basses qu'il n'y a plus
d'argent pas mèche de na-
viguer (Argot du peuple).
ECARTER DU FUSIL :
Lancer en parlant des jets
de salive.
On dit aussi : lancer des
postillons
Quand quelqu'un a cette
infirmité on ouvre son pa-
rapluie* en l'écoutant et on
ajoute :
— Tu baves et tu dis
qu'il pleut (Argot du peu-
ple).
ÉCHAPPÉ DE CAPOTE :
Chétif, malingi'e (Argot du
peuple). V. Acorton.
ÉCLAIRER : Payer.
— C'est mon vieu.v qui
tient le flambeau,.
Mot à mot qui éclaire.
6
ECU
ÉGR
ÉCOPPER : Épuiser Teaii
d'un bateau avec une
écoppe.
Écopper : recevoir un
mauvais coup dans une ba-
garre.
Dans les faubourgs on
dit par ironie :
— Tu boiras de l'anis
dans une écoppe.
D* écopper y par corrup-
tion, on dit de celui qui est
blessé : il esiescloppé (Ar-
got du peuple).
ÉCORNER LES BOUTAN-
CIIES : Forcer les portes
des boutiques.
Cela indique bien Fac-
tion de la pince-monseigneur
qui fait éclater le bois par
la pesée (Argot des voleurs) .
ÉCREYISSE DANS LA
TOURTE (Avoir une) : Être
à moitié toqué (Argot du
peuple).
ÉCURER LE CHAUDRON :
Aller à confesse (Argot des
voleurs). V. Comberge et
Dépotoir.
ÉCUREUIL (Faire 1') : Faire
une besogne inutile, mar-
cher sans avancer. A. D.
On nomme écureuil les
ouvriers qui tournent la
roue chez les petits tour-
neurs en bois ; c'est au con-
traire un métier extrême-
ment fatiguant.
Autrefois les écureuils \
réunissaient au carré Saint
Martin ; c'était un ramassis
de toute la fripouille pari-
sienne; depuis que la ma-
chine à vapeur s'est vulga-
risée ils ont presque dis-
paru.
On les nomme ausïi
chiens de cloutier.
C'est une allusion au
pauvre animal qui tourne la
roue toute la journée pour
actionner les soufilets de
forge, allusion également à
l'écureuil qui tourne sans
cesse dans sa cage (Argot
du peuple). N.
EFFAROUCHER : Prendre,
s'évanouir sur la monnaie.
Cela arrive fréquemment
dans les cercles, où Ton a
remplacé l'expression effa-
roucher par celle d' appri-
voiser.
— J'ai apprivoisé un
signe.
ÉGRUGEOIR (1') : Une tri-
bune quelconque.
L'orateur égruge ses pa-
roles.
Égrugeoir : la chaire à
prêcher.
Égrugeoir : les petites
boîtes qui ressemblent à un
comptoir dans lequel se
tiennent les sœurs qui font
la lecture aux prisonnières
de Saint-Lazare.
Allusion h l'antique
EMB
EMM
99
égntgeoir qui sert à piler
le sel (Argot du peuple). N.
ELLK KST ENCEINTK D'UN
PET ELLE ACCOUCHERA
IVUNE MERDE DEMAIN :
Se dit d'une femme qui a
\m gros ventre sans pour
cela être enceinte (Argot
(lu peuple). N-
EMBALLEUR : Les agents
de la sûreté.
Rs emballent en effet les
prisonniers dans le panier
à salade.
[BARDER : Entrer dans
me affaire (Argot du peu-
)le).
IBAUDER : Voler de force,
rd'aulorité.
W est évident que per-
, sonne ne se laisse voler de
►onne volonté, mais il est
les voleurs qui reculent
levant l'emploi de la force.
Emhauder : signifie vo-
leur que rien n'arrête, pas
lême la police et qui assas-
[sine à l'occasion (Argot des
roleups).
IBOITÉ (R est) : Suivi ou
^arrêté.
On embolie le pas à
fquelqu'ui pour le suivre
[sans le perdre.
Être e^nboUé dans une
affaire.
Emboîté, embauché ;
mot à mot : entrer dans la
botte.
— Je vais V emboîter (te
battre) (Argot du peuple).
.¥.
EMBRASSADE (Le vol à 1') :
Le voleur feint de recon-
naître un ami dans un
homme qui vient de faire
un encaissement ; il se jette
dans ses bras et l'embrasse
chaleureusement.
En un tour de main il lui
vole son portefeuille ou son
porte monnaie: il s'excuse
de l'erreur qu'il a conmise
grâce à une ressemi)lance
extraordinaire, puis il file
lestement.
Ce toup s'exécute aux
environs de la Banque de
France et des grandes mai-
sons de crédit (Argot des
voleurs),
ÉMÉCIIÉ (Être) : N'avoir pas
assez bu pour être pochard
mais suffisamment pour
avoir une légère pointe ;
être allumé.
Allusion à la rougeur du
visage (Argot du peuple).
EMMAILLOTER UN MOME :
Combiner un vol.
C'est une redondance de
nou7'rir un poupard (Ar-
got des voleurs).
EMMANCHÉ : Individu qui
se tient raide comme un
pieu.
100
EMP
END
Dans le peuple, on dit
qu'il à un manche à balai
de cassé quelque part.
On emmanche une af-
faire.
Emmanché se dit aussi
dans une autre sens .
— J'ai emmanché la
gosse (Argot du peuple).
EMMERDi;: : Eètre jusqu'à
la garde.
N'avoir plus rien à es-
pérer.
C'est un démenti au dic-
ton po[)ulaire qui prétend
que marcher dans la merde
cela porte bonheur (Argot
du peuple).
EMMERDEMENT : J'en
éprouve un à cinquante francs
par têtes.
Se dit de tous les ennuis
possibles.
Travailler, par exemple,
est un emmerdement i)er-
pétuel (Argot du peuple).
ÉMOUCHEUR : V. Bêle à
chagrin.
EMPAVES : Drap de lit.
— Je vais m'empaver
dans mon pieu (Argot des
voleurs). i\^,
EMPAILLÉ : Imbécile qui ne
remue pas plus que s'il
était empaillé dans une vi-
trine du Musée^ zoologique
(Argot du peuple).
EMPIFFRER : Manger comme
un cochon (Argot du ])eu-
pie).
EMPOUSTEUR: Truc tns
commun employé par des
placiers.
Ils déposent chez des
commerçants des mauvaisi's
marchandises, à condition ;
des compères les achètent ;
les marchands alléchés pren-
nent de nouveaux dépôts
qui, cette fois, leur restent
pour compte (Argot des vo-
leurs).
EMPROSEUR : Variété de pé-
déraste (Argot des voleurs).
ENCALDOSSÉ : Superlatif
(Vendossé (Argot des vo-
leurs). Y. Passif.
ENCHTIBÉ (Il est) : Être
pris, arrêté (Argot des vo-
leurs).
ENCLOUÉ : Allusion au ca-
non dont on encloue la lu-
mière (Argot des voleui'S).
V. Passif.
ENDORMI : Juge.
Allusion à ce que les
juges dorment dans leur
fauteuil pendant que les
avocats plaident (Argot des
voleurs), N.
ENDORMEl R : Individu qui
sans cesse promet une
chose et ne la tient jamais.
Endormir est aussi sy-
nonvme de voler.
ENF
ENQ
101
— II s'est endormi sur
(Jes bijoux (Argot des vo-
leurs).
INDORMEIR : Voleur qui
opère au moyen d'un nar-
cotique.
Les romanichels se ser-
vent pour ce geine de vol
d'une décoction de datura
stramonium.
Ce vol se pratique en
wagon. Le voleur profite du
sonmieil d'un voyageur pour
lui couvrir le visage d'un
mouchoir imbibé de chloro-
forme.
Les voleurs qui ont cette
spécialité forment une secte
à part (Arç;ot des voleurs).
I:NDR0GUER : Chercher un
coup à faire.
Le voleur drogue (at-
tend) sur le trottoir l'occa-
sion favorable (Ai*got des
voleurs). V. Arracheur
de chiendent.
ENFIGNEUR : Tient de /?-
gnoion.
Ce dernier mot en dit
assez . C'est \ actif an 'pas-
sif (Argot du peuple).
ENFLAQUÉ(Être): Enfermé,
emprisonné (Argot des vo-
leurs).
ENFLÉE : Femme enceinte.
On dit aussi : avoir une
fluxion de neuf mois (Ar-
got du peuple).
ENFONCEUR : Ranquier ([ui
promet 50 0(0 par mois
aux imbéciles et qui ter-
mine ses opérations en em-
l)ortant la grenouille à
l'étranger (Argot du peu-
ple).
ENFONCEUR DE PORTE
OUVERTE : Homme qui
se vante d'avoir pris la vir-
ginité d'une liUe alors
(lu'elle était enceinte de
six mois (Ai-got du peuple).
N.
ENFRliMER ou ENFRI-
MOUSSER : Dévisager
quelqu'un.
Les agents de la Sûreté
enfriment les voleurs pour
reconnaître les récidivistes
(Argot des voleurs).
ENGAYEUR : Complice qui
attire le trèpe (la foule)
pendant que son complice
explore les poches des ba-
dauds.
Vengayeur est indis-
pensable à tous les came-
lots ; c'est lui qui le pre-
mier achète l'objet mis en
vente, pour entraîner les
acheteurs.
Vengayeur est le com-
plice du bonneteur ; il mise
pour engager les pontes à
jouer (Argot des camelots).
ENQUILLER : Ehtrer.
— 11 y a longtemps que
6.
102
ENT
ENT
je cherche à m'enquiller pour les reprendre au sor
dans cette boîte (\rgot du '' '
peuple).
ExNQUILLEUSE : Voleuse
qui opère dans les grands
magasins de nouveautés.
Elle enquille la mar-
chandise volée entre ses
cuisses.
Il faut vraiment être orga-
nisée particulièrement pour
cacher un coupon de ^soie
à cet endroit-là (Argot des
voleurs).
ENRHUMÉ DU CERVEAU :
Allusion au nez qui coule
sans cesse.
Mais ce n'est pas du nez
qu'il s'agit (Argot du peu-
ple). V. Lazzi-loff.
ENTAILLER : Tuer quel-
qu'un.
C'est en effet une fameuse
entaille.
AvinainetBilloir étaient
deux rudes entaillettrs
(Argot des prisons).
ENTAULER : Entrer dans
une taule (maison) (Argot
des voleurs).
ENTAULER A LA PLAN-
QUE : Entrer dans une ca-
chette pour se soustraire
aux recherches de la po-
lice.
On entaule aussi à la
planque des objets volés
tir de prison (Argot des
leurs).
ENTERREMENT : Morceau
de gras-double, de lard et
de pain que les femmes
vendent aux environs des
halles.
On les appelle Mesdames
la po"le, parce qu'elles
font frire leur marchandise
dans cet instrument de cui-
sine.
Un enterrement de pre-
mière classe coûte trois
sous, de deuxième deux
sous, de troisième un sou .
Ces femmes gagnent de
dix à douze francs par jour
(Argot du peuple). iV.
ENTOILE : Emprisonné.
Synonyme à^enflaqxic.
Cette expression vient de
ce que dans les camps, la
salle de pohce est sons une
tente-abri : de là entoilé.
Mot à mot : emprisonné
sous la toile.
Sa' entoiler : se coucher,
se fourrer dans ses draps
(Argot du peuple). iV".
ENTRAVES : Les cordes et les
courroies qui ligottent les
condamnés à mort pour en-
traver leurs mouvements
quand ils marchent à l'é-
chafaud (Argot des vo-
leurs).
ENV
ÉPA
103
ENTRAVER : Empêcher une
a Ha ire.
Meltre des bâtons dans
les roues.
Entraver : comprendre.
— J'entrave bigorne.
Mot à mot : Je com-
prends l'argot et non pas
je \e parle.
Entraver a un double
sens :
— J'entrave nihergiie
ou niente.
Je n'entends rien, je ne
comprends pas (Argot des
voleurs).
ENTRECOTE DE BRODEU-
SE : L'ne saucisse de deux
sous ou une côtelette panOe
que les charcutiers tiennent
au chaud dans des boîtes
de fer blanc, et que les ou-
vrières mangent pour leur
déjeuner — pas la boîte,
mais la côtelette (Argot du
peuplcy.
ENTROLER : Emporter des
objets volés.
l'ro/Z^r serait plus exact,
car ce mot signifie porter
(Argot des voleurs).
ENVOYER UNE LETTRE
CHARGÉE AU PAPE :
Allusion au papier employé
qui est en elFet chargé
d'un singulier cachet (Argot
du peuple). V. Déballer.
ENVOYER AUXPELOTTES :
Envoyer promener quel-
qu'un.
On dit aussi envoyer h
la balançoire, ou va te
baigner (^Argot du peuple) .
Y. Dingner.
ENVOYER A LA COUILLE:
Jeter quelque chose en
l'air, au hasard.
Jeter une poignée de sous
à des enfants (Argot du
peuple) .
EPARGNER LE POITOU :
Cette expression se com-
prend peu; en elfet, Poitou
veut dire public, or, il n'est
F as d'usage que les voleurs
épargnent, puisque c'est
lui justement qui forme
toute sa clientèle.
Poitou veut aussi dire
non
EPASTROUILLANT : Extra-
ordinaire (Argot du peuple) .
ÉPATANT : M. Jean Rigaud,
dans ^awDictionnaired'' ar-
got moderne (1881) dit à
ce propos du mot épater :
— Epater, épate et
leurs dérivés viennent du
mot épenter, qui signifiait
au XVIII- siècle intimider.
Il y a quelques années,
M. Francisque Sarcey écri-
vait que le vocable apparte-
nait à Edmond About, qu'il
avait été dit par Pradeau
104
EPA
ÉPO
dans le Savetier et le Fi-
nancier^ pièce représentée
en 1877 aux Bouffes Pari-
siens ; le savant écrivain
ajoutait que huit jours
après, le « Tout-Paris» ré-
pétait ce mot.
Cette expression, n'en
déplaise au maître critique
et à M. Jean Rigaud, n'pp-
partient ni au XVIIP siècle
ni à Edmond About, elle a
cinquante quatre ans seu-
lement d'existence.
Elle a pris naissance au
Café Saint-Louis , rue
Saint-Louis, au Marais (au-
jourd'hui rue de Turenne).
Des ouvriers ciseleurs sur
bronze jouaient au billard
une partie de doublé. A la
la suite d'un hlcc fumant.,
Catelin, une contrebasse du
Petit Lazzari , qui avait
parié pour un des joueurs
et qui perdait par ce coup,
se leva furieux, et d'un
brusque mouvement fit tom-
ber son verre sur la table
de marbre.
Le verre se décolla net.
— Tiens, dit Catelin, mon
verre est é^gaté — le verre
n'avait plus de pied.
A chaque coup, les joueurs
répétaient à l'adversaire :
tu es épaté et, quand la
partie se termina par un
coup merveilleux, un des
joueurs dit au vainqueur :
— Si nous sommes épatés,
lu es épatant.
Catelin, sans le savoir,
se servait du mot épaté
qui est en usage depuis des
siècles dans les verreries,
parmi les ouvriers verriers .
Ils disent d'un verre sans
pied, mis à la refonte pour
ce motif, il est épaté.
Epaté signifie étonne-
ment (Argot de tout le
monde). N.
ËPLNGLE AU COL(En mettre
une) : Avaler un demi se-
tier d'un seul trait.
On dit aussi : mettre une
épingle à sa cravate (Ar-
got du peuple). N,
ÉPOILANT : Plus fort que
tout ce que l'on peut rêver.
Pourtant la source de ce
mot est des plus simples et
ne signifiait au début rien
d'extraordinaire.
A l'école de Saumur, en
faisant un travail dans le
manège, un cheval tomba
et se couronna les deux
genoux. En le relevant,
l'élève dit :
— Mon pauvre cheval
est époilé.
L'expression est restée,
mais elle est autrement ap-
pliquée (Argot du peuple).
N.
ÉPOUFFER : Saisir à l'im-
proviste un passant par
derrière, comme cela se
pratique pour exécuter le
ESB
ESC
105
coup du père François
(Argot (les voleurs) .
EPOUSER LA VEUVE :
fltre guillotiné.
C'est Chariot ((ui rem-
plit roflice (le maire et les
aides i\w\ servent de témoins
pour ce mariage forcé (Ar-
got des voleurs).
i';f>ouser la foucandii:-
HE : Quand un voleur est
pris par les agents en fla-
grant délit, en se sauvant,
il jette sur la voie pu-
hlicpie ou dans les égouts,
s'il le peut, l(^s objets vo-
lés, afin de se débarrasser
des preuves compromet-
tantes (Argot des voleurs).
i;PPRENER : Appeler quel-
qu'un.
Xj'anseigyiot vient dV^))-
prener hancalo pour aller
au rastue (grefle) (Argot
des voleurs). N .
ERMITE : Voleur de grands
cliemins.
Ainsi nommé parce qu'il
opère généralement seul.
* On dit aussi un 56)/i7«î><?
(Argot des voleurs).
ESBlGNER(s') : Se sauver.
Dans les faul ourgs ,
quand un voyou sait qu'il
va recevoir une maîtresse
correction, il s'eshigne[kv-
got du peuple).
ESBROUEEE (En faire) :
Faire des embarras, du
vent, de la mousse.
Eshroîi/fe est un vieux
mot qui vient iVesbouffer,
éclabousser.
C'est Théophile Gautier
qui a transformé ce mot
dans le sens de ve7it et de
mousse.
Les escarpes se sont em-
parés du mot esbroît/l'er
j)our désigner un genre de
vol assez répandu.
Ce vol consiste à bous-
Ciiler un passant dans la
rue, à profiter de sa sur-
prise pour le voler et s'ex-
cuser ensuite (Argot des
voleurs).
ESBROUEFER : Dire des
sottises à quelqu'un, le se-
couer vertement (Argot du
peuple).
ESBROUFFEUR : Qui fait
des esbrou/l'es.
Voleur à Vesbrou/feiXr-
got des voleurs).
ESCABRANTE : Echelle (Ar-
got des voleurs) V. Mo7i-
tante^.
ESCARGOT : Vagabonds, les
habitués des refuges, les
gouapeurs des halles, les
hirondelles du Pont-
Neuf.
Dans la pièce des Bohé-
106
ESC
ESP
miens de Paris, Golbnm
chantait :
Sur mon dos comme un limaçon,
Portant mon bagage.
Mon mobilier et ma maison.
(Argot du peuple).
ESCARGOT : Casquette que
portaient les souteneurs
avant la david, laquelle
fut à son tour détrônée
par la casquette à trois
ponts (Argot des soute-
neurs). N-
ESCARGOT D'HIVER : Vieil-
lard impuissant.
L'allusion est on ne peut
mieux trouvée.
Comme l'escargot il ren-
tre dans sa coquille (Argot
du peuple) . N.
ESCARPE : Voleur, assassin.
A. Delvau pense que cette
exprer.sioH vient de scar'p
mot allemand qui signifie
instrument tranchant et
aigu ou bien du couteau
d'escalpe {du scalp des sau-
vages).
C'est aller chercher bien
loin une étymologie bien
simple .
Les voleurs et les assas-
sins travaillent dans des en-
droits isolés, escarpés (Ar-
got des voleurs).
ESCARPER UN ZIGUE A
LA CAPAHUT : Assassi-
ner un complice pour lui
voler sa part de butin.
wSjr les deux mots il y
en a un de trop, capahut
co.nme escarpe voulant dire
assassin (Argot des voleurs).
N.
ESCOFFIER : Rlesser ou tuer
quelqu'un.
Se dit également au point
vue moral.
— Je l'ai rudement es-
coffié dans l'estime de ses
amis (Argot du peuple).
ESCOLE : Trois francs (Ar-
got des voleurs).
ESCLOTS : Sabots (Argot
des voleurs).
ESCRACIIE : Passeport, pa-
pier. Z. L.
Escrache veut dire vo-
leur ; c'est le synonyme d'es-
carpe et de fripotdlle (Ar-
got du peuple) iV
ESGOURDES ou ESGOUR-
NES : a-eilles.
Quand elles sont déme-
surées on dit : Ah ! quelles
feuilles de chou.
On dit également : plat
a harhe.
Les voleurs disent: cli-
quettes.
ESPATROUILLANT : Cette
expression est employée pour
exprimer le comble de l'ad-
miration.
C'est le mot épaté al-
ESS
ETO
107
longé (Argot du peuple).
i:SQUINE : Le temps (Argot
des voleurs). V. Boilard.
ESQUINTÉ : Fatigué, moulu,
rompu.
L'ouvrier qui iravaille
mal esquinte son ouvrage.
Quand deux individus se
battent, le plus fort esquinté
son adversaire.
Dans une polémique, on
esquinte son contradicteur
pour avoir raison (Argot du
peuple).
ESTAFFIOUouESTAFFION :
Chat.
Estaffiou veut dire aussi
./lie, bal "
voleurs).
ESTAMPER : Tromper quel-
qu'un.
Emprunter de l'argent
sens le rendre, c'est estam-
per le prêteur.
Allusion au balancier de
machine qui frappe.
L'estampeur tape (Ar-
got du peuple).
ESTAMPEUR. Y. Estamper.
ESTOURBIR : Tuer un in-
dividu par surprise (Ar-
got des voleurs).
ESSENCE DE CHAUSSET-
TES : Sueur des pieds (Ar-
got du peuple).
ÉTALER SA BIDOCHE : Se
décolleter par en haut.
Raccourcir ses jupes par
en bas.
Mot à mot : étaler sa
viande.
Les fdles appellent cette
manière de s'habiller ou
plutôt de se déshabiller Vé-
loqiienee de la chair car
elles ne pratiquent pas le
proverbe : A bon vin pas
d'enseigne (Argot du peu-
ple). N.
ETEIGNOIR : Cafard qui
éteint l'intelligence des en-
fants qu'il est chargé d'ins-
truire.
Eteignoir : individu mo-
rose qui éteint toute gaieté
dans une réunion.
Eteignoir : nez monu-
mental.
— Dérange donc ton nez
que je voie la tour Eifl'el
(Argot du peuple).
ÉTOUFFER : Du vieux mot
estou/fer, prendre, cacher,
faire disparaître (Argot du
peuple). V. É touffeur. ■
ETOUFFEUR : On étouffe
une affaire, un scandale.
Un libraire étouffe un
livre qu'il ne sait pas lancer.
Le caissier qui vole son
patron étouffé la monnaie.
C'est surtout dans les
cercles que les croupiers
étouffent les jetons.
On et ou ffenw perroquet.
108
ETT
EXP
Fiou/fer^en un mot, est
le synonyme de voler (Ar-
got du peuple).
ËTOUFFOIR : Agence d'af-
faires ou de renseignements
(Argot des voleurs). iV.
ÊTRE CHARGÉ A CUL :
Être saoul comme la bour-
rique à Robespierre.
Allusion à une voiture
chargée à cul qui ne peut
avancer ; l'ivrogne fait de
même (Argot du peuple).
ÊTRE EN FINE PÉGRAINE :
Être sur le point de mourir.
— Le raticlion vient d'être
epp'éné au castir, pour
l'aire avaler le père la Tuile
au frisé, il va tourner de
l'œil (Argot des voleurs).
ET TA SOEUR? Façon iro-
nique de répondre à une
question ennuyeuse.
Il arrive fréquemment que
la réponse est raide.
— Et ta sœuri
— Elle est à Saint-La-
zare qui bat du beurre;
quand elle battra de la
merde la crème sera pour
toi.
— Et ta sœur^
• — Elle est couverte d'ar-
doises, les crapauds ne mon-
tent pas dessus.
— Et ta sœur}
— Elle est à Saint-La-
zare qui fait de la charpie
pour la tienne.
— Et ta sœur}
— Elle est au Panthéon
qui prie le bon Dieu pour
que tu soies moins.. . melon.
On pourrait varier à l'in-
fini ces citations (Argot du
peuple). JSf.
ETUI : V. Cuir.
EUSTACIIE : Couteau (Ar-
got du peuple). V. Lingre.
EXPULSER UN LOCA-
TAIRE GÊNANT : Péter
(Argot du peuple).
PAC
FAI'
109
lABE : Poches (Argot des
voleurs). V. Fouilleuse.
FAIJRIQUÉ : Fait, cuit, pris.
Fabriquer quelqu'un : le
prentlre dans un piège sans
(pi'il s'en doute.
Fabriquer est synonyme
de voler (Argot du peuple).
N.
FACE : Argent.
Allusion à l'elligie des
pièces de monnaie.
— As-tu des faces, nous
irons voir jouer la misloque
(Argot des voleurs).
^\GTIONNAIRES (En rele-
ver un) :
Aux Halles, les porteurs
ne peuvent abandonner leur
poste tous à la fois pour
aller boire chez le marchand
de vin, ils laissent le verre
dt! chaque camarade au
comptoir, le bistro donne
un jeton\ quand le cama-
rade vient boire son verre,
il relève le factionnaire,
A la fin de la journée le
jeton souvent répété devient
une contremarque pour la
sorgue car la soulographie
est complète (Argot du peu-
ple). N.
FAFFES A L'ESTORGUE :
Faux papiers.
Il faut que les filles aient
vingt-et-un ans pour être
admises dans les maisons
de tolérance ; il existe des
4
110
FAF
FAI
fabriques de faux papiers
pour maquiller les étais
civils ; (l'uue brune on en
fait une blonde, d'une Mar-
seillaise on en fait une Lil-
loise (Argot des souteneurs).
y . Lopheur. N.
FAFIOT A PIPER : Mandat
d'amener délivré par le
juge d'instruction.
Ce sont les agents de hi
sûreté qui sont chargés du
mandat à prendre.
Mot à mot : fafiot, ])a-
pier; pipé, pris (Argot des
voleurs] .
FAFIOTS A PARER : Pa-
piers en règle.
Il est à remarquer qu'il
n'y a que les gens qui n'ont
pas la conscience nette qui
sont toujours munis des
meilleurs papiers (Argot
des voleurs).
FAFIOT SEC : Livret.
Fajiot à rouloiter :
l)apier pour circuler.
Fafiot à rouloiter :
papier à cigarettes.
Fafiot garaté : billet
de banque, quand c'était
M. Garât qui les signait.
Fafiot du Bourg ui-
gnon : quand il était signé
Soleil (Argot des voleurs).
V. Talbin d'altèipuc.
FAFIOTEUR : Ranquier.
Allusion aux billets d(
banque ou à ordre qu'il ma-
nie sans
voleurs).
FAFFLARDD'EMRALLACE:
Même signilication que fa-
fiot à piper (Argot des vo-
leurs) .
FAGOTS (En débiter) : Pas-
ser son temps à dire des
niaiseries, à raconter des
histoires de grand'mères
(Argot du peuple).
FAIBLARD : Un homme en
convalescence après une
longue maladie, est fai-
blard.
Un article de journal mat
conçu, mal écrit, sans con-
clusion, est faiblard.
Faiblard : synonyme de
rachitique.
On dit aussi quelquefois,
pourexprimer la même pen-
sée.
— C'est faiblot (Argot
du peuple). iV-
FAIRE ALLER EN RATEAU :
TrimJialler quelqu'un et le
remettre toujours au lejide-
main (Argot du peuple;.
FAIRE CHAPELLE : Il
existe une catégorie d'indi-
vidus certainement malades
du cerveau, car leur passion
idiote ne peut autrement
s'expliquer.
Ils s'arrêtent devant la
FAI
FAI
111
(It'vanliire des nia^^asiiis ou
Iravailloiit les jeunes lilles,
généralenjcnt des modistes,
ils enlr'ouvrent leur pale-
tot, en tenant un pan de
chaque main et font voir ce
(jue contient leur culotte
déboutonnée.
Ces cochons opèrent éga-
lement dans les jardins pu-
l'iics ou jouent les petites
lilles.
Ce n'est pas la police cor-
rectionnelle qu'il leur fau-
drait mais bien un cabanon
à Charenton.
On les nomme aussi des
exhibitio7i7iistes, de ce
(ju'ils font une exhibition
(Ai-got du peuple).
FAIRE CHAPELLE: Ecarter
les jambes et retrousser ses
jupes pour se chauffer de-
vant le feu.
Une accouplée se chauffe
(le cette manière, l'autre
(|ui la regarde lui dit :
— Fais -le assez cuire car
je ne l'aime pas saignant
•Argot des filles). N.
FAIIIE CHIBIS : S'enfuir
(Tune prison avec le con-
cours d'un camarade, sans
piévenir le gardien.
C'est briller la politesse
:tii directeur (Argot des vo-
li'urs).
FAIRE CUIRE SON HO-
MARD : Rougir subite-
ment.
Synonyme (k' piquer sou
fard (Ai-got du peuple).
FAIRE DES YEUX DE HA-
RENGS : Crever les yeux
à quelqu'un au moyen d'un
coup bien connu des vo-
leurs.
Allusion à l'œil vide du ha-
reng (piand il arrive des ports
de mer sur nos marchés
(Argot du peuple).
FAIRE DES PETITS PAINS :
Faire des manières.
Prendre des airs mysté-
rieux pour causer avec
quelqu'un, lui dire des
riens et avoir l'air de lui
parler de choses intéres-
santes.
Faire la cour à une
fenmie c'est faire des pe-
tits pains (Argot du
peuple] . A^.
FAIRE DU POTIN : Faire du
bruit, du tapage (Argot du
peuple).
FAIRE ÉTERNUER SON
CYCLOPE : Inscrire cent
sous sur son carnet de dé-
penses sous cette rubrique
significative ;
On n'est pas de bois !
(Argot du peuple). iV.
FAIRE FAUX-BOND A L'F%
CHÉANCE :
Manquer à un rendez-
vous, ne pas payer une
traite (Argot du peuple).
112
FAI
FAI
FAIRE L'EGARD : Gyrder la
part d'un vol qui revient à
un complice.
Ce derrait être plutôt
faire V écart, à moins que
ce ne soit pris dans le sens
de manquer d'égard en ne
partageant pas (Argot des
voleurs).
FAIRE DE L'IIARMONE :
Parler bruyamment dans un
lieu public.
Abréviation d'harmonie
(Argot du peuple).
FAIRE LA GRANDE SOU-
LASSE : Assassiner tous
les habitants d'une maison
(Argot des voleurs) .
FAIRE LA NIQUE : Se mo-
querde quelqu'un au moyen
d'un geste familier aux
voyous (Argot du peuple).
^^ Battre ïine hasane.
FAIRE LA PAIRE (Sej : Se
sauver à toutes jambes.
Ou dit aussi : se tirer
des deux (Argot du peu-
ple).
FAIRE LA SOURIS : Fille
qui vole son client pendant
qu'il dort.
Albert Glatigny a dit à
ce sujet :
En robes plus ou moins poni-
I peuses,
Elles vont comme des soaris.
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.
(Argot des fdles).
FAIRE LE JACQUES : Faii.
l'imbécile.
On .fait le Jacques au-
près d'une femme pendant
qu'elle est la maîtresse d'un
autre (Argot du peuple). A'.
FAIRE LE LÉZARD : Ralii.'
sa flemme sur l'iierbe, le
ventre au soleil.
On dit aussi : manger
une soupe à l'herbe (Ar-
got du peuple), V. Zou-
peur.
FAIRE LE POIREAU : At-
tendre longtemps quelqu' ui i .
si la personne ne vient pas.
celui qiii attend est planté
là pour reverdir.
On dit aussi : poiroter.
Synonyme de : Attends-
moi sous Vorme (Argot du
peuple).
FAIRE NONNE : Se rendre
le complice d'un vol pré-
paré de longue main par 1('
nonneur lui-même (Argot
des voleurs).
FAIRE SA GUEULE : Fain
une figure renfrognée.
l]tre mécontent sans en
rien dire (Argot du peuple).
N.
FAIRE SA MERDE : Faiseur
d'embarras.
Les gascons ont ce pri-
vilège (Argot du peuple».
FAIRE SA POIRE : Ne ja-
FAI
FAX
113
mais rien Irouver de bien ;
s'iniaginer êlre au-dessns
(le tout et de tous (Argot
du peuple). I^.
FAIRE SA SOPHIE : Faire
le dt^'oùlé, h table ne man-
^'t'r ([ue du bout des lèvres.
Mot à n«ot : faire des
manières.
Synonyme de chipie ( Ar-
i;ol du peuple). i\^.
I VIHE SES ORGES : Grat-
Irr.
Faire danser /'anse du
panier.
Engraisser ses poches
aux dépens de celles des
autres (Arçot du peuple).
FAIRE SON BEURRE a la
même signilication.
I AIRE SUER : Faire suer
une atl'aire, lui laire rendre
liinpossible.
Faire suer, expression
employée par les cuisiniers
pour faire revenir certaines
viandes très légèrement
dans la casserole.
Dire à quelqu'un : Vous
me faites suer, signilie :
VoîiS m'embêtez f Ai^ot du
peuple; .
FAIRE SUER LE CIIÈNE :
Tuer un homme (Argot des
voleurs).
FAIRE SUISSE : Ouvrier
qui boit seul et ne frater-
nise jamais avec ses cama-
rades (Argot du peuple).
Y. Oitrs.
FAIRE UN HOMME : Action
de tecer au bal ou ailleurs
un individu à la recherche
(Vime bonne ou d'une mau-
vaise fortune, i\ l'heure, à
la course ou à la nuit (Ar-
got des filles).
FAIRE UN RKIOLO : Vol
identique h celui (pie l'on
nomme V embrassade.
L'homme volé n'a guère
envie (h7'igo/eroi ne trouve
[)as rif/o/o le vol dont il est
victime (Ai^got des voleurs).
FAIRE UN TROU DANS LA
LUNE : Faire banqueroute
(Argot du peuple).
FALOURDE ENGOURDIE :
Un cadavre.
Allusion à la rigidité
(Argot du peuple).
FANAL : La gorge.
— Viens -tu nous arroser
le fanal.
1/ivrogne, en buvant son
premier verre de vin, s'é-
crie:
— Place- toi bien, mon
vieux, il y aura foule ce
soir (Argot du peuple). ]V.
FALZAR : Pantalon (Argot
des voleurs).
FANANDEL : Ami.
Expression usitée dans
les prisons (Argot des vo-
leurs).
114
FAR
FAU
FANEE : Tabatière (Argot
des voleurs).
FANTABOCIIE : Fantassin
(Argot du peuple).
FANTAISIE SUR LA TRIN-
CLE : V. Bataille des
Jésuites. N.
FARAUDENE : Madame (Ar-
got des voleurs) .
FARAUDEC : Mademoiselle.
Ce mot vient àa faraude ;
c'est un simple changement
de finale (Argot des vo-
leurs).
FARCHER DANS LE PONT :
Tomber dans un piège
tendu par les agents (Ar-
got des voleurs).
FARFOUILLARD pour FAR-
FOUILLEUR : Individu
obstiné et méticuleux qui
cherche sans cesse ce qu'il
ne trouve jamais, excepté
(juand il farfouille les po-
ches d'un homme cossu.
On dit également ; il cherche
la petite-bête. (Argot du
})euple).
FARFOUILLER DANS SES
ESGOURDES (Se) : Net-
toyer ses oreilles pour en
enlever les mucosités (Ar-
got du peuple).
FARGUER : Rougir (Argot
des voleurs).
FARIDONDAINE (Étreà la) :
Être dans la purée la plus
complète.
Par abréviation, on dit
être à la faridon (Argot
du peuple).
FAUCHANTS : Les ciseauv
(Argot des voleurs).
FAUCHÉ : Guillotiné.
Par allusion au supplicié
qui est sans tête, on dit
d'un homme sans le sou,
qui n'a pas de faces dans
ses poches :
— Il est fauché (Argot
des voleurs).
FAUCIIE-ARDENTS : Los
mouchettes.
Les mouchettes cou-
pent, en effet, la mèche de
la chandelle (Argot des vo-
leurs) .
FAUCIIEMANN : Fauche.
— Je suis fauchemauii
(Argot des souteneurs). A'.
FAUCHEUR : Le bournmi
(Argot des voleurs).
FAUX-BLAZE : Donner un
faux numéro (Argot des vo-
leurs).
FAUSSE COUCHE : Homme
petit, chétif, qui n'a pas
été terminé.
Terme de mépris em-
ployé dans les ateliers (Ar-
got du peuple). V. Avor-
ton.
FEN
FER
115
I
! AUVKTTEATÉTENOIRK :
Gendarme.
Allusion au chapeau bi-
corne (Arj^ot des voleurs).
V. Hirondelle de Potence.
; !':r: atx yeux verts
(La) : Absinthe.
Klle charme les buveurs,
(|ni ne savent se soustraire
à son inllu
boulevard).
KEICNANT : Propre à rien.
Lâche, poltron, paresseux.
Ucscends-donc deton cheval,
I eh! feignant!
Apostrophe d'im voyou
charitable à Henri IV sur
le Pont-Neuf pour lui offrir
un canon.
On dit également fei-
gnasse (Argot du peuple).
VVAA\ : Toqué, un peu fou.
— Il a le coco fêlé.
Allusion à une marmite
fêlée, elle fuit; par la fê-
lure de la tête, la mé-
moire s'en va (Argot du
|)euple).
FENDRE A S'ËCORCÏIER
(Se) : Dépenser tout son
argent sans profit.
— Albîis fends - toi
d'une tournée (Argot du
peuple).
1 I:NDRE L'ARCHE : Quand
un homme pressé marche
vile, les vovous lui crient :
— Prends garde, tu vas
te fendre f arche.
Couper une carte de son
adversaire, c'est lui fendre
r arche (Argot du peuple).
FEiNDRE L'OREILLE : Mise
à la retraite de quelqu'un,
lùnctionnaire, ofiicier ou
employé avant l'âge révolu.
— Sacré nom de Dieu,
les cochons m'ont fendu
r oreille : J'ai pourtant en-
core du sang.
Allusion à la coutume de
fendre l'oreille aux che-
vaux mis à la réforme (Ar-
got des troupiers).
FENÊTRE : V. Carreau.
FERLAMPIER : Homme à
qui tous les métiers sont
bons.
Mendiant, voleur, sou-
teneur (Argot des vo-
' leurs).
FERME ÇA : Ferme ta bouche
(Argot du peuple).
FERMÉ SON VASISTAS
(Avoir) : Mourir (Ai'got du
peuple).
FERRÉ A GLACE : Sachant
parfaitement ce qu'il doit
savoir. A. D.
Dans le peuple, cette ex-
expression signifie être
affranchi, ne rien craindre.
C'est la conséquence d'un
vieux proverbe :
116
FEU
FIG
— Il est ferré à glace.
il ne craint ni putain ni
garce (Argot du peuple). A^.
FERTANCE ou FERTILLE :
\a\ paille.
— Dans mon garno à
quatre ronds la sorgue^ y
a (les pégoces dans la fer-
tance (Argot des voleurs).
FESTILLANTE : La queue
du chien ; il la remue pour
témoigner sa joie à son
maître.
Elle frétille.
Festillante est la cor-
ruption de frétillante (Ar-
got des voleurs).
FESTONNER : Puchard qui
ne lient pas sur ses jambes.
Il festonne en marchant
pour essayer de maintenir
son équilibre (Argot du
peuple).
FESSER LA MESSE : Prêtre
qui expédie à la vapeur une
messe d'enterrement de
dernière classe.
— Le ratichon a fessé
sa messe en xîinq secs (Ar-
got du peuple).
FEUILLES DE CHOUX :
Oreilles (Argot du peuple).
V. Es gourdes.
FEUILLE DE CHOU : Mau-
vais journal qui ne se vend
qu'au poids (Argot d'im-
primerie).
FICELÉ : Se dit de quelqu'un
bien habillé, tiré à quatre
épingles (Argot du peuple i.
FICELEUSE : La ceinture
(Argot du peuple). V. An-
guille.
FICELLE : Être ficelle, ma-
lin, rusé, employer toutes
sortes déficelles pour réus-
sir dans une affaire.
— Je la connais, vous
• êtes trop ficelle pour ma
cuisine.
— Vous ne me trompe-
rez pas, je vois la ficelle
(Argot du peuple).
FIÈVRE CÉRÉBRALE :
Condamné à mort.
Il meurt en effet subite-
ment (Argot des voleurs).
FIGNE : Le ^odex (Argot
des voleurs).
FIGNOL : Joli (Argot des vo-
leurs).
FIGNOLER : Polir une pit.N»
d'ouvrage, l'achever avec
un soin tout particulier
(Argot du peuple).
FIGNOTON : Derrière (Argoi
du peuple). N.
FIGURE DE CAMPAGNE :
Faire ses nécessités en
plein air.
On comprend quelle fi-
gure est au vent (Argot du
peuple).
FIG
Fir.
117
L
FIGURANTS DU SALON :
('orlaines maîtresses de
luaisons de lolérance pour
l'aire croire à une clienlèle
choisie, paient clKupie soir
[)lusieurs individus (jui jigu-
rent au Salon.
Rue Sainte- Âppoline,
une de ces maisons eut
pour figurants pendant
plusieurs années deux ac-
teurs devenus très célè-
bres (4i^ot du peuple). N.
FIGURE A CLAQUES : Yi-
saiïe ingrat, pas précisé-
ment laid, mais antipalhi-
({ue de prime abord.
Dans le peuple, tout in-
dividu qui ne vous regarde
l)as en face, franchement,
comme on dit Tœil dans
l'œil, est une figure à cla-
ques.
— Tiens, Va me dégoûtes,
ta gueule appelle la claque
(Argot du peuple).
FIGURE D'ECUMOIRE :
Homme affreusement grêlé
(Argot du peuple). V. Poêle
à marrons.
FK.URE DE PAPIER M ACIIÉ
Personne sans couleur, aux
joues creuses et à visage
pâle.
Le peuple, sans pitié,
ne manque jamais d'em-
ployer eelteexpression pour
un malheureux qui meurt
de consomption.
— Il ne tient pas debout
avec sa figure de papier
mâché (Argot du peuple).
FIL A LA PATTE (En avoir
un) : Etre gêné par quel-
qu'un.
Être entravé dans ses
affaires, n'avoir pas ses
coudées franches.
Une femme crampon est
un rude fil à la patte (Ar-
got du peuple).
FIL A RETORDRE (Avoir
du) : Peiner pour réussir
une affaire.
Essayer de convenir un
incrédule.
— Pas moyen de venir
à bout de celte mauvaise
tète d'Alfred. En voilà un
enfant qui m'a donné du
fil à retordre (Argot du
peuple) .
FILATURE : Terme employé
par les agents de la sûreté
pour indiquer qu'ils filent
un voleur (Argot des vo-
leurs).
FIL DE SOIE : Filou, vo-
leur (Argot du peuple).
FIL EN QUATRE : Eau-de-
vie supérieure (Argot du
peuple).
FILER : Suivre.
Pour organiser une fila-
ture, les agents se mettent
deux, l'un devant le filé,
4.
118
FIL
FLA
l'autre derrière, de façon
à ce qu'il ne puisse échap-
per.
Il y a des filatures qui
sonl extrêmement mouve-
mentées, c'est une véritable
chasse où toutes les ruses
sont mises en œuvre.
Le gibier cherche toutes
les occasions de se dérober
pour éviter le sapement
(Argot des voleurs).
FILER LA COMÈTE : Mal-
heureux qui n'a pas de do-
micile et qui marche toute
la nuit pour éviter d'être
emballé par les agents.
Quand il n'y a pas de
comète il file^ les étoiles
quand il n'est pas filé lui-
même (Argot du peuple).
FILER UN SINVE : Filer,
suivre, sinve, homme fa-
cile à duper.
Mot à mot : le filer jus-
qu'au moment favorable pour
le dévaliser sans danger
(Argot des voleurs).
FILOCHE : Bourse.
Avoir sa floche à jeun,
c'est être sans le sou (Ar-
got du peuple).
FINIR EN QUEUE DE
POISSON : Chose qui
commence bien et finit mal
ou pas du tout.
Un livre qui commence
en empoignant ses lecteurs
et se termine bêtement,
c'est finir en queue de
poisson (Argot du peuple;.
FLAC D'AL : Sacoche à ar-
gent.
Flac sac, dal argent :
abréviation A'altèque.
Pour flaquer, on dit
anssi je vais à flacdal (Ar-
got du peuple).
FLAGORNER : Flatter quel-
qu'un bassement.
Trouver une croûte, une
œuvre de maître.
Comparer un mauvais
vaudevilliste à Molière ou à
Legouvé.
Mol à mot : prodiguer
des éloges tarifés ou inté-
ressés (Argot du peuple).
FLAGORNEUR : Flatteur,
Race assez commune. Il
y en a toujours au moins un
dans un atelier.
Le flagorneur descend
sans vergogne au rôle de
mouchard (Argot du peuple).
FLAMAND : Amis (Argot des
voleurs). V. Aminche.
FLAMBEAU (En avoir un) :
— Je connais le flam-
beau, c'est-à-dire je con-
nais la chose.
Faire une belle. invention
c'est avoir un chouette
flambeau.
— Tu ne me monteras
pas le coup, mon vieux, je
sais ou est le flambeau.
FLA
FLI
119
Être très habile dans un
métier c'est avoir le flam-
beau
Flambeau, dans le peu-
ple, veut dire être supé-
rieur aux gens de sa pro-
fession.
Francisque Sarcey, Bou-
guereau, Ambroise Tlion^as,
Clovis Hugues, sont des
flambeaux.
Emile de Cirardin, Victor
llui^o, Lamartine, Diaz,
etc., étaient des flambeaux
(Argot du p(Miple). N-
FLANCHER : Avoir peur (Ar-
got du peuple).
KLÂXCIlEïl : Jouer sur les
places publiques au bou-
rhon {radin) on à V anglaise
I iiionac).
En général de tous jeux
on dit flancher (Argoi du
peuple) .
FLANXIIEÏ : Pari de vol.
Lot qui échoit à un bro-
canteur.
Morceau de viande qui
lorme la poinle dans l'in-
térieur du bœuf (Divers ar-
gots).
FLANCIIEUR : Qui flanche
(Argot du peuple).
FLANELLE (Faire) : Entrer
dans une maison de tolé-
rance, peloter le personnel
-ans consommer (Argot des
>()Uteneurs).
FLAQUER : V. Déballer.
FLAQUET : L'endroit ou le
dos change de nom.
Dans le peuple on ne
l)rend pas de mitaine pour
donner au flaque t son vrai
nom (Argot du peuple).
FLEMME : Maladie que la
plupart des ouvriers ont les
lundis.
Ondil : battre une flemme.
Bien souvent la flemme, la
I flemme.
Bien souvent la flemme me
I prend.
En hiver comme en été,
Elle ne m'a jamais quitté.
(Arçotdu peuple).
FLEURE-FESSES : Homme
qui moucharde ses compa-
gnons d'alelier et est sans
cesse derrière le patron
(Argot du peuple). \. Lèche-
cul.
FLEUR DE SACRISTIE :
Calotin qui fréquente les
églises sans en croire un
mot.
C'est un commerce comme
un autre.
On dit aussi : o^at de
sacristie (Argot du peu-
ple). iV.
FLIQUE ou FLICK: Sergent
de ville (Argot du peuple).
V. Bec de gaz.
FLIC A DARD : Sergent de
ville.
Allusion à ce que dans
120
FLO
FLO
les manifestations, ils met-
tent sabre au clair, ils lar-
dent les manifestants.
Dans le peuple, le mot
est soudé, on dit flicadard
(Argot du peuple). N.
FLINGOT : Fusil (Argot des
troupiers). V. Boltoche.
FLOME : Femme.
Cette expression est nou-
velle dans les faubyurgs.
D'où vient-elle ?
Probablement de ce que
les iemmes d'ouvriers, pen-
dant que leurs maris tra-
vaillent, flentmcnt chez les
voisines.
Fl(jme e^iune corruption
de flemme, comme flem-
mard pour paresseux, et
une adjonction de finale à
flemme (Argot du peuple).
FLOPPÉE : En donner une
ou la recevoir.
Être battu ou battre vio-
lemment.
Quand la marmite du
souteneur ne rapporte pas,
elle reçoit une floppée.
Allusion au cordonnier
qui bat son cuir pour l'as-
souplir : il le floppe (Argot
des souteneurs).
Fr.OTTE : Eau.
La rivière flotte.
On dit d'une personne
mince dans des vêtements
trop larges :
— Ses membres flottent .
Toute la flotte (l'ate-
lier en entier) a été manger
une friture.
Nous étions une flotte
pour nous étions un tas
(Argot du peuple). N.
FLOTTANT : Bal où se réu-
nissent les souteneurs du
quartier.
Toute la flotte s'y donne
rendez- vous.
Les souteneurs n'ont pas
de préjugés, une expression
même injurieuse glisse sur
les oreilles de ces messieurs.
Ils savent très bien que
le mot flottant vient de
flotte, eau, or les poissons
sont dans leur élément (Ar-
got des souteneurs). iV.
FLOUMANN : Floueur, lilou.
Mann, en allemand veut
dire homme. Mot à mol,
en retournant la finale,
cela fait homme floueur.
Etre floué, est synonyme
d'être trompé.
Ainsi, un homme épouse
une femme qu'il croyait
vierge, elle sort de la ma-
ternité.
— Il est floué {kr^o{ du
peuple). N.
FLOUPLN : Diminutif de
flomnann, comme pégriot
l'est àa pègre.
Un floupin est un petit
filou qui travaille dans les
bas prix.
FOI
FOR
121
— Il vole un niouelioir ;
le floitmann vole des mil-
lions (Ai'gol (lu peuple).. V.
I IX>rT!i:i{K: Hien.
Au XVI*^ siècle on cri ti-
quait les aiehi-suppôts
chaînés de réformer le lan-
i^age (l'argot) en usage dans
les iours des Miracles ; on
(lisait d'eux... sans ficher
flontière .
l.e mot est resté en
usage (Argot du peuple).
KLITES : Jambes.
On dit d'une femme mai-
gre : Elle a volé les flûtes
du boulanger.
FliUe, synonyme de zut
(Je ne veux ])as) (Argot du
peuple) .
I-Ll TENCUL : Pbarmacien.
Bonjour Mam'/.elleZirzabelle
J'vous apporte uup"tit lave-
I ment,
Ça Vous r'I'ra le tempérament.
Allons, tournez-vuus, mam'
i zelle.
Fi! Monsieur, pas tant
l d'raideur,
(Jar jamais apothicaire
Ne verra c'que par pudeur
Je n'fais voir qu'à ma chère
I mèrr-!
(Argot du peuple).
I ï IJXION DE PAVÉS : Po-
ebard qui tombe et s'abime
la ligure : elle enlle comme
s'il avait mal aux di^nts.
De là Fexpression (Ar-
got du peuple).
FOIHE D'EMPOIGNE : Vo-
ler à la force du poignet
(Argot des voleurs).
EOIUEUX : Poltron.
On dit aussi : foirejtx
comme un geai.
L'ami Mac-Nab nous a
laissé une cbanson connue,
à ce sujet :
Il reste les Napoléon,
Des mulfs qu'a toujours la
I colique
Et qui foire dans ses pan-
I talons
Pour em... bèter la Répu-
1 blique.
Allusion à la fuite de
Craint-plomb, pendant la
guerre de Crimée (Ai^got du
peuple).
FOIRON : Le derrière (Ar-
got du i)euple).
FOND DE PECHE : Le nom-
bril (Argot des voleurs). A^
FONDRIÈRES : Les poches.
Allusion à leur profon-
deur (Argot du peuple).
FORTANCHE : Fortune.
C'est un chang(Mnent (h;
finale comme boutanche
pour boutique, dorancher
pour dorer, brodancher
pour broder, etc., etc.
— Turbiner, c'est bon
pour les pantes, j'ai fait
ma fortanche à la foire
d'empoigne (Argot des vo-
leurs). iV.
FORT EN GUEULE : Crier
beaucoup.
Les poissardes bavardes
122
FOU
FOU
et insolentes sont fortes en
gueule (Argot du peuple).
FOU : Marteau (Argot du
peuple). V. Balançon.
i GUETTER DU BEC : Avoir
une haleine fétide qui ex-
hale une odeur d'égout (Ar-
got du peuplej.
FOUILLE AU POT : Petit
cuisinier qui sert les ou-
vriers dans les gargotes.
— 11 fouille aiiyot pour
en retirer les légumes (Ar-
got du peuple).
FOUILLE MERDE : Tatillon
qui fourre son nez partout
(Argot du peuple).
FOUILLER (Tu peux te) : Tu
n'auras rien, ou il ne reste
rien (Argot du peuple).
FOriLLEUSES: Poches (Ar-
got du peuple).
FOUINETTE : Juge.
Diminutif de fouinard,
malin, rusé, chercheur (Ar-
got des voleurs). V. Pal-
peur.
FOULER (Ne pas se) : : Ou-
vrier ou employé jamais
pressé, plus exact à la
soupe qu'au travail.
— Tu vas te fouler la
rate.
— Prends garde de te
casser.
Même signification (Argot
du peuple).
FOUR (En faire un) : Man-
quer une affaire (Argot du
peupl ).
FOURBI : Piège, malice. .1.
/>.
C'est une erreur. Cette
expression très usitée vient
du régiment, où le caporal
chargé de l'ordinaire gratte
sur la nourriture des lioni-
mes.
Fourhi signifie bénéfice
(Argot du peuple). i\^. "
FOURCHETTE : Voleur à la
tire.
Allusion à ce que les vo-
leurs qui ont cette spécia-
lité, ne se servent que des
deux doigts de la main
droite qui forment four-
chette pour extraire les
porte-monnaies des poches
des badauds (Argot des vo-
leurs). iY.
FOURGAT : Receleur qui
achète les objets volés (Ar-
got des voleurs). V. Meu-
nier.
FOURGUER : Vendre des
objets volés (Ai-got des vo-
leurs).
FOURLINES : Voleurs et
meurtriers à l'occasion (Ar-
got des voleurs).
FOURMILLON : Marché.
La foule fourmille : en-
droit propice pour les vo-
leurs.
— 11 y a un riche coup h
FOU
FRA
123
(aire sur la placarde du
fourmilion (Arçot des vo-
leurs).
FOURNAISE : On sait que
les mornifleurs-tarte sont
réunis en tierce i^^v trois).
Le rnornifleur, le faux
nionnayeur, le gaffe qui
délient la réserve des pièces
fausses, et l'émettenr qui
écoule les pièces chez les
commerçants.
L'émettenr se nomme la
fournaise.
L'allusion est juste, car
il est dans le feu, courant
à chaque minute le risque
d'élre pincé.
Mot à mot : il est dans
la gue%ile du loup (Argot
des voleurs). N.
KOURNE AU : Vagabond , men-
diant habitué du fourneau
de charité. Z. L.
Fourneau, signifie cré-
tin, imbécile.
Quand on imprime dans
les journaux que nos mi-
nistres et nos députés sont
des fourneaux ils ne sont
pas je pense habitués des
asiles de nuit (Argot du
peuple). N.
FOURNEAUTLN : Diminutif
de fourneau (Argot du
peuple). N.
FOURNITURE : Allusion aux
fines herbes que l'on met
dans la salade pour lui
donner du goût et la parer
(Argot du peuple). V. As
de pique.
FOURRACIION : Le lit (Ar-
got des voleurs). V. Jvge
de paix.
FOUTAISE : Rien.
— Tu m'offres cent sous
d'acomple sur mille francs
la 11 elle foutaise.
— Tu nous en raconte
des /b«^aî5^5. On dit aussi :
— . C'est de la fouterie
de pauvre (Argot du peu-
ple).
FOUTIMASSER : S'applatir
sur un ouvrage, le faire
traîner en longueur.
C'est une corruption de
deux mots accouplés foutîi,
mauvais, rnasseîtr. travail-
leur (Argot du peuple). N.
FRANC CARREAU : Quand
un prisonnier est incorri-
gible il est mis au cachot.
On lui enlève sa literie,
il couche alors sur le franc
carreau (Argot des voleurs).
N.
FRACASSÉ : Être vêtu d'un
habit, d'un frac.
C'est un mauvais calem-
bour.
— J'en ai du frac assez.
Il me rappelle la célè-
bre scie d'atelier sur le
mot Afrique :
— J'ai de la fricassée,
124
FRI
FRI
du fracandeau, de la fri-
pouille, de la friture,
etc., etc. (Argot des ate-
liers).
FRANC DE COLLIER: Che-
val qui remplit sa besogne
en conscience.
Homme franc , ouvert,
loyal.
—Il est franc du collier
(Argot du peuple). N.
FRANGIN : Frère (Ai^ot du
peuple).
FRANGINE : Sœur (Argot des
voleurs).
FRÈRE FRAPPART : Mar-
teau.
L'allusion est frappante
(Argot des forgerons). V.
Balançon.
FRÈRE JACQUES : Pince
(Argot des voleurs). V.
Monseigneur.
FPiÉROT DE LA CAQUE :
Filou (Argot des voleurs).
FRÉTILLON : Grisette chan-
tée par Réranger.
L'expression est heu-
reuse, rien de plus frétil-
lant en effet qu'une tille du
peuple qui s'a.nuse et aime
pour son compte (Argot des
bourgeois). V. Grisette.
FRIAUCIIE : V. Aller au
rebectaye .
FRIC-FRAC (Vol au).
Ainsi nommé à cause du
bruit que produit l'outil «*n
fracturant les portes (Ar-
got des voleurs).
FRICADIER : Un son.
C'était l'expression fi!-
vorile de Pradier, le cé-
lèbre bàtonniste qui tra-
vaillait devant l'Institut (sur
la place) (Argot du peuple i.
FRICASSÉE DE MUSEAU :
S'embrasser mutuellement.
Cela indique bien le frot-
tement de deux visages.
Mot à mol : s'embrasser
avec effusion (Argot du
peuple).
FRIMASSARD : Le froid (Ar-
got des voleurs). V. Frisbi.
FRIME : La figure.
Tomber en frime, se
rencontrer face à Aice avec
quelqu'un (Argot du peuple) .
FRIME (Pour la): Pour rien.
Faire semblant (Argot du
peuple).
Frimer : Faire de l'em-
barras.
— Il est bien mis, il
/>*/w(? (Argot du peuple).
FRIMOUSSE : Vieille ex-
pression qui veut dire vi-
sage.
On la trouve dans la
ffenriade travestie (Argot
du peuple).
FRINGUER : S'habiller.
FRI
F Ri:
i>:
Rabelais dans Panta-
gruel écrit fringuez (Ar-
got du peuple).
KlUPE : Nourriture.
— L'heure de la fripe
va sonner (Argot d'inipri-
merie^ .
, FRIPES : Mauvais vête-
ments que revendent les
fripiers sur le carreau du
' Temple (Argol du pouplo).
\? V. Loques.
FlîlPOUILLE : Rien de hou.
Dans le peuj)le, ipiand
on a dit d'un homme c'est
une fripouille, c'est tout
dire.
Fripouille est certaine-
ment une corruption de
friperie, donc ou avait
fait fripaille (Argot du
peuple).
FRIQFET: Mouchard, ^.i).
Z. L.
C'est une erreur, friquei
est un moineau, c'est une
variété du pierrot parisien,
l'eflronté gavroche de la
gent ailée (Argot du peu-
pie).
l RISBI : Froid.
Ou dit aussi : il fait
fridt, frisquet, et conuiie
superlatif :
— Nom de Dieu, que ça
pince il gèle à pierre feiite
(pour fendre) (Argot du
p«'nple>.
FRISE : Juif (Argot des vo-
leurs).
FRISER SON NAZ : Être
mécontent.
Friser son naz est une
variai! t(; de la vieille ex-
pression, même adressée à
un chauve :
— Ça te défrise, mon
vieux (Apgot du peuple). iV.
FROMGY : Fromage (Argot
du peuple).
FHOrrE-ROTTES : Domes-
li(pie (Argot du peuph'),
FROTTÉE : Recevoir une
bonne frottée ou la don-
ner.
Se battre (Argot du peu-
ple).
FROTTER : Faire la cour à
une lêmme.
— Elle est rien raide,
faut pas s'y frotter (Argot
du peuple). N.
FROTTIN : Billar<l.
— Yiens-tu faire une
partie de frottin^. (Argot du
peuple).
FROUSSàRI) : Individu (pn
a peur (Argot du peuple).
N.
FROUSSE : V. Taf.
FRUSQUES : Vêtements.
Pour indiquer des habits
126
FUM
FUN
en mauvais état, on dit des
frusques houlinées.
Quand ils sont tout à
fait eltilochés, on dit que
Ton pourrait y accrocher
toute une batterie de cui-
sine (Argot du peuple).
FUITE DE GAZ (En avoir
une) : Laisser échapper un
pet en sourdine ; si on ne
l'entend pas, on le sent.
Allusion à l'odeur insup-
portable du gaz, quand un
conduit est crevé (Argot
du peuple).
FUMER SANS TABAC : Être
lurieux, fumer de colère
(Argot du peuple). A'.
FUMER SES TERRES: Être
enterré dans sa propriété.
Épouser une fille riche
((uand on n'a pas le sou.
Déposer dans son jardin
ce que l'on dépose pour
trois sous dans un chàlel
de nécessité (Argot du peu-
ple). N.
FUMERONS : Les jambes.
— Il est à moitié décati,
il ne tient plus sur ses fu-
merons.
Pour exprimer la même
idée, on dit aussi :
— Il tremble sur ses
fils de fer (Argot du peu-
ple).
FUMERON : Calopin qui
fume dans la rue en allant
à l'école.
— Comment tu fumes
saie crapaud?
— Mais oui.
— Tu as raison les étrons
fument bien! (Argot du
peuple). N.
FUMIER DE LAPIN : Bon
à rien, individu inutile.
On dit aussi : il ne vaut
pas un 'pet de lapin (Ar-
got du peuple). N.
FUMISTE : Farceur, mysti-
ficateur, qui cherche toutes
les occasions possibles de
faire des blagues.
Les plus grands fumistes
des temps passés furent
Romieu et Sapeck.
Ils sont remplacés par
Lem ice- Terrieux .
A pro[)os de Sapeck dont
la réputation est encore
grande au quartier latin ; la
fameuse farce des bougies
coupées ne lui appartient
pas, elle fut faite quarante
ans avant lui. on la raconte
dans nue brochure intitulée :
Les mystères de la Tou,r
de N estes (Paris 183.*>).
(Argot du peuple). N-
FUNICULÉ (Être) : Refuser
de marcher ou de tra-
vailler.
Allusion au funiculaire
de Belleville, qui marche
quand il veut.
FUS
Fl'S
127
Funiculé remplace le
mot capricieux et modi-
fiera le dicton : capricieux
comme une jolie femme.
— Cette jolie femme est
funiculée (Argot du })eu-
j)le). N.
FUSAIN : Curé.
Allusion au vêlement
noir (Arçot du peuple).
FUSEAUX : Jambes minces
comme des baguettes de fu-
sil.
Dans le peuple, on dit :
Minces du bas, fines du
haut.
On dit également :
J[/îWC(? d'aiguilles à trico-
ler (Argot du peuple). N.
FUSEE (En lâclter une):
(Juand un ivrogne a Iroj)
bu, il soulage son estomac
en lâchant une fusée.
Allusion à ce que la dé-
jection retombe en gerbe.
Quand elles se suivent,
on dit dans le peuple :
— Quel riche feu d'arti-
lice, voilà le bouquet (Ar-
got du peuple).
FUSEU : Fusée d'un autre
genre qui ne s'envole pas
par le même côté.
— Où donc qu'il est, Du-
manet ?
— Il est en train de fu-
ser (Argot des troupiers).
FUSILLER : Donner un mau-
vais dîner. A. D.
Fusiller se dit des sol-
deurs (pli fusillent des
marchandises volées.
Ils les vendent à n'im-
porte quel prix.
On les nomme des fu-
silleurs (Argot des came-
lots). N.
128
GAG
TiAF
GABARI : Perdre au jeu, jar-
gon des ouvriers de fer.
i. L.
Le gahari est une pla-
que de tôle ou de zinc tail-
lée sur un modèle donné
pour que l'ouvrier mécani-
cien ou menuisier puisse
confectionner exactement sa
pièce.
Avant l'invention de la
machine à diviser, une roue
d'engrenage ne pouvait être
juste sans le secours du
gahari pour aligner les
dents (Argot des ouvriers).
N.
(.ACFIER DU GROS : Aller
pisser comme les poules.
Allusion aux maçons qui
mangent énormément et qui
font de même (Argot du
peuple).
GACHEUR : Le président de
la Cour d'assises.
Quand il condamne, il
gâche la vie des gens (Ar-
got des voleurs). i\^.
GADIN : Vieux chapeau. L. L.
Le gadhi est im bouchon .
Le jeu qui consiste à
abattre le bouchon chargé
de gros sous se nomme
gadiner.
n y a plus de cinquante
ans que cette expression
est populaire (Argot du
peuple). N.
GAFFE (En commettre une) :
Dire ou faire une bêtise.
(;a(
(iAM
14'J
parler trop et à côté (Arj^'ol
j;ol (lu peuple).
(iAFFE : Faire le guet pour
avertir des complices de
Tarrivée de la rousse ou des
j)assants qui pourraient les
déranger (Argot des vo-
leurs).
CAFFE DE SORGUE : (.ar-
dieii de marché ou surveil-
lant de maisons en cons-
truction.
Autrefois, c'étaient 'des
invalides qui remplissaient
ces fonctions (Argot des
voleurs).
tiAFFELR : Qui commet des
gaffes.
Il y en a de célèbres,
par exemple, dire au maî-
tre de la maison dans la-
quelle on est invité :
— Qui est donc cette
vilaine bossue qui fait tant
de grimaces.
— Monsieur, c'est ma
femme (Argot du peuj)le) .
CAGNER LE GROS LOT :
C'est assez extraordinaire
de ne pas mettre à une lo-
terie et d'avoir cette chan-
ce.
Ce gros lot se gagne sans
billet.
I.a garde qui veille aux barriè-
[res du Louvre
N'en défend pas les rois.
On dit aussi : je suis as-
saiso/uié (Argot du peu-
ple). V. Quinte, quatorze
et le point.
GAILLARDES : Joues (Argot
des voleurs). V. Jaffles.
GAJARD : Gros homme (Ar-
got des voleurs). N.
GALDELX : Avoir du galbe,
posséder un visage correct
et avenant.
On dit d'une jolie fille :
— Elle est galbeuse.
Au superlatif : elle est
truffée de galbe (Argot des
liUes).
GALETTE : Ai^'ent (Argot
du peuple). V. Aubert.
(iALOURET (En avoir) :
Posséder une belle voix ou
crier bien fort.
On dit d'un chanteur
émérite :
— Il a un rude galou-
bet.
GALTOUZE : Argent (Argot
du peuple). V. Aubert.
GALURIN : Chapeau.
On dit quand il a une
hauteur exagérée :
— Mince de galure
(Argot du peuple). Y.
Bloum .
GAMBETTES : Jambes.
— Elle est bien molle-
tonnée (montée en gam-
bettes) (Argot du peuple).
V. Brancards.
130
GAM
GAR
GAMBILLER : Danser.
Mot à mot : faire marcher
ses gambettes (Argot du
peuple).
GAMBILLEUPi: Danseur (Ar-
got du peuple).
GAMBIELEUR DE TOUR-
TOUSE : Danseur de corde.
Gamùii 1er, dnïi&er, tow'-
iouse, corde.
Cette expression servait
autrefois à désigner la cor-
de employée par le bour-
reau pour expédier ses
clients dans l'autre monde.
L'image est juste , le
i^.owàiimné gamhi'lle au bout
de la tourtouseJ^kY^aV des
voleurs).
(GAMELLES : Seins.
Les troupiers, dans les
jardins publics, se placent
de préférence sur les bancs,
à côté des nourrices qui
allaitent leurs nourrissons.
Ils se pourléchent les lè-
vres à la vue des nichons
blancs et volumineux.
— Mademoiselle, en voilà
un heureux gaillard de
manger à une pareille ga-
melle.
Quand il y en a pour un,
il y en a pour deusse.
Le camarade se penche :
« Il y en aurait bien pour
troisse » (Argot des trou-
piers). iV.
GAMELLE (En attacher une) :
Quitter une femme avec la-
quelle on est collé, sans la
prévenir.
Rendre son tablier sans
faire ses huit jours (Argot
du peuple).
GANGE : Bande.
Association de malfai-
teurs (Argot des. voleurs).
GANDIN D'ALTÈQUE :
Homme décoré d'un ruban
quelconque.
Homme portant une par-
ticule (Argot du peuple).
GANTS (Pour mes) : Pour-
boire sous quelque forme
que ce soit.
Cette expression, néan-
moins, est plus générale-
ment employée pour les
tilles qui réclament un sup-
plément au prix con verni.
Gant est synonyme d'r-
pingle (Argot des filles)
GANTER : Il ou elle me
gante.
Synonyme de chausse.
— Cethomme me gante,
il a une rude pointure.
Pas d'explications su-
perflues (Argot des filles).
GARÇON : Les hôtes habi-
tuels des prisons appellent
garçon un voleur.
Le garçon de campagne
est un vol ur de grand che-
min, qui a pour spécialité
(;ar
GAT
131
(le dévaliser les garnaff'es.
V. ce mol l'Argot «les vo-
lriii'>>.
CARDl': NATIONAL : l'a(itiel
(le couennes.
On dit aussi «tewi/d'épée,
Allusion à la forme (Argot
des charcutiers).
(VliDE NATIONALK (En
I Ire) : Fennne pour femme
Argot des filles). V. Ac-
■ouplées.
MIE A FAFFl.AUDS :
Uureau.
Allusion à Tutilité de ce
meuble pour garer ses pa-
piers.
Garer, seri-ei-, faf/lards
papiers (Argot des voleurs),
(VKER SON PITON : Mettre
-on nez à Tahri des coups
• pi'il pourrait r.'cevoir.
Cette précaution est né-
cessaire dans les quartiers
excentriques où les soute-
neurs mangent sans l'aire de
iaçon, le piton du bour-
geois qui n'apprécie pas les
charmes de leurs mar-
mites.
Avant l'annexion de la
banlieue à Paris, Belleville
et la Villette étaient renom-
més pour ce genre d'exer-
cice (Argot des soute-
neurs).
IGAMELLE : Le gosier.
C'est une très vieille
^jipression qui a été rem-
placée par celles plus mo-
dernes de dalle, sifflet
cmiloir (Arçot du peuple).
(JARCOINE : La bouche.
Par abréviation : la gar-
gue.
Quehpies - uns écrivent
gargouenne (Argot du
peuple). V. Affamée.
CARCOTER : Cuisinière qui
rate tous ses ragoûts.
Mot à mot : faire de la
mauvaise cuisine, de la
gargote.
Gargoter un travail ou
le savater, le gâcher en
mi mot (Argot du peuple).
C ARC LE : La bouche (Argot
du peuple).
CATE-SAUCE : Gar(.on pâ-
tissier. A. D.
Gàte-sauceno. s'emploie
pas exclusivement pour
désigner un garçon pâtis-
sier, cette expression s'ap-
plique à tous les métiers.
Dire à un mari qu'il est
cocu et troubler la félicité
des amants, c'est gâter la
sauce.
Quand un commissaire
de police tombe comme un
aréolithe au milieu d'un
tripot, la sauce est gâtée
pour les joueurs.
Dans le peuple, de tout,
ce qui va mal, la sauce
se gâte.
Le synonyme est : ça
132
G EN
(iJ-:R
tourne au vinaigre (Ar-
got du peuple).
GAULES DE SCriTAilI) :
Barreau de prison.
Gaule : allusion à la ri-
gidité du fer (Argot des
voleurs).
GAU PICANDI : Pou qui
pique.
Quand il j)rovoque des
démangeaisons trop vives,
({M^W jpique trop fort, comme
aux joiu's d'orages, par
exemple, pour s'en débar-
rasser on le tue ; cela s'ap-
pelle : basourdir un gau
(Argot du peuple).
GAVIOT : Le gosier.
Serrer le gaviot : faire
passer le goût du pain.
Mot à mot : étrangler un
individu (Argot du peuple).
V. Qîci-Qui.
GAYE : Cheval.
Quand le cheval est vi(
on dit qu'il est une rc
(Argot des maquignons).
GENDARME : Fer à repas-
ser.
Gendarme est le nom
du fiibricant le plus re-
nommé (Argot des blanchis-
seuses).
GÊNE : Malheureux momen-
tanément, embarrassé dans
ses affaires.
ieux
'osse
Gêné dans ses en tour-
nures : être habillé trop
étroitement.
GVw^f par quelqu'un : n'a-
voir pas ses coudées fran-
ches, être tenu en laisse.
Gêné : être mal à l'aise
dans un milieu auquel on
n'est pas habitué.
Dans le peuple, gêné a
une signification toute dif-
férente.
Quand une femme a un
amant, elle lui dit au mo-
ment psychologique :
— Fais comme mon
mari, gêne -toi (Argot
du peuple). N.
GÉNÉRAL PAYÉ : Les filles
publiques qui arpentent les
rues du malin au soir à la
recherche de clients sont
entretenues par ce général,
qui est souvent bien dur
pour elles.
L'allusion est claire (Ar-
got du peuple). N-
GERBE : Prison.
Gerbe : condamné.
Gerbe à vioc : être con-
damné aux travaux forcés
à perpétuité.
Gerbe à la passe : con-
damné à mort (Argot Ac^
voleurs).
GERBIER : président de la
Cour d'assises (Argot des
voleurs).
GIG
GIL
133
CKBCE : Feiiiine (Arj^ol du
peuple).
CKUMLNVSEll: Membre (l'un
cercle catholique qui cher-
che à pénélier dans un
centre ouvrier.
La conchunnation qui
frappa un personnage cé-
lèbre reconnu coupable d'un
délit, qui n'était assurément
([u'un acte de folie erotique
a donné uaissance à cette
expression devenue popu-
laire (Argot du peuple).
CIBKLOTTK DE (;OUT-
TIÈHE : Il existe des in-
dustriels qui, la nuit, vont
chasser les chais !
Ils les fourrent dans un
sac de toile, les dépouil-
lent, ])uis les vendent aux
restaui'aleurs de bas-étage
qui les transforment en
lapin sauté ou en lapin
chasseur.
Ils les préparent plus
parliculièrement en gibe-
lotte parce que le vin et les
épices atténuent un peu
l'odeur sauvage du chat-
lapin .
Dans les portions servies
au public, jamais il n'y a de
tète ; elle ferait reconnaître
facilement la nature du
lapin {kv^oi du peuple).
(ilGOLETTE : Fille des fau-
bourgs qui, à l'âge ou les
autres vont encore à l'école,
a déjà jeté son IrhuicI par
dessus la Tour Eillel.
La (jigolelte travaille
pour l'amour de l'art.
(iOnnmî elle fré<piente les
bals publics où elle yigotle
avec frénésie, l'expression
gigolette est indiquée (Ar-
got du peuple).
(iUîOLO : L'amoureux de la
gigolette. Un vieux re-
frain très po[)uIaire, dit :
Si tu veux être ma gigolette
Moi, je serai ton gigoio.
Gigolo s'aj)plique aussi
à un individu peu ainiable.
— Qu'est-ce qui nous
a foutu un gigolo aussi bas-
siiiant (pie toi (Argot du
peuple).
GKjOTS : Les cuisses.
— Mon cher elle a des
gigots épastrouillants ,
c'est de la bidoche première
catégorie (Argot du peuple).
V. Boudinots.
GIBIER DE POTENCE : Fi-
lou, voleur, souteneur ; tous •
ceux qui, en un' mot, se
mettent en dehors des lois
et sont justiciables de la
planche à pain ou du
carré des petites gerbes
(Argot du peuple).
GILET : La poitrine.
On dit d'une fenune qui
en possède une copieuse :
— La nature à rien été
134
GIR
GLA
généreuse, ])W^ àonc le
bath devant de gilet.
Oii dit également :
— Elle a un rude plas-
tron.
Cela a donné naissance
à un jeu de mois que les
farceurs ne manquent jamais
de faire. A Tépoque des
éleclions, ils arrêtent une
fille dans la rue et lui de-
mandent :
— Mademoiselle, pour
qui vos tétons'^
Une autre plaisanterie
est encore commune :
— Mademoiselle qu'avez-
vous donc dans votre cor-
set ?
— Du foin pour amuser
les ânes? (Argot du peuple).
N.
CINGLARD, GUINGLET ou
REGINGLARD : Petit vin
aigre, il faut se crampon-
ner à la table pour le boire.
Une vieille chanson dit :
C'est un nectar, un vrai chas-
I selas
Ça vous coupe la gueule à quinze
I pas.
Ce petit vin tire son nom
d'un clos très ancien qui
était situe sur les hauteurs
du Mesnil-Montant : il ap-
partenait au XVI'^ siècle à
un nommé Guinguet (Argot
du peuple). N'
GIROFLÉE A CINQ FEUIL-
LES : Gide.
Allusion aux cinq doigts
(Argot du peuple). V. Sal-
sifits.
GIROLLE : Soit, volontiers,
je marche.
Par abréviation on dit
simplement :
— Gy, mon ange (Argot
des voleurs).
GIRONDE : Relie fennue.
Le souteneur qui se la-
men le lorsqu'elle vieillit, lui
chante :
Dans ce temps-là t'étais rien
I gironde.
Maint'nant tu toquardes de la
I frime
T'es comme une planche tou-
j jours en bombe,
T'es même des mois sans chan-
I ger de lime.
(Argot des souteneurs).
GIVERNEUR : Vagabond ha-
bitué des refuges munici-
paux et de la bouchée de
pain.
Quand le giverneur ne
trouve ])as à coucher, il
file la comète (Argot des
voleurs) .
GLACE : Verre.
On dit également glacis.
— Allons-nous sucer un
glacis ? (Argot du peuple).
GLAVIOT : Crachat.
Un poitrinaire qin crac/ie
ses poumons lâche son gla-
viot.
Dans les ateliers, par
GLr
GNO
435
plaisanterie, on compte les
glaciots ; arrivés à onze,
les ouvriers, sans pitié, di-
sent an malheureux :
— Il n'en faut plus qu'un
pour faire la douzaine de
Portugaises.
Pas ragoûtant pour les
amateurs d'huîtres (Argot
du peuple). N.
GLlERrLe diable.
Quand quelqu'un vous
ciubèle par trop, on dit
(huis le peuple :
— Va-L'en aux cinq
icnis diables,
— Que le diable t'em-
porte.
— Que le diable te pa-
tafiole.
Dans le monde des pri-
sons on dit :
— Que le glier Venta le
en son patelin.
Patelin (l'enfer) , le
pays du diable (Argot des
voleurs).
GLISSER (Se laisser) : ^Mou-
rir (Argot du peuple).
GLOBE : La tête.
Allusion de forme (Argot
des voleurs).
t; LU AU I Lâcher son) : Débal-
ler.
Pisser son gluau : ac-
coucher.
Allusion à l'aspect gélati-
neux du nouveau-né (Argot
du peuple).
GLUAU (En poser un):
Quand les agents tendent
un piège pour prendre des
voleurs, ils posent un
gluau.
Allusion au chasseur qui
pose des gluaux dans les
arlires pour prendre les pe-
tits oiseaux.
— Ne va pas rôder avec
la fine, vous allez vous
faire poser un gluau.
Mot à mot : ne va pas
avec l"s autres, vous allez
vous faire mettre en prison
(Argot des voleurs).
GNIAF : Plusieurs degrés au-
dessous du savetier.
On apj)elle gniaf tout
individu qui gâte un ou-
vrage
Se conduire comme un
gniaf : commettre des
bassesses (Argot du peu-
pie).
(;MAFFERIE (En faire une):
Faire une malpropreté à un
camarade.
Mot à mot : se conduire
vis à vis de lui comme un
goujat.
GNIASou GNIASSE: Soi-
même.
— Pas mèche de me
gerber, il n'y a que 7iib sur
mon gniasse (Argot des
voleurs)
GNOLLE ou GNOLE : Imbé-
cile aussi niais qu'il est
possible de l'être,
13G
CxOR
GOR
— Si ton point de côté
savait que nous pagnotons
ensemble, il te carderait
le cuir.
— Y a pas de pet, il est
trop gnolle, il a de la
merde dans les chasses
(Argot du peuple).
GNON : Donner un coup ou
le recevoir.
— Ce pauvre Léon, il
est crapsé du gnon que
lui a foutu sa poi^ffiace
(Argot des souteneurs).
(;N0UGN01JTTE : Cette ex-
pression est employée par
les filles dont ce n'esl pas
la profession (Vaimer à
crédit.
Pas de galette, pas de
gnougnoutte.
L'expression est claire :
pas d'argent, pas de viande
(Argot des fdles).
GOBE MOUCIIP: : Planeur
(|ui s'arrête à chaque bou-
tique.
Allusion à ce qu'il bait/e
ébahi (Argot du peuple).
GOBE-SON : Le calice.
A l'élévation le prêtre
gobe son hostie (Argot des
voleurs). V. Baignoire à
J)ondieu.
GOBER : Aimer quelqu'un.
Gober : croire à quel-
cjue chose, même à une
chose fausse.
GOBER LA CHÈVRE : Être
furieux d'une chose qui va
de travers.
On dit aussi pour ex-
primer la même idée :
bouffer son bœuf
Ce que font souvent les
typographes quand les cas-
ses sont embrouillées et
que les lettres de différents
corps y sont mélangés.
Rs gobent aussi la chè-
vre quand un auteur méti-
culeux, qui ne connaît pas
le métier, se mêle de leur
donner des conseils (Argot
d'imprimerie). ,
GOBER la pilule.
Gober une aventure ex-
traordinaire.
Gober (se) : s'imaginer
valoir plus que les autres
(Argot du peuple).
GORET : Morceau de viande,
bœuf ou mouton entier.
— Je ne veux pas de
cette viande coupée, elle a
été tripotée.
— Je vais vous en cou-
per dans un gobet, répond
le boucher (Argot des bou-
chers).
GOBEÏTE: Gobelet de fer-
blanc qui mesure 33 centi-
litres.
Ce gobelet sert aux dé-
tenus dans les prisons pour
prendre une ration de vin
à la cantine où ils ont droit
GOD
GOl
137
c'est prendre une tournée
chez le marchand de vin
à trois (johetles par jour,
en payant, i)ien enlenihi.
Passer à la gohelte,
st prench'e
îz le marc!
(Argot des voleurs). N.
r.OBEUR : Individu qui avale
tout, même les bourdes les
plus impossibles (Argot du
peuple).
GODAILLER : Courir les ca-
barets.
Ce verbe est un souvenir
de l'occupation de Paris
par les Anglais, amateurs
de good aie. A. Z>.
Godailler est synonyme
d'èlre en 'patrouille et
aussi de flâner.
Manquer un travail, c'est
le fjodailler.
Godailler, c'est ne ja-
mais se trouver bien nulle
part.
— On n'en fera jamais
rien, c'est un mauvais ou-
vrier, il godaille sans
cesse (Argot du peuple). iV^.
GODAN (Donner dans le) :
Croire à un mensonge.
Synonyme de couper
dans le pont (Argot du
peuple).
GODAN (Le connaître) :
Éventer le mensonge et ne
pas se laisser tromper (Ar-
got du peuple).
GODETS: Les yeux (Argot
des vohîurs), V. Boule de
loto.
GODILLER : Se réjouir, être
content. A. D.
Godiller veut dire con-
voiter une fenmie.
Ce couplet de la célèbre
chanson d'Alphonse du
Gros Caillou me dispen-
sera d'explication :
Pourtant, des fois, fallait
I être solide
Le 15 août, Tète de l'empe-
I reur.
C'était chez nous tout rem-
I pli d'invalides,
De fantassins, de dragons,
I d'artilleurs,
Dame! Ce jour-là, ce que
I le soldat (^oc^/Y^e!
Eh bien tout ça sortait con-
. I tent de chez nous
r Godille vient du mot an-
cien gaudille (Argot du
peuple).
GODINETTE : Grisette.
Elle gode pour tous les
hommes (Argot du peuple).
GOGUENOT : Pot de cham-
bre.
Le locataire de la table
de nuit (Argot du peuple).
GOINFRE : Gourmand qui
mange à en crever.
On dit aussi : goulaffe
(Argot du peuple).
GOINFRE: Chantre.
Sans doute parce qu'ils
ouvrent, pour chanter, des
5
138
GOU
GOU
bouches aussi grandes que
des fours.
On y engamerait un
pain de deux livres (Argot
des voleurs). N.
GOLGOTHE : Martyr imagi-
naire.
Ceux qui sont atteints du
délire de la persécution gol-
gothent sans cesse (Argot
du peuple) .
GONCE, GONCIER : Bour-
geois facile à tromper (Argot
des voleurs).
GONDOLER (Se) : Se tordre
de rire.
Riro à s'en mordre l'œil.
C'est gondolant (Argot
du peuple). N-
GONGONNER : Terme em-
ployé dans les ménages
d'ouvriers lyonnais et aussi
par Gnaff'ron dans les Gui-
gnols :
— Ma vieille colombe
go7igonne toujours quand je
licàe une chopine.
— Tais-toi donc, vieux
g on g on.
Gongonner, synonyme
de bougonner et de o^on-
chonner (Argot du peuple).
N.
GOUALER : Chanter.
On se souvient de la
goualeuse des Mystères
de Paris.
La goualante signifiant
chanson, la chanter, goua-
1er, cela va de soi (Argot
du peuple).
GOUAPEUR : Individu qui
ne travaille jamais (Argot
du peuple). V. Loupeur.
GOUGNOTTE : Femme qui
déleste les hommes et qui
a des mœurs à part.
On dit aussi gousse (Ar-
got des filles). V. Accou-
plées.
GOULU : Dévorer ses ali-
ments (Argot du peuple).
V. Bajfrer.
GOUPINER : Voler.
On applique également
ce mot à quelqu'un de mal
babdlé.
—Est-il goiipinét (Argot
des voleurs).
GOUPINEURS : Voleurs qui
ont la spécialité de dévali-
ser les pochards qui s'en-
dorment sur la voie pu-
blique.
Ils goupinent les pro-
fondes (Argot des voleurs).
GOUPLL\E: Litre de vin.
— C'est pas malin que
nous étions chlasse ; à qua-
tre, nous avons étranglé
douze gouplines de gin-
glard à Charonne, au Pe-
tit Bonhomme qui chie
(Argot du peuple). N.
GRA
GRA
139
(iOURDE : Homme pàleux,
paysan mal dégrossi.
Au superhilif : crème
de gourde (Argot du peu-
ple).A^.
(iOURDIFFLOT : Petite
gourde (Argot du peuple).
(iOUREURS : Les goureiirs
sont des individus qui se
déguisent en marins étran-
gers venant des pays loin-
tains.
Ils offrent au public des
marchandises qu'ils ont soi-
disant rapportées de l'Inde
ou de la Perse, et qui pro-
viennent tout bonnement
d'un bazar quelconque (Ar-
got des voleurs).
(;0U\ ERNEMENT : Ëpée à
l'École Polytechnique. A.
J).
Gouvernement : La
femme dans les ménages
d'ouvriers.
— Mon vieux, pas Wî^c/^^
d'aller gouaper avec toi,
mon gouvernement est tel-
lement rosse que je serais
engtieiilé toute la semaine
(Argot du peuple). N.
GRAILLON : Cuisinière, la-
veuse de vaisselle.
Fille sale qui pue la
mauvaise graisse (Argot du
peuple).
(iRAILLONNEUSE : Ména-
gère qui va laver acciden-
tellement son linge au lavoir
(Argot des blanchisseuses).
V. Baquet.
GRAISSER : Je vais dégrais-
ser, te battre.
Graisser les poches de
quelqu'un: y mettre de l'ar-
gent.
Graisser sa femme : allu-
sion au graissage de l'es-
sieu pour que la voiture
roule mieux (Argotdes sou-
teneurs) .
GRAISSER LES ROTTES :
Mourir. L. L.
Graisser les hottes :
l'exlrème-onction.
Mot à mot : graisser les
hottes pour le voyage loin-
tain (Argot du peuple). N.
GRAND PRÉ (Le) : Ragne.
Les voleurs, autrefois,
appelaient ainsi Toulon et
Rrest ; depuis ils disent la
Nouvelle (Argot des vo-
leurs).
GRAND RESSORT : Le
cœur.
C'est en effet le grand
ressort de la vie.
Quand un individu meurt
on dit: le grand ressort
est cassé (Argot du peuple).
GRAS (Il y a) : Il y a beau-
coup d'argent.
— Nous pouvons net-
liO
GRA
GRE
loyer le gonce, il y a gras
flans sa cambrousse.
C'est de cette expression,
gras, qu'est née celle de
dégraisseur (le gai^-on de
banque), pour exprimer
qu'il enlève le gras (Argot
des voleurs). N-
GliAS DOUBLE: Ploml) (Ar-
got des voleurs). V. Li-
mousinier.
GRATIN : Il y a du gratin,
il y a de quoi.
Il est gratin : il est à la
mode.
Pour un homme du
monde, on dit : C'est un
homme du gratift.
On traduit dans le peu-
ple : persomia grata par
personne gratinée, àw gra-
tin.
Les moutards préfèrent
manger le gratin qui s'at-
tache à la casserole, quand
la mère prépare la bouillie
du petit frère (Argot du
peuple). N-
CHATOUILLE: La gale (Ar-
got du peuple). V. Char-
mante.
CHATTE-CUL : Vieille femme
repoussante, laide à faire
peur.
— Elle est laide comme
un cul gratté à deux
mains (Argot du peuple).
GRATTE-PAPIER : Employé
aux écritures (Argot du
peuple). V. Chieur d'en-
cre.
GRATTE (En faire) : Chiper
sa patronne en majorant les
achats (Argot du peuple).
V. Gratter.
GRATTER: Rattrequelqu'un.
— .levais \ç^ gratter.
Gratter : prendre, gra-
piller sur tout pour gros-
sir son lopin (Argot du
peuple).
GRATTER LA COUENNE
(Se faire) : Se faire raser
(Argot du peuple).
GREFFER : Attendre (Argot
des voleurs).
GREFFIER : Chat (Argot ihi
peuple).
GRÊLE : Patron.
II tombe souvent sur le
dos des ouvriers comme hi
grêle sur les vignes.
— Attention, gare la
g7'êle.
Signal pour prévenir les
camarades (Argot du peu-
ple). N.
GRELOT : La voix (Argot
du peuple). V. Affaler son
grelot.
GRENADIER : Pou énorme.
Allusion à l'expression
populaire qui dit d'un
(iH[
(;ri
141
(Mifanl poiiilU'ux : il a une
rude i^arnison.
Grenadier : pou d'élite.
(^ Argot du peu[)le).
GRENAFE : Grange.
Les Hiondiaiits qui voya-
i^^ent couchent <lans les yre-
?iafes.
Cela vient de ce que la
grange abrite les gre-
iiail/es (Argot des voleurs).
(.liENOUïLLE : Femme de
rien (Argot du peuple).
(.lUACIIES : Seaux qui
étaient dans les cellules des
|>risonniers et dans lesquels
ils faisaient leurs ordures.
Ce ferme était employé
dans les prisons vers 1790;
on le trouve dans un rap-
port sur la Conciergerie,
adressé au roi, qui voulait
détruire l'horrible infection
({ui empoisonnait les mal-
îieurcux (Argot des pri-
sons).
CIllB'LOGE : Individu qui se
plaint lorsqu'il est battu
Argot des voleurs).
(.HILLE : Une affaire est
(jrillée quand on n'en peut
plus rien tirer.
Un agent est grille quand
il est démasqué par ceux
qu'il est chaîné de pour-
suivre (Argot des voleurs).
V. BnMé,
GIÎIEEE (Jeter de la) : Ar-
rêter un ûidividu au nom
de la loi.
— 11 n'y a pas de grille
(il n'y a pas de danger) (Ar-
got du peuple).
GRILLEUSES DE BLANC :
Les repasseuses sont sou-
vent distraites par les pas-
sants qui admirent leurs
bras blancs ; alors, si le fer
est trop chaud, tant pis
pour la chemise elle est
grillée (Argot du peuple).
GRIMPANT: Pantalon (Argot
«lu peuple). Y. Falzar.
GRINCHE : Voler (Argot des
voleurs).
GRINClllSSEUR : Voleur
(Ai^ot des voleurs).
GRINCIIISSEUSE A LA MI-
TAINE : Voler avec les
pieds.
La voleuse laisse tomler
un objet qu'elle cache pres-
tement dans son soulier
sans empeigne (Argot des
voleurs).
GRINGALE : Pain (Argot des
voleurs). V. Bricheton.
GRINGALET : Mièvre, ma-
lingre, enfant pas réussi
(Argotdu peuple). V. Avor-
ton.
GRIPPARD et non Griffard:
142
GRI
GRO
Chat (Argot du peuple). V.
Greffier.
GRIPPE-SAUCISSES : Ap-
prenti qui va cherclier le
déjeuner des ouvriers et qui
en chemin égratigne un petit
morceau de chaque sau-
cisse (Argot du peuple] . A^.
GRIPPE-SOIIS : Avare qui
pousse sa passion jusqu'à se
relover la nuit pour mettre
un bouchon dans la douille
de son soufflet pour en éco-
nomiser le vent (Argot du
peuple). N'
GRIS COMME UN CORDE-
LIER : Saoul à n'en plus
pouvoir, incapable de re-
trouver sa maison et être
obligé de s'asseoir sur une
borne pour attendre qu'elle
passe.
Gris, allusion à la cou-
leur de la robe de ces reli-
gieux (Argot du peuple).
GRISAILLE : Sœur de cha-
rité (Argot des voleurs).
V. Pampine.
GRISETTE : Jeune tille, ou-
vrière plumassière, fleu-
riste, modiste ou polis-
seuse qui lit la joie de nos
pères et le désespoir des
leurs.
Depuis qu'elle a passé
les ponts, ce n'est plus
qu'une vulgaire cocotte.
Type charmant, grisette sémLl-
I iante,
Au frais minois, sous un pi-
I quant bonnet
Où donc es-tu, genlille étu-
I diante
Reine sans fard de nos bals
I sans apprêts.
Ainsi s'exprime la chan-
son en vogue autrefois au
quartier latin (Argot du
peuple).
GRIVIER : Soldat de la
ligne (Argot du peuple). Y.
Lignard.
GROSSE CULOTTE : Ivro-
gne, beau parleur. L. L.
Grosse culotte est en-
core en usage dans les ate-
liers de forgerons.
C'est une expression con-
nue. Chez les compagnons
forgerons depuis la création
du compagnonnage, on
l'applique à l'ouvrier le
plus habile de la partie, à
celui qui était appelé à tinir
les grosses pièces avant l'in-
vention des marteaux pi-
lons.
Deux d'entre eux furent
célèbres, on s'en souvient,
encore dans les ateliers ;
ils se nommaient Dany et
Pierre Yirmaitre, dit Bour-
guignon.
Grosse culotte est tou-
jours un terme consacré
(Argot des ouvriers). N.
GROSSES LÉGUMES: Gens
millionnaires, magistrats
élevés, généraux, etc.
GUE
GUE
143
Quand, sous la Goin-
iiiuue, un voyou demandait
il être noninié général, à
outrer dans les grosses lê-
ijumes, il donnait pourrai-
son qu'une de plus ou de
moins dans le las ça ne
paraîtrait pas f Argot du
(teupltt). N.
GROSSES UtVHKS : La ti-
nette.
Allusion aux rebords (Ar-
got des voleurs). N.
(.liOTTE : Prison (Arçol des
voleurs). V. Gerbe.
'^KUE : Fille publique, jolie
mais bête à manger du
loin.
De cette allusion est né
un mauvais caleni bourg :
Les camelots crient : De-
mandez V Indicateur des
ijrues de Paris pour rues
(Argot du peuple).
<.ri::NlLLON : Femme mal
habillée.
Traîneuse des rues.
On dit aussi : vieille
Huenipe (Argot du peuple).
(lELLE EN CUL DE
POLLE : Individu mâle ou
l'emell(? qui en faisant la
moue serre les lèvres (Ar-
got du peuple) .
(.lEULE EN COLl» DE
SABRE : Bouclie léndue
jusqu'aux oreilles.
— Il peut manger la
soupe avec une cuiller à pot
(Argot du peuple).
Cl EULE D'EAlPEICNE : Pa-
lais babitué aux liqueurs
fortes. Z. Z.
Dans tous les ateliers de
de France, gueule d'em-
peigne signilie bavard inta-
rissable qui a le verbe haut,
(pii gueule constamment.
C'est un sobi'i(pnt géné-
ralement donné aux Pari-
siens qui Ibnt partie du
compagnonnage (Argot du
peuple). K.
(;UETTE AU TROU : Sage-
femme (Argot du peuple).
Cl'EUSARD : Rideau (Argot
des voleurs). N.
CUEUX : Misérable.
Tout le monde connaît la
chanson de Déranger :
Les gueux, les gueux
Sont des gens heureux,
lis s'aident entre eux,
Vivent les gueux !
(Argot du peuple).
GUEUX : Coquin, canaille,
gredin.
— Vous êtes un gueux
d'avoir commis une aussi
mauvaise action (Argot du
peuple) .
(iCEUX : Petit vase en argihï
<pii sert de chaufferette aux
portières ou aux marchandes
des halles.
Ul
GIJ
C.Ul
(Vesl la cliaufl'erctte pii-
luitive.
Le gueux a donné nais-
sance à une plaisanterie
assez clrùle.
A la foire de Sainl-Ro-
main, qui a lieu à Rouen
tous les ans le l^^" novem-
bre, une marchande, pour
utiliser son feu, fait cuire
des harengs; elle a son
gueux sous ses jupons, un
gamin lui crie :
— lié ? la mère, tes ha-
rengs vont brûler.
— A pas peur, petit, j'ai
:eil c
peuple).
GUIBOLLES : Jambes (Argot
dvi peuple). V. Brancards.
GUICHES : Les cheveux que
les souteneurs ramènent sur
les tempes.
On dit aussi rouffla-
quettes (Argot du peuple).
GU1(;NE a GAUCHE: Se dit
d'une personne qui louche.
Dans le peuple, on dit
de celui qui est affligé d'une
semblable infirmité, qu'il
trempe la soupe et renverse
les légumes dans les cendres,
ou bien qu'il regarde «ii
Bourgogne si la Champagne
brûle (Argot du peuple). X.
GUINAL : Juif (Argot des
voleurs). Y. Bout coupé.
(iUINCHE : Bal de barrière
(Argot du peuple).
GUINCHER et non Guin-
guer : Danser, fréquenter
la gimiche (Argot du peu-
ple).
GUITARE : Soulïlet dont se
servent les plombiers.
Allusion de forme (Ai"got
du peuple).
HAR
HIB
145
H
HABIT A QUEUE DE MO-
RUE : Habit de soirée.
Les pans ressemblent, en
effet, à une queue de oiiorue
(Argot du peuple) .
HABIT A QUEUE DE PIE :
Même signification (Même
ai-got).
HABILLÉ DE SOIE : Cochon
ou sanglier.
Allusion à la [)eau dont
les soies servent aux cor-
donniers pour préparer leur
fil (Argot du peuple).
HARICOT VERT : Voleur en
grande réputation dans le
monde des prisons (Argot
des voleurs).
HARPE : Barreau de prison.
Les voleurs disent plus
connnunément d'un prison-
nier qui s'ennuie :
— Il pince de la guitare
à travers ses barreaux (Ar-
got des voleurs).
HAUTOCHER : Monter à une
certaine hauteur.
— J'ai ^aw^0C/^(? jusqu'au
sixième (Argot des voleurs).
HERBE A LA VACHE : L'as
de trèfle (Argot du peuple).
HERBE SAINTE : L'absinthe
(Ai-got du peuple).
HIBOU : Voleur solitaire qui
ne travaille que la nuit (Ar-
got des voleurs). V. At-
tristée
y
146
HOS
HUS
HIRONDELLES : Les mous-
taches.
Les voleurs emploient
généralement l'expression
plus caractéristique d'om-
ôreuses (Argot des voleurs.)
HIRONDELLES D'HIVER :
Les ramoneurs et les mar-
chands de marrons.
Quand les hirondelles
partent pour un climat plus
doux, on les voit arriver
(Argot du peuple).
HIRONDELLES DE POTEN-
CE : Les gendarmes (Argot
des voleurs).
HIRONDELLES DU PONT-
NEUF : Messieurs les Gi-
verneurs viennent l'été cou-
cher sous le pont ; ils y font
fréquemment de bonnes ri-
pailles avec les produits
des vols de la journée (Ar-
got du peuple).
HOMELETTE : Homme tout
petit.
La ménagère n'a pas mis
la quantité d'œufs néces-
saire (Argot du peuple). N-
HOSTO : Prison (Argot des
voleurs).
HOTEL DES QUATRE CO-
LONNES (L') : Salle com-
mune du Dépôt de la pré-
fecture de police où sont
enfermés les prévenus, vo-
leurs, souteneurs et vaga-
bonds.
La raison de ce nom est
que quatre colonnes sup-
portent les voûtes de cette
salle (Argot des voleurs). N.
HUGREiMENT : Deaucoup.
Corruption de l'expres-
sion bougrement , qui signi-
fie beaucoup (Argot du
peuple).
HUMILIÉ (L') : Le dos.
On dit d'un homme qui
^'humilie : il baisse le dos
(Argot des voleurs). iV-
HURE : La tête (Argot du
peuple). V* Tro7iche.
HUS -MUS : Grand merci
(Argot des voleurs).
HUSSARDS DE LA VEUVE :
Les gendarmes ou la garde
républicaine qui entourent
l'échafaud les matins où l'on
exécute un condamné à mort
(Ai-got des voleurs).
ILP
IMP
147
ICICO : Ici.
On dit aussi icicaiUe.
Icicaille est un vieux
mot français ; on le trouve
en effet dans une édition
du Jargon, imprimée à
Troyes, de 1686 à 1711.
Icicaille est le théâtre
Du petit Dardant.
On avait attribué cet
opuscule à Cartouche, le
célèbre voleur, mais M.Mar-
cel Schwob détruit cette lé-
gende.
Il faut croire que les vo-
leurs ont le respect de la
tradition, puisque le mot
icicaille est encore en
usage (Argot des voleurs).
IL PLEUT : Quand un étran-
ger pénèlre dans un atelier
de compositeurs- typogra--
phes, les ouvriers crient :
il pleut pour avertir.
Il pleut veut dire : si-
lence.
Ce mot est en usage chez
les forains ; quand un pitre
allonge par trop son boni-
ment, le patron lui dit :
— Ecoute s'il pleut (si-
lence).
// fleut est également
un terme ironique, une
façon de répondre négati-
vement à une demande :
Prête-moi cent sous.
— Il pleut.
(Argot du peuple). N.
IMPAIR : Commettre un im-
pair : se couper dans un
148
INS
INV
iuleiTogatoire vA dire ce
qu'il ne faudrait pas.
Faire un impair à quel-
qu'un, c'est lui manquer
de respect.
Impair : commettre une
faute, se tromper dans l'ap-
préciation de la valeur
d'une aftaire.
Aller un peu trop de l'a-
vant, c'est commettre un
impair (Argot du peuple).
N.
INGONOHRÉ : Inconnu ou
étranger.
On dit aussi : incommau
bataillon (Argot des vo-
leurs) .
INSEPARABLE: Cigare à
♦ sept centimes et demi.
Petites perruches.
Femmes qui s'aiment
(Argot du peuple). V. Ac-
couplée.
INSINUANT : Pharmacien.
Malgré l'invention du doc-
teur Eguisier, qui permet
avec le petit appareil que
l'on sait, d'opérer seul, le
mot insinuant est resté
pour caractériser le phar-
macien, descendant de l'a-
pathicaire Flutencid, qui
insinuait la canule de la
seringue dans le derrière
du malade (Argot du peu-
ple).
INSOUMISE : Fille en
carte qui s'allVanchit vo-
lontairement de la visite
sanitaire imposée par le
règlement.
Les insoumises sont très
nombreuses à Paris et for-
ment la majeure partie du
personnel de la prostitu-
tion (Argot des filles). N.
INSPECTER LES PAVÉS :
Fille qui raccroche à la
jlan (au hasard).
Elle espère voir sui'gir
des clients (Argot des tilles).
INSPIRÉ : Le front (Ai^ot
des voleurs). N.
INTERMITTENTE : Fennne
qui fréquente par intervalle
irrégulier, suivant les be-
soins de son ménage, les
maisons de rendez-vous ; ,
elle est toujours servie
comme nouvelle aux étran-
gers (Argot des filles) . N-
m
ISOLEE : Fille publique qui
travaille seule dans les rues,
loin de son quartier, et
qui n'a pas de souteneur.
Visolée fait les bureaux
d'omnibus, les jardins pu-
blics, les églises et les ci-
metières. (Argot des filles).
ITALO : Abréviation d'Ita-
lien (Argot du peuple;.
INVALO : Invalide.
Il est k remarquer que
i
i
INV I\V 149
l'ai^ot moderne a une len- Ce procédé est des plus
dance h transformer la finale simples ; il suffit de couper
de la plupart des exprès- le mot et d' v ajouler le suf-
sions : sergent, sergot\ tixe o : invalide, invalo
mendiant, mendigot ; Saint- (Argot du peuple). A''.
l.azare, Sftivt-T/iqo. etc.
150
JAG
JAC
JABOT : La gorge.
Allusion au jabot du din-
don.
Dans Targot des voleurs,
on dit aussi ^'/«/, sans doute
par analogie avec Vétal du
boucher, sur lequel il passe
toutes sortes de viandes
(Argot des voleurs) . N.
JABOT (S'arroser le) :. Boire.
— Toute la tine s'arrose
\e Jabot (Argot des voleurs).
peuple). V. Fricadier.
Jacques : mollets (Argot
du peuple). V. Jacquots,
JACQUELINE : Grisette.
— J'ai été promener ma
petite Jacqueline (Argot
du peuple). A^.
JACQUOT : Niais, bavard im-
portun. A. D.
Jacquot : mollet (Ai^ot
du peuple). A".
JACOBIN : Pince à l'usage des
cambrioleurs (Argot des vo-
leurs). V. Monseigneur.
N.
JACTE : Crie (Argot des vo-
leurs).
JACTER : Parler, crier.
Si quelque pante
Se glisse et entre
Et se permet
Chez nous de faire ^npet
On ïsaigne, on VfroUe,
Et c'est fini par là.
JAM
JAV
151
S'il se caoale et jade dans la
I rue
Pour ameuter tous les daims
I contre nous.
dit une des plus vieilles
chansons d'argot connue.
J acier vient sûrement
de yac^â^;v (Argot des vo-
leurs] .
JAFFLES ou JAFFES : Les
JOUPS.
En Normandie, on dit
îaffe pour soufflet (Argot
du peuple).
JAMBES EN L'AIR: Potence.
A.D.
Il est vrai que le pendu
a les jmnhes en l'air ; mais
le peuple ne donne pas du
tout le même sens à celte
expression quand il dit :
faire une partie de jambes
en Vair.
Généralement cette par-
tie se joue sans témoins.
Ce jeu est connu chez
tous les peuples (Argot du
peuple). iV.
JAMBES EN MANCHE DE
VESTE: Individu mal bâti,
tordu, qui festonne en mar-
chant (Argot du peuple).
N.
JAMBES DE LAINE : Indi-
vidu peu solide sur ses
jambes.
Quand un homme sort de
l'hôpital, il a généralement
des jambes de laine : il fla-
geole.
Autrefois on disait, pour
exprimer la même image :
jambes de coton (Argot du
peuple). iV^.
JAMBONNEAU : Les cuisses
(Argot du peuple) . V. Boii-
dinots.
JARDINER : Médire de quel-
qu'un, fouiller dans sa vie,
comme \çi jardinier fouille
dans la terre pour en mettre
à jour les coins les plus se-
crets.
Jardiner est synonyme
de bêcher (Argot du peu-
ple). N.
JARDINIER : Nom donné au
complice des voleurs à Va-
méricaine (Argot des vo-
leurs).
JARNAFFLEou JARNAFFE:
Jarretière (Argot des vo-
leurs).
JASANTE : Prière.
— Y me fait suer le rati-
chon avec sa jasante en
lalimpem (Argot des vo-
leurs).
JASPINER : Signe convenu
d'aboyer sur la voie pu-
blique pendant que des
complices dévalisent les
poches des badauds (Argot
des voleurs).
J A YARD : Lin que les pay-
152
JES
JEU
sans mettent en javelles
avant le rouissage (Argot
des voleurs). N.
J'MENFOUTISTE : Gens qui
se fouteiil de tout et de
tous.
Cette catégori'^ devient
chaque jour de plus en
plus nombreuse.
— Que pensez-vous de
la politique?
— J'm'en fous.
— Votre femme vous
trompe.
— J'ifrien fous (Argot
du peuple). N-
JE ME LA BRISE: Je m'en
vais.
Quand un individu vous
ennuie, dans le peuple on
lui dit sans façon :
-^ Tu peux te la briser^
il y aura moins de perte
qu'une pièce de vin (Argot
(lu peuple) . A''.
J'EN AI MON PIED : J'en ai
assez.
Yen ai soupe signifie la
même chose.
J'ai soupe de ta fiole,
de même.
Donne-moi mon pied
veut dire : Donnez-moi ma
part.
Ça ïii\{\Qpied, synonyme
de ça fait \ejoi7it (l'affaire)
(Argot des voleurs). iV.
JÉSUITE : Dindon.
Ce sont les jésuites qui,
en 1570, ont introduit le
dindon en France ; mais
tous ceux qui ont été leurs
victimes ne pensent pas
comme les voleurs (Argot
des voleurs).
JÉSUS : Jeune homme à l'as-
pect efféminé, frisé, parfu-
mé, qui sert d'appât pour
attirer les individus à pas-
sions honteuses.
Souvent il travaille réel-
lement pour son compte
(Argot des voleurs).
JETER SON BONNET PAR
DESSUS LES MOULINS:
Traîner sa tleur d'oranger
dans les ruisseaux (Argot
du peuple).
JETER UN FROID: Au mi-
lieu d'une soirée joyeuse,
raconter une histoire ma-
cabre.
L'invité au maître de la
maison :
— ■ Quelle est donc cette
horrible femme, laide, vieille,
sèche et revêche qui fait
tapisserie.
— C'est ma sœur.
Voilà qui s'appelle jeter
un froid (Argot du peuple).
JEUNE HOMME (Avoir son) :
Être ivre (Argot du
peuple).
JEUNEHOMME(Suivez-moi):
Rubans que les femmes
JOU
JOU
153
laissent pendre sur leur dos
(Argot du peuple). iV.
JONC : Or (Argot des vo-
leurs).
JONCS : Lit des prisonniers.
Allusion à la duret(^ de
la paille des matelas (Argot
des voleurs). V. Plumes
de beaxice.
JONQUILLE : Cocu.
Allusion à la couleur
jaune qui est l'emblème des
prédestinés (Argot du peu-
pie).
JORNE : Le jour (Argot des
voleurs). A^.
JOSEPH : Homme trop chaste.
A.D.
Joseph^ dans le peuple,
est le patron des cocus.
On ne dit pas : tu fais
ton Joseph, mais bien : tti
es un Joseph^ à celui qui a
assez de cornes sur la tête
pour alimenter de manches
une fabrique de couteaux
(Ai^ot du peuple). iV.
JOSÉPHINE : Mijaurée, bé-
gueule. A. D.
Joséphine est le nom
donné à la tête de carton
sur laquelle les modistes
essayent l'elfet des chapeaux
avant de les ajuster sur la
tète de la cliente (Argot du
peuple). iV.
JOUER A LA MAIN
CHAUDE : Être guillotiné.
Celte expression n'est
plus juste, car, comme au-
trefois, le condamné ne
s'agenouille plus pour re-
cevoir le coup fatal, il est
couché sur la planche.
On dit : // fait la
planche (Argot des vo-
leurs). iV".
JOUER UN AIR DE VIO-
LON : Prisonnier qui scie
les barreaux de sa cellule
pour s'évader (Argot des
voleurs) .
JOUER UN PIED DE CO-
CHON : Jouer un bon tour
à quelqu'un; s'en aller, le
laisser en plan au moment
de payer son écot, sachant
qu'il est sans le sou (Argot
du peuple). .Y.
JOUR DE LA SAINT-JEAN-
BAPTISTE (Le) : Le jour
de l'exécution d'un con-
damné.
A la prison de la Roquette,
le jour d'une exécution, les
prisonniers ne descendent
pas à l'atelier à l'heure
réglementaire, ils savent ce
que cela veut dire : c'est le
jour de la Saint-Jean-
Bapiisie : on décolle un
copain (Argot des voleurs).
JOURNAILLE : La journée.
On dit d'un paresseux
qu'il trouve la journaille
9.
154
JUG
JUT
plus longue que la queue
au pain (Argot du peuple).
JOURNALISÏESARICHER:
Les vidangeurs.
Cette expression vient
d'un mauvais calembour.
Les journalistes pu-
blient souvent des fausses
nouvelles.
Les vidangeurs recher-
chent les fosses nouvelles
(Argot du peuple). iV.
JUDÉE : La préfecture de
police.
Ce mot n'est plus en
circulation depuis la démo-
lition de la rue de Jérusa-
lem (Argot des voleurs).
JUGE DE PAIX : Le lit.
Dans le peuple, on trouve
qu'après une dispute et
même une bataille, le lit
est un instrument de rac-
comodement.
Cette expression vient
d'une enseigne d'un mar-
chand de meubles établi
boulevard de Belle ville.
L'enseigne figurait un
lit complet, et sur l'oreiller
placé au milieu, il y avait
cette inscription :
Ai« tlug-c de Paix.
(Argot du peuple). N.
JUGE DE PAIX : Un cornet
contenant trois dés, la par-
tie qui se nomme Zanzibar
se joue sur le comptoir du
marchand de vins.
Ce jeu est ainsi appelé
parce qu'il met les joueurs
d'accord (Argot du peuple).
N.
JUGEOTTE (En avoir) :
Bien juger les choses,
avoir wn jugement sain (Ar-
got du peuple).
JULES : Pot de chambre
(Argot du peuple). V. Qo-
JUS DE CHAPEAU: Mauvais
café,, celui que les femmes
vendent le matin au coin
des rues, aux ouvriers qui
se rendent à leur travail.
Quand il pleut sur un
chapeau, le jus a exacte-
ment la couleur de ce café
(Argot du peuple).
JUTEUX : Il a du jus, il est
rupin.
Une affaire e?,i juteuse,
quand elle donne beaucoup
de bénéfices.
Tomber à l'eau, c*est
tomber dans \%jus.
Boire du vin, llcher un
coup de jus.
Faire du jus^ faire de
l'embarras (Argot du peu-
ple). i\r.
KAN
KLÉ
155
KANGUROO (Le vol au) :
Ce vol consiste à englou-
tir les dentelles ou les cou-
pons volés aux étalages
dans une vaste poche dis-
simulée sous la robe (Ar-
got des voleurs).
KILO : Litre (Argot du peu-
ple). iV.
KLÉBER : Manger.
Ce mot vient du russe
lileh (manger).
Nos soldats l'ont rap-
porté de la guerre de Cri-
mée, et il est resté en usage
dans le peuple (Argot du
peuple).
136
LAC
LAC
LAC (Être dans le) : Être
pendu. L. L.
Être dans le lac, c'est
ne plus rien avoir à espérer,
être aussi bas que possi-
ble.
Lac, ici, est synonyme
de lacet, être enlacé, pris
par la misère, enserré dans
les filets d'une femme ou
d'un usurier, comme le
pauvre oiseau dans le lac
du braconnier (Argot du
peuple). N'
LACETS : Menottes.
Le gendarme ou l'agent
sont des marchands àe. pas-
se-lacets (Argot des vo-
leurs). V. Alliances,
LACHARD : Diamant de vi-
trier (Argot des voleurs.
N.
LACHER LA BONDE : Se
comprend ded<^ux manières.
Lâcher la bonde : taire
ses besoins.
Lâcher la honde à son
tempérament: donner cours
à sa violence, à son mau\ais
caractère.
Dans les ateliers, quand
le contre-coup gueule trop
fort, on dit : Gare, il a lâ-
ché sa honde (Argot du
peuple). N.
LACHEZ-MOI D'UN CRAN :
Allez- vous en.
Compliment peu flatteur
fait habituellement aux gens
qui vous importunent.
On lâche sa ceinture
d'un cran quand on a trop
mangé.
On la serre d'un cran
LAC
LAI
15:
quand on a faim.
On lâche sa femme ou
sa maîtresse d'un cran
([uand elle est par trop em-
bêtante.
Mourir, c'est lâcher la
vie d'u7i cran.
Quand un homme est
uiaussade en société, on lui
dit :
— Allons, lâchtz-voiis
. d'un cran, déboutonnez-
vous.
Ce à quoi un farceur ré-
pond . — Ah ! non , il y a
des dames.
On dit aussi : remonter
d'un cran dans l'estime
du monde (Argot du peu-
ple). JSf.
LACHER LES ÉCLUSES :
Pisser.
L'allusion est juste, mal-
gré que cela ne fasse pas
monter la Seine.
On dit aussi : mon pan-
talon ne tient pas l'eau (Ar-
got du peuple). N-
LACHER LA RAMPE: Mou-
rir (Argot des serruriers).
LACHER SON GAZ : Éter-
nuer bruyamment par en
bas.
Quand cela arrive à quel-
qu'un dans la rue, les ga-
mins lui disent :
— Dieu vous bénisse !
(Argot du peuple). N'
LACHER UNE TUBÉ-
REUSE • Pet foireux qui
répand une odeur qui ne
rappelle pas précisément la
rose (Argot du peuple).
LACHER UNE SOURNOISE:
Vesser en sourdine.
Pet avorté (Argot (hi
peuple).
LACHETON : Diamant de
vitrier (Argot du peuple).
V. Lachard.
LAFEE : Soupe.
On dit aussi : mouise,
tamhouille.
Les maçons disent mor-
tier, parce qu'ils empilent
du pain dans le bol tant
qu'il en peut tenir, ce qui
forme une pîUée épaisse qui
ressemble à du mortier
(Argot du peuple) . iV.
LAISSEZ PISSER LE MÉ-
RINOS : Ne vous tour-
mentez pas, laissez mar-
cher les choses, elles vont
bien.
Autrefois on disait :
Laissez pisser le mou-
ton, ce qui est absolument
la même chose (Argot du
peuple)
LAISSER TOMBER UNE
PERLE : Ces ;perles-\k ne
pourraient guère se mettre
aux oreilles des dames car
elles n'ont pas le parfum
de celles de la gazelle (Ar-
got du peuple). V. Pousser
sa moulure.
158
LAI
LAN
LAIT A BRODER : Encre.
Dans les prisons, quand
le lazagneur écrit une
lettre pour un camarade, il
dit qu'il se sert du lait à
hrodancher pour attendrir
celui à qui on écrit.
Brodancher pour bro-
der.
Encre est ici une figure,
car souvent c'est le lait
qui en sert.
Dans les prisons on sait
que toutes les lettres des'dé-
tenus adressées à des pa-
rents ou à des amis passent
par le greffe.
Le greffier ou le direc-
teur lit la lettre et si elle
ne contient rien de con-
traire au règlement il la
vise par ce signe : V .
Le plus grand souci des
prisonniers est d'éviter cette
formalité gênante surtout
si la lettre est adressée à
un complice.
Alors ils emploient le
lait pour écrire entre les
lignes écrites à V encre.
Pour cela il faut du lait
écrémé et du papier non
glacé, parce que l'écriture
serait grasse, brillante et
la supercherie serait appa-
rente.
Pour faire apparaître
l'écriture il suffit de frapper
fortement la lettre avec un
chausson plein de pous-
sière ; la poussière s'atta-
che aux caractères qui de-
viennent lisibles.
Autrefois dans les pri-
sons on se servait d'oi-
gnons, mais le truc fut dé-
couvert, on n'en vend plus
dans les cantines, tandis
que l'on y trouve du lait
(Argot des voleurs). A^.
LAMPISTRON : Lanterne.
Vient de lampiste, c'est
le mot déformé (Argot des
voleurs), V. Brulotte. N.
LANCE : Eau, pluie.
— Il tombe de la lance
à ne pas mettre un chien
dehors.
Le peuple a emprunté ce
mot à l'argot des voleurs.
LANCIER DU PRÉFET :
Balayeur.
Allusion au long manche
du balai qui ressemble à
celui de la lance des lan-
ciers (Argot du peuple).
LANGUE DE CHAT: Petit
morceau de savon très
mince, en forme de langue
de chat, que les vagabonds
portent constamment dans
leur poche.
On nomme aussi langue
de chat, une sorte de petit
gâteau sec que l'on mange
en buvant du thé (Argot du
peuple). N.
LAN SQU AILLER
besoins.
Faire ses
LAN
LAT
159
' ■ viens de mettre clans un
I trou rond
({u'uu jour avec impudence
■ ministre Thiers sur un bal-
I con
Fit voir aux citoyens de France.
Ce quatrain est de Gé-
laril de Nerval (Argot des
voleurs).
I.VXSQUINE : Eau. pluie
(Argot du peuple). V.
Zance.
lANSQUINER: Pleuvoir.
— II lansquine à tor-
rent.
Lansquiner des chasses:
Pleurer.
Ea pluie tombe des yeux
(^ Argot du peuple).
LANSQUINEUR: Petit men-
diant qui fait semblant de
pleurer à ehaudes larmes
sur la voie publique pour
attendrir les passants (Ar-
got du peuple).
LANTERNER : Faire une
chose mollement, accomplir
un travail à regret : lanter-
ner pour l'achever.
Lanterner : synonyme
de muser (abréviation de
^'amuser). Marcher comme
un chien qu'on fouette (Ar-
got du peuple).
LANDIER : Employé de l'oc-
troi.
Autrefois, lorsque la foire
du landit battait son plein,
toutes les marchandises de-
vaient payer un droit fixe,
des employés étaient pré-
posés pour le percevoir ; les
haudeurs nombreux les
nommaient les tandiers.
Dans le [)euple, on dit
des (jabelous, en souvenir
de ia gabelle (Argot du
peuple) .
r.ANDIÈRE : Roulique do
marchand forain.
Ce mol est également un
souvenir de la célèbre foire
du landit où les escholiers
de la rue du Fouarre allaient
en procession s'approvi-
sionner de papier.
Une chronique du temps
dit que la tète de la colonne
était à la Plaine-Saint-De-
nis, alors que la queue était
encore sur le parvis Notre-
Dame (Arçot des forains).
LANTIPONNER : Synonyme
de rasoir et de bassinant.
Généralement, les con-
cierges passent leur temps
à lanti'ponner , c'est-à-
dire à bavarder (Argot du
peuple).
LAPIN (En poser un) : Pro-
mettre cinq louis à une
fdle, ne pas les lui donner
et lui faire son mouchoir.
Faire attendre quelqu'un
dans la rue par dix degrés
de froid (Argot des filles).
160
LAR
LAR
LAPIN FERRÉ : Gendarme à
cheval (Argot des voleurs).
LAPIN (Un rude) : Homme
fort, un risque tout, en
tout et en toutes choses.
Dans le peuple, une
lenuiie dit :
— Mon homme est un
rude lapin (Argot du peu-
ple). A^.
LAPIN DE COLLIDOR : Do-
mestique .
Quand une femme vient
aux halles accompagnée d'un
larhin, les marchandes, en
remettant les achats au do-
mestique pour les porter à
la voiture, lui disent :
— Tiens, mon vieux lapin
de collidor (Argot du peu-
ple). N.
LAPINEUR : Genre de vol
accompli par le conducteur
d'omnibus qui oublie de
sonner les voyageurs.
Zajpineur y lenl sans doute
du nom du voyageur, qu'on
désignait jadis sous le nom
de lapin (Argot des vo-
leurs). .
LARBIN : Domestique (Argot
du peuple).
LARBINIER : Complice qui
se déguise en domestique
pendant que le cambrioleur
opère.
C'est le larbinier qui va
préalablement en reconnais-
sance pour préparer le vol
(Argot des voleurs).
LARD (Vieux) : Terme de mé-
pris employé pour qualifier
les vieilles rouleuses.
Superlatif : Vieux lard
rance (Argot du peuple).
N.
LARDON : Enfant.
Diminutif de la7'd.
Dans le peuple, pour la
chair de l'homme ou de la
femme, on dit : le lard;
comme V enfant est le pro-
duit des deux sexes, de là,
lardon.
Quand quelqu'un, dans
une conversation, vous pi-
que à chaque moment, on
dit:
— As-tu bientôt fini de
me larder ?
Allusion au veau que le
charcutier pique de lardons
(Argot du peuple). N-
LARGUE : Femme publique.
Les voleurs disent /«r-
guepé par une adjonction
de finale.
M. Marcel Schwob dit
que largue s'explique par
marqué (Villon. /. de
Varg.), qu'on a eu las-
quemé^ puis que la finale
î??(9' est tombée; de là largue.
Ilalbert d'Angers donne
largue ou lasque.
C'est largue qui a sub-
sisté (Argot des voleurs).
LAT
LAV
161
LAIIMON : Etain (Argot des
voleurs). iV.
I . ARTIF o» LARTILLE : Pain
(Argot des voleurs). V. Bri-
cheton.
I.ARTON : Pain (Argot des
voleurs). V. Bricheton.
LVRTONNIER : Voleur qui a
pour spécialité de dévaliser
les boutiques de boulangers.
Lartonnier est impro-
pre ; on devrait dire lar-
tonneur (Argot des voleurs) .
N.
LASQUÉ : Vingt centimes
(Argot des voleurs). iV.
LA SEMAINE DES QUATRE
JEUDIS : On dit d'une per-
sonne sale et crasseuse
qu'elle se débarbouille la
semaine des quatre jeudis,
c'est-à-dire jamais.
Un paresseux ne travaille
jamais que celte semaine-
là.
— Quand allez-vous me
payer mon terme ? demande
im propriétaire à son loca-
taire.
— La semaine des qua-
tre jeudis.
Cette expression est sy-
nonyme de remettre aux
cale7ides grecques (Argot
du peuple). N.
LA TAREE EST xMISE : Les
enfants du peuple portent
des pantalons fendus j>ar
derrière, on en comprend la
raison.
Quand le moutard a fait
ses besoins, il oublie d«>
rentrer sa chemise ; il en
passe toujours un lambeau,
souvent taché de moutar-
de ; les gamins lui crient :
— La table est mise.
Allusion à la nappe (Ar-
got du peuple). A''.
LATIF : Linge blanc (Argot
des voleurs).
LAUMIR : Perdre.
— Il a laumi son pognon
(Argot des voleurs).
LAVER : Vendre ses frus-
On dit a(.ssi nettoyer
son complet (Argot du peu-
ple).
LAVER LA VAISSELLE: V.
Descendre à la crémerie,
LAVER SON LINGE (Avoir) :
Le condamné qui a subi sa
peine a lavé son linge.
Il sort de prison blanc
comme neige (Argot des vo-
leurs) .
LAVER SON LINGE SALE
EN FAMILLE : Se dispu-
ter dans son intérieur, se
faire des reproches san-
glants (Argot du peuple).
LAVEU'R : Complice qui vend
162
LEC
LEO
aux receleurs les efîejs vo-
lés (Argot des voleurs).
LAVETTE : Langue.
Dans le peuple, cette
expresssion veut dire mou.
On dit aussi : Mou
comme une chiffe, apocope
de chiffon rouge, langue
(Argot des voleurs). N-
LAVOIR : Confessionnal.
Mot à mot, on y lave sa
conscience (Argot des vo-
leurs). V. Planche à lave-
ment.
LAZAGNE : Lettre (Argot
des voleurs).
LAZAGNEUR: Prisonnier
qui écrit pour ses camarades
de prison (Argot des vo-
leurs).
LAZZLLOFF: M.Prudhomme
tient son fils par la main,
un collégien de quinze ans,
rue Notre - Dame - de - Lo-
rette ; il hèle l'omnibus Ra-
tignoUes-Clichy-Odéon :
— Gond uctem% vous pas-
sez rue de Tournon, de-
vant chez Ricord ?
— Oui, Monsieur.
Alors, poussant son fils
dans la voiture :
— Montez, petit cochon !
(Argot du peuple). V.
Chaude-lance.
LE 36 DU MOIS : Réponse à
un créancier qui demande :
— Quand me paierez-
vous? (Argot du peuple).
N.
LÉCIIARD ; Jeune homme
(Argot des voleurs). iV.
LÈCIIE-CUL (V. Fleitre-
fesse.
LÉCHER : Peindre un ta-
bleau avec un soin méticu-
leux .
Dans les ateliers, on dit
d'un peintre lécheur qu'il
fait de la peinture de de-
moiselle (Argot des artistes
peintres). iV.
LECTURE (Être en): Femme
occupée sur sa chaise lon-
gue (Argot des filles). ]<[.
LËDÉ : Dix centimes (Argot
des voleurs). Isf.
LÈGRE : Foire, marché (Ar-
got des voleurs). V. Lé-
greur.
LEGRER : Lever, tromper
(Argot des voleurs). ]Sf.
LÉGREUR (Le) : Est un fo-
rain qui tient un jeu dans
les foires et qui annonce,
pour allécher le public, des
lots imaginaires (Argot des
voleurs). N,
LÉON : Le président de la
cour d'assises.
— Quelle tapette, \e léon
de la planche à pain.
Léon, dans le peuple, est
LES
LEV
163
employé à tout propos : —
— Vas y Z5'ow,lape dessus.
(Argot du peuple).
LENTILLE : Punaise (Argot
des voleurs). N-
LESBONDE : V. Accouplée,
LES ROUTES SONT SURES
ICI, ON NE VERSE PAS
SOUVENT : Exclamation
d'un ivrogne dans une mai-
son où l'on verse à boire
avec parcimonie (Argot du
peuple). N'
LES TOILES SE TOU-
CHENT : Cette expression
.signifie ne pas avoir d'ar-
gent : les toiles des poches
se touchent (Argot du peu-
ple). .V.
LES VINGT-HUIT JOURS :
Quand les réservistes par-
tent, ils emportent géné-
ralement dans un mouchoir
quelques menus objets de
toilette.
Quand les agents arrê-
tent un individu, on le con-
duit au poste de police où
on le fouille très minutieu-
sement; les objets qu'il
possède sont enveloppés
dans un mouchoir. Quand
le lendemain, à 9 heures
du matin, on le conduit au
bureau du commissaire de
police, l'agent qui le tient
porte le petit paquet ;
comme généralement ils
sont huit ou dix à la file,
quand ils passent, le peuple
dit par allusion : Tiens !
/es vingt-huit jours ! (Ar-
got du peuple). N-
LESSIVANT : Avocat d'of-
fice (Argot des voleurs).
LESSIVEUR : Avocat.
Il y a souvent des clients
qui en ont besoin d'une
rude de lessive pour blan-
chir leur conscience. V.
Blanchisseur.
LESSIVEUR DE PÉTROUS-
QUIN : Voleur qui dévalise
les paysans. Motàmotrll
les lessive (Argot des vo-
leurs).
LEVAGE AU CRACHOIR
(Un) :
Lever une femme par
une faconde intarissable,
l'éblouir par un luxe de
paroles, pour l'empêcher
de songer à la galette (Ar-
got du peuple).
LEVANQUÉ : Deux francs
(Argot des voleurs). N.
LÈVE-PIEDS : V. 3fon-
lante.
LEVER : Lever une affaire,
la prendre à un autre.
Lever im homme au café
ou sur une promenade pu-
blique.
— A quelle heure vous
levez-^ow'?^ ?
164
LÏG
LIM
- Quand on me couche.
(Argot des filles).
LEVER LA LETTRE : Pren-
dre les lettres dans la casse
pour aligner les mots dans
le composteur et former
les phrases (Argot d'im-
primerie).
LEVER LE CLL DEVANT
(S'être) : Eti-e de mauvaise
humeur.
On dit aussi : il est de
mauvais poil (Argot du peu-
ple).
LEVER LE PIED :V.3/^//n^
la dé sous la porte.
[JCHANCE : Repas épatant
où les convives repus rou-
lent sous la table.
— A la noce de mon cousin
Ro-bosse. il y a eu une si
balh lichance, que j'en ai
boulotte pour quinze jours
(Argot du peuple).
LICIIE-FRITE : Pommes de
terre frites (Argot du peu-
ple).
LIGNARD : V. Fantahoche.
LIGOTTANTE : La corde
(Argot des voleurs).
LIGOTTER : Attacher les
mains.
Quand le prisonnier est
trop récalcitrant, on le
ficèle comme un saucisson
(Argot du peuple).
rJMACE : V. Rôdeuse.
LL\IAGE : Chemise (Argot du
peuple).
LLMANDE : Plate comme un '
limande.
— Prends garde, la li-
mande va te couper dans
le pieu.
On dit également d'une
femme qui a la figure en
lame de couteau :
— Elle a une gueule de
limande.
Quand elle grimace :
— Elle a une gueule de
raie (Argot du peuple). V.
. Sac à os.
LIME : Diminutif de limace
(Argot des souteneurs).
LIMER : Fait qui se produit
après trente ans de mariagf
(Argot du peuple).
LIMONADE : Eau.
Tomber dans la limo-
nade, ce n'est pas « se lais-
ser choir dans l'eau »,
comme le dit A. Delvau,
c'est tomber dans la mi-
sère : — Il est tombé dans
la limonade.
Il existe à ce -^ujet une
chanson :
Ah ! il est tombé dans la
I limonade
(Argot du peuple). N.
LIMOrSINIER : Voleur de
tuyaux de plomb dans hs
maisons en construction.
LIN
LOC
165
Il se noiniiie V'J?'»^^'"
iiieul \o\euv(\e f/rasdoub/e,
jiînce ((lie les feuilles de
[ilouib ou (le ziuc roulées
ressenihlent aux rouleaux
(le tripes que l'ou voit k
lï'lalage des tripiers (Argot
du peuple).
MNCÉ : Vingt-cinq cenliines
(Ai-got des voleurs).
LLNGE liAVÉ (Avoir sou) :
Les voleurs en prison
connue les troupiers, n'ont
plus à s'occuper de la blan-
chisseuse (Ai^jjot des vo-
leurs).
IJNCOT : Forain qui met de
la porcelaine ou de la ver-
rerie en loterie.
La roue qui tourne pour
indiquer le nuuKJro gagnant
se nomme un /itif/ol (Ai^got
des forains). iV.
LINGRE : Couteau.
Quelques auteurs disent
lingue, c'est une erreur,
lingre est une corruption
de Langres, ville renom-
mée pour la fabrication de
ses couteaux (Argot des vo-
leurs).
LINGRELK : Assassin qui
tue à l'aide d'un couteau
(Arçot des voleurs).
LLNSPRE ou L'L\SAPRÉ:
C'est plutôt celte dernière
expression qui est la vraie,
car elle signifie inspecteur
et non prince (Argot des
bouchers).
LLWÉ : Un franc (Ai-got des
voleurs). N.
LIQUETTE : V. Limace.
LIQUIDE DE BACCIIUS :
Vin (Arçot du peuple).
LIQUIDE DE CANARI) :
Eau (Argot du peuple). V.
Lance.
LIRE AUX ASTRES : Syno-
nyme de bailler à la lune,
ujettre trois heures pour
faire une course de cinq mi-
nutes (Argot du peuple).
V. Gohe-7nouches.
LISDRÉ : V. Fricadier.
LITARGE : V. Lance.
LIVRAISON DE BOIS DE-
VANT LA PORTE : V. Ca-
pito7inée.
LOCANDIER : V. Bonjon-
rier.
LOCANDIER : Variété de
voleur au bonjour (Argot
des voleurs). V. Bonjou-
rier.
LOCHE : Oreilles (Argot des
voleurs). V. Esgourdes.
LOCHE : Paresseux, fainéant.
Allusion à la loche qui se
traîne péniblement.
166
LOP
LOU
On dit égaleiuenl
Pa-
resseux comme un loir.
Le loir dort au soleil
(Argot du peuple). N.
LOCIIER ; Branler, tomber.
— Tu branles dans le
manche, tu vas être renvoyé
de ta place.
Ce à quoi les farceurs
répondent :
— Tout ce qui branle ne
tombe pas (Argot du peu-
ple). N.
LOGER RUE DU CROIS-
SANT : Si tous les maris
cocus devaient rester rue du
Croissant, il faudrait pro-
longer cette rue jusqu'à
Vincennes (Argot du peuple) .
V. Joseph. N.
LOITÉ : Quinze centimes (Ar-
got des voleurs). ISf.
LONG DU MUR (Le) : Les
murs sont blancs; quand on
s'y frotte, on blanchit ses
elïéts.
Allusion à une bonne qui,
avant d'entrer en place, de-
mande ce qu'elle gagnera :
— Nourrie, vingt francs
par mois, un jour de sortie.
— Et blanchie ?
— ■ Le long des murs
(Argot du peuple). iV".
LONGE : V. Berge.
LOPHEUR : Fabricant de faux
papiers (Argot des voleurs) .
LOQUES : Vieux vêlements
usés jusqu'à la corde.
Cette expression s'ap-
plique également aux vieux
morceaux de ferrailles qui
servent d'enjeu aux enfants
(Argot du peuple).
LORCEFÉ DES PONIFEES :
Prison de Saint-Lazare
(Argot des filles).
LORGNE : Borgne.
On dit aussi : lorgne-
bé. Le borgne ne lorgne
que d'un œil.
On dit aussi : 11 ne peut
voir que à^un bon œil (Ar-
got du peuple).
LOUCIIONNE : La cuillère
(Argot des voleurs). N.
LOU F : Abréviation de lou-
foque (Argot du peuple).
LOUFIARDER : Vesser sour-
dement (Argot du peuple).
N.
LOUFOQUE : Fou (Argot
des bouchers).
LOUP : V. Contre-coup.
LOUPEUR : Mauvais ouvrier
qui flâne, qui tue le temps
en loupant pour attendre
l'heure de la sortie et qui
a plus souvent les yeux
fixés sur la pendule que
sur son ouvrage.
En 18i8, un marchand
de vins, boulevard de Bel-
LUI
LUS
167
leville, avait pris pour en-
seigne : Aie camp de la
hiipe, tenu par Feigyiant
(Argot du peuple).
l.OUPEUR : Désigne le vo-
leur qui, à la tombée de la
nuit, vole des diamants chez
les bijoutiers au moyen
d'une loupe à deux bran-
ches (Argot des voleurs).
I.OUP-CERVIER : Alors que
les boîirsiers seréunissaient
devant Tortoni, on les nom-
mait ainsi.
Aujourd'hui, l'expression
n'est plus eu vogue, mais le
boursier est toujours syno-
nyme de loup-cervier (Ar-
got des boursiers).
KOUPIOT : Enfant (Argot du
peuple).
i.OLRDIEK (Le) : V. Pessi-
gner les lourdes.
LUISANT : Le jour (Argot
des voleurs). iV.
LUISARD : V. Bourguignon.
LUiMIGNON : V. Bourgui-
gnon.
LUNE (La faire voir) ; Mon-
trer son cul :
Quand j'étais petit je n'étais
I ^)as grand
Je montrais mon cul a tous les
( passants.
Allusion à la rondeur ; fa-
cile à comprendre (Argot
du peuple).
LUQUELR : Voleur qui es-
croque les gens à l'aide de
faux papiers (Argot des
voleurs).
LUSQUINEUR : Voleur qui
s'habille en charbonnier pour
dévaliser les baquets des
véritables charbonniers.
C'est une variété du rou-
lottier (Argot des voleurs).
LUSQUIN : Charbon (Argot
des voleurs).
LUSTRE : V. Palpeurs.
168
MAI-
MAC
M
MAC : Diiniimlir de n);i((ue-
reau.
Quelques- nus écrivent
mec, d'autres mecque.
C'est mac qui est le
vrai mot (Aruot des soute-
MACADAM : Accoster les
hommes. L. L.
On voit d'ici les filles
faire le macadam qui est
la chaussée des houlevards,
pour raccrocher sans doute
les omnibus, les fiacres et
les becs de gaz.
Macadam est le nom
rlonné à un vin blanc épais,
venant soi-disant de Mont-
bazillac, qui est vendu par
les mastroquets au moment
des vendanges (Argot du
peuple). N'
MACARONER: Vient (\e ma-
caron.
Macaron dans le peu-
])le veut dire huissier ;
dans l'argot des voleurs, il
veut dire traître.
II est vrai qu'il n'y a
pas grande différence entre
les deux.
Un voleur est traître en
dénonçant ses complices ;
un huissier est traitre vis-
à-vis des malheureux (Ar-
got des voleurs). N.
MACÉDOINE : Combustible.
L. L.
Macédoine est une sa-
lade composée de toutes
sortes de légumes ; on la
nomme salade russe.
Macédoine est égale-
MAD
MA(
\{\\)
ment syiiouyiut; d'arlequin
(Ai^çîot du peuple). A'.
MACIŒK LES MOTS uNe
pas) : Dire ean'énieut à
(|uelqu'un ee (jue l'on pense.
Parler gros.sièrenient :
ainsi, dansle peu[)le, quanti
on (lit vierde à quelqu'un,
on r('pontl : mâche (Arj,M>t
(lu peuple). X-
MACUOTIN : Petit nuMpie-
leau d'oceasion (jui j^dane
par-ei par-là quelques sous,
en attendant qu'il soit assez
ioit pour avoir une mar-
mite à lui seul.
Le petit macrotin coni-
nienee généralement à être
ratoji et pégriot (Argot
des souteneurs). N.
MACCiL\BÉE : Cadavre.
Se dit plus parliculière-
ment d'un noyé que les ma-
riniers retirent de l'eau.
Les croque-morts diseni
aussi du mort qu'ils vont
enlever :
— Emballons vivement
le macchabée, il fouette à
en ci'ever (Ai-got du peu-
ple). V. Bouffi.
.\L\DAME LA HESSOLRCE :
La marchande à la toilette,
la brocanteuse, le mont-de-
piété (ma tante), tous ces
rongeurs sont madame la
Ressource pour les pauvres
gens qui venden t ou engagent
leurs dernières nippes( Argot
du peuple).
MADEMOISELLE DU lil-
TUME : Péripatétitienne
qui foule le bitume du ma-
tin au soir.
Le bitume, c'est son
atelier, sou champ de nia-
meuvres, elle y règne en
souveraine, elle l'a conquis
à la pointe de ses bottines
( Ai-got du peuple).
MADEMOISELLE DU PONT
NEUF : Fille publique.
L'allusion est typique.
Connue sur le Pont-neuf
tout le monde y passe libre-
ment, avec cette dillérence
toutefois que h^ pont est à
péage (Argot du peuple).
N.
MADKICE : Finesse.
Vient de madré,
— lia roulé le palpeur.
il est rieixmadrice, lego/tce
(Argot des voleurs).
MAGASLN DE BLANC : Mai-
son de tolérance.
Il est assez difficile d'ex-
pliquer le pourquoi de cette
expression ; elle vient sans
doute de ce que dans le
))euple, tous ceux qui vi-
vent de la fennne sont des
mangeurs de blanc.
La maquerelle est dans
ce cas (Argot du peuple).
N.
10 .
170
MAI
MAL
MAGNES : Abréviation de
manières.
Magne est ici pour fa-
çon.
— Ne fais donc pas tant
de magnes, il fout y aller
carrément.
— Tu fais des magnes
ma vieille, ça ne prend pas
Argot du peuple). A^.
MAILLOCHE (Il est) : Syno-
nyme d'avoir reçu un coup
de marteau.
On connaît la légende de
Martin et Martine, de l'hor-
loge de Cambrai, qui a
donné naissance au dicton
populaire pour qualifier un
être déséquilibré :
— Il a passé à Cambrai,
il a reçu un coup de mar-
teau.
Mot à mot : il est tim-
bré (Argot du peuple). A^.
MAILLOCHONS : Les pieds.
Allusion au bruit que
font les pieds en marchant.
— Ils frappent le pavé,
ce qui produit des coups de
mailloche (Argot des vo-
leurs). A^.
MAITRES CHANTEURS: In-
dividus qui font payer des
imbéciles pour acheter leur
silence.
Il y en a de différentes
catégories.
Le maître chanteur fi-
nancier qui fait chanter les
sociétés financières.
Le maître chanteur qui
se sert d'un Jésus pour
l'aire chanter l'homme à
passions contre nature,
Il y a des maîtres chan-
teurs dans toutes les clas-
ses de la société (Argot du
peuple) .
MAITRESSE DE PIANO :
Professeur qui apprend aux
cocottes illettrées le moyen
de tirer des carottes par
correspondance à leurs
amants.
En fait de musique elle
coupe les cors et tire les
cartes.
Elle procure au besoin
(Argot des filles).
MAJOR DE TABLE D'HOTE :
Individu à tout faire, qui
est maquereau à l'occasion.
Le major a toutes les
apparences d'un militaire
en retraite ; il porte à la
boutonnière une rosette mul-
ticolore d'ordres exotiques.
Le major de table d'hôte
est un rastaqiiouère de
premier ordre (Argot du
peuple et des filles) .
MAL BLANCHI : Nègre.
{}nQ plaisanterie popu-
laire très usitée consiste à
dire à un nègre :
— Si on te conduit chez
le commissaire, je ne te
vois pas blanc (Argot du
peuple). N.
MAN
MAN
171
MALADIE : Emprisoiiiu
gol des voleui's).
(Ai-
MALTAISE : Pièce de viiigl
francs (Argot des voleurs) .
V. Signe.
MALTOUSE : Contrebande.
Ilalbert d'Angers dit j:>a6-
quiner la maltoiise.
C'est une erreur; c'est
pastiquer, parce que ce
mot veut dire passer.
Mot à mot, pasHquer la
maltouse : passer de la
contrebande, faire la fraude
sur des objets soumis aux
droits de roclroi (Argot des
voleurs) .
MAMAX-MACA : Maquerelle
qui lient une maison de to-
lérance.
Les pensionnaires appel-
lent la tenancière maman;
quand elle est vieille, ce qui
est fréquent, elles y joi-
gnent le mot maca, abré-
viation de macaque qui,
dans le peuple , signilie
vieille guenon (Argot des
tilles). N.
MANCHE (Faire la) : Mendier,
quêter.
Les voleurs restés en li-
berté font la manche pour
venir en aide à un cama-
rade qui est en prison.
Les sœurs de charité
font la manche dans les
maisons aisées pour soulager
les pauvres et les malades
des hôpitaux (Argot des
voleurs). iV.
MANCHE A MANCHE :
Quand deux adversaires ont
perdu chacun une partie, ils
sont manche à manche
(Argot des voleurs). V.ii^//^.
MANCHON (Avoir des vers
dans son) : Avoir le crâne
dénudé par place.
Allusion aux mites qui
font des stries dans les étof-
fes de laine (Argot du peu-
ple).
MANDOLLE (Eu jeter une) :
Donner un soufllet à quel-
qu'un (Argot des voleurs).
V, Giroflée à cinq feuilles.
MANGER LA GRENOUILLE:
Caissier qui mange le con-
tenu de la caisse.
Notaire qui vole les fonds
qui lui sont confiés.
Sergent-major qui lève
le pied avec la solde de sa
compagnie.
Se dit en général de tous
ceux qui mangeyit l'argent
qui ne leur appartient pas.
Cette expression vient de
ce que, en Hollande, les
banquiers avaient pour em-
blème prolecteur, sur la
serrure de leur coffre-fort,
une grenouille en bronze ;
lorsque le colfre-fbrt était
fracturé, la grenouille était
déplacée. De là; manger la
172
MAN
MAQ
grenouille (Argot du peu-
ple). N.
MANGER LE MORCEAU :
Dénoncer ses complices, ou
avouer ses méfaits (Argol
«les voleurs). V. Mouton.
MANGER DE LA VACHE
ENRAGÉE : Malheureux qui
ne mange pas tous les jours.
— Ah ! tu ne veux pas
travailler, propre à rien, tu
vas foutre le camp, tu man-
geras de la vache enragée
(Argol du peuple).
MANGER DU PALN ET DU
FROMAGE : Repas de fu-
nérailles.
C'est une vieille coutume.
Quand on enterre un ca-
marade, on mange du pain
et du fromage, ou on casse
la gueule à un lapin en sou-
venir du mort (Argot du
peuple).
MANGER LE BON DIEU :
Communier.
L'allusion est claire (Ar-
got du peuple).
MANGER SUR L'ORGUE :
Charger un complice.
Mot à mot : lui mettre
ses méfaits sur le dos pour
essayer de s'en décharger
(Argot des voleurs).
MANGEUR DE BLANC :
Homme qui vit aux dépens
des autres, et particulière-
ment des femmes qui se li-
vrent à la prostitution.
L'allusion est suffisam-
ment claire pour se passer
d'explication (Argot du peu-
ple).
MANGEUSE DE MANDE
CRUE : Cette figure dégoû-
tante, mais très caractéris-
tique, désigne une fille pu-
blique qui a une certaine
spécialité (Argot des soute-
neurs).
MANNEQUIN (Tu n'es qu'un):
Pas grand'chose de bon.
Mannequin : indivirlu
guindé, habillé à la der-
nière mode.
Mot à mot, qui ressem-
ble à un mannequin expos«''
à la porte d'un tailleur.
Mannequin : liotte «le
chiffonnier (Argot «lu peu-
ple).
MANNEQUIN DE MACHA-
BÉES : Corbillard.
Allusion au panier dans
lequel est jeté le condamné
après l'exécution (Argot des
voleurs). V. Omnibus de
coni.
MAQUEREAU : Les uns
croient que ce mot vient de
l'hébreu machar., qui si-
gnifie vendre, parce que
c'est le métier de ces sortes
de gens de vendre les fti-
veurs des filles.
MAQ
MAO
173
D'autres font dériver
celte expression à'aquarius
ou iVaquario/as, parce que
chez les Romains les por-
teurs d'eau étaient les in-
termédiaires de la prosli tu-
lion, d'où nous avons fait,
en ajoutant la lettre J/,
Maqnariohis. et que de là
s'est formé le nom de ma-
quereau.
D'autres encore affirment
que ce mot vient du latin
macalarellus, parce que
dans les anciennes comédies,
à Rome, les proxénètes de
la débauche portaient des
habits bizarres,et ils étayent
leur opinion sur ce que ce
nom n'a été donné à l'un
de nos poissons de mer que
parce qu'il est mélangé de
plusieurs couleurs dans le
dos (Dassessart, Diction-
naire de police, Bnlenger
opuscul.)
Quoi qu'il en soit, la si-
gnification du mot maque-
reau est de vivre aux dé-
pens de quelqu'un, mais
l'expression s'applique plus
généralement à ceux qui
vivent de la prostitution
des femmes.
Soute7ieur, qui vit des
filles publiques, ou mari
qui laisse sa femme se pros-
tituer, lequel est unmaqîce-
reau légitime (Argot du
peuple).
MAQUERELLE: Maîtresse de
maisons de tolérance ou de
maisons de rendez -vous,
femme qui vit du travail
des filles (Argot du peuple),
V. Maraan-Maca.
MAQUECÉE : Abbesse d'une
maison de tolérance.
Vient des deux mots :
maq, abréviation de maqiie-
relle, et de ce, femme d'ar-
gent; de là maquecée (Ar-
got des souteneurs). iV.
MAQUILLER : Se farder le
visage.
Pour réparer des nuits l'irrépa-
I rable outrage.
Quand un ouvrage est
raté, on le maquille pour
le faire accepter.
Maquiller un tableau.
11 existe des peintres spé-
ciaux qui font du vieux
avec du neuf.
Une toile est fabriquée
par un rapin quelconque,
une signature de maître
figure au bas, Xemaqnilleur
lui donne l'aspect de la
vétusté, et un amateur naïf
l'achète.
Il y a comme cela des
Velasquez peints à Mont-
martre (Argot des filles et
des peintres). i\r.
MAQUILLEUSE DE BRÈ-
MES : La tireuse de cartes.
Il en existe de célèbres
dans le monde des filles.
10.
174
MAR
MAR
Elles font des recettes fruc-
tueuses.
La maquilleuse de brè-
mes ne se borne pas à tirer
les cartes, elle procure pour
les deux sexes.
Généralement, c'est une
ancienne fille sur le retour
qui ne peut plus peloter
que le valet de cœur (Argot
des filles).
MARBRE : Ainsi nommé parce
que c'est une table en fonte.
Table sur laquelle les ty-
pographes alignent les ^a-
^W(?^5 corn posant les articles.
Avoir un article sur le
marbre : attendre son tour
pour être imprimé.
Quand un article reste
trop longtemps sur le mar-
bre, il faut le distribuer.
Marbre est une ironie
pour les pauvres journa-
listes.
Leurs articles refroi-
dissent sur le marbre (Ar-
got d'imprimerie). iV.
MARCANDIER : Cette ex-
pression désigne les mar-
chands, quel que soit leur
commerce (Argot des vo-
leurs).
MARCHAND DE MORT SU-
BITE : Le maître d'armes
et le bourreau.
Le maître d'armes ap-
prend à ses élèves les
moyens de tuer un homme
proprement.
Le bourreau coupe la
tète du condamné pour lui
apprendre à vivre (Argot du
peuple). iV.
MARCHER DEDANS : Mettre
les pieds sur une senti-
nelle.
Marcher dans la merde,
suivant un dicton populaire,
cela porte bonheur.
On dit d'un homme heu-
reux en toutes choses, à qui
tout réussit :
— C'est pas possible, il
a marché dans la merde
On dit également :
— Il a écrasé un colora-
bin (Argot du peuple), N.
MARCHER SUR LE DER-
NIER QUARTIER • User
le restant de ses souliers .
Par dérision, on dit à
un homme dont les souliers
boivent l'eau du ruisseau :
— Tes 'pafs sont fo-
chards.
On dit encore :
— Tu vas t'enrhumer,
tes rigodons ont un cou-
rant d'air (Argot du peuple).
N.
MARCHEUSE : Belle femme
qui figure à l'Opéra,
Marcheiise : la femme
qui appelait les passants en
termes très engageants ; elle
détaillait avec complaisance
les charmes de la marchan-
MXW
MAR
175
(lise qui était dans l'iiiU!-
l'ieiir de la maison.
La marcheuse était gé-
néralement un heefteack à
corbeau hors d'âge et de
service.
Les marcheioses furent
supprimées à la porte dos
maisons de tolérance par
arrêté de M. Andrieux, pré-
fet de police, en 1881 (Ar-
got des souteneurs).
MARGOT : Femme de peu.
— Tu n'es qu'une sale
Margot.
l*ourquoi chercher dans
Margot le diminutif de
Marguerite"^
Toutes les Marguerites
ne sont pas de Bourgogne.
11 y en a qu'on aimerait
à effeuiller.
On dit aussi Margoton
(Argot du peuple). iV.
MARGOULETTE : La bou-
che.
Il existe en Boui^ogne
des vases en terre vernissée
qui ont un goulot sem-
blable à la bouche. Pour
cette raison, on appelle ces
vases des gouleltes.
Mar a tout simplement
été ajouté, déformant le
mot primitif pour en for-
mer un autre qui a le même
sens, car les nourrices di-
sent aux enfants :
— Viens que j'embrasse
ta petite goulette.
Rincer la margouletle
h un ami, c'est lui payer à
boire (Argot du peuple).
X.
MARGOUf.lN : Débiteur de
mauvaises boissons. .
Marchand de vin qui a
une fontaine dans sa cave
pour fabriquer le fameux
cru de Château la Poinpe.
Margoulin : méchant;
ouvrier, fainéant, grossier,
brutal, qui lève plus sou-
vent le coude qu'un mar-
teau.
C'est, dans le peuple, un
gros terme de mépris que
de dire h un individu :
— Tu n'es qu'un mar-
goulin 1 (Argot du peu-
ple). N.
MARIAGE A LA DÉ-
TREMPE : Mariage à la
colle. Quand elle est trop
détrempée, le papier ne
tient pas.
Autrefois, avant l'an-
nexion de la banlieue à Pa-
ris, on disait :
— Ils sont mariés au
treizième arrondissement .
Parce qu'il n'y en avait
que douze.
Aujourd'hui on dit au
vingt et unième, parce qu'il
n'y en a que vingt (Argot
du peuple). N-
MARIE -COUCHE-TOI- LA :
Femme qui se met sur le
176
MAR
MAR
dos pour un oui ou un non.
Rôdeuse de caserne (Ar-
got des troupiers). iV.
MARIE-SAG-AU-DOS :
Femme toujours prête.
Allusion aux troupiers
qui, quand le quartier est
consigné en vue d'un évé-
nement quelconque, cam-
pent dans la cour de la ca-
serne sac au dos, 'prêts à
partir (Argot des troupiers).
V. Rem'par denses. N.
MARIE-PIQUE- REMPART :
Femme qui rôde la nuit sur
les remparts, aux environs
des postes de soldats.
On devine ce qu'elle cher'
che : un gîte et un restant
de soupe.
Huit ou dix jours plus
tard, le troupier sait ce
qu'elle a apporté (Argot
des troupiers). iV.
MARIOLE : Malin, rusé, rou-
blard.
On est mariole ou on le
fait.
Dans les ateliers, un ma-
riole passe pour un phé-
nix.
Mariole doit être pris
ici comme synonyme de
marlou.
— Tu n'as pas coupé la
patte à coco, tu n'es pas
si tnarioleqneça, on pour •
rait bien te river ton clou.
11 existe une chanson qui
dit :
Tant qu'il y aura des
I pantes.
Les marioles buulotte-
I ront.
(Argot du peuple et des
souteneurs). N.
MARKOUSE : Carte mar-
quée visiblement par le
honneteur . Mais aussitôt
qu'elle a été vue par la dupe,
elle est démarquée.
Il la devine, mais ce n'est
plus la même (Argot des
camelots).
MARLOU : Individu qui vit
de la prostitution des
femmes.
Marlou vient du vieux
mot mar lier, avec un chan-
gement de finale (Argot des
filles).
MARLOU A LA MIE DE
PAIN : Marlou qui ne sait
pas faire travailler sa mar-
onite ou qui en a une récal-
citrante.
Je lis dans les Lamenta-
tions d'un souteneur :
Quoi ? C'est éteint... tu
I r'buttes au flanche.
Y'a pu de trottinage à la
I clé.
Des dattes pour aue tu
I fass'la planche,
L'anse de la marmite est
! cassée.
(Argot des souteneurs). N.
MARLOUPliN : Jeune mar-
lou qui fait son apprentis-
sage dans les bals publics.
On dit aussi goussepin :
MAU
M Ali
177
petit vagabond dont la pre-
mière étape est la petite Ro-
({uotte et la dernière sou-
vent, la grande.
Goussepin gouspiné :
voler (Argot des voleurs).
MAULOIJSIER : Malin, rusé,
diniinutirde marlou (Ar-
got des soulen'urs).
MARMITE : D'après M. Lo-
rédan Larchey, c'est une
lille publique nourrissant
son souteneur.
Un souteneur sans sa
marmite est un ouvrier sans
ouvrage, dit Canler.
La marmite de terre est
une prostituée qui ne gagne
pas de pognon à son soute-
neur.
La marmite de fer com-
mence à être cotée; elle
gagne un peu de galette.
La marmite de cuivre^
suivant Halhert, c'est une
mine d'or.
J/«rwî7^, d'après Pierre,
est une femme qui n'aban-
ilonne pas son mari ou son
amant en prison et lui porte
des secours.
Le peuple qui ne cherche
ni si haut ni si loin, consi-
dère tout tranquillement la
femme comme une mar-
iiiite.
Quand elle trompe son
mari avec son consente-
ment, elle fait bouillir la
marmite.
Quand elle fait la noec
jtour son compte, qu'ell.» ne
rapporte pas, il y a un
crêpe sur lamarmite (Ar-
got du peuple). N.
MARMITE AXARCmSTE :
Comme la précédente, celle-
là ne rapporte pas ; elle fait
sauter — pas les écus, mais
les maisons.
C'est une marmite qui
n'est guère en faveur, car
elle fait perdre la tète (Argot
du peuple). N.
MARMITEUX : Homme qui
a sans cesse la larme à
l'œil.
Corruption par exten-
sion du mot miteux (qui a
la cire aux yeux) (Argot du
peuple). N.
MARMITON DE D0MAN(;E :
Vidangeur.
On dit aussi : marmiton
de Richer (Argot du peu-
ple).
MARMOTTE : Madras que
les marchandes portent en-
core sur la tète en guise de
coiffure.
Marmotte : diminutif de
marmite.
— Tu n'es qu'une sale
marmotte (Argoi du peu-
ple).
MARMOUSET : Le pot au
feu.
— Amène-ta morue ce
178
MAR
MAR
soir, nous boiùlotierons,
mince de hidoche dans le
marmouset:
Allusion au bruit que fait
l'eau en bouillant : elle
marmoiise (Argot des vo-
leurs).
MARNER : Signifie travailler.
Les voleurs disent éga-
lement marner pour voler,
puisque voler est pour eux
travailler.
Marner est une variété
du vol à V embrassade ^ à
l'exception toutefois qu'il
est généralement pratiqué
par des femmes (Argot des
voleurs).
MARNEUSES : Filles publi-
ques qui travaillent au bord
des rivières
On dit aussi : jponiffes et
magneiises.
Cette dernière expres-
sion indique une spécialité
(Argot des souteneurs).
MARNOIS : Souliers énor-
mes.
Synonyme de péniche
('Argot des voleurs).
MARRAINE : Témoin femelle
(Argot des voleurs).
MARRÉ : En avoir assez,
s'ennuyer d'être en prison.
— jfe vais me marrer
pendant cinq berges (Argot
des voleurs) .
MAROTTE (Avoir une) : Idée
fixe qui varie suivant les
tempéraments,
Tous les collectionneurs
sont des gens à marotte.
Marotte est synonyme
de dada.
Marotte signifie égale-
ment chanter.
— A toi, la Saucisse,
c'est ton tour de raarotte
(Argot des voleurs). N.
MARRON : Livre imprimé
clandestinement (Argot d'im-
primerie).
MARRONNER UN GRIN-
CHISSAGE : Celte expres-
sion n'est pas juste, car
marronner veut dire en
vieux français 'pirate.^ et, en
même temps, bouder, mur-
murer entre ses dents.
Les voleurs l'emploient
pour dire qu'ils ont man-
qué un Dol (Argot des vo-
leurs). N'
MARQUE-MAL : Se dit de
quelqu'un qui a un vilain
aspect (Argot du peuple).
MARQUÉ OU MARQUETS :
Mois (Argot des voleurs).
MARQUÉ (Il est) : Être gra-
vé par la petite vérole (Ar-
got du peuple). V. Poêle à
marrons.
MARQUÉ : Être ridé comme
une vieille pomme (Argot
du peuple).
MARQUE DE CE : Femme
légitime de voleur.
MAS
MAT
179
ï
Femme d'ai^'ent (Ai^ot
(les voleurs).
MVKQUER (Ne plus) : Fem-
me qui n'a plus d'échéance
à chaque fin de mois (Ai-got
(hi peuple).
MARQUER A LA l'OlR-
CHETTE: Marchand de vin
(|ui majore ses notes.
Allusion aux quatre dents
<1(* la Iburchette; il fait qua-
tre raies à la fois (Argot
(lu peuple),
MARQUIS DE LA BOURSE
PLATE : Homme absolu-
ment sans le sou (Argot du
peuple). V. les toiles se
1 0 lichen û.
MASTIC : Terme usité en im-
primerie pour indiquer qu'il
y a erreur dans le classe-
ment des phrases et des
alinéas, ce qui rend l'arli-
cle tout à fait incompréhen-
.sible (Argot d'imprimeur).
MASTIC (Péter sur le) : Le
peintre en bâtiment qui, le
lundi, veut llàner, emploie
cette expression pour dire
qu'il ne veut pas travailler :
— .le péie sur le mastic
(Argot du peuple). N-
MASTROQUET : Marchand
(le vin.
Dernière transformation
(lu mot mannezingue.
Mann, homme, zinc,
par corruption zmgue ,
comptoir (Ai^ot du peuple).
V. Bistro.
MASSEPAIN : Ce nom se
doime généralement à une
sorte de gâteau que l'on
vend dans les Ibires; il a
aujourd'hui une signitiea-
tion bien autrement « fin-
de-siècle »; il sert à dési-
gner la catégorie d'indivi-
dus qui ont à Paris des sa-
lons d'essayages pour da-
mes, avant de les expédi<M'
dans les maisons hospita-
lières de France ou de l'é-
tranger (Argot des soute-
neurs). iV^.
MASSER : Travailler, peiner
ferme.
Allusion au cantonnier
qui casse avec une masse
les cailloux sur les routes.
Il n'existe pas de métier
plus pénible, il est vrai
qu'ils n'en prennent qu'à
leur aise, car la sueur des
cantonniers n'a pas de prix.
Ce n'est sûrement pas
eux qui ont créé la fameuse
légende , que les riches
mangeaient la sueur du peu-
ple (Argot du peuple). N.
MASTARDIER: Faire le wza^-
tar au gras double (Argot
des voleurs). V. Limousi-
nier.
MATADOR : Homme riche ou
qui en a les apparences.
180
MAL
MEL
— Tu fais le matador,
pour : Tu fais rudement tes
embarras (Argot du peuple).
iMATADOR : Partie de domi-
nos.
Les gros dés : double-six,
double-cinq, etc., sont les
matadors (Argot du bou-
levard). A".
MATELASSÉE : Femme qui
a des seins énormes.
Son estomac est mate-
lassé.
Quand c'est une fille et
qu'elle maigrit, son soute-
neur lui dit :
— Tu t'débines des mate-
Quand une femme est
plate comme une limande
elle se matelasse en bour-
rant son corset d'assez de
coton pour donner l'illu-
sion.
Les femmes fin-de-siècle
en })ortenl en caoutchouc
qu'elles gontlen t chaque ma-
tin (Argot des souteneurs).
MATIIURINS : Dés pipés qui
servent aux camelots pour
voler au 7, au passe- dix
et à la consolation (Argot
des camelots).
xMAZAGRAN : Café servi dans
un verre.
Par abréviation on dit un
rnazag. (Argot du peuple).
MEC pour me g : Chef, pa-
tron, Dieu, le mec plus ul-
tra (Argot des voleurs).
MEC A LA COLLE FORTE
Se dit d'un voleur redouta-
ble, par opposition au mec
à la mie de pain.
Voleur de rien (Argot des
voleurs).
MÈCHE : Les mauvais ou-
vriers qui voyagent sans
cesse demandent mèche
dans les ateliers qu'ils ren-
contrent sur leur routt; :
— Y a-t-il mèche de tra-
vailler ?
Mèche pour moyen (Ar-
got du peuple).
MÉDAILLE ou MÉDAILLON :
Y. Pièce de dix sous.
MÉDAILLON : Derrière.
Les joueurs de manille
appellent ainsi les as, par
corruption de maniflnu]
quelques-uns disent le mer-
daillon (Argot du peuple).
MEC DE LA ROUSSE (Le
grand) : Le préfet de police
(Argot des voleurs). V.
Dabe des reniflews.
MÉLASSE (Être dans la]
Dans la misère jusqu'au cou
(Argot du peuple) Y. Pu-
rée.
MÊLÉ CASS.: Mélange d'eau-
MEiN
MER
181
cle-vio et de cassis (jue les
ouvriers boiveiil le matin
sur le zinc pour tuer le
rer.
On dit dans le peuple :
— Faire ses dévotions à
Notre-Dame de Mélé-Cassis
(Argot du peuple). A^.
MIXEÏ : Petit, petite (Argot
des voleurs).
MENKE : Une douzaine.
— Nous étions une me-
née pour ratiboiser ]e (/on-
de r ; pas mèche d'en venir
à bout, c'était un ri(de la-
pin (Argot des voleurs).
MENDIGOT : Mendiant.
D'un petit mendiant on
dit qu'il mendigotte.
Mendigotj changement
detinale (Argot du peuple).
MKNER PAS LARGE (N'en):
Être fort mal à son aise.
iMot à mot : serrer les
fesses ou n'être pas dans
ses petits papiers.
Le condamné qui va être
exécuté 7i'en mène pas
large (Argot du peuple.
MtNESSE : Femme (Ai^ot
des souteneurs).
MENTEUSE : Langue.
On dit par opposition
d'une langue d'animal :
— Allons manger une
langue qui n'a jamais menti.
Parce qu'elle ne parle pas
(Argot du peuple).
MENOUILLE : Monnaie (Ar-
got du peuple).
MFNTON DE GALOCHE :
Menton qui avance comme
celui du classique Polichi-
nelle.
On dit de celui ou de
celle qui possède un menton
semblable qu'il lait carna-
val avec son nez (Argot du
peuple).
MÉQl^'ARD : Commandant
d'ime bande de voleurs (Ar-
got des voleurs).
MERCE : Pour merci (Arçot
des voleurs).
MERDAILLON : Moins que
rien, une sous-merde (Ar-
got du peuple). V. Avor-
ton.
MERDE : A bout d'ai-gument,
dans le peuple, on dit :
— Merde, est-ce fran-
çais ?
C'est-à-dire : Me com-
prends-tu ?
Ce à quoi on répond :
— Goûtes tes paroles.
— Tu peux te retourner
et te mettre à table.
— S'il pleuvait de la
njerde et que chacun en ait
suivant son grade, t'en au-
rais un rude paquet, car tu
es le colonel des imbéciles
(Argot du peuple). N.
n
182
MES
MET
MÈRE AU BLEU : La guillo-
tine. Les voleurs veulent faire
croire que c'est le chemin
du ciel. A. D.
Pas du tout, c'est parce
que le condamné n'y voit
que du hleu (Argot des vo-
leurs).
MÈRE D'OCCASION : Les
mendiantes louent à des
industriels du quartier
MoulFetard des petits en-
fants qu'elles Iraînent dans
les rues pour exciter la cha-
rité publique.
Ces enfants changent
chaque jour de'iuère; de là.
mère d'occasion ou de ren-
contre (Argot du peuple).
N.
MERLAN (Rouler des yeux de
merlan frit).
Homme langoureux el
timide qui, n'osant adresser
la parole à une femme, la
regarde en roulant des yeux
(Argot du peuple). N.
MERLAN : Coiftl-ur perru-
quier.
Quand le perruquier met
de la poudre de riz à son
client, il l'enfariné comme
le merlan avant d'être mis
dans la poêle à frire (Argot
du peuple).
MESSE (Être à la) : Quand
un ouvrier arrive à l'atelier
cinq minutes après la clo-
che, la porte est fermée, il
perd un tiers ou une demie
journée ; il va pendant ce
temps boire des canons sur
le zijic, l'autel des pochards;
le mastroquet officie.
De là, aller à la 7nesse
(Argot du peuple).
METTRE A L'OMBRE : Aller
en prison.
En effet, on ne craint pas
l'ardeur du soleil (Argot du
peuple).
METTRE AU CHAUD
Rouscailler.
V.
METTRE DANS LE MILLE:
Réussir une affaire du pre-
mier coup.
Terme usité chez les pé-
dérastes; raille: podexi^r-
got du peuple).
METTRE EN BRINDE-
ZINGUE (Se) : Faire îa
noce.
Être dans les hrinde-
zingues: être pochard (Ar-
got du peuple). N.
METTRE EN BRINGUE :
Mettre en morceaux, bri-
ser. A. D.
Bringue, signifie femme
maigre, l'expression est
donc fausse.
Mettre en bringue, est
synonyme de brindezin giie
(Argot du peuple). N.
METTRE EN PATE : Les
compositeurs lient les pa^
MET
M EU
183
qmts lie caractères avec
une ficelle.
Quand \e paquet est mal
lié ou que le bout de la
ficelle est emprisonné, le
metteur en pages met le
paquet en/;a^e, c'est-h-dire
(jue les caractères se mé-
langent et qu'il faut recom-
poser.
Quand, dans lupaquet^W.
y a des lettres qui ne sont
pas du corps, ou que le pa-
quet n'a pas été assez
mouillé, en le déliant, si les
It'ttres tournent, on appelle
cela : faire un soleil (Ar-
got d'imprimerie). .Y.
METTRE LA TÈTE A LA
FENÊTRE : Condamné à
mort qui passe la tète dans
la lunette (Argot des vo-
leurs).
METTRE LA CLEF SOUS
LA PORTE : Se sauver,
déménager furtivement .
Se dit communément d'un
connnerçant qui, ne faisant
pas ses affaires, abandonne
sa boutique (Argot du
peuple).
METTRE LA CLEF SOLS
LE PAILLASSON. V.
Mettre la clef sous la
porte.
METTRE LES BOLCllÉES
DOUBLES : Se dépêcher
de faire quelque chose.
Synonyme de manger
un morceau sur le pouce, à
la hâte.
Cette expression est em-
ployée pour tout ce qui est
fait précipitamment (Argot
du peuple).
METTRE DU PAPIER DANS
SA SONNETTE : V. Affa-
ler son grelot.
METTRE SUR LES FONDS
DE BAPTÊME (Se): Quand
le nourrisseur de pou-
pard a mal renseigné ses
complices et qu'ils sont
dans une position difficile,
pour se sauver et n'être
pas paumés marrons :
— Ils sont sur les fonds
de baptême (Argot des vo-
leurs).
METTRE UNE ÉPINGLE A
SA CRAVATE : S'enfiler
un demi-selier (Argot du
peuple). N-
MEULARD : Veau.
Allusion à la mollesse de
la viande.
On dit aussi : un bœuf
en bas âge (Argot du peu-
ple). N.
MEULE : Vide.
C'est veule qu'il faudrait
dire, veule signifie mou.
Meule Q%\. une corruption
(Argot des souteneurs). N,
MEUNIER : Receleur qui a
la spécialité d'acheter aux
mastardiers ou voleurs de
184
MIE
MIR
(jras double, le [»loiu!>,
Tétaiii ou le zine, volés dans
les maisons en consli'uclion
( Ai'got des voleurs).
MEZIGUE : Moi.
On dit aussi medgo ( Ai'-
got des voleurs).
MICIIÉ : Homme qui monte
avec une tille, en payant,
ou qui y couche.
Miche était déjà connu
en 1764. Merard de Saint-
Just dit ceci :
D'où vient qu'on appelle miche
Quiconque va de nuit et se glisse
j en cachette
Chez des filles d'amour, Barbe,
I Rose ou Fanchette ^
(Argot des souteneurs).
MlCIlÉ DE CAftTON : Homme
à qui une fille demande
cinq louis et qui lui ollre
quarante sous.
On dit aussi : rniché à
la mie de pain (Argot des
lilles).
MICHETON : Petit miche
qui raie sur le prix des fa-
veurs des filles (Argot des
souteneurs) .
MIE DE PAIN : Moins que
rien ,
Les typos, par la grande
habitude, savent, du pre-
mier coup d'œil, discerner
un bon article d'un mau-
vais.
Le mauvais, c'est de la
mie de pain (Argot d'im-
1 rimerie).
MIE DE PAIN : Pou.
On sait combien une mie
de pain est désagréable sur
la peau ; le poio occasionne
une démangeaison sem-
blable (Argot des voleurs).
MIJOU (Faire le) : Simuler
une maladie (Argot des vo-
leurs).
MILLED : Billet de mille francs
(Argot des voleurs). N.
MILLERIE : Loterie que tien-
nent les camelots dans les
fêles publiques (Argot des
camelots).
MINCE : Rien.
Mais, dans le peuple,
cette expression sert à ma-
nifester Télonnement.
— Ah ! mince alors, elle
en a une nichée dans la
paillasse (Argot du peuple).
MINETTE : V. Descendre à
la crémerie.
MINISTRE DE L'INTÉ-
RIEUR : Doigt.
Allusion à ime coutume
très en usage dans les cou^
vents de jeunes filles (Argot
du peuple).
MIOU : Enf-mt.
Allusion au miaou du
jeune chat (Argot du peu-
ple).
MIRADOU : V. Mirante.
IIÎANTE : La glace (Argot
des voleurs.
:mis
MOL
185
MIRETTES : Les yeux (Argot
(les voleurs).
MJROIH A PUTAINS : Joli
i^arçon qui s'en croit beau-
coup, une espèce
de « Ni-
colas » (le faubourg.
Dis-lui qu'un miroir à putain
^^JU^ dompter le pays latin
Ksi un fort mauvais personnage.
Celle expression triait em-
ployée au temps de Searron
(Argot du peuple).
MUIULIN : Bonnet.
— J'ai vu une (jerce au
rastue de Saint-Layo ;
elle t'tait rudement gironde
avec sou melet mirquin;
il y manquait un ra?/07t
de miel (Argot des vo-
leurs). .Y
MlFiZALES : Boucles d'oreilles
(Argot des voleurs).
MISE-BAS : Quand une
(îquipe de compositeurs est
mécontenie pour ime raison
ou pour une autre, elle met
bas, elle quitte le travail
(Argot d'imprimerie) .
MISÉREUX : Malheureux.
Homme qui est dans une
profonde misère (Argot du
peuple). iV.
MISLOQUE : Théâtre (Argot
des voleurs).
MISTOUFLES : Fairedes mi-
sères, causer des désagré-
ments à quelqu'un (Argot
du peuple).
MITARD : Cachot (Argot des
voleurs) .
MI-TEMPS : Milieu.
A. Delvau écrit mitan,
(•(> n'est pas exact (Argot du
peuple).
MITRE : Cachot.
Allusion à la mitre de
l'évèque, qui est un signe
de dignité.
Être au cachot, pour un
voleur, est un titre à la con-
sidération de ses pareils.
— Où donc est Barbe-à-
Poux ?
— 11 est mitre pour huit
jornes (Argot des voleurs) .
MOINE : Qu'une épreuve ty-
pographique soit faite à la
brosse ou à la machine, la
partit' qui ne prend pas
l'encre se nomme un moine
(Argot d'imprimerie).
MOISSONNEUR : Le com-
missaire de police.
En effet, il moissonne
ceux qui sont amenés à son
hurlingue.
Mot à mot : il les fauche
comme des blés murs. . . pour
la prison (Argot des voleurs).
V. Q,uart d'œil.
MOEARD : Cracher des mu-
cosités qui fdent comme du
macaroni.
Graitlonner salement.
Quand un large crachat
s'étale sur un trottoir, on
dit:
186
MOM
MON
— Quel beau molard
(Argot du peuple).
MOLETTE : La bouche.
Je ne vois pas bien qui a
pu donner naissance à cette
expression.
La molette sert à un
éperon, elle sert aussi à
couper la pâte pour une
certaine espèce de gâteau ;
enfin, quoi qu'il en soit, ce
mot est usuel (Argot des
voleurs). N.
MOME : Petit.
On appelle aussi une
femme la môme.
11 y en a de célèbres : la
Môme-FromageM Môme-
Goutte-de-Sperme, la Mô-
me-Caca.
On dit aussi momaque
(Argot du peuple). iV.
MOME D'ALTËQUE : Jeune
homme beau et efféminé
que l'on rencontre vêtu
d'un ça ne te gêne pas
da7is le /)«rc (veston), d'un
pantalon collant gris clair,
d'une cravate voyante à
larges bouts, et maquillé la
plupart du temps,
Op le rencontre dans la
galerie d'Orléans, au Pa-
lais-Royal, ou au passage
Jouffroy.
Ce n'est pas l'omnibus
qu'il attend.
On les nomme aussi
chouard. en souvenir du
fameux procès Germiny (Ar-
got du peuple). N.
MOMIGNARD : Diminutif de
môme.
Petit enfant (Argot des
voleurs). V. Abéquense.
MOMINETTE : Absinte ser-
vie dans un petit verre
mousseline.
Allusion à la petitesse
du verre, qui est un mô)/ie,
en le comparant à un grand
verre (Argot du peuple). iV.
MONSEIGNELiR(Pince) : Ou-
til qui sert spécialement à
fracturer les portes ; il est
tout spécialement employé
par les cambrioleurs.
Cet outil en acier me-
sure 45 centimètres de hau-
teur et 23 millimètres de
circonférence.
11 est connu depuis le
xvni° siècle.
C'était un des princi-
paux instnnnents dont se
servait le légendaire Car-
touche (Argot des voleurs).
MONTANT : Paiitalon.
Il monte en effel le long
des jambes.
Le montant à pattes
d'éléphant est, depuis des
années, le signe distinctif
des citoyens à trois ponts
(Argot (les souteneurs). Y.
Falzar. N.
MONTANTE : Échelle.
MON
MON
187
L'image est frappante.
Quand, autrefois, l'écha-
iauil était élevé de treize
marches (pie le condanmé
devait gravir, on nonmiait
les marches la montante du
catraire (Argot des vo-
leurs). .V.
MONTE EN L'AIR l<"s
cambrioleurs.
Ils sont ainsi nommés
parce que ces voleurs opè-
rent généralement dans les
chambres de domestiques
situées aux étages supé-
rieurs.
\hmontent en Vair (Ar-
got des voleurs). N.
MONTER UN BATEAU: Faire
croire à une atlaire ima-
ginaire; présenter à des
îiiais un projet de mise en
actions pour exploiter une
fonderie de pavés ou une fi-
lature de pains de sucre.
Monter un bateau, sy-
nonyme de inonter le coup
(Argot du peuple) . N.
MONTER LE VERRE EN
FLEUR (Se) : Se mo7iter
le conp à soi-même. S'illu-
sionner sur toutes choses.
S'imaginer être aimé par
désintéiessement.
En un mot, croire que
c'est arrivé
— Mon tniché ({111 s'est
monté le verre en fleur
que j'y allais de mon voyage,
faut-y qu'il soit poire (Ar-
got du peuple) . N-
MONTER LE JOB (Se) : Se
monter le coup.
Croire que c'est arrivé
ou vouloir le faire croire à
un autre (Argot du peu-
ple).
MONTER A L'ÉCHELLE ''
Être guillotiné.
Mot à mot : mont- r à
l'échelle de l'échafaud. L.
L.
Monter à l'échelle a
une toute autre significa-
tion dans le peuple ; cela
veut dire: faire mettre quel-
qu'un en colère.
_ n a la tête près du
bonnet, il s'enlève comme
une soîipe au lait.
On dit aussi :
— 11 a un si sale carac-
tère qu'il grimpe à tout
bout de champ (Argot du
peuple). N.
MONTER UN SCIITOSSE :
Mentir..
Svnonyme de monter le
coup à quelqu'un.
Sloss en allemand veut
dire coup.
Ce mot s'est francisé et
court les ateliers.
— Pour faire le lundi et
ne pas avoir son sac, on
monte un schiosse au pa-
tron en lui disant que Ton
va à l'enterrement de son
père.
188
MOR
MOR
Il en est qui ont enterré
leur père autant qu'il y a de
jours dans l'année (Argot du
peuple). iV.
MONNAIE DE SINGE : Une
monnaie qui n'a pas cours à
la Banque de France, car
les garçons de recette n'ac-
cepteraient pas des (jri-
maces en paiement (Argot
du peuple).
MONTRETOUT (Aller à) :
Quand les tilles vont au dis-
pensaire, tous les quinze
jours, pour passer la visite
sanitaire, elles montrent
tout au docteur (Argot des
filles).
MORACE : Cri.
— Si le pante morace
et que les hecs de gaz ac-
courent, lingre le pour ne
pas être paumé (Argot des
voleurs). N.
MORBAC : Moutard désagréa-
ble.
Morhac, diminutif de
morpion (Argot du peu-
ple).
MORCEAU DE GRUYÈRE :
Individu grêlé dont le visage
est percé de trous comme
une passoire.
Morceau de gruyère est
une allusion aux innom-
brables trous dont ce li'o-
mage est percé (Argot du
peuple). N.
MORDANTE : Lime.
On dit d'un individu fiel-
leux, qui ne peut prononcer
une parole sans dire une
méchanceté, qu'il est mor-
dant comme une râpe ^ Ar-
got des voleurs).
MORFE : Repas.
Refaite du matin, déjeu-
ner.
Refaite du jorne, dîner.
Refaite à^ sorgue, souper.
Refaite exprime bien
l'action de se refaire l'es-
tomac.
Morfer est ici pour man-
ger (Argot des voleurs).
MORFIAILLER : Manger.
Vieux mot employé par
Rabelais au Propos des
Beuveurs.
Où dial)le les escarpes
ont-ils été dénicher cette
expression ? (Argot des vo-
leurs).
MORFILLER LE DARDANT
(Se) : Se faire du mauvais
sang, se manger le cœur.
A. D.
Morfiller veut bien dire
manger, mais dardant si-
gnifie amour.
C'est morfiller le ver-
meil (sang) ou \e palpitant
(cœur) (Argot des voleurs).
MORLINGUE : Porte-mon-
naie.
D'aucuns disent mor-
MGR
MOU
189
Il serait plus juste de
dire mornillinque, puisque
momifie veutc^ire monnaie
(Argot des voleurs). iV.
MORNANTE : Bergerie (Argot
des voleurs).
MORNIFFLE : Gille.
— Je vais te plaquer
uue moniiffle sur la hure
si tu m'emmerdes longtemps
(Argot du peuple). Y. Giro-
flée à cinq feuilles.
MORMFFLELR : Fabricant
de finisse monnaie, argent,
or, ou billets de banque
(Argoc des voleurs).
MORNOS : La bouche.
Manger une bouchée, 'ava-
1er une mornée (Argot des
voleurs).
MORPION : Insecte qui occa-
sionne des démangeaisons
fort désagréables.
Par analogie, on dit de
quelqu'un dont on se débar-
rasse difTicilement :
— 11 colle comme un
morpion.
On dit également : mille
pattes (Argot du peuple).
MORUE : Terme employé par
les femmes des halles pour
répondre aux râleuses qui
leur ofTrent un prix déri-
soire de leurs marchan-
dises.
— Va donc, morue, fau-
drait-y pas te foutre du
beurre avec et te le porter
à ton poussier (Argot du
peuple).
MOUCOMMEUNECIIIQUE:
Homme de peu de consis-
tance, sans volonté, qui tra-
vaille mollement.
Allusion au morceau de
tabac qne le chiqueur a
mâché toute une journée : il
est mou.
De là, mou comme une
chique (Argot du peuple).
MOU POUR TON CHAT :
Quand on regarde avec in-
sistance une jolie fille et que
cela ne lui plaît pas, elle
répond :
— Ça, mon vieux, c'est
pas du mou pour ton chat.
D'aucunes, plus expres-
sives, disent :
— Tu peux regarder, c'est
pas de la ciande pour ton
serin (Argot du peuple). N.
MOUCHARDE : La lune.
Elle se montre souvent
fort mal à propos pour dé-
ranger messieurs les voleurs
dans leurs expéditions noc-
turnes (Argot des voleurs).
N.
MOUCHE : Laid, bête, ridi-
cule.
— Elle est rien mouche,
la môme à Poil-aux-pattes
(Argot du peuple).
MOUCHES (Tuer les) : On dit
11,
190
MOU
MOU
de quelqu'un qui a une ba-
leine infecte :
— Il tue les mouches à
quinze pas (Argot du peu-
ple). V. Pot de chambre
cassé dans Vestomac.
MOUCHER LE QUINQUET
(Se faire) : Recevoir une
verte correction, une for-
midable volée (Argot dii
peuple).
MOUCIIIQUE : Laid à faire
peur.
Vient du mot russe me-
jiks (Argot du peuple). N.
MOUCIIIQUE A LA SEC-
TION : Mal noté dans son
quartier.
Quartier est synonyme de
section, depuis la division
des arrondissements en sec-
tions pour les votes (Argot
du peuple). N.
MOULE A GAUFRE : Indi-
vidu dont le visage a été
ravagé par la petite vérole.
Allusion au moule employé
par les gaufriers (Argot du
peuple). N.
MOULE A PETS : Homme
qui se làcbe facilement.
Dans le peuple on dit :
— Avec un vent pareil,
il va pleuvoir de la merde.
On dit également :
— Si on chante comme ça
à ton enterrement, il y aura
plus de cochons que de cu-
rés (Argot du peuple). iV^.
MOULE EST CASSÉ (Le) :
Se dit d'un personnage ex-
ceptionnel, inimilaile. L-L.
Celte expression n'est
pas prise dans ce sens par-
mi le peuple ; elle est em-
])loyée pour dire d'une
iemme qui a passé l'âge,
qui wQmarque plus, qu'elle
ne peut plus faire d'enfants :
le moule est cassé (Argot
du peuple). N.
MOULIN ; Boutique du rece-
leur.
C'est pour cette raison,
sans doute, que l'on nomme
le receleur, le 'ineunier[\i'-
got des voleurs). iV.
MOULIN A MERDE : La
bouche.
En mangeant, elle tra-
vaille poiu' Richer (Argoi
du peuple).
MOULIN A PAROLES :
Femme bavarde qui ne ta-
rit pas, qui parle avec vo-
lubilité.
Elle broie les paroles
comme le moulin, le café
(Argot du peuple).
MOULIN A VENT : Le der-
rière.
Dans la Chanson du
Propriétaire on trouve :
Moulin à eau par devant,
Moulin à vent pur derrière.
(Argot du peuple). .V.
MOUILLANTE : La soupe
( Argot du peuple) . V . Laff'e .
MOU
MUF
191
MOUSCAILLE : La marchan-
dise que l'on abandonne
avec salisfaclion dans les
cliàlets de nécessité.
Monscailler : faire ses
besoins (Argot du peuple).
MOUSQrKT.URE (iRlS :
Pou.
Allusion à la couleur de
cet horrible animal que
pourtant certains adorent.
Un amateur marchande
un pou à un chillonnier ; il
lui ollïv d'un pou magni-
fique un prix dérisoire. 1/é-
leveur le remet délicate-
ment dans sa chemise en lui
chantant le relrain célèbre :
Tu n'en veux pas ! J'I'remets
I dans ma chemise.
Ça n'mange pas il'pain.
(Argot du peuple). N.
MOUSSANTE : Bière (Argot
du peuple).
MOUSSERIE : Fosse d'ai-
sance des prisons (Argot
des voleurs).
MOUSTIQUE DANS LA
BOITE AU SEL : V. .4.?^?-
cot dans la noisette.
MOUTON : Dénonciateur qui
vend ses complices.
Prisonnier qu'on place
dans une cellule avec un
autre prévenu pour le mou-
tonner.
C'est-à-dire le faire
avouer dans la conversation
(Ai^otdes voleurs).
MOUTON : Matelas.
Quand il est plus que
plat, on dit : galette (Ar-
got du peuple).
^R)UVETTl: : Indicateur qui
fournit des indications à la
police.
C'est généralement un
camelot ; il se meut d'un
point à un autre, suivant
les cas (Argot des voleurs).
N.
MUETTE (Avoir une puce à
la) : Condamné qui a des
remords.
On dit aussi : jouer à la
muette (ne pas parler) (Ar-
got du peuple).
MUFFÉE (En avoir une) :
S'être empiffré jusqu'à en
étouffer.
Avoir une soulographie
numéro un.
3Iuffée : n'en plus pou-
voir (Argot du peuple). N-
MUFFLE: Communément, ce
sont les maçons qu'on ap-
pelle ainsi.
La chanson dit :
Tous les muffles que nous
I connaissons
Ne sont pas à la grève.
En effet, il y a plusieurs
genres de muffles :
Tout individu qui se con-
duit mal avec quelqu'un est
un mu f fie.
Muffle est synonyme de
goujat (Argot du peuple).
192
MUS
MUS
MURON : Sel.
Muronnière : la salière
(Argot des voleurs).
MUSETTE (S'en faire jouer
un air) : Expression em-
ployée dans les maisons de
rendez-vous pour désigner
un certain travail très esti-
mé des écoliers (Argot dès
filles).
MUSETTE (Couper la) : Em-
pêcher quelqu'un de par-
ler.
On dit aussi : lui couper
la chique (Argot du peu-
ple).
MUSICIEN : V. Mouton.
NEP
NEP
193
N
NAZ : Nez.
On (lit aussi 7iase.
C'est certainement une
abréviation de naseau (Ar-
içot du peuple).
m: pas attacher son
chien avec des sau-
CISSES : Avare.
C'est une expression très
populaire, superlatif de
chien, (/rippe-soiis.
On ne peut rien dire plus
d'im homme ( Argot du
peuple). iV.
NE KIEN AVOIR DANS LE
FUSIL : Avoir le ventre
vide.
L'allusion est facile à sai-
sir :
.l'sens l'paquet d'tripes qui s'ca-
I vale.
(Argot du peuple).
NEG AU PETIT CROCH :
Chiffonnier.
I\^eg est une aliréviation
de néyocia7it, et croch de
crochet, outil indispensable
aux chiffonniers (Argot du
peuple).
NÈ(ïRE : Heure de minuit, à
laquelle l'obscurité est la
plus profonde (Argot des
voleurs).
NÉGRESSE : Puce.
Allusion de couleur (Ar-
got du peuple).
NÉGRESSE : Bouteille.
— Allons-nous étouffer
une négresse de ginglard
à Argenteuil? (Argot du
peuple).
NEP : Rastaquouère vendant
aux imbéciles des décora-
194
NIB
NIP
lions exotiques (Argot fies
voleurs).
NETTOYÉ : N'avoir plus rien,
être absolument à sec.
Nettoyé, être à l'agonie,
se sentir mourir.
— Le médecin m'a dit que
j'étais nettoyé (Argot du
peuple).
NEZ CULOTTÉ : Nez d'ivro-
gne.
Dans le peuple on dit :
— Si on lui pressait le
piton il en sortirait du vin.
Le nez culotté a été cé-
lébré par Ch. Colmance :
Un nez culotté;
Piquante parure,
Gracieuseté
De dame nature.
Heureux l'elTronté doté
D'un nez culotté.
11 y a des nez culottés
qui coûtent plus cher que
s'ils étaient en or (Argot
du peuple).
NEZ RETROUSSÉ : Nez à
narines larges et ouvertes.
— 11 va te pleuvoir dans
le nez.
— Elle se pleure dans le
nez quand elle a du chagrin
(Argot du peuple).
NIB : Signifie rien.
Ce'.te expression n'est
pourtant pas toujours prise
dans ce sens.
Quand on dit : nib de
blaire, par exemple, pour
qualifier un nez énorme, nih
devient synonyme At mince
qui veut dire beaucoup (Ar-
got du peuple). N.
NIB DE BRAISE : Pas d'ar-
gent.
— Par un houryiiignon
pareil tu restes à la 'piaule,
allons décanille.
— Nib de braise, les
valades sont dégraissées
(Argot des voleurs).
NICHE A SEINS : Corset.
Allusion à ce qu'il sou-
tient les forts, augmente le
volume des faibles, disci-
pline les vagabonds et pro-
tège les égarés (Argot- du
peuple). N.
NICHONS : Les seins.
— Laissez-moi tàter vos
jolis nichons.
— Combien qu'tu payes?
(Argot du peuple).
NIÈRE : Homme quelconque,
lui.
— Le g once a rudement
le tr.ac pour son nière.
On dit aussi : mon nière
bobécUon pour moi.
Bobéchon, ici, fait dou-
ble emploi (Argot des vo-
leurs).
NIE : Non (Argot des vo-
leurs).
NIPPÉ : Bien habillé.
— J'avais olus rien, les
requins m'avaient bazar-
dée pour payer mon pro-
NON
NOU
19:
bloque^ j'ai dégoilénn mi-
che qui m'a renippée, à
j)ivscnt je suis rupine je
|)eux trimardcr (Arçjot du
peuple)
MQLE DE MÈCHE : N'avoir
pas (le complice.
— J'ai fait mon coup de
vogue saos nique de mèche
(Argot des voleurs).
MQIE DE MÈCME : Refus
d'un complice de partager
le produit d'un vol.
— Xique de mèche, je
ne fade pas le pognon
(Argot des voleurs).
MORTE: Viande (Argot des
voleurs"^. V. Cri g ne.
NOCE DE TAILLEUR :
Faire une) : Se promener
le long des berges et faire
des ronds dans l'eau avec
des cailloux f Ai-got du peu-
ple). N.
NOIX (En avoir) : Avoir
beaucoup de bijoux (Argot
des voleurs).
.NONNE (Faire)
foule.
Faire la
Rien de plus simple :
les nonneurs (complices)
se groupent autour de
l'un d'eux, qui simule un
mal subit, de prélérence
dans une rue barrée ; les
badauds s'amassent, le ti-
reur peut à l'aise explorer
les poches, et souvent la
moisson est féconde.
Quand l'un d'eux est
ju'is et qu'il se met à table,
on dit qu'il mange sur ses
nonneurs (complices) (Ar-
got des voleurs).
NON N EL R S : Complices de
voleurs, plus parliculière-
nieiit des pick-pockets (Ar-
got des voleurs).
NORD : Tèlc.
Dans le peuj)le, du dit
souvent de quelqu'un qui
devient fou :
— Il perd le nord (Ar-
got du peupKO-
NOZIÈRES : Qui ? (Argot
des voleurs). N.
NOURISSEUR DE POU-
DARDS : Complice qui
prépare les vols à accom-
plir.
Un bon nourrisseur de
pohpards est très recher-
ché par les voleurs (Argot
des voleurs).
NOUSAILLES : Nous.
Nosigues est beaucoup
plus usité (Argot des vo-
leurs).
NOUVELLE (La): Le bagne.
Abrévfation de Nouvelle
Calédonie.
Autrefois, quand les ba-
gnes étaient à Rrest et à
Toulon, on disait \q grand
pré.
196
NOY
NU A
— Il est sapé à faucher
h grand pré à perpète
(Argot des voleurs).
NOYEUSE D'ÉTRONS: Mère
de famille qui va au lavoir
public laver le linge de ses
enfants.
Allusion aux déjections
des bébés qui souillent les
couches (Argot du peuple).
NUAGE : La tournure que
portent les femmes ; ainsi
nommé parce qu'il cache la
Itine (Argot du peuple). A^.
OEI
OKI
19:
\
ŒU. A LA COQrE : Ueco-
voir sur l'a 'il un iormi-
(lalde coup de poing qui le
poche et en fait un œil me
beurre noir.
La violence du coup fait
extravaser le sang et le
lendemain, l'œil est couvert
par une large lâche noire.
On appelle alors le blessé :
fape à l'œil (Argot du peu-
ple).
OLIL EN COULISSE : Re-
garder quelqu'un amoureu-
sement, tendrement, avoir
l'air de lui dire :
— Veux-tu ?
Faire le genou à sa
voisine sous la table, est
aussi significatif et beau-
coup moins visible, surtout
si le mari est là (Ai^ot du
peuple).
ŒIL QUI DIT MERDE A
L'AUTRE : Deux yeux qui
ne vivent pas en bonne in-
telligence, qui se regardent
en chiens de faïence (Argot
du peuple). V. Guigne à
gauche.
OEIL (Faire de l') : Les filles
font de Vœil aux passants
qu'elles veulent raccrocher:
Ses deux beaux chasses vous
! rembroquaient
Puis à la piaule tous lesgonces
I rappliquaient.
dit la chanson du marlou
(Argot des filles),
OEIL (Faire 1') : Avoir à cré-
198
OIS
ONG
dit chez les fournisseurs.
Dans le peuple, quand
on oublie de payer, le four-
nisseur refuse crédit ; alors
on dit que Yœil est crev6
(Argot du peuple).
0. PRESSE : La procureuse
ou la proxénète, bouquetière
ou marchande à la toilette ;
elle donne cent sous aux
tilles quand elle touche
viiîgt francs, elle leur vend
mille francs ce qui vaut
cent francs.
Mot à mot : V ogresse les
mange toutes crues (Argot
des filles).
OCxRESSE : Eemme friande
de chair fraîche appartenant
à son sexe (Argot des filles).
V. Accouplées.
OIGNON (L') : Il s'appelle
aussi trou de halle (Argot
des souteneurs). V. Figne.
N.
OICNON : Montre énorme.
Argot du peuple qui dit :
ognon.
— Ton ognon marque-t-
il l'heure et le linge ? (Ar-
got du peuple).
OISEAU : Ilélas ! quand il
est envolé c'est pour long-
temps et les regrets si
amers qu'ils soient sont
super (lus.
Heureux encore s'il ne
laisse pas un petit dans la
cage.
— Elle a perdu son oi-
seau (Argot du peuple). .Y.
OLIVIER DE SAVETIER :
Navet.
Comme ils sont écononxs
pour la plupart, ils se ser-
vent de l'huile de nai'eltc
qui se vend bon marché
pour assaisonner leur sa-
lade.
C'est exactement la
même chose que pour les
pommes déterre; on dit des
oranges de limousins
(Argot du peuple).
OMNIBUS : Femme à tous.
On dit aussi : wagons
et omnibusardes.
Fréquemment, ces omni-
bus là donnent une corres-
pondance pour l'hôpital (îu
Midi (Argot du peuple).
OMNIBUS A CONI: Voi-
lure qui emporte le guillo-
tiné du lieu d'exécution au
cimetière (Argot des vo-
leurs).
ONCLE : Le guichetier qui
garde la première porte
d'entrée d'une prison.
Je ne vois pas trop pour-
quoi on l'appelle mon oncle
car il n'a guère de tendresse
pour les visiteurs, à moins
que ce ne soit un à peu près.
Quand on va au clou, mon
ORG
ORP
199
oncle proiid soin dos objets
déposés (Arj,'ot dos prisons).
ONGLES CROCHES (Les
avoir) : Ce sont généraU*-
lement les Normands qui
ont cette spécialité, car on
dit très souvent d'un grippe-
sous (pie Ton pourrait le
jeter au plalond (ju'il ne
le tomberait i)as.
Avoir les ongles crèches
est synonyme de poser zéro
et de retenir tout (Argot
du peuple).
(HIANGERDE SAVETIER:
Pied de sarriette, que les
savetiers placent dans leur
échoppe à côté d'eux f Argot
du peuple.
OUDLNAIRE : La soupe et le
bœuf que les ouvriers man-
gent le malin.
Comme presque toute
l'année c'est la nourriture
ordinaire, de là, le nom
(Argot du peuple).
ORDINAIRE : Homme habi-
tué à venir à heure et h
jour tixe chez une lille.
C'est un protecteur inter-
mittent (Argot des filles.
ORCUE : Homme.
Mon orgue, moi.
Ton orgue, toi.
Son orgue, lui.
Leur orgue, eux.
(Argot.des voleurs).
ORGIE (Jouer de T) : Ronfler.
Il roidle comme un tuyau
iVorgue.
Il ronlle comme une tou-
pie d'Allemagne.
Allusion au ronflement
sonore que fait la toupie en
tournant sur elle-même (Ar-
got du peuple).
ORNICHON : Oie, volaille.
Les voleurs qui ont la
spécialité de dévaliser les
poulaillers dans les cam-
pagnes se nomment des
nettoyeurs d'ornic/ions
(Argot des voleurs). V, An-
gluce.
ORNIE DE BALLE : Dindiu.
(Argot des voleurs).
ORPHELIN DE MURAILLE:
Les élrons qui s'alignent le
long des murs isolés.
Pourquoi orphelins ?
Us sont parfois en nom-
breuse société et beaucoup
ne peuvent être pris pour
des vagabonds étant munis
de papiers (Argot du peuple) .
ORPHELIN : Bout de cigare
ou de cigarette que le fu-
meur abandonne dédaigneu-
sement.
Ils sont aussitôt recueillis
par le ranmsseur de mégots
qui leur fait un sort (Ar-
got du pe iple).
ORPHELIN : Verre de vin à
moitié bu que le buveur
200
OSE
oss
abandonne sur le comptoir
du maslroquet.
Quand un consommateur
boit seul sans trinquer, il
étouffe %m orphelin.
Dans les bars, ii ne man-
que pas de Saint-Vincent-
de-Paul pour les recueillir
(Argot du peuple).
OSEILLE : La faire à l'o-
seille.
Jouer un tour désagréable
à quelqu'un. A. D.
11 attribue ce mot à un
cabotin habitué d'une petite
gargote de la rue de Malte
où mangeaient les artistes
des théâtres du boulevard
et du Temple.
Selon lui, ce mot date de
1861 environ.
Comme cette locution: la
faire à l'oseille est très
répandue, il est bon de ré-
tablir son origine.
Le petit père Vinet, mort
il y a deux ans dans un
taudis de la rue de Tour-
tille, à Belleville, était
vers 1840 un chansonnier
en vogue.
Il avait été sauvage au
Caveau des Aveugles, au
Palais-Royal, avant le père
Blondelet ; il mangeait dans
la gargote citée par Del-
vau.
La gargote était non rue
de Malte, mais rue de la
Tour. Un après-déjeuner, il
composa une chanson inti-
tulée : Vous me la faites à
l'oseille. ho\x\2ivA,Vhomrûe
à la vessie la chantait en-
core en 1848, place de la
Bastille.
Voici un couplet de cette
chanson :
Comme papa j'suis resté gar-
I çon
Tour bonne j'ai pris Gervaise.
Elle est maîtresse à la maison
Je la troiwe mauoaise
De la cave au grenier
La danse du panier
Que c'est une merveille.
Elle mange à son goût
Mes meilleurs ragoûts.
Vous me la faites à l'ossille.
Comme on le voit, il y a
plus de cinquante ans que
Ton connaît cette expres-
sion (Argot du peuple j. .V.
OS : Argent, or ou monnaie.
— J'ai de Vos à moelle
dans ma poche (plusieurs
pièces de cent sous) (Ai-got
du peuple).
OSEILLE : Argent (Argot du
peuple). V. Aubert.
OSEILLE (La faire à l'i :
Réussir un bon vol qui a
été bien nourri.
Sûrement c'est la faire
à l'oseille à celui qui a été
dévalisé.
Les voleurs sont quel-
quefois facétieux (Argot des
voleurs).
OSSELETS : Les cinq doigts.
lies gamins jouent un jeu
OUR
OUV
201
(jui se noinnie osselet avec
(les os de pied de mouton
( Ai*gol du peuple). V. Apô-
tres.
01 KLER LE BEC : Besogne
terminée
Quand un ouvriergraveui"
met sa signature au bas de
sa planclie ou de son l)ois,
le bec est ourlé (Argot d'a-
telier).
()l RS : llonnne sombre, triste.
Dans les ateliers, on dit
d'un ouvrier qui fuit ses
eama rades : c'est un ours.
En réalité, ours mal
léché est synonyme de
ïïiufle (Argot du peuple).
OLRS : Mauvais livre qui
reste pour compte à l'édi-
teur.
Mauvais manuscrit de
pièce qui dort dans les car-
tons du directeur.
En un mot, tout ce qui
ne vaut rien, qui est raté,
est un ours (Argot du peu-
pie).
OURS (En poser un) : Quit-
ter sa casse pour raser un
copain ; la séance se pro-
longeant, les camarades
crient :
— Mince d'onrs (Argot
d'imprimerie).
OURSER : \\ est très difficile
d'expliquer le sens brutal
de ce mol autrement que
conmie ceci :
Mari qui renqilil ses de-
voirs conjugaux comme un
ours (Argot du peuple). .V.
OUTIL : Vieille lénune.
Objet de reliul qui ne
peut servir à aucun usage.
Terme de mépiis fré-
(jucmment employé :
— Sale outil (Argot du
peuple).
01 TIL DE BESOIX : Fennne
ou fille.
Elles ne deviennent oî/iîV
que par l'habit ide de la co-
habitation.
Un souteneur qui n'a [)as
de poigne pour défendre sa
marmite est également un
outil de besoin... jusqu'à
temps qu'elle en trouve un
autre (Argot du peuple).
OUVRIR SA SOUPAPE :
Péter bruyamment.
Allusion à la soupape de
la chaudière qui se soulève
pour laisser échapper la va-
peur quand la pression est
trop haute.
On crie à celui qui s'ou-
blie aussi fort :
— Ferme ta soupape,
ça pue (Argot du peuple».
N.
OUVRIR SA TABATIÈRE :
Péter.
Par allusion à l'odeur,
on dit : Quelle rude prise !
On en prend plus avec son
nez qu'avec une pelle (Ar-
got du peuple). N.
202
PAF
PAG
PAF : Celle expression dé-
signe Tobjel qui distingue
l'homme de la femme.
Ce sont les voyous qui
ont inventé le mot.
Quand un tenaneier d'une
maison de tolérance se re-
tire des affaires et qu'il se
l'ait construire une maison
à la campagne, s'il éprouve,
par vanité, le besoin de
mettre au fronton de sa
maison un écusson, il peut y
ajouter cette devise qui ex-
plique le mot paf :
Pêne erexit dom uni
(Argot du peuple]. iV.
PAF (Être) : Être gris.
— Je me suis pd/fë hier
soir que c'en est dégoûtant.
— Paf, (;a y est.
Chose accomplie. Syno-
nyme de : J'en ai mon
pied. (Argot du peuple).
PAFFS : Souliers.
C'est à peu près le meil-
leur mot d'argot pour dési-
gner le bruit que fait le
marcheur en frappant le
sol du pied.
C'est une image : pa^!
paffl (Argot du peuple).
PAGNE : Lit.
Allusion au pagne qui
entoure la taille des sau-
vages ; les draps cachent
également la nudité de
l'homme et de la femme
(Argot du peuple). A^.
PAI
PAL
•203
PAGNE : Provision.
On n'ics but'jilus, car c'est un
I mauvaiïj Hanche,
^ tn a toujours qui sont pau-
j niés marrons,
Mais sans r'niftler, pour eux on
I fait la manche,
' 'v leur envoie le pagne au
I violon.
Argot des voleurs).
PAGNOTER (Se) : Se coii-
(Iier.
Maliçré le double eiiiploi,
ou dit dans le peuple :
— Je vais me paynotc)'
dans mon pieu avec mes
dardants (Argot du peu-
ple).
PAILLASSE : Femme.
Ln homme se promène,
sa femme au bras ; il est
rencontré par un ami :
— Tiens, lu déjnénages,
Chariot?
— Pourquoi donc?
— Puisque t'as ta pail-
lasse sous le bras (Argot
du peuple). V. Boulet.
PAILLASSE A SOLDAT:
Fenmie smr laquelle tout
un régiment couche.
Mot à mot : qui sert de
liuillasse (Argot du peu-
pie). N.
PAILLASSE : Pitre qui lait
le boniment devant les ba-
raques de saltimbanques.
Paillasses : les hommes
f)olitiques qui servent tous
es gouvernements, pourvu
qu'ils paient.
Paillass', mon ami,
N'saui' pas à demi.
Saute pour tout le monde.
(Ai-got du peuple).
PAILLE (C'est une) : Signe
d'étonnement qui veut dire
beaucoup, trop gros fardeau
à porter :
C'est une paille que de
porter ça là bas (Argot du
peuple). iV.
PAILLE AL CUL (Avoir la):
Être mis à la réforme. Z.
Z
S'en aller la paille au
Ctily c'est quitter le régi-
ment en ayant encore de la
salle de police ou de la
prison à faire.
Allusion à la paille sur
laquelle couchent les pri-
sonniers (Argot des trou-
piers). iV.
PALABRE : Discours en-
nuveux, prudhommesque.
Palabra^ en langue es-
pagnole, signifie parole,
il est vrai, mais ce n'est
pas le sens dans le langage
populaire.
Palabre trembleuse :
figure de bourgeois qui
tremble à propos de rien,
qui a peur de son ombre,
qui se cache au moindre
bruit.
Palabre signifie figure :
— Le bi/fard a telle-
ment la frousse que sa
204
PAM
PAN
(•in<|
palabre défargue (Argot
(lu peuple). A^.
PALAIS : Pièce
francs.
Allusion à la forme plaie
du palais qui sert pour
jouer au tonneau (Argot du
peuple]. V. Tune.
PALLAS : Discours.
— Tu ne vas pas bien-
tôt nous lâcher le coude
avec ton pallas à dormir
debout.
— \'iens-tu entendre le
bénisseur, il va pallasser
sur la tombe de son ami
(Argot des voleurs).
PALLASSEUR : Individu qui
parle d'abondance, longue-
ment, sur tout ce qu'il ne
sait pas.
— Gare aux inondations !
le pallasseur a ouvert son
robinet (Argot du peuple).
Juge d'inslruc-
PALPEUR
lion.
11 palpe en effet les pri-
sonniers pour les faire
avouer.
Cette expression est plus
jolie que l'ancienne : cu-
rieua; (Argot des voleurs).
N.
PALPITANT : Le cœur (Ar-
got des voleurs). V. Grand
ressort. I^.
PAMPLNE: Sœur de charité
(Argot des voleurs).
PANAMISTE : Cette expres-
sion date de 1892.
Ce sont les dénonciations
faites par M. Andrieux
contre les lOi députés qui
auraient touché des chèques
à la caisse du Panama qui
ont donné naissance à ce
mot (Argot du peuple). A^.
PANADE : Soupe de pain
qui mijote lentement sur un
feu doux.
Dans le })euple, être dans
la panade, c'est être dans,
la misère. ■
Allusion à ce que la pa-
nade est généralement faite
avec des croûtes de pain
(Argot du peuple). A^.
PANAIS : Pan de chemise.
Être en panais, être en
chemise.
Dans le peuple, pafiais
est employé comme néga-
tion.
— Veux-tu me prêter
cent sous?
— Des parlais, tu le
fouterais de ma fiole (Ar-
got du peuple). A^.
PANIER: Lit.
— Mon petit homme,
veux-tu venir avec moi
faire une séance de panier,
tu verras comme je suis. . .
aimable (Arçot des filles).
PANIER A SALADE : Voi-
lure cellulaire pour con-
duire les prisonniers des
PAN
PAR
203
posles (le police au Dépôt
(le la préroeliire, ainsi
Momnu'e parce (pi'aulrel'ois
celte voiture était à claire-
voie (Arjiol (li's voleurs).
I»ANIKU A DKl X ANSKS :
Avoir une lennne à chaque
liras (Argot du peuple).
PANIER V¥J\Œ : llonnne
(pii n'a rien à lui.
Allusion au panier sans
Ibnd que jamais on ne peut
emplir (Argot du peuple).
PANSU : Terme de mépris
employé par le peuple; i)our
(pialitier un bourgeois qui
lait un dieu de stm ventre
et qui a une panst' arron-
die.
Pansu : égoïste qui ne
songe qu'à lui (Argot du
peuple). N.
PANTIN : Paris.
Quancï on a bien hillanclté
I pour son compte,
On defourage et renquiUe à
I Pantin.
L'iong du triinard, beqial-
I lant son décompte,
De gueule en gueule on
I pique vm gai refrain.
Pantin: Argot du peu-
ple.
Pantruche : Argot des
voleurs.
PANTE : Imbécile qui se
laisse facilement duper.
Inutile, je pense, de dire
{\\w panle vient d(! pantin:
gens de Paris (Argot des
voleurs).
PANTKE AKGOTÉ : Imbé-
cile de la pire esp(^ce, plus
Itéte (pie ses pieds ; être
facile -A lronq»er (AipH des
v( (leurs j.
PANTKE AUNAlî : Mot à
mot: individu qui renaude,
(pii marronne en s'aperc(v
vanl (pi'il vient d'être vic-
time d'un vol (Arçot des
voleurs'.
PANUCIIE : Femme élégam-
ment mise, Z. Z.
Panucàe eai la maîtresse
d'une maison de tolérance
(Argot des souteneurs). V.
Maman-maca.
PAPILLON : Blanchisseur de
campagne (Argot des vo-
leurs).
PAPILLON : Vol à la mar-
que.
Il se pratique dans les
voitures de blanchisseu-
ses qui viennent de la cam-
pagne et contient leurs voi-
tures à la garde d'un
enfant (Argot des voleurs).
PAQUET : Homme ou femme
gros, court sur pattes, sans
élt^gance, ressemblant à un
^paquet de chair (Argot du
peuple).
PARANGONNER : Arranger
au moyen d'interlignes des
caractères de différents
corps (Argol d'imprime-
rie).
206
PAR
PAS
PARAPHE (l<:n délacliei' uuj:
Donner un souftlet à quel-
qu'un.
On dit aussi :
— Je vais te poser un
cachet .
Détacher un paraphe
est rarement employé, c'est
trop long ; hègne vaut
mieux (Argot du peuple).
PARC AUX HUITRES :
Mouchoir.
L'allusion n'est pas tout
ce qu'il y a de plus distin-
gué, mais l'image est juste
(Argot du peuple). N.
PARFAIT AMOUR DE CHIF-
FONNIER : Eau-de-vie
vendue dans les assom-
moirs (Argot du peuple).
PARFUMEUR : Avocat.
Mot à mot : il couvre son
client de lleurs (Argot du
peuple). V. Blanchisseur.
PARISIEN A GROS DEC :
Quand, dans les ateliers, un
provincial lait de l'embar-
ras, qu'il prend des airs
casseurs, qu'il fait le crâne
et dit : nous autres Pari-
siens, parce qu'il habite la
capitale depuis &ix mois, on
lui répond :
— Tu n'es qu'un Pari-
sien à gros bec (Argot du
peuple). N.
PARLOIR DES SINGES :
Parloir des prisons.
Allusion aux trois grilles
entre lesquelles sont enfer-
més les visiteurs et les pri-
sonniers (Argot des vo-
leurs).
PAROUFLE : La paroisse.
C'est un sale parou-
flard ; pour sale paroissien
(Argot des voleurs). N".
PARRAIN : Avocat.
Il sert en elfet de par-
rain à l'accusé, il le tient
sur les fonds baptismaux en
cour d'ar.sises (Argot des
voleurs). iV.
PASCAILLER : Passer.
— Le go?ice a pascaillé
avant toi au carré des pe-
tites gerbes, il est enfla -
qiié pour dix berges.
Pascailler veut dire éga-
lement prendre le tour ou
la place de quelqu'un.
— rtxipascaiiléh 31 orne
Livarot au Rouquin (Ar-
got des voleurs). N.
PAS CUIT : Un courtier de-
mande à un libraire un livre
ou une revue ; s'ils ne sont
pas })arus, on lui répond
laconiquement : pas cuit .
Mot à mot : ils sont en-
core au four (en confection)
(Argot des libraires). N.
PAS SI CHER : Silence,
parlez plus bas, on nous
écoule.
Expression employée
dans les prisons pour signa-
ler l'arrivée d'un gardien
PAS
PAS
•207
([ui punirait les causeurs.
Synonyme de : il pleut,
employé dans les imprime-
ries quand le proie ou le
patron entre à l'atelier (Ar-
got des voleurs).
PAS MÈCHE : Impossible
de réussir.
Mèche |)Our moyen.
— J'ai l)eau la chauffer,
pas mèche d'y arriver (Ar-
got du peuple).
PASSE (Être gerhé à lai :
Mauvaise allaire pour celui
qui est dans ce cas-là.
Être (jerbé à la passe,
c'est être condamné à mort.
La passe, c'est la guil-
lotine (Argot des voleurs) .
PASSE (Faire une) : Fille
qui raccroche sur la voie
publique et conduit ses
clients de hasard au pre-
mier hôtel venu.
Elle ne fait que passer.
Faire une passe vient
aussi de faire un passant
(Argot des filles).
PASSE-BOURGEOISE :
Femme mariée, habituée
des maisons tle rendez-
vous et qui, par ses passes,
aide à faire bouillir la mar-
mite (Argot du peuple).
PASSER A LA PIPE : Quand
un individu est arrêté et
conduit dans un poste, les
agents h; battent.
On le passe (i la pipe.
Mot à mot : il est fumé.
Synonyme de passer à
tabac (Argot du peuple).
PASSER DE RELLE (Se) :
Ne pas recevoir sa part
d'un vol ou d'une affaire.
Il s\m passe de belles :
homme qui vit joyeuse-
ment.
Mot à mot : qui passe de
belles journées.
Il s'en 2^asse de belles
pour exprimer que dans tel
endroit il se ^a56'<? de ci-
laines choses.
Il en fait de belles :
commettre de mauvaises
actions.
— Il en fait de belles
ton vilain sujet, il crèvera
sur l'échalaufl (Argot du
peuple et des voleurs). N.
PASSER DEVAMLEFOUR
DU BOULANGER : Voilà
une expression qui n'est
pas banale et qui est très
usitée.
Quand un gamin ou une
gamine sont trop précoces,
qu'ils ont l'esprit plus
éveillé qu'il ne faudrait, on
emploie ce mot.
Mais il est plus typique
dans ce sens.
Quand une toute jeune fille
a avalé sonpépinel qu'elle
pose quand même pour la
vertu, on lui dit :
— Ne fais donc pas
208
PAS
IWT
tant ta gueule, tu as passé
devant le four du bou-
langer.
Mot à mot, elle a vu en-
fourner (Argot du peuple).
N.
PASSER LE GOUT DU
PAIN : Etrangler un indi-
vidu, lui faire passer le
(joïU du pain (Argot du
peuple).
PASSER DEVANT LA
GLACE : Payer.
Allusion à la glace qui
est toujours derrière le
comptoir, chez le marchand
de vin (Argot du peuple).
PASSER L'ARME A GAU-
CHE : Mourir (Argot du
peuple) .
PASSER L'ÉPONGE : Ou-
blier, pardonner.
Mot à mot : laver le passé
(Argot du peuple).
PASSER A TABAC : Cette
expression est toute récente.
Quand un individu est
arrêté et conduit dans \m
poste de police, il est sou-
vent frappé par la police,
de là : passer à tabac (Ar-
got du peuple).
PASSÉ-SINGE : V^oné.A.D.
Singe ne doit pas ici être
pris dans le sens de patron ;
singe est l'animal de ce
nom.
Passé-singe, passé maî-
tre dans l'art de faire des
grimaces et de se contor-
sionner.
Synonyme de souplesse
et d'agilité.
— Il est donc passé-
singe qu'il a pu cromper
la tant', malgré V oncle et
les barbaultiers (Argot
des voleurs). 2Ç'.
PASSE VANTERNE: Échelle.
Mot à mot : passer par
la fenêtre f'Argol des vo-
leurs).
PASSIFS : Souliers.
Il en est peu, en effet,
qui résistent au mauvais
temps, surtout depuis l'in-
vention des semelles en cuir
factice (Ai^ot du peuple).
PASSIF: Homme pour homme,
celui qui subit.
Habitué des latrines de
la berge du Pont-Neuf, des
bains de la rue de Penihiè-
vre ou des pissotières des
Champs-Elysées.
Dans le peuple on dit :
— Il va ramasser des
marrons dans l'allée des
Veuves.
L'allusion est claire (Ar-
got du peuple).
PATAPOUF : Homme gros
et court sur jambes, qui
peut à peine soufller en mar-
chant.
Dans le peuple on dit :
— Ce patapouf souflle
PAT
PA\^
209
comme un phoque (Argot du
peuple).
PATELIN : Pays.
Corrupliou' du vieux mot
pasqiielin, qui signifiait la
même chose (Argot du peu-
ple).
PATINER (Se) : Se sauver.
— Je me ^«^/«^ parce que
je suis en relard.
Allusion aux patineurs
(pii avancent ra[>idement.
Patiner veut aussi dire
se dépécher de terminer
une besogne.
— Je me patine de finir
ma pièce, autrement samedi
pas de galette.
Patiner du chiffon
rouge, se patiner de la
langue : parler vite (Argot
du peuple). N.
PATOUILLER : Manier.
— Vous n'avez pas bien-
tôt fini de me patouiller
avec vos sales pattes ?
On patoviUe dans un
coft're-forl .
On dit également ^a^rî-
fouillcr.
— Ce cochon de quart
d'œil a passé deux heures
à pairifouiller dans mes
frusques pour trouver de
quoi me faire sapé, mais il
est grinchi. C'était au
moulin.
Patri fouiller est le su-
perlatif de fouiller (Ar-
got des voleurs). K-
PATRICOTAGE : Les dan-
seurs patricotent des jam-
bes.
On dit aussi :
— Il a patricoté dans la
caisse.
Patricoter est ici pour
tricoter (Argot du peuple).
N.
PAUMER : Perdre.
— Tu fais une drôle de
gueule.
— J'avais deux sigues
d'amure et j'en paume
quatre, y a de quoi.
— Fallait pas jouer (Ar-
gol des voleurs). A^.
PAUMÉ : Être pris, empoi-
gné.
Les agents arrêtent un
voleur en lui mettant géné-
ralement la paume de la
main sur Tépaule.
L'allusion est claire.
Être empaumé : être
fourré en prison (Argot des
voleurs).
PAUMÉ MARRON : Paumé,
pris, marron, l'être.
Je suis marron signifie
être refait.
Vn gogo est marron
dans une affaire qui rate.
— On m'a pris ma place,
je suis marron.
Synonyme de rester en
panne (Argot des voleurs).
A".
PAVE (On) : Rue dans la-
quelle on ne peut passer à
12.
210
PÉG
PEL
cause d'un créancier (Argot
du peuple).
PAYEPt UN HOMME (Se) :
Moyen que possèdent toutes
les femmes sans débourser
d'argent.
Cette expression est gé-
nf^ralement employée par
les femmes à caprices.
— Elle se ^aye autant
d' hommes i}^\W\'à change de
chemises (Argot des fillt^s).
N.
PEAU COUPxTE (Avoir laj :
Accident qui arrive à ceux
qui mangent trop de hari-
cots.
Mol à mot : 'peter f Argot
du peuple).
PEAU DE LAPIN : Nom
donné aux ouvrières car-
tonnières :
— Jamais mes 'peaux de
lapins ne turbinent le
lundi (Argot du peuple).
N.
PÉDÉRASTE : Ce mot est
trop connu pour avoir be-
soin de l'expliquer autre-
ment que j)ar ceci : homme
qui commet volontairement
des erreurs de grammaire
et met au masculin ce qui
devrait être au féminin
(Argot du peuple).
PÉGOCE: Pou.
On dit aussi gau.
Abasourdir des gaux:
tuer les poux qui morga-
nent sur son cuir (Argot des
voleurs).
PÈGRES : Voleurs.
Les pègres forment deux
catégories : la haute et la
basse pègre (Argot des
voleurs).
PÉGRÏOT : Petit voleur.
Diminutif de ^(^^r^.
Le pégriot est d'une
très grande utilité pour les
ratiboiseurs de boutan-
ches^ qui pratiquent le vol
au radin (Argot des vo-
leurs).
PEIGNER UN DIARLE QUI
N'A PAS DE CHEVEUX :
Réponse d'un débiteur
malheureux à un créancier
obstiné (Argot du peuple).
PEIGNE-CUL : Homme vil,
bas, tlatteur.
Mot à mot : homme de
rien.
Terme de profond mé-
pris, enusage dans les ate-
liers, pour qualitier un ou-
vrier qui donne toujours
raison au patron (Argot du
peuple; .
PÉLAGO : La prison de
Sain if -Pélagie.
Cette expression est une
défiguratîondu moi Pélagie
par l'emploi du suffixe go.
Ce fait se produit sou-
vent en argot (Argot des
voleurs).
PEX
PEN
•211
l»KLO : Sou.
— Je suis dans une
dèche carabinée, <loj)uis
un<' semaine je n'ai pas
loiiclié un pélo (Argot du
peuple).
PELOTER LE CARME : On
sait que les changeurs, pour
attirer les regards, placent
dans leurs vitrines des sé-
biles remplies d'or ; les
pauvres diables s'arrêtent
a contempler ces richesses
comme le savoyard mange
son pain à l'odeur des cui-
sines du Café Anglais.
Ils pelotent le carme...
moralement (Argot du peu-
pie).
PELURE : Paletot ou ves-
ton .
— J'enquille ma pe-
lure à manger le rôti (Ar-
got du peuple).
PENDARDS : Seins qui pen-
dent comme de vieilles ves-
sies .
Celte expression est at-
tribuée à Talleyrand.
Il assistait à la toilette
d'une grande dame. Il re-
gardait une femme de
chambre lui lacer son cor-
set ; elle lui dit en minau-
dant :
— Vous regardez mes
petits coquins ?
— Vous pourriez dire
vos grands pendards (Ar-
got du peuple).
PENDL (Se payer un) : On
sait que les brocantem-s
pendent à lem* étalage les
vêtements qu'ils ont h ven-
dre.
Ils passent les manches
dans un bâton, ce qui
donne l'aspect des bras.
Vu d'un j)eu loin, on ju-
rerait un pendu.
Se payer un pendu,
c'est acheter ce vêtement
(Argot du peuple).
PENDU GLACÉ : Le candé-
labre en forme de potence
qui supporte le bec de gaz.
Les voleurs n'aiment pas
beaucoup ces ^^W6?«5-là.
— J'ai été paumé pour
avoir barbotté un pante,
sans ce chameau de pendu
glacé, je me cavalais à la
frime du sergot (Argot des
voleurs). N.
PENDULARD : Voleur de
pendules.
Les Allemands, en 1870,
nous ont donné un joli
échantillon de leur savoir
faire dans ce genre de vol.
Ce sont les bonjouriers
qui pratiquent ce vol, prin-
cipalement dans les loges
de concierges (Argot des
voleurs). Ù.
PENDULE A PLUMES : Le
coq qui chante chaque ma-
tin à heures tixes.
On dit également réveil-
matin.
212
PER
PER
C'en est un très écono-
mique qui n'a pas besoin
d'être remonté et qui a
l'avantage de pouvoir être
mangé quand il a cessé de
plaire (Argot du peuple).
PÉNICHES : Souliers, lors-
qu'ils sont d'une dimension
démesurée (Argot du peu-
ple).
PÉPÈTES : Sous.
— Ça commence à être
rudement rasant, pas un
pé-pète à la clé (Argot du
peuple).
Pt]PIN : Avoir un pépin, ai-
mer quelqu'un.
Se dit aussi à la poule
qui se joue au billard.
Quand un joueur a derrière
lui un adversaire maladroit,
il est protégé par un pépin,
il est couvert.
Fépin, par le même
motif, signifie parapluie
(Argot du peuple). N.
PERCHER : Lojjer au ha-
sard, tantôt ici, tantôt là.
Allusion à l'oiseau qui
perche tantôt sur une
branche tantôt sur une au-
tre (Argot du peuple).
PERDRE SES BAS: Oublier.
— Tu perds donc tes
bas, que tu manques au
rendez-vous que tu m'as
donné ?
— Prêtez- moi mille
francs.
— Vous perciez donc
vos bas, mon vieux ?
Ici le sens est ironique.
On dit aussi :
— Tu fais dans tes bas.
Pour : Tu te moques de
moi (Argot du peuple).
PÈRE PEINARD (En) : Y
aller doucement, sans se
presser, sans se faire de
bile.
Les agents arrivent en
Père Peinard pour sur-
prendre un voleur en flagrant
délit (Argot du peuple). X.
PERLOT : Tabac —dérivé
de semper. L. L.
Semper s'écrit Sainl-
Père dans toutes les pri-
sons.
k\2iCentroîisseàe Melun,
on chante depuis des années :
Pour du tabac, disait un pègre,
Et pour trois pouces de Saint-
I Père.
(Argot des voleurs).
PERSIL : Faire le persil,
aller au persil: raccrocher.
On n'est pas iixé sur l'o-
rigine et la valeur de cette
expression. Francisque Mi-
chel la fait venir de pes-
ciller ; Delvau dit qu'elle a
pour motif que les filles
raccrochent dans les terrains
vagues où pousse le persil;
le peuple, qui ne connaît ni
l'un ni l'autre, applique cette
expression aussi bien aux
filles de la rue qu'à celles
PES
pi<:t
•213
(lu boulevard, parce que la
lille trotte rians la houe et
((u'ello a les pieds sales; or,
depuis plus de cinquaute
:ius, on dit d'une fdle qui a
les pieds nialproi)res :
— Elle a du persil dans
les pieds ; de là : faire sou
persil ('.\rt,'o! (W< soute-
IM'.JIIIOQEET: Absiullie.
Allusion à la couleur verte
de la liqueur, qui ressemble
à celle du {«'rroquel (Argot
du peuple). V. Poileuse.
l'KPilUQEE : Vieille perru-
(/ne, vieux serin, honiuie
qui n'cbt pas fin-de-sièc/e.
Perruque (En faire une) :
Vendre des matériaux qui
appartiennent à autrui (Ar-
KOt des entrepreneurs).
IMSCILLER D'ESBROUF-
l"T. : Prendre d'autorité.
Le voleur à Xeshroiiffe
p esc if le de celte (îiçon le
portefeuille ou le porle-
inonnaie du bourgeois (Ar-
i^ot des voleurs). V. Vol à
l^eshrouffe.
PESSIGXEH ou PESSI-
<:rER : Ouvrir.
— J'ai une carouhle qui
pessigne tc-utes les lourdes
vans fric-frac (Argot des
\oIeurs).
IM.STAILLES : Ageuts de la
iireié ou sergents de ville.
Pour les voleurs, ce sont
des pestes; ils ont ajouté la
finale de railles, l'ancien
mol, et n'en ont fait qu'un
(Argot des voleurs). N'
PET : Signal convenu pour
prévenir ses complices qu'il
y a du danger.
— Pet, pet^ v'Ia les pes-
tait les.
On dit également :
— Au bastringue du Pou
Volant, il y aura du pet ce
soir (Argot des voleurs).
PET A VLNGT ONGLES :
Enfant nouveau-né (Argot
du peuple).
PÉTARD : Sou.
C'est une corruption du
mot patard, expression
employée par François Vil-
lon.
En Suisse, il y a des
siècles, patard était une
monnaie divisionnaire ; en
terme de mépris, on disait :
un patard de vache (Argot
du peuple). N.
PÉTARD : E.e derrière.
— Crois-tu qu elle est
bien en viande? Quel riche
pétard ! On en mangerait
une tranche.
L'allusion se devine ; sou-
vent il tire des feux d'arti-
tice (Argot du peuple). N.
PÉTARDIER , PÉTARDIÉ-
RE : Faire du tapage, du
bruit.
214
PÉT
PET
— Ah ! tu sais, il ne faut
pas remmener quand il a le
nez sale, c'est un yétardier
(Argot du peuple).
PÉTASE : Chapeau ridicule
comme en portent les pay-
sans les jours de fête.
Ce chapeau se transmet
de père en fils, tant pis si
la tête est plus ou moins
forte.
11 en est qui datent du
siècle dernier (Argot du
peuple).
PËTASSE : Vieille femme
avachie qui perd ?>e?,vestiges
en marchant.
Putain et soularde (Argot
des souteneurs).
PKTE-SEC (Monsieur) : Indi-
vidu qui ne rit jamais et
paraît toujours en colère.
Surnom donné au régi-
ment aux ofliciers dont la
rigueur est proverhiale (Ar-
got du peuple).
PÉTER : Se plaindre.
— Ah ! mon vieil amin-
che, comme ta frime est
toquarde, tu as les douilles
savonnées, d'où que tu
sors ? .
— De la boUe aux cail-
loux.. A cause d'un mec qui
a pelé Siu moissonneur, ]i\\
paisse à la planche à pain.
Péter, mot à mot : faire
à^pet, se plaindre à la
Justice (Argot des voleurs).
N.
PÉTER LA SOUS -VEN-
TRIÈRE (S'en faire) : Teime
ironique employé pour dire
à quelqu'un qui vous fait
une demande saugrenue :
— Tu t'en ferais péter
la sons-ventrière.
Synonyme de : Tu n'en
poudrais pas.
Avoir mangé à s'en faire
péter la - sous-ventrière
(Argot du peuple). N.
PÉTER PLUS HAUT QUE
LE CUL : Yvàve de l'em-
barras, de l'esbroulle, vou-
loir prouver que l'on est
riche lorsque l'on n'a pas
le sou.
Homme ou femme qui
s'hatiille élégamment en se
privant sur la nourriture :
— Ils veulent j9(?'/^r plvs
haut qu'ils n'ont le cul.
C'est le cas des fdles de
boutique et des commis de
magasins.
Dans le peuple, par iro-
nie, on les appelle :
Tout sur le dos, rien
dans l'estomac (Argot du
peuple). N.
PÉTEUR : Dénonciateur.
Comme pour dénoncer
il faut parler, le mot je-
teur doit être pris dans le
sens de péter du hec (Ar-
got des voleurs).
PET
PÉZ
215
IM/riT MONDE : Lentille.
Oïl (lit aussi par allusion
(le (orme et presque de
couleur : punaise (Argot
• les voleurs).
I M PILLARDS : Diamants.
Pétiller est dit pour
hriller. C'en est le super-
latif.
— I-ies durailles de la
lonzesse sont pétillants
aux pendus glacés (Argot
des voleurs). N.
»ÊTIT SALÉ: Petit enfant.
— Tu ne vas pas faire
taire ton salé ; fous-y
donc sa gamelle pourquoi
ne chialle plus (Argot du
peuple).
PETITE FILLE : Demi-bou-
>illo.
— Viens- lu boire une
mteille ?
— Non , une petile-
llle surtira (Argot du peu-
le).
'ROLE : Mauvaise eau-
vie servie dans les as-
tommoirs.
Elle brûle l'estomac (Ar-
)t du peuple). iV.
ÎTROLSQLIN : La partie
[du corps sur laquelle on
[lombele plus souvent. A . D.
Pétrousquin, paysan.
Malgré la croyance po-
hpulaire, le paysan n'est ])as
[aussi cul qu'il le paraît.
Ce n'est donc pas de là,
que vient l'expression.
Pétrousquin, ne vien-
drait-il pas de Pétrus, avec
une finale ajoutée (Argot
du peuple).
l'ETSOUILLE : Cette expres-
sion est sulïisammentclaire.
Elle désigne un jardi-
nier liabitué à travailler la
terre ; elle est un ternie de
mépris lorsqu'elle est em-
ployée vis-à-vis d'un bour-
geois (Argot du peuple).
PÈRE LA TUILE (Le): Dieu.
Il n'est pourtant jamais
tomhé sur persom^e.
Cette expression est en
usage dans le monde des
prisons.
— As- lu entendu le ra-
ticJion balancer sa ja-
sante au Père la Tuile
(Argot des voleurs).
PÈZE ou PÈSE : Argent.
L'expression est due à
Frédérick-Lemaître .
Il jouait avec Clarisse Mi-
roy à la Porte-Saint-Mar-
lin sous la direction Ilarel.
Ce dernier n'aimait pas
payer ; un soir qu'il était
en retard avec les appoin-
tements du grand artiste,
celui-ci ne voulut pas entrer
en scène avant d'être réglé.
Il envoya Clarisse à la
caisse; elle en revint peu
après avec un énorme sac
216
PIA
PIE
(le pièces de cent sous. Elle
le tend il à Frederick.
— Tiens, pèse ?
Depuis ce temps, on dit
dans le peuple :
— As-tu àxxpèset (Ar-
got du peuple).
PlIILÉMON- BALCIS :
Quand deux bourgeois
jouent aux dominos, et que
Tun d'eux se dé!)arrasse du
double -six, il s'écrie en
riant :
— Filez mon beau six
(Argot des bourgeois).
PIANO DU PAUVRE (Le; :
Des haricots.
Allusion au bruit du
lendemain (Argot du peu-
pie).
PIAU : Cette expression est
employée dans les ateliers
de composition en réponse à
une question indiscrète ou
ridicule. Piau, c'est tout
dire.
Quand on ne veut pas
répondre, on se contente de
dire :
■ — Il est derrière lejjjêle
chez Cosson. C'est tout.
Si l'insistance est trop
grande, on dit :
— Va donc chier dans le
cassetin aux apostrophes.
Cette dernière expression
est également employée
(juand un camarade devient
riciie :
— // a chié dans le
cassetin aux apostrophes.
En ce cas', elle ne sert
pas souvent, car nos cama-
rades, les typos, nous res-
semblent, le travail ne les
enrichit guère (Argot d'im-
primerie). N.
PIAULE : La maison.
— Y a pas, faut rapp/i-
querk la piaule (\eh\daùe,
sans ça pas de houlotlage à
la clé.
Pourquoi piaule ?
Delvau dit que c'est
une allusion aux nondjreux
entants qui piaillent dans
la maison. Ne serait-ce
])as plutôt à cause àiMpieu
(lit) dont par déforn)atioa.4
on a fait piaule ?
C'est plus que probable
(Argot du peuple).
PICIIENET : Petit vin aigre ^
que l'on boit à Argenteuil
(Argot du peuple).
chemins.
Le picorage est le vdU
commis au hasard sur le i
passant qui e^i picoré, ou-
dans les fermes isolées.
Le voleur picore comme-"^
la poule, dans les armoires;*
il y trouve plus de butin
que sur le fumier (Argot
des voleurs).
PIED DE DICIIE : Pince^
(Argot des voleurs). V.''
Monseigneur. \
PIG
PIL
217
IMKDS FLMCLLÉS i A voir
les) : Refuser de marcher.
Allusion au funiculaire
(le Belleville ((ui marche
quand il veut (Argot du
peuple). N.
IMEURK A AFFl TEll : Le
[)ain .
En le coupant, cela n'af-
fûte pourtant pas le cou-
teau, mais c'est une allu-
sion au va et vient du cou-
teau sur la pierre à repas-
ser, quand le rémouleur
lui donne le fil, ou quand
le boucher l'aiguise sur
son fusil (Argot du peuple).
PIERREUSE : Fille publique
qui bat son quart dans les
lerrains vagues, où il se
trouve plus de cailloux
que d'herbe (Argot des
souteueurs).
PIEU : Le lit.
Se fourrer au pieu.
Se coller dans le pieu.
Allusion à ce que l'on
s'y enlonce comme le pieu
s'enlonce dans la terre (Ar-
got du peuple).
PIÈCE DE DIX SOUS : Mon-
naie alFectionnée par les pé-
dérastes.
Ils la préfèrent particu-
lièrement quand elle est
neuve (Argot du peuple). N.
PIGE : Année.
Synonyme de berge CAr-
got des voleurs j.
PKiE : l^x pression employée
dans les imprimeries pour
constater quel est celui des
compositeurs (pii lève le
plus de lignes à l'heure
(Argot des imprimeurs).
PIGE : Employé par les en-
fants quand ils jouent aux
billes; à Taide d'une paille
ou d'un petit morceau de
b is, ils mesurent la dis-
tance de la bille la phis près
du but pour trancher le
dillérend (Argot du peuple) .
PIGEON : Homme facile à
plumer.
Plumer un pigeon, c'est
plumer un individu qui a
un béguin pour une fille.
— Je liens mon pigeon,
il laissera sinAcvmîiVQ plume
dans mon alcôve (Argot des
filles).
PIGNOCIIER : Terme em-
ployé dans les ateliers de
peintres pour désigner un
artiste qui piint à petits
coups de pinceau.
Il pignoche sa toile.
Meissonier était le roi
des pignocheurs {Argoldes
artistes).
PIGNOUF : Un r/iické qui
pose un lapin à une tille est
un pi gnou f (Argot des
filles).
PILE (En recevoir une) : Être
battu à plate couture (Ar-
got du peuple).
13
218
PIL
PIX
PILE (Une) : Cent Irancs (Ar-
got des voleurs).
PILER DU POIVRE : Indi-
vidu ({iil a des chaussures
neuves qui lui font niai ; il
niarclie sur la pointe des
pieds.
11 'pile du poivre.
On dit également :
— II est dans la prison
de Saint-Crcpin.
Quand une personne ( st
absente et que Ton médit
d'elle, on pile du poivre
sur son compte.
On connaît cette anecd(jte
de Tortoni :
11 y avait une vingtaine
de journalistes réunis. Cha-
que fois que l'un s'en allait,
aussitôt il était arrangé de
belle façon, et ainsi de suite
jusqu'au dernier.
Celui-là, en partant, se
dit : au moins on ne pilera
pas de poivre sur mon
compte ; je reste seul.
Le garçon l'accompagna
et dit en fermant la porte :
— Quel crétin que ce coco-
là, il se croit l'égal de Vic-
tor Hugo et il est plus bête
que trente-six cochons.
Le garçon pilait du
poivre.
Faire piler du poivre
à quelqu'un : lui casser la
tète sur le pavé (Argot du
peuple). N-
PILIER DE CABARET :
Soulard qui ne quille pas
le mastroquet.
C'est, en ellet, une des
colonnes de la boutique.
Les ménagères emploient
souvent cette expression
(juand leur mari rentre "^'àx
trop imbibé (Argot du peu-
ple).
PILIER DE COUR D'AS-
SISES : Récidiviste qui a
subi plusieurs condamna-
tions.
Cheval de retour (Argot
du peuple).
PINCEAU : Balai.
— Quel riche coup de pin-
ceau (Argot du peuple).
PINCE-CUL : Bal de bas
étage où l'on pelote la mar-
chandise avant de l'emme-
ner hacher (Argot des sou-
teneurs).
PINCÉ : Être pincé ^ être
pris.
Etre pincé : être amou-
reux.
— Je suis pincé pour
Nana. Je n'en dors plus.
En pincer pour quel-
qu'un, c'est avoir un ardent
désir (Argot du peuple). .Y.
PINCER DE LA ^iUITARE : .
Toutes les fenêtres des cel- r
Iules des prisonniers sont
garnies de barreaux de fer.
Ih pincent de la guitare
avec les barreaux. .
PIN
IMP
210
Allusion aux cordes de
la guitare (Argol des vo-
leurs).
FMNCE-LOQUES : Aiguille,
l/aiguille, en ellet. sert
à repriser les loques, à les
raccommoder. Klle raj)j>ro-
clie les trous, elle les phice
i\i"gotdes voleurs).
IMNCER DES ERÉTIE-
EANÏES : Danser.
L'image est jolie, les
jambes fréiillent.
Quand la Goulue pince
des frétillantes dans un
cavalier seul distingué, elle
pince le pas du hareng
saur en détresse (Ai^oi du
peuple).
PINCETTES : Jambes, quand
elles sont minces.
— Tu fais sécher les
bas sur des mncettes (Ar-
got du peuple).
PINGAUD (Il est) : Il est joli,
bien élevé.
— Ah ! Madame, le joli
enfant que vous avez là.
— Fais voir à Madame
que tu es pingaud ; sou-
haite-lui le bonjour.
— Est-ce que je la con-
nais, c'te vache-là.
— Oh ! c'est y Dieu pos-
sible, un enftmt que j'ai
porté neuf mois dans mon
sein ...
— Fous-moi le cul dans ta
hotte, tu me porteras trois
mois de plus ; ça fera un
an (Argol (hi peuple).
PIXGHE : Avare qui rai)ine
sur tout.
Ee roi des pingres était
un nommé Crétin, un des
plus riches j)ropriétaires de
Lyon ; il déchij-ait les mar-
ges blanches des afliches
ap|K)sées sur les murs, pour
en laire des quittances pour
toucher ses loyers.
Quand il jileuvait, il lâ-
chait ses poules dans les
champs ; elles lui rappor-
taient à leurs pattes la
terre du voisin ! (Ar^ot du
peuple).
PIOCHER : Travailler dur et
hn'me.
— Je pioche mon exa-
men.
Piocher est synonyme de
fouiller.
Allusion à l'ouvrier qui
fouille la terre en la pio-
chant (Argot du peuple).
PIONCER : Dormir à poings
fermés (Ai^ot du peuple).
PIPE (Tète de) : La tête.
Allusion à ce que la plu-
part de nos grands hommes
ont eu l'honneur d'être mou-
lés en terre de pipe et fu-
més par le peuple, culottés
quelquefois.
Il existe une chanson sur
ce sujet :
2-20
PIO
PIS
Ilsdis"nten le voyant picter
Sa pipe enfin commence à
I s'ciiluiter.
Ou dit d'un individu gro-
tesque qu'il a une tête de
pipe (Argot du peuple).
PIPÉ : Château.
Il est presque impossible
de trouver le pourquoi des
principales expressions em-
ployées par les voleurs pour
désigner des choses spé-
ciales, telles que bergerie,
grange, ferrae, etc., etc.
J'en ai questionné un cer-
tain nombre, tous m'ont ré-
pondu :
— Ça s'appelle comme
ça, voilà tout (Argot des
voleurs).
PIQUE-PRUNE: Ouvrier
tailleur. Allusion à la mar-
che (le l'aiguille.
On dit aussi : Tique-
puce ai pique-poux.
C'est un terme de métier
(Argot du peuple).
PIQUER UNE ROMANCE :
Dormir.
Allusion au ronllement du
dormeur qui est une sorte
de chansoa en laux-bour-
don (Argot du peuple).
PIQUER LENEZ(Se):Se payer
une belle soulographie (Ar-
got du jie.iple).
PIQUER SON MOULIN : Sa-
lade trop épicée.
Elle vous pique le mou-
lin (la bouche) (Argot du
peuple). N.
PIQUER SON FARD : Rougir
en entendant un propos
grossier (Argot du peuple).
PIQUE-VERT : Petite scie
fabriquée avec un ressort
de montre (Argot des vo-
leurs).
PIQUETTE : Fourchette.
L'allusion est claire (Ar-
got des voleurs). N.
PISSER DE L'OEIL: Pleurer.
— Depuis que mon homme
a foutu le camp, je pisse
de l'œil comme une ion laine
Wallace (Argot du peuple).
N.
PISSE - FROID : Homme
guindé, raide, froid, dont
l'aspect vous glace.
Homme qui, en parlant,
laisse tomber ses mots avec
une lenteur monotone.
Se dit de tout homme à
l'aspect peu sympathique
(Argot du peuple).
PISSER COMME LES POU-
LES : Aller au cabinet.
Pour qualitier un individu
très niais, on dit :
— Il a une gueule à me-
ner les poules pisser (Ar-
got (kl peuple).
PISSER DES LAMES DE
RXSOIR EN TRAVERS:
Celui qui est dans ce cas-là
n'est pas heureux.
^
PIS
PIV
•J-21
L'image est juste pour
indiquer les douleurs .cui-
santes ([u'éprouvent les pau-
vres diables qui ont reçu
un coup de pied de Vémis.
Pour témoigner à une
personne qu'elle vous impa-
tiente, on lui dit : Vous
nie faites pisser des lames
de rasoir en travers (Ar-
got du peuple).
pissi':r une côtelette :
Accoucher.
On dit aussi :
— Elle pisse des os.
Pisser une côtelette est
une allusion à la légende
biblique d'Adam et Eve
(Ai^got du peuple).
PISSER A L'ANGLAISE :
S'en aller subrepticement
sans payer son écot.
Pisser à l'anglaise :
quitter un salon sans sa-
luer les maîtres de la mai-
son pour ne pas jeter le
trouble dans la réunion. . .
ou parce que l'on s'embête
à quarante Irancs par tête
(Argot du peuple).
>ISTOLE : Pièce de dix francs
dans l'argot des maquignons
et des bouchers.
La pis tôle, dans les pri-
sons, est une chambre à
part où les détenus, par fa-
veur et moyennant une re-
devance quotidienne, jouis-
sent de quelques douceurs.
Sous la Révolution, pour
être à la pistole, à la Con-
ciergerie, les prisonniers
payaient pour un lit 27 li-
vres 12 sous le premier
mois, et 25 livres 10 sous
les mois suivants.
Sous la Terreur, les pri-
sonniers payaient io livres
par nuit. Chaque lit rap-
portait 22,000 livres par
mois.
Alboize et A. Maquel qui
me donnent ces chiflh sdans
leur Histoire des prisons
de r Europe, ajoutent que
la Conciergerie élait le pre-
mier hôtel garni de Paris.
Les détenus qui sont à la
pistole s'appellent des pis-
toliers (Argot des voleurs).
PITON : Nez extraordinaire
qui se rapproche de la
trompe de l'éléphant.
— Monsieur, ôtez vo-
tre nez de là, dit Gavroche
à un homme affligé d'un pi-
ton phénoménal, pour que
je voie l'heure à Notre-
Dame (Argot du peuple).
PIVE : Vin (Argot des vo-
leurs). V. Pivois.
PI VOIS : Vin rouge.
Je ne vois guère qu'une
raison à celte expression :
c'est une allusion de cou-
leur.
Pivois vient certaine-
ment de pivoine (Argot du
peuple).
222
PLA
PLA
PI VOIS DE BLANCIIIMONT :
Vin blanc (Argot des vo-
leurs).
PLACARDE : La place.
Non pas seulement
comme le dit A. Delvau la
place oîi se font les exécu-
tions, mais bien n'importe
laquelle.
La placarde du four-
milion : la place du mar-
ché (Argol des voleurs).
PLACE D'ARMES : La poi-
trine (Argot du peuple).
PLAN DE COUILLE : Faire
de la prison pour un autre.
Faire de la prison sans
avoir joui du produit de son
vol.
Coiiillé est le diminulil'
de couillon.
Dialogue au Dépôt :
• — Pourquoi que t'es
ici?
— J'ai pas de piaule
pour pagnoter.
— Je file la comète ; j'ai
été fabriqué par \\n sale
s ergot.
— Et ton 7iière ?
— Mon orgue ? J'étais
méquard de la bande à
Bibi.
— Alors tu vas aller au
carré des petites gerbes.
— Veux-tu me désen-
flaquer et m'aider h casser
la ficelle^.
— Pour aller à la hotte
aux cailloîoœ, où y a pas
mèche de faire chibis ;
où on ne boulotte que
des bourres-coquins et où
onxw. lampe (\\x<à an sirop de
macchabée ? y a pas de pet.
— Je te donne la paire
de sigues, mais tu ne bon-
ni-ras que peau.
— Tes sigues, c'est du
carme à Vestorgue.
— Non, c'est du bath.
— C'est pas assez, car
si les palpeurs me Ibutent
deuxbergesde Centrousse,
ça serait du plan de
couillé.
Mot à mot : de la prison
pour rien (Argot des vo-
leurs).
PLAN : Le Mont-de-Piélé.
Allusion à la planche
sur laquelle on emmagasine
les etfets engagés (Argot du
peuple).
PLAN : Prison.
• — Je tire dix berges de
plan .
Tomber en plan: se
faire arrêter.
Etre en plan : rester en
gage pour un écot .
Laisser sa lémme en pi a n
c'est synonyme delà lâcher
(Argot dupeiiple).
PLANTEUSE DE BOIS :
Femme qui fait son mari
cocu.
Motàmot: elle luiplanie
du bois sur la lèle (Argol
(bi peuple). N»
IMA
PLA
'2-23
PLANCHE A PAIN : Cour
(l'assises.
Se (lit aussi (Vune fem-
me maigre (Argot des vo-
leurs). iV".
PLANCHE A LAVEMENT :
Le conlessionnal.
On y lave sa conscience ;
pour certains, il faudrait
une rude lessive (Argot des
voleurs).
PLANQLE (En ^faire une) :
Agent i[n\ s^i' planque pour
surveiller des individus.
Être en planque, être
filé.
Mot à mot : planque,
attendre.
La chanson des mecs
dit :
Jadis pour une fille, la plus
I chouette des catins
Tous les mecs se niettaieiu en
I planque
C'qui lui valait le flac dont cas-
I quaieni les rupins
Sans les grinchiv ni d7rac ni
i ni ^'banque.
(Argot des voleurs).
PLANQUE A LARBIN : Bu-
n^au de placement spécial
pour les domestiques (Ar-
got des voleurs). V. Suce-
larbin.
PLANQUER : Cacher.
— Pour dépister la
rousse, ]Q\A\smQ planquer
un marqué chezun garnaf-
fier de mes aminches (Ar-
got des voleurs).
PLANTER UN DRAPEAU :
Autrefois on disait faire an
Les ouvriers et les petits
employés ont Thahitude de
manger à la semaine ou ati
mois chez leur restaurateur;
frécpicmment quand ils
quittent leur place, ils ne
pavent pas le gargotier.
'_. Pourquoi ne passes-
lu pas par-là ?
— J'ai planté un dra-
peau.
Allusion au drapeau
planté par les cantonniers
sur la voie publique qu'ils
réparent pour avertir qu'il
ne faut pas passer là (Argot
du peuple). N.
PLATRE (En avoir) : Possé-
der beaucoup d'argent.
Allusion au propriétaire
qui fait construire une mai-
son : il a du plâtre (Argot
du peuple).
PLAT-CUL : Tomber sur le
côté pile.
Les typographes disent
sur le côté de deux.
Allusion à l'envers de la
page (Argot du peuple).
PLATS A BARBE : Oreilles
démesurées, se détachant
du visage.
— Faudrait un balai
pour nettoyer tes plats à
barbe (Argot du peuple).
I»LAT DU JOUR : Femme
224
PLO
PLU
nouvelle servie aux habi-
tués des maisons de ren-
dez-vous avant qu'elle ne
serve au public (Argot des
filles). N.
PLAT DE CHAT : Il ne s'a-
git pas de la gibelotte de
goiàtière servie chez les
Borgias à vingt-trois sous
(Argol des filles). V. Ac-
couplées.
PLAT- GUEUX : Homme
lâche (Argot du peuple). V.
Plat-ventre.
PLAT-VENTRE (Se mettre
à) : Se dit de quelqu'un
qui rampe devant un su-
périeur.
Se mettre à plat ventre,
c'est le comble de l'humi-
liation et de l'abaissement
(Argot du peuple).
PLEL\ COMME UN BOU-
DIN (Être) : Être repu
de nourriture et de bois-
son.
Mot à mot : avoir mangé
comme un cochon (Argot
du peuple).
PLOMB (Avoir une carotte
dans le) : Puer de la
bouche.
Plomb est une expres-
sion déjà ancienne.
Théophile Gautier fai-
sant goûter à Alexandre
Dumas père de la fine
Champagne excessivement
rare, celui-ci avala son
petit verre d'un seul coup.
— Ah! dit Théophile
Gautier, lu jettes ça dans
le plomb (Argot du peu-
ple). N.
PLOMBÉ : Ivre; l'homme
ivre est lourd comme du
plomb. L. L.
Plombé veut dire atteint
d'une maladie qui a fait la
fortune de Charles Albert.
— Elle m'a plom.bé jus-
qu'à la moelle (Argot du peu-
ple). N.
PLOMBES : Heures.
— Voilà dix plombes i\\\\
se décrochent au tinta-
marre de Vantonne; le ra-
ticho7i va grimper à son
zinc pour débagouler sa
jasante au père la Tuile.
Plombes, allusion au
marteau qui tombe d" aplomb
sur la cloche (Argot des
voleurs).
PLOMBER DE LA GAR-
GUE : Sentir mauvais de
la bouche. Tuer les mou-
ches au vol (Argot du peu-
pie).
PLUMARD : Lit de plumes.
C'est un simple change-
ment de tinale, comme pour
épicemar et frimard (Ar-
got du peuple).
PLUMES : Cheveux.
— Tu veux toujours pa-
raître jeune, mais lu te dé-
plumés.
POC
POI
22;
¥
— Tu as rudement grandi;
ta tète dépasse tes cheveux
(Argot du peuple).
IMllMES DE BEAUCE :
Bottes de paille.
On sait que les plaines
(le la Beauce sont îertiles
en graminées ; le blé, le
seigle et l'avoine y sont
cultivés avec soin.
Dans les prisons où les
détenus n'ont pour literie
qu'une simple paillasse, ils
(lisent, par ironie, qu'ils
couchent sur de la plume
(le Beauce (Argot des pri-
sons).
PLUMER : Dépouiller.
Allusion à l'oiseau que
la cimnnQve plume pour le
faire rôtir.
Ruiner un individu, lui
prendre jusqu'à sa dernière
plume.
— Il faut à tout prix que
vous sortiez de celte af-
faire, vous y laisseriez vos
plumes (Argot du peuple).
POCHETTES : Les joues.
Comme les poches, elles
se gontlent (Argot du peu-
ple).
POCHETÉE (Avoir une) :
Avoir une forte dose de
bêtise.
— Il en a une rude po-
che tée.
Synonyme de gourde
(Argot du peuple).
POÊLE A MARRONS :
Homme grêlé.
Allusion à la poêle pe cée
de trous (Argot du peupIeV
N.
POGNON : Argent, monnaie.
Allusion à l'argent mis à
même la poche et que l'on
prend à poignée.
Une poignée d'argent ;
de là, pognon (Argot des
souteneurs).
POIGNE (Avoir de la) : Raide,
dur comme une barre de
fer.
Diriger une affaire avec
énergie, commander avec
rudesse.
Cette expression date de
l'Empire, qui inventa les
préfets à poigne (Argot du
peuple).
POIL DE BRIQUE : Femme
ou homme à cheveux rou-
ges, rou/ttin.
On dit dans le peuple,
par allusion à la couleur :
— Trois jours de plus
dans le ventre de sa mère,
elle était rôtie (Argot du
peuple). N'.
POIL (En avoir quelque part) :
Homme courageux qui ne
redoute rien.
Dans le peuple, on dit le
mot carrément (Argot du
peuple).
POIL (En recevoir un) : Être
fortement grondé.
13.
226
POI
POI
Chi dit aussi recevoir un
galop ou un gras.
Ce mot remplace suif
(Argot du peuple) .
POILS (Être à) : Être dans
un costume primitif, comme
Geneviève de Brabant, avoir
ses cheveux pour vêtement,
ou, comme au bal des Qua-
tr'z'Arts, avoir laissé sa
chemise au vestiaire (Argot
du peuple).
POIL DANS LA MAIN (En
avoir un) : Paresseux qui
ne veut pas travailler, qui
pas
; lesi
fête tous les jours la Sainte-
Flemme.
— Il faudrait une rude
paire de ciseaux pour lui
couper le poil qu'il a dans
la main (Argot du peuple).
POILEUSE : Absinthe.
Dans les assommoirs où
l'on débite de l'absinthe
commune à la mesure, on
emploie celte expression.
Elle vient de ce que
riiomme, abruti par cette
boisson, ne peut plus tra-
vailler ; il est poileux.
Mot à mot : il a un poil
(Argot du peuple). N.
POINCELETS : Clés fabri-
quées d'une certaine ma-
nière.
Au lieu d'avoir un an-
neau à son extrémité comme
les clés ordinaires, lepoin-
celet se termine en poitite
et peut servir à deux usa-
ges : à caroubier les por-
tes ou h pratiquer une pe-
sée pour faire sauter les
gâches des serrures (Argot
des voleurs).
POINT DE COTÉ : Créancier.
Maître-chanteur exploitant
les hommes qui ont un cer-
tain vice.
Allusion à la gène cau-
sée par le mal de ce nom.
L.L.
Point de côté : tiers gê-
neur. Celui qui, par exem-
ple, vous empêche, par sa
présence, de lecer une
iémme et de l'emmener
après l'avoir levée. A. I).
Point de côté, mari gê-
nant, ombrageux, jaloux,
qui surveille sa femme
comme Bartholo sa nièce :
— Je ne peux pas sortir,
mon point de côté est à la
maison, il ne me lâche pas
d'une semelle (Argot du
peuple). N-
POIRE : Tête.
On dit d'un homme naïf
et simple :
— 11 a une bonne poire,
il est facile à acheter.
— Vous n'allez pas long-
temps vous moquer de ma
poire, je suppose?
Se payer la têt£ de
(juelqu'un est synonyme de
se payer sa poire (Argot
du peuple).
POI
POI
227
POIKOTËK: V. Faire le poi-
reau.
POISSE : Volour. A. D.
C'est absolument, tout le
contraire ; un poisse est un
a^^ent de la sûreté.
La poix du cordonnier
s'attache aux mains en
poissant le lii; Tarent s'at-
tache au voleur, il le poisse.
Il le lait bon pour
Poissy.
Nous seinmes poissés :
nous sommes pris [Argot
des voleurs). N.
I>OISSÉ SUR LE TAS : Être
pris en flagrant délit de
vol.
Poissé de poisse., agent ;
tas, terrain (Argot des vo-
leurs). iV.
POISSER DES PHILIPPES:
Poisser^ voler; philippes.
pièces de cinq francs.
Mot à mot : voler des
pièces de cinq francs (Ar-
got du peuple).
POISSON SOUFFLEUR :
Rendre par les narines,
comme le font certains fu-
meurs de cigarettes, ce qui
est aspiré par la bouche.
Se prend dans deux sens
(Arçot du peuple).
POITOU : Non. A. D.
Poitou : Public. A. D.
Poitou : Nulle chose.
Z. Z.
C'est assez difficile h ac-
corder. Qui a raison des
deux auteurs?
Moi, je crois que poitoîc
veut dire silence, prenez-
garde, car ce mot est em-
ployé dans les prisons à
l'arrivée d'un surveillant
(Argot des voleurs). N'.
POIVRE ET SEL : Cheveux
qui commencent à grison-
ner.
L'allusion est claire (Ar-
got du peuple).
POIVRER : Quand la cuisi-
nière poivre trop ses mets,
elle met le feu au i>alais
des convives.
Quand une femme poivre
un homme, le poivré mau-
dit Christophe Colomb
comme F'rançois I^"" la belle
Ferronnière (Argot du peu-
pie).
POIVRIER : Voleur qui dé-
valise les ivrognes qui s'en-
dorment sur les bancs ou
sur l'herbe des fortifica-
tions.
Ce vol est connu sous le
nom de vol au poivrier
(Argot des voleurs).
POIVROT : Ivrogne qui se
colle des hitures à tout
casser.
Poivrot vient sûrement
de ce que dans les assoiïi-
moirs, on débite de l'eau-
de-vie qui ressemble à une
228
POM
POM
flécoclion de poivre long.
Il est saoul, il est poi-
vré, de là poivrot (A.rgot
du peuple).
POLOCHON : Le traversin
qui complète' la fourniture
du troupier à la caserne.
Quand on a bu un coup
de trop, on a reçu un coup
de polochon.
Allusion à la farce qui se
fait dans les chambrées aux
jeimes conscrits : on les
'étovrdit à coups de polo-
chon (Argot des troupiers).
POMMADEUR : Piéparateur
de vieux meubles à qui il
donne l'apparence du neuf
en les truquant avec de la
cire et de la gomme laque
(Argot du peuple).
POMMADEUR t Flatteur.
Passer de la pommade à
quelqu'un, lui trouver tou-
tes les qualités possibles.
Dire à un bossu, par
exemple, qu'il est droit
comme un cierge. On en a
fait ce calembour : la louange
comme le tonnerre fout
droit (Arg;>t du peuple).
POMMADIN :. Individu infa-
tué de lui-même, qui ne
songe qu'à soigner sa tète.
Mot à mot : qui ressem-
ble à une poupée de coif-
feur C Argot du peuple).
POMPER : Boire comme un
trou.
Dialogue devant le comp-
toir d'un marchand de vins :
— Voulez- vous, en bu-
vant, ressembler à deux
empereurs romains ?
— Comment?
— Soyez César et pom-
pez (Argot des bourgeois
facétieux). ISf.
POMPER : Travailler ferme.
Quand le travail se ra-
lentit, le metteur en pages
dit :
— Allons, les amis, en-
core un petit coup de
pompe (Argot des typo-
graphes).
POMPEZ,SEIGNEUR,POUR
LES BIENSDELA TERRE
ET LE REPOS DU PAU-
VRE MILITAIRE.
Fomper signifie pleu-
voir ; alors le soldat coupe
à la corvée ou à la revue
(Argot des troupiers).
POMPON (Vieux) : Se dit
d'un vieux soldat :
Le soldat est comme son
I pompon
rius il devient vieux, plus
I il devient... melon.
(Argot des troupiers).
POMPON (En avoir un) : Être
abominablement gris.
Avoir la face rouge comme
une pivoine.
Allusion à la couleur
POR
POS
229
ro'ige du pompo)i des gre-
nadiers (Argot du peuple).
PONTES POUR L'AFF :
Ponte doit être pris dans
lesensde bailleur de fmds
assemblés pour lancer une
affaire plus ou moins vé-
reuse.
On sait que le yonte
(joueur) est généralement
peu scrupuleux (Argot des
boursiers).
POXAME: Fille publique.
On dit également yonette
quand elle est jeune (Arçot
des voleurs). iV^.
ïM)MFLE : Raccrocheuse de
bas étage.
Ponifle est le diminutif
de poni/ler, aimer (Argot
des souteneurs).
PORC-ËPIC: L'ostensoir.
Allusion aux rayons qui
l'entourent (Argot des vo-
leurs).
PORTE-BONHEUR : Le ca-
briolet que les agents pas-
sent aux poignets des pri-
sonniers.
Allusion de forme (Argot
des voleurs). iV.
l'ORTE-EFFETS, PORTE-
TURBIN
Porte-tiirhin est une ex-
pression heureuse ; elle dé-
signe à merveille les épaii-
les du coltineur (Argot des
voleurs). V. Bascules. JSf.
PORTEFEUILLE : Le lit.
— Je vais me fourrer
dans mon porteléuille.
Allusion de lorme (Argot
du peuple j.
PORTER LE BÉGUIN : Pâ-
lir, perdre sa fraîcheur.
Celui des deux jeunes
mariés qui est le moins ro-
buste ou le plus gourmand,
porte le béguin le premier
(Arçot du peuple).
PORTER LES CULOTTES :
Virago qui traite son mari
comme un petit garçon (Ar-
got du peuple). V. Décu-
lotté.
PORTE-MORNIFLE : Porte-
monnaie (Argot des vo-
leurs). V. Morlingue.
PORTION: Fille publique.
Allusion à l'heure de la
soupe .
Quand le soldat a faim,
il tombe sur la bidoche (Ar-
got des troupiers).
POSE TA CHIQUE ET FAIS
LE MORT: Reste tran-
quille et ne parle pas (Ar-
got du peuple).
POSER UN GLUAU : Ce ne
sont pas les oiseaux qui se
prennent dans ce gluaii-h^
mais le plus souvent les pieds
(Ai^ot du peuple).
POSTICHE : Quand, dans un
atelier do composition, un
compagnon raconte une his-
230
POT
POU
toire à dormir debout, on
lui crie :
— A Chaillot le posti-
cheur.
Postiche : faire un boni-
ment sur la voie publique
pour amasser le trèpe (la
foule).
Les saltimbanques qui
font des tours de caries ou
jonglent avec des poids sur
les places publiques, font
une postiche.
Postiche : travail (Argots
divers). N.
POSTILLON : Baver en par-
lant, c'est lancer des pos-
tillons (Argot du peuple).
POSTILLON : Boulette de
mie de pain dans laquelle
est un billet laconique.
Cette boulette est lancée
dans la cour où se trouve le
prisonnier que l'on veut
prévenir qu'un de ses com-
plices s'est mis à table.
Le postillon est aussitôt
ramassé, et ouvert ; le bil-
let est collé sur la muraille ;
quand les gardiens s'aper-
çoivent du coup, il est trop
tard (Argot des voleurs).
POSTILLON D'EAU
CHAUDE : Infirmier (Ar-
got du peuple). V. Canon-
nier de la pièce humide.
POT A COLLE : Ouvrier me-
nuisier (Ai^ot du peuple) .
POT A TABAC: Homme énor-
mément gros et court, par
analogie avec le cochon
gras.
On dit aussi dans le peii-
ple : bon à tuer (Argot du
[)euple).
POT DE VIN : Argent donné
pour obtenir un privilège,
un monopole, une adjudica-
tion en dehors des voies lé-
légales.
Un maître maçon donne
un pot de vin à un archi-
tecte pour obtenir des tra-
vaux (Argot (lu peuple).
POT DE VINARD : Qui ac-
cepte le pot devin.
Nous en avons eu un
triste exemple dans l'alfaire
du Panama (Argot du peu-
ple).
POTEAU : Ami.
La figure en juste ; un
poteau soutient.
Poteau veut dire aussi
complice (Argot des vo-
leurs).
POTEAUX : Jambes énormes,
comme disent les vojous :
grosses du bas et énormes
du haut (Argot du peuple).
POUBELLE (La) ; Boîte à
ordures qui lire son nom
du préfet de la Seine qui en
a ordonné l'usage.
Avant, les ordures étaient
jetées en tas dans la rue
(Ai"got du peuple). A^-
POl
PRE
231
POIFFIACE : Fille publi-
(jiu' avariée.
On dit aussi : chameau,
rhiasse, camelolte (Ar^'ot
(les souleneurs).
POULE D'EAU : Blanchis-
eliisseuse.
Elle est bien nommée,
j)uis!jirelle passe sa vie à
l'eau (Arçot du peuple).
POULET DE CARftME :
Hareng saur.
C'est un triste poulet qui
pourtant t'ait le bonlieur
(l'un las de pauvres j^ens.
Le hareng se nomme aussi
un gendai^me (Argot du
peuple).
l^OUSSAII : Homme gros,
ventripotent, qui a peine à
i rainer son corps dillornie
sur ses jambes courtes (Ar-
got du peuple).
POUSSE-MOULLN : Eau.
Allusion à ce que Teau
sert de moteur pour faire
tourner la roue du moulin
(Argot du peuple).
POUSSE-FAUTEUIL : Valit
(Ai^ot du peuple).
POUSSE-MOU : Homme mou
qui travaille avec mollesse,
sans courage (Argot du
peuple).
POUSSER SA MOULURE :
Faire ses besoins.
Allusion à la moulure
ronde qu'il faut pousser
avec ellbrt sous le 1er du
rabot (Argot du |)euple).
POUSSER A LA PEAU :
Femme de l'eu, amoureuse,
ciiaude comme braise dont
l'ensemble parle aux sens.
Elle pousse à la peau
(Argot du peuple).
POUSSIER : Lit malpropre.
Poussier^ cbambre pau-
vre, en désordre.
— Comment peux -tu
vivre dans un pareil pous-
sier"^
Synonyme de taudis (S^v-
got du i)euple).
PRÉ AU DAR COURT TOU-
JOURS : Prison de Mazas
(Argot des voleurs).
PRÉFECTANCE : La Préf. c-
ture.
Quelques-uns écrivent :
Préfectanche (Argot du
peuple).
PRENDRE LE COLLIER DE
MISÈRE : Aller travailler.
L'établi est bien un col-
lier de misère, c'est même
un collier de force, car
l'ouvrier ne peut le laclier, il
subit ce ca/'ca;r jusqu'à la
tombe.
Ce qui fait dire quand
l'un d'eux meurt :
— II a quitté le collier
de misère (Ai-got du peu-
ple).
232
PRO
PRU
PRENDRI] LA VACHE PAR
LES (ce que porle le
taureau entier) : Prendre
les choses au rebours, com-
mencer quelque chose par
la fin (Argot du peuple).
PRENDRE UN PLAT : V.
Rouscailler.
PRÊTER LOCHE : Prête
moi ton oreille.
Écoute bien ce que je
vais te dire (Argot des vo-
leurs),
PRINCESSE : Vivre pour
rien. Vivre aux frais de la
princesse (Argot du peu-
ple).
PRORLOQUE : Propriétaire
(Argot du peuple). iV.
PROCUREUSE : Ancienne
fille publique qui fait mé-
tier de procurer sur com-
mande des jeunes filles aux
vi ux cochons.
Elle alimente les maisons
clandestines.
Souvent, c'est une mar-
chande à la toilette qui
masque sa honteuse pro-
fession sous les apparences
de son commerce (Argot du
peuple).
PRODUISANTE : La terre.
L'allusion est juste : la
terre produit (Argot des
voleurs).
PROFONDES : Poches.
Elles sont, hélas ! parfois
si profondes., que l'on ne
peut parvenir à y trouver
le moindre maravédis (Ar-
got du peuple).
PROLO : Abréviationde^ro-
létaire.
Travailleur de n'importe
quel métier qui n'a d'au-
tres ressources que ses dix
doigts pour vivre (Argot du
peuple). N.
PROPRIO : Abréviation de
propriétaire (Argot du peu-
ple).
PROUTER : Marronner, ne
pas être content (Argot du
peuple). V. A cran.
PROXÉNÈTE : Ou maque-
relle ; c'est la même chose.
La proxénète eslîx l'affût
de toutes les misères pour
livrer les malheureuses à la
prostitution.
Celle-là ne connaît pas
la grève des mineures.
Elle revêt toutes les
formes, depuis la grande
dame qui a « eu des mal-
heurs », qui tient une
agence dramatique, jus-
qu'à l'ancienne cuisinière
qui tient un bureau dépla-
cement (Argot du peuple).
PRUNEAU : Tabac en ca-
rotte qui se nomme gross<^
ou petite ficelle ; il se chi-
que. Gomme le morceau,
une fois mâché, est noir et
PUX
PUT
V33
juteux, on le nomme un
'pruneau CArgol du peu-
ple).
IMIUSSIEN : Leclenière.
-* Je vais le fourrer un
coup (le pied dans le prus-
sien (Argot du peuple).
PUCE DE MEUNIER :\.P/-
(loce.
I LCE TRAVAILLEUSE :
(l'est l'ancienne expression
pour désigner les femmes
pour femmeSi
C'est dans les maisons de
rende/.-vous, où il y a des
coijeurs (voyez ce mot),
que ce travail s'accomplit,
à la grande satisfaction des
vieux érotomanes qui vien-
nent là, chercher par les
yeux un spectacle écœurant
pour émoustillercequi leur
reste de sens.
Les femmes qui opèrent
dans ces maisons sont payées
à la séance (Argot du peu-
ple).
PUCELAGE : Petit oiseau
qui s'envole quand il lui
pousse une queue.
On sait que les petits
sortent du nid quand cet
appendice caudal arrive à
point (Argot du peuple). N.
PI NAISE : Cette expression
date de 1862 ; elle est due
à un voyou. Sur le boule-
vard Montmartre, une tille
hèle un cocher.
— Au Rois, lui dit-elle.
— Au bois de lit, pu-
naise, fait le gamin.
Le mot e
du peuple).
PURÉE (Être dans 1:,^ : V.
Mélasse.
PURÉE : Absinthe.
Quand elle est forte, la
liqueur épaisse ressemble,
en effet, à une purée de
pois cassés (Argot du peu-
ple).
PURGATION : Quand un
avocat plaide en cour d'as-
sises ou en police correc-
tionnelle, les voleurs de pro-
tession appellent sa plai-
doirie une purgation.
— As-tu entendu mon
blanchisseur ; ce qu'il a
assis l'amcal bêcheur et
les Honneurs. Quelle pur-
gation! (Argot des vo-
leurs).
PUROTAIN : Qui est dans la
purée (Argot du peuple) V.
Mélasse.
PUTAIN : Femme qui va à
tous, soit à l'œil, soit par
métier.
La putain est vieille
comme le monde ; depuis le
lupanar antique elle existe.
Malgré la brutalité de
cette expression, on la re-
trouve chez tous les poètes
anciens.
!234
PUT
PUT
r.e Dict des rues de Paris,
par Guillot (1270), publié
on 175i par I'al)b6 Fleurv .
Y entrai dans la maison Luce
Qui maint en la rue Tyron.
Des Dames hymnes vous diron,
Une femme vi destrecié
Pour toi pignier qui me donna
Au bon vin ma voix a donné
Où l'on trouve bien por denier
Femmes, par son cors sulacier
Où il a maintes tencheresses
Qui ont maint homme pris au
brai.
(Argot du peuple).
OUA
OUA
235
Q
Ql'ANTKS? : BuMivenuo que
paie un ouvrier nouvelie-
ntent embauché dans uu
aUïlier.
Tant qu'il n'a pas satis-
fait à cette vieille coutume,
qui date du compagnon-
nage, les camarades lui
crient : quanùèsf (Argot
du peuple). K.
QUART D'OEIL : Commis-
saire de police (Argot du
peuple)
V. Moissonneur
Se-
ULART DE MARQUF
main\
Le quart du mois [mar-
qué) (Argot des voleurs).
QUATRE-VINGT-DIX : Truc,
secret de métier.
Vendre le quatre-vingt-
dix : révéler le secret. ^4.
D.
Le quatre-vingt-dix est
une loterie composée de
quatre-vingt-dix billets
qui sont contenus dans un
sac ; le 90 gagne le gros
lot. Les 90 numéros sont
divisés par 30 cartons qui
sont placés dans le public,
deux compères (engayeurs)
prennent deux cartons ; le
tenancier du jeu s'arrange
de façon à les faire gagner
par un truc ingénieux ; le
public volé n'y voit que du
ien (Argot des saltimban-
ques). À^.
QUATRE-COINS : Mouchoir.
La figure coule de source.
Il y a aussi un jeu cpii
236
OUI
OUO
se nomme les quatre-coins ,
il faut èlre cinq pour le
jouer.
Chaque joueur se place
à l'angle du carré, le cin-
quième au milieu fait le pot
(le chambre, et essaye de
prendre un des coins ; s'il
y arrive, celui qui a perdu
sa place prend la sienne
(Argot du peuple).
QUELPOIQUE : Rien (Argot
des voleurs).
QUEUE : Faire une queue à
sa femme : la tromper avec
une autre et réciproque-
ment.
On fait également une
queue à un fournisseur, en
achetant chez sou concur-
rent.
Laisser une queue : ne
donner qu'un acompte sur
une dette.
Se tirer la queue, se...
battre (Argot du peuple).
QUEUE DE CERVELAS
(Faire la) : Promenade
dans les promenoirs des
])risons (Argot des voleurs).
V. Dévidage.
QUI A DU ONZE CORPS-
BEAU ? : Quand un curé
entre dans un atelier de
composition, cette question
salue son apparition.
On répond en chœur :
— Ache (Argot d'impri-
merie).
QULMPER: Tomber (Argot
des voleurs).
QUINTE ET QUATORZE ET
LE POINT : V. Plombé.
QUIQUI : Rognures de viandes
ramassées par les chiffon-
niers dans les ordures.
Ils les revendent aux
Borgias à 1 fr. 13 qui eu
font des potages (Argot du
peuple).
QUI-QUI : Le col.
— Si tu rebiffes, je vais
te serrer le qui-qui. (Argot
du peuple).
QUINQUET: Les yeux. La
marmotte allumeXt pante
du quinquet (Argot des
souteneurs). V. Chasses.
QUOQUANTE: Armoire à
glace (Argot des voleurs).
N.
QUOQUARD : Arbre.
— J'ai flanqué la gal-
touze sous le premier quo-
quard à gauche de la gar-
naffe (Argot des voleurs).
iV.
QUOQUERET : Rideau (Ar-
got des voleurs). V. Gueu-
sard.
UAB
UAH
•237
R
RAFiATTEURS : Individus
qui font le métier de rabat-
tre les filles pour les hom-
mes et les hommes poul-
ies filles.
On peut lire la monogra-
phie curieuse de cette ca-
tégorie d'individus dans
Trottoirs et Lupanars
(Argot des souteneurs). N.
RABATTEURS A LA SOR-
GUE : Voleurs qui opèrent
la niiil.
C'est un redoublement
de syllabe; ils ne rabattent
pas, ils s' abattent sur les
maisons à dévaliser.
Les rabatteurs sont les
complices qui nourrissent
le poiipard (Ai^got des
voleurs).
RABIAGE : En avoir, c'est
posséder des renies (Argot
des voleurs).
RABIBOCHER : Quand un
ménage est en désaccord et
qu'un raccomodage a lieu,
il est rabiboché.
Le rabibochage n'est le
plus souvent qu'un replâ-
trage.
Quand les enfants jouent
aux billes, ceux qui ont
perdu disent au gagnant :
— Veux-tu nous rabibo-
cher'^
C'est-à-dire nous rendre
quelques billes (Argot du
peuple).
RABIOT : Faire plus de temps
qu'il n'a été convenu.
238
RAC
RAC
Au régiment, un lionim '
puni fait autant de jours de
présence en plus qu'il a eu
de jours de punition.
Avoir dîù rahiot: avoir
du bon, toucher un reliquat
sur lequel on ne comptait
pas (Argot du peuple).
RABOTÉ : Synonyme de net-
toyé, plus rien.
On dit aussi d'une lemme
mince :
— Elle a été rabotée
(Argot du peuple)
RABOTER LE SIFFLET(Se):
Boire un verre d'eau-de-vie
qui gratte si fort le gosier
qu'il semble en emporter
des lambeaux.
L'eau-de-vie, qui joue le
rôle du fer du rabot, enlève
des copeaux dans le sifflet
du buveur (Argot du peu-
ple). N.
RABOUIN : Le diable (Argot
des voleurs).
RAGLNE DE BUIS : Dents.
Ainsi nommées lorsqu'elles
sont sales et noires.
Vesinier, membre de la
Commune en 1871, fut sur-
nommé par Henri Roche-
forl : racine de buis, par
allusion à la racine de c et
arbuste qui est noueuse avec
des protubérances qui res-
semblent à des verrues dif-
formes.
Racine de huis caracté-
rise la iéledca individus qui
ressemblent à cette racin«;
(Argot du peuple). N".
RACAILLE : Moins que rien.
Terme suprême de mé-
pris plus fort que crapide ;
résidu de tout ce qu'il y a
de plus abjet.
— Tu n'es qu'une sale
racaille {kv^oi du peuple).
RACOLER: Fille qui racole
les passants (Argot des
souteneurs).
RACCROCHER A LA FLAN :
Fille qui n'a pas de poste
fixe ; elle part de chez elle
à l'aventure.
Elle raccroche à la
flan, au hasard (Argot des
souteneurs).
RACCOURCIR : Se dit d'un
condamné à mort à qui on
coupe la tête. Il est en ellet
raccourci d'autant.
Le mot est vieux ; il date
de Martinville.
Il était devant le tribu-
nal révolutionnaire. Fou-
quier-Tinville lui dit :
— Citoyen de Martin-
ville, qu'as-lu à répondre,
— Je ne suis pas ici pour
i\\\'oum''allo7ige, mais pour
qu'on me raccourcisse (Ar-
got des voleurs).
RACLETTE : Agent de police
de la Sûreté ou sergent de
ville.
Allusion à la raclette du
HAD
RAF
239
l'anioiieiir i|ui enlève la
suie des elieminées.
Les agents raclent les
niallaiteurs qui sont la suie
(1<» la société (Argot des vo-
leurs). iV.
1;AI)E ou radeau : Tiroir
de comptoir oîi sont les ra-
Signifie aussi boutique.
IA.D.
Ce n'est ni rade ni ra-
deau, c'est radin.
Le vol au radin est cé-
lèbre; ceux qui le prati-
qu nt se nonniient le radi-
neur et le raton (Argot des
Toleurs). iV.
RADICAILLE : Ceux qui
professent des opinions ra-
dicales (Argot au peuple).
RADIS : V. Fricadier.
RADIS NOIR : Prêtre.
Allusion à la robe noire.
Cette expression date du
temps où l'on jouait à l'Am-
bigu la pièce des Mystères
de Paris.
Rodin, célèbre type de
canaille, mangeait pour son
dîner un plat àç^ radis noir
Argot du peuple). iV-
RADIXER : Revenir.
— Je radihe à la piaule.
Radiner: faire le radin,
voler le tiroir-caisse d'un
' omptoir.
Ce tiroir est nommé ra-
din parce qu'il leid'ernie
des radis (sous) (Argot des
voleurs).
RADURER : Repasser son
couteau sur une meule.
— Je radure mon lin-
yr^ afin que le pante soit
fait d'un coup et qu'il n'ait
pas le temps de cribler à
la y rù'^ (Argot des voleurs).
RAFFALE (Je suis dans lu) :
Etre au plus mal, près di;
mourir (Argot des voleurs).
RAFFALÉS : Être dans la
misère, emporté par la
rajfale de la dèche (Argot
des voleurs).
RAFLE, RAFLER : Pren-
dre.
Quand un crime est com-
mis et (pie les auteurs sont
introuvables, la police or-
ganise des rafles dans les
lieux suspects et dans les
endroits où se réunissent
les vagabonds.
On nomme ces rafles
un coiiy d'êperdier, parce
que l'on y prend générale-
ment beaucoup de pois-
sons.
Quand les filles publiques
deviennent par trop encom-
brantes, on les rafle en
masse.
Le croupier o'afle l'ar-
gent des joueurs.
Le voleur rafle l'argent
240
RAI
RAM
des passants (Argot des
souteneurs).
RAFFURER : Regagner.
C'est le redoublement
à'affure (gagner).
— J'ai raffuré du ter-
rain sur les pescailles qui
voulaient me paumer (Ar-
got des voleurs).
RA(;OUT : Soupçon.
— J'ai du ragoût sur
sézières, il s' esl mis à table
sur mon orgue.
— Fais attention de ne
^2i's, faire deragoia,\Qqîmrt
nous a au chasse (Argot
des voleurs).
RAGOUT DE POITRINE :
Femme ragoûtante qui a
sur la poitrine des tétons
volumineux (Argot du peu-
ple). V. Capitonnée.
RAIDIR : Mourir (Argot des
voleurs).
RAILLE : Cette expression
est ancienne, elle se trouve
dans les Mystères de Pa-
ris (Argot des voleurs). V.
Arnaque.
RAIGUISÉ : Avoir tout perdu.
Mot à mot : il est ré-
guisé, il va mourir (Argot
du peuple).
RAISINÉ : Sang.
— J'ai lin gré le gonce,
il a répandu son raisiné
sur le trimard (Argot des
voleurs).
RAMASSER : Se faire ra-
masser, c'est se faire ar-
rêter.
Quand un individu tient
un langage imprudent ou
qu'il dit des bêtises, il se
fait ramasser (rappeler à
l'ordre) .
Dans le peuple, on dit :
— Nous l'avons relevé
du péché de paresse.
On dit également à une
femme qui vous embête :
— Allons, rainasse tes
cliques et les claques et
fous le camp (Argot du peu-
ple). N.
RAMASSEUR DE MÉGOTS :
Ramasseur de bouts de ci-
gares et de débris de ciga-
rettes.
Ces mégots sont séchés,
triés, hachés, puis vendus
par paquets aux ouvriers.
La bourse aux mégots se
tient place Maubert, au
pied de la statue d'Etienne
Dolet (Argot du peuple).
RAMASSER UNE PELLE :
Être certain de roussir une
affaire et la rater.
Faire la cour six mois à -
une fénnne au bout des- ^,
quels elle vous envoie pro-
mener. I
Ramasser une pelle, ses
dit de tout ce qui manquel
(Argot du peuple). iY. 1
RAN
RAP
■241
|{AMASTIULi:i K : Désigne
io j;enre de vol qui consiste
à 7'amasser à terre un bi-
jou faux qu'un compère a
préalablement laissé tom-
ber (Argot des voleurs). V.
Trouceiirs.
HAMENEUH : Homme qui
n'a que quelques cheveux
et les ramène en avant sur
son front ponr faire croire
à une chevelure abondante
(Argot du peuple).
UAMENEUSE : Fille puMi-
(jue qui ramène les hom-
mes qu'elle raccroche à sou
garni.
— J'ai une chouette
fjosse, hier elle a ramené
<lix fois (Argot des soute-
neurs).
KAMOIXOT : Honnne /ï/-
inolli,%'A\\<> consistance, qui
rabâche vingt fois la même
chose.
Le capitaine Ramollot
a fait rire tout Paris.
L'exj)ression est récente
(Argot du peuple). N.
KANCARD ou RANCART.
Mettre quelque chose ou
quc'Iqu'uu dont Oii ne veut
plus au rancart de cùlé.
Un coup de rancart est
aussi une chose imprévue,
comme le fait par exemj)le
de raccrocher u le lemme
!;ms lui lieu public (Argot
ies souleueurs).
. RANCARD : Renseignements.
. — J'ai besoin d'un ran-
card sur un tel.
— Le rancard du 'pro-
bloque est tout ce qu'il y a
de i)lus mouche.
Le rancard est un terme
convenu pour la correspon-
dance des tenanciers de
claquedents avec les pla-
ciers qui les alimentent de
camelotles (Argot des sou-
teneurs).
RAPAPILLOTER : Un mé-
nage désuni se rapajjil-
lotte.
Mot à mot : se raccoia-
i II ode.
La chanson populaire
dit :
Je me rapapiUote
Avec Charlotte.
(Argot du peuple). A^.
RAPE : Le dos.
Râpe, avare.
— Il est dur comme la
râpe du menuisier.
C'est de râpe qu'on a
fait rapiat pour désigner
• les auvergnats, qui, comme
on le sait n'attachent pas
leur chien avec des saucisses
(Argot des voleurs et du
peuple). N-
RAPER : Chanter.
Vieille expression de
goguolle pour qualitiei- un-
chanteur qui écorchait les
14
242
RAT
\\\r
oreilles de ses auditeurs.
Mot à mot : il râpait sa
chanson (Argot du peuple).
A^.
lUPPFJQUER : Revenir.
— Depuis huit jornes
que je suis en horclée, je
rapplique à la piaule,
mince de siiifsi la clé (Ar-
got du peuple).
llÂPIOTiai : Fouiller dans
les puches de quelqu'un.
Ce devrait être dépioter
puisque l'on le fouille dans
l'intention de le dévaliser.
Cette expression est
néanmoins employée par
les voleurs.
Les ouvriers tailleurs
sont plus logiques. Vom ra-
piécer (mettre une pièce),
ils disent rapioter (Argot
des voleurs et des tail-
leurs) .
RAPPOINTIS : Morceau de
fer pointu, forgé par un
apprenti.
On appelle ainsi les ché-
tifs (Argot du peuple). A'.
Avorton. N.
RASEUR : Être ennuyeux,
qui vous raconte des riens
pendant des heures en-
tières (Argot du boulevard)
V. Crampon.
RAT (Courir le) : Voler la
nuit.
Allusion au chat qui ne
sort que la nuit pour chas-
,ser le rat, excepté qu'ici
- il faut retourner le l'ait,
c'est le rat qui chasse le
chat — le passant (Argot
des voleurs). N.-
RAT DE PRISON : Avocat.
Allusion à ce que ces mes-
sieurs grignottent à i)elles
dents l'argent, des prison-
niers qui ont besoin de leurs
services.
Sangsue serait plus juste
que rat (Argot des voleurs).
RAT DE PALAIS : Clerc
d'huissier qui attend les
malheureux avant l'audience
des référés pour accrocher
une pièce de cent sous.
Hommes d'affaires véreux
qui passent leur existence
dans la salle des Pas-Per-
dus à la recherche d'un
imbécile.
Rat de palais, en un
mot tous les rongeurs qui
rongent les plaideurs (Argot
du peuple). A^.
RATATOUILLE (En recevoir
une) : Être battu.
— Je vais te fiiutre une
ratatouille, numéro un.
On dit également :
— Je vais te tremper
une-soiipe (Argot du peu-
ple). .V.
RATÉ : Manquer une affaire,
rater un coup... de fusil,
un examen.
RAT
RXT
243
D'un homme petit, on
(lit : il est raté.
En lilléralnre, en mu-
sique, en peinture, une
œuvre est ratée lorsqu'elle
est incomplète.
Un homme qui donnait
(le belles espérances et qui
n'arrive à rien est un raté.
En un mot, j'aie se dit
(le toutce qui n'est pas l)ien
(Argot du peuple).
KATEAU : Agents de police.
Ils ratissent les voleurs
(Ai^got des voleurs).
KATIBOISÉ : Plus le sou.
— Je n'ai plus le sou, je
n'ai plus de criîdit et pas
envie de bien laire, je suis
ratiboisé (Argot du peuple) .
RATIBOISEUR DE CABOT :
Voleur de chiens.
C'est une industrie toute
spéciale, elle est florissante
au printemps quand les
chiennes sont amoureuses.
Les chiens une lois volés,
sont tondus, maquillés pour
les rendre méconnaissables,
puis expédiés en Angle-
, terre à une association afli-
li(;e aux voleurs parisiens.
Ce vol est des plus sim-
ples, il faut être deux pour
l'accomplir. Pendant que
l'un lait la cour à la boi::ie
qui promène Tom ou Mirza,
le complice profite de son
V inattention, il enlève le
cahot (Argot des voleurs).
N.
RATIBOISEUR DE LAN-
DAU A BALEINES : Vo-
leur de parapluies.
On les nomme aussi dès
ratiboiseurs à réchange.
Le voleur entre dans un
grand café, il a un mauvais
parapluie à la main, il le
place au porte-parapluie,
au milieu des autres. Il
s'assied h c(*)té ptjur gui-
gner de l'œil le plus beau,
il paye sa consommation,
se lève sans afieclation en
emportant le parapluie sur
qui il a jeté son dévolu.
Si l'on s'aperçoit de
l'échange, il s'excuse de
s'être trompé, puis s'en va
tranquillement.
Il est rare que ce vol ne
réjssisse pas (Argot du
peuple). N.
RATICIION : Curé.
Ratichon est un mot an-
cien. On le trouve dans Oli-
vier Chéreau à propos des
Arche-Suppots chargés de
réformer le langage, mais là,
il n'est pas pris dans le
sens de prêtre (Argot des
voleurs).
RATISSER : Voler, retour-
ner la poche d'un individu,
le ratisser avec autant de
soin que le jardinier en
met à ratisser ses allées
(Argot du peuple).
RATISSER LE BAS DES
241
RAV
RER
REINS AVEC UNE BRI-
QUE : Ce n'est guère ré-
créatif, c'est pourtant ce que
l'on dit aux personnes qui
s'ennuient.
— Ah ! comme je m'en-
nuie.
— Ratissez-vous le bas
des reins avec une brique.
Ou bien encore :
— Bàclez-vous les os
des jambes avec un tesson
de bouteille (Argot du peu-
ple).
RATON : Apprenti voleur qui
s'introduit par l'inipuste
dans une boutique et se
cache dans un coin. Quand
tout bruit a cessé, il ouvre
la porte à son complice
(Argot des voleurs).
RAVAGEUR : Individu qui,
aux bords de la Seine, re-
cherche les débris de fer-
railles et d'os.
Autrefois les ravaneurs
formaient une puissante cor-
poration ; ils opéraient dans
les ruisseaux qui coulaient
au milieu des rues de Paris
(Argot du peuple).
RAVIGNOLE : Récidiviste.
Ce doit être une corrup-
tion de revignole.
Gnole yQwiàivQ imbécile,
de revient oa a fait revi
on y a soudé gnok., de là
l'expression.
Mot à mot :
^- Tu reviens imbécile
(Argot des voleurs).
RAVIGNOLET (Se payer un) :
V. Bataille des fésitites.
REBIFFE (Il y a de la) : Re-
venir à la charge, retomber
sur un adversaire plus fort
que soi .
Se rebiffer contre une
autorité quelconque (Argot
du peuple).
REBONNETER : Amadouer
un individu pour le fourrer
dans une affaire.
Cacher ses griffes sous
un gant de velours, faire le
patelin pour mieux trom-
per.
— As-tu rebonneté le
pante pour l'afft
— ■ Oui, il est boni
Rebonneter dans le peu-
ple veut dire raccommoder
(Argot du peuple). N.
REBONNETEUR : Le confes-
seur.
Il rebonnète le pécheur
avec Dieu.
iMot à mot ; il le récon-
cilie dans la 'planche à
lavement (Argot des vo-
leurs).
REBOUISER DU CORRI-
DOR : Sentir affreusement
mauvais de la bouche.
— Ce cochon-là pue tel-
lement qu'il fait tourner le
lŒC
REC
245
bouillon (Argot du peuple).
.¥.
IlEBROUSSE-POIL (A) :
Prendre les choses de tra-
vers, à l'envers, du côté où
ça n'est pas vrai.
Ne pas savoir prendre
les gens par leur côté lai-
ble
iMot à mot : les prendre à
rebrousse-poil (Argot du
peuple).
lïEBUTTER : Ne plus vou-
loir.
Synonyme de refouler
et de renifler.
On rebutte sur un ou-
vrage qui déplaît ou qui
dure trop longtemps (Ar-
got du peuple).
IIÉCALCITRANT : Coftre-
lorl.
Les voleurs éprouvent
souvent de la résistance
à l'ouvrir ; de là l'expres-
sion (Argot des voleurs).
N.
RECEVOm UN SAVON OU
EN DONNER UN : Gron-
der quelqu'un, être grondé.
— Quand un ouvrage est
mal fait, on reçoit un sa-
von.
— Attends un peu mon
neveu, je vais te savonner
la tète (Argot du peuple) .
RECHASSER : Regarder
quelqu'un ou quelque chose.
— As-tu vu ce coup de
chasse 1
Les tilles rechassent les
passants pour les dlliimer.
Cela se nomme : distri-
buer son prospectus. (Ar-
got des tilles).
RÉCHAUFFANTE : Perru-
que.
Elle tient chaud h la tête
et ceux qui en portent ne
craignent pas de se prendie
aux cheveux.
Un coilleur de la rue de
Bondy avait pris celle en-
seigne :
D'Abdalon pendu par la
I nuque,
Passants, contemplez la
I duuleur!
S'il avait porté perruque.
11 eût eviié ce malheur.
(Argot du peuple).
RECHAUFFÉ (C'est du) :
Quand un individu fait un
discours émaillé de lieux
communs, ou raconte une
histoire à dormir debout,
c'est du réchauffé.
Allusion aux mets ré-
chauffés qui ne valent plus
rien.
On dit également :
— Lâche-non^ avec tes
boniments ; c'est de la
vingtième resucée (Argot
du peuple).
RÈCHE : Sou
— Pas un rèche dans
mes profondes ; je ne suis
pas réchard.
14,
24G
RED
REF
Rèche veut aussi dire :
femme qui a un caractère
cassant.
— Elle est tellement
mauvaise que Ton ne peut
pas la toucher avec des
pincettes (Argot du peuple).
RECONOBRER : Recon-
naître.
Quelques - uns écrivent
conobrer. Ce n'est pas
exact. Conobrer veut dire
connaître et non recon-
naître (Argot des voleurs).
RECORDER : Reconcilier.
L. L.
Recorder veut dire
prévenir, remonter le mo-
ral à un désespéré ; lui
apprendre ce qu'il doit
faire (Argot du peuple).
N.
RECOURIR A L'ËiMÉTI-
QUE : Escompter de faux
billets (Argot du peuple).
RÉDAM : Grâce.
Comme ledit A. Delvau,
redam ne peut venir de
rédemption.
C'est une corruption de
retam.
Allusion à la casserole
qui est neuoe lorsqu'elle
est étamée.
Dans le peuple on dit
rétamé pour étamé : le vo-
leur gracié est rétamé, il
est remis à neuf (Argot des
voleurs). N.
REDINGUE : Abréviation de
redingote (Argot du })eu-
ple).
REDOUBLEMENT DE FIÈ-
VRE : Fièvre^ révélation.
Quand un voleur a été
dénoncé, il a la fièvre.
Une nouvelle révélation
à sa charge lui occasionne
un redoiiblement de fièvre
(Argot des voleurs).
REDRESSE (Être à la).
— Il est à la redresse le
mec, pas moyen de lui
monter le verre en fteiir ;
il la connaît, c'est lui (jui a
inventé les queues de bil-
lard cintrées pour faire les
elfets dans les coins.
Être à la redresse , ru-
sé, malin.
On dit aussi : être à la
hauteur (Argot du peuple).
REFILER: Veut dire: donne-
moi.
Le souteneur dit à sa
marmite :
— Refile-mo\ le po-
Re filer quelqu'un : c'est
le suivre ou le rechercher.
— J'ai eu beau le re-
filer, c'est comme si j'a-
vais cherché une aiguille
dans une botte de foin (Ar-
got des voleurs). N-
REFROIDIR : Tuer un indi-
vidu.
Refroidi : Allusion au
RE(i
HEL
247
ciidaYre (jui, aiissilùl la
mort, (leviciil froid comme
le inarl)ro (Ai|,'(>l des vo-
leurs).
REFLCiES : Les croyants
disent au péclieur : ref'ti-
(/iez-yons dans le sein de
Dien.
C'est un refuge qui est
l»oui,'i'enienl haut.
Ees giccrneurs préfèren t
de beaucoup les refuges
niuiiieipaux et d'autres,
inconnus de la masse des
I*arisiens : rue Galande, rue
.lui ien-le- Pauvre, rue St-
Denisetrue Sl-Séverin, où
l'on couche pour quatre
sous, sur un liane, avec une
soupe par dessus le mar-
ché.
Ces refuges oni pour en-
seigne : Crémerie. Je ne
conseille pas aux lecteurs
de s'y aventurer, s'ils ne
veulent pas être saignés
(Argot du peuple). N.
RÉGLER SONTRIMESTRE :
Rallre quelqu'un.
Synonyme de régler son
compte.
Quand une marmite ne
rend pas, le souteneur dit :
— Je vais lui régler son
trimestre.
Pour certaines de ces
malheureuses, le trimestre
est tous les jours (Argot
des souteneurs). JSf.
REGON : Dette»
llegon est une corrup-
tion de regout (rancune).
Quand un voleur a été
donné par un nonneur, il
a du regout, de la rancune,
il a coulracté une dette de
haine qu'il lui paiera tôt ou
lard (Argot (les voleurs).
N.
REGOUT : Rancune.
Avoir du regout contre
quelqu'un, lui vouloir du
mal.
Les voleurs ont du re-
gout contre un complice
qui les a dénoncés.
— Je renqiiille dans
Pantin sans regout ni mo-
race.
Mot à mot : Je rentre à
Paris sans colère, sans ran-
cune et sans cri (Argot des
voleurs). iV".
RÉJOUISSANCE : Qui ne
réjouit pas du tout la mé-
nagère, lorsque le boucher
lui donne plus d'os que de
viande(Argot des bouchers).
RELEVEUR DE CHANDE-
LIER : Quand un miche
monte avec une lille, il ne
lui donne pas toujours l'ar-
gent de la main à la main;
discrètement, avant de s*;
mettre en chantier, il lait
sa mise sous \q chandelier;
aussitôt partis, le souteneur
arrive et relève la monnaie
qui est sous le chandelier
(Argot des souteneurs).
248
REM
REM
RELEVEURDE PESOCIIE:
Garçon de banque qui la
relève les l^r^ 15^1 30 de
chaque mois.
La pesoche est le sac où
il enferme la monnaie (Ar-
got, des voleurs).
RELUQUER : Regarder.
— Qu'avez- vous donc à
me reluquer comme ça,
est-ce qne je vous ai vendu
des pois qui n'ont pas vou-
lu cuire?
-moi un peu
ce canard, en a-t-il une
trompette (Argot du peu-
ple).
RELICHERSONMORVIAU :
Voilà une image qui n'est
pas propre.
Dans le peuple on dit à
un enfant qui ne se mouche
pas et qui de son nez laisse
pendre deux chandelles :
— Reliche ton mor-
viau (Argot du peuple). N-
RELUIT : L'œil (Argot des
voleurs). V. Ahal-relmt.
REMRINER : Quand on a
bien débiné un individu,
on le rembine.
Rembiner est synonyme
de rebonneter (Argot' du
peuple).
REMBROCARLE (Elle est) :
Beau visage que Ton peut
regarder.
— Tu n'en perdras pas
la vue ni le poil de dessus,
la môme est rerubrocable.
Mot à mot : tu peux la
regarder^ elle vaut la se-
cousse (Argot des voleurs).
REMBROQUAGE DE PAR-
I{AI^' : Confrontation avec
le 'parrain fargiieur (té-
moin à charge).
Le parrain rembroque
(regarde) le détenu pour
voir s'il le r
du peuple).
REMBROQUER : Regarder.
Ses deux beaux chasses vous
( rembroquaient,
Puis à la piaule tous le» go"ces
I la refilaient.
Elle fit mince casquer les mar-
I lous,
dit la chanson du 7nac de
Grenelle (Argot des soute-
neurs).
REMÈDE A L'AMOUR :
Femme laide à faire reculer
même le plus intrépide.
— Quelle bouillotte ,
mon vieux, s'il n'y avait
qu'elle et moi sur terre nous
ne ferions pas de petits.
Elle guérirait de l'a-
mour pour la vie (Argot du
peuple).
REMONTER SA PENDULE:
Battre sa femme, mot à
mot : la faire marcher. Z.
L.
Remonter sa pendule se
dit d'une personne qui re-
REN
RE\
21!)
nifle pour remonter sa
morve et éviter de se mou-
cher.
Remonter le moral A' yine
personne désespérée (Argot
du peujtle). N.
RlvMOrCIIER : Regarder.
— Remouche moi cette
[»elile gueule-là, elle rcrail
relever un morl.
On dit aussi :
— Je vais te remeiicher
poiu' : te battre (Ai^ot du
peuple).
HE.MPARDEUSE : Fille qui
fait les soldats autour des
casernes, sur les glacis ou
dans les fossés des furtili-
calions (Argot des trou-
piers).
RENACIIÉ : Fromage (Argot
«les voleurs).
RFNARD (Le hkher) : Dé-
gueuler.
Expression ancienne; dans
les ateliers, quand un ou-
vrier a trop bu, il lâche son
renard; un camarade cha-
ritable dit alors quand il
est copieux : il en a une
de queue.
Une vieille chanson de
compagnon dit :
Quand je sens que ça me çar-
I gouille,
Je lâche le renard.
(Argot du peuple).
RENAUD : Faire des repro-
ches à quelqu'un, c'est lui
pousser un renand.
— Y m'en a foutu \\\\ de
renaiid h l'inslruction, y
m'a dit que je crapserai
d'une fièvre cérébrale soi-
gnée par Chariot (Argot
des voleurs).
RENAUDER : Ne pas être
content.
Ce mot vient du verbe
arnaiider.
Avoir du renaud contre
quelqu'un veut également
dire : avoir de la rancune.
Synonyme de l'expression
être à feu (Argot du peuple).
RENDEZ-MOI (Le vol au) ;
C'est très simple. L'un des
complices jette un louis sur
le comptoir; pendant que le
marchand rend la monnaie,
l'autre ramasse pièce et
monnaie et se sauve.
Cette manière de procé-
der se nomme par abrévia-
tion : le rendent [Argot des
voleurs).
RENDOUBLÉE : Signifie
plusieurs choses.
Dans le peuple on dit :
ReJidoublée de putain,
pour exprimer qu'il est
impossible de l'être davan-
tage.
On dit d'une femme en-
ceinte :
— Elle est rendoublée
pour doublée (Argot du
peuple).
250
REN
REX
RErsDRE L'AME : Mourir.
Rendre sou àme à Dieu
ou au diable.
On dit aussi d'un po-
cliard qui a le renard fa-
cile :
— Il a rendu tripes et
boyaux jusqu'à son âme.
Là, il n'en meurt pas., il
recommence le lendemain
(Argot du peuple).
RENCARD : A l'écart.
On met un objet au ren-
card quand on en a assez.
La faire au rencard :
lever une femme qui est
seule sur un banc, dans un
square, ou sur une prome-
nade publique.
Les courtiers qui lèvent
les bonnes pour les placer
dans les maisons de tolé-
rance disent :
— J'ai fait la môme
au rencard (Argot des
souteneurs). N-
RENCOEUR : En avoir gros
sur le cœur contre quel-
qu'un
Ne pouvoir avaler ou
digérer une affaire.
Synonyme de la locution
très populaire :
— Je travaille à contre-
cœur.
— Je n'y vais pas de
Ion cœur, je n'y vais pas
avec courage.
Epouser un homme mal-
gré soi, c'est avoir un ren-
cœur (Argot du peuple).
RENFONCEMENT : Vigou-
reux coup de poing appli-
qué sur un chapeau haut
de forme.
Quand les voyous se
battent, le coup du ren-
foncement., c'est un coup
de tète donné en pleine ^
poitrine (Argot du peuj)lej.
RENGAINER SON COM-
PLIMENT ; Faire du plat
à ,une femme, elle vous
envoie 'aVouts, il faut ren-
gainer son compliment.
Être en tête-à-tèle avec
une femme mariée pour la
première ibis ; au iiioment
psychologique, lemari ar-
rive... il faut rengainer
son compliment (Ai-got du
peuple). N'
RENIFLANTES : Des bot-
tes.
L'image est heureuse :
quand un pauvre diable a
des bottes éculées et per-
cées, elles reniflent l'eau
des ruisseaux (Arçot du
peuple).
RENIFLER : Ne rien vou-
loir faire.
— Tu renifles sur le
truc.
Mot à mot ; rebuter
(Argot des voleurs).
UKN
UEP
251
UKMtLK.lHS : Agents de
la sùrelé.
Il faut avoir im certain
nez, un certain llair, pour
laire ce métier.
Quand les agents arrê-
tent un voleur, ils le re-
diflent (Argol des vo-
leurs).
IIKMFLEIK DE CÂVIE-
EOTTE A LA FLANC :
Voleur qui flâne au hasard
pour dévaliser le premier
étalage qui se présente à
lui (Argot des voleurs).
KENQLILLER : Rentrer.
— Je renqiiille à la
piaule.
Renquiller veut dire
aussi retourner.
— Je renquille au pa-
telin (Argot du peuple).
:NQLILLER : Faire for-
tune, devenir gros et gras
(Argot d'imprimerie).
INVERSER SA CHAUF-
FERETTE : Mourir.
Synonyme à^éteindre sa
braise (Argot du peuple).
RENVERSER SA MAR-
MITE : Mourir.
Renverser la marmite :
ne plus tenir table ouverte,
évincer les parasites.
Renverser la marmite :
refuser le service.
Allusion aux Janissaires
qui rencersaient la mar-
mite pour indiquer qu'ils
se mettaient en étal d'in-
surrection.
Nous avons, c'esi le pro-
grès, la marmite à re7t-
versement des anarchistes
(Argot du j)euple). N.
REPASSE : N'avoir plus
rien.
Quand un créancier te-
nace importune son débi-
teur, ce dernier par ironie
lui dit :
— Vous repasserez.
C'est le créancier qui est
repassé quand on ne le
paye pas (Argot du peuple).
REPÉSIGNÉ : Arrêté de
nouveau. A. D.
Résigner veut dire
ouvrir.
Il faut donc prendre le
mot repésigner dans le
sens de voir ouvrir à nou-
veau la porte de la prison
et non dans celui d'arrêter
(Argot des voleurs).
REPIGER : Je vais te repi-
ger au demi-cercle.
On dit de quelqu'un qui
a été pigé — pris une
première ibis :
— Je vais te repiger
une seconde (Argot du peu-
pic).
REPIQUER : Deux joueurs
font une partie ; l'un joue
25-2
REP
RES
'pique, l'autre répond : re-
pique.
Repiquer de riffe : rap-
pliquer d'aulorité (Argot
du peui)le).
REPIQUERAI TRUC : Re-
venir à la charge.
Avoir été chassé par la
porte et rentrer par la Ce-
lle tre.
Demander à crédit et se
le voir refuser, le rede-
mander à nouveau, c'est
repiquer au truc (Argot
du peuple). N'
REPORTER SON OU-
VRAGE : Dans le peuple,
quand un médecin suit le
convoi d'un malade qu'il a
soigné, les voyous disent :
— Tiens, le docteur qui
reporte son ouvrage (Ar-
got du peuple).
REPOUSSER DU GOULOT:
Puer de la bouche.
L'image est typique ;
ceux qui sont affligés de
cette infirmité repoussent
en effet tous ceux qui les
approchent (Argot du peu-
ple).
REPOUSSER LES URINES :
Il est, je pense, inutile
d'expliquer cette expres-
sion ; sa l-rulalilé la rend
très compréhensible.
Allusion au piston qui
repomse la viai)eur dans le
cj/a>^^/'^(Argotdesvovous).
N.
REPOUSSER DU PARLE-
MENT : V. TrouiUoter de
la hurlette.
REQUIN DE TERRE : Huis-
sier.
Voilà un nom qui n'est
pas volé. En effet, comme
le requin dont on trouva
dans le ventre une paire de
botles, une araioire à glace
et un poêle de iaVence,
Vhuissier dévore tout (Ar-
got du peuple). N.
RESSAUT (Avoir du) : Être
surpris à en ressauter.
Une proposition saugre-
nue fait ressauter d'élon-
nement celui à qui elle est
faite.
On ressaute à la pen-
sée de faii'e une chose qui
ne plait pas (Argot des sou-
teneurs). N.
RESTANT DE SOUPER :
Terme de mépris employé
dans le peuple à l'égard
d'une fille qui a roulé peu- .
dant vingt ans les restau-
rants de nuit.
Restant de souper, mot
à mot : tout le monde a
mangé sur son cuir.
On dit également pour
exprimer une idée phis
basse: roj?iures d'abattoir',
c'est le sujU'è ne debout
(Argot du peuple). N'.
I
KET
i{i:v
•253
\
UÉSL'IUIECTION (Laj :
Prison de Saint-Lazare.
Allusion biblique à La-
zare le ressuscité. Z. Z.
En quoi cette prison d'où
les femmes sortent plus
pourries moralement qu'à
leur entrée peut -elle è^--^
ime résîinrcHo7i?
Ce n'est une résitrrec-
/ioJi que pour celles qui
sortent guéries de l'inlirme-
rie, parce qu'elles peuvent
recommencer leur com -
merce (Argot du peuple).
K ETAPE : On retape un
vieux chapeau pour lui don-
ner l'aspect d'un neuf.
On relape une seconde
fois un ami déjà tapé une
première.
Les tilles du trottoir re-
tapent les hommes, mais
l>as pour les rendre neufs,
car quelquefois elles laissent
des souvenirs qui ne sont
pas tapés.
Mot à mot : retaper,
raccrocher (Ai^ol des sou-
teneurs).
Il ETl RATION (Être en) : Ou-
vi'ier typographe qui com-
mence à vieillir et qui trouve
difficilement de l'ouvrage.
Le progrès n'a pas encore
inventé la machine à tuer
ceux qui ne peuvent plus
travailler après avoir fait la
fortune des patrons (Argot
d'imprimerie).
RETOLRNEK LA MOLLE :
V. Avaler le pépin.
RETOURNER SA VESTE :
Changer d'opinion.
Reproche fait souvent à
la plupart de nos hommes
politiques par le peuple qui
ne connaît pas le mot de
Thiers :
— n n'y a que l'Iiomme
absurde qui ne change ja-
mais (Argot du peuple). N.
RETOURNER (Savoir se) :
Se tirer d'embarras. L. L.
S'en retourner , c'est
vieillir.
Dans le peuple, cette ex-
pression n'est pas prise
dans ce sens; ceux qui font
métier de se retourner,
ont pour atelier Xqa Champs-
Elysées.
On les appelle plus com-
munément des ramasseurs
de marrons (Argot du peu-
ple).
REVENDRE : Révéler un se-
cret confié.
Commerson disait à ce
sujet que les secrets c'est
le contraire des fruits, que
ce n'est pas ceux qu'on
veut garder qu'on confie.
Revendre : commettre
une indiscrétion qui amène
l'arrestation de quelqu'un.
— Il est revendu à la
police (Argot des voleurs),
N.
15
254
REV
RIF
KEVIDAGE : Recision des
marchandises achetées par
les brocanteurs dans les
ventes publiques.
La reDîsion consiste en
ceci :
— Pour ne pas faire
monter les enchères et
acheter bon marché, un ou
deux de la bande noire
pousse les enchères. Les ob-
jets en vente sont, par ce
système, généralement ad-
jugés à vil prix.
La vente terminée, ils
se réunissent dans le cabi-
net d'un marchand de vin
voisin et ils procèdent au
revidage, c'est-à-dire à de
nouvelles enchères.
Chacun prend alors le
lot de marchandises qu'il
peut écouler dans sa bouti-
que, et la différence entre
le total de la vente publi-
que et l'opération du revi-
dage est partagée égale-
ment.
Cette opération illicite
est défendue, c'est pour-
quoi elle se pratique au
grand jour (Argot des l)ro-
canteurs).
REVISER : V. Revidage.
REVOLVER : Femme légi-
time.
Les voleurs qui emploient
cette expression estiment
qu'elle suicide son mari
quand elle est par trop aca-
riâtre (Argot des volenrs).
N.
RIBOLIS : Souliers.
Au carreau du Temple,
c'est une spécialité.
Les ribouiseurs achè-
tent toutes les vieilles
chaussures ; ils ont des ou-
vriers qu'on nomme des
jpassifleurs, ils les ri-
bouisent si bien que sou-
vent on les prend pour du
neuf, pas les jours de pluie
par exemple, car les mal-
heureux qui les chaussent
rentrent chez eux sans ser
melles (Argot du peuple).
RIC-A-RAC : Avoir du res-
saut pour payer.
Payer ric-à-rac : par
acomptes, prolonger la dette
le plus longtemps possible
(Argot du peuple).
RIGIIONNER : Rire.
— Tu richonnes à te
mordre l'œil, ce n'est pour-
tant pas richonnant (Ar-
got des voleurs).
RIFFAUDER : Brûler.
Riffaudante : llamme.
Une vieille chanson qui
date au moins de cinquante
ans, bien connue des voleurs,
dit :
L'autre jour, fumant ma haya-
I daise,
Je rifflatidais, la lumant dans
I un coin.
Rifflauder voudrait donc
IIIF
RIG
•255
(lire sonmieiller (Argot des
voleurs).
|;IF ouRIFLt: : Feu.
— Passe-moi un peu de
l'if que j'allume Joséphine
(Argot du peuple).
i'.iFFE : Prendre de force,
(l'autorité.
— Il a pris une fille de
rilfe.
Synonyme de violer (Ar-
got des voleurs) .
KIFFLARD : Parapluie.
Le mol date de Picard et
(le la Petite Ville, comédie
dans laquelle il y a un per-
sonnage nommé Rifflard,
(pii ne raarclie qu'escorté
d'un parapluie. A. D.
Au quinzièm ' siècle, on
trouve déjà ce mol employé
dans des comédies ou mys-
tères avec un sens satirique
et boullbii. RifilanL houf-
f'ard, narinard, dentard
étaient des épitliètes bur-
lesques que les acteurs se
renvoyaient constamment —
même quand elles n'étaient
pas dans leur rôle.
Le personnage le plus
important de la Passion,
mystère d'Arnould Gresban,
bacli lier en théologie, qui
fut joué avec un immense
succès au quinzième siècle,
resl im berger nommé Rif-
flard, qui se plaint amère-
ment et impudemment des
impôts excessifs dont le
peuple était accablé. Il fau-
drait pouvoir ci 1er la scène
où Rif/lard est amené de-
vant un magistrat qu'il ap-
pelle Maclieibin :
Comment te nomme-t-oti .'
Rifflard,
Tout norry de pois et de lard.
Plus tai-d, le mot rifflard
fut appliqué aux sergents,
ainsi que nous le voyons par
une charte citée par Du-
cange.
Picard, en appelant, dans
sa comédie de la Petite
Ville, un de ses person-
nages François Rifflard,
n'a fait qu'emprunter, ce
(ju'ignorait sans doute Del-
vau, ce nom au mystère
d'Arnould Gresban (Argot
du peuple).
RIFLER : Brûler (Argot du
peuple).
RIFFLER : Veut également
dire brûler.
Ri f fier est aussi le syno-
nyme de soitffl r : prendre.
En ce cas, c'est une cor-
ruption de rafler (Argot
du peuple).
RIGODON (En pincer un) :
Vieux mot qui veut dire
danser (Argot du peuple).
RIGODONS : Souliers.
Dans le peuple, on dit
d'un homme qui a ses sou-
liers percés et éculés :
t>56
UIG
RIO
— Ses rigolons engueu-
lent le pavé.
On dit également des ri-
gadins (Argot du peuple).
RIGOLARD : Chose très amu-
sante (Argot du peuple).
RIGOLBOGIIE : Quelque
chose de supérieurement
amusant, beaucoup plus fort
que rigolo.
Rigolboche était connue
à Bullier sous le nom de
Marie la Huguenote ; ce
nom lui venait de ce qu'elle
protestait sans cesse quand
le municipal la rappelait à
l'ordre ou plutôt à la dé-
cence.
Elle débuta aux Délasse-
ments-Comiques en 1860
sous le nom de Rigolboche.
On la nommait aussi Bo-
hoche.
Ce n'est pas elle l'inven-
teur de ce mot; il était connu
dans les ateliers depuis
1840.
On dit également, pour
affirmer que l'on s'est bien
amusé :
— Nous avons rudement
rigolboche (Argot du peu-
ple).
RIGOLETTE : Nom donné par
Eugène Sue à un des per-
sonnages des Mystères de
Paris
Ce nom est resté pour
désigner une jeune fille
joyeuse.
— Elle est rigolotte (Ar-
got du peuple). N.
RIGOLO : Attaque nocturno.
L. L.
Rigolo : terme employé
dans les ateliers pour qua-
lifier un camarade qui ri-
gole sans cesse, qui amu>c
les autres.
Ilyeut.enl866, un muld
qui portait ce nom au Cirque-
Napoléon ; il fit courir tout
Paris, tant il était amusant,
rigolo (Argot du peuple). K.
RIGOLO : Sinapisme de farine
de moutarde.
Rigolo^ c'est le nom de
l'inventeur.
Autrement, cette appel-
lation serait une amère iro-
nie, car un sinapisme n'est
pas plus rigolo que d'avoir
un clou planté dans les fesses
(Argot du peuple). N.
RIGOLO : Pince.
Si elle fait rigoler quel-
qu'un, ce n'est certainement
pas la victime du vol avec
effraction.
Elle est rigolo pour le
voleur, car avec l'argent
volé il peut se payer de la
rigolade (Argot des vo-
leurs). V. Monseigneur.
RIGOUILLARD : Chosedrùlc,
c'est plus fort que rigolo.
C'est tellement rigouil-
lard qu'il y a de quoi s'en
tamponner le coquillard,
RIP
RIO
c'est à se tordre, c'est cre-
vant (Argot du peuple). iV.
PilNXÉ : Être rincé comme
un verre à bière, n'avoir plus
lien.
Recevoir une rincée: être
battu comme des œufs h la
neige.
Rincer quelqu'un : le
voler jusqu'à son dernier
sou (Ài'got du peuple). V.
Raboté.
IIINCER LA DALLE (Se
laire) : Se faire régaler par
un camarade.
— Je lui ai tellement
rincé la dalle qu'il n'a pas
une dent dans la gueule qui
ne me coûte au moins vingt
francs (Argot du peuple).
RIOLE : Ruisseau ou rivière
dans l'argot des voleurs.
Riole se dit aussi dans
le peuple de quelqu'un qui
est pochard :
— Il est en riole.
Ce n'est pourtant pas
dans la rivière que le vin
a été puisé (Argot du peu-
pie).
RIPATINS : Brodequins (Ar-
got des voleurs).
RIPATONS : Souliers (Argot
du peuple).
RIPATONNER : Le passi-
fleur qui racommode les
vieux souliers, ripatonne
(Argot du peuple).
RIPER : Embrasser tendre-
ment. A. D.
C'est une singulière fa-
çon d'embrasser tendre-
ment les gens que de les
voler car riper dans le
peuple signifie : 'prendre.
— Je lui ai ripé sa ga-
lette (Argot du peuple). iV.
RIPOPÉE : Quelque choso
qui ne vaut rien.
Synonyme de rata-
touille.
On dit aussi :
-— Ton Borgia à 23
sous ne nous fait boulotter
que de la ragougnace (Ar-
got du peuple). N.
RIQUET : Tout petit.
Sobriquet donné dans les
ateliers aux apprentis mal
formés.
— Viens ici, mon petit
riquet.
C'est un pléonasme d'ac-
coupler ces deux mots iden-
tiques, mais dans le peu-
ple, on n'y regarde pas de
si près (Argot du peuple).
N.
RIQLIQUI : Mauvaise eau-de-
vie.
Riquiqui est générale-
ment employé peur peindre
quelque chose de mesquin,
de petit, d'élroit.
— Son esprit est comme
sa taille, c'est riquiqui.
— Ah ! regardez- moi
258
RIR
RIV
cette toilette, est-elle assez
riqiiiqui ?
Il existait jadis une li-
queur appelée riquiqui\ ou
ne la connaît plus (Argol
du peuple).
RIRE COMME UN CUL :
Rire sans desserrer les
dents.
Veut dire aussi rir(>
comme im imbécile, sans
savoir pourquoi.
Être cul, dit M. Lorédan
Larchey, c'est être bêle et
grossier.
Ce pauvre cnl n'a vrai-
ment pas de chance, car,
non content d'en faire le
synonyme de tout ce qui
«.'St sale, on en fait le syno-
nyme de tout ce qui esthète
et ridicule.
S'il pouvait répondre au-
trement qu'en pétant! (Ai-
got du peuple). N.
RIRE JAUNE : N'être pas
content et être forcé derire
quand même ; avoir les
larmes dans les yeux et le
cœur gros et être forcé de
paraître joyeux.
On dit aussi :
-- Son rire est jon-
quille. Allusion au cocu
qui rit y«?f^^ quand la sage-
femme lai présente son der-
nier en lui disant :
C'est tout le portrait d'son père,
Quel cochon d'enfant !
(Argot du peuple).
RISETTE : Surnom donné Ji
une jeune fille rieuse et ai-
mable quia toujours leson-
rire sur les lèvres.
C'est un vieux boniment
enq)loyé dans les foires :
— Entrez, mesdames cl
messieurs, vous verrez la
femme colosse; cent kilos
sur l'estomac et le sourire
sur les lèvres.
Quand une amie est fâ-
chée, qu'elle boude, on l'em-
brasse et on lui dit :
— Allons, fais une petite
risette à papa, il revient
d'Afrique.
Quand une femme vous
fait des risettes, on peut y
aller carrément (Argot du
peuple). N-
RISQUER LE PAQUET :
Synonyme de tout risqii^\
c'est-à-dire de tenter l'a-
venture.
— Tu n'oses pas ! risque
donc le 'paquet (Argot du
peuple).
RIVANCHER : Aimer (Ar-
got des voleurs).
RIVER SON CLOU : Quand
un bavard intarissable
ennuie quelqu'un par un
discours filandreux, on lu'
rive son cloto en lui disant
carrément :
— Tais ta gueule ou j
chie dedans.
Mot à mot : river le
clou, c'est empêcher d'allei
^i
R0(
ROM
259
plus loin (Arç;ot du peuple).
iV.
IlIVETTE : Prostituée, du
verbe rioancher, se livrer
à l'amour. Z. L.
Cette expression ne s'ap-
plique pas aux femmes
(Argot des pédérastes). V.
Passif.
IlOBE DE ClIAiMBRE : Cer-
cueil.
Ce n'est pas un vête-
ment bien ouaté, surtout
([uand c'est la bière des
imuvres (Argot du peuple).
nOBIGXOLE : Mot employé
comme superlatif d'admira-
tion pour une chose extra-
ordinaire « qui dépasse
nation. »
Une évasion auda-
cieuse, c'est rohignoL
— La môme est rohi-
gnoU elle gouale sans
cesse.
RohignoU en ce cas, est
pour joyeux et joyeuse (Ar-
got dès voleurs).
ROCAMBOLE : Moins que
rien.
— Finis-donc avec tes
7'ocamholes, nous ne cou-
pons pas dans le pont.
Rocamhole, synonyme de
hlagiie, en souvenir de
Ponson du Terrail et de
son célèbre roman qui porte
ce titre ("Argot du peuple).
R0CIIP:T : Evêquc.
Allusion au rochet que
porte ce dignitaire de l'église
(Argot des voleurs).
RODEUSE : Fille publique
qui n'a pas de poste fixe,
(pli fait son persil dans les
terrains vagues.
On l'appelle ainsi pour
cette raison (Argot des
souteneurs).
ROGNOLER : Marronner.
Ne jamais trouver rien
de bien (Argot du peuple).
V. Ronchonner.
ROGNURE DE SOUFFRICE :
Terme employé dans le peu-
ple, pour qualifier une
vieille fille publique.
L'usine Soulfrice a le
monopole de faire des
graisses avec les rognures
pourries des animaux noyés
qui viennent s'échouer sur
les bords de la Seine (Ai^ot
du peuple). N.
ROGUE : Se dit de quel-
qu'un qui a des allures
hautaines, cassantes : il a
l'air rngue.
On trouve cette expres-
sion en Normandie. Les
marchandes de harengs vous
disent . il est rogué pour
œuvé ("Argot du peuple).
N.
ROMAGNOLouROMAGNONt
260
RON
ROS
Trésor caché (Argot des
voleurs).
ROMAINS : Individus qui,
moyennant un faible sa-
laire , applaudissent les
acteurs (A'got des coulis-
ses).
ROMPEZ : Allez-vous en,
foutez-moi le camp.
Allusion au commande-
ment de rom/pez les rangs
(Argot du peuple).
RONCHONNER : Père ron-
chon qui trouve à redire à
tout.
Le colonel Ronchonot
est célèbre depuis quelques
années (Argot du peuple).
ROND-DE-GUIR : Employé
de bureau.
Allusion au rond de cuir
ou de caoutchouc que les
employés mettent sur leurs
chaises pour économiser
leur fond de culotte (Argot
du peuple).
ROND COMME UNE BOULE :
Être pochard à rouler par
terre (Argot du peuple). iV^.
RONDINS: Les seins... quand
ils sont ronds (Argot du
peuple) V. Capitonnée.
RONDIN JAUNE : Pièce de
vingt francs.
Allusion à la forme ronde
(Argot des voleurs).
RONDOUILLARD : Plus que
beau.
Dans le peuple on dit
d'une femme qui possède
des qualités surprenantes :
— Elle est rondouil-
larde.
Quand elle est houloUe,
ronde., on dit également
par allusion à la forme :
— Elle est rondoidl-
larde (Argot du peuple).
N.
RONFLAN : C'est ron/lau,
beau, bien, chouette, tapé
(Argot du peuple). ?i.
RONFLER DU BOURRE-
LET : Péter longuement.
Le Pétomane célèbre
chantait du bourrelet
(Argot du peuple).
ROSSARD : De rosse, dur.
cruel (Argot du troupier).
ROSSIGNANTE : Flûte (Ar-
got des voleurs).
ROSSIGNOL : Marchandises
défraîchies ou hors de sai-
son.
Dans les magasins, les
commis qui écoulent les
rossignols touchent une
prime qui se nomme la
(jiielte (Argot des bour-
geois).
ROSSIGNOL : Fausse clef
(Argot des voleurs).
ROSSIGNOL A GLAND : Un
cochon.
Quand un individu a la
manie, dans une société, de
I
ROU
ROU
261
vouloir toujours chanter, et
qu'il le lait comme une cré-
celle, on lui dit :
— Ali! ferme ta boUe, iu
|i chantes conmie un rossigiiol
à gland (Arçot du peuple).
N.
ROTIN : Sou.
— Je suis à fond de cale,
pas un rotin (Argot du
peuple).
ROUBIGNOLE : Petite boule
de liège dont les roubigno-
leui'S se servent pour le
jeu de cocange, jeu qui
vole les paysans dans les
foires (Arçot des voleurs).
R0UBIGN0LLES:V.5'œMr5.
ROUBION : Fille publique
laide comme les sept péchés
capitaux (Argot des soute-
neurs).
ROUBLARD : Les voleurs
disent d'un homme aifreu-
sement laid qu'il est un
roublard. A. D.
Ce n'est pas le vrai sens
aujourd'hui.
Roublard veut dire ma-
lin, lin comme un renard.
Un homme qui sait habi-
lement se tirer d'un mauvais
pas est un roublard.
Roublard : homme qui
cache soigneusement sa pen-
sée, qui est pétri de rou-
blardise (Argot du peuple).
N.
ROUCm : Homme sans con-
science, pour qui le Code
est un bréviaire.
Terme méprisant très en
usage (Argot du peuple).
ROUCIIIE : Femme avachie,
usée.
Vient de mauvais cheval :
rouchi.
Quand une fille est trop
vieille, qu'elle a rendu trop
de services à l'humanité
sou(rrante,qu'ellenerue plus
dans les brancards, c'est
une rouchie (Ai^ot des
souteneurs).
ROUE DE DERRIÈRE :
Pièce de cinq francs en ar-
gent.
Quand on n'en possède
qu'une, la voilure va cahin-
caha, mais, quand il y en a
plusieurs, on roule vive-
ment (Argot du peuple).
ROUE (Être à la) : Malin,
roublard (Argot du peuple).
N.
ROUFFLÉ : Battre un indi-
vidu à coups de pieds et à
coups de poings.
— Je vais te foutre une
bath rouf fié (Argot des vo-
leurs).
ROUGET : Cuivre (Argot des
voleurs).
ROU LANCE : Quand une
équipe de compositeurs ty-
15.
262
ROU
ROU
pogi'ii plies est mécontente,
ses membres le manifestent
en frappant tous à la fois la
casse avec un outil quel-
conque ; le bruit produit
une sorte de roulement,
de là, rouiance{Xrgoi d'im-
})rimerie).
ROUILLARDE : Rlouse.
On sait que la blouse est
le vêtement favori des roît-
liers, de là l'expression
rouillarde.
Les voleurs disent souil-
laude (Argot des voleurs).
N.
ROULER SA ROSSE : Ou-
vrier trimardeur , qui
n'a pas de domicile fixe, qui
roule sa bosse de ville en
ville.
C'est un mendiant dé-
guisé qui cherche de l'ou-
vrage et prie le bon Dieu
de n'en pas trouvei' ( Aii^ol
du peuple).
ROULER SA VIANDE DANS
LE TORCHON : Se cou-
cher.
On dit plus communé-
ment :
— Je vais remiser ma
viande .(Argot du peuple).
ROULEUSE : Fille publique.
Elle roule partout pour
trouver pratique.
Elle roule ses clients de
hasard, car elle promet
mais ne tient jamais (Argot
du peuple).
ROULOTTE : Voiture.
Les voleurs qui prati-
quent le vol à la roulotte
disent :
— Grinchir une rou-
lotte en salade (Argot des
voleur sL
ROULOTTIERS : Vol à la
roulotte.
Quand un camionneur dé-
charge une livraison, le
roulottier, vêtu comme un
employé des messageries,
prend un ballot ; un com-
plice est à quelques pas
plus loin, avec une voiture
à bras, toujours au détour
d'une rue ; il charge le bal-
lot sur sa voiture, et en
route (Argot des voleurs >.
V. Fusilleurs.
ROUPIE DE SINGE : Mau-
vais café qui a la couleur de
la roupie qui pend au nez
du priseur (Argot du peu-
ple).
ROUPILLER : Dormir.
Quand on ne dort que
quelques instants, on fait
un petit roupillon.
— Il est tellement goua-
peur qu'il roupille sur son
ouvrage (Argot du peuple).
ROUSCAILLER : Voulait
dire autrefois parler.
Les voleurs en ont fait
ROI
RUE
263
le synonyme iV aimer, mais
pas dans le sens platonique
(Argot des voleurs).
UOUSSELETTE : Moins que
rien (Arçot des souteneurs'^.
V. Came lot te.
UOUSSIN : Tous ceux qui
appartiennent, de près ou
de loin, à la police, sont des
roiissins.
Autrefois, les agents en
bourgeois étaient vêtus de
la redingote sombre, d'un
ton roussâtre. De Va est
née l'expression :
— Voila les roiisses !
(Argot des voleurs).
IlOl SSINFR : Faire arrêter
par la pulice. L. L.
Roussiner veut dire^/-
ter mollement et puer forte-
ment.
— Il roiissme à faire ro-
i' r un vidangeur (Argot du
peuple). N.
ROUSPANT : Homme qui
fournit des sujets aux tan-
fes.
C'est le procureur des
'dérast(
teneurs).
ROUSTENPANNE : iMoins
que rien (Argot du peuple).
ROUSTIR : Prendre, s'ap-
proprier le bien d'autrui.
Être rousti : être pris
Argot des voleurs).
ROUSTISSURE : Mauvaise
plaisanterie. A. D.
MoHstissîcre, dont par
corruption on a fait roics-
tenpanne, veut dire moins
que rien (Argot du peuple).
V. Rousselette.
ROUSPÉTANCE (Fairede la).
V. Rouspéter.
ROUSPÉTER : Récriminer,
{•MVQàwpet, du bruit (Ar-
got des voleurs).
ROYAUME DES TAUPES.
V. Les pissenlits pousser
par la racine.
RUBIS SUR L'ONGLE : Être
régulier, payer recta ses
dettes à l'écliéance.
Boire son verre jusqu'à
la dernière goutte.
— Il a séché son glacis
rubis sur V ongle (Argot du
peuple). N.
RUER DANS LES BRAN-
CARDS : Femme amoureuse
qui, au moment psycholo-
gique, se démène furieuse-
ment, comme le cheval em-
ballé.
La figure peut se passer
de commentaires (Argot du
peuple). N.
RUE AIT PAIN (La) : Le
gosier.
Le pain y passe.
Mauvaise affaire quand la
rue est barrée (Argot du
peuple) .
264
RUP
RUT
RUE DU BEC DÉPAVÉ : La
bouche, quand elle n'a plus
de dents.
Elle ne peut guère ali-
menter sa voisine, la rue
au pain (Argot du peuple).
RUPIN : Homme riche, calé,
cossu.
Au fiuperhûf mpin-sko/f,
alors c'est unhommQpoîcrri
de chic.
Les souteneurs disent à
leur marmite :
— Lève donc le go7ice,
il esl rupin ^ il doit être au
sac (Argot des souteneurs).
RUTIÈRE : Voleuse ou fill»'
publique, souvent les deux
à la fois (Argot des voleurs).
RUTILANT, RUTILANTE :
Il est rutilant (joyeux).
Elle est rîUi/ante, res-
plendissante de fraîcheur et
de beauté.
Une chose est rutilante
(éclatante) .
Ce mot est très français,
mais il est employé par le
peuple dans un tout autre
sens que celui indiqué par
les dictionnaires classiques
(Argot du peuple). N'.
SAB
SAR
265
SABIR : Bois, forêt.
Quelques-uns écrivent :
sah7n.
C'est la finale retournée
(Argot des voleurs).
SABLER : Il est des voleurs
qui se servent d'un os de
mouton^ arme dangereuse,
pour estourbir le pante.
Gela laisse des traces très
faciles à constater.
Un autre moyen a été
imaginé.
On remplit de sable fin.
ou (le grès pulvérisé, un sac
(?n peau, et on assomme le
client avec.
Quand on le relève, on le
déclare mort d'une conges-
tion ou d'une attaque d'apo-
plexie (Argot des voleurs).
SABOT : Barque.
— Nous allons embar-
quer dans le sabot pour la
Nouvelle^ disent les vo-
leurs.
Dans le peuple on dit
d'un homme qu'un coup de
canon ne réveillerait pas :
— Il dort comme un sa-
bot.
Allusion à la toupie que
les enfants nomment sabot y
laquelle ronfle comme un
tuyau d'orgue (Argot des
voleurs et du peuple).
SABOTER : Ouvrage mal f\»it,
gâché.
Allusion au sabotier, qui
travaille son bois à gi*ands
coups de sabre pour l'é-
quarrir.
Un ouvrage saboté est
266
SAC
SAC
bien près d'èlre im loup
(Argot du peuple).
SABOULER : Décrotter. A.
D.
Sahouler veut dire chas-
ser.
— Je l'ai sahoiUé de la
piaule avec perte et fracas.
On saboule un ouvrier
qui ne fait pas l'affaire (ne
sait pas travailler) (Argot du
peuple). N.
SABOULETTE : Table de toi-
lette.
Elle supporte le savon et
les brosses qui saboiUent
la crasse.
C'est ainsi que les voleurs
nomment les lavabos com-
muns qui leur servent dans
les prisons (Argot des vo-
leurs). N.
SABRE : Bâton.
Sabre : être gris. A. D.
C'est sas qu'il faudrait
dire.
Être sas, être blùidé i
saoul, est un vieux mot nor-
mand très fréquemment em-
ployé dans le peuple.
— Q.miie-nous le coude,
t'es sas comme une bour-
rique (Argot du peuple).
SAC : L'affaire est dans le
sac, elle est conclue.
Être pris en flagrant délit
de vol, c'est avoir son affaire
dans le sac.
Être laide ou jolie, c'est
être ou n'être pas dans le
sac.
Il y a une vieille chanson
là-dessus :
EU' n'est pas mal
Pour foutre clans l'canal.
Elle est encore mieux
Pour fouir' clans les lieux.
(Argot du peuple).
SAC (Avoir le) : Posséder
beaucouj) d'argent.
— Il a un Ibrt sac.
— 11 est au sae.
Avoir un sac dans lequel
il y a une mauvaise pierre,
c'est être condamné par les
médecins (Argot du peuple).
SAC A OS : Femme maigre.
On dit dans le peuple :
— On peut lire son jour-
nal au travers.
Il y eut longtemps, il y
a une trentaine d'années,
une lémme diaphane qui se
faisait voir dans une baraque
à la foire aux pains d'é-
pices.
Le pitre pour exciter la
foule à entrer, disait :
— Avec une chandelle,
on peut lui compter les côtes
(Argot du peuple).
SAC A MERDE : Le ventre.
L'image n'est pas propre,
mais elle exprime bien le
fait.
On se souvient de ce gé-
néral du premier Empire à
SAF
SAI
267
qui Napoléon avait recom-
mandé le plus grand silence
:i un grand dîner.
Le général se tint coi,
comme il l'avait promis,
mais au dessert il ne put ré-
sister, il frappa sur le ventre
(le son voisiîi, un archi<luc,
en lui disant :
— Eh bien ! mon vienx,
maintenant que t'as bien
mangé, y en a beaucoup là-
dedans ? (Argot du peuple).
S\C PLFIN (Avoir le) : Être
ivre. A. D.
Avoir le sac plein se
dit d'une femme sur le point
d'accoucher (Argot du peu-
ple). iV.
SAC A VIN : Ivrogne pour
(jui toutes les boissons s(mt
bonnes.
Mot à mot : il engloutit
tous les li(juides dans son
sac (Argot du peuple).
SACRISTAIN : Maître d'une
maison de tolérance.
Mol à mot : il est le
sacristain de V abhay eàowi
sa femme est l'abbesse,
puisque c'est elle qui, d'a-
près le règlement, est la
propriétaire du livre {kv^oi
des souteneurs).
SAFRAN : Mari trompé, voué
au jonquille comme on
voue les enfants au bleu.
On dit aussi d'un mari
dans ce cas :
— Il a h Jaunisse toute
l'année (Ai^ot du peuple).
SAIGNER : Synonyme de
bufer.
Cette expression est gé-
néralement employée par
les bouchers qui conservent
dans la vie les habitudes de
l'abattoir (Argot des bou-
chers).
SAIGNER : Emprunter de
l'argent à quelqu'un.
Mot à mot : laire une
saignée à s n porte-mon-
naie ou à son coîlVe-fort.
Faire une saignée blan-
che : ce n'est pas un méde-
cin qui est chargé de faire
celte opération à moins que
ce ne soil une doctoresse
(Argot du peuple). ^Y.
SAINT-DOMINGUE : Tal ac.
Dans les prisons, par
abréviation, on dit : Saint-
Dome.
Saint-Domingue, allu-
sion au pays où prospèrent
les plantations de tabac
(Argot des voleurs). N.
SAINT- FRUSQUIN : Lot
d'objets ou de mobilier
(Argot du peuple).
SAINT- LAGO : Abréviation
de Saint-Lazare; les filles
disentégalement *S'«^w^Zc^.
Quand elles sont dans
cette prison, elles disent
qu'elles .sont à \2i campagne.
268
SAI
SAL
— Tiens, voilà six mois
que Ton ne le voit plus ?
— J'étais en villégiature,
je sors de ma campagne.
On sait ce que cela veut
dire (Argot des tilles).
SAINT-PÈRE : Tabac à fu-
mer (Argot des voleurs).
SAINT- VINCENT-DE-
PAUL : Les ramasseurs
de mégots.
Ils sont les Saint-Vin-
cent-de-Paul des orphe-
lins qui traînent devant
les terrasses des cafés
(Argot du peuple).
SAINTE-TOUCHE (Le jourde
la) : La paye de chaque
semaine ou de^ fin du mois.
La Sainte Espérance
est la veille de la Sainte-
Touche.
C'est une sainte bien
fêtée par les ouvriers (Ar-
got du peuple).
SAINT-JEAN : Signal con-
venu entre les voleurs ])our
avertir un complice.
Ce signal consiste à lever
l'index et le médium. On dit
aussi d'un individu qui n'est
pas à la hauteur pour faire
(|uelque chose :
-- Il est de la Saint-
Jean (Argot du peuple).
N.
SAISISSEMENT : Terme em-
ployé par les voleurs pour
désigner les liens qui ser-
vent pour ligotter le con-
damné à mort au moment
de la toilette.
Il y a de quoi en effet
être saisi (Argot des vo-
leurs).
SALÉE (La) : La mer (Argot
des voleurs).
SALÉ A LA BANQUE (En
demander) : Demander au
metteur en pages ou au
prote une avance sur la se-
maine.
Salé : travail payé d'a-
vance.
Saler une note: addition-
ner le numéro du cabinet
avec la carte (Argot d'im-
primerie] .
SALIÈRES : Une femme qui
a la poitrine creuse, a
des salières, c'est-à-dire
des trous en guise de seins.
On dit également qu'elle
a les tétons dans le dos
(Argot du peuple).
SALIVERNE : Gamelle ou
écuelle qui sert dans les
hôpitaux aux malades pour
cracher.
Ils salivent dedans (Ar-?
gol des voleurs).
SALLE A MANGER : La
bouche.
Pour indiquer qu'un in- ^
dividu n'a pas de j^dents, on
dit dans le peuple : '
SAP
SAU
2G9
— Il n'a plus de tabou-
rets dans la salle à manger
Argot du peuple).
SAI.SIFITS : Doigts.
Les voyous disent :
— Je vais te coller une
[>oignée de salsifits sur la
luire (Argot du peuple).
SANG DE NAVET : Homme
sans courage, qui n'a pas
(le sang dans les veines.
On dit également :
— Il a les fuies blancs
(Argot du peuple). N.
SViNS BLAGUE : C'est
vrai, je ne mens pas (Argot
du peuple).
SANS-FEUILLE : La po-
tence (Argot des voleurs).
s VXS-GÈNE : Indiscret, mal
élevé.
Cracher par terre dans
un saion, ôler ses bottes
dans un wagon, se moucher
avec ses doigts (Argot du
peuple).
SAPÉ : Condamné.
Allusion au bûcheron
qui, de sa cognée, sape un
arbre (Ai^ot des voleurs).
SAPEMENT : Jugement (Ar-
got des voleurs). V. Sapé.
SAPEUR. V. As dépique.
SAPIN : Sentir le sapin.
Etre sur le point de mou-
rir.
Sapin : cercueil .
Sapin : plancher (Argot
du peuple et argot des vo-
leurs).
SAQUÉ : On m'a dit de pas-
ser au bureau pour y régler
mon compte.
L'expression vient des
corporations où bs ouvriers
lournissent leurs outils ; ils
les mettent généralement
dans un sac ; quand ils
quittent l'atelier, ils les
remportent ; ils reprennent
leuri'ac; de là, saqué (kv^ol
du peuple).
SARRAZIN : Les ouvriers
typographes qui travaillent
au-dessous du tarif réglé
par la Société et qui sont
souvent la proie du syndi-
cat, lequel les considère
misérablement (Argot d'im-
primerie) .
SARRAZINEUR : Ouvrier
qui va d'un atelier à un au-
tre, suivant sa fantaisie
ou les exigences du travail
(Argot d'imprimerie).
SATOU : Bâton (Argot des
voleurs).
SAUMON : Homme riche.
— Emballons le samnon
avec précaution ; il y a du
pèze (Argot des croque-
morts).
SAUT DE COU: Foulard
(Argot des voleurs).
270
SAIT
SCH
SAUTE-AU-KRACK : Sur-
nom donné aux filles pu-
bliques audacieuses (Argot
des souteneurs).
SAUTE-MOUTON (Le coup
du) : Ce sont les remisiers
pour (lames (les tripo-
teuses du marché des pieds
humides) qui le prati-
quent.
La joueuse vend mille
francs de rente. Le remi-
sier pour dames exécute
cet ordre ; il vend immédia-
tement, mais il attend la
iermeture de la Bourse pour
en informer sa cliente. S'il
y a baisse, comme il a ven-
du ferme, il encaisse tran-
(juillement la différence ;
si la rente reste au même
taux, il lui raconte qu'il y
a écart de deux ou trois
centimes; dans tous les cas
elle est volée (Argot des
boursiers). N.
SAUTE-RONDEf.LES. V.
Fafioleur.
SAUTE-RULSSEAU : Petit
clerc d'huissier ou de no-
taire qui porte à domicile
les pièces de l'étude (Argot
du peuple).
SAUTER A LA CAPAIÏUT :
Tuer un complice pour ne
pas lui donner sa part de
vol.
C'est un fait assez rare,
car chez les voleurs il existe
une sorte de probité que
l'on ne trouve pas chez cer-
tains qui se disent honnêtes
gens (Argot des voleurs).
SAUTER LA CERVELLE
(Se faire). V. Bataille des
jésuites.
SAUTER A LA PERCHE :
Avoir très faim.
En ce cas on est plus lé-
ger que de coutume et on
peut sauter facilement.
Synonymede:y^«ï'(?«/^'rc?
(Argot du peuple). .V.
SAUTEUSE : Puce.
Elle saute, en effet, sans
cesse (Argot du peuple).
SAUVAGE (S'habiller en) :
Etre dans un costume pri-
mitif, n'avrir pas même la
feuille de vigne si chère à
M. Bérenger, le Caton mo-
derne (Argot du peuple).
SAVOIR LIRE: Être au cou-
rant de toutes les ruses du
métier.
Connaître tous les Irues
pour voler (Argot des vo-
leurs).
SAVOYARDE : Malle.
Allusion aux commission-
naires, tous savoyards pour
la plupart, qui transpor-
tent les malles sur leur dos
(Argot des voleurs).
SCIINOC : Quand on ne veut
pas dire à un individu c-o-n
SEC
SEN
271
pantoufle, on emploie cette
expression qui est un terme
(le mépris : vieux schnoc
(Argot du peuple). N.
SCÏINOFFE (Deux ronds de):
Deux sous de tabac h priser
I Argot du peuple). N.
SCIIPHOMME : Faire du
tapage dans un endroit
public (Arçot du peMi|)le').
SCIITIGNER : Puer (Argot
(hi peuple). A^.
St'IE : Femme légitime.
Quand un ouvrier me-
nuisier porte sa scie, les
voyous lui disent :
— Tu trimballes la légi-
time.
Scier quelqu'un : l'en-
nuyer, le raser (Argot du
peuple).
SCION : V. Lîoigre.
SCIONNER : Tuer quelqu'un
avec un couteau (Argot des
voleurs).
SKCIIÉ : Au lendemain d'une
forte soulographie, l'ivro-
gne est séché (Argot du
peuple).
SIXOUER LES PUCES :
Stimuler un endormi, le
secouer du péché de pa-
resse (Argot du peuple).
SECOUER SON PANIER A
CROTTES : Se dit dans le
f)cuple d'une danseuse dé-
ïanchée qui fait le contraire
de la danse du ventre, et
remue les fesses agréai dé-
ment (Argot du peuple).
SECOUSSE : Dans le peu-
ple, on dit d'une jolie lille
pour indiquer qu'on cou-
cherait volontiers avec elle:
elle vaut la secousse. C'est
suflisamment clair (Argot
du peuple). N.
SEIGNEUR A MUSIQUE :
Assassin (Argot des vo-
leurs).
SE METTRE A TAREE : Dé-
noncer, manger sur le dos
d'un c ;mplice (Argot des
voleurs). V. Mouton.
SE METTRE LA CORDE AU
COU : Se marier.
Le peuple se souvient
de la vieille chanson :
Pan, pan, mariez-vous,
Mettez-vous dans la misère;
Pan, pan, mariez-vous,
Mettez-vous la corde au
I cou.
(Argot du peuple).
S'EMBROCIIINER: Se coller
avec une femme.
Synonyme de s'acoqui-
ner (Argot du peuple).
SENTIR MAUVAIS : Quand
un voleur est sur le point
d'être pris, quand on éveille
un condamné à mort pour
sauter le pas, quand on
SEN
SER
est embarqué dans une sale
affaire, cela sent mauvais
(Argot du peuple). N.
SENTIR LE LAPIN : Après
avoir dansé toute une nuit,
une femme sue des aisselles
et d'ailleurs ; elle sent le
lapin.
On sait que lorsqu'on
ouvre le ventre de cet ani-
mal, une odeur chaude et
nauséabonde vous prend au
nez et à la gorge (Argot du
peuple).
S'EN FOUTRE COMME
UN POISSON D'UNE
POMME : Se moquer de
tout et de tous.
Mettre l'opinion et le
quand dira-l-on sous ses
pieds (Argot du peuple).
S'EN FOUTRE COMME
D'UNE GUIGNE : Se mo-
quer de tout.
On dit également : Je
m'en moque comme de ma
première chemise.
C'est une nouvelle secte
créée par les indifférents :
les fmen foutistes (Argot
du peuple). N.
SENTINELLES : Élrons dé-
posés le, long des murs par
des passants pressés (Argot
du peuple) .
SENTIR LE ROUSSI : Sy-
nonyme de sentir mauvais
(Argot du peuple). 1S[.
SERINGUE : Machine à va-
peur qui fonctionne mal ;
allusion au bruit du piston
(x\rgot des ouvriers).
SERINER : Divulguer. L. L.
Seriner : Apprendre
quelque chose à quelqu'un
qui a la tête dure, en lui
serina^it sans cesse.
Vient d'un petit instru-
ment qui n'a qu'un air : la
serinette.
On serine un merle, un
geai, un chanteur ignorant
la musique, une leçon, un
discours ; en un mol seri-
ner veut dire apprendre
(Argot du peuple). N.
SERINETTE : Jouer un air
de serinette à quelqu'un
(Argot des voleurs j. V.
Maîtres chanteurs.
SERRÉ: V. QerU.
SERRER SA CEINTURE
D'UN CRAN : Compression
du ventre, afin d'empêcher
les intestins de crier la-
mine (Argot du peuple).
SERRER LA CUILLÈRE
(Se) : Poignée de main.
Par al.réviation, on dit :
je te la serre, ou bien en- .■
core : serre-xm\ la pince
Argot du peuple).
SERRER LA VIS : Etran-
gler quelqu'un (Argot du
peuple).
sni
SLN
SERCOT : V. Bec de gaz.
SERI>ILLi:ilK : Soutane du
curé (Ar^ot dos voleurs).
SKIIPII.UKUK : Tabiior des
caiabins.
(Argol des voleurs).
SKKVIK DE HELEE: Dé-
nonce!' un cou»[)lice faus-
sement (Argot des voleurs).
SERVIR (Faire) : Faire arrê-
ter quelqu'un (Argot des
voleurs).
SEZIÈRES : Lui (Argot des
voleurs).
SIFFLER AU DISQUE : De-
mander de l'argent à quel-
qu'un ; le .solliciter d'ouvrir
son porte-monnaie.
Allusion au mécanicien
qui sifjle au disque pour
demander l'ouverture de la
voie (Argot du peuple).
SIFFLET D'ÉBÈNE : Y. Ha-
bit à queue de morue.
SIGNER DES ORTEILS :
Le pendu, dans ses der-
niers tressaillements, agile
les pieds (Argot du peuple).
SIGUE : Pièce de vingt francs
(Argot des voleurs) .
SIGUE (Un demi) : Pièce
de dix francs (Argot des
voleurs).
SLME : Patrouille.
J'ai clierclié en vain la
raison de celte expression,
elle n'a pu m'élre expliquée,
mémo par des récédivistes;
eonune elle est usuelle, je
la «loniie (Argot des voleurs).
SIMONE (La) : Vol à la tire-
lire.
Ce vol est pratiqué pai*
(le faux vidangeurs On
nomme ces voleurs des
simonneurs parce ((ue ce
truc fut inventé par un
nommé Simon (Argot des
voleurs).
SINGE: Patron.
Presque tous les corps
de métiers, à l'exception des
chapeliers, nonmient leur
patron un singe.
Singe, ouvrier composi-
teur.
Ce n'est pourtant pas
dans un atelier de typogra-
phie qu'il faut chercher des
grimaces (Argot du peuple).
SING LEURS : Les doigts
(Argot du peuple). V. Salsi-
fits.
SINVE : Bonne tète, bon à
fabriquer.
Synonyme de patite ar-
gotê.
Affranchir un since :
rendre un imbécile, canaille
et voleur.
Il u'yasouventpasgrande
besogne à faire (Argot des
voleurs).
274
SOL
SON
SIROP DEMACGUABÉE:
Allusion aux gens qui se
noient.
Ils sirotent bien malgré
eux Veati. de la rivière (Ar-
got des voleurs).
SKATING A MOUCHE : La
tète.
Les mouches , quand
riiomnie est chauve, y pa-
tinent à leur aise (Argot
du peuple). JS'.
SOIFFARD : Ilonune qui a
toujours soif.
Dans le peuple, comme
superlatif, on dit : 11 boirait
la mer et les poissons (Ar-
got du peuple).
S(JIFFER : Boire comme une
éponge (Argot du peuple).
SOISSONNAIS : Dos liaricols
(Argot des voleurs).
SOLDE ; .Quand un négo-
ciant veut liquider, il solde
le restant de ses marchan-
dises.
Elles sont généralement
achetées par des juifs qui,
à leur tour les soldent, par-
tout où ils peuvent en y
joignant souvent des mar-
chandises volées (Argot du
peuple).
SOLIR : Vendre.
Ce mot a donné naissance
à une expression des plus
piltoresques. Pour dire que
Ton achète sur parole, on
emploie cette phrase :
Solirsiir le verbe (Argot
des voleurs).
SOLLICEUR DE ZIF : Com-
mis-voyageur marron qui
vend sur faux échantillons.
C'est une variété du
goiireur .
Zif veut dire marchan-
dise imaginaire.
Le solliceur à la po-
(/nô est le frère du solli-
ceur de zif (Argot des vo-
leurs).
SONDEUR : Avocat. L. L.
Sondeur, sonder quel-
qu'un pour savoir ce qu'il a
dans le ventre.
Allusion au sondage d'un
terrain pour en reconnaître
la nature (Argot du peuple).
SONNER : Quand un client
fait du tapage dans une
maison de tolérance, le \
garçon le jette à la porte,
et s'il se rehilfe, il lui casse
la tète sur l'angle du trot-
toir ; la tête a sonné (Ar-
got des souteneurs). iV.
SONNETTES : Pièce de cent
SOUS-^
Allusion au tintement que
produisent en se heurtant
les pièces, dans la poche
du pantalon (Argot du peu-
ple).
sou
sou
SO^■^ET^ES : Giigneuaudes
«le houe qui pendent aux
poils des chiens. A. D •
^S'o^^^i^/Z^s'appliqueùtou-
les les yriynenandes qu'el-
les soient de boue ou d'autres
matières.
Inutile d'insister (Argot
du peuple).
SOKBONiNP:: Tête.
Vieille expression ; on lit
en ellet, dans la chanson
du Camtel :
Iles réflexions m'trottaient dans
I la Sorbonne.
(Argot des voleurs).
SOliGUE : La nuit (Argotdes
voleurs).
SORGUER : Dormir.
C'est une très vieille ex-
pression.
D'autres écrivent sor(jne\
i;"cst une erreur {Argot des
voleurs).
SOUGUEK A LA PAIRE :
Coucher à deux (Argot des
voleurs).
SORGUELIR : Voleur de nuit
(Argot des voleurs).
SORTE : Quand un camarade
quitte son O'ang pour aller
raconter à un copain une
histoire de brigand inventée
de toutes pièces, l'autre lui
répond :
— Laisse-moi avec ta
Pour une mauvaise plai-
santerie l'aile à un cama-
rade, la réponse est- la
uiênie.
L'expression sorte vient
de ce que, lorsqu'il man-
que des caractères dans un<'
casse, la sorte est absente.
Sortier, celui qui lait
des sortes (Argot d'impri-
merie).
SORLOTS : Souliers (Argot
du peuple). V. Rijjatons.
STRAPONTIiN : Femme qui a
l'estomac bien garni.
Elle possède un strapon-
poniin supérieurement rem-
bourré — ce n'est pourtant
pas une place pour s'asseoir.
Ou appelle aussi stra-
pontin la tournure que les
femmes njettent sous leurs
jupons, peur paraître avoir
un postérieur engageant
(Argot du peuple). iV-
SOUBASSEMENT : Lespieds.
Ils supportent le corps
comme le soubassement
d'un piédestal supporte la
statue (Arçot du peuple).
SOUFFLt^.T (Le vol au) : Ce
genre de vol est très origi-
nal, il est à la portée de
tous et ne demande ni ins-
trument ni apprentissage. Il
s'agit simplement d'entrer
dans un magasin au moment
où une femme tire son porte-
monnaie de sa poche pour
solder une empiète, de se
27(;
sol:
SOI
précipiter en lui llanquanl un
soufflet à en voir trente-
six chandelles, en lui disant
à voix haute :
— Ah ! coquine, voilà
où passe l'argent du mé-
nage.
Pendant que la femme
revient de sa surprise, le
faux mari est loin (Argot
des voleurs).
SOUFFLET : Le derrière.
Il ne fait guère bon être
sous le vent qu'il produit
(Argot du peuple).
SOUFFLEUR DE BOUDLN :
Individu à visage bour-
souflé, joufflu.
Allusion au compagnon
charcutier dont les joues
gonflent quand il souffle
dans le boyau.
Cette expression est éga-
lement employée d'une au-
tre manière, sous forme de
proposition (Argot du
peuple). N.
SOUFFRANTES PERLÉES :
Allumettes (Argot des vo-
leurs) .
SOULOGRAPIIE : Pochard
qui prend trop souvent la
harhe.
Soulographie (en avoir
une belle) : être pochard
(Argot d'imprimerie).
SOULOIR : Un verre.
L'allusion est claire; plus
le pochard boit de verres y
plus il est saoul (Argot du
peuple). A^.
SOULOIRDESRATICIIONS:
Autel sur lequel le prèlri;
dit la messe.
La figure est fausse; c'« st
le ciboire qui contient le
vin qui est le souloir (Ar-
got des voleurs).
SOUPAPE : Casquette (Argot
des souteneurs).
SOUPE A L'HERBE (En
manger une) : Aller gouaper
dans les champs sans avoir
le so'j et s'allonger sur
l'herbe pour dormir :
— Qui dort dîne (Argot
du peuple) . N.
SOUPE ET LE BOEUF : La
femme dit cela du mari et,
naturellement, le mari de
sa femme.
^^wousmQàcpot-au-feu.
Cette expression a donné
naissance à un dicton qui
est très ancien :
— Toujours du bouilli,
jamais de rôti (Argot du
peuple). A^.
SOUPE DE TA FIOLE : Jai
assez de ta figure (Argot du
peuple). N.
SOUS PRESSE : Femme très
occupée sur sa chaise longue
à écouter le récit d'un ex-
plorateur (Argot des filles).
sou
suc
iLll
l RICIKUK (La) : Est une
iiinexe du Dépôt de la Pré-
Icclure de Police; les pré-
venus passent là avant de
» oniparaî Ire devant les
« liambres coiTectionnelles ;
ils Y repassent après juge-
ment pour monter en panier
a salade et être dirigés sur
l(^s prisons où ils doivent
>ubir leur peine.
La souricière est aussi
appelée les trente-six car-
reaux, parce que chaque
ienèlre a ce nombre de vi-
tres.
On dit 'A\x?,û: établir une
souricière pour pincer les
complices qui viennent au
gîte (Argot des voleurs).
SOURICIÈRE : Cabaret con-
nu de la police, tenu par un
patron ([ui nomie sur l'o?'-
tjv.e le ses clien ts dont la plu-
l)arl sont des voleurs.
La pèche se fait là
sans hameçon (Argot des
voleurs).
SOURD OC HE : Lanterne
sourde (Argot des voleurs).
' )UTENEUR : Individu qui
vit des fdies qui se livrent
à la proslituti )n, fainéant,
voleur et assassin si l'occa-
sion se présente; on le
trouve en haut comme en
[bas de l'échelle sociale (Ar-
[got du peuple).
>US-VEiMRIÈRE : Ëcbar-
ipe.
— As-tu vu le quart-
d'œil avec sa sous- ven-
trière, y la dé(jotte mal ?
Allusion à la sous-ven-
trière du cheval (Argot du
peuple).
STORES : Paupières qui s'a-
baissent et se relèvent à
volonté (Argot des voleurs).
STUC : Part de vol.
Synonyme de fade.
comme stuquer (partager)
l'est de fader.
Stuquer est encore pris
dans le sens d'étrenner :
recevoir des coups.
— La gosse a stuqué
(Argot du peuple). iV".
SURLIMER : Travailler alors
que les autres dorment.
Il faut, en eiïét, être su-
blime de courage.
Cela ne se voit guère de
nos jours, où huit heures de
travail c'est encore de trop,
ce qui n'empêche pas les
poètes de chanter le su-
blime ouvrier (Argot du
peuple).
SUCE-CANELLE : Ivrogne
invétéré qui suce jusqu'à
la dernière goutte.
Une vieille chanson que
le pitre de Moreau, le tireur
de cartes, récitait sur la
place de la Rastille, vers
1848-18i9, dit :
Si je meurs que l'on m'enterre
Dans la cave où est le vin,
16
278
SIX
SUR
Le ne/, contre Ja muraille
Et la tète sous le robin.
S'il en reste une goutte encore,
(Je sera pour me rafraîchir,
Et si le tonneau défonce,
J'en boirai à mon loisir.
(Argot du peui)le).
SLGE-LAIIBIN : Bureau de
placement (Argot des vo-
leurs).
SUCER LA PRALmE : Il
est absolument impossible
d'e.xpliquer cette expression
(Argot (les filles). V. Ac-
cou^lées.
SUCER LA POMME (Se) :
S'embrasser.
Allusion au moutard qui
suce ime pomme avant de
la manger (Argot du peu-
pie]. N.
SUCER UNE PÊCHE : Boire
un coup (Argot du peuple).
SUÇON : Faire une consom-
mation fantastique de sucres
d'orge. L. Z.
Suçon : en faire un sur
l'épaule ou sur la gorge
d'une jolie femme, ce n'est
pas précisément sucer du
sucre d'orge, c'est lui faire
venir le sang à la peau. Ce
qui adonné naissance à cette
expression : ce n'est pas de
l'amour, c'est de la rage,
pour ceux qui embrassent
de cette manière (Argol du
peuple). N.
SUCRE DE POMME : Pince
qui sert à fracturer les por-
tes.
— Avant de cavahr as-
sure-loi que ton sucre de
pomme poui-ra pessigner la
lourde (Argot des volein-s).
N.
SUCRE : Se dit d'une feimnc
mijaurée : elle fait sa .v^'-
crée.
Se croire plus Si'<-r-'
qu'un autre : s'imaginer lui
être supérieur.
Il a été sucré [)oviv sa/é.
Les joueurs ont adopié
cette expression pour mar-
quer les points avec des je-
tons : il faut sucrer mon-
sieur (Argot du peuple) . X.
SllFFART : Grec habile à
corriger le hasard, voletu'
cosmopolite qu'on rencontre
dans tous les endroits où
l'on joue.
Il est connu sous dillé-
rents noms : graisseur,
bédouin, philosophe (Argot
des joueurs) .
SUIVEUR : Homme tenace
qui suit les femmes dans
la rue ; quand il tombe sur
une vierge il la sidt jusqu'à
temps qu'il la perde (Argot
du peuple). N.
SURBINE : Surveillance. Ètrr
en surhine : élre surveille.
Rompre sa surhine :
quitter la ville où l'on était
I
SUR
SYS
279
(Il surveillance poui- aller
dans une autre ville.
Autrefois on disait : ro7n-
re son banc; c'est vieux
' Ml (Argot des voleurs).
S! liFIXE : Sœur de charité
Argot des voleurs). N.
SI IIGEKBER : Être con-
damné en appel (Argot des
voleurs).
sriUiN : Couteau.
Surin m net : canne plom-
bée ; elle surine sans îruit.
SI lllXER : Assassinera coups
de eoul au.
Celle expression rein-
plaet! celle de chonriner
(Argot des voleurs).
SOEURS (Les deux) : Nattes
de ciieveux que les femmes
portent tressées sur leurs
épaules.
Mes deux sœurs, pour :
lest icules(Argot des voyous i.
SYDOME : La tête de car-
ton, ou le mannequin sur
lesquels la modiste et la
couturière essayent leurs
chapeaux et leurs robes
(Argot du peuple). N.
SYSTÈME : Portion servie
aux prisonniers dans les
maisons centrales (Argot
des» voleurs). V. Bonde.
I
280
TAF
TAL
TABAC : Misère.
— Je suis dans le tabac
mistoufle (Argot du peuple) .
TABAR : Manteau.
Cette expression est con-
nue depuis le XV^ siècle
(Argot des voleurs).
TABLE RASE : Faire un
nettoyage complet dans
une maison, liquider un
arriéré, renouveler un per-
sonnel après avoir fait table
rase (Argot du peuple).
TAF : Individu qui a peur de
son ombre.
Qui a le trac, qui serre
les fesses à la moindre
alerte (Argot du peuple).
TAFFEUR : Poltron.
— Il est tellement lafjeur
([ue l'on ne lui fourrerait
pas une feuille de papier à
cigarette entre les fes^^es
(Argot du peuple). iV.
TAILLER UNE PLUME : Il
est des employés qui se ser-
vent encore de plumes d'oie ;
à la lin du mois, ils vont
s'en faire tailler chez des
spécialistes (Argot du peu-
ple). N.
TALBIN : Billet.
Talbin d'altèque, billet
de banque.
Un billet de faveur pour
un théâtre quelconque, se
nomme un talbin d'enca-
rade.
Mot à mot : billet d'en-
trée.
TAM
TAN
U81
Los voleurs disent aussi
(le l'ordre du Parquet, de
l'ordre de les écrouer à
Mazas ou au Dépôt :
— Milice de hiffeton
d'encarade (Argot des vo-
leurs). N.
TALBIN : Huissier.
Allusion ce à qu'il talhine
un prévenu ou un témoin
pour l'assigner en police
correctionnelle.
Talbiner, synonyme d'as-
signer (Argot des voleurs)
N.
TALONS COURTS (Avoir les):
Fille ou femme qui suc-
combe sans résistance.
L'image n'est pas exacte ;
ce fiùt ne se produit généra-
lement que lorsqu'une lemme
porte des talons hauts; elle
perd alors l'équilibre facile-
ment (Argot du peuple).
TAMBOUILLE : Ragoût, fri-
cot.
Faire la tambouille,
faire sa cuisine. A. D.
Tamhoiàlle : battre.
— Je vais te foutre une
tambouille que le tonnerre
de Dieu en prendra les
armes (Argot du peuple). A''.
TAMPONNER : Donner ou
recevoir un coup de tam-
pon — un coup de poing.
Allusion au choc de deux
trains qui se tamponnent
(Argot du peuple). JSf.
TANNANT : Assommant, en-
nuyeux.
A Corbeil, on devait un
dimanche jouer les Mous-
quetaires ; la troupe y don-
nait des représentations de-
puis environ un mois.
L'actrice chargée des
grands pre.niers rôles, était
mauvaise à faire ronfler un
bec de gaz. Au moment du
lever du rideau, le régisseur
dut faire une aimonce. L'ac-
trice avait dû partir précipi-
tanmient pour enterrer son
père.
Il annonça son départ
ainsi :
Madame X . . . , ne pourra
jouer ce soir, elle est à
Nantes, pour les obsèques
de son père.
Un loustic du parterre
s'écria :
— Il y a longtemps qu'elle
est tannante.
Ouf ! (Argot du peuple).
N.
TANNER LE CUIR : Battre
ju'un.
Allusion au tanneur qui
bat la peau pour la rendre
souple (Argot du peuple).
q„el^.
TANTE : Pédéraste, homme
à double fac • qui retourne
volontiers la tète du tôle du
mur (Argot du peuple). JSf.
TANTE : Le Mont-de-Piété
— Je porte ma toquant
16.
282
TAP
ÏAP
chez ma tante, mon oncle
en aura soin (Argot du
peuple).
TAP : Se disait autrefois des
condamnés à être exposés
publiquement et marqués
au fer rouge.
Travaux forcés à temps,
T. F. T.
Travaux forcés à perpé-
tuité T. F. p.
Faire le tapin c'était
être exposé (Argot des vo-
leurs). N.
TAPANCÈ : Maîtresse ou
femme légitime.
Les typographes nom-
ment ainsi la lemme parce
qu'elle tape souvent à la
poche ou... autrement.
La tapance du mec, c'est
la femme du patron.
• — Elle est rien râleuse
la tapance du mec, elle
boufferait des cadratins à
la sauce blanche (Argot
d'imprimerie). N-
TAPE (En recevoir une) : Re-
cevoir un coup ou le don-
ner.
Voir ses espérances s'ef-
fondrer.
Recevoir une tape mo-
ralement (Argot du peu-
ple).
TAPE A L'OEIL : V. Œil au
leurre noir.
nion de personnes. A. D.
Tapée veut dire beau-
coup, il est vrai, mais ce
n'est pas le sens que lui
donne le peuple.
Tapée se dit d'une jolie
femme :
— Elle est tapée.
Une phrase bien écrite ou
bien dite :
— C'est tapé (Argot du
peuple). N.
TAPER : Taper quelqu'un,
lui emprunter de l'argent.
On lui refuse en lui di-
sant également :
— Tu peux te taper.
Synonyme de : Tu peux
te fouiller (Argot du peu-
ple).
TAPER A TOUR DE BRAS :
Cogner vigoureusement.
— J'ai beau taper ma
femme a tour de bras,
quand elle me fait un im-
pair, elle me gobe tout de
même (Argot du peuple).
TAPER DANS LE TAS :
Prendre une femme au ha-
sard.
2\iper dans le tas : at-
taquer un ouvrage avec vi-
gueur.
Taper dans le tas :
frapper dans le tas d'une
bande de rôdeurs qui vous
attaquant (Argot du peu-
ple).
TAPÉE : Foule, 'grande réu- TAPETTE : Pédéraste ^«55//*,
TAR
TAS
283
il se fait taper dans le las
! \rç;ot du peuple). N-
TAPETTHl : Homme qui parle
sans cesse.
— Il en a une rude ta-
;)ette .
On dit aussi : (orle p/a-
ine (Argot du peuple).
i A PIQUER : Habiter (Argot
(les voleurs).
TAPIS DE iMALADES : Can-
liiies des prisons (Argot des
(tleurs). V. Cargols.
iA«,)UINER LE GOUJON :
Lt^ pêcheur à la ligne /«-
!iiuie le goujon.
11 est eu elFet taquiné
tPèlre pris à ITiameçon (Ar-
l;oi du peuple).
TAQUINER LE CARTON:
Jouer aux cartes.
Je ne sais pas si les car-
ies sont taquinées d'être
/nillues, mais le joueur Test
rudement quand il perd (Ar-
got du peuple). iV.
TAHAUDÉE : En mécanique.
tarauder un écrou ou un
boulon, c'est faire un pas
de vis.
On a appliqué cette ex-
pression pour dire que l'on
bal quelqu'un.
— Je lui ai foutu une
rude taraudée.
— Je vais te tarauderiez
côtes (Argot du peuple). N'.
TAROQUAGE : Piquer les
cartes d'un signe impercep-
tible.
Ce truc fut employé pour
la preniière fois, par le fa-
meux grec Garcia (Argot
des grecs).
TAUOQUE : La marque du
linge.
Quand les voleurs ont
dévalisé la voilure d'un pa-
pillon, ils détaroqiient le
linge pour le revendre aux
meuniers (Argot des vo-
leurs"). N.
TARTINES : Souliers avachis
el éculés.
— Ah! mon vieux, quel-
les sales tartines f Argot rhi
peuple).
TARTIR : Vider ses iules-
lins.
Quand la marchandise est
molle, elle s'aplatit en rond,
comme une tarte, dont,
d'ailleurs, elle a la couleur.
Dans le peuple, on dit :
— Je viens de faire une
tarte bourbonnaise.
Encore un emprunt à Ra-
belais (Argot des voleurs).
TAS (Être sur le) : Être à
l'ouvrage.
— Nous avons un tas d»'
besogne pour beaucoup.
— J'ai un tas de choses à
vous écrire, pour quantité.
— Ma marmite est sur le
tas.
284
TAU
TEN
Pour indiquer qu'elle
est couchée avec un miche
(Argot du peuple et des
souteneurs). N-
TASSO : Nez.
— Je vais te houffer le
tasso (Argot du peuple). V.
Blaire.
TATA : Les enfants, les pe-
tites lilles disent de Tune
d'elles qui fait des maniè-
res :
— Elle ftnt sa tata.
Dans le mondes des équi-
voques une tata, c'est le
passif.
11 existe un chanson sur
ce sujet :
C'est nous qui sommes les tatas
(Argot du peuple).
TATE-MINETTE : Sage-
femme (Argot du peuple).
TATEUSE : Fausse clé.
Ce nom indique bien l'ac-
tion ; avec une fausse clé,
si bien faite soit elle, il faut
que le voleur taie la ser-
rure avant de l'ouvrir (Ar-
got des voleurs).
TAUDION : Chambre mal-
propre, infecte.
— N'entrez pas dans
mon iaudion, un chat n'y
trouverait pas ses petits.
— Sa chambre est un
taudis.
On dit aussi un chenil
(Argot du peuple).
TAULE ou TOLE : La mai-
son.
Les maîtres de maisons
de tolérance sont appelés
des tôliers.
C'est une allusion à hi
tôle qui barde les portes de
ces maisons dans quelqiiis
villes de province, pour h s
défendre contre les tajia-
geurs.
C'est tôle qui est le vrai
mot (Argot des souteneurs .
TAUPER: Travailler. Z. Z.
Tauper veut dire accos-
ter.
Quand les compagnons
faisaient le tour de France,
et que deux marchaient en
sens inverse sur la grande
route, ils s'interpellaient :
— Tojje.^ pays, quelle
vocation ?
— Serrurier.
— Passe au large.
S'ils étaient du même
métier, ou dé la même so-
ciété, ils fraternisaient, au-
trement ils se battaient.
Cela s'écrit toper et non
tauper. Toper veut aussi
dire : conclure.
— Affaire %ilé, tope-Và
(Argot du peuple).
TENDEUR : Homme qui est
toujours prêt à satisfaire
une femme gourmande et
passionnée (Argot du peu-
ple).
Tirr
TET
•285
TERRER : Tuer.
Mot à mot : préparer les
gens pour la terre.
C'est cette expression qui
a donné naissance au mot
enfouissage pour les libre-
penseurs qui ne passent pas
par Téglise (Argot des vo-
leurs et du peuple). N.
TERREUR : Nom donné aux
maquereaux dans les an-
ciennes banlieues de Paris ;
il y a généralement une
terreur par quartier (Argot
des souteneurs).
TER RI ÈRE : Raccrocheuse
qui pousse son persil dans
les terrains vagues (Argot
des souteneurs).
TESIÈRE : Toi.
Il y a plusieurs variantes
de ce mot : tesigiie, te-
aigo et téshigard.
I'^5?<?r<? est l'expression la
plus usitée.
— La Môme-Livarot a
un béguin carabiné pour
lesière (Ai^ot des soute-
neurs).
TETASSES : Seins qui pen-
dent jusque dans les bas de
celles qui les possèdent (Ar-
got du peuple). V. Cale-
basse,
TÈTE CARRÉE : V. Albo-
che.
TÈTE DE ROIS : Visage peu
expressif.
Dans le peuple, on dit
aussi : il a été sculpté dans
un marron d'Inde, quand
l'individu à qui cette ex-
pression s'adresse est laid
à faire peur (Argot du peu-
pie).
TÈTE DE CARTON : Visage
sans expression.
Allusion à la poupée (Jo-
séphine) des modistes (Argot
du peuple).
TÈTE DE CHOUCROUTE :
V. Alboche.
TÈTE DE PIOCHE : Individu
à la tête dure qui ne veut
rien apprendre.
Allusion à la dureté de
l'acier trempé de la pioche
(Argot du peuple). N.
TÉTER UNE GOUTTE : Faire
téter une goutte, à quel-
qu'un : le battre.
Boire une goutte : se
noyer.
Au régiment quand un
soldat est atteint de la nos-
talgie, les camarades lui
disent :
— Tu voudrais bien aller
téter une goutte.
Téter une goutte, boire
un verre sur le zinc (Argot
du peuple). N.
TÈTES DE CLOUS : Carac-
tères usés, qui n'en peu-
vent plus.
— Il est rien dégueiUbif,
286
TIN
TIR
le canard que nous compo-
sons avec des têtes de clous
(Argot d'imprimerie).
TIC HE : Bénéfices.
Synonyme de guette.
Prime que les directeurs
de magasins de nouveautés
donnent aux commis qui
parviennent à vendre de la
marchandise avariée ou des
rossignols,
Tiche. en ce cas, est de la
même famille ({\\aff'ure
(part de vol) (Argot des ca-
licots) .
TIERCE (La) : Association
de faux monnayeurs ; comme
ils sont généralement trois :
le fahricateur, \ émetteur
et un complice de réserve,
de ce nombre, la tierce
(Argot des voleurs),
TIFFES : Les cheveux.
Ti(fe est une corruption
de tignasse (Argot des vo-
leurs). A^-
TIGNER D'ESBROUFFE :
V. Riffe.
TIMBRÉ : A moitié fou.
Avoir reçu un coup de
marteau (Argot du peuple).
V. Mailloche.
TINE : La foule.
Réunion de souteneurs
et de voleurs.
Delvau dit dédaigneuse-
ment que cette expression
est due à « quelques Vau-
gelas de la Roquette », que
le vrai mot est ligne.
Pas le moins du monde ;
dans le peuple on dit :
TigneAé, pour : le pren-
dre par les cheveux.
ligner est également
synonyme de rechigner
(Argot des voleurs). N.
TIOLÉE (En avoir une) : Se
dit dans le peuple d'une
lamille qui a de no.nbreux
enfants :
Ils sont toute une tiolée.
C'est une corruption du
mot tôle qui veut dire mai-
son.
Il y en a plein la tôle
(Argot du peuple). N-
TIRANTES : Jarretières. A.
D.
Le mot est impropre ;
c'est serrantes.
En elïet, la jarretière
serre la jambe ou la cuisse
suivant la façon dont elle
est placée.
Il est vrai qu'elle tire
le bas, mais c'est en le
serrant (Argot des vo-
leurs).
TIRANTS : Bas.
Tirants radoucis : bas
de soie.
Tirants de tremilet :
bas de fd.
Tirants de ftlsangue :
bas de filoselle.
TIR
TOC
287
)
Tirants à la maïKjnc :
bas déchirés.
Allusioi) aux inailles qui
manquent (Argot des vo-
leurs) .
TIRE-JIS : Mouchoir.
Le mot n'est pas ragoû-
tant, mais il exprime bien
le fait de tirer le fus des
narines (Argot du peuple).
TlHEiJHE : La tète.
Allusion à la bouche ((ui
représente exactement l'ou-
verturc par laquelle on
introduit les pièces de
monnaies dans une tii'eiire.
Tirelire veut aussi dire
le contraire de la tète, mais
celle-là ne contient que de
la monnaie pour la compa-
gnie Richer (Argot du peu-
ple). N.
TIHELIUE : Toutes les lilles
publiques mettent l'argent
que les miches leur don-
nent pour leurs gants,
dans leurs bas.
Leurs bas sont des tire-
iires{Xrgo[ des souteneurs)
X.
TIRE-MONDE (Madamei. Y.
Guette au trou.
TIRER LE DL4BLE PAR
LA QUELE : 11 y en a (la
moitié de Paris) qui passent
leur temps à celle b sogne.
sans être jamais avancés un
irmr pln«; qn<^ r.-iijtrp.
La misère ne les lâche
pas.
Ce pauvre diable, depuis
le temps que l'on la lui
tire , n'en devrait plus
avoir (Argot du peuple).
TIRER UN BOUCHON :
Voleur qui t'ait dix ans du
pi'ison (Argot des voleurs).
TIRER LA LANGUE: Courir
à en perdre haleine.
Faire tirer la langue
à un débiteur en lui pro-
mettant de l'argent.
Tirer la langue : avoir
faim, attendre après quel-
que chose qui ne vient ja-
mais (Arçot du peuple).
N.
TOC : Bijoux de mauvais
aloi.
Personnage contrelait ; se
(iit de tout ce qui n'est ni
bien ni correct (Argot du
peuple)
TOCASSE : Méchant.
On dit également tocas-
serie pour méchanceté.
Tocasserie est assuré-
ment une corruption ^etra-
casserie (Argot des vo-
leurs).
TOC AS SON : Fille qui de-
puis des années est dans la
circulation, qui veut conser-
ver dos airs de jeunesse et
se l'efuse k dételer %o\\
vieux fiacre.
288
TOM
TOO
— Crois-Ui que c'est pas
dégoûtant, la mère Tocas-
son qui ti'ime encore à 72
herges (Argot des tilles).
TOILETTE (La) : Avant le
règne de M. Deibler, la
toilette des condamnés à
mort durait une grande de-
mi-heure, une éternité ;
aujourd'hui, le mot est
resté, mais pour la forme
seulement, car on ne la leur
fait plus.
Chaque semaine, les con-
damnés sont rasés et ont
les cheveux coupés : on leur
épargne ainsi une torture
inutile.
Ileindrich, l'avant-der-
nier bourreau, recomman-
dait toujours à ses aides de
se dépêcher pour ne pas
laisser le condamné vieillir
(Argot des voleurs). •
TOLLARD : Bureau. A. D.
C'est une grave erreur.
Tollard, dans les prisons
centrales, veut dire : bour-
reau.
Bureau, c'est hurlin-
gue (Argot des voleurs).
N.
TOMBER MALADE: Être
arrêté, alors qu'on se croyait
en sûreté.
Si l'arrestation a lieu à
la rencontre, c'est-à-dire si
on rencontre fortuitement
l'agent qui vous recherchait,
on dit : tomber le nez des-
sus (\rgot du peuple). N .
TOMBER A PIC : On va se
mettre à table, vous tom-
bez à pic.
Mot à mot : Vous arri-
vez bien.
— J'étais dans la purée,
ma tante vient de claquer
Cl pic (Argot du peuple).
TOMBER PILE : Tomber sur
le cul.
Les ouvriers typographes
disent :
— Il est tombé sur le côté
de deux (Argot du peu-
ple].
TOMBER SUR LE DOS ET
SE FAIRE UNE BOSSE
AU VENTRE : Cela pa-
raît être un fait extraordi-
naire ; pourtant rien n'est
plus commun.
C'est la secousse qui
est cause de ce phénomène
qui dure neuf mois (Argot
du peuple).
TOMBEUR : Homme fort.
Lutteur qui tombe tous
ses adversaires.
Tomber une femme : la
séduire, la faire céder.
Dans les cercles, le crou-
pier dit : cinq louis qui
tombent (Argot du peuple).
TOQUANTE : Montre de peu
de valeur.
Double sens : elle fait
TOR
TOR
289
iic-ioc et elle est en toc
(Argot des voleurs).
TOQUARD : A. Delvau et
M. Loredan Larchey écri-
vent tocard.
Ces écrivains, pas plus
que moi, n'ont inventé l'ex-
pression ; j)our trouver la
véritable orthographe, il
était donc inutile de remon-
ter à la source.
Je trouve dans une vieille
chanson ceci :
Maiiit'nant tu i' toquardes
I de la frime,
Tes deux oranges tombent
I dans tes bas.
T'es des mois sans chan-
I ger de lime,
Va mènre des mois qu'tu
I n'en a pas.
C'est donc toquard qui
est le vrai mot (Argot du
peuple),
TOKCHKR LE CUL DE
MEKDE (Se) : Ce n'est
pas le comble de la pro-
preté, mais cette expres-
sion caractéristique dit bien
le peu de cas que l'on fait
de quelqu'un et combien on
le méprise (Argot du peu-
ple).
TORD BOYAUX : Mauvaise
eau-de-vie.
Elle corrode l'estomac
et tord littéralement les
J)oyaux des malheureux
abrutis qui recherchent cet
horrible breuvage (Argot du
peuple).
TORPILLE D'OCCASION :
Eille publique.
Ainsi nommée parce
qu'elle lait sauter la bourse
des pautes (Argot des sou-
teneurs).
TORTILLAxNÏE : Le cep de
vigne qui pousse en espa-
lier devant les maisons
dans les campagnes.
Allusion au bois qui se
tortille de mille façons.
Claude Tillicr a écrit dans
un de ses pamphlets :
— Nos pères étaient faits
de ce bois noueux et tor-
tillé dont on fait les forts
(Argot du peuple). .
TORTILLARD : Fil de fer
(Argot des voleurs).
TORTILLER : Manger.
— Il te tortille un mor-
ceaii de lartif en une bro-
quille.
Se tortiller pour ne pas
vouloir dire la vérité :
chercher des faux-
fuyants.
— As-tu vu comme elle
tortille des fesses en mar-
chant ?
— Il n'y a ipi\s h tortiller
du ciol, il faut que tu
avoues.
— Il ne faut pas tortiller,
faut y passer (Argot du
peuple).
TORTU : Le vin.
— Allons, raastroquet,
17
290
TOU
TOU
sers-nous deux choleltes de
tortu.
Cholette : chopine, tor-
tu : le vin, en souvenir du
bois torti(> qui produit le
raisin (Argot du peuple).
TORTORER : Manger (Ar-
got des souteneurs).
TORTORENT : Gargote où
l'on mange (Argot des sou
teneurs),
TOUILLER : Remuer.
— Touille ton café pour
faire fondre le sucre (Ar-
got du peuple). N'.
TOUPET (Avoir du) : Avoir
un aplomb formidable.
Se payer de toupet pour
affronter quelqu'un.
On dit dans le peuple :
— 11 a plus de toupet
que de cheveux (Argot du
peuple).
TOUR (LA) : La Conciergerie
et le Palais de justice.
Allusion à la tour de
l'horloge.
A ce propos, une légende
populaire veut que cette
horloge ait sonné l'heure du
signal pour le massacre de
la Sainl-Rarthélémy (Argot
du peuple).
TOUR POINTUE (La) : Pré-
fecture de police (Argot
des voyous).
TOURBE (Être dans la). V.
Purée.
TOURBE : La lie du peuple.
Populace, le plus bas qu'il
soit possible de l'imaginer
(Argot du peuple).
TOURLADE : Les forçats,
autrefois, quand le bagne
était à 2'oîclon, appelaieni
cette ville Tourlade. Chan-
gement d.' finale (Argot d<'s
voleurs).
TOURNANTE : Clé.
Elle fait en elfet tourner
le pêne dans la serrure (Ar-
got des voleurs).
TOURNANTE: V. Anguille.
TOURNE-YIS : V. Hiron-
delle de potence.
TOURNE-YIS: Chapeau ^
cornes que portent les gen-
darmes.
Ce terme s'est généra
lise, il est employé pour
tous les chapeaux quelles que
soient leurs lormes (Argot
du peuple).
TOURNER DE L'OEIL :
Mourir (Argot du peuple).
TOURNIGUE : V. Blaire.
TOURTOUSE : La corde.
Tourtoiiser : lier.
Tourtoiisier : le cordier
(Argot des voleurs).
TOURTOUSINE : La ficelle.
Allusion à la torsion du
chanvre par le cordier (Ar-
got du peuple).
TRA
TRE
291
FRAC : Peur.
Tracquer : avoir peiu'.
— ■ J'ai un Irac à tout
casser (Ai'u<>l 'lu jMMipIc).
V. Taf.
THAIN 11 (Le) : Les jambes.
Ctlui qui ne peut pas se
l)ayer do voilure, liacre ou
omnibus, prend le train
II.
Quand on joue au lolo,
celui qui ap[)elle les numé-
ros, (piand il tire le nu-
méro 11, crie :
— 11, les deux jambes
à ma tante (Argot du peu-
ple).
TRAÎNÉE : Fille publique qui
traîne partout à la recher-
che de clients.
Traînée est un gros
terme de mépris employé
par le peuple vis-à-vis d'une
lemme.
Ti'aînée : synonyme de
rouleuse (Argot du peu-
pie).
ÏRAINELSE : V. Rôdeuse.
TRALNEUSE : Robe.
Allusion à la traîne de
la robe qui balaye les trot-
toirs.
On dit également : une
balayeuse (Argot du peu-
ple).
TRA.\CIIE-LARD : Couteau.
Allusion au couteau du
charcutier.
On dit aussi : un vmgt-
deux (Argot du peuple).
TRANCHE: Le visage.
Tranche est aussi un
terme d'amitié et de fami-
liarité :
— Tiens, comment vas-
tu, ma vieille tranche ?
(Argot du peuple). N'-
TRAVAILLER DANS LE
RATLMENT : Voler avec
ellraction dans les maisons.
L'expression est pitto-
resque (Argot des voleurs).
ÏRAVIOLES : Avoir des in-
quiétudes. Z. L.
Tramoles • aller de tra-
vers, pochard (\\\\ festonne.
Celui-là est loin d'avoir des
inquiétudes, car il ne pense
guère au lendemain.
Lue jeune tille qui dé-
raille et devient rosière de
la Maternité, va de tra-
violes, de travers dans la
vie (Argot du peuple). N.
TRÈFLE : Tabac (Argot du
peuple).
TRÉFOIN : Tabac.
Ce mot est très vieux; il
est employé par Eugène Sue
dans les Mystères de Pa-
ris.
— Pas de tréfoin à
mettre dans ma chi/furde.
(Argot des voleurs).
TREMBLOTTE : La fièvre.
Allusion au trembleme7it
qu'elle produit.
292
TRI
TRI
On dit d'un homme qui a
peur de la moindre des cho-
ses : il a la tremhlotte.
C'est aussi un truc em-
ployé par les mendiants
pour exciter la charité pu-
blique ; ils font semblant de
tremhler.
Mot à mot : de grelotter
(Argot du peuple). N-
TliÈPE : Ne veut pas dire la
foule, comme le disent les
dictionnaires d'argot ; ce
mot veut dire clientèle,
d'après LoysseL
Faut pas blaguer, le trépe est
f haih
Dans ce taucUon, i s"ti'ouve des
I rupins
Si queuq's gonciers traînent la
I savate
J'en ai r'buurré qu'ont d'scar-
I pins.
(Argot des voleurs).
TliESSER DES CHAUS-
SONS DE LISIÈRES :
Occupation des prisonniers
dans les maisons centrales.
— A tresser des chaus-
sons de lisières pendant
dix berges , j'ai a/f'uré
quatre signes! (Argot des
voleurs).
TRICIIARD : Tricheur.
Voler au jeu (Argot du
peuple).
TRICHER : V. Gêné.
TRIEOUILLÉE : Remuer,
chercher en bousculant tout.
A. D
Trifouillée, c'est trois
fois fouiller, mais le peuple
ne donne pas ce sens à cette
expression.
Trifouillée veut dire
battre.
— .Je vais te colbr une
tri fouillée en cm({ sec (Ar-
got du peuple). N.
TRIMARD : Chemin.
Grand trimard : grande
route (Argot des voleurs).
TRIMARDER : Voyager.
Qimnd un apprenti a ap-
pris son état, pour se for-
mer, il fait son tour de
France.
Il trimarde, mais en
travaillant.
Mot à mot : parcourir
les grandes routes.
Ceux qui trimardent ne
sont autre chose que des
vagabonds ; ils ont une pro-
fession, mais ne travaillent
jamais. Cette profession
leur sert pour mendier.
Le truc est des plus sim-
ples :
Le trimardeur, suppo-
sons le compositeur typo-
graphe, entre dans un ate-
lier avec la quasi-certitude
({u'il ne sera pas embauché,
c'est ce qu'il souhaite. 11
demande wzf<?/^^; on lui ré-
pond qu'il n'y a pas de
place vacante, alors il lâche
son boniment :
— Il vient de loin, de
Paris ; il a été malade en
TRI
TRI
293
chemin, il est dans la plus
aflreuse misère, il sollicite
la permission de l'aire la
cpiète. Le patron donne, les
compagnons donnent aussi ;
il savent bien (pie c'est un
fainéant, mais les typos ont
bon cœur, ils préfèrent être
volés dix fois que d'en re-
fuser une à une misère vé-
ritable.
Avec ce métier, les tri-
mardeiirs sont les gens les
plus heureux du monde
(Ai^got d'imprimerie). N.
TRIMARDEUSE : Fille pu-
blicpie qui fait le trottoir.
L'asphalte n'est pas la
grande route, on l'appelle
néanmoins le triinard
parce que la lille y trime
(Argot des souteneurs).
TRL>L\NCHER : Marcher.
Même signification que
trimarder (Argot (bi peu-
ple).
ÏRIMRALLEUR DE RE-
FROIDIS : Le cocher qui .
conduit les corbillards.
— Ce qui m'emmerde,
quand je serai refroidi^
c'est d'être trimballé par
Voranibus à coni (Argot des
voleurs).
1T{IMER : Aller et venir inu-
tilement, se morfondre. A.
D.
De trimer on a fait tri-
raards raccrocher, c'est-à-
dire travailler, c'est le vrai
sens du mot.
— Je trime d'un bout
de l'année à l'autre pour
élever mes gosses, et je
n'en suis pas plus avancé.
Trimer veut dire tra-
vailler péniblement (Argot
du peuple). iV.
TRINQUER : Boire en cho-
quant son verre.
Trinquer : recevoir une
volée (Argot du peuple).
TRIPAILLE : Enfant (Argot
des voleurs). V. Loiipiau.
N.
TRIPATROUILLAGE : Tripo-
ter dans les poches de quel-
qu'un.
Tricoter dans une caisse
ou un tiroir.
— Vous n'allez pas bien-
tôt finir de me tripatrouil-
ler, vous allez me chif-
fonner (Argot du peuple).
N.
TRIPES : Tétons déformés,
élastiques comme un mor-
ceau de caoutchouc.
Allusion au morceau de
tripe que les tripiers nom-
ment le bonnet : c'est la
panse (Argot du peuple).
TRIPOTÉE : (En donner ou
en recevoir une).
— Il a reçu une rude
tripotée.
On dit aussi tripotée
pour beaucoup.
294
TRO
TRO
— raiune tripotée d'en-
fiints qui me font perdre la
lète (Argot du peuple).
TRIPOTEURS : Individu qui
t7'ipote une femme.
Boursier qui tripote, à
la Bourse, des affaires mal-
propres et louches.
On dit AUSSI pairicoter
(Argot du peuple) . N'.
ÏRIQUE : Surveillance.
Casser sa trique, rom-
pre sa surveillance.
Tripier (Être) : être
condamné à la surveillance.
Allusion ancienne, quand
autrefois les condamnés
étaient pendant cinq ou dix
ans sous la trique des ar-
gousins (Argot des voleurs).
TROGNE : Le visage.
Quand un individu a la
trogne couperosée, dans le
peuple, on lui lance cette
plaisanterie :
— ■ C'est ta femme qui
boit, et c'est toi qui a le
nez rouge.
Avoir une trogne de vin
de Bourgogne, c'est une
trogne d'ivrogne (Argot
du peuple).
TROGNON : Expression de
tendresse, comme mon pe-
tit chat, mon petit lapin
bleu.
Qu'il est joli, qu'il est mignon,
Qu'il est gentil mon p'tit tro-
I gnon,
(Argot du peuple).
TROLLER : Porter. A. D.
Troller veut dire mar-
cher.
— On te voit troller
partout, tu ne travailles
donc pas?
n existe au faubourg An -
toine des ouvriers ébénistes
en chambre qui confection-
nent des meubles pour leur
compte.
Ils troUent pour les
*n'endre depuis la rue de la
Muette jusqu'à la Bastille,
généralement le samedi ;
ce jour-là, le trottoir se
nomme la trolle (Ai^ot des
ébénistes). N-
TROMBILLE : Bête, quelle'
que soit sa race (Argot des
voleurs).
TROMBOLEER : Aimer au-
trement que platonique-
ment.
— Je vais tromboller
ma gonzesse (Argot des
souteneurs).
TROMPE-LA-MORT : Indi-
vidu condamné par les mé-
decins, qui n'en meurt pas
plus vite pour cela.
— Il trompe la mort
qui le guette.
On dit également :
— Il a repris du poil de
la bête.
Cette expression ; trompe
la mort, date de 18i8.
Un ouvrier forgeron, ar-
rêté sur une barricade, lors
TRO
TRO
295
de l'insurrection de Juin,
fut conduit, avec un groupe
(le coml)atlants, à la tom-
bée de la nuit, au Champ
de Mars, où se faisaient en
masse les exécutions som-
maires. On fusillait les mal-
lieureux rang par rang.
11 était au second rang;
par une présence d'esprit
incroyable, à ce moment
suprême, il tomba en même
temps que le premier rang;
on n'y lit pas attention.
Vers onze heures du soir,
l'exécution terminée, des
tond)ereaux vinrent enlever
les cadavres pour les trans-
porter au cimetière Mont-
martre et les jeter dans la
fosse commune.
On ne les recouvrait j)as
de terre, afin que les fa-
milles puissent les recon-
naître le lendemain.
L'ouvrier avait eu la
nialechance d'être jeté au
fond du tombereau; il était
inondé du sang qui coulait
sur lui.
Pendant le trajet, après
des efforts inouïs, il parvint
à se hisser au-dessus des
cadavres; il sauta h bas
de la lugubre voiture sans
être aperçu, et alla se ca-
cher chez un ami.
Le calme revenu, il ren-
tra à l'atelier. Stupéfaction
générale. Les camarades,
qui connaissaient l'aventure,
lui crièrent :
— Tiens ! voilà Trompe
la mort.
Il l'avait rudement trom-
pée, car il ne mourut qu'en
1888, à l'âge de quatre-
vingts ans.
Trompe la mort (Argot
du peuple).
TRONCHE : Tête (Argot des
voltîurs).
TRONCHE DE REFROIDI :
Fromage de Hollande, connu
plus généralement sous le
nom de têle de mort (Ar-
got des voleurs).
TRONCHER : Le vocable
s'explique suffisamment par
ceci :
— Ribi a tronche h môme,
elle a avalé le pépin (Ar-
got du peuple).
TRONE (Être sur le) : Être
assis sur la lunette des
chiottes.
Quand ça va bien, sûre-
ment, on est plus heureux
qu'un roi assis sur le trône
(Argot du peuple).
TROP CUIT : Femme ayant
des cheveux rouges.
— Elle a été trop long-
temps enfournée, elle est
trop cuite (Argot du peu-
ple). N.
TROP TOT VELE : Enfant
venu avant terme.
Allusion au veau mort-
né.
296
TRO
TRO
Avorton chétif et ma-
lingre (Argot du peuple).
TROTTEUSE : Montre qui
marque les minutes.
Trottevse-. fille publique
infatigable qui trotte du
soir au malin pour raccro-
cher (Argot des soute-
neurs).
TROTTIN : Apprenti modiste
que l'on rencontre arpen-
tant les rues de Paris, por-
tant une petite boîte qui
contient un chapeau.
C'est le gavroche fe-
melle des ateliers de mo-
distes.
Le mot n'est pas nou-
veau. Scarron dit quelque
part :
Ensuite il appelle un
I trottin.
(Argot du peuple).
TROTTINETTES : Bottines
(Argot des voleurs).
TROTTOIR : S'entend de
deux façons.
Faire le trottoir, rac-
crocher.
Il n'est pas nécessaire
pour faire le trottoir d'être
sur le trottoir.
Le trottoir est partout
où la femme lève l'homme.
Pendant l'Exposition de
1889, le trottoir de ces
dames é(ait le pont de
l'Aima.
A ce sujet, on avait fait
ce calem bourg :
— Les putains préfèrent
le pont pour voir le vélum
(Ai^ot des filles). N.
TROU DE BALLE : Le der-
rière.
On dit aussi : la lu-
mière (Argot du peuple).
TROUFFION: Petit trou-
pier ( Argot du peuple) . N.
TROUILLE : Domestique
malpropre, femme du peu-
ple rougeaude et avachie.
A.D.
Trouille ne se prend pas
en ce sens ; cela veut diie :
tu n'as pas j;(?%r.
Trouille est synonyme
de hardiesse.
— Tu n'as pas la
^rcz^«7/^ d'entreprendre une
tâche aussi diflicile (Argot
du peuple). N.
TROUILLOTER DE LA HUR-
LETTE : Puer de la bou-
che (Argot du peuple). i\^"
TROUVER MAUVAISE (La):
Quand, par un verglas abo-
minable, on se casse la fi-
gure, elle est mauvaise.
Quand votre femme vous
pond un gosse tous les ans,
elle est înauvaise .
Quand on a acheté cent
mille francs de Panama,
elle est mauvaise.
En un mot on trouve
mauvais tout ce qui vous
arrive de désagréable dans
la vie (Argot du peuple). iST.
TR[I
TRU
V97
TIIOLVEUR OU PART A
DEUX. V. Ramastiq^ieur .
TROUVEURS-FAUX VEN-
DEURS: Genre de vol pra-
tiqué aux environs des ga-
res de chemins de 1er.
Il consiste à feindre de
trouver une bague en cui-
vre placée à l'avance par
un complice dans un en-
droit désigné, et à la vendre
comme de Tor à un naïf
qui débarque (Argot des vo-
leurs). V. Ramastiqueurs .
X.
TUl G : Gonnaître le triic^
être malin.
Avoir du t7'uc, avoir les
moyens de réussir.
Truc : machine de théâ-
tre employée dans les fée-
ries pour un changement de
décors à vue.
Trîic : moyen secret que
possède un individu de faire
quelque chose (Argot des
camelots et des saltimban-
ques).
TRUGHE : Est une manière
spéciale de voler.
Le voleur qui la pratique
est un truchehr (Argot des
voleurs).
TRUFFE : Nez, lorsqu'il est
gros eu forme de groin.
Allusion au cochon qui
s'en sert pour cheicher des
truffes.
Ue peuple dit aussi : pi-
ton (Argot du peuple).
TRUFF'É : Grétin, niais, im-
bécile.
Synonyme d'andouille.
On dit dans le peuple :
— Il est ^rw//^/ de bêtise,
il arrive de son patelin., il
n'est pas dessalé (il n'est
pas dégrossi).
On dit également :
— Il est truffe à' 2iV%eni.
Truffé, pour : beaucoup
(Argot du peuple).
TRUFFE DE SAVETIER:
Des marrons.
Le marron remplace la
truffé chez le savetier,
comme la pomme de terre
remplace Voraiige pour le
Limousin (Arçot du peu-
ple).
TRUMEAU : Gomédie ou vau-
deville Louis XV. A. D.
Trumeau signifie vieille
femme.
On dit dans le peuple :
— Sale trumeau, ta
gueule est bonne à loutre
dans les lieux pour faire
chier les gens de peur
(Argot du peuple). N .
TRUQUAGE : Se dit d'un
meuble, d'im tableau ou
d'un objet d'art qui a subi
un truquage pour lui don-
ner l'apparence de la vé-
tusté ou le style d'une épo-
que.
Il y a des truquages cé-
lèbres qui ont trompé les
plus grands amateurs.
17.
298
TUB
TUI
Un des i)lus souvent mys-
tifiés est M. de Rosthscliiïd.
Tout le monde a présent
à la mémoire le fameux
bouclier acheté 100,000 fr.,
comme datant du XV° siè-
cle, lequel avait été déni-
ché à Rome chez un bro-
canteur.
Ce bouclier avait été fa-
briqué de toutes pièces dans
une cave de la rue Bourg-
Labbô, et ne valait pas cent
sous (Argot des artistes
peintres). JV.
TRUQUEUR: Le truqueur
est un fdou qui va de vil-
lage en village et de foire en
foire, avec un petit jeu de
hasard qu'il exploite habile-
ment.
Ce jeu est généralement
un chandelier lait avec les
débris d'un vieux chapeau ;
il met un sou sur le chan-
delier qui est placé dans
une assiette. Il s'agit, au
moyen d'une longue ba-
guette d'osier, de fttire tom-
ber le chandelier et que le
sou reste dans l'assiette.
Cela n'arrive jamais, à
moins de connaître le truc.
Il y a une masse de tru-
queurs, surtout en cette
fin-de-siècle oti tout est
truc pour gagner sa vie.
(Argot du peuple). ISf.
TUBE : Chapeau haut de
forme.
On dit aussi : tuyau de
'poêle (Argot du peuple).
TUBE : Le gosier.
Dans le peuple, on dit do
celui qui a le ventre creux :
— 11 n'a rien à se mettre
dans le tube.
Boire un bon coup, c'est
se rincer le tuhe.
— Il est quatre heures,
je vais me coller un peu de
fripe dans le tuhe.
Mot à mot : je vais man-
ger (Argot du peuple).
TUER LE VER : Boire la
goutte, le matin, ou un
verre de vin blanc.
Quand on suppose que le
ver est solitaire (dur à tuer),
les ouvriers boivent plu-
sieurs tournées, alors ce
n'est pas le ver qui est tué,
mais bien le buveur.
Les voleurs disent éga-
lement qu'ils ont tué le ver
lorsqu'ils ont des remords.
Ils ne le tuent pas sou-
vent (Argot du peuple et
des voleursj.
TUILE : Malheur qui arrive à
quelqu'un.
— J'ai perdu mon porte-
monnaie, quelle tuile !
Quand il arrive inopiné-
ment une douzaine de per-
sonnes à diner, lorsqu'il n'y
en a que pour deux, la mé-
nagère dit :
— Quelle tuile nous
Tl R
TUY
299
tombe sur la lète (Argot du
peuple).
Il NE : Pièce de 5 francs en
;u'j,'ent (Argot du peuple).
V. Brème de fonds.
rUNE : Bicrlre, l'ancien
refuj^e naturel des sujets du
roi de Thunes. A. D.
Ce n'est pas le mot Ume
qui est vrai.
C'est tunobe.
[a\ prison de la Force,
démolie en 1830, était ainsi
appelée par les prisonniers.
Dans les autres diction-
naires d'ai^ot, on ne trouve
que iuneço7iy expression
qui ne veut rien dire (Argot
(les voleurs). N.
TlNEIl : Mendier.
Tuneur : mendiant.
Il est pourtant rare qu'on
donne une tune à un men-
diant.
Tuner^ c'est l'apocope
du mot importuner (Argot
des voleurs). .Y.
IIRBIN : Tout travail, quel
qu'il soit.
Turbiner , c'est dure-
ment travailler.
Aller aiL turbin, c'est
aller à l'atelier. -
Turbineiir : celui qui
travaille.
Turbineur : qui met en
mouvement la turbine, de
là, turbin, turbiner (Ar-
got du peuple).
TL'RNE : Poussier, taudis,
logement malpropre et in-
salubre, sans air ni lumière.
— Si lu restes éternel-
lement dans ta turne, lu ne
Irouveras jamais rien à
briffer.
— Comment peux-tu res-
ter dans une pareille turne !
(Argot du peuple).
TU-TU : Petit paquet de
mousseline cliargé de ca-
cher ce que le maillot col-
lant indique trop — pour le
père la Pudeur — alias
M. Bérenger-Calon.
La vieille chanson dit :
Son maillot en s'déchirant
A laisse voir son... événement
Ça d'vait la gêner su' Tmoment.
Ça ne gêne pas la Môme
Fromage ni Grille d'E-
gout, moi non plus (Argot
du peuple).
TU T'EN FERAIS MOURIR :
Réponse ironique à une
question saugrenue.
— Payes-tu à déjeuner ?
prêtez -moi conl francs;
avance-moi mon mois ; viens
coucher avec moi ?
— Tu t'en ferais mou-
rir.
Mot à mot : Tu ne vou-
drais pas (Argot du peuple).
N.
TUYAU: Le gosier.
Le tuyau est bouché,
300
TYP
TYP
pas mèche de boiUotter
(Argot du peuple).
TUYAUX : Renseignements
confidentiels.
Cette expression est en
usage dans le monde qui
fréquente les champs de
courses.
Un bookmaker qui a un
cheval chargé de paris fait
donner par un émissaire un
faux tuyau sur une rosse ;
les imbéciles s'empressent
de prendre ce cheval, qui
n'arrive jamais (Argot des
bookmakers). N.
TUYAU DE POÊLE : Chapeau
haut de forme.
Allusion juste, car il a la
forme et la couleur d'un
tuyau (Argot du peuple).
TYPE : Individu quelconque.
— J'ai un type qui me
cramponne.
Avoir un bon type, ù\oir
un bon enfant qui se laisse
faire (Argot des lilles). N.
TYPOTE : Femme employée
depuis peu d'années dans
les ateliers de composition.
C'est un compagnon au
même titre que les ouvriers
typographes ; néanmoins ,
quand les typotes sont nom-
breuses, on se croirait plus
volontiers dans une volière
du Jardin d'Acclimatation
que dans un atelier de com-
position.
Généralement, la typote
est plus habile à soigner un
pot-au-feu et à raccommo-
der ses bas qu'à leDe?- la
lettre.
Enfin, il est dit qu'il faut
que la femme lève quelque
chose (Argot d'imprimerie).
iV.
URG
URS
301
T'N DE PLUS : Homme qui a
(les malheurs conjugaux.
Encore \u\ de plus dans
la grande confrérie.
— Mon vieux, lu en fois
tm de plus.
— Il vaut mieux être
cocic qu'aveugle; on peut
voir ses confrères (Ai'got du
peuple).
l'RFE : Homme chic.
— J'ai leoé un miche qui
«^sl rien iirfe.
Une chose îirfe est une
belle chose, supérieure (Ar-
got des tilles). N".
URGE : Expression de con-
vention entre les filles qui
fréquentent les restaurants
de nuit et certains bals pu-
blics pour cote?' un homme.
Un homme qui ne donne
que trois urges est un
miche de carton, celui qui
donne six urges est pour
le moins un prince russe
(Argot des tilles).
URLE : Parloir de prison.
L.L.
Ce n'est pas urle qui est
en usage, c'est urloir.
En efîet, les visiteurs sont
forcés, à cause des grilles
qui les séparent des déte-
nus, de hurler pour se faire
entendre et converser (Argot
des voleurs). V. Parloir
des singes. N.
URSULE : Vieille fille qui a
doublé le cap delà cinquan-
302
URS
VT
laine et a par conséquent
coitFé deux fois Ste-Cathe-
rine.
Gomme sa patronne Ur-
sule, martyr à Cologne,
elle est martyr d'une vir-
ginité rentrée et martyrise
les autres par son caractère
acariâtre (Argot du peuple).
iV.
UT : Quand les compagnons
typographes portent 1 a
santé d'un des leurs, ils
disent : ui.
Ut tibi prosit : que cela
te profite (Argot d'impri-
merie) .
\\c
\\c
303
\ AC i lE : Expression fréquem-
iiioiU employée dans le
j)onple ponr qualifier une
tcmnie qui se livre au pre-
mier veim.
Dans le peuple, quand on
a dit d'une femme : c'est
une pache, il est impossible
(le rien dire de plus.
Quand un homme épouse
une femme enceinte, on lui
dit :
— Tu prends la vache
et le veau (Argot du peu-
])le).
\ ACHE : Homme mou, bon
à rien.
Vache, quand il dénonce
ses camarades ou travaille
au rabais.
— Tu n'es qu'un cochon.
tu passes ta vie à faire des
vacheries (Argot du peu-
ple).
VACHE : Sergent de ville ou
agent de la sûreté.
Bans les prisons, malgré
les règlements et la surveil-
lance active pour les faire
observer, les détenus écri-
vent leurs pensées sur les
murs.
Les plus communes sont
celles-ci :
— Mort aux vaches.
— Quand je serai désen-
flaqtié, gare à la vache qui
m'a fait chouette et qui
m'a Aiit tirer un bouchon
(Argot des voleurs). N.
VACHE A LAIT : Homme
riche, qui a le louis facile
304
VAC
VAD
et que les tapeurs trayent
jusqu'à extinction.
Vache à lait : gogo qui
souscrit à toutes les émis-
sions véreuses sans se
lasser jamais ,
Pour le souteneur, la
marmite est une bonne va-
che à lait.
Une affaire qui rend bien,
qui rapporte beaucoup, sans
risques et sans efïbrts, est
une vache à lait.
Allusion à la vache lai-
tière qui est une fortune
inépuisable (Argot du peu-
ple).
VACHER : Individu grossier
en paroles ou en gestes.
— Il est grossier comme
du pain d'orge, on dirait
qu'il a été élevé derrière le
cul des vaches .
Allusion aux vachers
qui jurent toute la journée.
(Argot du peuple).
VACHERIES : Saletés, co-
chonneries faites à quel-
qu'un.
Prendre la femme d'un
camarade et surtout la lui
rendre, c'est une vacherie.
Emprunter les effets
d'un ami, les coller chez
ma tante et ensuite laver
la reconnaissance, c'est lui
faire une vacherie (Argot
du peuple). N.
VACHERIES : On nomme
ainsi les brasseries où les
consommateurs sont servis
par des femmes.
Le mot est juste, car
elles sont de véritables va-
ches, pas à lait, par exem-
ple (Argot du peuple). N.
VADE : Foule, rassemble-
ment.
Synonyme de trépe.
Le camelot fait un vade
pendant que des complices
fabriquent les profondes
des badauds (Argot des
voleurs).
VA CHERCHER UN DÉMÊ-
LOIR : Se dit de quelqu'un
qui parle d'une façon em-
brouillée; on ne peut dé-
mêler ce qu'il veut dire
(Argot du peuple).
VA T'ASSEOIR SUR LE
BOUCHON : Quand un in-
dividu vous rase, on lui dit
d'aller s'asseoir; s'il in-
siste, on l'envoie s'asseoir
sur le houchon (Argot du
peuple).
VA-TE-LAVER (Un) : Souf-
flet.
On emploie aussi celle
expression pour envoyer
promener un gêneur (Argot
(kl peuple).
VADROUILLE : Celte ex-
pression dans la marine si-
gnifie : brosse à plancher.
Elle s'applique aux filles
qui traînent dans les ports
VAL
\\L
305
(le mer (Argot des soute-
neurs).
VADROUILLE : Faire une
radrouille, en pousser
une.
Vadrouiller : se dé-
ranger de ses habitudes,
rôder dans des milieux aux-
(juels on n'est pas habitué
(Argot du peuple).
\ AGUE (En pousser une) :
Synonyme à'arracReiir de
chiendent, aîler au hasard,
vagueme7it, avec l'inten-
tion de voler n'importe qui
ou n'importe quoi (Argot
des voleurs).
\ AGUE : Les filles qui rac-
crochent donnent un coup
de vague, elles font leurs
atlaires.
Vaguer, promener au
hasard, est une corruption
du mot français vaquer
(Ai"got des souteneurs).
VAISSELLE DE POCHE :
C'est une vaisselle que
les ou\riers aiment bien à
casser, surtout les jours de
Sainte-Flemme (Argot du
peuple).
VALADE : La poche.
— J'avais caré deux
signes dans une valade de
mon falzar, ma scie les a
dénichés, je vais crapser
de la pépie pendant tout le
marqué {kv^oi(\e?> voleurs).
VALANT : Pince à usage des
cambrioleurs (Argot des
voleurs). S .Monseigneur.
N.
VALSER : Battre quelqu'un.
— Je vais te faire valser
sans musique.
Ce qui arrive souvent le
samedi de i)aye, quand le
mari rentre au logis plus
qae'me'càé : il lait faire un
tour de valse à sa ména-
gère si elle ronchon7ie
(Argot du peuple) .
VALTREUSE : Valise.
C'est un simple change-
ment de finale (Argot du
peuple).
VALTREUSIER : Voleur de
valise.
Ce vol est pratiqué sur
une grande échelle dans les
salles d'attente des gares
de chemins de fer.
Il est des plus simples :
Le valtreusier aune va-
lise à la main qui paraît
gonllée; pour compléter son
apparence de voyageur, il
porte une couverture de
voyage. Il .se promène ayant
l'air indifférent, mais en
réalité il guigne un voya-
geur assis à côté d'une va-
lise respectable. Sans affec-
tation, il s'assied à ses côtés
et engage la conversation.
Au moment de prendre un
billet, le voyageur se dirige
vers le guichet et laisse sa
306
VAN
VEI
valise à la garde de son
compagnon ; aussitôt celiii-
ci se lève, change de valise
et s'en va tranquillement.
Neuf fois sur dix, le volé ne
s'aperçoit de la substi-
tution qu'à son arrivée à
destination : la valise ne
contient en fait de linge que
des cailloux (Argot des vo-
leurs).
VANNAGE : Tendre un piège,
amorcer un individu par
des promesses alléchantes
pour le duper ])lus facile-
ment.
M. Loredan Larchey dit
que c'est une comparaison
de l'escroc au meunier qui
lâche un peu d'eau de sa
vanne pour faire tourner
le moulin (Argot des vo-
leurs).
VANNE : Mot cher aux came-
lots.
Ils disent faire un vanne
lorsqu'ils vendent un jour-
nal qui annonce une fausse
nouvelle à sensation (Argot
des camelots). iV-
VANNÉ : Avoir trop fait la
noce et l'amour.
Vanné: n'avoir plus rien
dans le ventre, synonyme
de vidé.'
Vanné par excès de tra-
vail (Argot, du peuple). N.
VANTERNE : Lanterne.
Vanterne sans loches.
A. D.
M. Lorédan Larchey, d'a-
près IL Monnier, dit que le
vanternier, au lieu d'en-
trer par la lourde, préfère
s'introduire par la fenêtre.
Vanterne n'a jamais été
une lanterne, pas plus ([ue
vanterne n'est une fenêtre.
V. Venter ne.
VASEUX : Paysan.
Il est vaseux parce qu'il
vit dans la vase quand il
pleut (Argot du peuple). ]S[.
VEAU : Toute jeune fille qui
n'a pas grand chemin à faire
pour devenir vache.
Il existe à ce sujet une
vieille chanson qu'il serait
impossible de citer en en-
tier :
Un jour, à la barrière,
Un veau,
Un veau,
Tortillant du derrière.
Fort beau,
Fort beau.
Je la ... . sur parole.
Neuf jours plus tard, le
camarade était au Midi (Ar-
got du peuple).
VEAU : Femme de barrière,
rôdeuse de caserne (Argot
des voyous).
VEINARD : Homme qui a de
la chance.
Il a de la veine, tout lui
réussi.
Il a trouvé une bonne
veine, tout lui réussira.
Il existe un vieux pro-
verbe à ce sujet :
VEN
VES
307
— Qui voit ses veines,
voit ses j)^/«^5 (Argot du
peuple). iY.
Vi:i\ARnE : Fille qui a la
main litMuruse et tombe sur
(les miches qui se fendent
i;«Miéreusement (Argot des
tilles).
\I:L0: Postillon.
Vient de véloce, poste
aux chevaux.
Nos vélocipédistes mo-
dernes qui portent une cra-
vache et des éperons ])0ur
ressembler à quel pi'un,
ignorent certainement ce vo-
cable ancien (Argot des vo-
leurs).
VKLOCIPÉDISTE : Im'x'cile
à deux ro.ies (Argot du
peuple).
\ KNTERNE : [.a lenètre (Ar-
got des voleurs).
Vi:NTl':RNIER(Le):Ley^;i-
ter)iier est une variété du
cambrioleur^ avec celte
diflerence toutefois qu'au
lieu d'entrer par la lourde.
il entre par la venterne.
Le mnternier opère gé-
néralement dans les cham-
bres situées aux étages su-
périeurs ; il grimpe sur les
toits et entre dans les cham-
bres par les fenêtres à ta-
batières.
Ces voleurs sont nom-
breux (Argot des voleurs) .
VENTOUSE : V. Venterne.
VERONE : Pays ou ville.
Vidocq dit :
— • J'ai roulé de vergne
en vergne pour apprendre
à goupiner.
A. Delvau dit :
— Deux plombes cros-
sent à la vergne (deux
heures sonnent à la ville)
(Argot des voleurs).
VER-RON(.EUR : Un fiacre.
Lorsqu'on le lait attendre
longtemps à la porte d'une
maison, l'heure s'écoule; au
moment de le payer , il
ronge le porte-monnaie (Ar-
got du peuple).
VERMINE : Avocat.
Les voleurs ont raison,
les avocats sont des ver-
mines qui rongent encore
plus que les huissiers (Ar-
got des voleurs).
VERTE (La) : L'absinthe.
Quatre heures , c'est
l'heure de la verte.
Allusion de couleur (Ar-
got du peuple).
VERVER : Pleurer (Argot des
voleurs).
VESSE : Peur.
Lâcher une vesse : péter
sournoisement.
Vesser : un pet mou (Ar-
got du peuple).
VESSIE : Femme avariée,
grasse à lard.
308
VEU
VIA
Allusion aux vessies de
graisse que l'on vend à la
foire au jambon.
Il existe une chanson à
ce sujet, elle n'est pas des
plus propres.
La voici comme docu-
ment :
Catau, catau, catau,
Vessie, pourriture et cha-
I rogne,
Catau, catau, catau.
Vessie, pourriture et cha-
I nieau.
(Argot du peuple).
VESTE: Remporter un et?^5^^.
Avoir compté sur un
succès et faire un four com-
plet.
Se dit d'une pièce mal
accueillie au théâtre, d'une
opération ratée, en un mot
de tout insuccès (Argot du
peuple).
VESTIGES : Légumes que
mangent les prisonniers.
Dans le peuple, on dit
d'un passif qui pratique
depuis longtemps :
— Tu perds tes légumes.
Dans les prisons :
— Tu perds tes vestiges.
Cette explication suffit
(Argot des voleurs).
VEUVE (La) : La guillotine
(Argot des voleurs).
VEUVE POIGNET (En soirée
chez la) : V. Bataille des
Jésuites.
VI : Voici ce que dit MathU'
rin Régnier :
Le violet tant estimé
Entre vos couleurs singu-
I lières.
Vous ne l'avez jamais aimé
Que pour les deux lettres
I premières.
A la prison de St-Lazare.
une fille atteinte d'une ma-
ladie épouvantable, était in-
carcérée à l'Infirmerie. La
sœur l'exhortait à changer
de vie ; elle lui citait des
exemples de conversions ab-
solument édifiantes. La ma-
lude, impatientée, lui répon-
dit :
— Ma sœur, il est trop
lard pour changer de vie,
il fallait me dire cela quinze
jours plutôt; je ne serais
pas ici (Argot du peuple).
VIANDE : Chair.
A.- Delvau trouve que
cette expression est frois-
sante pour l'orgueil hu-
main.
Pourquoi donc ?
Est-ce que la chair hu-
maine n'est pas de la viande
au même titre que celle de
n'importe quel animal?
Quand une femme a une
belle carnation, rose, fraî-
che, c'est un hommage que
lui rend le langage populaire
en disant :
— Ah ! la belle viande,
on en mangerait.
C'est assez rare en cette
fin-de-siècle, pour que ce
mot soit accepté comme
une louange et non coniUK^
vie
VI D
309
une grossièreté (Ai^got du
[)eui)le).
\l\ll»EU : Oublier tVéquom-
nieiit le clieuiin de l'atelier
|M)ur viauper eliez les nuir-
clinnds de vins.
— Que iiiit la lille ?
— Ali ! ne m'en jmrle
|)as ; elle viaiipe avec
Pierre et Paul.
Mot à mot : ciawper faire
la vie.
Faire la vie à quehiu'un,
c'est lui faire une scène
désagréable.
[.ui rendre la vie dure,
c'est le tourmenter, lui re-
tuser à manger, être cruel
(Argot du peuple).
VIDANGE : Accouclieujent.
— Ma femme est en vi-
dange.
Mot à mot : elle se vide.
Elle est en vidange, car
il faut qu'il se passe quel-
({ues semaines avant de
la remplir à nouveau (Argot
du peuple). }( ,
VICE (En avoir) : Roué qui
la coimaîl dans les coins.
— On ne me la fera pas,
j'ai trop de vice.
Gela est la cause d'un
mauvais calembourg par à
peu près :
— Les serruriers sont
les ouvriers les plus malins
du monde, parce qu'ils ne
manquent jamais de vis
(Argot du peuple).
YICELOT : Gavroche qui a
tous les vices en germe ; il
est trop jeune pour qu'ils
soient déveloj)pés.
Dans les ateliers, on dit
du gosse :
— Il est si vicelot qu'il
en remontrerait à père et
mère (Ai^ot du peuple).
VICTOIRE : Chemise.
Ce mot n'est pas em-
ployé, comme le dit A.
Del va u, pour consacrer le
souvenir d'une marchande
qui fournissait les chiffon-
niers.
— Victoire! J'ai enlin
j)u gagner de quoi m'acheler
uni' limace pour balancer
celle que je porte depuis
six niois (Ai-got des chif-
fonniers),
VIDER SA POCHE A FIEL :
Soulager son cœur, dire
tout ce que l'on pense sans
ménager ses expressions
(Argot du peuple). N.
VIDER SON PANIER A
CROTTES : Satisfaire un
besoin. Il est aussi agréa-
ble de Tider son panier que
de l'emplir (Argot du peu-
pie).
VIDER SON PETIT POR-
TEUR D'EAU : Expression
employée dans les couvents
par les jeunes filles, pour
dire qu'elles ont un petit
besoin à satisfaire (Argot du
peuple). iV.
310
VIE
VIL
VIDER UN HOMME : 11 y a
plusieurs manières de le vi-
der.
On lui vide son porte- .
monnaie ,
On le vide en le surme-
nant.
Une maîtresse amoureuse
le vide, et quand il rentre
au ' domicile conjugal, sa
femme peut le Ibuiller ... et
elle aussi (Argot du peuple).
N.
VIDOURSER : Terme em-
ployé dans les ateliers pour
qualifier un peintre qui ne
se préoccupe, en peignant
son tableau, ni du ton ni de
la perspective.
Il le vidourse, il le lime
il le lèche:
Allusion à la fameuse ex-
pression :
Il est poli comme un vi
d'ours.
De là : vidourser (Argot
des artistes). ISf.
VIE DE PATACHON : Mettre
les petits plats dans les
grands.
Mener la vie à grandes
guides.
Faire une vie de hâtons
de chaises.
Mot à mot : faire ufie vie
de chien, comme si la vie
n'avait pas de lendemain
(Argot du peuple). N.
VIE DE POLICHINELLE
(Faire une) : Avoir une con-
duite déréglée, se saouler,
courir la gueuse, se battre;
en un mot, mener une vie
désordonnée.
On sait que le polichi-
nelle du guignol lyonnais
est le type parfait du ham-
hocheur (Argot du [teu-
ple). .V.
VIEILLE PEAU : Expression
méprisante employée dans
le peuple, même vis-à-vis
d'une personne jeune.
On dit d'un vieillard qui
se donne des allures juvé-
niles :
— C'est un jeune homme
dans une vieille peau .
Vieille peau signifie
aussi : vieille putain (Ar-
got du peuple).
VIGNES (Être dans les m-
gnes du Seigneur) : Être
pocliard.
Dans le peuple, on dit
d'un homme qui est tou-
jours entre deux vijis :
— 11 ne peut plus boire ;
il est saoul avec un pet de
vigneron.
L'expression : être dans
les vignes., est très vieille
et usitée en Bourgogne (Ar-
got du peuple).
VILAIN MERLE : Homme
laid.
— Tu vas te marier avec
ce vilain merle-la\ tu
])ourras chanter au roi des
VIO
VIR
au
oiseaux : lu auras uu beau
merle au cuL
Vilain merle : niéclianl
homme, bilieux, fielletix,
qui veut du mal k tout le
moiule (Argot du peuple).
VINASSE : Mauvais vin la-
> briqué avec du bois de
campèche.
Se dit couuniUKMuent
quand le marchand de vin a
eu la main trop lourde pour
- mouiller le vin (Argot du
^ peuple).
VINGT-DEUX : Couteau.
Jouer la cingt-deux,
donner des coups de cou-
teau.
Vingt-deux : les deux
cocottes.
Vingt-deux : quand le
compagnon placé le plus
près de la porte voit entrer
le proie dans l'atelier de
composition, il crie :
— Vingt-deux!
Synonyme d'attention.
Quand c'est le patron, il
crie :
— Q,uarante-quatre !
En raison de l'importance
du si?ige, le chillre est
doublé (Argot d'imprime-
rie). N,
VIOCH : Vieillard.
Vieux galanlin qui se
croit toujours jeune, qui se
maquille comme une vieille
roue de carrosse pour faire
croire que le bon Dieu l'a
oublié et qu'il n'a pas neigé
sur sa chevelure... quand
il a des cheveux (Ai-got des
lilles). N'.
VIOCIIARD : Fauteuil.
Allusion au fauieîdl dans
lequel s'accroupissent les
vieillards devant un bon
leu, en attendant que la
carlitie vienne frapper à la
l)orte (Argot des voleurs).
iV.
VIOLON : Cellule du poste
de police.
Vieux jeu de mots qui
date du temps où c'était
Varcher qui vous condui-
sait au violon (Argot du
peuple).
VIOLON (Le sentir) : Un in-
dividu sans le sou, sans do-
micile, vagabond, sent le
violon (Argot du peuple).
VIRGULE : Déranger explique
ce mot :
Ah ! prions Dieu pour ceux qui
I n'en ont guère.
Ah ! prions Dieu pour ceux qui
j I n'en ont pas.
Virgule : allusion à la
forme; ce n'est ni guère,
m pas, c'est un peu, comme
on dit dans le peuple :
— Pas de quoi faire dé-
jeuner le chat.
(Argot du peuple). iV.
VIRGULE : Dans presque
tous les lieux d'aisances
312
VIS
VIT
des maisons populeuses et
des ateliers, il y a au mur
des virgules qui sont au-
tant de signatures des co-
chons qui y passent.
Ce qui a inspiré à un
rimeur d'occasion :
Vous qui venez ici soulager vos
I entrailles,
Léchez plutôt vos doigts que
I de salir les murailles.
(Argot du peuple). lY.
VIS : Serrer la vis à quel-
qu'un, c'est l'étrangler.
Opération qui n'a rien
d'agréable à subir au point
de vue physique.
Au point de vue moral
non plus, car serrer la vis
à un individu, c'est l'étran-
gler au point de vue de
l'existence.
Être dur, injuste, ne rien
jamais trouver de bien de
ce que fait un individu,
c'est lui serrer la vis (Argot
du peuple).
VISAGE SANS NEZ: Le der-
rière.
C'est un visage qui n'est
pas désagréable à voir, sur-
tout lorsqu'il est blanc,
jeune, dodu et ferme.
Voiture était de cet avis :
.... Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n'ayant point d'ap-
I pas,
Vous m'en avez fait voir un
I autre
Duquel je ne nie gardois pas.
Ce visage a l'avantage
sur l'autre de ne pas faire
de grimaces (Argot du peu-
ple).
VISAGE DE BOIS : Se cas-
ser le nez contre une porte
ferinée.
Éprouver une déception
à laquelle on ne s'attendait
pas.
Aller dîner en ville et ne
trouver personne : visage
de bois.
On dit également : rester
en figure (Argot du peuple).
VISCOPE : Casquette à lon-
gue visière, comme en por-
tent les gens faibles de la
vue.
Un képi de troupier se
nomme également une vis-
cope.
On dit aussi un abat-jour
(Argot du peuple).
VISE AU TRÈFLE : Infir-
mier.
L'allusion est amusante
(Argot du peuple).
VITELOTTE : Nez.
Quand un individu a bu
beaucoup dans sa vie, son
nez devient rouge et tuber-
culeux.
Allusion à la pomme de
terre que l'on nomme vite-
lotte, ou plutôt que l'on
nommait, car elle a disparu
entièrement, au grand déses-
poir des amateurs de gibe-
lotte.
VIT
VOl
313
Klle était la sauce du lapin
(Argot du peuple). N-
VITIIKS : Les yeux.
Vitre : le lorgnon ; ■\l
aide à voir (Art;ot du peu-
ple).
VniUKUS : Les chasseurs de
Vincennes. — Ils portèrent
d'abord des sacs en cuir
verni reluisant au soleil
comme la pièce de verre
(pie les citriers portent sur
leur dos. L. L.
Ce n'est pas cette cause
(pii a donné à ces soldats le
nom de vUriers.
En 1848, aux journées
de Juin, les gardes mobiles
et les chasseurs de Vin-
cennes furent lancés aux
endroits les plus périlleux
dans les faubourgs, notam-
mml faubourg dn Temple,
Ils prirent toutes les barri-
cades avec un entrain extra-
ordinaire, mais sans cruauté
inutile, la plupart de ces
soldats étant des enfants de
Paris.
Au lieu de tirer sur les
insurgés, ils s'amusèrent à
casser les carreaux sur tout
leur passage.
Depuis le boulevard du
Temple jusqu'à la Courlillé,
il ne resta pas une seule
vitre aux fenêtres.
On lit une chanson à ce
sujet: elle est restée très
populaire :
Encore un carreau il' cassé,
V'iâ l'vitrier qui passe.
Encore un carreau d' cassé,
V'ià vitrier passé.
(Argot du peuple). N.
VOILA LE MARCHAND DE
SABLE : Dans ie peuple,
quand un enlant s'endort à
table, on dit :
— Voilà le marchand de
sable qui passe (Ai-tçot du
peuple).
VOIK LA LLWE: Quand une
femme a vu cet astre, sa
ileur d'oranger n'existe plus.
On dit, et c'est plus
juste :
— Elle a vu la comète.
Inutile d'insister (Argot
du peuple.
VOIR LES PISSENLITS
POUSSER PAR LA RA-
CINE : Être sous terre.
Dans le peuple, on dit
également :
Aller dans le royaume
des taupes (Argot du peu-
ple).
VOIR LA EEUILLE A L'EN-
VERS : Pour la voir, il ne
faut certes pas être sur le
ventre.
Il existe plusieurs chan-
sons qui célèbrent les joies
de voir la feuille à l'en-
vers :
Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage,
18
314
VOL
VOU
Jouis de la belle saison.
-Pour toi, le tendre amour mVn-
... I 8^Se,
Et pour toi je porte ses fers.
Ne faut-il pas, clans le jeune âge.
Voir un peu la feuille àl'enoem i
(ftestif de la Bretonne,
Les Jolies C rieuses.)
Un autre auteur a écrit
sur le même sujet :
Oh ! la drôle de chanson
Que chantaient Biaise et Toinon.
(Argot du peuple).
VOIR SOPHIE : Cette très
désagréable Sojihie ne rend
visite aux femmes qu'à cha-
que lin de mois.
Elle vient sans être an-
noncée (Argot des filles).
VOLANT : Manteau.
Allusion à ce qu'il oole à
tous les vents (Argot des
voleurs).
VOLE : Trompé dans ses es-
pérances .
— Je comptais toucher
un grosse somme, rien, je
suis volé.
— Je rencontre une
femme qui me paraissait
dpdue, avoir de l'œil, de la
dent, des seins et des mol-
lets. Quand le soir, pour
nous coucher elle se désha-
bille, elle met un œil de
verre et son râtelier sur la
table de nuit, elle relire sa
réchauffante', des tétons en
caoutchouc garnissaient son
corset, elle portait dix gi-
lets de flanelle et six paires
de bas.
Ce n'était plus qu'une
planche, j'étais volé (Argot
du peuple). N.
VOLÉE (En recevoir ou en
donner une) : Battre ou
être battu.
Recevoir une volée de
bois verts : être fortement
grondé.
Être éreinté par un ar-
ticle de journal (Argot du
peuple) .
VOLEUR AU CROQUAM :
Voleur qui dévalise les pay-
sans.
Ce sont les grincMs-
seurs de camhroiisse. (Ar-
got des voleurs) .
VOLIGE : Femme d'une
maigreur telle qu'il est im-
possible de la toucher sans
se couper.
Allusion h la planche
nommée volige qui est la
plus mince connue en me-
nuiserie (Argot du peuple).
VOUS N'AVEZ RIEN ? Dans
le peuple on nomme ainsi
les employés d'octroi qui
inspectent les passants aux
barrières, parce que leur
phrase consacrée est celle-
ci :
— Yous n'avez rien à
déclarer ?
— Si, leur répond quel-
quefois un passant facétieux,
VOY
VRI
3i:
jo déclare que j'ai bien dé-
jeuné (Argol du peuple).
VOUSAILLE : Vous (Argot
des voleurs).
VOYAGE (Le) : Les saltim-
banques qui l'ont le tour de
France dans leur roulotte
voyagent conslamnient.
On dit de ceux qui con-
naissent parfaitenjent leur
topographie :
— Ils se connaissent en
voyage. (Argot des saltim-
banques).
VOYAGEUR : X'engayeur
(jui hat comtois, qui lait le
eonij)ère à la porte des ba-
ra(|ues de lutteurs se nomme
le voyageur (Argot des
saltimbanques).
\()YAGEUKS : Pou, puce, pu-
naise ou morpion.
Ces insectes désagréables
voyagent sur le corps du
jtauvre bougre qui en est
allligé (Argot du peuple).
VOYEURS : 11 existe des
voyeurs poiu* hommes et
pour femmes.
Ce sont des trous imper-
ceptibles pratiqués dans
une tapisserie, qui per-
mettent aux spectateurs de
voir sans être vus.
Il y a des maisons de
rendez-vous célèbres, où
les blasés payent cinq louis
pour repaître leurs yeux
d'un spectacle ignoble, où
i<.ni.K: |,.^ lubricités lesplus
ordurières s'étalent (Argot
des lilles). JSf.
VOYOU : Le voyou n'est pas
à comparer à l'ancien titi,
au gamin, au gavroche.
C'est une petite crapule
qui a en lui les germes de
toutes les passions, de tous
les vices et de tous les
crimes imaginables.
Le gamin de Paris est
gouailleur, spirituel, cou-
rageux, susccplible de dé-
vouement, il est flâneur,
c'est vrai, mais sa llànerie
est innocente.
Le voyou a un langage
à part ; comme le moineau
franc, il a les instincts pil-
lards, il est sans cœur,
n'aime rien et convoite tout
(Argot du peuple).
VOYOUTE : La femelle du
voyou\ seulement, en plus,
elle est putain à l'âge où
l'on va encore à l'école.
A douze ans, la voyoute
est déjà une petite mar-
mite qui gagne an pog7i07i
à son voyou-soutejieur
(Argot du peuple).
VRILLE : Femme
femme.
Pourquoi vrille ?
Elle ne perce rien (Argot
des souteneurs).
VRILLEURS : hesvrilleurs
sont des voleurs de nuit
qui dévalisent les boutiques
des bijoutiers .
pour
316
VRI
VRI
Ce vol nécessite une
audace extraordinaire.
Avec V avant-courrier
(mèche), ils percent la de-
vanture en tôle de plu-
sieurs trous en carré ; avec
une scie fine introduite
dans l'un des trous, ils
scient la tôle et pratiquent
une ouverture assez large
pour y passer le bras.
A l'aide d'un diamant,
ils coupent la glace en
carré également, ])0ur que
les débris ne fassent pas
de bruit en tombant; préa-
lablement, ils appliquent
sur la partie coupée un
fort tampon de mastic,
après quoi, à l'aide d'une
tringle d'acier, ils attirent
à eux tous les bijoux qu'ils
peuvent.
Ils en est qui raflenl
tout un étalage en quelques
minutes (Argot des vff-
leurs). N.
AYA
AVA
317
w
WAGON : Chez certains mar-
chands de vin, il y a des
buveurs attitrés qui ont des
verres qui contiennent une
chopine et même un litre de
vin.
Celui qui ne l'avale pas
d'un coup — pas le verre,
le vin — perd la tournée.
On nomme également ce
verre un omnibus (Argot
du peuple). N.
\\'AGON : Vieille femme, usée,
avachie.
Vieille raccrocheuse de
bas étage.
Waijon de troisième
classe, parce qu'il n'y en a
pas de quatrième.
On dit aussi vieux com-
parliiïient (il y a dix pla-
ces).
On peut entrer chez elle
avec une voiture à bras
(Argol du peuple) .
WATERLOO : Quand une af-
faire ne réussit pas, qu'elle
rate en un mot, celui qui
l'a entreprise ou conçue
éprouve une défaite.
Allusion à la fameuse ba-
taille du 18 juin 1815.
Il en est qui se consolent
facilement et s'écrient
. comme Cambronne ,
— Merde ! (Argot du
peuple) .
18.
318
X : Inconnu, secret ; sert h X : Ce mystérieux X a fait
désigner un polytechnicien,
ou une personne qui a des
dispositions pour les mathé-
matiques :
Sur l'affreux chevalet des a? et
l des y
a dit Victor Hugo (Argot
des gens de lettres).
parler de lui pendant six
mois à propos de l'affaire
du Panama.
X, l'inconnu, c'est tout
le monde et ce n'est per-
sonne (Argot du peuple).
YTO
YOU
319
Y ALLER DE SON VOYAGE :
Quand quelqu'un vous ra-
conte une histoire à dormir
debout et que Ton Técoute
attentivement, on y va de
son voyage.
Y aller de son voyage
est pris, dans le peuple,
dans un sens tout dillêrend :
— ... Ma femme y va en-
core de son voyage (Argot
du peuple). N.
V TOMBERA DU BOUDIN
r.RILLÉ.
Vieille formule qui veut
dire c'est impossible.
Elle est due à Achille, un
acteur du petit Lazzari.
Un acteur du tiiéàtre des
Folies-Dramatiques se van-
lait d'avoir un talent énor-
me.
— Quand il dégottera
Frederick Lemaître , dit
Achille , y tombera du
boudin grillé.
C'est-à-dire jamais (Ar-
got du peuple). iV^.
YEUX SUR LE PLAT :
Quand un individu fait des
yeux blancs, que la pru-
nelle remonte dans l'orbite,
on dit : il fait des yeux sur
le plat.
C'est un jeu de mots fort
juste (Argot du peuple).
YOUPIN : Juif.
Celte expression depuis
peu remplace dans le peu*
pie celle de youtre.
C'est le superlatif du
mépris :
320
YOU
YOU
— Tu n'es qu'un sale
youpin (Argot du peuple).
YOUTRE : Juif.
Dans le peuple on ne dit
pas y outre, mais youte.
Vient du mot allemand
jude (Argot du peuple). F.
Baptisé au sécateur. N.
YOUTRERIE (La): La Syna-
gogue quand tous les juifs
y sont réunis.
Youtrerie est synonyme
de ladrerie, d'avarice, d'a-
preté.
Ce mot peint bien les
estimables rogneurs de piè-
ces de six liards (Argot du
peuple) .
ZKZ
ZIG
3-21
/ PIIIR : Quand un troupier
iiKJiscipliné t^st envoyé on
AIrique, aux compagnies de
discipline, pour casser des
cailloux sur les routes, il
devient, de par son incor-
poration, un zéphir.
Quand il fait un vent
doux, on dit :
— Quel doux zéphir.
Quand un malpropre lâche
une tubéreuse, c'est un
sale zéphir pour celui qui
est sous le vent (Argot du
peuple).
ZEZETTE : Une petite ab-
sinlhe.
Dans les cantines de la-
voir, les blanchisseuses qui
ne crachent pas dessus s'of-
IVent à quatre heur.'s une
petite zezeite de trois sous
(Argot des blanchisseuses) .
.¥.
ZIP : Marchandises imagi-
naires (pi'un commerçant
fait figurer sur son cata-
logue pour avoir Tair d'être
bien assorti (Argot des
bourgeois).
ZIG ou ZIGUE: Un homme
est un bon ou un mauvais
camarade.
C'est un bon zig ou un
mauvais zig. (Argot du
peuple),
ZIG A LA REBIFFE : Voleur
hon enfant qui revient au
liout de quelques jours k
la prison.
322
ZIN
ZUT
Il rehiffe, il récidive (Ar-
got des voleurs),
ZL\G : Argent monnayé.
— J'ai du zinc dans ma
profonde, nous pouvons
aller de l'avant (Argot du
peuple).
ZINC : Le comptoir du mas-
troquet.
Allusion au plomb qui
couvre le comptoir.
Boire sur le zinc, c'est
boire debout.
— Viens-tu licher un
glacis sur le zinc, j'ai dix
ronds d'affure (Argot du
peuple).
ZINC (Avoir du) : On ne dit
plus chic, à ce qu'il pa-
raît. C'est rococo. C'est
bourgeois. Et quand une
femme a du genre et de l'é-
légance, on dit qu'elle a du
zinc. A. D.
Avoir du zinc ne vient
pas du tout de là.
Les fonctionnaires, offi-
ciers de paix, commissaires
de police et prétêts portent
des habits brodés d'argent ;
les préfets surtout en ont
sur toutes les coutures ; les
jours de cérémonie, ils sor-
tent leur zinc.
— As-tu vu le dabe des
renifteurs, mince de zinc
sur le rable (Argot du peu-
ple). N.
ZINC DES RATICHONS :
L'autel du prêtre.
En effet, pour célébrer la
messe, il boit un coup de
pive (Argot des voleurs).
ZIOTER : Regarder.
— Qu'a-t-il donc, le
mec ? Il ne fait que me zio-
ter (Argot du peuple). N.
ZOZOTÏE : Argent.
— Pas moyen de trim-
baller ma bidoche, j'ai pas
de zozotte.
Zozotte a aussi une aulre
signification dans le même
argot :
— As-tu bien passé la
première nuit de tes noces ?
— Mon cochon était tel-
lement poivre qu'il apion-
ce comme une marmotte
toute la nuit.
— Alors, pas de zozotte'?
(Argot des blanchisseuses).
N.
ZUT : C'est fini, je prends
congé. J'en ai assez.
Que mes lecteurs ne pren-
nent pas ce mot dans un
mauvais sens. Je voudrais
qn'ils le traduisent de celte
manière :
— Au revoir!
Acn
AFF
323
PETIT SUPPLEMENT
Au fur et à mesure de la composition du diction-
naire, de nouvelles expressions m'ont été adressées
par d'aimables correspondants, il a été impossible
de les placer à leur lettre respective ; pour être aussi
complet que possible , on les trouvera par lettre
alphabétique dans ce Petit Supplément, où le lec-
teur pourra facilement se reconnaître.
ACOEURER : Y aller de bon
cœur.
Assommer un individu,
l'accommoder à la sauce
pavé, le frapper avec en-
Iraiu (Argot des voleurs).
AGHETOIRES : Monnaie.
Cette expression est très
usitée dans le peuple.
Le père ne travaille pas,
tout est au most-de-piété,
pas de feu dans le poêle,
l'enfant pleure :
— Maman, maman, j'ai
froid, j'ai faim.
— Mon pauvre petit, je
n'ai pas à'acheloires (Argot
du peuple).
ACCESSOIRES : Objets de
théâtre.
Dans le peuple, on donne
à ce mot un tout autre sens :
accessoires, les testicules
(Argot du peuple). N.
AFFAIRE : Pour les voleurs,
tous genres de vols sont des
affaires (Arçot des voleurs).
AFFE : La vie.
Les voleurs vivant dans
des transes continuelles,
comme le mourant, ils ont
des affres.
Affres en français signi-
324
AVO
hXL
fie angoisses (Argot des
voleurs). V. A^e {Dicl.).
AGACER UiN POLICHI-
NELLE SUR LE ZINC :
On nomme polichinelle un
verre d'eau-de-vie, environ
un cinquième de litre, que
certains pochards abrutis
boivent sur le zinc.
Il en est qui agacent
jusqu'à cinq polichinelles
dans une matinée (Argot du
peuple). N'
APPUYER : Abaisser un dé-
cor, le faire descendre des
frises sur la scène. A. D.
Appuyer est pris dans
un autre sens :
— Je vais m' appuyer'
six heures de chemin.
— Je vais m'uppuyer ce
vieux birbe sur l'eslomac,
quelle corvée !
— Je vais m'appuger
une chopine (Argot du peu-
ple). N.
ARTONNER : Tromper la
police.
C'est l'insaisissable Ai'-
ton à qui revient l'honneur
de ce mot.
-^ Depuis six marqués,
fartonne l'arnaque (Argot
des voleurs). N.
AVOIR LE FIL : Un couteau
qui coupe bien a le fil.
Un individu malin, rusé,
possède le fil.
— Y a pas moyen de lui
mettre à ce g once là, il a
lefiL
Avoir le fil, être au cou-
rant de toutes choses et être
constamment en éveil (Ar-
got du peuple). N.
AVOIR L'ÉTRENNE : S'olfrir
une chose neuve.
Elle me dit : Mon vieux,
Pâme-toi si tu veux,
Tu n'en auras pas Vétrenne.
Faire étrenner un cama-
rade ; lui flanquer une bonne
volée (Argot du peuple). N.
AV OIR xMANGÉ SES PIEDS :
Plier de la bouche (Argot
du peuple).
RAISSER UNE ESPACE QUI
LÈVE : Dans les ateliers
de typographie, quand un
camarade envoie chercher
un litre par l'apprenti, il le
met sous son rang — le
prote n'aime pas que l'on
boive pendant le travail ; —
il verse une rasade et fait
dire au copain qu'il veut
régaler :
— Viens donc baisser
une espace qui lève.
Synonyn^e de lever le
coude (Argot d'imprimerie).
N.
RALAYÉ : On balaye une
foule à coups de canon.
On balaye des ouvriers
qui ne font pas l'affaire du
patron.
On balaye la femme
quand elle devient par trop
gênante.
BAT
BIB
3-25
Balayé : synonyme de
netloijage (Argot du peu-
ple). N.
I5AIIBE A POLX : Barbe de
capucin, barbe en bi'ous-
saille, longue, sale el cras-
seuse, dans laquelle jamais
le peigne ne [)énclre ; les
poux peuvent y niciier à
Taise sans crainte d'être
dérangés {Ai*got du peuple).
N.
BAROMtTRE : La médaille
des députés.
Pour le eoilVeiu' ou Tou-
vrier clia[)elier (pii «piitte
son rasoir ou balance son
tablier par un caprice du
sulVrage universel, la mé-
daille qu'il a dans sa poche
marque le beau tixe pendant
quatre ans.
Elle est pour lui le baro-
71) être du bonheur (Argot
du peuple). N.
BATTRE LA BRELOQUE:
Les tapins^ au régiment,
battent la breloque \>oy\v
annoncer l'heure de la soupe.
Une pendule détraquée
qui marche comme les mon-
tres marseillaises, lesquelles
abattent l'heure en quarante-
cinq minutes, bat la bre-
loque.
Avoir le coco fêlé, ne
plus savoir ce que l'on fait,
avoir des moments d'ab-
sence, c'est battre la bre-
loque.
On dit également : battre
la campa g7ie (Argot du
peuple).
RiaiENGF'RISME : En être
atteint, c'est une maladie
bien désagréable.
Le Père la Pudeur (pii
lonclionne au bal de l'Ely-
séc-Montmarln; bérengé-
rise les danseuses qui lèvent
la jand)e à hauteur de r<eil,
sans pantalon :
— Veux-tu cacher ton
prospectus ? dit le vieil em-
})écheur de danser en rond.
— Ça m'est recommandé
jtar mon médecin de lui
laire prendre l'air, répond
la Môme Cer celas (Argot
du peuple). N.
BÉQUET : Le passi/teur met
dttabéquets, des pièces, aux
vieux souliers ; il en existe
qui arrivent à une perfection
si grande qu'il est impos-
sible de découvrir la pièce
(Argot du peuple).
BÉQUET : Terme d'imprime-
rie.
Petits paquets de com-
position pour ajouter ou
compléter un grand paquet.
En corrigeant un article,
on ajoute des. petits béquets
à droite et à gauche pour le
corser (Argot d'imprime-
rie).
BIBARDER : Vieillir.
— C'est extraordinaire
comme les chagrins te font
bibarder.
19
326
BOU
BOU
Bibarder veut aussi dire
boire.
— Bibardons-nous une
tasse ? (Argot du peuple).
iîlF.N DE LA MAISON (Es-
lu) : Expression employée
au jeu de manille.
Dans la partie à quatre,
les joueurs sont deux à
deux ; ils se questionnent à
Yoix haute pour savoir com-
ment diriger leur jeu :
— Es-tu bien de la
maison ? As-tu beaucoup
d'atout ? (Argot du peuple).
iV^. ■
DINAISE : Abréviation du
mot combinaison.
Binais e : tirer un plan
pour faire quelque chose.
— Faisons une binaise
pour nous olli'ir un kilo
(Argot d'imprimerie). N.
BOEUF (Avoir un màie) : Être
fort en colère.
Superlatif de bouffer son
bœuf (Argot d'imprimerie).
BOUCHON : Bourse.
Allusion à l'argent qu'elle
contient, qui sei-t à boucher
des trous.
Pour payer une dette, on
(lit : bouclier un trou (Ar-
got du peuple).
BOUIF : Mauvais ouvrier.
On disait cela primitive-
ment des ouvriers cordon-
niers, mais depuis, cette
expression s'est étendue à
tous les corps de métiers.
Un mauvais écrivain ou
un mauvais acteur, c'est un
bouif {kv^oi du peuple).
BOULANGER (Le): Le diable
(Argot des voleurs).
BOULANGER QUI MET LES
AMES AU FOUR (Le): Le
diable qui fait cuire les gens
en enfer (Argot des voleurs).
BOULE DE SUIF: Homme
ou femme gras à lard (Argot
des voleurs).
BOULOÏTER DE LA CALI-
JATTE : Cette expression
très pittoresque aune saveur
toute particulière ; elle est
connue depuis peu.
Boulotter : manger ; ca~
lijatte : secret.
Mot à mot : manger du
secret.
On sait que la cellule est
la terreur du plus grand
nombre des détenus, mais
elle est un paradis relatif
quand il n'est pas au secret.
Être au secret est un
supplice épouvantable. On
comprend que les plus en-
durcis voleurs redoutent
cette torture; cela explique
qu'ils sont parfois empêchés
de commettre un acte cri-
minel ou qu'ils avouent tout
ce qu'on leur demande pour
éviter de boulotter de la
calijatte pendant de lon-
gues semaines (Argot des
voleurs). N.
BOUQUET : Quand un noîir-
risseur de poupard a bien
préparé une alfaire, et (pie
r>pj
CAP)
3v'7
le vol a élé rriicUieux. il
reçoit une prime de ses
complices, quelcpietois qua-
laiile pour ceul.; cela se
nomme recevoir un bouquet
( Ari,'ot des voleurs).
liOrUDON : Quand le met-
teur en page ne s'aperçoit
pas qu'un mot a élé oublié
en conq)osant un article, ce
dernier devient incompré-
hensible.
S'il s'en aperçoit et qu'il
faille remanier le paquet,
c'est enlever le bourdon
- (Argot d'imprimerie).
I BRANCAPiD : Un vieil adage
dit que les femmes c'est
conune les souliers : quand
c'est vieux, ça boit.
Toutes ne boivent pas ;
il en est qui, trop vieilles
pour continuer leur profes-
sion, instruisent les jeunes
et leur apprennent les se-
crets du métier.
-^lot à mot : brancard,
aller traîner les appren-
ties putains sur le iHmard
(Argot des lilles).
lUUCOLE A CHEVEUX : Le
peigne ou l'épingle qui fixe
le chignon d'une femme
(Argot des voleurs). N.
lîllISER : S'en aller.
— Mon vieux, il est
l'heure de la mouise, je me
la brise au galop.
Quand une commandite
d'ouvriers compositenrs a
achevé son travail, le met-
teur en page frappe sur sa
casse avec un taqicoir.
Ce signal veut dire : c'est
fini, brisez (Argot d'impri-
merie).
lUiODEUSE : Homme et
lénnue à la fois.
De la lamille des pédé-
rastes (Argot du peuple).
nnULER LA CHANDELLE
PAU LES DEUX DOl ÏS :
Individu qui dépense sans
compter, qui jette son ar-
gent par les fenêtres.
— ïu brûles la chan-
delle par les deux bouts
(Argot du peuple). N .
BUSTIXGUE : Garni.
Il en existe un célèbre
dans la rue de Flandre, à
la Villette. C'est là que
descendent les saltimban-
ques et les phénomènes qui
viennent se faire engager.
On nomme bustingue
tous les garnis où logent
les ambulants (Argot des
voleurs).
ÇA NE VA QUE D'UNE
FESSE : Chose qui va mal.
Besogne accomplie avec
répugnance.
Être très malade (Argot
du peuple). iV.
CABARET DES SIX-FES-
SES : Auberge tenue par
trois femmes (Argot du peu-
ple). iY.
328
CAR
CAR
CACHET DE LA RÉPUBLI-
QUE : C'est un coup de
pied canaille.
Quand deux hommes se
battent, le plus fort, d'un
coup de talon, écrase la fi-
gure de son adversaire.
Il Impose le cachet (Ar-
irot du peuple).
CAILLÉ : Poisson cpielle que
soit sa nature.
11 est caillé, il a des
écailles fArgot des vo-
leurs).
CALLOT : Teigneux
Vient de calabre, teigne
(Argot des voleurs),
CAMBROU : Domestique
mâle.
Il garde la camhrouse
(Argot des voleurs).
CAMELOTTE EN POCNE ;
Voler un objet quelconque
dans la main de quel {u'un
(Argot des voleurs).
CANULE : Petit instrument
placé au bout d'une serin-
gue, d'un irrigateur.
Canule : Être ennuyeux.
— Ah ! làclie-nous, voilà
une heure que tu nous ca-
nules (Argot du peuple).
CANELLE ; La ville de Caen.
— Il y a un hath chopin
à faire à Candie, en es-lu ?
(Argot des voleurs).
CAPOU : Écrivain public (Ar-
got des voleurs).
CARCAN A STRAPONTIN :
Vieille fille publique.
De carcan : vieux che-
val (Argot des filles).
CARIBENER : Vol à la carr.
Le voleur qui a cette
spécialité se nomme un ca-
ribeneiir (Argot des vo-
leurs).
CARLINE (La) : La mort.
Ce mot est usité dans
les bagnes pour désigner
cette vilaine personne.
Allusion au personnage
de Carlin dont le visage
est couvert d'un masque
noir (Argot des voleurs).
CARRELEUR DE SOU-
L1I']RS : Ouvrier lorrain
qui vient tous les étés par-
courir nos campagnes avec
sa hotte sur le dos.
Il raccommode les sou-
liers.
Ce nom lui vient de ce
qu'il crie : carreleur de
souliers.
Ce à quoi les gamins ré-
pondent :
— Gare l'aut' soulier !
(Argot du peuple).
CAROTTE FILANDREUSE :
Carotte tirée de longueur,
nais peu claire comme
explications.
Allusion à une vieille ca-
rotte pleine de filaments.
qui ne se digère pas facile-
ment.
— Ça ne prend pas, la
' carotte est filandreuse
(Argot du peuple). N,
CHI
DÉB
329
C.VZIN : Partie debillaid qui
se .joue avec une quille au
milieu du lapis (Argol du
jieuple). JV.
CAZINER : Jouer au cazin.
taire toucher par la bande
les billes, en jouant avec la
rouge (Argot du peuple).
CHAT (Mon petit) : Ternie
d'amilié employé souvent
vis-à-vis d'une jeune lille.
Chat... (Argot du peu-
ple). V. Tàte-minette. N.
CUATOLILLE (Une) : Ine
cliansonnette.
Vieux terme degoguelle:
— Allons, déffoise-nous
ta petite chatouille (Argot
du peuple). N.
CilENAH.LER : Faire des
reproches à quehpi'nn.
C'est une latjon polie pour
ne pas dire engueuler.
— Je ne t'ai pourlant
rien fait pour que tu soies
toujours à me chenaillcr
(Argot du peuple). iV^.
CIIÉQUARDS : Les députés,
ou, du moins, les Cent-
Quatre à qui on reprocha
si vivement d'avoir reçu
des chèques du baron de
Reinach et du fameux Ar-
ton (Argot du peuple). N.
CHEVALIER DE LA RO-
SETTE : Homme qui aime
son sexe (Argot du peu-
ple). N.
CliirFARDE : La pipe.
— Pas mèche de fumer
ma chiffarde, pas de saint-
père (Argot du peuple).
CIROULOT : La tète.
Perdre le ciboulot : per-
dre la tète.
Se làire sauter le cibou-
lot : se brûler la cervelle.
— Son ciboulot est vidé
(Argot du peuple). N.
CLAIR COMME DE L'EAU
DE ROUDIN : Affaire obs-
cure, end)rouillée.
Mot à mot : aflaire téné-
breuse.
Allusion à la noirceur de
Veau qui sert aux charcu-
tiers pour faire cuire le bou-
din (Argot du peuple). N,
COUP DOUBLE : Deux ju-
meaux.
Ce mot peut se passer
d'exi)lications (Argot du
peuple). N.
DARONNE DU DARDANT :
La déesse Vénus.
Baronne, mère ; dar-
dant, amour.
Mot à mot : la mère des
amours (Argot des voleurs).
DARONNE DU GRAND
AURE : La Sainte Vierge.
Je n'ai pu trouver nulle
part la signification du mot
a%ire (Argot des voleurs).
DËBRICADRAQUÉ : Un bric-
à-brac monte sa boutique
de bric et de broque, ric-
à-rac (petit à petit).
19.
330
FAG
FIN
On construit une pièce
avec di lièrent s morceaux,
un béqtoet par-ci, un bcqiiet
par-là. Si elle ne plaît pas
au directeur, il laut que
l'auteur la retape, qu'il la
débricahraque .
Mot à mol : qu'il la dé-
molisse pour la rebrica-
braqi^er (Argot du peuple).
DËCADENER : Quand le gen-
darme Ole le cabriolet d'un
prisonnier, il le décadène.
Mol à mot : il le de-
chaîne.
On dit également dédu-
railler (Argot des voleurs).
DËFILER SON CHAPELET :
Quand deux commères se
disputent, c'est un déluge
de paroles et d'épilliètes
interminable.
— As-tu vu comme je
lui ai défilé mon chapelet ?
Allusion au chapelet
qu'une dévote fait tourner
toute sa vie dans ses mains
sans en trouver la fin (Argot
du peuple). N.
DEGUI : Abréviation de dé-
guisement (Argot des vo-
leurs).
FAGOT AFFRANCHI : Forçai
libéré.
Mot à mol : il est affran-
chi de ses fers (Argot des
voleurs).
FAGOT A PERTE DE VUE :
Condamné aux travaux for-
cés à perpétuité.
Par abréviation on dit :
gerbe à perpète (Argot des
voleurs).
FAIRE : Les bouchers font
un animal à l'abattoir.
Faire : tuer, voler.
Faire quelqu'un : le le-
ver.
Faire : synonyme de fa-
briquer (Argot du peu[)le
et des voleurs).
FAIRE LA TORTUE : Ne
rien manger,
Jeûner volontairement
ou par la force des choses
(Argot des voleurs). N.
FEMMEDECARÈME:Femm.
outrageusement maigre .
Un hareng saur en ju-
pons (Argot du peuple). .Y.
FERME TA GUEULE OU JE
SAUTE DEDANS : Ou dit
cela à un individu qui haiile
à se démantibuler la mâ-
choire, ou qui braille à
vous assourdir (Argot (hi
peuple). N.
FIN-DE-SIÈCLE : Celte ex-
pression nouvelle veut dire
bien (les choses.
Un chapeau excentrique
est fin-de-siècle.
Une chanteuse comme
Yvelte, une danseuse jiomme
la Goulue., un livre ou une
pièce où les expressions
sont ce qu'il y a de plus
FON
IIOT
331
réaliste, tout cela est fin-
de-siècle (Argots divers).
N.
FLAMSIK : Flamand.
C'est une corruption du
mot flahut (Argot des vo-
leurs).
ILAXCIIE : Alï'aire.
— Si tu veux, uïon vieil
aininche, nous avons un
rude flanche en vue?
— Je le connais ton
flanche à la manque (Argot
des voleurs).
l'LAC'l'l'^T : Le gousset du
pantalon, ou la poche du
gilet.
C'est là généralement ou
on met son argent.
Flac^ sac ou argent, de
là flaquet (Argot des vo-
leurs) .
I LEUR DE CONNERIE :
Suprême imbécile, crème
de crétin.
Mot à mot : le roi des
gaffeurs (Argoi du peuple).
N,
FLOIE : La foule.
Quand la foule est nom-
breuse, les voleurs peuvent
travailler à leur aise (Argot
des voleurs).
FONXÉE : Une mariée est
en bla7ic le matin, le soir
elle change de costume, les
loustics disent qu'elle est
en foncée (Argot du peu-
ple). .Y.
FONDANTS : Des bonbons
pustuleux qui suintent sans
cesse.
On dit : il a des bon-
bons fondants (Argot du
peuple). N>
FOUINARD : Individu qiii
fouine partout, qui fourre
son nez dans les allaires des
autres.
Fouinard date de la
pièce de Lesurques ; c'était
l'acteur Alexandre qui jouait
le rôle de ce personnage
(Argot du peuple).
FOUKLINE: Vient de fmr-
loureur . Ce mot signitie à
la fois voleur et asssassin
(Argot des voleurs).
FRICOTEUR : Agent d'allai-
res, synonyme de tripo-
teur.
Au régiment, les trou-
piers qui coupent aux exer-
cices, aux corvées, en un
mot au service, sont des
fricote urs (Argot du i)eu-
ple).
H
HUILE DANS LA LAMPE
(N'avoir plus d') : Mourir.
Allusion à la lampe qui
déteint faute d'huile (Argot
du peuple). N.
IIOTEL-DIDEROT : La [)ii-
son de Mazas.
On dit également J/«2:a,s-
les-Bains (Argot du j)ea-
ple). N.
332
MON
MOT
M
iMALHEUREUX (Être) : C'est
l'état de pauvreté, en fran-
çais.
En typographie , celte
expression a une autre si-
gnification.
Dans une équipe, chacun,
à tour de rôle, a son
tour de malheureux, la
liste en est affichée dans
Tatelier de composition.
Les malheureux restent
après les autres pour corri-
ger, faire les 7» or as s es et
serrer les formes (Argot
d'imprimerie). JV.
MANCHE (Avoir son) : Être
fornjidablement en colère.
Un compositeur typogra-
piie qui a de la mauvaise
copie (la mienne par exem-
ple) qu'il ne peut lire, a
son manche contre l'auteur.
Heureusement que ce
n'est pas celui du balai.
Synonyme d'avoir sa chè-
vre (Argot (rim})rimerie),
MESSIÈRES : Victimes.
Cet mot est très vieux; il
a été employé par Eugène
Sué, à propos du person-
nage du 3Iailre d'école, à
qui la Chouette dit :
— Ma vieille fourline,
attention, v'ia le's messiè-
res (Argot des voleurs).
MON LINGE EST LAVÉ :
Quand deux individus se
battent, celui qui est vaincu
dit qu'il a son linge lacé.
Etre arrêté a la même
signification (Argot des vo-
leurs) .
MOULIN A CAFÉ : Le tri-
bunal correctionnel.
Allusion à la vitesse avec
laquelle les juges expédient
les affaires.
Les prévenus sont con-
damnés à la vapeur (Argot
du palais). N.
MOUILLER SES BIBE-
LOTS : Pisser dans son
pantalon (Argot du peuple).
MOTS A QUEUE : C'est une
plaisanterie d'atelier fort
amusante.
C'est un homme deVar-
tichaud Colas.
On en a fait des à-peu-
près tout aussi drôles sur
les heures.
Il est une heure, [teneur \
de livres.
Deux heures, {deux
sœurs) de charité.
Trois heures [toiseur)
vérificateur.
Quatre heures , {car-
deur) de matelas.
Cinq heures, {zingueur)
plombier.
Six heures, [ciseleur)
sur métaux.
Sept heures (<?(?/^^ heure)
est la mienne.
Huit heures, {huîtres)
d'Osten.le.
NOI
PLU
333
Neuf heures, {neveu)
de son oncle.
Dix lieures, (diseur) de
bonne aventure.
Onze lieures. {on se) ré-
unira à la maison njor-
tuaire pour midi (Argot
des ateliers).
N
N'KX JKTKZ PLIS, LA
COLll EST 1MJ:L\E : De
18 IS 1 18G0, il exista un
homme mystérieux qui
chantait dans les cours ;
son élégance et sa distinc-
tion l'avait fait surnommer
le marquis.
Avec une
aille, il chantait le réper-
toire de Désaugiers.
Aussitôt qu'il arrivait,
les sous commen(,\iient à
pleuvoir drus comme grêle,
il s'arrêtait avant d'enta-
mer une nouvelle chanson
et criait :
— N'en jetez plus, la
cour est pleine.
I/ex pression est restée
comme synonyme de : j'en
ai assez {kv^oi du peuple).
N.
NOIRE COMME LE CUL
DU DL\BLE : Se dit d'une
femme brune, presque mo-
ricaude.
On dit également de
quelqu'un qui a la cons-
cience chargée de nombreux
méfaits :
— Son âme est noire
comme le cul du diable.
Se dit aussi d'une aftaire
embrouillée, dans laquelle
personne ne voit goutte
(Argot du peuple).
PATTE DE VELOURS
(Faire) : Avoir envie de
dire des injures à quel-
qu'un et au contraire lui
faire risette..
Avoir envie à'égrati-
gner et au contraire cares-
ser.
Allusion au chat qui
rentre ses griffes quand il
est content :
— H fait patte de ve-
lours (Argot du peuple).
N,
PHILOSOPHES : Des sou-
liers.
Ils sont bien forcés d'ac-
cepter le temps comme il
est, boue ou neige, et le
pied qui les chausse.
On appelle également
philosophes des grecs qui
opèrent seuls dans les cer-
cles et dans les tripots.
Le philosophe d'allu-
mage est celui qui prépare
les pontes, qui en ce cas
deviennent des pantes
(Argot du peuple). N.
PLUS DE GAZ DANS SON
COMPTEUR : Mourir.
I^e robinet de la vie est
334
SCI
STO
fermé, les yeux sont éteints
(Argot du peuple). N.
PUTAINS DES PAUVRES :
Les députés
Cette expression nou-
velle n'est pas très polie
pour les Bidards du suf-
frage universel, si on s'en
rapporte à la légende de
Sainte-Thérèse.
Seulement cela ne doit
pas être pris dans le même
sens, car si les députés sont
putains ce n'est pas par
charité (Argot du i)euple).
N.
Q
QUENOTTES : Les dents.
— Fais voir, mon petit
ami, tes jolies quenottes
(Argot du peuple).
S
SANGLIER : Le prêtre.
Pourquoi ?
Le prêtre n'a pourtant
rien du sanglier, ni les al-
lures, ni la rudesse, car il
ne tient pas tête à ceux qui
le combattent (Argot des
voleurs).
SCIER SON ARMOIRE :
Quand le contrebassiste ,
dans un orchestre, fait sa
partie, les voyous disent :
— Il scie son armoire.
Allusion de forme (Argot
<hi peuple). N.
SE PAYER UN COUP DE
VEUVE : S'offrir une sa-
tisfaction personnelle soli-
tairement.
La veuve, c'est madame
Poignet.
Quand un assassin lùigrc
m\ pante, il s'oftre un covi)
de veuve, seulement c'est
Chariot qui opère à sa
place, et la satisfaction
n'est pas synonyme de
jouissance (Argot du peu-
ple). N.
SI MA TANTE ÉTAIT UN
HOMME.
Cette expression est em-
ployée communément dans
le peuple pour exprimer
l'absence de la virilité de
la femme :
— Si ma tante en avait
elle serait colonel dans la
garde nationale (Argot du
peuple). N-
STOPPER : Stopper, arrê-
ter.
Le mécanicien arrête la
machine, il stoppe.
On dit à un orateur qui
fait un discours maladroit :
stoppez, dans le sens de
taisez- vous.
La science du tailleur a
créé le stoppeur, celui qui
reprise les accrocs aux vê-
tements.
Il est regrettable que
son aiguille habile ne puisse
repriser les consciences, il
aurait eu un J'ude ouvniLie
ta:m
TRO
335
au Palais-Bourbon (Argot
(lu peuple).
SUIF (En reeevoir un) : Être
forlement réprimandé par
le patron.
On (lit également rece-
voir un gras
— J'ai perdu un tiers, (:e
(pu' le contre-coup n\'A
graissé, c'est un vrai
beurre.
Deux mots pour expri-
mer le même objet (Argot
(lu peuple).
SI KETTE : Pomme.
Allusion à l'acidité de ce
IVuit cpie Ton rencontre en
Normandie sur les grandes
roules (Argot des voleurs).
SYMBOLE (Avoir un) :
Avoir un compte ouvert
ehez le mastroquet (Argot
d'imprimerie).
lABLEAU-RADIS : Toile cpie
le marchand n'a pu Vendre.
Quand il retient à l'ale-
lier"!! on dit : mon tableau-
radis.
On en dit autant d'un
livre : un Hcre-radis.
Allusion au radis rose
ou noir qui occasionne des
renvois (Argot d'atelier).
lAMBOUR : Chien.
Quand un étranger pé-
nètre dans une maison, les
aboiementsréitérés du chien
imitent le roulemeut du
tambour.
E'expression alarmiste.,
citée plus haut, est plus
juste (Argot des voleurs).
ÏABTE : Chose de mauvaise
qualité.
Les i'aux-monnayeurs sont
des morni fleurs-tarte.
Ils écoulent de mauvais
argent.
Allusion aux tartes faites
avec de la vieille graisse et
de la l'arine avariéi; que l'on
vend dans les têtes foraines
(Argot des voleurs). N.
TEMB LA CHANDELLE :
Mari complaisant qui sait
que sa fenune le trompe et
qui accepte ça très tranquil-
lement.
I/amant de cœur d'une
lille entretenue.
Ils tiennent la chan-
delle (Argot du \)euple).
TIBE-BOGEE : Voleur à la
tire qui a la spécialité de
faire les montres (Argot
des voleurs).
TOILE D'EMBALLAGE: Lin-
ceul.
Cette expression est tou-
toujours en usage, malgré
que dans les h(jpitaux on
n'ensevelisse plus les morts
dans des serpillières (Ar-
got du peuple).
TROU AUX POMMES DE
TERRE : La bouche (Argot
du peuple).
336
VIO
VOL
VERTU NAUFRAGÉE:
Jeune fille qui ne pourrait
plus être couronnée ro-
sière, même laïque ; sa
vertu a fait naufrage sur
le gazon ou ailleurs (Argot
du peuple). N .
VIDER LE PLANCHER :
S'en aller.
— Mon p'iit, ça ne mar-
che plus, tu vas vider le
plancher (Argot du peu-
ple).
VIOLON : Les serruriers,
pour percer des petits
trous, se servent d'un foret
emmanché dans une bobine
})our l'activer ; ils ont une
tige d'acier llexiljle, garnie
d'un fil d'archal, ils ap-
puient le pivot du foret sur
une plaque de fer assujétie
sur l'estomac ; cette plaque
se nomme conscience, la
tige d'acier se nomme un
archet. Par le va et vient
du foret, l'ouvrier joue un
air de violon (Argot du
peuple). iV.
VOITURE A BRAS : Vieille
femme.
Celte expression est em-
ployée pour dire qu'elle est
une vieille charrette qui
a traîné la moitié du Paris
masculin (Argot du peuple).
VOLE-AU-VENT : Plume
FIN
Ail moment d'imprimer celle dernière feuille, il
m'arrive une série d'expressions nouvelles qui seront,
pour compléter ce volume, publiées en supplément,
à part.
Imp. Lambert, Épinette et Cie, 231, rue Championnet.
Pariï
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
PC Virmaitre, Charles
3741 Dictionnaire d'argot
V3 fin-de -siècle